Légende
tei:add
Texte de seconde main

tei:corr
Correction des éditeurs

tei:foreign
Texte grec

tei:gap
Texte manquant

tei:mentioned
Texte autonyme

tei:l > tei:quote
Lemme

tei:cit > tei:quote
Citation

manuscrit
Hyperdonat > Lire en ligne > Aelii Donati in Hecyram Terenti commentum
Aelii Donati in Hecyram Terenti commentum

Praefatio

1

hecyra est hvic nomen fabvlae haec cvm data est 1 Haec fabula Apollodori dicitur esse Graeca, nam et ipsa et Phormio ab eodem dicuntur esse translatae, cum reliquae quattuor sint Menandri comici. hecyra autem dicitur ideo, quia per socrus et soceros in ea aguntur multa; nam et ἑκυρός et ἑκυρά soceri nomen socrusque significant. 2 Est autem mixta motoriis actibus ac statariis. 3 Multumque sententiarum et figurarum continet in toto stilo. unde cum delectet plurimum, non minus utilitatis affert spectatoribus. 4 Atque in hac primae partes sunt Lachetis, secundae Pamphili, tertiae Phidippi, quartae Parmenonis et deinceps aliarum personarum, quae his adiunctae sunt. 51 Diuisa est autem, ut ceterae, quinque actibus legitimis, quos in subditis distinguemus. 6 In hac prologus est et multiplex et rhetoricus nimis, propterea quod saepe exclusa haec comoedia diligentissima defensione indigebat. atque in hac πρότασις turbulenta est, ἐπίτασις mollior, lenis καταστροφή. 7 Acta sane est ludis Megalensibus S. Iulio C. Rabirio aedilibus curulibus egitque L. Ambiuius. modulatus est eam Flaccus Claudi tibiis paribus. tota Graeca est, facta et edita quinto loco Cn. Octauio T. Manlio consulibus. 8 Cantica et deuerbia summo in hac fauore suscepta sunt. 9 Προτατικὰ πρόσωπα, id est personae extra argumentum, duae sunt, Philotidis et Syrae. 10 In tota comoedia hoc agitur, ut res nouae fiant nec tamen abhorreant a consuetudine: inducuntur enim beniuolae socrus, uerecunda nurus, lenissimus in uxorem maritus et item deditus matri suae, meretrix bona.

hecyra est hvic nomen fabvlae haec cvm data est. 1 L᾽original grec de cette pièce passe pour être d᾽Apollodore, en effet, elle-même et le Phormion, passent pour avoir été traduites du même auteur, alors que les quatre autres pièces sont du poète comique Ménandre. L᾽Hécyre s᾽appelle ainsi, parce que beaucoup de choses sont faites par l᾽entremise de "belles-mères" (socrus) et de "beaux-pères" (socer) ; en effet ἑκυρός et ἑκυρά signifient "beau-père" (socer) et "belle-mère" (socrus). 2 La pièce est mixte, avec des actes mouvementés et des actes statiques. 3 Elle contient beaucoup de sentences et de figures, dans l᾽ensemble de son écriture. Ainsi, alors qu᾽elle est extrêmement plaisante, elle n᾽en est pas moins utile aux spectateurs. 4 Et dans cette pièce le premier rôle est celui de Lachès, le second celui de Pamphile, le troisième celui de Phidippe, le quatrième celui de Parménon et ensuite ceux des autres personnages, qui leur sont adjoints. 5 Elle est divisée, comme les autres, en cinq actes réglementaires, dont nous ferons le détail ci-dessous. 6 Il y a un prologue à cette pièce, abondant et extrêmement rhétorique, parce que, à cette comédie souvent rejetée305, il manquait une défense scrupuleuse. Et dans celle-ci, l᾽exposition (πρότασις) est agitée, le nœud (ἐπίτασις) plus calme, le dénouement (καταστροφή) paisible. 7 Elle a bel et bien été jouée pour les Jeux Mégalésiens donnés sous les édiles curules S. Julius et C. Rabirius306 et c᾽est L. Ambivius qui la joua307. Flaccus, affranchi de Claudius, la mit en musique avec des flûtes égales. Elle est entièrement grecque, représentée la cinquième, sous le consulat de Cn. Octavius et T. Manlius308. 8 Les parties chantées et les dialogues y ont été accueillis avec les plus grandes marques de faveur. 9 Les personnages protatiques (προτατικὰ πρόσωπα), c᾽est-à-dire les personnages extérieurs à l᾽intrigue, sont au nombre de deux, Philotis et Syra. 10 Dans toute la comédie il s᾽agit de laisser place à des innovations, sans cependant qu᾽elles soient incompatibles avec l᾽usage : en effet sont mis en scène des belles-mères bienveillantes, une bru modeste, un mari très doux envers son épouse et qui plus est dévoué à sa mère, une courtisane femme de bien.

2

Vitiatam in tenebris ante nuptias, cui anulum extorserat, meretricem amans dum ignorat Pamphilus, duxit uxorem grauidam ex compressu suo. quam peregre profectus cum reliquisset domi, rediens parientem offendit furtim et apud matrem suam. qua re commotus dum repudium inuitis parentibus et causam repudii nescientibus parat, per meretricem, apud quam anulus inuentus est, cognoscit tandem et a se uitiatam uxorem et ex se natum filium.

C᾽est la jeune fille qu᾽il avait déshonorée dans l᾽obscurité avant son mariage, à qui il avait arraché un anneau, que Pamphile, amant d᾽une courtisane, prend pour femme, sans le savoir, enceinte de ses œuvres. Celle-là, alors qu᾽il était parti à l᾽étranger en la laissant à la maison, voilà qu᾽à son retour il la trouve en train d᾽accoucher en cachette et chez sa mère. Ébranlé par cette affaire, alors qu᾽il se prépare à la répudier au regret de ses parents qui ignorent la cause de la répudiation, c᾽est grâce à la courtisane, chez qui l᾽anneau a été trouvé, qu᾽enfin il reconnaît que c᾽est par lui que sa femme a été déshonorée, et que l᾽enfant qui est né est de lui.

3

1 Primus actus colloquium continet meretricis Philotidis ac lenae Syrae cum Parmenone, ut per harum personas, quae προτατικαί dicuntur, argumentum spectator addiscat. 2 Secundi actus tenor in hoc est: immeritam uxorem ueluti malam socrum accusat Laches et conuenit Phidippum de eadem causa, statim post quorum colloquium Sostratae inducitur conquestio, quod falsum crimen inuidiosumque sustineat. 3 Tertio actui haec ascribuntur: conquestio Pamphili peregre redeuntis de amore suo circa uxorem, partitudo Philumenae, Sostratae uerba super aegritudine nurus, quam morbo credit afflictam, fletus Pamphili errantis, cum putat non ex se filium natum esse, colloquium Parmenonis cum pueris a naui uenientibus et mox cum ipso Pamphilo, a quo in arcem mittitur, item Lachetis Phidippique et Pamphili uerba de reconcilianda illi coniuge et eorundem inuicem litigiosa dissensio. 4 Quartum actum haec complent: perturbatio Myrrinae ex interuentu mariti et eiusdem cum eo nimis callida ac muliebris astutiae disceptatio, Sostratae Pamphili Lachetisque colloquium, inclamatio patris et soceri aduersum Pamphilum uxorem recusantem, conuentio meretricis promittentis se iusiurandum matronis exhibituram de non admisso ad se Pamphilo. 5 In quinto actu Bacchidis narratio de intus gestis et colloquium cum Parmenone inducitur, quem nuntium mittit ad Pamphilum, Pamphilique ad ultimum actio gratiarum apud ipsam Bacchidem. 6 Docet autem Varro neque in hac fabula neque in aliis esse mirandum, quod actus impares scaenarum paginarumque sint numero, cum haec distributio in rerum discriptione, non in numero uersuum constituta sint, non apud Latinos modo, uerum etiam apud Graecos ipsos.

1 L᾽acte I contient un entretien de la courtisane Philotis et l᾽entremetteuse Syra avec Parménon, afin qu᾽à travers ces personnages, que l᾽on appelle protatiques ( προτατικαί ), le spectateur prenne connaissance de l᾽argument. 2 Telle est la teneur de l᾽acte II : Lachès accuse son épouse, qui ne l᾽a pas mérité, d᾽avoir été une mauvaise belle-mère et tombe d᾽accord avec Phidippe sur le même sujet. Aussitôt après leur entretien, entre en scène Sostrata qui se plaint de ce qu᾽elle endure une accusation fausse et révoltante. 3 Voici ce qui est assigné à l᾽acte III : la plainte de Pamphile de retour de l᾽étranger au sujet de son amour pour sa femme, l᾽accouchement de Philumène, les paroles de Sostrata sur l᾽indisposition de sa belle-fille, qu᾽elle croit malade, les pleurs de Pamphile dans l᾽erreur, lorsqu᾽il pense que l᾽enfant qui est né n᾽est pas de lui, l᾽entretien de Parménon avec les esclaves venant du navire et bientôt avec Pamphile lui-même, qui l᾽envoie à la ville haute, pareillement les paroles de Lachès et Phidippe puis Pamphile sur la réconciliation avec son épouse et leur vif désaccord mutuel. 4 Voici ce qui remplit l᾽acte IV : le trouble de Myrrhina causé par l᾽intervention de son mari, la dispute qu᾽elle a avec lui, très rusée et pleine de rouerie féminine, l᾽entretien de Sostrata, Pamphile et Lachès, l᾽exclamation du père et du beau-père contre Pamphile qui refuse de reconnaître son épouse comme telle, l᾽arrivée de la courtisane qui promet qu᾽elle ira jurer aux matrones que Pamphile n᾽est pas reçu chez elle309. 5 A l᾽acte V, on a le récit des faits et gestes de Bacchis à l᾽intérieur, et est représenté l᾽entretien avec Parménon, qu᾽elle envoie comme messager à Pamphile, et enfin les remerciements de Pamphile envers Bacchis. 6 Varron enseigne que ni dans cette pièce ni dans les autres il n᾽y a lieu de s᾽étonner qu᾽il y ait du disparate dans le nombre de scènes et de pages des actes dans la mesure où cette subdivision s᾽appuie sur une série d᾽événements, non sur un nombre précis de vers, et ce tant chez les Latins que chez les Grecs310.

Prologus


Sommaire Notes

Prologus primus

1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8

Hecyra est huic nomen fabulae. haec cum data
L᾽Hécyre est le nom de cette pièce. Lorsqu᾽elle fut donnée

1 hecyra est hvic nomen fabvlae a nomine coepit, ut incognitam probaret et ideo spectandam. 2 hecyra est hvic nomen fabvlae nominatiuo casu figurauit, cum in usu sit, ut datiuo dicamus. quamuis praesto sint exempla, quibus ueteres per omnes fere casus hoc genus locutionis enuntiabant. 3 hecyra est hvic nomen fabvlae haec primo data est sine prologo ludis Megalensibus, quos Sextus Iulius et Cornelius Dolabella ediderunt, sed occupato populi studio funambulis2 displicuit. postremo3 data est ludis funebribus L. Aemilii Pauli, quos fecerunt Q. Fabius Maximus et Cornelius Africanus. tunc quoque non peracta est per studium populi circa gladiatores. tertio ad postremum introducta Q. Fuluio L. Marcio aedilibus uirtute actoris L. Ambiuii Turpionis4 est commendata. 4 hecyra est hvic nomen fabvlae totus hic prologus subtilem conquestionem continet ob hoc, ne aperte populum neglectae5 fabulae reum faciat et facile reuocet in fauorem. 5 haec cvm data est nova ita dicitur data est fabula, ut data cena est et datum est prandium. et edidit a dato descendit. 6 haec cvm data est nova novvm intervenit sic et Homerus «  κεῖσο μέγας μεγαλωστί, λελασμένος ἱπποσυνάων HomOd. 24, 406 ». 7 et dari dicitur fabula cum agitur, stare cum placet. 8 haec cvm data est nova novvm intervenit vitivm σύλλημψις prima: deest enim huic. et est figura παρονομασία noua nouum.
1 hecyra est hvic nomen fabvlae le prologue commence par le titre de la pièce, pour prouver qu᾽elle est inédite et, pour cette raison, qu᾽elle doit être vue. 2 hecyra est hvic nomen fabvlae l᾽auteur a fait une figure en mettant le titre au nominatif quand selon l᾽usage nous mettrions le datif. On a cependant des exemples à disposition qui montrent que les Anciens mettaient ce genre d᾽énoncé à presque tous les cas311. 3 hecyra est hvic nomen fabvlae la pièce a d᾽abord été jouée sans prologue aux Jeux Mégalésiens que donnèrent les édiles curules Sextus Iulius et Cornelius Dolabella, mais à cause d᾽un engouement du peuple pour des funambules, elle déplut. Ensuite elle fut jouée aux Jeux Funèbres en l᾽honneur de Paul Emile que donnèrent Quintus Fabius Maximus et Cornelius Africanus. Cette fois encore, elle ne fut pas jouée jusqu᾽au bout en raison d᾽un engouement du peuple pour des gladiateurs. Pour la troisième fois enfin elle fut présentée sous les édiles Quintus Fulvius et Lucius Marcius. La valeur du chef de troupe Lucius Ambivius Turpion la recommanda312. 4 hecyra est hvic nomen fabvlae l᾽ensemble de ce prologue enferme une plainte discrète car il s᾽agit de ne pas ouvertement accuser le public d᾽avoir négligé la pièce et de facilement regagner ses faveurs. 5 haec cvm data est nova on dit ainsi data est fabula (on donne une pièce)313, comme data cena est (on donne un dîner) et datum est prandium (on donne un déjeuner). edidit vient de dare. 6 haec cvm data est nova novvm intervenit de même Homère : « κεῖσο μέγας μεγαλωστί, λελασμένος ἱπποσυνάων » (tu gisais, immense sur un espace immense, sans plus songer aux courses de chevaux)314. 7 Et dari (être donné) se dit lorsque la pièce est jouée, stare (rester à l᾽affiche) lorsqu᾽elle plaît315. 8 haec cvm data est nova novvm intervenit vitivm syllepse (σύλλημψις) de première catégorie : il manque en effet huic 316. Et noua nouum est une paronomase (παρονομασία).

est noua1337, nouum interuenit uitium et calamitas
comme pièce inédite, il arriva de l᾽inédit : un vice de forme et une calamité,

1 vitivm et calamitas bene secundum augures: uitium enim est, si tonet tantum, uitium et calamitas uero, si tonet et grandinet simul uel etiam fulminet. 2 vitivm et calamitas uitium translatio ab augurio, ut uitio creati consules dicuntur. 3 calamitas παρὰ τὴν καλάμην dicitur, clades quia clamatur7; ut aliud sit grandinis culmum frangentis, aliud furti aut doli mali. sic Probus.
1 vitivm et calamitas cela vient bien des augures : c᾽est en effet un "vice de forme" (uitium), s᾽il ne fait que tonner, mais c᾽est un "vice de forme doublé d᾽une calamité" (uitium et calamitas), s᾽il tonne et grêle en même temps, voire si la foudre tombe. 2 vitivm et calamitas il y a un sens métaphorique de uitium (vice de forme) emprunté à la langue augurale, lorsqu᾽on dit que les consuls sont nommés contre les auspices (uitio)317. 3 calamitas vient de καλάμη (chaume, paille), clades est ainsi dénommé parce qu᾽il se "clame" (clamatur) en sorte qu᾽il y un sens de calamitas quand le mot s᾽applique à une averse de grêle déchiquetant les épis, un autre quand il s᾽applique à de la ruse ou à une fourberie318. C᾽est l᾽avis de Probus.

ut neque spectari neque cognosci potuerit,
de sorte qu᾽on ne put ni la voir ni en prendre connaissance :

1 vt neqve spectari uitium quod non spectata est, calamitas quod non cognita. 2 vt neqve spectari neqve cognosci mira defensio, siquidem non iudicio comoedia exacta est. Si non cognosci, spectari quoque non potuerit, cognitura scilicet si8 audiretur. 3 vt neqve spectari neqve cognosci ideo theatrum, ideo spectatores, ideo actores, et magis par in gestu est quam in uerbis cognosci uel probari. 4 uel cognosci sciri an haec iure inscribatur hoc est quae scita sit nomine ita sit omnino9.
1 vt neqve spectari c᾽est un "vice de forme" (uitium) que la pièce n᾽ait pas été vue, une "calamité" (calamitas) qu᾽elle n᾽ait pas été portée à la connaissance des spectateurs. 2 vt neqve spectari neqve cognosci défense paradoxale puisque ce n᾽est pas à la suite d᾽un jugement que la comédie a été repoussée ; de fait, si on n᾽a pas pu la cognoscere (connaître/instruire), on n᾽a pas pu non plus la spectare (voir/approuver), évidemment au terme d᾽une instruction (cognitura), à supposer qu᾽on lui eût accordé audience319. 3 vt neqve spectari neqve cognosci voilà pourquoi on parle de "théâtre" (theatrum), de "spectateurs" (spectatores), d᾽"acteurs" (actores)320, et il est plus convenable d᾽être connu (cognosci) et approuvé (probari) en actes qu᾽en paroles. le plus important réside dans la gestuelle, plus que dans les paroles. 4 Ou bien cognosci signifie le fait qu᾽on sache si c᾽est à bon droit que cette pièce porte son titre, c᾽est-à-dire si elle, qui est connue par son nom, est bien telle dans sa totalité321.

ita populus studio stupidus in funambulo
ainsi le public, bouche bée devant un funambule,

1 ita popvlvs stvdio stvpidvs a deriuatione causae: "non quia mala est", inquit, "exclusa est, sed quia populus funambuli admiratione obstupuit", quod infra de gladiatoribus dicet ad commutationem causae inducendam. 2 ita popvlvs stvpidvs10 hic excusatur et populus, qui neque iudicauit de fabula neque tamen stulte errauit. 3 stvpidvs pro stupens ut «  timidisque superuenit Ae. VergBuc. 6, 20 ».
1 ita popvlvs stvdio stvpidvs tiré de la dérivation de la cause322 : "ce n᾽est pas parce qu᾽elle est mauvaise", dit-il, "qu᾽elle a été rejetée, mais parce que la foule a été frappée d᾽admiration pour un funambule", ce qu᾽il dira plus bas au sujet de gladiateurs pour introduire le déplacement de la cause. 2 ita popvlvs stvpidvs ici il excuse même le public, qui n᾽a pas émis de jugement sur la pièce sans toutefois s᾽être sottement trompé323. 3 stvpidvs pour stupens : « timidisque superuenit Aegle » (et Églé vient en aide aux jeunes gens affolés)324.

animum occuparat. nunc haec planest pro noua,
avait accordé son attention à cet acrobate. A présent elle est vraiment comme inédite,

pro nova recte: iam enim non est noua.
pro nova correctement dit : en effet elle n᾽est plus "nouvelle" (noua).

et is qui scripsit hanc ob eam rem noluit
et celui qui l᾽a écrite n᾽a pas eu cette idée en voulant

et is qvi scripsit hanc ob eam rem ob eam rem id est ob eam causam, quasi dicat: "non iterum acta est sine causa". cur non ergo nunc post funambulum relata est, si illi cesserat? in qua maluit auarum poetam inducere quam suo operi diffidentem11.
et is qvi scripsit hanc ob eam rem ob eam rem c᾽est-à-dire "pour cette raison" (ob eam causam), comme s᾽il disait : "ce n᾽est pas sans raison qu᾽elle n᾽a pas été jouée une seconde fois". Et pourquoi donc maintenant, après le funambule, n᾽a-t-elle pas été jouée à nouveau, s᾽il est vrai qu᾽il lui avait cédé la place ? Dans cette pièce, il325 a préféré mettre en scène un poète cupide plutôt qu᾽un poète désespérant de son œuvre326.

iterum referre ut posset iterum1338 uendere.
la faire jouer une seconde fois de pouvoir la vendre une seconde fois.

1 itervm referre superuacuum est12. 2 vt posset itervm vendere aliis scilicet ludis. hoc, ut diximus, ad laudem fabulae refertur, postquam tantum fiduciae poetae dedit.
1 itervm referre il y a pléonasme327. 2 vt posset itervm vendere à l᾽occasion d᾽autres jeux bien sûr. Cela, comme nous l᾽avons dit, renvoie à l᾽éloge de la pièce, après avoir accordé une si grande place à la confiance en soi du poète328.

alias cognostis eius; quaeso hanc noscite.
Vous en connaissez d᾽autres de lui ; je vous prie, prenez connaissance de celle-là.

alias cognostis eivs qvaeso hanc noscite mire illi fauorem ex aliis petit, quae spectatori notae sunt eiusdem poetae, quasi haec omnino nota sint13. at in Andria, quae omnium prima est, aliter; ait enim «  ut pernoscatis, ecquid spei sit reliquum, quas faciet TerAnd. 25-2614 » etc.
alias cognostis eivs qvaeso hanc noscite il est remarquable qu᾽il réclame pour l᾽auteur la faveur qui lui vient d᾽autres pièces, que le spectateur connaît du même poète, comme si ces autres pièces étaient parfaitement connues. Mais dans L᾽Andrienne, qui est la première de toutes, il en va autrement ; il dit en effet « ut pernoscatis, ecquid spei sit reliquum, quas faciet » etc.


Sommaire Notes

Prologus alter

9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | 31 | 32 | 33 | 34 | 35 | 36 | 37 | 38 | 39 | 40 | 41 | 42 | 43 | 44 | 45 | 46 | 47 | 48 | 49 | 50 | 51 | 52 | 53 | 54 | 55 | 56 | 57

orator ad uos uenio ornatu prologi
C᾽est en orateur que je viens à vous costumé en Prologue ;

1 orator ad vos venio ornatv prologi magna arte hic prologus scriptus est et nimis oratorie, nam totiens expulsa fabula quomodo honeste reuocari potuit, nisi primo ipsa impudentia pro fiducia proferretur et deinde actor peritissimus ipse Ambiuius probaret et poetam et comoediam, cuius auctoritas elucet ex uerbis, tum deinde subtiliter nouo poetae a uetusto et magnae auctoritatis Caecilio peteretur exemplum et peteretur ingeniosissime? nam quod rudi Terentio contigit, dicit accidisse ueteri Caecilio, quod huic semel, illi saepe, quod huic in aliis numquam, hoc illi fere in omnibus, quod huic Hecyra exacta probatae sunt ceterae, illi partim exactae partimque uix probatae. itaque his omnibus argumentis id actum est, ut neque desperandum sit de Terentio, quod expulsus est, et nihilominus tantum illi attribuendum sit, ut aut par Caecilio, magno tunc poetae, aut ultra etiam melior esse possit. hic autem L. Ambiuius histrio fuit, actor comoediarum. 2 orator ad vos venio oratorem audire opportere ius gentium est, oratorem non licet iniuriam pati. ideo ergo, ne expellatur, non se prologum sed oratorem nominat. Plautus «  impias, ere, te: oratorem uerberas PlautPoen. 384 ».
1 orator ad vos venio ornatv prologi ce prologue a été écrit avec grand art et de façon extrêmement oratoire, car comment une pièce tant de fois rejetée aurait-elle pu être rappelée de manière honorable, si d᾽abord on n᾽avait mis cette audace même sur le compte de la confiance, si ensuite l᾽acteur le plus expérimenté Ambivius lui-même n᾽avait approuvé à la fois le poète et la comédie, lui dont l᾽autorité se manifeste dans ces paroles329, et si ensuite on n᾽avait cherché avec esprit pour le nouveau poète un précédent chez un ancien, dont l᾽autorité est grande, Caecilius, et de façon fort ingénieuse ? En effet, ce qui est arrivé au jeune Térence, il dit que c᾽est arrivé au vieux Caecilius. Mais ce qui lui est arrivé une seule fois, c᾽est arrivé fréquemment à Caecilius ; ce qui ne lui est jamais arrivé pour d᾽autres pièces, c᾽est arrivé pour presque toutes à Caecilius ; pour lui, si L᾽Hécyre a été rejetée, les autres ont été approuvées, mais pour Caecilius, son œuvre fut en partie rejetée, et à peine en partie approuvée. Tous ces arguments mènent à ce but, que l᾽on ne désespère pas de Térence, parce qu᾽il a été rejeté, et qu᾽on ne lui accorde rien de moins que d᾽être l᾽égal de Caecilius, le grand poète d᾽alors, ou même qu᾽il puisse être meilleur que lui. Quant à ce L. Ambivius, c᾽était un histrion, acteur des comédies330. 2 orator ad vos venio l᾽obligation d᾽écouter un ambassadeur est un élément du droit des gens331 ; il n᾽est pas permis qu᾽un ambassadeur souffre une injure. Voilà donc pourquoi, afin de ne pas être chassé, il ne se désigne pas par le nom de prologus (prologue) mais d᾽orator (ambassadeur). Plaute : « impias, ere, te : oratorem uerberas » (Tu es impie, maître : tu fouettes un ambassadeur).

sinite exorator sim, eodem ut iure uti senem
laissez-moi être un orateur exaucé, que d᾽user de ce droit, tout vieux que je suis,

1 eodem vt ivre vti senem liceat ut «  me liceat casus miserari i. a. VergAen. 5, 350 », 2 sinite exorator sim orator est dum rogat, exorator cum impetrauerit: ita illud dicentis, hoc iam effectus significationem habet. 3 Et orator est, qui causa defendenda mandatur.
1 eodem vt ivre vti senem liceat comme me « liceat casus miserari insontis amici » (qu᾽il me soit permis de plaindre le malheur d᾽un ami innocent). 2 sinite exorator sim on est orator (ambassadeur) tant qu᾽on sollicite par ses prières332, exorator quand on est arrivé à ses fins333 : ainsi le premier mot renvoie à la plaidoirie, le second à son résultat. 3 Et l᾽orator est celui qui est chargé de défendre une cause.

liceat quo ire sum usus adulescentior,
on me permette, tout comme j᾽avais l᾽habitude d᾽user de ce droit plus jeune,

1 quo ivre svm usvs advlescentior tamquam aliud agens affert exempla, quibus ostendat turpe non esse Terentio exclusam esse unam illius fabulam, cum multorum poetarum multae exactae sint et in his Caecili, cuius illo tempore magna auctoritas fuit. 2 advlescentior haec comparatio minus a positiuo sonat et uim diminutiuam exprimit, ut «  iam senior, sed cruda deo u. q. s. VergAen. 6, 304 ».
1 quo ivre svm usvs advlescentior comme s᾽il faisait autre chose, il apporte des exemples par lesquels il montre que ce n᾽est pas indigne pour Térence qu᾽une seule de ses pièces ait été rejetée, puisque nombreuses sont les pièces de nombreux poètes qui furent rejetées, et parmi ceux-là, Caecilius, dont l᾽autorité était grande à l᾽époque. 2 advlescentior ce comparatif semble moins fort à l᾽oreille que le positif, et exprime une diminution, comme « iam senior, sed cruda deo uiridisque senectus » (assez vieux déjà, mais de la vieillesse vive et verte d᾽un dieu)334.

nouas qui exactas feci ut inueterascerent.
moi qui ai permis à de nouvelles pièces qui avaient été rejetées de vieillir,

1 novas qvi exactas feci vt inveterascerent σύλλημψις. 2 Et inveterascerent agerentur denuo, quia denuo acta noua dicitur fabula. 3 inveterascerent in consuetudinem uenirent, spectarentur, amarentur. 4 exactas expulsas.
1 novas qvi exactas feci vt inveterascerent syllepse (σύλλημψις). 2 Et inveterascerent qu᾽elles soient jouées de nouveau, parce qu᾽une pièce qui est jouée de nouveau est qualifiée de noua (nouvelle). 3 inveterascerent "qu᾽elles deviennent classiques", "qu᾽on y assiste", "qu᾽on les apprécie"335. 4 exactas expulsas (chassées).

ne cum poeta scriptura euanesceret.
afin qu᾽avec le poète l᾽œuvre ne disparaisse pas.

ne cvm poeta scriptvra evanesceret causa facti honestior non se poetae unius sed ipsius poeticae causa laborare.
ne cvm poeta scriptvra evanesceret c᾽est un plus noble motif d᾽action que d᾽œuvrer, non pour la cause du seul poète, mais pour la cause de la poésie elle-même.

in his1339 quas primum Caecili didici nouas
Dans les nouvelles pièces de Cécilius que d᾽abord j᾽ai montées,

in his quas primvm caecili didici novas a simili argumentum, quod fit per comparationem artificiosam et oratoriam rerum ac personarum.
in his quas primvm caecili didici novas argument par l᾽analogie, qui consiste en une comparaison adroite et oratoire des thèmes et des personnes.

partim sum earum exactus, partim uix steti;
pour une part j᾽ai été rejeté, pour une part j᾽ai eu peine à tenir ;

1 partim svm earvm uide plus esse in exemplo, siquidem partim exactae sunt Caecili fabulae, partim uix admissae, cum una Hecyra exclusa sit. et est sensus: "aut displicui", inquit, "aut aliquibus uix placui". 2 partim svm earvm exactvs pro: in aliis aut dimidiis. et simul splendida locutio est. 3 partim aduerbium est. 4 Et proprie locutus est, nam fabulae aut stare dicuntur, aut exigi.
1 partim svm earvm voyez l᾽avantage qu᾽il y a dans cet exemple, si vraiment une partie des pièces de Caecilius a été rejetée, et une partie acceptée avec peine, alors que seule L᾽Hécyre a été rejetée. Et en voici le sens : "soit j᾽ai déplu", dit-il, "soit pour certaines j᾽ai eu de la peine à plaire". 2 partim svm earvm exactvs pour : dans d᾽autres pièces ou dans la moitié de certaines. Et c᾽est aussi une expression brillante336. 3 partim est un adverbe. 4 Et il est employé au sens propre, car on dit que les pièces soit "tiennent bon" (stare)337, soit sont "rejetées" (exigi)338.

quia sciebam dubiam fortunam esse scaenicam,
parce que je savais que la Fortune de la scène est douteuse,

qvia sciebam dvbiam fortvnam non igitur poetae culpa sed casus est; nam ideo fortuna15 euentum rettulit.
qvia sciebam dvbiam fortvnam ce n᾽est donc pas la faute du poète mais celle du hasard ; c᾽est pour cela que c᾽est la fortune qui a produit l᾽issue.

spe incerta certum est mihi laborem sustuli;
c᾽est pour un espoir incertain que je me suis chargé d᾽un labeur certain ;

1 spe incerta certvm est mihi sententiose. 2 et uerum, nam ubi certa spes est, nihil opus est labore certo ac uehementi. 3 spe incerta pro spei incertae an deest in? 4 incerta certvm honesta figura, quae ἀντανάκλασις 16 dicitur.
1 spe incerta certvm est mihi tient de la sentence339. 2 Et de fait, là où l᾽espoir est sûr, il n᾽est pas besoin d᾽un travail précis et vigoureux. 3 spe incerta pour spei incertae, ou bien manque-t-il in ?340incerta certvm figure élégante, que l᾽on appelle antanaclase ( ἀντανάκλασις )341.

easdem agere coepi, ut ab eodem alias discerem
ces mêmes pièces, j᾽ai commencé à les donner, pour en monter d᾽autres du même auteur,

1 easdem exactas. 2 coepi coepi17 difficultatem facti et molimen ostendit. 3 ab eodem Caecilio scilicet.
1 easdem les pièces rejetées. 2 coepi coepi montre la difficulté de la chose et l᾽effort qu᾽elle requiert. 3 ab eodem Caecilius, évidemment.

nouas studiose ne illum ab studio abducerem.
de nouvelles, en m᾽appliquant, pour ne pas le détourner de ce travail.

1 novas stvdiose ne illvm ab stvdio τῇ περιφράσει18. 2 ne illvm ab stvdio abdvcerem iterum causa honestatis.
1 novas stvdiose ne illvm ab stvdio périphrase (τῇ περιφράσει)342. 2 ne illvm ab stvdio abdvcerem à nouveau une preuve d᾽honnêteté.

perfeci ut spectarentur; ubi sunt cognitae,
J᾽ai réussi à les faire voir ; là où on en a pris connaissance,

1 perfeci vt spectarentvr attende quantum pondus habeat, quod non feci dixit sed potius perfeci, ut molem difficultatis ostenderet. 2 vbi svnt placitae19 nota participium sine uerbo. 3 vbi svnt c. p. s.20 elegans promissio, et hanc placituram, si cognoscatur. et est coniectura a futuro tempore.
1 perfeci vt spectarentvr voyez quelle force cela peut avoir, le fait qu᾽il n᾽a pas dit feci (j᾽ai fait) mais plutôt perfeci, de manière à montrer le poids de la difficulté. 2 vbi svnt placitae remarquez le participe sans verbe343. 3 vbi svnt cognitae placitae svnt promesse élégante, que, elle aussi, elle plaira, si elle vient à être connue. Et c᾽est une conjecture fondée sur le futur.

placitae sunt. ita poetam restitui in locum
elles ont plu. Ainsi j᾽ai remis le poète à sa place,

1 ita poetam restitvi in locvm mire non Caecilium sed poetam, ut hoc generaliter populo praestitisse, non uni homini uideatur. 2 restitvi in locvm quia remotum et exclusum dixit.
1 ita poetam restitvi in locvm étonnamment, il ne dit pas Caecilium mais poetam, afin que, par ce terme générique, il donne l᾽impression d᾽avoir offert ce bienfait au public en général, et non pas un seul homme344. 2 restitvi in locvm parce qu᾽il a dit remotum (éloigné) et exclusum (rejeté)345.

prope iam remmotum iniuria aduersarium
lui qui était déjà presque éloigné par l᾽injustice de ses adversaires

prope iam remmotvm geminauit secundum antiquos, qui omnes in uerbis liquidas duplicabant.
prope iam remmotvm il met une géminée à la manière des Anciens, qui tous doublaient les liquides dans les mots346.

ab studio atque ab labore atque arte musica.
de l᾽étude, et du labeur et de l᾽art poétique.

1 ab stvdio atqve ab labore bene ostendit populo se profuisse Caecilium poetam ad laborem reuocando. 2 atqve arte m. ab etiam in tertio commode audiendum est, ut «  hic portus alii effodiunt, h. a. t. f. l.21 a. i. c. r. e., s. d. a. f. VergAen. 1, 427-429 ».
1 ab stvdio atqve ab labore il montre bien qu᾽il a été utile au public en remettant le poète Caecilius au travail. 2 atqve arte mvsica il est convenable d᾽entendre ab en troisième position aussi, comme dans « hic portus alii effodiunt, hic alta theatris fundamenta locant alii immanisque columnas rupibus excidunt, scaenis decora alta futuris » (ici, des hommes creusent des ports, là d᾽autres disposent les profondes fondations de théâtres, et taillent dans le roc d᾽immense colonnes, fiers décors pour les scènes à venir)347.

quod si scripturam spreuissem in praesentia
Mais, si, ses écrits, sur le moment, je les avais méprisés,

in praesentia statim ut a populo eiciebatur.
in praesentia aussitôt qu᾽il était rejeté par le public.

et in deterrendo uoluissem operam sumere
et si c᾽est pour l᾽arrêter que j᾽avais voulu employer ma peine,

ut in otio esset potius quam in negotio,
pour le mettre au repos plutôt qu᾽au travail,

vt in otio esset potivs qvam in negotio ex ipsis rerum nominibus ostendit facilitatem deterrendi.
vt in otio esset potivs qvam in negotio à partir de mots mêmes, il montre comme il est facile de décourager348.

deterruissem facile ne alias scriberet.
je l᾽aurais découragé facilement d᾽en écrire d᾽autres.

nunc quid petam mea causa aequo animo attendite:
A présent, ce que je demande, par égard pour moi, écoutez-le attentivement avec calme :

1 nvnc qvid petam mea cavsa bene petam et mea causa quasi orator. 2 mea cavsa aeqvo animo commendatio personae leuis per aliam personam grauem secundum praecepta in rhetoricis.
1 nvnc qvid petam mea cavsa il dit bien petam et mea causa comme un orateur349. 2 mea cavsa aeqvo animo recommandation d᾽une personne de peu d᾽importance par l᾽intermédiaire d᾽une autre personne importante selon les préceptes que l᾽on trouve dans les manuels de rhétorique.

Hecyram ad uos refero, quam mihi per silentium
c᾽est L᾽Hécyre que je vous rapporte, pièce qu᾽en silence

1 hecyram ad vos refero a causa principium narrationis inducitur. 2 hecyram ad v. r. principium a quaestione principali, an cognita sit et an spectanda sit. 3 qvam mihi a persona dicentis.
1 hecyram ad vos refero le début du récit est introduit par la cause350. 2 hecyram ad vos refero on débute par la question principale, si la pièce est connue et s᾽il faut la voir. 3 qvam mihi argument de la personne de celui qui parle351.

numquam agere lictum est, ita eam oppressit calamitas.
jamais il ne m᾽a été permis de donner, car une catastrophe l᾽a accablée.

1 ita eam oppressit calamitas hoc succedit pro illo, quod est a persona aduersariorum. simul ad fortunam rettulit populi culpam; non enim dixit, quod praesto erat. 2 ita eam oppressit calamitas eam calamitatem calamitatem repetiit, ne nos fabulam dicere illum putaremus.
1 ita eam oppressit calamitas l᾽argument est remplacé par celui de la personne des adversaires. En même temps, il rejette la culpabilité du public sur la Fortune ; en effet, il ne dit pas ce qui était tout prêt352. 2 ita eam oppressit calamitas eam calamitatem il répète le mot calamitas (catastrophe), afin que nous ne pensions pas qu᾽il parle de la pièce353.

eam calamitatem uestra intellegentia
Cette catastrophe, votre intelligence

vestra intellegentia sedabit a iudicum persona.
vestra intellegentia sedabit argument de la personne des juges354.

sedabit, si erit adiutrix nostrae industriae.
y remédiera, si elle vient secourir notre labeur.

1 nostrae indvstriae rursus a sua. 2 Et bene περιφράσει usus est, ne diceret uos...nobis.
1 nostrae indvstriae à nouveau de sa personne. 2 Et il fait bien d᾽utiliser une périphrase (περίφρασις), pour ne pas dire uos...nobis (vous...nous)355.

cum primum eam agere coepi, pugilum gloria
Dès que j᾽ai commencé à la donner, des boxeurs renommés,

1 cvm primvm eam agere coepi iam hic narratio subtilis inducitur et ut non laedat populum et ut defendat poetam. 2 pvgilvm gloria περίφρασις ἀντὶ τοῦ pugiles. sed etiam gloriosi, ut minus turpe sit antelatos eos esse, sicut Vergilius «  magnis cum uiribus e. o. D. m. q. u. s. m. t., s. q. P. VergAen. 5, 368-370 » etc. Haec est gloria pugilum, gloria funambuli. 3 pvgilvm gloria f. a. exspectatio22 πολυλογία : pugilum gloria f. a. e. comitum conuentus. 4 pvgilvm gloria pugil dictus a pugna et pugna a pugno; ueteres namque ante usum ferri et armorum pugnis et calcibus et morsibus corporumque luctatione certabant.
1 cvm primvm eam agere coepi ici déjà un subtil récit est introduit, à la fois en sorte de ne pas offenser le public et pour prendre la défense du poète. 2 pvgilvm gloria périphrase (περίφρασις) pour (ἀντὶ τοῦ) pugiles (boxeurs)356. Mais ils sont quand même "glorieux" (gloriosi), pour qu᾽il soit moins honteux de préférer ceux-là357. Virgile : « magnis cum uiribus effert ora Dares magnoque uirum se murmure tollit, solus qui Paridem » etc. (avec sa grande force Dares attire les regards et se dresse, suscitant le murmure des assistants, lui seul qui à Pâris etc.)358. Voici la gloire des boxeurs, la gloire du funambule. 3 pvgilvm gloria fvnambvli accessit exspectatio polylogie (πολυλογία) : pugilum gloria funambuli accessit exspectatio comitum conuentus359. 4 pvgilvm gloria pugil (boxeur) vient de pugna (le combat à coups de poings), et pugna de pugnus (poing) ; en effet les Anciens, avant qu᾽il soit d᾽usage de porter l᾽épée et les armes, luttaient avec les poings, les talons et les dents, et au corps-à-corps.

funambuli eodem accessit exspectatio
(à quoi s᾽ajouta la curiosité pour un funambule)

1 accessit exspectatio narratio, cur exclusa sit: hanc non poetae culpa deiectam nec iudicio populi et ideo nunc admittendam. 2 exspectatio desiderium, ut Vergilius «  exspectate uenis VergAen. 2, 283 ». 3 fvnambvli eodem duplex causa ad unam exclusionem adhibetur.
1 accessit exspectatio récit de pourquoi elle a été rejetée : elle n᾽a pas été jetée à bas par la faute du poète ni par le jugement du public, et pour cela elle doit à présent être acceptée. 2 exspectatio desiderium (désir). Virgile : « exspectate uenis » (tu arrives, toi qu᾽on attend)360. 3 fvnambvli eodem on recourt à une double cause pour un seul rejet361.

comitum conuentus, studium1340, clamor mulierum
un atroupement de supporters, leur passion, les cris des femmes

1 comitvm conventvs utrum eos comites dicit, qui sunt pugilum assectatores an seruos qui dominos sequuntur? 2 stvdivm certamen diuersis fauentium. 3 clamor mvliervm bene mulierum: non enim timet eas, suffragari uel refragari non licet in theatro.
1 comitvm conventvs quand il dit comites, parle-t-il des supporters des boxeurs, ou bien des esclaves qui suivent leurs maîtres ?362 2 stvdivm lutte entre ceux qui accordent leurs faveurs aux divers spectacles. 3 clamor mvliervm mulierum est bien dit : en effet, il ne les craint pas, il ne leur est pas permis d᾽exprimer leur soutien ou leur opposition au théâtre363.

fecere ut ante tempus exirem foras.
firent qu᾽avant le temps imparti je me trouvais dehors.

vt ante tempvs exirem foras τῷ ἐξουθενισμῷ, ne grauem passus uideatur iniuriam.
vt ante tempvs exirem foras avec mépris (τῷ ἐξουθενισμῷ), afin qu᾽il ne semble pas avoir subi une lourde injure.

uetere in noua coepi uti consuetudine,
Pour la nouvelle comédie, je me mis à utiliser ma vieille méthode,

1 vetere in n.23 ἀντίθετον primum. 2 vetere in nova coepi vti consvetvdine nisi nouam comoediam intellexeris, non erit aperta sententia; nam et supra dixit «  nunc haec plane est pro noua TerEun. 5 ». 3 An in Terentio noua, quia numquam alias exclusus est? 4 Et bene uetere, ut ostendat turpe non esse, quod et aliis poetis saepe contigerit.
1 vetere in nova antithèse (ἀντίθετον) de la première catégorie. 2 vetere in nova coepi vti consvetvdine à moins de comprendre que cela signifie noua comoedia, la phrase ne sera pas claire ; en effet il le dit plus haut aussi : « nunc haec plane est pro noua » (à présent celle-là se présente vraiment comme nouvelle). 3 Ou bien est-elle "nouvelle" (noua) pour Térence, parce qu᾽aucune autre de ses pièces ne fut rejetée ? 4 Et uetere est bien dit, pour montrer que n᾽est pas infamant ce qui est souvent arrivé à d᾽autres poètes aussi.

in experiendo ut essem: refero denuo;
en me mettant à l᾽épreuve : je la rapporte à nouveau ;

refero denvo aut re abundat aut denuo.
refero denvo ou bien c᾽est re- qui est en trop, ou bien denuo364.

primo actu placeo, cum interea rumor uenit
au premier acte, je plais ; sur ces entrefaites, une rumeur arrive

1 primo actv placeo rationabiliter dixit primo, quia quinque sunt actus, partes fabulae. 2 placeo studio dixit placeo pro eo quod est fabula placet aut Terentius. 3 Et mire: "non diu", inquit, "pependit iudicium, sed statim placui", ut quod sequitur non iudicio sed perturbatione factum sit. 4 cvm interea rvmor venit datvm iri hoc abhorret a nostra consuetudine, uerumtamen apud antiquos gladiatores in theatro spectabantur.
1 primo actv placeo il dit primo à raison, parce qu᾽il y a cinq actes, divisions de la pièce365. 2 placeo avec recherche il dit placeo pour fabula placet (la pièce plaît) ou Terentius (Térence)366. 3 Et remarquablement : "le jugement n᾽a pas tardé longtemps", dit-il, "mais j᾽ai plu tout de suite", de sorte que ce qui suit fut non pas le fait d᾽un jugement mais d᾽une perturbation. 4 cvm interea rvmor venit datvm iri cela est très contraire à notre habitude, mais chez les Anciens on assistait aux spectacles de gladiateurs au théâtre367.

datum iri gladiatores: populus conuolat,
"on va donner des gladiateurs !" : le peuple y vole,

datvm iri datum iri dixit ut fabulam, quoniam haec omnia spectatori et populo dantur.
datvm iri il dit datum iri (allaient être donnés) comme pour la pièce368, puisque tous ces spectacles étaient donnés (dari) pour le spectateur et le public.

tumultuantur, clamant, pugnant de loco;
ils font du bruit, ils crient, ils se battent pour les places ;

ego interea meum non potui tutari locum.
moi, pendant ce temps, je n᾽ai pas pu assurer ma place.

non potvi tvtari locvm facete repetit locum.
non potvi tvtari locvm il répète locum (lieu) avec esprit369.

nunc turba non est; otium et silentium est;
A présent, plus de trouble ; c᾽est le calme et le silence ;

1 nvnc tvrba non est24 ἀνταπόδοσις πρὸς τὸ tumultuantur; 2 tvrba id est θόρυβος . 3 nvnc tvrba non est turbam rettulit ad id quod ait supra «  populus conuolat, tumultuantur TerHec. 40  », otium ad illud «  pugnant de loco TerHec. 41  », silentium ad illud quod dixit «  clamor mulierum TerHec. 35  ». otivm πρὸς τὸ pugnant; et silentivm πρὸς τὸ clamant. 4 nvnc tvrba non est otivm et silentivm quae adhortatio per enumerationem!
1 nvnc tvrba non est antapodose (ἀνταπόδοσις)370 à (πρὸς τὸ) tumultuantur371 ; 2 tvrba c᾽est-à-dire θόρυβος (tumulte). 3 nvnc tvrba non est turba fait référence à ce qu᾽il dit plus haut : « populus conuolat, tumultuantur », otium à « pugnant de loco », silentium à son expression « clamor mulierum ». otivm se rapporte à (πρὸς τὸ) pugnant ; et silentivm à (πρὸς τὸ) clamant. 4 nvnc tvrba non est otivm et silentivm quelle exhortation à travers cette énumération372 !

agendi tempus mihi datum est; uobis datur
à moi, on a donné du temps pour la jouer ; à vous, on donne

1 agendi tempvs mihi datvm est ab aedilibus scilicet. 2 vobis datvr potestas condecorandi lvdos scaenicos quasi et populus aliquid agat, cum spectet.
1 agendi tempvs mihi datvm est par les édiles évidemment. 2 vobis datvr potestas condecorandi lvdos scaenicos373 comme si le public aussi faisait quelque chose, lorsqu᾽il assiste à la représentation.

potestas condecorandi ludos scaenicos;
le pouvoir de faire briller les jeux scéniques ;

nolite sinere per uos artem musicam
ne permettez pas que par votre faute l᾽art poétique

1 nolite sinere per vos σχῆμα διανοίας: ῥητορικὴ ἐπίπληξις. 2 artem mvsicam oratorie, quasi non Terenti causa agatur sed artis musicae.
1 nolite sinere per vos figure de pensée : blâme rhétorique (σχῆμα διανοίας ῥητορικὴ ἐπίπληξις). 2 artem mvsicam style oratoire, comme si ce n᾽était pas la cause de Térence qui était plaidée, mais celle de l᾽art poétique.

recidere ad paucos; facite ut uestra auctoritas
se replie chez quelques-uns ; faites que votre autorité

meae auctoritati fautrix adiutrixque sit.
soit pour mon autorité un défenseur et un secours.

1 meae avctoritati quia iam senex est. 2 favtrix adivtrixqve sit25 qua Terentium probo. et est figura analogia. uult autem se esse eius auctoritatis, ut et populo placere iam debeat, qui ipsi placet.
1 meae avctoritati parce qu᾽il est déjà âgé. 2 favtrix adivtrixqve sit par là j᾽approuve Térence374. Et c᾽est une figure d᾽analogie. Il veut avoir une telle autorité qu᾽il soit obligatoire que plaise au public un poète qui lui plaît à lui.

si numquam auare statui pretium arti meae
S᾽il est vrai que ce n᾽est jamais avec cupidité que j᾽ai fixé le prix de mon art

1 si nvmqvam avare commendatio ab ante actis, id est a personae attributis. 2 si nvmquam avare a meritis defensoris argumentum ad laudem fabulae. 3 si nvmqvam avare per haec uerba uult Terentius demonstrare, quam grauis auctor sit qui suas comoedias probet. sic Horatius «  ea cum reprendere coner, quae grauis Aesopus, quae doctus Roscius egit HorEp. 2, 1, 81-82 ».
1 si nvmqvam avare recommandation tirée des jugements précédents, c᾽est-à-dire de ce qu᾽on a déjà accordé à une personne. 2 si nvmquam avare argument tiré des mérites du défenseur pour louer la pièce375. 3 si nvmqvam avare par ces mots, Térence veut démontrer à quel point celui qui fait approuver ses comédies est un garant important. Horace : « ea cum reprendere coner, quae grauis Aesopus, quae doctus Roscius egit » (comme j᾽ose critiquer ce que jouaient le puissant Ésope et le docte Roscius)376.

et eum esse quaestum in animum induxi maximum
ni me suis mis dans l᾽idée que ce profit était plus grand

1 et evm esse qvaestvm in animvm indvxi modo non numquam, subauditur et si, ut sit: et si eum esse etc. 2 et evm esse qvaestvm in animvm indvxi a commodis26. 3 qvaestvm maximvm qvam maxime27 «  inique iniqui TerHec. 54 », παρόμοιον.
1 et evm esse qvaestvm in animvm indvxi si aussi est sous-entendu, pas seulement numquam, pour avoir : et si eum esse etc.377 2 et evm esse qvaestvm in animvm indvxi argument par les avantages378. 3 qvaestvm maximvm qvam maxime « inique iniqui » (injustement les injustes), paronomase (παρόμοιον).

quam maxime seruire uestris commodis,
que celui de servir le plus possible à votre agrément,

vestris commodis plus dixit commodis quam si diceret uoluptatibus.
vestris commodis commodum a plus de force que uoluptas (plaisir).

sinite impetrare me, qui in tutelam meam
laissez-moi arriver à ce que celui qui, sous ma tutelle,

sinite impetrare me qvi in tutelam meam ordo: "sinite impetrare me, ne eum circumuentum inique iniqui irrideant, qui in tutelam meam s. s. et s. i. u. c. f.".
sinite impetrare me qvi in tutelam meam ordre des mots : "sinite impetrare me, ne eum circumuentum inique iniqui irrideant, qui379 in tutelam meam studium suum et se in uostram commisit fidem" (Laissez-moi arriver à ce que ne soit pas injustement opprimé <et moqué> par d᾽injustes personnes celui <qui> a placé sous ma tutelle son étude et sa personne sous votre protection).

studium suum et se in uestram commisit fidem,
a placé son étude et sa personne sous votre protection

ne eum circumuentum inique iniqui inrideant.
ne soit pas, opprimé injustement, d᾽injustes personnes la risée.

mea causa causam hanc accipite et date silentium1341
Par égard pour moi, ayez égard à ma cause et faites silence

1 mea cavsa cavsam quasi orator causam dixit. 2 mea cavsa cavsam hanc accipite oratorie: sic enim fit, cum persona pro persona ad commendationem affertur. 3 et date silentivm quasi fabulae ac poetae. 4 mea cavsa cavsam παρονομασία.
1 mea cavsa cavsam comme un orateur, il dit causam. 2 mea cavsa cavsam hanc accipite style oratoire : c᾽est en effet ainsi que l᾽on fait, lorsqu᾽une personne s᾽offre en recommandation pour quelqu᾽un. 3 et date silentivm comme si c᾽était à la pièce et au poète. 4 mea cavsa cavsam paronomase (παρονομασία)380.

ut libeat scribere aliis mihique ut discere
pour qu᾽il soit permis aux autres d᾽écrire et qu᾽à moi faire jouer

1 vt libeat scribere aliis oratorie ἀπὸ τῆς ἰσότητος. 2 mihiqve vt discere proprie: docet enim poeta, discit scaenicus.
1 vt libeat scribere aliis style oratoire construit sur l᾽égalité (ἀπὸ τῆς ἰσότητος). 2 mihiqve vt discere au sens propre : en effet, le poète "enseigne" (docere), le chef de troupe381 "met en scène" (discere).

nouas expediat posthac pretio emptas meo.
de nouvelles pièces soit profitable, après les avoir achetées à mon prix.

1 novas expediat posthac ab utili argumentatio est. 2 Et bene ut expediat, tamquam facturus sit, etsi non expedierit, dum quaestum maximum seruire populo putat. 3 pretio emptas meo aestimatione a me facta, quantum aediles darent, et proinde me periclitante, si reiecta fabula a me ipso aediles quod poetae numerauerint repetant; nam, quomodo alibi dixit, «  postquam aediles emerant TerEun. 2028 ». 4 Et bene, ut sequatur populus iudicium eius, qui aestimare uere fabulas potuerit. Ergo meo a me facto, a me statuto 29. 5 pretio emptas meo ut quidam uolunt periculo.
1 novas expediat posthac argumentation par l᾽utile. 2 Et ut expediat est bien dit, comme s᾽il s᾽apprêtait à le faire, bien qu᾽il n᾽y ait pas trouvé de profit, dans l᾽idée que le "plus grand profit" (quaestum maximum) est d᾽être au service du public. 3 pretio emptas meo à partir d᾽une estimation que j᾽ai faite de la somme que les édiles accorderaient, puis, à mon grand dam, la pièce rejetée, si les édiles me réclamaient à moi-même la somme qu᾽ils avaient accordée au poète ; en effet, de cette manière il a dit ailleurs : "postquam aediles emerant" (après que les édiles l᾽avaient achetée). 4 Et c᾽est bien dit, pour que le public suive le jugement de celui qui a pu estimer à leur juste prix les pièces. Donc meo (mon) signifie "fait par moi" (a me facto),"fixé par moi" (a me statuto). 5 pretio emptas meo selon certains, à mes risques et périls.

Actus primus


Sommaire Notes

scaena prima

Philotis Syra
58 | 59 | 60 | 61 | 62 | 63 | 64 | 65 | 66 | 67 | 68 | 69 | 70 | 71 | 72 | 73 | 74 | 75

Ph.-per pol quam paucos1342 reperias meretricibus
Ph.-Nom d᾽un chien, c᾽est pas souvent qu᾽on trouverait que les courtisanes

1 per pol qvam pavcos reperias meretricibvs fideles nouo genere hic utraque προτατικὰ πρόσωπα inducuntur, nam et Philotis et Syra non pertinent ad argumentum fabulae. hoc autem maluit Terentius quam aut per prologum narraret argumentum aut θεὸν ἀπὸ μηχανῆς induceret loci. 2 per pol qvam pavcos reperias haec persona Terenti more extrinsecus assumitur, ut sit per quam argumenti obscuritatem spectator effugiat. 3 per pol qvam pavcos animaduertendum est in hac fabula Terentium bonam meretricem inducturum, ne id contra morem uideatur facere, etiam aliam meretricem non malam inducere, ut id exemplis fiat tritius et usu uerisimile. 4 per pol qvam pavcos reperias ordo: pol perquam paucos reperias; nam perpol non est Latinum, sed τὸ ἑξῆς perquam, id est nimis. 5 qvam pavcos quidam non paucos sed paucis legunt; sic enim Apollodorus « ὀλίγαις ἐραστὴς γέγον᾽ ἑταίραισιν Σύρα, βέβαιος ». 6 reperias aptum uerbum ad raritatem et ideo non dixit pauci sunt, sed paucos reperias, si quos quaeras. non autem reperietur nisi quod quaeritur, non quaeritur nisi quod praesto non sit.
1 per pol qvam pavcos reperias meretricibvs fideles ici, d᾽une manière inédite, ce sont deux personnages protatiques (προτατικὰ πρόσωπα) qui sont mis en scène, car Philotis et Syra ne font pas partie de l᾽argument de la pièce. Térence a préféré cela plutôt que de faire raconter au Prologue l᾽argument ou de mettre en scène un deus ex machina (θεὸν ἀπὸ μηχανῆς)382 ici. 2 per pol qvam pavcos reperias ce personnage est pris en dehors de l᾽intrigue selon la coutume de Térence, afin que grâce à lui le spectateur échappe à l᾽obscurité de l᾽argument383. 3 per pol qvam pavcos il faut remarquer que dans cette pièce Térence va représenter une courtisane bonne, et afin de ne pas sembler agir à l᾽encontre des caractères, il représente aussi une autre courtisane qui n᾽est pas mauvaise, afin que cela rende ses exemples plus communs et vraisemblables par l᾽usage384. 4 per pol qvam pavcos reperias ordre des mots : pol perquam paucos reperias (Par Pollux, on trouve bien peu etc.) ; en effet perpol n᾽est pas latin, mais tout attaché (τὸ ἑξῆς) perquam (tout à fait) signifie nimis (extrêmement)385. 5 qvam pavcos certains ne lisent pas paucos mais paucis ; ainsi en effet Apollodore : « ὀλίγαις ἐραστὴς γέγον᾽ ἑταίραισιν Σύρα, βέβαιος » (il y a un amoureux sûr pour peu de courtisanes, Syra)386. 6 reperias verbe approprié à l᾽expression de la rareté et c᾽est pour cela qu᾽il ne dit pas pauci sunt (ils sont peu nombreux), mais paucos reperias, si on en cherchait. Et on ne trouvera que ce qu᾽on cherche, on ne cherche que ce qui n᾽est pas sous la main.

fideles euenire amatores, Syra.
tombent sur des amants fidèles, Syra.

1 fideles huiusmodi sententias rhetores προμύθιον 30 uocant. 2 Et mire non esse sed euenire dixit, ut non rationis sed casus sit, id quod rarissimum est. 3 fideles fidi in maximis, fideles in minoribus negotiis.
1 fideles les rhéteurs appellent les sentences de ce genre du nom de προμύθιον (préambule)387. 2 Et étonnamment il n᾽a pas dit esse (être) mais euenire (échoir), de sorte que cela ne tient pas du calcul mais du hasard, ce qui est très rare. 3 fideles on dit fidus (sûr) pour les affaires importantes, fidelis pour les affaires mineures388.

uel hic Pamphilus iurabat quotiens Bacchidi
Tiens, ce Pamphile, combien de fois il faisait des serments à Bacchis,

1 vel hic pamphilvs transitus a generali sententia ad specialem. 2 vel nunc ueluti; alias coniunctio disiunctiua est, alias correptionem significat, ut apud Ciceronem «  uel optima Messanae Cic.Verr. 2, 4, 3 ». 3 vel aut etiam31, «  carmina uel c. p. d. L. VergBuc. 8, 69 » aut uelut modo32. 4 ivrabat q. b. q. s. tria sunt: quae iurabat et quotiens et quam sancte; quod totum de more amatorum ac meretricum, quae iureiurando teneant quos lege non possunt.
1 vel hic pamphilvs passage d᾽une considération générale à une considération particulière389. 2 vel dans cet emploi ueluti (comme) ; ailleurs c᾽est une conjonction disjonctive, ailleurs encore cela marque une restriction, comme chez Cicéron « uel optima Messanae » (sinon la meilleure de Messine)390. 3 vel ou bien etiam, comme « carmina uel caelo possunt deducere Lunam » (les poèmes peuvent même dérouter la Lune au ciel) ou bien uelut, modo (tantôt)391. 4 ivrabat qvotiens bacchidi qvam sancte il y a trois choses : quae iurabat (ce qu᾽il jurait), quotiens (combien souvent) et quam sancte (avec quelle ferveur)392 ; et tout cela parle des habitudes des amants et des courtisanes, qui tiennent par le serment ceux qu᾽elles ne peuvent tenir par la loi393.

quam sancte, ut quiuis facile posset credere,
et avec quelle ferveur : n᾽importe qui pouvait facilement croire

vt qvivis non modo Bacchis, quae amica erat.
vt qvivis pas seulement Bacchis, qui était son amie.

numquam illa uiua ducturum uxorem domum!1343
que jamais, elle vivante, il n᾽amènerait une épouse à la maison !

nvmqvam illa viva dvctvrvm vxorem παρένθεσις prima: iurabat numquam illa uiua uxorem ducturum.
nvmqvam illa viva dvctvrvm vxorem parenthèse (παρένθεσις) de première catégorie : il jurait qu᾽elle vivante, jamais il ne prendrait femme394.

em duxit! Sy.-ergo propterea te sedulo
Et toc, il l᾽a fait ! Sy.-C᾽est donc pour cela que de tout cœur

1 em dvxit pronuntia, ut mirantem ostendas. 2 ergo propterea modo ergo affectum exprimit reprehendentis tarde sibi assentientem. sic Vergilius «  ergo age, care pater, c. i. n. VergAen. 2, 707 ». 3 propterea te sedvlo sedulo instanter et ex animo uel sine dolo. 4 em dvxit em aduerbium demonstrantis est, ut «  em alterum TerEun. 459 ».
1 em dvxit prononcez cela de manière à marquer l᾽étonnement. 2 ergo propterea ergo exprime de temps en temps le sentiment de qui blâme celui qui met du temps à nous approuver. Virgile : « ergo age, care pater, ceruici imponere nostrae » (viens donc, père bien-aimé, prends place sur mon dos)395. 3 propterea te sedvlo sedulo signifie instanter (avec insistance) et du fond du cœur ou sans ruse. 4 em dvxit em est un adverbe présentatif, comme « em alterum ».

et moneo et hortor ne cuiusquam misereat1344
je te conseille et t᾽avertis : n᾽aie pitié de personne ;

1 et moneo et hortor monemus consilio, hortamur impulsu. 2 ne cvivsqvam misereat deest te.
1 et moneo et hortor nous "avertissons" (monere) par un conseil, nous "engageons" (hortari) par une impulsion. 2 ne cvivsqvam misereat il manque te396.

quin spolies mutiles laceres quemque nacta sis.
au contraire, dépouille, estropie, mets en charpie celui que tu auras trouvé.

1 qvin spolies mvtiles quin quominus. et magna persuasio est ad malefaciendum. 2 spolies 33 spoliare est non minimam partem auferre, mutilare aliquid detrahere, sine quo res esse non possit, lacerare autem cum omnino non habeas quod imminuas. 3 mvtiles imminuas, unde mutili dicti boues aut capri sine cornibus – nam male qui a multa putant dici – ; et inde Mulciber Vulcanus, quod sit mutilatus ac debilis. an proprie Mulciber dictus est, quod omnia mulceat, id est molliat ac uincat?
1 qvin spolies mvtiles quin signifie quominus397. Et c᾽est un grand encouragement à faire le mal. 2 spolies spoliare (dépouiller) c᾽est enlever une partie pas des moindres, mutilare (estropier) retirer quelque chose, sans quoi la chose ne peut être ce qu᾽elle est, et lacerare (mettre en morceaux) c᾽est lorsque l᾽on a à la fin plus rien à réduire398. 3 mvtiles imminuere (raccourcir), d᾽où le fait qu᾽on appelle mutilus (estropié) les bœufs ou les boucs sans cornes – en effet, ils sont dans l᾽erreur ceux qui pensent que cela vient de multa (amende) – ; et de là Vulcain est appelé Mulciber, car on dit qu᾽il était estropié et faible. Ou bien est-il appelé Mulciber au sens propre parce qu᾽on dit qu᾽il "apaise" (mulceat) toute chose, c᾽est-à-dire qu᾽il l᾽adoucit et s᾽en rend maître399 ?

Ph.-utin eximium neminem habeam? Sy.-neminem;
Ph.-Sans faire d᾽exception pour personne ? Sy.-Personne ;

1 vtin eximivm neminem habeam utin pro ut ne ἀπόστροφος34. 2 Et perseuerat in allegoria, nam eximia pecora dicuntur, quae a grege excepta sunt ad usus dominorum suorum, ut uberius pascantur. 3 Sed proprie eximii sunt porci maiores, qui ad sacrificandum excepti uberius pascuntur. etenim boues, qui ad hoc electi sunt egregii dicuntur et oues lectae, ut Vergilius «  mactant lectas de more bidentes VergAen. 4, 57 ». ita et porci eximii. 4 vtin eximium deest censes, ut sit: censes utin eximium neminem habeam? 5 Vel certe mones. 6 vtin eximium eximium separatum ex omnibus. proprie eximius porcus est exemptus a grege atque signatus macula aut nota. 7 habeam deest censes aut uis aut mones.
1 vtin eximivm neminem habeam utin pour ut ne : apostrophe (ἀπόστροφος)400. 2 Et il poursuit l᾽allégorie, car on dit eximius en parlant d᾽animaux qui ont été pris au troupeau pour l᾽usage de leurs maîtres, afin d᾽être nourris plus abondamment. 3 Mais au sens propre ce sont les gros porcs qui sont dits eximii, eux qui sont nourris plus abondamment et à l᾽écart en vue du sacrifice401. En effet, pour les bœufs qui ont été choisis pour cela, on dit egregius (sorti du lot) et pour les brebis, lecta (choisie). Virgile « mactant lectas de more bidentes » (elles immolent des brebis de choix âgées de deux ans)402. Ainsi les porcs aussi sont dits eximii. 4 vtin eximium il manque censes (tu penses), pour que ce soit : "censes utin eximium neminem habeam ?" (penses-tu que je n᾽en privilégie aucun ?) 5 Ou du moins mones (tu me conseilles). 6 vtin eximium eximius signifie séparé de tous. Au sens propre le porc eximius est "retranché" (exemptus) du troupeau et distingué par une tache ou un signe. 7 habeam il manque censes (tu penses) ou uis (tu veux) ou mones (tu conseilles).

nam nemo illorum quisquam, scito, ad te uenit
car pas une seule personne parmi eux, sache-le, ne vient à toi

1 nam nemo qvisqvam παρέλκον tertium, nam abundat quisquam. 2 scito ad te venit bene additum scito et moraliter. et acutius pronuntiandum: est enim uerbum illorum, qui familiares corrigunt.
1 nam nemo qvisqvam pléonasme (παρέλκον) de troisième catégorie, car quisquam est en trop403. 2 scito ad te venit scito (sache) est ajouté de façon heureuse et conforme au caractère du personnage. Et cela doit être prononcé de façon plus appuyée : c᾽est en effet un mot propre à ceux qui corrigent leurs familiers404.

quin ita paret sese abs te ut blanditiis suis
sans s᾽arranger pour te soutirer par ses mamours

1 qvin qui non. 2 ita paret hoc uerbum aduersum munificos et segnes sumitur, ut alibi «  itan parasti te, ut spes n. r. in t. s. t.? TerEun. 240 ». 3 abs te pro ex te.
1 qvin qui non405. 2 ita paret ce verbe est pris contre les dépensiers et les nonchalants, comme ailleurs « itan parasti te, ut spes nulla reliqua in te siet tibi ? »406. 3 abs te pour ex te.

quam minimo pretio suam uoluptatem expleat.
le moyen d᾽assouvir son plaisir au plus bas prix.

svam volvptatem expleat bene expleat, quod contrarium meretrici est amatorem uoluptate satiari.
svam volvptatem expleat expleat est bien dit, parce que le fait que l᾽amant soit rassasié de plaisir est mauvais pour la courtisane.

hiscine tu amabo non contra insidiabere?
A de telles gens, toi, je te prie, en retour tu ne tendras pas de piège ?

