Notes
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Notes
1. Wessner édite Έπιδικαζομένου, mais les manuscrits sont unanimes pour l᾽écrire en latin et lui donner une forme de féminin. Comme l᾽indique Donat à la scholie 25, il semble qu᾽il ait existé deux pièces d᾽Apollodore, l᾽une intitulée Έπιδικαζόμενος (celui qui se fait adjuger) et l᾽autre Έπιδικαζομένη (la jeune fille adjugée). Nous pensons qu᾽il faut conserver à Donat la cohérence de son choix féminin qu᾽il défend à la scholie 25. Seul R donne une forme masculine Έπιδικαζόμενον qu᾽il a dû lire en latin dans Térence. De toutes façons la chose est indécidable, car on ne possède rien des deux pièces.
2. Tous les manuscrits donnent l᾽accusatif "hanc" mais il est sans nul doute issu de la volonté de lire "hanc (fabulam) Phormionem", sur le modèle de "haec (fabula) Eunuchus" (Eun. 32). Ici il s᾽agit non pas du titre de la pièce mais du nom du personnage et il faut donc lire "in hac (fabula) Phormionem", comme le faisait déjà Estienne.
3. Wessner édite "fiscus" et suit la leçon de R, mais C et O donnent "filii" qui laisse supposer une mélecture d᾽abréviations sans doute "f" suivi de "fisc᾽". On comprend mieux, dès lors, la leçon de VDML, qui lisent "festus ". Le segment "f. fiscus" a pu être lu "ffistus", puis normalisé en "festus".
4. Wessner ajoute ici "prope" qui ne se trouve que dans R. Il n᾽est pas vraiment utile.
5. V et les deteriores selon Wessner ont un texte très différent "in processu" et V met de plus le verbe au passif "ostenditur". Dans les deux cas, l᾽idée dégagée est que les rôles secondaires se déterminent progressivement suivant leur place dans l᾽intrigue. On peut hésiter entre les deux textes, mais le passage de l᾽actif au passif chez V laisse pour l᾽ensemble supposer une correction par reformulation, jugée ensuite plus claire que l᾽original et substituée à lui. La cause peut en être qu᾽"actus" n᾽a pas ici le sens, habituel dans ce contexte, d᾽"acte de la pièce", mais d᾽"action des personnages".
6. Wessner normalise la mention des édiles curules en éditant "Merula L. Postumio Albino aedilibus curulibus". Les manuscrits s᾽accordent, à quelques erreurs onomastiques près, sur le texte que nous éditons. La formulation n᾽est sans doute pas le décalque de la didascalie, mais une libre interprétation par le commentateur, d᾽ailleurs probablement fausse (voir la note suivante), et à coup sûr contraire à l᾽usage des nomenclatures officielles romaines.
7. Wessner propose d᾽athétiser "Cassio" suivant Wilmans, sous le prétexte sans doute que Lucius Cassius Atilius n᾽est pas un nom romain acceptable et que Lucius Atilius est, lui, bien connu (Atilius Praenestinus cité dans la préface de
L᾽Andrienne). Il nous semble, à la suite de Tansey (2001), que Donat mélange deux didascalies, celle de la représentation de 141, avec Atilius et Ambivius, et celle de
106 avec Cassius, seul ou avec on ne sait qui.
8. Wessner athétise le texte unanime des manuscrits "filio", à juste titre sans doute, car Flaccus est plus probablement l᾽affranchi de Claudius que son fils. Les manuscrits ont pu lire "claudii" à partir de "claudi l." (pour "liberto"), puis l᾽expression "Flaccus Claudii" semblant incomplète, rajouter "filio" selon la règle traditionnelle de l᾽onomastique.
9. Tous les manuscrits donnent comme praenomen Gneius, soit en toutes lettres, soit abrégé, mais il semble qu᾽il y ait eu une confusion avec le Gneius Fannius que l᾽on voit dans les Verrines de Cicéron. En effet, le consul de 161, associé à Marcus Valerius (Messala), est bien Caius Fannius (Strabo).
10. Tous les manuscrits de Wessner sauf R (qui lit "actionem") portent ce texte. Wessner suivant Leo (1883) édite ici le texte de R, mais l᾽autre variante n᾽est pas à rejeter si l᾽on admet que "narratio" signifie ici l᾽intrigue de la pièce dont le prologue, ouvertement métathéâtral, se distingue.
11. Tous les manuscrits de Wessner sauf D portent ce texte. Seul D et Wessner lisent "quo". Les deux textes sont possibles, nous choisissons de nous ranger à la majorité des témoins contre un leçon apparemment isolée.
12. Wessner édite "eius" leçon isolée de R, tous ses autres manuscrits lisant "suo". "Eius" nous paraît une hypercorrection grammaticale de R ou de sa source, car, avec "suo", on devrait comprendre qu᾽il s᾽agit du propre fils de Chrémès. Le texte "suo" peut s᾽expliquer de deux façons. Soit le mot "filius" signifie ici "neveu", ce qui est courant dans la littérature tardive en particulier épistolaire, où "filius, filia" désignent les enfants par le sang ou par alliance, soit il s᾽agit d᾽un emploi grammaticalement forcé du réfléchi pour référer non au sujet "Chremes", mais à "fratre" qui est tout proche et qui peut s᾽expliquer par des tours bien connus du genre "misit Magonem cum classe sua (Liv.)". Dans l᾽esprit de Donat, il n᾽y a sans doute aucune ambiguité possible, parce qu᾽on voit mal Chrémès marier ensemble son fils et sa fille.
13. Nous conservons comme Wessner le texte de R, car "falso" donné par tous les autres manuscrits utilisés par l᾽éditeur allemand semble une "lectio facilior".
14. Ce texte, qui est celui de Wessner, est donné par RCO, les autres manuscrits consultés (VMam) portant "quamquam". Cette dernière conjonction paraît toutefois difficile à maintenir, car il ne s᾽agit pas d᾽une concession, mais de la manœuvre du jeune homme qui fait croire, poussé par Phormion, qu᾽elle est sa parente, sans savoir qu᾽elle l᾽est réellement. La substitution de "quasi" par "quamquam" a induit chez les mêmes copistes ou sans doute leur source l᾽ajout de "tamen" après "tamquam".
15. Nous rétablissons ici le texte des manuscrits, contre Wessner qui suit une conjecture de Reifferscheid (1875) qui lui fait écrire "si eam parasitus ipse ducat uxorem, det". On peut très bien s᾽en passer, même si le texte de Donat n᾽est pas très clair notamment en raison des multiples changements de sujets.
16. Tous les manuscrits lisent ici "ante" que Wessner, suivant Schoell, propose d᾽athétiser. Il est vrai que les deux "ante" consécutifs rendent la construction difficile. On peut supposer une mélecture d᾽abréviation à date ancienne, par exemple pour "aperte" que nous proposons à titre de conjecture. Estienne avait proposé "factus" qui paléographiquement est difficilement explicable.
17. Pour cet acte, comme pour le précédent, Wessner, suivant Schoell, suppose une lacune au motif que toutes les scènes de l᾽acte ne sont pas résumées. Toutefois rien n᾽empêche de supposer que le commentateur est allé à l᾽essentiel pour se concentrer sur les actes
3 à
5 où se trouve l᾽essentiel de l᾽action.
18. RK notent ici en marge "consumpte erant littere ob uetustatem" (le temps a effacé les lettres). Notons qu᾽il peine également à lire la suite. On voit clairement ici que les copistes de RK se livrent à un travail extrêmement soigneux, ce que confirment leurs restitutions probantes du grec dans ce début.
19. Wessner édite "agnitam", conjecture d᾽Estienne, mais tous les manuscrits portent "cognitam" que nous rétablissons.
20. Texte de C, tous les autres manuscrits et Wessner supprimant un des deux "uxor", on comprend aisément pourquoi. Cependant c᾽est probablement C qui a raison, car, Phanium étant déjà mariée, son époux reçoit désormais le droit de son père de traiter son épouse en épouse.
21. Nous rétablissons pour cette phrase l᾽ordre des mots que nous trouvons majoritairement. Wessner, comme Estienne, suivait RCO et éditait " Phanium. Nuntiatur Antiphoni et Phormioni per Getam, Phanium a patre agnitam permissamque, ut uxor habeatur". Le sens n᾽en est guère affecté.
22. Texte quasiment unanime, mais R prend visiblement le parti de voir ici un élément d᾽argumentation en lisant "a destructione" (début reposant sur la destruction de l᾽adversaire). Ce texte n᾽est pas impossible, mais nous nous en tenons à la leçon très majoritaire.
23. Dans la tradition représentée par VMam ce mot ne figure pas. Il peut en effet avoir été induit par la confusion de l᾽adverbe "modo" qui précède avec le datif de "modus", ce qui impliquait un parallélisme.
24. Wessner répète ici les mots "poeta uetus" du lemme, mais COV les omettent. Nous les suivons. Comme souvent dans pareil cas, il n᾽est pas nécessaire de répéter pour comprendre ce que commente Donat.
25. Après ce mot, Wessner, suivant Estienne, ajoute un "ut" censé clarifier. Il ne sert à rien.
26. Wessner édite "annus" qui paraît pouvoir se déduire de ce que lit C "añus", OV lisent "annis" qui fait contresens, mais RMma lisent très subtilement "ennius" d᾽ailleurs graphié "emnius" chez a. A supposer que ce texte n᾽ait pas été induit à date ancienne par l᾽expression "uetus poeta", c᾽est très probablement le bon texte.
27. Les manuscrits de Donat lisent majoritairement "notos puero puer", qui a pu être induit par la construction bien connue de "notus" avec le datif et non par le texte virgilien qui semble assez consensuel sur ce passage.
28. Wessner édite l᾽actif "audire" donné par COV, mais RMam donnent le passif "audiri", sans doute plus satisfaisant pour rendre compte de la valeur autonymique de "nouum".
29. Wessner édite "TRANSDERE ᾽transdere᾽ ueteres sonantius quod nos lenius ᾽tradere᾽, ut ᾽translatum᾽ nos, <illi> ᾽tralatum᾽ e contrario", dans lequel "illi" est un ajout personnel à partir des
Scholia Bembina. Les manuscrits sont assez divisés sur le détail du texte, comme sur la frontière entre les scholies. Notre texte reprend la lecture de R sauf sur un point, R lisant "quam", là où nous lisons "quod" (VM par exemple). Tout le reste est simple affaire de ponctuation.
30. Wessner édite, sans le dire, exactement ce qu᾽il lit chez Estienne, qui s᾽est montré ici extrêmement ingénieux. Les manuscrits lisent à peu près consensuellement "leuius ter hinc an(n)us conseruatam c a a/t id dedit h u d e decusserat (decus serat)", m ayant pour sa part renoncé après "conseruatam". Il semble qu᾽assez rapidement les copistes aient cru voir des initiales de mots dans une citation implicite. Estienne a tenté de tirer quelque chose de ces lettres éparses et cela donne le texte Wessner "leuibus huic hamis c. a. t. d. h., u. d. et t. i. a". Il s᾽agit là d᾽En. 5,
259 et 262, tout simplement parce qu᾽Estienne a prolongé la citation jusqu᾽à ce qu᾽il trouve "uiro" qui lui paraît expliquer "homo". Il faut donc lire si l᾽on suit Estienne "leuibus huic hamis consertam auroque trilicem ...donat habere, uiro decus et tutamen in armis". Le caractère acrobatique du travail d᾽Estienne le rend extrêmement suspect. Supposons, comme nous le faisons, que les manuscrits aient lu exactement ce qu᾽ils écrivent. Le premier mot peut alors se comprendre non comme l᾽adverbe, mais comme le nom de l᾽auteur de la citation qui suit : Laevius. On s᾽aperçoit alors que si l᾽on scande la section assurée qui suit c᾽est-à-dire "ter hinc anus conserua tam", on obtient le début d᾽un sénaire iambique. Le peu que nous savons de l᾽œuvre polymétrique de Laevius (voir Ledentu (2004, 157) et Granarolo (1971, en particulier 4-35)) ne s᾽oppose pas à cette hypothèse. On peut même sans doute compléter le sénaire en supposant simplement la chute d᾽une lettre dans le groupe c a t, pour avoir l᾽adverbe "cate". En effet si la citation est bien du Laevius une forme abrégée est peu vraisemblable. Pour le vers suivant en revanche en dehors de la fin qui peut se reconstituer "dedecus erat" ou "decusserat" voire "decus serat", on ne peut pas tirer grand-chose des débris que nous donnent les manuscrits. De plus, on comprend alors parfaitement pourquoi Donat cite ce vers : il lit "anus conserua", qui lui fait penser à l᾽emploi de "poetam hominem" chez Térence. Rappelons pour mémoire qu᾽il fait d᾽autres commentaires de ce type avec d᾽autres références cf. Pho. 292, 2.
31. Wessner ajoute ici deux initiales pour "conubio iungam", pour trouver le verbe transitif dépourvu de son pronom objet. Cela peut très bien rester implicite.
32. Texte de tous les manuscrits. Wessner suit Estienne qui conjecturait "impudentiam", mais il a tort, car ce que stigmatise ici Donat c᾽est la stupidité de Luscius, et non son impudence, comme le prouve la scholie suivante.
33. Après ce mot Wessner édite un "a" qu᾽il tire de RC, mais OVMma ne l᾽ont pas. Il complique d᾽ailleurs considérablement la construction et la rend à la limite de l᾽incorrection.
34. Wessner édite "quia in comoedia prodigia facta <non> sunt nec tragoedias concitauimus" en se fondant sur les
Scholia Riccardiana. Or, aucun manuscrit ne donne ici de négation, ni là où Wessner ajoute "non", ni là où les
Scholia Riccardiana supposent "nec". Nous revenons au texte de RCO pour "tragoedias concitamus", et, pour la première partie, au consensus de RCOVMam. Pour expliquer le texte aisément, il suffit de décaler d᾽un mot le "inquit", ce qui évite d᾽avoir à postuler des subjonctifs sur les verbes. On comprend aisément qu᾽un copiste ait pu écrire "inquit quia" plutôt que "quia inquit", car il considérait que la scholie faisait parler Térence alors qu᾽en fait elle étale simplement ironiquement la sottise de Luscius.
35. Wessner qui tient ce texte pour la scholie
2 édite "Et †callide errori reprehendentis, sed etiam imperite scribere ostendit Luscium Lanuuinum.", ce qui n᾽a aucun sens, mais représente globalement le substrat commun à tous les manuscrits... sauf O qui lit ce que nous éditons, à l᾽exception de deux oublis, un certain, celui de "scripsisse", un probable, celui de "ipsum". Le caractère souvent erratique des leçon de O nous invite ici à supposer qu᾽il n᾽a pu inventer un texte aussi syntaxiquement parfait, mais aussi difficile à comprendre. En effet, contre toute attente, le "ne" se rattache à "ideo" du début de la scholie alors qu᾽on pourrait construire "ideo quia". Le sens est "la raison pour laquelle il dit ᾽nous semblons etc., au motif que, selon Luscius, etc...᾽, c᾽est non seulement pour ...., mais pour....". La difficulté du texte a sans doute été accrue par la chute de "ne modo" remplacé par un "et", par celui que Wessner considère comme seconde main. Du coup, les meilleurs latinistes ont tenté de corriger un texte devenu absurde en ajoutant "non solum" (VMam) pour annoncer le "sed etiam". Notre reconstruction du texte supprime de fait une scholie (qui d᾽ailleurs n᾽avait pas de lemme) et nous conduit à décaler d᾽une unité les scholies suivantes.
36. Wessner édite "
3 SCRIPSIT legitur et ᾽fecit᾽.
4 ADVLESCENTVLVM ut comicam personam ostenderet artificiose etc...", ce qui est parfaitement compréhensible, mais se heurte à deux difficultés. 1-Le texte "fecit" n᾽est attesté par aucun manuscrit de Térence, ce qui est relativement anormal, car généralement les variantes que fournit Donat se retrouvent dans la tradition de Térence. 2-C et O, qui ne sont pas connus pour leur soin, lisent tous deux "igitur et fecit", leçon que l᾽on pourrait tenir pour l᾽une de leurs nombreuses bévues, si le texte ne se comprenait pas beaucoup mieux avec "igitur" qu᾽avec "legitur". Nous pensons que C et O ont correctement lu, mais que "et fecit" est en réalité une addition qui s᾽explique par le fait que "scripsit" a été pris pour le lemme -puisque la forme est dans Térence-, et qu᾽il a fallu lui trouver un commentaire qui en tout état de cause était "igitur". On a donc créé une scholie habituelle avec "legitur et" à la place de "igitur" et on a repris, pour compléter, And.
3 où Donat faisait une remarque semblable. Ce qui a provoqué ce désordre est que le lemme n᾽est pas le premier mot de la scholie, alors que tout porte à le croire.
37. Estienne, suivi par Wessner, écrit le mot en grec. Mais tous les manuscrits ont lu des caractères latins. le problème était qu᾽ils ne connaissaient pas la figure de peristasis et qu᾽ils l᾽ont remplacée par une qu᾽ils connaissent la "perifrasis", remplacement d᾽autant plus facile qu᾽en écriture livresque les deux mots ont une graphie pratiquement identique.
38. RCOMam portent l᾽indicatif, mais Wessner suit V et édite le subjonctif. Comme c᾽est totalement indifférent nous nous rangeons à la leçon majoritaire.
39. Ici R indique "delete erant littere" et marque une lacune.
40. Nous choisissons l᾽indicatif de V (et M) contre le subjonctif de RCO suivis par Wessner. Le subjonctif en effet s᾽explique mal. Il n᾽est pas exclu cependant que V qui est excellent latiniste ait corrigé.
41. Wessner édite "maledicendum esse Luscio" et n᾽a pas de scholie dont le lemme serait "is", notre scholie 16,
2 étant chez lui 16, 1. Toutefois, on constate une incertitude sur la cas de ce qu᾽il édite "Luscio" et qu᾽on lit "Luscius" (C), "Luscio" (R) voire qu᾽on ne lit pas du tout (V). Comme, en outre, O est le seul à donner le texte "is scilicet lutius lauinius", il est aisé de supposer qu᾽il s᾽agit d᾽une scholie authentique à rattacher au vers
16 comme nous le faisons. La disparition de "is" et "scilicet" a entraîné la nécessité de rattacher plus ou moins mal le nom propre à la scholie précédente. Le nominatif de C, comme le fait que V n᾽a pas le nom propre rendent notre reconstruction presque certaine.
42. Sur ce lemme vide, voir la note à 19.
43. Wessner édite le commentaire suivant avec le lemme 18, 3, tout en indiquant à juste titre que le commentaire n᾽est pas à sa place. Nous remettons le commentaire à sa place. En effet, Wessner lemmatisait ici "benedictis si certasset av. b.", mais il le faisait contre l᾽autorité de tous ses manuscrits qui considèrent que le lemme s᾽arrête à "certasset", même s᾽ils ne sont pas d᾽accord sur ce qui suit. La présence de "bene" à la fois dans le vers de Térence et dans la scholie a provoqué quelques désordres, mais R a probablement conservé le bon texte en lisant "an hoc bene". La présence de ce "an" implique que ce segment soit précédé d᾽un autre, et la logique du commentaire commande d᾽importer ici cette scholie laissée dans une place impossible par Wessner. Pour le participe "respondens", nous suivons la leçon des manuscrits RCO. V lit "respondet", mais il peut s᾽agir d᾽une correction pour éviter la collision avec "lacessitus".
44. Après le grec, V porte un "i" et R une abréviation qui pourrait être soit "pro", soit "prae" soit encore une mélecture pour "prior" ou "primus". Nous rétablissons un numéral suivant ce que nous lisons dans V et "prior" parce que ce mot se trouve au vers 14.
45. Tous les manuscrits qui notent du grec écrivent quelque chose qui ressemble d᾽assez près à ce que nous éditons. Estienne préfère corriger en λέγοντος qu᾽il emprunte à 270, sans aucune raison.
46. Les lexicographes hésitent, pour l'accentuation de ce mot grec, au demeurant rare et de sens peu clair, entre "φόρμιον" (Lewis & Short) et "φορμίον" (Bailly, Liddell-Scott-Jones). Dans le doute, nous gardons la forme que lui donne Wessner.
47. Wessner édite "propositio", texte unanime de tous ses manuscrits, sauf V qui donne "praepositio". Nous pensons, quant à nous, qu᾽il s᾽agit d᾽un commentaire sur "aequo" qui signifie "équitable" et non "égal", ce qui fait de lui un adjectif positif et non comparatif d᾽égalité.
48. Wessner édite "circa omnes" texte du seul D, alors que tous ses autres manuscrits ont "circa omnem". On en déduit aisément que D, devant un texte qui ne signifie rien, a corrigé le singulier en pluriel. O, quant à lui, a complété en marge "omnem" en indiquant "actorem" et il est probable qu᾽à défaut d᾽avoir le bon texte, il a la bonne interprétation (voir scholie suivante). Nous proposons cette restitution pour expliquer comment on a pu arriver à lire "omnem".
49. Ce mot se trouve seulement dans le groupe CO, mais il est très plausible, comme l᾽est également son élimination par les autres en raison à la fois de la difficulté du texte et de la proximité de "reliquisse". Sa disparition peut donc relever d᾽une forme d᾽haplographie.
50. Ce fragment d᾽Ennius présent dans le seul manuscrit R, mais connu en particulier par le
De senectute de Cicéron, a toutes les chances d᾽être un ajout savant du scribe dont on connaît par ailleurs le soin et la finesse. Les autres manuscrits de Wessner s᾽arrêtent avant l᾽exemple.
51. La ponctuation utilisée par Wessner peut prêter à confusion : il édite en effet "… inducat ; cui dum hoc…", alors que "cui" est un véritable pronom relatif, et non un relatif de liaison. Nous corrigeons donc en "… inducat, cui dum hoc…".
52. Wessner éditait "discat populus textum et continentiam rerum" ; il s᾽agit d᾽une conjecture de Westerhof. Tous les autres manuscrits (à l᾽exception de O qui propose "textum et continentia" – ce qui n᾽a pas de sens) donnent "textum ex continentia", solution qui nous paraît préférable : elle permet en effet de restituer le lien qui unit "textum et continentia", la hiérarchie qui existe entre eux. Le public apprend en effet la trame ("textum") de la pièce à partir ("ex") du contenu factuel ("continentia rerum") : les deux éléments ne sont pas sur le même plan (d᾽où l᾽abandon de la conjonction de coordination "et" de O), mais la trame de la comédie est constituée de faits, et l᾽on ne peut percevoir cette trame sans prendre connaissance, au préalable, de son contenu factuel.
53. Wessner éditait "miri", ce qui est la version donnée par les
Scholia Bembina ; tous les autres manuscrits donnent "mire", et c᾽est la leçon que nous retenons.
54. Wessner édite "uilis e populoque factus" ; or "e" est un ajout d᾽Estienne. Goetz propose d᾽éditer "profectus", ce qui nous paraît faire contresens (si le personnage est sorti du peuple, il ne peut plus être qualifié de "popularis"). Nous proposons d᾽éditer "populoque facetus", en considérant qu᾽il y a eu mélecture sur "facetus", et en proposant une construction de ce mot avec un datif d᾽intérêt. Cette restitution est conforme à la logique de cette scholie, qui vise à faire la synthèse des scholies précédentes : on y retrouve en effet la notion d᾽humilité (présente dans la scholie
10 avec "humilis") et l᾽idée que le personnage est apprécié du peuple (que l᾽on trouvait déjà dans la scholie 8) ; cette synthèse est achevée dans la fin de la scholie 11, qui mêle les concepts d᾽humilité ("sordidum"), de citoyenneté ("ciuem" –cette notion était présente, plus haut, dans la scholie 9), et de popularité auprès du peuple ("popularem").
55. Wessner conjecturait "et ille a me exigit" sur un texte des manuscrits particulièrement désordonné ; cependant V, qui propose "illemet" nous paraît préférable : cette forme renforcée du pronom "ille" est en effet attestée dans l᾽
Ars de Diomède (GL I, 332, 11) ; son emploi serait justifié par la volonté de Donat, qui restitue ici le propos de Dave, de rendre ses paroles les plus vivantes possibles et d᾽imiter le style térentien. Les leçons "ille me te" et dans une moindre mesure "illi merito", donnée respectivement par C et D, peuvent résulter d᾽une incompréhension de "illemet". La leçon de R "ille mea", est une simplification évidente, dont le sens n᾽est guère satisfaisant.
56. Le mot "Graeci", conjecture d᾽Estienne à cet endroit, ne s᾽impose pas puisque le mot est déjà en grec.
57. Wessner édite "morem pro lege esse queritur" en suivant la conjecture de Sabbadini (1897), mais tous les manuscrits donnent "morem pro lege conqueritur" ; nous retenons donc cette version du texte.
58. Wessner édite ainsi "constitutum. Ei legitur hi". Mais les manuscrits COV portent "constitutum ei legi" ; on peut supposer qu᾽il s᾽agit d᾽un datif complément du passif, mais plutôt voir dans "legi" une faute qui s᾽explique par la présence de "ei" et masquant un "lege". Nous faisons de "ei" un datif representant le personnage et éditons donc ces mots comme la fin du lemme 1. La numérotation des lemmes de ce vers est donc en décalage par rapport à celle de l᾽édition Wessner.
59. Wessner édite : "assis libra erat eiusque partes unciae ; rursum unciae unius duodecima pars libella dicebatur" (l᾽as équivalait à une livre et ses subdivisions étaient les onces ; inversement, on appellait "livre" le douzième d᾽une once). Cette version du texte n᾽est évidemment pas satisfaisante, puisqu᾽elle se contredit : une "libra" et une "libella" étant une seule et même chose, l᾽once ne peut pas à la fois être une subdivision de la "libra" et la "libra" une subdivision de l᾽once. On peut dès lors proposer deux corrections à la seconde partie de la phrase : a) "unciae duodecim libella dicebatur" (on appelait livre douze onces) , b) "uncia duodecima pars libellae dicebatur" (on nommait once le douzième d᾽une livre) ; cette version nous paraît être préférable, parce qu᾽elle est celle qui modifie le moins le texte : on conserve en effet le terme de "pars", ainsi que "duodecima".
60. Wessner édite "siquidem ipso loquitur" ; "de ipso" est une conjecture d᾽Estienne. Il est préférable de suivre la leçon donnée par l᾽ensemble des manuscrits, et d᾽éditer "siquidem ipsum loquitur".
61. Leçon du seul manuscrit V qui mérite d᾽être retenue car elle précise bien le sens de la remarque.
62. Ce mot est un ajout d᾽Estienne que nous conservons.
63. Wessner édite "redhibitio debiti", en se fondant sur le texte des
Scholia Bembina : "redibitio" ; tous les autres manuscrits donnent néanmoins "redditio", et c᾽est la leçon que nous choisissons d᾽éditer, en considérant qu᾽une mélecture de l᾽expression "redditio debiti" a conduit à "redibitio debiti".
64. Wessner édite "e re argumenti", ce qui est une conjecture de Teuber ; l᾽ensemble des manuscrits donnent "uere argumentum" (à l᾽exception de R dans lequel "uere" est omis). Dans le commentaire de
L᾽Eunuque, 840, nous avons édité "e re argumenti", qui a été traduit par "c᾽est une nécessité commandée par l᾽intrigue que de…". L᾽apparat critique de Eun.
840 (p. 453, l. 3) dit, pour la leçon éditée "et iam e re argumenti" : "ẽt cherea argumenti" (T), "cherea ẽt argumenti" (C), et "de necessitate argumenti" (V) ; corr. W. (cf. ad Phorm. I, 2, 9). Comme on voit, le texte de Donat est assez mouvementé à cet endroit, et Wessner se sert de la conjecture de Teuber dans Ph.
59 pour "harmoniser" le texte de
L᾽Eunuque. C᾽est assez astucieux pour le passage désordonné de
L᾽Eunuque, beaucoup moins justifié ici, où les manuscrits donnent un texte très satisfaisant.
65. "Quae dicitur" et "bono" se trouvent dans le manuscrit I (Reeve (1979, 317)) et fournissent un texte excellent que nous conservons, en raison du caractère absolument topique de l᾽argument "cui bono", que l᾽on trouve par exemple chez Cicéron (Rosc. 84, 9), Asconius (Mil. 40, 15) etc. Schoell avait déjà conjecturé "bono".
66. Les deux "qui" édités par Wessner sont des conjectures de Sabbadini (1897, 294) que nous retenons ; l᾽ensemble des manuscrits donne "cui" à deux reprises.
67. Ce mot est donné par la branche Δ (cf. Reeve (1979, 315)), et fournit un texte excellent.
68. COV proposent "quia" plutôt que "qua" et nous les suivons.
69. Wessner n᾽édite pas la réponse "omnium", que l᾽on trouve dans CO, et qui justifie l᾽emploi, dans la suite du texte, de "sed" et de "magis".
70. Wessner édite, on ne sait pourquoi, "abeuntis", mais il faut un nominatif pluriel soit "abeuntes".
71. Wessner édite "hic relinquunt filiis". "Hic" est une conjecture d᾽Estienne. Tous les manuscrits donnent "hinc", et dans la mesure où les deux termes sont ici employés indifféremment (cf. "et hinc et hic legitur", nous donnons la priorité à la leçon des manuscrits.
72. Wessner édite "complebit", mais nous faisons le choix de suivre le manuscrit V, qui donne "compleuit" : il est ici question de la conduite de Géta, qui ne s᾽est pas comporté en "magister" puisqu᾽il a laissé les jeunes gens tomber amoureux.
73. Nous éditons "a procul uel porro", alors que Wessner se contente de donner "a porro". Cette double étymologie figure dans les manuscrits CO, mais aussi dans V qui donne "a porro uel procul".
74. L᾽ensemble des manuscrits donnent "in stalagmonisadeo". Ribbeck (1873) propose "uisam" au lieu de "nisa". Nous éditons quant à nous "nisi deo", ce qui permet d᾽éviter de trop s᾽écarter des manuscrits, comme le fait Ribbeck, considérant qu᾽il s᾽agit d᾽un ablatif absolu.
75. Le manuscrit V précise "retulit perdidi", et nous faisons le choix d᾽éditer "rettulit perdidi" (en gardant la graphie "rettulit" présente dans tous les autres manuscrits), car cette leçon permet de percevoir plus clairement l᾽opposition entre "perdidi" et "seruare" qui est ici en jeu.
76. Wessner édite "oportuerit", correction de Sabbadini que nous conservons. R donne "oportuerat", mais ce plus-que-parfait n᾽est pas satisfaisant. OV donnent "oportueret", forme barbare, et C "oportuere" : aucune de ces leçons ne paraît convenir.
77. VCO donnent "quartum" au lieu de "tertium" (que semble donner R). Il s᾽agit effectivement probablement d᾽un pléonasme de la quatrième catégorie. Le scribe a pu confondre les nombres, surtout si son modèle portait, comme attendu, le nombre écrit en chiffres et non en toutes lettres ("III" au lieu de "IIII").
78. "Puellulam" est une correction de Westerhof que nous conservons ; les autres manuscrits donnent tous "puellam", or c᾽est bien "puellulam" qui figure dans le texte de Térence.
79. Wessner édite "cum τύπῳ", conjecture d᾽Estienne que nous acceptons.
80. Wessner suit la conjecture de Teuber (1881, 22) en éditant "plurali" contre tous les manuscrits qui lisent "singulari". Cette conjecture n᾽est pas nécessaire, ce que veut dire Donat est que le personnage utilise un pronom pluriel pour une réalité singulière, lui-même.
81. "Domum" est un ajout de Goetz que nous conservons.
82. Sabbadini (1897, 295) ajoute ici "quid sit", mais la scholie se comprend bien sans.
83. Wessner ajoutait un "non" que nous supprimons, le texte se comprend sans lui. C᾽est bien dit précisément parce qu᾽avec ses seules souffrances, Antiphon parvient à bouleverser tout le monde.
84. Conjecture d᾽Estienne pour un texte grec de V incompréhensible : παρασεης.
85. Ces mots ne figurent que dans l᾽editio princeps, mais ils sont fort à leur place.
86. Les manuscrits donnent "hic", et c᾽est cette leçon que nous retenons, bien que tous les manuscrits de Térence donnent "quo", et que Sabbadini (1894, 107) propose de lire "hoc".
87. Ces mots ne figurent que dans l᾽editio princeps, mais ils conviennent parfaitement.
88. Wessner édite "sic et alibi ᾽capillus passus, prolixus, circum caput reiectus neglegenter᾽, —
2 passvs temere dispersus . — ut pars magna", mais il faut déplacer la seconde main pour rendre le texte compréhensible. On obtient alors le texte suivant : "sic et alibi ᾽capillus pexus, prolixus, circum caput reiectus neglegenter᾽, ut pars magna. —
2 passvs temere dispersus. —".
89. Wessner a déplacé ces mots grecs, en créant artificiellement un lemme 104,4, dans l᾽idée que cela commentait "imus, uenimus", etc. En réalité la description de la jeune fille correspond sans doute mieux à la nature de l᾽enargeia. Il faut également modifier la ponctuation après "ipsam" ce qui permet, contre Sabbadini (1894, 109), de garder "enim" à la place qui est la sienne dans les manuscrits.
90. Wessner édite "peti" qui est une conjecture d᾽Estienne ; les manuscrits donnent "petit", que nous rétablissons, car la construction est possible bien que difficile.
91. Le texte est ici extrêmement douteux. Wessner édite "cum ἐμφάσει uel † αιρης dixit", et voit donc dans ce passage un locus desperatus. Les manuscrits proposent, au mieux, une succession de caractères grecs incompréhensible, à l᾽exception de V, qui donne "cum εμφασι uel αιρης". R et C en raison de la taille de leur blanc peuvent laisser entendre qu᾽il n᾽y avait qu᾽un seul mot commençant par ε si l᾽on en juge par C. Si l᾽on suit la leçon proposée par les manuscrits RCO, on peut cependant éditer "cum ἐμφάσει uel ἄρσει dixit", en comprenant le terme d᾽"ἄρσις" (qui signifie "soulèvement", "élévation") au sens de "fait de lever la voix". On pourrait supposer, au lieu du texte que nous proposons à la suite d᾽une correction habile de Schoell, "cum ἐπάρσει".
92. Wessner édite "civem esse Atticam bonam ᾽ciuem᾽ quod ad iura pertinet, ᾽bonam᾽ quod ad ipsam". Mais "esse Atticam bonam ciuem" est un ajout de Wessner qui nous paraît superflu. On peut en effet tout à fait éditer "civem quod ad iura pertinet, bonam quod ad ipsam", en comprenant "civem" et "bonam" comme des lemmes.
93. Tous les manuscrits donnent "a maioribus", et cette leçon nous paraît convenir. Nous rejetons donc la conjecture d᾽Estienne, qui propose, en se fondant sur le "pertinet" de la scholie précédente, "ad maiores".
94. Nous adoptons la correction que Wessner apporte au texte des manuscrits, qui portent "nuptias".
95. Wessner éditait une conjecture de Sabbadini (1897, 296) "si sperari". RCO donnent seulement "sperari". V donne "ne sperari", qui met à notre sens sur la voie du bon texte "ni sperari".
96. Wessner édite "si cum, ut sit : cum redisset" mais "si cum ut sit" est une conjecture personnelle. Les manuscrits donnent seulement "cum si". Nous proposons donc "si cum redisset", énoncé certes elliptique, mais assez conforme aux usages de Donat.
97. "Dixerat" est une correction d᾽Estienne. RCV donnent "dixeras" et O "dixeris". La troisième personne du singulier est ici la seule solution possible.
98. Tous les manuscrits donnent "si", leçon impossible qu᾽Estienne corrige en "qui". Mais la correction "is" que nous proposons nous paraît à la fois plus économique et tout aussi simple.
99. "Et" édité par Wessner est une conjecture de Lindenbrog. Tous les manuscrits donnent "ex", que nous adoptons.
100. Nous retenons comme Wessner une conjecture de Schoell, contre les manuscrits qui écrivent "desuper" qui n᾽a ici aucun sens.
101. Les manuscrits RC donnent "subaudiuimus". OV donnent "subaudimus". Schoell avance, à titre de conjecture, "subaudibimus". Nous éditons "subaudimus" comme OV car le parfait est improbable, le futur est barbare (et ne correspond pas aux usages de Donat, qui sait qu᾽on dit "subaudiemus"). Le présent va d᾽autant mieux si on réunit les deux phrases de la scholie en une seule avec interrogation double, au présent dans les deux cas : "simpliciter accipimus an subaudimus quamuis ut sit : quamuis uirginem ?", "est-ce que nous nous comprenons ᾽uirginem᾽ tout seul ou est-ce que nous sous-entendons ᾽quamuis᾽... ?".
102. Les manuscrits donnent bien "sensus", mais R. Kauer (1900,
40 et suiv.) proposait de lire "uersus", en se fondant sur le commentaire au vers
325 du Phormion, où Donat écrit, à propos de "denique" : "hanc particula in ultima ponit sententia". Néanmoins, comme "sensus" est la leçon donnée par tous les manuscrits sans ambiguïté, c᾽est celle-ci que nous conservons. Tout au plus peut-on remarquer que Ménage, dans sa lettre à Graevius du
21 mars 1688, lit bien "in fine sensus", mais comprend "in fine uersus", puisqu᾽il écrit : « il ne peut être révoqué en doute que Térence n᾽ayt fini son vers par denique ; Donat, sur ces paroles du Phormion, ᾽quid fit denique᾽, qui sont de la Scene 2. de l᾽Acte I. aïant remarqué que Térence a mis ᾽denique᾽ dans cet endroit-là à la fin du sens, comme dans celui-cy de
L᾽Héautontimoruménos, ᾽Fodere, aut arare, aut aliquid ferre denique᾽. Voicy les paroles de Donat : ᾽More suo posuit Terentius denique in fine sensus᾽ » (cité par Maber (2005, 105)).
103. Wessner édite "ut Lucilius in secundo ᾽qui te, Nomentane, malum᾽ etc. pergit autem per ᾽hoc consilium quod dicam dedit᾽", dans lequel "pergit autem per" est une conjecture personnelle pour un texte des manuscrits "pergit aut qui". Nous éliminons cette conjecture et rétablissons le texte des manuscrits, ce qui pourrait donner "qui te, Nomentane, malum᾽ etc. pergit aut qui ᾽hoc consilium quod dicam dedit᾽". Dans ce cas, il devient évident que le "aut" indique une deuxième nature possible pour "qui", qui est soit l᾽équivalent de "utinam", soit le pronom relatif auquel Donat enchaîne sa proposition relative. Reste la question du fragment de Lucilius. Les éditeurs de Lucilius considèrent que ce que Wessner édite sous la forme "et cetera pergit" constitue la fin de l᾽hexamètre cité ("cetera pergit" donnant une clausule héroïque). Le problème est que l᾽hexamètre n᾽est pas scandable en l᾽état, et les éditeurs corrigent diversement le texte pour obtenir un hexamètre. Nous n᾽acceptons qu᾽une seule de ces corrections qui corrige "Montane" des manuscrits en "Nomentane", nom qui se retrouve dans un autre fragment de Lucilius. Nous supposons, pour le reste, que seul le début de l᾽hexamètre est cité, jusqu᾽à la coupe hephthémimère. L᾽hexamètre est alors "qui te Nomentane malum..." et il faut se résigner à ne pas savoir comment il se terminait. Comment alors expliquer "et cetera pergit" ? Les manuscrits donnent "ad cetera pergit", ce qui se comprend parfaitement, si Donat ne cite qu᾽un élément d᾽hexamètre et met la citation en rapport avec l᾽aposiopèse que comprend le vers de Térence, et donc sans doute celui de Lucilius. Nous éditons donc "et ad cetera pergit" qui nous paraît respecter parfaitement l᾽idée que, si "qui" vaut pour "utinam", il y a aposiopèse (il n᾽y a pas de verbe) et le personnage passe à la suite ("toi, Nomentanus de malheur, que les dieux te..." chez Lucilius, "l᾽impudent... que les dieux le perdent !... a donné le conseil que je vais te dire" chez Térence). A l᾽appui de cette reconstruction, notons la même analyse très explicite au lemme suivant.
104. Conjecture certaine d᾽Estienne, le "grec" des manuscrits étant illisible.
105. Wessner édite à cette place "unde" qui est un ajout d᾽Estienne, de sorte que l᾽on lit "ut rediret ad nominatiuum casum ᾽qui᾽, unde aberrauerat et ᾽illum᾽ dixerat". Sabbadini (1897, 296), quant à lui, propose de remplacer "unde" par "a quo". En réalité, aucun ajout n᾽est ici nécessaire : pour nous, "qui" n᾽est pas un autonyme et il faut éditer "ut rediret ad nominatiuum casum qui aberrauerat et ᾽illum᾽ dixerat", et comprendre "pour qu᾽il revienne au nominatif, lui qui s᾽en était éloigné en disant ᾽illum᾽".
106. Les manuscrits donnent "a persona iustum quocumque agitur" ("quodcumque" pour V), qui n᾽a pas grand sens. Nous supposons que le groupe "eiuscumquotum" a été mal lu par simple inversion de "c" et "t" ("cum/tum"). A partir de là, le texte n᾽était plus compréhensible.
107. Wessner édite "ἀπογραφὴν † τοναι", mais on peut proposer, en se fondant sur l᾽apparat critique, "ἀπογράψομαί σε".
108. "In personis" est un ajout de Sabbadini (1897, 296), indispensable à la compréhension du passage.
109. Si l᾽on considère qu᾽il s᾽agit d᾽un type d᾽argument, on peut faire droit au texte des prétendus deteriores "a persona" contre celui des meilleurs manuscrits "ad personam". Toutefois le texte des manuscrits tenus par Wessner pour les meilleurs n᾽est pas impossible.
110. Les manuscrits donnent "totum". Sabbadini (1897, 297) supposait plutôt "τὸ", mais la conjecture est inutile.
111. Wessner édite "totum ἐν ὑποκρίσει", mais "totum" est un ajout de Schoell motivé par le "totum" donné par les manuscrits dans la scholie précédente, et par le "totum" que l᾽on trouve dans la scholie suivante. Néanmoins, il ne nous paraît pas judicieux de le conserver, dans la mesure où l᾽on ne trouve rien, dans les manuscrits, qui le justifie.
112. "Dicens" est une conjecture d᾽Estienne que nous conservons, la leçon "dicit", donnée par RCO ne permettant pas de construire correctement la phrase.
113. Wessner se demande s᾽il ne faut pas lire "proprie" plutôt que "prorsus" qu᾽il édite cependant. La conjecture de Wessner "proprie" est assez habile, car Donat rappelle le lien qui existe au sens "propre" entre les deux mots apparentés "refellere" et "falsitas".
114. Le mot "συκοφαντεῖ" est une conjecture de Schoell. R donne "συτωφηλυα" et V "σϋτωφηλυα" (et dans la marge "uel σϋκωφαντα").
115. Wessner édite "et iam eum sub certo interitu defleas", en suivant Estienne qui conjecture "defleas" alors que tous les manuscrits donnent "defleat". On peut néanmoins conserver la leçon donnée par les manuscrits et éditer "defleat". On considère alors que l᾽on change de sujet en cours de phrase, le sujet de "defleat" étant Dave, et "eum" renvoyant toujours au malheureux Géta.
116. Wessner édite "in tali re attingenda" qui est une conjecture de Schoell. V donne "in tali re tangenda", RC "in alia reticenda" et O "in alio recitanda". Toutes ces leçons peuvent provenir d᾽une mélecture de "in tali re dicenda" réinterprété en "in tali reticenda" à même d᾽expliquer toutes les autres leçons.
117. En grec chez Wessner, mais en latin dans les manuscrits. Nous le conservons ainsi.
118. Tous les manuscrits donnent "paedagogus est ille", mais nous tenons compte de la correction de Sabbadini (1897, 297) qui supprime "est" et rétablit ainsi la citation exacte.
119. Notons que l᾽editio princeps donne "δεικτικῶς sic".
120. Wessner édite "nam nemo non cum spe amat", où "nam" est une conjecture de Schoell, que nous supprimons et "non cum spe" de Sabbadini (1897, 297). V donne "cum non spe" et RCO "cum ne spem". Aucune de ces leçons n᾽est satisfaisante, mais on peut logiquement tirer de "cum ne spem amat" une forme "sperarat", qui invite ensuite à lire "cum non sperarat". La construction de "cum" avec le plus-que-parfait de l᾽indicatif a pu troubler le scribe.
121. Tous les manuscrits donnent "animaduertite quid" (sauf V "animaduertite quoad"), que Wessner corrige en "animaduerte τὸ quid". Cette conjecture de Wessner est probable, Donat ne s᾽adressant jamais à son lecteur au pluriel. De plus "animaduertite" peut provenir facilement d᾽une mélecture de "animaduerteto", compris comme un seul mot.
122. Wessner ajoutait ici un "et" inutile.
123. Wessner édite "in qua sit audax locutor Phaedria", où "sit" et "locutor" sont des conjectures de Schoell, pour respectivement "sic" (dans tous les manuscrits) et "loquitur" (manuscrits RCO) ou "inducitur" (manuscrit V). Il est préférable d᾽éditer "in qua sic audax loquitur Phaedria", en construisant "sic" avec le "ut" suivant, et de traduire "dans laquelle Phédria s᾽exprime en audacieux".
124. Wessner édite ici un "qui", conjecture de Bentley signalée par Wessner, inutile à notre leçon.
125. Cet élément se trouve ici dans les manuscrits, mais Estienne l᾽avait déplacé, à tort selon nous, à la fin de 153, et Wessner l᾽avait suivi. Nous reprenons l᾽ordre des scholies tel qu᾽il figure dans les manuscrits mais nous conservons en revanche la correction d᾽Estienne en "fugiturus" pour le "futurus" des manuscrits.
126. Wessner édite "et aduenti et aduentus" où "aduenti et" est un ajout d᾽Estienne qui n᾽est pas indispensable. Nous éditons donc le seul "et aduentus".
127. Ajout d᾽Estienne qui paraît évident au vu de la citation, bien connue des grammairiens, de la
Médée d᾽Ennius.
128. Wessner édite "ἀνθυποφορὰ μονομερής ᾽non potitus essem᾽. non enim illa ᾽sed potiri uoluisti᾽ posuit ut ᾽uerum anceps pugnae fuerat fortuna fuisset᾽. hic enim utraque pars ponitur", en tenant compte des corrections apportées par Sabbadini (1897, 297) et Estienne. Or le texte des manuscrits, consensuel au moins dans son ordre, invite à lire "Antropophora (****) ut ᾽uerum anceps pugnae fuerat fortuna. fuisset ᾽. hic enim utraque pars ponitur. ᾽Non potitus essem᾽ monomeres non ne (ut) illa ᾽sed (hic) potiri uoluisti᾽ (pos)uisset". Il est assez aisé de comprendre qu᾽il y a en réalité deux commentaires. Le premier relève la figure et compare avec Virgile, le second ajoute une qualification rare ; cette figure est "d᾽un seul tenant", car on a la réponse à l᾽objection, mais non l᾽objection elle-même. On peut donc considérer qu᾽il faut conserver l᾽ordre des manuscrits. Pour la fin, désordonnée dans les manuscrits, on peut supposer simplement la disparition d᾽un "si", dont la restitution rend viable le texte de V qui porte "ut" au lieu de "ne" et construire "non ut si illa... posuisset". A ce moment, la scholie redevient parfaitement compréhensible.
129. Wessner ajoutait "igitur" sans aucun motif apparent. Schoell conjecturait "itaque" sans plus de motif.
130. Correction d᾽Estienne pour un "continente" des manuscrits qui n᾽a pas de sens.
131. Nous reprenons avec Wessner une conjecture de Hartman (1895) pour un texte des manuscrits "aduersa et contraria" qui aboutit à un contresens, Antiphon étant aux yeux de Phédria parfaitement heureux avec sa bien-aimée.
132. Estienne (suivi par Wessner) ajoutait ici "et" , qui ne sert à rien. Nous le supprimons.
133. Wessner éditait "optandam", conjecture d᾽Estienne, mais le texte des manuscrits "optanda" est plutôt plus facile à construire et plus latin.
134. Nous conservons, comme Wessner, le texte de V, contre les autres manuscrits qui proposent, sans doute induits en erreur par le contexte de la scène, "nubentibus".
135. Wessner édite une conjecture de Sabbadini (1897, 298) "auemus", pour un texte des manuscrits qui tend à un consensus sur "habemus" (ROC). Le texte de C et celui de O expliquent la confusion. En effet "amamus" est une glose de "habemus" (visant sans doute à recontextualiser la remarque), qui s᾽est introduite dans certains manuscrits et qui survit sous la forme "amamus aliter habemus" de C. "Auemus" est une lectio difficilior, trop peut-être. Reeve (1979, 316) paraît défendre la leçon "agimus", mais elle est nettement moins bonne que "habemus" en raison du sens du verbe "proueniunt". Notons que, dans son système, "habemus" est la leçon de K dont il souligne par ailleurs l᾽importance, ce qui renforce notre hypothèse.
136. Ingénieuse conjecture de Wessner que nous adoptons. Le texte des manuscrits "dictum quod" n᾽est pas en soi impossible, mais il faut postuler un "idem" voire "idem est" et comprendre "᾽tamdiu᾽ est ici la même chose que ᾽tantum diu᾽".
137. Conjecture judicieuse d᾽Estienne, mais les manuscrits V et R avaient assez bien conservé le mot.
138. Conjecture d᾽Estienne contre les manuscrits qui, induits en erreur par "amore", lisent ici un ablatif "copia".
139. Les manuscrits donnent tous ce texte que Wessner a corrigé, sans doute en raison d᾽une construction un peu délicate, en "superioribus", comprenant "beaucoup rattachent ᾽palam᾽ aux mots qui précèdent". Pour nous "iungunt" est construit absolument et "superius" est un adverbe.
140. On doit, selon Wessner, à Bentley d᾽avoir reconnu ce passage de Lucrèce écrit comme du grec dans le manuscrit V , ou extrêmement maltraité par les autres.
141. "Antequam" est une conjecture d᾽Estienne reprise par Wessner, contre les manuscrits RCO qui donnent "antiqua" et V "cum iniqua", deux leçons invraisemblables.
142. Wessner éditait "sustinet" (texte du codex Cuiac.), tous les autres manuscrits proposant "suae tenet". Or le réfléchi ne convient guère ici, puisque la faute qu᾽assume Géta ici n᾽est pas la sienne propre, mais celle du jeune homme. D᾽un autre côté, l᾽expression "partem tenere" est meilleure que "partem sustinere". Du coup, nous proposons de restituer un texte "partem eius tenere", devenu ici "partem sustinere" par mélecture, là "partem suae tenere" par correction du non-réfléchi en réfléchi.
143. V donne XIIII, ce qui est l᾽opinion unanime des éditeurs modernes de Lucilius. On peut probablement se fier au soin du copiste de V, le seul par exemple à tenter de tirer quelque chose du grec.
144. Les manuscrits donnent tous "hora et". Charpin (1979, 64), et Wessner, supposent à juste titre "horae".
145. Les manuscrits donnent "qui quoque inuasit" (RCO), "qui hoc inuasit" (V). "iuuassit", conjecture de Sabbadini (1897, 298), ne paraît pas utile. Charpin (1979) édite exactement le texte que nous proposons.
146. Ces mots grecs sont une conjecture d᾽Estienne pour "presto" des manuscrits.
147. Restitution ingénieuse d᾽Estienne, éditée par Wessner, et confirmée par
La Souda s. v. πλίνθος : "Πλίνθος. παροιμίαι· Πλίνθους πλύνεις· Χαμαὶ ἀντλεῖς· Φακὸν κόπτεις· ἐπὶ τῶν ἀδυνάτων καὶ ἀνηνύτων καὶ μὴ ὄντων λέγεται" (Brique : proverbes ; tu laves des briques ; tu écopes par terre ; tu coupes une lentille ; se dit de choses impossibles, inachevées, qui n᾽existent pas).
148. Wessner édite une conjecture d᾽Estienne "placando" ; le texte des manuscrits est toutefois parfaitement compréhensible.
149. Wessner ajoutait divers éléments pour parvenir à éditer "nec sui uim significatus habere". "Nec sui" était une conjecture de Schoell et "habere" une conjecture d᾽Estienne. Le texte des manuscrits porte "si (et V) significatus (-ionis O, -cati non V) habet (-nt dett.)". Pour "si" le texte de V peut nous mettre sur la voie d᾽un "etsi". En éliminant "si", V rend l᾽énoncé incompréhensible ce qui l᾽oblige à ajouter "non". On peut ensuite hésiter sur "significatus" ou "significationis" (qui donne par parenthèse le cas de "significatus"), mais il faut sans doute préférer "significatus" qui est beaucoup plus rare en ce sens et qui a pu être glosé "significationis". Quant à "habet" de V, il peut provenir d᾽une mélecture d᾽une abréviation corrigée par les dett. en fonction du sens.
150. Estienne proposait de lire "par idiotisme" pour un texte grec malmené par les manuscrits. Il nous semble que le texte de V qui donne "ανσοτισμο" permet de restituer ἀττικισμῷ. Donat repèrerait un emploi du génitif de la partie (ψυχῆς dans l᾽original grec ?) qui pourrait correspondre au génitif dont il parle dans la scholie suivante.
151. Texte de V. O lisait "eius eo" Klotz restituait quant à lui les quatre formes "eius ei is eo", suivi par Wessner. Mais il ne voit pas, à notre sens, que les deux formes "is" et "eo" sont commentées dans les lemmes suivants.
152. Les manuscrits donnent "si", mais on voit mal le sens de la question "s᾽il le retient, comment peut-il le torturer ?", tant la réponse est évidente. "Sic" édité par Wessner suit une suggestion de Rabbow (1897) qui, en soi, n᾽est pas impossible, mais la restitution du texte de V au lemme précédent donne sans doute la solution. Donat commente maintenant la forme "is" du polyptote, avant de passer à "eo" au lemme suivant.
153. Leçon de l᾽editio princeps, pour "peccati" des manuscrits qui s᾽explique par "libertatis" mais se comprend mal. Wessner quant à lui choisit la curieuse conjecture d᾽Estienne "per eam".
154. Le texte des manuscrits peut être conservé malgré la place étrange de ce "et" ; on peut aussi accepter comme Wessner la conjecture "ut" proposée par Estienne.
155. Les manuscrits écrivent "pro prouidissem" qui a pu provoquer une haplographie qui rend le commentaire peu clair. Le codex Cuiac. a donc complété de manière érudite ce vide en écrivant comme le fait Donat à l᾽occasion "ἀντὶ τοῦ".
156. Wessner édite "causa est" qui est une conjecture à partir du texte de RCO "causa et". V n᾽a rien et il a sans doute raison car dans les differentiae les éléments sont généralement juxtaposés et non coordonnés.
157. Wessner édite "convasissem" qui n᾽existe pas. Les éditeurs de Térence éditent "conuasassem" du verbe "conuasare" donné par Nonius (124, 16L) : "conuasare dicitur furto omnia colligere" ("convasare" se dit pour "tout emporter en le volant"), avec comme seule attestation cette occurrence du
Phormion.
158. "Colligendis" est le texte de l᾽editio princeps, et il est confirmé par Nonius (cf. note précédente) qui rapproche "conuasare" de "furto omnia colligere". Les manuscrits, en raison de la présence de "vases" sans doute, lisent "collidendis" ou, pire encore, "colliendis".
159. Ajout d᾽Estienne repris par Wessner, mais probablement nécessaire.
160. Ajout de Westerhof repris par Wessner, mais probablement nécessaire.
161. Ajout de Westerhof repris par Wessner, mais probablement nécessaire, d᾽autant qu᾽il y a un blanc dans R et C.
162. Texte des manuscrits R et V. O porte "si". Wessner proposait "secum", conjecture de Schoell, qui n᾽est pas impossible, mais nous préférons conserver le texte le mieux représenté dans les manuscrits.
163. Conjecture de Schoell reprise par Wessner, pour un texte des manuscrits "proprie enim" qui a entraîné quelques désordres sur "suam".
164. Nous éditons "intellectus ex quiete" en suivant la conjecture de Sabbadini (1897, 299) ; les manuscrits RCO donnent en effet "et", mot qui est omis dans V.
165. Conjecture de Sabbadini (1897, 299) reprise par Wessner, et que nous conservons. Les manuscrits portent "sic".
166. Conjecture d᾽Estienne possible, le manuscrit V semblant toutefois préférer voir ici une figure de "paromoion" sans doute sur "fortis fortuna". Le caractère de proverbe de l᾽énoncé ne fait aucun doute, peut-être d᾽ailleurs cela explique-t-il que Donat ait insisté sur le "paromoion" plus que sur le proverbe.
167. Conjecture d᾽Estienne reprise par Wessner, car elle est plus claire que le texte des manuscrits qui toutefois n᾽est pas impossible : "hoc" donné par V ou "haec" donné par RCO. Le "hoc" peut provenir du lemme.
168. Wessner édite "hinc terrorem" en suivant Sabbadini (1897, 299), mais RCO donnent "hunc terrorem" qui est parfaitement clair.
169. Wessner athétise ce "enim" suivant ainsi les dett., mais l᾽erreur provient de ce qu᾽ils pensent "adeo" comme corrélatif du "ut" qui suit. Or ce n᾽est pas indispensable. Le commentaire commence par s᾽étonner du vice qu᾽il constate avant de l᾽expliquer.
170. Les manuscrits R et C introduisent ici un renvoi à Eun. 445, qui nous paraît fort judicieux. Wessner l᾽élimine et limite le lemme à "em istuc serua" faisant commencer la scholie à "dicendo".
171. Wessner athétise ce "et" qui de fait est mal placé dans les manuscrits unanimes qui lisent "animaduerte et". Nous préférons le conserver en le déplaçant légèrement.
172. Wessner ajoute ici "et protelo" dont la restitution est justifiée pour des raisons de clarté et qui serait tout à fait plausible, mais dont on ne trouve nulle trace dans les manuscrits. Notre texte est un peu plus elliptique, mais ne présente rien qui choque la pratique de Donat.
173. "Percutiat" est une conjecture de Schoell et les manuscrits semblent donner "perueniat". Mais "percutiat" se justifie comme le seul texte possible par un rapprochement avec Nonius 363,
1 M = 576,
5 L ("protelare est percutere, perturbare. Terentius in Phormione" suivi de la citation de ce vers).
174. Wessner fait droit à une conjecture d᾽Estienne "eum cum quo", alors que le manuscrit O porte "cum quo", et RCV "cum eo cum quo". La leçon de RCV pourrait reposer sur une mécompréhension du groupe "quocum". En revanche "eum" ne s᾽impose absolument pas, l᾽infinitive pouvant être elliptique (sans sujet), comme souvent chez Donat. il s᾽impose d᾽autant moins que la scholie s᾽achève dans le texte que nous éditons sur une clausule crétique+péon 1, impossible avec "eum". On pourrait aussi supposer un tour extrêmement savant et sallustéen en éditant "manifestus".
175. Nous replaçons ici un lemme que Wessner édite en 217,
2 alors que le texte commenté appartient exclusivement au vers 216.
176. Nous faisons droit à la leçon de O qui précise, au lieu de "alibi" : "in and" évidemment pour "in Andria".
177. Wessner édite "adhuc tuto" conjecture de Lindenbrog qu᾽il soupçonne de provenir du manuscrit Cujas. Les manuscrits, outre C qui omet "quasi", portent respectivement "eadem" (RO), "eadem a destituto" (V), "a destituto" (dett.). Nous proposons de voir dans "eadem" une mélecture de "ea de", l᾽haplographie sur "dedestituto" ayant ensuite pu donner un résultat incompréhensible "ea de stituto" corigé en en "eadem a destituto" ou par suppression du segment incompréhensible "stituto".
178. Wessner édite ici "mihi" ; or aucun manuscrit ne donne ce texte, RCO laissant une lacune incluant le grec, alors que V, qui graphie assez correctement ici απικισμῶ, le fait précéder d᾽une suite de caratères grecs μητ qui ne donne aucun sens, mais peut expliquer la conjecture de Wessner.
179. Les manuscrits portent ici "enim", édité également par Wessner, mais sa place aberrante le rend suspect. V propose un "mihi" après "addidit". Nous pensons que ce "mihi" se cache en réalité dans la forme "enim", la succession "sine hoc mihi" ayant pu gêner les copistes.
180. L᾽adjectif est donné par le seul V, mais il est très plausible. RCO l᾽omettent, ce qui ne change pas grand chose au sens. Nous le conservons pour la clarté.
181. RCO donnent "permoueret" contre V qui donne le texte choisi par Wessner "promoueret". Le sens est bien meilleur en suivant RCO, une mélecture d᾽abréviation étant absolument courante dans ce cas.
182. Wessner édite ici une conjecture d᾽Estienne, "quasi de re magna", mais le texte des manuscrits unanimes s᾽impose ici.
183. Conjecture de Wessner, évidente, contre "noxam" des manuscrits. Les scribes ont changé "noxiam" (pour eux adjectif) en "noxam" (nom) en raison de la synonymie proposée avec le nom "culpam".
184. Texte de l᾽editio princeps sur un passage malmené dans les manuscrits, où on lit "natura", voire "natura ordine".
185. Texte de tous les manuscrits. Wessner édite un texte provenant du codex Cujas "hortationis".
186. Wessner édite "grauem" donné par I et repris par Estienne, tous les autres manuscrits portant "gratam". Nous rétablissons ce texte. La leçon "grauem" a toutes les chances d᾽être une lectio facilior provoquée par "iracundiam".
187. Wessner édite conformément à la conjecture d᾽Estienne "quae non", mais la plupart des manuscrits montrent un grand désordre dans le texte du relatif ; "quin", leçon de V, a toutes les chances d᾽être le meilleur texte. Quant à "uero", RCO donnent "q nuõ", qui a toutes les chances d᾽être une mécoupure de "quin" suivie d᾽un élément "uõ", c᾽est-à-dire "uero".
188. Wessner édite "quid", conjecture d᾽Estienne, mais le sens est bien plus clair avec le texte des manuscrits. Le délit est-il constitué, quelle est sa nature, qui en est l᾽auteur, à qui fait-il tort ?
189. La fin de la scholie depuis "quod" est absente dans le manuscrit O.
190. Wessner édite "rara ἀποσιώπησις", ce qui semble étrange, car comment pourrait-on dire que le fait de ne pas mettre "sed" après "non" soit rare ? Le manuscrit V donne sans doute la solution en copiant "κα|α", l᾽étrange troisième lettre pouvant résulter d᾽une lecture fautive de "τ᾽". Quant au sigma final, il peut être né du souci du copiste de V de rendre une forme-étiquette, donc au nominatif. L᾽aposiopèse consiste alors à interrompre la phrase pour passer totalement à autre chose.
191. Le texte des manuscrits porte unanimement "quam", dont ni le sens ni la construction ne sont pleinement satisfaisants. On peut supposer la mélecture d᾽une abréviation et rétablir sans trop de risque d᾽erreur un "quia" beaucoup plus habituel dans la phraséologie de Donat.
192. Sur ce texte, voir la note à la scholie suivante.
193. Wessner édite "σχῆμα διανοίας· μετ᾽αδιόρθωσις", ce qui correspond à une restitution du grec fourni par le manuscrit Cujas qui porte ϹΧΗΜΑΔΙΑΝΟΙΑΣΜΗϹΟΛΟΘωσις. Toutefois ce texte est assez nettement contredit par celui de V dont on connaît les efforts pour transcrire le grec. Il porte ici εχΗμΗαϥοΗασμεσοαορεωσισ qui évidemment ne signifie rien, mais qui assure en tout cas la présence du segment ορθωσις. Pourtant "μετ᾽αδιόρθωσις" proposé par Wessner est très rare, sa seule attestation étant ce texte ! Selon nous, le copiste du codex Cujas a reconnu le segment ϹΧΗΜΑΔΙΑ, et a cru y lire "σχῆμα διανοίας". Ensuite, on voit clairement qu᾽il ne sait plus très bien quoi faire des lettres qui restent. V en revanche a maltraité le début mais assez bien lu la fin : μεσοαορεωσισ. Nous proposons une restitution possible et qui convient à la situation : il s᾽agit d᾽une correction (διόρθωσις), puisque le personnage arrête son discours, mais elle s᾽opère en parenthèse (διὰ μέσου). Servius confirme cette restitution en commentant Verg. Aen. 11, 348, soit le vers qui suit la citation de Donat, en notant qu᾽il s᾽agit d᾽une parenthèse ("parenthesis").
194. Notons que les manuscrits donnent tous "omitte" comme lemme, et non le "age mitto" ou "ac mitto" des éditions modernes. Cependant, ce texte peut rerpésenter la manière dont Donat lit ce vers, car, pour le sens, cela ne change pas grand chose, Démiphon s᾽adressant directement à Géta.
195. Il faut remarquer que "ac" est une conjecture de Faërnus : V et les deteriores donnent "ieci" ; RCO comportent une lacune. Toutefois la restitution de Faërnus est certaine, d᾽abord parce que des manuscrits de Térence donnent ce texte, ensuite parce que le "ieci" de V peut résulter d᾽une mélecture d᾽un "ac" entouré éventuellement de signes démarcateurs d᾽autonymie, indiquant qu᾽il s᾽agit d᾽une variante textuelle : quelque chose comme |ac|. Sur ce point voir Reeve (1978).
196. "Seruum" est une conjecture de Sabbadini (1897, 300) reprise par Wessner ; les manuscrits donnent "suum", ce qui n᾽a pas de sens.
197. RCOK passent directement à 249,
2 ("habendae"). Il manquait certainement une page dans leur modèle.
198. Notons que le passage qui va de "adversariis" [fin du lemme] à "tradere" [fin de la scholie] ne figure pas dans les manuscrits VLD, mais seulement dans le manuscrit de Cujas.
199. Wessner édite "quod plus est", qui repose sur une conjecture de Sabbadini (1897, 300) ; mais le manuscrit de Cujas, qui est le seul dont nous disposions ici, donne "quod prius est". Westerhof propose "quod peius est" et Schoell, "quod prauius est". C᾽est la conjecture de Westerhof que nous choisissons d᾽éditer, car elle est plus proche du manuscrit que celle de Sabbadini. "Prius" dans ce contexte est à contresens, mais il a pu expliquer "tandem" ensuite. Voir note suivante.
200. "Tradere" est une conjecture de Wessner, qui s᾽impose face au texte incompréhensible des manuscrits, qui lisent "tandem" ("causam tandem") avant d᾽enchaîner directement sur la scholie
2 du vers 238.
201. Wessner conjecture ici à juste titre "aliud", sur le texte des manuscrits, "aliam", dépourvu de sens, mais il ajoute "c." pour "cura" qui ne sert à notre sens à rien et que nous supprimons.
202. Wessner édite ", nam in his uerbis", qui est une conjecture d᾽Estienne. Tous les manuscrits donnent "cum his uerbis", et c᾽est cette leçon que nous choisissons d᾽éditer.
203. Wessner édite "cuius reciprocum est", ce qui le contraint à éliminer "ob" ,pourtant donné par tous les manuscrits, et, pour la clarté, à ajouter "boni" dans ce qui suit ; d᾽ailleurs l᾽editio princeps lui avait ouvert la voie en ajoutant "bonum", tiré du commentaire à And. 398. Toutefois la solution peut se trouver dans les deux leçons transmises par les manuscrits : VL donnent "reciprocum", mais D donne "respectum". Sans doute le texte est-il "respectum reciprocum" qui s᾽est simplifié ensuite de deux manières différentes sur deux mots qui se ressemblent.
204. Wessner édite "quis quid", certains manuscrits donnant l᾽un ou l᾽autre, à la suite de quoi il ajoute "boni". La remarque que nous avons faite dans la note précédente vaut évidemment ici également.
205. Excellente conjecture de Wessner pour le texte des manuscrits, qui portent "cogitatur".
206. Ce texte est celui de tous les manuscrits. On voit mal pourquoi Wessner édite "insaniae" en suivant Sabbadini (1897, 300), ni pourquoi Estienne proposait "insani", l᾽adverbe "insane" convenant parfaitement.
207. Wessner édite "† intermixta sunt coniunctionibus intermixtis", mais on voit mal en quoi ce texte, quelque maladroit qu᾽il soit, est incompréhensible. Nous l᾽éditons donc tel quel, sans crux.
208. Conjecture de Sabbadini (1897, 300) reprise par Wessner, mais indispensable. DL, les seuls manuscrits disponibles pour ce passage, donnent l᾽inverse, ce qui est un contresens parfait.
209. Wessner ajoutait "id est", conjecture personnelle inutile.
210. VL lisent "dicere" au lieu du "ducere" édité par Wessner d᾽après la leçon de D. Le texte "dicere" est meilleur puisqu᾽il s᾽agit de ce que dit le vieillard, qui manifeste ainsi sa colère ("indignari") contre lui-même.
211. VD donnent "peccatoribus" au lieu de "precatoribus", ce qui peut s᾽expliquer par la présence immédiatement avant de "peccaturum". La leçon "precatoribus" de L paraît cependant bien meilleure. Voir note ad loc. dans la traduction.
212. Wessner édite "ante eam" qui est une conjecture d᾽Umpfenbach. Toutefois ces deux éditeurs ont manifestement confondu la tournure "legitur" avec "legitur et". Il ne s᾽agit pas de donner une autre leçon, mais d᾽attirer le regard sur une apparente incorrection. Donat remarque un cas d᾽interrogative/exclamative indirecte à l᾽indicatif, ce qui est assez fréquent dans la langue des comiques, mais très choquant pour le latin policé qu᾽enseigne le grammairien.
213. Wessner ajoute ici "posuit", suivant une suggestion inutile de Schoell.
214. "Quiddam significet " est une conjecture d᾽Estienne ; les manuscrits donnent "quoddam" ("quodam" pour D), mais c᾽est bien le pronom, et non l᾽adjectif, qui doit être utilisé ici. De plus, si les manuscrits donnent l᾽indicatif "significat", V édite " sig.t", ce qui, ajouté à la valeur adversative que "cum" a nécessairement dans cette scholie, incite à choisir "significet" et à suivre Estienne.
215. Wessner édite " si aut pro cum aut seruiliter" ; le premier "aut" est une correction d᾽Estienne : l᾽ensemble des manuscrits donnent "autem" ; le second est un ajout d᾽Estienne. Ni la correction ni l᾽ajout ne nous semblent nécessaires, et c᾽est pourquoi nous éditons "si autem pro cum seruiliter".
216. C᾽est ici que les manuscrits RCOV placent ici le segment "qui ait" et non pas, comme le fait Wessner, après "Isocratis". Les deteriores font l᾽inverse, et lisent "recte monuit, non perpetuo etc. ... secundum praeceptum Isocratis qui ait". Suit une lacune supposée masquer un texte grec, mais qui en réalité ne peut être née que de la nécessité d᾽avoir une citation après "qui ait". Lindenbrog, et sans doute Cujas (sans que l᾽on puisse savoir ce que lisait son mansucrit), ont cherché à donner à ce "qui ait" un contenu isocratique qu᾽ils ont trouvé dans Ad Dem. 31, oubliant toutefois cinq mots comme on le voit chez Wessner qui reprend leur texte : "μηδὲ πρὸς τὰς τῶν πλήσιαζόντων ὀργὰς τραχέως ἀπαντῶν, ἀλλὰ θυμουμένοις μὲν αὐτοῖς εἴκων, πεπαυμένοις δὲ τῆς ὀργῆς ἐπιπλήττων" (si tu ne réponds pas avec âpreté aux colères de ceux qui t᾽entourent, si, au contraire, tu t᾽effaces devant l᾽emportement pour réprimander une fois l᾽accès passé). Nous pensons que "qui ait" a été fautivement déplacé (d᾽une ligne ?) et qu᾽en réalité le sujet de "ait" est ici le personnage dont Donat loue la connaissance du précepte isocratique, qu᾽il ne cite cependant pas.
217. "Ad litigandum" est le texte de I, peut-être connu d᾽Estienne et repris de lui par Wessner, tous les autres manuscrits portant "alligandum".
218. Même si la construction est un peu étrange, faisant de "partim" une sorte de synonyme de "uix", il n᾽y a sans doute pas lieu de corriger la leçon unanime des manuscrits. Wessner supposait "raptim".
219. "A(d)dita" est le texte des manuscrits, "reddita" est une correction (trop ?) facile de Hartman (1895). Le manuscrit R a toutes les chances de donner le bon texte avec "adita", qui a pu être aisément corrigé en "addita", par un scribe qui ne comprenait pas la construction.
220. Les manuscrits portent "peruertendo". Estienne proposait "praeuertendo", ce qui donne une construction acrobatique. Nous proposons, quant à nous, de lire tout simplement le texte des manuscrits en bornant notre correction à accorder la forme de l᾽adjectif verbal à "salute".
221. Dans l᾽édition Wessner, ce commentaire se trouve entre 256,
1 et 256, 2, en suivant la disposition des manuscrits. Ici on peut hésiter à rétablir l᾽ordre des lemmes, car il est possible que l᾽interpolation soit volontaire. Voir la note ad loc. dans la traduction.
222. Nous suivons ici Wessner, qui suit lui-même Bentley. Les manuscrits donnent un lemme "uellem equidem" qui appartient au vers suivant, mais la scholie commente sans nul doute bel et bien le vers 256.
223. Wessner, suivant l᾽editio princeps, édite "quod non", pour un texte des manuscrits "quod nunc" qui en effet se comprend mal. Mais la négation introduite par l᾽editio princeps se comprend plus mal encore, puisque Donat souligne que "bonas" est employé paradoxalement, c᾽est-à-dire sans doute, comme il le dira ensuite, avec ironie. Nous déplaçons d᾽un mot le "nunc" des manuscrits pour obtenir un sens qui, à défaut d᾽être pleinement satisfaisant, nous paraît préférable à la solution de Wessner.
224. Wessner édite ainsi en suivant V, contre RCO qui lisent "nunc est". Ce texte n᾽est toutefois pas impossible, si l᾽on considère que "nunc" porte l᾽ironie, et pourrait se traduire "voici bien un artifex...".
225. Wessner suivant une correction d᾽Estienne édite "deprehenditur", et, suivant une conjecture de Goetz, "fucus". Nous revenons au texte des manuscrits.
226. Wessner édite comme lemme "lenem patrem illum" et comme commentaire "o artificium poetae !" qui repose sur une conjecture d᾽Estienne, le texte des manuscrits hésitant entre "õe" et "om". Nous supposons une mélecture de la fin du lemme qui pourrait être "me" précédé d᾽une abréviation de "illum".
227. Les manuscrits donnent "posset", mais nous retenons "possit", conjecture d᾽Estienne retenue par Wessner.
228. Wessner édite "oporteret" comme on le lit dans les éditions des Verrines. Nous conservons le texte des manuscrits, bien que fautif, dans la mesure où nous ne savons nullement ce que lisait Donat dans Cicéron.
229. Wessner ajoute "si" à la citation, ce qui ne s᾽impose nullement.
230. Wessner, que nous suivons, édite une conjecture d᾽Estienne "rei", qui s᾽impose contre le texte des manuscrits "ei".
231. Wessner édite "iam praestruat", sans faire droit ni au texte des manuscrits RCO, qui donnent "iam restituat", ni à la judicieuse conjecture de Bentley, "uiam", qu᾽il cite pourtant. Nous pensons que "restituat" peut provenir d᾽une mélecture d᾽abréviations pour "rem praestruat", le verbe "praestruo" n᾽étant pas construit aisément de manière absolue, sans toutefois exclure que Bentley ait trouvé également la solution avec "uiam praestruat (ouvrir la route)".
232. Les manuscrits unanimes portent "amaturo" suivi ou non de "illo". Wessner choisit une conjecture très (trop !) adroite d᾽Estienne, qui suggérait "ἀντὶ τοῦ pro illo". Toutefois, il ne nous paraît pas avoir vu la logique de l᾽explication. Donat commente d᾽abord "illo", en précisant dans le lemme
1 qu᾽il s᾽agit d᾽Antiphon et ici qu᾽il s᾽agit d᾽Antiphon amoureux. Ensuite il commente "staret" qu᾽il définit. C᾽est pourquoi nous ajoutons une scholie.
233. Wessner édite ici "ex qua re minus rei foret aut famae non pauperis neque ****", à partir d᾽un texte extrêmement désordonné dans les manuscrits. R donne "non pauperis neque ex qua minus etc.", C "non pauperis neque", suivi d᾽un blanc, suivi de "ex qua minus etc"., OV "non pauperis ex qua minus etc.", L "ex qua minus etc. pauperis neque", tandis que D et les deteriores ont un texte très différent "ex qua minus etc. nota hic comparatiua qualitas est pauperis atque (neque dett.) strenui". De l᾽accord des manuscrits RCOV, il apparaît clairement que le lemme ne se situe sans doute pas au début de la scholie, ce qui nous invite à considérer que Donat commente d᾽abord "minus rei temperans", ce qui expliquerait "non pauperis", et ensuite "famae temperans", qu᾽il explique par "non strenuus". Le fait de ne pas comprendre cette structure a causé tout le désordre que nous observons, et a parallèlement incité le copiste du manuscrit à l᾽origine de D (ou de D lui-même) à écrire une glose justifiant ce qu᾽il lisait et qui ne lui paraissait avoir aucun sens. Nous tenons donc ce texte pour une glose marginale indépendante du texte original et l᾽éliminons.
234. Wessner édite une conjecture de Wieling "excusat". Mais cette conjecture est sans doute trop facile. En effet, s᾽il s᾽agit bien en effet d᾽excuser le jeune homme, on commence dans un premier temps par accepter de reconnaître qu᾽il a pu y avoir "crimen" : "si est... culpam ut Antipho in se admiserit". Nous rétablissons donc le texte des manuscrits.
235. Le manuscrit V donne ici ce texte, que Wessner, suivant une conjecture de Sabbadini, corrige en "si aut". Cette correction s᾽impose d᾽autant moins que le "ut" de RCO peut reposer sur une mélecture de "sit".
236. Wessner édite entre cruces le texte apparemment unanime de ses manuscrits, "quin hunc defensorem magis et non iudicem dicam", texte qui n᾽a aucun sens et qui a provoqué une conjecture de Schoell, "qui nunc defensorem magis et non iudicem agam". La transformation du verbe ne paraît toutefois pas utile, dans la mesure où l᾽on peut supposer que la séquence "defensoremmemagis" a pu entraîner la disparition du "me". En le rétablissant, il nous paraît possible de conserver "dicam". L᾽erreur sur "qui nunc" devenu "quin hunc" est sans nul doute induite par la présence de "quin" dans le lemme.
237. Wessner, faute d᾽avoir perçu que ce mot est autonyme, édite "se adiungit", conjecture d᾽Estienne, contre tous les manuscrits qui lisent "si" ou rien.
238. Wessner édite "opportuna", conjecture d᾽Estienne, contre les manuscrits, qui paraissent hésiter entre "opportunae" et "opportune".
239. Conjecture d᾽Estienne, que nous conservons, V lit "τη εροθησην" et la conjecture est extrêmement probable.
240. Wessner édite "μετ᾽άστασις" donné par le codex Cujas, mais les manuscrits, unanimes, portent en caractères latins "metathesis". Il n᾽y a aucune raison de contester cette leçon.
241. Wessner édite "diuiti moraliter de his qui inuident", où "moraliter" est une conjecture de Sabbadini (1897, 301). Mais la tradition manuscrite est extrêmement différente : CO donnent "cum alter dicit quin uident", R lit "cum alter dicit quin uiderit", V "cum alter de his quin uiderit", les deteriores selon Wessner lisent "non alterari qui inuident", le manuscrit Cujas "o cum alteri dicit qui inuident", le manuscrit Huls "cum alter dicit quia inuident". Nous supposons que ce désordre provient essentiellement d᾽une confusion entre la fin du lemme et le début de la scholie. Si le dernier mot du lemme est abrégé en "d." pour "diuiti" et que le premier mot de la scholie est "iudicum", ce que le contexte rend fort probable, on obtient "diudicum", qu᾽un copiste a pu corriger en complétant le texte de Térence en "diuiti cum". A partir de là le texte devient incompréhensible. Si au contraire nous repartons de la séquence "d. iudicum alter", le texte s᾽éclaire. Il s᾽agit de l᾽un des deux juges, celui qui enlève aux riches par envie, De ce fait la lecture du manuscrit Cujas s᾽explique, "alteridicit" reposant sur un "alteriddicit" avec haplographie. Le texte devient alors "iudicum alter id dicit" et il reste ensuite trace du bon texte chez RV avec seulement une erreur de coupe par haplographie : "qui inuiderit".
242. Conjecture d᾽Estienne, qui paraît s᾽imposer ici.
243. Wessner édite "quod cedentibus moris est" d᾽après le manuscrit de Cujas. Or tous les autres manuscrits utilisés par Wessner lisent "ut mos est", avec une incertitude sur le datif entre "cedentibus" (RC) et "credentibus" (OV). La leçon de V paraît toutefois trop induite par le "crederem" du vers précédent pour ne pas être suspecte. Sans doute vaut-il mieux lire "cedentibus", qui est le plus difficile à justifier ici mais qui se comprend.
244. Bien que donnée par le seul manuscrit O dans ceux utilisés par Wessner, cette négation est indispensable. Elle a pu se télescoper avec celle contenue dans le lemme.
245. Wessner ajoute ici "n(on) r(espondeas)", mais cet ajout, qui aide à comprendre le raisonnement, n᾽est absolument pas nécessaire dans le texte.
246. Wessner édite "scit" (conjecture d᾽Estienne), qui convient parfaitement au sens, mais qui a contre lui l᾽unanimité de ses manuscrits, qui lisent "sic" ou "fuit". "Sic" a pour lui de rendre l᾽énoncé elliptique et donc tentant pour un correcteur.
247. Le texte à cet endroit est problématique : la plupart des manuscrits utilisés par Wessner supposent une construction d᾽"inducere" avec l᾽infinitif, là où on a habituellement un participe, et où l᾽on attendrait "sciens". Le sens est toutefois très clair, quel que soit le texte adopté. Peut-être pourrait-on corriger en "indicatur" et comprendre "on indique qu᾽il est déjà au courant de tout", voire "quod omnia antequam inducatur cognouisset" : qu᾽il sait tout avant d᾽entrer en scène.
248. Ici Wessner répète "timidum" à la suite de certains de ses manuscrits, dont V, mais la majorité ne répète pas et nous la suivons.
249. Wessner édite "credasne" comme ceux qu᾽il considère comme les deteriores, mais RCV donnent "credas non", qui donne un sens satisfaisant. Il peut s᾽agir soit de la mélecture d᾽une abréviation, soit d᾽une correction malencontreuse d᾽un scribe qui a cru que "non" faisait contresens. La leçon "non" est indirectement confirmée par le "num" syntaxiquement impossible de O.
250. Wesner édite une conjecture d᾽Estienne, "nam", les manuscrits hésitant entre "ne", "o ne" voire "est ut" (V). La leçon de V s᾽explique aisément si l᾽on considère qu᾽il a corrigé "one" qui n᾽a aucun sens. Cependant il n᾽a sans doute pas vu que le texte pouvait se lire à condition de rétablir tout simplement "nonne". Le groupe "seninone" a pu être à un moment simplifié en "senione", qui du coup n᾽a plus de sens. On ne peut pas exclure non plus quelque chose comme "ñne" mal interprété.
251. Le mot est graphié en caractères latins par OV, mais la leçon "pusilum" (!?) de RC laisse supposer, comme l᾽a fait Estienne, que ce mot ait pu être écrit en grec.
252. Wessner répète "columen", comme V, mais peut-être faut-il l᾽omettre comme RC.
253. Nous éditons ici ce que donnent les manuscrits, et non l᾽ingénieuse conjecture d᾽Estienne "cuiquam", lu tout aussi ingénieusement par Wessner "quoiquam".
254. Conjecture extrêmement subtile d᾽Estienne, les manuscrits donnant tous "tu uero".
255. Wessner ajoute ici, en suivant Sabbadini (1897, 301), un "in" absolument inutile.
256. Wessner édite "eas personas quas peccare non oportuerit", suivant une conjecture de Bentley, qui propose "peccare" au lieu de la leçon unanime des manuscrits vus par Wessner, "spectare". La rectification est très ingénieuse et s᾽explique par le fait que "spectare" et "non" dans la même phrase aboutissent à un commentaire absurde. Nous pensons quant à nous que "spectare" a été correctement lu, mais que, de ce fait, "non" devient particulièrement suspect. Nous proposons d᾽y voir une mélecture d᾽un "eum" sans doute plus ou moins abrégé et non compris à cause de la finale en "e" de l᾽infintif qui précède. En outre, "spectare" a pu entraîner la corruption du relatif qui précède : en interprétant "quas spectare" un groupe "quãspectare" un copiste a pu entraîner la correction automatique de "eam personam" en "eas personas". De ce fait, on ne sait plus vraiment de qui parle Donat. Avec notre texte, l᾽accusation est bel et bien double : tu n᾽as pas fait ce que je t᾽avais demandé ("commendaui"), et les conséquences de ta négligence portent sur celui que tu devais le plus avoir à l᾽œil ("filium"). A la décharge des copistes, notons que la construction de Donat n᾽explicite pas la "duplex accusatio", comme l᾽aurait fait une structure strictement parallèle du type "et"...."et"...
257. Conjecture de Sabbadini (1897, 301), parfaitement adaptée.
258. Wessner édite "NON SIN. proprie", mais les manuscrits lisent " etiam improprie" (RC) ou "improprie" (O), ou surtout "non improprie" (tous les autres, notamment V). La solution de V est de toute évidence, comme souvent, la meilleure, les autres manuscrits ayant confondu la fin de la scholie et le début du lemme.
259. Nous supprimons ici l᾽article grec ajouté par Estienne, suivi par Wessner, qui édite τῷ ἰδιωτισμῷ.
260. Texte particulièrement élégant qui est la leçon de V. Wessner édite "siue est cognata siue non est" suivant la plupart de ses manuscrits. Nous préférons l᾽élégance de V.
261. Conjecture quasi certaine d᾽Estienne, que le texte grec de V autorise, tout en pouvant éventuellement aiguiller vers une autre explication, liée, quant à elle, aux "nomina relatiua" : τὸ ἐμὸν καὶ τὸ σόν ; notons que le manuscrit m présente à la place du grec une lecture personnelle "ut eam habeat", dont on voit mal ce qu᾽elle signifie.
262. Ici Wessner ajoute "d. d." qui ne s᾽impose pas si l᾽on considère que ce qu᾽examine ici Donat c᾽est l᾽ordre "id quod", qu᾽il faut comprendre ainsi : "ce que la loi ordonne", et non "quod id lex iubet" : parce que la loi l᾽ordonne. On trouve le même effet dans la citation virgilienne.
263. Wessner, pour la même raison que ci-dessus, rajoute de son propre chef ici "sed dotem daretis", qui, dans notre lecture du commentaire, devient inutile.Nous le supprimons.
264. Wessner rajoute ici "p.p." (pour "pocula ponam", fin de l᾽hexamètre virgilien), afin de parfaire le parallélisme avec "dotem daretis" qu᾽il a précédemment ajouté. Nous supprimons dpnc ce deuxième ajout.
265. Wessner ajoute ici "uide", en se fondant sur un parallèle peu probant avec la scholie 302, 1.
266. Wessner édite "quam sit", conjecture personnelle, alors que les manuscrits portent "quasi" (RCV) et "quam" (O). Le texte de RCV est excellent.
267. Tous les manuscrits utilisés par Wessner, sauf O, ajoutent "nunc" après "Turnus", rendant ainsi le vers faux. Peut-être s᾽agit-il d᾽une mauvaise lecture de la forme même du nom "Turnus", qui a pu être lu "turnunc", puis rectifié en "turnus nunc".
268. Wessner fait ici droit à une conjecture subtile d᾽Estienne qui, voyant "sed" devant "potius ducebat", a supposé "non" devant "inopem potius". Pour nous, la difficulté n᾽est pas, là, voir ci-dessous. Nous ne retenons donc pas cette conjecture.
269. Wessner suit ici son manuscrit O et Estienne, qui donnent "sed", tous les autres manuscrits utilisés par Wessner portant "et", et non "sed". Nous préférons une légère correction qui donne au commentaire toute sa cohérence. De fait les deux solutions sont possibles : plutôt une pauvre qu᾽une riche et plutôt épouser que fréquenter.
270. Wessner édite "hic sic intellegi fingit, ut quasi non habens Demipho, a quo accipiat, dicere, dixerit ", mais on peut avantageusement revenir au texte de V, modifié seulement sur "diceret" pour "dicere". Démiphon, qui n᾽a pas de ressources propres suffisantes, s᾽apprêtait à dire de qui il allait prendre l᾽argent, mais comme il n᾽y a personne, ce qu᾽il dit en réalité c᾽est un vague "ailleurs", qui n᾽éclaire pas évidemment sur ses intentions.
271. Wessner édite "quid si hoc pater resciuerit ? — quid si redeo ad illos qui aiunt ᾽quid si nunc caelum ruat ?᾽", mais en réalité il manque deux mots dans cette citation de
L᾽Héautontimorouménos : la citation complète est : "quid tum quaeso si hoc pater resciuerit ? — quid si redeo ad illos qui aiunt ᾽quid si nunc caelum ruat ?᾽".
272. Wessner édite une conjecture d᾽Estienne, "exclusus", mais tous ses manuscrits portent "exclusis". Ce texte se comprend parfaitement, et il n᾽y a donc pas lieu de le modifier.
273. Excellente conjecture de Sabbadini (1897, 301) à partir du texte de O, qui porte "demipho", les autres ayant "sermo" ou rien. On peut en effet supposer que "senex" a pu être interprété "sermo" dans une partie de la tradition et glosé "demipho" dans une autre.
274. Wessner répète "foris" en début de scholie contre la plupart de ses manuscrits. Sans doute à tort.
275. Les copistes, peu au fait de la géographie de l᾽Asie, ont unanimement confondu "Cilicia" et "Sicilia", mais c᾽est bien en Cilicie qu᾽est allé le vieillard.
276. Wessner athétise le segment "Getam exclamasse" qu᾽il trouve dans ses manuscrits (sauf O qui l᾽a omis) après "ideo", place où il n᾽a effectivement aucun sens. On le comprend sans problème en le déplaçant d᾽un mot.
277. Seul de tous les mansucrits, O lit "nostro", qui est bien le texte de Térence, selon du moins les éditeurs modernes. En l᾽absence de citation de ce texte dans les lemmes ad loc., il est impossible de savoir ce que lit Donat et nous conservons donc le texte généralement admis. Wessner lui, éditait "noster".
278. Wessner édite "adoratum prima post reditum prece", suivant plusieurs conjectures d᾽Estienne. Le texte que nous reproduisons est celui du manuscrit V, le seul à donner un sens, les autres manuscrits utilisés par Wessner laissant supposer de multiples désordres dans la transmission de ce passage : RC lisent "adonicum prima red(d)it ut precem", O lit "adharatum prima post reditum precem". Le manuscrit a (Firenze, Laur. 53.09) montre clairement que le "quod est" de V peut cacher un "id est" dont le copiste n᾽aurait pas su quoi faire. Il est d᾽autre part curieux qu᾽un mot aussi simple qu᾽"adoratum" ait pu poser des problèmes de lecture. Il faut peut-être supposer, sous le très bizarre "adonicum" et sa variante barbare "adharatum", un mot grec qui aurait été ensuite glosé par une expression latine, ce qui expliquerait "id est" ou "quod est". Dans cette hypothèse, V, ne lisant absolument plus ni du latin ni du grec, aurait corrigé en "adoratum" avec l᾽habileté qui le caractérise généralement. Rien n᾽empêche dans ce cas de supposer que, comme il le fait souvent, Donat cite ici un morceau du vers correspondant d᾽Apollodore. A titre d᾽hypothèse nous proposerions volontiers de lire cette scholie ainsi : "salvtatvm d. οἴκαδ ̓ ἧκον quod est primum post redditam precem" signifiant "salutatum domum (pour honorer à la maison) : οἴκαδ ̓ ἧκον (je suis arrivé à la maison), ce qui est la première chose qu᾽on fait dès qu᾽on a fait ses actions de grâces". La succession SALVTATVMDOIK a pu être lue "salutatum dom" (c᾽est-à-dire le mot "domum" qui suit immédiatement "salutatum" chez Térence). Ce qui reste du grec, c᾽est-à-dire ADHKON a pu être interprété ADONIKON et retranscrit "adonicum", avec un mot à la fois grec et technique que le copiste connaissait. La leçon de O "adharatum", en conservant bien la succession ADH des deux mots grecs reconstitués par nous, paraît confirmer cette conjecture.
279. Wessner édite "scriberet", qui est une coquille.
280. Wessner ajoutait ici "est" qui est une conjecture personnelle. Il ne sert à vrai dire à rien et nous le supprimons.
281. Wesner édite, en suivant la leçon de V, "ut potus" et ajoute un "et" devant "satur", retrouvant ainsi une structure comparable à la fin de la scholie précédente. Toutefois la leçon de RCO "utpote" est très satisfaisante, Ambivius rotant en homme qui a fait grande chère. V a dû corriger "ut pote" en "ut potus" en se fiant au commentaire précédent.
282. Wessner édite "uim habet dumtaxat modo", ce qui ne signifie pas grand chose. Nous pensons quant à nous qu᾽il s᾽agit d᾽une reformulation de ce sens particulier d᾽"admodum", qui signifierait ici, selon Donat, "à ce point", "tant que ça". Le fait que "dumtaxat", peu familier aux copistes, soit pris dans un énoncé à l᾽ablatif où il est quasiment prépositionnel a pu leur faire considérer que c᾽était une sorte de conjonction et éliminer "eo".
283. "Non aio" est le texte de O ; RC porte "nouo" et V "noue". On peut supposer que "nouo" est un accord secondaire d᾽"oppido", pris pour le substantif ; "noue" se comprend bien ("oppido" est dans un emploi inédit, mais comprendre "iratum"), sauf qu᾽on ne voit pas en quoi l᾽adverbe est dans un emploi inédit. La leçon la plus satisfaisante (pour une fois) semble donc bien être celle de O.
284. V arrête le lemme à "redit", mais il a sans doute tort, car le commentaire porte bien sur la réplique de Phormion et l᾽obsession des métaphores culinaires chez les parasites.
285. Nous restituons "nihil" de RCO, au détriment de "non" (choisi par Wessner), qui a tout d᾽une lectio facilior.
286. Wessner édite, en suivant une conjecture d᾽Estienne, "adeo nisi a Geta cogatur, modo etiam negotiorum Antiphonis neglegens atque securus est". La seule façon de justifier le texte d᾽Estienne, c᾽est de supposer que Donat (ou l᾽un des rédacteurs du commentaire) considère que la réplique "ad te solum phormio" jusqu᾽à "obsecro" est dite par Géta. Cette solution, attestée de fait dans quelques manuscrits de Térence, est une "lectio facilior" dans la mesure où il est plus difficile d᾽imaginer un dialogisme. Si c᾽est Géta qui parle, il incite (ce qui explique "nisi a Geta cogatur" d᾽Estienne) Phormion qui ne fait que poser des questions à passer à la phase active de son plan, en lui disant "tu t᾽es engagé, montre ce que tu vas faire pour nous". Il le fait avec une métaphore culinaire, parce qu᾽il sait que ce genre d᾽éloquence convient pour parler à un parasite (318, 1). Si, en revanche, comme dans la plupart des traditions manuscrites de Térence, c᾽est Phormion qui se parle à lui-même, la suggestion d᾽Estienne est absurde. Toutefois, il est invraisemblable que le commentateur ne signale pas les divergences dans l᾽attribution de cette réplique que suppose le texte d᾽Estienne. Notre idée est que c᾽est précisément cette indication qui a été corrompue par les copistes rendant ainsi le texte incompréhensible à moins de corriger le très consensuel "cogitatur" comme l᾽avait fait l᾽éditeur humaniste. Si l᾽on conserve "cogitatur" (ou, comme nous le faisons, "cogitantur" avec mélecture d᾽une abréviation) et si l᾽on considère que la partie corrompue du texte se situe juste en amont du segment "a Geta cogita(n)tur", ce segment peut du coup apparaître comme la fin d᾽un énoncé du type "on pense que cela est dit par Géta", et supposer que le texte portait "dici a Geta cogita(n)tur". Reste le problème de "adeo/ideo" unanimement donné par les témoins et de "modo". Dans notre hypothèse la corruption de "dici" lu "nihil" ou "nisi" s᾽explique sans doute par une mélecture du "d" pris pour "n" aboutissant à lire "nici" aisément corrigeable en "nichil" ou "nisi". A partir de ce moment là le texte devient difficilement compréhensible et une correction de "ea" en "eo" a sans doute été facilitée par le fait qu᾽on ne reconnaissait plus dans le segment "at" une citation abrégée de lemme, "atea" pouvant alors donner au choix "adeo" ou plus rarement "ideo".
287. παροιμία est une excellente conjecture d᾽Estienne sur le texte de V παρονομια (lacune chez les autres mss.). Cette conjecture est garantie par le commentaire de Donat à Eun. 381,
2 où le grammairien renvoie à ce vers du
Phormion en le qualifiant cette fois de "prouerbium". Le même proverbe existe en grec : cf. Macar. 4, 50 : ἥν τις ἔμαζε μãζαν ταύτην καὶ ἐσθιέτω "la soupe qu᾽on a écrasée, qu᾽on la mange". Cf. Otto (1962, 177).
288. Wessner édite "quia", mais les manuscrits donnent "qui" (RCO) et V donne "quae", leçon à laquelle nous nous rallions.
289. Nous revenons au texte des manuscrits contre la conjecture de Bentley "excussisse", adoptée par Wessner.
290. Wessner édite, suivant Bentley, "paruum litis molimen". Le texte des manuscrits RO donne "paruum militis molimen", qui ne fait pas sens. La leçon apparemment aberrante de V, "uulgus" à la place de "(mi)litis", explique ce qui a pu se produire : un scribe a lu, au lieu de "parue litis", "par militis", vite corrigé en "paruum militis" (RO). V n᾽a pas su interpréter "paruelitis" et a transformé en "uulgus" le groupe incompréhensible "ueilitis". En tout état de cause, il faut supposer que ce segment était peu lisible dans tous les modèles de nos manuscrits.
291. Les manuscrits n᾽ont pas vu qu᾽il s᾽agissait d᾽une reprise du texte et lisent "te (ex) crimine eripit". La conjecture, apparemment de Wessner lui-même, est certaine.
292. Les manuscrits donnent "aduersum", qui fait contresens. Wessner suit Estienne, qui suggère "auersum", mot technique du commentaire pour caractériser un aparté, ce qui est confirmé par la suite de la scholie.
293. "Amice" est le texte de tous les manuscrits. Schoell, suivi par Wessner, proposait "ipsi amico", mais on comprend la même chose avec l᾽adverbe consensuel de nos manuscrits.
294. Les manuscrits donnent ici "annum quod", qui est une mécoupure de "an num quod", forme plutôt rare qui a pu les tromper et qui a amené Lindenbrog, suivi par Wessner, à corriger en "an numquid".
295. Ajout à vrai dire indispensable d᾽Estienne.
296. Le texte de Térence, rappelons-le, compte ici en outre le mot "omnes".
297. Wessner édite παρέλκεται, qui est une conjecture de Sabbadini (1897, 301), à vrai dire grandement facilitée par V, qui lit "parelceta" (alors qu᾽il sait l᾽écrire en grec comme on le voit en Eun. 393, 2). Les autres manuscrits, qui d᾽ordinaire s᾽abstiennent prudemment de retranscrire du grec, ont eux aussi des mots en alphabet latin "par electa" (RC) et "parte lecta" (O), qui forment des mots latins, à défaut de donner un sens. Cette transcription nous laisse perplexes, même si on a d᾽autres exemples de translitération de "parelcon" en caractères latins. Mais il nous semble qu᾽il n᾽y a guère, ici, de pléonasme (ou "parelkon"). Nous supposons que le texte ne comportait pas de mot grec et que le texte latin originel a été corrompu par mélecture d᾽une abréviation de "pro", donnant ainsi la séquence "parte lecta". V a pu soit inverser des graphèmes, soit croire voir la translitération d᾽un mot grec qu᾽il connaît. Notre restitution est rendue probable par le fait qu᾽en outre V ne porte pas "ex" et que le manuscrit a (Firenze Laur. 53.09) porte, lui, "et".
298. Wessner édite "huiusmodi est enim umbraticorum hominum scurrilis oratio". Mais tous les manuscrits donnent "et scurrilis oratio", ce qui laisse supposer un premier membre soit au nominatif, soit sans sujet exprimé. De plus RCO lisent "enim uim umbraticorum" et V "enim uis", les deteriores d᾽après Wessner lisant "ius". On peut hésiter entre restituer "uis" de V ou considérer que "uim" de RCO provient d᾽une mélecture de la séquence "enimum(braticorum)", que V a ensuite corrigée comme l᾽ont fait les deteriores de façon à avoir un sujet au nominatif. Un dernier problème est posé par la ponctuation : dans le texte Wessner "enim" est trop loin du début de la phrase, il suffit pour y remédier de déplacer la ponctuation forte après "huiusmodi".
299. Wessner édite "deest enim supra ᾽cum᾽", mais les manuscrits indiquent tous un mot "ac" entre "enim" et "super" ou "supra", qu᾽Estienne avait déjà rejeté en raison de l᾽impossibilité syntaxique. Or OVma portent de façon certaine "tum" au lieu du "cum" de Wessner qui est donné uniquement par ceux qu᾽il tient pour les deteriores. Nous rétablissons le "tum" qui oblige alors à placer un "cum", évidemment là où les manuscrits mettent "ac". Sur le "a" il est tentant de supposer une mélecture d᾽un τὸ, article grec bien connu pour démarquer les autonymes dans une séquence "il manque le ᾽cum᾽ au-dessus de ᾽tum᾽".
300. Wessner édite, en suivant une conjecture de Bentley, κυριολογία, mot apparemment rare, pour la tentative de lecture de V "acyrologia". Or le texte de V, bien qu᾽écrit en alphabet latin, est sans nul doute le meilleur. En effet il est "impropre" d᾽écrire "scriptam dicam", ou "scribitur dica" (comme le fait Cicéron), car une "dikè" se distingue précisément d᾽une "graphè". On dit γραφὴν γράφειν (intenter un procès public), mais non δίκην γράφειν pour dire (intenter un procès privé) qui se dit par exemple δίκην διώκειν.
301. Wessner édite "hic ideo" à partir de diverses conjectures, au lieu de "dicitur et" qui ne pose aucune difficulté de sens et est donné par tous les manuscrits.
302. Wessner édite "fingitur" que donnent tous ses manuscrits, mais qui peut avoir été provoqué par "dicitur" ; le manuscrit m (Firenze Laur. 53.08) donne "fingere" qui est bien meilleur pour le sens et que nous retenons.
303. C᾽est ainsi que lisent tous les manuscrits. Wessner suit Estienne qui refuse, on ne sait pourquoi, le verbe composé et édite "loquitur".
304. Wessner donne "ex" comme une addition, mais c᾽est le texte de a (Firenze, Laur. 53.09).
305. Wessner édite "accipias", correction de Schoell à partir des manuscrits RCO qui portent "accipiat". La leçon authentique pourrait bien être celle de V "accipe", les autres copistes ayant été choqués par ce qu᾽ils prennent pour une défense "non accipe", alors que la construction est "accipe non sic quasi dicat... sed...". V, qui, par ailleurs, écrit une langue tout à fait correcte, n᾽a pas éprouvé le besoin de corriger ce qu᾽il lisait, sans doute parce qu᾽il le comprenait.
306. Wessner édite, suivant tous les manuscrits, "subaudito" dans lequel il voit certainement un impératif futur, mais d᾽ordinaire Donat recourt à l᾽impératif présent. Ici, il est tentant de croire que les copistes ont pris les deux lettres grecques pour la fin d᾽un mot latin par ailleurs bien connu et qui est sans doute pour eux un participe dans un ablatif absolu.
307. Wessner édite en suivant une conjecture de Sabbadini (1897, 302) "aut quia sub enim", mais tous les manuscrits donnent "sic". Nous pensons, quant à nous, que le problème n᾽est pas sur "sic", mais sur "aut", probable mélecture d᾽un "ut" dont la leçon aberrante de V "autem" peut confirmer la difficulté.
308. Wessner, d᾽après Sabbadini (1897, 302), édite "subiugatur", qui n᾽a, à vrai dire, aucun emploi grammatical, sauf chez Terentianus (43,
559 Cignolo (2002)), où il a tout d᾽une facilité métrique. Tous les manuscrits donnent une forme de "subiungo", qu᾽elle soit à l᾽indicatif ou au subjonctif.
309. Wessner édite "an ᾽illuditur᾽ hoc est ᾽frustratur᾽ ?" Or parmi les manuscrits que n᾽utilise pas Wessner, au moins m et a ne portent pas "hoc est", quant à V il lit "alii" au lieu de "an". Nous le suivons sur ce point et suivons m et a pour éliminer "hoc est" et reconstruire un commentaire certes elliptique, mais bien dans la manière de Donat.
310. Ce mot est la leçon isolée de V qui a cependant toutes les chances de donner le bon texte. En effet "usus est" des manuscrits CO se déduit aisément, comme le montre la graphie très douteuse de m où l᾽on ne peut guère choisir entre l᾽un et l᾽autre mot. La présence de "uerbis" a pu jouer en faveur de "usus". Wessner éditait suivant une conjecture de Schoell "mire iuris usus" en précisant que c᾽était une conjecture de Pithou. Pour nous, "uerbis" est plutôt un datif.
311. Wessner édite "totum uideatur illatum quando si obaeratus sit sub huiusmodi poena", dans lequel "illatum" est une leçon apparemment isolée de V (les autres manuscrits portant "elatum"), "si obaeratus" est une conjecture d᾽Estienne relayée par Sabbadini (1897, 302), les manuscrits portant presque unanimement "separatus", "sit" qui est lu "sic" par m et "sub" lu "ab" par RCV. Nous proposons de revenir au texte à peu près consensuel des manuscrits sur les mots "separatus" et "ab". Pour "elatum", le texte donné par m, "uideare elatum", donne sans nul doute la solution : "uideatur relatum" qui explique également la leçon de V. Quant à "sit" du texte Wessner, il rend la syntaxe très obscure, alors que "sic" lu par m, qui est facilement transformable en "sit" donne une solution simple, en faisant de "separatus" l᾽apposé au sujet de "queritur". La conjecture d᾽Estienne "obaeratus" est probablement induite par la présence de ce mot dans les scholies qui précèdent (334,
2 et 3).
312. Cette scholie se trouve dans certains manuscrits (dont V) après la suivante.
313. Wessner ajoute ici "retribui" conjecture de Goetz, où Estienne proposait "accipere" qu᾽il plaçait après "possit". Cet ajout ne se justifie nullement, le sens étant parfaitement clair.
314. Wessner édite sur ce passage extrêmement désordonné dans les manuscrits : "huiusmodi sententia infert poeta †παρένθεσιν cum his quae uoluit inferre". Or dans cette section tous les mots font problème, sauf "huiusmodi" et "cum his" que donnent tous les manuscrits. "Sententia " est parfois lu "sententiam", "sensus", voire ".N." ! "Infert" est lu "inferunt" par trois manuscrits, "poeta" est lu "poetae" par V, le grec repose sur V qui lit παρεντεσιν, mais on trouve aussi "parentesi", "parenthasis", "parante sic" et des lacunes. "Voluit" est parfois "uult", mais aussi "noluit", et "nolunt". "Inferre" est à peu près consensuel (sauf chez R qui lit "referre", ce qui au fond n᾽est pas si grave, compte tenu de l᾽état du reste de la tradition sur ce passage). Il se peut que l᾽un des problèmes soit lié à un segment abusivement pris pour du grec, ce qui expliquerait la lacune. Cela est d᾽autant plus vraisemblable que la notion proposée, la parenthèse, recouvre très mal la réalité de ce vers. Soit Donat s᾽est permis dans son commentaire une acception particulièrement large du terme, contrairement à son usage habituel, soit ce que nous prenons pour du grec est corrompu et peut très bien ne pas avoir été du grec. Le segment "parante sic" donné par Oa peut expliquer le zèle de V à retranscrire du grec. Si son copiste a lu "parantesic", il sait suffisamment de grec pour écrire παρεντεσιν. Toutefois si l᾽on admet "parante" il faut que "poeta" soit un ablatif et la phrase n᾽a plus de sujet exprimé. On pourrait supposer que c᾽est Géta et comprendre "Géta insère une sentence de ce genre parce que le poète prépare ainsi...". Toutefois la présence, chez VO, d᾽un verbe au pluriel "inferunt" et corollairement chez V de la forme "poetae", nous invite à lire "poetae parantes sic". De ce fait on comprend "les poètes insèrent une sentence etc. en préparant ainsi etc.". Une fois ce passage corompu dans la tradition, la subordonnée relative devient particulièrement problématique et ainsi s᾽expliquent les importantes divergences textuelles dans cette section. Une fois cependant, la première partie restaurée, il n᾽y a plus guère de solution pour la seconde que celle que nous proposons. Reste la difficulté posée par "cum his" qui apparaît comme un texte consensuel ; sans doute faut-il supposer que la limite floue entre le prétendu grec et le retour au texte latin a entraîné une sorte d᾽expansion appelée pour relier entre eux les segments que les copistes comprenaient, par exemple "parenteshis" devenu "parenthesis cum his".
315. Cette préposition est un ajout de Sabbadini (1897, 302) qui rend l᾽énoncé plus clair, mais qui n᾽est peut-être pas absolument indispensable. Nous le conservons cependant pour la clarté de la phrase.
316. Wessner édite ici "rationem" qui est une conjecture d᾽Estienne. Les manuscrits portent "uim" (Oam) ou "numero" (V), ou une abréviation qui paraît être "nomen" (RC). On voit bien ce qui a pu se passer. "Vim" a été pris pour une abréviation, et lu fautivement "nõm", puis développé par V comme il pouvait.
317. Tous les manuscrits du commentaire utilisés par Wessner lisent ainsi, avec plusieurs manuscrits de Térence. Il est donc probable que le commentateur lisait ainsi. Pour le lemme suivant, on notera que cette tendance se confirme nettement chez VO, alors que RC paraissent lire soit "ad simbolum", soit "asimbolum", puisqu᾽ils portent "teneas simbolum". On peut se demander si les deux lemmes lisent le même texte, puisque des divergences textuelles sur le texte de Térence dans deux lemmes consécutifs ne sont pas sans exemple.
318. Wessner édite "haec non ab Apollodoro sed de..." en indiquant que la référence est Enn. Sat.
6 frg. 1M = vers 14-
19 Vahlen. Les manuscrits donnent, depuis le début de la scholie, des lectures très confuses d᾽où n᾽émerge que le segment "ab Apollodoro". Tous les témoins pensent, d᾽une manière ou d᾽une autre (en lisant "nec non" (RCOa) ou "nedum" (V dett.m)), qu᾽il y a, cachée là, une allusion au texte d᾽Apollodore, ce que confirme O (suivi comme d᾽ordinaire par a) qui laisse un blanc après " Apollodoro", comme chaque fois qu᾽il voit du grec. A partir de là, on peut imaginer que les manuscrits qui complètent le texte après "Apollodoro" ont translittéré en latin un texte qui pouvait être du grec. La leçon de V "sed decen..." laisse clairement penser que le scribe a tenté de lire avant de renoncer, ce qui tend à prouver que le grec avait bien été translittéré et donc corrompu. Peut-être faudrait-il restituer quelque chose comme "Σέ δ᾽ἥκειν..." début de trimètre traduit littéralement par Térence "tene... uenire". Mais on peut aussi penser, comme le faisait déjà Estienne, que les difficultés de ce segment proviennent d᾽une abondance d᾽abréviations sur une référence bibliographique. Depuis Estienne, la tradition est de rapporter le texte cité ensuite à Ennius,
Satires, 6, ce qui impliquerait de lire quelque chose comme "sed ex en.vi sat." que les deteriores retranscrivent "sed de sexto salis". V a pu lire "sedexen" en "sed de cen" et renoncer devant la suite, ce qui, notons-le quand même, ne lui ressemble guère, car il semble s᾽obstiner à lire soigneusement même les textes les plus difficiles. Dès lors, si l᾽on accepte qu᾽il s᾽agit de latin abrégé et non de grec, il faut impérativement suivre Estienne et corriger le "nec" du début de la scholie en "hec". La longueur de la citation rend invraisemblable l᾽absence d᾽attribution auctoriale et paraît donc donner raison à Estienne sur le choix d᾽Ennius et, par ricochet, probablement sur la correction en "hec". Faut-il toutefois considérer que le "sexto" des deteriores est au-dessus de tout soupçon ? Si ce qu᾽ils lisent est ce que nous postulons plus haut (c᾽est-à-dire "sedexenvisat"), nous pensons que ce qui a été pris pour la séquence "vi" lue "sexto" peut en fait être la fin du mot "enni" c᾽est-à-dire le nom de l᾽auteur complet sans précision du livre. Il faut donc, à notre sens, regarder l᾽attribution au livre
6 d᾽Ennius du passage qui suit avec la plus grande suspicion, d᾽autant plus que "salis" pourrait tout à fait cacher "ex enni sat i" ou "ex enni sat ii". Si nous acceptons, faute de mieux que ce texte soit de l᾽Ennius, nous pensons qu᾽il ne faut nullement sur la foi de ce texte si corrompu lui accorder une place précise dans un livre.
319. Wessner édite "infertis", les manuscrits donnant "infectis", "inferetis". Nous choisissons de suivre une conjecture de Mueller, qui convient parfaitement au contexte et au genre satirique.
320. Wessner édite "ablingas" texte du mansucrit Cujas, mais V donne un texte excellent que nous retenons à la suite de la conjecture de Bentley citée par Wessner.
321. Les mansucrits donnent tous ici "dominos", mais ainsi la phrase ne peut pas se construire.
322. Tous les mansucrits portent "uorans", ce texte provient de l᾽editio princeps.
323. Les manuscrits, influencés par ce qu᾽ils viennent d᾽écrire, portent "simbolum", mais le texte de Térence est bien celui que nous indiquons.
324. Wessner édite une conjecture de Schoell "latratoriis", mais on voit mal pourquoi refuser l᾽un des textes proposés par les manuscrits, comme "latraturis", donné par ceux que Wessner tient pour les deteriores. On lit aussi (ce qui n᾽est pas impossible) "latrantibus" (R), "latratoribus" (OV). Ce texte avec participe futur a l᾽avantage de distinguer le moment où le chien grogne de celui où il aboie.
325. "Cicero" est une conjecture habile de Wessner pour des manuscrits qui donnent "sic aliter". Il est cependant difficile d᾽expliquer qu᾽ils n᾽aient pas reconnu le nom de Cicéron, sauf dans ce cas précis où ils ont pu trouver absurde la succession "siccic". Il est en effet assez invraisembable que Donat dise simplement "aliter" pour une citation externe, alors qu᾽il réserve cet adverbe à des citations internes. Quand il l᾽utilise pour des citations externes, il met pratiquement toujours le nom de l᾽auteur ou à défaut une indication du type "ille" (le Poète par excellence, Virgile).
326. On lit généralement "summo" dans les éditions de Plaute.
327. Wessner édite "ultimo, quandoquidem", qui est une conjecture personnelle. Les manuscrits portent assez unanimement "ultimo quidem", sauf V qui lit "qui d" qui peut s᾽interpréter "dicitur" ou "datur", mais ne donne guère de sens. Nous pensons que V a recopié ce qu᾽il croyait voir, mais que le texte était "dictum", abrégé d᾽une façon qui a pu le troubler. De ce fait, il est aisé de comprendre que l᾽abréviation double de "-que" et de "dictum" ait abouti dans un des modèles à "quidem".
328. Wessner édite "congurere poetae uisa sint". Or certains manuscrits portent tout autre chose : V donne "congruunt ea" dans lequel "-ruunt" est un ajout du correcteur de V. O et les deteriores selon Wessner donnent "congrue", ce qui a poussé Sabbadini (1894, 110) à conjecturer "congrua". Pour la suite RV donnent "poeta" et O "poetice". Pour la fin, O donne "uisas inter se", V et les deteriores donnent "miscet inter se". Quant à RC, ils ne donnent rien du tout. Sabbadini (1894, 110) conjecture "uisa sunt esse" et suit Estienne pour "uisa sunt". Ce qui paraît sûr est 1-que le premier mot commence par "cong-" et qu᾽il est très probable que la phrase se termine par "(int)er se". Pour le début, on peut supposer, d᾽après ce qu᾽on lit dans V, un texte très difficile à déchiffrer (lu "congea poeta miscet inter se" par le copiste de V, le plus soigneux comme on le sait). Nous supposons que la forme aberrante "congea" ou ce qui se trouvait dans les modèles a provoqué une série de corrections "congrue" et surtout "congruere". Cet infinitif "congruere" a, à son tour, appelé une intervention sur la suite, car il ne se comprenanit que si le verbe conjugué tolérait un infinitif objet ou attribut. De là "miscent inter se" était très menacé et il est aisé de comprendre qu᾽il soit devenu "uisa sint esse". Nous rétablissons dans sa majorité le texte de V, en faisant droit à la correction minime proposée par Sabbadini qui sauve "congea" en lisant "congrua". D᾽ailleurs le texte ainsi lu d᾽après VM est parfaitement clair.
329. Wessner édite "per scaenam" qui est une conjecture de Hartman (1895), les manuscrits (du moins pour ceux qui ne sont pas lacunaires ici) donnant "post scaenam", corrigé habilement par Teuber en "in proscaenio". Toutefois, cette correction ou celle de Hartman (1895) / Wessner supposent qu᾽il s᾽agit de traiter la question du réalisme du temps scénique. Si les avocats avaient été informés sur scène, il aurait fallu au moins une scène supplémentaire. Mais, si nous faisons confiance aux manuscrits, ce n᾽est pas du temps scénique que parle Donat, mais du temps hors-scène. En effet, Démiphon est parti d᾽abord chez lui pour prier puis au forum pour chercher les avocats au vers 314, et il ne s᾽est écoulé qu᾽une brève scène (
33 vers) avant son retour avec ses avocats. C᾽est évidemment bien trop court pour qu᾽il ait pu, hors-scène, non seulement faire sa prière et aller au forum, mais encore les trouver et les instruire. S᾽il y avait eu un entracte et non un interscène, tout allait bien, mais ici Donat, avec sa précision habituelle, souligne l᾽invraisemblance tout en l᾽excusant. Les avocats devaient être déjà au courant. Comment ? Mystère.
330. Ce texte grec est issu du manuscrit Cujas, V ne donne que "πρόσωπα", mais la lecture du Codex Cujas est probable, car C porte "persone" suivi d᾽une lacune qui doit correspondre au fait qu᾽il connaît le mot "πρόσωπα", mais ne sait pas lire l᾽adjectif. On notera cependant que Donat nomme d᾽ordinaire ainsi des personnages qui ne parlent pas du tout, et non des personnages qui vont parler ensuite.
331. Wessner fait droit à la conjecture d᾽Estienne "prius" qui répond à "postea" et a pour elle le caractère récurrent de ce type de confusion. Toutefois, il suffit de modifier la ponctuation pour que le texte des manuscrits "peius" devienne satisfaisant et même meilleur. Les avocats sont des "personnages muets" et ridicules pour l᾽instant, mais quand ils sortiront de leur mutisme ("postea"), ce sera bien pire ("peius").
332. Wessner édite "ultro impetum", texte qui, en soi, n᾽est pas impossible, même si la construction transitive de "incurrere" avec un nom de chose est pour le moins rare dans la langue soignée. Nous supposons, quant à nous, qu᾽il s᾽agit de la structure "ultra impetum incurrere", dans laquelle la préposition a été mal lue. Cette mélecture a entraîné chez V une hypercorrection "ultro in poenam...incurrat" rétablissant une préposition, mais dont le sens est difficile à saisir. Dans notre hypothèse, le texte signifie que le parasite fait du bruit pour exciter le vieillard et le jeter dans une colère telle qu᾽il ira même plus loin que la feinte excitation de Phormion, son accusateur.
333. Wessner édite "fatigatio" qui est une conjecture de Bentley, qui comprend sans doute que Phormion harcèle Démiphon en répétant son nom. Mais il a tort, car Donat vise en réalité comme le montre "tumultuose" le fait de crier à l᾽envi le nom de Démiphon pour faire du scandale et ainsi obtenir gain de cause. Les manuscrits ont donc raison de lire comme ils le font "flagitatio", puisque c᾽est le nom technique de cette pratique de charivari, qui peut être liée d᾽ailleurs à des pratiques judiciaires.
334. Wessner appelle ici le personnage "Stilponem", alors que les mansucrits l᾽appellent soit "Stilbonem" (évidemment une erreur par rapport au texte de Térence), soit "Stilponem". Au vers suivant il édite bien "Stilphonem".
335. Wessner édite "haec asseueratio est mentientis imitata ueritatem" dans lequel "mentientis" est une conjecture d᾽Estienne contre un "mentis" unanime des manuscrits. Toutefois le texte est assez désordonné, RCV donnent pour le début du segment un texte identique : "hoc asseueratione mentis est imitari". V se singularise en lisant "uarietatem" au lieu de "ueritatem", sans doute par excès de zèle parce que de fait Phormion répète deux fois la même chose de façon variée. On peut donc se fonder sur "ueritatem" qui est aussi donné par O qui pourtant donne ici un texte très différent. Nous partons donc de la leçon de RC "hoc asseueratione mentis est imitari ueritatem", dont nous corrigeons très peu de choses : "mentiriest" a aisément pu être lu "mentisest" et une confusion entre "hoc" et "hac" est loin d᾽être sans exemple, d᾽autant que O porte "haec".
336. Tous les manuscrits sont d᾽accord pour voir dans "scire" le dernier mot du lemme. Nous conservons ici le texte de V qui paraît probable, car les variantes des autres manuscrits sont insignifiantes. Wessner éditait "SCIRE QVI F." dans le lemme et commençait la scholie à "multa".
337. Wessner édite "clamitandi" qui est une conjecture de Schoell sans doute issue de O qui lit "clamandi" et de "uociferandi" qui suit. RCV lisent "damnandi" qui est excellent dès lors que "omnia" est le complément de "dicunt".
338. Tous les manuscrits utilisés par Wessner donnent "uociferandi" de toute évidence provoqué par "damnandi" sur la mélecture d᾽une abréviation pour "uociferantur". La construction est le sens s᾽en trouvent de toute évidence mieux avec un verbe à un mode conjugué.
339. Wessner ajoute ici "enim" qui ne sert à rien.
340. Texte de RCV, Wessner éditant "quae".
341. Wessner édite le texte de O "et PARENS pater, nam ut uariaret parentem dixit quem supra dixerat patrem", mais le texte des autres manuscrits est unanime pour lire au moins "patrem ut uariaret parentem dixit quem supra dixerat" sans répéter ensuite "patrem", ce qui revient à faire du "patrem" qui suit le début de la scholie suivante. V qui donne "et" entre "parens" et "patrem" suggère qu᾽un mot bref a pu sauter devant "patrem" dans RCV, et nous proposons "eum" qui rend la construction bien plus lisible en faisant du groupe "eum patrem" l᾽antécédent de "quem".
342. Wessner édite "quia est qui ignoret parentes...ideo utrumque conquestus est". Le texte des manuscrits est très hésitant sur le début du segment où l᾽on lit "quia est" (VDL), "est qui" (RC) et "qui" (O). Il est également troublé sur le mot "ideo", conjecture de Sabbadini (1894, 118), pour "idem" (RC), "id est" (O) et "uel" (VDL). Notons encore que V ne porte pas "id est". Nous conservons le "uel" de V, qui semble indiquer qu᾽à l᾽alternative du premier segment, Donat oppose les deux éléments réunis dans le second ("utrumque"). De ce fait, le "quia est" de V peut sans doute être corrigé en "quia et", leçon possible, ou, mieux encore, en raison de la construction ordinaire de "conqueror" et d᾽une confusion paléographiquement facile "quod et". Le fait que l᾽édition Estienne, suivie par Lindenbrog, donne au début du segment "quia fieri potest ut", loin d᾽accréditer cette leçon comme issue du manuscrit Cujas, laisse plutôt supposer une correction humanistique, voire purement stéphanienne.
343. Seuls MO et le manuscrit de Cujas attribuent cette citation à Salluste. Pour les autres manuscrits de Wessner, elle n᾽a pas de nom d᾽auteur.
344. Wessner rajoute ici le mot "turba" absent de la citation dans ses manuscrits.
345. Wessner corrige le texte pour lui rendre la forme cicéronienne habituelle "negauit", mais tous ses manuscrits lisent "negarunt".
346. Wessner édite "est et", suivant ainsi RC. Le verbe n᾽étant pas indispensable, nous suivons VO qui lisent "et".
347. Wessner édite "exclamatio est. et ostendit, quid absente patre defenderit filius". Ce texte, qui est donné par C, se comprend en soi, mais ne peut en aucun cas se rattacher à ce lemme. En effet, Démiphon ici ne fait pas allusion à l᾽audace de son fils, mais à l᾽audace de Phormion dont il croit éventer la machination. V est le seul des manuscrits consultés par Wessner à proposer un autre verbe, "offenderit" (attesté également chez Mm), qui, lui, convient parfaitement à la situation. Mais le manuscrit m donne, lui, une solution particulièrement intéressante "offenderit filium". Si le verbe a été corrompu en "defenderit" à un moment de la transmission, la correction de "filium" en "filius" devenait pratiquement inévitable.