1 hiscine tv ἐρώτησις. 2 Id est talibus. 3 Et uide si pulchra meretrix puella35. 4 insidiabere insidiari malum est, sed contra insidiari iustum est.
1 hiscine tv question (ἐρώτησις)407. 2 C᾽est-à-dire talibus (à de telles gens)408. 3 Et voyez si c᾽est beau une jeune courtisane409. 4 insidiabere "tendre un piège" (insidiari) est mal, mais "répondre à un piège par un piège" (insidiari contra) est justifié.

Ph.-tamen pol eandem iniurium est esse omnibus.
Ph.-Cependant nom d᾽un chien, être la même pour tous, c᾽est pas juste.

1 tamen pol eandem inivrivm est idem aliter et uehementius intulit, nam peius est eandem esse omnibus quam nullum excipere. 2 inivrivm iniqvvm iniurium autem indignantis modo significatio est et uim aduerbii habet.
1 tamen pol eandem inivrivm est elle répète la même chose autrement et plus violemment car c᾽est pire d᾽être la même pour tous que de ne faire d᾽exception pour aucun410. 2 inivrivm iniqvvm iniurium a la signification d᾽une indignation et le sens d᾽un adverbe411.

Sy.-iniurium autem est ulcisci aduersarios,
Sy.-C᾽est pas juste de se venger de ses adversaires,

vlcisci adversarios de more aduersarios mutato nomine posuit: durum enim fuerat, si amatores diceret.
vlcisci adversarios selon son caractère elle met aduersarios en changeant de nom : cela aurait été dur, si elle avait dit amatores (amants)412.

aut qua uia te captent illi eadem ipsos capi?
ou d᾽utiliser le moyen dont ils te prennent pour les prendre ?

avt qva via te captent illi qui te captant saepe, tu eos uel semel cape.
avt qva via te captent illi ceux qui te prennent souvent, toi, prends-les une fois pour toutes.

heu me miseram! cur non aut istaec mihi
Ah, pauvre de moi ! Pourquoi n᾽ai-je pas ton

1 hev me miseram bene, quia non persuasit, affectum doloris expressit; intellegit enim ex uultu eius non se persuasisse quod uoluit. 2 hev me miseram cvr n. a. i. m. ae. e. f. est ἐμπαθῶς ait, quod reliquum est, quia quod uolebat persuadere non potuit. 3 Et bene, quia utrumque non habet. 4 Et mire e contrario descripta est deformitas lenae et formam et uoluntatem malam gerentis.
1 hev me miseram parce qu᾽elle n᾽a pas persuadé, elle a bien exprimé un mouvement de douleur ; elle comprend en effet, d᾽après son visage, qu᾽elle ne l᾽a pas persuadée de ce qu᾽elle voulait. 2 hev me miseram cvr non avt istaec mihi aetas et forma est elle dit le reste avec émotion (ἐμπαθῶς), parce qu᾽elle n᾽a pu la persuader de ce qu᾽elle voulait. 3 Et elle fait bien, parce qu᾽elle n᾽a pas l᾽un et l᾽autre413. 4 Et c᾽est de façon remarquable par opposition qu᾽est décrite la laideur de l᾽entremetteuse qui porte sur elle un aspect et des intentions mauvaises.

aetas et forma est aut tibi haec sententia?
âge et ta beauté, ou toi mon bon sens ?

avt tibi haec sententia δεικτικῶς. simulque ostendit secundum φυσιογνώμονας difficile deformem reperiri bonum.
avt tibi haec sententia pour démontrer (δεικτικῶς). Et en même temps il montre, conformément aux thèses de ceux qui étudient la physiognomonie (φυσιογνώμων), qu᾽il est difficile qu᾽un être hideux s᾽avère bon.


Sommaire Notes

scaena altera

Philotis Syra Parmeno
76 | 77 | 78 | 79 | 80 | 81 | 82 | 83 | 84 | 85 | 86 | 87 | 88 | 89 | 90 | 91 | 92 | 93 | 94 | 95 | 96 | 97 | 98 | 99 | 100 | 101 | 102 | 103 | 104 | 105 | 106 | 107 | 108 | 109 | 110 | 111 | 112 | 113 | 114 | 115 | 116 | 117 | 118 | 119 | 120 | 121 | 122 | 123 | 124 | 125 | 126 | 127 | 128 | 129 | 130 | 131 | 132 | 133 | 134 | 135 | 136 | 137 | 138 | 139 | 140 | 141 | 142 | 143 | 144 | 145 | 146 | 147 | 148 | 149 | 150 | 151 | 152 | 153 | 154 | 155 | 156 | 157 | 158 | 159 | 160 | 161 | 162 | 163 | 164 | 165 | 166 | 167 | 168 | 169 | 170 | 171 | 172 | 173 | 174 | 175 | 176 | 177 | 178 | 179 | 180 | 181 | 182 | 183 | 184 | 185 | 186 | 187 | 188 | 189 | 190 | 191 | 192 | 193 | 194 | 195 | 196 | 197

Par.-senex si quaerat1345 me, modo isse dicito
Par.-Le vieux s᾽il me demande, dis que je viens d᾽aller

1 senex si qvaerat me modo isse dicito ad portvm hoc seruus dixit in scaenam de proscaenio respiciens. 2 senex si qvaerat me duae coniecturae sunt in hac scaena: an uerae sint nuptiae et an uerisimile sit adulescentem abstinere potuisse a uirgine sibi nuptum tradita. 3 senex si qvaerat me magis expressit consuetudinem dicendo senex quam si diceret dominus maior. 4 senex si qvaerat me ut ex uerbis suis tam meretrix quam lena descripta est, ita et Parmeno ipse qualis sit ostenditur ex sua sibi locutione. exeundi autem causa de argumento sumitur, quia Pamphilus absens est et exspectatur in dies eius aduentus. 5 senex si qvaerat me modo isse d. a. p. haec omnia et submissa et ueloci pronuntiatione afferenda sunt; hoc enim desiderant huiusmodi uerba utpote et serui et festinantis.
ex si qvaerat me modo isse dicito ad portvm l᾽esclave dit cela en se retournant de l᾽avant-scène vers la scène414. 2 senex si qvaerat me il y a deux conjectures dans cette scène : le mariage est-il réel et est-il vraisemblable qu᾽un jeune homme ait pu s᾽abstenir de toucher à une jeune fille qui lui a été donnée en mariage ? 3 senex si qvaerat me il a mieux exprimé la familiarité en disant senex (le vieux) que s᾽il avait dit dominus maior (le vieux maître)415. 4 senex si qvaerat me de la même façon que, par leurs paroles, c᾽est aussi bien la courtisane que l᾽entremetteuse qui sont décrites, de même on montre quel genre d᾽homme est Parménon par ses mots en aparté416. Le motif de sortie est tiré de l᾽argument417, parce que Pamphile est absent et qu᾽on attend son arrivée dans la journée. 5 senex si qvaerat me modo isse dicito ad portvm toutes ces choses doivent être dites à voix basse et prononcées rapidement418 ; voilà en effet ce que réclament des mots de ce style en tant qu᾽ils sont propres à un esclave et à quelqu᾽un qui se hâte.

ad portum percontatum aduentum Pamphili.
au port pour me renseigner sur l᾽arrivée de Pamphile.

1 percontatvm adventvm pamphili honestam causam dixit, id est propter aduentum Pamphili. 2 Et percontatum scribitur et percunctatum. si percontatum, a conto, quo nautae utuntur ad36 loca nauibus opportuna; si uero percunctatum, ab eo quod a cunctis perquiratur.
1 percontatvm adventvm pamphili il a donné un bon prétexte, c᾽est-à-dire l᾽arrivée de Pamphile. 2 Et on écrit aussi bien percontatum et percunctatum419. Si c᾽est percontatum, cela vient de contus (perche), que les marins utilisent pour les endroits convenables aux navires420 ; mais si c᾽est percunctatum, cela vient du fait que cuncti (tous) s᾽informent "avec soin" (per-).

audin quid dicam, Scirte? si quaerat1346 me, uti
Tu entends ce que je dis, Scirtus ? S᾽il me demande,

1 avdin qvid dicam scirte audis modo sentis, intellegis, ut Vergilius «  progeniem sed enim Troiano a sanguine duci audierat VergAen. 1, 19-20 ». item Vergilius alibi «  neque audit currus h. VergGeo. 1, 514 ». 2 avdin qvid dicam audis modo pro aduertis. 3 scirte κωφὸν πρόσωπον inducitur. 4 avdin qvid dicam scirte conuenit nomen seruo puero παρὰ τὸ σκιρτῶσαι , quod est gestire et ludere.
1 avdin qvid dicam scirte audire (entendre) signifie parfois sentire (sentir), intellegere (comprendre). Virgile : « progeniem sed enim Troiano a sanguine duci audierat » (mais elle avait appris que naissait du sang troyen une race). De même ailleurs Virgile : « neque audit currus habenas » (et le char n᾽obéit plus aux brides). 2 avdin qvid dicam audire (entendre) parfois pour aduertere (remarquer). 3 scirte c᾽est un personnage muet (κωφὸν πρόσωπον) qui est introduit. 4 avdin qvid dicam scirte le nom convient au jeune esclave, du verbe grec (παρὰ τὸ) σκιρτῶσαι (bondir), qui signifie exulter et s᾽amuser421.

tum dicas; si non quaerat1347, nullus dixeris,
alors tu le lui dis ; s᾽il ne demande pas, tu ne dis rien,

nvllvs pro non.
nvllvs pour non (ne... pas)422.

alias ut uti possim causa hac integra.
pour que je puisse placer ailleurs cette raison sans l᾽avoir abîmée.

1 alias vt vti possim inter alias et alia hoc interest, quod alias alio tempore significat, alia aliter aut per alia. 2 integra non dicta.
1 alias vt vti possim entre alias et alia il y a la différence suivante : alias signifie alio tempore (à une autre occasion), alia aliter (autrement) ou per alia (par d᾽autres moyens)423. 2 integra non dicta (pas dite).

sed uideon ego Philotium? unde haec aduenit?
Mais n᾽est-ce pas Philotis que je vois ? D᾽où vient-elle, celle-là ?

1 sed videon ego philotivm sic solent dubitare aduenientibus ipsis, quos post multum temporis interuallum uident. 2 sed videon ego philotivm mire inuenta causa narrandi est ideo, quia peregre uenit meretrix; alioquin si Athenis esset, omnia sciret. 3 vnde haec advenit cum quodam contemptu eius hoc sibi dicit Parmeno.
1 sed videon ego philotivm c᾽est ainsi qu᾽ils424 ont l᾽habitude d᾽hésiter quand arrivent ceux-là même qu᾽on voit après un long intervalle de temps. 2 sed videon ego philotivm la raison de la narration est prodigieusement trouvée : la courtisane arrive de l᾽étranger ; de fait, si elle avait été à Athènes, elle aurait tout su. 3 vnde haec advenit c᾽est avec un certain mépris pour elle que Parménon dit cela en aparté425.

Philotis, salue multum! Ph.-o salue, Parmeno!
Philotis, bien le bonjour ! Ph.-Oh, bonjour, Parménon !

Sy.-salue mecastor, Parmeno! Par.-et tu edepol, Syra.
Sy.-Par Castor, bonjour Parménon ! Par.-Pareil à toi, par Pollux, Syra.

1 salve mecastor parmeno olim salutantes addebant iusiurandum, ut hoc sedulo facere uiderentur. me autem aut adiectio est et abundat aut positum est pro μά syllaba, ut Graeci μὰ τὸν Ἀπόλλωνα dicunt. 2 et tv edepol syra irrisit ecastor addendo edepol. et quod illa Parmeno, hic addidit Syra. 3 syra sura ueteres legerunt, V pro Y ponentes37, ut Musis, Surus.
1 salve mecastor parmeno autrefois ceux qui se saluaient ajoutaient un juron, afin qu᾽ils semblent faire cela de tout cœur. Me est soit un ajout et est redondant, soit est mis pour la syllabe μά , comme les Grecs disent μὰ τὸν Ἀπόλλωνα (par Apollon)426. 2 et tv edepol syra il se moque de ecastor (par Castor) en ajoutant edepol (par Pollux)427. Et comme elle a dit Parmeno (Parménon), lui ajoute Syra (Syra). 3 syra Les Anciens ont lu sura, mettant u pour y, comme Musis (Mysis), Surus (Syrus)428.

dic mihi ubi, Philotis, te oblectasti tam diu?
Dis-moi, Philotis, où t᾽es-tu amusée si longtemps ?

1 vbi philotis te oblectasti uide licentiam: supra Philotium hic Philotis dixit. 2 oblectasti tam div facete dictum meretrici: non ubi fuisti sed ubi te oblectasti.
1 vbi philotis te oblectasti observez la licence : plus haut, il a dit Philotium, ici Philotis429. 2 oblectasti tam div spirituellement dit à la courtisane : non pas ubi fuisti (où étais-tu) mais ubi te oblectasti.

Ph.-minime equidem me oblectaui, quae cum milite
Ph.-Vraiment je ne me suis pas du tout amusée, moi qui, avec un soldat

minime eqvidem me oblectavi me acutius proferendum est, quia respondet πρὸς τὸ te.
minime eqvidem me oblectavi me doit-être prononcé de façon plus appuyée, parce qu᾽il répond au (πρὸς τὸ) te430.

Corinthum hinc sum profecta inhumanissimo;
qui n᾽a pas un sentiment humain, suis partie d᾽ici pour Corinthe ;

1 corinthvm hinc svm profecta τὸ hinc magnum dolorem ostendit habere Philotium, quod relictis Athenis Corinthi habitauerit. 2 hinc svm profecta i. multa dixit: et milite et hinc et inhumanissimo. 3 inhvmanissimo quid potuit de milite dici sine superlatiuo? namque omnis miles inhumanus, hic uero inhumanissimus. 4 corinthvm hinc svm profecta haec argumenta sunt, an se oblectare potuerit: a persona quod miles inhumanissimus, a loco quod hinc profecta, a tempore quod biennium, a re id est ab iniuria quod tuli.
1 corinthvm hinc svm profecta le mot (τὸ) hinc montre que Philotis a une grande douleur, de ce que, après avoir quitté Athènes, elle a habité Corinthe431. 2 hinc svm profecta inhvmanissimo elle dit beaucoup de choses : à la fois milite (le soldat), hinc (d᾽ici) et inhumanissimo (très cruel)432. 3 inhumanissimo qu᾽est-ce qui pouvait être dit du soldat sans superlatif ? En effet, tout soldat est inhumanus (cruel), mais ici il est inhumanissimus433. 4 corinthvm hinc svm profecta voici de quoi sont tirés les arguments pour savoir si elle a pu prendre du bon temps : de la personne, parce que le soldat est inhumanissimus, du lieu parce que hinc profecta, du temps parce que biennium, de la chose, c᾽est-à-dire d᾽une injustice, parce que tuli.

biennium ibi perpetuum misera illum tuli.
deux ans là-bas, sans interruption, malheureuse, je l᾽ai supporté.

1 biennivm ibi perpetvvm ut continuationem sui casus ostenderet, perpetuum dixit. 2 misera mulieris38 interpositio τὸ misera. 3 illvm tvli non cum illo fui sed illum tuli: adeo non me oblectaui.
1 biennivm ibi perpetvvm pour montrer la continuité de son malheur, elle dit perpetuum434. 2 misera le mot (τὸ) misera est une parenthèse de femme435. 3 illvm tvli non pas cum illo fui (j᾽ai été avec lui) mais illum tuli : c᾽est pourquoi elle ne dit pas me oblectaui (je me suis amusée).

Par.-edepol te desiderium Athenarum arbitror
Par.-Nom d᾽un chien, le mal du pays d᾽Athènes, je pense, t᾽a

1 desiderivm athenarvm quod Corinthum profecta est. 2 athenarvm arbitror quod dixit hinc, ἀνταπέδωκεν Athenarum. 3 Et amphibolia te desiderium cepisse. 4 te desiderivm cepisse quod «  cum milite inhumanissimo TerHec. 85-86 »39.
1 desiderivm athenarvm parce qu᾽elle est partie à Corinthe (Corinthum profecta). 2 athenarvm arbitror le « hinc » qu᾽elle a dit, fait une antapodose (ἀνταπέδωκεν) avec Athenarum436. 3 Et te desiderium cepisse est une amphibologie437. 4 desiderivm cepisse parce que « cum milite inhumanissimo ».

Philotium, cepisse saepe et te tuum
souvent prise, Philotis, et tu as dû

consilium contempsisse. Ph.-non dici potest
regretter ton projet. Ph.-On ne peut pas dire

Et consilivm contempsisse paenitudine esse possessam.
Et consilivm contempsisse que tu as été assaillie de regrets438.

quam cupida eram huc redeundi, abeundi a milite
combien je désirais retourner ici, me détourner du soldat

1 hvc redevndi iterum a loco; abevndi a milite a persona; 2 hvc redevndi...abevndi...vosqve hic videndi oratorie unam rem in tria diuisit: huc redeundi, abeundi a milite, uosque hic uidendi, ut diceret huc ueniendi.
1 hvc redevndi pour la deuxième fois, argument tiré du lieu ; abevndi a milite argument tiré de la personne ; 2 hvc redevndi...abevndi...vosqve hic videndi de manière oratoire elle divise une chose en trois : huc redeundi, abieundi a milite, uosque hic uidendi, pour dire seulement huc ueniendi (venir ici)439.

uosque huc uidendi, antiqua ut consuetudine
et vous voir ici, pour, selon mon ancienne habitude

vosqve hic videndi a re.
vosqve hic videndi argument tiré de la chose.

agitarem inter uos libere conuiuium;
m᾽occuper avec vous à faire librement la fête ;

1 agitarem inter vos libere c. inter agere et agitare hoc interest, quod agere est aliquid uel necessarium facere, agitare uoluptarium. 2 Ergo agitarem exercerem.
1 agitarem inter vos libere convivivm entre agere (faire) et agitare (s᾽adonner à) il y a cette différence que agere c᾽est faire quelque chose précisément parce qu᾽on ne peut faire autrement, agitare c᾽est faire quelque chose de plaisant. 2 Donc agitarem signifie exercerem (de pratiquer).

nam illic1348 haud licebat nisi praefinito loqui
car là-bas il n᾽était pas permis de parler sauf, dans un cadre précis,

1 nisi praefinito l. a tempore. 2 Hic ostendit quid dixerit supra «  tuli TerHec. 87 » et quid sit «  agitare conuiuium libere TerHec. 93 ». 3 nam illic havd licebat n. p. legitur et illi ut sit circumflexus accentus et significet illic, ut «  illi mea tristia facta VergAen. 2, 548 ». 4 Et absolutum est praefinito: deest tempore aut aliquid tale. 5 nisi praefinito loqvi i. qvae p. duo dixit: et praefinito et quae illi placerent, ut neque quantum uelles neque quod uelles diceres.
1 nisi praefinito loqvi argument tiré du temps. 2 Ici elle montre ce que veut dire plus haut « tuli » et ce qu᾽est « agitare conuiuium libere ». 3 nam illic havd licebat nisi praefinito on lit aussi illi avec un accent circonflexe et qui signifie illic (là-bas), comme « illi mea tristia facta » (là-bas mes tristes exploits)440. 4 Et praefinito est employé absolument : il manque tempore (temps) ou quelque chose de tel. 5 nisi praefinito loqvi illi qvae placerent elle dit deux choses : à la fois praefinito et quae illi placerent, de sorte qu᾽on ne puisse ni en dire autant qu᾽on veut441, ni dire ce que l᾽on veut.

illi quae1349 placerent. Par.-haud opinor commode
pour dire ce qui lui plairait. Par.-Cela ne devait pas t᾽arranger, je pense,

havd opinor commode pro blande et bene, ut «  numquam tam dices commode TerHec. 108 ».
havd opinor commode pour blande (agréablement) et bene (bien)442, comme « numquam tam dices commode ».

finem statuisse orationi militem.
cette limite que le soldat mettait à tes paroles.

finem statvisse orationi militem argute militem, quia quasi inimicus est orationi, quae in pace plurimum potest.
finem statvisse orationi militem militem est subtil, parce qu᾽il est pour ainsi dire ennemi de la parole, qui en temps de paix a le plus de pouvoir.

Ph.-sed quid hoc negoti est modo quae narrauit mihi1350
Ph.-Mais qu᾽est-ce que c᾽est que cette histoire que vient de me raconter

1 sed qvid hoc negoti est modo qvae narravit mihi ad argumentum40 nunc descendit. in Phormione41 «  sed quid tu es tristis? TerPho. 57 ». Praelatis scilicet allocutionibus et separatarum et permixtarum personarum, ne ieiune ad argumentum uenire et non agere fabulam sed narrare uideretur. 2 sed qvid hoc negoti bene addidit negoti, ut augeret inuidiam facti; nam potuit dicere quid hoc est? sed ut diximus ad inuidiam et magnitudinem rei negoti dixit. 3 qvae narravit mihi quae qualia scilicet et quanta. 4 modo qvae n. m. quae acuendum est, ut sit qualia et quanta. et hoc ὑπερβολικόν.
1 sed qvid hoc negoti est modo qvae narravit mihi Il en vient maintenant à l᾽argument. Dans le Phormion « sed quid tu es tristis ? » (mais pourquoi es-tu triste ?). Sont mises en avant bien entendu les conversations des personnages, aussi bien isolés qu᾽en groupe, afin que l᾽on ne semble pas en venir sèchement à l᾽argument et ne pas jouer la pièce mais la raconter443. 2 sed qvid hoc negoti il a bien ajouté negoti, pour augmenter le caractère odieux du fait ; en effet, il pouvait dire "quid hoc est ?" (qu᾽en est-il de cela ?). Mais, comme nous l᾽avons dit, c᾽est pour critiquer et grandir la chose qu᾽il a dit negoti. 3 qvae narravit mihi : quae vaut évidemment qualia (des choses de telle nature) et quanta (des choses aussi importantes). 4 modo qvae narravit mihi quae doit être accentué, pour valoir qualia et quanta444. Et c᾽est hyperbolique (ὑπερβολικόν)445.

hic intus Bacchis? quod ego numquam credidi
là-dedans, Bacchis ? Quelque chose que j᾽ai cru ne jamais devoir

qvod ego nvmqvam credidi hoc totum cum inuidia pronuntiandum ex animo meretricis, quae facinus indignum nuptias putat.
qvod ego nvmqvam credidi tout celà doit être prononcé avec une haine qui vient du cœur de la courtisane, qui pense que le mariage est un crime indigne.

fore, ut ille hac uiua posset animum inducere
arriver : il pourrait, elle vivante, se mettre dans l᾽idée

1 vt ille hac viva posset mire ostendit ex iisdem uerbis eandem hanc esse, quae supra dixerat «  numquam illa uiua uxorem ducturum d. TerHec. 62 ». 2 posset animvm indvcere quasi in rem duram et immanem.
1 vt ille hac viva posset il montre remarquablement par l᾽emploi des mêmes mots que c᾽est bien elle qui avait dit plus haut : « numquam illa uiua uxorem ducturum domum ». 2 posset animvm indvcere pour ainsi dire contre une chose dure et cruelle.

uxorem habere. Par.-habere autem? Ph.-eho tu, an non habet?
d᾽avoir une épouse ? Par.-Avoir ? Ph.-Hé-là, toi, il l᾽a ou pas ?

habere avtem ostendit pronuntiatione, quod prope est non ut non habeat.
habere avtem il insiste par la prononciation en sorte que ce soit "il ne la possède pas" (non habere).

Par.-habet, sed firmae hae uereor ut sint nuptiae.
Par.-Il l᾽a, mais je crains que le mariage ne soit pas solide.

1 sed firmae hae vereor vt sint n. bene pro persona serui, qui uult dominum uxorium esse magis quam amatorem Bacchidis. 2 vt ne non. 3 sed firmae hae vereor animaduerte Terentium in nuptiis hoc dictum seruare, utrum firmas an infirmas dicat nuptias.
1 sed firmae hae vereor vt sint nvptiae c᾽est bien en conformité avec le personnage de l᾽esclave, qui veut que son maître soit attaché à sa femme plutôt que l᾽amant de Bacchis. 2 vt ne non446. 3 sed firmae hae vereor remarquez que Térence conserve cette manière de parler du mariage, de dire si le mariage est firmus (solide) ou infirmus (pas solide)447.

Ph.-ita di deaeque faxint, si in rem est Bacchidis!
Ph.-Ainsi soit-il, dieux et déesses, si c᾽est dans l᾽intérêt de Bacchis !

1 si in rem est bacchidis bene additum si in rem est Bacchidis, ut ostenderet se non malignitatis sed beniuolentiae causa talia uota suscipere. 2 in rem pro utilitate, ab re contra utilitatem.
1 si in rem est bacchidis si in rem est Bacchidis est un bon ajout, pour montrer qu᾽elle embrasse de tels vœux non par méchanceté mais par bienveillance. 2 in rem signifie pro utilitate (dans l᾽intérêt de), ab re signifie contra utilitatem (contre l’intérêt de)448.

sed qui istuc credam ita esse dic mihi, Parmeno.
Mais, pour me faire croire que c᾽est ainsi, raconte-moi, Parménon.

1 sed qvi istuc credam "nuptias esse infirmas". 2 istvc credam ita esse dic m. p. superiore uoto excusauit crimen curiositatis, ut iam uideretur propter Bacchidem audire uelle.
1 sed qvi istvc credam "que le mariage est faible". 2 istvc credam ita esse dic mihi parmeno elle se justifie du grief de curiosité, afin qu’elle semble désormais vouloir entendre l’affaire à cause de Bacchis.

Par.-non est opus prolato hoc, percontarier
Par.-On n᾽a pas besoin d᾽étaler ça ; avec tes questions

1 non est opvs prolato hoc percontarier desiste uide quam conuenienter poeta cum id agat, ut narrantem Parmenonem inducat, tamen multis diuerticulis morales facetias internectat. 2 non est opvs prolato hoc incerta distinctio, utrum prolato hoc an hoc percontarier.
1 non est opvs prolato hoc percontarier desiste voyez comme le poète agit convenablement, alors qu’il fait cela pour introduire la narration de Parménon, en y entrelaçant cependant par de nombreuses digressions des traits d’esprits moraux449. 2 non est opvs prolato hoc ponctuation incertaine, soit prolato hoc (que cela soit dévoilé), soit hoc percontarier (interroger sur cela)450.

desiste. Ph.-nempe ea causa ut ne id fiat palam?
arrête. Ph.-C᾽est ça, on a peur que ce soit rendu public ?

ita me di amabunt, haud propterea te rogo
Pour l᾽amour du Ciel, je ne te demande pas cela

ita me di amabvnt amabunt pro ament, ut «  donec regina s. M. g. g. p. d. I. p. VergAen. 1, 273-274 ».
ita me di amabvnt amabunt pour ament (qu᾽ils m᾽aiment), comme « donec regina sacerdos Marte grauis geminam partu dabit Ilia prolem » (jusqu᾽au jour où une prêtresse royale, Ilia, enceinte de Mars, donnera naisssance à des enfants jumeaux)451.

ut hoc proferam, sed ut tacita mecum gaudeam.
pour aller l᾽étaler, mais pour me réjouir sans rien dire toute seule.

1 vt hoc proferam prodam, Bacchidi scilicet uel cuilibet. 2 mecvm gavdeam mecum intra me42. Vergilius «  haec secum VergAen. 1, 37 ».
1 vt hoc proferam signifie prodam (pour révéler), à Bacchis bien sûr ou à n’importe qui. 2 mecvm gavdeam : mecum signifie intra me (par devers moi). Virgile : « haec secum » (ces paroles en son for intérieur).

Par.-numquam tam dices commode ut tergum meum
Par.-Tu ne seras jamais assez à ton avantage en parlant, pour que, sur mon dos,

1 nvmqvam tam dices commode haec pronuntiatio eiusmodi esse debet, ut ex ea appareat prope delenitum Parmenonem uix se posse continere quin narret. 2 nvmqvam tam dices commode quasi ex parte labefactus est; sic enim loquitur.
1 nvmqvam tam dices commode on doit prononcer cela de sorte qu’à partir de ces paroles il apparaisse que, presque adouci, Parménon puisse à peine se retenir de raconter. 2 nvmqvam tam dices commode il est pour ainsi dire en partie ébranlé ; c’est sa façon de parler452.

tuam in fidem committam. Ph.-ah noli, Parmeno!
j᾽engage ta parole. Ph.-Ah, laisse, Parménon !

ah noli parmeno artificiose fingit audire nolle, ut tacitura credatur, si audierit, quia curiositas signum est loquacitatis. sic Horatius «  percontatorem fugito, nam garrulus idem est HorEp. 1, 18, 69 ».
ah noli parmeno elle feint avec habileté de ne pas vouloir entendre, pour qu’on la croie prête à se taire, si elle entend, parce que la curiosité est un signe de propension au bavardage. Horace : « percontatorem fugito, nam garrulus idem est » (Fuis le questionneur, car il est bavard).

quasi tu non multo malis narrare hoc mihi
Comme si tu ne voulais pas beaucoup plus me raconter cela

1 qvasi tv non mvlto malis deest ita dicis, ut sit: "ita dicis quasi". 2 Et nunc Philotis non est instantior ea calliditate, ut magis seruum prouocet ad dicendum. 3 Ἔλλειψις: deest enim ita grauaris dicere aut ita negas te locuturum «  quam ego quae perconter scire TerHec. 111 »43.
1 qvasi tv non mvlto malis il manque ita dicis (tu parles ainsi), pour que ce soit : ita dicis quasi (tu parles comme si). 2 Et à présent Philotis n’est pas trop pressante avec une habileté qui engage plus l᾽esclave à parler. 3 Ellipse (ἔλλειψις) : il manque en effet ita grauaris dicere (tu fais autant de difficulté à parler) ou ita negas te locuturum (tu dis que tu ne parleras pas tellement) « plus que ce que moi je demande à savoir »453.

quam ego quae perconter1351 scire. Par.-uera haec praedicat,
que moi savoir ce que je te demande. Par.-C᾽est vrai ce qu᾽elle dit là,

et illud mihi uitium est maximum. si mihi fidem
et c᾽est mon plus grand vice. Si tu me donnes ta parole

1 et illvd mihi vitivm est maximvm seruile uitium est tacere non posse. 2 et illvd m. v. e. m. hoc lentius apud sese, illud clare si mihi fidem das. 3 Et iam alia se habere uitia exceptione significat in hoc quod dicit illud mihi uitium est maximum. 4 si mihi fidem das animaduerte his dilationibus etiam spectatorem suspendi, quo libentius audiat. 5 si mihi f. d. "fideliter spondes".
1 et illvd mihi vitivm est maximvm c᾽est un défaut servile de ne pouvoir se taire454. 2 et illvd mihi vitivm est maximvm cela plus bas à part lui, ceci tout haut : si mihi fidem das. 3 Et il laisse entendre qu᾽il a d᾽autres défauts implicitement en disant illud mihi uitium est maximum. 4 si mihi fidem das remarquez que par ces retards, même le spectateur est maintenu dans l᾽attente, afin qu᾽il écoute plus volontiers. 5 si mihi fidem das "si tu t᾽engages loyalement".

das te tacituram, dicam. Ph.-ad ingenium redis.
que tu ne diras rien, je vais te le dire. Ph.-Tu retrouves ton caractère.

ad ingenivm redis quia a se discesserat, si taceret. Cicero «  redit ad se atque ad m. s. CicCaecil. 57 ».
ad ingenivm redis parce qu᾽il se serait éloigné de son propre personnage, s᾽il s᾽était tu. Cicéron : « redit ad se atque ad mores suos » (il revient à lui et à ses habitudes)455.

fidem do: loquere. Par.-ausculta. Ph.-istic sum. Par.-hanc Bacchidem
Je donne ma parole : parle. Par.-Écoute. Ph.-J᾽y suis. Par.-Cette Bacchis,

1 hanc bacchidem amabat vt cvmmaxime eiusmodi haec tota narratio est, ut defensionem adulescentis continere uideatur, quod meretricem amicam necessitate coactus deseruerit. mire igitur unde quaestio est, inde coepit: amabat, inquit, Bacchidem. sic et in secundo Vergilius, an fortiores Graeci Troianis, «  fracti bello VergAen. 2, 13 », inquit «  f. r. d. D. VergAen. 2, 13-14 ». 2 bacchidem amabat ordo et sensus hic est: "hanc Bacchidem ut amabat Pamphilus, tum cummaxime amabat, cum pater uxorem ut ducat orare occipit". 3 Et ut positum est pro quemadmodum. 4 Et maxime bis numero subauditur. 5 Et cummaxime una pars orationis est. 6 Et cummaxime pro nimis.
1 hanc bacchidem amabat vt cvmmaxime toute cette narration est d᾽un genre à sembler contenir une défense du jeune homme, selon laquelle il aurait été forcé par la nécessité d᾽abandonner son amie courtisane. Il est donc remarquable qu᾽il commence là où est le problème : "il aimait", dit-il, "Bacchis". Ainsi aussi dans le livre II Virgile, s᾽agissant de savoir si les Grecs sont plus forts que les Troyens, dit « fracti bello fatisque repulsi ductores Danaum » (détruits par la guerre et rejetés par le destin sont les chefs grecs)456. 2 bacchidem amabat voici l᾽ordre et le sens : "hanc Bacchidem ut amabat Pamphilus tum cummaxime amabat cum pater uxorem ut ducat orare occipit" (cette Bacchis, de même que Pamphile l᾽aimait, il l᾽aimait au plus haut point lorsque son père entreprit de le prier de prendre femme)457. 3 Et ut est mis pour quemadmodum458. 4 Et on sous-entend deux fois maxime459. 5 Et cummaxime est une seule partie du discours460. 6 Et cummaxime pour nimis (extrêmement).

amabat ut cummaxime tum Pamphilus,
Pamphile l᾽aimait on ne peut plus au moment

cum pater uxorem ut ducat orare occipit
où son père commence à le prier de se marier

1 cvm pater cum modo aduerbium temporis est pro quando. 2 orare occipit maxima necessitas: orans pater.
1 cvm pater cum est parfois un adverbe de temps pour quando (lorsque). 2 orare occipit il y a une situation d᾽extrême nécessité : le père est orans (priant).

et haec communia omnium quae sunt patrum,
et toutes ces choses communes à tous les pères :

et haec commvnia omnivm quid si iniustum est quod orabatur? ostendit iustum et frequentatum quod dicebat pater.
et haec commvnia omnivm et si ce dont on est prié est injuste ? Il montre que ce que disait le père était juste et courant461.

se senem esse dicere, illum autem unicum;
à dire qu᾽il est vieux, que lui est son fils unique ;

1 se senem esse dicere omnem causam adulescentis senex amputauit pro suo senili commodo rogans; potuisset enim adulescens dicere «  quam pro me curam g., h. p., o., p. m. d. VergAen. 12, 48-49 ». 2 senem esse dicere illud posset agere amator contra utilitatem suam, sed non poterat filius contra utilitatem patris. ergo ut cogeret, pater suam causam interponebat.
se senem esse dicere le vieillard a amputé toute la défense du jeune homme en faisant une requête au profit de son grand âge ; le jeune homme en effet aurait pu dire « quam pro me curam geris, hanc precor, optime, pro me deponas » (Ô excellent roi, je t᾽en prie, cesse de t᾽inquiéter pour moi)462. 2 senem esse dicere l᾽amant pourrait faire cela contre son propre intérêt, mais le fils ne pouvait agir contre l᾽intérêt du père. Ainsi pour le contraindre, le père faisait intervenir sa propre cause.

praesidium uelle se senectutis1352 suae.
qu᾽il veut un soutien de sa vieillesse.

praesidivm velle se praesidium senectutis subolem et successionem dicit.
praesidivm velle se praesidium senectutis (une garantie pour la vieillesse) signifie une postérité et une descendance.

ille primo se negare, sed postquam acrius
L᾽autre d᾽abord dit non, mais quand avec plus d᾽insistance

1 sed postqvam acrivs pater instat tria dixit: et acrius et pater et instat. 2 ille primo se negare utrum deest ducere an negare se nuptiis? 3 sed postqvam acrivs pater instat "postquam", inquit, "acrius pater instat", non compulsus est Pamphilus, sed tantum deliberauit.
1 sed postqvam acrivs pater instat il dit trois choses : à la fois acrius, pater et instat463. 2 ille primo se negare manque-t-il ducere (épouser)464 ou bien est-ce negare se nuptiis (se refuser au mariage) ? 3 sed postqvam acrivs pater instat "après que", dit-il, "le père l᾽a pressé vivement avec plus de véhémence", Pamphile n᾽a pas été poussé à le faire, il a seulement réfléchi465.

pater instat, fecit animi ut incertus foret
son père le presse, le voilà qui en lui-même est hésitant :

pater instat maior uis est cum pater instat, iam non rogat.
pater instat il y a une plus grande force puisque le père "presse vivement" (instare), il ne "demande" (rogare) plus.

pudorin anne amori obsequeretur magis.
va-t᾽il obéir plus à la pudeur qu᾽à l᾽amour ?

1 pvdorin anne amori ἀνακόλουθον, non enim praeposito utrum intulit anne. 2 pvdorin anne amori obseqveretvr magis sic ostendit in utramque partem, ut tamen in animo honesti adulescentis pudor amorem uincere debuisset. 3 pvdorin anne amori latens excusationis ratio explicata est. 4 pvdori patris scilicet, amori meretricis.
1 pvdorin anne amori anacoluthe (ἀνακόλουθον), car sans avoir antéposé utrum (est-ce que) il a mis anne (ou est-ce que)466. 2 pvdorin anne amori obseqveretvr magis il montre le pour et le contre de telle façon que, toutefois, dans l᾽esprit d᾽un honnête jeune homme, la retenue (pudor) aurait dû vaincre l᾽amour (amor). 3 pvdorin anne amori la raison cachée du fait qu᾽il se dérobe est expliquée467. 4 pvdori à l᾽égard du père, évidemment, amori à l᾽égard de la courtisane.

tundendo atque odio denique effecit senex:
En lui cassant les pieds et en étant odieux, pour finir, le vieux a réussi :

1 tvndendo atqve odio tundere est idem saepe repetere: translatio a fabrorum malleo. 2 odio assiduitate: attendenda difficultas uniuscuiusque uerbi. 3 tvndendo atqve odio deniqve effecit denique temporis longitudinem significat, et44 efficimus uero, quod cum magno conatu et molimine uix per nos accipit finem. 4 tvndendo atqve odio d. e. mire interposuit moras, ad postremum confessurus uxorem ductam. "primo", inquit, "negauit, post deliberauit, ad postremum duxit"; "non", inquit, "ipse sed effecit hoc senex": ita mutatione personae totam uoluntatem adulescentis absoluit. 5 deniqve effecit oratorie tempus apposuit, nam hoc significat denique. 6 odio hoc est instantia.
1 tvndendo atqve odio tundere c᾽est répéter souvent la même chose : métaphore tirée du marteau d᾽artisan468. 2 odio assiduitate (avec persévérance) : il faut prêter attention à la dureté de chaque mot. 3 tvndendo atqve odio deniqve effecit denique (enfin) signifie la longueur du temps, et efficere (arriver à ses fins) se dit de ce que nous achevons avec peine par nous-mêmes avec beaucoup d᾽effort et d᾽énergie. 4 tvndendo atqve odio deniqve effecit remarquablement, il met un délai, avant d᾽avouer qu᾽il a pris femme. "D᾽abord", dit-il, "il a refusé, ensuite il a réfléchi, enfin il a épousé" ; "ce n᾽est pas lui-même", dit-il, "qui est arrivé à cette fin, mais le vieillard" : ainsi par un changement de personne469 il disculpe entièrement la volonté du jeune homme. 5 deniqve effecit de façon oratoire il ajoute du temps, car c᾽est cela que signifie denique470. 6 odio cela signifie instantia (avec véhémence)471.

despondit ei gnatam huius uicini proximi.
il l᾽a fiancé à la fille de son plus proche voisin.

despondit ei gnatam uide non hic dici duxit uxorem Pamphilus, sed totum ad patrem referri.
despondit ei gnatam remarquez qu᾽ici il n᾽est pas dit "Pamphile a pris femme", mais que tout est rapporté au père.

usque illud uisum est Pamphilo ne utiquam graue
Pour un temps, ça n᾽a pas paru si grave à Pamphile,

ne vtiqvam non nimis.
ne vtiqvam équivaut à non nimis (pas trop).

donec iam in ipsis nuptiis, postquam uidet
jusqu᾽au moment du mariage lui-même, quand il voit

1 donec iam in ipsis nota locutionem sensu magis quam uerbis manifestam. 2 donec iam in ipsis nvptiis deest positus constitutusue ita doluit et aegre tulit. 3 Aut repetere debemus sic: in ipsis, inquam, nuptiis. 4 donec iam in ipsis nuptiis in mentione nuptiarum efferuescit animus amatoris.
1 donec iam in ipsis notez que la locution est plus explicite par le contexte que par les mots472. 2 donec iam in ipsis nvptiis il manque positus constitutusue ita doluit et aegre tulit (se retrouvant placé et établi dans le mariage, il eut de la peine et le prit mal). 3 Ou nous devons reconstruire à nouveau ainsi : in ipsis, inquam, nuptiis (au moment du mariage même, dis-je). 4 donec iam in ipsis nuptiis à la mention du mariage le cœur de l᾽amant s᾽échauffe.

paratas nec moram ullam quin dicat dari.
qu᾽il est prêt et qu᾽on ne lui laisse plus de temps pour se dédire.

1 nec moram ullam qvin dvcat nec aliquam dieculam uel dilationem uidet ad nuptias. 2 qvin quominus.
1 nec moram vllam qvin dvcat et il ne voit aucun délai ni sursis au mariage. 2 qvin quominus473.

ibi demum ita aegre tulit ut ipsam Bacchidem,
Alors là, il l᾽a pris tellement mal que Bacchis elle-même,

1 ibi demvm denique, postremum. 2 Et mire additum ibi, quia male pendebat in ipsis nuntiis. et sic est, quasi dixisset: in ipsis, inquam, nuptiis. 3 demvm ita aegre tvlit vt ipsam bacchidem si adesset hoc hyperbolicum. Vergilius «  uel Priamo miseranda m. VergAen. 11, 259 ». 4 vt ipsam bacchidem quae nunc accusatrix est. et est argumentum ab animo. 5 aegre tvlit idem Vergilius «  quis talia fando M. D. VergAen. 2, 6-7 ».
1 ibi demvm denique (enfin), postremum (finalement). 2 Et ibi est remarquablement ajouté, parce qu᾽il est mauvais que in ipsis nuntiis reste en suspens474. Et c᾽est ainsi, comme s᾽il avait dit : in ipsis, inquam, nuptiis (au moment du mariage même, dis-je)475. 3 demvm ita aegre tvlit vt ipsam bacchidem si adesset c᾽est hyperbolique. Virgile : « uel Priamo miseranda manus » (troupe que même Priam aurait prise en pitié)476. 4 vt ipsam bacchidem elle qui à présent est l᾽accusatrice. Et c᾽est un argument par l᾽état d᾽esprit477. 5 aegre tvlit pareillement Virgile : « quis talia fando Myrmidonum Dolopumue » (devant de tels récits, qui parmi les Myrmidons ou les Dolopes)478.

si adesset, credo ibi eius commiseresceret.
si elle avait été là, je crois, alors en aurait eu pitié.

credo ibi ibi pro tum.
credo ibi ibi pour tum.

ubicumque datum erat spatium solitudinis,
Et dès qu᾽il lui était donné un moment de solitude,

ut conloqui mecum una posset: «Parmeno,
pour qu᾽il puisse parler avec moi : « Parménon,

1 vt conloqvi mecvm vna p. παρέλκον tertium. 2 Et argumentum a persona, quod ait mecum. 3 parmeno argumentum a dictis. 4 parmeno ἐν ἤθει τὸ ὄνομα sic et nomen repetit45 . 5 Et significanter fecit non addendo dicebat et sic in δραματικὸν 46 a διηγηματικῷ transeundo. 6 Et mire interposuit nomen, ut affectum doloris ostenderet. sic Vergilius «  Anna soror VergAen. 4, 9 » etc.
1 vt conloqvi mecvm vna posset pléonasme (παρέλκον) de troisième catégorie479. 2 Et argument tiré de la personne, parce qu᾽il dit mecum (avec moi)480. 3 parmeno argument tiré des paroles481. 4 parmeno dire le nom est bien conforme à son personnage (ἐν ἤθει τὸ ὄνομα) ; ainsi aussi il répète le nom482. 5 Et c᾽est significatif qu᾽il l᾽ait fait sans ajouter dicebat (il disait) et passant ainsi d᾽un mode actif (δραματικὸν) à un mode imitatif (μιμητικόν)483. 6 Et il intercale le nom de façon remarquable, pour montrer le sentiment de douleur. Virgile : « Anna soror etc » (Anne, ma sœur, etc.)484.

perii, quid ego egi? in quod me conieci malum!
je suis perdu, qu᾽ai-je fait ? Dans quel malheur je me suis jeté !

non potero ferre hoc, Parmeno; perii miser!»
Je ne pourrai pas supporter cela, Parménon ; je suis perdu, malheureux ! »

parmeno perii miser ἐν ἤθει repetit nomen.
parmeno perii miser selon son caractère (ἐν ἤθει) il répète le nom485.

Ph.-at te di deaeque perduint cum odio, Laches!
Ph.-Ah ! que le Ciel te confonde et te prenne en haine, Lachès !

1 at te di deaeqve perdvint obtinuit et persuasit seruus, nam iam meretrix seni irascitur, non Pamphilo. 2 cvm odio cum instantia et molestia.
1 at te di deaeqve perdvint l᾽esclave est arrivé à ses fins et l᾽a persuadée, car à présent la courtisane est en colère contre le vieillard, pas contre Pamphile. 2 cvm odio avec véhémence et désagrément486.

Par.-ut ad pauca redeam, uxorem ducit domum.
Par.-Pour en revenir en peu de mots à mon sujet, il amène son épouse chez lui.

1 vt ad pavca redeam tamquam multa sint, quae de Pamphili amore dici possint. 2 vt ad pavca redeam praeceptum oratorium in longa narratione pro ueritatis inquisitione47; reddit enim acriorem auditorem, quem spes finis reficit fatigatum. 3 vxorem dvcit domvm uxor dicitur uel ab ungendis postibus et figenda lana, id est quod cum puellae nuberent, maritorum postes ungebant ibique lanam figebant; uel quod lotos maritos ipsae ungebant. cuius rei Ennius testis est «  exin Tarquinium bona femina lauit et unxit EnnAnn. 155 V. ».
1 vt ad pavca redeam comme si l᾽on pouvait dire de nombreuses choses sur l᾽amour de Pamphile. 2 vt ad pavca redeam précepte oratoire dans une longue narration, propice à la recherche de la vérité487 ; il rend en effet plus attentif l᾽auditeur, que l᾽espoir d᾽en finir soulage de sa lassitude. 3 vxorem dvcit domvm uxor vient soit des portes qu᾽il faut "oindre" (ungere) et de la laine qu᾽il faut y fixer, parce que quand les filles se mariaient, elles oignaient les portes des maris et y fixaient de la laine ; ou bien parce qu᾽elles-mêmes "oignaient" (ungere) leurs maris une fois lavés. Ennius témoigne de la chose : « exin Tarquinium bona femina lauit et unxit » (ensuite, en bonne épouse, elle lava et oignit Tarquin).

nocte illa prima uirginem non attigit;
La fameuse première nuit, il n᾽a pas touché la fille ;

1 nocte illa prima pronuntia illa quasi dicat: plena desiderii, plena cupiditatis. similiter addidit uirginem et expresse non attigit. 2 nocte illa prima pronuntiandum illa prima id est plena dulcedinis, ut mirum sit quod inferetur non contactam uirginem. 3 Et hoc argumenti est, quanti fecerit Pamphilus amicam suam. 4 virginem non attigit uirginem emphasis est: quamuis non amatam, uirginem tamen. 5 Et non dixit non est amplexatus sed ne attigit quidem.
1 nocte illa prima prononcez illa comme s᾽il disait : plena desiderii (pleine de désir), plena cupiditatis (plein d᾽envie). Pareillement il a ajouté uirginem et de manière significative non attigit. 2 nocte illa prima il faut prononcer illa prima comme plena dulcedinis (pleine de douceur), pour qu᾽on s᾽étonne de ce qu᾽il va ajouter, que "la jeune fille n᾽a pas été touchée". 3 Et cela prouve l᾽estime qu᾽a Pamphile pour sa maîtresse488. 4 virginem non attigit uirginem est une emphase : bien qu᾽elle ne soit pas aimée, cependant elle est uirgo (jeune vierge)489. 5 Et il ne dit pas non est amplexatus (il n᾽a pas serré dans ses bras) mais qu᾽il ne l᾽a même pas "touchée" (attigit)490.

quae consecuta est nox eam, nihilo magis.
La nuit qui l᾽a suivie, pas davantage.

1 qvae consecvta est nox eam primam noctem scilicet. 2 nihilo magis quasi possit in nihilo esse magis aut minus. 3 Et nihilo magis asseuerationis est.
1 qvae consecvta est nox eam la première nuit bien sûr. 2 nihilo magis comme s᾽il pouvait y avoir quelque chose du "plus" (magis) ou du "moins" (minus) dans "rien" (nihil)491. 3 Et nihilo magis tient de l᾽affirmation assurée492.

Ph.-quid ais? cum uirgine una adulescens ut1353 cubuerit
Ph.-Qu᾽est-ce que tu dis ? Avec une fille, ensemble, un jeune homme pourrait coucher,

1 qvid ais cvm virgine vna inuenitur quasi intentio una, id est simul, uno loco. 2 cvm virgine a persona; vna a loco; advlescens a persona; cvbverit ab habitu et occasione; 3 cvm virgine vna advlescens argumenta in coniecturam necessario posita, quibus Terentius ex utraque parte disputans τὸ ἀπίθανον purgat, ne quis illum stulte posuisse hoc iudicaret; haec enim meretrix tarde credit, argumentis ne a Parmenone uincatur. hinc est quod ait Horatius «  uincere Caecilius grauitate, Terentius arte HorEp. 2, 1, 59 ».
1 qvid ais cvm virgine vna on trouve une insistance dans una, c᾽est-à-dire simul (en même temps), uno loco (en une occasion)493. 2 cvm virgine argument tiré de la personne ; vna du lieu ; advlescens de la personne ; cvbverit du caractère et de l᾽occasion ; 3 cvm virgine vna advlescens arguments placés obligatoirement pour tirer la cause vers la conjecture, par lesquels Térence, examinant les arguments de chaque partie, se justifie de l᾽invraisemblable (τὸ ἀπίθανον)494, afin que personne n᾽estime qu᾽il a mis cela sottement ; la courtisane en effet met du temps à croire ces choses, pour n᾽être pas vaincue par les arguments de Parménon. De là ce que dit Horace : « uincere Caecilius grauitate, Terentius arte » (Cécilius l᾽emporte pour la force et Térence pour l᾽art).

plus potus, sese illa abstinere ut potuerit!
et en plus saoul, et il pourrait s᾽empêcher de la toucher !

plvs potvs ab impulsione et ex accidentibus.
plvs potvs argument tiré de l᾽impulsion et de ce qui arrive par accident.

non ueri simile dicis nec uerum arbitror.
Ce que tu dis n᾽est pas vraisemblable, et je crois que ce n᾽est pas vrai.

1 non veri simile dicis αὔξησις peruersa: prius est enim uerum quam ueri simile. 2 Et ideo sic dixit, quia est saepe non48 ueri simile uerum tamen, ut Decios pro alieno commodo mori uoluisse. 3 non veri simile dicis hoc iam plus est tantum amatam esse Bacchidem49, quantum credi non possit.
1 non veri simile dicis amplification (αὔξησις) inversée495 : en effet le "vrai" (uerum) vient avant le "vraisemblable" (ueri simile). 2 Et voici pourquoi il a dit cela : souvent, n᾽est pas "vraisemblable" (ueri simile) ce qui cependant est "vrai" (uerum), comme le fait que les Decii aient voulu mourir pour le profit d᾽autrui496. 3 non veri simile dicis cela vaut plus, à savoir que Bacchis est aimée au-delà du croyable.

Par.-credo ita uideri tibi; nam nemo ad te uenit
Par.-Je pense bien que tu le prends comme ça ; en effet, personne ne vient te voir

credo ita videri tibi nam nemo ad te venit magno compendio usus est non ostendens cur hoc falsum sit quod putet meretrix, sed cur hoc putet. ita ex eius persona totum refellitur quod obicit.
credo ita videri tibi nam nemo ad te venit il a fait un grand résumé497 en ne montrant pas pourquoi ce que pense la courtisane est faux mais mais pourquoi elle le pense. Ainsi tout ce qu᾽elle oppose est réfuté à partir de sa personne498.

nisi cupiens tui; ille inuitus illam duxerat.
sans te désirer ; lui, c᾽est malgré lui, qu᾽il s᾽est marié avec elle.

ille invitvs inuitus dicendo quasi admonet iterum iterumque, ut Vergilius «  Italiam non sponte sequor VergAen. 4, 361 ».
ille invitvs en disant inuitus il met en garde pour ainsi dire encore et encore, comme Virgile : « Italiam non sponte sequor » (Ce n᾽est pas de plein gré que je rejoins l᾽Italie)499.

Ph.-quid deinde fit? Par.-diebus sane paucis1354
Ph.-Qu᾽est-ce qui s᾽est passé ensuite ? Par.-Vraiment peu de jours

1 qvid deinde f. interponitur persona ad exitum festinans, ut alibi «  quam metui quorsum euadas TerAnd. 127 ». 2 diebus sane pavcis hic est exitus.
1 qvid deinde fit il fait intervenir un personnage se hâtant vers l᾽issue, comme ailleurs : « quam metui quorsum euadas » (que je crains ce que tu vas dire !)500. 2 diebvs sane pavcis voilà la fin.

postquam1355 Pamphilus me solum seducit foras
après, Pamphile me prend à part, seul, dehors

1 postqvam pamphilvs me50 ne testis quisquam et arbiter secretorum interueniat. 2 me solvm sedvcit foras familiariter in seruo iactantia de dominorum familiaritate; simul quia decens est, ut per eum quid gestum sit spectatores sciant.
1 postqvam pamphilvs me afin qu᾽aucun témoin ni confident des secrets n᾽intervienne. 2 me solvm sedvcit foras vantardise familière à un esclave sur sa familiarité avec ses maîtres ; aussi parce que c᾽est ce qui convient, afin que grâce à lui les spectateurs sachent ce qui a été accompli.

narratque ut uirgo ab se integra etiam tum siet
et me raconte que, la fille, il ne l᾽a pas encore touchée

narratqve vt virgo ab se hoc est illud quod supra dixerat «  nocte illa prima uirginem non attigit TerHec. 136 ».
narratqve vt virgo ab se c᾽est ce qu᾽il avait dit plus haut : « nocte illa prima uirginem non attigit ».

seque ante quam eam uxorem duxisset domum
et qu᾽avant d᾽avoir ramené sa femme chez lui

seqve ante qvam eam vxorem dvxisset bonus color purgationis; diceretur enim: "quare, si odio illam habebat, duxit uxorem?".
seqve ante qvam eam vxorem dvxisset bonne couleur dans la justification501 ; on aurait pu dire effet : "pourquoi, s᾽il l᾽avait en aversion, l᾽a-t-il pris pour épouse ?".

sperasse eas tolerare posse nuptias.
il espérait qu᾽il pourrait supporter ce mariage.

tolerare posse tolerare uerbum est mala patientis.
tolerare posse tolerare est un verbe propre à celui qui endure des malheurs.

« sed quam decreuerim1356 me non posse diutius
« Mais, alors que j᾽ai décidé que je ne peux pas plus longtemps

1 decreverim statuerim et defixerim. 2 sed qvam decreverim me non posse divtivs habere ἀναστροφὴ καὶ ἠθοποιΐα ἀπὸ διηγήματος εἰς μιμητικήν51.
1 decreverim statuerim (j᾽ai décidé) et defixerim (j᾽ai fixé). 2 sed qvam decreverim me non posse divtivs habere anastrophe et descrpiption des mœurs par passage du récit au discours direct (ἀναστροφὴ καὶ ἠθοποιΐα ἀπὸ διηγήματος εἰς μιμητικήν)502.

habere, eam ludibrio haberi, Parmeno,
la garder, prendre du plaisir avec elle, Parménon,

1 eam lvdibrio haberi honesto uerbo et pudoris pleno est usus. 2 Et noue pro uitiari.
1 eam lvdibrio haberi il a utilisé un mot honnête et plein de retenue503. 2 Et il l᾽a mis de façon inédite pour uitiari (violer).

quin integram itidem reddam ut accepi a suis,
plutôt que de la rendre sans l᾽avoir touchée comme je l᾽ai reçue des siens,

1 qvin quominus. 2 integram est hic honestam: non enim duxit spoliatam uirginitate aut mulierem. 3 vt accepi a svis uigilanter, quod est integram...ut accepi a suis: potuit enim et uitiata uenisse, ut uenit. 4 Ergo non abundat ut accepi a suis, sed habet significationem.
1 qvin quominus504. 2 integram signifie ici honnête (honesta) : en effet il ne l᾽a pas épousée dépouillée de sa virginité ou déjà femme. 3 vt accepi a svis il montre qu᾽il a agi avec vigilance en disant integram...ut accepi a suis : en effet elle aurait aussi pu venir déshonorée, comme elle est venue de fait. 4 Donc ut accepi a suis n᾽est pas redondant, mais a une signification505.

neque honestum mihi neque utile ipsi uirgini est ».
ça ne serait ni honnête de ma part, ni profitable à la fille elle-même. »

Ph.-pium et1357 pudicum ingenium narras Pamphili.
Ph.-Respectueux et pudique, c᾽est bien le caractère de Pamphile que tu décris.

1 pivm et pvdicvm ingenivm erga meretricem pium, pudicum erga uirginem. 2 Cogitur dicere pium, quem periurum putabat. 3 pivm et pvdicvm i. in eadem uirgine52, et pium et pudicum? an pium erga meretricem, pudicum erga uirginem?
1 pivm et pvdicvm ingenivm pium à l᾽égard de la courtisane, pudicum à l᾽égard de la jeune fille. 2 Elle est obligée d᾽appeler pius celui qu᾽elle pensait parjure. 3 pivm et pvdicvm ingenivm envers la même jeune fille, à la fois pium et pudicum ? Ou bien est-ce pium à l᾽égard de la courtisane, pudicum à l᾽égard de la jeune fille506 ?

Par.-« hoc ego proferre incommodum mihi esse arbitror;
Par.-« Moi, je pense que révéler cela me ferait du tort ;

1 hoc ego proferre uerba Pamphili sunt, non ut quidam putant ad personam Parmenonis referentes. 2 hoc ego proferre amorem scilicet meretricis.
1 hoc ego proferre ce sont les mots de Pamphile, certains sont dans l᾽erreur en les attribuant au personnage de Parménon507. 2 hoc ego proferre son amour pour la courtisane, bien sûr508.

reddi patri autem, cui tu nihil dicas uiti.
mais la rendre à son père, alors qu᾽on ne pourrait pas lui dire que sa fille a un défaut

cvi tv nihil dicas viti nunc uitii culpae uxoriae.
cvi tv nihil dicas viti maintenant uiti signifie culpae uxoriae (faute de l᾽épouse)509.

superbum est; sed illam spero, ubi hoc cognouerit
c᾽est de l᾽orgueil ; mais c᾽est la fille, j᾽espère, qui, lorsqu᾽elle aura compris

non posse se mecum, abituram denique ».
qu᾽elle ne peut être avec moi, finira par partir. »

abitvram deniqve denique moram significat et postremam tarditatem. itaque postremo uel sero abituram dicit.
abitvram deniqve : denique indique un retard et en dernier lieu une perte de temps510. C᾽est pourquoi il veut dire abituram postremo ou sero (elle s᾽en ira en dernier ou tard).

Ph.-quid interea ibatne ad Bacchidem? Par.-cottidie;
Ph.-Et pendant ce temps ? Il voyait Bacchis ? Par.-Tous les jours ;

1 qvid interea exsultantis est et gestientis audire. 2 Et interea inter eos dies.
1 qvid interea cette expression est celle de celui qui bouillonne et brûle d᾽entendre. 2 Et interea inter eos dies (pendant ces jours).

sed, ut fit, postquam hunc alienum ab se1358 uidet,
Mais, comme il arrive, quand elle a vu qu᾽il lui devenait étranger,

1 sed vt fit postqvam hvnc alienvm alienum pro alienato dixit, ut in Phormione «  quid ego uobis, Geta, alienus sum? TerPho. 545 »; nam quomodo alienum, si amabat? 2 postqvam hvnc alienvm oratorie non tam excusat Bacchidem quam a uerisimili causam uult inducere, quod ipsa fuit in Pamphilum durior. 3 alienvm ab se videt id est maritum, nam hoc nomen a meretricibus alienum est.
1 sed vt fit postqvam hvnc alienvm il dit alienus pour alienatus511 (s᾽étant rendu étranger), comme dans le Phormion« quid ego uobis, Geta, alienus sum ? »512 ; en effet comment serait-il alienus (étranger), s᾽il l᾽aimait ?513 2 postqvam hvnc alienvm de manière oratoire il n᾽excuse pas tant Bacchis qu᾽il veut présenter une raison tirée du vraisemblable au fait qu᾽elle-même a été assez dure envers Pamphile. 3 alienvm ab se videt c᾽est-à-dire devenu un mari, car ce nom est étranger aux courtisanes.

maligna multo et magis procax facta ilico est.
elle est devenue très mauvaise et plus exigeante, d᾽un coup.

1 maligna mvlto maligna difficilis,53 malignus est qui difficultatem sui ostendit. 2 procax despoliatrix54 et petax; procare enim est petere, 3 Vergilius «  procacibus austris VergAen. 1, 536 » id est impudentibus; nam qui multum petit, impudens est et procax. unde et proci dicti sunt, qui filias alienas in matrimonium petierunt.
1 maligna mvlto maligna signifie difficilis (pénible), est malignus celui qui suiscite l᾽hostilité. 2 procax despoliatrix (dépouilleuse) et petax (quémandeuse) ; procare (demander) est en effet petere (réclamer). 3 Virgile : « procacibus austris » (sous les Austers déchaînés) c᾽est-à-dire impudens (impudent) ; en effet celui qui "demande" (petit) beaucoup est impudens (impudent) et procax (effronté). de là ont aussi été appelés procus (prédendants), ceux qui "demandèrent" (petierunt) les filles d᾽autrui en mariage514.

Ph.-non edepol miror1359. Par.-atqui ea res multo maxime
Ph.-Pas étonnant, nom d᾽un chien. Par.-Mais voilà la chose qui par dessus tout

1 atqvi ea res atqui immo. legitur et atque. 2 non edepol miror obtinuit quod uolebat Parmeno, nam credidit Philotis iniuriam factam Pamphilo. 3 atqvi ea res mvlto maxime opportune concitatius Pamphilum defendit Parmeno, postquam Philotis inducta est, ut fateretur iniuriam factam.
1 atqvi ea res atqui signifie immo (au contraire). On lit aussi atque (et). 2 non edepol miror : Parménon a obtenu ce qu᾽il voulait, car Philotis a admis qu᾽une injustice avait été faite à Pamphile. 3 atqvi ea res mvlto maxime c᾽est à propos que Parménon défend Pamphile de façon assez véhémente, une fois que Philotis a été amenée à concéder l᾽injustice faite.

diiunxit illum ab illa, postquam et ipse se
l᾽a séparé d᾽elle : c᾽est quand lui-même,

et illam et hanc quae domi erat cognouit satis,
a assez bien connu et lui, et elle, et celle qu᾽il avait chez lui,

1 et hanc qvae domi erat uxorem modestam; et illam meretricem malam. 2 et illam et hanc qvae domi erat illam quae meretrix esset, hanc id est uxorem. 3 cognovit considerauit diligentius et attentius. nam cognoscere est diligenter et attente considerare. 4 cognovit satis bene satis: ex ipsius moribus et ex meretricis.
1 et hanc qvae domi erat l᾽épouse modeste ; et illam la méchante courtisane. 2 et illam et hanc qvae domi erat illam c᾽est-à-dire celle qui est une courtisane, hanc c᾽est-à-dire l᾽épouse. 3 cognovit il a considéré de manière plus scrupuleuse et attentive. En effet cognoscere c᾽est considérer de manière scrupuleuse et attentive. 4 cognovit satis satis est bien trouvé : à partir de son propre caractère et de celui de la courtisane.

ad exemplum ambarum mores earum existimans.
en prenant par expérience la mesure du caractère des deux femmes.

1 ad exemplvm quasi ad imaginem et collationem speciemque comparationis. 2 existimans intellegens.
1 ad exemplvm pour ainsi dire à l᾽image, à la confrontation et à l᾽apparence de la comparaison. 2 existimans intellegens (comprenant).

haec, ita ut liberali esse ingenio decet,
Celle-ci, comme il convient à quelqu᾽un de comme il faut,

haec ita vt liberali esse ingenio qualitas comparatiua.
haec ita vt liberali esse ingenio qualité comparative515.

pudens, modesta, incommoda atque iniurias
est pudique, modeste, les inconvénients et les injustices

1 pvdens modesta haec contra uitia meretricia posuit: pudens haec, illa procax, modesta haec, illa maligna. reliqua uero superadduntur ornamenta uxoria laudesque matronae. 2 incommoda atqve inivrias viri omnes ferre figura ἔλλειψις est.
1 pvdens modesta il oppose cela aux vices des courtisanes : celle-ci est pudens, celle-là procax, celle-ci modesta, celle-là maligna. Du reste est ajouté ce qui fait honneur à une épouse et vaut des louanges à une matrone. 2 incommoda atqve inivrias viri omnes ferre cette figure est une ellipse (ἔλλειψις)516.

uiri omnes ferre et tegere contumelias.
de son mari, elle les supporte toutes, et elle couvre ses outrages.