348. Wessner édite "uim adhibitam filio suo uxorem ducere, uno cum hunc audacem appellat, altero quod dicit ᾽etiam᾽, quae coniunctio ad Antiphonem conuertitur, et sic ᾽accusatum᾽", texte qui n᾽a pas grand sens. Il faut reconnaître que les manuscrits qu᾽il a utilisés offrent des variantes sensibles sur plus d᾽un point. Pour "uim" on lit "et uim" (RCV) ou rien (O). Pour "uno", RCO lisent "una". Pour "quae" on lit "et quae" dans RCO, pour le segment "est Antiphonem" on lit "et Antiphonem" (O) et "ad Antiphonem" (RC), pour "complectitur", RC lisent "conuertitur". Quant à "accusatum" de Wessner, c᾽est une correction d᾽Estienne car les manuscrits lisent soit "accusatur" (RCV) soit, par une évidente mélecture, "accuratur" (O). Nous supposons d᾽abord que l᾽abaltif "ui", en raison de la succession "esse ui adhibitam", a été rectifié à l᾽accusatif pour donner un segment très correct grammaticalement "esse uim adhibitam filio suo". Toutefois on n᾽explique alors que très difficilement le segment "uxorem ducere" qui paraît impossible à construire. Nous pensons que le segment "uxorem ducere uno" représente une correction jugée évidente à la lecture du seul segment "uxorem ducere" entraînant par là-même une légère mécoupure des mots avec simplification du segment "ducereouno". Une fois "uno" séparé de son substantif originel "reo", la tentation est très grande de transformer "aliter eo" en "altero", unanimement donné par les manuscrits. On recrée ainsi un parallélimse artificel, mais qui a trompé Wessner et la plupart des éditeurs. Or il nous semble que cette scholie dit en fait deux choses. Soit il y a un seul coupable ("uno reo") et c᾽est Phormion (et c᾽est pour cela que Démiphon dit "quel audacieux, il va oser m᾽accuser"), soit ("aliter") il y en a deux, Phormion qui est l᾽"audax" et Antiphon qui va venir plaider contre son père. Et il faut comprendre "quel audacieux que ce Phormion ! et en plus Antiphon va de son plein gré venir m᾽accuser". Dans la première phrase de la scholie il faut comprendre implicitement qu᾽"etiam" est un adverbe, dans la seconde explicitement qu᾽il est "coniunctio". La double interprétation du vers repose sans doute sur l᾽hésitation du grammairien quant à la nature d᾽"etiam".
349. Wessner édite "hic" qui est une conjecture personnelle, tous ses manuscrits étant unanimes pour "sic", sauf O qui porte "sit".
350. Nous conservons ce texte, bien qu᾽il soit différent du texte de Térence qui porte "adulescenti", en considérant précisément que le fait de n᾽avoir pas normalisé partout rend ce texte plus que probable. V, avec le soin qui le caractérise généralement, a corrigé pour rétablir le mot térentien, dans ce qui est de toute évidence une reformulation et non une citation.
351. Aucun manuscrit ne donnant ici le passif "ostenditur", nous supposons que le verbe est bel et bien actif, mais nous lui ajoutons le réfléchi théoriquement indispensable qui a pu se perdre par haplographie.
352. Estienne, suivi par Wessner, normalise le temps de ce verbe au présent, comme "dicit", mais il n᾽y a aucune raison de le faire. Les mansucrits donnent bel et bien un parfait.
353. Texte de V que l᾽on trouve aussi chez Estienne. Wessner édite "ostendit" sur le modèle du premier verbe, mais il a sans doute tort.
354. Wessner édite "restitisse in iudicio" qui paraît à contresens. En effet, il ne s᾽agit pas de ce que Phormion et Antiphon ont fait lors du procès, mais de la façon dont Phormion voit le jeune homme. Au début, il est en colère contre lui, mais, comprenant qu᾽Antiphon n᾽a aucun moyen de connaître les parents de la jeune fille, il se radoucit et change d᾽avis. VO nous mettent sur la voie en lisant "restitisse iudicio", mais il est probable que "destitisse" moins fréquent que le parfait de "resistere" a été "corrigé" par un scribe qui imaginait qu᾽on parle ici du procès (ce qui explique le "in").
355. Wessner édite "quasi" qui est selon lui une conjecture de Bentley mais que l᾽on trouve apparemment dans l᾽édition de 1477. Avec ce mot, il manque de toute évidence une conjonction. Or tous les manuscrits utilisés par Wessner donnent un texte bien plus compréhensible en lisant "quod si".
356. Wessner fait à juste titre remarquer que la scholie suppose la présence de "quippe homo" dans le lemme, ce que V a rétabli. Mais comme tous les autres manuscrits portent "si illum", nous préférons à la substitution opérée par V, l᾽édition d᾽un lemme plus développé.
357. La leçon de R "ad nomina tantum" n᾽est peut-être pas aussi absurde qu᾽elle en a l᾽air. En effet, le père a été désigné d᾽abord par un pronom "illum", puis soudain "seulement par des noms", c᾽est-à-dire des noms et des adjectifs ("homo", "grandior", "pauper"). Avec le texte que nous éditons, la remarque est syntaxique, elle devient morphologique si l᾽on suit R. Le texte de O "ad nostrum", résolument absurde, laisse toutefois supposer un segment difficile à lire.
358. Sur cette correction voir la note sur "a positiuo" en 362, B 4.
359. Ici Wessner, comme souvent, répète un fragment du lemme en tête de scholie, contre tous ses manuscrits. Nous supprimons cet ajout de "grandior".
360. Wessner édite ainsi, depuis la fin de la scholie 3 : "quasi et ipse nosse debuerit.
4 QVIPPE NATV GRANDIOR <grandior> hic comparatiuus non est sed habet significationem a positiuo minus". Or les manuscrits portent pour la scholie
4 des marques certaines de désordre. RC lisent "hic comparatiuus et non habet significationem a positiuo minus", O donne "hic comparatiuus non habet significantiam a positiuo et minus significat". Quant à V, il donne sans doute encore une fois un élément de la solution en lisant "hic comparatiuus non habet significationem quod magis siue minus a positiuo significet". Comme on le voit, la scholie de V est beaucoup plus volumineuse que les autres, quoiqu᾽on trouve trace de ces spécificités également chez O. Nous supposons que l᾽amplification de la scholie de V repose en réalité sur l᾽insertion à cet endroit, et de façon acrobatiquement réalisée par le copiste de V (ou son modèle) pour donner un sens, d᾽un commentaire qui en réalité porte non pas sur ce lemme mais sur le précédent et qui se reconstitue aisément "quod minus significat" ou éventuellement "significet". Le commentaire précédent indique une différence de sens entre "non" et "minus", et le segment "quod minus significat" se trouve parfaitement à sa place, là où nous l᾽installons. On peut supposer qu᾽un copiste a d᾽abord omis ce segment final de la scholie 3, puis l᾽a rajouté en marge, mais sans que le rattachement exact de cet ajout n᾽apparaisse vraiment clairement. V, ou l᾽un de ses modèles, a cru que ce passage se rattachait, en raison du comparatif "minus", au commentaire de "grandior", et, de ce fait, y a vu une lacune qu᾽il a complétée par "magis siue", étant bien entendu que "minus" pour un comparatif "grandior" qui est un comparatif de supériorité a dû lui paraître incongru. On retrouve trace de ce désordre liminaire chez tous les autres témoins dont les modèles soit n᾽ont pas du tout tenu compte de l᾽ajout marginal et lu "minus", soit ont partiellement tenu compte de cet ajout (comme O qui conserve encore le verbe "significat" en plus de "minus"). On voit bien alors pourquoi il a rajouté "et" car ce qu᾽il avait lu ne fournissait aucun moyen de se rattacher au reste. Quant à la correction de "comparatiuus" des manuscrits en "comparatiuuam", elle est rendue probable, car il était aisé de mal grouper les mots en prenant l᾽adverbe "hic" pour un démonstratif et en lisant "hic comparatiuus" ("ce comparatif").
361. Texte de RC, VO portant "qui". Wessner a supprimé ce mot. La place un peu étrange de "quidem" a pu pousser certains copistes à écrire "qui". Ici il s᾽agit d᾽une première reformulation qui suppose que l᾽on comprenne "grandior" comme "grandior quidem" (un peu âgé certes), qui va ensuite conduire le commentateur à reformuler en "un peu trop âgé pour".
362. Cet adverbe, ignoré par Wessner, se trouve dans O à la place de "nosse". Il est difficile de supposer qu᾽"optime", qui n᾽a aucun sens tout seul, puisse être une mélecture de "nosse". Depuis l᾽editio princeps (1477), on lit généralement "optime nosse". Nous suivons ce texte en considérant qu᾽une partie majoritaire de la tradition a omis cet adverbe, ce qui est aisément compréhensible, O, de son côté, ayant omis le verbe.
363. Ce texte, le seul possible, est une correction par raturage de V et le texte donné par M. Tous les autres manuscrits y compris la première version de V portent "uita" qui provient à coup sûr d᾽un état ancien du texte. Toutefois, le plus probable est sans doute qu᾽il n᾽y ait rien eu du tout, mais simplement la mention "ici c᾽est le septième cas" à charge pour le lecteur de trouver tout seul qu᾽il s᾽agit d᾽"opera". Lorsqu᾽un annotateur a ajouté "et" en début de scholie donnant "et hic septimus casus est", il était tentant de déduire que cette scholie était la suite de la précédente, laquelle porte sur "uita", et ce d᾽autant plus si l᾽on ne disposait pas, au moment de la copie, du texte de Térence pour comparer. C᾽est donc "uita" qu᾽on a introduit dans le texte avant séparation des familles dont RCOV sont les représentants. Une fois introduite cette absurdité ("uita" à l᾽ablatif), seule une correction prenant en compte Térence pouvait sauver le texte. C᾽est ce qu᾽a fait la main qui porte la correction de V.
364. Wessner édite "continere se dicitur qui contra uoluntatem se retinet". Dans ce texte "se" est un ajout d᾽Estienne qui rajoute ce pronom également dans le lemme, pour coïncider avec le texte de Térence. Les manuscrits ont "continere" sans le réfléchi et hésitent entre "uoluptatem" (RCV) et "uoluntatem" (O), ainsi qu᾽entre "retinet" (OV) et "continet" (RC). Nous pensons que la forme "continere" est en fait la source de toute la difficulté, et qu᾽il faut lire "continens". Mais comme Térence donne un verbe, il était tentant de rectifier avec l᾽infinitif correspondant. A partir du moment où on lit "continere", il devient très tautologique d᾽écrire "<se> continere dicitur qui se continet", et "retinet" s᾽explique comme une recherche de synonymie réduisant la tautologie. S᾽il s᾽agit d᾽expliquer "continens", en revanche, il n᾽y a plus de tautologie, mais une précision sémantique qui, du coup, impose quasiment "uoluptatem" et justifie "continet".
365. Ici Wessner ajoute "ruri" en suivant l᾽editio princeps. Les mansucrits ne le donnent pas, nous les suivons.
366. Peut-être faut-il lire comme V "odiosa", en considérant la scholie de la série B qui porte "miserabiliter et inuidiose". Toutefois "ociosa" de R et C paraît accréditer le fait qu᾽ils aient lu ou entendu "otiosa" et non "odiosa".
367. Wessner édite "a dignitate" qui est une conjecture d᾽Estienne (qu᾽il doit comprendre comme "reposant sur la dignité de la personne"), mais le texte unanime de ses manuscrits donne "ad" et l᾽accusatif. Il faut construire "ad dignitatem personae" et rapporter le tout à "qualitas iniuriae" (qualification de l᾽injure faite à la dignité de la personne).
368. Texte unanime des manuscrits RCOV, contre Wessner qui conjecture "et quoad uixit", à partir du texte du manuscrit Cujas, qui portait apparemment "et quod ad uixit". Le texte des manuscrits est parfaitement clair. Dans la première reformulation de "inuita" par "cum uiueret", il s᾽agit du temps et "uita" signifie "la durée de la vie", dans la seconde, il s᾽agit des actes accomplis dans la vie et "uita" signifie "le genre de vie".
369. Tous les manuscrits utilisés par Wessner donnent ce texte, ainsi qu᾽une partie de la tradition manuscrite de b (70) et du
Phormion (95). Il n᾽y a donc pas lieu d᾽accepter la correction "huc uiciniae" éditée par Wessner d᾽après Estienne ni "huc uiciniam" proposé par Sabbadini (1894, 120).
370. Wessner édite une conjecture de Sabbadini (1894, 120) "parem tete", suggérée déjà par Westerhof ("parem te"), mais la forme "tete" demeure très suspecte. Les manuscrits lisent unanimement "parentem te" qui n᾽a guère de sens, que l᾽on considère qu᾽il s᾽agit d᾽une forme de "parens" ou du verbe "parere". Nous pensons qu᾽une mélecture d᾽abréviation jointe à une haplographie a pu faire prendre l᾽ablatif de qualité pour le substantif "parentem", confusion facilitée par un contexte où il est beaucoup question de paternité et de parenté.
371. Passage particulièrement corrompu. Les manuscrits donnent, pour RCK "sciens hanc personam fingi uel certe etiam mortui uis hominis non duci", pour O "sciens hanc personam fingi uel certe et mortui hominis induci", pour V "sciens hanc personam fingit uel certe etiam mortuum hominem induci". Wessner édite "sciens hanc personam fingi uel certe etiam mortui uisum hominis induci", dans lequel "uisum" est une conjecture de Schoell. Nous pensons que "uitam" a pu être lu à un moment comme "uisiam" voire "uis etiam", sans doute en raison de formes abrégées, et que le "etiam" ainsi dégagé a été placé à un endroit syntactiquement pertinent laissant ainsi le "uis" dans une position désespérée.
372. Karsten ajoute ici un "non" suivi par Wessner, mais c᾽est un total contresens. Si "capere" est synonyme d᾽"eligere", comme le montre la fin de la scholie, il faut considérer que "capere" signifie "se charger de quelque chose qui dépend de nous". D᾽ailleurs le sens de Térence ne fait ici aucun doute : il s᾽agit de s᾽exposer volontairement à l᾽inimitié de la "familia" dont fait partie Géta, donc de la choisir.
373. Wessner édite "aut fere" que lui donnent apparemment RVO, mais d᾽autres manuscrits et les éditions anciennes, dont Estienne, donnent "auertere" qui est bien plus satisfaisant. Donat met ainsi trois synonymes d᾽"aspernari", dont un comprend le préverbe "ab-".
374. Ce texte, qui est celui de Mm (Firenze 53.08), est assuré par V, qui lit, avec une mécoupure du lemme suivant, "ab aspergo pergin" ("pergin" étant le lemme du vers
372 et le mot immédiatement suivant dans la série A). Wessner édite "ab ᾽a᾽ et ᾽sperno᾽", mais ce texte que ne donne en l᾽état aucun des principaux manuscrits est très peu vraisemblable. Donat aurait écrit "ab ᾽a᾽ et ᾽spernendo᾽".
375. Texte de V. Wessner rejette le mot grec en début de scholie 2, comme Lindenbrog et le manuscrit O qui place là sa traditionnelle lacune, mais il est plus judicieux de le laisser là. RC n᾽ayant ni grec, ni lacune, il est impossible de savoir s᾽ils lisaient ce mot et où. Notons qu᾽Estienne indique ici un passage désespéré. Apparemment le mot grec se trouvait dans le manuscrit de Cujas, V a une approximation "απολοσησ", dont on peut se demander si elle ne cache pas une autre figure.
376. Cette citation est également connue par le grammairien Arusianus Messius qui en donne un texte plus complet et plus cohérent que celui fourni par les manuscrits de Donat utilisés par Wessner, lequel complète la citation en suivant Messius. Nous pensons que Donat a pu déjà lui-même tronquer cette citation pour mieux faire apparaître le phénomène qu᾽il observe.
377. Seul O donne ici le texte "et" avant le participe. Quant au participe lui-même, RCOV le lisent "impositis", ce qui peut résulter ou bien d᾽une mélecture d᾽abréviation à date ancienne pour "interpositis" qui se lit chez ceux que Wessner considère comme les deteriores, ou bien de la conviction que le groupe "impositis quibusdam" appartient à la citation de Salluste, ce qui est indécidable en l᾽état, mais n᾽est pas totalement exclu. Le fait qu᾽Arusianus Messius arrête la citation à "audebat" peut être un indice en faveur du texte "interpositis", mais il n᾽est pas absolument déterminant.
378. Devant ce mot Wessner ajoute de son crû un "scilicet" pour relier le texte à son explication, mais on peut très bien s᾽en passer. D᾽autres éditeurs ont proposé "hoc est", tout aussi inutile.
379. Wessner édite "CARCER non ᾽carcereum᾽ sed ᾽carcerem᾽ asperius appellauit". Le texte des manuscrits est toutefois très différent. Comme lemme RCOV donnent tous "carcere", texte attesté par de nombreux manuscrits de Térence, tous postérieurs au VIIIe siècle. Le manuscrit le plus ancien de Térence porte bien "carcer". En outre, la scholie se présente chez RCV sous une forme identique qui est "non carceri sed carcere asperius appellauit". O lit "non carceranum sed carcerem asperius appellauit". Il nous semble que la corruption de ce passage provient de deux mélectures successives. Dans un premier temps, a pu s᾽introduire comme lemme la variante térentienne "carcere". Dans ce cas, le mot est complément de "dignum" qui se trouve dans la réplique de Phormion au même vers (Ph.-il le mérite bien. Gé. Tu veux dire la prison ?). A ce moment on lit "carcere non carceri sed carcer". Il devient alors inévitable que "carcer" devienne "carcere", et la scholie se met peut-être dans l᾽esprit des scribes à porter sur deux formes possibles d᾽ablatif, voire de deux mots, un "carcer" neutre (!?) et le "carcer" masculin, ce qui, notons-le, rend la suite très difficilement compréhensible, et le lien avec Lucilius nul. Une autre interprétation possible est que les scribes prennent "carceri" et le "carcere" antérieurement rectifié comme des formes variantes du vocatif d᾽un adjectif "carcereus / carcerius" qui semble attesté seulement à l᾽époque tardive. Il y a sans doute là la solution. L᾽adjectif "carcerius / carcereus" peut être usuel pour Donat, comme il l᾽est chez Prudence, et le commentateur peut avoir voulu tout simplement dire : Térence n᾽emploie pas l᾽adjectif qu᾽il faudrait, "carcerius" (pour dire "un homme qui mérite la prison"), mais le nom "carcer" (prison). De ce fait, on est bien dans une scholie sur le vocatif ("appellauit"), mais il s᾽agit de dire que Térence n᾽emploie pas le vocatif de l᾽adjectif dérivé, mais celui du nom, ce qui est "asperius". Le lien avec Lucilius est alors parfaitement rétabli, ainsi que celui avec les autres passages où Donat cite cette phrase de Lucilius (voir Eun. 645). Quant au "eum", c᾽est une restitution plausible pour expliquer l᾽étrange forme dérivée fournie par O.
380. Wessner répète ici "ain", suivant CO, lequel dit "aisne", mais cette remarque sera faite plus loin. Il n᾽est donc pas utile de le replacer.
381. Wessner édite "quae separat e ab n † littera .i. tenuit sed sonum", ce qui est intraduisible. Les manuscrits proposent de façon consensuelle le segment "quaeseparateabnlittera. i.". Le reste leur pose de toute évidence difficulté. RCVO lisent comme verbe "tenuit", là où m corrige de toute évidence ".i.tenuit" en "interimit", au demeurant excellent pour le sens, mais qui sent la correction humanistique. Nous postulons que le verbe est "tenuat", dont le sens est proche de "interimit", et qui se trouve, chez Quintilien, au sens d᾽"amenuiser le son". La forme a pu être corrigée en une forme sans doute beaucoup plus familière au scribe. Les manuscrits hésitent en outre entre l᾽adverbe "separate" et la forme verbale "separat" suivie de la lettre "e", mais cela supposerait que l᾽apostrophe fût placée à la place du "e" de "aisne". Or Priscien (GL II, 32, 6) paraît indiquer que l᾽apostrophe se met à la place du "s", ce qui rend la lecture de la suite très aisée dans les manuscrits, si l᾽on corrige légèrement "separate" pour en faire le participe d᾽un ablatif absolu "separata ab n littera i". La présence de points autour de la lettre "i" rend notre hypothèse plus que probable. Ainsi un scribe aurait-il voulu montrer qu᾽il s᾽agissait de la lettre "i" et non par exemple de l᾽impératif de "eo".
382. Ce texte est celui de L, le seul des manuscrits de Wessner (avec les éditeurs anciens) à donner un texte acceptable. Unanimement, ses autres manuscrits lisent "miser", voire "misere". Il nous semble que ni l᾽adjectif ni l᾽adverbe ne font sens.
383. Après ce mot, Wessner édite "et" sur la foi de RCO, mais V ne le donne pas et il a sans doute raison.
384. Wessner édite "est haec auctoritas in senibus, ut minores aetate appellatione pueri uel adulescentis uel iuuenis minores etiam ostendant auctoritate", sur un texte des manuscrits assez divergent par endroits. Globalement, il est quasiment certain que le début est bien "est haec auctoritas in senibus ut", que le dernier mot est une forme de "aetas" et que le segment "appellatione" suivi de génitifs se trouve quelque part entre les deux précédents segments. Les éditeurs modernes sont partis du principe que le dernier mot "aetate / aetatis" des manuscrits était absurde car il rendait le commentaire tautologique. Ils ont donc conjecturé un moyen de le remplacer par "auctoritate" (Sabbadini (1894, 112), Wessner), "grauitate" ou "dignitate" (Schoell), ou, comme Estienne, l᾽ont supprimé. Nous avons pris le parti contraire, en recherchant pour cette phrase un sens qui ne fût pas tautologique en gardant une forme finale de "aetas". Le texte le plus proche de celui que nous retenons est donné par O qui lit "est haec auctoritas in senibus, ut minores etates appellatione pueri uel adulescentis et iuuenis minoris etiam ostendat aetatis". Toutefois il existe un certain consensus sur "aetate" (RCV) qui nous fait préférer la structure que nous adoptons. Devant "iuuenis" nous éditons "etiam" plutôt que "et", bien que celui-ci ne soit pas absolument impossible. Une mélecture d᾽abréviation peut avoir donné "et" depuis "etiam", mais on peut tout aussi bien garder le "et" à condition d᾽y voir un adverbe.
385. Texte de RCV, Wessner édite la leçon de O "quia". Le sens est à peu près identique.
386. V lit "επιτροκασμοσ" ce qui paraît assurer le nom de la figure, les autres manuscrits donnant des à-peu-près acceptables "epitracasmos" (R), "epytrochosmos" (C), "epitasmos" (O). Ce qui est troublant c᾽est que, dans la ligne précédente, seul V lit correctement le même mot, les autres laissant une lacune. Est-ce à dire que le mot était écrit en grec la première fois et en caractères latins la deuxième ? Est-ce à dire qu᾽il y avait deux mots différents que V, qui sait un peu de grec, a confondus en utilisant celui qu᾽il connaissait le mieux ? De toutes façons le commentaire que propose Donat, avec "effusio" et surtout "supermersio" (si le mot fait partie du texte), définit assez mal la figure d᾽épitrochasme, même si la fin de la définition "aduersarii causa turbandi" correspond à ce qu᾽on en dit généralement. Donat parle ailleurs de l᾽épitrochasme. Dans Ad.
670 et 951, les manuscrits y compris V ne donnent aucun mot grec, lequel est donc une reconstruction humanistique. En Eun. 805, V est le seul à lire du grec, mais le mot est "επιρροχισμοσ", à tel point qu᾽on peut se demander si la figure cachée sous ce mot grec n᾽est pas plutôt "ἐπιρραπισμός" (blâme).
387. Ce mot n᾽existe pas, pas plus que "superuersio" proposé par V, ni "supermensio" de l᾽édition de 1477. Il s᾽égit de toute évidence d᾽une forgerie du commentateur, ou plus probablement d᾽un copiste "savant", pour expliquer le mot "épitrochasme". Si l᾽on voit bien comment "super" rend compte de "épi", le reste demeure beaucoup plus confus. Nous éditons comme Wessner, mais sans aucune certitude ni sur le mot lui-même, ni même sur la présence de cette glose de la glose dans le texte orginel.
388. Le texte de cette fin de scholie est dans un état désespéré, si l᾽on en croit les manuscrits utilisés par Wessner. Ce dernier, suivant Schoell et peut-être le manuscrit Cujas, croit voir, avant la citation de Virgile, une citation de Cicéron qu᾽il trouve dans les mots "conuincam si neges" que l᾽on lit, à peu de choses près, dans VL. Il s᾽agit de Catil. 1, 8, que, du coup, Schoell et Wessner complètent pour avoir un véritable épitrochasme en éditant "sic Cicero ᾽<num negare audes ? quid taces ?> conuincam si negas᾽". Or dans cette restitution le "dic" unanime des manuscrits devient virtuellement "cic" pour "cicero", ce qui est gênant et paraît reposer sur la volonté de trouver là une citation. Comment les copistes n᾽auraient-ils pas reconnu le nom de Cicéron, même abrégé, alors qu᾽il est extrêmement fréquent dans le commentaire ? Les manuscrits (sauf O qui ne lit pas la fin du segment) sont unanimes à lire "si neges" et au début "sic". Pour le reste, il règne la plus grande confusion : R lit "sic dic conn.in eam si neges". C voit, quant à lui, "sic dic comi.in eam si neges". O se contente de "sic de conu et" et V lit "sic dic conuicam si neges", alors que L propose "sic dic conuincam si neges", qui paraît provenir d᾽une correction humanistique. Nous supposons que la suite "sicdiccon" masque pour quelque raison un "sic dictum" victime peut-être d᾽une mélecture de ligature. Une fois ce segment perdu, tout le reste était en grand danger comme le montrent les textes absurdes fournis par les manuscrits. Cependant, dans ce trouble, on peut reconnaître dans le "i." voire dans le "in eam" des restes de "inquam". Si l᾽on considère que la scholie parle ici de "inquam", il est facile de restituer "quasi neges". Donat souligne ici que le verbe affirmatif "inquam", doit être en fait compris, dans la colère que feint Phormion, comme s᾽il invectivait Démiphon en lui disant "comment oses-tu nier que tu connais Stilpon ?". On peut alors supposer que le "u" qui se promène dans la plupart des lectures peut représenter "uerbum" abrégé et reconstruire comme nous le faisons.
389. Wessner édite "iustae confidit et nititur causae", mais ce texte n᾽est pas grammatical car "nititur" exige un ablatif que l᾽on trouve d᾽ailleurs chez V qui lit "causa". La forme de datif précédente a pu influer par effet de rime sur "causa". Pour ce qu᾽il édite "iustae", il peut s᾽agir d᾽une mélecture pour "iustitiae" qui a à son tour entraîné mécaniquement la faute sur "causae".
390. Wessner suit ici Sabbadini (1894, 114) pour lire "qui nullo iure freti litigant, ad iniurias prosiliunt", mais le texte unanime des manuscrits est excellent et nous le rétablissons.
391. Texte des manuscrits, corrigé on ne sait pourquoi par Wessner en "quia".
392. Wessner édite une restitution plausible de Sabbadini (1894, 123) "σχῆμα διανοίας· συγχώρησις", mais il est difficile de voir ici une concession. Il n᾽y a pas vraiment "concession", dans la mesure où Démiphon ne reconnaît pas que Phanium est sa parente. Au demeurant, seul V donne du grec dans cette scholie qu᾽il écrit "scema διανοηασηνκοησησ". De toute évidence il ne lit pas συγχώρησις, et s᾽il écrit à peu près "διανοίας", ce peut être trompeur, voir la scholie 232, 2, où le manuscrit Cujas a "restitué" par réflexe "διανοίας", au lieu de la préposition διά suivie de son régime. Sans doute l᾽a-t-il prise pour une abréviation, comme V ici. Du coup, on peut créditer V de ce qu᾽il a lu ensuite et tenter de restituer le procédé de l᾽"ἐγκοπή". la forme "ηνκοησησ" peut venir d᾽une mélecture de "ηνκοησ heus" avec "heus" qui est le lemme suivant, du moins pour les témoins qui échappent à la redactio confusa, ce qui n᾽est pas le cas de V, mais peut l᾽être de sa source qui lisait déjà "ηνκοησησ".
393. Texte de V. Wessner, en s᾽arrêtant à "inquit", masque le fait qu᾽il s᾽agit d᾽une remarque sur l᾽ordre des mots. Notons que l᾽édition de
1477 lit ici, comme le manuscrit m, "quibus probaui iudicibus inquit", ce qui est maladroit, mais va dans le sens du texte de V.
394. Wessner, curieusement, suit ici Sabbadini (1894, 123) et suppose une lacune après "accipe", comme s᾽il y avait un mot grec par exemple (Schoell propose ἀνακόλουθον), ou, en tout cas, une scholie disparue. Nous pensons, comme les manuscrits, que le lemme couvre en fait
410 et
411 et que le commentaire porte en fait sur 411.
395. Ici Wessner ajoutait "ego" pour mettre le lemme en conformité avec Térence. Cela ne s᾽impose pas.
396. Wessner édite suivant O "stat" après "lege", mais la phrase bien qu᾽elliptique se comprend tout aussi bien sans.
397. Wessner ajoute ici un "m." pour "meretricem", mais, le commentaire portant plutôt sur "itane", ce mot n᾽est pas nécessaire.
398. Wessner édite ici le texte de L "aiunt" qui peut se comprendre si la scholie est en deux phrases. Toutefois, tous les autres manuscrits portant "actum", nous préférons les suivre, même s᾽il faut pour cela réunir les deux éléments de la scholie.
399. Wessner édite "ineptus", mais la scholie indique très clairement que, quelle que soit la forme du lemme dans les manuscrits, c᾽est bien "ineptis" que lit Donat, conformément aux manuscrits de Térence.
400. Wessner ajoutait ici, suivant Teuber, une négation "non" qui aboutit à un contresens. Donat veut dire très exactement que c᾽est à ce moment précis que le vieillard peut comprendre que Phormion est de mèche avec Antiphon.
401. Wessner ajoute ici "tres", conjecture d᾽Estienne, absolument inutile puisque le reste de la scholie nous informe du nombre des avocats.
402. Wessner édite "tertius qui sequi alterutrum debuisset" ; "qui sequi" est une conjecture personnelle à partir de RCO qui donnent "quisque se", et de V qui donne "qui se" ; "alterutrum" est une correction, également personnelle, à partir de O ("alterum"), RC ("alteri"), et V ("alterutri addere"). Précisons, pour finir, que Schoell propose la conjecture "qui obsequi alterutri". Le texte se comprend presque parfaitement, sans correction, ni conjecture, si l᾽on suit le manuscrit V, ce qui donne : "tertius qui se alterutri addere debuisset", que l᾽on peut traduire par "le troisième, qui aurait dû se ranger dans le camp de l᾽un des deux", ou si l᾽on préfère, "le troisième, qui aurait dû donner crédit à l᾽un des deux". RCO donnent "debuisse" au lieu de "debuisset". Reste la question de la jonction de ce segment avec la suite qui nous invite à supposer que ce qui est lu "quisque" par RCO est en réalité "qui cum", qui a pu au contact de "se" devenir "quisque". Il est probable enfin qu᾽"addere" a disparu au stade de l᾽archétype commun à RCO.
403. Cet "ego" est suppirmé par Wessner, pour une raison évidente : c᾽est qu᾽il n᾽est pas sous-entendu. Toutefois, il est présent dans tous les manuscrits, et le texte se comprend très bien en le conservant.
404. Cette conjonction est étrange, mais V qui ici recopie très soigneusement et très fidèlement le grec ne l᾽a sans doute pas inventée. On s᾽attendrait à un argument "par l᾽estime dont bénéficie le conseiller", ce qui a amené Schoell a supprimer la conjonction, mais Donat peut très bien avoir voulu dire "argument 1- par l᾽estime, 2-par la personne du conseiller, ce qui, somme toute, revient au même.
405. Texte de V, la plupart des manuscrits portant "leuiter", qui n᾽est pas impossible. Notons qu᾽Eugraphius commente ici en disant "breuiter", ce qui peut attester la valeur de ce texte.
406. Wessner édite une conjecture d᾽Estienne "deliberatiuae", mais nous suivons ici V qui donne ce texte en supposant "generis".
407. Wessner édite selon une conjecture d᾽Estienne "ordine locos" pour des manuscrits qui lisent "ordine locum" (O), "ordine et loco" (RC)," loco et ordine" (V). Le texte le plus satisfaisant paraît celui de RC mal compris par O et inversé par V. Le mot suivant "suasoriae" a pu faire tomber le "s" de "locos" comme l᾽avait bien vu Estienne. Pour le "et" on peut peut-être penser à une mélecture d᾽un chiffre sans doute fort mal écrit : dans ce cas c᾽est évidemment "ii".
408. Wessner édite le segment que nous faisons commencer à "et tertiam" après l᾽ajout de l᾽annotateur médiéval au vers 456, sous la forme : "utilitatis partem praetermisit quae ubi quid non potest fieri frustra separatur". Dans ce segment "quid" est un ajout de Goetz, "separatur" une suggestion subtile de Schoell à partir d᾽un passage d᾽Emporius (Rh. Lat. Min. 571,
17 à propos des Stoïciens et de leur système argumentatif : "Stoici ne duo quidem illa, id est honestum et utile, existimant separanda"). "Vtilitatis", quant à lui, est inspiré par Estienne sans nul doute en raison du texte de 451-452. Nous pensons, quant à nous, que le texte des manuscrits a été troublé par l᾽interpolation de la scholie 456. Si nous reprenons le fil du commentaire, nous voyons que Donat précise qu᾽il y a deux arguments utilisés sur trois possibles. Il faut donc se demander pourquoi le personnage n᾽utilise pas le troisième. Nous comprenons alors que le texte très étrange des manuscrits "in lris" (RCO), développé par a en "in literis", ou "m.lram" de V cache en réalité le chiffre iii manquant. De ce fait ou comprend aisément "tertiam partem praetermisit" (il a sauté la troisème partie). Avec ce qui reste du mot "in lris", soit "ris", on lit aisément l᾽abréviation de "rationis" (du raisonnement). Le fait que "et tertiam rationis partem" n᾽ait pas été bien compris a entraîné l᾽étrange variante de V qui a sans doute corrigé "in litteris" déjà fautif en "m litteram", pensant que le lemme interpolé concernait la lettre "m" de "inceptu /inceptum", ce qui explique d᾽ailleurs qu᾽il lise "inceptu" et non "inceptum" dans le lemme. Quant au verbe, les manuscrits donnent "sectatur" (RCV) qui pose un évident problème de voix puisque le verbe est déponent et O semble avoir glosé ce verbe en "petitur" qui ne pose plus de problème de voix, mais ne saurait être considéré comme un synonyme possible de "sectatur". Tout s᾽arrange si "sectatur" est corrigé par le passif "secatur". Cet emploi technique de "secare" (faire une division) est attesté dès Cicéron.
409. Il est inutile de répéter ici "in tempore", ajout de Schoell, qui n᾽est pas dans les manuscits.
410. Wessner édite "inuidisse deos, patriis ut r. o. c. o. et p. C. u. ?", mais la citation exacte est "inuidisse deos, patriis ut r. a. c. o. et p. C. u. ?", car le texte de Virgile est "inuidisse deos, patriis ut reditus aris coniugium optatum et pulchram Calydona uiderem ?". Mais Donat lit peut-être un texte virgilien qui porte "oris" au lieu de "aris". D᾽autre part les trois dernières abréviations "p. C. u." sont des ajouts de Wessner que nous ne retenons pas.
411. Wessner édite "haec quidem de his sunt quae amant iungi.
2 SPES OPESQVE SVNT ut etc.". Le mot "iungi" paraît n᾽avoir été lu que dans le manuscrit perdu de Cujas. Dans cette perspective, la scholie se comprend "ces mots font partie de ceux qui aiment être associés" et la scholie
2 complète cette analyse avec un (ou deux apparemment chez Cujas) exemples. Nous supposons que les deux scholies ne se complètent pas. La première insiste sur une phraséologie amoureuse et la seconde sur la coordination. Il est vraisemblable que le "iungi" de Cujas repose sur un texte qui a pu exister dans une partie de la tradition au moins à un moment donné. Le texte "amantum" de O et a, comme la variante isolée de m "amanti dici solent", attestent quelque chose comme des traces du texte Cujas. Toutefois celui-ci n᾽est pas pleinement satisfaisant car le tour "amant iungi" demeure étrange et peut d᾽un autre côté avoir été induit par la manière dont le scribe du codex Cujas comprenait la suite. Nous pensons pour notre part qu᾽il s᾽est produit deux fautes distinctes : la première a consisté dans une haplographie de la succession "amantium iunge" devenue "amantiunge" dont le texte de V "amant" et la variante "amantum" portent trace. A partir de "amantiunge", il est aisé pour le scribe du codex Cujas de corriger en "amant iungi". La deuxième faute a consisté à déplacer "iunge" derrière le lemme pour faire comme d᾽habitude, ce qui donnerait "amantium. spes opesque iunge". Une mélecture facile consiste alors à prendre "iunge", probablement abrégé, pour une partie du lemme ("sunt" en l᾽espèce) d᾽autant que la suite se comprend parfaitement sans "iunge". A partir de ce moment-là, le texte avec lemme long l᾽emporte définitivement. Notons toutefois que l᾽exemple de Salluste ne comprend pas de verbe, ce qui accrédite notre supposition.
412. Wessner édite ici une seconde citation ("res fortunaque" du
Rudens de Plaute) qu᾽il semble rattacher, on ne sait comment, au manuscrit perdu de Cujas. Aucun autre manuscrit ne donnant cette citation, nous choisissons de la supprimer.
413. Tous les manuscrits utilisés par Wessner donnent "quod" et pourtant il édite "qui". Sans doute "quod" est-il ce que lisait Donat. Le sens est par ailleurs absolument identique ; toutefois la variante n᾽est sans doute pas métriquement défendable, si Donat lit exactement ce que nous lisons dans le début du vers, ce que nous ignorons.
414. Texte de V et O, Wessner éditant "quod", conjecture personnelle sans doute tirée du "quo" de R et C.
415. Wessner édite "conuenientiam suam", qui est une conjecture personnelle, mais le texte des manuscrits "conuenientia sua" fonctionne parfaitement.
416. Wessner édite "a quo" pour tenter de sauver le texte de RCOV "quo". Peut-être faut-il supposer une très ancienne mélecture pour "qua".
417. Wessner édite un lemme global pour tout ce vers, et donne à la citation de Plaute une forme qu᾽il juge désespérée : "ad sine a palaestra ubi damnis desudascitur". Le verbe "desudascitur", hapax plautinien, permet assurément de reconnaître ici un vers des
Bacchides, mais la transmission manuscrite de ce vers ici le rend pratiquement méconnaissable. Nombre de manuscrits ont adapté le texte selon ce qu᾽ils comprenaient. Nous pensons, quant à nous, que le désordre sur ce vers provient d᾽une erreur de coupe entre le lemme et la citation. Nous supposons qu᾽il y a là, dans la partie incompréhensible du vers plautinien, un lemme térentien "a sua palaestra" qui n᾽a plus été reconnu, ce d᾽autant moins que le mot "Plautus", probablement à cause de la ressemblance entre "assidue" et "asuap." a pu se déplacer fautivement rendant ainsi la séquence "ad sua p." impossible à distinguer du début de la vraie citation. Nous remettons les choses dans ce que nous croyons être leur ordre original.
418. Bien que le texte des autres mansucrits "deliberatiuae" retenu par Wessner ne soit pas impossible, nous préférons, comme en 452, 2, l᾽adjectif "deliberatiuum" accordé à "locum", texte de V.
419. Wessner édite "id est a te faeneratum" en évacuant complètement le problème posé par la présence de "ei" après "est" dans O et V ("id est ei a te"), mot dont on est sûr qu᾽il n᾽est pas un ajout puisqu᾽on le retrouve chez R et C sous la forme "idem etate". De ce fait il est tentant d᾽éditer "id est et a te", dans lequel l᾽adverbe "et" en tête de reformulation a très bien pu être mal compris. En tout état de cause "a te" avec ou sans "et" glose le "istud" de Térence.
420. Wessner édite "laborauerit", conjecture de Westerhof, mais l᾽indicatif "laborauit" est attesté par tous les manuscrits utilisés par Wessner.
421. Wessner édite le proverbe grec sous la forme "τῶν ὤτων ἔχω τὸν λύκον· οὔτε γὰρ ἔχειν οὔτ᾽ἀφεῖναι δύναμαι" (je tiens le loup aux oreilles. Je ne peux en effet ni le tenir ni le lâcher). Ce texte, notons-le, n᾽est pas seulement le proverbe, mais aussi l᾽analyse du proverbe. D᾽après Wessner ce texte provient à la fois de l᾽editio princeps et du Codex de Cujas collationné par Pierre Pithou. Il y a fort à parier que Pithou (au contraire de ce que dit Reeve (1978, 324), qui dit qu᾽on ne le sait pas) a collationné le manuscrit Cujas sur l᾽éditio princeps ou une édition semblable qui portait donc le texte complet du proverbe et de son analyse et qu᾽il a du coup pu très bien allonger le texte du Codex Cujas. De fait, il faut sans doute mettre au compte de l᾽editio princeps la version longue du proverbe, voire tout le grec, car si R et C laissent place pour du grec qu᾽ils ne retranscrivent jamais, V, qui, lui, systématiquement tente d᾽écrire le grec, ne présente aucune trace de grec à cet endroit ni de lacune (O non plus d᾽ailleurs). On peut donc supposer qu᾽il y a en fait deux traditions, l᾽une portant simplement "graecum prouerbium" à charge au lecteur de savoir lequel, l᾽autre portant le proverbe lui-même, sans son commentaire, lequel émane sans doute de Macarios le parémiographe du XVe siècle (cf. 8, 44, cité par Otto (1962), avec un texte très comparable). Les Humanistes ont voulu de toute évidence compléter l᾽information de Donat avec leurs propres ressources. Nous éditons donc, sous réserve, uniquement la "version courte" du proverbe grec.
422. V, seul manuscrit de la collection utilisée par Wessner pour ce passage, donne ici "leno scies", au lieu de l᾽unanime "leno sies" des manuscrits térentiens. Estienne ajoute "ne parum" et lit "sies", ce qui est le texte usuel de ce vers. Si "scies" n᾽est pas une simple erreur de graphie, c᾽est que le commentateur lisait un autre texte pour ce vers avec un sens "ah vraiment, maquereau, tu sauras trop peu...". Dans ce cas l᾽ellipse n᾽est plus sur le verbe de crainte comme le soupçonnait Estienne, car dans cette hypothèse "ne scies" ne peut se comprendre qu᾽avec la particule affirmative "ne" et non la conjonction finale négative. On comprend alors pourquoi Estienne a cru bon d᾽ajouter au lemme les mots "ne parum", afin de faire porter l᾽ellipse sur la construction en "ne" et ainsi conjecturer de façon tout à fait logique "uereris" comme objet de l᾽ellipse.
423. Ici Wessner ajoute, en suivant Estienne, un "enim" qui ne sert absolument à rien.
424. V porte ici "mîs", RC "mis.", ce qui a conduit Wessner à conjecturer un "metuis" qui reprend l᾽idée d᾽Estienne ("uereris") en serrant de plus près le texte de ses manuscrits et en se fondant sur l᾽autorité de Plaut., Pers. 686 : "Ne non sat esses leno, id metuebas miser". Toutefois nous avons vu que la reconstruction d᾽Estienne reposait sur un a priori de sens que la lecture de V invite à reconsidérer. Nous supposons que le dernier "mot" de la scholie, c᾽est-à-dire la forme abrégée "mis", peut avoir en réalité sa fin dans le premier mot du lemme suivant "aere". Car nous noterons que le commentateur analyse "suo" dans le vers
511 et absolument pas "aere". Nous reconstituons la série ainsi : "miserariEMPTAM" devenu par contagion avec le mot précédent chez Térence "aere" quelque chose comme "miserAEREEMPTAM". Il ne restait plus qu᾽à abréger "miser" exactement comme nous le lisons, et l᾽ensemble n᾽avait plus de sens. D᾽ailleurs le manuscrit a porte trace de l᾽absence de "aere" car il omet toute la scholie, c᾽est-à-dire le lemme et son explication, et reprend de façon très symptomatique à "emptam".
425. Sur la suppression du mot "aere" de ce lemme, voir les notes apposées au lemme et à la scholie du vers 508, dans le texte latin.
426. Wessner édite "quasi" qui est sans doute la leçon de O et de ceux qu᾽il appelle les "deteriores". RCV donnent "quia" qui est tout aussi satisfaisant.
427. Wessner édite ici "ὁμοιοτέλευτον" (homéotéleute), texte de l᾽editio princeps. Le seul de ses manuscrits portant du grec est comme toujours V qui écrit "ομονοντενενεη". A partir de ce "mot", Estienne supposait judicieusement ὅμοιον τῷ γένει (identité de genre), et Schoell "ὁμοιόπτωτον" (identité de cas). Notons que si Estienne convainc sans mal sur sa restitution du début, la fin est plus problématique. De plus, ces trois solutions proposent un commentaire assez tautologique. Nous supposons qu᾽il y a en fait un mot latin coincé au milieu du grec et qui sépare deux commentaires distincts en grec : "et" visible dans le τ qui suit ομονον chez V et qui peut être le résultat de la lecture de l᾽abréviation ┐. Dans ce cas, il faut comprendre que le groupe ενενεη est un autre mot grec, deux en l᾽occurrence, pensons-nous, pour donner le traditionnel ἐν ἤθει. Dans ce cas le commentaire ce comprend très bien : Donat commence par relever le trait phraséologique d᾽archaïsme puis dramaturgiquement une caractérisitque de l᾽amoureux Antiphon, décrit impitoyablement par le "leno" Dorion.
428. Ici commence une lacune de
9 mots dans les principaux manuscrits utilisés par Wessner, mais l᾽editio princeps et les manuscrits Mma portent tous trois le texte exact de cette scholie 4, que U place en marge. Toutefois, si l᾽on suit Reeve (1978,
610 et suiv.), ce texte est très suspect. Car, selon lui, dans cette section du Phormion, RCKV proviennent du manuscrit de Mayence (recopié par Aurispa et Decembrio) et O du manuscrit de Chartres (recopié par Aurispa). Donc, soit le texte "long" est une invention d᾽un copiste du XVe siècle (par exemple le très soigneux scribe de M), soit les manuscrits qui le donnent (dont l᾽important manuscrit M) ne dérivent pas des deux manuscrits jugés source de tous les autres ici, Mayence et Chartres.
429. Wessner édite "iure lenonum... in quo..." ce qui est, pour le début, une conjecture de Schoell et, pour la suite, le texte de R et C, lesquels au début lisent "me lenonem". Nous éditons le texte, excellent, de OVMma.
430. Signalons que V et R ont lu le "n." du lemme ("nihilo") comme abréviation de "enim". De toute évidence c᾽est fautif.
431. Wessner édite ici un "non" qui provient d᾽une suggestion de Guyet et qui paraît totalement à contresens s᾽il s᾽agit bien de parler du verbe "adiuuo". Dans ce cas, on voit mal pourquoi il ne faudrait pas prononcer le second "u" qui fait partie du radical. Ce que Guyet voulait sans doute dire c᾽est que, dans le vers de Térence, il faut lire non pas "adiuuerit", comme le font tous les manuscrits ou presque, mais "adiuerit", du verbe "adeo". Le vers se comprend en effet aussi avec le verbe "adeo". On est en droit de supposer que Guyet utilise le texte de Donat pour accréditer sa propre conjecture dans le texte de Térence. Le problème est que le texte de Donat sur lequel il s᾽appuie repose sur un "non" qu᾽il a lui-même ajouté... Donat, dans le texte donné par les manuscrits que nous suivons, met donc en garde contre une prononciation trop rapide qui ferait confondre les formes proches issues respectivement de "adiuuo" et de "adeo", étant bien évident qu᾽il veut accréditer la leçon "adiuuo". De fait, s᾽il visait à proposer une variante texutelle, il ne dirait pas "pronuntiari", mais "legi" ou "scribi". Ici ce qu᾽il vise c᾽est vraiment la restitution phonétique du bon verbe.
432. Le texte "comiter" peut être satisfaisant en l᾽état. Le rapport sémantique postulé entre "comiter" (de façon affable) et "κόσμος" (idée d᾽ordonnancement) est concevable ; le fait qu᾽un mot latin ait un étymon grec ne pose aucun problème théorique en soi : il en existe de nombreux exemples. Mais le rapport phonétique entre "comiter" et "κόσμος" n᾽est pas véritablement prégnant ; on pourrait donc penser à corriger le texte. Selon nous, il y a trois corrections possibles : 1. "comiter ueteres dixerunt παρὰ τὸ κῷμος" (les Anciens disaient que "comiter" venait de "κῷμος") : c᾽est une étymologie historique colportée par Varron : LL 7.89 : "comiter hilare ac lubenter, cuius origo graeca κῷμος, inde comisatio latine dicta et in Graecia, ut quidam scribunt, comodia[m]" ("comiter" signifie "hilare" et "lubenter" ; l᾽origine de ce mot est grecque : "κῷμος" ; de là le mot de "comisatio" en latin, et en grec, comme l᾽écrivent certains, le mot de "comoedia"). 2. "comiter ueteres dixerunt παρὰ τὸ comis" (les Anciens disaient que "comiter" venait de "comis") : c᾽est une remarque morphologique et non pas étymologique, mais le fait que Donat ait délimité l᾽autonyme "comis" au moyen de "παρὰ τὸ" ("τό" servant occasionnellement de délimiteur d᾽autonymie latine), a pu perturber la transmission du texte et inciter le copiste à transformer le mot latin en mot grec. De fait, les mansucrits donnent à la fois "παρὰ τὸ κόσμος","παρατοκοσμα", et "putacosmos". On pourrait donc dire qu᾽une meilleure formulation serait "cosmis", qui est la forme archaïque de "comis", dont on n᾽est pas sûr que Donat puisse la connaître (cf.DELL d᾽Ernout-Thomas). 3. "cosmiter ueteres dixerunt παρὰ τὸ κόσμος" : c᾽est la possibilité la plus intéressante mais la plus complexe. Elle implique de postuler l᾽adverbe "cosmiter", qui ne semble attesté nulle part et qui pourrait être analogiquement formé sur "cosmis", lequel adjectif se trouve dans le vase de Duenos (CIL I², 4), peut-être dans le "carmen saliare", et peut-être chez certains lexicographes connus de Donat.
433. Excellente conjecture de Westerhof suivie par Wessner, les mansucrits portant tous "comiter" ou peut-être "conuenienter" (m), la première leçon étant clairement inspirée du commentaire précédent. De fait ce qui est décrit ici est bien un procédé comique.
434. Wessner édite le texte conjecturé par Schoell : "ETIAM TV HINC ABIS ut ᾽etiam tu stas ? quid tibi uis ?᾽". Les manuscrits portent "etiam tu hinc abis ut etiam ut si qua tibi uis", ce qui n᾽a évidemment aucun sens. Nous supposons, comme ailleurs, une difficulté à déterminer où s᾽arrête le lemme et où commence la scholie. Si l᾽on considère avec "qua tibi uis" que le commentaire rapporte la formule du lemme à l᾽expression "quid tibi uis ?" (ce qui est la suggestion de Schoell), il faut comprendre que le commentaire porte sur une formule de congé ("veux-tu encore quelque chose ?"). Dans ce cas, il y a lieu de supposer que ce que commentait Donat n᾽était pas toute la réplique de Géta, mais seulement la formule "etiam tu" (encore toi !). On postule alors qu᾽il lit chez Térence deux phrases "etiam tu ? hinc abis ?" et non une seule comme la plupart des éditeurs modernes le pensent. Donat établit donc un lien entre "etiam tu" et "quid tibi uis", marqué par le "ut" bien conservé par les manuscrits. Il est alors tentant de voir dans le "hinc" introduit dans le lemme la marque d᾽un ancien "hic" et d᾽arriver au texte que nous éditons : "ETIAM TV hic etiam tu ut quid tibi uis". Une fois le "hic" intégré au lemme sous la forme "hinc", "abis" s᾽est introduit pour achever la réplique, provoquant immédiatement le désordre dans ce qui suit, qui devenait incompréhensible.
435. Wessner édite ici une conjecture monumentale d᾽Estienne : "NI ETIAM NVNC ME HVIVS CAVSA QVAERERE IN MALO IVBEAS CRVCEM quasi dicat" etc. Le lemme, correspondant à l᾽intégralité du vers 544, ne se trouve pas dans les manuscrits RCV. On en trouve un morceau dans O et m, dans une partie qui, n᾽ayant pas été reconnue comme lemme, a été insérée dans la scholie précédente : ainsi O et m disent, en enchaînant directement sur la scholie au vers 542, "(si qua tibi uis) an malo iubeas quasi in malo aliud malum". On voit que la séquence "an malo iubeas" est une mélecture de "in malo iubeas" du vers 544. Pour nous, c᾽est le lemme, le reste étant la scholie. L᾽ensemble s᾽interprète plutôt bien.
436. Nous suivons ici scrupuleusement le texte de I, qui est le seul à indiquer qu᾽il s᾽agit d᾽un proverbe et que Térence traduit ici textuellement Apollodore. Wessner, qui ignore I, éditait "...AMICO Apollodorus μόνος etc."
437. Le texte prêté à Apollodore, donné assez consensuellement et fidèlement par IVR (qui n᾽est pas coutumier de la notation du grec en général), pose des problèmes métriques qui se résolvent peut-être par la suppression de l᾽article, pour donner une fin en "φιλεῖν φίλους". Mais, puisque les trois manuscrits, qui ne sont pas de même famille, ont tous les deux l᾽article, c᾽est sans doute parce que l᾽archétype (donc sans doute Donat lui-même) l᾽avait. Nous le conservons donc, comme texte donatien probable, quoique métriquement défectueux. Le caractère manifestement proverbial du tour, avec notamment la répétition "amicus amico" chez Térence, "φιλεῖν φίλους" chez Apollodore, a incité l᾽editio princeps à raccourcir le lemme pour commencer la scholie à "amicus amico", précédé de la mention "παροιμία",
438. Ce texte provient de I, Wessner n᾽éditant pas le dernier mot suivant V et R qui arrêtent la citation après le pronom. Tel quel, cet énoncé ne peut constituer un sénaire, il lui manque un mot de forme crétique sans doute un adjectif signifiant "pénible" ou "incurable", comme l᾽atteste la version de ce proverbe chez Sénèque, Epist. 108,
28 ("insanabilis"). Il faudrait compléter métriquement le vers par exemple par quelque chose comme "δυσχερές" (pénible).
439. Wessner édite suivant Estienne "ferre condicionem", là où tous les manuscrits ou presque portent "per condicionem". Le verbe "ferre" est assuré par I, qui porte "uetus sermo ferre condicionem", mais on peut penser que la forme complément de "dicimus" est "fer" l᾽impératif et non l᾽infinitif. On comprend aisément qu᾽un scribe ait pu hésiter devant "fer condicionem" et se dire que c᾽était une faute pour "per condicionem". A partir de là, le texte se comprenait et il n᾽y avait donc pour les copistes successifs aucun moyen de voir qu᾽ils se trompaient.
440. Texte de GV par exemple, Wessner édite "ante an post" qui, grammaticalement, est plus satisfaisant, mais qui ne se trouve, parmi ses manuscrits, que dans O. RCK portent "ante tempus nupti(i)s" ce qui ne convient guère au contexte.
441. La nature de la variante textuelle dont il est ici question est très difficile à déterminer à la lecture des manuscrits. Le texte choisi par Wessner -et que nous reprenons- n᾽est que l᾽une des diverses possibilités. Certains voient deux verbes et opposent "excutiam" et "excruciat", d᾽autres plus nombreux voient un changement de personne "excutiam / excutiat", d᾽autres remettent en cause la présence de "me" et donnent comme variante "ut excutiam". A l᾽exception de "excruciat" qui, en l᾽état, est un solécisme, tout le reste peut représenter une variante lue par Donat de façon plausible.
442. Wessner éditait "<μόνος> έγὼ γάρ εἰμι τῶν <ἐμῶν> ἐμός", mais le manuscrit I donne exactement, et parfaitement graphié, le texte que nous proposons, qui a d᾽ailleurs une allure plus sentencieuse, et qui peut recouvrir une fin de trimètre iambique. En revanche le texte restitué par Wessner se scandait plus difficilement.
443. Comme souvent avec cet adverbe, on trouve une variante "uetuste" ici représentée par G. Nous conservons le texte apparemment le mieux attesté.
444. Certains manuscrits portent cette forme "transigere" que l᾽on trouve également chez Servius, alors que l᾽on édite généralement "transiere". Il est possible que, si Servius recopie la forme qu᾽il trouve chez Donat, notre commentateur ait lu ici "transigere". Pour le sens, cela ne fait aucune différence ou presque.
445. Texte consensuel de la plupart des mansucrits que nous préférons à la conjecture d᾽Estienne reprise par Wessner "adaucto".
446. Wessner suit ici une habile conjecture d᾽Estienne et édite "hoc uolup nomen est ut hoc facul ; sic enim...". Les mansucrits portent unanimement dans le lemme "uolupe" et une forme "facultatis", et beaucoup d᾽entre eux une forme "uoluptatis" dans la scholie. Nous supposons que le segment "facul facultatis" sur le modèle "uolupe uoluptatis" a été haplographié.
447. Ici Wessner suppose un lemme "compluria" qu᾽il tire d᾽Estienne. C᾽est inutile.
448. Wessner édite " ᾽complura᾽ dicunt. Sic et Cato etc...", qui se fonde sur V jusqu᾽à "dicunt", et, pour le reste, sur des éléments disparates venus de divers manuscrits. Le texte que nous retenons est pour l᾽essentiel celui de D, qui lit "complura primus dicit ducto cato". On voit bien ce qui a pu se produire en observant les autres témoins. Le groupe "ducto cato" laisse entrevoir une haplographie du type de ce que nous proposons "ductore eo cato" où la succession de "e" et de "o" a jeté la confusion.
449. Nous suivons ici le texte de D, les autres manuscrits portent tous "credo", évidemment lectio facilior entraînée par le syntagme tardif bien connu "credo quia", qui ne nous paraît pas autrement attesté dans le commentaire de Donat. Nous considérons qu᾽il s᾽agit d᾽un mot de la citation cicéronienne que seul D a conservé sous sa forme originale, la deuxième personne se comprenant aisément dans la traduction d᾽un dialogue.
450. Les manuscrits donnent consensuellement ce texte, sauf D qui ne donne aucun adjectif devant "aestimatio". Wessner édite "commodum", qu᾽il répète du lemme, mais il serait étrange qu᾽aucun scribe n᾽y ait pensé avant lui. Nous suggérons une sorte de jeu de mots étymologique du commentateur.
451. Wessner édite entre cruces "mihi commodum est aut dare uestimentorum posueram", ce qui est le texte de D qui n᾽a aucun sens. Les scribes se sont déchaînés pour tenter de sauver ce passage. Notre texte se rapproche beaucoup de celui de G qui lit "mihi commodum est an tu da uestimenta reposueram". Les plus nombreux lisent "aut uda uestimenta", et Estienne les a suivis, non sans avoir rajouté en tête de la citation, comme nous le faisons, un "quod" qui se trouve dans plusieurs manuscrits d᾽importance, l᾽ensemble donnant une structure trochaïque. Il va de soi que, privé de tout contexte, ce texte n᾽est rien de plus qu᾽une conjecture qui fait droit à l᾽intuition des éditeurs de Lucilius qui y voient un vers à connotation érotique.
452. On peut ici hésiter entre ce texte et celui de RCV "separatim". Il est tout à fait possible qu᾽une abréviation, de "separatim" ait été lue "furtim" ou que le mot "furtim" ait été pris pour l᾽abréviation de "separatim", en particulier avec une s haute et un abrègement de "par". Le sens n᾽en est guère affecté.
453. Nous conservons ici le texte "libuit", mais un certain nombre de manuscrits importants de Donat donnent "licuit", tout comme le codex Bembinus (A) de Térence, qui date, rappelons-le, à peu de choses près de l᾽époque de Donat.
454. Nous suivons ici exactement le texte de D. Wessner, qui s᾽appuyait plutôt sur l᾽édition Estienne, éditait "QVID NIMIVM QVANTVM LIBVIT apud quosdam...". Il nous semble que le désordre observable dans les manuscrits sur le mot édité par Wessner "quantum" indique une possible corruption du début de la scholie, confondue avec la fin du lemme. D fournit un texte parfaitement cohérent et, de plus, particulièrement intéressant sur le plan de l᾽ecdotique térentienne. Le "quamquam" qu᾽il est le seul à avoir conservé pouvait être abrégé dans les modèles communs d᾽une manière si sibylline que chacun y est allé de sa propre reconstruction "quantum quia" (KV), "quantumque" (M), "quantumcumque" (t) etc.
455. Wessner édite "PARVI RETULIT nihil interfuit uel parum interfuit, id est etc.". Cette leçon est garantie notamment par l᾽important manuscrit G. Mais trois autres manuscrits majeurs, KVD, portent, au lieu de "parum interfuit" le mystérieux énoncé "inter parum fuit" (que nous conservons). Cette leçon est assez bizarre pour expliquer les nombreuses corrections en "parum interfuit", qu᾽on trouve dans la majorité des témoins. Mais si l᾽on part du principe que cette "lectio difficilior" attestée dans de très bons manuscrits doit être privilégiée, il nous semble qu᾽on peut la sauver à peu de frais en ajoutant quelques éléments qui ont pu être simplifiés par haplographie ou déplacés. On constate en tout cas du flottement dans la forme du lemme : "parui retulit", mais aussi "retulit" (D), "retulit parui" (J) et même "retulit parue" (K), qui nous met sur la voie de "parua re", devenu "parui" comme si c᾽était un lemme et non la scholie. A ce stade, le texte dit quelque chose comme "parvi retvlit parvi nihil vt parvm interfvit vel inter parvm fvit"... On comprend le désarroi des copistes, qui ont tenté de redonner une cohérence à ce fatras.
456. Nous reprenons le texte de JK appuyé par RC ("inditio") contre Wessner qui édite une conjecture de Wieling "inductio". V propose "indictio" qui n᾽a pas grand sens. La construction du double datif tronqué du datif de personne a pu égarer les copistes. On peut aussi faire droit au texte de D "iudicio" appuyé par O ("iuditio") et considérer que cet ablatif complète l᾽expression "opus est". Il faut alors ponctuer "iudicio. doli est" et comprendre "<j᾽avais besoin> d᾽un procès. Mais c᾽est de la ruse...".
457. Wessner suit Estienne et édite "cui rei nihil". Or tous les manuscrits sauf G (peut-être) et U qui portent "uix ei" et O qui porte "iure" mais avant une importante lacune, donnent "uir ei" dans lequel "uir" ne peut se rattacher qu᾽à la phrase qui précède. La mention de "uir" peut paraître inutile, mais sans doute est-elle explicable par la fait que, dans cette réplique, Géta fait parler Phormion. "Vir" réfère donc à Phormion et non à Géta.