1 tegere hoc plus est quam ferre. 2 Et plus dixit tegere quam celare; tegere enim ad hoc dixit, non solum ne cui ediceret, sed et ne quis sciret.
1 tegere c᾽est plus que ferre. 2 Et tegere dit plus que celare (cacher) ; il a en effet dit tegere pour que non seulement elle ne le dise à voix haute à personne, mais aussi pour que personne ne le sache.

hic animus partim uxoris misericordia
Ce cœur, par la pitié que lui inspire son épouse en partie

1 hic animvs Pamphili. 2 Oratorie dixit: non enim Pamphilum sed animum dixit Pamphili. 3 vxoris misericordia amphibolia. 4 hic animvs hic pro tum. Vergilius «  hic annis grauis a. a. m. A. VergAen. 9, 24655 ». 5 vxoris misericordia recte, quia misericordia56 amor nascitur. sic et in Phormione «  misertum est. Virgo ipsa facie egregia TerPho. 99-100 » et Vergilius «  heu quibus ille iactatus f. VergAen. 4, 13-14 ».
1 hic animvs celui de Pamphile. 2 Il le dit de manière oratoire : en effet il ne dit pas Pamphilus (Pamphile), mais animus Pamphili. 3 vxoris misericordia ambiguïté517. 4 hic animvs hic pour tum (alors). Virgile : « hic annis grauis atque animi maturus Aletes » (Alors, Alétès, avec la pondération de son âge et la maturité de son esprit). 5 vxoris misericordia correct, parce que c᾽est par la misericordia (pitié) que naît l᾽amour. Ainsi aussi dans le Phormion « misertum est. Virgo ipsa facie egregia » et Virgile « heu quibus ille iactatus fatis » (Hélas, lui, quels destins l᾽ont malmené !)518.

deuinctus, partim uictus huius iniuriis,
attaché, en partie vaincu par les affronts de l᾽autre,

1 partim victvs hvivs inivriis qualitas relatiua. 2 devinctvs partim victvs de proximo repetiuit παρόμοιον: deuinctus uictus.
1 partim victvs hvivs inivriis qualité relative519. 2 devinctvs partim victvs très près il a répété une paronomase (παρόμοιον) : deuinctus uictus.

paulatim elapsus est Bacchidi atque huc transtulit
peu à peu s᾽est détaché de Bacchis et a transféré ici

1 pavlatim elapsvs est adeo tardus est amor Pamphili et magnus, ut etiam post iniurias difficile discedat. 2 Et elapsvs est animus, non Pamphilus.
1 pavlatim elapsvs est l᾽amour de Pamphile est à ce point lent et grand, que même après des injustices il se retire difficilement. 2 Et elapsvs est animus (le cœur), pas Pamphilus (Pamphile).

amorem, postquam par ingenium nactus est.
son amour, après avoir rencontré un caractère égal au sien.

1 postqvam par ingenivm nactvs est an sibi par? an absolute bonum, ut dicimus sic par est facere te? 2 Ergo aut sibi par aut uxori, id est liberali feminae. 3 par ingenivm nactvs est par ingenium eandem uoluntatem. Sallustius «  quos eadem odisse et eadem metuere in unum coegit SalJug. 31, 14 ». idem alibi «  nam idem u. a. i. n., e. d. f. a. e. SalCat. 20, 4 ».
1 postqvam par ingenivm nactvs est est-ce par (égal) à lui-même ? Ou est-ce sans complément un équivalent de bonus (bon), comme on dit "sic par est facere te" (il est bon que tu agisses ainsi) ? 2 Ainsi c᾽est par (égal) soit à lui-même, soit à son épouse, c᾽est-à-dire à une femme généreuse. 3 par ingenivm nactvs est par ingenium signifie eadem uoluntas (la même volonté). Salluste : « quos eadem odisse et eadem metuere in unum coegit » (haïr la même chose et craindre la même chose a fait d᾽eux un bloc)520. Le même ailleurs : « nam idem uelle atque idem nolle, ea demum firma amicitia est » (car avoir les mêmes désirs et les mêmes répugnances, c᾽est là en somme l᾽amitié dans toute sa force).

interea in Imbro moritur cognatus senex
Pendant ce temps, à Imbros, meurt un vieux parent

1 interea in imbro moritvr cognatvs senex causa abitionis Pamphili narratur. 2 cognatvs senex bene quod senex, nam acerbum funus non conueniebat fabulae, in comoedia. itaque apud Terentium aut meretrix molesta aut ex duabus una uxor moritur aut senex: ita ex huiusmodi mortibus uel incommodum uitatur uel lucrum insuper nascitur, ut non sit causa lugendi.
1 interea in imbro moritvr cognatvs senex c᾽est la raison du départ de Pamphile qui est racontée. 2 cognatvs senex c᾽est bien de dire senex, car de pénibles funérailles ne convenaient pas à une pièce, dans le genre comique. C᾽est pourquoi chez Térence c᾽est soit une courtisane importune qui meurt, soit, dans le cas où il y en a deux, une épouse521, soit un vieillard : grâce à de telles morts c᾽est soit un désastre qui est évité, soit un avantage de plus qui apparaît, de sorte qu᾽il n᾽y a pas de raison de se lamenter522.

horunce; ea ad hos1360 lege redibat hereditas,
à eux ; cet héritage leur revenait selon la loi.

1 horvnce maluit horum quam dominorum dicere. 2 ea ad hos lege redibat hereditas uerbo iuris usus est: ea enim legitima est hereditas, quae familiae debebatur.
1 horvnce il préfère dire horum plutôt que dominorum (de mes maîtres). 2 ea ad hos lege redibat hereditas il a utilisé un terme de droit : en effet est légitime l᾽héritage (hereditas), que l᾽on devait à la famille523.

eo amantem inuitum Pamphilum extrudit pater;
C᾽est là que le père expédie l᾽amoureux Pamphile contre son gré.

1 eo amantem modo iam uxorem, non enim amicam. 2 invitvm pamphilvm inuitum recessisse uis uerbi demonstrat; nam proprie extrudere dicitur, qui manibus expellit. sed hic translatione usus est, ut ostenderet tantum importunitatis uerbis senis fuisse, quantum impulsio manuum efficere potuisset. 3 extrvdit uerbum necessitatis.
1 eo amantem à présent désormais amoureux de son épouse, et non, de fait, de sa maîtresse. 2 invitvm pamphilvm qu᾽il soit parti malgré lui (inuitum), c᾽est la valeur du verbe qui le montre ; car au sens propre, extrudere se dit de celui qui chasse de ses mains. Mais ici il se sert d᾽une métaphore pour montrer que, par les mots du vieillard, il y a eu un désagrément aussi grand qu᾽un choc de la main aurait pu en produire524. 3 extrvdit verbe qui marque l᾽inévitable.

relinquit cum matre hic uxorem: nam senex
Il laisse avec sa mère son épouse ici : le vieux en effet

1 relinqvit ἐνάργεια praesentis temporis. legitur et reliquit. 2 relinqvit cvm matre hic vxorem praeparatio ad futurum errorem. 3 nam senex rvs abdidit sese nam hic inceptiua particula est, ut «  nam meus conseruus est homo haud magni preti PlautMil. 145 » Plautus in Milite glorioso.
1 relinqvit hypotypose (ἐνάργεια) qui repose sur le temps présent525. On lit aussi reliquit. 2 relinqvit cvm matre hic vxorem préparation en vue de la méprise à venir. 3 nam senex rvs abdidit sese nam est ici une particule inaugurale526. Plaute, dans Le Soldat fanfaron : « nam meus conseruus est homo haud magni preti » (voilà, j᾽ai un compagnon d᾽esclavage, homme de peu de valeur).

rus abdidit sese1361, huc raro in urbem commeat.
s᾽est caché à la campagne, il fait rarement des allers-retours ici, en ville.

1 rvs abdidit sese uerbum reprehendentis senem, quod sese abdidit dixit. 2 hvc raro in vrbem commeat huc bene dixit, ut ostendat Parmenonem in urbe esse. 3 Mira οἰκονομία: fac enim praesentem et nullus error in fabula est. 4 commeat commeare est abesse inde, ubi te esse oporteat, hoc ergo dicto ostendit, quam raro ad urbem ueniat senex, quippe commeatus est ex aliqua commoratione temporalis abscessus.
1 rvs abdidit sese verbe de reproche pour le vieillard que ce sese abdidit527. 2 hvc raro in vrbem commeat c᾽est bien qu᾽il dise huc, pour montrer que Parménon est en ville. 3 Remarquable organisation (οἰκονομία) : en effet rends-le présent et il n᾽y a aucune méprise dans la pièce528. 4 commeat commeare (aller et venir), c᾽est être absent de là où il faudrait qu᾽on soit, donc, une fois cela dit, il montre combien il est rare que le vieillard vienne en ville, puisque commeatus (congé, permission) désigne un éloignement provisoire après un séjour.

Ph.-quid adhuc habent infirmitatis nuptiae?
Ph.-Qu᾽est-ce que, jusque là, le mariage a de faible ?

1 qvid adhvc habent i. bene usque adhuc suspensa narratio est. et in hac interrogatione quasi substomachatur Philotis decepta, quod nihil uideat infirmitatis in nuptiis, quod optauerat. 2 qvid adhvc habent hoc tristior meretrix dixit.
1 qvid adhvc habent infirmitatis c᾽est bien jusqu᾽à ce point (adhuc) que la narration est suspendue. Et, dans cette interrogation, Philotis déçue marque pour ainsi dire un léger dépit, à l᾽idée qu᾽elle ne voit aucune faiblesse dans le mariage, ce qu᾽elle avait souhaité. 2 qvid adhvc habent la courtisane dit cela assez triste.

Par.-nunc audies. primos dies complusculos
Par.-Tu vas l᾽entendre. Pendant un certain temps au début,

1 nvnc avdies sic ait quasi iamdudum audire cupienti. 2 Vel ad molestam percontatricem.
1 nvnc avdies il dit cela comme s᾽il s᾽adressait à quelqu᾽un qui désire l᾽entendre sans délai. 2 Ou alors pour répondre à une interrogatrice pénible.

bene conueniebat sane inter eas; interim
ça allait tout à fait bien entre elles ; à un moment donné

1 bene conveniebat sane sane bene pro multum. 2 Et sane satis, ualde, quia qui sanus, idem ualidus. 3 interim miris modis odisse huc usque Parmenonem poeta uerba passus est dicere cetera actibus seruaturus. 4 interim miris modis mire ad finem comoediae rerum explanatio reseruatur. namque si quaeras, fallitur Parmeno, cum non odio socrus sed pudore simultatem aduersus socrum Philumena assimulauerit. 5 interim modo repente. et est aduerbium temporis.
1 bene conveniebat sane sane pour multum (très) est bien529. 2 Et sane signifie satis (assez), ualde (beaucoup), parce que celui qui est sanus (bien portant), est ualidus (fort)530. 3 interim miris modis odisse le poète laisse Parménon aller jusque là dans son récit parce qu᾽il va réserver le reste à l᾽action. 4 interim miris modis de manière remarquable l᾽explication des choses est réservée à la fin de la comédie. En effet, si l᾽on cherche bien, Parménon se trompe, puisque ce n᾽est pas par haine envers sa belle-mère mais par réserve que Philumène a feint d᾽être en mauvais termes avec sa belle-mère. 5 interim parfois repente (soudain)531. Et c᾽est un adverbe de temps.

miris modis odisse coepit Sostratam;
c᾽est incroyable comme elle s᾽est mise à détester Sostrata ;

miris modis miris exemplis.
miris modis miris exemplis (exemples étonnants)532.

neque lites ullae inter eas, postulatio
et pas de querelle entre elles, de réclamation

1 postvlatio expostulatio, querela. 2 Sed proprie expostulatio est apud illum ipsum qui peccauerit, postulatio de illo apud alterum. 3 postvlatio querela et quasi iusta interpositio querelarum.
1 postvlatio expostulatio (réclamation), querela (plainte). 2 Mais au sens propre expostulatio (réclamation) s᾽adresse à celui-là même qui a commis la faute, postulatio (plainte) à autrui au sujet de celui qui a commis la faute533. 3 postvlatio querela (plainte) et pour ainsi dire légitime insertion de plaintes534.

numquam. Ph.-quid igitur? Par.-si quando ad eam accesserat
jamais. Ph.-Quoi, alors ? Par.-Si par hasard elle l᾽avait fait venir

1 qvid igitvr recte dixit: si hoc non fuit, quid ergo?57
qvid igitvr elle dit cela à bon droit : si cela n᾽est pas arrivé, que s᾽est-il donc passé ?

confabulatum, fugere e conspectu ilico,
pour bavarder, elle fuyait aussitôt son regard,

1 fvgere e conspectv ilico bene e conspectu, utpote quae caueret grauida intellegi. sed tamen subiungitur uidere nolle, ut ignorantia Parmenonis appareat, qui argumentum odiorum credidit, quod Philumena neque uideri iam uellet neque uidere. 2 fvgere e conspectv ne uideretur.
1 fvgere e conspectv ilico e conspectu est bien dit, puisqu᾽elle veille à ce qu᾽on ne comprenne pas qu᾽elle est enceinte. Et cependant est ajouté uidere nolle, pour qu᾽apparaisse l᾽ignorance de Parménon, qui a cru l᾽argument de la haine, sous prétexte que Philumène à présent ne veut ni être vue d᾽elle, ni la voir. 2 fvgere e conspectv afin de n᾽être pas vue.

uidere nolle; denique ubi non quit pati,
et ne voulait pas la voir ; pour finir, quand elle ne peut plus le supporter,

1 videre nolle ne uideret. 2 deniqve vbi non qvit pati pati et sustinere et sustineri intellegi potest hoc loco. 3 Vtrum: postquam non potuit sustinere socrum? an: postquam illa ferre non potuit sic se celantem nurum? 4 Potest etiam sic intellegi: ubi non potuit augmenta odii sui ipsa nurus pati et continere, migrauit a socru. 5 non qvit pati tolerare aut tolerari, quia patior commune est; nam patior te et a te dicimus.
1 videre nolle ne uideret (afin qu᾽elle ne voie pas). 2 deniqve vbi non qvit pati pati peut être compris ici comme à la fois sustinere (supporter) et sustineri (être supporté). 3 Est-ce : après qu᾽elle n᾽a plus pu supporter (sustinere) sa belle-mère ? Ou bien : après que celle-là n᾽a plus pu endurer (ferre) que sa belle fille se cache ainsi d᾽elle ? 4 On peut même comprendre ainsi : lorsque la belle-fille elle-même ne put souffrir et assumer l᾽accroissement de la haine envers elle, elle partit de chez sa belle-mère535. 5 non qvit pati tolerare (tolérer) ou tolerari (être toléré), parce que pati (souffrir) est commun ; nous disons en effet pati te (te souffrir) et a te (de ta part)536.

simulat se ad matrem accersi ad rem diuinam. abiit;
elle invente qu᾽on l᾽appelle auprès de sa mère pour une cérémonie et elle s᾽en va ;

abiit proprie abiit, quia non exspectauit, ut mitteretur.
abiit abiit au sens propre, parce qu᾽elle n᾽a pas attendu d᾽être renvoyée.

ubi illic dies est compluris, accersi iubet:
Lorsque ça fait plusieurs jours là-bas, Sostrata ordonne qu᾽on la fasse venir :

1 vbi illic dies est c. ἀρχαίως dies, non diebus dixit. 2 accersi ivbet non addidit quae, quia intellegitur.
1 vbi illic dies est complvris de manière archaïque (ἀρχαίως) il dit dies, et non diebus537. 2 accersi ivbet il n᾽a pas ajouté quae (elle que), parce que cela se comprend538.

dixere causam tunc1362 nescio quam. iterum iubet:
Ils ont donné un prétexte, je ne sais quoi. Elle ordonne à nouveau :

dixere cavsam tvnc nescio q. ideo quam58, quia nullius momenti ac falsam.
dixere cavsam tvnc nescio qvam quam, parce que prétexte qui ne vaut rien et faux539.

nemo remisit. postquam accersunt saepius,
Personne ne l᾽a renvoyée. Quand ils l᾽ont demandée plusieurs fois,

1 nemo remisit hic iam apertius odium uidetur, ubi iam nec fingitur causa. 2 postqvam accersvnt subauditur nostri, id est missi a socru. 3 postqvam accersvnt missi a nobis scilicet. et mira uarietas.
1 nemo remisit ici la haine semble plus visible, lorsque désormais on n᾽invente plus de prétexte540. 2 postqvam accersvnt nostri (les nôtres) est sous-entendu, c᾽est-à-dire les gens envoyés par la belle-mère. 3 postqvam accersvnt les gens envoyés par nous, bien sûr. Et remarquable variété.

aegram esse simulant mulierem; nostra ilico
on invente que la femme est malade ; notre Sostrata aussitôt

it uisere ad eam: admisit nemo; hoc ubi senex
va lui rendre visite : personne ne la reçoit ; cela, lorsque le vieux

1 it visere a. e.59 ut «  populare penates uenimus VergAen. 1, 527-528 ». 2 it visere ad eam uisere officii est, uidere quaerentis aliquem. 3 admisit nemo iniuriosa etiam ipsa pronuntiatio est. 4 hoc vbi senex rescivit scimus quae ad nos deferuntur, rescimus celata.
1 it visere ad eam comme « populare penates uenimus » (nous sommes venus dévaster les demeures)541. 2 it visere ad eam uisere tient de la convention sociale, uidere s᾽applique à celui qui cherche à voir quelqu᾽un542. 3 admisit nemo la prononciation elle-même est blessante. 4 hoc vbi senex rescivit on emploie scire (savoir) pour ce qui est porté à notre connaissance, rescire pour ce qui nous est caché543.

resciuit, heri ea causa rure huc aduenit,
l᾽a découvert, hier, c᾽est cette raison qui l᾽a fait revenir de la campagne,

heri ea cavsa bene ea causa, quippe qui se ruri abdidisset.
heri ea cavsa ea causa est bien dit, puisqu᾽il s᾽était caché à la campagne.

patrem continuo conuenit Philumenae.
il est allé voir de suite le père de Philumène.

quid egerint inter se, nondum etiam scio,
Ce qui s᾽est passé entre eux, je ne le sais pas encore,

1 nondvm etiam scio παρέλκον tertium. 2 nondvm etiam recte seruauit reliquis partibus fabulae pendulum et attentum spectatorem.
1 nondvm etiam scio pléonasme (παρέλκον) de troisième catégorie544. 2 nondvm etiam il a correctement préservé le suspens et l᾽attention du spectateur pour le reste de la pièce.

nisi sane curae est quorsum euenturum hoc siet.
mais je suis très curieux de savoir ce qui va arriver.

1 nisi sane cvrae est qvorsvm eventvrvm hoc siet bene, quia curiosus est Parmeno et idem garrulus; nam, per totam fabulam talis inducetur60. 2 cvrae est qvorsvm eventvrvm hoc siet deest scire. 3 Et est παρασκευὴ εἰς τὴν ἀναγνώρισιν 61.
1 nisi sane cvrae est qvorsvm eventvrvm hoc siet c᾽est bien, parce que Parménon est curieux et de même bavard ; en effet, dans toute la pièce il sera représenté ainsi545. 2 cvrae est qvorsvm eventvrvm hoc siet il manque scire (savoir)546. 3 Et c᾽est une préparation en vue de la reconnaissance (παρασκευὴ εἰς τὴν ἀναγνώρισιν).

habes omnem rem; pergam quo coepi hoc iter.
Voilà, tu as toute l᾽affaire ; je vais continuer le chemin que j᾽ai commencé.

1 habes omnem rem quasi dicat quam audire expetisti. 2 pergam qvo coepi hoc iter pergam iter ut «  tendere iter VergAen. 6, 240 ». 3 qvo coepi hoc iter ad portum scilicet.
1 habes omnem rem comme s᾽il disait quam audire expetisti (que tu as réclamé d᾽entendre). 2 pergam qvo coepi hoc iter pergam iter comme « tendere iter » (tracer son chemin)547. 3 qvo coepi hoc iter en direction du port, bien sûr.

Ph.-et quidem ego; nam constitui cum quodam hospite
Ph.-Et moi aussi ; en effet j᾽ai rendez-vous avec un étranger

1 nam constitvi cvm qvodam hospite dicit causam, cur in reliqua fabula non appareat persona huius meretricis. 2 constitvi constitui proprie, nam constitutum de huiusmodi rebus dicitur. 3 Conuenire et constituere: de62 eius modi rebus apud extraneos meretrices agunt.
1 nam constitvi cvm qvodam hospite il donne la raison pour laquelle dans le reste de la pièce le personnage de cette courtisane n᾽apparaît pas. 2 constitvi constitui au sens propre, en effet on dit constitutum (affaire entendue) pour des choses de la sorte548. 3 Conuenire (fixer) et constituere (convenir de) : c᾽est de ce genre de chose que les courtisanes s᾽occupent auprès d᾽étrangers.

me esse illum conuenturam. Par.-di uortant bene
pour le rencontrer. Par.-Que le Ciel fasse réussir

di vortant bene qvod agas saepe enim res aliter quam uolumus eueniunt. et ideo Vertumnus colitur, qui praeest rebus se uertentibus.
di vortant bene qvod agas en effet souvent les choses tournent autrement que nous le voulons. Et c᾽est pour ça qu᾽on honore Vertumnus, qui préside à la façon dont tournent (uertere) les choses.

quod agas. Ph.-uale. Par.-et tu bene uale, Philotium.
ce que tu fais. Ph.-Porte-toi bien. Par.-Et toi aussi porte-toi bien, Philotis.

Actus alter


Sommaire Notes

scaena prima

Laches Sostrata
198 | 199 | 200 | 201 | 202 | 203 | 204 | 205 | 206 | 207 | 208 | 209 | 210 | 211 | 212 | 213 | 214 | 215 | 216 | 217 | 218 | 219 | 220 | 221 | 222 | 223 | 224 | 225 | 226 | 227 | 228 | 229 | 230 | 231 | 232 | 233 | 234 | 235 | 236 | 237 | 238 | 239 | 240 | 241 | 242

La.-pro deum atque hominum fidem, quod hoc genus est! quae est haec coniuratio!
La.-Au nom du Ciel, qu᾽est ce que c᾽est que cette engeance ? Qu᾽est-ce que c᾽est que ce complot ?

1 pro devm atqve hominvm fidem in hac scaena accusatio socrus est, quae se coniecturaliter defendit dicens nihil a se factum in perniciem nurus. 2 pro devm atqve hominvm fidem ἐμπαθῶς63 ab exclamatione coepta scaena est; senex enim est difficilis et iratus. 3 qvod hoc genvs est qvae est haec con.64 conatur Terentius aduersum famam socrum bonam reperire. 4 Et incipit a generali exclamatione, quo uehementior sit eius confessio65, paulatimque ad speciale crimen descendit. 5 qvod hoc genvs est accusatio a persona, cui accidit ex sexu, quod socrus est. 6 conivratio consensio bonae rei est, coniuratio malae. inde et Catilinae coniuratio dicta est. 7 qvae est haec66 accusatio a re.
1 pro devm atqve hominvm fidem on a dans cette scène l᾽accusation de la belle-mère, qui se défend par conjecture en disant qu᾽elle n᾽a rien fait pour nuire à sa bru. 2 pro devm atqve hominvm fidem la scène est ouverte avec émotion (ἐμπαθῶς) par une exclamation ; le vieillard en effet est d᾽humeur difficile et en colère. 3 qvod hoc genvs est qvae est haec conivratio Térence s᾽efforce d᾽imaginer une bonne belle-mère à l᾽encontre des idées reçues549. 4 Et il commence par une exclamation générale550, pour que la confession de ses griefs envers la belle-mère soit plus violente, et progressivement en arrive au grief dont il est question. 5 qvod hoc genvs est accusation tirée de la personne, à laquelle s᾽ajoute une accusation reposant sur le sexe, parce qu᾽elle est une belle-mère. 6 conivratio on parle de consensio (accord) pour une chose positive, de coniuratio (conjuration) pour une chose négative. De là aussi le titre La Conjuration de Catilina (Catilinae coniuratio). 7 qvae est haec accusation tirée de la chose.

utin omnes mulieres aeque eadem studeant1363 nolintque omnia,
Toutes les femmes, tout pareil, recherchent la même chose et refusent tout,

1 vtin omnes mvlieres aeqve s.67 bono argumento utitur; "laesisti nurum", quia socrus est68 et nulla socrus nurum diligit. 2 vtin omnes mvlieres accusatio a causa. 3 eadem stvdeant maioris operis est studere quam uelle.
1 vtin omnes mvlieres aeqve stvdeant il utilise un bon argument ; "tu as fait du tort à ta bru", parce que c᾽est une belle-mère et aucune belle-mère n᾽aime sa bru. 2 vtin omnes mvlieres accusation tirée de la cause551. 3 eadem stvdeant studere est le propre d᾽un effort plus grand que uelle (vouloir).

neque declinatam quicquam ab aliarum ingenio ullam reperias!
et impossible d᾽en trouver une qui s᾽écarte du caractère des autres !

neqve declinatam qvicqvam id est flexam uel inflexam, ab eo quod declinauerit, ne par sit69 diuersam uel dissimilem dixisse, ut est «  illum tumultum inflexit LocInc. ».
neqve declinatam qvicqvam c᾽est-à-dire flexam (fléchie) ou inflexam (infléchie), du verbe declinare (détourner)552, pour que ce ne soit pas comme avoir dit diuersam (opposée) ou dissimilem (dissemblable), comme « illum tumultum inflexit » (il infléchit ce tumulte)553.

itaque adeo uno animo omnes socrus oderunt nurus.
Voilà pourquoi, d᾽un seul cœur, toutes les belle-mères détestent leur belle-fille.

1 itaqve adeo vno animo nescias, an ex sententia hac uel adeo ex hac scaena nomen fabulae sit inuentum. 2 itaqve a. necessaria sententiae amphibolia ad describendam utramque personam.
1 itaqve adeo vno animo on ne peut savoir si c᾽est à partir de cette phrase ou à plus forte raison de cette scène que le nom de la pièce a été trouvé554. 2 itaqve adeo amphibologie555 de la phrase indispensable à la description des deux personnages556.

uiris esse aduersas aeque studium est, similis pertinacia est,
Avec leur mari, tout pareil, elles s᾽acharnent à leur tenir tête, elles sont toutes aussi obstinées,

1 viris esse adversas aliud argumentum: "laesisti nurum, ut mihi aduersareris", nam mulier es et omnes mulieres aduersantur uiris. 2 similis pertinacia est αὔξησις70, nam studium et malum et bonum est, pertinacia uero numquam non mala. 3 aeqve stvdivm est dedita opera. 4 stvdivm est uoluntas71 hominis attentior atque impensior.
1 viris esse adversas autre argument : "tu as fait du tort à ta bru, pour t᾽opposer à moi", car tu es une femme et que toutes les femmes s᾽opposent à leur mari. 2 similis pertinacia est amplification (αὔξησις), car studium est à la fois connoté positivement et négativement, mais pertinacia (opiniâtreté) n᾽est jamais autre chose que négatif. 3 aeqve stvdivm est on a consacré son énergie557. 4 stvdivm est volonté de l᾽homme plus attentive et plus empressée.

in eodem1364 omnes mihi uidentur ludo doctae ad malitiam.
c᾽est à la même école, qu᾽elles me semblent toutes avoir appris à être mauvaises.

in eodem omnes mihi videntvr tria in accusatione posuit, ex quibus duo sunt communia, unum ipsius: quod mulier est et quod socrus, communia, quod ipsa specialiter magistra est ad malitiam, Sostrata. et72 ex his colligit iniuriam passam nurum per coniecturam.
in eodem omnes mihi videntvr il met trois choses dans l᾽accusation, parmi lesquelles deux sont communes et l᾽autre est spécifique à Sostrata : le fait qu᾽elle soit femme558 et le fait qu᾽elle soit belle-mère559 sont communes560; ce qu᾽elle est elle-même en particulier, Sostrata, c᾽est "maîtresse en malice" (magistra ad malitiam)561. Et à partir de ces éléments, il conclut par une conjecture que la bru a été victime d᾽une injustice562.

et1365 ei ludo si quis1366 est magistram hanc esse satis certe scio.
Et dans cette école, si elle existe, c᾽est ma femme qui fait les cours, je le sais trop bien.

et ei lvdo si qvis est magistram magna amplificatio criminis: dubitat an sit ludus malitiae et magistram non dubitat Sostratam, sed certe scio inquit.
et ei lvdo si qvis est magistram grande amplification du grief : s᾽il doute qu᾽il y ait une "école" (ludus) de malice, il ne doute pas que Sostrata en soit une "maîtresse" (magistra), mais dit bien certe scio (assurément je sais)563.

So.-me miseram, quae nunc quamobrem accuser nescio!
So.-Malheureuse que je suis, moi qui ne sais pas à présent de quoi on m᾽accuse !

1 me miseram et haec ἐμπαθῶς73 coepit, sed ad misericordiam spectat defendentis oratio. 2 qvae nvnc qvamobrem accvser nescio oratorie pro se loquitur mulier, siquidem maioris innocentiae est nescire crimen quam defendere. et his uerbis ostenditur sine noxa esse etiam Philumenam, non solum hanc quae loquitur, Sostratam.
1 me miseram celle-ci commence avec émotion (ἐμπαθῶς), mais le discours oratoire de celle qui se défend vise à provoquer la pitié564. 2 qvae nvnc qvamobrem accvser nescio de manière oratoire la femme parle en sa faveur, puisque ignorer un crime participe d᾽une plus grande innocence que s᾽en défendre. Et il apparaît, avec ces mots, que Philumène est aussi sans tort, et pas seulement celle qui parle, Sostrata.

La.-hem, tu nescis? So.-non, ita me di ament, mi Laches,
La.-Ah, tu ne sais pas ? So.-Non, pour l᾽amour du Ciel, mon cher Lachès,

1 non ita me di bene ament modo mi Laches non est blandientis sed eius qui periclitetur innoxius. 2 non ita me di ament ἄτεχνος πίστις74 per iusiurandum. 3 non ita m. d. a. animaduertendum ueteres non minus εὐφημισμόν in uerbis quam κακέμφατον neglexisse75, uelut hic non ita me di bene ament.
1 non ita me di bene ament. Parfois l᾽expression mi Laches n᾽est pas le propre de celui qui cajole, mais de celui qui, dans son innocence, est mis en danger565. 2 non ita me di ament preuve non-technique (ἄτεχνος πίστις) par serment566. 3 non ita me di ament il faut remarquer que les Anciens ne portaient pas plus d᾽attention à l᾽euphémisme (εὐφημισμόν) dans les mots qu᾽au kakemphaton (κακέμφατον), comme ici non ita me di bene ament567.

itaque una inter nos agere aetatem liceat...! La.-di mala prohibeant!
qu᾽il nous soit permis de vivre notre vie ensemble, entre nous...! La.-Le Ciel nous en préserve !

1 itaqve modo duae partes sunt orationis. 2 di mala76 prohibeant seniliter odit uxorem, cuius amor optabilis77 fuit in adulescentia. 3 di mala prohibeant ut una nos agere ae. l.78.
1 itaqve parfois il constitue deux parties du discours568. 2 di mala prohibeant en vieillard il déteste sa femme, dont il trouva l᾽amour désirable pendant son adolescence. 3 di mala prohibeant "qu᾽il nous soit permis de passer ensemble notre vie"569.

So.-meque abs te inmerito esse accusatam postmodum rescisces, scio.
So.-Que tu m᾽as accusée à tort, bientôt tu le découvriras, je le sais.

1 postmodvm rescisces haec figura ab oratoribus ἐπαγγελία79 nominatur, in qua aliquid promittimus iudicibus nos probaturos, cum metuimus, ne quid illis temere persuasum sit. 2 postmodvm rescisces fiducia innocentiae. 3 resciscere est80 quod de industria celatur uix, argumentum uix81 agnoscitur82.
1 postmodvm rescisces cette figure est nommée "promesse" ( ἐπαγγελία ) d᾽après les orateurs ; nous y promettons aux juges que nous apporterons la preuve de quelque chose, lorsque nous craignons qu᾽on les ait persuadés de quelque chose sans preuve570. 2 postmodvm rescisces confiance en l᾽innocence. 3 Resciscere (venir à savoir) c᾽est : un argument qui est caché exprès avec peine au sujet de l᾽affaire, peine à être connu.

La.-te inmerito? an quicquam pro istis factis dignum te dici potest,
La.-Toi, à tort ? Existe-t-il un mot pour exprimer comme il faut ton attitude dans cette affaire,

an qvicqvam pro istis f. amare παρ᾽ ἀξίαν83.
an qvicqvam pro istis factis avec amertume contre les convenances (παρ᾽ ἀξίαν).

quae me et te et familiam dedecoras, filio luctum paras,
toi qui déshonores et toi et moi et notre famille, qui prépares le malheur de ton fils ?

1 qvae me et te et familiam iam sic accusat, quasi probauerit crimen. et est amplificatio. 2 qvae me et te et f. haec exaggeratio est, quae δεινότης84 appellatur, cum ex uno maleficio multa fiunt ab oratoribus crimina. 3 dedecoras dedecoratur quod honestum est animo, turpatur quod honestum est corporale.
1 qvae me et te et familiam déjà il accuse comme s᾽il avait apporté la preuve du crime. Et c᾽est une amplification. 2 qvae me et te et familiam cette une amplification est appelée "habileté" ( δεινότης ), lorsque de nombreux crimes sont inventés par les orateurs à partir d᾽un seul méfait. 3 dedecoras On dit dedecorare (déshonorer) quand il est question d᾽honneur moral, turpare (couvrir de honte) quand il est question d᾽honneur physique.

tum autem ex amicis inimici ut sint nobis ad fines facis,
Et maintenant d᾽amis qu᾽ils étaient tu fais de nos voisins des ennemis,

qui illum decrerunt dignum suos cui liberos committerent?
eux qui ont cru que ce garçon méritait qu᾽ils lui confient leurs enfants.

1 svos cvi liberos committerent85 nota liberos in significatione et unius filiae. 2 dignvm cvi li. co.86 multum sonanter et accusatorio strepitu nec masculinum nec femininum genus posuit nec unam sed liberos. sic Cicero «  en cui tuos liberos committas CicVerr. 2, 1, 93 », cum de uno ageret, et «  habemus enim liberos omnes CicVerr. 2, 1, 153 » de puella. 3 dignvm sic dixit87 dignum, ut honoris sit genus accipere uxorem meruisse.
1 svos cvi liberos committerent remarquez liberos même dans le sens de "une seule fille". 2 dignvm cvi liberos committerent de façon très sonnante et dans un vacarme accusatoire il ne met ni le genre masculin, ni le genre féminin, ni qu᾽elle est seule, mais liberos. Cicéron : « en cui tuos liberos committas » (voilà l᾽homme à qui l᾽on peut confier ses enfants), alors qu᾽il s᾽agissait d᾽un seul571, et « habemus enim liberos omnes » (tous nous avons en effet des enfants)572 au sujet d᾽une jeune fille573. 3 dignvm il dit dignum (digne), de sorte que ce soit comme recevoir un genre d᾽honneur que d᾽avoir mérité une épouse.

tu sola exoriare1367 quae perturbes haec tua inpudentia!
C᾽est toi seule qui sors responsable de ce fouillis par ton impudence !

1 tv sola emergis88, reperiris. uerbum hoc impudentiam notat. Cicero «  exortus est seruus, qui, quem in eculeo a. n. p., e. a. s. CicDej. 3 ». 2 exoriare existas. 3 Exoriri igitur, qui non exspectati inuadunt89 aliquem.
1 tv sola emergis (tu te découvres), reperiris (on te trouve). Ce verbe stigmatise l᾽impudence. Cicéron : « exortus est seruus, qui, quem in eculeo appellare non posset, eum accuset solutus » (voici qu᾽un esclave sort en pleine liberté accuser celui qu᾽il ne pourrait même nommer au milieu des douleurs de la torture !)574. 2 exoriare existas (tu es)575. 3 Donc on dit exoriri pour ceux qui sans être attendus se jettent sur quelqu᾽un.

So.-egon? La.-tu, inquam, mulier, quae me omnino lapidem non hominem putas.
So.-Moi ? La.-Toi, dis-je, femme, qui me prends vraiment pour une pierre, pas pour un homme.

1 tv inqvam mvlier qvae me tu 90 mulier emphasin91 malitiae habet et omnino expressio consuetudinis est ad indignationem. 2 Et lapis numquam utilis nisi ad telum: quem magis ad iniuriam delegit, nam saxum melius quam lapis, ut Vergilius «  saxaque subuectare humeris VergAen. 11, 131 » etc. 3 tv inqvam mvlier sic Euripides «  πολλὰς ἂν εὕροις μηχανάς · γυνὴ γὰρ εἶ EurAnd. 8592 » et Vergilius «  uarium et mutabile semper femina VergAen. 4, 569-570 ». 4 lapidem non hominem sufficeret lapidem putas, sed de stomacho additum non hominem. Plautus «  erus meus elephanti corio circumtectus est, non suo PlautMil. 235 ». 5 non hominem pvtas ἐν ἤθει93. sic Apollodorus «  σύ με παντάπασιν ἥγησαι λίθον ApolHec. frg. 994 ».
1 tv inqvam mvlier qvae me tu mulier est une emphase à l᾽égard de la malice et cette expression de la familiarité a tout à fait pour but de montrer l᾽indignation576. 2 Et la "pierre" (lapis) n᾽a jamais d᾽autre utilité que pour servir d᾽arme de jet : il choisit ce mot de préférence pour injurier, car saxum (rocher) est meilleur que lapis (pierre), ainsi Virgile : « saxaque subuectare humeris » etc. (de porter sur nos épaules les pierres etc.)577. 3 tv inqvam mvlier ainsi Euripide « πολλὰς ἂν εὕροις μηχανάς · γυνὴ γὰρ εἶ » (tu trouveras bien des prétextes ; car tu es femme) et Virgile « uarium et mutabile semper femina » (la femme est chose qui toujours varie et change). 4 lapidem non hominem lapidem putas aurait suffi, mais non hominem est ajouté avec irritation. Plaute : « erus meus elephanti corio circumtectus est, non suo » (mon maître a été enveloppé d᾽une peau d᾽éléphant, pas de la sienne)578. 5 non hominem pvtas selon son caractère (ἐν ἤθει)579. Apollodore : « σύ με παντάπασιν ἥγησαι λίθον » (toi, tu me prends tout à fait pour une pierre).

an, quia ruri esse crebro soleo, nescire arbitramini
Ou alors, parce que j᾽ai l᾽habitude d᾽être souvent à la campagne, vous croyez que je ne sais pas

an qvia rvri esse crebro memor sui est, qui dixerat «  rus ab. s. TerHec. 175 ».
an qvia rvri esse crebro le poète est cohérent avec lui-même, lui qui avait dit « rus abdidit sese »580.

quo quisque pacto hic uitam uestrorum1368 exigat
comment chacune d᾽entre vous mène ici sa vie ?

qvo qvisqve pacto vestrorvm uestrorum pro uestrum. sic ueteres.
qvo qvisqve pacto vestrorvm uestrorum pour uestrum581. Les Anciens faisaient ainsi582.

multo melius hic quae fiunt quam illi ubi sum adsidue scio,
Je sais bien mieux ce qui se passe ici que là-bas où je suis sans interruption,

mvlto melivs hic qvae fivnt ὑπερβολῇ95 usus est, ut in Adelphis «  aut non totis96 sex mensibus prius olfecissem? TerAd. 396-397 ».
mvlto melivs hic qvae fivnt il utilise une hyperbole (ὑπερβολή), comme dans Les Adelphes : « aut non totis sex mensibus prius olfecissem ? ».

ideo quia, ut uos mihi domi eritis, proinde ego ero fama foris.
pour la raison que c᾽est suivant ce que vous serez dans ma maison que sera ma réputation dehors.

1 ideo qvia vt vos mihi domi eritis mire confirmat unde sciat, ne suspiciose crimen obicere uideatur. 2 Et bene mihi, quia commoditas familiae ad hunc redundat.
1 ideo qvia vt vos mihi domi eritis remarquablement il affirme d᾽où il sait la chose, afin qu᾽il ne semble pas porter une accusation sur de simples soupçons. 2 Et mihi est bien dit, parce que ce qui est dans l᾽intérêt de la maisonnée rejaillit sur lui583.

iam pridem equidem audiui cepisse odium tui Philumenam,
Depuis longtemps en vérité j᾽ai entendu dire que Philumène s᾽est mise à te détester,

pridem eqvidem avdivi cepisse odivm tvi philvmenam primo obiurgatio est Sostratae cur non amet nurum, secundo est cur non ametur a nuru, tertio cur usque adeo97 puella nupta deserat domum.
pridem eqvidem avdivi cepisse odivm tvi philvmenam il y a premièrement le reproche fait à Sostrata sur la raison qu᾽elle a de ne pas aimer sa bru, deuxièmement, sur la raison qu᾽a sa bru de ne pas l᾽aimer, troisièmement, sur la raison qui fait que la jeune mariée en soit arrivée à quitter sa maison.

minimeque adeo mirum1369 et ni id fecisset, magis mirum foret.
et ça n᾽a rien d᾽étonnant ; c᾽est si elle ne l᾽avait pas fait, que cela aurait été étonnant.

minimeqve adeo mirvm satis amare pro merito dicit odium, contra meritum amorem98. simulque excusat nurum, quae oderit talem socrum. et simul praeuenit: quid99 si non laesa est? sed odio me habet.
minimeqve adeo mirvm avec assez d᾽amertume, et c᾽est bien mérité, il dit odium, à l᾽encontre d᾽un amour qu᾽elle aurait mérité584. Et en même temps il excuse la bru d᾽avoir haï une belle-mère de cette sorte. Et en même temps il prend les devants : "et si on ne lui a pas fait du tort, moi aussi elle me hait ?"585

sed non credidi adeo ut etiam totam hanc odisset domum;
Mais je ne croyais pas que c᾽était au point de détester aussi toute la maisonnée ;

sed non credidi adeo id est100 osuram fuisse.
sed non credidi adeo c᾽est-à-dire osuram fuisse (elle aurait haï)586.

quod si scissem, illa hic maneret potius, tu hinc isse foras.
si je l᾽avais su, ce serait plutôt elle qui serait restée, et toi qui serais partie.

illa hic maneret ἠθικῶς post acrem inuectionem se ipsum miseratur, ut inuidiam durae inclamationis in illam conuertat. sic in Andria «  age nunciam: ego pol h., s. u., t. o., e. q. s. p. f. TerAnd. 866-867 » et continuo «  Chreme, pietatem gnati! non te miseret mei? t. l. c. o. t. f.? TerHec. 224-226 »101.
illa hic maneret conformément à son caractère (ἠθικῶς) après une rude invective il s᾽apitoie sur son propre sort, afin de retourner contre elle l᾽hostilité que provoque cette pénible exclamation. Ainsi dans L᾽Andrienne : « age nunciam : ego pol hodie, si uiuo, tibi ostendam, erum quid sit pericli fallere »587 et ensuite « Chreme, pietatem gnati ! non te miseret mei ? Tantum laborem capere ob talem filium ? »588.

at uide quam immerito aegritudo haec oritur mihi abs te, Sostrata:
Mais vois quel chagrin immérité tu me causes, Sostrata :

1 qvam immerito aegritvdo haec oritvr mihi abs te sostrata postquam de iniuria dixit, de persona eius, cuius fama est in discrimine102. 2 aegritvdo haec oritvr oritur et magnitudinem rei significat et repentinum impetum, ut supra «  tu sola exorere TerHec. 213 ».
1 qvam immerito aegritvdo haec oritvr mihi abs te sostrata après avoir parlé de l᾽injustice, il parle de la personne de Sostrata, dont la réputation est dans une position critique. 2 aegritvdo haec oritvr oritur signifie à la fois l᾽importance de la chose et l᾽attaque soudaine, comme plus haut : « tu sola exorere » (tu te montres seule).

rus habitatum abii, concedens uobis et rei seruiens,
je suis parti habiter à la campagne, vous laissant la place et servant votre intérêt,

1 rvs habitatvm abii quia dixit «  senex rus abdidit se TerHec. 174-175 ». 2 concedens vobis ne diceretur: quid si uoluptatis causa? 3 vobis melius pluraliter quam si diceret tibi. 4 concedens vobis et rei serviens concedens uobis, id est: "ut uos in urbe essetis". 5 rei serviens res seruit diuitibus quia abundant, rei seruiunt pauperes, quia se coartant ad angustias rei. ita ergo res pro qualitate sua et seruit et ei seruitur. Horatius «  imperat aut seruit collecta pecunia cuique HorEp. 1, 10, 47 ».
1 rvs habitatvm abii parce qu᾽il a dit « senex rus abdidit se ». 2 concedens vobis pour qu᾽on ne dise pas : "que serait-ce, si tu le faisais par plaisir ?"589 3 vobis c᾽est mieux au pluriel que s᾽il disait tibi (à toi)590. 4 concedens vobis et rei serviens concedens uobis, c᾽est-à-dire : "de sorte que vous fussiez en ville". 5 rei serviens c᾽est l᾽argent qui est au service (res seruit) des riches, parce qu᾽ils dont dans l᾽abondance ; ce sont les pauvres en revanche qui sont au service de l᾽argent (rei seruire), parce qu᾽ils sont oppressés par les difficultés d᾽argent. Ainsi donc l᾽argent, à la mesure de la nature de sa fortune, est au service et est servi591. Horace : « imperat aut seruit collecta pecunia cuique » (L᾽argent est tyran ou esclave de qui l᾽amasse)592.

sumptus uestros otiumque ut nostra res posset pati,
afin que notre bien puisse subvenir à vos dépenses et vos loisirs,

1 svmptvs vestros otivmqve sumptus uestros idem quod alibi «  uitam urbanam TerAd. 42 ». 2 Vel quod "nihil acquiritis". 3 Vt in Adelphis «  ego hanc clementem uitam urbanam atque o. s. s. TerAd. 42-43 ». 4 otivmqve hoc amare quasi nihil agentibus. 5 vt nostra res posset103 mediocris scilicet ut comici patris familias.
1 svmptvs vestros otivmqve sumptus uestros comme ailleurs : « uitam urbanam ». 2 Ou bien "parce que vous n᾽y gagnez rien". 3 Comme dans Les Adelphes : « ego hanc clementem uitam urbanam atque otium secutus sum »593. 4 otivmqve il dit cela avec amertume, comme à des gens qui ne font rien. 5 vt nostra res posset un bien évidemment médiocre, puisqu᾽il s᾽agit d᾽un père de famille de comédie594.

meo labori haud parcens praeter aequum atque aetatem meam.
, sans tenir compte de ce qui serait juste ni de mon âge.

praeter aeqvvm atqve aetatem meam praeter aequum "quia uos estis domi uel quia uos fruimini, cum ego delaborarim", aetatem quia senex. Vergilius «  uires ultra s. s. VergAen. 6, 114 ».
praeter aeqvvm atqve aetatem meam praeter aequum "parce que vous êtes à la maison" ou "parce que vous en avez la jouissance alors que moi, j᾽ai travaillé d᾽arrache-pied", praeter aetatem parce qu᾽il est vieux. Virgile : « uires ultra sortemque senectae » (au-delà des forces et de la condition de la vieillesse)595.

non te pro his curasse rebus ne quid aegre esset mihi!
Et dire que toi, en échange de ces services, , tu n᾽as pas eu à cœur que rien de désagréable ne m᾽arrive !

1 non te pro his cvrasse rebvs mirus sensus: pro his, inquit, tot rebus unam et facilem redderes: curares, ne quid aegre esset mihi. 2 Et te sic pronuntiandum, quasi dicat: "etsi alii non curarent, curare debuisti"104.
1 non te pro his cvrasse rebvs sens remarquable : "en échange de ces nombreux services, dit-il, il y a une seule chose – et facile – que tu aurais pu rendre. Tu aurais dû te soucier que rien de désagréable ne m᾽arrive"596. 2 Et te doit être prononcé comme s᾽il disait : "même si les autres ne s᾽en souciaient pas, tu devais t᾽en soucier".

So.-non mea opera neque pol culpa euenit. La.-immo maxime!
So.-Ce n᾽est ni par mon fait ni, nom d᾽un chien, par ma faute que c᾽est arrivé. La.-Mais si, précisément !

1 non mea opera neqve cvlpa105 uellet dicere nurus culpa euenit, sed melius dixit non mea, ne accusando confirmaret quod dixit senex «  omnes socrus oderunt nurus TerHec. 201 ». 2 neqve pol cvlpa evenit bene additum neque pol culpa: potuit enim fieri, ut non fecerit ipsa iniuriam, sed tamen permiserit fieri. mire tamen nec ipsa accusat nurum. 3 Videtur unum dixisse opera et culpa, et tamen non est idem: opera enim est, si scientes laeserimus, culpa, si nescientes; quorum alterum sceleris, alterum stultitiae est.
1 non mea opera neqve cvlpa elle voudrait dire "c᾽est arrivé par la faute de ma bru", mais c᾽est mieux de dire non mea, pour ne pas confirmer par cette accusation ce qu᾽a dit le vieillard : « omnes socrus oderunt nurus ». 2 neqve pol cvlpa evenit neque pol culpa est bien ajouté : il aurait pu arriver en effet qu᾽elle-même n᾽ait pas commis d᾽injustice, mais qu᾽elle l᾽ait laissé commettre. Il est cependant remarquable qu᾽elle-même n᾽accuse pas sa bru. 3 Il semble qu᾽opera et culpa disent une seule chose, et cependant ce n᾽est pas pareil : il y a opera, si de fait nous faisons du tort en connaissance de cause, culpa, si nous n᾽en sommes pas conscients ; des deux choses l᾽une tient du crime, l᾽autre de la bêtise597.

sola hic fuisti; in te omnis haeret culpa sola, Sostrata.
Tu étais seule ici ; c᾽est à toi seule qu᾽échoit toute la faute, Sostrata.

1 sola hic fvisti noua ratio. et deest enim, ut sit sola enim hic fuisti quod ad filium et maritum pertinet, nam non sola, cum qua nurus106. 2 sola quantum pertinet ad regendam domum; ceterum et filius et nurus erant. 3 Sed sola id est "sine me". 4 in te omnis haeret cvlpa "si est in nuru iniuria aliqua, culpa in te omnis est tamen, Sostrata". 5 sola sostrata optime geminauit sola more irascentium, non nudum nomen posuit. 6 Et Sostrata additum ad amaritudinem inclamantis.
1 sola hic fvisti nouvelle explication. Et il manque enim (en effet), pour que ce soit sola enim hic fuisti (en effet tu as été seule ici), en ce qui concerne le fils et le mari, car elle n᾽était pas "seule" (sola), puisqu᾽il y avait sa bru (nurus). 2 sola pour autant que cela concerne la tenue de la maison ; pour le reste il y avait le fils et la bru. 3 Mais sola c᾽est-à-dire sans moi598. 4 in te omnis haeret cvlpa "s᾽il existe quelque injustice envers la bru, toute la faute te revient cependant, Sostrata". 5 sola sostrata il a très bien répété sola à la manière de ceux qui se mettent en colère, il n᾽a pas mis le nom tout nu. 6 Et Sostrata est ajouté pour marquer l᾽amertume de celui qui crie599.

quae hic erant curares, cum ego uos solui curis ceteris.
Tu pouvais t᾽occuper de ce qui se passait ici, puisque moi, je vous ai libérées de tout autre souci.

1 cvm ego vos solvi cvris ceteris uos pro te, ut «  desiste m. c. T. VergAen. 12, 60 ». 2 cvm ego vos solvi noua figura sola uos.
1 cvm ego vos solvi cvris ceteris uos pour te (toi), comme « desiste manum committere Teucris » (cesse de te battre contre les Teucères)600. 2 cvm ego vos solvi nouvelle figure sola uos601.

cum puella anum suscepisse inimicitias non pudet?
Une vieille femme n᾽a pas honte d᾽avoir engagé les hostilités avec une jeune fille ?

1 cvm pvella anvm svscepisse inimicitias hoc dicit, tamquam concesserit etiam nurum iniquam esse. 2 cvm pvella puellam107 blande dixit, ita hanc cum amaritudine anum.
1 cvm pvella anvm svscepisse inimicitias il dit cela comme s᾽il avait admis que la bru aussi était injuste. 2 cvm pvella il dit puella (jeune fille) avec tendresse, de même il appelle celle-ci anus (vieille femme) avec amertume.

illius dices culpa factum? So.-haud equidem dico, mi Laches.
Tu diras que c᾽est arrivé par sa faute ? So.-Je suis certes loin de dire cela, mon cher Lachès.

1 illivs dices cvlpa factvm praeuenit defensionem et eam sic pronuntiauit ut crimen. 2 havd eqvidem dico mi l. mi Laches modo dixit quasi grauissimum accusatorem arguens et quasi defatigata et delassata eius inclamationibus. non ergo blandimentum est modo mi, sed inuidiose rogitantis.
1 illivs dices cvlpa factvm il devance sa défense et il fait par avance de cette défense un motif d᾽accusation602. 2 havd eqvidem dico mi laches elle dit parfois mi Laches (mon Lachès) comme si elle réfutait un accusateur très rigoureux et comme si elle était épuisée et à bout de forces à cause de ses cris. Donc parfois mi n᾽est pas une marque de tendresse, mais le propre de celui qui demande avec malveillance603.

La.-gaudeo, ita me di ament, gnati causa; nam de te quidem,
La.-Je m᾽en réjouis, pour l᾽amour des dieux, à cause de mon fils ; car en ce qui te concerne,

1 gavdeo ita me di ament quod similis filius non sit an quod talem uxorem habeat, quam nec inimica accusare possit? 2 Et gnati causa dixit, quia talem uxorem habens sua causa quod gaudeat non habet. 3 nam de te qvidem satis scio id est: "nihil detrimenti fit, si tu pecces". 4 Id est: "numquam, inquit, peccando peior fieri potes, sed es eadem quae semper es". 5 Sensus: "iam talis es, ut peior fieri non possis". sic Cicero «  est idem Verres, qui fuit semper CicVerr. 2, 1, 2 ».
1 gavdeo ita me di ament il se réjouit de ce que son fils n᾽est pas semblable, ou bien de ce que ce dernier a une telle épouse, que même une ennemie ne peut pas l᾽accuser ? 2 Et il dit gnati causa parce que, ayant une telle épouse, il n᾽a pas matière à se réjouir pour son propre compte. 3 nam de te qvidem satis scio c᾽est-à-dire : "il n᾽y a aucun dommage, si tu commets une faute". 4 C᾽est-à-dire : "toi, tu ne peux jamais, dit-il, devenir pire en commettant une faute, mais tu es la même que toujours". 5 Sens : "tu es déjà d᾽une nature telle que tu ne peux être pire". Cicéron : « est idem Verres, qui fuit semper » (Verrès est le même qu᾽il a toujours été)604.

satis scio, peccando detrimenti nihil fieri potest.
Je le sais assez, pour ce qui est de commettre des fautes rien en fait de reproche ne peut t᾽être fait.

1 peccando detrimenti "seruas", inquit, "numerum peccatorum ne fit ullum copiae detrimentum, sed cum plurimum delinquas, tantundem semper admittis". 2 satis peccando detrimenti hic sensus obscurus est, attamen hoc dicit: "quantumcumque", inquit, "sceleris admiseris, quantumcumque peccaueris, nihil de tua aestimatione minuitur, nihil de pudore derogatur: eadem es, quae fuisti, quia peior fieri non potes". sic Cicero «  est idem Verres, qui fuit semper CicVerr. 2, 1, 2 ». 3 peccando detrimenti quidam hanc putant ironiam, quasi dicat: "certus sum, quod ex nullo peccato tuo damnum possumus pati"; sed male.
1 peccando detrimenti "tu préserves intact", dit-il, "le nombre de tes fautes pour que leur abondance ne soit pas réduite, mais bien que tu commettes beaucoup de vilénies, tu en as sur ton compte le même nombre"605. 2 satis peccando detrimenti ici le sens est obscur, cependant il dit cela : "quelque quantité de vilénie", dit-il, "que tu aies commises, quel que soit le nombre de tes fautes, rien ne baisse dans tes colonnes de compte, rien n᾽est retranché à ton opprobre : tu es la même que tu as été, car tu ne peux pas être pire". Cicéron : « est idem Verres, qui fuit semper » (Verrès est le même qu᾽il a toujours été)606. 3 peccando detrimenti certains pensent qu᾽il y a là de l᾽ironie, comme s᾽il disait : "je suis sûr que nous ne pouvons souffrir d᾽aucune faute commise par toi" ; mais c᾽est faux607.

So.-qui scis an ea causa, mi uir, me odisse adsimulauerit
So.-Comment sais tu, mon mari, si elle n᾽a pas feint de me détester

qvi scis an ea cavsa mi vir defensio a deriuatione causae, in qua ostenditur non hanc esse quam obicit causam senex, cur abierit nurus ad matrem suam.
qvi scis an ea cavsa mi vir défense tirée de la dérivation de la cause608, dans laquelle est démontré que la raison pour laquelle sa bru est retournée chez sa mère n᾽est pas celle que le vieillard expose.

ut cum matre esset plus una?1370 La.-quid ais? non signi hoc sat est
pour passer plus de temps avec sa mère ? La.-Que dis-tu ? N᾽est-ce pas un signe suffisant

1 vt cvm matre esset deest sua. 2 vt cvm matre esset plvs vna ἰδιωτικῶς108 dixit, id est: diu ac maiorem partem.
1 vt cvm matre esset il manque sua (sa). 2 vt cvm matre esset plvs vna il dit cela par idiotisme (ἰδιωτικῶς), c᾽est-à-dire : "longtemps et la plupart du temps" (diu ac maiorem partem)609.

quod heri nemo uoluit uisentem ad eam te intro admittere?
qu᾽hier personne n᾽ait voulu, quand tu lui rendais visite, te laisser entrer ?

qvod heri visentem nemo volvit bene infirmauit defensionem senex dicendo: "si propter matrem abiit, cur tu exclusa es, cum uenires?".
qvod heri visentem nemo volvit le vieillard rend bien irrecevable sa défense en disant : "si elle s᾽en est allée pour voir sa mère, pourquoi as-tu été chassée, lorsque tu es venue ?"610.

So.-enim lassam oppido tum esse aibant; eo ad eam non admissa sum.
So.-On disait alors qu᾽elle était fermement fatiguée ; c᾽est pour cela que je n᾽ai pas été admise vers elle.

1 enim lassam oppido infirmius defenditur socrus, ut error senis usque ad καταστροφήν perseueret. 2 enim lassam oppido enim produxit109: superuacua ponitur interdum haec coniunctio aut pro altera coniunctione. 3 oppido ualde: translatio a rusticis, qui interrogati, quemadmodum fruges uenirent, respondebant oppido, id est: quae et sibi et oppido sufficere potuissent. 4 eo id est propterea.
1 enim lassam oppido la belle-mère est défendue assez faiblement, pour que la méprise du vieillard persévère jusqu᾽au dénouement (καταστροφή). 2 enim lassam oppido il allonge enim611 : cette conjonction est parfois superflue ou se met pour une autre conjonction. 3 oppido parfaitement : métaphore tirée des paysans qui, lorsqu᾽on leur demandait comment les biens de la terre venaient, répondaient oppido, c᾽est-à-dire : qui puissent suffire à leur propre consommation et à celle de la ville (oppido)612. 4 eo c᾽est-à-dire propterea (à cause de cela).

La.-tuos esse ego illi mores morbum magis quam ullam aliam rem arbitror,
La.-C᾽est ton comportement sa maladie, plus qu᾽aucune autre chose, je pense,

tvos esse ego illi mores acerbissime institit senex et accusationi uxoris et defensioni nurus, siquidem hoc sensu dicat nurum nec mendacii culpam incurrere, quae uere aegrotet ex moribus malae socrus.
tvos esse ego illi mores le vieillard s᾽applique très âprement à la fois à accuser sa femme et à défendre sa bru, puisque c᾽est dans ce sens qu᾽il dit que même la faute d᾽avoir menti n᾽est pas imputable à la bru, qui est vraiment malade en raison du caractère de la méchante belle-mère.

et merito adeo; nam uestrarum nulla est quin gnatum uelit
et c᾽est bien normal ; car parmi vous il n᾽y en a pas une qui ne veuille que son fils

1 nam vestrarvm nvlla est pro uestrum; hoc enim uenit ab eo quod est uester. 2 qvin gnatvm velit quin quae non.
1 nam vestrarvm nvlla est pour uestrum ; cela vient en effet de uester (votre)613. 2 qvin gnatvm velit quin signifie quae non (qui... ne pas)614.

ducere uxorem; et quae uobis placita est condicio datur;
prenne femme ; et c᾽est le parti qui vous plaisait qui est accordé ;

1 et qvae vobis placita est condicio datvr imago hic quaedam argumentationis, quae dicitur ἀπ᾽ ἀρχῆς ἄχρι τέλους , quod Latine dicitur ab initio ad finem. 2 Et ut generaliter coepit inuectionem, ita generaliter conclusit in socrum. et est sensus: "eo improbius illas quas elegeritis odistis".
1 et qvae vobis placita est condicio datvr ici un exemple de l᾽argumentation qui est appelée ἀπ᾽ ἀρχῆς ἄχρι τέλους , ce qui se dit en latin ab initio ad finem (du début à la fin). 2 Et de même qu᾽il commence son invective de manière générale, de même il conclut contre la belle-mère de façon générale615. Et voici le sens : "vous haïssez avec d᾽autant plus de malhonnêteté celles que vous avez choisies".

ubi duxere impulsu uestro, uestro impulsu easdem exigunt.
une fois qu᾽ils les ont épousées à votre instigation, à votre instigation ce sont les mêmes qu᾽ils répudient.

1 vbi dvxere impvlsv vestro v. i. bene uerba eadem stomachose et significanter repetiuit, ut improbitas ex proximo appareat impulsu. 2 vbi dvxere impvlsv vestro uidetur, ut supra diximus, haec tota scaena ad hoc interposita, ut fabulae nomen hinc intellegeremus inuentum. 3 impvlsv impudentiam socruum impulsus repetitio demonstrauit. 4 impvlsv vestro vestro i.110 sic et in Heautontimorumeno «  scortari crebro n., n. c. c. TerHeaut. 206 ».
1 vbi dvxere impvlsv vestro vestro impvlsv il fait bien de répéter les mêmes mots avec colère et de façon signifiante, pour que la malhonnêteté apparaisse de la proximité des deux impulsu (instigation). 2 vbi dvxere impvlsv vestro cette scène semble, comme nous l᾽avons dit plus haut616, avoir été tout entière intercalée dans le but que nous comprenions que le nom de la pièce trouve ici son origine. 3 impvlsv la répétition de impulsu617 démontre l᾽impudence des belles-mères. 4 impvlsv vestro vestro impvlsv comme aussi dans L᾽Heautontimoroumenos « scortari crebro nolunt, nolunt crebro conuiuarier » (ils ne veulent pas qu᾽on passe son temps à courir la gueuse, ils ne veulent pas qu᾽on passe son temps à faire la bringue)618.


Sommaire Notes

scaena altera

Laches Sostrata Phidippus
243 | 244 | 245 | 246 | 247 | 248 | 249 | 250 | 251 | 252 | 253 | 254 | 255 | 256 | 257 | 258 | 259 | 260 | 261 | 262 | 263 | 264 | 265 | 266 | 267 | 268 | 269 | 270 | 271 | 272 | 273

Ph.-etsi scio ego, Philumena, meum ius esse ut te cogam
Ph.-Bien que je sache, moi, Philumène, que j᾽ai le droit de te contraindre

1 etsi scio ego philvmena mevm ivs esse in hac scaena moralis allocutio Phidippi est ad filiam mitissimi patris colorem ostendens. 2 etsi scio ego phil. apparet et hic multa prius patri suo Philumenam locutam esse. ergo haec responsio est, non principium. 3 vt te cogam etiam inuitam. 4 scio ego mevm ivs esse vt te cogam hoc idem in Adelphis «  non necesse habeo omnia pro meo iure agere TerAd. 51-52 ».
1 etsi scio ego philvmena mevm ivs esse il y a dans cette scène une exhortation morale de Phidippe à sa fille, montrant l᾽usage de la couleur de "père très doux"619. 2 etsi scio ego philvmena il apparaît ici aussi que Philumène a beaucoup parlé avec son père auparavant. C᾽est donc la réponse, non pas le début de l᾽échange620. 3 vt te cogam même malgré elle. 4 scio ego mevm ivs esse vt te cogam c᾽est la même chose dans Les Adelphes « non necesse habeo omnia pro meo iure agere »621.

quae ego imperem facere, ego tamen patrio animo uictus faciam
à faire ce que moi j᾽ordonne, cependant, moi, vaincu par mon cœur de père, je ferai

1 patrio animo victvs bene uictus, quia non ratione facit. 2 Victus est undecumque, qui recedit ab iure. tale est in Adelphis «  non necesse habeo omnia pro meo iure agere TerAd. 51-52 ».
1 patrio animo victvs uictus est bien dit, parce qu᾽il n᾽agit pas selon la raison. 2 Il est "vaincu" (uictus) de quelque côté que ce soit, celui qui s᾽éloigne du droit622. Il en va ainsi dans Les Adelphes « non necesse habeo omnia pro meo iure agere »623.

ut tibi concedam, neque tuae libidini aduersabor.
en sorte de te céder et je ne m᾽opposerai pas à ton caprice.

1 neqve tvae libidini a. libido est quaelibet uoluntas temere suscepta. 2 Et bene libidini: est enim non aequum a domo mariti abesse nuptam. etsi enim pro uoluntate posuit libidinem, tamen subaccusauit hoc nomine.
1 neqve tvae libidini adversabor libido, c᾽est une "volonté" (uoluntas) quelconque acceptée sans réflexion624. 2 Et libidini est bien dit : en effet il n᾽est pas juste que l᾽épousée soit absente de la maison du mari. De fait, même s᾽il a mis libido pour uoluntas (désir), il accuse quand même un peu par ce mot625.

La.-atque eccum Phidippum optime uideo: ex hoc iam scibo quid siet1371.
La.-Et voici que j᾽aperçois Phidippe fort à propos : je vais maintenant savoir par lui ce qu᾽il en est.

1 optime opportune. 2 ex hoc iam scibo legitur et hinc locale aduerbium. 3 Et quasi comminatur uxori modo se inuenturum ipsam pecasse, non nurum. 4 qvid siet utrum: quid siet rei, an quid siet nurus? utrum innocens an iniqua? et uidetur hoc Sostratae dicere; nam uicini sunt inter se proximi Laches et Phidippus.
1 optime opportune (de façon opportune). 2 ex hoc iam scibo on lit aussi hinc (d᾽ici), adverbe de lieu626. 3 Et il menace pour ainsi dire son épouse de trouver immédiatement que c᾽est elle-même qui a commis une faute, et non sa bru. 4 qvid siet est-ce : ce qu᾽il en est de l᾽affaire, ou alors ce qu᾽il en est de ma bru627 ? Est-elle innocente ou fautive ? Et il semble dire cela à Sostrata ; en effet, Lachès et Phidippe sont de très proches voisins.

Phidippe, etsi ego meis me omnibus scio esse apprime obsequentem,
Phidippe, bien que moi je sache que je suis envers tous les miens complaisant à l᾽extrême,

1 phidippe etsi ego meis me o. expostulatio Lachetis apud Phidippum accusationem continens, tamquam causam iniuriarum intendat. 2 apprime uehementissime. 3 scio esse apprime obseqventem principium a persona eius cum quo agitur et sua, et an utile sit nimis obsequi hominem suis.
1 phidippe etsi ego meis me omnibvs réclamation de Lachès à Phidippe contenant une accusation, comme s᾽il visait la cause des injustices628. 2 apprime uehementissime (très violemment). 3 scio esse apprime obseqventem début par la personne de celui dont il est question et la sienne, et pour savoir s᾽il est bon qu᾽un homme cède trop aux siens629.

sed non adeo ut mea facilitas corrumpat illorum animos;
cependant je ne le suis pas au point que ma souplesse corrompe leur caractère ;

1 sed non adeo vt mea facilitas facilitas indulgentia. 2 sed non adeo vt mea facilitas deest tamen. et est ἀνακόλουθον tertium.
1 sed non adeo vt mea facilitas facilitas signifie indulgentia (indulgence). 2 sed non adeo vt mea facilitas il manque tamen (cependant). Et c᾽est une anacoluthe (ἀνακόλουθον) de troisième catégorie630.

quod tu si idem faceres, magis in rem et uostram et nostram id esset.
et si tu faisais la même chose, ce serait plus avantageux et pour vous et pour nous.

nunc uideo in illarum potestate esse te. Ph.-eia1372 uero?
A présent je vois que tu es en leur pouvoir. Ph.-Hein, vraiment ?