458. Passage extrêmement corrompu et probablement irrémédiablement endommagé. Wessner édite "παρέλκον tertium : [hoc] idem enim ualet ᾽utrum᾽ quod ᾽an᾽", ce qui est le texte de UVz, mais, en réalité, il règne sur toute la fin le plus grand désordre, avec quelques constantes dont le fait de terminer la scholie sur "quod an" parfois "quodam" (GJ) et d᾽enchaîner sur la scholie suivante qui commence en "dicam". Mais O suivi par m présente un texte extrêmement original et très probablement le vestige très abîmé de la bonne leçon. On lit chez eux, après une lacune qui correspond à "παρέλκον tertium", le segment suivant "hoc idem enim sic ualet utrum quoadiuuandi omnia sint" et il n᾽y a pas de lemme suivant, mais la scholie du vers 660, ce qui montre à l᾽évidence que c᾽est à cette frontière scholie / lemme que tout s᾽est joué. Dans le désordre de O on reconnaît toutefois, malgré une inversion de mots, And. 525, ce qui explique immédiatement le "sic" que ces deux manuscrits sont seuls à donner. De ce fait c᾽est "utrum" qui devient suspect, car on attend "ut". Les autres manuscrits, qui ont arrêté la copie à "an" et sont passés au lemme suivant ne pouvaient plus comprendre le "ut" qu᾽ils ont "normalisé" en recopiant un morceau du lemme, donnant ainsi le texte de Wessner. Dans la citation, on observe "dixit" qui devait être abrégé comme le montrent les débris qu᾽on lit dans O, et de ce fait le "di." a été interprété comme le début du vers
660 "dicam", et les copistes ont embrayé sur "scientem" en éliminant la citation. Sur un segment "utrum quod an di. scientem", ils ont fait aisément "utrum quod an. dicam scientem...".
459. Wessner édite "et", mais tous les manuscrits portent "ut" que nous conservons.
460. Texte de G, là où Wessner a cru bon de suivre Estienne et d᾽éditer "conceduntur ab alio <decem>. de reliquis decem superest...". De fait les manuscrits omettent "decem" après "alio" et le mettent entre "reliquis" et "superest". Or celui qu᾽ils omettent est indispensable, le dernier ne l᾽est pas. Seul le copiste de G a conservé le texte.
461. Wessner édite "disputatio. nam difficilis ad dandum", ce qui est le texte de R pour "disputatio", mais une correction d᾽Estienne pour "nam", tous les manuscrits portant "non". Nous rétablissons "dubitatio" de tous les autres manuscrits ainsi que le "non" unanime et voyons dans "ad dandum", absurde avec "non", la corruption d᾽un difficile "an dandum" qui est appelé par "dubitatio".
462. Wessner attribue cette scholie au vers
666 pour des raisons qui nous échappent. Nous lui rendons sa place.
463. Le texte n᾽est pas absolument certain, bien que le sens ne fasse aucune doute. Une partie de la tradition lit ici "minus dante Demiphone" sans indication de chiffre. Mais la chute du "x" ("decem") final a pu entraîner une correction de "minas" en "minus", nous conservons donc la tradition la plus complexe.
464. Texte de tous les manuscrits, contre une conjecture d᾽Estienne reprise par Wessner, "ei". Evidemment, le mot "res" doit être compris ici au sens de "patrimoine".
465. Passage très corrompu dans toute la tradition. Wessner édite ; "
2 REDDVNT PRAEDIA proprie de fructu dixit ᾽reddunt᾽.
3 FRVCTVM QVEM LEMNI VX R. P. σχῆμα διανοίας· ἐφεξήγησις". Mais les manuscrits sont tout sauf unanimes. Certains ne présentent pas la scholie
2 et on voit que ce peut être dû à un saut du même au même (de "REDDVNT PRAEDIA" du lemme
2 au "REDDVNT PRAEDIA" de la scholie suivante). En revanche, il y a sur la scholie
3 de Wessner le plus grand désordre, dû à la présence de grec. Une chose est sûre ; rien ne permet d᾽attester le génitif διανοίας que postule Wessner. Nous le supprimons donc. Seuls V et R proposent quelques caractères grecs, σχηματων (V), σχημαΓεν (R), ce dernier suivi d᾽une lacune. Cela laisse peut-être supposer le terme σχημάτιον, mais nous ne le retenons pas parce que Donat ne l᾽utilise pas par ailleurs. Plusieurs manuscrits ont une lacune. Quelques-uns ont "scema". Pour la suite, ceux qui identifient une figure de style s᾽accordent sur l᾽épexégèse (avec des hésitations orthographiques sans incidence sur cette interprétation). Mais quelques manuscrits importants (RCOVK...) présentent une fin de scholie fort différente et peu homogène dans laquelle on reconnaît toutefois les mots "efferri" et "iussit", alors que "clipeum" est reconnaissable plus ou moins dans des formes comme "diperim" (CRK), ce qui permet d᾽identifier (comme chez O et m) le vers virgilien, En. 5, 359, qui contient de fait une épexégèse. Le segment "d. a." (ou "da" chez D), "id a." (RCK), "i. a." (V) invite à lire les initiales des mots qui complètent le vers "Didymaonis artem". La présence du grec, suivie dans la foulée d᾽une citation sans doute abrégée dans sa fin, a rendu les scribes non hellénistes incapables de distinguer où finissait le grec. Ils ont sans doute amalgamé les segments "ef" de "ef(f)exegesis" et de "efferri", pour soit éliminer le début (donc le grec, présent seulement en forme de lacune), soit la fin, donc la citation.
466. Les manuscrits se partagent entre "argentum" (choix de Wessner) et "sumptum". "Sumptum" n᾽a aucun sens, car il est masculin comme "fructum", et "argentum" qui est neutre permet de comprendre "id". Notons que O a peut-être la bonne leçon en lisant "fructuum", il indiquerait alors que ce qui gêne Donat c᾽est la possibilité de reprendre "fructus" qui est masculin par "id", il propose une construction avec le génitif complément de pronom neutre. Le texte lu "non fructum sed fructum" a pu conduire à deux corrections, "argentum", pour le genre, et "sumptum" par simple synonymie, considérant sans doute la parenté phonique et graphique des deux mots.
467. Wessner, suivant Schoell, suppose ici une lacune, mais la phrase est parfaitement compréhensible sans. Ce texte, de plus, n᾽apparaît que dans quelques manuscrits (majeurs il est vrai) comme RCDK. Peut-être cette scholie est-elle suspecte, mais l᾽importance des témoins qui la donnent nous la font conserver.
468. Les manuscrits hésitent ici entre "hoc est", "id est" ou rien (choix de Wessner), avec une nette majorité pour "hoc est", puis un assez grand nombre de "id est". Nous pensons que "id est" est sans doute le bon texte, un copiste méthodique l᾽ayant "corrigé" en "hoc est", choqué par la succession "satisne id est id est idne". D᾽autres ont été victimes d᾽une haplographie.
469. Wessner édite "locutus est, ut posset <per> quam aliter interpretari a geta, qui respondet". Ce texte pose une première difficulté, qui est la construction passive d᾽"interpretari", le "a" étant unanime dans les manuscrits. Il nous semble toutefois que, même si le sens passif n᾽est pas inconnu de la langue tardive, c᾽est la place du sujet "geta" appelée par la relative qui suit qui a entraîné l᾽émergence sans doute à date très ancienne de ce "a" passé dans toute la tradition. Le "per" de Wessner est une conjecture de Schoell, les manuscrits portant massivement "nequaquam" en un ou deux mots et, pour quelques autres, une conjonction commençant par "qu-", mais, dans ce cas, toujours placée après "posset". Nous pensons que le segment "ne posset quaqua" a pu être lu comme une tmèse (volontaire ou fautive) et "rectifié" en "nequaquam posset". La présence de la négation fait contresens ici, mais elle devient inévitable dès lors qu᾽on ne sent plus que "ne" est un autonyme et un interrogatif. De plus, un manuscrit, z, semble avoir lu quelque chose entre "ut" et "ne", car il écrit quelque chose comme "uti ne". Il nous semble qu᾽il met sur la voie d᾽une restitution non pas du seul "ne", mais de "satisne" abrégé "s.ne". Les copistes devant ce segment ont choisi soit d᾽ignorer le "s." et de garder "ne", en le rapprochant de "quaqua(m)" soit d᾽éliminer le groupe entier. Enfin, nous restituons le futur "respondebit" dans la relative en suivant de bons témoins (OJG).
470. Texte de O, qui est le seul avec a à avoir conservé le texte. Les autres manuscrits lisent "satisne id est" comme lemme et rapportent la scholie au vers 683, mais on ne comprend absolument plus le commentaire. Wessner éditait au vers
683 une scholie
3 qu᾽il recomposait ainsi sur une conjecture de Schoell : "SATIN EST ID <ἐ>ρώτη<μα> est ".
471. Wessner édite "prouerbiale, non enim" où "enim" est une conjecture personnelle. Or, les manuscrits donnent unanimement "prouerbiale", mais ensuite hésitent entre "nomen", "nomen non", "non", "noui" et "nota". Ce désordre provient selon nous de la présence de grec à l᾽origine. En effet, l᾽adverbe "prouerbiale" n᾽existe pas et l᾽expression "prouerbiale nomen" (nom proverbial) ne semble pas coïncider avec ce qui est décrit (un énoncé verbal "ulcus tangere") et n᾽est pas attestée chez les grammairiens. De plus, "tangere ulcus" n᾽est donné par Otto (1962) comme proverbial que parce que précisément la vulgate de Donat le lit ici. Aucune forme semblable ne se trouve chez les parémiographes. La forme grecque "ἀλγοῦμεν" peut ici rendre compte de "ulcus tangere" avec l᾽emphase voulue par la situation. De plus la succession "prouerboAΛΓΟΥΜΕΝ" s᾽interprète aisément si l᾽on ignore le grec en "prouerboale oumen" qui devient par "correction" "prouerbiale nomen". Ensuite "nomen" a dû être abrégé sous la forme "nő" et se confondre avec la négation suivante d᾽où "nomen" seul ou "non" seul ou "nomen non". Quant à "noui" et "nota" isolés, ils témoignent plus du désordre qu᾽ils ne fournissent de solution.
472. Wessner édite : "† cidonia gallina", qui ne signifie rien. Les manuscrits sont partagés (V propose par exemple "qua domo", ce qui est une lectio facilior) ; on peut penser à plusieurs adjectifs ou nom d᾽oiseaux proches de "cidonia" et qui pourraient qualifier "gallina" : "cydonia" (crétoise), "sidonia" (de Sidon), "ciconia" (cigogne), "cicuma" (la chouette), "cycnea" (le cygne). Mais aucun de ces termes n᾽est satisfaisant. En revanche, un passage d᾽Elien (Hist. Anim. IV, 42) nous donne la réponse : il faut lire "calidonia" (de Calydon) : la "gallina calidonia" désigne en fait la pintade ("meleagris" en latin). En effet, selon la légende, les sœurs de Méléagre, originaires de Calydon, furent transformées en pintades après la mort de leur frère, parce qu᾽elles ne cessaient de déplorer sa mort. On voit bien le lien entre cette histoire et le proverbe : pleurer un frère (Méléagre), ou pleurer un mari (dans le proverbe), les deux ayant disparu trop tôt. Donat se souvient peut-être également de la transformation des sœurs de Méléagre en pintades telle que la décrit Ovide dans ses
Métamorphoses (VIII,
540 et suiv.). L᾽extrait d᾽Elien est le suivant : "λέγουσι δὲ καὶ τὰς καλουμένας μελεαγρίδας τὸ αὐτὸ δήπου δρᾶν τοῦτο, καὶ ὅτι Μελεάγρῳ τῷ Οἰνέως προσήκουσι κατὰ γένος μαρτυρεῖσθαι καὶ μάλα εὐστόμως. λέγει δὲ μῦθος, ὅσαι ἦσαν οἰκεῖαι τῷ Οἰνείδῃ νεανίᾳ, ταύτας ἐς δάκρυά τε ἄσχετα καὶ πένθος ἄτλητον ἐκπεσεῖν καὶ θρηνεῖν, οὐδέν τι τῆς λύπης ἄκος προσιεμένας, οἴκτρῳ δὲ ἄρα τῶν θεῶν ἐς ταῦτα τὰ ζῷα ἀμεῖψαι τὸ εἶδος" (et on dit que celles que l᾽on appelle les pintades [ou les Méléagrides, c᾽est-à-dire les sœurs de Méléagre] font précisément ceci : il leur appartient de témoigner, en vertu de leur parenté, pour Méléagre le fils d᾽Oenée, avec, assurément, une voix mélodieuse. Et la légende raconte que, étant donné qu᾽elles étaient parentes du jeune homme fils d᾽Oenée [c᾽est-à-dire Méléagre], elles tombèrent dans des larmes irrésistibles et dans un deuil sans fin, qu᾽elles firent entendre des chants plaintifs, et qu᾽elles n᾽acceptèrent aucun remède, de quelque sorte qu᾽il fût, contre leur chagrin ; et qu᾽ainsi par la pitié des dieux, elles prirent l᾽apparence de ces animaux).
473. Wessner édite "scilicet h", texte isolé de V, un consensus assez large plaide pour notre texte.
474. Wessner édite "ut et", texte proche de celui de V, mais "et item" est pratiquement assuré par la mélecture "etatem" de O et a.
475. Wessner édite : "et uoces eiusmodi dabant, † quae est ex hoc qui hunc sonum exhalandi praestant", ce qui est impossible à traduire. Les manuscrits ne proposent pas de leçon satisfaisante ; s᾽ils sont d᾽accord à peu près sur la fin "ex(h)alandi (uim) praesta(n)t", pour le début, en revanche, il règne le plus grand désordre. On trouve parfois "quae est oc quod oc" (OaM) avec diverses variantes sans importance, ou "quae est ex hoc quia hinc" (D), ou encore "quae est ex hoc qui hunc" (R) etc. De toute évidence, le problème est là. Encore faut-il savoir de quoi on parle, et c᾽est très probablement de la valeur d᾽onomatopée du "ha" de "halare", qui signifierait "faire ᾽ha᾽", et conséquemment "halitus", "le fait de faire ᾽ha᾽". On comprend alors ce qui s᾽est passé. Un copiste n᾽a pas noté l᾽aspiration (phénomène fréquent que l᾽on observe d᾽ailleurs sur "halitus" , "halando" et "hariolus") et a donc écrit "a". Un autre copiste a pris ce "a" pour "oc", confusion facile avec une graphie du type α, puis d᾽autres copistes, ne comprenant absolument pas ce "oc", l᾽ont "normalisé en "hoc" rendant ainsi le texte totalement incompréhensible. Puis la chose s᾽est reproduite après "quia" ce qui était normal. Bien que très attestée par les manuscrits, la forme "sonum" est très suspecte. En effet G et t montrent trace d᾽un passage délicat à lire puisqu᾽ils se reprennent en écrivant pour G "sol sonum" avant d᾽exponctuer les trois premières lettres et carrément "soli sonum" pour t. O et a ont directement "solum" sans aucune forme de "sonus". On comprend aisément comment le mot "sonum" a pu se glisser dans la tradition étant donné la nature phonétique du commentaire. L᾽ordre que nous éditons après "quia" est proche de O ("quae solum hoc exhalandi uim praestat"). La phrase de Donat est suffisamment embarrassée pour avoir perturbé gravement nos copistes.
476. Wessner n᾽édite pas ce mot, pourtant largement présent dans les manuscrits, et relativement important pour la scholie. Nous l᾽ajoutons, tout en constatant que des manuscrits RCODK ne l᾽ont pas. Il a pu être induit par une mélecture de "autem", le mot suivant dans Térence.
477. Tous les manuscrits portent, comme l᾽édite Wessner, "decrescere", mais ainsi rédigée la scholie est absurde. On ne peut absolument pas dire que les jours "commencent à décroître" avant le solstice d᾽hiver. La rareté du verbe "recrescere", et la proximité de "decrescentibus" ont pu égarer à date très ancienne un copiste.
478. Wessner édite "non aliter laeti nisi quia" conjecture personnelle qui ne s᾽impose absolument pas, le texte quasiment unanime des manuscrits portant "non aliter latini si", suivi de "quidem", "quia" ou "quidem quia". On voit aisément ce qui s᾽est passé. Par mécoupure du segment SICVIDEME, on a fait "si quidem" et ensuite normalisé ou non en éliminant "quia" qui empêche de construire. Notons un point très important : RCKVD (soit des manuscrits extrêmement importants) ont déplacé cette scholie et la suivante en 713. C᾽est de toute évidence une erreur, mais elle est essentielle pour analyser la transmission du texte.
479. Texte unanime des manuscrits contre Wessner qui édite on ne sait pourquoi "qui".
480. Wessner édite "me habes, me respice" dans la même scholie, mais les manuscrits invitent, en insérant très souvent "me uide" ou "me uides", à la solution que nous proposons et qui ajoute une scholie sur le sens actif de "uide", "regarde" et non pas seulement "vois".
481. Wessner conjecture ici "cum", contre le texte des manuscrits qui porte "ut". Le texte se comprend parfaitement avec une consécutive négative. L᾽adversative serait certes plus claire, mais elle n᾽est donnée par aucun témoin.
482. Ici RCV placent le segment "pro uoluntate hominis incerti ac leuis" qui paraît appartenir à la scholie
716 (OM par exemple), où il se comprend beaucoup mieux.
483. Nous suivons ici le texte de Wessner qui est celui de V, mais non sans précautions. En effet, d᾽après cette lecture, c᾽est le seul mot "malum" qui constitue l᾽"interiectio", qu᾽il faut prendre ici au sens rhétorique d᾽"incise". Or pour RCO et M, qui lisent seulement "interiectio (est)" sans précision du segment concerné, c᾽est sans doute l᾽ensemble de la réplique qui constitue l᾽"interiectio", Démiphon coupant la parole à Chrémès pour lui dire des choses peu amènes. Ce qui plaide en faveur du texte de V est un passage de Quintilien où le rhéteur, comme le fait Donat dans la fin de la scholie, omet le segment qui constitue l᾽"interiectio". Voir Quint. 4, 2, 121 : "maxime quidem breui interiectione, qualis est illa : ᾽fecerunt serui Milonis quod suos quisque seruos in tali re facere uoluisset᾽", alors que le texte de Cicéron (Mil. 29) porte : "fecerunt id serui Milonis — dicam enim aperte, non deriuandi criminis causa, sed ut factum est — nec imperante nec sciente nec praesente domino, quod suos quisque seruos in tali re facere uoluisset".
484. Ce mot est un ajout d᾽Estienne, mais il est indispensable car c᾽est bien "quaenam" et "quisnam" qui sont en jeu. L᾽anastrophe consiste à écrire "nam quis" ou "nam quae" au lieu de "quisnam", "quaenam". RCOV qui n᾽ont pas lu "nam" ne pouvaient pas comprendre.
485. Tous les manuscrits lisent "sed", Wessner choisit sans doute par hypercorrection "et", mais il n᾽est guère fondé à le faire. Tout se passe comme s᾽il s᾽agissait de la réponse à une objection : "mais ᾽nam quae᾽ est incorrect. -pas du tout mais c᾽est...".
486. Ingénieuse restitution de Wessner d᾽après le codex Cujas. Les manuscrits portent trace d᾽une probable haplographie O lisant "docte ren.", RC "doc.", et V avec une tentative habituelle chez lui de sauver "docteren" lit "docerem" qui malheureusement n᾽a aucun sens.
487. Wessner édite comme commentaire au vers
739 le lemme et la scholie suivants : "ET MEVM NOMEN mire nomen suum illa agnoscit, hic dissimulat". Le problème est que ce texte n᾽a pour lui que l᾽autorité d᾽Estienne. Les manuscrits sont ici assez unanimes à donner "ille" et non "illa", et le texte consensuel (à la notable exception de M) paraît donner "mire nomen suum ille agnoscit, uel dissimulat", qui dans le contexte du vers
739 n᾽a rigoureusement aucun sens. C᾽est pourquoi si on le laisse à cet endroit il faut intervenir sur les pronoms soit comme le fait Estienne de manière subtile, soit de manière absurde comme M qui a compris la difficulté mais propose un contresens "mire nomen suum ille agnoscit, illa dissimulat". Nous pensons quant à nous que le mot "nomen" premier mot de la scholie a pu entraîner le rattachement de ce commentaire au vers
739 où se trouve le mot "nomen". Or si on suit le texte des manuscrits, il paraît évident que, à la condition de sortir du lemme le premier "nomen", le texte parle clairement de Stilpon-Chrémès qui cache sa véritable identité. Nous considérons donc que cette scholie porte sur "Stilpo non", passage où il nie formellement répondre à ce nom. La succession "non nomen mire non suum" a pu être lue à un moment "nomen nomen mire non suum" et déplacée derrière le mot "nomen" un vers plus haut. Ensuite la succession "nomen mire non suum" où "nomen" est devenu le lemme a pu être à son tour lue "NOMEN mire nomen suum". A ce moment-là le texte était devenu incompréhensible. L᾽absence d᾽autre scholie au vers
740 rendait très facile le décalage.
488. Wessner ajoute ici "effutire dicitur" qui ne sert rigoureusement à rien.
489. Texte de V par ailleurs excellent. Le mot "efutilis" bien que rarement attesté dans la littérature, se trouve dans quelques textes tardifs.
490. Wessner édite ἀπαθῶς suivant une conjecture de Sabbadini (1894, 184) , Estienne préférant "ἀπαθής sit". Ces deux restitutions sont pour le sens parfaitement plausibles. Toutefois il faut noter qu᾽ici deux manuscrits tentent d᾽écrire ce mot grec et notent finalement tous deux à peu près la même chose : "ἀπλειωσ" (R) ou "ἀπλειῶ sit" (V). La lecture très consensuelle d᾽une succession απλ- ainsi que du groupe final -ως nous invite à choisir ἁπλοϊκῶς, terme rhétorique attesté chez Denys d᾽Halicarnasse et qui convient assez bien au contexte puisqu᾽il signifie "sans apprêt". Donat veut indiquer que Térence suit la juste mesure entre l᾽excès de douleur que pourrait manifester le personnage, et l᾽absence totale d᾽élaboration oratoire qui rendrait cette mort totalement insignifiante.
491. Wessner ajoute ici une considérable conjecture de Schoell qui rétablit on ne sait pourquoi les participes grecs supposés traduire les participes latins déficients (ἀφικόμενος λιπών). Cet ajout n᾽a aucune justification.
492. Ce texte, qui est celui de Wessner, est extrêmement probable compte tenu du commentaire que fait Donat. Toutefois, tous les manuscrits de Wessner et une bonne partie de la tradition térentienne lisent pour ce passage de Térence "causam" et non "casam".
493. Wessner édite "mulcari" (être frappé), mais les manuscrits semblent plutôt indiquer "mul(c)tari" (être puni).
494. Wessner place cette dernière phrase comme commentaire au vers 766, mais aucun manuscrit ne présente cette scholie à cette place. Nous rétablissons l᾽ordre des manuscrits.
495. RCO répètent "dum aliud aliquid" après l᾽adverbe qu᾽ils lisent d᾽ailleurs "uenuste", VMam et l᾽édition Calfurnio
1477 lisent, à l᾽exception d᾽"aliud" omis par certains, ce texte, qui nous paraît préférable. Wessner édite le texte de RCO avec l᾽adverbe "uetuste".
496. Wessner édite "terrorem" en suivant O, mais RCV attestent "errorem", qui signifie le quiproquo, la méprise. Comme la jeune fille est déjà mariée il n᾽y a guère à s᾽inquiéter de son mariage.
497. Tous les manuscrits utilisés par Wessner lisent ici "uenuste", la proximité de la citation enienne a poussé Klotz à conjecturer "uetuste", mais cette conjecture est peut-être inutile.
498. Wessner édite "sed et" (RC), mais "sed quid" de L et M est bien meilleur métriquement et stylistiquement.
499. Ce texte repose sur une conjecture d᾽Estienne, dans un segment où aucun manuscrit ne donne de texte satisfaisant. La plupart des témoins lisent "harum pecunie uenerit /fuerit", RCOVet K "aurum pecunie uenerit", n et m lisant "harum penuie", ce qui pourrait à la limite apporter de l᾽eau au moulin d᾽Estienne. En l᾽état sa restitution est particulièrement économique et fournit un sens satisfaisant à défaut d᾽être absolument clair. Si on le suit il est évident que Donat comprend "res" non pas au sens de "situation", mais au sens de "biens matériels". Son commentaire viserait donc à prévenir contre un regroupement abusif de "res aduersae" au sens figé de "malheur".
500. Wessner éditait "cum praeposuisset ᾽si hoc celetur᾽, <non> intulit ᾽sin nescitur᾽". Le "non" est une conjecture personnelle, pour un texte des manuscrits qui oscille entre deux traditions : l᾽une représentée par les manuscrits que Wessner privilégie habituellement (RCOVD) auxquels on peut rajouter K lit comme Wessner une forme verbale plus ou moins apparentée à "scire" ou "nescire" ("resciret", "nescierit", "nescitur", "rescitur"). L᾽autre tradition (mxtpnzGaJ par exemple) lit "sin patefit" avec quelques variantes. Il est évident que pour le sens la famille RCOVDK ne peut avoir raison en l᾽état car le texte n᾽a pas de sens. En revanche, les hésitations que l᾽on voit dans cette famille et non dans l᾽autre montrent que c᾽est bien là que se situe la difficulté, sur la présence ou l᾽absence d᾽une forme de "nescire". Nous reconstituons ainsi l᾽évolution de ce passage. A date ancienne, l᾽ordre des propositions a été inversé et on a dû lire quelque chose comme "cum posuisset si hoc celetur. intulit sin p. ./.nescitur" (pour "sin patefit idest nesctiur"). Le texte devenait alors difficilement compréhensible. Le ou les témoins à la source de RCOV etc. ont éliminé les deux abréviations "p../." et obtenu en gros le texte tel qu᾽on le lit avant l᾽intervention de Wessner. La source de l᾽autre famille a éliminé "idest nescitur" en considérant, avec un certain bon sens d᾽ailleurs, que placé là ce devait être une glose inutile et fausse de surcroît. Tel que nous le reconstruisons le texte fait droit aux deux familles et tente d᾽expliquer pourquoi ici il est impossible de suivre l᾽une ou l᾽autre des deux traditions à l᾽exclusion de l᾽autre.
501. Wessner édite une conjecture personnelle "qua sibi omnes conatus prouenisse laetatur", mais les manuscrits donnent tout autre chose et invitent à considérer que le texte en l᾽état est désespéré. Trois tendances se dessinent. 1- Tous les manuscrits sauf U et G qui ont une lacune, totale pour U et entre "quasi" et "omnis" pour G, portent "et quasi omnes/is". Ensuite, Mxt ont une lacune, VKDORC "scaena/ae" pour V, senatus pour GJ. Après "scaena" KO donnent une lacune. Pour la fin "prouenisse laetatur/-etur" se lit chez VUGMxtJRC, mais RCD signalent une autre leçon possible "prout in se (uenisse)" qui est la seule leçon de K. Le nombre élevé de manuscrits donnant une lacune, UKGMxtO, semble laisser supposer un mot grec, qui aurait été probablement "corrigé" en "scaena" (VKDORC) ou "senatus" (GJ). Il faut donc sans doute supposer vu la place de la lacune que tout le segment qui va du mot qui suit "omnis" jusqu᾽à la forme de "laetatur/laetetur" est corrompu. 2- Le mot grec doit signifier quelque chose comme la ruse ou l᾽adresse de la construction qui permet à Phormion de se vanter de son triomphe et il doit avoir pu être aisément pris pour une forme de "scaena". Nous proposons le mot σκευωρία, qui explique assez bien soit une lacune complète, soit l᾽apparition de "scaena" suivi d᾽une lacune (KO), soit la pure et simple prise en compte du mot latin DRC, soit encore l᾽étrange "scaenae uis" de V. 3-Reste un problème, la question de savoir pourquoi les manuscrits qui ne signalent pas de lacune soit DRJC sont-ils également ceux qui proposent une double leçon "prouenisse/prout in se (uenisse)". S᾽il faut supposer un verbe grec translittéré tant bien que mal par les copistes soit en "prouenisse" soit en "prout in se" soit les deux, on pourrait supposer προχωρῆσαι (réussir).
502. Wessner édite ce que paraît lui fournir le codex de Cujas "incertarum rerum", nous nous en tenons au texte des autres manuscrits.
503. Wessner lit comme Estienne "sine arte aliqua", texte qui n᾽a pour lui que l᾽autorité toute relative de G qui lit "sine arte". Tous les autres lisent "arte aliqua", ce qui se comprend parfaitement, y compris avec la référence ovidienne que fournit Wessner (Fast. 6, 781) pour justifier "sine". Les plébéiens vivent précisément "arte aliqua", c᾽est-à-dire "du travail de leurs mains".
504. Wessner édite une seule scholie "VAPVLABIS ID QVIDEM TIBI IAM FIET ᾽id᾽ quod sibi dicit fieri", qui est à peu de choses près le texte d᾽Estienne. Le problème est que les manuscrits donnent tous tout à fait autre chose, d᾽ailleurs le plus souvent aberrant. La mention de la présence de grec dans le secteur à la suite d᾽une remarque de Calfurnio qui donnerait "uapulabis ideo ποτοτεΔετονο" indique selon nous que le désordre provient comme souvent de la présence d᾽un long segment grec, ou plus exactement, si l᾽on observe le texte transmis par n, de deux longs segments grecs. En effet seul il lit "uapulabis iam utique irascitur id est percutiam" qui paraît être une tentative très ingénieuse de sauver un passage parfaitement corompu. Les manuscrits les plus fiables d᾽ordinaire, comme V, qui lit par exemple "uapulabis iam id pepi" ne sont guère encourageants. D᾽autres, z ou p, lisent des choses comme "id pepi iam" ou plus clairement marqué de grec "idê yprepiiam". Nous concluons de ce désordre qu᾽il faut rétablir d᾽abord une citation possible d᾽Apollodore que n᾽aurait conservé que Calfurnio (on ne sait d᾽ailleurs comment, ni où, à lire l᾽apparat de Wessner) et que nous reconstruisons à titre purement hypothétique. L᾽étendue en est connue par le segment de n "iam utique irascitur" à comparer avec la succession de lettres grecques que l᾽on trouve chez Calfurnio. La suite de la scholie est un commentaire stylistique des deux textes, elle est d᾽ailleurs plus facile à restituer comme nous le faisons. La première partie, Apollodore, a pu disparaître pour deux raisons. 1-Les scribes ont capitulé devant une phrase entière en grec, 2-ils ont pris la suite ("idδι᾽ἀ") pour "idest" et en ont conclu qu᾽on pouvait aisément ne pas recopier le grec incompréhensible puisqu᾽on avait une "traduction latine", certes étrange ("pepiiam"), mais au moins écrite en lettres latines.
505. Wessner, suivant Estienne, ajoute ici "est" qui ne sert à rien.
506. Wessner suit une conjecture d᾽Estienne qui met le datif "festinanti". Les manuscrits donnant le génitif, nous le conservons.
507. Wessner n᾽édite pas "actu", pourtant ce mot paraît avoir figuré dans le texte. En effet il existe deux traditions dans les manuscrits. Dans l᾽une, on lit plus ou moins "in v" parfois sous la forme "inquinatum" (O), parfois sous la forme d᾽une abréviation très étrange (GJ) qui laisse supposer un texte difficilement lisible. Dans l᾽autre on lit presque unanimement "a." ou "audiui" qui est le mot qui suit "facinus "chez Térence, sans aucune indication chiffrée. Nous supposons que le texte portait "fac. in v a." pour "facinus in quinto actu", les segment "inv" a été rattaché à "fac." pour compléter "facinus" et le "a" interprété comme l᾽abréviation de audiui. En revanche l᾽autre tradition doit reposer sur un original où "actu" est tombé et où peut-être "quinto" était écrit en toutes lettres.
508. Wessner composait un texte reposant pour l᾽essentiel sur RCO : "CVRAM ADIMERE ᾽adimere᾽ magis ᾽curam᾽ pro ᾽eludendi <et> adimendi haec occasio est᾽". Or, même les manuscrits sur lesquels il s᾽appuie ne donnent pas ce texte. En effet RCOK lisent dans le lemme non pas "adimere", mais "adhibere", puis, dans ce qui est sans doute la scholie, un texte qui commence par "adimere", voire "adimerint" (RK). V et beaucoup d᾽autres de ceux que Wessner tient pour des deteriores mais également Calfurnio et, à un degré moindre, Estienne, donnent un texte beaucoup plus cohérent et uniforme où apparaît le concept de "uarietas". Notre texte est celui de V à l᾽exception de la correction mineure de "praeludendi" en "prae eludendi".
509. Wessner considérait "quod" comme faisant partie du lemme, ce qui le conduisait à compléter à sa façon en prolongeant la citation de Térence jusqu᾽à la fin du vers. Aucun manuscrit ne donnant substantiellement autre chose que ce que nous éditons, nous nous en tenons au texte de la tradition. En revanche nous créons un second lemme avec "recepissem" en supposant que le segment original était "spopondissem et recepissem deest" qui a été simplifié.
510. Wessner édite "noua locutio ᾽coram me incusaueras᾽, non ἁπλῶς ᾽me incusaueras᾽" où l᾽adverbe grec est une conjecture de Schoell. Les manuscrits à quelques vairantes près portent "noua locutio coram me incusaueras qui huc me incusaueras" laissant supposer que le texte en jeu est "coram me". Or G lit tout autre chose qui semble bien plus intéressant, à savoir "noua locutio quem incusaueras non qui hinc me incusaueras". Ce texte indique sans doute que ce qui est "nouum", c᾽est la construction "quae incusaueras", c᾽est-à-dire la construction d᾽"incuso" avec un accusatif de chose. De fait, cette construction, qui est courante à l᾽âge classique, est sans exemple chez Plaute (pour ce que nous en possédons) et ne compte chez Térence que cette occurrence. G garde trace de la bonne leçon mais une mélecture de "que" en "quem" rend son texte difficilement compréhensible. Tous les autres ont recopié ce qu᾽ils pensaient être la "noua locutio" c᾽est-à-dire "coram me" sur le modèle du lemme et d᾽autres commentaires de Donat sur l᾽usage archaïque des prépositions.
511. Nous rétablissons le texte unanime des manuscrits "seu" au lieu du "scilicet" qu"édite Wessner suivant Klotz. Cela suppose que ce qui est chez Wessner le lemme 2, à savoir "iube rescribi", devienne une partie de la reformulation. Nous modifions donc la numérotation des lemmes.
512. Texte de G, Wessner édite ce que lisent ses manuscrits, "quod", sauf V qui ne lit que "ne". C᾽est d᾽ailleurs le texte reçu de Térence.
513. Admirable conjecture d᾽Estienne, les mansucrits donnant "exactisne". Estienne a reconstruit d᾽après le commentaire d᾽Ad.
277 et sa reconstruction est d᾽autant plus certaine que G a conservé quelque chose du texte en lisant "ex arcas ne".
514. Texte de G, Wessner suivant ses manuscrits édite "quod" (sauf V qui une fois encore lit "ne") et le verbe "rescripsi", bien qu᾽il soit d᾽avis dans son apparat qu᾽il faut "discripsi".
515. Wessner édite "QVOD EGO RESCRIPSI ILLIS illis per scripturam reddidi.
2 Illis dedi ut apud Verg. etc.", mais le texte des manuscrits est très partagé 1- sur la forme du lemme en particulier le verbe où on lit "rescripsi, descripsi, perscripsi, praescripsi", et de la présence ou non du datif "illis" de Térence, 2- sur le début de la scholie où une majorité donne "multi" et quelques autres rien ou peut-être "illis". les manuscrits qui portent "multi" le répètent devant la seconde forme verbale "dedi", sauf V qui répète quant à lui "illis", se rangeant ainsi à l᾽avis de ceux qui lisent deux fois "illis", et jamais "multi", alors que V lit au début "illis multi", 3-sur la forme du premier verbe, les manuscrits hésitant entre "reddi" et "reddidi". Il nous semble qu᾽Estienne a compris la portée exacte du commentaire en corrigeant "multi" en "multis" (qu᾽on trouve apparemment seulement dans L). Toutefois l᾽humaniste propose la forme "perscripsi" dans le lemme qui ne cadre malheureusement pas bien 1-avec l᾽interprétation qu᾽il privilégie, 2- avec l᾽exemple virgilien. Nous harmonisons l᾽intuition d᾽Estienne et les données des manuscrits pour donner un commentaire cohérent.
516. Wessner édite "deditur", nous préférons pour la cohérence du commentaire "diditur". Voir la note apposée à la traduction. Les manuscrits de Virgile portent les deux leçons.
517. Wessner édite "quadam", mais les mansucrits hésitent entre "quadam" (KRCO) et "iam/tam minaciter" (avec quelques variantes sur l᾽adverbe (GVqzxtpn...)). Nous supposons que "quadam" masque en réalité un "quod iam", lu ensuite "quod tam", ce qui a provoqué l᾽arrivée de l᾽adverbe "minaciter" pour compléter l᾽énoncé. L᾽abréviation probable de "hoc quod" a pu entraîner la chute de "quod", par prise de la série d᾽abréviations pour le seul "hoc" en toutes lettres. Dans l᾽autre tradition (RCOK), "quod iam" a pu être mal compris et lu "quodam" puis corrigé au féminin, dans la tradition où il est présent.
518. Wessner a cru bon, en début de phrase suivante, d᾽ajouter "Cicero" pour attribuer la citation, cela ne sert à rien et ne se trouve dans aucun manuscrit. Il est probable d᾽ailleurs que les scribes n᾽ont pas identifié cette citation, voir la note suivante.
519. Wessner édite ici "etc", mais voir la note suivante.
520. Wessner édite " ᾽hoc fer.᾽ etc.
947 CONDONAMVS TE accusatiuo, ut in eunucho "habeo alia multa...". Aucun manuscrit ne donne ni le lemme ni "accusatiuo" qui sont une reconstruction pour le premier d᾽Estienne et pour le second de Wessner sur Eun. 17. En revanche les manuscrits montrent le plus grand désordre à partir de la fin de la citation cicéronienne, non identifiée par eux. On lit en effet des choses comme "a dotantis ablto, dono ablatiuo, dotatis ablto, dotatis ablatiuo, dotatis ab dono ablit o, dono ablto" dont aucune n᾽a le moindre sens, signe que de toute évidence, personne ne comprend rien à ce dont il est question. De plus, en amont de ce segment absolument désespéré, la frontière de la citation n᾽est pas reconnue, puisque le mot "ferendum" dernier mot de la citation originale devient très généralement "ferret" suivi presque unanimement de "et ferre". Comme on le voit dans ce fatras de la tradition, il semble qu᾽il y ait deux lectures de ce segment. Dans la première il s᾽agit d᾽une remarque de cas et on lit alors clairement "ablatiuo", mais dans la seconde, l᾽abréviation soigneusement recopiée par V et quelques autres peut signifier "ablatiuo", mais aussi "ablato", ce qui du coup placerait le commentaire dans un autre registre. Or la présence de "dotatis" dans le segment désespéré (RCOKpt) laisse supposer qu᾽il faut rattacher cette scholie soit au vers 938, soit au vers 940. Le mansucrit n a d᾽ailleurs ce segment aux alentours de 940. En revanche la citation unanime d᾽Eun.
17 qui contient le verbe "condonare" ne peut pas se trouver à cet endroit, et doit se rattacher au vers 947. Reste à comprendre comment cette citation est arrivée là. Une réponse assez simple peut provenir d᾽un curieux saut du même au même, dès l᾽archétype. Nous supposons que deux scholies différentes ont été fusionnées. La première porte sur "indotatis" (ce que confirme sa place dans les manuscrits après
937 et devant
938 (938,
2 selon notre lecture)) et contient le texte "a dono ablato" où il s᾽agit d᾽une forme de "donum". La seconde se trouvait à l᾽origine au vers
947 et portait sur le verbe "condonare" dont elle disait "dono ablatiuo ut in Eunucho", où il s᾽agit de la construction du verbe "dono". Il y avait donc deux segments, "dono ablato" et "dono ablatiuo" rendus encore plus semblables sans doute par l᾽abréviation. A un stade très ancien de la tradition on a fusionné les deux textes et écrit quelque chose qui a dû ressembler à ce qu᾽on lit dans t : "et ferre dotatis ad dono ablit o (sic !) ut in Eun.". A partir de ce moment-là plus aucun copiste ne peut reconstituer quoi que ce soit, et chacun y va donc de sa propre lecture.
521. Cette addition, déjà suggérée par Wessner, mais non retenue par lui, provient du manuscrit de Dresde (D), mais on en trouve trace en marge de C, dans la répétition de "uultis" dans de nombreux manuscrits et dans d᾽autres désordres ou ajouts dans l᾽ensemble de la tradition.
522. Pour l᾽établissement du texte, voir la note à 938.
523. Les manuscrits hésitent, on comprend aisément pourquoi entre "uolo nolo" et "nolo uolo", voire "nolo uolo uolo nolo", mais contrairement à ce que dit Wessner "nolo uolo" n᾽est pas une conjecture d᾽érudit, c᾽est le texte au moins de G.
524. Signalons ici un commentaire isolé dans le manuscrit n et qui se rattache à ce vers : "Scrupulus est lapillus qui si pede calcatur nocet. metaforicos" (on appelle "scrupulus" un petit caillou qui, si on marche dessus, fait mal. C᾽est dit métaphoriquement). On ignore absolument pourquoi ce manuscrit a cette scholie et d᾽où elle provient dans la tradition du texte.
525. Wessner édite "ad necessaria" texte de RCO, mais au moins V et G portent " a necessario" qui est meilleur car il s᾽agit d᾽une forme d᾽argument.
526. Sur le texte de ce lemme nous suivons V et G en particulier pour rétablir le texte de Térence "gladiatorio", Wessner éditant "gladiatoris" qu᾽il trouve dans d᾽autres de ses manuscrits.
527. Nous conservons le texte de Wessner, qui est parfaitement clair et bien attesté, mais avec toutefois un léger doute sur "parato". En effet, quelques manuscrits importants RCOK... ont une étrange lacune à cet endroit, comme s᾽il s᾽agissait d᾽un mot grec. De plus G présente ici une séquence bizarre "parato ad periculum hoc est ita est ita". Nous serions tentés de proposer le texte suivant : "παρὰ τὸ ad periculum hoc est. Ita est ᾽ita etc...᾽" qui se traduit "en raison du ᾽ad᾽ il y a danger, à savoir ᾽ita etc...᾽".
528. Nous ne sommes pas absolument certains du mot grec qu᾽il faut lire ici. En effet C et O ont une lacune, R porte εμιπτικιοσ et V εμιπτικωσ. Certes la notion d᾽ellipse est plausible ici, mais d᾽ordinaire les scribes savent à peu près écrire ce mot. Puet-être faudrait-il chercher du côté de ἡμι- pour mieux répondre au "plenum".
529. Ici Schoell suivi par Wessner ajoutait un "cum" qui ne sert à rien et qui est déjà dans le lemme.
530. Wessner édite "id est mortua est. <sed> sic dicere tragicum erat, ᾽e medio excessit᾽ et ad dictum et ad rationem dicti comicum est", énoncé dont le sens est problématique. On notera que les éditeurs anciens (Calfurnio et Estienne) ne portent pas le segment qui va de "id est" à "excessit" dans le texte de Wessner. Ils semblent avoir fait le même saut du même au même, ce qui est difficilement explicable en l᾽état. Pour le reste, tous les manuscrits lisent "si" au lieu de "sed sic" de Wessner où "sed" est un ajout personnel, et un très large consensus se dégage pour lire "diceret", l᾽ensemble donnant un texte excellent jusqu᾽à "erat", et rendant inutile le "idest" que d᾽ailleurs ni G ni J ne donnent. Dans cette configuration, "mortua est" est autonymique et fonctionne comme complément de "diceret". Le "idest" de RCOVK est peut-être issu d᾽une mécoupure entre le lemme et la scholie, issue de la séquence "excessit unde (est)" de Térence. Le "dicti" de Wessner (issu d᾽Estienne) est de façon certaine condamné par tous les mansucrits qui portent "dici". Quant au "ad" qui précède "dictum", il est assez bien attesté (LGJ), mais ne se trouve pas dans la série RCOV, ce qui nous incite à croire que, comme il ne se trouve qu᾽une fois dupliqué (dans L qui lit "ad dictum et ad rationem"), sa présence chez G et J dont le texte est souvent excellent s᾽explique par une normalisation sur "ad rationem" qui conduit au segment "et ad dictum et rationem" accentué par le balancement "et...et" qui explique la duplication de L.
531. C᾽est ici le texte de C adopté par Wessner, à juste titre. Les autres manuscrits portent généralement "inuentione" qui ne signifie rien dans ce contexte. Peut-être pourrait-on lire ici "inuersione" au sens de "par antiphrase", ou "ironiquement", mais le contexte s᾽y prête mal.
532. Nous revenons ici au texte des manuscrits, vraiment consensuel. Wessner, à partir d᾽une conjecture de Bentley et d᾽un ajout personnel, éditait "ut labem uel maculam".
533. Wessner prête ce texte à Estienne, mais c᾽est en fait le texte d᾽au moins G et J. Les autres manuscrits ont souvent deux fois "exstillare". Dans ce cas, le commentaire, loin d ᾽être une "differentia" entre le simple et son composé, porte sur les deux sens possibles du préverbe "ex-".
534. Wessner fait ici commencer une scholie
2 sans lemme alors que la syntaxe impose de voir une seule et même phrase et donc une seule scholie.
535. Le manuscrit n semble le seul à donner ici une glose de "solas" sous la forme "id est inhabitabilis". Nous ignorons totalement d᾽où provient ce texte.
536. Wessner édite "signanter" (d᾽une manière expressive) dont on voit mal l᾽intérêt. V a une abréviation "sigt", RCO ont développé "signauit" qui n᾽a aucun sens, G et J n᾽ont rien. A supposer que V ait recopié sans trop savoir de quoi il s᾽agissait une ancienne abréviation il faut lire "singulariter" étant donné les exemples cités.
537. Wessner n᾽édite pas ce dernier mot en se fiant à RCO que nous complétons par GK et J. Pourtant l᾽absence de COD est ici particulièrement gênante, "litem" est donné par V comme Wessner l᾽atteste, mais aussi entre autres par Mzxtpn. Notons qu᾽Estienne a curieusement restauré ce texte à partir sans doute d᾽un texte apparenté à celui de J en lisant "apparet parasitum niti ad domum chremetis ; senes uero ad forum conari attrahere", alors que J lit : "apparet pasitum in eum ad domum chremetis senis non ad forum conari abstrahere". La proposition d᾽Estienne a une tout autre signification, mais elle est trop loin de la tradition pour pouvoir être vraiment retenue.
538. Wessner édite avec RCO confirmé par K "pro" qui induit une rupture brutale de construction. VGJ et d᾽autres manuscrits en assez grand nombre lisent "idest". Nous retenons ce texte majoritaire et simple.
539. Wessner édite "
2 LEGE AGITO ERGO ᾽lege agito᾽ dicebatur ei etc.", ce qui est le texte de V, mais il y a manifestement une autre tradition représentée par J qui invite à voir non pas une mais deux scholies. J lit "lege agito, age agito age agito dicebatur ei cuius etc.". Nous supposons que la répétition impossible d᾽"age agito" a conservé en fait le texte de la première scholie "age agito" qui est en fait une remarque de morphologie, indiquant qu᾽"agito" est une forme d᾽impératif correspondant au présent "age", et non pas une forme d᾽"agitare". Ensuite une autre scholie donne le sens de "lege agito", Le scribe de J a cru voir deux fois le même texte et a du coup rendu incompréhensible la deuxième scholie, les autres manuscrits ayant, selon la tradition dont ils dépendent, simplifié le segment "age agito lege agito" soit en "lege agito" (V entre autres) soit en "age agito" (GKRCO).
540. Wessner, de manière inexplicable, suppose un lemme sans commentaire ("enimuero uoce opus est") dans lequel il signale une lacune invisible dans les manuscrits, lesquels fort sagement recopient, non sans erreur, la suite du vers de l᾽Aululaire qu᾽ils tronquent et modifient çà et là. Pour mémoire, Plaute écrivait "lege agito mecum. molestus ne sis. i et cenam coque".
541. Nous nous rangeons ici au texte de Wessner qui s᾽appuie sur la seule autre citation de ce passage chez Nonius, toutefois tous les manuscrits portent "claucones / glaucones" (et très marginalement G "laoconos"), ce qui pourrait inviter à une certaine suspicion sur le substantif, certainement rare, à restituer.
542. Wessner éditait "nec sequitur collo trahentem obtorto, repandum se facit" qui est une ingénieuse conjecture d᾽Estienne, malheureusement infirmée par le texte de tous les manuscrits qui isolent "pandum" même s᾽ils ont quelques hésitations sur la forme qui précède "abtorto ore", "obtorto ore", voire "ab tortore". Notons que G et J se singularisent en lisant non pas "collo trahentem obtorto", mais "trahentem collo obtorto" et lisent "uexandum se facit" au lieu de "ore pandum se facit". On peut hésiter à accepter cette leçon, cependant assez minoritaire, mais propre à une série GJ qui fournit souvent un texte excellent.
543. On pourrait penser aussi à éditer la variante très technique de GJ, reprise par Estienne, "a concessione". Techniquement cependant le sens est rigoureusement identique.
544. Wessner éditait suivant Estienne "ἀπὸ τῆς εὐνοίας", mais V, le seul de ses manuscrits à tenter d᾽écrire du grec, donne απο τησ ανπασ puis s᾽est corrigé en αννηασ qui est plus ou moins (à l᾽initiale près) la façon dont il écrit le mot grec que nous éditons εὐνοίας. Vraisemblablement, il s᾽est corrigé ici après avoir essayé d᾽écrire εὐνοίας pensant qu᾽il s᾽agissait du même mot. Sa graphie première avant correction nous donne plutôt ce que nous éditons, αἰτίας, leçon qui se trouve formellement confirmée par I que Wessner a ignoré et qui donne exactement ce que nous éditons. Lindenbrog déjà avait retenu ce texte.
545. Wessner édite "περιστάσεως addidit defensionem uinolentus etc." dans une scholie unique pour tout le vers. Or t et x ont clairement "addidit ad defensionem" et le mot grec restitué au génitif par Estienne dans une conjecture remarquable sur un texte désespéré ("presteseos / prestes eos / pr(a)esto") peut tout aussi bien, vu ce que les copistes comprennent, avoir été à l᾽accusatif. Le sens est bien plus facile avec le "ad". Dans ce cas "uinolentus etc." devient le lemme de la scholie suivante, ce qu᾽il est dans plusieurs manuscrits. Les deux scholies reviennent alors à des proportions plus conformes à l᾽usage de Donat en dehors des préfaces et prologues.
546. Beaucoup de manuscrits lisent comme Wessner "etc", mais on a souvent l᾽impression d᾽une hésitation entre "etc" et "etiam", qui nous paraît masquer sans doute plutôt un simple "et" qui commence une longue phrase d᾽énumération, dont nous faisons une scholie 2. On notera que Donat n᾽utilise pas "et cetera" dans son commentaire. Nous avons expliqué pourquoi, en 123, nous supprimions la mention "etc." que lisait Wessner.
547. Tous les manuscrits sauf z lisent "ab aetate", ce qui est concevable, mais se heurte cependant à une difficulté. Donat reprend en effet les arguments exactement dans l᾽ordre où ils apparaissent dans Térence, le premier étant "uinolentus". z en donnant "ab ebrietate" est le seul à conserver cette disposition que nous restituons. Il est aisé de comprendre que le segment "abebrietate" a pu souffrir d᾽une haplographie, et ce d᾽autant plus que l᾽argument "ab aetate" est bien connu, et pouvait même être jugé à sa place si on le rapproche de "abhinc quindecim annos", qui, en réalité, est l᾽argument "a tempore criminis".
548. Wessner édite « et epilogum quod ἀπὸ τῆς εὐνοίας † actu defecit », ce qui est intraduisible ; mais, dans son apparat, il propose de façon, on va le voir, très judicieuse de considérer "actu" comme issu de la dittographie de la finale grecque "-ΑС" de génitif et de l᾽article "τοῦ" graphié "tu". Or cette conjecture est absolument confirmée par G et J que Wessner ne connaissait pas et qui lisent "tu deomenu", évidemment "τοῦ δεομένου", maltraité exceptionnellement par I qui graphie "τοῦ δεομου". Wessner qui proposait de lire dans le segment "actu de-" le segment grec "-ας τοῦ λέ(γοντος)" était proche de la solution. Pour le reste, la situation des manuscrits est évidemment désespérée devant tant de grec d᾽un coup. "Epilogum" est une restitution d᾽Estienne alors que tous les manuscrits ont une forme en caractères latins qui débute par "peri-" souvent abrégé et difficilement identifiable. D᾽autre part ils ne portent pas tous "logum quod", mais parfois "logumque" signe probable d᾽une difficulté à voir où s᾽arrête le mot grec qu᾽ils tentent de transcrire. Le segment ἀπὸ τῆς εὐνοίας est à peu près correctement écrit par V, et on obtient ce que nous proposons, simplement en cherchant un mot grec qui puisse recouvrir le segment "peri(o)logumq;" qui dans le contexte a toutes les chances de cacher παραλογισμῷ.
549. Nous conservons le texte de Wessner, mais en le répartissant autrement. Celui-ci voyait un lemme dans le segment "et non attigit postea", qui cependant n᾽est pas de Térence, et a donc toutes les chances d᾽être un commentaire en reformulation. La suite du texte de Wessner passe au vers
1021 auquel, de toute évidence, elle doit être affectée.
550. Wessner édite ici "quod quidem ᾽animo aequo ut feras᾽ <orat>", où "orat" est un ajout de Schoell. Nous préférons suivre l᾽autorité de G et J qui lisent "quod ego aequo animo", qui paraît être une mélecture du début du vers 1021. "ego" a disparu dans la famille V et a entraîné une référence à l᾽autre "aequo animo" celui du vers
1020 ("animo aequo" en l᾽occurrence), qui a été complété par "ut feras".
551. Wessner ajoute ici "ab eo", conjecture d᾽Estienne absolument inutile.
552. Wessner considère que ce que nous mettons comme lemme
2 est en réalité la répétition du lemme
1 en fin de scholie. Cela nous paraît très étrange et les manuscrits qui indiquent les fins de scholies marquent clairement une frontière à cet endroit.
553. Nous conservons ici le texte de Wessner, qui, contrairement à ce qu᾽il laisse entendre, repose bien sur l᾽autorité des manuscrits Dn et peut-être p (qui semble avoir raturé ce mot, sans doute parce qu᾽il ne le comprenait pas pour le remplacer par "sic me" ou "sic mo(do)" qui lui paraît plus clair.
554. Dans le doute, pour ce fragment qui n᾽est connu que par ce passage, nous conservons le texte de Wessner qui a pour lui l᾽autorité importante de RCOVDK contre "praebent" qui se recommande essentiellement de G et J, et qui donc n᾽est pas impossible. Métriquement cela ne changerait rien.
555. Les mansucrits hésitent terriblement sur cette fin de citation qui est en réalité un début d᾽hexamètre. On lit (en dehors de G qui a une lacune entre "benigno" et "cui") "circum" suivi d᾽un segment qui commence par "f" ou par "s" et qui donne entre autres "circum suam" (K) "circum sim" (x), "circumsini" (p), "circumfini" (V), "circumfusum" (t). Nous pensons que des mélectures d᾽abréviations sur un texte archaïque et donc difficile pour les copistes a pu provoquer ce désordre. n, m et a ont, sans doute bien malgré eux, conservé quelque chose du texte original en lisant "circumfun." ou "circumfunde". Nous rétablissons un "circumfundere", indispensable à la construction, suivi de "sum" sur lequel porte le commentaire et qui est attesté par "suam" de la tradition RCOK.Tous les manuscrits sauf RCO donnent "cui" comme fin de la citation. Nous le rétablissons, contre Wessner, car il permet de comprendre pour le lecteur de Donat que "sum" est bien un pronom antécédent de "cui".
556. Ajout de Wessner qui correspond à la fois à la citation des Adelphes et à l᾽esprit du commentaire. C᾽est pour cela que nous le maintenons.
557. Tous les manuscrits ont soit "sed", auquel Wessner a préféré "scilicet", conjecture personnelle, soit rien du tout. Nous adoptons cette solution, car "sed" n᾽est pas très utile.
558. Wessner édite "dicta", mais les manuscrits hésitent entre "illata" très majoritaire, mais qui n᾽a guère de sens, et "dilata" texte de I et p qui a toutes les chances d᾽être le bon.
559. Wessner n᾽édite pas ces trois mots pourtant présents dans des manuscrits aussi importants que V et G.
560. Wessner édite "quae irritata erat", conjecture de Schoell. Les manuscrits donnent soit "irrita" en hésitant entre "erat" et "erant" de même qu᾽ils hésitent entre "dicit", "dicitur" et "dicuntur", mais on notera que plusieurs manuscrits donnent un double texte, par exemple "irata erat uel irrita erant". Nous supposons que l᾽archétype de tous ces manuscrits portait ce que nous éditons et qu᾽un copiste, à un moment, a corrigé ce qu᾽il pensait être une dittographie, en en faisant une variante textuelle traditionnellement marquée par "uel". On peut aussi supposer que l᾽archétype lui-même ait hésité sur le texte de Donat, et qu᾽il ait porté les deux versions à peu près comme on le lit dans les manuscrits. Toutefois le caractère de quasi-jeu de mots de cet énoncé nous invite à l᾽éditer sous cette forme, Donat s᾽amusant à conclure pratiquement ses remarques sur une note cocasse.
561. Wessner édite "fratruelem" mais les manuscrits ont "fratrem", qui, à toute époque du latin et plus encore dans la langue tardive où les parentés par le sang et les parentés par alliance sont désignées de la même façon, peut signifier "cousin". Il n᾽est donc pas utile de corriger le texte.
562. Wessner édite une conjecture personnelle "consedatam" suivi du texte consensuel de tous les manuscrits "uxoris iracundiam". Pour le participe, les manuscrits portent en effet "consolatam" à une grande majorité dont RCOK, mais I et G portent "ioco solat(i)am", M donnant les deux leçons. On peut sans doute faire crédit à I de cette leçon excellente à condition de comprendre que la succession de trois accusatifs a conduit à faire une enclave et à écrire "uxoris iracundiam". Pour que ce texte soit acceptable, il faudrait que "solatus" puisse avoir un sens passif ce qui n᾽est peut-être pas impossible à l᾽époque de Donat. Dans le doute, nous préférons cette correction minime sur une confusion qui présente par ailleurs un cartactère absolument trivial.
563. Donat explique sans doute qu᾽il faut effectivement un o bref à la première syllabe et non un o long, comme on le trouve chez Térence, Pho. 14. Donat contredit son maître Evanthius (7, 2-3) qui, précisément, semblait poser un o long reposant sur πρῶτος λόγος. Le o long peut être induit chez les Latins par le rapprochement fortuit avec "prōloquor".
564. Donat remarque ici deux emplois de "uetus", que le français fait perdurer dans son adjectif "vieux". Un "vieux vin" est un produit actuel qu᾽on est en train de boire, tandis que le "vieil Ennius", qui aurait même pu mourir jeune, appartient à une époque révolue.
565. Sur ce fragment que nous rendons à Laevius, voir la note apposée au texte latin.
566. Le COD de "deterrere" n᾽est en effet pas exprimé, si ce n᾽est dans la complétive (il s᾽agit du sujet de "scribat", c᾽est-à-dire le "poeta", qu᾽aurait repris l᾽anaphorique "eum" ; cette construction est celle attendue). Il en va de même dans la citation, où "iungam" n᾽a pas de COD grammatical, mais, logiquement, on comprend qu᾽il s᾽agit de la jeune fille dont il est question dans la relative et qui en est le sujet. Si on a ici affaire à une rupture de construction (anacoluthe), il n᾽en va pas de même dans le texte de Térence, où le pronom est simplement omis.
567. Lue au premier degré cette scholie est absurde. Le compilateur des
Scholia Riccardiana l᾽a bien vu et a rectifié en introduisant des négations (voir note apposée au texte latin). Mais elle est évidemment ironique, Donat faisant parler Luscius. L᾽idée est simple : Luscius, qui est assez stupide pour avoir introduit des prodiges dans une comédie (voir Prol. 6-8), en a fait une norme, qui veut donc que tout auteur comique sera considéré comme accompli, s᾽il met des prodiges dans sa pièce. De ce fait, évidemment, Térence devient un grand auteur tragique puisqu᾽il refuse d᾽en mettre.
568. De fait, le mot n᾽est pas attesté dans ce que nous avons conservé de la tragédie latine.
569. On pourrait en effet comprendre que "ceruam" est le sujet du verbe "sectari", et que son complément d᾽objet direct est "canes" ; si cette construction est grammaticalement juste – d᾽où l᾽ambiguïté dont parle Donat –, elle aboutit néanmoins à un non-sens, car ce ne peut être la biche qui poursuit les chiens.
570. "
Minus multo
PlautBac. 672" n᾽est pas inédit, puisqu᾽on le trouve chez Plaute (Bacch. 672), mais il n᾽en demeure pas moins extrêmement rare en latin (cinq attestations, chez Plaute, Térence, Cicéron, Jean Cassien et Cassiodore).
571. Autrement dit, il ne s᾽agit pas du prologue en tant que personnage (chose fréquente), mais du prologue en tant que texte. Ce sens, moderne, nous paraît naturel, mais il faut croire que pour Donat "Prologus" est en général plutôt le nom du personnage qui, hors intrigue, vient dévoiler l᾽essentiel de l᾽argument de la pièce.
572. C᾽est-à-dire au vers 2.
573. Ce qui rend "haberet" remarquable, c᾽est que le vers semble rendre indubitable qu᾽il faille médire de Luscius.
574. C᾽est-à-dire par l᾽argument de la qualité de l᾽adversaire.
575. Ici, Donat paraphrase Térence.
576. Autrement dit, il aurait dû écrire un deuxième prologue pour répondre qu᾽il avait été capable d᾽en faire un.
577. Les "poetae probi" (les poètes honnêtes) s᾽opposent sans doute à ceux qui se faisaient entretenir. Ils vendent loyalement leurs pièces et acceptent les risques de ce commerce, au lieu d᾽attendre qu᾽on les nourrisse par protection.
578. Sur ce lemme vide, voir la note apposée au texte latin.
579. Donat rattache donc le tour "ab studio studuit" à l᾽accusatif d᾽objet interne.
580. Comprendre que "quod" signifie "maledictum" : "quod ab illo allatum est" signifie donc "maledictum quod ab illo allatum est" (la méchanceté qu᾽il a servie).
581. L᾽amphibologie dont parle Donat porte sans doute sur "de se" : il faut construire ce groupe absolument, et lui donner le sens de "de son côté", "quant à lui" ; mais on pourrait aussi comprendre – et c᾽est pourquoi il y a amphibologie – que "de se" est complément de "peccandi" : "peccandi de se" (commettre une faute contre soi-même). Cette construction de "de se" conduit à un non-sens (ce n᾽est pas contre lui-même que Luscius commet une faute), mais elle est grammaticalement correcte, d᾽où l᾽amphibologie notée par Donat. Il se peut aussi que l᾽ambiguïté porte sur "mihi", qu᾽on peut prendre comme un datif éthique ("cesser, pour moi, de parler"), un datif de destination de "dicendi" ("cesser de me parler") ou un dativus detrimenti de "peccandi" ("commettre des fautes contre moi").
582. "Cum" + indicatif à valeur temporelle principale, comportant une notion adversative concessive latente, n᾽est généralement plus compris au IVe siècle, sinon des fins lettrés, et c᾽est pourquoi Donat éprouve le besoin, à destination de ses élèves sans doute, de remplacer l᾽indicatif par un subjonctif, marquant davantage, pour lui, la notion de concession.
583. La construction "adtendere animum" + subordonnée interrogative indirecte étonne Donat. En effet lorsque ce verbe se construit avec une interrogative indirecte, il n᾽est pas accompagné d᾽"animum", ce qui explique que Donat veuille séparer les deux syntagmes et sous-entendre un verbe principal pour "quid uelim".
584. On remarquera que les deux versions du commentaire ne portent pas sur le même point : la première main s᾽intéresse à la différence entre "Φορμίων" et "φόρμιον", alors que la deuxième se concentre sur l᾽étymologie du seul mot "Φορμίων" pour récuser le rapport au mot latin "formula" (dont le o est long, comme celui de "fōrma"). Cette remarque vise très probablement (mais implicitement) à récuser l'orthographe "Formio" pour le nom du personnage et le titre de la pièce, orthographe récurrente dans les manuscrits.
585. Il s᾽agit d᾽une remarque d᾽étymologie. Donat précise que l᾽origine du nom grec Phormion... est grecque. Sous la tautologie apparente, il faut comprendre qu᾽il repousse par là même l᾽étymologie bilingue "Phormio/formula" qui s᾽apparente à une étymologie populaire et qui est facilitée par l᾽orthographe habituelle "Formio", attestée d᾽innombrables fois dans les manuscrits, et qui explique le classement alphabétique aberrant des pièces de Térence, avec le titre "Phormio" avant celui des deux pièces qui commencent par un H. Donat signale que le rapprochement est erroné parce que, si le o du mot grec est un o bref, celui de "formula" (comme celui de "forma" dont il dérive) est long. En outre, si l᾽on pose (faussement) que "Phormio" a une étymologie latine, c᾽est au motif que le parasite Phormion utilise un stratagème juridique, à base de formules. Ce peut être une manière de faire ainsi le lien avec le titre très judiciaire de l᾽original grec, quel qu᾽il soit, "Epidicazomenos" (celui qui se fait adjuger une fille) ou "Epidicazoménè" (la fille adjugée en mariage).
586. L᾽autre sens de "primae partes" pourrait être, comme la seconde main semble l᾽indiquer ensuite, celui de "premières scènes de la pièce".
587. Le commentaire porte sur "aequo". Donat nous signale que l᾽adjectif a ici un sens qualificatif ("équitable", "juste") et non pas comparatif d᾽égalité ("égal").
588. On peut se demander à quels passages de Térence Donat pense ici : en effet, le dramaturge ne loue son chef de troupe dans aucun autre prologue...
589. Le prologue est censé chercher la bienveillance du public, et donc lui montrer un certain respect. Or notre prologue vient de s᾽en prendre très violemment à l᾽assistance, accusée de troubler les représentations au mépris des acteurs. Pour tenter d᾽amadouer le public, le prologue termine par une flatterie en forme de "captatio beneuolentiae".
590. Dans l᾽
Examen de Rodogune, P. Corneille donne cette définition du personnage protatique en référence à Térence : "Le mot de ᾽protatique᾽ vient de ᾽protase᾽ qui signifie ᾽exposition᾽ ; un personnage protatique est donc celui qui ne paraît qu᾽au début de la pièce, pour faire ou entendre l᾽exposition". Térence emploie ce type de personnages dans d᾽autres pièces : dans
L᾽Andrienne, il met en scène le personnage de Sosie dialoguant avec Simon, dans
L᾽Hécyre, le personnage de Philotis qui bénéficie de l᾽espace des deux premières scènes. Toutefois Térence ne met pas systématiquement en scène ce type de personnage, d᾽où la précision de Donat : "quod in omnibus fere comoedis"... Dans
L᾽Eunuque par exemple, l᾽exposition est assurée par les personnages réguliers de la pièce : Phédria et Parménon.
591. La traduction de "sitque instructus" par "et soit armé" correspond à l᾽introduction par le commentateur d᾽une métaphore militaire discrète. De même au 35,
2 "instruendi".
592. On peut traduire "comoedia" par "des éléments propres au genre comique", ce qui est le sens le plus courant de ce terme ; néanmoins, "comoedia" est peut-être employé ici au sens de "matière comique", de même que "tragoedia" a parfois celui de "matière tragique".
593. Donat oppose ici ce qui serait dans la rhétorique judiciaire un "simple début" et une "insinuatio", mais il adapte évidemment ces catégories au théâtre. Un simple début serait de faire se présenter le personnage de Géta directement en le décrivant. Ici, au contraire, Dave va présenter Géta par des notations dispersées dans toute la scène d᾽exposition.
594. Les esclaves étaient désignés par un cognomen suivi de l᾽équivalent d᾽un patronyme, indiquant le maître dont ils étaient l᾽esclave. Un bon exemple est fourni par les Préfaces de Donat, qui signale systématiquement le nom du musicien de scène sous l᾽appellation "Claudius Flacci", "Claudius, affranchi de Flaccus".
595. Le rapprochement "popularis" / "humilis" est étonnant : on ne retrouve cette synonymie que chez Donat.
596. On retrouve cet exemple dans l᾽
Ars de Dosithée, section "de adverbio".
597. Cf. Pompée,
in artem Donati, GL V, 244, 10 : "aduerbia autem quae a nomine ueniunt in has exeunt litteras : [...] aut in i, ut heri uesperi [scire autem debes quoniam bis legimus here ; heri tamen illud in usu, magis heri legimus, haut here]" (les adverbes issus d᾽un nom se terminent par les lettres suivantes : […] ou bien en i, comme "heri", "uesperi" (mais il faut savoir que l᾽on peut lire aussi "here" ; cependant, "heri" étant d᾽usage, c᾽est "heri" qu᾽on lit le plus, et non pas "here").
598. Selon Donat, le diminutif "ratiuncula" est bien venu parce que, quand on parle d᾽affaires d᾽esclaves, il ne peut s᾽agir que de petites choses (de petits comptes, de petits calculs...), avec peut-être une connotation méprisante dans le diminutif.
599. Ce qui, selon Donat caractérise la parlure de l᾽esclave est l᾽absence de coordination qui donne une impression à la fois de coq à l᾽âne et de simplicité dans le goût d᾽un esclave sans culture qui ne sait pas "faire des phrases".
600. Le terme d᾽"argumentum" renvoie, dans ce cas, au récit que fait le personnage.
601. Cf. Pompée
in artem Donati, GL V, 143, 28 : "ut puta agnus principale est : fac diminutiuum, agnellus ; aliud, agnicellus ; aliud diminutiuum, agnicellulus. potes inuenire in infinitum et multas diminutiones, quae praecipue aptae sunt lyricis. sed scire debes, ait, quoniam haec ipsa diminutio hac arte facienda est, ut, quando sensus minuitur, crescat numerus syllabarum" (à supposer que l᾽on parte de "agnus" : ajoutez le diminutif, on a "agnellus" ; de nouveau le diminutif, on a "agnicellus" ; encore le diminutif, on a "agnicellulus". On peut trouver à l᾽infini de nombreuses formes diminutives, qui sont particulièrement propres aux poètes lyriques. Mais il faut savoir, dit-il, que cette forme diminutive fonctionne de telle sorte que, plus le sens est diminué, plus le nombre de syllabes augmente). Comme de nombreux diminutifs comportant le suffixe "-llulus, -a, -um", l᾽adjectif "pauxillulus, -a, -um" et l᾽adverbe "pauxillulum" sont attestés essentiellement chez les premiers dramaturges latins, puis en latin tardif voire chrétien, sans que cette formation soit productive et attestée chez les auteurs dits classiques. Dans le cas de "pauxillulus", après Naevius, Plaute et Térence, et avant le latin chrétien, on trouve une seule attestion, chez Aulu-Gelle (16, 4). Certains de ces diminutifs ne sont attestés que chez des grammairiens, comme "agnicellulus".
602. "Proprie" s᾽explique par la valeur du préverbe "con-" dans "conficio", qui signifie "faire intégralement", "con-" n᾽ayant donc pas ici de valeur sociative.
603. Donat pointe probablement ici ce que peut avoir d᾽artificiel ce récit, qui ne vise qu᾽à renseigner le spectateur. En effet, il est clair que Dave parle tout seul, de manière à la fois invraisemblable et conventionnelle dans ce type de scène.
604. En Grèce, la coutume veut que la nouvelle épouse reçoive des cadeaux le lendemain des noces, jour où elle consacre également son voile à Héra. Il s᾽agit de la cérémonie des ἐπαυλία ; c᾽est aussi ce jour qu᾽était apparemment remise la dot promise lors de l᾽ἐγγύησις, c᾽est-à-dire lors de la promesse de mariage. Peu de temps après les cérémonies, le nouveau marié offrait un banquet avec sacrifice aux membres de sa phratrie, pour signifier solennellement son mariage et inscrire sa descendance à venir au sein de cette même phratrie. C᾽est à cette occasion que Donat fait peut-être allusion.
605. Harmon (1978, 1602) décrit les denicalia en ces termes : "les sources parlent d᾽un autre repas funéraire, la ᾽cena novendialis᾽ (Tac. An. 6, 5) que l᾽on appelle aussi ᾽lautum nouendiale᾽ (Petr. Sat. 65), et d᾽un ᾽nouendiale sacrificium quod mortuo fit nona die qua sepultus est᾽ (Porph. Ep. 17, 48). Ce repas, auquel on pensait que participait le défunt, était pris également sur le site de la sépulture (Petr. Sat. 66 ; Apul. M. 9, 30-31). Du témoignage de Cicéron (Vat. 12, 30-31) et Petrone (65), il ressort clairement que les participants sont vêtus de blanc et que ce repas est une occasion de convivialité. La période de neuf jours correspondait à celle du deuil (D. Cass., 69, 10, 3 ; Aug., Quaest. Hept. 1, 172) et elle se terminait avec le repas sacré ; l᾽héritier pouvait alors se tourner vers des questions plus profanes, comme la mise en ordre de ses biens".
606. Contrairement à ce qu᾽a l᾽air d᾽affirmer Donat, le sème ᾽difficulté᾽ n᾽est pas présent dans tous les sémèmes de ce verbe.
607. Il s᾽agit, en fait, d᾽une indication de mise en scène : Dave montre une bourse, que les spectateurs voient ; la remarque de Donat est donc destinée à expliciter pour le lecteur la gestuelle et l᾽objet montré.
608. L᾽épexégèse paraît se trouver dans l᾽ajout des raisons pour lesquelles l᾽argent est rassemblé. Cela n᾽apporte rien à la pièce sauf une sorte de naturel.
609. La question est celle du genre de "ei" : féminin ou neutre.
610. L᾽idiotisme repose ici sur l᾽inversion des valeurs, mais il suppose aussi une mise en contexte : il est propre au monde de la comédie que les mauvaises coutumes tiennent lieu de loi. La remarque vise donc en fait plutôt les conventions de l᾽univers comique et son goût pour la satire sociale que la parlure du personnage.
611. La généralité est la marque même de la sentence qui doit avoir comme ici une portée morale.
612. Cette nouvelle remarque générique va dans le sens de notre explication de l᾽idiotisme en 41, 1. Donat relève l᾽opposition typologique (que l᾽on trouve aussi chez Aristote,
Poétique, 1449b, qui distingue les caractéristiques nobles des personnages de tragédie tandis que les personnages de comédie sont plus grossiers ou, comme dit Aristote, "sans grande vertu"). On retrouve ce type de personnage chez les valets ou paysans des comédies de Molière : bavarde mais sympathique, leur parole délivre quantité d᾽informations pour l᾽intrigue.
613. Ce que Donat veut dire ici, c᾽est que le comparatif de supériorité "diuitioribus" rompt le parallélisme avec l᾽autre segment de la phrase "qui minus habent", qui comprend un comparatif d᾽infériorité. Sa reformulation rétablit donc l᾽équilibre.
614. Ce qui est docte, ici, c᾽est le glissement de la généralité à un cas particulier qui prépare l᾽application que le personnage en fera à lui-même.
615. Cf. Augustin,
Regulae, GL V, 517, 14 : "sane sunt aduerbia et per alias syllabas exeuntia [...] item in im, a uico uicatim, ab ostio ostiatim, a uiris uiritim" (il y a bien sûr des adverbes qui se terminent par d᾽autres syllabes […] de même en "im", "uicatim" est formé sur "uicus", "ostiatim", sur "ostium", "uiritim", sur "uir").
616. Donat décrit le fonctionnement des premiers systèmes monétaires. Le terme "assis" ou "libra" désigne l᾽as et c᾽est en pesant chaque pièce de bronze que l᾽on détermine la valeur monétaire. Ainsi l᾽as pèse une livre (soit
227 gr. 45) et est à la base du système de nombreuses subdivisions (environ 18) dont certaines ne sont quasiment pas employées. Les "dimidia sextula" (1/144) ou bien le "scriptulum" (1/288) n᾽étaient utilisés que pour les calculs d᾽intérêts dans les comptes, tant les unités qu᾽ils représentent sont infimes. L᾽"uncia" représente 1/
12 de l᾽as et pèse 27,
28 gr. mais subit plusieurs réductions pondérales tout comme l᾽as. En
217 av. J.-C., on crée le système de l᾽as oncial où l᾽as ne pèse plus que 27,
28 gr. et l᾽once 2,
27 gr. Plus tard, on créa l᾽as semi-oncial et l᾽once s᾽allège de nouveau et pèse seulement 1,
14 gr. ou même 0,
54 gr. à la fin de la République. En tout cas, l᾽adverbe "unciatim" est rare puisqu᾽on n᾽en trouve apparemment que deux occurrences dans les textes littéraires : chez Térence et chez Pline l᾽Ancien 28, 139,9.
617. Ici Donat fait mine de s᾽interroger sur le caractère vraisemblable des économies de l᾽esclave, et apporte une réponse en citant directement le texte de Térence.
618. "Dimensum" est évidemment à rapprocher de "metior", et plus précisément de "dimetior", dont le parfait est "dimensus sum". Cette remarque de Donat tendrait à prouver que les grammairiens latins avaient conscience du rapprochement étymologique entre "mensis" et "metior", que l᾽état actuel de la recherche ramène à une même racine indo-européenne. Cependant, Nonius (525, 5) écrit "demensum Terentius in Phormione quasi deminutum posuit", ce qui exclurait tout rapprochement étymologique avec "mensis" ou "metior".
619. Le rapport avec la citation virgilienne est au second degré : Géta n᾽a conservé de toute sa peine que très peu et la citation virgilienne souligne le pathétique de cet état de fait (En. 7, 243-244) : "dat tibi praeterea fortunae parua prioris munera, reliquias Troia ex ardente receptas".
620. Au sens premier, "pario" ne comporte aucune idée de souffrance, de peine ou de difficulté. Aucun rapprochement étymologique ne fait état de cette notion. C᾽est "labore" qui porte l᾽idée de souffrance. Il n᾽est pas impossible que Donat ait été influencé par la thématique chrétienne de l᾽enfantement, et notamment le verset de la Genèse "tu enfanteras dans la souffrance", qui lie fortement souffrance et enfantement, et qui, peut-on supposer, ajoute le sème ᾽souffrance᾽ au sémème de "pario".
621. Wessner édite "natalis" ; "hora" est un ajout tiré des
Scholia Bembina. Sans doute cet ajout est-il motivé par l᾽expression suivante "natale astrum", que l᾽on trouve chez Horace (Ep., II, 2, 187) : on comprend que "natalis" ait été rétrospectivement complété par "hora", puisque cette expression se trouve également chez Horace (Car., II, 17, 19 : "natalis horae"), d᾽autant que l᾽absence d᾽un indicateur de temps posait problème, puisque Donat vient de dire que "natalis" est mieux employé lorsqu᾽il est assorti d᾽un marqueur temporel. Remarquons pour finir qu᾽Eugraphius, dans son commentaire au
Phormion, propose trois emplois de "natalis" avec un mot exprimant une durée, dont "hora" ("semper natales cum suo tempore pronuntiantur, natalis annus, natalis dies, natalis hora"), et cite ensuite la même citation des
Bucoliques que Donat.
622. Le substantif "natalis" au sens d᾽anniversaire est également attesté, entre autres, chez Cicéron (Att. 7, 5, 3), Horace (Ep. 2, 2, 210) et Pline le Jeune (Ep. 6, 30, 1).
623. Donat entend par "initiabunt" les différentes phases d᾽apprentissage dans le développement de l᾽enfant qui, comme toute étape de la vie d᾽un Romain, revêtaient le caractère sacré d᾽une divinité. Varron dans ses
Logistorici, Frag. 6, vers 2, cite notamment les déesses Cuba, qui apprend à l᾽enfant sevré à se tenir tranquille dans son lit (en latin "cubile"), Educa (ici "Edulia"), qui lui apprend à manger, et enfin Potina, qui lui apprend à boire : cf. Aug. Civ., 4, 11 ; Dave souligne que tous ces apprentissages étaient certainement salués à l᾽excès par des cérémonies qui faisaient l᾽objet de cadeaux, infortunes du pauvre et dévoué Géta.
624. Cette attention à la conformité de la palliata avec les mœurs athéniennes se retrouve dans le commentaire des vers
125 et 844.
625. "Mittundi" est propre car, comme on le voit dans
L᾽Eunuque, on faisait envoyer les cadeaux que des esclaves apportaient.
626. Noter le phénomène de clôture du commentaire de cette scène, qui se termine, comme il avait commencé, sur la notion d᾽"insinuatio".
627. "Causa commutandae orationis" peut se comprendre de deux façons : "raison de changer de type de discours", et "raison d᾽introduire un interlocuteur", c᾽est-à-dire "d᾽instaurer un dialogue" ; mais les deux traductions reviennent au même, puisque, si un dialogue commence, le type de discours change...
628. C᾽est précisément la définition de cette catégorie.
629. "L᾽autre" est Géta, qui effectivement a utilisé le nominatif dans "quis...rufus".
630. L᾽adverbe de lieu en question est "obviam".
631. "Petitio" est le mot technique pour désigner en justice la procédure de réclamation. Donat sous-entend donc ici que la scène pourrait prendre l᾽allure d᾽une controverse judiciaire, mais qu᾽elle ne le fait pas. Voir infra.
632. Les deux interprétations (celle de Donat et celle prêtée à d᾽autres, qui ne sont pas nommés) sont en réalité tout à fait compatibles. L᾽adjectif "lectus" est le participe passé de "lego" ("lire", mais dont le sens premier est "ramasser, recueillir"), pris adjectivement, et il signifie "choisi, de choix, d᾽élite", ce qui va dans le sens de la synonymie postulée par Donat avec "bonus" ou "splendidus".
633. Donat rapporte ici plaisamment la manie d᾽utiliser des sentences à une tendance à bougonner contre la situation actuelle. De ce fait, on peut se demander s᾽il accorde quelque crédit à la valeur morale de cette remarque, ou s᾽en amuse seulement.
634. "Imago" est ici pris au sens de "représentation mentale", d᾽où notre traduction de "consuetudinis imago" par "lieu commun".
635. La logique n᾽est pas très claire entre les deux scholies. La première suppose que "redire" ne soit pas pris dans le sens propre que suppose la seconde, mais Donat paraît confondre deux plans. Sur le plan de l᾽intrigue, effectivement, "redire" ne peut pas s᾽employer dans le sens propre défini par la scholie 3, puisque la situation du personnage s᾽améliore considérablement avec ce remboursement, mais dans la logique interne de la maxime, le verbe est bel et bien employé au sens propre, puisque la corruption des mœurs que stigmatise la maxime est bel et bien une dégradation.
636. On voit mal, de toute façon, comment on pourrait prononcer sur le mode interrogatif cette vérité générale énoncée par Dave. Peut-être pourrait-on voir dans l᾽ironie de la réflexion une mise en question des réactions et des comportements... Dave pourrait alors s᾽interroger sur les mœurs de son temps et la tournure interrogative pourrait signaler l᾽étonnement et l᾽incongruité de la situation.
637. Le caractère "accommodatus" du discours et du personnage qui le prononce sont loués par Horace (AP. 119-120) comme un signe évident de bonne poésie. Cette remarque anodine prend donc une valeur axiologique et signale aux élèves l᾽art du poète.
638. Remarque particulièrement importante. L᾽exposé des données nécessaires à la compréhension de l᾽intrigue paraît naître d᾽une question anodine de Dave, ce qui lui confère évidemment un naturel qu᾽il n᾽aurait pas dans un monologue d᾽exposition traditionnel. Si Donat remarque que cela cache la composition, c᾽est qu᾽en réalité on peut supposer que l᾽intrigue sera ailleurs que dans ces éléments donnés pour ainsi dire en passant.
639. On voit mal ici ce que Donat considère comme une aposiopèse, à moins de supposer une indication scénique implicite. Si Géta coupe la parole à Dave, ce que rien dans le texte ne permet d᾽affirmer, il y a effectivement aposiopèse.
640. L᾽oscillation entre tournure déclarative et interrogative est la clé du dialogue et du suspens de la scène.
641. Il y a sans doute ici une réminiscence des "cupita" et de la "prolepsis" stoïciens ; mais sûrement Donat se souvient-il aussi de l᾽image de l᾽attelage présente dans le
Phèdre de Platon, ainsi que d᾽un passage des
Tusculanes de Cicéron (IV, 11, 10) : "Partes autem perturbationum uolunt ex duobus opinatis bonis nasci et ex duobus opinatis malis ; ita esse quattuor, ex bonis libidinem et laetitiam, ut sit laetitia praesentium bonorum libido futurorum, ex malis metum et aegritudinem nasci censent, metum futuris, aegritudinem praesentibus ; quae enim uenientis metuuntur, eadem adficiunt aegritudine instantia" (et comme il y a, dans l᾽opinion des hommes, deux sortes de biens et deux sortes de maux, les Stoïciens divisent les passions en quatre genres : deux, qui regardent les biens ; deux, qui regardent les maux. Par rapport aux biens, la cupidité et la joie : la cupidité, qui a pour objet le bien futur ; la joie, qui a pour objet le bien présent. Par rapport aux maux, la tristesse et la crainte : la tristesse, qui a pour objet les maux présents ; la crainte, qui a pour objet les maux futurs).
642. Donat souligne un enjeu majeur du réalisme et de la fiction littéraire, en soulignant les choix conventionnels de l᾽auteur.
643. Remarque étrange : Donat anticipe, puisqu᾽il considère que le récit commence ici sur des éléments qu᾽il présentera bien plus tard. Force est donc de considérer que, malgré le dialogue, toute la suite ne constitue à ses yeux qu᾽une unique "narratio".
644. "Alias" peut faire référence aux autres comédies de Térence, puisque "insciens" n᾽est employé qu᾽une seule fois dans le
Phormion (voir en revanche And. 782, Heaut. 632-633, et 970).
645. La "sententia" est en réalité "cuius tu fidem in pecunia perspexeris uerere uerba ei credere". La "fides" désigne l᾽honnêteté de celui qui fait un emprunt et s᾽engage donc à rembourser. Donat souligne la portée générale du propos et la tournure sentencieuse. Ce qui relève du "sententiose" est évidemment ici la brièveté de la formule et son caractère général et moral.
646. Montrer la fonction dramaturgique du dialogue dans les scènes d᾽exposition est une constante chez Donat, ainsi Andria 1, 1.
647. C᾽est-à-dire de l᾽argent aux paroles. Il est plus difficile de payer sa dette que de payer quelqu᾽un de paroles.
648. A cause du préverbe qui implique un examen minutieux, si on le comprend comme un intensif sur le modèle de "perficere".
649. L᾽allitération en vélaire /w/ "uerere uerba" participe évidemment ici à l᾽emphase du propos.
650. L᾽argument est en fait : à qui profite le crime ? Il est ici employé de façon détournée par Donat, puisque ce que veut dire Dave, ce n᾽est pas "à qui profiterait ma tromperie ?", mais "quel profit aurais-je à te tromper ?".
651. Autrement dit, Dave ne dit pas qu᾽il s᾽abstiendra de le tromper parce qu᾽il est honnête, mais parce que cela ne lui rapporterait rien. Cette scholie peut avoir deux sens : soit il n᾽est pas conforme au caractère d᾽un esclave d᾽utiliser l᾽argument par l᾽honnête, ce qui lui suppose une conscience morale supérieure à sa condition, soit, dans la liste des lieux communs possibles pour prouver sa bonne foi, l᾽esclave choisit l᾽argument "cui bono" plutôt que celui de l᾽"honestum". La première interprétation paraît la plus plausible.
652. Parce qu᾽elle en appelle à l᾽interlocuteur, la question est plus propre à persuader que la simple affimation.
653. La seconde main, qui croit expliciter le commentaire de Donat, trahit en réalité l᾽intention du commentateur. Donat considère en effet "ergo" comme une sorte d᾽interjection visant à faire accélérer la prise d᾽une décision (fr. "allons donc"). La citation virgilienne va exactement dans ce sens. La remarque dramaturgique de la seconde main fait de "ergo" un adverbe marquant clairement une conséquence : "si tu veux que je te raconte mon histoire, il faut donc que tu te taises".
654. Il s᾽agit d᾽un commentaire sur les "nomina relatiua". "Nostri" s᾽oppose à "alienus" (Géta et Dave) comme "maior" à "minor" (Chrémès et Démiphon), "senex" à "adulescens" (Démiphon et Antiphon) et "frater" à "frater" (Chrémès et Démiphon). Noter une erreur chez Marouzeau (1984) dans la présentation des personnages, où Dave est présenté comme esclave de Démiphon ; or l᾽acte 1, scène
1 rend cette attribution impossible, puisque Dave est notoirement étranger à cette famille.
655. Le "quasi" qu᾽emploie Donat est difficile à expliquer ; Géta pose bel et bien une question ; peut-être Donat veut-il simplement souligner que cette question, en plus de viser à lancer la conversation directement sur le sujet (comme il le dit immédiatement après), est purement oratoire et ne constitue donc pas une interrogation réelle.
656. En fait la réplique commentée et la citation de Virgile ont en commun de présenter des questions qui donnent plusieurs renseignements sur l᾽identité d᾽un personnage. Il en va de même avec le passage de Virgile et le vers de
L᾽Eunuque cités pour illustrer ce procédé, qualifié d᾽économie ("compendium"). Le "compendium", ici, consiste à résumer comme Donat vient de l᾽expliquer la situation familiale en quelques mots afin de ne pas avoir à remonter toute l᾽histoire de la famille. La question, qui est un appel à l᾽évidence, limite en réalité, par la connaissance que l᾽autre personnage est supposé en avoir, le récit des éléments antérieurs à ce qui est indispensable au spectateur.
657. Le lien entre cette citation et le texte de Térence est assez difficile à établir ; tout au plus peut-on noter que le propos cité, qui est celui de Sinon au livre II de
L᾽Enéide, a pour but d᾽introduire le discours, et ne constitue pas une véritable question ; il pourrait se rapprocher en cela de la question que pose Géta à Dave (cf. note précédente).
658. Remarque de syntaxe, précisément d᾽ordre des mots. Donat explique (avec quelque implicite) qu᾽il y a une prolepse du groupe "iter illi in Lemnum", qui se trouve en fait être le sujet de la subordonnée "ut esset". Il faut donc reconstituer selon l᾽ordre standard "euenit ut esset illi iter in Lemnum etc.".
659. Du point de vue de l᾽intérêt du spectateur en particulier, car le spectateur, s᾽il veut trembler pour les personnages et ne pas se douter tout de suite du dénouement, doit ignorer la double vie de Chrémès.
660. Donat relève la volonté de Térence de développer l᾽intrigue par petites touches sans lasser le spectateur ou bien sans l᾽inonder d᾽informations.
661. C᾽est-à-dire, sans doute, servent à son récit.
662. Donat souligne que le pluriel "epistolas" est beaucoup moins ambigu que "litteras" qui, de toutes façons, dans ce contexte ne s᾽emploie qu᾽au pluriel pour désigner même une seule lettre.
663. Le rapprochement avec Ulysse et ses ruses laisse supposer que l᾽ami de Démiphon n᾽a pas que de bonnes intentions.
664. Le propos de Donat est ici obscur. L᾽hyperbole proverbiale dont parle le commentateur est "polliceri montes", que l᾽on trouve, effectivement, chez de nombreux auteurs. La suite du commentaire pose davantage problème : on peut comprendre que, si on ajoute à "polliceri montes" "modo non", on peut exprimer aussi bien la supériorité que l᾽infériorité ou l᾽égalité ; autrement dit, que cette expression peut vouloir dire aussi bien "promettre une grande quantité d᾽or", que "promettre un peu d᾽or" ou que "promettre de l᾽or" ("modo non" annulant alors "montes" pour donner un sens plus neutre). La difficulté est en fait qu᾽il y a hyperbole seulement si "modo non" exprime la supériorité, et que les deux autres sens (infériorité et égalité) consistent à prendre "modo non" au sens propre, et donc à abandonner la lecture euphémique.
665. L᾽hospitalité, vertu essentielle chez les Anciens, est définie par un ensemble de pratiques très codifiées. L᾽hôte, ou ξενοδόχος, reçoit l᾽étranger avec le salut amical, on pratique le serrement de mains, on fait apporter de l᾽eau pour les ablutions, parfois un bain chaud et un repas. L᾽étranger, quant à lui, exprime des vœux de bonheur pour l᾽hôte et sa famille. C᾽est au départ que l᾽hôte et l᾽étranger s᾽échangent des cadeaux, les δῶρα ξεινήϊα. On trouve des exemples de ces présents chez Homère : Il., 6,
218 ou bien Od. 1, 313 ; 8, 357 ; 8, 389 ; 15, 75 ; 19,
281 et 24, 273.
666. C᾽est d᾽ailleurs plus explicite dans la suite du commentaire, puisque le lemme suivant est "cui tanta...".
667. Pour deux raisons : le jeune homme n᾽aura pas d᾽argent, car son père a veillé à ce qu᾽il ne puisse rien dépenser en son absence, et le père ne tolèrera pas qu᾽il épouse sans dot (voir 70, 1).
668. La remarque est sans doute liée à la présence possible de l᾽élision de "me" devant "esse". Soit on élide en considérant que c᾽est la finale de "me" qui est élidée (et en conséquence on accentuera "ésse"), soit on élide en considérant que c᾽est l᾽initiale de "esse" qui est élidée (et on accentuera "mé"). Pour créer l᾽effet comique "o regem me", Donat a besoin de cette dernière prononciation. On peut aussi comprendre, comme Kauer-Lindsay (1926) dans l᾽édition Oxford de Térence, qu᾽il n᾽y a pas élision, mais double abrègement du "e" dans "me" et "esse". Dans ce cas, l᾽absence d᾽élision provoque évidemment l᾽accentuation.
669. Donat rapproche de manière étonnante les deux termes "magister" et "paedagogus". Le "magister" latin renvoie au maître d᾽école, celui qui enseigne. On peut donc se demander s᾽il ne s᾽agit pas du terme "paedagogus" pris dans son sens latin, car, en Grèce, il ne renvoie qu᾽à l᾽esclave chargé d᾽accompagner l᾽enfant à ses leçons. A Rome, le pédagogue n᾽apparaît que vers la fin de la République, au moment où l᾽étude du grec devient l᾽un des objets essentiels de l᾽éducation. Pour enseigner le grec aux enfants, on commença à engager un gouverneur de naissance grecque. Comme le pédagogue grec, il accompagne les enfants dans toutes ses sorties mais a vocation à participer à l᾽apprentissage de l᾽enfant.
670. Une autre étymologie pour "provincia" est donnée par Paul-Diacre dans l᾽abrégé de Festus : "prouinciae appellantur quod populus Romanus eas prouicit, i.e. anteuicit" (elles reçoivent le nom de "prouinciae" parce que le peuple romain les a vaincues à l᾽avant, "prouicit", c᾽est-à-dire les a vaincues auparavant, "anteuicit"). Isidore de Séville (Orig. 14, 5, 19) propose un rapprochement avec "procul" : "Prouinciae … ex causa uocabulum acceperunt. Principatus namque gentium, qui ad reges alios pertinebat, cum in ius suum Romani uincendo redigerent, procul positas regiones prouincias appellauerunt" (Les provinces tirent leur nom de "prouinciae" par une étymologie causative. De fait, l᾽hégémonie sur les nations, qui était le fait de rois étrangers, lorsque par la victoire, "uincendo", les Romains la soumettaient à leur propre pouvoir, ils donnèrent à ces régions situées au loin, "procul", le nom de "prouinciae"). Ernout-Meillet, dans le DELL (Dictionnaire Étymologique de la langue latine) suggèrent l᾽hypothèse d᾽un mot d᾽emprunt déformé par de nombreux rapprochements.
671. Le lien entre la citation et le texte de Térence semble assez lâche ; le point commun est manifestement dans l᾽emploi du possessif déterminant le nom "deus" : "deo [...] meo" chez Térence, "dei [...] sui" chez Virgile.
672. La manière dont Donat se situe par rapport au commentaire d᾽Asper n᾽est pas très claire. Apparemment la citation d᾽Asper est limitée au rapprochement virgilien, mais précisément le rapprochement virgilien s᾽opère parce que le poète dit "dei sui" là où le personnage comique dit "deo meo". Donat ne fait donc en réalité qu᾽expliciter la remarque d᾽Asper, qu᾽il illustre de la citation du
Stalagmus effectivement plus parlante que celle de Virgile.
673. On peut également comprendre "à moins qu᾽il ne s᾽agisse vraiment d᾽un dieu ("deus") ?".
674. Donat fait remarquer ici la construction avec un infinitif présent, alors que "memini", en sa qualité de verbe de mémoire, est en général associé à un infinitif parfait.
675. Géta aime les modalisateurs apparemment, voir au vers 69. Ou alors s᾽agit-il de son goût pour les questions ?
676. Autrement dit, Donat juge ce dicton trop noble pour un personnage comique, peut-être à cause de son contenu social et de sa portée générale. Le caractère de soumission au destin que suppose cette maxime la rend effectivement proche de l᾽attitude des personnages tragiques. Elle n᾽a donc rien à faire ici, sauf à jouer sur du paratragique ou du paraépique (cf. Sil. 5, 225-226).
677. Donat suppose que "calces" est l᾽accusatif complément d᾽un verbe sous-entendu, qu᾽il propose de suppléer avec "iactare". Le proverbe signifie alors "c᾽est folie que d᾽agiter les talons devant l᾽aiguillon", voire, selon la scholie 78.3, "c᾽est folie de donner des coups de pieds à l᾽aiguillon qu᾽on t᾽oppose". Mais le proverbe ne paraît pas cité sous une forme abrégée (qui donnerait peut-être seulement "aduersum stimulum calces" et non pas "inscitia est aduersum stimulum calces"). Pourquoi, à tout prendre, ne pas terminer le proverbe ? Du coup, on peut se demander si "calces" n᾽est pas plutôt le subjonctif de "calcare" dans un tour avec parataxe qui s᾽interprète, sans ellipse, "c᾽est folie que de piétiner l᾽aiguillon qui te fait face". Le verbe "calcare", attesté chez Caton, peut tout à fait être connu de Térence.
678. Effectivement, le vers de Virgile cité par Donat n᾽illustre pas le sens de "calces", présent chez Térence, de "coup de pied" (à supposer qu᾽il ne faille pas comprendre avec le verbe "calcare", voir la note précédente), mais un autre, celui de "talon".
679. Donat veut dire que "forum" a trois sens possibles, qu᾽il énumère du plus général au plus contextuel. Le sens local est celui de "place publique". Le sens temporel est celui de "jour de marché". Le troisième sens, désigné ici par le mot "persona", est métaphorique et contextualisé, car il désigne les jeunes gens, dont il a su tirer le meilleur parti.
680. Donat relève l᾽ironie de l᾽adverbe, qui suggère à mots couverts la suite de l᾽intrigue. La réplique du personnage est donc à double détente.
681. "Quisquam", semi-négatif, est inutile avec "nemo" négatif. On pourrait traduire par "personne de personne", "rien de rien".
682. Puisque Phédria n᾽est pas son maître.
683. Même remarque en Eun.
132 et suiv.
684. Donat joue sur les deux sens de "perdite". Il l᾽aime éperdument, mais il se perd en l᾽aimant, parce qu᾽elle est trop jeune et que son art ne dit rien qui vaille, associé qu᾽il est à la prostitution.
685. Faut-il comprendre "honeste" au sens où il n᾽y a pas de mot malsonnant pour expliquer le commerce du leno, qui n᾽est dit que "très impur" ? Est-ce que Donat voit dans la réplique de Géta une forme de gêne qui le forcerait à passer très vite sur cette information concernant la jeune fille ? Ou faut-il voir dans "honeste" (c᾽est plus probable) un sens métalinguistique, comparable à ce qu᾽on lit chez le lexicographe Nonius (ainsi son livre 3, qui s᾽intitule "De honestis et noue ueterum dictis"), et qui mène non pas vers la "moralité" du propos mais vers la "proprietas uerborum", le sens propre des mots ?
686. Donat explique en partie la plaisanterie dans les deux scholies suivantes. Les verbes employés font allusion aux disciples qui suivent partout les orateurs, par exemple, pour s᾽imprégner de leurs leçons (cf. Tac. Dial. 2), mais aussi à des réalités plus physiques comme le montre la scholie 3.
687. La note de la seconde main "hinc et philosophorum sectae" n᾽est pas d᾽une grande précision grammaticale. Elle s᾽inspire peut-être du commentaire de
L᾽Eunuque (262) : "᾽sectari iussi᾽ proprie, nam et sectae philosophorum ab hoc significatu dictae sunt". D᾽après Ernout-Meillet (DELL), le lien entre "sectari" et "secta" est l᾽inverse de celui postulé par Donat et c᾽est "sectari" qui vient de "secta". Mais les lexicographes antiques ne se soucient guère de ces précisions et c᾽est le lien entre deux mots, davantage que la direction de la dérivation, qui leur importe.
688. Notons que le manuscrit V cite plus longuement Virgile, puisqu᾽il mentionne les vers
63 à
65 de la deuxième Bucolique, et non le seul vers 65. Néanmoins, la citation donnée par le manuscrit est inexacte. Le texte dit en effet "torua lena lupum sequitur lupus ipse capellam S. c. s. l. t. c. o. a. t. s. q. u.", alors que Virgile écrit "torua leaena lupum sequitur, lupus ipse capellam, / florentem cytisum sequitur lasciua capella, / te Corydon, o Alexi ; trahit sua quemque uoluptas". La citation de Virgile explique de manière euphémistique pourquoi certains animaux en suivent ainsi d᾽autres.
689. L᾽esclave tend en effet souvent à s᾽identifier avec son maître. Toutefois cette première explication est en partie contredite par les scholies suivantes où Donat considère plutôt que "nos" désigne Géta et Antiphon.
690. C᾽est apparemment une syllepse de cas sur "ludo".
691. On peut également comprendre "᾽ex᾽ abundanti additum, ut apud ueteres multa sunt", c᾽est-à-dire "᾽ex᾽ est ajouté de façon pléonastique, comme c᾽est souvent le cas chez les Anciens". Dans ce cas, il s᾽agit du "ex" de "ex aduersum". Quoi qu᾽il en soit, ce lemme semble démontrer que Donat construit son commentaire en travaillant sur une version annotée du texte de Térence, donc à partir du commentaire (fût-il sous forme de notes éparses) d᾽un autre. Asper? Probus?
692. Ces deux pléonasmes sont plus que contestables. "Quaedam tonstrina" désigne "une certaine boutique" ,dont il ne dit rien de plus parce que ce n᾽est pas le lieu, et "fere plerumque" équivaut à "presque tout le temps". On voit mal ici ce que Donat tient pour redondant.
693. Le pléonasme (pour le moins ténu) porte sur l᾽emploi consécutif de "inde" et de "domum" : "elle s᾽en aille de là chez elle". Dans cette section, Donat semble avoir sorti sa fiche sur le pléonasme...
694. Pour comprendre le rapport entre la citation virgilienne (En. 2, 548) et le texte de Donat, il faut comprendre que Donat voit dans le "illi" virgilien un adverbe de lieu de la question "ubi" (d᾽où le rapprochement avec "ibi"), variante de "illic", ce qu᾽il n᾽est pas, selon l᾽interprétation ordinaire, puisqu᾽il renvoie directement à "Pelidae genitori" et s᾽interprète comme le datif du pronom ("referes ergo haec et nuntius ibis/ Pelidae genitori. Illi mea tristia facta/ degeneremque Neoptolemum narrare memento"). Donat comprend donc le vers de Virgile ainsi : "là-bas [aux Enfers], rappelle-toi de dire mes sinistres exploits et que Néoptolème dégénère de ses ancêtres".
695. La coutume de se couper les cheveux lorsque l᾽on porte le deuil est effectivement grecque. Hérodote signale cette coutume en 1,
82 lors de la défaite de Thyréatis. Les Argiens se coupèrent les cheveux en signe de deuil.
696. Les deux scholies sont pour le moins obscures. Si l᾽on peut comprendre que les jeunes gens aient peu de raison de pleurer, on ne voit guère quel est le lien "inverse" avec "tristis senectus". Sans doute faut-il comprendre et donc traduire "les larmes sont étonnantes, … vu qu᾽on dit au contraire ᾽tristis senectus᾽". La seconde scholie présente une citation (En. 4, 421-422) apparemment sans aucun rapport avec le sujet : "miserae hoc tamen unum/exsequere, Anna, mihi ; solam nam perfidus ille/ te colere, arcanos etiam tibi credere sensus". Toutefois Servius explique le lien en commentant ainsi : "infinitus pro indicativo". Ce vers devait donc servir de modèle grammatical pour l᾽infinitif de narration.
697. Pour l᾽opposition "in loco"/"ad locum", cf. Cledonius,
Ars, GL V, 21, 7 : "ad locum aduerbia haec sunt, huc illuc illo istoc ; in loco ista sunt, hic illic ubi ibi istic" (les adverbes pour le lieu où l᾽on va sont "huc", "illuc", "illo", et "istoc", les adverbes pour le lieu où l᾽on est sont "hic", "illic", "ubi", "ibi", et "istic"). Quant au mot "uiciniae", qui accompagne ici les adverbes de lieu proprement dits, il est au locatif et, par là, on ne s᾽attendrait pas à le trouver en addition d᾽un adverbe illatif. Mais dans un tour comme "huc uiciniae", il y a deux processus de localisation concomitants, l᾽un relevant de l᾽illatif, l᾽autre, relevant de la situation d᾽énonciation et caractérisant une référence à l᾽endroit même où le locuteur se trouve au moment même où il dit ce qu᾽il dit.
698. On trouve ici l᾽idée que la mort n᾽est tolérable en comédie que si elle est un moyen d᾽arriver à un dénouement heureux, lequel est obligatoire ; c᾽est en ce sens qu᾽il faut comprendre la sécurité dont parle Donat : c᾽est celle qui caractérisera la fin de la pièce, où la stabilité et la tranquillité seront retrouvées.
699. Et non à "matrem".
700. Effectivement, on pourrait considérer que "mortuam" est le sujet de "lamentari". Mais si c᾽est possible d᾽un point de vue purement grammatical, cela ne donne aucun sens.
701. Ce n᾽est pas tant lié à la pauverté qu᾽au fait que la jeune fille, n᾽ayant ni parents, ni amis, ni connaissance pour veiller étroitement sur elle, est en réalité livrée à la merci de tous les galants : cf. 98, 4.
702. On a ici une preuve supplémentaire du classement des figures. L᾽amplification est dite de la deuxième catégorie parce que ("quia") il y a corrélation de deux faits bien particuliers : la diminution du sens et l᾽allongement de la phrase.
703. La phrase de Salluste procède de la même manière : amplification par le balancement "non modo...sed" (qui répond au balancement "neque...neque" de Térence), puis développement du deuxième élément du balancement par "deditis quidem armis" (chez Térence, le développement était "extra unam aniculam"). Le parallèle entre le texte de Salluste et celui de Térence ne réside donc pas dans une diminution du sens, qui n᾽existe pas chez Salluste, mais dans le double phénomène d᾽amplification et d᾽allongement de la phrase.
704. Il s᾽agit de l᾽anaphore de "neque".
705. Donat souligne sans doute le fait que la pauvreté de la jeune fille n᾽oblige pas les jeunes gens à respecter les convenances et les autorise donc à s᾽adresser directement à elle.
706. Cf. par exemple And.
99 et Ph. 75. Donat relève dans cette réplique la volonté de Térence d᾽en venir rapidement aux faits mais on peut y voir aussi une façon de garantir une certaine vivacité, un certain dynamisme dans le discours.
707. C᾽est-à-dire, préparation de la scène de rencontre.
708. Donat commente ici l᾽emploi de l᾽infinitif final. Ce devait être soit un exemple de grammaire , soit un commentaire que Donat faisait dans son explication de
L᾽Enéide, puisqu᾽on trouve le même commentaire chez Serv. Auct. En. 1, 527 : "quidam ᾽populare᾽ pro ad populandum vel pro populatum accipiunt".
709. Donat relève le choix de la phrase nominale qui concentre tout le propos, qui est à la fois thème et rhème de la phrase. Voir 104,
4 pour le rattachement de cette figure à la "breuitas" et aux figures de l᾽hypotypose. Ce choix stylistique de Térence rentre en compte dans la manière de jouer la réplique ; il confère plus de vivacité dans le discours de Géta.
710. Donat est peut-être allé un peu trop vite en parlant de sens propre, "proprie". Le sens propre d᾽"aderat" est plutôt "être auprès de". Le sème d᾽᾽aide᾽ est portée par "adiumenti", non par "aderat".
711. Sans doute faut-il comprendre que l᾽emploi de "capillus" au singulier est déterminé par le fait que le grec utiliserait ici (et peut-être Apollodore dans l᾽original) le singulier θρίξ.
712. Toutes ces citations ont pour but d᾽illustrer l᾽emploi de "ipse". "Ipse" (ou "ipsa" selon les illustrations) représente la personne entière, dont une partie du corps est détachée comme autonome, extérieure à la personne.
713. Servius et l᾽auctor commentent de même le vers virgilien cité en appui (En. 5, 402) : "nam utraque manus armatur. Auct. et ᾽manum᾽ pro ᾽manus᾽".
714. A cause de l᾽emploi de "uis" qui conserve son sens de "force".
715. Ernout-Meillet (DELL) considèrent le rapprochement entre "forma" et "formus", "fornax", etc., comme une étymologie populaire (que l᾽on trouve également dans l᾽abrégé de Paul-Diacre). On ne la trouve chez aucun autre grammairien que Donat. "Formus" (de la même racine que le grec θερμός, "chaud") est un adjectif qui n᾽est plus conservé que chez les grammairiens et lexicographes pour expliquer "forceps", nom d᾽une pince qui sert à attraper ("-cep", de "capio") les objets chauds ("formus") ou des noms du fourneau. Quant au substantif "forma", il n᾽a pas d᾽étymologie satisfaisante.
716. C᾽est-à-dire en reprenant la métaphore du feu.
717. Donat considère généralement qu᾽il y a "plokè "quand le même mot est répété avec deux natures différentes (nom et participe par exemple). Ici il s᾽agit de deux sens différents du même substantif, qui signifie d᾽abord "apparence" puis "beauté".
718. Rappelons que, pour Donat, prépositions et préverbes sont la même chose.
719. Il existe un adjectif "formus" apparenté à "θερμός" et qui n᾽a rien à voir avec "forma" et "formosus" (cf. la note à 107.3). Donat semble, par étymologie populaire, confondre les deux séries en une seule, comme s᾽il s᾽agissait en fait de deux emplois différents du même mot. C᾽est pourquoi il parle de πλοκή.
720. "Indifferenter" est ici un adverbe métalinguistique, qui signale que "citharistria" et "fidicina" sont d᾽exacts synonymes, entre lesquels n᾽existe aucune "differentia".
721. Ici, évidemment, l᾽aposiopèse suppose que l᾽auditeur complète en imagination les éléments du récit qui ne lui sont pas donnés, c᾽est-à-dire les épanchements du jeune homme. On se souviendra que la brièveté participe du caractère persuasif de la narration.
722. Il y a changement de sujet entre les deux propositions coordonnées par "neque". C᾽est le poète qui fait que c᾽est la vieille qu᾽on aborde, mais c᾽est le jeune homme qui demande à la vieille de l᾽aider. Cette rupture a pu justifier la correction proposée par Estienne de "petit" (unanime dans les manuscrits) en "peti", car cette modification a pour effet que l᾽on n᾽a plus besoin que d᾽un seul sujet (implicitement Térence). Mais nous revenons au texte des manuscrits, car il est usuel que Donat laisse le sujet de la proposition implicite d᾽une manière telle qu᾽il est souvent impossible de déterminer s᾽il pense au poète ou au personnage. Le glissement de l᾽un à l᾽autre, que nous supposons ici, ne doit donc pas le gêner outre mesure. Même effet sans doute dans la scholie 136.
2 (avec glissement d᾽un personnage à l᾽autre).
723. Si le terme ne suppose pas un jeu de scène, il faut comprendre que c᾽est "recta" qui porte l᾽emphase.
724. On peut s᾽étonner que ce soit sur "illam" que porte l᾽emphase, on s᾽attendrait plutôt à voir l᾽emphase sur "ciuem". Il peut s᾽agir d᾽une remarque de métrique. En effet, au vers précédent, le "i" de "illa" est abrégé, alors qu᾽ici il ne l᾽est pas.
725. On retrouve ici des éléments de la "commendatio", c᾽est-à-dire de la manière de faire paraître une personne sous le jour le plus avantageux possible : sur le plan juridique elle mérite le respect, mais plus encore en raison de ses qualités morales. Evidemment cela prépare le dénouement.
726. Ici Donat énumère les différents degrés (positif, comparatif, superlatif) de l᾽adjectif irrégulier "bonus", de même qu᾽il énumérait plus haut (v. 37) les degrés des diminutifs de "paulum".
727. Donat souligne qu᾽on continue la "commendatio" par le "genus" cette fois. C᾽est ce qui expliquera la scholie 3. Cette jeune fille a tout pour être une bonne épouse pour un citoyen athénien.
728. Suivant la ponctuation le sens change ainsi : s᾽il la veut pour légitime épouse qu᾽il le fasse, ou bien s᾽il la veut pour épouse, il est en droit de le faire. Dans le premier cas il s᾽agit de souligner que la vieille récuse toute liaison hors mariage pour sa protégée, dans l᾽autre de souligner que la jeune fille étant libre, il faut procéder conformément à la loi qui interdit d᾽épouser des esclaves, mais impose d᾽épouser une femme libre avec qui on veut avoir des relations.
729. Donat paraît comprendre que l᾽expression vague "licere facere" peut désigner toute sorte d᾽activités y compris celles que vise le jeune homme...
730. Renvoi aux "themata" de l᾽école, la délibération étant ici : un jeune homme tombe amoureux d᾽une jeune fille pauvre dont on lui dit qu᾽elle est libre. En l᾽absence de son père doit-il l᾽épouser ? Les arguments se partagent évidemment entre le respect dû au père et le souci de ne pas déshonorer une jeune fille libre.
731. Donat signale l᾽emploi de "nescire" comme infinitif de narration, qu᾽on pourrait remplacer par un indicatif imparfait, et fait remarquer que les verbes suivants, qui lui sont coordonnés, sont, de fait, à l᾽imparfait.
732. Sur la construction qu᾽on comprend sans tenir compte du rejet : il désirait et redoutait à la fois de l᾽épouser, ce qui introduit la délibérative.
733. L᾽ambiguïté évoquée est sur la portée de la coordination : "illam ducere" peut, dans un premier temps, être compris comme en facteur commun des deux verbes ("il désirait et craignait le mariage avec elle") ; mais la suite montre qu᾽il faut renoncer à ce facteur commun et comprendre "il désirait le mariage et craignait son père".
734. La citation d᾽En. 5,
64 ne se comprend que développée : "si nona diem mortalibus almum/ Aurora extulerit radiisque retexerit orbem, / prima citae Teucris ponam certamina classis" (dès que la neuvième aurore aura apporté aux mortels son jour bienfaisant et aura à nouveau recouvert l᾽orbe de ses rayons, je proposerai aux Troyens un premier prix pour une régate). L᾽auctor de Servius donne la même explication à "si" : "in hoc loco aut pro confirmatiua posita est, ut ᾽uestro si munere tellus᾽, ut sit ᾽si᾽ pro ᾽cum᾽, id est ᾽cum uenerit᾽ : aut ᾽si᾽ pro dubitatiua est, ut accipiamus ᾽almum᾽ ᾽serenum᾽, id est ᾽si dederit diem serenum᾽ et talem qualis ludis aptus est (ici, soit il vaut une particule de confirmation, comme dans "uestro si munere tellus", ce qui donne à "si" la valeur de "cum", équivalant à "cum uenerit", soit "si" vaut une particule de doute, en sorte que nous interprétions "almum" comme "serenum" (temps serein) ce qui revient à dire "si dederit diem serenum", au cas où il ait donné un beau temps, susceptible d᾽accueillir des jeux).
735. Comprendre que ce qu᾽il fallait ajouter et qui fait tout le danger de la pièce, c᾽est "indotatam", c᾽est-à-dire le fait que la jeune fille soit dépourvue de dot, alors même que Démiphon est cupide.
736. Le vieillard constitue évidemment l᾽obstacle le plus difficile à franchir en raison de son avarice qui lui fera refuser un mariage sans dot.
737. L᾽ajout de "quamuis" que propose Donat est ambigu. On peut comprendre, comme nous le faisons, en faisant de "quamuis" une conjonction (ou un adverbe) à valeur concessive ("quelque vierge qu᾽elle soit, elle est tout de même sans dot"). Mais il est bien possible que "quamuis" soit l᾽accusatif féminin du déterminant, aiguillant vers "n᾽importe quelle fille sans dot". La formulation de Donat, avec l᾽adverbe "simpliciter" (qui implique seulement que l᾽élément considéré est sans accompagnement), laisse libres les deux interprétations.
738. Cf. Augustin,
Regulae, GL V, 518, 13 : "sunt aduerbia […] ordinandi, ut deinde denique" (il y a des adverbes qui servent à exprimer une succession, comme "deinde" et "denique").
739. Il s᾽agit d᾽une natte de jonc qui servait à la confection de corbeilles.
740. "Phormio a formula" est donc une étymologie, qui s᾽explique d᾽autant mieux si l᾽on écrit le nom du parasite à la latine, "Formio", selon une orthographe fréquente. C᾽est peut-être elle qui explique l᾽ordre canonique des pièces de Térence dans les manuscrits : And. Ad. Eun. Ph. Heaut. Hec., qui pourrait être alphabétique (selon l᾽ordre de l᾽initiale et d᾽elle seule, comme souvent encore dans le Haut Moyen Age), à condition qu᾽on écrive "Formio". Cf. la Préface de Marouzeau (1967, 12). L᾽hypothèse (absurde, évidemment) que Phormion tirerait son nom du mot "formula", en référence sans doute à des formules de loi dont l᾽intrigue se sert, avec le subterfuge de la fausse parenté qui permet d᾽épouser une fille épiclère, est sans doute inventée pour faire un lien avec le titre grec de l᾽original d᾽Apollodore, "Epidikazomenos", très juridique (littéralement "celui qui fait adjuger").
741. Il faut comprendre ici une indication scénique implicite car la question elle-même est anodine.
742. Donat n᾽a sans doute pas vu vraiment le sens ici. "Homo" renvoie à une catégorie, celle des parasites, que Phormion illustrerait. On dirait, en parodiant Audiard, "le genre à douter de rien". Notons que l᾽expression est reprise par Cicéron pour un personnage qu᾽il n᾽aime guère et qui a pour cognomen Phormio, ce qui lui vaut cette remarque (Caec. 27) : "argentarius Sex. Clodius, cui cognomen est Phormio, nec minus piger nec minus confidens quam ille Terentianus est". Le nom de Phormion est donc devenu le symbole de l᾽audace effrontée.
743. Citation d᾽And. 876, où le commentaire renvoie, en boucle, à ce vers du
Phormion, et qui est également reprise par l᾽auctor de Servius pour une scholie identique qu᾽il a pu tirer de Donat : "᾽confidentissime᾽ pro ᾽audacissime᾽ : ᾽confidentiam᾽ enim ueteres pro ᾽inpudenti audacia᾽ dicebant, ut Terentius ᾽o ingentem confidentiam᾽".
744. Donat ne précise pas lequel, c᾽est celui où une exclamation brise la continuité de la phrase.
745. Donat propose d᾽abord une équivalence "qui" / "utinam" dans une formule de souhait (adverbe exclamatif de souhait, ancien ablatif de "quis", cf. 130.2, signifiant "en quelque façon") puis deux possibilités : explétif ou pronom renvoyant à Phormion (relatif au nominatif masculin singulier), sans rapport avec la suite du vers, lue comme une parenthèse.
746. C᾽est-à-dire qu᾽il enchaîne sur la proposition relative qu᾽il avait commencée, ce qui implique que Donat ponctue ici "qui… (illum dii omnes perduint)". La scholie suivante confirme cette lecture, mais Donat s᾽en sépare car elle paraît ignorer l᾽aposiopèse précédente, en ne voyant là qu᾽une question d᾽ordre des mots.
747. La pièce repose sur la loi particulière à Athènes de la fille épiclère. Unique descendante de son père, mais, selon la loi athénienne, incapable d᾽hériter, elle est seulement "attachée à (ἐπί) l᾽héritage (κλῆρος)". En conséquence, elle doit épouser son plus proche parent pour éviter que les biens ne sortent de la famille.
748. Il y a ici parenthèse parce que l᾽exposé de la loi n᾽entre pas directement dans la narration qui consisterait à dire qu᾽il l᾽a épousée.
749. Par "il", il faut entendre sans nul doute à la fois Dave, la vieille et le père. Car c᾽est cette loi qui rend possible le mariage à condition que le jeune homme puisse prouver son lien de parenté.
750. Le jeune homme n᾽a donc guère le choix : si l᾽on considère les termes de la loi, il doit épouser sa parente.
751. Est-ce une citation de l᾽original grec ?
752. Cf. Cicéron, De Inuentione, I, 27, 20 : "Illa autem narratio, quae uersatur in personis, eiusmodi est, ut in ea simul cum rebus ipsis personarum sermones et animi perspici possint, hoc modo :᾽Venit ad me saepe clam[it]ans : quid agis, Micio ? cur perdis adulescentem nobis ? cur amat ? cur potat ? cur tu his rebus sumptum suggeris, uestitu nimio indulges ? nimium ineptus es᾽. Nimium ipse est durus praeter aequumque et bonum᾽. Hoc in genere narrationis multa debet inesse festiuitas, confecta ex rerum uarietate, animorum dissimilitudine, grauitate, lenitate, spe, metu, suspicione, desiderio, dissimulatione, errore, misericordia, fortunae commutatione, insperato incommodo, subita laetitia, iucundo exitu rerum. Verum haec ex iis, quae postea de elocutione praecipientur, ornamenta sumentur" (La narration qui concerne les personnes est ainsi faite que l᾽on a l᾽impression de voir non seulement les actions elles-mêmes, mais aussi le langage et le caractère des personnages. Exemple : "Il vient souvent me crier : ᾽Qu᾽est-ce que tu fais, Micion ? Pourquoi nous gâtes-tu ainsi ce jeune homme ? Pourquoi fait-il l᾽amour ? Pourquoi s᾽adonne-t-il à la boisson ? Pourquoi amasses-tu de l᾽argent pour lui payer tout cela et le laisses-tu s᾽habiller si cher ? Tu es par trop stupide᾽. Mais c᾽est lui qui est trop dur, plus que l᾽équité et le bien ne l᾽exigent" (passage des
Adelphes de Térence). Ce genre de narration doit avoir beaucoup d᾽agrément, grâce à la variété des événements ; à la diversité des sentiments : sérieux, douceur, espoir, crainte, désir, dissimulation, hésitation, compassion ; aux changements de fortune : malheurs inattendus, joies soudaines, heureux dénouement. Mais ces moyens seront tirés des préceptes que nous donnerons plus tard sur le style).
753. On ne peut poursuivre que pour un crime ou un délit qui ont été dénoncés, c᾽est-à-dire portés à la connaissance des magistrats. Voir Gaius, Inst. 4, 18, 2. La "denuntiatio" lançait la procédure judiciaire. Le
Digeste (43, 24, 5, 1) précise les délais et les éléments nécessaires à la "denuntiatio".
754. Les deux mots sont en effet homographes, mais pas homonymes, puisque le "i" de "dicam" est bref lorsqu᾽il s᾽agit du nom, long lorsqu᾽il s᾽agit du verbe. Il en résulte une différence d᾽accentuation car si les deux mots portent le ton sur la syllabe "di", le substantif, avec sa voyelle brève, équivaut à ce que les grammairiens grecs appellent un paroxyton (accent aigu sur la pénultième), le verbe, avec sa longue, à un propérispomène (circonflexe sur la pénultième).
755. Cela paraît inférer que Phormion ne serait pas un homme libre, ce qui semble invraisemblable. Il peut en revanche être métèque, ce qui expliquerait la scholie.
756. Nous traduisons "persona" par "statut social", car le terme de "persona" semble ici désigner la personne en tant qu᾽elle est sujet ou objet de devoirs (en l᾽occurrence, il s᾽agit du devoir qu᾽a Phormion de dénoncer une violation de la loi qui veut que les orphelines épousent leur plus proche parent).
757. "Qui" est en fait ici un adjectif interrogatif, mais Donat ignore cette distinction. Pour lui, la distinction fondamentale est entre le pronom/adjectif d᾽un côté, et l᾽adverbe de l᾽autre.
758. Commentaire assez confus qui mêle deux choses, l᾽explication d᾽un risque de pléonasme, qui paraît n᾽exister que dans l᾽esprit de Donat, et une remarque sur l᾽énumération. Sur cette figure voir Heren. 1, 17, 6. Elle doit, pour être réussie, ne comporter comme ici que trois termes. Il ne faut pas confondre cette figure avec l᾽"enumeratio" qui consiste à reprendre en fin de discours les arguments essentiels. C᾽est sans doute ce qui explique le choix du nom grec de cette figure.