1 eia vero modo aduerbium est corripientis. 2 eia vero παρέλκον. 3 nvnc video i. i. p. iucunde temperat eius culpam, quem accusat, cum dicat illum coactum a suis facere sibi iniurias.
1 eia vero c᾽est parfois un adverbe de reproche631. 2 eia vero pléonasme (παρέλκον)632. 3 nvnc video in illarvm potestate il tempère agréablement la faute de celui qu᾽il accuse, lorsqu᾽il dit que celui-là a été forcé par les siens à lui nuire à lui.

La.-adii te heri de filia; ut ueni, itidem incertum amisti.
La.-Je suis venu te voir hier au sujet de ta fille ; quand je suis arrivé, tu m᾽as renvoyé dans la même incertitude.

1 adii te heri de filia narratio. 2 Et memoriter poeta, quia dixit «  heri ea causa r. h. a., p. c. c. TerHec. 190-191 ». 3 itidem incertvm amisti pro amisisti συγκοπή. 4 Et itidem quid est? an "itidem incertum me amisisti, ut ad te incertus ueni"? iungendum est ergo ut ueni itidem, ut sit: "ut ueni, amisisti itidem incertum" . 5 "incertus", inquit, "ueni, incertus a te recessi".
1 adii te heri de filia narration. 2 Et le poète a une bonne mémoire, parce qu᾽il a dit « heri ea causa rure huc aduenit, patrem continuo conuenit ». 3 itidem incertvm amisti pour amisisti, syncope (συγκοπή). 4 Et itidem qu᾽est-ce ? Est-ce itidem incertum me amisisti, ut ad te incertus ueni (tu m᾽as renvoyé dans l᾽incertitude, tout comme je suis venu dans l᾽incertitude) ? Il faut donc joindre ut ueni itidem (tout comme je suis venu, ainsi), pour que ce soit : ut ueni, amisisti itidem incertum (tout comme je suis venu, ainsi tu m᾽as renvoyé dans l᾽incertitude)633. 5 "C᾽est dans l᾽incertitude, dit-il, que je suis venu, c᾽est dans l᾽incertitude que je me suis éloigné de toi".

haud ita decet, si perpetuam hanc uis esse adfinitatem,
Il ne convient pas ainsi, si tu veux que notre alliance dure toujours,

1 havd ita decet non usque adeo decet. et est confirmatio. 2 havd ita decet bene ita additum: etsi enim celandae, non usque adeo, ut discordiam pariant.
1 havd ita decet non usque adeo decet (il ne convient pas jusqu᾽à ce point). Et c᾽est la confirmation634. 2 havd ita decet ita est bien ajouté : même si des choses doivent être tenues "cachées" (celandae), il ne faut pas le faire au point qu᾽elles engendrent la discorde635.

celare te iras; si quid est peccatum a nobis, profer:
de cacher ta colère ; s᾽il y a quelque faute de notre part, expose-la :

aut ea refellendo aut purgando uobis corrigemus
c᾽est soit en les réfutant, soit en nous justifiant, que nous vous ferons réparation

1 avt ea refellendo avt pvrgando refellit qui negat, purgat qui idem fatetur et sic defendit. 2 Ergo refellimus per coniecturam, purgamus per ceteros status. 3 vobis corrigemvs plus dixit uobis quam tibi.
1 avt ea refellendo avt pvrgando celui qui nie "réfute" (refellit), celui qui avoue et défend dans le même temps par ce biais "justifie" (purgat)636. 2 Donc nous "réfutons" (refellimus) par conjecture, nous "justifions" (purgamus) par les autres états de la cause637. 3 vobis corrigemvs uobis est plus signifiant que tibi (toi)638.

te iudice ipso; sin ea est causa1373 retinendi apud uos
et tu seras toi-même juge ; mais si la raison pour laquelle elle est retenue chez vous est

1 te ivdice ipso sic Vergilius «  Pan deus A. m. s. i. c. VergBuc. 4, 58 ». quid est enim te ipso nisi scilicet reo culpae et tibi ipsi aptius fauente111? 2 Vel: "qui in me asper es et iniquus". 3 sin ea est cavsa retinendi apvd vos reprehensio.
1 te ivdice ipso Virgile « Pan deus Arcadia mecum si iudice certet » (le dieu Pan, s᾽il luttait avec moi devant l᾽Arcadie)639. Qu᾽est-ce en effet que te ipso, sinon bien sûr reo culpae (accusé de faute) et, assez convenablement, favorable à toi-même ? 2 Ou alors : "toi qui es dur et injuste envers moi"640. 3 sin ea est cavsa retinendi apvd vos blâme641.

quia aegra, te mihi iniuriam facere arbitror, Phidippe,
qu᾽elle est malade, tu me fais injure, je crois, Phidippe,

arbitror phidippe bene addidit nomen excitans audientem.
arbitror phidippe c᾽est bien qu᾽il ajoute le nom, en excitant son auditeur.

si metuis satis ut meae domi curetur diligenter.
si tu crains qu᾽elle ne soit pas soignée avec assez d᾽attention chez moi.

vt meae domi cvretvr diligenter ut ne non. et iungendum est satis diligenter; non enim metuis satis.
vt meae domi cvretvr diligenter ut signifie ne non642. Et il faut joindre satis diligenter ; ce n᾽est pas en effet metuis satis (tu as assez peur)643.

at, ita me di ament, haud tibi hoc concedo, etsi tu1374 illi pater es,
Mais, pour l᾽amour du Ciel, je suis loin de t᾽accorder ceci, bien que tu sois son père :

1 at ita me di ament havd mire addidit iusiurandum: uix enim credibile est tantundem amare socerum quantum patrem. 2 etsi illi pater es Sallustius in primo libro «  et liberis eius auunculus erat SalHist. 1, frg. 45 M. ». 3 etsi tv illi pater es compendium attulit, ut Vergilius «  heu fuge, nate dea VergAen. 2, 289 »; hoc enim sentit: "quamuis natus dea sis, fuge tamen".
1 at ita me di ament havd il ajoute admirablement un serment : en effet, qu᾽un beau-père aime autant qu᾽un père est difficilement croyable. 2 etsi illi pater es Salluste dans son premier livre « et liberis eius auunculus erat » (et il était l᾽oncle des enfants de celui-ci)644. 3 etsi tv illi pater es il fait un racourci. Virgile « heu fuge, nate dea » (fuis, malheureux, fils d᾽une déesse) ; voici en effet ce qu᾽il pense : "bien que tu sois le fils d᾽une déesse, fuis pourtant"645.

ut tu illam saluam magis uelis quam ego; id adeo gnati causa,
que de ton côté tu la veuilles en meilleure santé que moi du mien ; cela à cause de mon fils,

1 id adeo gnati honeste amori nurus rationem subiecit piam, nam non continuo rectum est nimis amari a socero nurum, nisi propter filium diligatur. 2 Bene ergo gnati causa: incredibile est enim patrem non patris pietate superari.
1 id adeo gnati il donne de façon convenable une pieuse raison à son amour pour sa bru, car il n᾽est pas immédiatement conforme au bien qu᾽une bru soit trop aimée par son beau-père, sauf si c᾽est par égard pour son fils qu᾽on l᾽aime646. 2 Gnati causa est donc bien dit : il est en effet incroyable qu᾽un père ne soit pas vaincu par l᾽amour paternel.

quem, ego intellexi, illam haud minus quam se ipsum magnificare,
qui, je l᾽ai compris, ne la porte pas plus aux nues qu᾽il ne le fait pour lui-même,

1 qvem ego intellexi i. h. m. et causam sui amoris ostendit et mariti nullam erga coniugem culpam, quippe qui amet. 2 Et a Parmenone dictum «  eo amantem i. P. e. p. TerHec. 173 ». 3 qvem ego intellexi i. h. minus qvam se i. m.112 hic subtiliter oneratur culpa nurus, siquidem indignis faciat iniuriam socero et marito.
1 qvem ego intellexi illam havd minvs il montre la cause de son amour647 et qu᾽il n᾽y a aucune faute du mari envers son épouse, puisqu᾽il l᾽aime. 2 Et c᾽est Parménon qui a dit « eo amantem inuitum Pamphilum extrudit pater »648. 3 qvem ego intellexi illam havd minus qvam se ipsvm magnificare ici de manière subtile la bru est chargée d᾽une faute, puisqu᾽elle commet une injustice à l᾽égard de son beau-père et de son mari qui ne l᾽ont pas mérité649.

neque adeo clam me est quam esse eum grauiter laturum credam,
et il ne m᾽échappe guère combien je crois qu᾽il supportera difficilement

neqve adeo clam me est qvam esse ingeniose poeta iam praeparat causam simulaturo ob hanc rem iracundiam Pamphilo.
neqve adeo clam me est qvam esse avec ingéniosité le poète prépare déjà la raison pour laquelle Pamphile va feindre la colère650.

hoc si rescierit: eo domum studeo haec prius quam ille huc redeat.
la chose s᾽il vient à l᾽apprendre : c᾽est pourquoi je désire qu᾽elle rentre à la maison avant lui.

haec privs qvam ille hvc redeat hic subtiliter etiam terrorem iniecit iracundiae mariti.
haec privs qvam ille hvc redeat ici avec subtilité il installe la crainte de la colère du mari.

Ph.-Laches, et diligentiam uestram et benignitatem
Ph.-Lachès, votre attention et votre bonté,

1 laches et diligentiam vestram principium similiter a personis factum est. 2 laches et diligentiam vestram remotiuo statu agit Phidippus pro persona sua, nam in filiam remouet culpam, cur non redeat. et relatiuam simul temptat qualitatem; potest enim uideri eam iniuria socrus ad hanc uoluntatem esse collapsam. 3 laches et di. v. ab eo coepit, quo maxime notus est et quod inprimis sibi purgandum fuit, ne suspectam aut uoluntatem aut diligentiam habere uideatur affinium. 4 Et cum affectu quodam et gemitu dixit Laches, quod ille ait «  Phidippe TercHec. 256 », et diligentiam, quod ille ait «  sin metuis, satis ut meae TercHec. 256 » etc. et benignitatem, quod ait «  haud tibi concedo, etsi illi pater es, ut tu illam TercHec. 258 » etc. 5 Et bene a nomine coepit, ut consentire illi uideatur113. 6 vestram melius quam tuam, cum ille de se dixerit tantum. 7 et diligentiam vestram et benignitatem ἀνταπόδοσις ad utrumque: diligentiam quia dixit «  ut meae domi curetur diligenter TercHec. 257 », benignitatem quia dixit «  haud tibi concedo, etsi illi pater es, ut tu illam saluam magis uelis quam ego TercHec. 258-259114 ».
1 laches et diligentiam vestram il commence semblablement par les personnes651. 2 laches et diligentiam vestram c᾽est au moyen d᾽un détournement de responsabilité que Phidippe plaide pour son propre compte, car il détourne sur sa fille la responsabilité de ne pas revenir652. Et en même temps il teste la qualité relative ; on peut en effet avoir l᾽impression que c᾽est par la faute de sa belle-mère qu᾽elle s᾽est laissée aller vouloir cela653. 3 laches et diligentiam vestram il commence par ce par quoi Lachès est surtout connu et qu᾽il lui faut justifier en premier, afin qu᾽il ne semble pas considérer comme suspectes la volonté ou la "diligence" (diligentia) de ses parents par alliance. 4 Et il dit Laches avec une sorte de passion et un gémissement, parce que lui a dit « Phidippe », et diligentiam, parce que celui-ci a dit « sin metuis, satis ut meae » etc. et benignitatem, parce que celui-ci a dit « haud tibi concedo, etsi illi pater es, ut tu illam » etc. 5 Et c᾽est bien qu᾽il commence par un nom, pour qu᾽il paraisse être d᾽accord avec lui. 6 vestram meilleur que tuam (la tienne), alors que l᾽autre a seulement parlé de lui654. 7 et diligentiam vestram et benignitatem antapodose (ἀνταπόδοσις)655 qui renvoie à ces deux arguments : diligentiam parce que l᾽autre a dit « ut meae domi curetur diligenter », benignitatem parce que l᾽autre a dit « haud tibi concedo, etsi illi pater es, ut tu illam saluam magis uelis quam ego ».

noui, et quae dicis omnia esse ut dicis animum induco,
je les connais, et tout ce que tu dis est comme tu le dis, j᾽en suis convaincu,

et qvae dicis omnia esse vt dicis quod iurauit et quod dixit gnati causa et quod addidit, quod illam amet Pamphilus.
et qvae dicis omnia esse vt dicis le fait qu᾽il a juré656, le fait qu᾽il a dit « gnati causa » et ce qu᾽il a ajouté, à savoir que Pamphile aime Philumène.

et te hoc mihi cupio credere: illam ad uos redire studeo,
et je désire que tu me croies sur ce point : je désire la faire revenir chez vous,

1 et te mihi hoc cvpio credere melius, quam si et hic iuraret. 2 et te hoc mihi cvpio credere bene coegit ex uicissitudine, quod uolebat.
1 et te mihi hoc cvpio credere c᾽est mieux que si Phidippe aussi avait juré657. 2 et te hoc mihi cvpio credere il a bien tiré ce qu᾽il voulait du contexte immédiat.

si facere possum1375 ullo modo. La.-quae res te facere id prohibet?
si je peux le faire d᾽une manière ou d᾽une autre. La.-Quelle chose t᾽empêche de le faire ?

1 si facere possvm115 hic est remotio si facere possum ullo modo. 2 Mollius dixit quasi facio 116. hoc enim uult intellegi: "uolo, at non possum facere".
1 si facere possvm ici si facere possum ullo modo éloigne de Phiddipe la responsabilité. 2 Il dit cela de façon plus atténuée, comme équivalent de facio. Il veut en effet qu᾽on comprenne ceci : "je veux et je ne peux pas faire".

eho num quid nam accusat uirum? Ph.-minime; nam postquam attendi
Eh, est-ce que par hasard elle accuse son mari ? Ph.-Pas du tout ; car quand j᾽ai insisté

1 eho nvm qvid nam accvsat virvm gesticulatio quaedam secretiora quaerentis; saepe enim de maritis puellae parentibus queri solent eiusmodi aliquid, quod solis ipsis committendum est. 2 eho nvm qvid nam accvsat virvm eho interiectio est ponentis aurem propiorem; nam illa quaerit, quae solent de maritis puellae matribus queri. 3 nam postqvam attendi institi. 4 Et uide an desit animum, ut sit: attendi animum; non enim plenum est sed nudum. aduerti117 enim oculos aut animum subauditur.
1 eho nvm qvid nam accvsat virvm sorte de gesticulation de celui qui se renseigne sur des choses un peu intimes ; souvent en effet les jeunes filles ont l᾽habitude de se plaindre au sujet de leur mari à leurs parents sur des sujets d᾽un genre tel qu᾽ils doivent être les seuls à qui on confie cela. 2 eho nvm qvid nam accvsat virvm l᾽interjection eho est le propre de celui qui tend l᾽oreille ; en effet il cherche à avoir connaissance de ces choses dont les jeunes filles ont l᾽habitude de se plaindre à leur mère au sujet de leur mari. 3 nam postqvam attendi institi (j᾽ai insisté). 4 Et voyez s᾽il manque animum, pour que ce soit : attendere animum (tendre son esprit) ; en effet ce n᾽est pas un énoncé plein mais incomplet. On sous-entend en effet aduerti oculos (j᾽ai tourné mes yeux) ou animum (mon esprit)658.

magis et ui coepi cogere ut rediret, sancte adiurat
davantage et par la force commencé à la contraindre à revenir, voilà qu᾽elle jure solennellement

sancte adivrat τό118 ad nunc auctiuum119 est; significat enim ualde.
sancte adivrat le (τό) ad a maintenant une valeur augmentative659 ; il signifie en effet ualde (fortement).

non posse apud uos Pamphilo se absente perdurare.
qu᾽elle ne peut tenir chez vous en l᾽absence de Pamphile.

1 non posse apvd vos pamphilo s. a. bene hic poeta uerba addidit Philumenae, ad quae Phidippus tum diceret120 «  etsi scio ego, Philumena, meum ius esse TerHec. 243 » etc. 2 non posse apvd vos pamphilo s. a. magnifice contra illud, quod Laches dixit aegre laturum Pamphilum. et ita locutus est, quasi hoc Pamphilo gratius esse debeat. 3 perdvrare proprie ac muliebriter.
1 non posse apvd vos pamphilo se absente c᾽est bien que le poète ajoute ici les paroles de Philumène, à qui Phidippe disait alors « etsi scio ego, Philumena, meum ius esse » etc. 2 non posse apvd vos pamphilo se absente de façon grandiloquente contre ce qu᾽a dit Lachès, que Pamphile « supporterait mal » . Et il l᾽a dit comme si ce devait être assez agréable à Pamphile. 3 perdvrare dans son sens propre, et à la manière des femmes660.

aliud fortasse aliis uitium est; ego sum animo leni natus,
Peut-être les autres ont-ils d᾽autres défauts ; moi, je suis né doux de caractère,

1 alivd fortasse aliis vitivm est sic dixit, ne diceret "sed coge, ut redeat". 2 Et mollius dixit aliis quam si tibi dixisset. 3 ego svm animo leni n. hoc contra illud, quod primum dictum est «  etsi ego me omnibus s. adp. o. TerHec. 247 »121. 4 animo leni122 hoc est plenum, nam animo leni, ut dicimus, ἐλλειπτικῶς profertur. 5 ego svm animo leni qualitas uenialis.
1 alivd fortasse aliis vitivm est il dit cela, pour que Lachès ne dise pas "mais oblige-la à revenir !". 2 Et il dit aliis avec moins de force que s᾽il avait dit tibi (toi)661. 3 ego svm animo leni ceci contre ce qu᾽il avait d᾽abord dit : « etsi ego me omnibus scio adprime obsequentem ». 4 animo leni c᾽est complet, car animo leni, comme nous disons, est dit de façon elliptique (ἐλλειπτικῶς)662. 5 ego svm animo leni défaut excusable663.

non possum aduorsari meis. La.-em1376, Sostrata? So.-heu me miseram!
je ne peux pas m᾽opposer aux miens. La.-Hé, Sostrata ? So.-Hélas, que je suis malheureuse !

1 non possvm conclusio. 2 em sostrata scilicet "quae dixisti «  non mea opera neque pol c. e. TercHec. 228 »". 3 hev me miseram ad se rediri totiens quasi delassata conqueritur.
1 non possvm conclusion. 2 em sostrata ce que tu as dit, évidemment : « non mea opera neque pol culpa euenit »664. 3 hev me miseram elle se plaint, comme épuisée, que tout lui retombe dessus si souvent.

La.-certumne est istuc? Ph.-nunc quidem ut uidetur. sed num quid uis?
La.-Cela est-il fixé ? Ph.-A présent, oui, semble-t-il. Mais veux-tu autre chose ?

1 certvmne est istvc quod Philumena non redeat. 2 nvm qvid vis discedentis uerbum.
1 certvmne est istvc à savoir que Philumène ne revienne pas. 2 nvm qvid vis parole de quelqu᾽un qui s᾽en va.

nam est quod me transire ad forum iam opportet. La.-eo tecum una.
Car il faut maintenant que je file au forum. La.-Je vais avec toi.

transire dicit cito ire123.
transire signifie cito ire (aller rapidement).


Sommaire Notes

scaena tertia

Sostrata
274 | 275 | 276 | 277 | 278 | 279 | 280

So.-edepol ne nos sumus inique aeque omnes inuisae uiris
So.-Nom d᾽un chien, vraiment nous sommes toutes vues justement injustement par nos maris

1 edepol ne nos svmvs iniqve ae. o. i. in hac scaena est allocutio, qua inducitur secum loquens anus, per quam orationem mores eius et animus mitis intellegi possit. 2 iniqve aeqve comicum παρόμοιον. 3 Et uide sententiam defensionem accusatarum socruum continentem contra illud, quod ait «  itaque uno animo omnes s. o. n. TercHec. 201 »; officium enim poetae boni est nullum genus hominum specialiter laedere. sic Vergilius «  quod saepe malae legere nouercae VergGeo. 3, 282 », id est: non omnes nouercae, sed tantum malae. 4 edepol ne nos svmvs Laches generaliter socrus incusauit, haec plurimas defendit. accusat utique aeque paucas hic, non omnes sunt malae124.
1 edepol ne nos svmvs iniqve aeqve omnes inuisae il y a dans cette scène une adresse, dans laquelle la vieille femme est mise en scène en train de se parler à elle-même, pour qu᾽à travers ce discours son caractère et son esprit doux puissent être découverts. 2 iniqve aeqve paronomase (παρόμοιον) comique. 3 Et voyez l᾽idée contenant la défense des belles-mères accusées en réponse à ce qu᾽il dit : « itaque uno animo omnes socrus oderunt nurus » ; en effet le travail d᾽un bon poète est de ne pas outrager une sorte de gens en particulier665. Virgile : « quod saepe malae legere nouercae » (que de méchantes marâtres ont souvent recueilli)666, c᾽est-à-dire : pas toutes les belles-mères, mais seulement les méchantes. 4 edepol ne nos svmvs Lachès a accusé de façon générale les belles-mères, Sostrata en défend de très nombreuses. S᾽il est vrai que Lachès accuse à juste titre un petit nombre de belles-mères, elles ne sont pas toutes méchantes.

propter paucas quae omnes faciunt dignae ut uideamur malo.
en raison de quelques unes, qui toutes font que nous semblions mériter punition.

nam, ita me di ament, quod me accusat nunc uir, sum extra noxiam.
En effet, pour l᾽amour du Ciel, pour ce dont m᾽accuse à présent mon mari, je suis hors de cause,

1 nam ita me di ament bene iurat, quia sine iureiurando incredibile est bona socrus. 2 qvod me accvsat deest in eo, ut sit: in eo, quod me accusat nunc uir, sum extra n. 3 An quod propter quod?
1 nam ita me di ament c᾽est bien qu᾽elle jure, parce que sans serment il est incroyable de trouver une bonne belle-mère667. 2 qvod me accvsat il manque in eo (pour ceci), pour que ce soit : in eo, quod me accusat nunc uir, sum extra noxiam (pour ce dont m᾽accuse à présent mon mari, je suis hors de soupçon)668. 3 Ou bien est-ce que quod (ce dont) signifie propter quod (pour ce dont)669 ?

sed non facile est expurgatu, ita animum induxerunt socrus
mais il n᾽est pas facile de se justifier, tellement ils se sont mis en tête que les belles-mères

1 socrvs omnes esse iniqvas intellegitur quibus iniquas, id est nuribus, quia socrus nomen est ad aliquid dictum. 2 ita animvm indvxervnt inducere animum est ita tenere, ut admittant, id est persuadere animo suo.
1 socrvs omnes esse iniqvas on comprend envers qui elles sont iniquas, c᾽est-à-dire envers les brus, parce que socrus (belle-mère) est un nom dit "relatif"670. 2 ita animvm indvxervnt inducere animum, c᾽est "tenir une idée en sorte qu᾽on l᾽admette", c᾽est-à-dire "persuader son propre esprit"671.

omnes1377 esse iniquas; haud pol me quidem; nam numquam secus
étaient toutes injustes ; non, nom d᾽un chien, ce n᾽est pas mon cas ; car ce n᾽est jamais autrement

1 havd pol me qvidem esse iniquam subaudiendum est a superiore, ut sit pol pro pleno iureiurando. 2 havd pol me qvidem subaudiendum scio esse aut noui ita esse aut tale quid secundum ἔλλειψιν, quae familiaris est his, qui secum locuntur.
1 havd pol me qvidem esse iniquam (être injuste) doit être sous-entendu à partir de ce que l᾽on a dit plus haut, de sorte que pol fait fonction de serment complet672. 2 havd pol me qvidem il faut sous-entendre scio esse (je sais que je suis) ou noui ita esse (je sais que je suis telle) ou quelque chose de semblable selon la figure de l᾽ellipse (ἔλλειψις), qui est familière à ceux qui se parlent à eux-mêmes.

habui illam ac si ex me esset gnata; nec qui hoc mihi eueniat scio,
que je l᾽ai traitée que si elle était ma fille ; et d᾽où cela m᾽arrive, je l᾽ignore.

nec qvi hoc mihi eveniat qui unde.
nec qvi hoc mihi eveniat qui signifie unde (d᾽où)673.

nisi pol filium multis modis1378 iam exspecto ut redeat domum.
sauf que, nom d᾽un chien, mon fils, de toutes façons, à présent j᾽ai hâte qu᾽il rentre à la maison.

1 mvltis modis uehementer. 2 iam exspecto vt redeat quia nihil mirum in matre est exspectare filium, idcirco redeat additum multis modis.
1 mvltis modis avec violence. 2 iam exspectatio vt redeat c᾽est parce qu᾽il n᾽y a rien d᾽étonnant à ce qu᾽une mère attende son fils, que multis modis a été ajouté à redeat674.

Actus tertius


Sommaire Notes

scaena prima

Pamphilus Parmeno Myrrina
281 | 282 | 283 | 284 | 285 | 286 | 287 | 288 | 289 | 290 | 291 | 292 | 293 | 294 | 295 | 296 | 297 | 298 | 299 | 300 | 301 | 302 | 303 | 304 | 305 | 306 | 307 | 308 | 309 | 310 | 311 | 312 | 313 | 314 | 315 | 316 | 317 | 318 | 319 | 320 | 321 | 322 | 323 | 324 | 325 | 326 | 327 | 328 | 329 | 330 | 331 | 332 | 333 | 334 | 335

Pam.-nemini ego plura acerba credo esse ex amore homini umquam oblata
Pam.-A personne, à ce que je crois moi, davantage de contrariétés de l᾽amour, à personne jamais, ne sont tombées dessus

1 nemini ego plvra acerba hic allocutio est per conquestionem. 2 Et bene non se amatoribus modo sed infelicibus amatoribus comparauit. 3 Et principium a summa totius mali. 4 nemini plvra acerba125 ab eo loco conquestionis, in quo dicitur quod nulli fere talia aduersa contigerint. 5 nemini ego plvra acerba nimis conturbati126 et tragici in hac scaena dolores essent, non comici, nisi adderet ex amore. 6 acerba credo esse ex amore acerba ex amore dupliciter euenerunt Pamphilo: ex praeterito de meretrice, ex praesenti de uxore.
1 nemini ego plvra acerba il y a ici une adresse en forme de plainte. 2 Et c᾽est bien qu᾽il ne se compare pas seulement aux amoureux mais aux amoureux malheureux. 3 Et cela débute par la somme de tous les malheurs. 4 nemini plvra acerba tiré de ce lieu commun de la plainte, dans lequel il est allégué que de tels maux n᾽ont échu à presque personne. 5 nemini ego plvra acerba les douleurs seraient trop pathétiques et trop tragiques dans cette scène, et non pas comiques, s᾽il n᾽avait ajouté ex amore675. 6 acerba credo esse ex amore les contrariétés de l᾽amour sont venues à Pamphile en deux occasions : du passé au sujet de la courtisane, du présent au sujet de sa femme.

quam mihi. heu me infelicem! hancine ego uitam parsi perdere!
plus qu᾽à moi. Hélas, infortuné que je suis ! C᾽est cette existence-là, moi, que j᾽ai évité de perdre !

1 hev me infelicem ab ipsa simplici exclamatione. 2 hancine ego vitam ab eo quod ab aduersis ad aduersa delatus sit. 3 parsi perdere si parco conseruo, parsi facit, parco ueniam do127, peperci. 4 Modo ergo continui, abstinui significat. 5 hev me infelicem lacrimans hoc dicit.
1 hev me infelicem argument tiré de la simple exclamation elle-même676. 2 hancine ego vitam argument tiré du fait qu᾽il est passé d᾽un malheur à un malheur. 3 parsi perdere si parcere signifie conseruare (garder fidèlement), il fait parsi, si parcere signifie ueniam dare (accorder le pardon), on a peperci677. 4 Ici cela signifie donc continui (je me suis contenu), abstinui (je me suis abstenu). 5 hev me infelicem il dit cela les larmes aux yeux678.

hacine causa ego eram tantopere cupidus redeundi domum! cui
C᾽est pour cela, moi, que j᾽étais si désireux de rentrer à la maison ! Moi à qui

cvpidvs redevndi domvm ab eo quod contra spem contigit malum.
cvpidvs redevndi domvm argument tiré du fait qu᾽un malheur inattendu l᾽a atteint.

quanto fuerat praestabilius ubiuis gentium agere aetatem
il aurait été combien plus préférable de passer ma vie dans n᾽importe quel lieu au monde

1 vbivis gentivm agere a malorum suorum comparatione. 2 vbivis gentivm agere detestatio magna praesentis loci eligere quamuis terram uel quamuis gentem, quam eam in qua est. Vergilius «  tollite me, Teucri, quascumque abd. t. VergAen. 3, 601 ». 3 Et gentium hic abundat. 4 Et bene ubiuis gentium agere aetatem, quia supra dixerat «  hancine ego uitam parsi perdere! TerHec. 282 »; nimis enim tragicum fieret satius erat in mari perire.
1 vbivis gentivm agere argument tiré d᾽une comparaison de ses maux679. 2 vbivis gentivm agere c᾽est une grande manifestation de haine contre le lieu présent que de choisir n᾽importe quelle terre ou n᾽importe quelle nation plutôt que le lieu où l᾽on se trouve. Virgile : « tollite me, Teucri, quascumque abducite terras » (Troyens, recueillez-moi, emmenez-moi n᾽importe où sur cette terre)680. 3 Et gentium ici fait pléonasme681. 4 Et c᾽est bien ubiuis gentium agere aetatem, parce qu᾽il avait dit plus haut « hancine ego uitam parsi perdere ! »682 ; en effet, "satius erat in mari perire" (il eût été préférable de périr en mer) aurait fait trop tragique683.

quam huc redire atque haec ita esse miserum me resciscere!
plutôt que de revenir ici et de découvrir, misérable, que les choses en sont à ce point !

atqve haec ita esse miservm me resciscere quod ait, lacrimantis est. resciscere autem est uix reperire, quod128 de industria quaerat celatum.
1 atqve haec ita esse miservm me resciscere cette réplique est caractéristique d᾽un personnage qui pleure684. Resciscere, c᾽est avoir du mal à trouver ce qu᾽on cherche et qui a été caché exprès.

nam nos omnes quibus est alicunde aliquis obiectus labos,
En effet nous tous, qui avons quelque peine qui nous vient de quelque part,

1 nam nos omnes qvibvs est alicvnde aut deest apud, ut sit: apud nos omnes, aut129 nos omnes dixit pro nobis omnibus. 2 nam nos omnes ratio superioris sensus. et deest apud uel penes uel quid tale. 3 nam nos omnes qvibvs est constat hanc σύλλημψιν esse; rettulit enim lucri est non ad nos omnes, sed ad quibus est alicunde, ut sit ordo: "nam quibus est alicunde aliquis obiectus labos, lucri est tempus", hoc est nos omnes. 4 nam omnes qvibvs a.130 hac figura usus est etiam Tullius pro Murena «  praetor quoque, ne se pulchrum ac beatum putaret, ei quoque carmen compositum est CicMur. 26 »; nam ille datiuum casum subiecit, cum praeposuisset nominatiuum. 5 Et totum Apollodori est, qui sic ait «  οἱ γὰρ ἀτυχοῦντες τὸν χρόνον κερδαίνομεν, ὅσον ἄν ποτ᾽ ἀγνοῶμεν ἠτυχηκότες ApolHec. frg. 10 ». 6 qvibvs est alicvnde hoc genus locutionis absolutum dicitur. tale est apud Vergilium «  crastina lux, mea si non irrita dicta putaris, ing. R. s. c. a. VergAen. 10, 244-245 ».
1 nam nos omnes qvibvs est alicvnde soit il manque apud, pour que ce soit : apud nos omnes (chez nous tous), soit il dit nos omnes pour nobis omnibus685. 2 nam nos omnes analogie de la proposition antérieure686. Et il manque apud ou penes ou quelque chose de semblable. 3 nam nos omnes qvibvs est il est clair qu᾽il y a ici une syllepse (σύλλημψιν)687 ; il rapporte en effet lucri est (est profitable) non pas à nos omnes, mais à quibus est alicunde, de sorte que l᾽ordre est : "nam quibus est alicunde aliquis obiectus labos, lucri est tempus, hoc est nos omnes" (en effet à ceux à qui de quelque endroit quelque peine a été proposée, le temps est profitable, c᾽est-à-dire nous tous"688. 4 nam omnes qvibvs alicvnde Cicéron a également utilisé cette figure dans le Pro Murena : « praetor quoque, ne se pulchrum ac beatum putaret, ei quoque carmen compositum est » (Le préteur aussi, pour qu᾽il ne se croie pas bel et bon, on lui a aussi composé un poème)689 ; en effet celui-ci substitue le datif, alors qu᾽il avait mis auparavant le nominatif690. 5 Et tout cela est d᾽Apollodore, qui dit ainsi οἱ γὰρ ἀτυχοῦντες τὸν χρόνον κερδαίνομεν, ὅσον ἄν ποτ᾽ ἀγνοῶμεν ἠτυχηκότες (en effet les malheureux, nous tirons profit du temps, tant que nous ignorons que nous sommes malheureux)691. 6 qvibvs est alicvnde ce genre de locution est dit absolu (absolutum). Semblablement chez Virgile : « crastina lux, mea si non irrita dicta putaris, ingentis Rutulae spectabit caedis aceruos » (La journée de demain, si tu ne juges point mes paroles inutiles, verra d᾽énormes monceaux de Rutules massacrés)692.

omne quod est interea tempus prius quam id rescitum est lucri1379 est.
tout le temps qui s᾽écoule avant qu᾽on le découvre est profitable.

rescitvm est σχῆμα ἀνακόλουθον131.
rescitvm est figure d᾽anacoluthe (σχῆμα ἀνακόλουθον)693.

Par.-at sic citius qui te expedias his aerumnis reperias.
Par.-Mais ainsi tu trouverais plus rapidement comment te débarrasser de ces tourments.

1 at sic "sed sic". 2 at sic citivs qvi te at hoc modo, quod uenisti et discordias esse didicisti, celerius reperire poteris quomodo his aerumnis te absoluas. 3 Et bene expedias aerumnis: aut enim soluunt nos curae abeuntes aut impediunt et ligant aduenientes, ut «  soluite m., T., s. c. VergAen. 1, 562 ». 4 at sic citivs qvi te sententia sententiae contraria, nam supra sic collegit: si ignorare mala sua unicuique bonum est, sequitur ut malum sit cito ea cognouisse; infra sic: si malis suis succurrere unicuique quam primum bonum est, sequitur ut cito ea cognouisse sit perquam optimum.
1 at sic équivaut à sed sic694. 2 at sic citivs qvi te mais de cette façon, parce que tu es venu et que tu as appris qu᾽il y avait eu des disputes, tu pourras découvrir plus vite de quelle façon te délivrer de ces tourments695. 3 Et c᾽est bien expedias aerumnis : en effet soit les soucis nous délivrent en disparaissant, soit ils nous entravent et nous lient lorsqu᾽ils arrivent696, comme « soluite metum, Teucri, secludite curas » (Chassez la crainte, Troyens, rejetez toute inquiétude)697. 4 at sic citivs qvi te phrase opposée à la phrase précédente, car plus haut il a conclu ainsi : si ignorer son malheur est le bonheur de chacun, il s᾽ensuit que c᾽est un malheur d᾽en prendre connaissance rapidement ; plus bas : si affronter ses maux dès que possible est un bien pour chacun, il s᾽ensuit qu᾽en prendre connaissance rapidement est tout à fait excellent698.

si non rediisses, haec irae factae essent multo ampliores.
Si tu n᾽étais pas revenu, ces colères auraient pris bien plus d᾽importance.

sed nunc aduentum tuum ambas, Pamphile, scio reuerituras.
Mais à présent, ton arrivée, toutes les deux, Pamphile, je sais qu᾽elles vont en tenir grand compte.

sed nvnc adventvm tvvm ambasne accusare alteram uideretur 132.
sed nvnc adventvm tvvm ambas afin qu᾽il ne semble pas en accuser une des deux699.

rem cognosces, iram expedies, rursum in gratiam restitues.
Tu instruiras l᾽affaire, tu te débarrasseras de leur colère, tu restaureras des relations amicales.

1 p. s. r. rem cogn. melius rem quam litem. 2 rem cognosces iram expedies r. i. g. r. τρίκωλος sententia et bono ordine: prius enim fit querela, deinde ponitur iracundia, postremo reditur in consilium.
1 pamphile scio reveritvras rem cognosces res (affaire) est meilleur que lis (différend). 2 rem cognosces iram expedies rvrsvm in gratiam restitves période à trois membres (τρίκωλος) et dans le bon ordre : d᾽abord en effet la querelle a lieu, ensuite vient la colère, enfin on se rend à la conciliation700.

leuia sunt quae tu pergrauia esse in animum induxti tuum.
C᾽est léger, ce que tu t᾽étais représenté comme très grave dans ton cœur.

1 levia svnt qvae tu pergravia esse genus consolationis non a substantia sed a quantitate est: non dicit non esse causam sollicitudinis, sed leuem dicit. 2 qvae tu pergravia esse bene additum contra leuia non grauia sed pergrauia. 3 levia svnt a quantitate. 4 qvae tu in animvm ind. "persuasisti tibi".
1 levia svnt qvae tu pergravia esse c᾽est un genre de consolation qui repose non sur l᾽existence d᾽un souci, mais sur sa taille : il ne dit pas qu᾽il n᾽existe pas de raison de s᾽inquiéter, mais qu᾽elle est légère (leuis)701. 2 qvae tu pergravia esse c᾽est bien que soit ajouté en opposition à leuia (choses de faible importance) non pas grauia (choses graves) mais pergrauia (choses très graves)702. 3 levia svnt argument de la quantité. 4 qvae tu in animvm indvxti "tu t᾽es persuadé".

Pam.-quid consolare me? an quisquam usquam gentium est aeque miser?
Pam.-Pourquoi me consoles-tu ? Y a-t-il quelqu᾽un en quelque lieu du monde qui soit aussi malheureux ?

1 qvid consolare me an qvisqvam vsqvam ut solet in uero angore, ipsa consolatione aegrescit dolor. 2 Et ingeniose non inquit uerum dicis sed consolaris me et hoc ipso "ostendis scire te quod miser sum".
1 qvid consolare me an qvisqvam vsqvam comme il arrive d᾽ordinaire dans une situation d᾽angoisse véritable, la douleur empire par la consolation même. 2 Et avec génie il ne dit pas uerum dicis (tu dis vrai) mais consolaris me et par là même "tu montres que tu sais que je suis malheureux"703.

prius quam hanc uxorem duxi, habebam alibi animum amori deditum;
Avant de l᾽épouser, j᾽avais ailleurs mon cœur adonné à l᾽amour ;

1 privs qvam hanc vxorem dvxi133 hoc refert ad illud caput, in quo ait «  nemini plura ego acerba c. e. e. a. TerHec. 281 » etc. 2 privs qvam hanc vxorem d. ante rem. 3 habebam alibi animvm amori deditvm an miser sit in amore ἀπ᾽ ἀρχῆς ἄχρι τέλους: ante rem, in re, post rem. 4 habebam alibi grauius dixit alibi quam si in meretrice diceret. 5 Et maluit alibi dicere quam ad meretricem.
1 privs qvam hanc vxorem dvxi cela renvoie à ce début, dans lequel il dit « nemini plura ego acerba credo esse ex amore » etc.704. 2 privs qvam hanc vxorem dvxi avant l᾽affaire. 3 habebam alibi animvm amori deditvm s᾽il était malheureux en amour du début jusqu᾽à la fin (ἀπ᾽ ἀρχῆς ἄχρι τέλους) : avant l᾽affaire, pendant l᾽affaire, après l᾽affaire705. 4 habebam alibi il dit alibi (ailleurs) avec plus de gravité que s᾽il disait in meretrice (en la personne de la courtisane). 5 Et il vaut mieux dire alibi plutôt que ad meretricem (chez la courtisane)706.

tamen numquam ausus sum recusare eam quam mihi obtrudit pater;
mais jamais je n᾽ai osé refuser celle que mon père m᾽impose ;

1134 qvam mihi obtrvdit recte, dici enim potuit: "quomodo ergo uxorem duxit, si amabat?". 2 Et bene obtrudit, quia inuito. sic alibi «  aliquid monstri alunt: ea quoniam nemini obtrudi p., i. a. m. TerAnd. 250-251 ».  3 Et obtrudit pro obtrudebat: ἐνάργεια temporis.
1 qvam mihi obtrvdit c᾽est juste, en effet on pouvait dire : "pourquoi donc a-t-il pris femme, s᾽il l᾽aimait ?". 2 Et c᾽est bien obtrudit, car c᾽est malgré lui. De même ailleurs « aliquid monstri alunt : ea quoniam nemini obtrudi potest, itur ad me »707. 3 Et obtrudit pour obtrudebat : hypotypose (ἐνάργεια) de temps708.

iam in hac re, ut taceam, cuiuis facile scitu est quam fuerim miser;
déjà dans cette affaire, bien que je me taise, il est aisé à n᾽importe qui de savoir à quel point j᾽ai été malheureux ;

uix me illim abstraxi atque inpeditum in ea expediui animum meum
à peine m᾽étais-je délivré de là-bas et avais-je désentravé mon cœur entravé à celle-là

1 vix me i. a. uix uel μόλις uel statim significat. 2 atqve expedivi animvm mevm curae, ut diximus, aut ligant aut soluunt, ut Vergilius «  quae mihi r. e. u. e. m. s. a. VergAen. 4, 479 »; amoris enim curae uincula dicuntur.
1 vix me illim abstraxi uix signifie soit μόλις (difficilement) soit statim (aussitôt)709. 2 atqve expedivi animvm mevm les soucis, comme nous l᾽avons dit, soit lient soit délivrent710. Virgile : « quae mihi reddat eum uel eo me soluat amantem » (qui me le rendra ou qui me délivrera de mon amour pour lui)711 ; en effet les soucis d᾽amour sont appelés uincula (liens).

uixque huc contuleram: em noua res orta1380 porro ab hac quae me abstrahat.
et à peine l᾽avais-je reporté ici, voici qu᾽apparaît en outre une nouvelle affaire qui me détourne d᾽elle.

1 vixqve hvc maluit quam uxorem135 dicere. 2 em nova res orta porro porro deinde. et uim habet deinde modo implicationem continuarum miseriarum referentis136.
1 vixqve hvc il préfère dire huc que uxor (épouse)712. 2 em nova res orta porro porro signifie deinde (ensuite). Et deinde a parfois le sens de quelqu᾽un qui rapporte l᾽enchaînement de perpétuelles inquiétudes713.

tum matrem ex ea re me aut uxorem in culpa inuenturum arbitror;
Alors c᾽est ma mère après cette affaire ou mon épouse que je vais trouver en faute, à mon avis ;

quae1381 cum ita esse inuenero, quid restat nisi porro ut fiam miser?
Et quand j᾽aurai découvert ce qu᾽il en est, que reste-t-il après, sinon d᾽être malheureux ?

1 qvae cvm ita esse invenero q. r. n. p. v. f. seruauit ordinem allocutionis, in quo a praeteritis, a praesentibus, a futuris inducitur personae loquentis oratio. 2 nisi porro vt fiam porro postea uel in postremum. alii coniunctionem putant.
1 qvae cvm ita esse invenero qvid restat nisi porro vt fiam il suit l᾽ordre du discours dans lequel la parole du personnage locuteur est mise en scène dans le passé, le présent et le futur714. 2 nisi porro vt fiam porro signifie postea (après) ou in postremum (enfin). D᾽autres pensent qu᾽il s᾽agit d᾽une conjonction715.

nam matris ferre iniurias me, Parmeno, pietas iubet;
Car supporter les injustices de ma mère, Parménon, c᾽est la piété filiale qui m᾽y engage ;

pietas ivbet apte, quia ferre dixit, addidit iubet.
pietas ivbet c᾽est convenable, parce qu᾽il dit ferre (supporter), il ajoute iubet (elle ordonne)716.

tum uxori obnoxius sum, ita olim suo me ingenio pertulit,
en même temps je suis redevable à ma femme, elle m᾽a autrefois supporté avec une si bonne nature,

1 tvm vxori obnoxivs svm matris cum dixisset, non intulit uxoris, sed mutauit casus. 2 ita olim svo me ingenio olim ad diuturnitatem rettulit, non ad spatium temporis praeteriti.
1 tvm vxori obnoxivs svm alors qu᾽il avait dit matris, il ne dit pas uxoris, mais il change le cas717. 2 ita olim svo me ingenio olim renvoie à une longue durée, non pas à un moment du temps passé718.

tot meas iniurias, quae numquam in ullo patefecit loco.
toutes mes fautes, choses que jamais elle n᾽a révélées en aucune occasion.

1 tot meas inivrias hae sunt iniuriae, quas supra dixit «  nocte illa p. u. n. a.; q. c. e. n. e., n. m. TerHec. 136-137 » et deinde «  quid? i. i. n. a. B.? - c. TerHec. 157 ». 2 tot meas inivrias aliam uim habet, quod dixit me pertulit, aliam quod adiecit iniurias meas, aliam quod reticuit. 3 Non dixit quas sed quae, ut ad omnia, non ad iniurias referatur extrema conclusio137.
1 tot meas inivrias il s᾽agit des fautes qu᾽il a dites plus haut : « nocte illa prima uirginem non attigit ; quae consecuta est nox eam, nihilo magis » et ensuite « quid ? interea ibat ne ad Bacchidem ? -Cottidie ». 2 Cela a un sens de dire me pertulit, un autre de dire tot meas inivrias , un autre qu᾽elle se soit tue719. 3 Il ne dit pas quas mais quae, pour que ce soit à tout, et non aux fautes que cette conclusion ultime renvoie720.

sed magnum nescio quid necesse est euenisse, Parmeno,
Mais il faut que je ne sais quel événement d᾽importance soit arrivé, Parménon,

sed magnvm nescio qvid necesse est bene de ambabus sentiens putat magnam causam esse, quae iram fecerit et iram diuturnam.
sed magnvm nescio qvid necesse est ayant de bons sentiments à l᾽égard des deux femmes, il pense qu᾽il existe une raison sérieuse qui a fait naître la colère, et une colère de longue durée721.

unde ira inter eas intercessit, quae tam permansit diu.
pour que se soit glissée entre elles une colère qui a duré si longtemps.

qvae tam permansit div et a re et a tempore.
qvae tam permansit div argument tiré à la fois de la chose et de la durée.

Par.-haud quidem hercle: paruum est1382. si uis uero ueram rationem exsequi,
Par.-Mais non, ma foi !, pas même une broutille. Si tu veux vraiment te mettre en quête de la vraie raison,

1 havd qvidem hercle parvvm e. seruilis scilicet ratio et sordida et iam non his respondens omnibus, quae dixit Pamphilus, sed tantum nouissimae parti. 2 si vis vero veram rationem uero uel nomen est uel coniunctio uel aduerbium. 3 parvvm subaudiendum necesse est euenisse uel euenit, nam consequens sententia tollit, quod dixit ille necesse est.
1 havd qvidem hercle parvvm est722 il s᾽agit évidemment d᾽une raison servile et de bas étage, et qui déjà ne répond pas à tout ce qu᾽a dit Pamphile, mais seulement à la dernière partie. 2 si vis vero veram rationem uero est soit un nom, soit une conjonction, soit un adverbe723. 3 parvvm il faut sous-entendre necesse est euenisse ou euenit (il est arrivé), car la phrase qui suit logiquement724 fait disparaître le necesse est qu᾽il a dit725.

non maximas quae maximae sunt interdum irae iniurias
parfois ce ne sont pas par les colères qui sont les plus grandes que les plus grandes fautes

1 non maximas qvae maximae svnt interdvm irae in. f. faciunt iniurias, non irae iniurias. sed hic fatuus μετ᾽αληπτικῶς138 dixit secundum rationem superiorem increpans errorem Pamphili, qui de irae magnitudine aestimet iniuriae quantitatem. alii faciunt probant, ostendunt intellegunt. 2 Caute dixit interdum: plerumque enim sic. 3 non maximas q. s. m. sensus est, in quo primum non irae iniurias faciunt accipiendum est, secundum non maximas maximae. 4 facivnt pro ostendunt.
1 non maximas qvae maximae svnt interdvm irae inivrias facivnt faciunt iniurias, et non irae iniurias726. Mais ici l᾽imbécile parle par métalepse μετ᾽αληπτικῶς blâmant selon le raisonnement (rationem) antérieur l᾽erreur de Pamphile qui juge de la gravité de la faute à l᾽aune de la grandeur de la colère727. D᾽autres comprennent faciunt au sens de probant (prouvent), ostendunt (montrent)728. 2 Il dit de façon rouée interdum : c᾽est en effet comme cela la plupart du temps. 3 non maximas qvae svnt maximae voici le sens : il faut d᾽abord comprendre non irae iniurias faciunt (les colères ne font pas des fautes), ensuite non maximas maximae (d᾽immenses ne font pas d᾽immenses). 4 facivnt pour ostendunt.

faciunt; nam saepe est, quibus in rebus alius ne iratus quidem est,
sont faites ; car c᾽est fréquent, pour des choses pour lesquelles tel autre n᾽est même pas irrité,

cum de eadem causa est iracundus factus inimicissimus.
que sur le même sujet un être irritable se mue en notre pire ennemi.

1 cvm de eadem cavsa est rectum erat, si diceret cum in isdem rebus. 2 Adiciendo causa obscurauit elocutionem suam, sed conuenit seruo haec humilitas orationis. nam planum erat, si diceret nam saepe est quibus in rebus alius ne iratus quidem est, cum de isdem rebus est i. f. i. 3 Est autem pro euenit dixit. 4 Et ordo: cum in quibus rebus alius ne iratus quidem est, de eadem causa est iracundus factus inimicissimus. 5 iracvndvs f. i. iratus est, qui ex aliqua re lacessitus irascitur, iracundus est, qui ex parua re aut nulla causa praecedente irascitur.
1 cvm de eadem cavsa est c᾽était juste, s᾽il disait cum in isdem rebus (alors que dans la même situation). 2 En ajoutant causa il obscurcit son discours, mais cette bassesse du discours convient à un esclave. En effet, c᾽était clair, s᾽il disait nam saepe est quibus in rebus alius ne iratus quidem est, cum de isdem rebus est iracundus factus inimicissimus (car souvent il arrive qu᾽un autre n᾽est même pas irrité dans tel cas alors que dans le même cas quelqu᾽un qui est irritable est devenu notre pire ennemi). 3 Il dit est pour euenit. 4 Et voici l᾽ordre : cum in quibus rebus alius ne iratus quidem est, de eadem causa est iracundus factus inimicissimus (alors que tel autre n᾽est même pas irrité pour quelque sujet, pour la même cause quelqu᾽un d᾽irritable est devenu notre pire ennemi)729. 5 iracvndvs factvs inimicissimvs est iratus celui qui, fatigué de quelque chose, s᾽irrite, est iracundus celui qui, d᾽une petite chose ou sans raison préalable, s᾽irrite730.

pueri inter sese quam pro leuibus noxiis iras gerunt!
Les enfants entre eux, comme ils sont en colère pour de faibles griefs !

1 pveri inter sese argumentum a simili. 2 qvam pro levibvs noxiis interrogatiue. 3 noxiis iniuriis, culpis139.
1 pveri inter sese argument tiré du semblable731. 2 qvam pro levibvs noxiis de manière interrogative732. 3 noxiis iniuriis (fautes), culpis (torts).

quapropter? quia enim qui eos gubernat animus eum infirmum gerunt.
Pour quelle raison ? Parce que, en effet, ce qui les gouverne comme esprit, ils l᾽ont faible.

1 qvapropter ἐξέτασις καὶ ὑπόκρισις τὸ enim. interrogat idem διαλεκτικῶς. 2 qvia enim qvi eos αἰτιολογικὴ ὑπόκρισις. 3 qvia enim qvi eos gvbernat animvs σχηματιστὸν ἔπος. infirmum ἀνακόλουθον. ista conueniunt seruo140.
qvapropter il y a recherche, et réponse (ἐξέτασις καὶ ὑπόκρισις) dans le enim733. C᾽est la même personne qui interroge de façon dialectique (διαλεκτικῶς)734. 2 qvia enim qvi eos réponse par la cause (αἰτιολογικὴ ὑπόκρισις)735. 3 qvia enim qvi eos gvbernat animvs expression figurée (σχηματιστὸν ἔπος)736. infirmum est une anacoluthe (ἀνακόλουθον)737. Tout cela convient à un esclave738.

itidem illae mulieres sunt ferme ut pueri leui sententia;
Ces femmes sont presque pareilles à des enfants au jugement léger ;

1 itidem illae mvlieres svnt f. v. p. artificiose: a persona141, a similitudine pueri, a facto «  iras gerunt TerHec. 310 », ab accidentibus similitudinis «  animus infirmus TerHec. 311 », a collatione personae mulieris accidentium leui sententia, a facto «  fortasse unum aliquod uerbum inter eas iram h. c. TerHec. 313 »: qua sententia totum hic sublatum est, quod ait «  sed magnum nescio quid necesse est e., P., u. i. i. e. i. TerHec. 304-305142 ». 2 itidem i. m. sexus alius, at ingenium et sensus idem est. 3 Et mire similitudinem contulit ad id quod agitur.
1 itidem illae mvlieres svnt ferme vt pveri habilement : mulieres est tiré de la personne, pueri de l᾽analogie, « iras gerunt » du fait, « animus infirmus » des accidents de l᾽analogie, leui sententia de la réunion des accidents du personnage de la femme, « fortasse unum aliquod uerbum inter eas iram hanc consciuerit » du fait  : par cette phrase est ici sous-entendu tout ce qu᾽il a dit : « sed magnum nescio quid necesse est euenisse, Parmeno, unde ira inter eas intercessit ». 2 itidem illae mvlieres le sexe est différent, mais l᾽esprit et le sens sont les mêmes739. 3 Et remarquablement il rapporte l᾽analogie à ce dont il s᾽agit.

fortasse unum aliquod uerbum inter eas iram hanc conscierit1383.
Peut-être est-ce un seul mot qui entre elles aura ménagé cette colère.

1 fortasse vnvm aliqvod verbvm i. e. i. h. c.143 sic Plautus «  fortasse te amare suspicarier PlautFrgDub. 11 »; nam ueteres infinito modo adiungebant fortasse consciuisse144. 2 consciverit commouerit. 3 iram hanc consciverit legitur et consciuisse. 4 Et consciuisse est rem nouam fecisse. 5 consciverit decreuerit, fecerit145.
1 fortasse vnvm aliqvod verbvm inter eas iram hanc conscivisse Plaute : « fortasse te amare suspicarier » (peut-être soupçonne-t-il que tu es amoureux) ; en effet les Anciens ajoutaient l᾽infinitif après fortasse consciuisse740. 2 consciverit commouerit (a mis en branle). 3 iram hanc consciverit on lit aussi consciuisse. 4 Et consciuisse, c᾽est rem nouam fecisse (avoir fait une chose nouvelle). 5 consciverit decreuerit (a décidé), fecerit (a fait).

Pam.-abi, Parmeno, intro ac me uenisse nuntia. Par.-hem, quid hoc est? Pam.-tace.
Pam.-Rentre à la maison, Parménon, et annonce que je suis arrivé. Par.-Tiens, qu᾽est-ce que c᾽est que ça ? Pam.-Tais-toi.

Par.-trepidari sentio et cursari rursum prorsum. Pam.-agedum, ad fores
Par.-J᾽entends qu᾽on s᾽agite et qu᾽on court deçà delà. Par.-Allons, à la porte,

1 et cvrsari rvrsvm prorsvm rursum prorsum retro ante significat. et est prouerbiale, ut dicimus sursum deorsum intro foras hac illac et similia, Graeci ἄνω κάτω . 2 trepidari sentio et cvrsari trepidatio ad uocem refertur loquentium, cursatio ad sonum pedum. 3 Et trepidatur primo ab his, qui morbum putant, cursatur ab his, qui partum sciunt.
1 et cvrsari rvrsvm prorsvm rursum prorsum signifie retro ante (en arrière en avant). Et c᾽est proverbial, comme nous disons sursum deorsum (de bas en haut) intro foras (dehors dedans) hac illac (par-ci par-là) et des expressions similaires, en grec ἄνω κάτω (de bas en haut)741. 2 trepidari sentio et cvrsari trepidatio (trouble) renvoie à la voix de ceux qui parlent, cursatio (action de courir çà et là)742 au bruit des pieds. 3 Et on "s᾽agite" (trepidatur) d᾽abord du côté de ceux qui pensent qu᾽il s᾽agit d᾽une maladie, on "court çà et là" (cursatur) du côté de ceux qui savent qu᾽il s᾽agit d᾽un accouchement743.

accedo proprius. em, sensistin? Pam.-noli fabularier.
je me rapproche. Hein, as-tu entendu ? Pam.-Arrête de parler.

pro Iuppiter, clamorem audiui! Par.-tute loqueris, me uetas.
Par Jupiter, j᾽ai entendu un cri ! Par.-C᾽est toi qui parles, et c᾽est à moi que tu le défends.

tvte loqveris me vetas mire expressus est mos auscultantium.
tvte loqveris me vetas est admirablement rendu un trait de caractère des gens qui tendent l᾽oreille pour entendre.

My.-tace obsecro, mea gnata! Pam.-matris uox uisa est Philumenae;
My.-Tais-toi, je t᾽en supplie, ma fille ! Pam.-Cela ressemble à la voix de la mère de Philumène ;

1 tace obsecro mea gnata non solum hic Iuno Lucina non146 inducitur, sed etiam insuper silentium parturienti imponitur, quia furtiua conceptio est. et tamen eiusmodi uerba sunt matris, ut dumtaxat argumentum scientibus manifesta sint, Pamphilo uero et Parmenoni tamquam aegrotam continentis filiam uideantur. 2 tace obsecro mea gnata conceptum furtiuum furtim conuenit nasci. 3 matris vox visa est haec omnia, quae sensu percipi possunt, uisa dicimus. Vergilius «  uisaeque canes ulu. per u. VergAen. 6, 257 ».
1 tace obsecro mea gnata non seulement ici Junon Lucine n᾽est pas mise en scène, mais même en plus le silence est imposé à la parturiente, parce que la conception reste cachée. Et cependant les mots de la mère sont tels qu᾽ils ne sont clairs que pour ceux qui connaissent l᾽argument mais semblent à Pamphile et à Parménon ceux de celle qui ne fait que protéger sa fille malade744. 2 tace obsecro mea gnata naître en cachette convient à une conception cachée. 3 matris vox visa est de tout ce qui se perçoit par les sens, nous disons uisa (choses vues). Virgile : « uisaeque canes ululare per umbras » (des chiennes parurent hurler à travers la pénombre)745.

nullus sum! Par.-qui dum? Pam.-quia perii. Par.-quam ob rem? Pam.-nescio quod magnum malum
Je n᾽existe plus ! Par.-Pourquoi ça ? Pam.-Parce que je suis mort. Par.-Pour quelle raison ? Pam.-Je ne sais quel grand malheur,

1 qvia perii satis amatorie. 2 nvllvs svm rursum se infelicem et miserum appellauit hic. 3 nvllvs svm αὐξητικῶς.
1 qvia perii c᾽est bien d᾽un amoureux746. 2 nvllvs svm à nouveau il se dit malheureux et misérable747. 3 nvllvs svm avec une amplification (αὐξητικῶς).

profecto, Parmeno, me celas. Par.-uxorem Philumenam
à coup sûr, Parménon, tu me caches. Par.-Ta femme, Philumène,

vxorem philvmenam pavitare τῷ ἐξουθενισμῷ.
vxorem philvmenam pavitare avec rabaissement (τῷ ἐξουθενισμῷ)748.

pauitare nescio quid dixerunt; id si forte est nescio.
ils ont dit qu᾽elle était en proie à je ne sais quelles angoisses ; si ça se trouve c᾽est ça, je ne sais pas.

1 pavitare nescio qvid pauere et timere et ad corporis et ad animi perturbationem ueteres referebant. Plautus in Bacchidibus «  nam ut ex mari timida es PlautBac. 106 ». 2 Ergo pavitare aegrotare, quia sit horruisse ac palpitare uenis147.
1 pavitare nescio qvid les Anciens renvoyaient pauere (être en proie à des angoisses) et timere (redouter) à la fois aux troubles du corps et de l᾽âme. Plaute, dans Les Bacchides : « nam ut ex mari timida es » (Comme elle vient de la mer, elle est barbouillée)749. 2 Donc pavitare c᾽est aegrotare (être malade), parce que c᾽est avoir le poil qui se dresse et les veines qui palpitent750.

Pam.-interii, cur mihi id non dixti? Par.-quia non poteram una omnia.
Pam.-Me voilà mort, pourquoi ne me l᾽as-tu pas dit ? Par.-Parce que je ne pouvais pas tout en même temps.

1 qvia non poteram vna omnia deest dicere. 2 qvia non poteram vna omnia cum stomacho profertur. et deest dicere.
1 qvia non poteram vna omnia il manque dicere (dire)751. 2 qvia non poteram vna omnia dit avec irritation. Et il manque dicere (dire)752.

Pam.-quid morbi est? Par.-nescio. Pam.-quid? nemone medicum adduxit? Par.-nescio.
Pam.-Quel genre de maladie est-ce ? Par.-Je ne sais pas. Pam.-Quoi ? Personne n᾽a-t-il fait venir le médecin ? Par.-Je ne sais pas.

1 nemone medicvm addvxit scilicet "ex quo scire posses". 2 nescio perturbatus Parmeno idem repetit uerbum. et aptum est personae seruili.
1 nemone medicvm addvxit implicitement "grâce auquel tu aurais pu savoir". 2 nescio Parménon, troublé, répète le même mot. Et c᾽est adapté au personnage de l᾽esclave.

Pam.-cesso hinc ire intro, ut hoc quam primum, quidquid est, certo sciam?
Pam.-Et je n᾽entre pas, pour m᾽assurer de la chose, dès que possible, quelle qu᾽elle soit ?

cesso hinc ire intro cultum proloquium. sic autem agit poeta, ut grauem morbum in uxore suspectans maritus protinus ingrediatur et partum improuisus offendat.
cesso hinc ire intro idée élégante. Le poète fait en sorte que le mari, suspectant une maladie grave pour sa femme, entre sans attendre et arrivant à l᾽improviste tombe sur l᾽accouchement.

quonam modo, Philumena mea, nunc te offendam affectam?
De quelle manière, ma Philumène, vais-je te trouver affectée ?

1 qvonam modo philvmena amatoria ἀποστροφή. sic in Phormione «  quod si eo meae fortunae redeunt, Phanium, abs te u. d., n. e. m. u. e. TerPho. 201-202 ». 2 offendam affectam "lassam possessamque morbo", ab eo quod est affici, unde affectus dicuntur, propter quos afficimur.
1 qvonam modo philvmena apostrophe (ἀποστροφή) caractéristique d᾽un amoureux. Ainsi dans Phormion : « quod si eo meae fortunae redeunt, Phanium, abs te ut distrahar, nulla est mihi uita expetenda »753. 2 offendam affectam "fatiguée et possédée par la maladie"754, du verbe affici (être affecté), d᾽où vient affectus (maladie), en raison de quoi nous sommes affectés (afficimur)755.

nam si periculum1384 ullum in te inest, me perisse haud dubito.
Car s᾽il y a des risques pour toi, je suis mort avec toi, sans hésiter.

1 nam si pericvlvm vllvm in te inest multum dixit si in te periculum inest, me perisse non dubito. tantus autem affectus non est mariti tantum sed amatoris quoque. 2 nam si pericvlvm vllvm non permisit amor dicere perituram, sed si periculum.
1 nam si pericvlvm vllvm in te inest il en dit beaucoup : si in te periculum inest, me perisse non dubito. Un mouvement si passionné n᾽est pas seulement le propre d᾽un mari mais aussi d᾽un amoureux756. 2 nam si pericvlvm vllvm l᾽amour n᾽autorise pas à dire peritura (si tu devais mourir), mais si periculum757.

Par.-non usus facto est mihi nunc hunc intro sequi,
Par.-Il n᾽est pas besoin pour l᾽instant que je le suive à l᾽intérieur,

1 non vsvs facto est uide artificem Terentium, quemadmodum alias per Pamphilum, alias per ipsum Parmenonem inuenit, quemadmodum nesciatur a ceteris uirginem ante nuptias ab ipso Pamphilo uitiatam esse. 2 non vsvs non utile. 3 facto est facto abundat.
1 non vsvs facto est voyez l᾽art de Térence, comment il trouve, tantôt par l᾽intermédiaire de Pamphile, tantôt par celui de Parménon lui-même, le moyen de laisser tous les autres dans l᾽ignorance du fait que c᾽est par par Pamphile lui-même que la jeune fille a été violée avant son mariage758. 2 non vsvs non utile (inutile). 3 facto est facto fait pléonasme.

nam inuisos omnes nos esse illis sentio;
car je sens que nous tous sommes odieux à ces gens ;

nam invisos omnes non esse illis sentio acute eiusmodi causam repperit, quae uel curiosum hominem contineret quaeque non Parmenonem modo sed mox148 etiam Sostratam arceat ab ingressu.
nam invisos omnes non esse illis sentio avec finesse il trouve une raison qui puisse retenir même un homme curieux et détourne bientôt non seulement Parménon mais aussi Sostrata d᾽entrer.

heri nemo uoluit Sostratam intro admittere.
hier personne n᾽a voulu laisser entrer Sostrata.

1 heri nemo volvit sostratam quasi alius dixerit "unde intellegis?". 2 heri nemo v. s. argumentum odii.
1 heri nemo volvit sostratam comme si un autre lui avait dit "comment le sais-tu ?"759. 2 heri nemo volvit sostratam argument de la haine.

si forte morbus amplior factus siet,
Si d᾽aventure la maladie devait empirer,

quod sane nolim, maxime eri causa mei,
ce que je ne souhaite vraiment pas, surtout pour mon maître,

maxime eri cavsa m. quam bene maxime, qui et propter ipsam uel propter inuidiam socrus non uult fieri grauiorem morbum!
maxime eri cavsa mei que maxime est bon, de la part de celui qui à la fois en raison de la jeune femme même et en raison de la jalousie de la belle-mère ne veut pas que la maladie s᾽aggrave !

seruum ilico introire1386 dicent Sostratae,
ils diront de suite que l᾽esclave de Sostrata vient chez eux,

servvm ilico introire149 mire, ut criminosius suspiciosumque sit, non Lachetis aut Pamphili seruum sed Sostratae nec Parmenonem saltem.
servvm ilico introire admirablement, pour que ce soit plus criminel et suspicieux, ce n᾽est pas pas Lachetis seruum (l᾽esclave de Lachès) ou Pamphili seruum (l᾽esclave de Pamphile), mais seruum Sostratae (l᾽esclave de Sostrata), et encore moins Parmenonem (Parménon).

aliquid tulisse comminiscentur mali
ils auront vite inventé qu᾽il a apporté quelque mauvais sort

comminiscentvr "dicent", "confinxerint".
comminiscentvr "ils diront", "ils auront inventé"760.

capiti atque aetati illorum, morbus qui auctus sit;
à la personne et à la vie de tout ce monde, pour que la maladie s᾽en trouve aggravée ;

1 capiti atqve aetati i. bene τῷ εὐφημισμῷ maluit illorum quam puellae dicere, quod utique intellegitur. 2 qvi qui unde.
1 capiti atqve aetati illorvm c᾽est bien que par euphémisme (τῷ εὐφημισμῷ) il préfère dire illorum (de ceux-là) plutôt que puellae (de la jeune fille), ce qui se comprend de toute façon761. 2 qvi qui signifie unde (d᾽où).

era in crimen ueniet, ego uero in magnum malum.
ma maîtresse ira en procès, et moi, dans un grand malheur.

1 era "Sostrata in litem"150. 2 ego vero in magnvm malvm "in quaestionis tormenta".
1 era "Sostrata en accusation"762. 2 ego vero in magnvm malvm "au supplice de la question"763.


Sommaire Notes

scaena altera

Pamphilus Parmeno Sostrata
336 | 337 | 338 | 339 | 340 | 341 | 342 | 343 | 344 | 345 | 346 | 347 | 348 | 349 | 350 | 351 | 352 | 353 | 354 | 355 | 356 | 357 | 358 | 359 | 360

So.-nescio quid iamdudum audio hic tumultuari misera;
So.-Depuis longtemps déjà j᾽entends ici je ne sais quelle agitation, malheureuse que je suis ;

1 nescio qvid iamdvdvm avdio hic tvmvltvari in hac scaena quasi quaedam deliberatiua est continens suasionis dissuasionisque partes, quas in subditis considerabimus. 2 hic quia nimis uicini sunt.
1 nescio qvid iamdvdvm avdio hic tvmvltvari dans cette scène, il y a une sorte de discours délibératif contenant les parties d᾽un discours persuasif et d᾽un discours dissuasif, que nous examinerons dans ce qui suit. 2 hic parce qu᾽ils sont on ne peut plus voisins764.

male metuo ne Philumenae magis morbus adgrauescat;
je crains vraiment que la maladie de Philumène ne se soit grandement aggravée ;

1 magis morbvs151 grauior fiat: proprie, quia morbi graues dicuntur. Vergilius «  ubi aut morbo g. VergGeo. 3, 95 », Sallustius «  et morbi graues ob inediam insolita uescentibus SalHist. 3, frg. 38 M ». 2 male metvo ne philvmenae magis instat Terentius bonam socrum facere, ut bonam facit meretricem.
1 magis morbvs qu᾽elle s᾽aggrave : au sens propre, parce que les maladies sont dites graues (graves)765. Virgile : « ubi aut morbo grauis » (lorsque appesanti par la maladie), Salluste : « et morbi graues ob inediam insolita uescentibus » (et les maladies graves en raison de privation de nourriture sont inconnues de ceux qui se nourrissent)766. 2 male metvo ne philvmenae magis Térence s᾽applique à faire une belle-mère gentille, comme il fait une courtisane gentille767.

quod te, Aesculapi, et te, Salus, ne quid sit huius oro.
et je te prie, Esculape, et toi, Salus, qu᾽il ne s᾽agisse en rien de cela.

qvod te aescvlapi et te deest propter ut sit: propter quod.
qvod te aescvlapi et te il manque propter pour faire : propter quod (en raison de quoi).

nunc ad eam uisam. Par.-heus, Sostrata! So.-hem? Par.-iterumne1387 istinc excludere?
Allons à présent chez elle la voir. Par.-Hélas, Sostrata ! So.-Hein ? Par.-Une deuxième fois te faire chasser de cet endroit ?

1 nvnc ad eam visam sic Vergilius «  respice ad haec VergAen. 7, 454 ». 2 hem interiectio est nouas res audientis. 3 hevs sostrata uide quemadmodum per se ipsum Parmeno, per Parmenonem arceatur Sostrata152, quae neque deesse propter officium neque ingredi propter153 socrum inducitur. 4 itervmne istinc exclvdere bene iterum, ut illi pudorem incuteret de repetitione iniuriae. 5 Et memoriter: iam enim dixit «  nostra ilico it u. a. e.: a. n. TerHec. 188 ». 6 Et simul uide quam uehementius ad iniuriam sonet excludi quam non admitti.
1 nvnc ad eam visam Virgile : « respice ad haec » (regarde ceci)768. 2 hem c᾽est l᾽interjection de celui qui entend des nouvelles inédites. 3 hevs sostrata voyez de quelle façon Parménon se retient tout seul, et comment c᾽est l᾽entremise de Parménon lui-même qui retient Sostrata, que la mise en scène montre à la fois soucieuse de ne pas se dérober à son devoir et, ensuite, de ne pas entrer, à cause de la belle-mère769. 4 itervmne istinc exclvdere c᾽est bien iterum (une seconde fois), pour lui insuffler la honte d᾽une insulte qui se reproduirait. 5 Et il a bonne mémoire : il a déjà dit en effet « nostra ilico it uisere ad eam : admisit nemo ». 6 Et voyez en même temps combien excludi (être chassé) sonne plus violemment comme une injure que non admitti (ne pas être reçu)770.

hem1388, Parmeno, tu hic eras? perii, quid faciam misera?
So.-Hein, Parménon, tu étais là ? Je suis perdue, que faire, malheureuse ?

hem parmeno hem interiectio est eius, quae commota sit noua re.
hem parmeno hem est l᾽interjection d᾽une femme bouleversée par un événement nouveau.

non uisam uxorem Pamphili, cum in proximo hic sit aegra?
Ne pas rendre visite à la femme de Pamphile, alors qu᾽elle se trouve malade ici, à côté ?

non visam vxorem pamphili ut supra seruum Sostratae dixit, non Parmenonem, sic hic uxorem Pamphili maluit quam Philumenam dicere, ut animum et officium eiusdem socrus et matris breuiter demonstraret.
non visam vxorem pamphili comme plus haut il a dit seruum Sostratae (l᾽esclave de Sostrata), et non Parmenonem, de même ici il préfère dire uxorem Pamphili (la femme de Pamphile) plutôt que Philumenam, pour que l᾽esprit et le devoir de celle qui est à la fois belle-mère et mère apparaisse en quelques mots771.

Par.-non uisas? ne mittas quidem uisendi causa quemquam!
Par.-Ne pas lui rendre visite ? N᾽envoie même pas quelqu᾽un lui rendre visite !

1 non visas ne m. unam rem Sostrata consuluit, hic de duabus154, namque et illam non uult ingredi et cauet, ne ipse mittatur. 2 Et bene quemquam, ne aperte pro se loqui uideatur.
1 non visas ne mittas Sostrata a réfléchi à une seule chose, lui à deux, en effet d᾽une part il ne veut pas qu᾽elle entre et d᾽autre part il veille à ne pas y être envoyé lui-même. 2 Et il fait bien de dire quemquam, afin qu᾽il ne semble pas ouvertement parler de lui772.

nam qui amat cui odio ipsus est, bis facere stulte duco:
En effet celui aime qui le hait, je considère qu᾽il agit deux fois sottement :

1 nam qvi amat cvi odio ipsvs est aliam causam subiunxit: quia durum fuerat ipsi Sostratae dici quod supra dictum est. 2 nam qvi amat causa a sententia morali. 3 cvi odio ipsvs est deest eam uel eum.
1 nam qvi amat cvi odio ipsvs est il met une autre raison en corollaire parce qu᾽il était brutal de dire à Sostrata elle-même ce qui a été dit auparavant773. 2 nam qvi amat argument tirée d᾽une maxime morale774. 3 cvi odio ipsvs est il manque eam ou eum775.

laborem inanem ipsus capit et illi molestiam affert.
lui-même prend une vaine peine et apporte de l᾽embarras à l᾽autre.

1 et illi molestiam affert bene adiecit, ne qui amet hoc dicat: "laborem, dum promerear quem amo". 2 laborem inanem ipsvs capit et illi molestiam a. hoc ualidissimum ad dissuadendum fuit.
1 et illi molestiam affert bon ajout, pour ne pas que "celui qui aime" dise ceci : "je veux bien souffrir, pourvu que j᾽obtienne la personne que j᾽aime"776. 2 laborem inanem ipsvs capit et illi molestiam affert cela est parfaitement apte à dissuader.

tum filius tuus intro iit uidere, ut uenit, quid agat.
Et puis ton fils est entré pour voir, sitôt arrivé, comment elle va.

1 tvm filivs tvvs alia causa ab euentu. 2 videre vt venit qvid agat quod supra uisere. 3 An uisere officii est apud aegros, uidere cognitionis et ideo additum quid agat?
1 tvm filivs tvvs autre raison tiré de l᾽événement. 2 videre vt venit qvid agat parce qu᾽on a plus haut uisere (rendre visite). 3 Ou bien uisere (rendre visite) implique-t-il de lui-même une idée de devoir auprès des malades, et uidere une simple idée de connaissance, d᾽où l᾽ajout de quid agat ?

So.-quid ais? an uenit Pamphilus? Par.-uenit. So.-dis gratiam habeo.
So.-Que dis-tu ? Pamphile est arrivé ? Par.-Il est arrivé. So.-J᾽en rends grâce aux dieux.

an venit pamphilvs bene imitatur affectum.
an venit pamphilvs il représente bien l᾽émotion.

hem! istoc uerbo animus mihi redit et cura ex corde excessit.
Hein ! Par ces paroles mes esprits me reviennent et le souci a quitté mon cœur.

1 hem interiectio feminea ac matronalis. 2 ex corde excessit geminauit praepositionem.
1 hem interjection de femme et de matrone. 2 ex corde excessit il redouble la préposition777.

Par.-iam ea te causa maxime nunc huc introire nolo;
Par.-C᾽est précisément pour cette raison que je ne veux pas que tu entres là à présent ;

nvnc hvc introire nolo cur, si uenit Pamphilus, non sit introeundum, causa narratur.
nvnc hvc introire nolo la raison pour laquelle il ne faut pas entrer dès lors que Pamphile est arrivé est racontée.

nam si remittent quippiam Philumenae dolores,
Car pour peu que les douleurs de Philumène fassent quelque peu relâche,

1 nam si remittent qvippiam uerbum actiuum quasi neutrum posuit. 2 philvmenae dolores δραματικῶς errat: non enim uere dolor morbi est, cum sit partus.
1 nam si remittent qvippiam il met un verbe actif comme s᾽il s᾽agissait d᾽un moyen778. 2 philvmenae dolores l᾽erreur de Parménon est pour la dramaturgie (δραματικῶς) : ce n᾽est pas vraiment en effet une douleur de maladie, puisque qu᾽il s᾽agit d᾽un accouchement779.

omnem rem narrabit, scio, continuo sola soli,
elle racontera toute l᾽affaire, je le sais, d᾽une traite, seule à seul,

1 scio continvo sola soli ut «  haud, credo, inuisus c. a. u. c. VergAen. 1, 387155 ». 2 Et sic sola soli dicitur, quomodo «  praesens praesenti TerAd. 668 ». sic Vergilius «  illum absens abs. a. u. VergAen. 4, 83 ».
1 scio continvo sola soli comme « haud, credo, inuisus caelestibus auras uitalis carpis » (tu n᾽encours pas, je crois, la haine des dieux célestes, puisque tu es bien vivant)780. 2 Et sola soli est dit comme « praesens praesenti ». Virgile : « illum absens absentem auditque uidetque » (Absente, bien qu᾽absent, elle l᾽entend et le voit)781.

quae inter uos interuenit1389, unde ortum est initium irae.
qui s᾽est produite entre vous, d᾽où est née la colère.

1 vnde ortvm est pro sit: ἀνακόλουθον tertium. 2 qvae inter vos intervenit melius sic, quam si diceret quae illi feceris.
1 vnde ortvm est pour sit : anacoluthe (ἀνακόλουθον) de troisième catégorie782. 2 qvae inter vos interverit c᾽est mieux ainsi que s᾽il avait dit quae illi feceris (ce que tu lui as fait)783.

atque eccum uideo ipsum egredi. quam tristis est! So.-o mi gnate!
Et le voici qui sort, je le vois. Qu᾽il est sombre ! So.-Oh, mon fils !

1 qvam tristis est signum futurae orationis. Vergilius: «  uultum demissa profatur VergAen. 1, 561 »156. 2 qvam tristis est χαρακτηρισμός locuturi Pamphili. 3 o mi gnate ordo est: "o mi gnate, gaudeo te saluum uenisse". sed intercedit Pamphilus tristis.
1 qvam tristis est indice de son discours futur. Virgile : « uultum demissa profatur » (baissant le visage, elle parle)784. 2 qvam tristis est caractérisation (χαρακτηρισμός) de Pamphile, qui s᾽apprête à parler. 3 o mi gnate l᾽ordre est : o mi gnate, gaudeo te saluum uenisse (mon fils, je me réjouis que tu sois revenu en bonne santé). Mais Pamphile l᾽interrompt, triste785.

Pam.-mea mater, salue. So.-gaudeo uenisse saluum. saluan
Pam.-Ma mère, salut. So.-Je me réjouis que tu sois revenu en bonne santé. En bonne santé,

salvan philvmena est cito probat Pamphilo amare se nurum, cum post salutationem nihil prius quam de salute uxoris eius inquirit. 2 salvan philvmena est mire obuiam sibi exeuntem filium nihil aliud nisi de Philumena interrogauit, ut ostenderet eius morbum sibi curae esse.
salvan philvmena est tout de suite elle prouve à Pamphile qu᾽elle aime sa bru, puisque la première chose qu᾽elle fait est de l᾽interroger sur la santé de son épouse. 2 salvan philvmena est il est remarquable qu᾽elle n᾽interroge son fils qui sort au devant d᾽elle que sur ce seul sujet de Philumène, pour lui montrer que sa maladie est l᾽objet de ses préoccupations.

Philumena est? Pam.-meliuscula est. So.-utinam istuc ita di faxint!
l᾽est-elle, Philumène ? Pam.-Elle est un peu mieux. So.-Les dieux fassent qu᾽il en soit ainsi !

1 melivscvla est uerum est, quantum ad morbum pertinet. 2 melivscvla est hoc et ad morbum et ad euentum partitudinis uerum est: ita non mentitur Pamphilus matri. 3 vtinam istvc ita di faxint diligentiore officio loquitur ut rea apud filium socrus.
1 melivscvla est c᾽est vrai, pour autant qu᾽il s᾽agisse de maladie. 2 melivscvla est c᾽est vrai et pour une maladie et pour le déroulement de l᾽accouchement : ainsi Pamphile ne ment pas à sa mère.786 3 vtinam istvc ita di faxint elle parle avec un sentiment de devoir trop zélé pour une belle-mère accusée par son fils787.

quid tu igitur lacrimas? aut quid es tam tristis? Pam.-recte, mater.
Pourquoi donc pleures-tu ? Et pourquoi es-tu si sombre ? Pam.-J᾽ai des raisons, mère.

1 qvid tv igitvr lacrimas mire igitur, quo significat: "si ita res est, quare ergo tu tristis es?"? 2 recte mater sic dicimus, cum sine iniuria interrogantis aliquid reticemus. – 3 Et bene additum mater , ut duritia reticentiae blando nomine molliretur. – alii recte sic accipiunt, ut intellegant nihil est mali.
1 qvid tv igitvr lacrimas remarquable igitur, par lequel elle veut dire : "s᾽il en est ainsi, pourquoi donc es-tu triste ?". 2 recte mater nous disons ainsi, lorsque nous taisons quelque chose sans blesser celui qui interroge. – 3 Et mater est un bon ajout, pour que la rudesse du silence soit adoucie par un tendre nom. – d᾽autres comprennent recte de telle sorte qu᾽ils interprètent nihil est mali (il n᾽y a rien de mal)788.

So.-quid fuit tumulti? dic mihi. an dolor repente inuasit?
So.-Quel était ce vacarme ? Dis-moi. Est-ce que la douleur l᾽a soudain prise d᾽assaut ?

1 qvid fvit tvmvlti antiqui sic declinauerunt tumulti, senati, ut Sallustius «  senati decretum fit SalCat. 53, 1 ». 2 Et τό157 dic mihi curiosius interrogantis est. Vergilius «  dic mihi, Damoeta, cuium pecus VergBuc. 3, 1 ?». 3 dolor repente invasit proprie inuasit, quia repente.
1 qvid fvit tvmvlti les Anciens déclinaient ainsi au génitif tumulti, senati. Salluste : « senati decretum fit » (un décret du Sénat se fait)789. 2 Et l᾽expression (τό) dic mihi est le propre de quelqu᾽un qui interroge avec trop de curiosité. Virgile : « dic mihi, Damoeta, cuium pecus ? » (dis-moi, Damète, à qui ce troupeau ?). 3 dolor repente invasit au sens propre inuasit, puisque repente (soudain)790.

Pam.-ita factum est. So.-quid morbi est? Pam.-febris. So.-cottidiana? Pam.-ita aiunt.
Pam.-C᾽est ça. So.-Quelle est sa maladie ? Pam.-La fièvre. So.-Journalière ? Pam.-C᾽est ce qu᾽on dit.

1 ita factvm est moris est assentiri ad dicta interrogantium, qui quae uera sunt celant. 2 ita aivnt bene aliis adscripsit, si falsum sit, ut ipsis adscribatur mendacium. 3 ita aivnt in hac tota interrogatione et responsione colorem induxit secretum aegre abiurgantis. 4 ita aivnt religiose mendacium ad rumorem retulit: aiunt inquit, ne ipse falsum dicere uideretur.
1 ita factvm est c᾽est caractéristique d᾽acquiescer aux dires de ceux qui posent des questions, quand on cache la vérité. 2 ita aivnt c᾽est bien qu᾽il l᾽attribue à d᾽autres, pour que, si c᾽est faux, le mensonge leur soit attribué à eux. 3 ita aivnt dans tout ce jeu de questions-réponses il met en scène le ton de la personne qui reproche à l᾽autre de garder son secret. 4 ita aivnt consciencieusement il renvoie le mensonge à la rumeur : il dit aiunt afin de ne pas paraître lui-même dire quelque chose de faux.

i sodes intro, consequar iam te, mea mater. So.-fiat.
Rentre, je te prie, j᾽arrive tout de suite, ma mère. So.-Soit.

1 sodes intro ne ingrediatur158 mater ad soceros, et ideo i sodes dicit intro. 2 Et apparet intro dicentem manu annuere, ut domum redeat, et simul quo magis faciat, addit causam. 3 conseqvar iam te mea mater adiecit et tempus iam. 4 mea mater necessario additum mea mater et sodes, quia i intro durum est. 5 fiat abiens dixit hoc mater fiat, ne omnino iussis alienis parere uideatur, quia sic imperamus et nos, quae ipsi facturi sumus.
1 sodes intro afin que sa mère n᾽entre pas chez ses beaux-parents ; et c᾽est dans ce but qu᾽il dit i sodes intro . 2 Et il est clair qu᾽en disant intro il fait un signe de la main, pour qu᾽elle retourne chez elle791, et en même temps, pour que ce soit plus efficace, il ajoute une raison792. 3 conseqvar iam te mea mater il ajoute aussi l᾽indication de temps iam. 4 mea mater nécessairement est ajouté mea mater et sodes, parce que i intro est brutal793. 5 fiat en partant sa mère dit ce fiat, pour ne pas donner l᾽impression de tout à fait obéir aux ordres d᾽autrui, parce que nous aussi nous donnons des ordres, que nous sommes nous-mêmes disposés à accomplir.

Pam.-tu pueris curre, Parmeno, obuiam atque eis onera adiuta.
Pam.-Toi, cours au devant des esclaves, Parménon, et soulage-les de leur fardeau.

1 tv pveris cvrre p. probabilis causa, qua ablegat etiam Parmenonem, dum iubet eum pueris occurrere. et simul notandum, quod in hac fabula ridicule uexatur usque ad ultimum seruus et ablegatur, cum sit et piger et curiosus. 2 atqve eis onera adivta locutio antiqua. 3 atqve eis onera adivta figura est ὑπαλλαγή pro ipsos onera portantes.
1 tv pveris cvrre parmeno raison vraisemblable, grâce à laquelle il écarte même Parménon, en lui ordonnant d᾽aller au devant des esclaves. Et en même temps il faut remarquer que dans cette pièce l᾽esclave, pour rire, se fait balader jusqu᾽à la fin et est écarté, puisqu᾽il est à la fois paresseux et curieux. 2 atqve eis onera adivta manière de parler archaïque794. 3 atqve eis onera adivta c᾽est la figure d᾽hypallage (ὑπαλλαγή) pour ipsos onera portantes (portant eux-mêmes les bagages)795.

Par.-quid? non sciunt ipsi uiam domum qua redeant1390? Pam.-cessas?
Par.-Pourquoi, ils ne connaissent pas le chemin pour rentrer à la maison ? Pam.-Tu y vas ?

1 qvid non scivnt ipsi viam domvm qva redeant iam uide, quemadmodum seruetur Parmenoni persona loquacis, curiosi, pigri. 2 domvm aduerbiale est. 3 domvm qva redeant qua si locum significet, uidebitur reliquum praeceptum seruus non audisse; sed159 audiuit; qua quomodo intellegimus? id est "quemadmodum onus portent de naui", ut160 quid fieret, qua fieret. 4 cessas de industria omnes ablegauit suos, ut non audirent, quae intus post scaenam sunt acta, quae tamen populo est narraturus.
1 qvid non scivnt ipsi viam domvm qva redeant voyez à présent de quelle façon Parménon conserve son personnage de bavard, curieux, paresseux. 2 domvm emploi adverbial796. 3 domvm qva redeant si qua signifie un lieu, l᾽esclave semblera n᾽avoir pas entendu la fin de l᾽ordre ; mais il a entendu. Comment comprenons-nous qua ? Cela veut dire "de quelle manière ils descendent les bagages du navire", comme quid fieret (qu᾽est-ce qui est fait), qua fieret (comment est-ce fait)797. 4 cessas tout exprès, il a éloigné tous les siens, de sorte qu᾽ils ne soient pas au courant de ce qui s᾽est passé dedans dans les coulisses, et qu᾽il s᾽apprête cependant à raconter à destination du public798.


Sommaire Notes

scaena tertia

Pamphilus
361 | 362 | 363 | 364 | 365 | 366 | 367 | 368 | 369 | 370 | 371 | 372 | 373 | 374 | 375 | 376 | 377 | 378 | 379 | 380 | 381 | 382 | 383 | 384 | 385 | 386 | 387 | 388 | 389 | 390 | 391 | 392 | 393 | 394 | 395 | 396 | 397 | 398 | 399 | 400 | 401 | 402 | 403 | 404 | 405 | 406 | 407 | 408 | 409 | 410 | 411 | 412 | 413 | 414

Pam.-nequeo mearum rerum initium ullum inuenire ideoneum
Pam.-Je ne puis trouver une entrée en matière convenable

1 neqveo mearvm rervm initivm vllvm invenire idonevm in hac scaena conquestio est ad deliberationem descendens, an habeat Pamphilus an excludat uxorem, in qua tota oratio Pamphili ad argumentum spectans amatoria magis quam maritalis est: nam aliter non perueniretur ad ultimam cognitionem omnium rerum nisi adulescens furtiuum conceptum uxoris et partum aliquanto lenius, quam coniugalis dolor expetit, tolerauisset. 2 neqveo mearvm r. haec est Homerica illa διαπόρησις «  τί πρῶτόν τοι ἔπειτα, τί δ᾽ ὑστάτιον καταλέξω; HomOd. 9, 14 »161. 3 neqveo mearvm rervm initivm hoc principium magna διαπορήσει oneratur, ut ostendantur aerumnae et multae et graues. 4 idonevm aptum, conueniens.
1 neqveo mearvm rervm initivm vllvm invenire idonevm il y a dans cette scène une plainte qui mène à une délibération pour savoir si Pamphile doit garder ou chasser son épouse, dans laquelle tout le discours de Pamphile qui vise à la démonstration est plus d᾽un amoureux que d᾽un mari : en effet autrement on ne parviendrait pas à la dernière reconnaissance de la situation entière si le jeune homme n᾽avait toléré que sa femme ait conçu un enfant dans le secret et qu᾽elle accouche avec un peu plus de tranquillité que le dépit d᾽un mari n᾽en réclame799. 2 neqveo mearvm rervm voici un embarras (διαπόρησις) homérique : « τί πρῶτόν τοι ἔπειτα, τί δ᾽ ὑστάτιον καταλέξω;  » (Par où donc commencer, par où finir ce récit ?)800. 3 neqveo mearvm rervm initivm ce début est alourdi d᾽un grand embarras (διαπόρησις), pour qu᾽apparaissent des épreuves nombreuses et importantes. 4 idonevm aptum (adapté), conueniens (convenable).

unde exordiar narrare quae necopinanti accidunt,
pour commencer le récit de ce qui m᾽arrive à l᾽improviste,

vnde a quo.
vnde a quo (par quoi)801.

partim quae prospexi1391 his oculis, partim quae accepi auribus,
d᾽une part ce que j᾽ai de ces yeux vu, d᾽autre part de ces oreilles entendu,

1 partim qvae prospexi his ocvlis his quasi miseris uult intellegi: "quibus prospexi uel audiui mala". 2 An sic dictum est, ut apud Vergilium «  uocemque his auribus h. VergAen. 3, 359 »?
1 partim qvae prospexi his ocvlis his s᾽entend presque comme miseris (malheureux) : "les yeux par lesquels j᾽ai vu ou entendu des malheurs"802. 2 Ou bien cela est-il dit ainsi, comme chez Virgile :« uocemque his auribus hausi » (et j᾽ai puisé sa voix avec ces oreilles que voici)803 ?

qua me propter exanimatum citius eduxi foras.
ce pour quoi, bouleversé, j᾽ai bien vite filé dehors.

qva me propter exanimatvm inter exanimatum et exanimum hoc interest: exanimatus est conterritus, conturbatus, ut «  sed quidnam Pamphilum exanimatum uideo? TerAnd. 234 » et Vergilius «  exanimata s. i. a. m. VergAen. 5, 805 »; exanimus est occisus, ut Vergilius «  corpus ubi e. p. P. A. s. s. VergAen. 9, 30 ».
qva me propter exanimatvm entre exanimatus et exanimus il y a cette différence : exanimatus, c᾽est conterritus (épouvanté), conturbatus (troublé), comme : « sed quidnam Pamphilum exanimatum uideo ? ». Et Virgile : « exanimata sequens impingeret agmina muris » (poursuivait et refoulait les bataillons haletants contre les murs) ; exanimus c᾽est occisus (mort), comme Virgile : « corpus ubi exanimi positum Pallantis Acoetes seruabat senior » (où était exposé le corps sans vie de Pallas veillé par le vieil Acétès)804.

nam modo me intro1392 ut corripui timidus, alio suspicans
En effet tout à l᾽heure lorsque je me suis précipité à l᾽intérieur plein d᾽inquiétude, imaginant que c᾽était d᾽un autre

1 me i. vt c. "raptim ingressus sum". 2 timidvs pro timens, nomen loco participii.
1 me intro vt corripvi "je suis entré à toute vitesse". 2 timidvs pour timens (craignant), un nom à la place d᾽un participe805.

morbo me uisurum affectam quam1393 sensi esse uxorem, ei mihi!
mal que je la verrais affectée que celui dans lequel j᾽ai vu que ma femme était, pauvre de moi !

1 morbo me visvrvm affectam quia et hic morbus est. 2 ei mihi interiectio dolentis. 3 Vergilius «  eloquar an sileam? VergAen. 3, 39 ». et dicitur haec figura ἐπιμονή. 4 ei mihi mire interposuit σχετλιασμόν.
1 morbo me visvrvm affectam parce que c᾽est aussi une maladie. 2 ei mihi interjection de douleur. 3 Virgile : « eloquar an sileam ? » (dois-je parler ou me taire ?). Et cette figure s᾽appelle une dilatation (ἐπιμονή)806. 4 ei mihi il intercale remarquablement une expression d᾽indignation (σχετλιασμός).

postquam me aspexere ancillae aduenisse, ilico omnes simul
Dès que les servantes eurent vu que j᾽étais arrivé, aussitôt toutes en même temps

laetae exclamant: « uenit! », id quod me repente aspexerant;
s᾽exclament, joyeuses : « Il est arrivé ! », cela parce qu᾽elles m᾽avaient vu soudainement ;

1 id qvod me repente deest propter, ut sit: propter id, ac per hoc ideo. 2 id qvod me repente aspexerant causa cur laetae exclamauerint. 3 id ergo: ob id.
1 id qvod me repente il manque propter, pour faire : propter id (à cause de cela), et c᾽est par là qu᾽on a ideo (pour cette raison)807. 2 id qvod me repente aspexerant raison pour laquelle laetae exclamauerint. 3 id donc : ob id (pour cela)808.

sed continuo uultum earum sensi immutari omnium,
Mais tout de suite j᾽ai vu leur visage à toutes se modifier,

1 sed continvo vvltvm earvm sensi immvtari omnivm mire Pamphilus etiam ancillarum metu impellitur, ut alienum nasci puerum suspicetur nec ullo modo in memoriam redeat hanc se puellam uel huiusmodi uitiasse. 2 vvltvm earvm "quae uiderint".
1 sed continvo vvltvm earvm sensi immvtari omnivm remarquablement Pamphile est même incité par la crainte des servantes à soupçonner qu᾽un enfant qui n᾽est pas de lui est en train de naître sans que d᾽une manière ou d᾽une autre il ne lui revienne à l᾽esprit que c᾽est lui qui a violé cette jeune femme ou une autre de cette condition. 2 vvltvm earvm "celles qui l᾽ont vu".

quia tam incommode illuc fors obtulerat aduentum meum.
parce c᾽était bien mal à propos que le sort avait amené mes pas ici.

1 fors obtvlerat oblatum dicitur in utramque partem, quicquid exspectationem praeuenit. 2 obtvlerat offerri dicuntur tam bona quam mala, si insperata obiciantur aspectibus.
1 fors obtvlerat on dit oblatus pour ce qui arrive sans être attendu, en bonne et mauvaise part809. 2 obtvlerat aussi bien les événements favorables que les malheureux sont dits offerri (être apportés), si des événements inattendus se présentent aux regards.

una illarum interea propere praecucurrit nuntians
L᾽une d᾽entre elles pendant ce temps courut vite en éclaireuse pour annoncer

me uenisse; ego eius uidendi cupidus recta consequor.
que j᾽étais arrivé ; moi, désireux de la voir, je la suis tout droit.

1 ego eivs v. c. non erit plena uis repentini doloris, si praesentiens aliquid suspicatur, et ideo addidit ego eius uidendi cupidus recta consequor. 2 recta conseqvor absolute et sine adiectione; non enim addidit uia.
1 ego eivs videndi cvpidvs la force de la douleur soudaine ne sera pas totale si, avec anticipation, il se doute de quelque chose, et pour cela il ajoute ego eius uidendi cupidus recta consequor. 2 recta conseqvor construction absolue et sans ajout ; en effet, il n᾽ajoute pas uia810.

postquam intro adueni, extemplo eius morbum cognoui miser;
Dès que je fus dedans, aussitôt j᾽ai su son mal, malheureux ;

1 extemplo eivs morbvm morbum mitiore animo quam uitium dixit aut probrum. 2 Et recte, quia dixit «  alio me suspicans m. u. a. quam s. e. u. TerHec. 365 ».
1 extemplo eivs morbvm il dit morbum de façon plus douce que uitium (vice) ou probrum (honte). 2 Et c᾽est à bon droit, parce qu᾽il a dit « alio me suspicans morbo uisurum affectam quam sensi esse uxorem »811.

nam neque ut celari posset tempus spatium ullum dabat,
En effet les circonstances ne lui accordaient aucun délai pour qu᾽elle puisse le cacher,

spativm moram.
spativm moram (délai).

neque uoce alia ac res monebat ipsa poterat conqueri.
et elle-même ne pouvait se plaindre par aucune autre voix que celle que sa situation lui dictait.

ac res monebat "partus".
ac res monebat "l᾽accouchement".

postquam aspexi: « o facinus indignum! » inquam, et corripui ilico
Dès que je l᾽eus vue : « Oh, crime indigne ! » dis-je, et aussitôt je me précipitai

1 o facinvs indignvm facinus indignum non ad illam, hoc est Philumenam, sed ad auctorem uitii refertur. 2 et corripvi ilico ardens scilicet dolore. et est causa, cur cito exierit.
1 o facinvs indignvm facinus indignum ne se rapporte pas à elle, c᾽est-à-dire à Philumène, mais à l᾽auteur du viol. 2 et corripvi ilico brûlant bien sûr de douleur. Et c᾽est la raison pour laquelle il est rapidement sorti.

me inde lacrimans, incredibili re atque atroci percitus.
hors de là, en larmes, ébranlé par cette chose incroyable et affreuse.

1 lacrimans non furens sed lacrimans, non iratus sed percitus. 2 atqve atroci uehementi.
1 lacrimans non pas furens (en colère) mais lacrimans, non pas iratus (énervé) mais percitus (ébranlé)812. 2 atqve atroci uehementi (violent).

mater consequitur; iam ut limen exirem, ad genua accidit
La mère me suit ; à peine franchissais-je le seuil, elle tombe à mes genoux

1 mater conseqvitvr iam v. l. e. ostendit affectum misericordiae suae matrem dicendo potius quam Myrrinam et addendo «  misera: misertum est TerHec. 379 », ut recte supra dictum sit de illo «  pium et p. i. n. TerHec. 77 ». 2 ad genva accidit accidere est gestu corporis ostendere humilitatem cadentis, propter ad, quod est iuxta, et cadere. Sallustius autem sine praepositione dixit «  quo accidam aut q. a. SalJug. 14 ».
1 mater conseqvitvr iam vt limen exirem il montre un sentiment de pitié en disant mater (mère) plutôt que Myrrhina et en ajoutant « misera : misertum est », comme à bon droit il a été dit plus haut à son sujet « pium et pudicum ingenium narras »813. 2 ad genva accidit accidere (tomber)814 c᾽est montrer par un geste du corps l᾽humilité de celui qui tombe (cadens), en raison de ad, qui signifie iuxta (vers), et cadere (tomber). Salluste dit sans préposition : « quo accidam aut quos appellem » (où tomber ? Qui appeler ?)815.

lacrimans misera; misertum est. profecto hoc sic est, ut puto:
en larmes, la malheureuse ; elle m᾽a fait pitié. Il en va bien ainsi, à mon avis :

1 lacrimans misera miserabiliter se habens. 2 misertvm est hoc ipse sibi.
1 lacrimans misera "se comportant de manière à apitoyer". 2 misertvm est cela, en lui-même816.

omnibus nobis ut res dant sese, ita magni atque humiles sumus.
pour nous tous, selon la manière dont se présentent les choses, nous sommes grands ou humbles.

omnibvs nobis vt res dant s. i. m. a. mire dixit dant sese. Homerus «  τοῖος γὰρ νόος ἐστὶν ἐπιχθονίων ἀνθρώπων, οἷον ἐπ᾽ ἦμαρ ἄγῃσι πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε HomOd. 18, 136 ». sed hic sic ex illo et ualidius162 dixit. et est haec catholica sententia. Apollodorus «  οὕτως ἕκαστός ἐστι διὰ τὰ πράγματα / ἡμῶν τε σεμνὸς καὶ ταπεινός ApolHec. frg. 11 »163.
omnibvs nobis vt res dant sese ita magni atqve il dit remarquablement dant sese (se donnent). Homère : «  τοῖος γὰρ νόος ἐστὶν ἐπιχθονίων ἀνθρώπων, οἷον ἐπ᾽ ἦμαρ ἄγῃσι πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε » (L᾽esprit des hommes sur la terre se conforme aux jours divers que leur assigne le père des hommes et des dieux). Mais, si notre poète s᾽est exprimé ainsi en s᾽inspirant de lui, il a parlé plus vigoureusement. Et c᾽est une sentence universelle. Apollodore : « οὕτως ἕκαστός ἐστι διὰ τὰ πράγματα / ἡμῶν τε σεμνὸς καὶ ταπεινός » (Chacun de nous, selon les événements, est ainsi noble ou humble).

hanc habere orationem mecum principio institit:
Elle se mit d᾽abord à me tenir ce discours :

« o mi Pamphile, abs te quamobrem haec abierit causam uides;
« Mon cher Pamphile, pourquoi de toi elle s᾽est éloignée, tu en vois la raison ;

1 o mi pamphile abs te qvamobrem a nomine incipit et blandimento, quia secreta confitetur, ut Vergilius «  Anna, fatebor enim, m. p. f. S. VergAen. 4, 20 » a principio idem elaborauit, ut aduersus pudorem conscientiae uoce et confessione duraret. 2 o mi pamphile abs te qvamobrem uenialis status, in quo confessio est et precatio. 3 abs te qvamobrem morale blandimentum ante confessionem.
1 o mi pamphile abs te qvamobrem elle commence par le nom et par quelque chose de doux, parce qu᾽elle avoue un secret. Virgile : « Anna, fatebor enim, miseri post fata Sychaei » (Oui, Anna, je l᾽avouerai, depuis la mort du pauvre Sychée) élabore la même stratégie dès le début, de sorte que, combattant sa retenue, elle persévère dans l᾽expression de sa conscience et dans l᾽aveu817. 2 o mi pamphile abs te qvamobrem état de la cause qui la rend pardonnable, dans lequel il y a aveu et prière818. 3 abs te qvamobrem tendresse bien dans son caractère avant l᾽aveu.

nam uitium est oblatum uirgini olim ab nescio quo improbo.
en effet un attentat à sa pudeur a été commis quand elle était jeune fille, naguère, par je ne sais quel sale type.

1 nam vitivm confessio est. 2 nam vitivm est o. coepit a causa. 3 Et oblatum ad repentina pertinere superius adnotauimus. 4 oblatvm quasi "non exspectatum et nolenti". 5 virgini quasi "quae falli possit". 6 olim recte olim, quia facilis uenia circa uetera iam delicta; unde temptat temporis longinquitate extenuare peccatum. 7 olim ergo id est: ante menses nouem. 8 ab nescio qvo improbo mire contempsit personam dicendo nescio quo, id est nescio quem dixit, ut ostendat ignobilem et abiectum; nam si nomen est, habet et dignitatem, ut «  et nos aliquod nomenque decusque g. VergAen. 2, 89 » et ne placere uideatur is qui fecit, improbum dixit.
1 nam vitivm voici l᾽aveu. 2 nam vitivm est oblatvm elle commence par la cause. 3 Et nous avons remarqué plus haut819 que offerre (apporter) renvoie à ce qui arrive soudainement. 4 oblatvm pour ainsi dire "inattendu" et "contre son gré". 5 virgini pour ainsi dire "une fille facile à tromper". 6 olim correctement olim (autrefois), parce que le pardon pour des crimes déjà anciens est facile ; d᾽où le fait qu᾽elle essaye d᾽atténuer la faute par l᾽éloignement du temps écoulé. 7 olim ce qui revient donc à dire : "neuf mois auparavant". 8 ab nescio qvo improbo remarquablement elle méprise le personnage en disant nescio quo (je ne sais quel), c᾽est-à-dire qu᾽elle utilise nescio quis (je ne sais qui), pour montrer qu᾽il est ignoble820 et abject ; en effet s᾽il y a un nom, il y a aussi une dignité, comme : « et nos aliquod nomenque decusque gessimus » (mon nom aussi était connu, je jouissais d᾽un certain renom) et pour que celui qui a fait ça ne semble pas lui plaire, elle dit improbo (malhonnête)821.

nunc huc confugit te atque alios partum ut celaret suum. »
Maintenant elle s᾽est réfugiée ici pour cacher à toi et aux autres son accouchement ».

sed cum orata eius1394 reminiscor, nequeo quin lacrimem miser.
Mais quand je me rappelle son discours, je ne peux m᾽empêcher de pleurer, malheureux.

1 neqveo qvin lacrimem miser uidetur quasi destillantes fletus detergere. 2 neqveo deest continere. 3 sed cvm orata eivs bona παρένθεσις.
1 neqveo qvin lacrimem miser il semble presque essuyer ses pleurs qui coulent822. 2 neqveo il manque continere (contenir)823. 3 sed cvm orata eivs bonne parenthèse (παρένθεσις)824.

« quaeque Fors Fortuna est, inquit, nobis quae te hodie obtulit,
« Quelle que soit la Fortune, dit-elle, qui aujourd᾽hui t᾽a amené à nous,

1 qvaeqve fors fortvna precatio. 2 fors fortvna ὑφέν, id est subita fortuna. 3 Et fortuna in incerto, fors fortuna in bono ponitur. Vergilius «  si qua interea fortuna fuisset VergAen. 9, 41 » et ipse «  o Fors Fortuna TerPho. 841 ».
1 qvaeqve fors fortvna prière. 2 fors fortvna est un syntagme (ὑφέν)825, c᾽est-à-dire "fortune soudaine" (fortuna subita). 3 Et fortuna est mis quand on ne peut pas se prononcer, fors fortuna en bonne part. Virgile : « si qua inte<rea> fortuna fuisset » (au cas où pendant ce temps surviendrait un coup du sort) et Térence lui-même : « o Fors Fortuna ».

per eam te obtestamur1395 ambae, si ius, si fas est, uti
en son nom nous te prions toutes deux, si c᾽est juste, si c᾽est bon, que

1 per eam te o. oratorie inducuntur et pro tacentibus preces. 2 per eam te o. obtestatio est precatio cum mentione earum rerum, per quas petimus, ut «  per euersae, g., f. T. e. o. VergAen. 10, 45 ». 3 si ivs si fas est utrum hoc inuidiose an quasi femina, quae leges nesciat? 4 vti adversa eivs mire non crimen sed aduersa.
1 per eam te obtestamvr les prières sont mises en scène de façon oratoire aussi pour ceux qui se taisent. 2 per eam te obtestamvr une obtestatio826 (adjuration solennelle), c᾽est une prière avec la mention des choses "par lesquelles" (per quas) nous réclamons, comme : « per euersae, genitor, fumantia Troiae exscidia obtestor » (ô père, je t᾽en supplie, par les restes fumants de Troie). 3 si ivs si fas est est-ce que cela est dit de façon agressive, ou en quelque sorte en femme qui ne connaît pas les lois ? 4 vti adversa eivs remarquablement ce n᾽est pas crimen (crime) mais aduersa (l᾽adversité).

aduersa eius per te tecta tacitaque apud omnes sient.
son adversité, tu la couvres et qu᾽elle reste secrète aux yeux de tous.

1 per te tecta tacitaqve tecta si reducis, tacita si repudias sub alia excusatione. 2 An idem significant? an potius: neque re neque uerbo indices? 3 An tecta, ne uideantur, tacita, ne dicantur? 4 tecta tacitaqve tecta sint, ne ex odiis sciant, tacita, ne ipse indicet.
1 per te tecta tacitaqve tecta si tu la reprends, tacita si tu la répudies sous un autre prétexte. 2 Ou bien ces mots signifient-ils la même chose ? Est-ce plutôt : il faut que tu ne la dénonces ni dans les faits, ni dans les mots ? 3 Ou bien est-ce tecta pour que ce ne soit pas vu, tacita pour que ce ne soit pas dit ? 4 tecta tacitaqve qu᾽ils soient tecta pour que les disputes ne le fassent pas savoir, tacita, pour que lui-même ne dénonce pas827.

si umquam erga te animo esse amico sensisti eam, mi Pamphile,
Si jamais tu as senti qu᾽elle était envers toi d᾽un cœur aimant, cher Pamphile,

1 si vmqvam erga te Vergilius «  si concessa p., s. d. e. m. p. VergAen. 5, 798 ». Terentius sic «  si te in germani fratris d. l. s. h. t. s. s. f. m. TerAnd. 292 ». 2 si vmqvam erga te ab ante acta uita.
1 si vmqvam erga te Virgile : « si concessa peto, si dant ea moenia Parcae » (si je demande choses légitimes, si les Parques donnent ces remparts). Ainsi Térence : « si te in germani fratris dilexi loco siue haec te solum semper fecit maximi »828. 2 si vmqvam erga te argument tiré de la vie passée.

sine labore hanc gratiam te ut1396 sibi des pro illa nunc rogat.
elle requiert à présent pour elle que tu lui accordes cette grâce qui ne te coûte pas de peine.

vt sibi des pro i. subauditur gratia.
vt sibi des pro illa gratia est sous-entendu.

ceterum de reducenda id facias quod in rem sit tuam,
Du reste, pour ce qui est de la reprendre, fais selon tes moyens,

1 cetervm de redvcenda i. f. temptat etiam hoc persuadere, sed oratorie et uerecunde. 2 Et mire de reducenda dixit, non de respuenda. 3 qvod in rem sit nam reddenda dos erit.
1 cetervm de redvcenda id facias elle essaye même de lui persuader ceci, mais c᾽est fait de façon oratoire et avec retenue. 2 Et remarquablement elle dit de reducenda, et non de respuenda (pour ce qui est de la rejeter)829. 3 qvod in rem sit car la dot devra être rendue830.

parturire eam nec grauidam esse ex te solus conscius;
tu es le seul à savoir qu᾽elle est en train d᾽accoucher et qu᾽elle n᾽est pas enceinte de toi ;

solvs conscivs a possibili, nam hoc nomine ostendit tacere eum posse, quod conscius sit ipse solus.
solvs conscivs argument par le possible, car par ce nom831 elle montre qu᾽il peut se taire, parce qu᾽il est le seul (solus) à être au courant (conscius).

nam aiunt tecum post duobus concubuisse eam mensibus;
en effet on raconte qu᾽elle n᾽a partagé ta couche qu᾽au bout de deux mois ;

1 nam aivnt honestius aiunt pro ait dixit, nam quis aut scire aut dicere potuit nisi Philumena?164 2 Ergo recte: aiunt enim potius honestum est quam ait. 3 post dvobvs concvbvisse eam mensibvs post duobus simpliciter accipiendum, non post duos: est enim ἀντίπτωσις165. 4 post d. non166 statim ut nupta sit, sed postquam nupta est, post duos menses nuptiarum, ut sint quinque menses167. 5 Et hinc apparet eam ante menses duos, quam nuberet, uitiatam, quattuor mensibus cum Pamphilo fuisse, ex quibus duobus posterioribus amatam esse, tribus reliquis peregrinatum esse Pamphilum168. 6 An post duobus pro post duos, ut Plautus «  post principio denique PlautPers. 452 » et «  post paulo PlautTrin. 191/PlautPseud.310 »?
1 nam aivnt elle dit assez honnêtement aiunt pour ait (elle dit), car qui peut ou bien savoir ou bien parler, si ce n᾽est Philumène ?832 2 C᾽est donc correct : aiunt (on dit) est en effet plus honnête que ait (elle dit). 3 post dvobvs concvbvisse eam mensibvs il faut comprendre séparément post duobus, et non post duos : c᾽est en effet une antiptose (ἀντίπτωσις)833. 4 post dvobvs pas dès qu᾽elle a été mariée, mais après qu᾽elle a été mariée, après deux mois de mariage, de sorte qu᾽il y ait cinq mois. 5 Et de là il apparaît que deux mois avant qu᾽elle se marie elle a été violée, qu᾽elle est restée quatre mois avec Pamphile, parmi lesquels durant les deux derniers elle a été aimée, et durant les trois qui manquent Pamphile était en voyage834. 6 Est-ce post duobus pour post duos, comme Plaute « post principio denique » (après le début enfin) et « post paulo » (peu après) ?

tum, postquam ad te uenit, mensis agitur hic iam septimus.
ainsi, depuis qu᾽elle est venue à toi, nous en sommes à présent au septième mois.

quod te scire ipsa indicat res. nunc, si potis est, Pamphile,
Que tu saches cela, l᾽affaire en témoigne d᾽elle-même. Maintenant, si tu le peux, Pamphile,

qvod te scire ipsa indicat res "quia contristatus es et corripuisti te foras".
qvod te scire ipsa indicat res "parce que tu es très triste et que tu t᾽es rué dehors".

maxime uolo doque operam ut clam eueniat partus patrem
ce que je veux surtout, et ce à quoi je m᾽attache, c᾽est que l᾽accouchement ait lieu à l᾽insu du père

eveniat partvs Philumenae scilicet.
eveniat partvs celui de Philumène bien sûr.

atque adeo omnes; sed, si id fieri non potest quin sentiant,
et même de tout le monde ; mais, si l᾽on ne peut éviter qu᾽ils l᾽apprennent,

dicam abortum esse; scio nemini aliter suspectum fore
je dirai qu᾽il y a eu fausse couche ; je sais que personne n᾽ira autrement soupçonner

1 abortvm esse non est Latinum aborsa est sed abortum fecit. 2 abortvm esse deest natum uel factum. 3 Vel absolute, quomodo dicimus «  e re nata TerAd. 295 » uel quemadmodum dicimus «  ex te mihi orta est iniuria TerAd. 189 ». 4 dicam abortvm esse rationabiliter dixit: fit enim abortus etiam septimo mense sine pernicie feminae. 5 svspectvm fore suspicabile, suspiciosum.
1 abortvm esse aborsa est n᾽est pas latin, mais abortum fecit (elle a fait une fausse couche). 2 abortvm esse il manque natum ou factum835. 3 Ou absolument, de la façon dont nous disons « e re nata » ou de la façon dont nous disons « ex te mihi orta est iniuria »836. 4 dicam abortvm esse elle dit cela conformément à la raison : en effet il y a des fausses couches jusqu᾽au septième mois sans dommage pour la femme. 5 suspectum fore suspicabile (propre à être suspecté)837, suspiciosum (objet de soupçon).

quin, quod ueri simile est, ex te recte eum natum putent.
que, puisque c᾽est vraisemblable, l᾽enfant n᾽est pas vraiment de toi.

1 ex te recte evm natvm pvtent noue dixit natum abortum, quasi abortus nascatur. 2 natvm ergo pro facto conceptoque dixit.
1 ex te recte evm natvm pvtent il dit de façon inédite natum abortum, comme si un avorton (abortus) pouvait naître . 2 Il dit donc natvm pour factum conceptumque (fait et conçu)838.

de1397 continuo exponetur; hic tibi nihil est quicquam incommodi,
On l᾽exposera aussitôt ; et pour toi, il n᾽y a rien, aucun dommage,

1 continvo exponetvr169 cum alienus exponitur et non tollitur pro tuo. 2 Et mire necandi pueri non fit mentio, quia Pamphili filius inuenietur, cum ei etiam per patrem puellae poeta succurrit. 3 exponetvr ad mortem scilicet. 4 hic tibi nihil est qvicqvam incommodi ab utili. et est παρέλκον quartum. Vt «  nihil quicquam uidi laetius TerAd. 256 ».
1 continvo exponetvr lorsque l᾽enfant d᾽un autre est exposé et n᾽est pas reconnu pour tien839. 2 Et remarquablement il n᾽est pas fait mention de tuer l᾽enfant, parce qu᾽il se révèlera être le fils de Pamphile, lorsque le poète lui porte secours y compris par l᾽intermédiaire du père de la jeune fille840. 3 exponetvr à la mort bien sûr. 4 hic tibi nihil est qvicqvam incommodi argument par l᾽utile. Et c᾽est un pléonasme de quatrième catégorie (παρέλκον quartum). Comme « nihil quicquam uidi laetius »841.

et illi miserae indigne factam iniuriam contexeris ».
et tu auras couvert l᾽injure indignement faite à cette malheureuse ».

1 et illi miserae indigne ut non sit ἀνακόλουθον, et superiori uersui τὸ et addendum est, ut sit: et tibi nihil quicquam incommodi170. 2 factam inivriam mire iniuriam dixit, ut non condemnanda sit, sed dolenda. 3 et illi miserae i. conclusio per enumerationem: "et non laederis", inquit, "et proderis miserae".
1 et illi miserae indigne pour qu᾽il n᾽y ait pas d᾽anacoluthe (ἀνακόλουθον), il faut ajouter aussi au vers qui précède le mot (τὸ) et, pour faire : et tibi nihil quicquam incommodi. 2 factam inivriam il dit remarquablement iniuria, en sorte qu᾽on ne doive pas condamner Philumène, mais la plaindre. 3 et illi miserae indigne conclusion par énumeration : "à la fois tu ne seras pas lésé", dit-elle, "et tu rendras service à la malheureuse".

pollicitus sum, et seruare in eo certum est quod dixi fidem.
J᾽ai promis, et il est décidé que je tienne là-dessus parce que j᾽ai donné ma parole.

1 pollicitvs svm plus quam promisi. 2 qvod dixi fidem quod promisi.
1 pollicitvs svm c᾽est plus que promisi (j᾽ai promis). 2 qvod dixi fidem quod promisi (parce que j᾽ai promis).

nam de reducenda, id uero neutiquam honestum esse arbitror,
Quant à la reprendre, je pense que cela n᾽est d᾽une manière ou d᾽une autre pas juste,

id vero nevtiqvam honestvm esse arbitror neutiquam non est omnino negatiuum, sed aliquid assertionis habet; est enim neutiquam non nimis, non ualde.
id vero nevtiqvam honestvm esse arbitror neutiquam n᾽est pas tout à fait négatif, mais a quelque chose de l᾽assertion ; neutiquam signifie en effet non nimis (pas trop), non ualde (pas parfaitement)842.

nec faciam, etsi me amor grauiter consuetudoque eius tenet.
et je ne le ferai pas, même si mon amour et mon affection pour elle m᾽attachent fermement.

1 nec faciam bene addidit nec faciam: multa enim etiam inhonesta amore suscipimus171. 2 etsi me amor graviter consvetvdoqve hoc cum gemitu. 3 Et τὸ etsi non est complexiuum neque praepositiuum sed subiunctiuum, id est pro tametsi. 4 consvetvdoqve duas res contra honestum et utile ualidissimae. 5 Et bene tenet, non tenuit.
1 nec faciam il fait bien d᾽ajouter nec faciam : elles sont nombreuses en effet, les choses, même déshonorables, que nous acceptons par amour. 2 etsi me amor graviter consvetvdoqve cela avec un gémissement843. 3 Et le (τὸ) etsi n᾽est pas copulatif ni prépositif mais conjonctif de subordination, c᾽est-à-dire qu᾽il est mis pour tametsi (quand bien même)844. 4 consvetvdoqve deux choses très fortes contre l᾽honnête et l᾽utile845. 5 Et il fait bien de dire tenet et non tenuit (a attaché)846.

lacrimo, quae posthac futura est uita cum in mentem uenit
Je pleure, lorsqu᾽il me vient à l᾽esprit quelle sera ma vie après cela

1 lacrimo qvae posthac fvtvra est vita bene propensior in affectum est, ut uerisimile fiat potuisse reticere. 2 Et lacrimo non pendet ad superiora172, sed interpositis diu fletibus dixit. 3 lacrimo qvae posthac quae modo non uim pronominis continet sed querelae. 4 Et lacrimo sic dixit, ut Vergilius «  sic effata sinum l. i. o. VergAen. 4, 30 ». 5 Et est ordo: "lacrimo, cum in mentem uenit".
1 lacrimo qvae posthac fvtvra est vita c᾽est bien qu᾽il soit assez enclin à l᾽émotion, pour qu᾽il devienne vraisemblable qu᾽il ait pu se taire. 2 Et lacrimo n᾽est pas lié à ce qui précède, mais il dit cela après une longue interruption due aux larmes847. 3 lacrimo qvae posthac quae parfois n᾽a pas la valeur d᾽un pronom mais d᾽une plainte848. 4 Et il dit lacrimo comme Virgile : « sic effata sinum lacrimis impleuit obortis » (Ainsi dit-elle, et elle inonda les plis de son corsage de ses larmes qui jaillissaient)849. 5 Et l᾽ordre est : "lacrimo, cum in mentem uenit" (je pleure, lorsque me vient à l᾽esprit...)850.

solitudoque. o Fortuna! ut numquam perpetuo es bona1398!
et ma solitude. Ô Fortune ! Jamais tu n᾽es bonne tout du long !

1 o fortvna hic fortunam pro bona posuit. 2 vt nvmqvam perpetvo es bona legitur et data, nam et sic pro bona intellegitur necessario.
1 o fortvna ici il met fortuna pour bona fortuna (favorable)851. 2 vt nvmqvam perpetvo es bona on lit aussi data (donnée), en effet ainsi aussi il est nécessaire d᾽entendre bona852.

sed iam prior amor me ad hanc rem exercitatum reddidit,
Mais déjà un premier amour m᾽a rompu à ces choses.

quem ego tum consilio missum feci; idem1399 nunc huic1400 operam dabo.
Je l᾽ai envoyé valser avec raison ; à présent, je m᾽efforcerai d᾽agir de même avec celui-ci.

1 idem nvnc hvic "ego", id est quia idem ego173. si eidem, hoc est amori. 2 operam dabo difficultatem rei ostendit dicendo operam dabo.
1 idem nvnc hvic "moi", c᾽est-à-dire que c᾽est idem ego. Si c᾽est eidem cela renvoie à amor (amour)853. 2 operam dabo il montre la difficulté de la chose en disant operam dabo854.

adest Parmeno cum pueris; hunc minime est opus
Parménon arrive avec les esclaves ; il n᾽est vraiment nul besoin qu᾽il

1 adest parmeno cvm p. quia idem Parmeno est secretorum conscius, addidit cum pueris. 2 minime est opvs id est: "omnino non est opus".
1 adest parmeno cvm pveris parce que ce même Parménon est au courant de son secret, il ajoute cum pueris (avec les esclaves)855. 2 minime est opvs c᾽est-à-dire : "il est absolument non nécessaire".

in hac re adesse; nam olim soli credidi
assiste à cette affaire ; en effet autrefois je lui ai confié à lui seul

ea me abstinuisse in principio cum data est;
que je m᾽étais abstenu d᾽elle au début qu᾽on me l᾽avait donné en mariage ;

uereor, si clamorem eius hic crebro exaudiat,
Je crains, s᾽il venait à entendre ses cris répétés,

ne parturire intellegat; aliquo mihi est
qu᾽il ne comprenne qu᾽elle est en train d᾽accoucher ; c᾽est quelque part qu᾽il faut que je

aliqvo mihi est hinc ablegandvs dvm parit philvmena in tota comoedia nec cessabit, cum sit piger, nec resciscet, cum sit curiosus, Parmeno.
aliqvo mihi est hinc ablegandvs dvm parit philvmena et dans toute la comédie Parménon ne s᾽arrêtera pas, alors qu᾽il est paresseux, ni narrivera à savoir, alors qu᾽il est curieux.

hinc ablegandus, dum parit Philumena.
l᾽envoie loin d᾽ici, tandis que Philumène accouche.

dvm parit philvmena dum alias dummodo, alias donec; nunc quamdiu.
dvm parit philvmena dum signifie parfois dummodo (pourvu que), parfois donec (jusqu᾽à ce que) ; ici c᾽est quamdiu (aussi longtemps que)856.


Sommaire Notes

scaena quarta

Pamphilus Parmeno Sosia
415 | 416 | 417 | 418 | 419 | 420 | 421 | 422 | 423 | 424 | 425 | 426 | 427 | 428 | 429 | 430 | 431 | 432 | 433 | 434 | 435 | 436 | 437 | 438 | 439 | 440 | 441 | 442 | 443 | 444 | 445 | 446 | 447 | 448 | 449 | 450

Par.-ain tu tibi hoc incommodum euenisse iter?
Par.-Tu dis que ce voyage t᾽a été pénible ?

1 ain tv tibi hoc incommodvm evenisse iter alia ratio est currentis ad argumenta, alia actuum comicorum; sed perfecti poetae est ita seruire argumento, ut tamen spectator nouis delectationibus teneatur. nam in hac scaena, donec perueniat ad Pamphilum Parmeno, hoc εὕρημα inducitur, cum ostenditur, quid mali sit nauigatio. 2 ain tv tibi pro aisne tu. et sic aliquid iam dixisse magni in praecedenti oratione ex respondentis sermone monstratur174. 3 ain tv in scaena nascitur oratio175 aut in scaenam defertur.
1 ain tv tibi hoc incommodvm evenisse iter il y a une façon de faire qui est le propre des poètes qui courent vers l᾽intrigue, une autre qui est celle des actions comiques ; mais le propre du poète accompli c᾽est d᾽être au service de l᾽intrigue tout en ménageant au spectateur un plaisir neuf. En effet dans cette scène, le temps que Parménon arrive jusqu᾽à Pamphile, une trouvaille (εὕρημα) est mise en scène, lorsqu᾽il est montré quel mal c᾽est que la navigation857. 2 ain tv tibi pour aisne tu (dis-tu ?). Et ainsi on montre, par les paroles de celui qui donne la réplique, que quelque chose d᾽important a déjà été dit dans la conversation précédente. 3 ain tv la conversation naît sur la scène ou elle arrive sur scène858.

Sos.-non hercle uerbis, Parmeno, dici potest
Sos.-Ma foi, Parménon, les mots ne peuvent pas en dire

tantum quantum1401 re ipsa nauigare incommodum est.
autant, comme c᾽est chose pénible que de naviguer.

tantvm qvantvm re ipsa n. i. e. ἀνακόλουθον quartum: non enim intulit quantum. ut Vergilius «  quanto ille magis formas s. u. i. o., tam tu, nate, magis contende tenacia uincla VergGeo. 4, 411-412 ».
tantvm qvantvm re ipsa navigare incommodvm est anacoluthe (ἀνακόλουθον) de quatrième catégorie : en effet il n᾽a pas mis quantum859. Virgile « quanto ille magis formas se uertet in omnes, tam tu, nate, magis contende tenacia uincla » (plus il prendra de formes différentes, plus, mon fils, tu serreras l᾽étreinte de ses liens)860.

Pam.-itane est? Sos.-o fortunate, nescis quid mali
Pam.-C᾽est vrai ? Sos.-Ô bienheureux, tu ignores à quel mal

o fortvnate nescis qvid mali p. bene: maiore176 affectu dicens o fortunate, quam si responderet ita.
o fortvnate nescis qvid mali praeterieris c᾽est bien de dire o fortunate avec une émotion plus grande que s᾽il répondait ita (certes).

praeterieris, qui numquam es ingressus mare!
tu as échappé, toi qui jamais n᾽as embarqué en mer !

qvi nvmqvam es ingressvs mare proprie dixit ingressus; qui177 iam nauigauit egressus dicitur. sic Vergilius «  egressi optata potiuntur Troes harena VergAen. 1, 172 ».
qvi nvmqvam es ingressvs mare il dit ingressus au sens propre. On dit de celui qui a fini de naviguer qu᾽il a "débarqué" (egressus). Ainsi Virgile :«  egressi optata potiuntur Troes harena » (les Troyens débarquent, occupent la plage de sable tant désirée).

nam, alias ut omittam1402 miserias, unam hanc uide:
En effet, pour passer sur les autres misères, regarde seulement celle-là :

1 nam alias vt omittam miserias παράλειψις oratoria. 2 miserias nauigationis scilicet.
1 nam alias vt omittam miserias prétérition (παράλειψις) oratoire. 2 miserias celles de la navigation bien sûr.

dies triginta aut plus eo in naui fui,
ce sont trente jours ou plus que ça que j᾽ai passés sur le navire,

1 dies triginta accusatiuus casus plenum numerum et continuationem rei significat. 2 dies triginta avt plvs eo hoc exitiosum uel sine periculo uideri potest; sed uide quid addat. 3 avt plvs eo in navi absolute eo, ut alibi «  annos sexaginta natus es, aut plus eo, ut c. TerHeaut.62 ».
1 dies triginta le cas accusatif signifie le nombre entier et le caractère continu de l᾽affaire861. 2 dies triginta avt plvs eo cela peut sembler fatal ou sans danger ; mais voyez ce qu᾽il ajoute862. 3 avt plvs eo in navi construction absolue de eo, comme ailleurs « annos sexaginta natus es, aut plus eo, ut conicio » (tu es âgé de soixante ans ou plus que ça, à ce que je conjecture)863.

cum interea mortem semper1403 exspectabam miser;
et pendant tout ce temps j᾽attendais à chaque instant la mort, misérable,

1 mortem s. e. dura est exspectatio mali. Vergilius «  i. p. e. VergAen. 6, 614 ». 2 semper m. exspectabam id est omnibus horis cum continuatione triginta dierum.
1 mortem semper exspectabam l᾽attente du malheur est pénible. Virgile : « inclusi poenam exspectant » (prisonniers, ils attendent leur châtiment).864. 2 semper mortem exspectabam c᾽est-à-dire à chaque heure pendant la durée de trente jours865.

ita usque aduersa tempestate usi sumus.
tellement sans discontinuer nous avons eu un temps contraire.

ita vsqve usque uel diu uel ualde.
ita vsqve usque signifie ou bien diu (longtemps) ou bien ualde (beaucoup).

Par.-odiosum. Sos.-haud clam me est; denique hercle aufugerim
Par.-Odieux. Sos.-C᾽est loin d᾽être un secret pour moi ; finalement, par Hercule, je pourrais m᾽enfuir

1 odiosvm esse scilicet ita in mari dies triginta. 2 Et nomen posuit pro aduerbio: odiosum pro odiose. 3 havd clam me est λιτότης pro: "ego maxime intellego, quam odiosum sit". nam qui iungunt et sic legunt, errant et non intellegunt. 4 avfvgerim coniunctiuum modum posuit pro indicatiuo futuro uel, ut alii dicunt, promissiuo. 5 avfvgerim sic ueteres, quod nos fugerim.
1 odiosvm d᾽être en mer pendant trente jours bien sûr. 2 Et il met un nom pour un adverbe : odiosum pour odiose866. 3 havd clam me est litote (λιτότης) pour : "moi je comprends très bien cela, combien c᾽est détestable"867. En effet ceux qui relient et lisent ainsi se trompent et ne comprennent pas868. 4 avfvgerim le mode subjonctif est mis pour l᾽indicatif futur ou bien, comme certains l᾽appellent, le promissif (promissiuum)869. 5 avfvgerim ainsi disent les Anciens ; pour nous, c᾽est fugerim.

potius quam redeam, si eo mihi redeundum sciam.
plutôt que d᾽y retourner, si je savais que je devais y retourner.

Par.-olim quidem te causae impellebant leues
Par.-Autrefois en vérité c᾽était de faibles raisons qui te poussaient

1 olim qvidem te cavsae impellebant leves mire in seruum fugitiuum, qui ob uitium eiusmodi, non ob causam fugiat. 2 Et bene leues dixit: haec enim non est leuis.
1 olim qvidem te cavsae impellebant leves étonnamment à l᾽égard d᾽un esclave fugitif, qui fuit pour un vice de la sorte, pas pour quelque raison870. 2 Et il dit bien leues : en effet cette raison-ci n᾽est pas légère (leuis).

quod nunc minitare facere ut faceres, Sosia.
à faire ce que tu menaces de faire à présent, Sosie.

1 qvod nvnc minitare facere vt faceres ordo: "olim quidem te causae impellebant leues, Sosia, ut faceres, quod nunc facere minitaris", hoc est "hac occasione". et in Andria «  sic ait recusanti periurium seruo Mysis noua <nunc> r. i. t. i. TerAnd. 730 ». 2 facere vt faceres facere... faceres comicum est et Terentianum.
1 qvod nvnc minitare facere vt faceres ordre : "olim quidem te causae impellebant leues, Sosia, ut faceres, quod nunc facere minitaris" (autrefois en vérité c᾽était de faibles raisons qui te poussaient, Sosie, à faire ce qu᾽à présent tu menaces de faire), c᾽est-à-dire que c᾽est en raison de la circonstance que voici. Et dans L᾽Andrienne Mysis dit ainsi à l᾽esclave qui refuse de faire un parjure : « noua religio in te istaec ». 2 facere vt faceres facere... faceres est comique et propre à Térence.