759. On édite généralement ici "omnia haec".
760. "Quod" a pour antécédent la phrase précédente, avec les propositions interrogatives indirectes ("qui fuerit" etc.). Donat précise donc que tout se passe comme si l᾽antécédent de "quod" était le singulier "totum", qu᾽il supplée.
761. Autrement dit, le personnage imite ici un autre personnage de la pièce : il joue donc un rôle ; c᾽est presque une sorte de mise en abyme.
762. Il s᾽agit du mensonge que Phormion s᾽apprête à proférer, selon lequel la jeune fille serait parente avec Antiphon.
763. Il y a ici une allusion aux rites religieux dont on entourait les actes importants de la vie civile, et dont la formule employée par le parasite ("quod erit mihi bonum atque commodum") est une reprise bouffonne. Formellement, ce qui lui fait rapprocher "bonum atque commodum" de "faustum felixque" est la présence de deux adjectifs coordonnés et le matériau phonique commun, en [o] / [um] d᾽une part et [f] de l᾽autre.
764. Rien dans la syntaxe de la phrase ne permet d᾽en affirmer le caractère interrogatif. Il s᾽agit donc d᾽une indication scénique qui porte sur le seul membre "cum tu horum nihil refelles", le sens de la reconstruction de Donat étant "tu ne réfuteras rien, pas vrai ? Alors je gagnerai c᾽est sûr !". Donat souligne la stratégie persuasive du parasite en faisant de la réplique une question oratoire. Hartman (1895) est d᾽avis que cette scholie porte en fait sur le vers précédent, et plus précisément sur "quod erit mihi bonum atque commodum", mais il a tort de toute évidence.
765. Partant du principe que les sycophantes lancent des accusations (fausses le plus souvent) non pas dans un esprit de civisme, mais dans le seul but de s᾽enrichir, Donat s᾽étonne de voir ici Phormion lancer une accusation fausse, non pour son propre profit, mais pour celui du jeune homme, non pour gagner lui-même, mais pour faire perdre le jeune homme qui n᾽attend que cela. On a donc une perversion de la perversion que constitue la sycophantie.
766. Voir plus haut la note à 87, 1.
767. Elément dramaturgique important. Le parasite au fond ne risque pas grand-chose , ce qui lui donne bien des audaces.
768. Comme d᾽habitude l᾽esclave est si bien investi de son rôle qu᾽il prend pour ses propres affaires celles de son jeune maître.
769. Selon Donat, "persuasumst" etc. se rapporte à Géta, mais on peut aussi comprendre que c᾽est Antiphon qui s᾽est laissé persuader, ou même Antiphon et Géta.
770. Peut-être la scholie "adeo audax Phormio" vient-elle de l᾽aspect accompli de "factum est", comme si la chose était faite avant même d᾽avoir été entreprise.
771. "Factum est" aurait suffi à décrire la situation. L᾽épexégèse est dans l᾽ajout des circonstances détaillées.
772. On a ici un style reposant sur de brefs membres juxtaposés, dit "style incisif", que Cicéron loue pour sa concision et sa capacité à saisir l᾽auditeur, surtout s᾽il s᾽accompagne, comme ici, de figure dites gorgianiques, comme les jeux phoniques ou une recherche de l᾽égalité des membres ("uenimus, uidemus, factum est, uentum est, uincimur").
773. Cette scholie porte en réalité sur "O Geta quid te est futurum". Cette erreur est peut-être révélatrice d᾽un certain mode de constitution du commentaire. En l᾽occurrence, le lemme a pu être ajouté, dans un second temps, par une autre main qui ne s᾽attarde pas sur le contenu de la scholie mais répartit le lemme en fonction du texte restant : "hoc quod audis" n᾽était pas mentionné, on l᾽a donc rajouté en pensant que la scholie portait sur ce fragment du vers qui était le seul à ne pas être mentionné. C᾽est d᾽autant plus probant que le fragment en question possède une autonomie certaine : "hoc quod audis" constitue en effet une réplique à soi seul.
774. Théoriquement Géta devait veiller à la bonne moralité de son maître. Nous comprenons bien vite qu᾽il l᾽a en réalité laissé faire tout ce qu᾽il voulait, et que maintenant il va devoir rendre compte.
775. Comprendre dans une situation désespérée seulement.
776. En effet, Dave est déjà en proie aux lamentations ; il y aurait donc un risque de verser dans le registre tragique si Géta se lamentait également.
777. Sur la fonction burlesque des maximes sérieuses mises dans la bouche d᾽esclaves, voir Bureau 2009. Donat remarque le caractère en quelque sorte héroï-comique du personnage de Géta.
778. Ce qui étonne Donat ici, c᾽est qu᾽il ne la renvoie pas à l᾽autorité de son maître, mais, comme un personnage de tragédie, au Destin.
779. La consolation en résumé que Dave approuve, c᾽est la maxime que vient de lui donner Géta "quod fors feret feremus aequo animo". Donat joue évidemment sur les lieux communs du genre de la "consolatio", dont il trouve, ici, dans cette formule, une expression à la fois ramassée et bouffonne. Il est évident que la scholie commente également "placet" et "laudo" dits par le personnage et que cet ensemble porte sur la maxime.
780. Donat semble ici imaginer ce que serait la pièce si elle se focalisait sur les mésaventures de l᾽esclave. On sait que les esclaves ne peuvent agir en justice. Il lui faut donc un homme libre qui accepte d᾽agir en ses lieu et place. Exemple très clair de ce rôle chez Fronton ad amic. 2, 7, 2. Ici il s᾽agit d᾽intercéder auprès d᾽un juge qui ne sera autre que son maître.
781. Le texte habituel de Térence dit plutôt "nec tu aram tibi nec precatorem pararis" (ne te ménage ni un autel ni un intercesseur).
782. Donat observe une rareté syntaxique. "Orare" est construit avec le datif au lieu de sa construction habituelle.
783. C᾽est sans doute le verbe "oret" et l᾽intonation qu᾽il suppose qui inspire à Donat cette remarque sur l᾽imitation. Il faut donc supposer que l᾽acteur met en scène l᾽intercesseur.
784. Donat semble pointer l᾽évolution d᾽une tournure idiomatique semblable au français "laisser tomber" (sans la question du niveau de langue). Le changement du préverbe ne change en réalité rien, ni au sens, ni au caractère figé de l᾽expression.
785. Ou, si l᾽on veut traduire dans un registre moins soutenu mais qui rendrait mieux compte de l᾽expression que commente ici Donat, "oublie désormais les Grecs, ils t᾽ont laissé tomber".
786. Remarque dans le même genre et rattachée à l᾽univers de la comédie chez Porphyrion, Carm. 3, 12, 2-3 : "Videntur enim patrui adulescentibus corripiendis austeriores esse quam patres, quibus natura ipsa indulgentiam plerumque extorquet" (car les oncles paternels, pour blâmer les jeunes gens, semblent parfois plus austères que les pères, à qui leur nature même de pères extorque plus d᾽une fois de l᾽indulgence).
787. Autrement dit, il ne s᾽agit pas seulement d᾽une manœuvre de l᾽intercesseur pour amadouer son interlocuteur en formulant une demande réaliste et pondérée ; pour Donat, l᾽esclave n᾽a pas à s᾽estimer libre d᾽agir en toute impunité, et son intercesseur est donc vraiment censé penser : "posthac si quicquam... nihil precor".
788. Le but du commentaire est ici de dégager le sens de "quicquam".
789. Donat lit visiblement "nihil" comme un adverbe. Mais "precari" peut être transitif direct, auquel cas "nihil" peut être un véritable pronom.
790. Parce que le verbe composé "occidere" (occire) est plus expressif et de sens plus fort que le verbe simple "caedere" (frapper).
791. Soit de son caractère d᾽esclave curieux, soit plutôt de sa fonction dramaturgique qui consiste à faire parler Géta pour instruire le spectateur.
792. Donat s᾽amuse de la réactivation que fait Térence du mot étranger "paedagogus" qui signifie étymologiquement "qui accompagne un enfant". Comme le jeune homme suit partout la musicienne, il est son pédagogue, dans ce sens-là. D᾽où notre traduction qui vise à la fois à garder au mot son caractère étranger et à rendre l᾽incongruité de la remarque.
793. De fait, il manque un verbe, comme le dit Donat, puisqu᾽on a "ille qui citharistriam" (N. et Acc. sans rien pour les relier).
794. Pour relativiser l᾽énoncé et indiquer l᾽inquiétude du personnage. C᾽est ce que Donat appelle généralement "déictique".
795. On peut comprendre le commentaire de deux façons. Soit Donat précise que "nondum" est une négation partielle ("non plena"), dans la mesure où le retour du vieillard n᾽est pas rejeté comme rigoureusement impossible, il est seulement non avéré à l᾽instant T de l᾽énonciation. On admet donc en fait le caractère inéluctable de ce retour. Soit, dans cette scholie, "non" est autonyme et la remarque est lexicologique. Dans ce cas, Donat a une scholie à deux volets : 1. "parce qu᾽il finira par arriver" (explicitation du sens du lemme "nondum") ; 2. "ici (=dans le mot "nondum") ᾽non᾽ est une négation totale". Si l᾽on comprend ainsi, on peut supposer qu᾽il explique "nondum" comme forme équivalente de "nihildum", comme il le fait parfois quand "nihil" a le sens de "non" (par exemple en 142.5).
796. Le "portorium" correspond à Rome à un impôt payé pour le transport des marchandises à travers le territoire romain, au moment où elles passaient à certains points déterminés. On distingue trois sortes d᾽impôts, la douane, l᾽octroi et le péage. Dans la citation, il semble que Donat fasse référence à l᾽octroi, c᾽est-à-dire à l᾽impôt levé à la sortie ou à l᾽entrée d᾽une ville pour le compte de cette ville. Le mode de perception de cet impôt nécessitait une organisation très minutieuse. On distingue ainsi les bailleurs de fonds, les administrateurs et un personnel très nombreux, les douaniers, les percepteurs des taxes et les employés aux écritures (les "portitores"). Cicéron en parle dans Verr. 2, 77, 188. Voir aussi CIL. 1, 1462. Quant au terme de "publicani", il désigne les adjudicataires de l᾽Etat préposés à un service public, que ce soit la perception d᾽un impôt ou l᾽exécution d᾽une tâche. Voir Dig.,39, 4,
1 ou Val. Max. 6, 9, 8.
797. Il y a ici comme une esquisse d᾽explication étymologique du mot "portitor".
798. Donat poursuit le lemme, comme si c᾽était Dave qui parlait ("tibi a me"), pour expliciter le "numquid aliud", sans dire ouvertement "par ᾽numquid aliud᾽ il entend…".
799. Donat remarque un jeu sur la construction "aliud me uis" qui marque, comme il l᾽a déjà dit, la conclusion d᾽un dialogue (fr. "autre chose ?"), mais avec "uolo" on peut aussi fabriquer la formule de politesse "uolo ut bene sit tibi" (je te souhaite beaucoup de bonnes choses). La conflagration de ces deux tournures provoque l᾽amusement du commentateur.
800. Nouveau souci de bouclage de la scène par Donat, qui recherche entre cette fin et le début une correspondance qui souligne l᾽unité de cette longue scène.
801. La raison pour laquelle Donat commente ces mots de forme neutre qui désignent des femmes est sans doute qu᾽il s᾽agit là d᾽un fait troublant pour ses élèves.
802. Cette traduction est motivée par le fait que "color" désigne ici une "couleur", c᾽est-à-dire ce qui vient orner le discours.
803. Donat propose ici de "qualifier" cette scène, c᾽est-à-dire de la situer dans une typologie, qui comprend aussi par exemple la qualité "deliberatiua". Toutefois, une certaine confusion entre la "qualitas" et le "genus" n᾽est pas exclue. Ici, la "qualitas" désigne l᾽aspect technique de la scène, autrement dit la manière dont elle va être construite, alors que le "genus" désigne le type de contenu (que Donat appelle du nom judiciaire de "causa") que l᾽on va y trouver. Que le terme judiciaire "causa" prête à confusion, cela apparaît à l᾽évidence dans le fait que le "genus" n᾽est pas judiciaire, mais épidictique. Le rattachement au genre épidictique ne peut s᾽expliquer qu᾽indirectement : chaque jeune homme paraît faire l᾽éloge de l᾽autre en comparaison de son propre malheur (voir suite de la scholie). En même temps, à un autre niveau de lecture, le poète utilise cette scène pour blâmer le caractère irréfléchi et passionné de ses personnages.
804. Le genre de la cause est démonstratif, c᾽est-à-dire qu᾽il n᾽est ni délibératif ni judiciaire ; on peut donc dire que, dans cette scène, Antiphon et Phédria font en quelque sorte leur anti-éloge.
805. La traduction est ici impropre à rendre compte du jeu de mot sur "fugiturus", inspiré du grec "φευγόμενος" (qui signifie à la fois "fuyard" et "accusé").
806. Donat oppose deux sens possibles pour "in mentem uenire". A son époque le mot est dans la sphère sémantique de "recordatio" uniquement, tandis qu᾽en latin archaïque il aiguillait aussi vers "recogitatio" et "consideratio". Il a fait une remarque comparable plus haut en 77.1.
807. On peut se demander si la remarque porte sur la syntaxe (les verbes de mémoire se construisent avec le génitif) ou la morphologie particulière d᾽"aduentus, -us". La seconde explication est la plus plausible, comme le montre la scholie
5 de ce vers.
808. Cf.
Frg. Bobiense de nomine et pronomine, GL V, 555, 3 : "nam legimus [...] apud Terentium etiam ᾽nihil ornati, nihil tumulti᾽, item ᾽eius anui causa᾽ pro ᾽ornatus᾽ ᾽tumultus᾽ ᾽anus᾽" (car nous lisons […] également chez Térence"nihil ornati, nihil tumulti", et de même "eius anui causa", au lieu de "ornatus", "tumultus" et "anus").
809. Probus veut dire qu᾽"incogitans" est un adjectif (qu᾽il appelle "nomen" selon la tradition), et non pas un participe, puisqu᾽il n᾽existe pas de verbe "*incogitare", alors que son contraire "cogitans" est un participe et non un adjectif. Analogiquement, on pourrait faire la même remarque en français à propos, par exemple, du couple "invaincu" (adjectif seulement) vs "vaincu" (participe seulement).
810. Phédria s᾽irrite de voir son frère, qui est marié, se plaindre, alors que lui-même n᾽arrive pas à avancer ses propres affaires de cœur.
811. C᾽est-à-dire un mot du vocabulaire judiciaire comme si l᾽affaire était déjà en jugement.
812. Donat veut dire que "ne" a ici un effet négatif, et qu᾽il ne faut donc pas confondre cette particule à valeur de souhait négatif avec la particule affirmative homonyme "ne" ᾽oui vraiment᾽.
813. L᾽excuse est dans le mot "cupidum" qui introduit le fait qu᾽il a agi sous l᾽emprise de la passion, ce qui est une circonstance atténuante. Voir And. 882, 1.
814. Parce qu᾽il considère que son frère se plaint pour peu de choses en comparaison de ses propres malheurs.
815. Donat différencie "quam mox" de "quando". Dans les deux cas, il s᾽agit d᾽une interrogative / exclamative indirecte, mais "quam mox" est plus marqué que "quando", simple adverbe de date, par la tournure en "quam" (adverbe interrogatif exclamatif) portant sur "mox", adverbe qui signifie "bientôt", apportant un sème de proximité, que Donat explicite par "quia timet". Peut-être Donat accorde-t-il finalement plus d᾽importance à la construction d᾽"exspectare" avec interrogative indirecte qu᾽à la différence entre "quando" et "quam mox".
816. Donat analyse "aliis" comme plus marqué que "mihi" car, pour lui, l᾽opposition naturelle à la deuxième personne est la première (car ce sont les deux "vraies" personnes, celles du dialogue, surtout dans le cadre dramatique) et non la troisième (généralisation). En choisissant une formule générale, Phédria fait de son frère le représentant d᾽une catégorie marginale de fous (voir scholie suivante).
817. Donat remarque, par la scholie "et est figura ὑπόζευξις, nam ad utrumque aegre est sufficere potuit", un parallélisme entre "aliis quia defit quod ament aegre est" et "tibi quia superest dolet", phrases dans lesquelles le verbe principal aurait pu être en facteur commun, comme souvent en latin, surtout dans des cas de parallélisme aussi affirmés. Son commentaire stylistique ne s᾽arrête pas là : il nous dit que cette figure de style tend à mettre en opposition "dolere" et "aegre esse", pour montrer que "dolere" est plus fort que "aegre esse" ("laborauit, ut ostenderet plus esse dolet quam aegre est"). L᾽implicite de la remarque de Donat est que le parallélisme est réalisé par "aliis / tibi", "quia" répété, "deesse / superesse" et la forme des phrases juxtaposées (datif d᾽intérêt, subordonnée de cause, verbe), et que ce parallélisme met en lumière une opposition entre les deux phrases par les couples d᾽antonymes "aliis / tibi", "deesse / superesse", opposition qui met en valeur le rapport entre les verbes principaux et sur laquelle porte son commentaire.
818. La phrase aurait été tout aussi correcte sous la forme "aliis quia defit quod ament, tibi quia superest aegre est". L᾽hypozeuxe substitue à cette phrase deux constructions parallèles indépendantes. Voir Isid. Etym. 1, 36, 3-4.
819. Dans ce cas, il s᾽agit d᾽une interrogation de surprise, voire d᾽une interro-exclamative.
820. Donat paraît remarquer que, dans cette scholie, "tibi" est en facteur commun pour "dolere" et "superesse". La scholie
4 semble le confirmer en rapprochant le pronom du verbe "dolere".
821. Et non "tibi superest" qui serait également correct.
822. En tant que "certe" met fin à l᾽ironie.
823. Le texte est compréhensible en l᾽état, mais on pourrait presque lire "animam" (l᾽âme).
824. Comme dans la scholie 2, Donat dit qu᾽il faut comprendre le "uita" du texte "(ut modo) felicitas" ou "fortuna accidens uiuentibus". En 3, il est en fait un des sèmes du mot "uita". On a en quelque sorte un hyperonyme, "uita", et des hyponymes, "mores", "alimentum", "animus", "spatium uiuendi et felicitas" ou "fortuna accidens uiuentibus". D᾽une part, la scholie nous invite à ne choisir qu᾽un sème parmi ceux de "uita" (cf. "optanda, ut modo"), d᾽autre part, elle place en rapport de synonymie "felicitas" et "fortuna accidens uiuentibus".
825. Ce qui n᾽est croyable que par un amoureux, c᾽est évidemment le vers suivant où il dit qu᾽il est prêt à mourir. Le serment rajoute au caractère exagéré de la remarque dont Donat s᾽amuse.
826. Le propos de Donat est ici assez confus ; on peut comprendre que tout l᾽argument repose sur la violence de l᾽amour éprouvé par Phédria, et que c᾽est ce seul amour qui permet à la pièce d᾽avancer.
827. Donat remarque qu᾽il y a une différence entre "tamdiu" (adverbe de temps) et "quamdiu" (adverbe interrogatif ou relatif).
828. Donat s᾽interroge sur la raison pour laquelle on a "tamdiu" et non "quamdiu" : il en fait une contraction de l᾽adjectif " tantus, a um" au neutre adverbial (δεικτικόν) avec l᾽adverbe "diu" (quasi dicat : tantum diu). En réalité, il s᾽agit d᾽une confusion entre adverbe interrogatif et adverbe temporel.
829. Cette scholie peut porter sur l᾽absence du pronom de rappel devant le relatif (fréquent), ou sur le fait que l᾽objet de l᾽amour, bien que ce soit une femme, soit au neutre.
830. Comme "conicito" a pour complément l᾽interrogative indirecte qui suit, il n᾽a pas besoin de complément d᾽objet direct. Donat voit donc là un pléonasme syntaxique : on a en effet deux objets pour le même verbe. Il propose alors une solution : faire de "cetera" un circonstanciel de moyen ou de manière en ajoutant "per".
831. S᾽il y a paralipse selon la définition de Donat, c᾽est que "ingenuam" et "liberalem" sont synonymes, ce qui est très possible, "liberalis" ayant soit le sens de "comme il faut" soit son sens propre de "conforme à la condition d᾽homme libre". A la scholie 3, il paraît clair que le lemme masque l᾽objet véritable du commentaire, car on voit mal où il y aurait paralipse dans "ut ne addam", sauf à considérer que "ut ne " constitue la figure, ce qui est assez étrange. Mais en même temps, cette précaution oratoire annonce la paralipse et permet donc de la repérer.
832. Le commentaire demeure très confus, car chacun des deux mots peut relever en fait, suivant le sens qu᾽on lui donne, soit de la naissance, soit du caractère. C᾽est la valeur habituelle de "hoc" et de "illud" qui nous fait choisir cette traduction.
833. "Sectari" peut naturellement se traduire par "chercher", mais aussi par "accompagner", puisque Térence a dit au v.
86 que Phédria accompagnait ("sectari") la joueuse de cithare à son école.
834. Si Donat semble dire qu᾽il ne faut pas faire l᾽élision "uoluisti uxorem" (et dans ce cas la ponctuation fonctionnerait comme un indicateur pour une juste déclamation du vers), il se trompe, car l᾽élision est obligatoire si l᾽on veut pouvoir scander l᾽octonaire. Peut-être veut-il simplement indiquer, que, malgré l᾽élision pour le mètre, il faut bien faire une petite pause après "uoluisti".
835. Ce que commente en réalité ici Donat, c᾽est ce qu᾽il cite dans le lemme suivant, "sine mala fama", et ce qui suit, qui décrit effectivement l᾽épouse parfaite.
836. La plupart des éditeurs modernes comprennent en effet que "palam" porte sur "sine mala fama", mais Donat semble comprendre que l᾽adverbe est un contre-rejet et porte sur "beatus" du vers suivant.
837. Il s᾽agit du "et" contenu implicitement dans le relatif de liaison "quod".
838. Les abréviations sont impossibles à expliciter, car Donat est le seul à citer ce passage perdu de Salluste.
839. Pléonasme portant sur les pronoms.
840. Décalque simplifié du commentaire d᾽And. 55.
841. Le commentaire de Donat est particulièrement obscur. Il semble vouloir isoler d᾽un côté "retinere", de l᾽autre "amare amittere" en fonction de la citation qu᾽il donne ensuite et qui ne comprend que "retinere" et "amittere". On peut envisager cela de deux façons : soit Donat récuse le rejet de façon métrique, en indiquant que "retinere" doit se trouver dans le vers précédent, soit il accepte le rejet, mais récuse la présence d᾽un groupe ternaire. Dans les deux cas son explication est acrobatique.
842. Emploi en référence implicite d᾽En. 10,
843 qui marque une connivence avec les élèves et sans doute un tour semi-proverbial.
843. Il s᾽agit du "servus currens", l᾽un des types canoniques de la comédie latine avec, entre autres, ceux du "senex iratus", de l᾽"adulescens lacrimans", "servus cogitans", et du "servus decipiens patrem". Le "servus currens" (qui est le seul personnage à courir sur scène) ne voit rien, n᾽entend rien, voudrait parler mais est trop essoufflé et ne voit pas celui qui lui parle.
844. Remarque de morphosyntaxe : Donat signale que le mot est un adjectif neutre (d᾽où "si tu ne trouves une idée prompte") et non l᾽adverbe "celere", également plausible ("si tu ne trouves promptement une idée").
845. Donat pointe un emploi rare transitif direct de "impendere" (ici "te" = acc.). Il donne Lucrèce comme seul autre exemple ; notons que le grammairien Arusianus Messius attribue ce vers à
L᾽Eunuque, sans nul doute par erreur. La construction "normale" est "alicui" ou "in aliquem". Peut-être Donat propose-t-il de lire une anastrophe avec tmèse, lorsqu᾽il dit en
2 "Pro in te pendent mala".
846. Rejoint le thème du "magister" évoqué au vers 72.
847. Peut-être faut-il comprendre que Nigidius supposait sous la graphie "celari", dont le e est long, une forme condensée de "*caelari". C᾽est ce que semble comprendre l᾽éditeur de Nigidius Swoboda (1964,
82 note 2).
848. Donat souligne ici la manière dont il faut se représenter le jeu de scène de Géta.
849. Il y a effectivement quelque incohérence à cette question d᾽Antiphon, à moins qu᾽elle ne soit en aparté et qu᾽Antiphon n᾽entende pas bien ce que dit Géta. Cette indication scénique a pu échapper à Donat.
850. Sur la valeur expressive de la question, voir ci-dessus 61, 4.
851. Cette remarque s᾽inscrit dans la tradition de la théorie des humeurs hippocratiques (reprise par Galien), selon laquelle le corps est soumis à l᾽équilibre de quatre humeurs qui correspondent aux quatre éléments. Selon leur prédominance, les humeurs définissent les caractères fondamentaux. Le bilieux, dominé par le feu est ainsi souvent enclin à la colère.
852. Proverbe cité dans la
Souda s. v. πλίνθος : «Πλίνθος. παροιμίαι : Πλίνθους πλύνεις : Χαμαὶ ἀντλεῖς : Φακὸν κόπτεις : ἐπὶ τῶν ἀδυνάτων καὶ ἀνηνύτων καὶ μὴ ὄντων λέγεται.» ( Brique : proverbes : tu laves des briques : tu écopes là où il n᾽y a pas d᾽eau, tu fais des tranches dans une lentille. Se dit pour les choses impossibles, sans résultat et qui n᾽existent pas).
853. Donat théorise comme σχῆμα διαπόρησις le monologue délibératif, en particulier quand il évoque ce qu᾽il pourrait faire et quelles en seraient les conséquences.
854. Donat oppose deux manières d᾽interpréter la scène, selon la logique ou selon la dramaturgie. Si le but est purement d᾽informer le spectateur, "purgem" et "loquar" peuvent être redondants, ce qui a provoqué l᾽ingénieuse explication proposée par certains commentateurs. Cependant ce qui prime pour Donat c᾽est la logique dramaturgique. L᾽état de panique de Géta est mieux montré par un langage à la limite de l᾽incohérence. L᾽opposition entre le sens et l᾽effet dramaturgique est une donnée extrêmement importante pour qui tente de reconstituer le discours de Donat sur le théâtre comique.
855. L᾽atticisme consiste ici à utiliser le génitif "animi", qui est d᾽ailleurs plutôt un locatif.
856. C᾽est-à-dire que le sujet est identique.
857. Ce qui est amusant ici, c᾽est que l᾽esclave est si désorienté qu᾽il préfère la condition bien peu enviable d᾽esclave fugitif aux châtiments effroyables qu᾽il imagine de la part de son maître.
858. Le commentaire insiste sur le caractère réflexif de la tournure (coïncidence entre la personne verbale et celle du pronom personnel).
859. En refusant le mot "dominus", il élude le fait qu᾽il devient un esclave fugitif.
860. Donat semble vouloir dire que "senis" renvoie davantage à la psychologie du personnage, à son caractère, que "dominus". De fait, "senex", comme nom de type comique, relève de la caractérologie, "dominus" relève seulement du vocabulaire social.
861. Donat paraît vouloir dire que la fuite est la seule manière pour des esclaves de causer du tort à leur maître. C᾽est évidemment toujours "plaisant" puisque l᾽esclave se met en bien plus grand danger que son maître.
862. Il y a là sans doute une allusion à une version antérieure du texte. On notera que Nigidius n᾽est pas le seul à lire ainsi (Swoboda (1964, 82)) car Verrius Flaccus lit également le même texte.
863. Cette recherche de symétries entre les propos de Géta et ceux d᾽Antiphon montre que Donat n᾽a pas bien vu, malgré la scholie 193, 1, que les deux personnages monologuent dans leur coin, Antiphon ne percevant que des bribes de ce que dit l᾽esclave.
864. L᾽apodose désigne donc ici non pas la figure grammaticale, mais la figure rhétorique. En fait, l᾽apodosis désigne ici une forme d᾽hysteron proteron.
865. Donat ne fait sans doute pas ce commentaire parce qu᾽il voit un problème de logique (opposition ou conséquence), mais parce qu᾽il ne sait pas si "sed" porte sur la seule interrogation (auquel cas on attendrait plutôt "ergo"), ou s᾽il fait le lien avec la phrase précédente (changement de sujet en les opposant), Cf. 215,1.
866. Donat remarque ici le souci d᾽exhaustivité de Térence, dont le personnage envisage une certaine stratégie si le personnage est immobile et une autre s᾽il est en mouvement.
867. L᾽ordre des mots proprement poétique est ici en cause, avec le jeu complexe des sonorités qu᾽il produit : "Nescio quod Magn(um) hoc Nunti(o) exspecto Malum". Cette disposition très artificielle donne à la phrase une solennité et une gravité particulières encore renforcée par l᾽homéotéleute si on ne fait pas l᾽élision de "magnum".
868. Ellipse car "pergere" signifie "continuer" et non proprement "rentrer". Mais Donat ne dit pas ce qui manque selon lui. Est-ce "usque ad" ? Est-ce un verbe du type "ire", étant donné que "pergere" n᾽est pas forcément un verbe de mouvement ?
869. Sur cet emploi de "homo", voir plus haut en 123, 1.
870. Il s᾽agit d᾽expliquer "porto" glosé ici par deux compléments de "fero", "uera" et "magna". La citation virgilienne (En. 2, 161) joue ici apparemment comme pure synonymie. Mais elle cache en réalité une intertextualité riche, puisque c᾽est le traître Sinon qui prononce ces paroles et qu᾽elles sont entièrement mensongères.
871. La pression qu᾽exercent sur Géta les questions incessantes d᾽Antiphon contrastent bien avec la question finale de Phédria, qui ne comprend rien (voir scholie 199, 1).
872. Etonnante sur le plan de la simple transmission d᾽informations, logique sur le plan des caractères, puisque visiblement Phédria ne comprend rien. C᾽est donc un commentaire dramaturgique, invitant à considérer avec attention le jeu de Phédria.
873. Des deux solutions proposées, la première est indéniablement suffisante : "nam" fait liaison de phrase, "quod" est adjectif interrogatif. L᾽option de l᾽anastrophe ("nam quod" pour "quodnam") repose sur un usage parfois inexplicable de cette figure chez les commentateurs. Voir par exemple un abus de ce genre chez Servius, En. 1, 644, appuyé d᾽ailleurs sur une remarque fondée de Donat à propos de Térence : "non ᾽praemittit᾽ : nec enim sequitur ipse, sed ᾽praerapidum᾽, quod ex adfectu patris [ ], intellegendum est, non ex Achatae velocitate. et sic ᾽praerapidum᾽ dixit, quomodo Terentius ᾽per pol quam paucos᾽, hoc est ᾽perquam paucos᾽ ; ᾽pol᾽ enim ipsum per se plenum est iurantis adverbium, cui praepositio separatim numquam cohaeret" (Ce n᾽est pas tant "praemittit" (il l᾽envoie devant), car lui-même ne le suit pas, que "praerapidum" (rapide comme l᾽éclair), ce qui se comprend par le sentiment paternel et non par la vélocité d᾽Achate. Et il veut dire "praerapidum" comme Térence dit "per pol quam paucos", c᾽est-à-dire "perquam paucos" (vraiment peu nombreux). De fait, "pol" est un adverbe de serment auto-suffisant à qui on n᾽ajoute jamais de préposition).
874. Le vers de Virgile offre la même ambiguïté de nature pour "subito", qu᾽on peut comprendre soit adverbe (comme dans la traduction proposée), soit comme adjectif (Quand, surgissant sur un flot soudain, l᾽orageux Orion...).
875. Le tragique est évidemment lié à la mention de la Fortune, mais aussi à l᾽hyperbole du pluriel "fortunae meae". Sur ce passage voir Bureau 2009.
876. Tout ce commentaire porte en réalité sur le préfixe "re-", qui porte, selon Donat, le sens d᾽une régression.
877. C᾽est-à-dire qu᾽il met sa souffrance en évidence en se donnant comme sujet du verbe "distrahar". Peut-être cette scholie est-elle due au fait que Donat voit dans un passif à la P
1 un sens encore plus passif que dans une phrase à la P2, car le locuteur se donne comme incapable de résister en connaissance de cause, alors que, lorsqu᾽il dit qu᾽une autre personne, P
2 ou P3, subira une action, il ne peut véritablement savoir à quel point elle tentera de s᾽y opposer. C᾽est la scholie suivante ("uim cohaerentis") qui nous fait proposer cette interprétation.
878. Une fois de plus, Donat signale un usage archaïqe d᾽une négation composée pour la simple : cf. ses remarques comparables à propos de "nihil" en 142,
4 par exemple. La situation est ici, en outre, compliquée par le fait que "nulla" est un déterminant et non pas un adverbe.
879. Ici, Donat paraphrase purement et simplement.
880. Le sens augmentatif remarqué est, en réalité, indéniablement exprimé par "magis".
881. Et non au génitif singulier. Mais la remarque de Donat montre que cette analyse n᾽a rien d᾽évident à son époque, au moins pour des élèves.
882. Le rapport ici n᾽a rien de formel, il repose sur une situation inverse chez Salluste. Un jeu intertextuel est probable, mais il nous échappe totalement puisque nous n᾽avons pas le reste du texte de Salluste.
883. Servius Buc. 6,
20 est plus précis sur cette differentia : "timidis aut timentibus ; nam timidus est qui semper timet, timens uero qui ad tempus formidat ex causa : aut re uera ᾽timidis᾽, quia pueris per aetatem naturaliter timor est insitus" ("timidis" ou "timentibus" ; de fait, est "timidus" celui qui toujours craint, mais "timens" celui qui, à un moment donné, craint pour une cause précise : ou alors à juste titre "᾽timidis", parce que les enfants ont en raison de leur âge une propension naturelle à la peur). Donat exploite ce vers des Bucoliques également dans le commentaire à
L᾽Eunuque, 642, 3.
884. Apparemment, Donat interprète le préverbe "im-" comme ayant une valeur négative. Mais dans ce cas l᾽énoncé "non possum immutarier" devrait signifier "je ne peux pas ne pas changer", "il est immanquable que je change", ce qui est strictement incompatible avec la suite de la scholie.
885. Même commentaire sur "haud muto factum" en And. 40.
886. Autrement dit, au cœur même de son exhortation, Géta reconnaît la gravité de la situation qu᾽affronte Antiphon.
887. La question que vient de poser Géta, et qui est une forme de provocation, devrait faire réagir Antiphon et provoquer chez lui une "percunctatio", c᾽est-à-dire un questionnement en forme de délibération. Or il n᾽en est rien et Antiphon plie du premier coup devant l᾽adversité. On comprend cependant très mal la suite de la scholie qui semble reposer sur la logique suivante : Antiphon a perçu que la question de Géta était ironique et il la prend pour une attaque personnelle. En refusant de répondre comme on s᾽y attendait (c᾽est la figure citée au début de la scholie) Antiphon coupe net l᾽effet recherché par Géta, ce qui explique l᾽agacement de l᾽esclave.
888. Le verbe "adduci" dit quelque chose de la forme interne du mot grec "ἐπαγωγή", souvent rendu en latin par le calque morphologique "inductio" (cf. Cic. Top. 42 ; Quint. I. O. V, 10, 73 ; V, 11, 2 ; IX, 1, 31...) et qui désigne le mécanisme de l᾽inférence. D᾽où notre traduction par "induire / induction".
889. On a aussi un "hoc" dans la réplique d᾽Antiphon au début du vers. Est-ce pour différencier le "hoc" de Géta de celui d᾽Antiphon qu᾽il précise que celui-ci est "relatiuum" ? Or il semble que les deux "hoc" soient anaphoriques, mais avec un référent distinct. Le premier "hoc", celui de la réplique d᾽Antiphon, renvoie à ce qui doit être fait (le complément implicite de "aliud grauius") et fonctionne avec "illud" (qui a pour référent "aliud grauius") : la référence des deux pronoms est précise, et se déduit de la question précédente. En revanche le second "hoc", celui de Géta, commenté par Donat, renvoie aux paroles et à l᾽attitude d᾽Antiphon en général, sa référence n᾽est pas purement endophorique mais plutôt exophorique. Est-ce ce que Donat a voulu commenter ? La scholie
3 propose une autre interprétation : "hoc" pour "hic Antipho". Ce n᾽est pas incompatible avec l᾽interprétation qu᾽on vient de donner, hormis pour ce qui est de la terminologie, que Donat ne possède pas. Ses deux interprétations sont que "hoc" peut renvoyer respectivement aux paroles d᾽Antiphon, ou bien en général à sa personne, auquel cas le neutre est marqueur de mépris.
890. Même commentaire en Eun 54.
891. Donat veut dire que Térence rend particulièrement bien le caractère décidé de Géta par la double répétition "uerbum uerbo" et "par pari". Celui-ci envisage concrètement le procès d᾽Antiphon : il faudra plaider un mot contre un autre et utiliser le même type d᾽argumentation que le vieillard. Ce cours express de rhétorique se comprend dans la mesure où Antiphon a si peur qu᾽il risque d᾽être incapable soit de répondre, soit de répondre convenablement.
892. Donat veut dire "ce sera homme contre homme, mot contre mot".
893. "Il" désigne évidemment Géta et l᾽interlocteur est clairement Antiphon lui-même.
894. Il faut comprendre que le commentaire s᾽étend jusqu᾽à "iudicio".
895. La seconde main, qui suit, a peut-être vu juste dans l᾽explication qu᾽elle ajoute. La scholie
3 propose une interprétation plus obscure.
896. C᾽est-à-dire apposé. Dans ce cas on comprend la citation de
L᾽Andrienne : à "tu coactus" répond "ui coactum", et à "tua uoluntate" répond son contraire "inuitum". Cela implique donc une identité de construction.
897. Renvoi à 192,
1 et à 57, 2, qui permettent de mieux comprendre cette scholie : si on ne s᾽intéresse qu᾽à la question, on attendrait plutôt "ergo" (remarque implicite ici), mais Donat voit "sed" comme le passage à un autre sujet.
898. Donat signale ici la règle des adjectifs de localisation, tels "ultimus", "imus", "summus", qu᾽on peut interpréter soit comme de purs qualificatifs ("summa arbor" c᾽est "l᾽arbre le plus haut") soit comme des signalétiques de lieux différentiels ("summa arbor" c᾽est "le sommet de l᾽arbre"). Le commentateur nous dit donc qu᾽ici il faut comprendre "ultima platea" comme "le bout de la place".
899. La vue provoque évidemment plus de terreur que la simple parole d᾽un autre.
900. Il s᾽agit d᾽un commentaire sur l᾽usage de la question "quo", mais le choix des exemples vise aussi évidemment à souligner par contraste le caractère anti-héroïque d᾽Antiphon le couard. En effet, c᾽est pour insulter Enée que Turnus lui dit "où fuis-tu ?", et pour stigmatiser la couardise des Latins que Pallas leur dit "quo fugitis, socii ?".
901. En effet, si la partie dont Géta est l"᾽intercessor" (ce qui en droit est impossible, puisqu᾽il est esclave, mais peut fonctionner dans ce procès fictif) disparaît, il n᾽y a plus lieu d᾽intercéder pour elle.
902. Sur cette remarque, voir Bureau 2009.
903. Phédria ne va pas pouvoir se défendre, il n᾽y aura donc qu᾽un procès à sens unique mené exclusivement à charge.
904. Le commentaire est à la limite du contresens. Le pluriel ici se justifie par la communauté d᾽intérêts entre Géta et Phédria.
905. L᾽atticisme remarqué est dans l᾽emploi d᾽un datif éthique.
906. C᾽est évidemment une inversion totale des rôles qui montre le désarroi de Phédria. C᾽est désormais l᾽esclave qui donne les ordres.
907. Ce commentaire porte en réalité sur 224-226.
908. En effet, Géta est autant concerné que Phédria par la punition à venir. Il devrait donc logiquement dire "nostra".
909. C᾽est-à-dire que d᾽ordinaire "noxia" est un adjectif. C᾽est ce que Donat veut dire en disant qu᾽il qualifie "res", mais ici c᾽est un substantif équivalent à "culpa".
910. Autrement dit, puisque "noxa" est impossible en fin de vers, on a "noxia" qui fait office d᾽iambe final. On remarquera que Donat ne s᾽est absolument pas soucié de l᾽explication métrique qui est donnée par la seconde main. Il faut un iambe pur que fournit "noxiam" (x-) et non "noxam" ( - -).
911. L᾽ordre naturel explique la gradation : 1. si la cause est juste, elle est facile à plaider, 2. si elle est facile à plaider, elle est gagnée d᾽avance, 3. si elle est gagnée d᾽avance, elle mérite qu᾽on la plaide. La gradation conduit en réalité à pousser Phédria à tenter la défense au lieu de s᾽enfuir.
912. Et non pas, comme la formation du mot l᾽induit, "qui peut être facilement vaincu", d᾽où la remarque de Donat.
913. L᾽emploi du mot "combat" invite à se demander si Donat lit "callidior", dont on voit mal le rapport avec la métaphore du combat, ou "calidior" (plus ardente). Voir les scholies à 229.
914. Le pléonasme pressenti n᾽est pas classé, on ne sait pas donc en quoi il consiste exactement. Il semble, au contraire, que l᾽adverbe "sedulo" apporte un surcroît de sens à la réplique de Phédria, en indiquant qu᾽il prend vraiment à cœur de faire ce que l᾽esclave lui conseille. Est-ce le temps de l᾽impersonnel, futur à valeur de promesse (ce qui implique peut-être que Phédria prend la chose à cœur) qui fait dire à Donat qu᾽il y a pléonasme ?
915. Cf. Cicéron, Inv. II, 86 : "Remotio criminis est, cum eius intentio facti, quod ab aduersario infertur, in alium aut in aliud demouetur. Id fit bipertito ; nam tum causa, tum res ipsa remouetur. » (il y a "remotio criminis" quand on déplace l᾽intention de celui qui a commis l᾽acte pointé par l᾽adversaire sur quelqu᾽un ou quelque chose d᾽autre). Cf. également Pirovano (2004) : "La remotio criminis aparece indicada con la designación remotiua qualitas, que aun sin encontrar paralelismo preciso en ninguno de los manuales conservados se deja reconducir a la terminología retórica utilizada en los sistemas de trece status". En indiquant qu᾽il s᾽agit d᾽une controverse, l᾽annotateur médiéval pousse l᾽argumentation de Donat plus loin que ne le faisait le commentateur. Celui-ci se bornait en effet à considérer le fonctionnement de l᾽écriture térentienne par sa comparaison avec la rhétorique judiciaire de la persuasion, en vue de déterminer pourquoi elle est dramatiquement efficace, la seconde main caractérise pour un public scolaire le type d᾽exercice dont il va s᾽agir.
916. La véhémence provient ici du fait que le crime d᾽Antiphon est présenté, par celui-là même qui le dénonce, comme dépassant l᾽imagination. On notera dans la suite le renvoi immédiat à ce modèle de véhémence qu᾽est le début de Catil. 1. Sur l᾽opportunité de recourir à cette figure, voir de Orat. 2, 317.
917. Donat commente en réalité la valeur de chaque mot : "itane" : est-ce que le délit est constitué ; "uxorem duxit" : quel est le délit ; "Antipho" : qui l᾽a commis ; "iniussu meo" : qui en pâtit.
918. "Age" ouvre une nouvelle proposition en juxtaposition et non ce que l᾽on attendrait, c᾽est-à-dire une coordination (normalement assurée par "sed" en cas de première proposition négative).
919. Donat commente ici l᾽infinitif exclamatif « reuereri », en l᾽illustrant par un infinitif exclamatif qu᾽emploie Lucrèce : « uidere ».
920. La correction porte sur "simultatem" et rend parfaitement claire la figure et l᾽exemple de Virgile : le vieillard commence par un énoncé particulièrement brutal ("mon fils a enfreint mes ordres"), mais, préparation pour la suite, il l᾽adoucit immédiatement tout en l᾽intériorisant ("il n᾽a pas pensé qu᾽il me ferait souffrir"), ce que l᾽on retrouve chez Virgile, où l᾽on accuse le sort, puis, plus grave sur le plan moral, la perversité du caractère.
921. Donat veut probablement dire que n᾽est pas exprimé le pronom ou le nom à l᾽accusatif qui désignerait la personne qui ressent la honte, ici "eum", ou "filium pudet".
922. Le commentaire de Nigidius peut porter sur le fait que "pudere" désigne un état et que donc cet état ne peut être que le résultat d᾽une action antérieure. Sinon on voit mal l᾽intérêt du commentaire.
923. "Monitor" n᾽est en soi un terme ni péjoratif ni flatteur. Si Donat y voit une connotation flatteuse, on peut supposer que c᾽est en raison des qualités prêtées à celui qui conseille ou qui accompagne (sens premier de "monitor"), qui sont souvent la sagesse et la clairvoyance.
924. Le commentaire de Donat élude le sens au lieu de l᾽éclairer. Il ne s᾽agit pas tant de savoir si la personne qui trouve se sent coupable ou non, que de montrer l᾽extraordinaire présence d᾽esprit de Géta qui a déjà tout prévu.
925. C᾽est-à-dire que, comme Donat fait anticiper par Démiphon les arguments de ses adversaires, le vieillard paraît vaincu d᾽avance. Tout se passe comme si le vieillard mettait en scène une "concessio", c᾽est-à-dire un aveu avec justification, et recevait déjà comme valable cette justification, ce qui désamorce évidemment le risque de punition terrible.
926. La "concessio" serait simplement un appel à la clémence du juge ou à l᾽examen de circonstances atténuantes, le verbe "tradere", qui signifie littéralement "remettre sa cause entre les mains de l᾽adversaire", porte un total paradoxe, puisque, loin de se défendre, Antiphon paraît demander à ses adversaires de le défendre. Notons l᾽ironie, puisque c᾽est, en un sens, exactement ce qu᾽a fait Phormion : se porter l᾽adversaire d᾽Antiphon dans le but de le favoriser.
927. Autrement dit, Géta annonce d᾽ores et déjà qu᾽il va parvenir à s᾽en sortir, donc à calmer le vieillard, ce qui, selon Donat, rend plus vraisemblable le fait que ce dernier va effectivement se calmer dans la suite de la pièce. On peut aussi considérer que le commentaire ne porte pas sur cette partie du vers mais sur "etiamne lex coegit". En effet si Antiphon a vraiment été contraint par la loi, le vieillard n᾽aura plus aucune raison de s᾽irriter contre lui. Cette explication est la plus probable.
928. Le lien entre le vers de Térence commenté et le vers de Virgile s᾽opère par le sens de "sperare" qui ne signifie pas ici "attendre un bien", mais "attendre" tout court.
929. Donat reprend ici la fameuse distinction sémantique entre "euenire", "accidere", et "contingere" (ici "obtingere"), qui veut que l᾽on emploie "accidere" pour un événement funeste, "contingere" pour un événement heureux et "euenire" pour un événement neutre. Ici, il note un emploi de "obtingere" pour un événement heureux, d᾽où sa remarque sur la réciproque. Cf. And. 398.
930. Donat fait peut-être référence à la racine de "statuere", dont "instituere" est le préverbé : "sto" signifie en effet "se tenir" et comporte un sème de ᾽solidité᾽ ou ᾽assurance᾽.
931. Le rapport entre le texte de Térence et cette citation des
Géorgiques ne tient évidemment pas au sens des deux énoncés, que rien ne paraît rapprocher : ce qui est comparé (cf. la scholie suivante, qui insiste là-dessus), c᾽est le caractère proverbial des deux passages mis en parallèle, ici caractérisé par une répétition de termes ("maxime" chez Térence, "nudus" chez Virgile).
932. Cela devient une maxime dans la reformulation de Donat qui montre ainsi comment s᾽opère peu à peu, comme on a pu le constater pour les "sententiae" de Ménandre, la récupération d᾽énoncés comiques à des fins moralisatrices. L᾽énoncé de Térence est nettement moins sentencieux que sa reformulation, où l᾽on voit répétitions ("maxime"), antithèses ("sapiens"/"stultus"), jeux phoniques ("securus"/"stultus").
933. Car "aerumna" (tempête) à lui seul suffit à exprimer l᾽idée d᾽opposition.
934. La citation de Salluste montre bien le phénomène en question, asyndètes ("a Pyrrho, Hannibale") suivies sur le même plan d᾽une structure coordonnée ("aequore et terra").
935. Autrement dit, après avoir dit, de façon générale, « quam ob rem...exilia », il en vient bien à parler de lui, mais de façon voilée, sous couvert d᾽un propos général. Phénomène que confirme la scholie suivante.
936. Donat veut que l᾽on comprenne ainsi (sans doute à tort) et non "semper cogitet".
937. Scholie étrange mais explicable en raison du système qu᾽adopte Donat lui-même. Pour lui, dans la comédie, les morts ne peuvent affecter que des personnages étrangers à l᾽intrigue, pour éviter le style tragique. C᾽est pourquoi, malgré la véhémence du personnage, la bienséance lui interdit de dire "mortem filii", parce que ce serait mettre un enjeu tragique sur la pièce. Toutefois, Donat ne peut empêcher Térence d᾽écrire "mortem uxoris". Or, comme la mère d᾽Antiphon, comme la plupart des mères de comédie, est déjà morte au moment du début de la pièce, cela conforte en apparence le système du commentateur qui commente comme il le fait.
938. La citation de Virgile contient donc elle aussi une énumération (« neque...nec... ») dont le dernier terme est rallongé par un ajout (« atque auro turbidus Hermus »). Voir 243, 1.
939. Remarquons que Donat se contredit en rattachant cette fois "semper" à "cogites" et non à "rediens", comme en 243, 4.
940. Notons que Donat oublie les trois termes de la première énumération ("pericla", "damna", "exsilia") dont on voit mal du coup à quoi ils se rattachent.
941. Donat remarque ici une étape supplémentaire dans l᾽affaiblissement de la position sévère du vieillard. En disant des mots de "precator", il se laisse surprendre à intercéder en réalité pour son fils.
942. Commentaire dont la fin est assez obscure : Donat comprend d᾽abord le sens évident, et fait de "si redierit" (ici futur antérieur) l᾽équivalent d᾽un impossible "postquam" suivi du futur antérieur, tour bien connu par ailleurs. La seconde explication est plus subtile : "redierit" est une vraie conditionnelle, très ambiguë : cela signifie soit "si le maître revient", ce qui revient à "cum redierit", soit "à supposer qu᾽il revienne", ce qui laisse planer un doute sur ce que veut l᾽esclave. Le maître étant rentré, cette hypothèse de Donat est purement gratuite et paraît n᾽obéir qu᾽à des considérations d᾽enseignement grammatical.
943. Autrement dit, ces punitions sont tellement fortes qu᾽elles seraient impossibles à atténuer par les mots, et qu᾽il serait donc d᾽autant plus indécent de les mentionner qu᾽elles impliquent la mort de l᾽esclave, ce qui ressortit au tragique.
944. Si on lit "usque", il faut en effet mettre le nominatif et comprendre "habendae sunt compedes" ; mais si on lit "esse", on a une proposition infinitive introduite par "meditata sunt omnia", et il faut donc l᾽accusatif "habendas compedes". Noter l᾽incohérence dans les deux scholies puisque Donat lit d᾽abord "usque", puis rejette cette leçon comme étant celle de "quidam". Cela laisse supposer un travail d᾽harmonisation de traditions insuffisamment achevé. La leçon "esse" fait difficulté et explique sans doute la scholie, car il faut une rupture de construction dans les sujets de l᾽infinitive pour admettre le nominatif. Le texte avec "usque" a d᾽ailleurs une certaine place dans les MSS de Térence et Donat ou celui qui ajoute cette scholie n᾽a peut-être pas tout à fait tort.
945. Comme le montre sans doute la scholie suivante, la variation se fait entre énoncés verbaux impersonnels et personnels.
946. Dans ce passage, on trouve effectivement d᾽abord des gérondifs, puis des adjectifs verbaux ; ce sont ces derniers que Donat nomme "participia", car l᾽adjectif verbal est pour lui un participe futur passif.
947. "Quicquam" étant un semi-négatif il fait pléonasme avec "nihil".
948. Outre la similitude de vocabulaire, la citation a une valeur intertextuelle évidente : dans Virgile, Enée s᾽adresse à la Sibylle. Ici Géta, comme Enée, attend de savoir son destin, mais au lieu de la Sibylle et de la gloire romaine, ce qui l᾽attend c᾽est d᾽aller finir ses jours à tourner la meule.
949. Si l᾽on voit bien le lien des deux premières citations avec le texte de Térence (il réside respectivement dans l᾽emploi de "nouus" et dans celui d᾽"animus", on voit mal le lien que la troisième citation, que Donat a d᾽ailleurs déjà utilisée en commentant le v. 239, entretient avec ce passage de la pièce. En fait, il semble plutôt que la deuxième citation engendre la troisième, autrement dit, que le "spe" de la deuxième citation amène Donat à penser au "sperare" de la troisième.
950. Ce qu᾽il reprend est "quidquid praeter spem eueniat". En revanche, le commentaire de Donat est douteux. C᾽est la répétition qui est comique, sans qu᾽il y ait moquerie, au moins directe, puisque Démiphon se croit seul en scène et n᾽entend pas les paroles de Géta. Dans
Les Adelphes, en revanche, la moquerie est avérée et se fait en face du maître, ce qui a pu induire Donat en erreur.
951. Cf., entre autres, le commentaire au vers 123.
952. La banalité du propos exclut tout reste de véhémence chez le vieillard.
953. De fait, Démiphon ne rend que partiellement ("partim") son salut à Phédria, puisque, s᾽il répète "salue", il interpelle le jeune homme sans mentionner le lien de parenté qui les unit (Phédria dit au contraire "mi patrue, salue") ; il est en effet pressé de passer à autre chose. Les deux salutations ne sont donc pas strictement équivalentes.
954. Pour éviter que ce commentaire paraisse contradictoire avec le précédent, il faut soit entendre le commentaire de
253 comme ironique, soit considérer que le père, tout en étant déjà prêt à pardonner conformément à son caractère, est néanmoins prêt à jouer le rôle que l᾽on attend de lui : quereller son fils qui a fait une grosse bêtise.
955. Il faut en effet qu᾽il y ait une forme de souhait ou de remerciement dans la phrase qui précède pour que le verbe puisse se comprendre : "je me réjouis de ton retour. -je te crois" est la solution plausible proposée par Donat.
956. Le premier étant "salue" (254).
957. Les vers 255-
257 sont répartis ainsi dans l᾽édition Wessner (voir note ecdotique ad loc.) : 255 : Phédria, puis Démiphon ; 256 : Phédria. Donat semble prendre des libertés avec l᾽ordre des vers de façon à regrouper les remarques par personnage : première partie de
255 puis 256 : Phédria, deuxième partie de 255 : Démiphon. Puis Donat reprend avec le commentaire de la deuxième partie du v. 256, dans laquelle Phédria aborde un nouveau sujet. On pourrait comprendre cela comme un souci, de la part du commentateur, d᾽expliquer clairement un passage dans lequel les interventions des personnages sont nombreuses et brèves.
958. En effet "hoc" peut être le COD de "responde" ou celui de "credo".
959. En ne voyant pas le jeune homme, son père peut penser qu᾽il est malade.
960. Donat est le seul à lire "uellem equidem". Tous les manuscrits de Térence donnent "uellem quidem". Cependant, avec le texte de Donat, à supposer que la fin du vers soit identique à celle que nous connaissons, il est impossible de scander le sénaire iambique.
961. Donat caractérise ici très précisément l᾽expression du regret au subjonctif imparfait.
962. On voit mal pourquoi cela a du pouvoir contre la colère. C᾽est peut-être parce que le jeune homme, en se demandant pourquoi Démiphon est irrité contre Antiphon (qui n᾽a fait qu᾽obéir à la loi), confirme les suppositions du père : Antiphon a seulement fait ce qu᾽il devait.
963. Sans doute allusion au fait que "conficere bonas nuptias" (faire un beau mariage) est une expression courante.
964. On reste dans la logique judiciaire. Au début de son réquisitoire, comme dans le début du
Pro Cluentio de Cicéron, l᾽orateur divise la cause en deux points qu᾽il examinera ensuite successivement dans son discours.
965. L᾽aparté de Géta "artificem probum" est analysé comme ironique et a donc pour sens réel selon Donat "quel mauvais comédien !". L᾽argument est que Démiphon reprend les termes mêmes de Phédria, ce qui prouve que le jeune homme a échoué dans sa tentative d᾽écarter le vieillard de ce sujet.
966. Sont opposés ici les deux types de "senex" de la comédie, théoriquement incompatibles : le "père indulgent" ou "pater lenis" (avec l᾽adjectif même, présent chez Térence, et sa reprise sous forme du substantif "lenitas" dans le commentaire) et le "père sévère" ou "pater saeuus" (allusivement représenté par le substantif "saeuitia" dans le commentaire). En fait, ce dont Donat fait gloire à Térence, c᾽est d᾽avoir inséré là, par intrusion d᾽un nom de type comique, un élément métathéâtral.
967. Il y a bien antithèse, même si l᾽opposé attendu est plutôt "asper" ; Donat attire donc sans doute l᾽attention sur cette figure de style parce qu᾽il estime qu᾽elle n᾽est pas évidente.
968. Jeu contextuel évident puisqu᾽il s᾽agit de l᾽ombre d᾽Hector qui apparaît à Enée.
969. L᾽objection apportée ici par Phédria consiste à dire que le crime n᾽est pas constitué puisqu᾽Antiphon n᾽a fait qu᾽obéir aux lois.
970. Le "nedum" (à plus forte raison) qu᾽emploie Donat se justifie dans la mesure où diminuer la conséquence de la faute est encore plus important que diminuer la faute elle-même.
971. Nouveau jeu contextuel : ce passage renvoie au prodige qui annonce aux Troyens la chute imminente de leur cité.
972. La variation est dans le passage du simple "noris" au composé "cognoris".
973. La colère entraîne une généralisation marquée par "omnes". Servius donne un commentaire du même genre pour la citation virgilienne qui suit, mais paraît le récuser comme contraire à l᾽usage : "si enim simpliciter intellexeris ᾽crimine᾽, de negotio ad personam vitiosum transitum facis" (si en effet on comprend de manière simple "crimine", on aboutit à un transfert incorrect de l᾽affaire à la personne).
974. Nouvelle citation contextuelle toujours prise à En. 2 : il s᾽agit de la capture de Sinon, ruse des Grecs pour entrer dans Troie.
975. Le texte de Cicéron est très malmené par les manuscrits : on édite généralement : "qui cives Romani erant <iudicabant> si Siculi essent, cum Siculos eorum legibus dari oporteret, qui Siculi, si cives Romani essent". Le commentaire est cependant loin d᾽être clair : si on recompose, selon la suite du commentaire de Donat, l᾽énoncé de Térence, on obtient "Si hic in noxa est, ille adest, si ille abest, hic praesto est", ce qui ressemble effectivement assez à l᾽énoncé cicéronien.
976. Notons que le texte traditionnellement reçu de Virgile porte "hac".
977. Evidemment parce que Phédria ne se sent pas en position de force, il commence donc par une sorte de concession qui va progressivement lui permettre d᾽arriver au cœur de sa défense.
978. Phédria ne se précipite pas pour défendre son cousin, ce qui serait louche, mais il commence par faire droit aux critiques formulées par son oncle.
979. L᾽ornementation réside dans une forme de pléonasme qui a ici une valeur expressive : "il a laissé une faute entrer en lui".
980. Cf. Cicéron,
De Oratore, 3, 25 : "Ornatur igitur oratio genere primum et quasi colore quodam et suco suo" (le premier ornement du style est dans son ensemble, dans sa couleur générale, et pour ainsi dire dans sa sève).
981. Remarquons combien le commentaire de Donat s᾽accroche acrobatiquement à la structure du vers térentien, puisque le mot qui, en réalité, devrait entraîner ce commentaire, "temperans", n᾽est apparemment même pas cité. Cela dit, le commentateur n᾽est pas sans être coutumier du fait quand il commente des fragments discontinus de vers. Mais on comprend que cela ait troublé les copistes.
982. Donat poursuit sur la comparaison de ce dialogue avec un procès. Toutefois le lien entre les figures de la "purgatio" et ce que dit précisément ici Phédria n᾽est pas évident. Il faut donc comprendre que, au moment où Phédria aborde le cœur de l᾽affaire, Donat dévoile par avance ce qui va être la stratégie du jeune homme, annoncée dès l᾽"insinuatio" : atténuer la faute d᾽Antiphon pour finir par le disculper.
983. Allusion au v. 94.
984. Allusion au v. 120.
985. Il y a un léger glissement dans l᾽explication sémantique que Donat donne de "temperans" : "consulens" et "prouidens" renvoient à la dimension de préparation, de prévoyance, que comporte "temperans" - prévoyance qu᾽Antiphon aurait dû avoir pour le bien ("res") et la réputation ("fama") de son père ; "moderatus", en revanche, a un autre sens que "consulens" et "prouidens", puisqu᾽il renvoie à la part de modération que comporte " temperans" - modération dont Antiphon est censé ne pas avoir fait preuve.
986. Cette citation illustre donc plutôt "temperans" au sens de "moderatus", et non pas au sens de "consulens" ou de "prouidens".
987. Topique du discours oratoire qui consiste en une sorte d᾽"excusatio".
988. Ce que Donat semble vouloir dire ici, c᾽est que Phédria ne veut pas laisser croire qu᾽il défend à tout crin l᾽autre jeune homme. Les trois scholies de ce vers se complètent : dans la première, Donat commente uniquement l᾽emploi de "quin" en reformulant très approximativement la principale ; la deuxième est un commentaire rhétorique qui analyse le procédé ; dans la troisième, il en vient à la situation dramatique en recontextualisant par rapport au locuteur. Phédria a dit : "je ne plaide pas", alors qu᾽en fait il plaide en partie coupable (si du moins le crime est constitué). Ce que Donat veut nous faire comprendre, c᾽est que Phédria ne s᾽érige pas en juge, comme on pourrait le croire, à l᾽entendre réclamer la punition d᾽Antiphon, mais qu᾽il le défend paradoxalement en demandant qu᾽il soit puni.
989. Autrement dit, Phédria se porte caution pour Antiphon.
990. Commentaire qui souligne bien la subtilité de l᾽enseignement rhétorique que Donat glisse dans le commentaire de cette scène. La question fondamentale est de savoir si Démiphon va punir son fils, ce que Phédria paraît accepter (c᾽est la "concessio"). Toutefois, le jeune homme en disant "si peccauerit" souligne que le délit n᾽est peut-être pas suffisamment clairement établi et que par conséquent sa concession peut très bien aboutir à un non-lieu pour Antiphon. Phédria recourt à la figure de "permissio" (Her. 4, 39).
991. La fonction de "cognitor" paraît ici renvoyer davantage aux réalités du temps de Donat qu᾽à celles de Térence. Phédria joue le rôle traditionnel du "cognitor" lorsqu᾽il agit "patrocinantis auctoritate", c᾽est-à-dire qu᾽il représente Antiphon et apporte en son nom les éclaircissements nécessaires à la disculpation du jeune homme. Toutefois ici, le mot "cognitor" est pris ici dans son sens tardo-antique de juge, magistrat instructeur : cf. C. Th. 10, 10, 20.