– sed Pamphilum ipsum uideo stare ante ostium.
– Mais je vois Pamphile en personne qui se tient devant la porte.

sed pamphilvm ipsvm video "a quo missus sum"178. uel dominum, ut Graeci dicunt αὐτόν .
sed pamphilvm ipsvm video "par qui je suis envoyé". Ou bien "le patron" (dominus), comme les Grecs disent ( αὐτός )871.

ite intro; ego hunc adibo, si quid me uelit.
Filez à l᾽intérieur ; moi je vais aller le trouver, pour voir s᾽il attend quelque chose de moi.

ego hvnc adibo uel noua curiositate ait Parmeno.
ego hvnc adibo aussi bien Parménon parle poussé par une curiosité nouvelle.

ere, etiam tu hic stas? Pam.-equidem1404 te exspecto. Par.-quid est?
Maître, tu es encore là ? Pam.-Et c᾽est précisément toi que j᾽attends. Par.-Qu᾽y a-t-il ?

1 eqvidem te e.179 bene excepit Pamphilus Parmenonem, ut uideatur uera dicturus. 2 et qvidem te e. apparet Pamphilum Parmenonis absentiam desiderare eo quod nunc prior Parmenonem alloquitur.
1 eqvidem te exspecto Pamphile met bien Parménon à part, pour donner l᾽impression d᾽être sur le point de dire la vérité. 2 et qvidem te exspecto il apparaît que Pamphile regrettait l᾽absence de Parménon, parce que, en l᾽occurrence, il lui adresse la parole le premier872.

Pam.-in arcem transcurso opus est. Par.-cui homini? Pam.-tibi.
Pam.-Il faut vite courir à la ville haute. Par.-Qui ? Pam.-Toi.

1 in arcem transcvrso opvs est ostendit quam longe sit, cum in arcem dicat. 2 Et bene in arcem. Minerua condidit180. 3 Et transcvrso pro transcurrere. 4 cvi homini haec uerba cum sua pronuntiatione uim recusationis in se continent. 5 cvi homini cum recusatione pronuntiandum. et est pigri responsio laborem ad alium transferentis.
1 in arcem transcvrso opvs est il montre comme c᾽est loin alors qu᾽il dit in arcem. 2 Et c᾽est bien in arcem. C᾽est Minerve qui l᾽a fondée873. 3 Et transcvrso pour transcurrere (aller au pas de course)874. 4 cvi homini ces mots avec leur prononciation contiennent en eux le sens d᾽un refus875. 5 cvi homini doit être prononcé avec un refus. Et c᾽est la réponse d᾽un paresseux qui repasse le travail à un autre.

Par.-in arcem? quid eo? Pam.-Callidemidem hospitem
Par.-A la ville haute ? Pourquoi là ? Pam.-Callidemidès, mon hôte

in arcem pronuntia, ut ostendat, quam longe sit in arcem transcurrere181.
in arcem prononciation pour montrer comme c᾽est long de courir à la ville haute.

Myconium, qui mecum una uectus est, conueni.
de Mykonos, qui a voyagé avec moi, va le trouver.

qvi mecvm v. v. e. apparet eum cum eo aliquid negotii habere, cum dicit qui mecum una u. e.
qvi mecvm vna vectvs est il apparaît qu᾽il en affaire avec lui, puisqu᾽il dit qui mecum una uectus est.

Par.-perii! uouisse hunc dicam si saluus domum
Par.-Je suis mort ! Je dirais qu᾽il a juré, si jamais sain et sauf à la maison,

vovisse hvnc dicam si salvvs d. r. facete dixit: more enim hoc fit eorum, qui longis itineribus maris periclitaturi uouent aliquid, si peruenerint. et conuenit hoc Pamphilo, quem supra male nauigasse audierat.
vovisse hvnc dicam si salvvs domvm redisset il le dit avec esprit : c᾽est fait selon l᾽habitude de ceux qui, sur le point de s᾽exposer au danger lors de longs voyages en mer, font vœu de quelque chose s᾽ils arrivent à bon port. Et cela convient à Pamphile, qu᾽il avait entendu dire plus haut qu᾽il avait fait mauvais voyage.

redisset umquam, ut me ambulando rumperet.
il revenait un jour, de me tuer à la course.

Pam.-quid cessas? Par.-quid uis nuntiem1405? an conueniam modo?
Pam.-Alors, tu y vas ? Par.-Que veux-tu que j᾽annonce ? Ou dois-je juste aller le trouver ?

1 qvid vis nvntiem an conveniam modo non enim mandauerat quicquam, qui sine causa mittebat oblitus bene dissimulare ut qui mentiuntur. 2 Et sic pronuntiandum an conueniam modo, ut reprehendere dominum Parmeno uideatur. 3 an conveniam modo εἰρωνικῶς dixit, nam non hoc interrogantis simpliciter.
1 qvid vis nvntiem an conveniam modo en effet il n᾽avait pas donné d᾽ordre, lui qui envoyait sans raison, ayant oublié de bien dissimuler à l᾽instar de ceux qui mentent. 2 Et il faut prononcer an conueniam modo de sorte que Parménon semble blâmer son maître. 3 an conveniam modo il le dit de façon ironique (εἰρωνικῶς), car ce n᾽est pas la façon de dire de l᾽interrogation simple876.

Pam.-immo quod institui1406 me hodie conuenturum eum,
Pam.-Non, que ce que j᾽ai convenu, que je le retrouverais aujourd᾽hui,

1 immo qvod institvi me hodie deest nuntia, ut sit: immo nuntia. et sumitur a superiore sententia qua dixit «  quid uis nuntiem? TerHec. 436 ». 2 immo qvod institvi me hodie apparet eum hanc conquisitam et uix corrasam inuenisse causam.
1 immo qvod institvi me hodie il manque nuntia, pour faire : immo nuntia (pas du tout, annonce). Et cela se déduit de la phrase précédente où il a dit « quid uis nuntiem ? ». 2 immo qvod institvi me hodie il apparaît qu᾽il invente cette raison recherchée et recueillie avec peine.

non posse, ne me frustra illi exspectet. uola.
n᾽est pas possible, afin qu᾽il ne m᾽attende pas en vain. Vole.

1 vola ἠθικῇ ὑπερβολῇ usus est: "ita curras, ut uolare magis quam currere uidearis". 2 Et transcurrere iusserat, nunc adiecit imperio: iam non curre sed uola.
1 vola il utilise une hyperbole conforme au caractère (ἠθικὴ ὑπερβολή)877 : il faut que tu coures de sorte que tu sembles plus voler que courir. 2 Et il avait ordonné d᾽aller au pas de course (transcurrere), maintenant il ajoute à l᾽ordre : à présent, ne cours plus (curre), mais vole (uola).

Par.-at non noui hominis faciem. Pam.-at faciam ut noueris:
Par.-Mais je ne connais pas l᾽apparence de l᾽homme. Pam.-Mais je vais te le faire connaître :

1 at non novi hominis faciem moralis expressio pigritiae in tot excusationibus posita est. 2 at faciam vt noveris stomachose pronuntiandum at, quod et Pamphilus repetit dicens at182.
1 at non novi hominis faciem une expression conforme à son caractère de paresseux est mise dans l᾽ensemble de l᾽excuse. 2 at faciam vt noveris il faut prononcer avec humeur at, parce que Pamphile fait même une répétition, lorsqu᾽il dit at.

magnus, rubicundus, crispus, caesius, crassus1407,
Grand, rougeaud, frisé, les yeux vairons, gros,

1 magnvs rvbicvndvs crispvs caesivs crassvs c. f. properatio183, ἀθροισμός. 2 Et aceruo sine coniunctiuo est usus. 3 magnvs rvbicvndvs c. imperite Terentium de Myconio crispum dixisse aiunt, cum Apollodorus caluum dixerit, quod proprium Myconiis est, ut Lucilius «  Myconi calua omnis iuuentus LucilH. 135 Charpin »; unde etiam prouerbium Graecum μία Μύκονος . sed ego Terentium puto scientem facetius Myconium crispum dixisse184. 4 caesivs glaucis oculis. 5 Quasi felis oculos habens et glaucos.
1 magnvs rvbicvndvs crispvs caesivs crassvs cadaverosa facie précipitation, accumulation (ἀθροισμός). 2 Et il utilise un fatras sans conjonction. 3 magnvs rvbicvndvs crispvs on dit que Térence a dit crispus maladroitement au sujet de l᾽habitant de Mykonos, alors qu᾽Apollodore a dit caluus (chauve), ce qui est le propre des habitants de Mykonos. Lucilius : « Myconi calua omnis iuuentus » (toute la chauve jeunesse de Mykonos) ; de là aussi le proverbe grec μία Μύκονος (la seule Mykonos). Mais moi je pense que c᾽est en connaissance de cause que Térence a dit de l᾽habitant de Mykonos qu᾽il était frisé (crispus), de manière assez spirituelle. 4 caesivs aux yeux glauques. 5 Ayant en quelque sorte des yeux de chat et glauques.

cadauerosa facie. Par.-di illum perdiunt!
un visage cadavérique. Par.-Que les dieux le perdent !

1 cadaverosa facie subliuida ac de persona 185 rubore et liuore; rubicundi enim et crassitatem et crassam faciem186 saepe habent, quod est proprium cadaueris. 2 Potest et pulposa intellegi et crassa quasi cadauerosa; caro enim dicta est eo, quod careat anima; 3 Et caro proprie mortuorum dicitur. Vergilius «  et corpora luce carentum VergGeo. 4, 255 ». unde carnifices dicti, quod carnes ex homine faciant. pulpa uero proprie, quae manducatur, eo quod pulsetur et concidatur. 4 Potest et R pro D poni, ut caro sit dicta quasi cado, ut Vergilius «  belloque caduci Dardanidae VergAen. 6, 481-482 », quod iam scilicet sine anima sint et cadant187. 5 di illvm perdvint more pigrorum male optat ei, propter quem mittitur.
1 cadaverosa facie un peu livide et avec une couleur rouge et bleue de masque mortuaire ; les personnes rougeaudes ont souvent en effet cette épaisseur et cette face épaisse, qui est propre au cadavre. 2 On peut aussi comprendre pulposa (charnue) et crassa (épaisse), pour ainsi dire cadauerosa ; caro (chair) vient du fait que l᾽on manque (carere) de souffle878 ; 3 et on parle au sens propre de la chair (caro) des cadavres. Virgile : « et corpora luce carentum » (et les corps de ceux qui sont privés de lumière)879. De là le nom de carnifex (bourreau), parce que c᾽est en "chair" (caro) que les bourreaux "transforment" (facere) les hommes880. Quant à pulpa, au sens propre de viande qu᾽on mastique, cela vient de ce qu᾽elle est "malmenée" (pulsare) et coupée en morceaux881. 4 R peut aussi être mis pour D, de sorte que caro (chair) soit en quelque sorte dit pour cado (je succombe)882, comme Virgile : « belloque caduci Dardanidae » (et les Dardanides tombés au combat), parce que déjà bien sûr ils sont sans vie et il "tombent" (cadant)883. 5 di illvm perdvint selon l᾽habitude des paresseux, il souhaite du malheur à celui à cause duquel on l᾽envoie.

quid si non ueniet? maneamne usque ad uesperum?
Et s᾽il ne vient pas ? Est-ce que je reste jusqu᾽au soir ?

qvid si non veniet omnia dicit, ne eat.
qvid si non veniet il dit tout ce qui peut lui éviter d᾽y aller.

Pam.-maneto. curre. Par.-non queo; ita defessus sum.
Pam.-Reste, oui. Cours. Par.-Je ne peux pas ; je suis tellement crevé.

1 maneto cvrre etiam Pamphilus tamquam de industria perseuerat. 2 non qveo ita defessvs svm hoc in gestu et spectaculo plus est, nam incessu et actu exprimit lassitudinem.
1 maneto cvrre même Pamphile pour ainsi dire persévère exprès. 2 non qveo ita defessvs svm c᾽est davantage dans la gestuelle et dans le spectacle, car il exprime la fatigue dans sa démarche et dans son jeu.

Pam.-illic abit1408. quid agam infelix? prorsus nescio
Pam.-Il est parti. Que faire, infortuné ? Je ne sais pas du tout

1 illic abit quasi dicat licet iam loqui. 2 ille abiit quasi cum difficultate completam rem ostendit hoc dicto.
1 illic abit comme s᾽il disait licet iam loqui (il est permis à présent de parler). 2 ille abiit c᾽est avec une sorte de peine qu᾽il montre que l᾽affaire est décidée par ces mots.

quo pacto hoc celem quod me orauit Myrrina,
de quelle manière cacher ce dont m᾽a prié Myrrhina,

suae gnatae partum; nam me miseret mulieris.
l᾽accouchement de sa fille ; en effet, la femme me fait pitié.

svae gnatae partvm ἐφεξήγησις.
svae gnatae partvm explication détaillée (ἐφεξήγησις).

quod potero faciam, tamen ut pietatem colam;
Je ferai ce que je pourrai, mais de sorte à respecter la piété filiale ;

1 qvod potero faciam id est: celabo quantum potero. 2 An quasi proiciens curas et fessus angore dixit quod potero faciam, id est: "si non potero, cedam amori"? 3 Et rursum tamquam pietatis admonitus adiecit exceptionem tamen ut pietatem colam: seruat enim in illo amorem poeta, cuius non paenitebit re cognita et errore sublato. 4 qvod potero faciam id est: "amori obsequar"; nam misericordia mulieris de amore descendit. 5 qvod potero hoc dictum apparet defectus esse, non uirtutis. 6 tamen vt pietatem colam recordatus est matrem laesam esse ab uxore; hoc enim credit et ideo se ad exceptionem reuocauit: ita se amori cedere oportere, ut nec obliuiscatur omnino pietatis. sunt tamen qui manente eadem sententia totum hoc iungunt quod potero faciam tamen ut pietatem colam, hoc est: "in quantum potero, dabo operam aduersus amorem, ut omisso eo pietatem colam". et subiungitur causa. 7 Et bene in eam causam contulit necessitatem non reducendae uxoris, quae inuenietur nulla esse188. 8 tamen vt pietatem colam deest ita, ut sit: "ita ut pietatem colam"189. dixerat enim quod potero et ideo addidit exceptionem tamen ut pietatem colam, id est: "non sum oblitus et matris". 9 tamen pro ita tamen. 10 tamen pro dumtaxat 190.
1 qvod potero faciam c᾽est-à-dire : "je le tiendrai caché, tant que je le pourrai". 2 Dit-il quod potero faciam comme s᾽il jetait au loin les soucis et fatigué par le tourment, c᾽est-à-dire : "si je peux pas, je ne résiterai pas à mon amour" ? 3 Et de nouveau, pour ainsi dire, rappelé à la piété, il ajoute une réserve : tamen ut pietatem colam : le poète en effet laisse subsister l᾽amour qu᾽il y a en lui, ce dont il ne se repentira pas une fois l᾽affaire connue et la méprise abolie. 4 qvod potero faciam c᾽est-à-dire : "je me plierai à mon amour" ; en effet la pitié pour la femme vient de l᾽amour. 5 qvod potero il apparaît que cette parole tient de la lâcheté, non du courage. 6 tamen vt pietatem colam il se rappelle que sa mère a été offensée par son épouse ; il le croit en effet, et ainsi il se rappelle à la réserve : il convient qu᾽il cède à son amour, mais en sorte de ne pas oublier tout à fait la piété. Cependant il y a des gens qui, la phrase restant la même, joignent tout ceci : quod potero faciam tamen ut pietatem colam (cependant autant que je le pourrai je m᾽efforcerai d᾽observer la piété), c᾽est-à-dire : "autant que je le pourrai, je m᾽efforcerai de résister à mon amour, de sorte que, l᾽ayant oublié, j᾽observerai la piété"884. Et la cause vient ensuite. 7 Et c᾽est bien qu᾽il résume à cette raison la nécessité de de pas reprendre son épouse, laquelle se révèlera nulle et non avenue. 8 tamen vt pietatem colam il manque ita, pour faire : ita ut pietatem colam (de sorte à observer la piété). Il avait dit en effet quod potero et ainsi il ajoute une réserve tamen ut pietatem colam, c᾽est-à-dire : "je n᾽oublie pas non plus ma mère". 9 tamen pour ita tamen (ainsi pourtant). 10 tamen pour dumtaxat (juste en se bornant à).

nam me parenti potius quam amori obsequi
car obéir à ma mère plutôt qu᾽à mon amour,

1 nam me parenti potivs qvam amori amori plus quam uxori, quia dixerat «  quod potero faciam TerHec. 447 ». 2 Et hoc est quod dixerat «  quod potero faciam TerHec. 447 ».
1 nam me parenti potivs qvam amori amor est plus fort que uxor885, parce qu᾽il avait dit « quod potero faciam ». 2 Et c᾽est ce voulait dire « quod potero faciam ».

oportet. – atat! eccum Phidippum et patrem
c᾽est ce qui convient. – Houla ! Voici Phidippe et mon père,

atat interiectio est conterriti et turbati.
atat c᾽est une interjection de terreur et de trouble.

uideo. horsum pergunt. quid dicam his incertus sum.
je les vois. Ils viennent par ici. Que leur dire, je ne sais trop.

horsvm pergvnt modo pergunt pro eunt, alias perseuerant.
horsvm pergvnt parfois pergunt vaut pour eunt (ils vont), ailleurs pour perseuerant (ils continuent).


Sommaire Notes

scaena quinta

Pamphilus Phidippus Laches
451 | 452 | 453 | 454 | 455 | 456 | 457 | 458 | 459 | 460 | 461 | 462 | 463 | 464 | 465 | 466 | 467 | 468 | 469 | 470 | 471 | 472 | 473 | 474 | 475 | 476 | 477 | 478 | 479 | 480 | 481 | 482 | 483 | 484 | 485 | 486 | 487 | 488 | 489 | 490 | 491 | 492 | 493 | 494 | 495 | 496 | 497 | 498 | 499 | 500 | 501 | 502 | 503 | 504 | 505 | 506 | 507 | 508 | 509 | 510 | 511 | 512 | 513 | 514 | 515

La.-dixtin dudum illam dixisse se exspectare filium?
La.-N᾽as-tu pas dit tout à l᾽heure qu᾽elle a dit qu᾽elle attendait mon fils ?

1 dixtin dvdvm illam dixisse se exspectare filivm facete principium interrogantis est, ita ut sciat quid sibi responsurus sit, quem interrogat: illaturus est enim argumentum per ἐπαγωγήν. 2 dixtin dvdvm illam quia dixerat «  sancte adiurat non posse illic P. s. a. p. TerHec. 268-269 ». 3 dixtin dvdvm captiosa interrogatione coepit dicturus «  uenisse aiunt: redeat TerHec. 452 ».
1 dixtin dvdvm illam dixisse se exspectare filivm ce début avec esprit est le propre de quelqu᾽un qui interroge de façon à savoir ce que lui répondra celui qu᾽il interroge : il va en effet produire un argument à travers un raisonnement par induction (ἐπαγωγήν). 2 dixtin dvdvm illam parce qu᾽il avait dit « sancte adiurat non posse illic Pamphilo se absente perdurare »886. 3 dixtin dvdvm il commence par une interrogation captieuse alors qu᾽il va dire « uenisse aiunt : redeat ».

Ph.-factum. La.-uenisse aiunt; redeat. Pam.-causam quam dicam patri
Ph.-C᾽est un fait. La.-On dit qu᾽il est arrivé ; qu᾽elle revienne. Pam.-Une raison à donner à mon père

factvm id est: "dixisse illam" aut "me". et deest est ut sit: factum est.
factvm c᾽est-à-dire : "qu᾽elle ait dit" (dixisse illam) ou "que j᾽aie dit" (me)887. Et il manque est pour faire : factum est.

quamobrem non reducam nescio. La.-quem ego hic audiui loqui?
pour laquelle je ne la reprenne pas, je n᾽en connais pas. La.-Mais qui ai-je entendu ici parler ?

1 qvamobrem non redvcam nescio habet causam, sed non uult ueram dicere causam et praeterea non uult cum inuidia matris suae loqui, si in illam conferat, ut uxorem non reducat domum. 2 qvem ego hic avdivi loqvi ut solet, primo personas inducit loquentes secum; ipsas deinde conuenire inuicem, ut alibi «  quis hic loquitur? Mysis, salue! TerAnd. 258 ».
1 qvamobrem non redvcam nescio il connaît la raison, mais il ne veut pas dire la vraie raison, et en outre il ne veut pas parler avec de la haine pour sa mère en la rendant responsable du fait qu᾽il ne ramène pas son épouse à la maison888. 2 qvem ego hic avdivi loqvi comme d᾽habitude, il présente d᾽abord des personnages se parlant à eux-mêmes ; et il fait que ces mêmes personnages ensuite se rencontrent entre eux, comme ailleurs : « quis hic loquitur ? Mysis, salue ! »889.

Pam.-certum obfirmare est uiam me quam decreui persequi.
Pam.-Il est certain que je m᾽obstinerai à poursuivre dans la voie que j᾽ai décidée.

1 certvm obfirmare est aduersus omnia obstinate agere, uel contra omnes. 2 obfirmare est viam me qvam decrevi perseqvi id est: ut matri potius quam uxori morem gerat.
1 certvm obfirmare est agir avec obstination contre tout, ou contre tous. 2 obfirmare est viam me qvam decrevi perseqvi c᾽est-à-dire : d᾽obéir à sa mère plutôt qu᾽à son épouse.

Ph.-ipsus est de quo hoc agebam tecum. Pam.-salue, mi pater.
Ph.-Voici justement celui dont je m᾽entretenais avec toi. Pam.-Salut, mon père.

La.-gnate mi, salue. Ph.-bene factum te aduenisse, Pamphile;
La.-Mon fils, salut. Ph.-C᾽est bien que tu sois arrivé, Pamphile ;

et1409 adeo quod maximum est saluum atque ualidum. Pam.-creditur.
et, c᾽est là le principal, sain et sauf. Pam.-On te l᾽accorde.

1 et adeo qvod maximvm est salvvm atqve validvm ordo: primum aduenisse, deinde saluum, postremo ualidum. 2 salvvm atqve validvm αὔξησις ad salutem: ualidus namque est robustus et habitior corpore. 3 creditvr minus blande respondet de repudio locuturus. 4 qvod maximvm est legitur et quod maxime est.
1 et adeo qvod maximvm est salvvm atqve validvm ordre : d᾽abord aduenisse, ensuite saluum, enfin ualidum. 2 salvvm atqve validvm amplification (αὔξησις) en vue de souligner le salut : ualidus c᾽est en effet "robuste" et "assez bien portant physiquement". 3 creditvr il répond moins gentiment puisqu᾽il est sur le point de parler de la répudiation890. 4 qvod maximvm est on lit aussi quod maxime est.

La.-aduenis modo? Pam.-admodum. La.-cedo, quid reliquit Phania
La.-Tu arrives juste ? Pam.-Tout juste. La.-Allons, qu᾽a donc laissé Phania,

1 advenis modo difficile inuenitur praesentis temporis modo. atque ut ostendat esse momentum etiam temporis praesentis, dixit admodum, quod est nimis. 2 advenis modo Vergilius «  uigilasne, deum gens, A.? VergAen. 10, 228 ». 3 admodvm excusatio, cur adhuc non uiderit patrem. 4 cedo qvid reliqvit phania consobrinvs noster utrum iactanter Laches hereditatem loquitur praesente socero, ut illum cupidiorem faciat ad reuocandam filiam – et fit saepe hoc, ut ex alio principio peruenire quaeramus ad ea quae uolumus dicere – an ideo, ut sciat rem, etiam in diuitias suas cupidiorem socerum redditurus?
1 advenis modo on trouve difficilement la construction modo avec le temps présent. Et pour montrer que c᾽est le moment même de l᾽instant présent, il répond admodum (à l᾽instant même), ce qui signifie nimis (parfaitement)891. 2 advenis modo Virgile : « uigilasne, deum gens, Aenea ? » (Veilles-tu, rejeton des dieux, Énée ?)892. 3 admodvm excuse de ce que, jusque là, il n᾽est pas allé voir son père. 4 cedo qvid reliqvit phania consobrinvs noster est-ce que, si Lachès parle avec vantardise de son héritage893 en présence du beau-père, c᾽est pour le rendre plus désireux de rappeler sa fille – cela arrive souvent, que nous cherchions à en venir à ce que nous voulons dire à partir d᾽un début autre – ou bien est-ce pour savoir l᾽affaire dans le but de rendre le beau-père plus envieux de ses propres biens894 ?

consobrinus noster? Pam.-sane hercle homo uoluptati obsequens
notre cousin ? Pa.-Vraiment, ma foi, l᾽homme, fut tout dévoué à son plaisir

1 consobrinvs noster quasi sororinus 191. 2 Sobrini sunt de duabus sororibus, consobrini de fratre ac sorore et hanc propinquitatem Terentius frequentat morientium aut heredum192. 3 consobrinvs noster cum ex fratre natus est alter et alter ex sorore, consobrini, cum ex fratribus, patrueles dicuntur. 4 sane hercle h. v. o. id est satis, ualde; nam qui sanus, et ualidus est. 5 volvptati o. f. d. v. contra facit Pamphilus disiurgium uolens, nam nihil dicit uel parum relictum.
1 consobrinvs noster pour ainsi dire sororinus895. – 2 Les sobrini sont issus de deux sœurs, les consobrini d᾽un frère et d᾽une sœur896. – et ce degré de parenté, Térence l᾽utilise beaucoup parmi les gens qui meurent ou qui héritent897. 3 consobrinvs noster lorque l᾽un est né du frère, et l᾽autre de la sœur, on appelle les cousins consobrini, lorsqu᾽ils sont nés de deux frères, on les appelle patrueles. 4 sane hercle homo volvptati obsequens c᾽est-à-dire satis (assez), ualde (grandement) ; car qui est sanus (bien portant), est aussi ualidus (fort)898. 5 volvptati obsequens fvit dvm vixit Pamphile réagit à rebours, souhaitant écourter le débat, car il veut dire qu᾽il n᾽a rien laissé ou trop peu.

fuit, dum uixit; et qui sic sunt haud multum heredem iuuant,
tant qu᾽il vécut ; et ceux qui se comportent de la sorte ne favorisent pas beaucoup l᾽héritier,

havd mvltvm heredem193 parum consulunt heredi.
havd mvltvm heredem ils veillent peu aux intérêts de l᾽héritier.

sibi uero hanc laudem relinquunt: « uixit, dum uixit, bene ».
mais ils laissent cet éloge d᾽eux : « Tant qu᾽il a vécu, il a bien vécu ».

1 sibi vero h. r. bene et facete: nihil heredi relinquunt, sibi uero relinquunt. 2 vixit dvm vixit bene πλοκή: unum uixit aliud significat et alterum uixit aliud. 3 vixit dvm vixit bene sententia est hortantis ad delicate uiuendum.
1 sibi vero hanc relinqvvnt c᾽est bien dit, et avec esprit : ils ne laissent rien à l᾽héritier, mais ils laissent à eux-mêmes899. 2 vixit dvm vixit bene répétition (πλοκή)900 : le premier uixit a une signification, l᾽autre uixit en a une autre. 3 vixit dvm vixit bene sentence pour exhorter à vivre voluptueusement.

La.-tum tu igitur nihil attulisti huc plus una sententia?
La.-Alors tu n᾽as donc rien rapporté ici de plus qu᾽une formule ?

1 tvm tv igitvr n. a.194 uixit dum uixit bene scilicet: hoc enim reliquit. 2 vna sententia expressit animum auari senis.
1 tvm tv igitvr nihil attvlisti uixit dum uixit bene implicitement : voilà ce qu᾽il a laissé. 2 vna sententia il montre l᾽esprit d᾽un vieillard cupide.

Pam.-quicquid est id quod reliquit, profuit. La.-immo offuit;
Pam.-Quoi qu᾽il ait pu laisser, cela a servi. La.-A desservi, plutôt ;

1 qvicqvid est i. q. r. p. quicquid est ad paruitatem refertur, ut «  aut enim id mihi satis est, quod est de me opinionis, quicquid est CicCaecil. 36 » Cicero. 2 qvicqvid est id qvod nullum in hoc sene fuit doloris officium, antequam sciret aliquid relictum. 3 profvit id est: pro nobis fuit, ac per hoc: nostrum est; potest enim ipse profuisse, potest res eius. 4 immo o. morem eorum expressit, quibus relinquitur: qui cum audierint sibi esse aliquid relictum, tunc tristes se fingunt adeo.
1 qvicqvid est id qvod reliqvit profvit quicquid est renvoie à une petite quantité, comme dans Cicéron : « aut enim id mihi satis est, quod est de me opinionis, quicquid est » (ou bien en effet l᾽opinion que l᾽on a de moi doit me suffire, quelle qu᾽elle soit). 2 qvicqvid est id qvod ce vieillard ne marque aucun des devoirs que l᾽on doit à la douleur avant d᾽être sûr que quelque chose lui revient. 3 profvit c᾽est-à-dire : pro nobis fuit (est à notre avantage), et partant : nostrum est (nous appartient) ; ce peut être lui, en effet, qui a rendu service (profuisse), ce peut être son argent901. 4 immo offvit il montre le caractère de ceux à qui on fait des legs : une fois qu᾽ils ont entendu que quelque chose leur est laissé, alors ils se modèlent un air de tristesse.

nam illum uiuum et saluum uellem. Ph.-impune optare istuc licet;
car je voudrais qu᾽il fût vivant et en bonne santé. Ph.-On peut souhaiter cela impunément ;

1 nam illvm vivvm et s. v. non idem est uiuum quod saluum. 2 impvne optare i. l. bene impune, quia heredi poena est mortuos reuiuiscere. 3 An: "sine detrimento optas", ut cum medicus dicit de iam mortuo ego si illum curarem, uiueret? 4 impvne o. si optata euenirent, «  numquam TerHec. 465 », inquit, optares, ut «  ille reuiuisceret TerHec. 465 ».
1 nam illvm vivvm et salvvm vellem uiuum n᾽est pas la même chose que saluum. 2 impvne optare istvc licet c᾽est bien impune, parce que que les morts reviennent à la vie est un "châtiment" (poena) pour l᾽héritier902. 3 Est-ce : "tu souhaites sans risque", comme lorsque le médecin dit de celui qui est déjà mort « si je l᾽avais soigné, moi, il vivrait » ? 4 impvne optare si les souhaits arrivaient, jamais, dit-il, tu n᾽aurais souhaité (optare) que celui-ci revînt à la vie903.

ille reuiuiscet iam numquam, et tamen utrum malis scio.
jamais à présent il ne reviendra à la vie, et cependant des deux options je sais ta préférence.

1 ille reviviscet i. n. mire poeta his uerbis Phidippum quoque subinuidere significat. 2 nvmqvam plus est numquam quam non. 3 et tamen vtrvm malis scio mortuum illum malis, quam ut reuiuiscat denuo. 4 et tamen v. m. scio "quid magis de duobus uelis scio", utrum illum mortuum, quod est, permanere an reuiuiscere, quod exoptas.
1 ille reviviscet iam nvmqvam le poète admirablement par ces mots veut dire que Phidippe aussi fait preuve d᾽un peu d᾽envie. 2 nvmqvam numquam est plus fort que non. 3 et tamen vtrvm malis scio tu préfèrerais qu᾽il soit mort, plutôt qu᾽il revienne à nouveau à la vie. 4 et tamen vtrvm malis scio "je sais ce que tu préfères de ces deux choses", soit qu᾽il soit mort, ce qui est le cas, et qu᾽il le reste, soit qu᾽il revienne à la vie, ce que tu désires vivement.

La.-heri Philumenam ad se accersi hic iussit. dic iussisse te.
La.-Hier, celui-ci a ordonné qu᾽on lui amène Philumène. Dis que tu l᾽as ordonné.

1 heri philvmenam ad se hoc erat, quo omnis tendebat oratio. 2 ad se accersi ivssit bene et accersi et iussit, ut nihil uxor sua sponte fecerit. 3 Et heri et iussit bene, ut tempus breue sit et coacta uideatur exisse. 4 Non abduci sed accersi, nec a nobis sed ad se.
1 heri philvmenam ad se voici ce vers quoi tendait tout le discours. 2 ad se accersi ivssit c᾽est bien à la fois accersi et iussit, de sorte que l᾽épouse n᾽a rien fait de sa propre initiative. 3 Et c᾽est bien heri et iussit, de sorte que le délai soit court et qu᾽elle semble avoir été forcée de sortir. 4 Ce n᾽est pas abduci (être amenée) mais accersi, ni a nobis (par nous) mais ad se904.

Pam.-noli fodere. iussi. La.-sed etiam iam remittet. Ph.-scilicet.
Pam.-Arrête de me défoncer ! Je l᾽ai ordonné. La.-Mais maintenant il va la renvoyer. Ph.-Bien sûr.

Pam.-omnem rem scio ut sit gesta; adueniens audiui modo.
Pam.-Je connais toute l᾽affaire telle qu᾽elle s᾽est passée ; je viens de l᾽entendre à mon arrivée.

1 omnem rem scio vt sit g. Pamphilus uultuose et cum supercilii tristitia hoc dicit. 2 vt sit gesta ut Vergilius «  Troianas ut opes VergAen. 2, 4 ».
1 omnem rem scio vt sit gesta Pamphile dit cela avec une mimique et un froncement de sourcil triste. 2 vt sit gesta Virgile : « Troianas ut opes » (comment l᾽opulente Troie...)905.

La.-at istos inuidos di perdant, qui haec libenter nuntiant.
La.-Ah, que les dieux perdent ces jaloux, qui se font volontiers les messagers de ces choses.

1 at istos invidos d. p. bene inuidos, qui iusto matrimonio inuideant195. ergo reuocanda uxor est. 2 Et adeo non puduit mendacii honesti deprehensum senem, ut inuidos diceret, qui uera prodiderunt.
1 at istos invidos di perdant c᾽est bien de dire inuidos, pour des gens qui refusent (inuideant) un mariage légitime. Il faut donc rappeler l᾽épouse. 2 Et le vieillard pris sur le fait n᾽a pas honte d᾽un mensonge honorable, de sorte qu᾽il appelle inuidos ceux qui ont dit la vérité.

Pam.-egomet1410 scio cauisse ne ulla merito contumelia
Pam.-Pour ma part je sais que j᾽ai pris garde à ce qu᾽aucun reproche mérité

1 egomet scio cavisse principium a tempore, a dictis, a factis tam suis quam aduersariorum et ab ante acta uita et praesenti. 2 egomet scio cavisse ne v. m. mire addidit merito; "non enim potui cauere", inquit, "ne fieret: caui igitur, ne merito fieret, quod in me fuit".
1 egomet scio cavisse il commence par les circonstances, les paroles, les actes (tant les siens que ceux de ses ennemis) et par la vie passée et présente906. 2 egomet scio cavisse ne vlla merito il ajoute remarquablement merito ; "je n᾽ai pu en effet prendre garde", dit-il, "que cela n᾽arrive : j᾽ai pris garde, donc, que rien n᾽arrive de façon méritée (merito), autant qu᾽il était en mon pouvoir".

fieri a uobis posset; idque si nunc memorare hic uelim
ne puisse m᾽être fait par vous ; et si maintenant je voulais rappeler ici

idqve si nvnc m. v. ab ante acta uita.
idqve si nvnc memorare velim argument tiré de la vie passée.

quam fideli animo et benigno in illam et clementi fui,
comme mon cœur fut fidèle, bienveillant et clément envers ma femme,

et clementi fvi pro fuerim: indicatiuum pro coniunctiuo posuit.
et clementi fvi pour fuerim : il met l᾽indicatif pour le subjonctif907.

uere possum; ni te ex ipsa haec magis uelim resciscere;
je le pourrais assurément, si ce n᾽est que je préfèrerais que tu l᾽aprennes de sa bouche à elle ;

ni te ex ipsa h. m. v. παράλειψις.
ni te ex ipsa haec magis velim prétérition (παράλειψις).

namque eo pacto maxime apud te meo erit ingenio fides,
de fait, c᾽est la meilleure façon pour que tu aies confiance en mon caractère,

eo pacto m. a. t. m. e. i. f. bene non dictis sed ingenio.
eo pacto maxime apvd te meo erit ingenio fides c᾽est bien de ne pas dire dictis (les paroles) mais ingenio.

cum illa, quae in me nunc iniqua est, aequa de me dixerit.
lorsque celle-là, qui pour l᾽heure est injuste envers moi, aura dit des choses justes à mon sujet.

1 cvm illa qvae in me nvnc iniqva est aeqva iniqua aequa παρονομασίαι sunt Terentianae. 2 Et bonum argumentum, nam et Vergilius «  ipse hostis Teucros i. l. f. VergAen. 1, 625 » inquit et Cicero «  te ipso teste nequam atque improbo, uerum ad hanc rem t. i., te, inquam, t. d. CicVerr. 2, 1, 83196 ». 3 iniqva est aeqva de me dixerit quia aduersarii testimonium, si contra se dicat, tam graue est, quam boni uiri.
1 cvm illa qvae in me nvnc iniqva est aeqva iniqua aequa ce sont des paronomases (παρονομασία) propres à Térence. 2 Et c᾽est un bon argument, car Virgile dit aussi : « ipse hostis Teucros insigni laude ferebat » (lui-même tenait les Teucères, ses ennemis, en haute estime)908, et Cicéron : « te ipso teste nequam atque improbo, uerum ad hanc rem tamen idoneo, te, inquam, teste docebo »909 (par ton propre témoignage, homme méprisable et malhonnête, et cependant important dans cette affaire, par ton propre témoignage, dis-je, je prouverai...). 3 iniqva est aeqva de me dixerit parce que le témoignage d᾽un ennemi, s᾽il parle contre son intérêt, pèse autant que celui d᾽un homme bienveillant.

neque mea culpa hoc discidium euenisse, id testor deos.
Et ce n᾽est pas de ma faute si cette séparation a eu lieu, j᾽en prends les dieux à témoins.

1 neqve mea cvlpa h. d. e. non ergo quid fiat, sed utrum per nos fiat, scilicet quaerendum est. 2 Et nimis abrupte dixit euenisse, non euenire. 3 hoc discidivm evenisse ad confirmationem non euenire sed euenisse dixit.
1 neqve mea cvlpa hoc discidivm evenisse ce n᾽est donc pas ce qui arrive, mais si ce fut de notre fait, qu᾽il faut bien sûr chercher à découvrir. 2 Et il dit de façon bien abrupte euenisse, et non euenire (se produit). 3 hoc discidivm evenisse c᾽est en vue d᾽une confirmation qu᾽il dit non pas euenire mais euenisse910.

sed quando sese esse indignam deputat matri meae
Mais puisqu᾽elle estime qu᾽il est indigne d᾽elle, devant ma mère,

1 sed qvando indignam hoc sic profert, ut ipsam ostendat causam esse discidii. et hoc ipso temptat, utrum dotem retinere possit, et ideo supra «  neque mea culpa hoc d. e., i. t. d. TerHec. 476 » inquit. 2 indignam depvtat m. m. "forte ergo indigna est; mihi tamen mater colenda est". hoc sentit. 3 depvtat m. m. ἐν ὑποκρίσει matri meae, ut idonea causa sit repudii197. 4 Et recte deputat.
1 sed qvando indignam il présente cela de sorte à montrer qu᾽elle est elle-même la cause de la séparation. Et il essaie par là même de voir s᾽il peut garder la dot, d᾽où ce qu᾽il dit plus haut : « neque mea culpa hoc discidium euenisse, id testor deos ». 2 indignam depvtat matri meae "peut-être donc ne le mérite-t-elle pas ; il me faut pourtant honorer ma mère". C᾽est ce qu᾽il pense. 3 depvtat matri meae matri meae est dans son rôle (ἐν ὑποκρίσει)911, pour que ce soit une raison suffisante de séparation. 4 Et c᾽est correct de dire deputat .

cui concedat cuiusque mores toleret sua modestia
de céder et de supporter son caractère avec sa réserve

1 cvi concedat c. q. m. t. hoc melius quam obsequatur aut inseruiat. 2 mores toleret bene mores ut aniculae, non enim prauitatem; unde senes morosi appellantur. Horatius «  donec uirenti canities abest morosa HorCarm. 1, 9, 17 ». 3 mores toleret o temperamentum! mores potius quam iniurias dixit.
1 cvi concedat cvivsqve mores toleret c᾽est mieux que obsequatur (d᾽obéir) ou inseruiat (d᾽être à son service). 2 mores toleret il a bien fait de dire mores, comme on l᾽attend d᾽une petite vieille, et non prauitatem (la dépravation) ; c᾽est de là que les vieillards sont dits morosi (moroses). Horace : « donec uirenti canities abest morosa » (Aussi longtemps que la morose chevelure blanche sera loin de ta verte jeunesse)912. 3 mores toleret quelle modération ! Il dit mores plutôt que iniurias (les fautes).

neque alio pacto componi potis est1411 inter eas gratia,
et qu᾽il n᾽est pas possible que d᾽une autre manière on puisse composer entre elles une réconciliation,

neqve alio pacto componi potis est nisi ut «  concedat matri toleretque mores eius TerHec. 478 ».
neqve alio pacto componi potis est à moins qu᾽elle ne cède devant sa mère et supporte son caractère913.

segreganda a me est aut mater aut Philumena, Phidippe1412.
il me faut ou écarter ma mère, ou Philumène, Phidippe.

1 segreganda a me est avt mater avt phil. bene tamquam ex deliberatione colligit, quod facturus est. 2 Et mollius segreganda quam excludenda.
1 segreganda a me est avt mater avt philvmena c᾽est bien que, comme après une délibération, il en arrive à la conclusion de ce qu᾽il va faire914. 2 Et segreganda est plus doux que excludenda (doit être chassée).

nunc me pietas matris potius commodum suadet sequi.
A présent ma piété filiale me conseille plutôt de suivre l᾽intérêt de ma mère.

nvnc me pietas m. p. c. quam mollibus uerbis repudium nuntiatum est!
nvnc me pietas matris potivs commodvm avec quels mots délicats la répudiation est annoncée !

La.-Pamphile, haud inuito ad aures sermo mihi accessit tuus,
La.-Pamphile, c᾽est sans déplaisir que ton discours est arrivé à mes oreilles,

1 pamphile havd invito ad a. optime dictum haud inuito: non enim in totum uolenti quippe de discidio; sed tamen, quia pie locutus est, mediocriter approbauit. 2 pamphile h. i. ad av. grauis oratio est a nomine incepta. Vergilius «  o praestans a. i. VergAen. 12, 19 ». 3 Et est figura λιτότης. sic Vergilius «  posthabita c. S. VergAen. 1, 16 ». 4 havd invito a. a. senili loquacitate pro recte locutus es.
1 pamphile havd invito ad avris haud inuito est très bien dit : en effet il ne désire pas du tout la répudiation ; et cependant, parce que Pamphile a pieusement parlé, il l᾽approuve un peu. 2 pamphile havd invito ad avris un discours solennel commence par un nom. Virgile : « o praestans animi iuuenis » (Ô jeune homme à l᾽âme sublime)915. 3 Et c᾽est la figure de litote (λιτότης). Virgile « posthabita coluisse Samo » (l᾽avoir honorée plus que Samos sa préférée)916. 4 havd invito ad avris avec un bavardage de vieillard pour recte locutus es (tu as justement parlé)917.

cum te postputasse omnes res prae parente intellego;
puisque je comprends que tu as fait passer toute chose après ta mère ;

1 omnes res plus dixit quam si uxorem diceret. 2 prae parente i. bene parente, quod nomen commune et cum patre est et cum omnibus, quos haec necessitudo coniungit. melius ergo, quam si diceret matrem.
1 omnes res il dit plus que s᾽il disait uxor (ton épouse). 2 prae parente intellego c᾽est bien parente, parce que ce nom est commun au père et à tous ceux que ces liens de famille unissent. C᾽est donc mieux que s᾽il disait mater (mère)918.

uerum uide ne inpulsus ira praue insistas, Pamphile.
mais veille à ne pas t᾽obstiner faussement, poussé par la colère, Pamphile.

1 vervm vide ne i. i. leniter et suadenter. 2 ira non ergo iudicio. 3 prave insistas pam. non enim incipere sed insistere hic malum est.
1 vervm vide ne inpvlsvs ira avec douceur et persuasion. 2 ira et non pas donc sous le coup de la réflexion. 3 prave insistas pamphile il n᾽est en effet pas mauvais de commencer, mais il est mauvais de continuer (insistere).

Pam.-quibus iris impulsus1413 nunc in illam iniquus sim?
Pam.-Sous le coup de quelles colères suis-je maintenant poussé à être injuste envers elle ?

1 qvibvs iris i. non dixit qua ira, ne superbe loqueretur, sed quibus iris. 2 Hoc ipsum per ironiam deridet, quod pater dixit «  impulsus ira TerHec. 484 ». 3 An "iris matris et mea"? "uxoris et mea"198? an omnium trium? 4 qvibvs impvlsvs recte non uult iram esse, ne peccasse uideatur uxor: sic enim ait, quasi nec ipsa peccauerit. 5 qvibvs iris im. ille iram singulariter dixit, hic iras pluraliter, ne uideatur unius irae causa mittere uxorem.
1 qvibvs iris impvlsvs il ne dit pas qua ira, pour ne pas sembler parler orgueilleusement, mais quibus iris. 2 Il raille par ironie cette parole même que le père a eue, « impulsus ira ». 3 Sont-ce "les colères de ma mère et la mienne" ? "celles de ma femme et la mienne" ? Ou bien toutes les trois ? 4 qvibvs impvlsvs à juste titre il ne veut pas que ce soit de la colère, pour que sa femme ne semble pas avoir commis de faute : en effet, il parle comme si elle-même n᾽avait pas fauté. 5 qvibvs iris impvlsus celui-là dit ira au singulier, celui-ci irae au pluriel, afin qu᾽il ne semble pas renvoyer son épouse à cause d᾽une seule colère919.

quae numquam quicquam erga me commerita est, pater,
Elle qui jamais ne s᾽est rendue coupable de quelque acte à mon égard, père,

qvae nvmqvam qvicqvam erga me commerita est pater animaduerte proprietatem expressam commerendi et merendi.
qvae nvmqvam qvicqvam erga me commerita est pater remarquez la propriété de l᾽expression de commereri et de mereri920.

quod nollem, et saepe meritam id quod uellem scio;
que je ne désirasse point ; et je sais que souvent elle a bien agi selon mes désirs ;

et saepe meritam id qvod vellem scio mereri bona dicimus, commereri mala, id est delinquere, peccare. ergo hic meritam pro praestitisse dixit. Vergilius «  ego te, quae plurima fando enumerare uales, numquam, regina negabo promeritam VergAen. 4, 333-335 ».
et saepe meritam id qvod vellem scio nous disons que l᾽on "mérite" (mereri) les bonnes choses, que l᾽on se "rend coupable" (commereri) des mauvaises, c᾽est-à-dire delinquere (commettre un délit), peccare (commettre une faute). Donc ici il dit meritam pour praestitisse (avoir excellé). Virgile : « ego te, quae plurima fando enumerare uales, numquam, regina negabo promeritam » (Pour ma part, ô reine, jamais je ne nierai les innombrables bienfaits que tu peux énumérer, et dont je te suis redevable)921.

amoque et laudo et uehementer desidero;
je l᾽aime, et la loue, et la regrette vivement ;

1 amoqve et lavdo non statim, qui amantur et laudantur, etiam continuo desiderantur. multa ergo dixit amoque et laudo et uehementer desidero. 2 Amoris impulsu nimius hic est circa uxorem et quasi oblitus et suae matris et uitiatae loquitur. sed tali opus est Pamphilo ad huiusmodi argumentum, donec perueniat ad καταστροφήν, in qua uxorem reduci necesse est.
1 amoqve et lavd ceux que l᾽on "aime" (amantur) et "loue" (laudantur), on ne se languit pas d᾽eux (desiderantur) tout de suite ni même dans le temps. Il dit donc beaucoup, en disant amoque et laudo et uehementer desidero. 2 Son amour pour sa femme le rend ici excessif, et il parle presque sans se souvenir de sa mère ni de celle qu᾽il a violée922. Mais il faut un Pamphile ainsi fait pour servir un argument de cette sorte jusqu᾽à ce qu᾽il arrive au dénouement (καταστροφή), dans lequel il est nécessaire qu᾽il reprenne sa femme.

nam fuisse erga me miro ingenio expertus sum,
en effet, qu᾽elle ait été à mon endroit dans d᾽admirables dispositions, j᾽en ai fait l᾽épreuve,

1 erga me miro ingenio hoc totum repudiaturus inaniter diceret, nisi ad exitum fabulae poeta respiciens reducturi animum in Pamphilo reseruaret. 2 Et nota repudiantem eam, quam laudat pietate sola compulsus. 3 nam fvisse erga me o quantum ualet, quod fuisse dicit et non esse quasi re transacta!
1 erga me miro ingenio celui qui va répudier dirait tout cela de manière vaine, si le poète songeant à la fin de la pièce ne conservait pas en Pamphile l᾽état d᾽esprit de celui qui va reprendre sa femme. 2 Et remarquez qu᾽il répudie celle dont il fait l᾽éloge, poussé qu᾽il est par la seule piété. 3 nam fvisse erga me oh comme c᾽est fort qu᾽il dise fuisse et non esse, comme si la chose était arrêtée923 !

illique exopto ut reliquam uitam exigat
et je lui souhaite de passer le reste de sa vie

vt reliqvam vitam exigat satis flebiliter dixit reliquam exigat. Vergilius «  omnis ut tecum meritis pro talibus annos exigat VergAen. 1, 74-75 ».
vt reliqvam vitam exigat il dit avec des larmes dans la voix reliquam exigat. Virgile : « omnis ut tecum meritis pro talibus annos exigat » (pour que, en échange de tes services, elle passe avec toi toute sa vie)924.

cum eo uiro me qui sit fortunatior,
avec un mari qui soit plus chanceux que moi,

cvm eo viro non inuidere iam non est mariti.
cvm eo viro ne pas être jaloux n᾽est pas le propre d᾽un mari925.

quandoquidem illam a me distrahit necessitas.
puisque la nécessité me la soustrait.

1 qvandoqvidem illam a me d. n. omnis conclusio uerborum Pamphili confirmationem repudii continet, plus tamen sententia significante quam uerbis199. 2 qvandoqvidem i. a m. d. n. numquam dixit tamen "illam expellit". 3 necessitas distrahit scilicet ne ipsa sit causa200. 4 necessitas201 excusatio in necessitate, quae est inexorabilis. 5 Et necessitas partus scilicet, quam necessitatem domi offendit, quod ex alio scilicet peperit. 6 Sed modo uult necessitatem uideri maternae iracundiae, quae a nuru offensa sit.
1 qvandoqvidem illam a me distrahit necessitas toute la conclusion des paroles de Pamphile contient une confirmation de la répudiation, mais qui passe plutôt par le sens de la phrase que par les mots. 2 qvandoqvidem illam a me distrahit necessitas il n᾽a jamais été jusqu᾽à dire "illam expellit" (elle la flanque dehors). 3 necessitas la nécessité "la soustrait" (distrahit), évidemment pour que ce ne soit pas elle la cause926. 4 necessitas excuse de la nécessité, qui est inexorable. 5 Et necessitas de l᾽accouchement bien sûr, necessitas contre laquelle il s᾽est heurté à la maison, parce que bien sûr elle a donné naissance à l᾽enfant d᾽un autre. 6 Mais il veut en fait que la necessitas semble être l᾽irascibilité de la mère, qui fut offensée par sa bru.

Ph.-tibi id in manu est ne fiat. La.-si sanus sies...
Ph.-Il est en ton pouvoir qu᾽il n᾽en soit pas ainsi. La.-Si tu étais raisonnable...

1 tibi id in manv est ne f. hoc opposuit, quod minime uult Pamphilus uideri et quod prodest socero. 2 si sanvs sies i. i. r. pro si sanus es, nam aliter iubeas dicere debuit. 3 si sanvs sies bene pater supra «  iram TerHec. 484 » dixerat, nunc insaniam significat inesse Pamphilo. 4 si sanvs sies ivbe illam redire non ergo culpa est cui ut redeat iubere potest.
1 tibi id in manv est ne fiat il oppose ce dont Pamphile veut le moins avoir l᾽air et ce qui sert les intérêts du beau-père927. 2 si sanvs sies ivbe illam redire pour si sanus es, car autrement il aurait dû dire iubeas928. 3 si sanvs sies le père avait bien parlé plus haut d᾽ira, à présent il veut dire qu᾽il y a de l᾽insania (folie) en Pamphile. 4 si sanvs sies ivbe illam redire ce n᾽est donc pas la faute de celle à qui il peut ordonner de revenir.

iube illam redire. Pam.-non est consilium, pater;
Ordonne-lui de revenir. Pam.-Ce n᾽est pas mon projet, père ;

non est consilivm durum erat nolo dicere. ergo hoc lenior dixit.
non est consilivm c᾽était dur de dire nolo (je ne veux pas). Il est donc adouci en disant cela.

matris seruibo commodis. La.-quo abis? ades.
je servirai l᾽intérêt de ma mère. La.-Où vas-tu ? Reste là.

1 matris servibo c. hoc uerbo necessitatem, qua cogatur, ostendit. 2 qvo abis ades factum Pamphili ex uerbis patris ostenditur, quod discessit. 3 Et bene, nam ulterius praesentem patri resistere durum fuit.
1 matris servibo commodis par ce mot il montre la nécessité par laquelle il est contraint. 2 qvo abis ades l᾽action de Pamphile est montrée par ces paroles du père, parce que Pamphile est parti. 3 Et c᾽est bien, car ensuite il aurait été difficile de tenir tête au père davantage en restant présent.

mane, inquam. quo abis? Ph.-quae haec est pertinacia?
Reste, te dis-je. Où vas-tu ? Ph.-Quelle est cette obstination ?

1 mane inqvam qvo abis bene quo abis, quia "patrem deseris et uxorem". 2 qvae haec est p. sic decuit socerum. et subindignatur, quia coram sibi fit contumelia.
1 mane inqvam qvo abis c᾽est bien quo abis, parce que "tu abandonnes ton père et ton épouse". 2 qvae haec est pertinacia cela convient au beau-père. Et il est un peu indigné, parce qu᾽une insulte lui est ouvertement faite.

La.-dixin, Phidippe, hanc rem aegre laturum esse eum?
La.-N᾽avais-je pas dit, Phidippe, qu᾽il prendrait mal la chose ?

1 dixin phidippe h. r. ae. l. artificiose Laches, ut minus miretur et minus indignetur socer irasci Pamphilum, quando ei praedictum est et sic oportuit. 2 dixin phidippe h. r. ae. seruauit uerba sua eidem personae, nam ita dixerat «  neque adeo clam me est, quam esse eum aegre laturum credam, hoc si r. TerHec. 261-262 ».
1 dixin phidippe hanc rem aegre latvrvm habilement Lachès, afin que le beau-père s᾽étonne moins et s᾽indigne moins de ce que Pamphile se mette en colère, puisque cela lui a été prédit929 et qu᾽il devait en être ainsi. 2 dixin phidippe hanc rem aegre il a conservé ses mots pour le même personnage930, car il avait dit pareillement : « neque adeo clam me est, quam esse eum aegre laturum credam, hoc si rescierit ».

quamobrem te orabam ut illam1414 remitteres.
C᾽est pour cette raison que je te priais de la renvoyer.

qvamobrem te orabam vt illam remitteres inuidiose aduersum Phidippum, tamquam in illo sit, unde se purget et non accuset Pamphilum.
qvamobrem te orabam vt illam remitteres avec de l᾽agressivité envers Phidippe, comme si c᾽était à lui de se justifier au lieu d᾽accuser Pamphile.

Ph.-non credidi edepol adeo inhumanum fore.
Ph.-Je ne croyais pas, nom d᾽un chien, qu᾽il serait intraitable à ce point.

non credidi edepol bene quasi iratus: inhumanum esse, inquit, scii , sed non credidi usque adeo. potuit enim dicere: non credidi inhumanum fore, sed acerbe addidit adeo202.
non credidi edepol c᾽est bien, comme s᾽il était en colère : "qu᾽il était intraitable", dit-il, "je le savais, mais je ne croyais pas que ce fût jusqu᾽à ce point". Il aurait pu en effet dire : "je ne croyais pas qu᾽il serait intraitable", mais il ajoute avec amertume adeo (à ce point)931.

ita nunc is sibi me supplicaturum putat?
Est-ce qu᾽il s᾽imagine à présent que je vais le supplier ?

1 ita is sibi me pro sibi et me. 2 Et magno pondere legendum utrumque pronomen, ut «  cantando tu illum? VergBuc. 3, 25 » id est "genero socerum", "Pamphilo Phidippum" uel si quid tale inueneris. 3 svpplicatvrvm parum est203 satisfacturum, supplicaturum addidit.
1 ita is sibi me pour sibi et me. 2 Et il faut lire les deux pronoms avec un grand poids, comme « cantando tu illum ? » (au chant, toi, le battre ?). C᾽est-à-dire "un beau-père supplier un gendre", "Phidippe supplier Pamphile", ou quelque autre invention de cet acabit. 3 svpplicatvrvm satisfacturum (je donnerai satisfaction) est faible, il a mis supplicaturum.

si est ut uelit redducere uxorem, licet;
S᾽il se trouve qu᾽il veuille reprendre sa femme, il en a le droit ;

sin alio est animo, renumeret dotem huc, eat.
s᾽il est dans une autre disposition, qu᾽il nous rembourse ici la dot, et qu᾽il s᾽en aille.

1 sin alio est animo r. d. hvc recte socer, non tam ut dotem recipiat quam ut terreat, hoc dicit. 2 Et renvmeret proprie, quia dos pecunia est. 3 Et huc ἰδιωτισμός irascentis et exigentis debitum; eat uero mire dictum, quasi ipse proiciatur qui iubet ire. et simul in hoc uerbo quasi renuntiatio caritatis est. 4 renvmeret dotem h. e. terrorem repetendae dotis ostendit, cum dicit renumeret dotem. simul cum iniuria huc et iracunde eat.
1 sin alio est animo renvmeret dotem hvc le beau-père dit cela à bon droit, pas tant pour récupérer la dot que pour l᾽effrayer. 2 Et renvmeret au sens propre, parce qu᾽une dot, c᾽est de l᾽argent. 3 Et huc est un particularisme (ἰδιωτισμός) de celui qui se met en colère et exige son dû932 ; eat (qu᾽il s᾽en aille) est vraiment dit de manière remarquable, comme si celui qui ordonne de partir était lui-même renvoyé. Et en même temps dans ce mot il y a comme un renoncement à l᾽affection. 4 renvmeret dotem hvc eat il brandit la peur de devoir rendre la dot, lorsqu᾽il dit renumeret dotem. En même temps huc de manière blessante et eat avec colère.

La.-ecce autem tu quoque propterue iracundus es.
La.-Voici que toi aussi tu es furieusement coléreux.

1 ecce avtem tv qvoqve proterve iracvndvs es addendo quoque nonnihil assentatus est, quasi dicat quomodo Pamphilus. 2 proterve iracvndvs es proterue immoderate et superbe. dictum est autem ideo, quod proterat alium, qui proteruus est. 3 Nam proteruus est, qui dum alius obuius est proterit, quod faciunt et tauri in appetitu coitus feminarum, in quas calent.
1 ecce avtem tv qvoqve proterve iracvndvs es en ajoutant quoque (aussi) il approuve en partie, comme s᾽il disait quomodo Pamphilus (à la manière de Pamphile)933. 2 proterve iracvndvs es proterue : immoderate (immodérément) et superbe (orgueilleusement). On dit cela parce que celui qui est "violent" (proteruus) "écrase" (proterat) quelqu᾽un. 3 En effet est "violent" (proteruus), celui qui "écrase" (proterit) celui qui se trouve devant lui, ce que font aussi les taureaux qui ont le désir de s᾽accoupler aux femelles pour lesquelles ils s᾽échauffent934.

Ph.-percontumax redisti huc nobis, Pamphile.
Ph.-C᾽est très opiniâtre que tu nous es revenu ici, Pamphile.

1 percontvmax re. proprie contumax dicitur contemptor potiorum. 2 percontvmax r. h. n. p. magnae indignationis est ad absentem loqui, ut alibi «  o Pamphile, pol haut p. i. d.! TerAd. 449-450 ». 3 nobis pamphile nobis τῷ ἀττικισμῷ: nam aut abundat aut significatu adiuuat pronuntiationem.
1 percontvmax redisti est appelé au sens propre contumax (opiniâtre) celui qui méprise ce qui est préférable935. 2 percontvmax redisti hvc nobis pamphile cela témoigne d᾽une grande indignation que de parler à quelqu᾽un d᾽absent, comme ailleurs : « o Pamphile, pol haut paternum istuc dedisti ! »936. 3 nobis pamphile nobis par atticisme (τῷ ἀττικισμῷ) : en effet, soit il fait pléonasme, soit il appuie la déclaration par son sens937.

La.-decedet iam ira haec, etsi merito iratus est.
La.-Cette colère va passer, bien qu᾽il soit en colère à juste titre.

decedet iam ira h. quasi in ira sit culpa, non deponetur ira inquit, sed decedet.
decedet iam ira haec comme si dans ira il y avait culpa (la faute), il ne dit pas deponetur ira (la colère sera mise de côté), mais decedet (passera).

Ph.-quia paululum uobis accessit pecuniae,
Ph.-Parce qu᾽il vous est échu un petit peu d᾽argent,

1 qvia pavlvlvm v. a. p. facete, quasi dicat: "quia habetis, unde dotem reddatis", aut: "quia nullam causam habetis repudii, sed ditiorem quaeritis coniunctionem". 2 qvia pavlvlvm v. a. p. s. a. s. ut minacior est factus Pamphilus, simul maiore stomacho, quod cum labore celabat, aperte ostendit.
1 qvia pavlvlvm vobis accessit pecvniae avec esprit, comme s᾽il disait : "puisque vous avez de quoi rendre la dot", ou : "parce que vous n᾽avez aucune raison pour la répudiation, mais que vous recherchez une alliance plus avantageuse". 2 qvia pavlvlvm vobis accessit pecvniae svblati animi svnt de même que Pamphile s᾽est fait plus menaçant, en même temps Phidippe, par l᾽accroissement de sa colère, montre ouvertement ce qu᾽il s᾽efforçait de cacher.

sublati animi sunt. La.-etiam mecum litigas?
vos esprits ont pris de la hauteur. La.-A moi aussi, tu fais un procès ?

1 svblati animi svnt noue pro elatis sublatos dixit. et hoc proprie ferarum est, ut «  attollitque animos VergAen. 12, 4 », nam bestiae pro animi qualitate uel erigunt corpora uel deponunt. 2 etiam mecvm l. belle et illum ex inuidia iracundiorem et hunc ad se ducentem, quod propter Pamphilum dicebatur, efficit. 3 etiam m. l. inuidiose, quasi iam cum Pamphilo litigauerit.
1 svblati animi svnt de façon inédite pour elati il dit sublati. Et cela se dit au sens propre pour les bêtes sauvages, comme « attollitque animos » (et il exalte son âme)938, car les bêtes en raison de la nature de leur âme ou bien mettent debout leur corps, ou bien le mettent à terre. 2 etiam mecvm litigas délicieusement il rend l᾽un de plus en plus furieux en raison de sa haine et l᾽autre comme prenant pour lui ce qui était dit pour Pamphile. 3 etiam mecvm litigas avec agressivité, comme s᾽il avait déjà engagé un procès avec Pamphile.

Ph.-deliberet renuntietque hodie mihi
Ph.-Qu᾽il réfléchisse et m᾽annonce aujourd᾽hui

deliberet renvntietqve h. ferociter, ut socero decet204, tamen mature, quod deliberet dixit.
deliberet renvntietqve hodie de manière féroce, comme il convient à un beau-père, mais à propos, parce qu᾽il dit deliberet (qu᾽il réfléchisse).

uelitne an non; ut alii, si huic non sit, siet.
s᾽il veut ou non ; de sorte que si elle n᾽est pas à lui, elle soit à un autre.

1 vt alii si hvic n. s. s. magna fiducia condicionem filiae asserit, ouando iam, si Pamphilus nolit, paratum alterum dicit esse. 2 si hvic non sit subauditur uxor; sed dura dictu reticuit, ut debebat.
1 vt alii si hvic non sit siet il soutient avec une grande confiance la condition de sa fille, triomphant déjà, il dit qu᾽un autre mari est tout prêt si Pamphile refuse. 2 si hvic non sit uxor (épouse) est sous-entendu ; mais il a passé sous silence les choses difficiles à dire, ainsi qu᾽il le devait.

La.-Phidippe, ades; audi paucis. abiit. quid mea?
La.-Phidippe, viens ; écoute un peu. Il est parti. Est-ce mon affaire ?

phidippe ades nomine appellat, quod facere solemus iratos mitigare conantes.
phidippe ades il l᾽appelle par son nom, ce que nous avons l᾽habitude de faire lorsque nous nous efforçons de calmer ceux qui sont en colère.

postremo inter se transigant ipsi ut lubet,
Après tout, qu᾽ils s᾽arrangent entre eux comme il leur plaît,

postremo inter se transigant non enim haec uotiua sunt, quibus interesse delectet.
postremo inter se transigant car ce ne sont pas des choses qu᾽on souhaite, celles auxquelles on prend plaisir à participer.

quando nec gnatus neque hic quicquam obtemperant,
puisque ni mon fils ni lui ne m᾽obéissent en quoi que ce soit,

qvando nec gnatvs neqve hic q. o. inuidiose gnatus non obtemperat. et hic non familiariter dictum quasi ab irato.
qvando nec gnatvs neqve hic qvicqvam obtemperat avec agressivité gnatus non obtemperat. Et hic n᾽est pas dit avec familiarité, mais par quelqu᾽un qui semble en colère.

quae dico parui pendunt. porto hoc iurgium ad
et qu᾽ils font peu de cas de ce que je dis. Je porte cette querelle à

1 qvae dico p. p. quia obtemperamus etiam tacitae uoluntati. 2 qvae dico p. p. porto hoc ivrgivm bene rursus in errorem reditur, ne quae uera sint, contra fabulae propositum cognoscantur. 3 porto hoc ivrgivm porto quasi aliquid magnum.
1 qvae dico parvi pendvnt parce que nous obéissons aussi à une volonté tacite. 2 qvae dico parvi pendvnt porto hoc ivrgivm c᾽est bien qu᾽on revienne à nouveau dans la méprise, afin que la vérité ne soit pas connue contrairement à l᾽intérêt de la pièce. 3 porto hoc ivrgivm porto comme si c᾽était quelque chose d᾽important.

uxorem, cuius haec fiunt consilio omnia,
ma femme, dont les bonnes idées sont cause de tout cela,

1 cvivs haec fivnt consilio omnia non transacta obiciuntur uxori, sed quae nunc aguntur. 2 consilio utrum dispositione an ironia est in male consulentem?
1 cvivs haec fivnt consilio omnia ce ne sont pas les choses passées qui sont opposées à son épouse, mais celles dont il est à présent question. 2 consilio veut-il dire dispositione (par ses dispositions), ou est-ce de l᾽ironie à l᾽égard de quelqu᾽un qui donne de mauvais conseils ?

atque in eam hoc omne quod mihi aegre est euomam.
et je vomirai sur elle tout ce qui me rend malade.

1 atqve in eam hoc omne qvod m. ae. e. non quod irascor, sed quod mihi aegre est dixit. 2 evomam bene, quia aegritudinem solet uomitus releuare. sic Cicero, cum dicit «  quae quidem mihi l. u., q. t. p. e. f. q. p. CicCat. 2, 2 ».
1 atqve in eam hoc omne qvod mihi aegre est il ne dit pas quod irascor (ce qui m᾽énerve), mais quod mihi aegre est. 2 evomam c᾽est bien, parce que vomir soulage d᾽ordinaire la maladie. Ainsi Cicéron, lorsqu᾽il dit : « quae quidem mihi laetari uidetur, quod tantam pestem euomuerit forasque proiecerit » (et qui me semble s᾽applaudir d᾽avoir vomi de son sein et rejeté loin d᾽elle un monstre si fatal).

Actus quartus


Sommaire Notes

scaena prima

Myrrina Phidippus
516 | 517 | 518 | 519 | 520 | 521 | 522 | 523 | 524 | 525 | 526 | 527 | 528 | 529 | 530 | 531 | 532 | 533 | 534 | 535 | 536 | 537 | 538 | 539 | 540 | 541 | 542 | 543 | 544 | 545 | 546 | 547 | 548 | 549 | 550 | 551 | 552 | 553 | 554 | 555 | 556 | 557 | 558 | 559 | 560 | 561 | 562 | 563 | 564 | 565 | 566 | 567 | 568 | 569 | 570 | 571 | 572 | 573 | 574 | 575 | 576

My.-perii, quid agam? quo me uertam? quid uiro meo respondebo
My.-Je suis morte ! Que faire ? Vers qui me tourner ? Que répondre à mon mari,

1 perii qvid agam qvo me vertam mire in hac scaena et iterum rixa est senis atque anus et tamen uarie et alio modo, ut mores inter se diuersos et iam notos possimus agnoscere. 2 perii qvid agam qvo m. v. haec proloqui oportet Myrrinam, ut ex eius persona reminiscatur spectator gestae rei. simulque ex huius personae uerbis quid agat altera persona monstratur: nam perscrutari Phidippum uniuersa conclauia et ire per totam domum cognito partu filiae suae apparet ex praesentibus dictis. 3 perii qvid agam singula pronuntia, ut perturbatam ostendas. 4 qvid agam qvo m. v. figura διαπόρησις apta turbatis.
1 perii qvid agam qvo me vertam de manière remarquable, dans cette scène, on trouve à la fois de nouveau un affrontement entre un vieillard et une vieille femme et, cependant, le poète introduit de la variété et une autre modalité afin que nous puissions reconnaître la différence de leurs caractères que nous connaissions déjà939. 2 perii qvid agam qvo me vertam il faut que ce soit Myrrhina qui dise cela en ouverture, pour que le spectateur se souvienne, en partant de son personnage, de ce qui s᾽est passé ; et l᾽on montre en même temps, par les paroles de ce personnage, ce que fait l᾽autre personnage : de fait, Phidippe est en train de fouiner dans toutes les pièces et de parcourir la maison, maintenant qu᾽il sait que sa fille a accouché ; cela apparaît clairement des paroles qui sont dites à présent. 3 perii qvid agam détachez chaque mot par la prononciation, pour montrer son trouble extrême. 4 qvid agam qvo me vertam figure d᾽hésitation (διαπόρησις) adaptée à des personnages troublés.

misera? nam audiuisse uocem pueri uisus est uagientis;
infortunée ? Car il a entendu la voix du bébé qui vagit, il me semble ;

1 nam avdivisse vocem pveri Vergilius «  continuo auditae uoces uagitus et ingens i. q. a. f. i. l. p. VergAen. 6, 426 » et est ὀνοματοποιΐα, nam uox ipsa sic est, ut quasi uagitus saepius sonet. 2 pveri visvs est vagientis proprie dixit: uagitus enim infantium est, ut Vergilius «  continuo auditae uoces uagitus et ingens VergAen. 6, 426-427 ». 3 visvs est vagientis quomodo «  audire uocem uisa sum modo militis TerEun. 454 ».
1 nam avdivisse vocem pveri Virgile « continuo auditae uoces uagitus et ingens infantumque animae flentes, in limine primo » (on entend sans cesse des voix, des vagissements immenses, et les âmes des tout-petits qui pleurent, dès le seuil940), et il s᾽agit d᾽une onomatopée (ὀνοματοποιΐα), car le son lui-même est de nature à faire entendre plusieurs fois le mot uagitus941 . 2 pveri visus est vagientis expression propre, car le mot uagitus s᾽applique aux tout-petits, comme Virgile « continuo auditae uoces uagitus et ingens » (on entend sans cesse des voix, des vagissements immenses). 3 visus est vagientis de la même manière « audire uocem uisa sum modo militis »942.

ita corripuit derepente tacitus sese ad filiam.
et il s᾽est insinué tout soudain en silence jusqu᾽à notre fille.

1 ita corripvit derepente corripuit raptim intulit. 2 Et derepente una pars orationis est ut «  defessus sum deambulando TerAd. 713 »205; aduerbiis enim praepositiones separatim non adduntur. 3 derepente ὑφέν: nam si separaueris, non est Latinum de repente.
1 ita corripvit derepente corripuit signifie "faire entrer subrepticement". 2 Et derepente ne constitue qu᾽une seule partie de discours, comme « defessus sum deambulando »943 ; en effet on ne peut ajouter un adverbe à une préposition de manière séparée944. 3 derepente lié (ὑφέν)945 car si on les sépare, de repente n᾽est pas correct.

quod si rescierit peperisse eam, id qua causa clam me habuisse
S᾽il apprend qu᾽elle a eu un enfant, pourquoi j᾽ai gardé cela pour moi

1 qvod si rescierit quod pro nam aut itaque. sed et nos in huiusmodi significatione sic dicimus. 2 qvod si rescierit scimus manifesta, rescimus occulta. 3 id qva cavsa id: "hoc ipsum peperisse eam".
1 qvod si rescierit quod est mis pour nam (de fait) ou itaque (c᾽est pourquoi), mais nous aussi nous l᾽employons dans ce sens946. 2 qvod si rescierit nous employons scire pour des choses évidentes, rescire pour des choses cachées. 3 id qva cavsa id c᾽est-à-dire "le fait même qu᾽elle a enfanté".

dicam non edepol scio. sed ostium concrepuit1415.
je lui dirai que, nom d᾽un chien, je n᾽en sais rien. Mais la porte grince.

1 non edepol scio ideo, quia uera causa dici non potest. 2 sed ostivm c. concrepuit plus quam crepuit, nam con- modo auctiuum est.
1 non edepol scio parce que la vraie raison ne peut être dite. 2 sed ostivm concrepvit concrepuit est plus fort que crepuit, de fait con- a parfois un sens intensif947.

credo ipsum exire ad me: nulla sum.
Je crois que le voilà qui sort vers moi : je suis anéantie.

ipsvm exire ad me bene ad me quasi litigaturum.
ipsvm exire ad me ad me est bien, comme s᾽il allait lui chercher noise.

Ph.-uxor ubi me ad filiam ire sensit, se duxit foras:
Ph.-Ma femme, quand elle a compris que j᾽allais voir notre fille, s᾽est tirée dehors :

1 vxor vbi me ad f. i. s. hoc ante rem. et simul argumentum delicti est, quod exiit a filia marito ingresso mulier. 2 vxor vbi me ad f. mirantis est gestus et dictum. 3 se dvxit foras ordo: "duxit se" et uerbis usus est intra domesticos parietes ortis. 4 Et τῷ ἰδιωτισμῷ se duxit pro abiit.
vxor vbi me ad filiam ire sensit c᾽est une anticipation et en même temps c᾽est une preuve de faute parce que la femme est sortie de chez sa fille à l᾽entrée du mari948. 2 vxor vbi me ad filiam il y a la gestuelle et le langage d᾽un personnage qui s᾽étonne949. 3 se dvxit foras l᾽ordre est duxit se950 et il se sert des mots qui viennent de l᾽intérieur de la maison951. 4 Et il y a un idiotisme (ἰδιωτισμός) dans le fait de dire se duxit pour dire « elle est sortie »952.

atque eccam: uideo. quid ais, Myrrina? heus tibi dico. My.-mihine, mi1416 uir?
la voilà : je la vois. Alors, Myrrhina ? Hé, je te parle. My.-A moi, monsieur mon mari ?

1 atqve eccam video apparet mulierem fugere et auersari ob conscientiam, et ideo hoc separatim pronuntiandum. 2 hevs tibi dico ostendit Myrrinam auertentem se, quod nihil inueniat quod dicat de filia. 3 mihine mi vir ita et in Andria «  mihin? TerAnd. 849 » respondens conturbatum se ostendit Dauus. 4 mihine mi vir uir ad maritalem condicionem rettulit, non ad sexum, ut in Bucolicis «  uir gregis ipse caper VergBuc. 7, 7 ».
1 atqve eccam video il est clair que la femme fuit et se détourne en raison de sa mauvaise conscience, et c᾽est ce qui fait qu᾽il faut prononcer cela en séparant chaque mot. 2 hevs tibi dico il montre que Myrrhina se détourne parce qu᾽elle ne peut rien trouver à dire au sujet de sa fille. 3 mihine mi vir de même, dans L᾽Andrienne, en répondant « mihin » Dave montre qu᾽il est extrêmement troublé. 4 mihine mi vir elle rapporte le mot uir à sa condition d᾽époux non à son sexe, comme dans les Bucoliques « uir gregis ipse caper » (le mâle du troupeau, le bouc lui-même)953.

Ph.-uir ego tuus sim? tu uirum me aut hominem deputas adeo esse?
Ph.-Ton mari, je le suis ? Tu crois donc que je suis vraiment un mari et un homme ?

1 tv virvm me accusatio ab increpatione incipiens. 2 avt hominem αὔξησις peruersa. 3 adeo esse abundat206. Vergilius «  teque adeo, quem mox q. s. h. d. c. i. VergGeo. 1, 24-25 ».
1 tv virvm me accusation qui commence sur un reproche. 2 avt hominem gradation (αὔξησις) à l᾽envers954. 3 adeo esse pléonasme. Virgile « teque955 adeo, quem mox quae sint habitura deorum concilia incertum » (toi ainsi, que, incertain de ce que seront bientôt les décisions des dieux...)956.

nam si utrumuis horum, mulier, umquam tibi uisus forem,
Car si jamais de ces deux choses, femme, j᾽avais été l᾽une à tes yeux,

1 nam si vtrvmvis horvm uir scilicet aut homo. 2 mvlier vmqvam tibi visvs acerbe mulier, ut supra «  tu, inquam, mulier, quae me o. <l.>, n. h. p. TerHec. 214 ».
1 nam si vtrvmvis horvm comprendre uir ou homo. 2 mvlier vmqvam tibi visvs avec agressivité mulier, comme ci-dessus « tu inquam mulier quae me omnino lapidem, non hominem putas »957.

non sic ludibrio tuis factis habitus essem. My.-quibus? Ph.-at rogitas?
tu ne te serais pas jouée de moi ainsi par tes actes. My.-Lesquels ? Ph.-Et tu le demandes ?

1 qvibvs callide mulier et quasi nullius culpae conscia quibus? dixit. 2 Et qvibvs factis scilicet. 3 at rogitas bene irascitur interroganti, nam interrogare qui sciat impudentiae est.
1 qvibvs c᾽est avec ruse et comme si elle n᾽avait nulle conscience de sa faute que la femme dit quibus. 2 Et qvibvs "quels actes" évidemment. 3 at rogitas c᾽est bien fait, cette colère contre celle qui pose la question, car interroger alors qu᾽on sait est de l᾽impudence.

peperit filia: hem taces? ex qui? My.-istuc patrem rogare est aequum?
Notre fille a eu un enfant : tiens ! Tu ne dis rien ! De qui ? My.-Qu᾽un père pose cette question, est-ce que c᾽est juste ?

1 hem taces non num taces?, sed taces celas. 2 ex qvi bene ex qui, quia argumentum impudicitiae est puerperium taciturnum. 3 peperit filia propositio criminis. 4 istvc patrem r. mira calliditas: rea mulier hoc solo defenditur, quod accusat. 5 istvc patrem r. ex sua interrogatione accusauit accusatorem.
1 hem taces non pas "est-ce que tu te tais ?", mais taces, "tu le dissimules"958. 2 ex qvi c᾽est bien de dire ex qui car c᾽est un indice de conduite impudique qu᾽une naissance que l᾽on cache. 3 peperit filia énoncé du délit. 4 istvc patrem rogare admirable ruse : la femme coupable ne se défend que par l᾽accusation959. 5 istvc patrem rogare par son interrogation, elle accuse l᾽accusateur.

perii! ex qui1417 censes nisi ex illo cui data est nuptum obsecro?
Je suis morte ! De qui crois-tu, sinon de celui à qui elle a été donnée en mariage, je te prie ?

1 perii ex qvi mire additum ad affectum perii et obsecro. 2 nisi ex illo cvi data est n. a uerisimili argumentum. 3 nisi ex illo cvi d. e. n. solutio criminis per fiduciam respondentis. Sallustius «  ita fiducia quam argumentis purgatiores d. SalHist. 2, frg. 111 M ».
perii ex qvi admirables ajouts pour marquer le sentiment que perii et obsecro. 2 nisi ex illo cvi data est nvptvm argument par le vraisemblable. 3 nisi ex illo cvi data est nvptvm disculpation par le caractère fiable de la personne qui répond ; Salluste : « ita fiducia quam argumentis purgatiores d. » (disculpés ainsi plus par leur fiabilité que par leurs arguments...).

Ph.-credo: neque adeo arbitrari patris est aliter. sed demiror
Ph.-Je te crois : un père ne doit pas penser autrement. Mais ce qui m᾽étonne,

1 credo neqve adeo arbitrari p. e. a. ab accusatione maritus ad defensionem sui conuersus amisit, quod ceperat. 2 sed demiror qvid sit mollior factus iam non irascitur, sed miratur. 3207 adeo uides Phidippum nulla re alia quam mulieris correptione lenitum. 4 demiror ualde miror, quod minus est quam irascor.
1 credo neqve adeo arbitrari patris est aliter le mari en passant de l᾽accusation à sa propre défense perd l᾽avantage qu᾽il avait pris. 2 sed demiror qvid sit rendu plus doux, il ne s᾽irrite plus, il s᾽étonne. 3 adeo vous voyez que Phidippe n᾽est apaisé par rien d᾽autre que le reproche que lui fait sa femme960. 4 demiror "je m᾽étonne extrêmement", ce qui est moins fort que "je suis en colère".

quid sit quamobrem hunc tantopere omnes nos1418 celare uolueris
c᾽est la raison pour laquelle à nous tous tu as tant voulu cacher

1 qvamobrem tantopere alia intentio criminis hoc tantopere. 2 nos omnis celare volveris recte, quia putat et Pamphilum esse celatum. 3 omnes nos celare uidet208; duae causae sunt celandi partus: si non «  tempore suo TerHec. 531 » euenerit, quod indicium stupri est, et si non «  recte TerHec. 531 » euenerit, hoc est monstri aliquid natum fuerit. hic autem et «  tempore suo TerHec. 531 » et «  recte TerHec. 531 » natum praedicat. 4 omnes nos c. v. antiqua locutio illam rem celo te.
1 qvamobrem tantopere nouvelle offensive accusatrice que ce tantopere961. 2 nos omnis celare volveris correct, car il croit qu᾽on l᾽a caché aussi à Pamphile962. 3 omnes nos celare il le voit. Il ya deux raisons pour cacher une naissance, si elle n᾽a pas eu lieu « en son temps », ce qui dénonce un adultère, et si elle ne s᾽est pas « bien passée », c᾽est-à-dire s᾽il est né quelque monstre ; or il affirme que la naissance a eu lieu « en son temps » et qu᾽elle s᾽est « bien passée »963. 4 omnes nos celare volveris construction archaïque illam rem celo te964.

partum, praesertim cum et recte et tempore suo pepererit.
cette naissance, surtout alors qu᾽elle a accouché sans encombre et dans les temps.

1 praesertim cvm et recte attulit mulieri compendium credulitas senis semel correpti, ne aliter suspicetur. 2 praesertim cvm et r. et t. s. p. τό209 recte ad illud pertinet, quod non monstrum pepererit, τό tempore suo ad spatium, quo praegnantes esse consuerunt, id est ad mensium dinumerationem, quia et septimani nasci solent.
1 praesertim cvm et recte et tempore svo pepererit la crédulité du vieillard une fois qu᾽il a été blâmé apporte à sa femme un profit : il n᾽a aucun autre soupçon. 2 praesertim cvm et recte et tempore svo pepererit le (τό) recte porte sur le fait qu᾽elle n᾽a pas engendré un monstre, le (τό) tempore suo sur le laps de temps usuel pour les femmes enceintes, c᾽est-à-dire le compte des mois, car il est usuel que naissent aussi des bébés au septième mois965.

adeon peruicaci esse animo ut puerum praeoptares perire,
Avoir été assez obstinée pour décider par avance la mort de l᾽enfant,

1 adeon pervicaci esse inuectio. 2 vt pvervm praeoptares perire ab aetate infantis inuidia. 3 adeon pervicaci esse animo peruicax est perseuerans cum quadam ui.
1 adeon pervicaci esse reproche. 2 vt pvervm praeoptares perire haine qui naît de l᾽âge du bébé966. 3 adeon pervicaci esse animo peruicax signifie "qui persévère avec une certaine violence"967.

ex quo firmiorem inter nos fore amicitiam posthac scires,
dont tu savais qu᾽il renforcerait entre nous l᾽affection par la suite,

1 ex qvo firmiorem inter nos ab accidentibus inuidia. 2 Et bene additum scires, quia imprudentia in delicto ueniam frequenter extorsit.
1 ex qvo firmiorem inter nos haine qui naît des circonstances annexes. 2 Et c᾽est bien d᾽avoir ajouté scires parce que l᾽imprudence dans un délit arrache souvent le pardon968.

potius quam aduersum animi tui libidinem esset cum illo nupta!
plutôt que, contre le caprice de ton cœur, la voir mariée avec lui !

1 potivs qvam adversvm animi tvi libidinem esset c. i. n. a uoluntate peccantis inuidia. 2 animi tvi libidinem dixit, ut minimam causam magnis sceleribus subiecisset. 3 esset cvm i. n. antique non illi nupta sed cum illo nupta. ergo ambo sibi inuicem nubunt.
1 potivs quam adversvm animi tvi libidinem esset cvm illo nvpta haine qui naît de la volonté de mal faire. 2 Il dit animi tvi libidinem pour attribuer une cause bénigne à de grands méfaits. 3 esset cvm illo nvpta de façon archaïque non pas illi nupta, mais cum illo nupta. Donc les deux se marient réciproquement969.

ego etiam illorum1419 hanc culpam credidi, quae te est penes.
Et moi qui ai cru que c᾽était leur faute, mais c᾽est la tienne !

1 ego etiam illorvm hanc cvlpam bene etiam illorum: non enim hoc se dicit errasse, quod illorum putauerit culpam quae huius est, sed etiam illorum, ut commune peccatum fuerit. sed nunc totum quidem esse credit Myrrinae. 2 An etiam pro adhuc, ut maior sit dolor, qui necopinanti accidit uiro?
1 ego etiam illorvm hanc cvlpam etiam illorum est bien dit : en effet, il dit qu᾽il s᾽est trompé non en croyant que c᾽était leur faute alors que ce n᾽était que la sienne, mais etiam illorum, en sorte que la faute était partagée ; mais à présent il croit que tout est le fait de Myrrhina970. 2 Ou alors etiam est mis pour adhuc en sorte que la douleur soit plus grande en arrivant à un mari qui ne s᾽y attend pas971.

My.-misera sum. Ph.-utinam sciam ita esse istuc! sed nunc mihi in mentem uenit
My.-Je suis une infortunée. Ph.-Ah si j᾽avais su ! Mais maintenant, j᾽y pense,

1 vtinam sciam ita esse istvc te miseram esse. sic alibi «  miserum? quem minus credere est? TerHeaut. 192 » et erit sensus: "utinam uere sis misera". 2 vtinam sciam ita esse hoc quidam sic accipiunt, quasi Phidippus dicat: "penes te culpa est, quam illorum esse credebam, et utinam, quod credo penes te esse culpam, ita esse certo sciam". 3 Quia dixit se miseram et miseros non nisi innocentes dicimus, ille hoc respondet: "utinam in hoc negotio miseram te, non scelestam reperiam!", sic Sallustius «  atque ea cogentes, non coactos, scelestos magis quam miseros obstringi SalHist frg.inc. 25 M ». et ideo sequitur «  sed nunc mihi in mentem SalHist frg.inc. 25 M »: argumentum ex antecedentibus dictis et factis. 4 nvnc mihi in mentem venit recte nunc , quasi alias nihil suspicanti.
1 vtinam sciam ita esse istvc "que tu étais malheureuse", ainsi ailleurs « miserum ? Quem minus credere est ? » (malheureux ? Celui qu᾽on a moins de raisons de croire tel ?). Et le sens sera : "ah ! Si seulement tu étais vraiment malheureuse !". 2 vtinam sciam ita esse certains comprennent comme si Phidippe disait : "c᾽est toi qui es fautive, alors que je croyais que c᾽était eux, si seulement, ce que je crois, c᾽était toi la fautive et que je le sache avec certitude". 3 Parce qu᾽elle a dit qu᾽elle était malheureuse et que nous ne parlons pas de malheureux sinon pour des innocents, il lui répond : "si seulement dans cette affaire je te trouvais malheureuse et non pas fautive !". Ainsi Salluste : « atque ea cogentes, non coactos, scelestos magis quam miseros obstringi » (et en forçant à cela, non en y étant forcés, ils sont liés à cette affaire en fautifs non en malheureux) et c᾽est pourquoi il dit ensuite « sed nunc mihi in mentem »972. Argument tiré des faits et dires antérieurs. 4 nvnc mihi in mentem venit nunc est correct comme si par ailleurs il n᾽avait eu aucun soupçon.

de hac re quod locuta es olim, cum illum generum cepimus:
tu as parlé de cela naguère, quand nous avons pris ce gendre :

1 qvod locvta es olim210 pro ante. 2 cvm illvm genervm cepimvs ut arbitrum capere dicimus, id est eligere. et cum laude locutus est Pamphili. 3 cepimvs elegimus. Vergilius «  ante locum capies oculis VergGeo. 2, 230 ».
1 de hac re qvod locvta es olim mis pour ante (auparavant)973. 2 cvm illvm genervm cepimvs de même que nous disons "prendre un arbitre", c᾽est-à-dire le choisir, et il parle avec éloge de Pamphile. 3 cepimvs "nous avons choisi", Virgile : « ante locum capies oculis » (auparavant tu choisiras des yeux un emplacement).

nam negabas nuptam posse filiam tuam te pati
de fait, tu disais que tu ne pourrais supporter de voir ta fille mariée

cum eo qui meretricem amaret, qui pernoctaret foris.
avec ce type qui aime une courtisane et qui passe la nuit dehors.

1 cvm eo "uiro". 2 qvi meretricem amaret qvi pernoctaret foris non in hoc est accusatio, quod hoc locuta sit, sed argumentum est, quod celare uoluerit partum, quae hoc olim dixerat. 3 pernoctaret propter illud, quod dixerat «  quid? interea ibatne ad Bacchidem? - Cotidie TerHec. 157 ». 4 Et nota familiariter hoc uerbum poni a Terentio. sic et in Eunucho «  sed si hic pernocto, c. q. d., S.? TerAd. 531 ».
1 cvm eo "ce mari". 2 qvi meretricem amaret qui pernoctaret foris l᾽accusation ne réside pas dans le fait que Myrrhina a dit cela, mais l᾽argument est qu᾽elle a voulu cacher la naissance, elle qui avait auparavant dit cela974. 3 pernoctaret à cause de ce qu᾽il avait dit : « quid ? interea ibatne ad Bacchidem ? ­Cotidie », 4 et notez que ce mot est employé de manière familière par Térence, ici et dans L᾽Eunuque975 « sed si hic pernocto, causae quid dicam, Syre? »976.

My.-(quamuis causam hunc suspicari quam ipsam ueram mauolo.)
My.-(A tout prendre, qu᾽il imagine n᾽importe quelle situation plutôt que la vraie, je préfère.)

1 qvamvis cavsam hoc propter spectatorem dicitur, ut gestorum meminerit. 2 qvam ipsam veram m. quia sola ex omnibus defendi non potest.
1 qvamvis cavsam cela est dit pour le spectateur, afin qu᾽il se souvienne de ce qui s᾽est passé. 2 qvam ipsam veram mavolo parce que seule de tous elle ne peut se défendre.

Ph.-multo prius sciui quam tu illum habere amicam, Myrrina;
Ph.-J᾽ai su bien avant toi qu᾽il avait une maîtresse, Myrrhina ;

1 mvlto privs scivi qvam tv illvm omnes gloriantur perspicacia211, ut «  ac non totis sex mensibus prius olfecissem, quam ille quicquam fecerit? TerAd. 396-397 »212. 2 mvlto privs scivi qvam tv illvm bene pergit, quia taciturnitas pro confessione accepta est.
1 mvlto privs scivi qvam tv illvm tout le monde tire gloire de sa perspicacité et comme « ac non totis mensibus prius olfecissem, quam ille quicquam fecerit ?977 ». 2 mvlto privs scivi qvam tv illvm c᾽est bien continuer car le fait de ne rien dire vaut pour aveu.

uerum id uitium numquam decreui esse ego adulescentiae;
mais cela je ne l᾽ai jamais tenu pour vice, moi, à la jeunesse ;

1 vervm id vitivm nvmqvam decrevi esse hoc intellegi non potest, nisi uitium bis numero subaudieris. 2 advlescentiae melius dixit adulescentiae quam Pamphili, ut quod in aetate fuerat, non timeret in genero.
1 vervm id vitivm nvmqvam decrevi esse on ne peut comprendre ce segment que si l᾽on sous-entend une deuxième fois uitium978. 2 advlescentiae il est mieux de dire adulescentiae que de dire Pamphili, en sorte qu᾽il ne craint pas dans la personne de son gendre ce qui a été le fait de l᾽âge979.

nam id omnibus innatum est. at pol iam aderit se quoque etiam cum oderit1420.
car tout le monde est ainsi, c᾽est inné. Mais, nom d᾽un chien, il y aura un temps où il se haïra.

1 nam id omnibvs innatvm est "amare in adulescentia". 2 at pol iam aderit se qvoqve etiam cvm oderit mire senectutem accusat senex, cum et uelocem ostendit his uerbis et addit se quoque oderit, quasi dicat: "non solum non amabit, sed et odio habebit, et non alienas mulieres modo nec cum his uxorem quoque, sed etiam se ipsum". 3 Plus ergo illatum quam ratio deposcebat, sed mire ad exprimendum affectum senis. 4 se qvoqve etiam cvm o. id est: "ut paeniteat eum sui facti". 5 Et plus dixit se, quam si diceret facta sua.
1 nam id omnibvs innatvm est "aimer quand on est jeune". 2 at pol iam aderit se qvoqve etiam cvm oderit de manière étonnante, le vieillard accuse la vieillesse quand il la montre également pleine de verdeur980 par ces paroles et quand il ajoute se quoque oderit comme s᾽il disait "non seulement il n᾽aimera pas mais encore il prendra en haine et non seulement les femmes des autres, et avec elles sa propre femme, mais aussi lui-même". 3 C᾽est plus en mettre que ce que demandait la raison, mais c᾽est admirablement fait pour exprimer le sentiment d᾽un vieillard. 4 se qvoqve etiam cvm oderit c᾽est-à-dire : "en sorte qu᾽il se repente de ce qu᾽il a fait" ; 5 et c᾽est plus de dire se que "ce qu᾽il a fait".

sed ut olim te ostendisti, eadem esse nil cessauisti usque adhuc
Mais toi, comme tu t᾽es montrée d᾽abord, tu n᾽as jamais cessé d᾽être,

sed vt olim hic ostendit cur superiora dicta sint.
sed vt olim ici il montre pourquoi il a dit ce qu᾽il a dit plus haut981.

ut filiam ab eo abduceres neu quod ego egissem esset ratum.
au point d᾽éloigner de lui ta fille sans aucun compte de ce que j᾽avais fait, moi.

1 vt filiam ab eo abdvceres uehementius dixit, quam si diceret ut filiam ei non redderes. 2 ne qvod ego egissem esset ratvm "quod ab eo abducis, non bona socrus es"; "quod filiam, non bona mater es"; "quod irrita facis, quae ego gessi, non bona uxor es", inquit.
vt filiam ab eo abdvceres il parle avec plus de véhémence que s᾽il disait "pour que tu ne lui rendes pas ta fille". 2 nev quod ego egissem esset ratvm "parce que tu la lui enlèves, tu n᾽es pas une bonne belle-mère" ; "parce que c᾽est ta fille, tu n᾽es pas une bonne mère" ; "parce que tu rends vain ce que j᾽ai fait, tu n᾽es pas une bonne épouse", voilà ce qu᾽il dit.

id nunc res indicium1421 facit quo pacto factum uolueris.
Et maintenant la sitaution montre bien comment tu voulais que ce soit fait.

1 nvnc res indicivm facit hoc est: "quod celauisti partum". 2 id nvnc res quasi dixerit "inde scio". 3 qvo pacto factvm volveris non solum quod fecit, sed et quod uoluit obicit. 4 qvo pacto factvm volveris deest fieri.
1 nvnc res indicivm facit c᾽est-à-dire : "le fait que tu as caché la naissance". 2 id nvnc res comme s᾽il disait "c᾽est de là que je le sais". 3 qvo pacto factvm volveris c᾽est non seulement ce qu᾽elle a fait qu᾽il lui reproche, mais ce qu᾽elle a voulu. 4 qvo pacto factvm volveris il manque fieri (être fait)982.

My.-adeo1422 me esse peruicacem censes, cui mater siem,
My.-Tu me crois assez obstinée, moi qui suis sa mère,

1 adeo me esse pervicacem uim agentem perniciosamque. 2 censes cvi m. s. deest ei uel circa eam. 3 cvi mater siem rursus a uerisimili; an mater contra filiam faciat?
1 adeo me esse pervicacem une force agissante et pernicieuse983. 2 censes cvi mater siem il manque ei (pour elle) ou si l᾽on veut circa eam (à son égard)984. 3 cvi mater siem à nouveau par le vraisemblable985 ; ou alors la mère agit-elle contre la fille ?986

ut eo essem animo, si ex usu esset nostro hoc matrimonium?
pour avoir cette pensée, si ce mariage servait nos intérêts ?

1 si ex vsv esset hoc matri. callide mulier ex his, quae dixit senex, defensionem arripit; nam ille sic ait «  negabas posse filiam tuam te pati cum eo, qui meretricem amaret, qui pernoctaret f. TerHec. 538-539 ». 2 ex vsv nostro id est "utile", "si pro nostra esset utilitate".
1 si ex vsv esset nostro hoc matrimonivm avec ruse la femme saisit une occasion de défense dans ce qu᾽a dit le vieillard ; de fait il a dit : « nam negabas nuptam posse filiam tuam te pati cum eo qui meretricem amaret, qui pernoctaret foris ». 2 ex vsv nostro c᾽est-à-dire "utile", "si c᾽était propre à nous servir".

Ph.-tun prospicere aut iudicare nostram in rem quod sit potes?
Ph.-Toi, prévoir et juger ce qui sert nos affaires, tu en es capable ?

1 tvn prospicere a persona. 2 avt ivdicare nostram prospicere futura, iudicare praesentia.
tvn prospicere par la personne987. 2 avt ivdicare nostram prospicere porte sur le futur, iudicare sur le présent.

audisti ex aliquo fortasse qui eum uidisse1423 diceret
Tu as entendu dire par je ne sais qui, peut-être, qui disait l᾽avoir vu

1 avdisti ex aliqvo ἠθικῶς satis et oratorie aliquo, non sincera213 persona. 2 Bene aliqvo: ademit indicibus auctoritatem. 3 qvi evm vidisse diceret non qui uidisset.
1 avdisti ex aliqvo tout à fait dans le type (ἠθικῶς) du personnage et de manière oratoire aliquo, "une personne qu᾽on ne peut croire". 2 aliqvo est bien dit : enlève toute autorité à ceux qui ont rapporté ce fait. 3 qvi evm vidisse diceret et non pas "qui l᾽avait vu"988.

exeuntem aut introeuntem ad amicam. quid tum postea?
entrer et sortir de chez sa maitresse. Et alors, après ?

1 exevntem avt introevntem sic Cicero «  qui in hortis fuerit, qui unguenta sumpserit, qui Baias uiderit CicCael. 27 ». 2 avt introevntem σύλλημψις prima, ut «  in ludum ducere et reducere  ». 3 exevntem avt introevntem σύλλημψις διανοίας, quia concluditur de sequentibus ad amicam. 4 Et mollis est ἐξουθενισμός criminis de consuetudine: non enim dixit amplectentem amicam. 5 qvid tvm postea τῷ ἰδιωτισμῷ, quo contemnimus crimina leuiora.
1 exevntem avt introevntem ainsi Cicéron « qui in hortis fuerit, qui unguenta sumpserit, qui Baias uiderit » (qui a été dans des jardins, qui s᾽est parfumé, qui a visité Baïes)989. 2 avt introevntem syllepse (σύλλημψις) de la première catégorie, comme « in ludum ducere et reducere ». 3 exevntem avt introevntem syllepse de pensée (σύλλημψις διανοίας), car on tire le complément de ce qui suit « ad amicam »990, 4 et il y a une délicate expression de mépris (ἐξουθενισμός991) pour la faute en raison de son caractère habituel : en effet il ne dit pas "embrassant sa maîtresse". 5 quid tvm postea il y a l᾽idiotisme (ἰδιωτισμός) par lequel nous marquons notre mépris pour les fautes assez légères.

si modeste ac raro haec fecit, nonne1424 dissimulare nos
S᾽il l᾽a fait avec modération et rarement, le cacher, de notre part,

1 si modeste adhibito modo. 2 Vel certe cum pudore ac modestia, ita ut celatum uoluerit. 3 nonne dissimvlare nos duobus modis feruntur peccata: uel ignoscendo uel cohibentia. 4 Modo dissimulare est ignorantiam fingere.
1 si modeste en gardant la mesure. 2 Ou au moins avec pudeur et modestie, en sorte qu᾽il a voulu que cela demeure caché. 3 nonne dissimvlare nos il y a deux manières de supporter les fautes : soit en les pardonnant soit avec un châtiment992. 4 Parfois dissimulare c᾽est feindre l᾽ignorance.

magis humanum est quam dare operam id scire qui nos oderit?
n᾽est-ce pas plus humain que de se donner de la peine pour savoir une chose qui nous rendra odieux à ses yeux ?

1 magis hvmanvm est bene, quia et illud humanum214, dissimulare. 2 An magis dissimulare? an quia et irasci et arguere humanum est? 3 magis hvmanvm nota pro humanius Terentiano more. 4 qvi nos oderit qui unde uel quamobrem. 5 Et recte: nemo dolens, quod non ametur, id facit, quo magis odio sit.
1 magis hvmanvm bien dit parce que cela aussi est humain "dissimuler" ; 2 ou bien est-ce plutôt magis dissimulare ? Ou alors est-ce parce qu᾽il est humain de s᾽irriter et de chicaner ? 3 magis hvmanvm notez cet emploi pour humanius à la manière de Térence993. 4 qvi nos oderit qui signifie unde (d᾽où) ou quamobrem (pour quelle raison), 5 et c᾽est correct : personne, quand on souffre de n᾽être pas aimé, ne fait en sorte d᾽être plus détesté encore.

nam si is posset ab ea sese derepente auellere
Car s᾽il pouvait tout soudain se séparer d᾽elle

1 nam si is posset ab ea sese derepente avellere oratorie215 contentus defendisse Pamphilum hoc ipso illum, quo accusatus est, laudat. 2 derepente una pars orationis est.
1 nam si is posset ab ea sese derepente avellere de manière oratoire, content d᾽avoir défendu Pamphile994, il le loue par cela même qui le fait accuser. 2 derepente une seule partie du discours995.

quicum tot consuesset annos, non eum hominem ducerem
avec qui il a cette relation de tant d᾽années, ce ne serait pas un homme, à mon sens,

1 qvicvm tot consvesset a. laudat ubique eos Terentius, qui consuetudine uincuntur, ut alibi «  hic paruae consuetudinis causa TerAnd. 110 » et mox «  neque me consuetudo neque amor commoueat TerAnd. 279-280 ». 2 Ergo ferus, quem longa consuetudo non commouet. 3 qvicvm tot non quacum sed quicum, ut a quibus, non a quis. 4 Et consvesset proprie dicitur in stupro. 5 non evm hominem dvcerem non solum, inquit, homo non esset, id quod forsitan nihil nostra intererat, sed quod nobis maximum est, uir stabilis filiae esse non posset. 6 non evm hominem dvcerem nec virvm satis firmvm gnatae potest et sic intellegi: "eum216 hominem ducerem, qui consuetudinem longi temporis temere abrumperet".
1 qvicvm tot consvesset annos Térence loue en toute circonstance ceux qui sont vaincus par une liaison, comme ailleurs « hic paruae consuetudinis causa » et peu après « neque me consuetudo neque amor commoueat »996. 2 Donc c᾽est un butor (ferus) celui qu᾽ une longue relation ne bouleverse pas. 2 qvicvm tot non pas quacum mais quicum, comme on dit a quibus non a quis997. 4 Et consvesset s᾽applique en propre à une relation sexuelle. 5 non evm hominem dvcerem "non seulement, dit-il, ce ne serait pas un homme, ce qui au fond peut bien ne nous concerner en rien, mais, chose qui pour nous est d᾽une importance extrême, il ne pourrait être pour notre fille un mari stable"998. 6 non evm hominem dvcerem nec virvm satis firmvm gnatae cela peut se comprendre ainsi : "je prendrais pour un être humain un homme qui rompt à la légère une relation durable !".

nec uirum satis firmum gnatae. My.-mitte adulescentem obsecro
ni un mari assez fiable pour ma fille. My.-Laisse tomber le garçon, s᾽il te plaît,

1 nec virvm satis uir modo maritus. 2 nec virvm satis firmvm gnatae quem res uenereae non mouerent; nam firmum etiam hoc possumus intellegere ualidum in officium coitus. sic Horatius «  fortique marito destinet uxorem HorSat. 2, 3, 216-217 ». 3 mitte advlescentem obsecro his uerbis solemus commenticia argumenta contemnere, ut «  misericordia, animus maternus: sino TerHeaut. 637 » et alibi «  ᾽imprudens timuit adulescens᾽: sino ᾽tu seruus᾽ TerPho. 294 ». 4 Etenim ille dixerat «  uerum id uitium numquam decreui esse adulescentiae TerHec. 542 »,217 «  adeon peruicaci esse animo, ut puerum praeoptares, etc. TerHec. 582 ».
1 nec virvm satis uir a parfois le sens de mari999. 2 nec virvm satis firmvm gnatae "que les choses de Vénus ne troubleraient pas" ; car nous pouvons aussi comprendre firmus au sens de "plein de santé dans l᾽acte sexuel", ainsi Horace : « fortique marito destinet uxorem » (et qu᾽il destine une épouse à un mari vigoureux)1000. 3 mitte advlescentem obsecro par ces paroles nous avons coutume de mépriser des arguments artificieux, comme « misericordia, animus maternus ; sino » (de la pitié, un cœur de mère ; foutaises !) et ailleurs « ᾽inprudens timuit adulescens᾽ ; sino ᾽tu seruus᾽ ». 4 En effet, il avait dit lui-même : « uerum id uitium numquam decreui esse ego adulescentiae » et « adeon peruicaci esse animo ut puerum praeoptares etc. ».

et quae me peccasse ais. abi, solus solum conueni,
et ce que tu me reproches. Va-t-en, seul à seul va le voir,

1 et qvae me peccasse ais abi solvs solvm conveni recte hoc dicit mulier utpote memor, quid cum Pamphilo sit locuta. 2 Et solvs solvm ideo, quia metuit, ne orata sua non seruet Pamphilus et id multi sciant.
1 et qvae me peccasse ais abi solvs solvm conveni la femme dit cela de façon correcte en tant qu᾽elle se souvient de ce dont elle a discuté avec Pamphile. 2 Et solvs solvm pour la raison qu᾽elle craint que Pamphile n᾽observe pas ce qu᾽elle l᾽a prié de faire et que beaucoup soient mis au courant.

roga uelitne an non uxorem1425 : si est ut dicat uelle se,
demande s᾽il veut ou non sa femme : s᾽il se fait qu᾽il dise qu᾽il la veut,

roga velitne an non vxorem uerba, quibus cum Pamphilo loquatur socer, ne, si aliter agat, res pandatur genero.
roga velitne vxorem paroles avec lesquelles le beau-père va s᾽adresser à Pamphile, de peur que, s᾽il agissait autrement, la chose ne soit éventée à son gendre.

redde; sin est autem ut nolit, recte ego consului meae.
rends-lui ; mais s᾽il se fait qu᾽il ne veut pas, moi, j᾽ai bien veillé aux intérêts de ma fille.

recte ego consvlvi meae "illum", inquit, "nolle signum erit me prouidisse filiae".
recte ego consvlvi meae "son refus, dit-elle, sera le signe que j᾽ai bien pris soin des intérêts de ma fille".

Ph.-siquidem ille ipse non uult et tu sensisti1426 in eo esse, Myrrina,
Ph.-Si d᾽aventure lui-même il ne veut pas, et que toi tu as compris qu᾽il y a là, Myrrhina,

si qvidem ille ipse non vvlt et tv sensisti esse animaduertendum, quemadmodum omnia, quibus se defendit Myrrina, in malam partem accipit Phidippus et hinc magis accusat, unde illa se purgat.
siqvidem ille ipse non vvlt et tv sensisti il faut faire attention à la manière dont Phidippe prend mal tout ce que Myrrhina avance pour sa défense et en tire matière à de plus amples accusations dont elle se justifie1001.

peccatum, aderam cuius consilio fuerat ea par prospici.
une faute, j᾽étais là et il aurait été juste de me consulter pour aviser en cela.

aderam cvivs consilio fverat ea par prospici non dixit "cuius consilio repudium daretur Pamphilo". ita ad bonum omnia exitum spectant.
aderam cvivs consilio fverat ea par prospici il ne dit pas "sur le conseil de qui on signifierait à Pamphile la rupture", ainsi tout tend à une issue heureuse.

quam ob rem incendor ira esse ausam facere haec te iniussu meo.
Voilà pourquoi je brûle de colère : tu as osé faire cela sans mon ordre.

esse avsam facere haec inivssv meo abducere filiam, celare partum, exponere puerum.
esse avsam facere haec te inivssv meo emmener sa fille, cacher la naissance, exposer l᾽enfant.

interdico, ne extulisse extra aedes puerum usquam uelis.
Je te l᾽interdis ! Ne sors pas cet enfant de la maison, jamais.

1 interdico ne ex. inter edico et interdico hoc interest: edicimus quod iubemus fieri, interdicimus quod uetamus fieri. 2 Edicimus etiam uni generi hominum, interdicimus diuersis. itaque praetoris edicta et interdicta dicuntur. 3 interdico separatim dicendum legendumque, quia interdico ne uelis non est integrum. 4 interdico ne extvlisse extra aedes id agitur, ne sub hoc incerto intercipiatur puer et tragoedia fiat ex comoedia.
1 interdico ne extvlisse voici la différence entre edico et interdico : nous utilisons edico pour ce que nous ordonnons de faire, interdico pour ce que nous interdisons de faire ; 2 edico pour un seul genre de personnes, interdico pour des genres différents ; c᾽est la raison pour laquelle on parle des edicta et des interdicta du préteur. 3 interdico doit être dit et lu séparément car interdico ne uelis ne constitue pas un énoncé1002. 4 interdico ne extvlisse extra aedes il s᾽agit ici d᾽éviter que, dans l᾽incertitude présente, l᾽enfant ne soit dérobé et que la comédie vire à la tragédie1003.

sed ego stultior meis dictis parere hanc qui postulem.
Mais je suis assez bête pour demander à celle-là d᾽obéir à mes paroles !

1 meis dictis parere hanc demonstratiue218 et accusatorie dixit quasi tam contumacem. 2 hanc qvi postvlem quid est hanc ? utrum mulierem? an uxorem? an contumacem feminam?
meis dictis parere hanc il dit de façon conclusive et accusatrice comme s᾽il disait tam contumacem1004. 2 hanc qui postvlem qu᾽est-ce que hanc ? La femme ? L᾽épouse ? Ou la femina contumax ?

ibo intro atque edicam seruis ne quoquam efferri sinant.
Je vais entrer et prescrire aux esclaves de ne le laisser emporter nulle part.

1 ibo intro atqve edicam servis sibi ipse hoc dicit τῷ ἰδιωτισμῷ. 2 edicam servis ne qvoqvam efferri sinant et hoc recte poeta, quia ui opus est, ne compleat Myrrina, quod promisit de exponendo puero; ait enim «  de219 continuo exponetur TerHec. 400 ».
1 ibo intro atqve edicam servis il se parle à lui même, c᾽est un idiotisme (ἰδιωτισμός)1005. 2 edicam servis neqvoqvam ecferri sinant et le poète dit cela correctement parce qu᾽il faut user de force pour éviter que Myrrhina ne mène à bien ce qu᾽elle a promis de faire : exposer l᾽enfant ; elle a dit en effet « de continuo exponetur ».

My.-nullam pol credo mulierem me miseriorem uiuere:
My.-Non, nom d᾽un chien, aucune femme, je crois n᾽a une vie plus malheureuse que moi :

nam ut hic laturus hoc sit, si ipsam rem ut siet resciuerit,
de fait, comment lui va le supporter, s᾽il apprend ce qu᾽il en est en réalité,

1 nam vt hic latvrvs hoc sit si ipsam hic ostenditur causa, cur perpetuo celandum sit senibus uitium uirginis. 2 nam vt hic latvrvs hoc sit quantum iracundiae habiturus sit, quantum furoris: hoc enim significat ut. et simul poeta, quod alibi obscure facit, hic aperte demonstrat, quod periculum sit in fabula, nisi καταστροφή succurrat.
1 nam vt hic latvrvs hoc sit si ipsam on montre ici la raison pour laquelle il faut continuer à cacher aux vieillards la faute de la jeune fille. 2 nam vt hic latvrvs hoc sit quelle colère il aura, quelle fureur : c᾽est cela que signifie ut et, en même temps, le poète montre ici clairement ce qu᾽il a auparavant suggéré à mots couverts, quel danger il y a dans cette pièce à moins que le dénouement (καταστροφή) ne vienne au secours des personnages.

non edepol clam me est, cum hoc quod leuius est tam animo irato tulit;
nom d᾽un chien, je ne le vois que trop, quand pour ce qui est le moins grave, il se met dans une telle colère ;

non clam me est hoc est "scio".
non clam me est c᾽est-à-dire "je sais"1006.

nec qua uia sententia eius possit mutari scio.
et par quel biais changer sa décision, je ne le sais pas.

1 nec qva via sententia eivs "nescio, quomodo ex iracundo placidus fiat". 2 sententia eivs possit mvtari scio de puero non exponendo.
nec qva via sententia eivs "je ne sais comment l᾽apaiser dans sa colère". 2 sententia eivs possit mvtari scio à propos de l᾽exposition de l᾽enfant.

hoc mihi unum1427 ex plurimis miseriis reliquum fuerat malum,
Voilà que de toutes mes misères il ne me restait plus que cet ultime malheur :

1 hoc mihi vnvm ex plvrimis miseriis "hoc adhuc", inquit, "malum non mihi euenerat, cum euenerint multa". 2 Et uide an quasi cum gemitu et percontatiue pronuntiandum sit; etenim si obscuram locutionem facit, nisi forte cum uel quod significat. quod si accipimus, possumus et nos interrogatiue pronuntiare. 3 hoc mihi vnvm ex plvrimis miseriis r. f. malvm ex omnibus malis reliquum cum dicat, maximum malum significat; nam non mediocre est, quod omnium miseriarum est ultimum et inter multa mala reliquum.
1 hoc mi vnam ex plvrimis miseriis "jusque là", dit-elle, "il ne m᾽était pas arrivé malheur à moi, alors qu᾽il en était arrivé beaucoup", 2 et voyez s᾽il faut prononcer cela avec un gémissement et de manière interrogative : en effet si rend l᾽expression obscure, à moins que cela signifie cum ou encore quod. Si nous le comprenons ainsi, nous pouvons aussi prononcer cela de manière interrogative1007. 3 hoc mi vnam ex plvrimis miseriis reliqvvm fverat malvm parmi tous les maux quand elle dit reliquum elle veut dire le malheur le plus grand, de fait ce n᾽est pas un malheur ordinaire « le plus extrême de toutes les misères » et « celui qui reste entre de nombreux maux ».

si puerum ut tollam cogit, cuius nos qui sit nescimus pater.
qu᾽il contraigne à reconnaître un enfant dont nous ne savons pas qui est le père.

si pvervm vt tollam cogit recte tollam: quaestio unde sit.
si pvervm vt tollam cogit tollam est correct, la question est "d᾽où sort-il ?"1008.

nam cum compressa est gnata, forma in tenebris nosci non quita est,
De fait quand ma fille a été violée, la forme dans les ténèbres elle n᾽a pas pu la reconnaître,

forma in tenebris nosci non qvita est ab actiuo queo passiuum facit queor et inde participium quita est. sed antique dixit.
forma in tenebris nosci non qvita est à partir de l᾽actif queo on forme le passif queor et de là le participe quita est ; mais c᾽est parler de façon archaïque.

neque detractum ei tum quicquam est qui posset post nosci qui siet;
et elle ne lui a pas enlevé quelque chose avec quoi elle puisse reconnaître qui c᾽est ;

neqve detractvm solet enim fieri.
neqve detractvm car cela arrive habituellement1009.

ipse eripuit ui, in digito quem habuit, uirgini abiens anulum.
c᾽est lui qui a arraché avec violence en partant à la jeune fille l᾽anneau qu᾽elle avait au doigt.

1 ipse eripvit vi in digito hic ad exitum spectat παρασκευή, quia per anulum fiet cognitio. 2 ipse eripvit vi in digito "e contrario", inquit, "factum est, ipsa ut non eriperet, sed ipsi eriperetur".
1 ipse eripvit vi in digito cela vise au dénouement, c᾽est une préparation (παρασκευή) car c᾽est par cet anneau que se fera la reconnaissance. 2 ipse eripvit vi in digito "au contraire, dit-elle, ce n᾽est pas elle qui lui a enlevé quelque chose c᾽est à elle que l᾽on a enlevé quelque chose"1010.

simul uereor Pamphilum ne orata nostra nequeat diutius
En même temps, j᾽ai peur que Pamphile, ce que nous lui avons demandé, il ne puisse plus longtemps

simvl vereor pamphilvm ne orata nostra scilicet "si sustulimus cogente sene eum puerum, quem exposituiri Pamphilo paulo ante promisi".
simvl vereor pamphilvm ne orata nostra implicitement "si, sous la contrainte du vieillard, nous reconnaissons l᾽enfant que j᾽ai promis peu auparavant à Pamphile d᾽exposer".

celare, cum sciet alienum puerum tolli pro suo.
le cacher, quand il saura que c᾽est l᾽enfant d᾽un autre qu᾽on élève pour le sien.

cvm sciet alienvm pvervm tolli pro svo non solum, inquit, tolli aegre feret alienum, uerum etiam pro suo.
cvm sciet alienvm pvervm tolli pro suo "non seulement", dit-elle, "il supportera mal ᾽que soit reconnu᾽ ᾽celui d᾽un autre᾽ mais aussi qu᾽on le tienne ᾽pour le sien᾽".


Sommaire Notes

scaena altera

Sostrata Pamphilus (Laches)
577 | 578 | 579 | 580 | 581 | 582 | 583 | 584 | 585 | 586 | 587 | 588 | 589 | 590 | 591 | 592 | 593 | 594 | 595 | 596 | 597 | 598 | 599 | 600 | 601 | 602 | 603 | 604 | 605 | 606

So.-non clam me est, gnate mi, tibi me esse suspectam, uxorem tuam
So.-Il ne m᾽est pas secret, mon fils, que tu soupçonnes que ta femme

1 non clam me est in hac scaena uelut qualitas negotialis in disputationem uenit, iustumne sit repudiari coniugem causa matris, et omnino220 quod fieri deceat. 2 non clam me est gnate mi bono ordine a purgatione sui incipit mater abitura, ne quod discedit iracundiae uideatur. 3 tibi me esse svspectam id est: "in suspicione me tibi esse". 4 vxorem tvam blandius uxorem significauit, quam si diceret Philumenam.
1 non clam me est dans cette scène, vient en discussion une question de qualification pour ainsi dire matérielle : est-il juste de répudier une épouse pour satisfaire une mère et en général ce qu᾽il convient de faire1011. 2 non clam me est gnate mi dans un ordre bien venu, la mère qui va s᾽en aller commence par se justifier, afin qu᾽on ne puisse mettre sur le compte de la colère le fait qu᾽elle se retire. 3 tibi me esse svspectam c᾽est-à-dire : "que je sois pour toi un objet de soupçon". 4 vxorem tvam il y a plus de douceur dans le sens d᾽uxorem que si elle avait dit Philumène1012.

propter meos mores hinc abisse, etsi ea dissimulas sedulo.
c᾽est à cause de mes façons qu᾽elle est partie d᾽ici, même si tu fais tout pour le cacher.

1 Et mores proprie senum dicuntur, unde senectus morosa et morosi homines, qui sui cuiusdam moris sunt. 2 etsi ea dissimvlas sedvlo ea id est quae scio. 3 Et ea pro eam rem. sed absolute occurrit supra latae sententiae et genere neutro. 4 Et est ordo: "etsi ea dissimulas sedulo, <non clam me est>"221.
1 Et mores s᾽applique au sens propre pour des vieillards, d᾽où l᾽on dit que la vieillesse est morosa (morose) et que sont morosi (moroses) les gens qui n᾽en font que selon leur habitude1013. 2 etsi ea dissimvlas sedvlo ea c᾽est-à-dire "ce que je sais". 3 Et ea est mis pour eam rem (cette chose), mais se rencontre de manière absolue pour renvoyer à une phrase placée avant, et est du genre neutre ; et l᾽ordre est : "etsi ea dissimulas sedulo <non clam me est>".

uerum ita me di ament itaque obtingant ex te quae exoptem mihi ut
Mais plaise au ciel qu᾽il me donne ce que je te demande pour moi :

1 vervm ita me di ament itaqve obtingant coniectura, quae soluitur iureiurando. 2 itaqve obtingant ex te perseueranter ita rem probat Pamphilo, ut blanda sit. 3 itaqve duae partes orationis.
1 verum ita me di ament itaque obtingant conjecture qui se trouve résolue par le serment1014. 2 itaque obtingant ex te c᾽est ainsi qu᾽elle fait la démonstration à Pamphile de sa gentillesse. 3 itaqve deux parties du discours1015.

numquam sciens commerui merito ut caperet odium illam mei.
je n᾽ai jamais fait exprès de mériter qu᾽elle conçoive de la haine contre moi.

1 nvmqvam sciens commervi bona exceptio, quia possumus inscienter aliquem laedere, quae res ad ueniam pertinet. 2 nvmqvam sciens commervi222 hic est ordo iuris iurandi, ut cum praeposuerit ita, sequatur ut. Cicero «  ita mihi uelim deos propitios, ut cum illius temporis mihi uenit in mentem CicCaecil. 41 ». 3 merito vt caperet odivm bene dixit merito, nam immerito ut quis nos non oderit, non est in nostra manu. 4 Haec exceptio est. Plautus in Trinummo «  quin dicant, non est: merito ut ne dicant, id est PlautTrin. 105 ». 5 merito vt caperet odivm ibi est enim culpa sine merito.
1 nvmqvam sciens commervi bonne exception car nous pouvons sans le savoir blesser quelqu᾽un, chose qui relève de la demande de pardon. 2 nvmqvam sciens commervi c᾽est bien l᾽ordre du serment : on met ita puis ut ; Cicéron : « ita mihi deos uelim propitios ut, cum illius mihi temporis uenit in mentem » (je voudrais que les dieux me soient propices quand me vient à l᾽esprit ce moment)1016. 3 merito vt caperet odivm merito est bien dit, de fait que quelqu᾽un ne nous haïsse pas sans raison (immerito) n᾽est pas en notre pouvoir. 4 C᾽est une exception ; Plaute dans le Trinummus : « quin dicant non est : merito ut ne dicant id est » (les empêcher de parler, impossible ; faire en sorte qu᾽ils ne parlent pas à bon droit, ça c᾽est possible). 4 merito vt caperet odivm c᾽est là en effet qu᾽est la faute imméritée1017.

teque ante quam1428 me amare rebar, ei rei firmasti fidem;
Et ce que je croyais, que tu l᾽aimais plus que moi, tu l᾽as confirmé ;

1 teqve ante qvam me am. deest tam, ut sit ordo: "et quam te me amare rebar, tam firmasti fidem ei rei". 2 teqve ante qvam me amare rebar ordo et sensus hic est: "et quod ante rebar, ei223 firmasti fidem, neque me fefellit, quod ante rebar te me amare; nam ei rei hodie firmasti fidem", id est "probationem attulisti".
1 teqve ante qvam me amare il manque tam pour avoir l᾽ordre : "et quam te me amare rebar, tam firmasti fidem ei rei"1018. 2 teqve ante qvam me amare rebar l᾽ordre et le sens sont ici : "et quant au fait que je pensais que tu m᾽aimais, tu m᾽en as donné de plus amples assurances et il ne m᾽échappe pas que je pensais que tu m᾽aimais : de fait tu m᾽en as donné de plus amples assurances", c᾽est-à-dire, "tu en as apporté la preuve".

nam mihi1429 intus tuus pater narrauit modo quo pacto me habueris
mais à l᾽intérieur ton père m᾽a raconté comment tu m᾽as considérée

1 nam mihi intvs tvvs pater dixit enim supra «  atque in eam hoc omne, quod mihi aegre est, euomam TerHec. 515 »; potuit enim euomendo narrasse, quod matrem filius praeposuisset uxori. 2 tvvs pater familiarius quam si diceret Laches.
1 nam mi intvs tvvs pater il a dit en effet plus haut : « atque in eam hoc omne quod mihi aegre est evomam » ; il a pu en effet en vomissant sa colère raconter que son fils préférait sa mère à sa femme. 2 tvvs pater c᾽est plus familier que si elle disait Lachès1019.

praepositam amori tuo: nunc tibi me certum est contra gratiam
plus importante que ton amour : maintenant c᾽est à toi que j᾽ai décidé de rendre

1 praepositam amori tvo plus dixit amori tuo quam si uxori tuae diceret. 2 nvnc tibi me certvm est contra gratiam a iusto. 3 contra nunc uicissim.
1 praepositam amori tvo plus fort que si elle disait "ton épouse"1020. 2 nvnc tibi me certvm est contra gratiam argument par le juste. 3 contra ici équivaut à uicissim (à son tour).

referre ut apud me praemium esse positum pietati scias.
la pareille, pour que tu saches que tu trouves en moi la récompense de ton affection.

1 vt apvd me praemivm esse positvm laborat mulier, ne, quod dictura est, odio aut dolore aut certe ira facere uideatur. 2 praemivm esse positvm sic Vergilius «  sunt hic sua praemia laudi VergAen. 1, 461 ».
1 referre vt apvd me praemivm esse positvm la femme souffre à l᾽idée que ce qu᾽elle va dire paraisse le fait de la haine, de la douleur ou de la colère. 2 praemivm esse positvm ainsi Virgile « sunt hic sua praemia laudi » (il y a là aussi les récompenses de sa gloire).

mi Pamphile, hoc et uobis et meae commodum famae arbitror:
Mon cher Pamphile, voici ce que je crois avantageux pour vous et pour ma réputation:

1 mi pamphile hoc et vobis et meae commodvm rem duram dictura uide quantis praeblanditur uerbis remque praemollit! 2 hoc et vobis et meae ab honesto. 3 mi pamphile hoc et vobis et meae principium hoc aliquid precantis est feminae. a blandimento ergo incipit, ut libenter audiat.
1 mi pamphile hoc et vobis et meae commodvm comme elle va dire quelque chose de difficile à entendre, voyez avec quelles paroles elle commence par flatter et adoucir. 2 hoc et vobis et meae argument par l᾽honnête. 3 mi pamphile hoc et vobis et meae il s᾽agit du début d᾽une femme qui adresse une prière ; elle commence donc par une flatterie pour qu᾽on l᾽écoute volontiers.

ego rus abituram hinc cum tuo me esse certo decreui patre,
j᾽ai décidé de manière ferme de partir d᾽ici pour la campagne avec ton père,

1 ego rvs abitvram hinc cvm tvo decrevi patre224 certo dixit, ne sit dissuadendi locus. 2 certo decrevi ad hoc addit certo decreui, ut non audeat dissuadere filius.
1 ego rvs abitvram hinc cvm tvo decrevi patre elle dit certo afin qu᾽il n᾽y ait pas lieu de la dissuader. 2 certo decrevi elle ajoute certo afin que son fils n᾽ose pas la dissuader1021.

ne mea praesentia obstet neu causa ulla restet relicua
pour que ma présence ne gêne plus et qu᾽il ne reste plus de raison

1 ne mea praesentia non dixit iam culpa sed praesentia. 2 ne mea praesentia ab utili.
1 ne mea praesentia elle ne dit plus "faute", mais "présence"1022. 2 ne mea praesentia argument par l᾽utile.

quin tua Philumena ad te redeat. Pam.-quaeso quid istuc consili est?
pour que ta Philumène ne revienne pas à toi. Pam.-Quoi ? Qu᾽est-ce que c᾽est que cette décision ?

qvid istvc consili est bene, quia illa decreui dixerat.
qvid istvc consili est bien car elle avait dit decreui.

illius stultitia uicta ex urbe tu rus habitatum migres?
Vaincue par sa sottise, loin de la ville, à la campagne, c᾽est toi qui t᾽en vas habiter ?

1 illivs a persona; stvltitia a causa; victa non enim uolens; ex vrbe a loco; tv a persona; habitatvm a facto. 2 illivs stvltitia uide, quam oratorie omnia congesserit: a personis, a causis, a locis, a factis. 3 illivs stvltitia ab utili. 4 Mire autem et rus225 ex urbe et habitatum dixit.
1 illivs argument par la personne, stvltitia argument par la cause, victa sans le vouloir en effet, ex vrbe argument par le lieu, tv argument par la personne, habitatvm argument par le fait. 2 illivs stvltitia voyez avec quelle adresse oratoire il a tout mis ensemble, les arguments par les personnes, les causes, les lieux, les faits. 3 illivs stvltitia argument par l᾽utile. 4 De manière étonnante, il dit à la fois rus, ex urbe et habitatum1023.

non1430 facies, neque sinam ut qui nobis, mater, maledictum uelit,
Non tu ne le feras pas, je ne permettrai pas, mère, que qui veut médire de nous

1 vt qvi nobis mater maledictvm velit ab honesto. 2 non facies neqve sinam primo non facies, deinde "si facere perseueraueris", non sinam. 3 Et non facies non est interdicentis, sed quasi dicat: "non te scio facturam rem tam prauam". sunt autem qui neque sinam iungant inferioribus, sunt qui totum contexte legant non facies usque modestia.
1 vt qvi nobis mater male dictvm velit argument par l᾽honnête. 2 non facies neqve sinam d᾽abord "tu ne le feras pas", et au cas où tu persistes, "je ne te laisserai pas faire". 3 Et non facies n᾽est pas l᾽expression d᾽une interdiction ; c᾽est comme s᾽il disait "je sais que tu ne feras pas une chose aussi malheureuse"1024 ; il y a des gens pour construire neque sinam avec ce qui suit, d᾽autres pour lire comme une seule proposition de non facies à modestia1025 .

mea pertinacia esse dicat factum, haud tua modestia.
dise que c᾽est le fait de mon entêtement, et non de ta modération.

mea pertinacia esse dicat factvm bene retinet, cum uult sua interesse, ne fiat.
mea pertinacia esse dicat factvm il fait bien de la retenir quand il veut qu᾽il en aille de son intérêt que cela n᾽arrive pas1026.

tum tuas amicas1431 et cognatas deserere et festos dies
Et puis, tes amies, tes parentes, que tu les abandonnes, et les fêtes,

tvm tvas amicas et cognatas deserere226 in dissuadendo miscuit et honestatem et utilitatem.
tvm tvas amicas et cognatas deserere dans sa dissuasion, il met ensemble ce qui relève de l᾽honnête et ce qui relève de l᾽utile1027.

mea causa nolo. So.-nil pol iam istaec mihi res uoluptatis ferunt:
à cause de moi ! Non je ne veux pas. So.-Nom d᾽un chien, ces choses ne me donnent plus de plaisir:

1 mea cavsa nolo non est superbum nolo, sed consuetudine dicitur. 2 nihil pol istaec res mihi contra omnia. et ab ultimis incipit. 3 istaec res «  amicae TerHec. 592 », «  cognatae TerHec. 592 », «  dies festi TerHec. 592 ».
mea cavsa nolo ce nolo n᾽est pas orgueilleux, il n᾽est que selon l᾽usage courant1028. 2 nihil pol istaec res mihi elle contre tout l᾽argumentaire en commençant par la fin1029. 3 istaec res les « amies », les « parentes », les « jours de fête ».

dum aetatis tempus tulit, perfuncta satis sum: satias iam tenet
tant que l᾽âge le permettait, j᾽en ai eu tout mon saoûl : maintenant j᾽en ai assez

1 dvm aetatis tempvs tvlit tulit pro passum est, permisit: et in bonis enim et in malis tulit dicitur. 2 dvm aetatis tempvs tvlit perfvncta satis svm satias iam me tenet "si", inquit, "meae uoluptatis causa exercenda sunt, iam non delectant; si officii ac religionis, iam non possum, quae sim anus". 3 Necessaria diuisio, quia ille et religionem incusserat festorum dierum. 4 dvm aetatis "non", inquit, "reprehendar, quae, cum potuerim, perfuncta satis sum". sic Vergilius «  sat patriae Priamoque datum VergAen. 2, 291 ». 5 satias iam tenet nimis materne atque aniliter.
1 dvm aetatis tempvs tvlit, tulit pour "l᾽a toléré", "l᾽a permis". En effet cela se dit à la fois en bonne et en mauvaise part. 2 dvm aetatis tempvs tvlit perfvncta satis svm satias iam tenet "si, dit-elle, ces activités doivent être faites pour mon plaisir, elle n᾽ont plus de charme pour moi ; si elles relèvent du devoir et de la religion, je ne peux plus les accomplir car je suis une vieille femme". 3 Division indispensable, car Pamphile avait aussi insisté sur le respect religieux dû aux jours de fête1030. 4 dvm aetatis "non, dit-elle, je ne subirai aucun reproche, car, tant que j᾽ai pu le faire, je m᾽en suis suffisamment acquittée", ainsi Virgile : « sat patriae Priamoque datum » (suffisamment donné à la patrie et à Priam). 5 satias iam tenet excessivement maternel et propre à une vieille femme1031.

studiorum istorum. haec mihi nunc cura est maxima ut ne cui meae1432
de toutes ces activités. Maintenant ce qui me soucie le plus est qu᾽à personne

1 haec mihi nvnc cvra est maxima hoc nimis serio pronuntiandum. 2 Et ne cui maluit quam ne tibi dicere. 3 vt ne cvi meae longinqvitas aetatis obstet hoc ad nurum, exspectationem ad filium refert. hinc enim odio digni parentes exspectati appellantur.
1 haec mihi nvnc cura est maxima il faut prononcer cela de manière extrêmement grave. 2 Et elle a préféré dire ne cui que ne tibi1032. 3 vt ne cvi mea longinqvitas aetatis obstet elle rapporte cela à sa belle-fille, l᾽attente à son fils. C᾽est de là en effet que l᾽on nomme exspectati les parents qui méritent la haine1033.

longinquitas aetatis obstet mortemue exspectet meam.
la longueur de ma vie ne fasse obstacle et que personne n᾽espère ma mort.

longinqvitas aetatis obstet mortemve exspectet meam cum sedulo agat socrus, ne quid per iracundiam statuisse uideatur, uide tamen, ut intermisceatur indignatio et multa dolore deprompta sint: quod poeta non inuitus facit ad mores exprimendos personasque reddendas.
longinqvitas aetatis obstet mortemve exspectet meam alors que la belle-mère prend bien soin que rien ne semble avoir été décidé sous le coup de la colère, voyez cependant comme s᾽y mêle de l᾽indignation et que beaucoup de ses paroles viennent de sa douleur : le poète l᾽a fait exprès pour traduire les caractères et bien rendre les personnages.

hic uideo me esse inuisam inmerito: tempus est1433 concedere.
Ici je vois qu᾽on me hait, à tort: il est temps de céder la place.