992. "Sollicitum" a donc plutôt le sens, ici, de "sollicitatum".
993. Rapprochement évidemment voulu avec un exemple parfait de fourbe à qui l᾽on se fie à tort. Cette comparaison, insistante depuis le début de la scène, rappelle quand même que la loi derrière laquelle se retranche le camp d᾽Antiphon a été utilisée de façon malhonnête par le jeune homme et son acolyte Phormion.
994. "Si" nous paraît ici emblématique de tout système hypothétique, comprendre "il ajoute une proposition en ᾽si᾽".
995. Sur la valeur de l᾽âge dans la topique judiciaire, voir Cic. Inv. 1, 35, 6 ; Top. 73 ; Quint 3, 8,38 ; 4, 1, 13 ; 6, 1,
24 etc.
996. Sur la valeur de l᾽interrogation voir 63, 124,
132 etc.
997. Autrement dit, en multipliant les personnes, Phédria veut prouver qu᾽Antiphon mérite moins le châtiment (puisqu᾽il n᾽est pas le seul responsable).
998. Donat veut dire que le caractère propre de Phédria, qui se montre ici sous un jour particulièrement recommandable, s᾽accorde mal avec le fait qu᾽il ait pu tremper dans une histoire sordide, et, de plus, le nombre des accusés impliqués dilue la responsabilité au point de rendre impossible la condamnation du seul Antiphon.
999. Justement parce que, dans le début, il avait traité cette affaire comme s᾽il en avait été extérieur, plus en magistrat instructeur qu᾽en défenseur, disait Donat. En disant "nostra", il choisit son camp et c᾽est celui d᾽Antiphon.
1000. Donat remarque que, dans un premier temps, Phédria s᾽en prend violemment aux juges en les accusant d᾽"inuidia". Mais, dans un second temps, Phédria souligne que l᾽"inuidia" n᾽est pas le seul motif des juges, qui peuvent aussi agir sous l᾽impulsion d᾽un sentiment louable ("honestior"), la "misericordia". Il commente alors cet ordre "inuidia / misericordia" de la façon suivante : Phédria a mis en dernier ce qui disculpe les juges ("misericordia"), afin de ne pas avoir l᾽air de déplacer l᾽accusation portée contre Antiphon sur les juges. Ainsi, il ne s᾽expose pas au reproche de détourner la cause, puisqu᾽il ne critique pas les juges, mais se contente de défendre Antiphon en montrant que, en bien ou en mal, les juges peuvent ne pas être impartiaux. En réalité il y a un léger glissement de sens de "uideretur" entre la première et la deuxième proposition. Dans la première il faut le prendre au sens de "être manifestement, être au vu de tous en train de", et dans la seconde au sens de "paraître, sembler".
1001. On retrouve le même "antitheton proton" en Eun. 1, 2, visiblement la figure désigne une antithèse de propositions ("antitheton sententiis", cf. Susemb. : "qui placere studeat bonis et minime multos laedere" dans
L᾽Eunuque et ici "propter inuidiam adimunt diuiti, propter misericordiam addunt pauperi").
1002. Géta ne se laisse pas prendre, parce qu᾽il connaît la manœuvre antérieure de Phormion, sinon il se laisserait convaincre. C᾽est donc que la force persuasive de Phédria est telle que la seule restriction possible à son pouvoir, c᾽est d᾽avoir vu de ses yeux que toute l᾽affaire n᾽est qu᾽une machination.
1003. Donat souligne que la qualité oratoire de Phédria est évidemment à mettre au compte de son créateur.
1004. C᾽est-à-dire celui qui est implicitement désigné au vers
273 par "si quis malitia fretus".
1005. Ici "absolute" désigne à la fois le recours à la substantivation de l᾽adjectif, à la brièveté de l᾽énoncé sans infinitif et surtout, sans doute, au rejet.
1006. S᾽il disait par exemple "noscere tuam causam esse iustam".
1007. Comprendre : il ne dit pas "tu ne dis pas grand-chose", mais "(tu ne réponds) mot".
1008. Térence l᾽a dit au vers 132, mais Démiphon n᾽était pas présent. Donat pointe donc une invraisemblance. Comment Démiphon, ici comme au vers 236, sait-il qu᾽Antiphon n᾽a rien dit ? Le commentateur s᾽efforce de limiter l᾽invraisemblance au nom de la volonté d᾽éviter du tragique, dont on voit mal comment elle s᾽explique ici, sinon parce que Démiphon pourrait céder au désespoir, mais, dans ce cas, pourquoi ne l᾽a-t-il pas fait avant ? D᾽ailleurs, en 236, Donat n᾽a rien dit de cette invraisemblance.
1009. La dérivation a fait passer la cause de l᾽état de capitale à celui de vénielle.
1010. S᾽il avait nié le chef d᾽accusation, Phédria n᾽aurait pas pu dire qu᾽Antiphon s᾽est conduit en jeune homme bien, en respectant scrupuleusement la loi et en épousant l᾽épiclère.
1011. Donat signale donc un archaïsme de construction, par lequel "fungor" est transitif direct, alors que sa construction standard est l᾽ablatif.
1012. Sur cet emploi de "color", voir Roller 2008. On trouvera en Sen. Contr. 9,
5 un parfait exemple de l᾽usage des "colores". Donat dit "uulgo" parce qu᾽il s᾽agit (cf. Roller 2008) d᾽un emploi dérivé du mot initié par Sénèque le Père, mais devenu trivial dans la langue technique des rhéteurs.
1013. Citation très inexacte : Plaute écrit "nam ut in naui uecta es, credo timida es".
1014. Phédria a assez bien défendu le camp d᾽Antiphon dont fait partie Géta pour lui éviter la meule s᾽il paraît devant Démiphon.
1015. Même remarque que pour l᾽entrée de Phédria plus haut.
1016. Ce sens de "columella" n᾽est attesté que chez Lucilius.
1017. Sur l᾽étymologie de "columen", Ernout-Meillet (DELL) suggère l᾽hypothèse que "columen" soit un doublet de "culmen", "avec lequel il est souvent confondu dans les manuscrits", sur le modèle "tegmen" / "tegumen". Mais une évolution de sens a conduit à l᾽époque impériale à une répartition des emplois des deux termes : "columen", voisin de "columna", est employé dans un sens métaphorique à partir de son sens de "soutien, appui", alors que "culmen" signifie "᾽sommet". L᾽explication de "columella" par "columna" est reprise par Priscien (GL II, 110,
14 et 112, 10) "feminina quoque in na desinentia, siue habeant ante n aliam consonantem siue non, geminant in diminutiuis l ante a, ut catena catella, asina asella, gemina gemella, columna columnella" (les féminins également qui finissent en "–na", qu᾽ils soient précédés d᾽une autre consonne avant le "n" ou non, redoublent le "l" avant le "a" dans les formations de diminutifs : "catena" "catella", "asina" "asella", "gemina" "gemella", "columna" "columnella") et "haec enim [unam] addunt syllabam diminutiuis, sicut etiam disyllaba eiusdem terminationis, ut columna columnella, sicut agna agnella, tignum tigillum" (ces derniers en effet [scil. les mots qui avant le dernier "n" du radical avaient une autre consonne] ajoutent une syllabe au diminutif, comme aussi les dissyllabiques de même terminaison : "columna" "columnella", comme on a "agna" "agnella", "tignum" "tigillum").
1018. De "custos" à "columen".
1019. Double accusation, parce qu᾽à la fois Géta a mal rempli la mission qui lui était confiée et que les conséquences de son laxisme se portent sur le personnage que Démiphon voulait le moins voir impliqué, son fils.
1020. Donat semble donc considérer que le "c" final de "hunc" et "hanc" est une particule déictique. Cf Priscien GL III, 6,
5 "sed scriptorum neglegentia praetermisit unum c. et sciendum, quod accusatiui casus singulares et genetiui plurales m in n conuertunt c consequente : hunc hanc, horunce harunce" (mais la négligence de ceux qui écrivent enlève un "c", même en sachant que l᾽accusatif singulier et le génitif pluriel changent le "m" en "n" quand un "c" les suit : "hunc", "hanc", "horunce", "harunce").
1021. On remarquera que l᾽adverbe n᾽est pas en réalité "paruo", mais "parue" ("paruo" est l᾽ablatif de "paruum", parfois employé de manière adverbiale). Au sujet des adverbes se terminant en "o", cf. Cledonius,
Ars, GL V, 64, 2 : "o quae producuntur a masculinis ueniunt et melius iuxta regulam in e caderent, ut false, sicut docte" (les adverbes qui finissent en o long viennent de mots masculins, et il serait mieux, en conformité avec la règle, qu᾽ils finissent en "e", comme "false" et "docte").
1022. C᾽est-à-dire tout pour servir les intérêts de son maître. Donat remarque que Géta ne s᾽accuse pas d᾽avoir fait le mal, mais, tout au plus, de n᾽avoir pas fait tout le bien qu᾽il pouvait, tout en considérant que dans ce cas ("in hac re") c᾽était impossible.
1023. Donat revient sur ce point déjà plusieurs fois évoqué, mais la citation de Salluste, paradoxalement, le contredit. Ce n᾽est pas tant spirituel qu᾽une marque probable d᾽archaïsme, dans lequel "homo" ou "mulier" sont pris pour des équivalents de "quidam". Ce qui fonctionnait pour "homo confidens" à l᾽acte
1 paraît plus difficile à soutenir ici. A moins qu᾽il comprenne dans
Jugurtha "il se cachait dans la hutte d᾽une femme, une servante qui plus est". Dans l᾽exemple virgilien l᾽emploi de "homo" est clairement dépréciatif.
1024. Ici, c᾽est donc "mulier", et pas "homo", qui est "dit spirituellement".
1025. Donat veut dire qu᾽"orare" a ici le sens de "parler" et non celui de "prier". Le mot "orator", lui, confirme que c᾽est bien le sens propre.
1026. Ici, il perd la possibilité de faire témoigner l᾽esclave. Donat ignore cependant un point important. Si nous sommes en Grèce, Démiphon peut faire témoigner son esclave sous la torture, mais pas à Rome, puisqu᾽il ne s᾽agit pas d᾽un procès criminel. Géta ne peut donc lui servir à rien. On notera que Térence, ici, n᾽a pas hellénisé son personnage. S᾽il ne le dit pas, c᾽est peut-être parce que, dans la législation contemporaine de Donat, le témoignage des esclaves est encore réduit par rapport à la pratique de l᾽époque classique ou archaïque.
1027. La disculpation d᾽Antiphon peut effectivement reposer sur le fait qu᾽il s᾽est laissé abuser.
1028. Le terme de "propositio" a ici le même sens de "déclaration préliminaire" que dans le commentaire que Donat fait du vers 30, même si le contexte est assez différent (au vers 30, il s᾽agissait de la "propositio" dans laquelle l᾽auteur demandait le silence ; ici il s᾽agit de la "propositio" dans un sens plus législatif : la première condition, la première partie d᾽une loi).
1029. Cf. v.
413 et suiv.
1030. Donat signale dans sa grammaire que tous les noms (comprendre en l᾽espèce les adjectifs) ne connaissent pas le degré : 617,
12 Holtz : "conparantur autem nomina quae aut qualitatem significant aut quantitatem. Sed non omnia per omnes gradus eunt" (peuvent être mis au comparatif les noms qui expriment soit la qualité soit la quantité. Mais tous n᾽ont pas tous les degrés). Dans sa grammaire, il est surtout attentif aux lacunes morphologiques (tel adjectif n᾽a que le superlatif mais pas le comparatif, etc.). Ici, en revanche, il s᾽agit d᾽une remarque sémantique. "Cognatus" est un "nomen relativum", il ne peut donc avoir de degrés, car la relation qui le constitue existe (et le mot est utilisable) ou elle n᾽existe pas (et le mot ne peut être employé). Ce qui explique que des commentateurs qui n᾽avaient pas vu la plaisanterie à la différence de Donat aient tenté de sauver "maxime" en le faisant porter sur autre chose (et c᾽est une simple question de ponctuation). L᾽idiotisme ici réside dans le caractère drolatique de l᾽expression "cent fois parent".
1031. "Quaerere" (chercher) paraît effectivement, comme dans l᾽exemple virgilien, signifier "envoyer chercher" au sens de "chasser quelqu᾽un en l᾽envoyant chercher quelque chose".
1032. Le propos de Donat est assez obscur : on peut au moins comprendre que "ducebat" s᾽oppose à ce que le vieillard a dit plus haut en évoquant la possibilité qu᾽avait le jeune homme de ne pas épouser la jeune fille, mais de simplement lui fournir une dot. Autrement dit, en disant "ducebat", le vieillard vise moins à critiquer les accusés qu᾽à opposer la solution du mariage, qu᾽il rejette, à celle de la dot, qu᾽il a envisagée juste auparavant. Donat signale donc que l᾽argumentaire de Démiphon perd en efficacité petit à petit.
1033. Remarque de ponctuation ; si on rattachait l᾽adverbe à "inopem", on obtiendrait un contresens : "pourquoi n᾽a-t-il pas ramené à la maison plutôt une fille pauvre ?". Démiphon, selon Donat, accuse son fils de s᾽être marié, non de s᾽être marié avec une pauvresse, mais les commentateurs qui ponctuent "inopem potius" n᾽ont pas tort, car Démiphon, qui est très avare, peut s᾽offusquer au moins autant de la pauvreté de la fille que du mariage de son fils. Là où le texte de Térence demeure volontairement ambigu, Donat tranche et lui fait perdre une partie de sa finesse comique.
1034. Géta paraît avoir compris "inopem potius" (ce qui va dans le sens d᾽un commentaire à la limite du contresens au vers précédent) et, s᾽il s᾽amuse, c᾽est en stigmatisant son maître pour sa ladrerie. Donat se contredit donc en partie dans ces deux scholies.
1035. Autrement dit : des choses dont la dimension de raillerie peut aisément être perçue.
1036. L᾽énoncé n᾽est pas vraiment un proverbe contrairement au passage correspondant de
L᾽Héautontimoroumenos mais Donat a une conception assez large du "prouerbium", qui désigne tout énoncé bref à portée générale. Dans l᾽Heaut., en revanche, c᾽est un vrai proverbe conformément à la définition antique : un énoncé bref, à portée générale et reposant sur une métaphore. Cf. Biville 1997.
1037. Forcellini donne des exemples, jusqu᾽à Sénèque, de constructions absolues de "credere" dans le sens "pecuniam committere". Charisius (
Ars, Barwick, 1964(2), 399, 6) dans le chapitre "De differentiis" du livre V de son
Ars établit la distinction suivante, que Donat ne paraît pas avoir retenue : "committere et credere. committimus consilia, credimus pecuniam" qui indique bien qu᾽on ne peut pas, selon lui, construire "pecuniam" et "committere".
1038. Donat a parfaitement saisi le mécanisme dramatique de la scène qu᾽il résume ici avec une netteté remarquable. En prenant l᾽ascendant sur son maître par son ironie, Géta a conduit celui-ci à bout d᾽arguments mais l᾽a aussi terriblement agacé.
1039. C᾽est-à-dire sans doute à son avarice et à sa propension à la colère, certes, mais aussi à son impuissance, que Donat a pointée dès le début de la scène.
1040. En effet c᾽est pour se débarrasser d᾽elle qu᾽il va finir par payer les trente mines, voir l᾽acte 5.
1041. Chez Térence, "meritum" est un verbe ("meritum est") ; mais Donat semble le comprendre comme un nom.
1042. C᾽est en effet Phormion qui montera toute l᾽affaire de la fausse dot, et se chargera de la récupérer.
1043. Donat indique clairement que le commentaire porte sur "istum" malgré le lemme. Voir commentaire suivant.
1044. C᾽est ici le sens péjoratif de "istum" que commente Donat.
1045. Donat, comme d᾽ordinaire, remarque les structures de bouclage de la scène, car Démiphon répète ce qu᾽il a dit en 254, mais l᾽adverbe souligne l᾽évolution dramatique.
1046. Comprendre : appropriée à l᾽intrigue.
1047. Autrement dit : lui qui ne soupçonne pas que c᾽est chez sa maîtresse Pamphila que Phédria va se précipiter, et non pas chez Antiphon.
1048. Ce commentaire de Donat sur la réplique de Géta éclaire également son commentaire de 309,
2 qui sinon se comprend mal.
1049. Si l᾽on comprend ainsi (mais voir note sur texte latin ad loc.), cela implique que l᾽action de grâces en question se fait sitôt débarqué sur le port même. Il s᾽agit ici d᾽un deuxième acte cultuel qui consiste à saluer les dieux domestiques.
1050. Il y a une tendance certaine chez les lexicographes à associer le terme générique "uia" aux définitions de certains noms de passage en relation avec la famille de "uerto" : cf. Non. 448,
22 L : "diuortium, flexus de uia, a diuertendo" ; Isid. Et. 15, 3, 10 : "diuersorium dictum eo quod ex diuersis uiis ibi conueniatur" ; 15, 16, 11 : "diuortia sunt flexus uiarum, hoc est uiae in diuersa tendentes. Idem diuerticula sunt, hoc est diuersae ac diuisae uiae, siue semitae transuersae quae sunt a latere uiae" ; déjà dans le commentaire à Eun. 635, 1-2, on trouve illustrée cette tendance, à propos du mot "diuerticulum" : "diuerticulum est, ubi iter de uia flectitur. Et proprie, quia diuerticula dicuntur in uia domicilia, ad quae de itinere diuertendum sit". Certes, aucun lien étymologique explicite entre "uia" et "uorto" n᾽est fait chez les lexicographes ; au contraire, "uia" est habituellement expliqué comme étant de la famille de "ueho" ᾽transporter᾽ (cf. Isid. 16, 16, 4, proche de Varr. RR 1, 2,
14 ou LL 5, 6). Mais "quasi", qu᾽on trouve dans cette scholie, est un marqueur habituel d᾽étymologie. Si l᾽étymologie ne concerne pas "uia" (ce dont nous ne sommes pas sûrs), elle concerne en tout cas au minimum la préposition "de", d᾽où notre option de considérer "de uia" comme un autonyme, total ou partiel.
1051. Donat explique ici un point de civilisation qui n᾽est plus compris par ses contemporains. A son époque les avocats sont pratiquement des professionnels que l᾽on va consulter et que l᾽on paie. Dans la pièce comme d᾽ailleurs à Athènes seuls des amis ou des parents peuvent assister le plaignant.
1052. Donat semble ici renvoyer au statut social, ou à l᾽origine sociale, des différents parasites que représente Térence.
1053. Faut-il comprendre que les parasites ont été davantage raillés par Térence que par d᾽autres poètes ? Ou que Térence s᾽est davantage moqué des parasites que d᾽autres types de personnages ?
1054. L᾽anecdote n᾽est pas autrement connue, mais le personnage est bien connu ; il apparaît dans les didascalies de Térence et est cité par Cicéron comme l᾽un des meilleurs acteurs de sa génération. Il était aussi producteur de spectacles.
1055. Comprendre que la portée de l᾽adverbe "oppido" est sur l᾽adjectif "iratum" et non sur le verbe principal sous-entendu (ce qui s᾽interprèterait : "je l᾽affirme avec force"). Si l᾽on faisait une analyse en termes modernes, on dirait que Donat explique qu᾽ici "oppido" est un adverbe de mot, non de phrase ni d᾽énonciation, ce qu᾽il serait si sa portée était sur "aio".
1056. Donat donne sans doute ici la clé de son commentaire dont le rapport avec le texte est assez lointain : il s᾽agit d᾽une indication scénique complémentaire reposant sur une représentation qu᾽il a vue ou qu᾽il imagine. On retrouve une pareille indication en 320,
1 et 321, 1.
1057. Le mortier est un objet essentiel pour la cuisine romaine où l᾽on broie beaucoup, comme on le voit dans les recettes d᾽Apicius. Cet objet est par ailleurs très ancien puisque Schliemann en a retrouvé lors de ses fouilles dans les ruines de Troie. Caton en fait mention, Agr. 14, 74-
76 mais aussi l᾽"appendix vergiliana" qui le décrit en détail dans son poème
Moretum, consacré en partie à donner la recette d᾽un plat connu depuis sous le nom de "moretum uergilianum".
1058. On n᾽a semble-t-il pas d᾽attestation du proverbe que Donat attribue aux paysans. Par ailleurs, Donat joue ici sur le double sens de "intrita" : soupe et mortier ; les "nourritures de ce genre" désignent en effet celles qui, après avoir été broyées dans un mortier, ont obtenu la consistance d᾽une soupe. Ce double sens de "intrita" est notamment illustré par Pline.
1059. Il s᾽agit de traiter maintenant la seconde intrigue, l᾽histoire d᾽amour de Phédria.
1060. Les deux personnages se cherchent, ils vont donc inévitablement se rencontrer et s᾽affronter.
1061. Donat se souvient sans doute de Cic., Scaur. 27,
7 et de l᾽emploi de ce verbe dans les plaidoyers de Cicéron, où il est très fréquemment employé pour l᾽acte même de la défense : voir par ex. Clu. 70, 14, Sul. 27,
7 etc.
1062. Rappelons que les trois choses en question sont, dans l᾽ordre : le fait que Phanium demeure, le fait qu᾽Antiphon ne soit pas accusé, et le fait que Phormion prenne sur lui toute la colère du vieillard.
1063. Donat fait peut-être ce commentaire parce qu᾽il craint que l᾽on ait oublié l᾽identité de la jeune femme ; elle n᾽a en effet été nommée que trois fois depuis le début de la pièce (aux v. 201,
218 et 316).
1064. Nouveau rapprochement contextuel : si l᾽on suit Donat, Phormion, qui arrive au moment où il va lui falloir toute sa ruse se prend pour Enée, "furiis accensus et ira terribilis", face à Turnus. Une fois encore le commentaire passe par le jeu littéraire. Visiblement Donat s᾽amuse tout en approfondissant la psychologie des personnages térentiens.
1065. On voit mal pourquoi cette remarque, sinon parce que Donat imagine ce jeu de scène ou l᾽a vu jouer ainsi. En quoi le fait de ne pas être entendu du parasite est-il en effet plus percutant que de l᾽être ? Tout simplement parce qu᾽on peut mentir à un interlocuteur, mais on ne se ment pas à soi-même. Donc Phormion est authentiquement un brave et un ami.
1066. On a ici la définition de la maxime à laquelle il manque seulement la mention d᾽une portée morale.
1067. Dans la plupart des cas à Athènes, où est censée se dérouler la pièce, soit on ne met pas les gens en prison, soit ils y sont dans un état de relative liberté. Le fait d᾽enchaîner les prisonniers est exceptionnel à Athènes et limité à des délits très graves, mais constitue à Rome en revanche une peine prévue pour un certain nombre de délits même relativement mineurs.
1068. Le "nervus" (ou bien "numella" ou "boiae") désigne un instrument destiné à empêcher un homme condamné de se mouvoir normalement . Il existait aussi chez les Grecs. C᾽est un carcan de bois ou de fer. Plaute l᾽appelle "collumbar" (Rud, 888) car les ouvertures ressemblent à celles d᾽un colombier. On trouve mention chez lui d᾽autres punitions pour les esclaves : fers qu᾽on leur mettait aux pieds, "compedes" (Asin. 548, cités également par Géta, qui en a peur), ou leur variante "pedicae" (Poen. 514), ou "numellae", souvent employés aussi pour maîtriser les gros bestiaux .
1069. Les trois solutions proposées exploitent la polysémie du mot "nervus". D᾽abord on peut penser aux entraves des prisonniers, ensuite à la corde de l᾽arc et enfin aux nerfs que l᾽athlète trop zélé peut se froisser.
1070. Autrement dit, si Donat peine à établir l᾽origine de l᾽expression "in neruum erumpere", il finit par en donner le sens, sur lequel il n᾽a aucun doute. Donat peut d᾽autant plus légitimement s᾽interroger sur l᾽origine de l᾽expression "in neruum erumpere" qu᾽elle n᾽est attestée apparemment que dans le
Phormion, à ce vers.
1071. Ici en effet "denique" peut parfaitement être remplacé par "modo" au sens de "à l᾽instant".
1072. On peut donc comprendre que parler par métaphores donne au discours une dimension vaine et bouffonne, c᾽est-à-dire à la fois drôle et pleine de dérision. Par ailleurs, Donat s᾽avance peut-être beaucoup : si, comme il l᾽a dit, il s᾽agit là d᾽un parasite de la pire espèce, pourquoi ne pas considérer que Phormion se vante de crimes réels ?
1073. C᾽est-à-dire que l᾽on n᾽a pas le balancement "cum...tum...", mais seulement "tum".
1074. C᾽est-à-dire important dans l᾽ordre social : le citoyen après l᾽étranger.
1075. Voir plus haut par exemple 275,
1 sur l᾽expressivité des questions.
1076. Géta remplit ici le rôle de l᾽interlocuteur qui vient rompre la monotonie des monologues en relançant la parole. Donat a bien analysé ce phénomène en And. 1,
1 par exemple, où il prête cette fonction au personnage protatique.
1077. Autrement dit : verbalement et physiquement. Donat joue sur la métaphore des rapaces utilisées par Phormion. "Os" en latin signifie à la fois la bouche du sycophante et le bec du rapace. Donat montre ainsi le jeu de mots.
1078. C᾽est en effet le cas, car l᾽autre solution proposée par Donat ,qui consiste à voir dans "enim" une espèce de corrélatif de "quia", est assez acrobatique.
1079. Ici, Donat paraphrase le v. 331.
1080. Le lien de cause exprimé par l᾽emploi de "quia" est assez étrange : selon Donat, "fructus" signifie "cibus" parce que le "cibus" est destiné à finir dans le "frumen". On s᾽attendrait plutôt à ce que le raisonnement, pour qu᾽il soit plus explicite, soit présenté différemment, presque sous la forme d᾽un syllogisme : le " fructus"» est destiné à finir dans le "frumen" (c᾽est ce que traduit la proximité étymologique des deux mots) ; le "cibus" est lui aussi destiné à finir dans le "frumen" ; donc le "cibus" et le "fructus" sont une seule et même chose.
1081. Donat paraphrase encore le v. 331.
1082. "Frustratur" n᾽est une reformulation possible de "luditur" que si l᾽on considère qu᾽on a affaire au verbe actif "frustro", au passif impersonnel, et non au déponent "frustror", qui a le même sens mais est dépourvu d᾽emploi au passif impersonnel. Or "frustro" est un verbe archaïque, preuve que Donat aime à parodier le style des Anciens.
1083. Il semble que Donat comprenne "aliis alicunde" au sens d᾽un péril "autre que celui auquel on s᾽attendait" ; mais il n᾽est pas obligatoire de comprendre ainsi le texte de Térence ; on peut en effet traduire par : "pour d᾽autres, il y a un danger d᾽où ils peuvent retirer quelque chose".
1084. Le passé employé par Donat pourrait indiquer qu᾽il vise ici la législation athénienne de recouvrement des dettes, mais en réalité la procédure visée est la "debitoris ductio", dans laquelle le débiteur indélicat pouvait être détenu dans la maison du créancier qui l᾽employait à divers travaux jusqu᾽à ce que la dette soit jugée acquittée par le travail du débiteur. Le parasite se voit donc déjà entretenu par sa victime et sans doute limitant ses services au strict minimum.
1085. A Rome, les taux d᾽intérêt sont souvent exorbitants et les délais de recouvrement de la dette peuvent être très courts. De plus, à époque ancienne, l᾽obligation pouvait s᾽étendre à la personne même du débiteur. Ainsi quand il ne pouvait pas payer, il était remis à son créancier, qui pouvait en faire ce qu᾽il voulait.
1086. Parce que dans ce cas, être conduit chez quelqu᾽un signifie être entretenu ; cf. infra.
1087. Référence évidemment introduite par jeu, car la divinité inférieure (Eole) met au rang de ses privilèges accordés par les grands celui de manger à la table des dieux, ce qui rejoint le trait que Donat accuse chez le parasite, l᾽obsession de la nourriture.
1088. Comme il le note lui-même, "rex" n᾽est pas tout à fait un "nomen relatiuum", même si, selon lui, il fonctionne ainsi dans ce passage. Donat crée donc artificiellement le couple "rex / parasitus", qui lui fait dire que "parasitus" est inutile après "nemo", puisqu᾽il est contenu dans l᾽idée même de "rex". De toute évidence, Donat voit ici une plaisanterie : "rex" est un mot sans doute à connotation argotique, comme "le boss, le dabe".
1089. Donat manie sans doute ici, implicitement, la notion d᾽idiolecte.
1090. L᾽adjectif "asymbolus" est également attesté chez Aulu-Gelle (7, 13, 2), où il est présenté comme un synonyme de "immunis" (dans le sens "qui ne donne rien"). Dans ce sens-là ("hoc nomen constat inter parasitos esse confictum atque compositum"), l᾽adjectif grec "ἀσύμβολος", dont il est un emprunt, est attesté dans les fragments de deux poètes comiques, Amphis et Timoclès.
1091. C᾽est-à-dire l᾽apparence que doit assurer celui qui reçoit chez lui.
1092. Il s᾽agit donc de deux syllabes phonétiquement très proches : "rin" et "ri".
1093. Cf. note du v. 247.
1094. Le verbe signifie "grogner en montrant des dents" et peut reposer sur une onomatopée "faire rrrr".
1095. Le terme de "procacitas" désigne aussi bien le goût des plaisirs que l᾽effronterie ; les deux conviennent au personnage de Phormion.
1096. Nous "traduisons" ainsi, pour souligner que ce que Donat remarque ici, c᾽est l᾽usage archaïque du verbe "decumbere", là où on attend, comme dans l᾽exemple cicéronien, "discumbere", qui, de toute évidence, appartient à une langue plus moderne.
1097. Nouveau jeu intertextuel : "mature ueniunt" désigne dans les
Verrines un repas où Rubrius fait boire son hôte Philodamos, un austère sicilien, avant de faire des propositions indécentes concernant la fille de ce dernier. Il n᾽y a guère de ressemblance textuelle, sinon le verbe, mais le contexte invite les lecteurs de Donat à imaginer jusqu᾽où va l᾽emprise des parasites sur une maison.
1098. A la lecture du commentaire, Géta n᾽est sans doute pas le seul à ne pas comprendre, sachant que l᾽allusion à Rubrius laisse supposer que Donat entend exactement "sumere" au vers suivant avec les connotations obscènes du français "prendre".
1099. Donat veut sans doute dire que chaque milieu a ses propres codes, et que les parasites en ont un particulier. Notons cependant que la formulation est pour le moins maladroite. Pour nous "his" est un masculin pluriel et "diuersi actus" un génitif singulier.
1100. Il est difficile de comprendre pourquoi Donat introduit ici le superlatif "potissimus" pour commenter le comparatif "potiora" ; peut-être y a-t-il eu contamination avec le commentaire, deux vers plus loin, de l᾽expression "praesentem deum", que Donat explique en lui donnant comme synonyme "potissimus". On peut également faire le lien entre "potius" et "potissimum" en rappelant que le superlatif relatif est un degré qui, comme le comparatif, implique une comparaison ; mais le superlatif relatif exprime, parmi tous les éléments comparés, le degré ultime ; "potissimus" est donc supérieur à "potior".
1101. Le lien entre cette citation et le texte de Térence réside à la fois dans l᾽emploi du superlatif ("summa" chez Plaute, "potissimum" chez Térence), et dans le fait que Peniculus, le personnage de Plaute, évoque, comme Phormion, une table particulièrement bien garnie.
1102. Il y a sans doute ici une légère ironie de la part de Donat, qui semble railler les évidences que formule parfois Térence...
1103. L᾽expression "dii praesentes" est commentée ainsi par Porphyrion Carm. 1, 35, 2 : "Praesens : ita dictum, ut praesentia dicuntur numina deorum, quae se potentiamque suam manifeste ostendunt" (se dit comme quand on dit "praesens" en parlant de la nature divine des dieux qui se montrent à l᾽évidence eux-mês ainsi que leur puissance), alors que Servius commente quant à lui "praesens dea" (Aen. 9, 142) en glosant "id est ilico, statim" (c᾽est-à-dire sur-le-champ, aussitôt) et en G. 1,
10 "quorum praesentia favor est" (dont la présence constitue une faveur). On voit que Donat combine deux interprétations possibles, dont on retrouve trace avant et après lui.
1104. Autrement dit, l᾽entrée du vieillard marque la fin de l᾽excursus, sans rapport direct avec l᾽argument, où Phormion exposait son mode de vie de parasite et son goût pour la nourriture ; notons que le même type d᾽excursus se retrouve par exemple dans
L᾽Eunuque, lorsque Gnathon raconte sa façon de vivre en tant que parasite.
1105. "Sustinere" implique "tenir sur sa position" alors que "repousser" implique de prendre l᾽avantage sur l᾽autre et de le chasser de son terrain. Géta veut dire que le vieux va s᾽accrocher à sa position et en quelque sorte assiéger Phormion et que Phormion devra donc tenir bon et non simplement repousser l᾽attaque.
1106. Commentaire extrêmement important, parce qu᾽il met en évidence le schéma explicatif retenu par Donat (cf. Jakobi (1996,
142 et suiv.)). Donat procède exactement comme un rhéteur, il définit le type de sujet ("controversia") et en donne le sujet : "quelqu᾽un sera forcé… on s᾽oppose à lui". Pour terminer sa présentation, il définit l᾽éthos des deux personnages que pourraient jouer les élèves de la classe de rhétorique de manière à donner un cadre à leur travail : l᾽un sera un bon père de famille, l᾽autre un vil sycophante. Le verbe "congruere", utilisé pour définir le travail du poète qui fait coïncider les propos de ses personnages avec ces éléments éthiques, complète cette présentation oratoire de la scène.
1107. Sur ce commentaire, voir la note du texte latin correspondant.
1108. Indication scénique tirée à n᾽en pas douter de "quaeso", qui implique la présence des "avocats".
1109. Le "hoc" du texte latin signifie "cela", c᾽est-à-dire le signe que fait l᾽acteur en disant ces mots, en l᾽espèce l᾽équivalent de notre signe du doigt sur les lèvres.
1110. Non que le pronom marque en lui-même le mépris, mais c᾽est le verbe "agitabo" qui introduit cette nuance.
1111. Ce que remarque Donat c᾽est que l᾽interjection "proh" est ici suivie du génitif, ce qui lui paraît incongru, et, de ce fait, il suppose un accusatif exclamatif, "fidem", et un sens proche de "ah, bonté divine". "Proh" interjection, se construit avec le vocatif (exemples chez Térence lui-même, dans
Les Adelphes au v. 196, ou chez Cicéron, "pro dii immortales") ; on trouve également "pro deum hominumque fidem" chez Cicéron (Verr, 4, 7). "Fidem" est donc bien la forme attendue du mot dans cette expression.
1112. V est le seul des manuscrits de Wessner à attribuer ce fragment à
L᾽Economique de Cicéron, C y voit un passage du
Pro Deiotaro, mais de toute évidence, il se trompe.
1113. En utilisant une exclamation devenue absolument topique à l᾽époque de Donat pour traduire l᾽indignation, Phormion se pose en victime, ce qui ne peut évidemment manquer d᾽exaspérer Démiphon, qui, d᾽emblée, va se trouver pris à la gorge, non par la force de l᾽argument, mais par l᾽appel à l᾽évidence que constitue un tel début.
1114. Remarque sur la valeur sémantique de l᾽adjectif démonstratif "hanc", qui a, selon Donat, une valeur déictique (nous dirions qu᾽il fait référence à un élément inscrit dans la situation d᾽énonciation, et identifiable par rapport à celle-là, ce que le commentateur nous dit par "quasi notam omnibus"). Donat fait sans doute cette analyse parce que ce pronom-adjectif est celui qu᾽on rapproche de la première personne, donc de la plus grande proximité par rapport à la situation d᾽énonciation.
1115. Accuser le premier c᾽est en effet donner l᾽impression que l᾽on est la victime et que l᾽on est certain de son bon droit.
1116. Donat a une théorie précise sur l᾽usage du nom propre : si le nom du personnage est plus honorable que son métier (voir par exemple Eun. 455), il faut le désigner par son nom, dans le cas inverse, il faut le désigner par son métier. Dans tous les cas, répéter un nom propre introduit un élément passionnel, ici la colère feinte et le sarcasme, ailleurs comme dans
L᾽Eunuque (871), la tendresse et l᾽attachement.
1117. Rappelons que Géta fait comme s᾽il ne voyait pas Démiphon ; c᾽est pour cela que Donat écrit : "comme absent".
1118. L᾽ambiguïté relevée par Donat est celle du pronom "eius". Fait-il référence à Démiphon ou à Phanium ? Donat nous dit que le sens rend évident qu᾽il s᾽agit de Phanium, mais, de fait, la grammaire aussi ; en effet, s᾽il s᾽agissait de Démiphon, sujet de l᾽infinitive ("se"), on aurait "suum", réfléchi direct, et non "eius". Le fait que Donat fasse cette remarque prouve toutefois que son public devait s᾽accorder quelque liberté avec la syntaxe du réfléchi.
1119. A et B se complètent ici parfaitement.
1120. Ce qui implique que les vieillards qui le suivent traînent derrière et qu᾽il les exhorte à avancer. Soit Donat a vu jouer ainsi cette scène, soit il invente une mise en scène cocasse pour interpréter cet impératif.
1121. La scholie B compète la A en ajoutant la raison qui explique ce jeu de scène cocasse : Démiphon redoute Phormion et n᾽ose pas lui parler sans ses renforts.
1122. C᾽est en effet le nom sous lequel Chrémès a fait son deuxième mariage.
1123. Le commentateur se contredit manifestement car on sait, et il l᾽a lui-même noté, que Démiphon est pour le moins près de ses sous.
1124. Donat remarque l᾽emploi du passif impersonnel comme marqueur stylistique de l᾽euphémisme.
1125. Malgré les apparences, ce commentaire n᾽est pas tautologique. En effet, "parens" peut signifier "père" ou "mère" et il importe ici de trancher cette question.
1126. Pour comprendre la remarque de la seconde main, il faut se situer dans la logique de Phormion : si Démiphon dit qu᾽il ne connaît pas le père de la jeune fille, c᾽est parce qu᾽il feint de croire que ce n᾽est pas Stilphon (voir scholie
5 où la main principale confirme cette lecture). Peut-être faudrait-il déplacer la seconde main ?
1127. Donat fait ici remarquer que "parens" pourrait vouloir dire "la mère", mais que, dans le cas précis, il faut bien comprendre "le père". De ce fait, la scholie précédente se complète parfaitement par celle-ci. Donat remarque la variation, puis il l᾽explique.
1128. Ce que Donat pose comme question, c᾽est de savoir s᾽il faut faire un seul grief à Démiphon (il fait semblant de ne pas connaître Stilpon), ou deux à la fois (non seulement il fait semblant de ne pas connaître Stilpon, mais en plus il ne s᾽occupe pas de la petite). Tout repose en fait sur l᾽ambiguïté du passif "neglegitur", dont le complément d᾽agent peut être Démiphon ou n᾽importe qui.
1129. Donat joue ici sur le sens de "corona", public d᾽un procès. Ici, Phormion, en se tournant vers le public, le prend à témoin comme un avocat le ferait au tribunal. D᾽ailleurs les citations qui suivent renvoient à l᾽affaire de Catilina et aux célèbres discours cicéroniens.
1130. Le texte de Salluste est cité par Donat de façon très elliptique. Le commentateur omet ,après "extollunt", le segment "uetera odere, noua exoptant, odio suarum rerum mutari omnia student, turba". Citation évidemment contextualisée. En renvoyant le discours de Phormion défendant les pauvres aux menées séditieuses de la plèbe qui se jette tête baissée dans la conjuration de Catilina, Donat condamne la basse démagogie de Phormion qui espère apitoyer les juges en jouant le numéro du défenseur des pauvres.
1131. A présente ici l᾽argument contenu de la dernière phrase de B, avant que le commentateur B ne prenne position contre cette lecture. A est sans doute l᾽œuvre d᾽un autre commentateur seulement cité par B qui le critique.
1132. Cas d᾽égalité des scholies, qui peuvent provenir d᾽un original commun abrégé de deux manière différentes. Les scholies
2 en revanche étant propres il faut supposer soit deux commentaires distincts, soit un choix différent opéré par les deux compilateurs.
1133. Les éditeurs cicéroniens lisent "nihil ex iis" au lieu de "nihil eorum", et "negauit", au lieu de "negarunt".
1134. "Insimulare" a plusieurs constructions. Il peut admettre l᾽accusatif de l᾽accusé et le génitif de la faute (c᾽est le cas ici, "erum" étant l᾽accusé et "malitiae" la faute), mais aussi l᾽accusatif de la faute et signifier "mettre en cause", "incriminer", "reprocher" (comme c᾽est le cas dans la citation de Cicéron, scholie précédente). Donat relève simplement une des constructions du verbe dans le cas présent.
1135. Le commentaire invite à se méfier de l᾽explication étymologique de ce nom. En effet, il pourrait signifier "accusation fausse" puisqu᾽il s᾽apparente à "simulare" (faire semblant). Or, ici, l᾽accusation est fausse, mais, dans l᾽exemple cicéronien, elle est vraie.
1136. Voir la note de la version A, à cet endroit.
1137. Démiphon dit en réalité "audacia", et non pas "audax".
1138. Sur le sens de cette scholie et sa reconstruction voir la note apposée au texte latin.
1139. Cette scholie paraît un résumé succint et maladroit de B.
1140. Ce qui attire l᾽attention de Donat, c᾽est la reprise (un peu hardie) de l᾽accusatif "illum" par le nominatif "homo".
1141. Le sens de la scholie n᾽est pas clair. Donat veut-il que l᾽on comprenne "il le connaissait moins", c᾽est-à-dire un peu, mais pas autant que Démiphon ?
1142. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin. Donat veut ici dire que "grandior" ("assez âgé"), bien qu᾽ayant une forme de comparatif, n᾽indique rien de plus ou de moins que le positif "grandis", ce qui serait le cas, s᾽il signifiait "plus âgé". Autrement dit, faute de complément, le comparatif est purement intensif.
1143. Cette scholie bien qu᾽émanant de la même tradition que le reste du commentaire de ce vers paraît contredire complètement la scholie
4 qui donnait à "grandior" le sens atténué d᾽"assez vieux".
1144. Donat joue ici sur le double sens de "grandis" : grand et âgé.
1145. Ici A est évidemment une version abrégée de B.
1146. Donat isole ici un sème de "uita" par synonymie. Cf. 164.
2 et 3.
1147. B n᾽a pas le même texte que A pour Térence ; il donne en effet "cui opera uita erat". Ce qui explique notre scholie : "opera" est l᾽ablatif (sans préposition) de "opera, ae", f. et non "opus, operis", n. comme dans A, et a donc la même désinence (sans parler des quantités) que le nominatif "uita". Il s᾽agit donc de préciser que, bien qu᾽ils soient à côté, ils ne sont pas au même cas. Sur le septième cas, cf. Donat,
Ars maior, 625,
4 (de nomine).
1148. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin. Cette notation, évidemment tout à fait acceptable pour un chrétien, n᾽est pas forcément d᾽origine chrétienne et peut être le fait d᾽un commentateur antique. La "continentia" fait partie des vertus stoïciennes. Ce texte peut donc être une vraie scholie antique, même s᾽il ne se rapporte pas directement à la situation dramatique de Térence, le commentateur prenant prétexte de ce mot pour une petite note mi-morale mi-lexicologique.
1149. Le scholiaste B analyse ici le mécanisme du pathétique de l᾽"argumentalis narratio", qui est faite non pour éclairer sur l᾽affaire elle-même, puisqu᾽il s᾽agit d᾽une digression sur le père de la jeune fille, mais pour impressionner favorablement l᾽auditoire en le touchant. C᾽est ce que résume très clairement
365 A 1, mais on notera que B n᾽est pas aussi explicite.
1150. Compassion pour "Stilphon", et révolte contre Démiphon qui laissait "Stilphon" dans le dénuement. "Inuidiose" n᾽a donc pas le même sens qu᾽en 352B, où il signifiait "avec malveillance".
1151. Ce qui apporte "plus de crédibilité", c᾽est que, alors qu᾽il donne dans le pathétique, Phormion est assez rusé pour ne pas en ajouter : ce vieillard modèle de toutes les vertus ne se plaint pas de son parent, il se contente de raconter objectivement ses malheurs. De ce fait il devient irrésistiblement sympathique.
1152. On pourrait en effet considérer "hunc" comme le sujet de "neglegere", et "se" comme le complément d᾽objet direct de "neglegere", mais ce serait un contresens.
1153. Il semble que Donat oppose ici la "causa", qui traite de personnages précis, à la "quaestio", qui traite de sujets généraux. Il dit en effet que c᾽est une "causa" parce qu᾽il ne s᾽agit pas de réfléchir sur les questions de parenté en général, mais sur un cas d᾽espèce.
1154. Ici encore A résume clairement B, mais on voit dans A 2-
3 une succession de scholies assez peu cohérentes pour témoigner d᾽une compilation que le commentateur n᾽a pas complètement lissée.
1155. Dans les procès, il arrive souvent, en effet, que les inculpés doivent cacher leur origine pour éviter de se discréditer ; ce n᾽est pas le cas ici, bien au contraire, d᾽où la remarque du commentateur.
1156. Donat explique "in uita" par "cum uiueret" (mot à mot "tant qu᾽il vivait"), ce qui a l᾽air complètement tautologique. En réalité, on peut comprendre ce commentaire de deux façons. Ou bien Donat indique que l᾽expression "in uita" peut renvoyer soit à la durée de la vie, soit à ce qu᾽on fait durant sa vie, ce qui est expliqué par la fin de la scholie, ou bien il veut qu᾽on comprenne qu᾽il s᾽agit bel et bien du père de la jeune fille et donc "cum uiueret" signifie "in uita eius" et empêche de comprendre "in uita mea", le second commentaire restant le même, non plus la durée mais le contenu de "sa" vie et non de "la mienne". On peut aussi penser à une autre explication sans aucun rapport avec celle-ci et entièrement morphologique et orthographique. Peut-être Donat veut-il nous dire que "in uita" est en deux mots (ce n᾽est donc pas l᾽adjectif "inuita"), et qu᾽il s᾽agit du "uita" qui signifie "vivre" ("cum uiueret") et qui vient de "uiuus" ("quod a uiuo fit"). Cette explication serait alors purement gratuite car le texte térentien ne présente aucune ambiguité à cet égard.
1157. Dans un contexte très compliqué où les interprétations se multiplient, de façon contradictoire, comme le montre B, A met un peu d᾽ordre et sélectionne une interprétation didascalique à la fois simple et assez petinente. B paraît au contraire fournir dans le plus grand désordre un catalogue d᾽explications entre lesquelles le commentateur ne tranche pas.
1158. Indication didascalique : Géta doit dire cela de manière à être entendu de Phormion avec qui tout est organisé et qui s᾽en moque, mais surtout de Démiphon qui croira ainsi que Géta est de son côté en voyant comment son esclave le défend.
1159. Plus que "uidisti", ce qui manque c᾽est "eumdem", mais Donat comprend clairement "uideas te eumdem atque illum uidisti ut narras" (fais en sorte de te voir identique à celui que tu as vu, d᾽après tes dires), c᾽est-à-dire "le meilleur des hommes".
1160. Si tel est le cas, Géta est stupide et compromet la réussite du plan de Phormion. Cette scholie paraît donc à la limite du contresens.
1161. Sur l᾽établissement du texte, voir la note apposée au texte latin. Si "in malam crucem" est employé de façon adverbiale, c᾽est parce que Donat voit bien dans "in", non pas la préposition, mais le verbe "is" suivi de la particule interrogative "ne", comme "audisne" donne "audin". Dans cette configuration plus que probable, "malam crucem" sans préposition fonctionne comme une sorte d᾽adverbe, et de même "huic uiciniae" (datif directif).
1162. Ici, et dans la suite du lemme, Donat paraphrase Térence.
1163. Donat explicite l᾽adverbe "ita".
1164. Ici les deux scholies se complètent parfaitement.
1165. Là encore, Donat commente la valeur sémantique du démonstratif de P
1 "hic", "haec", "hoc", comme un déictique. Bien que la personne en question ne soit pas présente, la situation d᾽énonciation fait que l᾽on sait très bien de qui il est question.
1166. Les deux traditions se complètent, mais A fait de la lexicologie, alors que B fait de la syntaxe.
1167. Citation en contexte, qu᾽il faut allonger un peu pour comprendre l᾽apodose : "me puer Ascanius capitisque iniuria cari, / quem regno Hesperiae fraudo et fatalibus aruis" (l᾽enfant Ascagne et l᾽injustice que je fais à une tête chère, lui que je frustre du royaume d᾽Hespérie et des terres que lui offre le Destin). Mais ce n᾽est certainement pas cette apodose peu marquée qui intéresse Donat. Ce qui lui plaît ici, c᾽est le jeu sur les contextes. Phanium est comparée à Ascagne, ce qui évidemment ajoute du pathétique à la sitaution et aide le commentateur à faire sentir ce qu᾽il trouve de pathétique au discours inventé par Phormion.
1168. Cette citation est tronquée dans les manuscrits de Donat (voir note au texte latin). Arusianus Messius (GL VII, 504, 10) nous donne une phrase complète pour commenter l᾽emploi transitif de "queror". Il lit "nam Sullae dominationem queri non audebat" (de fait il n᾽osait se plaindre du pouvoir absolu exercé par Sylla). Comme Donat ne s᾽intéresse nullement à "queror", mais uniquement à la disjonction entre "dominationem" et "qua", il coupe sans doute lui-même cette citation qui devait être par ailleurs bien connue, tant est grande la renommée de Salluste dans les écoles tardives.
1169. Parce qu᾽à l᾽époque de Donat l᾽adverbe "illiberaliter" a pris un sens très atténué"de façon mesquine".
1170. Donat commente ici sa citation des
Adelphes et non le texte du
Phormion où il n᾽y a pas d᾽auxèsis.
1171. Les deux scholies
2 montrent que A a abrégé B (référence à Probus), mais la scholie A
1 peut provenir soit d᾽un passage que le compilateur de B n᾽a pas retenu, soit d᾽une autre source.
1172. Donat veut en fait dire qu᾽il faut graphier "pergi᾽n", pour "pergisne". L᾽emploi du terme παρένθεσις semble indiquer que le signe d᾽apostrophe doit se trouver à l᾽intérieur du mot et non à la fin de celui-ci. Il s᾽agit d᾽une remarque de graphie et nullement d᾽un commentaire rhétorique comme "apostrophe" ou "parenthèse" pourraient le laisser croire.
1173. Wessner a répondu à distance à la question de Probus. Cela se trouve chez Plaute, Truc. 265. En tout cas, la manière dont la scholie est rédigée laisse supposer que le compilateur soit a déjà trouvé dans sa source la référence à Probus soit l᾽a mentionnée lui-même. Cela prouve que cette scholie ne peut être de Probus lui-même.
1174. Le compilateur donne ici une précieuse indication sur l᾽usage graphique dans son exemplaire. Au lieu d᾽écrire"ain" qui se rencontre également, l᾽éditeur de son exemplaire a graphié "ai᾽n", pour montrer qu᾽il y a là une forme contractée. Peut-être le fait que A n᾽en dise rien peut-il indiquer que l᾽exemplaire consulté par A ne porte pas ce signe.
1175. On a ici la même source que A, mais B ici abrège, à moins que ce ne soit A qui abrège B mais développe un peu la seule scholie qu᾽il retient.
1176. Passage déjà cité en And. 183,
2 pour commenter "carnifex".
1177. Deux scholies identiques, bien que formulées différemment.
1178. C᾽est un extorqueur parce qu᾽il a voulu récupérer les biens de la jeune fille à son profit (au moins le fait-il croire !), c᾽est un falsificateur de lois, parce qu᾽il a essayé de forcer Antiphon à épouser Phanium en jouant sur la loi de l᾽épiclérat.
1179. A reprend B
2 et élimine le reste.
1180. Autrement dit : Géta fait semblant de ne pas voir Démiphon, pour que celui-ci pense que ce que Géta dit contre Phormion, il le dit sincèrement.
1181. Etonnante analyse qui peut reposer sur une anecdote remontant à l᾽époque de la création de la pièce ou à une représentation réelle. Le public, dont on sait que, lors des comédies, il est fort agité, voyant Géta agonir d᾽injures le personnage antipathique de Phormion aurait pu avoir la tentation d᾽y aller de son propre couplet. Pour peu que Phormion eût trouvé des défenseurs, le spectacle pouvait rapidement se transporter sur les bancs du public.
1182. Autrement dit, comme s᾽il lui révélait qu᾽en son absence l᾽autre n᾽avait cessé de médire sur lui.
1183. Donat commente ici évidemment "seque dignas".
1184. A paraît une reformulation assez libre de B.
1185. Citation en contexte, puisqu᾽il s᾽agit de donner à Ulysse une leçon de parasitisme. Donat creuse ainsi la psychologie de Démiphon qui sent que son esclave en fait trop pour être vraiment sincère.
1186. Donat reprend à son compte la traditionnelle division des âges en "puer", "adulescens", "iuuenis", "senex" et constate que le vieillard, en appelant Phormion "adulescens" semble le rajeunir car le "iuuenis" a entre
18 et
30 ans. Il est fort peu probable que le parasite soit un "adulescens", comme Antiphon et Phédria dont les règles de la comédie veulent qu᾽ils appartiennent à la tranche des "adulescentes".
1187. Citation utilisée en contexte : le sage roi Latinus reprend Turnus qui vient de proposer d᾽affronter seul Enée. Comparer Phormion à Turnus introduit évidemment une sorte d᾽acharnement antipathique dans le personnage comique et comparer Démiphon à Latinus évite le ridicule au vieillard.
1188. Les deux scholies 2-
3 portent en réalité sur l᾽emploi de "mihi", considéré par Donat comme ouvertement emphatique et posant le vieillard comme une personne à laquelle on doit le respect. La première citation virgilienne identifie ici Démiphon à Priam et Phormion au parjure Sinon. Quant à celle des
Bucoliques, elle s᾽explique moins bien si l᾽on tient compte du fait que Ménalque qui pose la question est plus jeune que Damète, mais prend tout son sens si l᾽on considère que, dans la tradition interprétative du texte dans l᾽Antiquité, Ménalque est identifié à Virgile. Il n᾽est pas impossible que Donat s᾽autocite ici commentant ce passage.
1189. Ce commentaire se trouve déjà en And. 353,
3 par exemple. Le commentaire peut correspondre à un état de langue contemporain de Donat, mais sans doute nullement à ce qu᾽on entendait à l᾽époque de Térence où "aio" a bien le sens de "dire oui", donc "affirmer" et s᾽oppose à "nego". Voir par exemple Cic. Rab. Post. 35 : "aiunt quod negabant" (ils affirment ce qu᾽ils niaient), ou encore Cic. Off. 3, 91 : "Diogenes ait Antipater negat" (Diogène dit oui, Antipater non).
1190. Cf. 130, 2.
1191. A et B se complètent parfaitement.
1192. Cette remarque étymologique de Donat s᾽explique peut-être par la rareté du terme qui a pratiquement totalement disparu dans la langue tardive et que, probablement, les élèves de Donat considèrent avec scepticisme et comprennent mal.
1193. Cf. Augustin,
Regulae, GL V, 518, 13 : "sunt aduerbia significationem numeri habentia, ut semel bis ter ; [...] similitudinis, ut sic quasi" (il y a des adverbes qui ont un sens numéral, comme "semel", "bis", "ter" ; […] un sens de comparaison, comme "sic" et "quasi").
1194. Citation virgilienne en contexte : Turnus reproche violemment à Drancès de l᾽encourager à la lâcheté en conseillant la diplomatie plus que la guerre. Encore une fois, Phormion le querelleur est rapproché du Rutule.
1195. C᾽est-à-dire que "nosse" est le complément des deux verbes "nego" et "ais".
1196. On peut comprendre soit que le commentaire porte sur l᾽ensemble du vers et qu᾽il s᾽agit d᾽une expression devenue une sorte de proverbe dont on n᾽a nulle autre trace, soit qu᾽il ne porte que sur "eho tu" qui est une marque de parler populaire. La deuxième hypothèse est plus probable.
1197. A et B se complètent parfaitement.
1198. La définition donnée par Donat est plus large et moins claire que la définition généralement admise (voir définition dans le thésaurus) ; en revanche, l᾽éthos de la figure est très clairement établi par les deux références : le passage de Cicéron relie clairement la figure à l᾽invective (ici contre Catilina), tandis que celui de Virgile reprend un exemple déjà utilisé plus haut, l᾽apostrophe extrêmement violente de Turnus à Drancès et associe la figure à la véhémence.
1199. La scholie, malgré les apparences, porte sans doute sur la ponctuation. En isolant le segment "Stilphonem inquam", ce qui est assez naturel, Donat peut remarquer qu᾽à l᾽affirmation "Stilpho est" devrait répondre la reprise "Stilpho, inquam" (Stilphon, dis-je), dans laquelle "Stilpho" n᾽est pas régi par "inquam". D᾽où la présence d᾽une syllepse.
1200. A et B se complètent.
1201. Parce que nous savons, comme les autres assistants, que Démiphon aime beaucoup l᾽argent.
1202. Le temps de ce verbe est intéressant pour dater cette scholie. En effet, le commentateur paraît faire référence à un état de fait passé, ce qui ne peut convenir s᾽il écrit au IVe siècle où la pratique est bien celle des héritages pécuniaires. Faut-il voir ici la trace d᾽une rédaction tardive, voire médiévale ?
1203. Puisque le talent est une monnaie grecque.
1204. B complète A.
1205. Il s᾽agit de l᾽injure que Phormion vient de lui faire en sous-entendant qu᾽il était cupide et intéressé.
1206. Analyse très subtile du mécanisme par lequel Térence construit l᾽affrontement des personnages. En refusant de répondre aux insultes de Phormion, Démiphon marque en réalité des points, d᾽abord parce qu᾽il se montre modéré, mais aussi et surtout, parce qu᾽en refusant de s᾽énerver et en restant dans l᾽affaire, il met Phormion en danger. Celui-ci va devoir en effet lui répondre et donc inventer de nouveaux mensonges qui pourront permettre à Démiphon de le confondre. On voit bien ici comment la référence à la rhétorique judiciaire est utilisée par le scholiaste comme un moyen de montrer l᾽efficace de la parole théâtrale.
1207. Cf. scholies 130,
2 et
381 A.
1208. Cette figure "reposant sur la rupture" (voir la note apposée au texte latin pour la restitution de ce texte) paraît ici impliquer des notions de métrique et de scansion comme c᾽est le cas chez Denys d᾽Halicarnasse Comp. 22 : "ὅτι βούλεται μὲν εἶναι βραχεῖα ἡ πρώτη συλλαβὴ τοῦ κλυτάν, μακροτέρα δ᾽ ἐστὶ τῆς βραχείας ἐξ ἀφώνου τε καὶ ἡμιφώνου καὶ φωνήεντος συνεστῶσα. τὸ δὲ μὴ εἰλικρινῶς αὐτῆς βραχὺ καὶ ἅμα τὸ ἐν τῇ κράσει τῶν γραμμάτων δυσεκφόρητον ἀναβολήν τε ποιεῖ καὶ ἐγκοπὴν τῆς ἁρμονίας. εἰ γοῦν τὸ κ τις ἀφέλοι τῆς συλλαβῆς καὶ ποιήσειεν ἐπί τε λυτάν, λυθήσεται καὶ τὸ βραδὺ καὶ τὸ τραχὺ τῆς ἁρμονίας" (C᾽est d᾽abord que la première syllabe du mot κλυτάν exige d᾽être brève, mais elle est plus longue qu᾽une brève, étant constituée d᾽une consonne, d᾽une liquide et d᾽une voyelle. Le fait que ce ne soit pas une pure brève et la difficulté de prononciation qui vient du mélange des phonèmes ralentissent le débit et créent une rupture dans l᾽arrangement. Si l᾽on enlevait le kappa de cette syllabe, on aurait alors ἐπί τε λυτάν, on éviterait cet effet de lenteur et de rudesse dans l᾽arrangement). Ici Donat remarque probablement le segment "cognata ea esset" avec des heurts de voyelles et lui applique la remarque qu᾽il trouve chez ses collègues grecs pour ce type de phénomènes phonétiques. Le fait qu᾽il dise "par rupture" et non "rupture" montre d᾽ailleurs que, comme chez Denys, la figure d᾽enkopè en tant que telle n᾽existe pas. Il s᾽agit d᾽un défaut oratoire qui, dans des cas précis, sert à une figure, autrement dit une sorte de métaplasme.
1209. On voit mal le sens de la remarque, puisque Géta n᾽a aucun intérêt à ce que Phormion soit vaincu par Démiphon, car cela mettrait son maître dans une situation impossible. Peut-être faut-il comprendre que Géta veut pousser son maître à plus de combativité ?
1210. Donat indique ainsi une portée métathéâtrale de la remarque. On sait que Térence, à la différence de Plaute, ne brise jamais l᾽illusion théâtrale, toutefois ici Géta peut jouer le rôle du public.
1211. Le commentaire rétablit l᾽ordre des mots habituels dans une structure où l᾽antécédent a été attiré dans la relative.
1212. De fait, en traitant son fils de sot, Démiphon espère couper Phormion dans son élan. Ce commentaire est sans doute un peu forcé, car cette réplique paraît presque être une remarque du vieillard pour lui-même.
1213. Phormion peut se livrer sans souci à cette attaque contre la tyrannie de Démiphon puisqu᾽on sait qu᾽on ne peut rejuger une affaire déjà jugée. Phormion est donc tranquille.
1214. Cette figure est presque une sorte de pléonasme, puisqu᾽elle consiste à répéter une conjonction, ce qui est inutile en latin. Donat organise de manière très pédagogique ses exemples : le premier illustre l᾽absence de zeugme puisque "quam" est répété, le second, le zeugme de la première catégorie où "propter quam" n᾽est pas répété induisant ainsi la figure. Le troisième exemple montre une forme semblable à la première avec répétition de la conjonction, mais l᾽ordre des mots y est bouleversé "ut neque", "neque ut", ce qui peut rendre la perception de la figure plus délicate.
1215. A défaut de l᾽épouser lui-même, Antiphon pouvait la doter et l᾽envoyer se chercher un autre mari. On notera que la loi citée par Térence est assez élastique dans sa formulation puisque dans sa première occurrence il n᾽est pas précisé que le parent puisse doter l᾽épiclère.
1216. Donat, sans doute.
1217. A et B se complètent.
1218. Sur la force de l᾽interrogation comme vecteur de véhémence, voir ailleurs par exemple 275, 1 ; 329, 1.
1219. Une autre differentia pour ces mêmes termes est donnée en And. 5.
1220. La portée de cette remarque nous échappe.
1221. Donat se souvient sans doute ici de ce passage de Sénèque (Ep. I, 4, 6-7 : « nullum bonum adiuuat habentem nisi ad cuius amissionem praeparatus est animus ; nullius autem rei facilior amissio est quam quae desiderari amissa non potest. » (la possession ne plaît qu᾽autant qu᾽on s᾽est préparé d᾽avance à la perte ; or nulle perte n᾽est plus facile à souffrir que celle qui ne se regrette point).
1222. Voir le commentaire de Donat ad loc.
1223. L᾽idée de volonté est incluse dans la finale introduite par "ut ne".
1224. La notion de proverbe est inspirée à Donat par la troisième personne du pluriel indéterminée "aiunt".
1225. Même commentaire par exemple en Eun. 54 ; Pho. 208.
1226. A et B se complètent mais on notera une redondance assez étrange dans la scholie A comme si le compilateur avait laissé subsister deux scholies identiques.
1227. Démiphon est ici comparé à Enée qui, au moment de fuir Troie, montre toute sa piété. Encore une fois le rapprochement valorise Démiphon.
1228. Comprendre "il a la même racine qu᾽᾽ineptia᾽", les latins n᾽ayant pas de moyen linguistique ou typographique d᾽isoler une racine dans un mot.
1229. A et B se complètent.
1230. Donat commente ici "nam tua praeterierat iam ducendae aetas", qui est une pique de Phormion contre le vieux Démiphon.
1231. Sans doute, en raison de la forme d᾽impératif futur "putato", qui relève en dehors de la comédie des textes législatifs. Démiphon, en tant que "pater familias", fixe l᾽arrêt qui règlera la conduite de la famille.
1232. Donat semble accorder ici une valeur péjorative à "hac", ce qui demeure assez douteux.
1233. Noter que, à première vue, les deux équivalents que donne le compilateur ne sont absolument pas équivalents et modifient nettement le sens du vers suivant que l᾽on choisit l᾽un ou l᾽autre. Il faut donc y voir non pas une succession de deux synonymes, mais une étymologie suivie d᾽un synonyme.
1234. Phormion insiste ici avec une sorte de pathétique sur le besoin qu᾽aura rapidement Démiphon de quelqu᾽un pour s᾽occuper de lui.
1235. A et B se complètent.
1236. Les personnages se quittent en effet sans se saluer.
1237. La scholie porte plutôt sur "domo me", malgré le lemme. Il faut comprendre "domo me accersat" (qu᾽il me tire de la maison) par exemple.
1238. Pour une fois Donat n᾽introduit pas de modalisateur devant l᾽énoncé de l᾽exercice rhétorique, sans doute parce qu᾽il s᾽agit bien de la délibération (ici bouffonne) qui suit la présentation des arguments des deux parties.
1239. C᾽est-à-dire, comme nous éditons, et non comme il est aussi possible de comprendre "Ego cratinum censeo" (moi je suis d᾽avis que Cratinus).
1240. Il s᾽agit d᾽une remarque de topique ; pour qu᾽un conseil soit agréé il faut 1- que le donneur de conseil soit jugé digne d᾽estime, 2- que le conseil montre de la bienveillance envers celui à qui il s᾽adresse.
1241. S᾽il critiquait Cratinus, Hégion se mettrait en situation de dévaloriser son conseil, car il se montrerait guidé peut-être par l᾽inimitié personnelle contre Cratinus. En se contentant de critiquer son avis, il ne s᾽expose à aucun soupçon d᾽inimitié personnelle. Térence et surtout son commentateur s᾽amusent fort de cette parodie de procès.
1242. Dire qu᾽une chose impossible est utile est absurde. Il n᾽y a donc comme arguments utilisables que le possible (on ne peut pas revenir sur l᾽autorité de la chose jugée) et l᾽honnête (tenter une telle manœuvre serait indigne).
1243. En proposant de repousser le jugement, Criton ne dit en effet rien qui puisse éclairer Démiphon.
1244. Peut-être allusion contextualisée de façon amusante par le commentateur, mais en l᾽absence du contexte sallustéen, il impossible de le prouver.
1245. Donat fait commuter "cum istoc animo" avec "huius animi". D᾽une part, il donne comme équivalent, à une structure en "cum" + ablatif un peu étonnante, un complément de qualité au génitif, d᾽autre part ce dernier présente un adjectif démonstratif déictique, "huius", de P1, alors que "istoc", dans la structure concurrente, est associé à la P2, ce qui se conçoit parfaitement ici. Mais comme on l᾽a déjà dit (Cf. 352.
1 et
370 B 1), "hic", "haec", "hoc" comme déictique de la plus grande proximité se justifie également, et on remarque que Donat a déjà insisté sur cette valeur sémantique auparavant. Peut-être s᾽agit-il de la suite de son "cours" sur ce point précis.
1246. Ces deux citations expriment un regret (d᾽ailleurs rendu dans l᾽un et l᾽autre cas grâce à l᾽utilisation de l᾽infinitif parfait, respectivement "inuidisse" et "commisisse") ; on peut donc considérer que les personnages qui les profèrent (Diomède chez Virgile, et Pamphile chez Térence) haussent le ton et font preuve d᾽emphase, et donc, dans une certaine mesure, qu᾽ils "jouent un rôle", qu᾽ils se mettent en scène, ainsi que leur regret.
1247. De "dedisse" à "credidisti". Cette remarque, qui ne semble pas d᾽une utilité extrême, permet sans doute de commenter l᾽infinitif exclamatif du vers précédent. Noter que le lemme n᾽a aucun rapport avec le texte commenté.
1248. "Potiretur" est également syntaxiquement correct dans ce vers. Pour le sens, il est à peu près équivalent, mais "potiretur" est sans doute plus expressif, ce qui explique qu᾽il ait été choisi par les éditeurs modernes. Métriquement, les deux variantes sont indifférentes.
1249. En effet, cet accord se manifeste par le fait qu᾽Antiphon et Géta manœuvrent de concert pour berner le vieillard, qui représente, pour l᾽un et l᾽autre, l᾽autorité.
1250. Généralement, les Modernes tiennent ces termes pour synonymes, ce qui n᾽est pas le cas de Donat, qui distingue entre ce qui porte sur des arguments ("refutatio"), comme l᾽indique le mot, qui oriente vers le sens de "réfuter", et ce qui en est la conséquence sur la partie adverse, qui se trouve ainsi "confondue" ("confutatio"). Au départ, ces deux termes ne semblent pas appartenir à la même tradition oratoire puisque "confutatio" ne se rencontre que dans la
Rhétorique à Herennius et jamais chez Cicéron, qui dit "refutatio" comme Quintilien. Mar. Vict. Cic. Rhet. 1, 8,
179 montre bien que le mot "confutatio" en est venu à son époque, qui est aussi celle de Donat, à désigner la division du discours traditionnellement nommée "refutatio". Mais les exemples tardifs montrent également que ce terme s᾽emploie effectivement plutôt pour des personnes que pour des arguments.
1251. Il manque en effet le verbe de la principale.
1252. Sans doute s᾽agit-il de Géta qui, à la différence d᾽autres esclaves de comédie, n᾽est pas enclin à se vanter de ses succès, ce que confirme la scholie suivante.
1253. Il y a ici comme un souci, de la part de Donat, d᾽excuser et d᾽expliquer l᾽idée, assez peu morale, que le neveu ne souhaite pas voir revenir son oncle sain et sauf de voyage. Donat précise donc, dans un premier temps, que cette idée est empruntée à Apollodore, ce qui disculpe Térence ; puis il émet l᾽hypothèse – qui, cette fois, disculpe Antiphon lui-même – que le jeune homme ne souhaite pas véritablement voir son oncle disparaître, mais qu᾽il craint simplement son retour.
1254. Géta pense évidemment aux exercices physiques et sudatoires que Phédria se donne grâce aux bons offices du "leno" qui lui permettent de voir sa bien-aimée.
1255. Donat poursuit dans la logique judiciaire qui a été la sienne jusqu᾽ici. Si la réclamation peut entraîner une délibérative, c᾽est parce qu᾽elle suppose que la personne à qui on la fait va devoir examiner le bien-fondé de la requête.
1256. C᾽est-à-dire qu᾽il ne faut pas y voir une conjonction de subordination. "Quin" est ici adverbe exclamatif, avec un impératif.
1257. Il manque, en effet, un verbe dans cette expression, ce qui contribue à en atténuer la dimension menaçante. L᾽aposiopèse est sur "ne aliquid" qui laisse présager le pire, et l᾽euphémisme sur "suo suat capiti" qui atténue la menace.
1258. En effet, de même qu᾽Antiphon dit, par euphémisme, "suo capiti" pour désigner Phédria, Didon parle du "Dardanium caput" pour désigner Enée.
1259. "Bien", car sans doute à la fois drôle (parce que Phédria veut tellement être cru qu᾽il en rajoute de manière infantile) et supposé efficace pour convaincre le "leno".
1260. Parce qu᾽il est honorable d᾽être traité par quelqu᾽un à l᾽égal d᾽un parent légitime.
1261. La phrase en effet ne se termine pas parce que Dorion coupe Phédria.
1262. Donat souligne ici que les "falerata dicta" qu᾽évoque Dorion ne sont pas les propos tenus juste auparavant par Phédria (dans lesquels il reprochait à l᾽entremetteur son inflexibilité), mais ceux qu᾽il a prononcés quelques vers plus haut, et dans lesquels il qualifiait le "leno" de "parens", de "pater" et d᾽"amicus". Cf. Servius Aen. 5, 310 : "᾽phaleris᾽ equorum ornamentis ; sermo graecus est" ("Phaleris" : ornement des chevaux. C᾽est un mot grec). Isidore de Séville relève également l᾽origine grecque du mot. Il est curieux que Donat, qui aime à signaler ce qui est d᾽origine grecque chez Térence, ne commente pas l᾽origine de ce mot.
1263. Il s᾽agit vraisemblablement de l᾽ironie d᾽Antiphon à l᾽égard de Phédria : le jeune homme a pitié de son cousin amoureux, et le raille pour sa faiblesse ; mais peut-être l᾽ironie qu᾽évoque Donat est-elle celle d᾽Antiphon envers Dorion : en disant "misertum est", le jeune homme pourrait souligner, par antiphrase, que l᾽entremetteur reste inflexible et ne prend pas pitié de Phédria. Donat comprend peut-être cette réplique dans ce sens ; cela justifierait en effet totalement l᾽emploi du terme εἰρωνεία.
1264. Alors que, bien entendu, Dorion parle de lui-même.
1265. Donat ne distingue pas le futur antérieur du subjonctif parfait.
1266. La paronomase, réputée archaïque, est dans le choix de termes phoniquement proches et à initiale identique "ferentem" et "flentem" ; la conformité au caractère se comprend par rapport au personnage de l᾽amoureux, volontiers impatient et pleurnichard.
1267. Contrairement au "olim" employé par Térence au v. 9, et que Donat commente aussi.
1268. Ce qui implique que "ne" est une particule interrogative et non l᾽adverbe d᾽affirmation "ne", que l᾽on écrirait détaché. La remarque a donc vocation à élucider une ambiguïté orthographique.
1269. Donat semble indiquer qu᾽il y a ambiguïté sur "haec", qui peut désigner "haec dies" ou bien "la fille" elle-même. Effectivement le pronom peut être ambigu. Cela fait le jeu de Dorion.
1270. Si "antecessit" est plus fort que "praeteriit", c᾽est parce que, en disant "antecessit", l᾽entremetteur fait preuve d᾽une hypocrisie et d᾽une désinvolture qu᾽il n᾽aurait pas manifestées en se contentant de répondre "praeteriit".
1271. On voit mal où dans la pièce, sinon dans la réplique qu᾽il vient de prononcer.
1272. Donat rappelle ici le leitmotiv qu᾽est, dans la comédie, la vénalité des "lenones".
1273. Il y a agencement en effet, parce que l᾽intrigue va désormais rebondir sur la question du rachat de la courtisane, qui va motiver le transfert d᾽argent qui va suivre.
1274. Puisque, tandis que Phédria se lamente en disant "quid faciam ?", Antiphon est pris du désir de l᾽aider, et demande donc à Géta de soutirer de l᾽argent à Démiphon.
1275. Sur le sens de cette remarque, voir la note apposée au texte latin.
1276. Sur le sens de cette étymologie et sa probabilité, voir la note du texte latin.
1277. Parce que le mot "preces" ne s᾽emploie d᾽ordinaire qu᾽au pluriel en langue "classique" (sauf chez les comiques et dans la vieille langue), Donat fait remarquer que cet emploi singulier, loin d᾽être un solécisme, est bel et bien une forme correcte et même élégante quoique archaïque. Lactance, le Cicéron chrétien, écrit Inst. 5, 19, 32 : "quis hic malae menti aut malae preci locus est ?" (quelle place y a-t-il ici pour un esprit pervers, ou une prière perverse ?). Le singulier est d᾽ailleurs très bien attesté en langue tardive chrétienne, mais Donat s᾽en tient strictement à l᾽usage classique apparemment. Le mot se trouve en And. 601, où il n᾽appelle aucun commentaire.
1278. Donat a utilisé le mot "pedetemptim", assez rare, en Eun. 116, pour une forme particulière de l"᾽insinuatio" qu᾽il appelle "basis".
1279. Donat souligne ici une fluctuation dans l᾽attribution des mots "pedetemptim tamen" : c᾽est normalement Géta qui les prononce à l᾽attention de Phédria, afin de l᾽engager à n᾽être pas trop téméraire ; mais, à en croire le commentateur, c᾽est, selon certains, Antiphon qui les dit à l᾽attention de Géta.
1280. Evidemment, vu avec les yeux de l᾽amour, demander
30 mines, ce n᾽est rien pour une beauté qui n᾽a pas de prix. Cela fait quand même
6000 drachmes soit, pour ce que pouvait connaître le public de Térence du cours contemporain de la drachme, quelque chose comme près de
17 kilos d᾽argent.
1281. En effet, Térence se contente de préciser, en passant, les raisons qui ont conduit Chrémès à s᾽absenter si longtemps d᾽Athènes ; pour autant, ce "simple récit" est aussi l᾽occasion d᾽informer le public que ce même Chrémès avait une fille qui est rentrée à Athènes avant lui.
1282. Donat veut faire comprendre qu᾽il faut ici entendre non pas "supporter une condition", mais bel et bien le sens précis de cette expression "chercher un parti pour quelqu᾽un". "Dicimus" est sans doute assez exagéré car l᾽expression n᾽est guère usitée hors de la langue comique.
1283. C᾽est peut-être l᾽ordre des mots qui est "mire admixtum" : le verbe principal "scibam" est en effet rejeté après la proposition infinitive qu᾽il introduit et après une longue proposition comparative qui complète celle-ci.
1284. De quel mariage Donat parle-t-il ici ? Sans doute de celui du fils de Chrémès, car, comme le mariage clandestin de Chrémès lui-même, à Lesbos, a déjà eu lieu, on ne comprend pas bien ce que signifierait "ante nuptias". Ce que veut donc dire le commentateur ici, c᾽est qu᾽un étranger à la famille pourrait abandonner le parti de Chrémès avant ou après le mariage de son fils, c᾽est-à-dire en apprenant ce projet ou une fois qu᾽il se serait réalisé. On le voit, Donat s᾽éloigne ici du texte de Térence, puisque ce que le poète écrit, c᾽est que Chrémès craint qu᾽un ami quelconque ne l᾽abandonne après avoir appris son mariage clandestin, et qu᾽il n᾽aille tout révéler à sa véritable femme, Nausistrata.
1285. Si on lit "excutiat", le sujet est Nausistrata, qui chasserait son mari de la maison.
1286. Donat commente ici l᾽emploi de "donec" avec l᾽indicatif. Sur la portée de cette citation, voir ci-dessus Pho.
420 B.
1287. Sans doute à mettre en rapport avec l᾽emploi d᾽"homo" en comédie, souvent noté par Donat. Voir par exemple Pho. 292, 1-3.
1288. Référence très amusante et choisie à dessein. Salluste s᾽en prend à ceux qui, dédaignant les grandes entreprises, se contentent d᾽une vie qu᾽ils subissent. Ici le rapprochement laisse penser que Géta trompera si bien l᾽"hospes" qu᾽il subira toute l᾽intrigue sans rien pouvoir faire pour s᾽en sortir.
1289. Rappelons que Donat classe sous le nom de "nomen" y compris ce que nous appelons nous "adjectif". De fait "uolup" et "facul" sont des adjectifs indéclinables et apparemment neutres, comme "nefas" et "necesse".
1290. On peut comprendre le "hoc" de "hoc uolup" comme un marqueur d᾽autonymie, équivalent du "τό" que Donat utilise parfois ; mais il faut sans doute le considérer plutôt comme une manière d᾽introduire un neutre singulier, d᾽où notre traduction pour "hoc uolup" : le neutre "uolup". On notera par ailleurs que l᾽on trouve "hoc", dans le même sens, au lemme suivant, ainsi que "haec", qui est une manière d᾽introduire un neutre pluriel ; utiliser successivement "hoc" et "haec" permet à Donat de souligner la différence entre neutre singulier et neutre pluriel, différence qui est au cœur de son propos dans son commentaire du vers 611.
1291. Donat considère que la forme pleine du mot est "uoluptas" ou "facultas". La même idée se trouve chez Diomède GL I, 452. "Volup" provient effectivement d᾽une apocope, mais de "uolupe", neutre de "*uolupis", qui n᾽est plus attesté que chez les comiques dans l᾽expression figée "uolup(e) est" (il m᾽est agréable). Le DELL d᾽Ernout-Meillet fait de "uoluptās" un dérivé de "uolup", suivant le raisonnement inverse de Donat et de Diomède. La forme "uolup" est surtout employée par Ennius, Plaute et Térence, alors que "uolupe" est employé par les grammairiens ou par les auteurs de l᾽Antiquité tardive, qui l᾽emploient en tant que telle ou qui la commentent. Quant à "facul", il ne s᾽agit pas d᾽une apocope de "facultās" mais d᾽un archaïsme pour "facile", et il n᾽est pas employé comme nom mais comme adverbe. Il est cependant très peu employé : on n᾽en relève que cinq exemples dans le TLL, chez Pacuvius, Accius, Afranius et Lucilius ainsi que chez Festus lui-même (hors abrégé de Paul Diacre).
1292. Cette opposition entre "pluria" et "plura" est un lieu commun de grammairien, puisqu᾽Aulu-Gelle lui consacre tout un chapitre (5, 21) avec de nombreux exemples tirés des anciens auteurs. Pour Charisius, l᾽emploi térentien paraît quasiment unique (cf. éd. Barwick
75 et 159) et il l᾽attribue aux
Adelphes par erreur sans doute.
1293. Tous les manuscrits de Donat qui donnent un numéro de livre donnent le cinquième, ou bien "uana" au lieu de "fana", qui apparaît bien comme une mélecture du chiffre "v" suivi de "fana". Certains vont même jusqu᾽à écrire "quinto" en toutes lettres. Festus, qui donne de ce fragment une version plus complète, l᾽attribue au livre 1, suivi en cela par les éditeurs de Caton dont M. Chassignet (1986). R. Estienne proposait, on ne sait pourquoi, le livre 2. Mais si le texte est bien celui que nous postulons, le commentaire est particulièrement intéressant pour l᾽histoire de la langue, mais impose que le fragment catonien appartienne au livre
5 pour être à coup sûr postérieur au
Phormion (161). Le commentaire indique alors trois choses successives : 1-la forme "compluria" ne se trouve pas chez Plaute, et Donat doit savoir (ou croit savoir) qu᾽elle n᾽existe pas avant Térence, 2-Térence est donc la première attestation connue de Donat de cette forme, 3-Caton, qui écrit son œuvre historique très peu après Térence, pour ce que l᾽on sait de la date des derniers livres des
Origines (environ 150) reprend cette forme à son compte suivi ensuite par un texte, malheureusement perdu et très mal connu de Cicéron.
1294. Jeu de mots, de Donat, qui commente "commodum" en utilisant l᾽adjectif "commoda".
1295. "Commodum" est donc un adverbe de temps et non un adjectif.
1296. On a ici une preuve du fait que la catégorisation des "figurae" est liée à la nature des mots qui les constituent : en effet, Donat semble dire, en employant la conjonction de coordination "enim", que, si l᾽on a ici une aposiopèse de la troisième catégorie, c᾽est parce que le mot qui est sous-entendu est un verbe.
1297. C᾽est une illustration de la règle de grammaire "miles patiens frigus, miles patiens frigoris", qui veut que le participe présent employé comme tel se construise avec un accusatif, mais que, employé comme nom, il se construise avec le génitif. Cf. Cledonius,
Ars, GL V ,
22 ,30 : "nomen et participium haec res discernit : quod si genetiuo seruit, nomen est ; si accusatiuo, participium. prudens est illius rei, prudens est ad illam rem" (voici ce qui différencie le nom et le participe : s᾽il se construit avec le génitif, c᾽est un nom ; s᾽il se construit avec l᾽accusatif, c᾽est un participe. Exemple : "prudens est illius rei", "prudens est ad illam rem"), et V, 37, 34 : "si est casus accusatiui, praesentis temporis est participium ; si genetiui, nomen. metuens quaerendum est utrum participium an nomen sit : si genetiuo seruit, nomen est, ut metuens tui ; si accusatiuo, participium, ut metuens te" (s᾽il régit un accusatif, c᾽est un participe présent ; s᾽il régit un génitif, c᾽est un nom. Cherchons si "metuens" est un participe ou un nom : s᾽il se construit avec le génitif, c᾽est un nom, comme dans "metuens tui" ; s᾽il se construit avec l᾽accusatif, c᾽est un participe, comme dans "metuens te"). De même Pompée,
in artem Donati, GL V, 256, 25 : "nam amans potest et participium esse, potest et nomen esse. sed tamen discernitur, quando sit participium, et quando sit nomen. si participium fuerit, sequere accusatiuum ; si nomen fuerit, genetiuum sequere" (en effet, "amans" peut à la fois être un participe et un nom ; mais on perçoit cependant quand il est un participe et quand il est un nom. Si c᾽est un participe, il faut le faire suivre de l᾽accusatif ; si c᾽est un nom, il faut le faire suivre du génitif).
1298. On peut comprendre "alias" au sens où "facessat" se dirait parfois "cedat", et parfois "faciat" ; on le traduirait alors par un simple "dans un autre sens". Mais on peut aussi comprendre qu᾽"alias" renvoie à d᾽autres versions du texte de Térence, dans lesquelles on n᾽aurait pas "facessat" mais "faciat" ; dans ce cas, on pourrait considérer "alias" comme une variante de l᾽expression "legitur et", fréquente chez Donat, et le traduire par "dans d᾽autres manuscrits".
1299. Bon exemple de scholie extrêmement désordonnée et confuse, qui montre combien le commentaire a souffert dans cette partie de sa transmission. Donat procède ici par synonymie. "Facessere", le lemme, est donné comme synonyme de la tournure "se facere", puis de "abire". Or si "facessere" et "abire" ont en eux le sème ᾽lieu d᾽origine᾽ ("facessere", intransitif, signifie en effet "s᾽en aller", comme "abire"), "se facere" signifie simplement "se rendre quelque part, aller" dans la langue tardive (Apulée,
Métamorphoses, 5, 2), et c᾽est l᾽adverbe de lieu "hinc" qui lui donne ce sème d᾽origine (ainsi, "se facere hinc" signifie "partir d᾽ici"). Le début de cette scholie peut donc apparaître à première vue comme un exemple de reformulation moderne d᾽un mot de la langue classique, qui n᾽est plus compris, par deux synonymes, un qui ressemble au mot ancien par sa forme ("se facere") et l᾽autre qui lui ressemble par le sens ("abire") . Puis Donat effectue une seconde synonymie de la tournure "se facere". Construit avec l᾽adverbe "huc", il a pour synonyme "accedere" ("aller vers"). Ainsi, par cet enchaînement de réflexion par synonymes, Donat nous semble plutôt effectuer une "differentia" entre "facessere" et "se facere". Si l᾽on reprend son raisonnement, "facessere" a pour synonyme "se facere hinc", qui a pour synonyme "abire". Mais "se facere" peut également se construire avec "huc", et sighifier alors "accedere", avec un sème directionnel que ne peut avoir "facessere". D᾽autre part, "facessere" peut également être synonyme de "facere", même si cela n᾽est pas illustré dans le lemme commenté. En 635, 2, on a en effet "facessat pro cedat, alias faciat", et une nouvelle synonymie pour "facessere" (à moins qu᾽"alias" signifie "dans un autre manuscrit"), celle de "cedere", qui signifie "aller, marcher", mais plus précisément et dans un plus grand nombre d᾽occurrences "partir, quitter" (ce qui correspond à notre "abire"), et "facere", sans plus de précision ici. Mais en 635, 3, on nous parle d᾽un sens proverbial ("prouerbialiter"), et d᾽une expression lexicalisée comparable à celle qu᾽emploie Plaute "argentum huic facite". Certes "facessere" transitif a le sens d᾽"exécuter avec empressement, occasionner", et peut être par là synonyme de "facere" ("faire"). On peut donc en conclure que Donat a utilisé l᾽expression "se facere" dans la première partie de son raisonnement pour les raisons qu᾽on a dites (proximité phonique avec "facessere", synonymie avec "facessere-abire") et en raison de l᾽autre sème de "facessere" ("exécuter avec empressement, occasionner"), qui trouve "facere" pour synonyme, bien que ce ne soit pas le sens présent chez Térence, ce qui explique la citation de Plaute. Notons enfin que Donat termine par la synonymie entre "huc se facere" et "huc accedere", ce qui laisse à penser que l᾽intérêt de sa réflexion a dévié de "facessere" à "se facere", verbe de mouvement pur qui accepte différents sèmes d᾽origine, de direction, etc.
1300. Ce sens a déjà été évoqué en And. 410, 3-
4 avec cette référence.
1301. Le propos de Donat est ici assez obscur ; le commentateur veut sans doute faire remarquer que la réplique "Quid ? Nimium. Quantum libuit" pourrait ne pas être attribuée au seul Géta. On peut en effet comprendre que Géta répond "Quid ? Nimium", que Chrémès lui pose en retour la question "quantum ?", que l᾽esclave lui répond "libuit...", et que le vieillard, lui coupant la parole, enchaîne en ordonnant "dic". Le problème posé par Donat ici est très bien reflété dans la tradition manuscrite de Térence.
1302. Cette traduction n᾽a guère de sens, mais l᾽expression "inter parum fuit", qui se trouve dans les bons manuscrits (voir la note apposée au texte latin), n᾽existe pas non plus. Elle est une reconstruction étymologique visant à expliquer le tour correct "parum interfuit". L᾽intérêt de la scholie est là : Donat glose d᾽abord le "parui" de l᾽expression térentienne "parui retulit" par "parua re". Ce qu᾽il veut dire, c᾽est que le "re-" du verbe impersonnel "refert" est une syllabe longue (cf. Bède, De Orth. 29, 550) qui est, en fait, l᾽ablatif de "res". C᾽est ce qui explique les tours comme "mea refert", mécoupure de "mea re fert". Les grammairiens s᾽en souviennent (cf. Prisc. Inst. 3, 159, 7). Ensuite, il explique que cet adverbe "parui", qui exprime la petite quantité, équivaut en fait à une négation "nihil" ; puis, par association d᾽idée qui le fait passer de l᾽impersonnel "refert" à son exact synonyme "interest", il analyse "parum interest" de manière à expliquer le préverbe (d᾽où sa glose "parum interfuit" équivaut à "inter parum fuit"), puis glose l᾽ensemble avec "nihil profuit". On peut supposer que le parallèle entre les deux structures impersonnelles signifiant "il n᾽est d᾽aucun intérêt que..." est motivé, d᾽une part par la synonymie, d᾽autre part par la construction syntaxique déviante : on attendrait "parua refert", mais on a "parui refert" ; de même, on attendrait "inter parum est" et on a "parum interest".
1303. On remarquera que le compilateur qui, jusqu᾽ici, citait directement le grec d᾽Apollodore, passe ici par une traduction. Sans doute n᾽a-t-il pas la pièce, ou s᾽adresse-t-il à des lecteurs qui n᾽entendent pas le grec.
1304. On pourrait s᾽attendre à ce que l᾽énoncé parenthétique soit "ut aperte tibi nunc famuler", mais, en réalité, Donat vise bel et bien les deux vers 654-655. En effet, le raisonnement qui commence à "et etiam nunc" reprend celui qui s᾽achevait à "ad ditem dari", en précisant que, bien que ce soit réduire la fille en esclavage, si c᾽est là la volonté de Démiphon, il agira en conséquence.
1305. C᾽est-à-dire qu᾽avant de formuler la prétendue demande d᾽argent de la part de Phormion, Géta donne la raison pour laquelle Phormion pourrait avoir besoin de cet argent : il lui faut liquider des dettes.
1306. Il faut comprendre par là que faire fortune n᾽est pas une nécessité aussi pressante que liquider des dettes, peut-être parce qu᾽il est parfois urgent de se débarrasser de ses créanciers... On a donc moins besoin de choisir une fiancée fortunée si c᾽est pour s᾽enrichir que si c᾽est pour rembourser un débiteur.
1307. L᾽argument de la dette est inattaquable justement parce qu᾽une dette est un motif urgent d᾽obtenir de l᾽argent (cf. note précédente).
1308. De façon étonnante, Donat ne relève pas la valeur de futur proche qu᾽a le présent "accipio", et ne commente pas l᾽effet beaucoup plus convaincant que produit l᾽emploi du présent plutôt que d᾽"accepturus sum" ou d᾽"accipiam".
1309. L᾽indicatif en question est bien sûr "accipio" ; Donat souligne ici que le relatif "quantum" pourrait très bien être suivi du subjonctif. L᾽expression "definitus modus" pour désigner l᾽indicatif n᾽est pas sans rappeler le "finitiuus modus" qu᾽évoque Diomède dans son
Ars, 1, 338, 17.
1310. Donat rappelle ici que, dans l᾽interrogation double, le premier terme n᾽est, la plupart du temps, jamais introduit. C᾽est le cas, par exemple, chez Cicéron. Il le fait en renvoyant à un contexte extrêmement proche formellement, mais tiré de
L᾽Andrienne, le vers exact étant "haud scio an quae dixit sint uera omnia". On notera la parenté entre "haud scio an" et "incertus sum an".
1311. Un fois de plus, le commentaire de Donat permet de conclure que la catégorisation des "figurae" est bien liée à la nature des mots qui les composent : ici en effet, l᾽emploi de "nam" laisse entendre que c᾽est parce que "imprudentem" est rapporté à "scientem" que l᾽antithèse appartient à la deuxième catégorie ; autrement dit, une antithèse de la deuxième catégorie opposerait des adjectifs qualificatifs (que Donat appelle des "noms").
1312. Ici il ne fait aucun doute que le compilateur cite la pièce modèle et remarque que Térence a adapté le proverbe qui s᾽y trouvait. Cela ne rend que plus étonnante l᾽absence du grec en 647, preuve sans doute d᾽un désordre important dans la transmission du texte, puisqu᾽en 668, de nouveau, le compilateur cite Apollodore. N᾽est-ce pas là une preuve de la multiplicité des compilateurs à un moment de l᾽histoire du texte ?
1313. Le proverbe en question ne semble pas autrement connu. Les manuscrits qui notent du grec (très peu nombreux) proposent soit une pure et simple traduction du texte du lemme, sans le reste du commentaire (I), soit plus ou moins ce que nous éditons (assez proche dans V et sans doute plus complet dans le présumé manuscrit Cujas, mais presque indéchiffrable). La séquence finale de Cujas "KYPAC" semble attester "χεῖρας", mais une forme du verbe "ἐγγυάω" n᾽est pas impossible dans la séquence qui précède graphiée "ΕΓΥC".
1314. Ce commentaire ne se comprend que si Donat, comme le codex Bembinus de Térence (A) qui lui est pratiquement contemporain, ne lit qu᾽une seule fois "opus est". Il est cependant difficile de dire lequel des deux il supplée, car il faudrait savoir comment il construit, ce dont il ne dit rien.
1315. On notera que l᾽exemple est tout à fait approprié, puisque, dans les deux cas, on a une proposition relative en incise, censée être prononcée sur le mode parenthétique, utilisant un vocabulaire assez proche ("uertat" dans les deux cas ; "bene" chez l᾽un, "male" chez l᾽autre), et traduisant le regret d᾽avoir fait un cadeau. Le commentateur s᾽amuse de ce contexte où Ménalque (Virgile dans la tradition interprétative), qui a été dépossédé de son domaine, envoie, bien contre son gré, un cadeau au nouveau maître.
1316. On peut se demander ce qui est propre à la comédie ici, que ce soit une affaire d᾽argent qui résolve le nœud, ou qu᾽il parle de cet argent en indiquant des réalités triviales pour expliquer sa provenance.
1317. Donat signale un autre texte parfaitement clair, avec le locatif, dans lequel "Lemni" est complément de lieu de "reddunt" en soi et pour soi. Apparemment, Donat est le seul à signaler la variante "Lemno".
1318. Parce que la provenance de cet argent est étrangère à l᾽intrigue. Mais le commentateur vient de dire le contraire en soulignant que savoir d᾽où venait cet argent préparait l᾽ultime crise. Sans doute faut-il distinguer entre le niveau immédiat du discours et celui de l᾽oikonomia de l᾽ensemble de la pièce.
1319. Donat remarque ici la reprise du mot masculin "fructum" par un pronom neutre "id" et la justifie par une ellipse d᾽un tour au génitif pluriel complément de pronom neutre, tour bien connu par ailleurs.
1320. Le sens est ici assez obscur ; apparemment Donat pense que si Chrémès disait à sa femme : "Démiphon a eu besoin d᾽argent", cela voudrait dire qu᾽il serait en train d᾽en redemander à celle-ci, cette fois pour son usage personnel, mais que, s᾽il disait "Démiphon a besoin d᾽argent", cela voudrait dire que Chrémès n᾽en demanderait pas de nouveau à sa femme. Si l᾽on perçoit mal la logique qui sous-tend cette argumentation, il est important de noter que ce que retient Donat c᾽est la dépendance financière de Chrémès envers son épouse : celui-ci, dit-il, ne veut pas avoir l᾽air de réclamer encore de l᾽argent à sa femme. Notons que Chrémès avait déjà évoqué cette dépendance aux vers 586-7, et que le commentateur n᾽avait pas manqué de la souligner.
1321. Donat s᾽étonne ici que le verbe "emungo", qui signifie "moucher", et de là, en comédie, "dépouiller quelqu᾽un", soit de le même famille que l᾽adjectif "emunctus". Mais la citation d᾽Horace vient expliquer, de façon cependant implicite, le lien entre "emungo" et "emunctus" : pour avoir un flair subtil, il faut s᾽être mouché...
1322. Autrement dit, Géta comprend la question d᾽Antiphon au sens de : "es-tu satisfait du montant que tu as obtenu ?", alors qu᾽il aurait pu également comprendre, car le propos d᾽Antiphon est ambigu : "es-tu satisfait de ce que tu as fait ?".
1323. Sur la restitution de grec ici, voir la note apposée au texte latin. Cette forme peut être une citation d᾽un passage amusant à l᾽endroit correspondant chez Apollodore, le personnage du jeune homme utilisant la forme tragique "nous souffrons" pour accentuer sa douleur. Le verbe est bien attesté dans la Néa. Ce que Donat montre ici, c᾽est un effet de traduction, comme il en relève parfois. Au lieu de la simple forme verbale, Térence améliore Apollodore en ajoutant une image. Le caractère outrancier de la formule appelle l᾽indication qu᾽il ne faut pas lire ce passage comme ironique.
1324. Otto (1962) signale qu᾽il ne s᾽agit pas réellement d᾽un proverbe, malgré le rapprochement avec un proverbe grec opéré par Erasme, Adag. ad loc. "In nervum ire : Donatus, aut quisquis is fuit interpres Phormionis Terentianae, demonstrat esse proverbium, pro eo, quod est, decipere. Sumpta a sagitariis metaphora, quibus illud evenit interdum, ut, dum nimium tendunt arcum, rumpant, aut sibi nervum aliquem fatigent, ut confine sit illi, de quo dictum est alias, ἀπορρήξομεν τὸ καλῴδιον πάνυ τεινόμενον" (Donat, ou quelque commentateur du
Phormion de Térence que ce soit, montre clairement qu᾽il s᾽agit d᾽un proverbe, pour dire "tromper". La métaphore est prise aux archers, à qui il arrive, de temps à autre, qu᾽en tendant trop leur arc, ils le brisent, ou bien ils se blessent un tendon, en sorte qu᾽on s᾽approche de ce qu᾽on dit ailleurs "nous briserons la cordelette à force de la trop tendre"). Lucien, qui transmet le texte auquel Erasme se réfère (Court. 3, 3, 20), atteste clairement, contre Otto (1962), qu᾽il s᾽agit d᾽un proverbe : σὺ δὲ πάνυ χαλεπὴ ἀεὶ τῷ ἀνθρώπῳ γεγένησαι, καὶ ὅρα μὴ κατὰ τὴν παροιμίαν ἀπορρήξωμεν πάνυ τείνουσαι τὸ καλῴδιον (vraiment tu te montres toujours dure à l᾽homme. Prends garde, comme on dit dans le proverbe, que nous ne brisions pas la corde à force de la tendre). Cf. 324, 5.
1325. Parce que le mot est une forme de litote, le sens étant "tu le mets de côté".
1326. Cf. Scaurus,
De Orthographia, GL VII, 11, 7 : "uocales itaque inter se mutuis uicibus in declinatione funguntur, ut ago egi [...]. nec minus consonantes, ut f et h : utraque enim est flatus ; quare quem antiqui fircum nos hircum, et quam Falisci habam nos fabam appellamus, et quem antiqui fariolum nos hariolum" (ainsi, des voyelles s᾽interchangent mutuellement dans la conjugaison, comme "ago", "egi" […]. Les consonnes n᾽en font pas moins, comme f et h : les deux lettres sont en effet des fricatives [littéralement, "soufflées"] ; c᾽est pourquoi, ce que les Anciens disent "fircus", nous le disons "hircus", ce que les Falisques appellent "haba", nous l᾽appelons "faba", et ce que les Anciens disent "fariolus", nous le disons "hariolus").
1327. Autrement dit, "hariolus" et "halitus" sont rapportés à "halare". Il y a ici une double étymologie : 1. "hariolus" vient de "halitus"/"halare" : c᾽est ce que Donat dit explicitement dans un premier temps ; 2. "halare" vient du son "ha" : c᾽est ce que confirme la seconde partie de la scholie en liant le son à l᾽exhalaison qu᾽il mime. Toute cette série de mots est donc présentée comme onomatopéique.
1328. Sur cette lecture, voir la note apposée au texte latin.
1329. Notons que Donat n᾽inclut pas ses contemporains dans les "Latini" (voir scholie suivante), ce qui implique qu᾽il entend par là les anciens Latins, et non les Romains.
1330. Sur ce texte et le sens du commentaire, voir la note apposée au texte latin.
1331. En effet, c᾽est parce que "ego curabo etc." que "quietus esto, inquam" : "si tu peux être tranquille", dit Démiphon, "c᾽est parce que je vais m᾽occuper de tes intérêts". Donat donne ici la définition latine de ce que l᾽on nomme, en grec, un ὕστερον πρότερον.
1332. Parce que le mot "libido" porte en lui une connotation de désir incontrôlé qui domine le sujet, alors que la "voluntas" marque au contraire un sujet pleinement responsable de ce qu᾽il entreprend.
1333. Il n᾽y a rien de moins évident que cette proposition du compilateur, car "nos" est clairement déjà le complément d᾽objet direct de "eiciat" et on ne voit absolument pas comment construire ici "mulierem". Quant à croire que Chrémès s᾽identifie à la femme c᾽est assez acrobatique, la seconde interprétation étant bien préférable.
1334. Donat met en garde ses élèves : il ne faut pas costruire "quid magni ?" (quoi de grand ?), mais "magni refert" (il importe grandement").
1335. Cette question ressemble à un problème que pose le maître aux élèves, sous forme de question piège. La réponse est non : il ne manque rien...
1336. C᾽est-à-dire que Donat comprend "quaenam".
1337. Donat en Eun. 139,
4 relie également l᾽anastrophe à une forme d᾽embarras dû à des choses désagréables à dire.
1338. Le contexte de la citation virgilienne (En. 2, 311) porte évidemment à comprendre "Vcalegon" comme équivalent de "Vcalegonis domus". Julien de Tolède 206,
13 (Maestre Yanes (1973)) utilise ce même exemple pour la synecdoque mais le commente plus précisément.
1339. Ce qui rend la cause pardonnable est évidemment la misère.
1340. Il faut comprendre que Donat traite ici toujours de la cause. Si l᾽état est défini par la misère, la qualité va elle se définir par les actes que le personnage pose pour lutter contre cette misère, et qui viennent donc compenser l᾽état initial. Sur cette notion, voir Cassiodore, Ps.
130 l.
117 (Adriaen).
1341. Au v. 702, par exemple. Comme les deux éléments sont assez distants l᾽un de l᾽autre, Donat n᾽évoque pas une de ses figures favorites, la plokè. Voir par exemple Eun. 41.
1342. Parce que l᾽on enferme ("concludo") une bête sauvage ("fera"). "Concludo", parce qu᾽il porte le sème ᾽sauvage᾽ de "fera", annonce "saeua", métaphoriquement associé à "uxor ".
1343. Ce commentaire est très proche d᾽And. 609, 2. Sur futilis, cf Festus 71, 12 : "Futiles dicuntur, qui silere tacenda nequeunt, sed ea effundunt. Sic et uasa futtilia a fundendo uocata" (On appelle futiles ceux qui ne peuvent taire ce qui doit être passé sous silence mais qui les répandent. Ainsi les vases sont appelés futiles à partir du mot fundere). Cf aussi Isidore (Or. 10, 110) :"Futilis, uanus, superfluus, loquax, et est metaphora a uasis fictilibus, quae quassa et rimosa non tenent quae inieceris" ("futilis", vain, superflu, verbeux, et c᾽est une métaphore tirée des vases en argile qui, quand ils sont cassés et fendus, ne retiennent pas ce dont on les a remplis) qui reprend l᾽idée de métaphore à partir du nom d᾽un vase.
1344. Cf. le commentaire que fait Donat du v. 95.
1345. Donat utilise l᾽indéfini "quis" pour expliciter une deuxième personne du singulier à valeur indéfinie.
1346. Il s᾽agit du participe passé actif, qui, effectivement, n᾽existe pas en latin. Peut-être Donat a-t-il observé dans le grec d᾽Apollodore une participe aoriste dont il montre à ses élèves un équivalent possible en latin. Quant à sa reformulation par un "cum historicum", elle correspond à un état de langue où on ne comprend plus la nuance entre ce "cum" temporel-causal et le "cum" purement temporel à valeur de simultanéité construit avec l᾽indicatif imparfait. Voir sur ce sujet la scholie à 23,
4 et la note.
1347. Le sens est assez obscur ; on peut avancer l᾽idée que le voleur risque davantage d᾽être attrapé dans sa propre maison, quand on sait où il habite.
1348. Donat constate un emploi de la forme pleine "aliquid" après "dum", alors que de son temps on ne dit plus "dum aliquis", mais "dum quis".
1349. Il s᾽agit de ceux qui se produiront dans la suite de la scène, lorsque Nausistrata et Chrémès se rencontreront.
1350. Il semble y avoir ici comme une sorte d᾽étymologie qui voudrait faire venir "statim" de "quasi uno statu". Après avoir procédé par synonymie pour définir l᾽adverbe "statim", Donat procède par étymologie. Il s᾽agit sans doute ici de faire émerger la notion de racine, inconnue des Latins, qui serait commune à "status" et "statim". De fait, ces deux termes appartiennent à la même famille de mots, construite sur la racine i.-e. *steH2- On trouve aussi la relation entre "statim" et "aequaliter" chez Nonius (393, 7) : "statim producta prima syllaba, a stando, perserueranter et aequaliter significat".
1351. Un seul personnage peut dire "uin satis quaesitum" : c᾽est Démiphon ; s᾽il y a une possibilité de variation dans l᾽attribution des répliques, c᾽est peut-être dans la suite du vers : Chrémès pourrait à la rigueur reprendre la parole pour demander "quid ?", et Démiphon enchaîner en interrogeant : "illa filia amici nostri quid futurumst ?". La répartition des répliques ne paraît pas, cependant, poser ici problème, et l᾽on comprend mal pourquoi Donat estime nécessaire d᾽en parler.
1352. Le commentaire précise qu᾽il y a une rupture de construction entre les deux hypothétiques, la première au subjonctif, la seconde à l᾽indicatif. C᾽est manifestement ce que recouvre la quatrième catégorie des anacoluthes.
1353. Exceptionnellement, Donat (ou le compilateur) juge utile de fournir une référence précise pour un passage virgilien. Est-ce le signe précisément que ce n᾽est plus Donat ?
1354. A la lecture du lemme, on se demande bien où est le zeugme. En revanche, cela se comprend beaucoup mieux si le commentateur vise les deux emplois successifs de "ut", le premier complétif, le second final.
1355. Fors Fortuna avait en réalité plusieurs temples à Rome. Un temple passait pour avoir été construit par Ancus Marcius ou Servius Tullius et se trouvait sur la rive nord du Tibre (Varron, LL VI,
17 et Plut. de fort. Rom. 5, voir aussi Fast. Amit. ad VIII Kal. Iul. et Fast. Esq.). Il est également fait mention d᾽un autre temple sur la voie Portuensis, sur la même rive du Tibre, mais plus éloigné de Rome. Enfin il a existé, aux dires de Tite-Live, un temple sur la même rive dédié en
293 av. J.-C. par Carvilius (Liv. 10, 46, 14). Tibère, quant à lui, aurait inauguré également un temple de la même déesse dans les jardins de César en
17 de notre ère (Tac. Ann. 2, 41). Il est impossible de savoir à quel temple Donat se réfère, mais il est certain qu᾽il se trouve dans le Trastevere, comme le confirme, à l᾽époque de Donat, la
Notitia Regionum. Etait-ce le seul qui subsistait encore ?
1356. Autrement dit, "id" reprend le "uapulabis" qui précède.
1357. En effet, Géta s᾽est mépris et n᾽a pas reconnu Antiphon parce que, dans sa hâte, il n᾽a pas pris le temps de se retourner.
1358. Autrement dit, Géta ne va en raconter ni trop, ni trop peu.
1359. Puisque c᾽est bien de l᾽"uxor" d᾽Antiphon que parle ici Géta.
1360. Il s᾽agit sans doute des scènes de reconnaissance et des passages où l᾽on révèle un secret ; ici, par exemple, l᾽acteur qui joue Géta peut faire montre de son enthousiasme, et aussi jouer à retarder le plus possible le moment de la révélation.
1361. En l᾽absence de tout contexte sallustéen, le sens de ce rapprochement nous échappe. Il est sans doute question d᾽une recomposition familiale aussi hardie que celle que découvrent ici les personnages.
1362. Ce que Donat souligne par le choix de cette citation, c᾽est le sens qu᾽a ici "audiui" : entendre parler de quelque chose.
1363. Il s᾽agit d᾽un cas de "varietas" syntaxique. Donat fait remarquer qu᾽après avoir utilisé le gérondif en complément d᾽"occasio", Térence eût été bien fondé à l᾽utiliser aussi à la place de l᾽infinitif "adimere". Le fait qu᾽il s᾽en dispense montre son adresse rhétorique que loue le commentateur. Moins bien intentionné, le commentateur aurait pu parler d᾽une incohérence grammaticale du niveau de l᾽anacoluthe.
1364. Donat signale la première occurrence d᾽un complément de chose au verbe "incusare", au sens d᾽"incriminer quelque chose". Sa reformulation pose un léger problème de relation au texte de Térence, même s᾽il est aisé de comprendre comment il procède. Il remplace l᾽accusatif de chose par un accusatif de personne ("quae incusaueras" devenant "me incusaueras", conformément à l᾽usage archaïque), puis il remplace l᾽accusatif de chose sous la forme d᾽un adverbe marquant l᾽origine "hinc", et, enfin (et c᾽est là que la construction ne peut pas remplacer strictement celle de Térence), il reconstruit une relative en postulant comme relatif le sujet "qui" de "incusaueras". Ce dernier changement entraîne mécaniquement celui de l᾽antécédent et rend le segment incompatible avec le vers térentien. C᾽est sans doute ce qui a troublé les plus soigneux de nos scribes. Voir la note apposée au texte latin.
1365. Autrement dit, si Phormion récuse un de ces points, il se contredira, puisque ce sont là les objections que lui-même énonçait peu de temps auparavant.
1366. Cf. J. Andreau (1997, 160) : "Chaque fois qu᾽il est question d᾽effectuer un paiement en banque, Plaute ne manque pas de mentionner le forum, faisant évidemment allusion à ces boutiques, celles du côté nord-est du forum, et peut-être aussi celles de son côté sud-ouest. Comme le remarque Donat, plus de cinq siècles plus tard, c᾽est l᾽origine de l᾽expression ᾽in foro numerare᾽ ou ᾽soluere᾽, synonyme de ᾽in mensa numerare᾽, de ᾽de mensae scriptura numerare᾽ ou ᾽soluere᾽, payer par l᾽intermédiaire d᾽une banque, et non pas chez soi, en prenant l᾽argent dans son coffre-fort, ᾽domo ex arca᾽". Donat, en répétant à l᾽envi "scriptura" et "rescribo", cherche à faire apparaître que ces deux mots ont le même radical, appartiennent à la même famille, et, dirions-nous, sont construits sur la même racine.
1367. Une fois restitué de cette façon, le texte de la scholie met en valeur le sens du préfixe "dis-", commun à "discripsi" de Térence et à "diditur" de Virgile. Dans son analyse sémique de reformulation, Donat insiste sur la distributivité du préfixe avec "multis".
1368. Donat identifie donc la personne du "iudex" et le "locus" où il rend la justice... Cf. le commentaire du v. 981.
1369. Il s᾽agit d᾽une remarque étymologique précisant que "in-" a ici un sens privatif et que "dotatis" est de la famille de "donum".
1370. L᾽expression "nullus sum" est exclusivement comique : on n᾽en trouve des attestations en ce sens que chez Plaute et Térence. Cf. notamment Plaute (Merc. 468) : "Nullus sum ; occidi" (je suis perdu, je suis mort), où Plaute explicite le sens de cette expression.
1371. Le parallèle entre le texte de Térence et la citation de Virgile est presque parfait : la question "uultis et his mecum pariter considere regnis ?" rappelle en effet "quid uis tibi ?", et la promesse "urbem quam statuo ? uestra est" renvoie à "argentum quod habes condonamus te". La remarque de Donat (au moins dans la version du manuscrit D) attire l᾽attention sur le fait qu᾽il s᾽agit d᾽une asyndète, comme dans l᾽exemple térentien, et non d᾽une antiptose. Or le commentaire servien de ce passage hésite à voir ou non ici une antiptose, comme peut-être Donat lui-même dans son commentaire d᾽Eun. 653, 1, à supposer que le texte de Wessner soit correct. Si, en revanche, il faut lire, comme la majorité des manuscrits, "antiptosis" dans
L᾽Eunuque, Donat se contredit.
1372. Il y a beaucoup d᾽implicite dans ce commentaire qui a été d᾽ailleurs très mal compris par la tradition (voir notes apposées au texte latin en
938 et 947). Ce que Donat veut dire est qu᾽il faut se reporter au commentaire d᾽Eun. 17, dans lequel il faisait une "differentia" syntaxique entre les constructions respectives de "dono" + ablatif et "condono" + accusatif.
1373. On peut en effet omettre "uiam". Servius, En. 6,
670 donne à peu près la même interprétation : "dextram adfectare dextram intendere, scilicet sic, ut posset navem tenere. Terentius ᾽ad dominam qui adfectant viam᾽, id est intendunt" (dextram adfectare : équivaut à "dextram intendere", évidemment pour qu᾽il puisse toucher le navire. Térence : "ad dominam qui adfectant viam", c᾽est-à-dire "cherchent à atteindre"). Apulée (Plat. 2, 11, 6) nous fournit un exemple de cette construction "moderne" d᾽"adfectare" sans "uiam" : "Namque ille uirtutis spectator, cum eam penitus intellexerit bonam esse et benignitate praestare, ad eam adfectabit profecto et sectandam existimabit sui causa" (de fait, cet admirateur de la vertu, quand il comprendra qu᾽elle est foncièrement bonne et qu᾽elle l᾽emporte sur tous par sa bienveillance, se précipitera à sa suite et estimera qu᾽il faut s᾽attacher à elle pour elle-même).
1374. Tournure correcte, mais sans doute totalement étrangère aux élèves de Donat. Rappelons que Cicéron la tient déjà pour un peu archaïque.
1375. Ce texte, qui a été malmené par Wessner à la suite de la tradition (cf. note apposée au texte latin), est pourtant parfaitement clair dans la logique de Donat. D᾽un côté, "e medio excessit" est un euphémisme qui remplace le brutal "elle est morte" par une expression toute faite, du type du français "elle nous a quittés". Cela constitue la première partie de la scholie qui porte sur l᾽atténuation de la mort dans la comédie. La seconde partie de la scholie porte sur un autre point auquel Donat est attaché et qui est qu᾽il ne peut y avoir de mort en comédie que si elle sert à faire avancer l᾽intrigue vers son dénouement heureux, un mal pour un bien en quelque sorte. Le fait est que, dans la réplique de Chrémès, la mort de la deuxième femme est utilisée dans une proposition à valeur causale, puisque, comme l᾽a dit Donat, "cum" vaut "quia". Ici donc, on ne s᾽attarde pas sur la mort en elle-même, mais sur ses conséquences heureuses "ego redigam uos in gratiam". Voir par exemple le commentaire au vers 750.
1376. Il s᾽agit en réalité d᾽un commentaire de morphosyntaxe. Donat nous dit à la fois que "lautum" est le supin de "lauare" et que le supin vaut pour une finale. En même temps, il glose "peccatum" qui se comprend mal après "lautum", et donne un complément d᾽objet direct plus conforme au sens concret de "lauare", en supposant "maculam". Si le commentateur s᾽adressait à des chrétiens ou était chrétien lui-même, l᾽expression "lauare peccatum" ne lui poserait aucun problème. Pour un païen en revanche, l᾽image peut rester un peu surprenante. On attendrait plutôt "purgare".
1377. Donat commente "exstillare" en donnant un complément au préverbe "ex-" qui aboutit à une parfaite tautologie. Peut-être le commentaire est-il moins tautologique si l᾽on voit, derrière cette reformulation, une remarque implicite d᾽orthographe disant qu᾽il faut "exstillare" et non, comme le font beaucoup de manuscrits d᾽ailleurs "extillare". A l᾽époque tardive, d᾽ailleurs, la prothèse vocalique a pu faire qu᾽il n᾽y ait aucune différence à l᾽oreille entre "stillare" et "exstillare" prononcés tous deux "estillare". Raison de plus pour soigner l᾽orthographe.
1378. Même commentaire au vers 936.
1379. L᾽imparfait se justifie pleinement, car la procédure paraît appartenir au droit archaïque et ne subsiste, même du temps de Plaute, que dans une formule en partie vidée de son contenu originel. Pour Donat la formule est évidemment très archaïque.
1380. Le terme de "status" renvoie au "status quaestionis" ; quand à la "qualitas", elle désigne le genre d᾽affaire dont il est question ; on retrouve ces termes dans le commentaire des v.
1014 et 1035. Cf. Servius, En. 6, 456 : "infelix Dido : veniali utitur statu, et excusat se per necessitatem" ("infelix Dido" : il utilise l᾽état de la cause pardonnable, et s᾽en excuse par la nécessité). Eugraphius utilise également ces termes ; cf. Pirovano (2004), et notamment la remarque suivante : "Después de la ᾽coniectura᾽, la ᾽uenia᾽ es quizás el ᾽status᾽ más utilizado por Eugrafio, al que recurre en las más diversas situaciones y dando cobertura prácticamente a todas las posibilidades ofrecidas por esta forma de defensa. Desde el punto de vista terminológico, la designación más habitual es ᾽status uenialis᾽, al que se añaden de forma alternativa ᾽qualitas uenialis᾽ y de modo totalmente ocasional la variante aislada ᾽defensio uenialis᾽. Los atenuantes de la ᾽uenia᾽ están subdivididos sobre la base de la tripartición ᾽imprudentia᾽/᾽casus᾽/᾽necessitas᾽" (en dehors de la "coniectura", la "uenia" est peut-être le "status" qu᾽Eugraphius utilise le plus, auquel il recourt dans le plus grand nombre de situations et pour recouvrir pratiquement toutes les possibilités offertes pour cette forme de défense. Du point de vue de la terminologie, la dénomination la plus habituelle est "status uenialis", qui a pour forme alternative "qualitas uenialis", et, de façon totalement occasionnelle, la variante "defensio uenialis". Les circonstances atténuantes pouvant justifier la "uenia" sont réparties sur la base de la tripartition "imprudentia"/"casus"/"necessitas").
1381. La remarque de Probus est effectivement curieuse. Le grammairien a-t-il oublié qu᾽il s᾽agit d᾽une pièce à sujet grec, et donc que sa remarque est sans objet ? De toutes façons, Nausistrata parle à Phormion de manière fort libre, en lui disant quelque chose comme "mon gars".
1382. Ce commentaire porte sur le datif éthique "mihi", dont Donat nous dit que l᾽ajout est fait "eleganter". Plus qu᾽une marque de raffinement de l᾽auteur, n᾽est-ce pas typiquement une marque d᾽oralité propre à la comédie, ou un atticisme supposé donner de la couleur locale aux Grecs de convention de la comédie ? Voir par exemple Eun. 284, 1.
1383. C᾽est la figure de "concessio".
1384. Les deux arguments se complètent en fait, l᾽un étant la "captatio benevolentiae" et l᾽autre une manière de plaider coupable tout en se justifiant en partie et en comptant pour le reste sur la bienveillance des juges.
1385. Donat procède ici, dans l᾽ordre du texte de Térence, au relevé des arguments, mais, de ce fait, on peut se demander si ces "circonstances annexes" le sont vraiment, et ce d᾽autant qu᾽il y revient dans la suite de son commentaire.
1386. Autrement dit, Démiphon dit qu᾽il ne recommencera plus.
1387. Le lien entre cette citation et le texte de Térence réside bien sûr dans l᾽emploi de l᾽impératif futur.
1388. En réalité les exemples transmis par les grammairiens sont très peu nombreux et pratiquement limités à Ennius.
1389. Ce qu᾽il faut tirer de la scholie de Donat est que le pronom personnel sujet latin est toujours marqué stylistiquement puisqu᾽il n᾽est pas nécessaire. Ici, Donat semble proposer pour lui deux valeurs, mais son système n᾽est pas cohérent : en 1048, 1, il en fait un simple déictique qui remplace le nom, qui n᾽est pas pas connu, de celui qu᾽interpelle Nausistrata. En 1048, 2, il semble proposer une alternative ("an"), mais la stratégie des puissants envers ceux qui leur sont inférieurs qu᾽il met en avant n᾽est pas portée, dans la phrase, par le pronom "tu" (qui serait plutôt méprisant), mais par "tuum nomen dic" etc.. La valeur fondamentale de ce pronom personnel sujet mise en valeur par Donat est une valeur déictique d᾽apostrophe de quelqu᾽un dont le nom n᾽est pas connu, éventuellement pour ensuite l᾽appeler par son nom et ainsi le flatter.
1390. En effet, on pourrait comprendre qu᾽elle s᾽adresse à Phédria, mais en fait, elle parle à son mari.
1391. ante hic edd.
1392. nusquam edd.
1393. adulescentulum edd. at uide schol. 4 ubi recte legitur.
1394. [et mage placerent quas fecisset fabulas] (vers ajouté entre le v. 11 et le v. 12).
1395. nouos edd.
1396. tractent edd.
1397. omne hoc edd.
1398. aduersus edd.
1399. perdite edd.
1400. exaduersum edd.
1401. adiutaret edd.
1402. quo edd.
1403. ille edd.
1404. persuasit edd.
1405. futurum est edd.
1406. hoc edd.
1407. amant edd.
1408. aliquod tibi edd.
1409. 181 bis : quae si non astu prouidentur me aut erum pessum dabunt
1410. quid illic edd.
1411. illuc edd.
1412. protinam edd.
1413. uidisse me et edd.
1414. quid grauius edd.
1415. cum edd.
1416. abeo edd.
1417. te esse edd.
1418. hic quis edd.
1419. mane inquam edd.
1420. meministin edd.
1421. ac edd.
1422. mitto edd.
1423. reperiam edd.
1424. secum oportet edd.
1425. mihi sunt edd.
1426. esse edd.
1427. saluum edd.
1428. factum me edd.
1429. cum noris edd.
1430. est edd.
1431. horum edd.
1432. culpa ea edd.
1433. omnium horunc edd.
1434. do edd.
1435. tu seruo᾽s edd.
1436. nullo edd.
1437. pacto, faenore edd.
1438. huc adduce edd.
1439. illuc edd.
1440. ego edd.
1441. aliquos edd.
1442. summa solum edd.
1443. eccere edd.
1444. ages edd.
1445. tennitur edd.
1446. tennitur edd.
1447. quod placeat edd.
1448. hunc edd.
1449. est acerrima edd.
1450. postilla edd.
1451. Stilponem edd.
1452. malitiae edd.
1453. homo iam grandior edd.
1454. cui opera edd.
1455. i᾽n edd.
1456. ita eum edd.
1457. is edd.
1458. absenti edd.
1459. om. edd.
1460. nosses edd.
1461. nosses edd.
1462. Stilpo edd.
1463. Stilpo edd.
1464. Stilponem edd.
1465. dotis edd.
1466. itidem edd.
1467. fers edd.
1468. afficit edd.
1469. est edd.
1470. multimodis edd.
1471. itane te edd.
1472. poteretur edd. ; potiretur edd.
1473. uidere edd.
1474. nequid edd.
1475. umquam tibi usus edd.
1476. sies edd.
1477. iam ea edd.
1478. haec ei antecessit edd.
1479. istaec edd.
1480. est morbus edd.
1481. fidelem esse aeque atque egomet sum mihi edd.
1482. sese edd.
1483. istanc edd.
1484. apud Donatum, ut in codice Bembino Terenti, legitur tantum semel opus est. Apud recentiores editores iteratur.
1485. perinde scribito iam mihi dicas edd.
1486. adeo argentum nunc mecum attuli edd.
1487. Lemni edd.
1488. inde edd.
1489. satine est id ? edd.
1490. ut cautus edd.
1491. paullum edd.
1492. sua cura solus edd.
1493. quod edd.
1494. re dudum edd.
1495. in animo parare edd.
1496. propria ut Phaedria edd.
1497. partes tuas edd.
1498. suas edd.
1499. hunc onero edd.
1500. uapula edd.
1501. est pater inuentus edd.
1502. atque ego edd.
1503. quoque inaudiui illam fabulam edd.
1504. dilapidat edd.
1505. satis edd.
1506. quodne ego discripsi porro illis edd.
1507. esse odiosi edd.
1508. me sic edd.
1509. neque postilla umquam attigit edd.
1510. Le mot "logi" est grec, d᾽où notre traduction.