1 hic video me esse invisam quia rus decreuit pergere, non quasi nurum sed locum227. 2 Et mire invisam et non addidit cui, sed dixit tempus est concedere: "quia anus sum"? an "quia nurus in domo"?
hic video me esse invisam car elle a décidé d᾽aller à la campagne en prétextant non de sa belle-fille, mais du lieu1034. 2 Et invisam est étonnant et elle n᾽ajoute pas aux yeux de qui et dit tempus est concedere : "parce que je suis une vieille femme" ou "parce que ma belle-fille est dans la maison" ?

sic optime, ut ego opinor, omnes causas praecidam omnibus:
C᾽est ainsi que je réussirai le mieux, je crois, à couper à tout le monde l᾽herbe sous le pied :

1 omnes cavsas p. o. bene omnibus, ne specialiter nurui dixisset. 2 Et generaliter dixit.
1 omnes cavsas praecidam omnibvs c᾽est bien de dire omnibus pour ne pas dire spécialement "à ma belle-fille". 2 Et c᾽est s᾽exprimer de manière générale.

et me hac suspicione exsoluam et illis morem gessero.
moi, je me libèrerai de ce soupçon, et eux je les aurai laissé faire à leur façon.

1 et illis morem gessero mire illis, non nurui. 2 Et morem gessero acriter dictum, ut ostendat hoc illos olim uoluisse, ut expelleretur domo. 3 Vt si dicas inimicum tibi morem gessisse, quod se suspenderit.
1 et illis morem gessero étonnant de dire illis et non "ma belle-fille". 2 Et morem gessero est dit avec amertume, pour montrer qu᾽ils ont voulu depuis longtemps la chasser de la maison. 3 Comme si l᾽on disait que notre ennemi a accédé à nos quatre volontés en se pendant.

sine me obsecro hoc effugere uulgus quod male audit mulierum.
Laisse-moi, s᾽il te plaît, fuir cette populace qui a mauvaise opinion des femmes.

1 sese me obsecro hoc effvgere vvlgvs quia dixerat maritus eius «  omnes socrus oderunt nurus TerHec. 201 ». 2 sine me obsecro hoc effvgere potentissimum est ad extorquendum aliquod argumentum, cum his, quibus cari esse debemus, nostra potius causa quam illorum dicimus uelle nos aut nolle quod facimus: nam et Pamphilus supra sic dixit «  non facies neque sinam TerHec. 590 » etc. 3 qvod male avdit supra228. ab honesto.
1 sine me obsecro hoc effvgere vvlgvs parce que son mari avait dit « omnes socrus oderunt nurus »1035. 2 sine me obsecro hoc effvgere argument extrêmement puissant pour arracher quelque chose à quelqu᾽un, quand, à ceux à qui nous devons être chers, nous disons que c᾽est pour nous et non pour eux que nous voulons ou ne voulons pas ce que nous faisons. De fait Pamphile aussi a dit plus haut : « non facies, neque sinam ». 3 qvod male avdit comme plus haut, argument par l᾽honnête.

Pam.-quam fortunatus ceteris sum rebus, absque una hac foret,
Pam.-Que je suis heureux en tout le reste, s᾽il n᾽y avait ce seul point :

1 absqve vna hac foret absque extra, ut sit aduerbium magis quam praepositio. 2 Et vna res subaudienda. 3 Et totum ἐν ὑποκρίσει statimque iungendum «  hanc matrem habens talem, illam229 uxorem TerHec. 602 ». 4 Vel certe absque foret pro abesset. alii hac de uxore dici putant, ut sit absque praepositio.
1 absqve vna hac foret absque équivaut à extra (en outre) en sorte que c᾽est plutôt un adverbe qu᾽une préposition. 2 Et vna il faut sous entendre res avec una1036 ; 3 et tout est dans son rôle (ἐν ὑποκρίσει) et il faut dire sans pause « hanc matrem habens talem illam uxorem »1037. 4 Ou au moins absque foret vaut pour abesset ; d᾽autres comprennent que hac désigne l᾽épouse, faisant ainsi de absque une préposition.

hanc matrem habens talem, illam autem uxorem! So.-obsecro, mi Pamphile,
avoir une mère comme celle-ci, une femme comme celle-là ! So.-Je t᾽en supplie, mon cher Pamphile,

non tute incommodam rem, ut quaeque est, in animum inducas1434 pati?
ne va pas te mettre, pour quelque raison que ce soit, martel en tête !

non tvte incommodam rem vt qvaeqve est in animvm indvcas pati Horatius «  durum, sed melius230 fit patientia, quicquid corrigere est nefas HorCarm. 1, 24, 19 ».
non tvte incommodam rem vt qvaeqve est in animvm indvces pati Horace « durum : sed melius fit patientia quicquid corrigere est nefas » (c᾽est dur, mais la patience rend meilleur ce qu᾽il n᾽est pas permis de corriger)1038.

si cetera ita sunt ut uis itaque ut1435 esse1436 illam existimo,
Si tout le reste va comme tu veux et elle comme je crois qu᾽elle est,

1 si cetera ita svnt bene cetera: "absque uno quodam et differenti". 2 itaqve vt esse illam existimo231 quia potuit dici ei "o socrus, ergo dubitas de integritate nurus tuae?", addidit itaque ut ego illam esse existimo.
1 si cetera ita svnt cetera est bien dit : "hormis une seule chose qui est différente". 2 itaqve vt esse illam existimo parce qu᾽on aurait pu lui dire "belle-mère, tu doutes donc de l᾽intégrité de ta belle-fille ?", elle ajoute itaque ut ego illam esse existimo1039.

mi gnate, da ueniam hanc mihi, reduc illam. Pam.-uae misero mihi!
mon fils, fais-moi cette grâce, reprends-la. Pam.-Malheur ! Infortuné que je suis !

1 da veniam hanc mihi redvc il. mihi: "propter quam putas non reducendam". 2 vae misero mihi nec negat nec promittit, sed ingemescit, utpote qui penitus dolore commotus aestum animi dissimulare iam non potest. 3 vae misero mihi nihil potuit pro rerum qualitate respondere nisi ut ingemesceret Pamphilus.
1 da veniam hanc mihi redvc illam mihi "celle à cause de qui tu penses qu᾽il ne faut pas la reprendre". 2 vae misero mihi il ne refuse ni ne promet mais il gémit, en homme totalement bouleversé par la douleur, qui ne peut plus dissimuler ce qui bouillonne dans son cœur. 3 vae misero mihi Pamphile n᾽a rien pu répondre qui puisse correspondre à la nature de la situation, sinon gémir.

So.-et mihi quidem; nam haec res non minus me male habet quam te, gnate mi.
So.-Et moi donc ; car cela ne me fait pas moins de mal qu᾽à toi, mon fils.

et mihi qvidem οὐκ ὀρθῶς: quid enim et mihi? an ei232? multa sic in usu nostro sunt.
et mihi qvidem ce n᾽est pas correct (οὐκ ὀρθῶς). Que signifie en effet et mihi, faut-il lire ei mihi ? Beaucoup d᾽expressions de ce genre sont passées dans notre usage1040.


Sommaire Notes

scaena tertia

Sostrata Pamphilus Laches
607 | 608 | 609 | 610 | 611 | 612 | 613 | 614 | 615 | 616 | 617 | 618 | 619 | 620 | 621 | 622

La.-quem cum istoc sermonem habueris procul hinc stans accepi, uxor.
La.-La conversation que tu as eue avec ce garçon, je l᾽ai entendue en me tenant à l᾽écart, mon épouse.

1 qvem cvm istoc sermonem habveris in hoc colloquio reconciliatio senum est post iurgium mixta disputatione Pamphili de non reducenda uxore. 2 procvl procul nunc prope. 3 procvl hinc stans accepi vxor accepi audiui. 4 Et modo uxor, ante mulier est et de uxore «  di mala prohibeant TerHec. 207 ».
1 qvem cvm istoc sermonem habveris dans cette conversation, il y a la réconciliation des vieillards après une querelle à laquelle se mêle une discussion de Pamphile concernant le fait de ne pas reprendre son épouse. 2 procvl procul signifie ici prope (à côté)1041. 3 procvl hinc stans accepi vxor accepi mis pour audiui (j᾽ai entendu). 4 Et maintenant elle est uxor, auparavant mulier1042 et à propos de l᾽épouse « di mala prohibeant ».

istuc est sapere, qui ubicumque opus sit animum possis flectere;
Voilà qui est sage, de pouvoir, dès que de besoin, fléchir sa volonté

1 istvc est sapere τό istuc exceptiue dictum, quasi cetera stulte fecerit. et simul stomachum retinet, quo reprehenderat cetera. 2 qvi vbicvmqve opvs sit qui pro ****233, interdum abundat. 3 animvm possit flectere modo non alienum animum sed suum flectere. 4 Et unde flectere? a iurgio ad modestiam et ad concessionem ex domo. 5 animvm flectere ad hoc flectere animum dixit, ut ostenderet ne nunc quidem purgatam apud se Sostratam de praeterita culpa.
1 istvc est sapere le (τό) istuc est dit par exception, comme si elle avait fait tout le reste de manière stupide, et en même temps il retient la colère qui lui avait fait reprocher tout le reste. 2 qvi vbicvmque opvs sit qui mis pour ***** est parfois pléonastique1043. 3 animvm possit flectere parfois ce n᾽est pas fléchir le cœur d᾽un autre, mais son propre cœur. 4 Et d᾽où flectere ? De la querelle à la modération et à faire une concession en partant de la maison. 5 animvm flectere il dit flectere animum pour montrer qu᾽à ses yeux Sostrata n᾽est pas encore lavée de sa faute passée.

quod faciundum sit fortasse post1437, idem hoc nunc si feceris.
et, ce que tu serais peut-être obligée de faire plus tard, de le faire dès maintenant.

1 qvod facivndvm sit post haec etiam sententia uideri potest generalis. 2 Et deest ad id, ut sit: "flectere ad id quod faciendum". 3 Potest et absolute accipi quod pro quae res facienda sit. 4 qvod post faciendvm faciendum id est concedendum. et uim necessitatis hoc uerbum exprimit.
1 qvod facivndvm sit post cette maxime aussi peut sembler avoir une valeur générale. 2 Et il manque ad id pour avoir "flectere ad id quod faciendum". 3 On peut aussi comprendre quod absolument pour "la chose qui doit être faite"1044. 4 qvod post faciendvm sit 1045 faciendum c᾽est-à-dire "que l᾽on doit concéder", et ce verbe exprime un sens de nécessité impérieuse1046.

So.-fors fuat pol. La.-abi rus ergo hinc: ibi ego te et tu me feres.
So.-Ainsi soit-il, nom d᾽un chien. La.-Pars donc d᾽ici pour la campagne : là tu me supporteras et je te supporterai.

1 fors fvat pol "fortuna faueat". 2 Quasi τῷ εὐφημισμῷ aduersum triste dictum usa est; nam fors bona fortuna est. 3 Et fvat sit significat: dixerat enim ille «  quod faciendum sit post fortasse TerHec. 609 ». 4 fors fvat pol id est: "bona eueniat", quasi τῷ εὐφημισμῷ dicat: "bona dicito potius". 5 An: "bona fortuna sit per Pollucem"? 6 abi rvs234 hortantis est ad celeritatem, ut Vergilius « ergo age, care pater, c. i. n. ». 7 ibi ego te et tv me235 non dixit "ibi nos inuicem delectabimus", sed quia senex atque anus est, ego te et tu me feres dixit. et simul quia nuper incusauerat mores senum, ad se uocare uult causam abscessionis suae, non ad filii culpam aut nurus. 8 ibi ego te et tv me feres aut "quia noti inter nos sunt mores nostri" aut "quia utrique una aetas est". 9 Et sic pronuntia, ut quasi hoc ipsum necessitate decernat senex, cum dicit abi rus ergo hinc. 10 ibi ego te et tv me feres ipsa pronuntiatio querelam continet de filiis et senectutis236.
1 fors fvat pol "que la fortune favorise". 2 L᾽expression est pour ainsi dire utilisée par euphémisme (τῷ εὐφημισμῷ) pour contrer une parole funeste. Car fors désigne la bonne fortune. 3 Et fvat signifie sit1047, il avait dit en effet « quod faciendum sit post fortasse ». 4 fors fvat pol c᾽est-à-dire "que ce soit la bonne fortune qui sorte", comme si elle disait par euphémisme (τῷ εὐφημισμῷ) : "dis plutôt des choses de bon augure". 5 Ou alors "que ce soit une bonne fortune par Pollux"1048 ? 6 abi rvs c᾽est la manière de parler quand on exhorte à faire vite comme Virgile « ergo age, care pater, ceruici imponere nostrae »1049. 7 ibi ego te et tv me il ne dit pas : "là-bas nous serons heureux tous les deux", mais, parce que c᾽est une vieillard et une vieille, il dit : « je te supporterai et tu me supporteras », et, en même temps, parce qu᾽il vient de mettre en accusation le caractère des vieillards, il veut ramener à lui la cause de son départ et non à la faute de son fils ou de sa belle-fille. 8 ibi ego te tv me feres ou "parce que nous connaissons chacun bien les habitudes de l᾽autre", ou "parce que nous avons l᾽un et l᾽autre le même âge". 9 Et prononcez de manière à ce que le vieillard décide cela sous le coup d᾽une impérieuse nécessité, quand il dit abi rus ergo hinc. 10 ibi ego te et tv me feres la prononciation elle-même comprend une plainte pour son fils et face à la vieillesse1050.

So.-spero ecastor. La.-i ergo intro et compone quae tecum simul
So.-Je l᾽espère, pardieu. La.-Allez rentre et prépare ce qu᾽avec toi

1 spero ecastor mire non confirmauit mulier, sed sperare se dixit, memor iurgii pristini et senilis amaritudinis, maxime quia et ille non dixit "ibi nobis iucunde erit", sed «  ibi ego te et tu me feres TerHec. 610 ». 2 i ergo intro et compone qvae tecvm κωμικῷ χαρακτῆρι et usu cotidiano satisque moraliter. 3 Et quia mulieres «  dum moliuntur, dum conantur, annus est TerHeaut. 240 »237.
1 spero ecastor de manière étonnante la femme ne confirme pas, mais dit qu᾽elle l᾽espère, parce qu᾽elle se souvient de la précédente querelle et de l᾽amertume des vieillards, mais surtout parce qu᾽il ne lui a pas dit : "là-bas nous serons heureux", mais « ibi ego te et tu me feres ». 2 i ergo intro et compone quae tecvm en conformité avec le caractère comique (κωμικῷ χαρακτῆρι), conformément à l᾽usage quotidien1051 et de manière assez conforme au personnage. 3 Et parce que les femmes « dum moliuntur, dum conantur, annus est » (le temps qu᾽elles s᾽organisent, qu᾽elles se préparent, cela prend une année)1052.

ferantur: dixi. So.-ita ut iubes faciam. Pam.-pater.
tu vas faire emporter : j᾽ai dit. So.-Je vais faire comme tu le commandes. Pam.-Père.

1 dixi denuntiatio est confirmandae sententiae nec mutandae, et translata de foro et causidicis. Cicero « praeco dixisse pronuntiat ». 2 dixi hoc uerbum in fine additum superiora confirmat et est proprium his, qui perorauerunt causam. 3 pater ipsum nomen dehortationem significat adiecta pronuntiatione. 4 pater pater sic pronuntia, ut hoc uultuose sit dictum.
1 dixi c᾽est l᾽expression claire d᾽une décision que l᾽on confirme et que l᾽on ne changera pas, et cela provient du forum et de la langue des avocats, Cicéron : « praeco dixisse pronuntiat » (le héraut annonce que c᾽est terminé). 2 dixi ce mot ajouté en fin de propos confirme ce qui vient d᾽être dit et est propre à ceux qui viennent de finir de plaider une cause. 3 pater le nom lui-même signifie une tentative pour le dissuader, si l᾽on y ajoute une intonation. 4 pater prononcez pater de manière à le dire avec une expression de visage.

La.-quid uis, Pamphile? Pam.-hinc abire matrem? minime. La.-quid ita istuc uis?
La.-Que veux-tu, Pamphile ? Pam.-Que ma mère s᾽en aille ? Certes non. La.-Que veux-tu dire par là ?

1 hinc abire matrem facete πρὸς τὸ quid uis? respondit. 2 qvid ita istvc rem supra audiuit et personam: nunc causam quaerit. 3 Et quasi dicat: "esto ut nolis, quid tantopere non uis?".
1 hinc abire matrem amusante réponse en regard de quid uis1053. 2 qvid ita istvc il a entendu ce qu᾽il vient de dire et la personne dont il s᾽agit, maintenant il demande la cause1054. 3 Et c᾽est comme s᾽il disait : "admettons que tu ne veuilles pas ; pourquoi tant d᾽insistance à ne pas vouloir ?".

Pam.-quia de uxore incertus sum etiam quid sim facturus. La.-quid est?
Pam.-C᾽est que, pour ma femme, je ne suis pas bien sûr de ce que je vais faire. La.-Quoi ?

1 incertvs svm etiam qvid sim factvrvs non quid faciam dixit, sed quid sim facturus, ut incertum molimen etiam uerbis potuisset ostendere. 2 qvid est et «  quid ita istuc uis TerHec. 613 » et quid est eo uultu pronuntiantur, ut consilium eius et uerba uideatur contemnere pater.
1 incertvs svm etiam qvid sim factvrvs il dit non pas quid faciam (ce que je fais), mais quid sim facturus, en sorte qu᾽il peut montrer par ses paroles mêmes l᾽incertitude de son dessein1055. 2 qvid est et « quid ita istuc uis » et quid est sont prononcés avec une mimique de telle manière que le père a l᾽air de mépriser sa décision et ses paroles.

quid uis facere nisi reducere? Pam.-equidem cupio et uix contineor;
Que veux-tu faire sinon la reprendre ? Pam.-C᾽est sûr, je le désire, et j᾽ai du mal à me retenir ;

qvid vis facere nisi redvcere sic loquitur Laches, ut Pamphilus aliud respondere non audeat. et ideo dicit equidem cupio et uix contineor, "ut reducam" scilicet: "adeo238 magna causa est non reducendi, ut cum uelim, non possim".
qvid vis facere nisi redvcere Lachès parle ainsi pour que Pamphile n᾽ose rien répliquer1056 et c᾽est pourquoi il dit equidem cupio et uix contineor, implicitement "de la reprendre. Mais la raison de ne pas le reprendre est si grande, que, quand bien même je le voudrais, je ne le pourrais pas".

sed non minuam meum consilium: ex usu quod est id persequar:
mais je ne flancherai pas dans ma décision : je vais aller au bout comme c᾽est maintenant ;

1 sed non minvam mevm consilivm acute satis "reducendi" inquit "cupiditas est, non reducendi consilium". 2 id perseqvar non sequar sed persequar ait, ut instantiam demonstraret.
1 sed non minvam mevm consilivm de manière assez fine il dit "j᾽ai le désir de la reprendre, le dessein de ne pas la reprendre". 2 id perseqvar il dit non pas sequar, mais persequar pour montrer l᾽insistance1057.

credo ea gratia concordes magis, si non reducam, fore?
dois-je croire que grâce à cela elles s᾽entendront mieux, si je ne la reprends ?

1 credo ea gratia concordes magis sententiose dixit tunc posse inter se congruere et concordare mulieres, cum et illa esse desierit socrus et illa nurus: haec enim inter illas est discidiosa coniunctio. 2 Et satis ingeniose dictum: tolle enim inter mulieres proximitatem et nulla causa discordiae est. 3 concordes magis si non magis concordes utrum pro minus discordibus dixit an ut seruiret sententiae?
1 credo ea gratia concordes magis de manière sententieuse1058, il dit que les femmes pourraient se mettre d᾽accord entre elles et s᾽entendre, puisque l᾽une cesserait d᾽être belle-mère et l᾽autre belle-fille1059. C᾽est en effet là ce qui rend si difficile leur cohabitation. 2 Et c᾽est dit assez ingénieusement ; en effet retirez la proximité qui existe entre les deux femmes et il n᾽y a plus aucune raison de désaccord. 3 concordes magis si non dit-il magis concordes pour "moins opposées" ou pour servir à sa sentence ?

La.-nescias: uerum id tua refert nil utrum illaec fecerint
La.-Tu ne peux pas savoir : mais tu n᾽as rien à faire de ce que ces deux-là feront

1 nescias utrum concordes futurae sint an discordes. 2 nescias vervm tva refert 239 hoc uerbum ex aliqua parte confirmatiuum est et consentientis. 3 vtrvm unum de duobus significat: "utrum concordes sint anne discordes".
1 nescias si elles s᾽entendront ou non. 2 nescias vervm id tva refert ce mot est de quelque manière une confirmation et la marque d᾽un assentiment1060. 3 vtrvm signifie une des deux options : "si elles s᾽entendront ou non".

quando haec aberit. odiosa haec est aetas adulescentulis.
quand celle-ci sera partie. Odieux est notre âge à la tendre jeunesse.

1 odiosa haec est aetas advlescentvlis supra in personam socrus culpam iratus contulerat discordiae, nunc et uxori placatus et nurui parcens odiorum causam a personis transtulit ad aetates, sed ita tamen, ut magis iuniores accusaret et de adulescentibus questus commiseraretur senes. 2 odiosa haec est aetas hoc cum gemitu pronuntiandum.
1 odiosa haec est aetas advlescentvlis plus haut il avait rapporté dans sa colère la faute de la discorde à la personne de la belle-mère, maintenant qu᾽il est apaisé vis-à-vis de son épouse et plein d᾽indulgence pour sa belle-fille, il déplace les raisons de haine depuis les personnes jusqu᾽à l᾽âge, mais de telle sorte qu᾽il accuse plutôt les jeunes, et en se plaignant des petits jeunes gens attire la compassion sur les vieillards. 2 odiosa haec est aetas il faut prononcer cela en gémissant.

e medio aequum excedere est: postremo nos iam fabulae
Il est juste que nous dégagions : pour finir c᾽est comme dans la fable,

1 e medio aeqvvm excedere est utrum ex urbe an ex uita in mortem? 2 Et satis moraliter, nam in medio stare dicitur superuacuus uel molestus. 3 Et hoc cum stomacho dixit senili. 4 nos iam fabvlae svmvs p. s. a. an. Ἀπολλόδωρος «  ὁ μῦθός ἐσμεν Πάμφιλ᾽ ἤδη γραῦς γέρων ApolHec. frg. incogn.  »240.
1 e medio aeqvvm excedere est de la ville à la campagne, ou de la vie à la mort1061 ? 2 Et c᾽est assez conforme au caractère car on dit in medio stare (être en plein milieu) pour quelqu᾽un d᾽inutile et de pénible. 3 Et il dit cela avec un dépit de vieillard. 4 nos iam fabvlae svmvs pamphile senex atqve anvs Apollodore : « ὁ μῦθός ἐσμεν Πάμφιλ᾽ ἤδη γραῦς γέρων » (la fable c᾽est nous, Pamphile, désormais : la vieille et le vieux)1062.

sumus, Pamphile, "senex atque anus."
nous sommes, Pamphile, Le Vieux et la Vieille.

1 senex atqve anvs haec duo nomina ut posita sunt caput indicant et inceptionem huiusmodi fabularum. 2 senex pronuntia senex atque anus quasi initium fabulae. 3 Et τῷ ἰδιωτισμῷ additum Pamphile.
1 senex atqve anvs, placés comme ils sont, ces deux noms renvoient au titre et au début des fables de ce genre1063. 2 senex atqve anvs prononcez cela comme si c᾽était le titre d᾽une fable. 3 Et par idiotisme (ἰδιωτισμός), il ajoute Pamphile1064.

sed uideo Phidippum egredi per tempus: accedamus.
Mais je vois Phidippe qui sort bien à propos, approchons.

per tempvs opportune.
per tempvs de manière opportune.


Sommaire Notes

scaena quarta

Pamphilus Laches Phidippus
623 | 624 | 625 | 626 | 627 | 628 | 629 | 630 | 631 | 632 | 633 | 634 | 635 | 636 | 637 | 638 | 639 | 640 | 641 | 642 | 643 | 644 | 645 | 646 | 647 | 648 | 649 | 650 | 651 | 652 | 653 | 654 | 655 | 656 | 657 | 658 | 659 | 660 | 661 | 662 | 663 | 664 | 665 | 666 | 667 | 668 | 669 | 670 | 671 | 672 | 673 | 674 | 675 | 676 | 677 | 678 | 679 | 680 | 681 | 682 | 683 | 684 | 685 | 686 | 687 | 688 | 689 | 690 | 691 | 692 | 693 | 694 | 695 | 696 | 697 | 698 | 699 | 700 | 701 | 702 | 703 | 704 | 705 | 706 | 707 | 708 | 709 | 710 | 711 | 712 | 713 | 714 | 715 | 716 | 717 | 718 | 719 | 720 | 721 | 722 | 723 | 724 | 725 | 726

Ph.-tibi quoque edepol sum iratus, Philumena,
Ph.-Contre toi aussi, nom d᾽un chien, je suis en colère, Philumène,

1 tibi qvoqve edepol svm iratvs philvmena in hac scaena ultimus error est, uicinus καταστροφῇ. 2 tibi qvoqve edepol svm iratvs philvmena quasi dicat: "non solum matri tuae", aut: "non solum socrui tuae". 3 tibi qvoqve edepol recte, nam sic et amicos incusamus leniter incipientes et grauiora inferentes. hanc ergo partus causa leniter incusat, deinde confirmat inferendo «  grauiter quidem TerHec. 624 » et statim causam subiungit, cur quidem ei irascatur.
1 tibi qvoque edepol svm iratvs philvmena dans cette scène se trouve l᾽ultime méprise qui touche au dénouement (καταστροφή). 2 tibi qvoque edepol svm iratvs philvmena comme s᾽il disait "non pas seulement contre ta mère", ou "non seulement contre ta belle-mère". 3 tibi qvoque edepol correct car c᾽est ainsi que nous accusons nos amis en commençant doucement, puis en ajoutant les griefs plus graves ; donc il l᾽accuse en commençant doucement d᾽avoir eu un enfant, puis il apporte une confirmation en ajoutant « grauiter quidem », et immédiatement il ajoute la raison pour laquelle il est vraiment en colère.

grauiter quidem; nam hercle factum est abs te turpiter.
et gravement encore ; car, bon dieu, tu as agis de façon honteuse.

factvm tvrpiter quod abscesserit domo mariti.
factvm tvrpiter parce qu᾽elle a quitté le domicile conjugal.

et si tibi causa est de hac re: mater te inpulit.
Même si en l᾽espèce tu as une bonne raison : ta mère t᾽a poussée.

1 et si tibi cavsa est de hac re causam more suo pro defensione posuit. sic in Phormione «  quid mihi dicent aut quam causam reperient? demiror TerPho. 234 ». 2 Et quae causa fuerit, ipse determinat: mater te impulit. 3 mater te impvlit absolute, deest enim nam, ut sit: "nam mater te impulit". 4 mater te impvlit qualitas remotiua.
1 et si tibi cavsa est de hac re selon son habitude il met le mot causa pour désigner un argument de défense comme dans le Phormion « quid mihi dicent aut quam causam reperient ? Demiror ». 2 Et ce qui en a été la cause il le détermine lui-même : mater te impulit. 3 mater te inpvlit construction absolue. Il manque en effet nam (de fait) pour faire "nam mater te impulit" 1065 . 4 mater te inpvlit état de la cause qui éloigne la culpabilité1066.

huic uero nulla est. La.-opportune te mihi,
Mais elle, n᾽en a aucune. La.-C᾽est à point que devant moi,

1 hvic vero ipsi matri scilicet. 2 opportvne te mihi phidippe utrum ταυτολογία est an: opportune "quia uolebam" et «  in ipso tempore TerHec. 627 » "quando uolebam"? 3 An opportune "mihi", «  in ipso tempore TerHec. 627 » "tibi", id est: "et mihi et tibi commode uenisti"? 4 Et ἀπὸ τοῦ portus dictum opportune.
1 hvic vero la mère elle-même évidemment. 2 opportvne te mihi phidippe est-ce une tautologie (ταυτολογία)1067 ou bien opportune "parce que je le voulais" et « in ipso tempore » "au moment où je le voulais" ? 3 Ou alors opportune "pour moi", « in ipso tempore » "pour toi", c᾽est-à- dire : "tu es venu au bon moment et pour toi et pour moi". 4 Et opportune vient de (ἀπὸ τοῦ) portus1068.

Phidippe, in ipso tempore ostendis. Ph.-quid est?
Phidippe, tu te montres au bon moment. Ph.-Qu᾽est-ce à dire ?

1 in ipso tempore ostendis ostenditur nobis id, quod quaerebamus. 2 opportune et in ipso tempore non est idem: est enim opportune, cum uerbi gratia inuitati ad ipsum tempus incipientis prandii uenimus, in ipso tempore est, cum iam prandio apposito.
1 in ipso tempore ostendis nous est montré (ostendere) ce que nous cherchions1069. 2 opportune et in ipso tempore ne sont pas la même chose. En effet, opportune s᾽emploie par exemple quand nous sommes invités et que nous arrivons au moment même où l᾽on passe à table pour dîner, in ipso tempore si le repas est déjà servi1070.

Pam.-quid respondebo his? aut quo pacto hoc aperiam?
Pam.-Que leur répondrai-je ? Comment révéler cela ?

avt qvo pacto hoc aperiam hoc modo ostendit senex nec esse quod simulet nec id quod uerum est dicendum sibi.
avt qvo pacto hoc aperiam de cette manière le vieillard montre à la fois qu᾽il n᾽y a pas moyen de simuler et qu᾽on ne doit pas lui dire la vérité1071.

La.-dic filiae rus concessuram1438 hinc Sostratam,
La.-Dis à ta fille que Sostrata va partir d᾽ici pour la campagne,

1 dic filiae rvs concessvram blande non addidit tuae, quasi dicat communi filiae. 2 Et bene non socrum sed Sostratam.
1 dic filiae rvs concessvram avec douceur il n᾽ajoute pas "ta" comme s᾽il disait "notre fille à tous les deux"1072, 2 et c᾽est bien de dire non pas "la belle-mère", mais "Sostrata"1073.

ne reuereatur minus iam quo redeat domum. Ph.-ah
afin qu᾽elle ne redoute plus de revenir à la maison. Ph.-Ah,

1 ne revereatvr minvs bene reuereatur, ne odisse socrum sed metuere uideatur, et quasi ipsa socrus non odium meruerit sed reuerentiam. 2 minvs iam qvo redeat τμῆσις cum ἀναστροφῇ, ut sit ordo: "quo minus redeat".
1 ne revereatvr minvs reuereatur est bien dit afin qu᾽elle n᾽ait pas l᾽air de haïr sa belle-mère, mais seulement de la respecter et de manière à laisser croire que la belle-mère elle-même ne mérite pas la haine, mais le respect. 2 minvs iam qvo redeat tmèse (τμῆσις) avec anastrophe (ἀναστροφή) en sorte que l᾽ordre est : "quominus redeat"1074.

nullam de his rebus culpam commeruit tua:
ta femme en l᾽espèce n᾽a rien fait de mal :

1 nvllam de his rebvs cvlpam relatio criminis potest uideri. 2 tva deest uxor, quod nomen inferius posuit. 3 tva cum percussione animi dicendum est, ut subaudiatur uxor ab eo quod dicturus est «  uxore TerHec. 632 ».
nvllam de his rebvs cvlpam cela peut apparaître comme la relation du délit1075. 2 tva il manque uxor, mais il a mis le mot en-dessous. 3 tva doit être dit avec volonté de frapper son esprit en sorte que l᾽on sous-entend uxor qui se tire de ce qu᾽il va dire : « uxore ».

a Myrrina haec sunt mea uxore exorta omnia.
c᾽est de Myrrhina, ma femme, que tout cela est parti.

mutatio fit1439. ea nos perturbat, Lache.
La situation a changé ; c᾽est elle qui sème le trouble chez nous, Lachès.

1 mvtatio fit mutationem suspicionum errorumque iurgantium dicit. 2 Ergo mutatio criminum atque culparum. 3 mvtatio fit ea pertvrbat laches241, ea non ea mutatio sed uxor, hoc est Myrrina. 4 mvtatio fit criminis scilicet et peccati, id est: uel "mea crimen tuae sustinet" uel "tuae ad meam translata est culpa".
1 mvtatio fit il parle d᾽un changement de soupçons et de méprise chez les parties aux prises. 2 Donc il y a changement de délit et de responsabilité. 3 mvtatio fit ea nos pertvrbat laches ea n᾽est pas ea mutatio (ce changement)1076, mais ea uxor, c᾽est-à-dire Myrrhina. 4 mvtatio fit évidemment "de délit et de faute", c᾽est-à-dire soit "mon épouse soutient le délit de la tienne", soit "la responsabilité de la tienne est passée à la mienne".

Pam.-dum ne reducam, turbent porro quam uelint.
Pam.-Du moment que je ne la reprends pas, qu᾽ils sèment tout le trouble qu᾽ils veulent.

1 tvrbent porro qvam velint quam uelint in quantum uelint. 2242 Eam quam uelint mulierem. sed melius est, quod supra diximus. 3 dvm ne redvcam tvrbent porro quomodo est pius erga matrem Pamphilus, si parui facit, utrum socrus sua perturbetur an mater a senibus? soluitur sic: quia quam non est generis feminini, sed est quantum. 4 tvrbent errent et tumultuentur significat. 5 Vel turbentur.
1 tvrbent porro qvam velint quam uelint "autant qu᾽ils le veulent". 2 "La femme qu᾽ils veulent", mais l᾽interprétation ci-dessus est meilleure1077. 3 dvm ne redvcam tvrbent porro comment Pamphile serait-il respectueux envers sa mère s᾽il faisait peu de cas du fait de savoir si c᾽est sa mère ou sa belle-mère qui est plongée dans le trouble par les vieillards ? Réponse : quam n᾽est pas un féminin mais l᾽équivalent de quantum1078 . 4 tvrbent veut dire à la fois "se méprendre" et "causer du trouble". 5 Ou turbentur1079.

Ph.-ego, Pamphile, esse inter nos, si fieri potest,
Ph.-Pour moi, Pamphile, qu᾽il y ait entre nous, si faire se peut,

1 ego pamphile hoc pronomen initium continet orationis grauiter inceptae, ut «  ego postquam te emi TerAnd. 35 ». 2 si fieri potest interposuit, ut supercilium soceri demonstraret. 3 si fieri potest recte additum si fieri potest, quia non conuenit rogari a socero generum, ut supra dixit.
1 ego pamphile ce pronom marque le début d᾽un discours commencé sur un ton grave comme « ego postquam te emi ». 2 si fieri potest il a mis cela en parenthèse pour souligner que le beau-père a cillé1080. 3 si fieri potest ajout correct car il n᾽est pas convenable qu᾽un beau-père adresse une requête à un gendre1081, comme il l᾽a dit plus haut1082.

adfinitatem hanc sane perpetuam uolo;
toujours la même proximité qu᾽aujourd᾽hui, telle est ma volonté ;

hanc sane perpetvam volo iam enim est affirmata, sed perpetuam cupit.
hanc sane perpetvam volo elle est déjà solide1083, mais il la désire éternelle.

sin est ut aliter tua sit sententia,
mais s᾽il se trouve que tu es d᾽un autre avis,

sin est vt aliter tva sit τῷ εὐφημισμῷ uitauit illud quod est ominosum, ne diceret discidium. Vergilius «  grauior ne nuntius aures uulneret  VergAen. 8, 582».
sin est vt aliter tva siet sententia par euphémisme il a évité ce qui est de mauvais augure, pour ne pas dire "séparation". Virgile « grauior ne nuntius aures uulneret »1084.

accipias puerum. Pam.-sensit peperisse: occidi.
reconnais l᾽enfant. Pam.-Il a compris qu᾽elle a accouché : je suis mort.

1 accipias pvervm iure, quia liberi patrem sequuntur. 2. Et mire hoc maxime obicit, quod maxime recusat Pamphilus et propter quod uxor quoque non reducitur. 3 Et accipias pro accipe, ut quiescas pro «  quiesce TerAnd. 598 ». 4 sensit peperisse occidi hoc inopinatum est Pamphilo, quia socrus promiserat omnes ignoraturos. 5 sensit ne prope sit243.
1 accipias pvervm à bon droit parce que les enfants suivent leur père1085. 2 Et de manière étonnante l᾽obstacle principal qu᾽il oppose est ce que Pamphile refuse le plus et ce pour quoi il ne reprend pas non plus son épouse. 3 Et accipias pour accipe (accepte) comme « quiescas » pour quiesce (sois tranquille). 4 sensit peperisse occidi Pamphile ne s᾽y attend pas parce que sa belle-mère lui avait promis que personne ne le saurait. 5 sensit qu᾽il ne soit pas trop près1086.

La.-puerum? quem puerum? Ph.-natus est nobis nepos.
La.-L᾽enfant ? Quel enfant ? Ph.-Il nous est né un petit-fils.

1 pvervm244 moraliter: primo dubitat quid audiuerit, deinde quaerit certius quod audiuit dicendo puerum. 2 pvervm qvem pvervm bene cum consternatione animi, quod numquam fando acceperat. 3 natvs est nobis bene, quia ambo aui.
1 pvervm bien dans le personnage : d᾽abord il doute de ce qu᾽il a entendu puis il demande confirmation de ce qu᾽il a entendu en répétant puerum1087. 2 pvervm qvem pvervm bien fait, avec stupéfaction, parce qu᾽il n᾽en avait jamais entendu parler. 3 natvs est nobis bien dit car les deux sont grands-pères.

nam abducta a uobis praegnans fuerat filia,
Car quand on l᾽a emmenée de chez vous ma fille était enceinte,

1 nam abdvcta a vobis bene non abierat sed abducta erat, ut magis culpa sit matris. 2 a vobis pro a Pamphilo. 3 nam abdvcta a vobis praegnans fverat filia hoc totum cum indignatione in uxorem pronuntiandum est.
1 nam abdvcta a vobis c᾽est bien de ne pas dire "elle était partie", mais abducta erat afin que la faute de la mère soit plus grande. 2 a vobis pour a Pamphilo (de chez Pamphile). 3 nam abdvcta a vobis praegnans fverat filia tout cela doit être prononcé avec indignation contre sa femme.

neque fuisse praegnantem umquam ante hunc sciui diem.
et qu᾽elle était enceinte je ne l᾽ai jamais su jusqu᾽à ce jour.

neqve fvisse praegnantem praegnans est ante gnatum uel ante genitricem : est enim prae ante.
neqve fvisse praegnantem praegnans c᾽est ante gnatum (avant l᾽enfant) ou ante genetricem (avant d᾽être mère) ; prae en effet équivaut à ante1088.

La.-bene, ita me di ament, nuntias, et gaudeo
La.-Bonne nouvelle, ma foi, que tu apportes et je me réjouis

bene ita me di ament agit gratias nuntianti, gratulatur ob susceptum nepotem, gaudet liberatam nurum.
bene ita me di ament il remercie le messager, il rend grâce pour son supposé petit-fils et se réjouit de la délivrance de sa belle-fille1089.

natum illum et tibi illam1440 saluam. sed quid mulieris
qu᾽il soit né et qu᾽elle aille bien. Mais quelle espèce de femme

1 natvm illvm et tibi ibi illam salvam proprium affectum refert: sibi nepotem, illi filiam esse seruatam. 2 et tibi illam salvam recte tibi, quia pater puerperae est, cui dicit. 3 sed qvid mvlieris vxorem habes quid mulieris dixit, ne diceret qualem mulierem aut aliquid grauius. 4 Et totum percontatiue potius, quam pronuntiaret et diceret "pessimam mulierem et male moratam uxorem habes". 5 Et reprehensio est cum contemptu. sic et «  quid hominis? TerEun. 546/TerEun. 833 » et Vergilius «  tu mihi quodcumque hoc regni VergAen. 1, 78 ». at contra cum honore sic dicimus "quem hominem habes?".
1 natvm illvm et tibi illam salvam il rapporte à chacun son sentiment : il a un petit-fils, l᾽autre vieillard voit sa fille saine et sauve. 2 et tibi illam salvam tibi est bien dit parce que c᾽est au père de l᾽accouchée qu᾽il s᾽adresse. 3 sed qvid mulieris vxorem habes il dit quid mulieris pour ne pas dire qualem mulierem (quelle sorte d᾽épouse) ou quelque chose de plus désobligeant1090. 4 Et il dit tout cela d᾽un ton interrogatif plutôt que d᾽affirmer et de dire : "tu as une épouse exécrable et mal embouchée". 5 Et il y a là un reproche empli de dédain comme dans « quid hominis » et Virgile « tu mihi quodcumque hoc regni »1091 ; au contraire nous disons avec une marque d᾽honneur "quem hominem habes ?" (quel homme as-tu là ?).

uxorem habes aut quibus moratam moribus?
as-tu comme épouse, quelle éducation l᾽a éduquée ?

moratam id est institutam. et est participium sine uerbo.
moratam c᾽est-à-dire "élevée", participe sans verbe1092.

nosne hoc celatos tam diu! nequeo satis
Nous avoir caché cela si longtemps ! Je n᾽ai pas de mots

1 nosne hoc celatos tam div non "partum celatos" dicit, sed "praegnantem filiam fuisse". 2 neqveo satis "mirari" magna exaggeratio.
1 nosne hoc celatos tam div il ne dit pas "caché la naissance", mais "le fait que sa fille était enceinte". 2 neqveo satis "m᾽étonner", grande exagération1093.

quam hoc mihi uidetur factum praue proloqui.
pour dire combien il me semble qu᾽elle a mal agi.

1 qvam hoc mihi videtvr factvm totum modeste, quamuis indignetur, quia apud maritum uxor non est uehementius accusanda. 2 qvam hoc mihi id "quod praegnans fuerat filia", non "quod natus est puer".
1 qvam hoc mihi videtvr factvm tout est dit avec modération, quelque indigné qu᾽il soit, parce qu᾽il ne faut pas qu᾽une femme soit accusée avec trop de véhémence devant son mari. 2 qvam hoc mihi c᾽est-à-dire "que ma fille était enceinte" et non "qu᾽elle a eu un enfant".

Ph.-non tibi illud factum minus placet quam mihi, Laches.
Ph.-Son acte ne me plaît pas plus qu᾽à toi, Lachès.

1 non tibi illvd factvm minvs placet qvam mihi laches utrum, quia minus est magis, quam sequitur et εἰρωνεία est, ut sit ordo: "non minus mihi placet quam tibi", ut placet pro displicet intellegamus? 2 An245 non tibi illvd factvm minvs placet qvam mihi laches sub εἰρωνείᾳ est dictum; hoc enim ait: "tantundem tibi placet hoc factum quam mihi". alibi «  tum me hospitem lites sequi, quam id mihi sit facile atque utile TerAnd. 810-812 ».
1 non tibi illvd factvm minvs placet qvam mihi laches est-ce parce que minus équivaut à magis (plus) qu᾽il est suivi de quam1094 et alors c᾽est de l᾽ironie (εἰρωνεία) et l᾽ordre est non minus mihi placet quam tibi, en sorte que nous comprenons que placet signifie displicet (déplaît)1095 ? 2 Ou bien non tibi illvd factvm minvs placet qvam mihi laches est dit avec une nuance d᾽ironie (εἰρωνεία) et voici ce qu᾽il dit : "cet acte te plaît autant qu᾽à moi", ailleurs « nunc me hospitem lites sequi quam id mihi sit facile atque utile »1096.

Pam.-etiamsi dudum fuerat ambiguum hoc mihi,
Pam.-Même si cela n᾽a pas été clair pour moi pendant longtemps,

nunc non est cum eam consequitur1441 alienus puer.
maintenant ce n᾽est plus le cas, quand l᾽enfant d᾽un autre la suit partout.

1 cvm eam conseqvitur alienvs pver alienus: quod senes gratulantur, id maxime laedit Pamphilum. 2 alienvs pver246 μετ᾽αφορά a pecoribus, quae mox ut nata fuerint matres sequuntur, ut Vergilius «  atque ipsae memores redeunt in tecta suosque ducunt VergGeo. 3, 316 ».
1 cvm eam conseqvitvr alienvs pver alienus ce dont les vieillards se félicitent c᾽est cela qui blesse le plus Pamphile. 2 alienvs pver métaphore tirée des bestiaux1097 qui, à peine nés, suivent leur mère, comme Virgile : « atque ipsae memores redeunt in tecta suosque ducunt » (et les chèvres, qui ont de la mémoire, reviennent d᾽elles-mêmes au bercail et mènent leurs petits).

La.-nulla tibi, Pamphile, hic iam consultatio est.
La.-On ne te demande, Pamphile, maintenant absolument plus ton avis.

nvlla tibi pamphile consvltatio de reducenda scilicet uxore.
nvlla tibi pamphile consvltatio évidemment pour savoir s᾽il reprendra sa femme.

Pam.-perii. La.-hunc uidere saepe optabamus diem
Pam.-Je suis mort. La.-Nous avons souvent désiré voir ce jour

perii hoc sibi ipse Pamphilus dicit.
perii Pamphile se dit cela en aparté.

cum ex te esset aliquis qui te appellaret patrem.
où il y aurait quelqu᾽un issu de toi pour t᾽appeler père.

cvm ex te esset aliqvis qvi te appellaret patrem bene hoc putant, quod Pamphilo non uidetur, hoc est ex illo esse quod natum est.
cvm ex te esset aliqvis qvi te appellaret patrem c᾽est bien qu᾽ils pensent ce que Pamphile ne semble pas comprendre, c᾽est-à-dire que l᾽enfant qui est né est bien de lui1098.

euenit: habeo gratiam dis. Pam.-nullus sum.
C᾽est arrivé : j᾽en rends grâce au Ciel. Pam.-Je suis réduit en poussière.

1 evenit habeo gratiam dis proprie euenit. ideo et bonorum euentus dicitur. 2 nvllvs svm ipse sibi iterum. 3 Hoc ulterius est quam perii TerHec. 651, quia, cum aliquis periit, reliquum uel cadauer est.
1 evenit habeo gratiam dis au sens propre euenit, car nous employons euentus pour des choses bonnes1099. 2 nvllvs svm à nouveau en aparté. 3 Cela vient après « perii » car, quand quelqu᾽un est mort, il en reste au moins un cadavre1100.

La.-reduc uxorem ac noli aduersari mihi.
La.-Reprends ta femme et ne t᾽oppose plus à moi.

ac noli adversari mihi causam interposuit senex, quo magis faceret, ut filius non recusaret.
ac noli adversari mihi le vieillard insère ici une raison visant à faciliter le fait que son fils ne refuse pas1101.

Pam.-pater, si ex me illa liberos uellet sibi
Pam.-Père, si c᾽était de moi qu᾽elle avait voulu des enfants

1 si illa ex me liberos vellet sibi ut apparet, tantum commentus est causam. 2 si illa ex me liberos nactus est Pamphilus ex uerbis senum causam aliam discidii.
1 si illa ex me liberos vellet sibi comme on le voit bien il simule une raison. 2 si illa ex me liberos Pamphile a trouvé dans les paroles des vieillards un autre motif pour une séparation.

aut esse1442 mecum nuptam, satis certo scio,
ou être vraiment ma femme, je le sais bien,

1 avt esse mecvm nvptam uetuste mecum nuptam dixit. 2 Et recte, quia partus confirmat nuptias. 3 Et melius nuptam mecum quasi tectam et opertam uno cubiculo mecum: nubere enim est operiri tegique, unde et nubes, quod tegere solent caelum, dicuntur. Vergilius «  arsurasque comas o. a. VergAen. 11, 77 ».
1 avt esse mecvm nvptam il use d᾽un tour archaïque mecum nuptam1102. 2 Et c᾽est correct car la naissance confirme le mariage. 3 Et il est mieux de dire nuptam mecum comme si c᾽était "couverte et protégée par un seul toit avec moi". Nubere signifie en effet "protéger" et "recouvrir", d᾽où provient le nom des nuages (nubes), parce que d᾽ordinaire ils couvrent le ciel. Virgile : « arsurasque comas obnubit amictu » (il recouvre d᾽une étoffe sa chevelure qui va s᾽enflammer)1103

non clam me haberet quod1443 celasse intellego.
elle ne m᾽aurait pas tenu à l᾽écart de ce que je comprends bien qu᾽elle m᾽a caché.

1 non clam me haberet id est: "non tacuisset partum". 2 qvod celasse intellego non dixit "natum filium", ne interposito affectu molliretur iratus.
1 non clam me haberet c᾽est-à-dire "n᾽aurait pas caché la naissance"1104. 2 quod celasse intellego il ne dit pas qu᾽il est né un fils pour ne pas adoucir sa colère en y mêlant des sentiments.

nunc cum eius alienum esse animum a me sentiam
Maintenant que je sens bien qu᾽il y a en elle une hostilité à mon égard

nvnc cvm eivs alienvm e. a. a. m.247 a praesenti tempore.
nvnc cvm eius alienvm esse animvm a me sentiam argument par la situation présente.

(nec conuenturum inter nos posthac arbitror),
(et qu᾽il n᾽y aura pas après cela d᾽accord entre nous, je pense),

nec conventvrvm inter nos a futuro.
nec conventvrvm inter nos argument par la situation future.

quamobrem reducam? La.-mater quod suasit sua
pourquoi la reprendrais-je ? La.-Ce que sa propre mère lui conseillait

1 qvamobrem redvcam firmior conclusio facta est per interrogationem, quam si esset pronuntiatiua. 2 mater qvod svasit sva a deriuatione causae defensio. et praeterea status est uenialis ab imprudentia descendens. 3 sva pro eius, ut «  namque suam patria antiqua cinis ater habebat VergAen. 4, 633 ».
1 qvam ob rem reddvcam la conclusion par une interrogation est plus ferme que si elle se faisait par une affirmation. 2 mater qvod svasit sva défense par dérivation de la cause et, en outre, l᾽état de la cause est véniel car le délit relève de l᾽imprudence1105. 3 sva pour eius1106 comme « namque suam patria antiqua cinis ater habebat » (de fait, la sienne, c᾽est dans l᾽ancienne patrie qu᾽une noire cendre la retenait)1107.

adulescens mulier fecit. mirandumne1444 id siet?
cette femme, toute jeune, l᾽a fait. Faut-il s᾽en étonner ?

1 advlescens mvlier fecit multa dixit: et «  mater sua TerHec. 660 » et adulescens mulier, et quasi docet hoc exemplo parendum patri esse. 2 advlescens mvlier fecit mirandvmne id est bene mirandum, non irascendum dixit: miramur etiam magis, si amici peccauerint, quam irascimur.
1 advlescens mvlier fecit il dit beaucoup de choses : c᾽est "sa mère", elle est une "toute jeune fille" et c᾽est comme s᾽il enseignait par l᾽exemple qu᾽il faut obéir à son père. 2 advlescens mvlier fecit mirandvmne id est mirandum est bien dit plutôt qu᾽irascendum (se mettre en colère). En effet nous nous étonnons plutôt (mirari) que nous nous mettons en colère (irasci) si nos amis commettent une faute.

censen te posse reperire ullam mulierem
Penses-tu pouvoir trouver une femme

reperire vllam mvlierem quasi dicat: "si hanc repudiaueris".
reperire vllam mvlierem c᾽est comme s᾽il disait "si tu répudies celle-là".

quae careat culpa? an quia non delinquunt uiri?
qui soit exempte de torts ? Ou alors est-ce parce que les hommes sont parfaits ?

an qvia non delinqvvnt viri εἰρωνείᾳ dictum: non enim non delinquunt.
an qvia non delinqvvnt viri c᾽est dit avec ironie (εἰρωνεία). En effet il n᾽est pas vrai qu᾽ils ne commettent pas de faute.

Ph.-uosmet uidete iam, Laches et tu Pamphile,
Ph.-Voyez maintenant entre vous, Lachès et toi Pamphile,

1 vosmet videte iam laches et tv pamphile nec rogare socerum nec interesse conuenit, ubi certior sit ad repudiandum gener. 2 vosmet videte iam laches Vergilius «  uos, ο Calliope, precor, a. C. VergAen. 9, 525 ».
1 vosmet videte iam laches et tv pamphile il ne convient pas à un beau-père de prier ou d᾽intervenir quand un gendre a décidé de façon certaine de répudier. 2 vosmet videte iam laches Virgile : « uos, o Calliope, precor, aspirate canenti » (et vous, ô Calliope, venez inspirer mon chant)1108.

remissan opus sit uobis reductan domum.
s᾽il faut pour vous qu᾽elle soit renvoyée ou ramenée chez vous.

remissan opvs sit vobis in ueris248 codicibus sic est remissan... reductan domum, ut sit: "remissane... reductane".
remissan opvs sit vobis dans les exemplaires authentiques, c᾽est ce qu᾽on a : remissan... reductan domum, qui équivaut à "remissane... reductane"1109.

uxor quid faciat in manu non est mea:
Quant à mon épouse, ce qu᾽elle fera n᾽est pas de son ressort :

1 vxor qvid faciat ordo: "uxor mea quid faciat, in manu non est". 2 Deest eius, ut sit: "in manu eius non est, sed in mea potestate est positum". 3 in manv non est "uxoris" scilicet. et est ordo: "uxor mea quid faciat, in manu eius non est".
1 vxor qvid faciat l᾽ordre est "uxor mea quid faciat in manu non est". 2 Il manque eius pour qu᾽on ait : "in manu eius non est" (ce n᾽est pas en son pouvoir) mais c᾽est en mon pouvoir. 3 in manv non est de sa femme évidemment, et l᾽ordre est : "uxor mea quid faciat in manu eius non est"1110.

neutra in re uobis difficultas a me erit.
ni dans un cas ni dans l᾽autre je ne vous causerai de difficulté.

1 nevtra in re vobis difficvltas promittit facilitatem suam, ut tamen uxor roganda sit. 2 An aliter et249 supra annotauimus.
1 nevtra in re vobis difficvltas il promet son assistance à lui, en sorte qu᾽il faut tout de même solliciter son épouse. 2 Est-ce une autre interprétation que ce que nous avons noté ci-dessus1111 ?

sed quid faciemus puero? La.-ridicule rogas:
Mais que ferons-nous de l᾽enfant ? La.-Question ridicule :

1 sed qvid faciemvs pvero et quid me fiet et quid mihi fiet dicitur. 2 sed qvid faciemvs250 quia utique quicquid erit patri reddendus est puer. 3 ridicvle rogas ridicule uel aduerbium uel nomen potest esse. et si nomen est, subdistingue ridicule et sic infer rogas cum ui pronuntiationis.
1 sed qvid faciemvs pvero on dit à la fois quid me fiet et quid mihi fiet1112. 2 sed qvid faciemvs parce que, quoi qu᾽il en soit, il faudra rendre l᾽enfant à son père. 3 ridicvle rogas ridicule peut être soit un adverbe soit un nom, et, si c᾽est un nom, ponctuez légèrement ridicule et dites après rogas en accentuant la prononciation1113.

quidquid futurum est, huic suum reddas scilicet
quoi qu᾽il arrive, qu᾽on rende à celui-ci son dû, évidemment,

1 hvic reddas Pamphilo scilicet. 2 hvic svvm reddas scilicet sic dicit huic suum et reddas, quasi reposcat et Pamphilus. non251 subiunxit ut alat sed ut alamus, ut sua quoque interesse monstraret.
1 hvic reddas à Pamphile évidemment. 2 hvic svvm reddas scilicet il dit ainsi huic suum et reddas comme si Pamphile aussi le redemandait, il n᾽ajoute pas ut alat (pour qu᾽il l᾽élève), mais ut alamus, pour montrer que cela le regarde aussi.

ut alamus nostrum. Pam.-quem ipse neglexit pater,
pour que nous l᾽élevions comme le nôtre. Pam.-Un enfant que son père néglige,

1 vt alamvs nostrvm scilicet "Pamphili filium", "nepotem meum", utrumque nostrum. 2 qvem ipse neglexit si ipsa legeris, clare dictum est, si ipse pater, lentius dictum est. et uidebitur senex ob murmurationem eius intellexisse non252, quod nolit, puerum tolli, et ideo appositum quid dixti? 3 qvem ipse neglexit legitur et ipsa. et hoc est melius, ut sit pater uocatiuus casus. 4 qvem ipse neglexit pater ego alam hic sibi obmurmurans uultu et uerbis ostendit nolle suscipere filium.
1 vt alamvs nostrvm évidemment "le fils de Pamphile, mon petit-fils, qui nous appartient à tous les deux". 2 qvem ipse neglexit si on lit ipsa la réplique est à haute voix, si on lit ipse pater, c᾽est un aparté et le vieillard aura l᾽air, en raison du grognement émis par Pamphile1114, d᾽avoir compris qu᾽il ne veut pas que l᾽enfant soit reconnu et que c᾽est pour cela qu᾽il ajoute quid dixti ?1115. 3 qvem ipse neglexit on lit aussi ipsa et c᾽est meilleur ainsi en sorte que pater soit un vocatif1116. 4 qvem ipse neglexit pater ego alam ici en grognant dans sa barbe, il montre par sa mimique et ses paroles qu᾽il ne veut pas reconnaître son fils.

ego alam? La.-quid dixti? eho an non alemus, Pamphile?
moi, je l᾽élèverais ? La.-Qu᾽as-tu dit ? Allons, nous ne l᾽élèverons pas, Pamphile ?

an non alemvs pamphile quam faciendum sit, contrario253 uult senex pronuntiatione demonstrare, quod scelus sit non fecisse.
an non alemvs pamphile combien il faut le faire, en usant d᾽un tour contraire le vieillard veut le montrer dans la manière dont il le dit et que ce serait un crime de ne pas le faire1117.

prodemus quaeso potius? quae haec amentia est?
Nous l᾽abandonnerons alors, je te prie ? Quelle est cette folie ?

1 prodemvs qvaeso potivs "deseremus", "proiciemus", "porro dabimus". Vergilius «  unius ob iram prodimur VergAen. 1, 251 ». 2 Nam254 a quo defendendi sumus, si nos deserit pater?
1 prodemvs qvaeso potivs "nous l᾽abandonnerons", "nous le rejetterons", "nous le mettrons au loin" ; Virgile : « unius ob iram prodimur » (nous sommes rejetés pour la colère d᾽une seule)1118. 2 De fait par qui devons-nous être défendus, si notre père nous abandonne ?.

enimuero prorsus iam tacere non queo;
Vraiment je ne peux plus me taire davantage ;

1 enimvero prorsvs iam tacere non qveo multa reticentia de filiorum uitiis et iam defensione quoque apud soceros uti parentes saepe Terentius demonstrauit. et praecipue in Andria, cum dicit «  ego illud sedulo negare factum. ille instat factum TerAnd. 146 ». 2 iam tacere non qveo quamuis tacendum sit.
1 enimvero prorsvs iam tacere non qveo Térence montre souvent que les parents usent vis-à-vis de beaux-pères d᾽une grande propension à taire les défauts de leurs fils et aussi d᾽une tendance à les défendre et surtout dans L᾽Andrienne quand il dit « ego illud sedulo negare factum. ille instat factum »1119. 2 iam tacere non qveo bien que cela doive être tu.

nam cogis ea quae nolo ut praesente hoc loquar.
tu me forces à dire en sa présence ce que je ne veux pas dire.

ignarum censes tuarum lacrimarum esse me
Crois-tu que je ne sais rien de tes larmes

1 ignarvm censes tvarvm lacrimarvm esse me coniectura, an amet255 meretricem Pamphilus. 2 tvarvm lacrimarvm esse me apparet illum a Sostrata hoc audiuisse, nam non256 ipse filium deprehenderat flentem.
1 ignarvm censes tvarvm lacrimarvm esse me conjecture : et si Pamphile aimait sa courtisane. 2 tvarvm lacrimarvm esse me il est clair qu᾽il a appris cela de Sostrata, de fait il n᾽a pas surpris son fils en train de pleurer.

aut quid sit id quod sollicitere ad hunc modum?
ou de ce que c᾽est ce qui t᾽inquiète de la sorte ?

1 sollicitere "perturberis", "commoueare". 2 ad hvnc modvm id est immoderate.
1 sollicitere "tu sois troublé", "tu sois bouleversé". 2 ad hvnc modvm c᾽est-à-dire "sans mesure".

primum hanc ubi dixti causam, te propter tuam
D᾽abord quand tu as dit la raison, que c᾽était à cause de ta

primvm hanc vbi dixti cavsam a summo ad imum.
primvm hanc vbi dixti cavsam du plus important au moins important1120.

matrem non posse habere hanc uxorem domi,
mère que tu ne pouvais garder cette épouse à la maison,

pollicita est ea se concessuram ex aedibus.
elle a promis, elle, de s᾽en aller du foyer.

nunc postquam ademptam hanc quoque tibi causam uides,
Maintenant que tu vois que cette raison aussi t᾽a été enlevée,

puer quia clam te est natus, nactus alteram es.
parce qu᾽un enfant t᾽est né en cachette, tu t᾽es trouvé une autre raison.

nactvs alteram es nancisci proprie dicitur, qui paratus ad tenendum, antequam possit reperire quod teneat, statim quod occurrerit prehendit.
nactvs alteram es on emploie au sens propre nanciscor pour celui qui, prêt à posséder, avant qu᾽il puisse prendre conscience de ce qu᾽il possède, le saisit dès que cela passe1121.

erras tui animi si me esse ignarum putas.
Tu te trompes en ton cœur si tu crois que je ne le sais pas.

aliquando tandem huc animum ut adiungas tuum.
Un jour enfin range ton cœur à ce parti.

1 aliqvando tandem hvc animvm vt adivngas tvvm mira instantis temporis inuectio. 2 Et aliqvando tandem vt addvcas tvvm 257 deest fac, sed planum pronuntiatione est.
1 aliqvando tandem hvc animvm vt adivngas tvvm remarquable charge reposant sur l᾽urgence1122. 2 Et1123 aliqvando tandem vt addvcas tvvm il manque fac, mais c᾽est évident grâce à la prononciation1124.

quam longum spatium amandi amicam tibi dedi!
Que de temps je t᾽ai laissé pour aimer ton amie !

qvam longvm spativm ab ante actis.
qvam longvm spativm argument par ce qui a été fait auparavant.

sumptus quos fecisti in eam quam animo aequo tuli!
Et les dépenses que tu as faites pour elle, avec quelle égalité d᾽âme je les ai tolérées !

svmptvs qvos fecisti in eam qvam aeqvo animo tvli recte hoc dicit, quia impetrabilior258 esse debet indulgentissimus pater, ut alibi «  tum patris pudor, qui me tam leni passus est animo TerAnd. 262 ».
svmptvs qvos fecisti in eam qvam animo aequo tvli ce qu᾽il dit est correct parce qu᾽un père d᾽une extrême indulgence doit obtenir davantage, comme ailleurs : « tum patris pudor, qui me tam leni passus est animo »1125.

egi atque oraui tecum uxorem ut duceres,
J᾽ai plaidé et j᾽ai débattu contre toi pour que tu prennes femme,

egi atqve oravi tecvm agit, qui iustam rem dicit, orat qui iure dimisso precatur, ut quasi beneficium praestetur sibi.
egi atqve oravi tecvm on emploie agere pour celui qui plaide une juste cause, orare pour celui qui présente une supplique contre le droit1126, en sorte qu᾽on lui accorde ce qu᾽il demande pour ainsi dire comme un bienfait.

tempus dixi esse: inpulsu duxisti meo;
j᾽ai dit qu᾽il était temps : tu as épousé sur mes instances ;

1 tempvs dixi esse tempus, quia diu multumque sustinuit. 2 tempvs dixi esse impvlsv dvxisti meo multum ualet ad suadendum laudatio eius, apud quem agimus, et ex ea parte laudatio, qua illum uolumus inflecti.
1 tempvs dixi esse tempus parce qu᾽il a longtemps supporté beaucoup. 2 tempvs dixi esse inpvlsv dvxisti meo il y a une grande force persuasive dans l᾽éloge de celui devant qui nous plaidons et dans l᾽éloge sur le point précis sur lequel nous voulons le voir fléchir1127.

quae tum obsecutus mihi fecisti ut decuerat.
cela alors, par égard pour moi, tu l᾽as fait, comme il convenait.

qvae tvm obsecvtvs mihi fecisti vt decverat ordo: "quae fecisti tum obsecutus mihi ut decuerat".
qvae tvm obsecvtvs mihi fecisti vt decverat l᾽ordre est : "quae fecisti tum obsecutus mihi ut decuerat"1128.

nunc animum rursum ad meretricem induxti tuum;
Et pour l᾽heure, tu as de nouveau dirigé ton cœur vers cette courtisane ;

1 nvnc animvm ad meretricem hoc uultuose et demisso labro, ut appareat inuitum duci ad reprehendendum, qui laudauerit modo «  quae tum fecisti ut decuerat TerHec. 688 ». 2 in. uenialiter. ἐπανόρθωσις259 quia non dixit "multum amans facis huic iniuriam", sed cui obsecutus ob260 meretricis superbiam non ferendam.
nvnc animvm rvrsvm avec une mimique et une expression de tristesse1129, pour qu᾽il soit clair qu᾽il est conduit malgré lui à faire des reproches, lui qui venait de faire son éloge en disant « quae tum fectisti ut decuerat »1130. 2 indvxti de manière pardonnable. C᾽est une épanorthose (ἐπανόρθωσις) parce qu᾽il ne dit pas « en aimant beaucoup tu fais injure à l᾽autre », mais cui obsecutus en raison de l᾽insupportable arrogance des courtisanes1131.

cui tu obsecutus facis huic adeo iniuriam.
en ayant des égards pour elle, tu fais injure à ta femme.

nam in eamdem uitam te reuolutum denuo
Car c᾽est dans le même mode de vie que tu te vautres de nouveau,

1 nam in eandem vitam parcius uitam dixit quam flagitium atque libidinem. 2 te revolvtvm non redisse sed reuolutum esse tamquam inuitum aut nescium: reliquit enim quandam ueniam, ut uelit esse correctior.
1 nam in eandem vitam il dit, en économisant davantage ses mots, uita plutôt que flagitium (scandale) et libido (passion). 2 te revolvtvm non pas redisse (être revenu), mais reuolutum esse, comme si c᾽était contre son gré et à son insu1132 : il laisse place pour un certain pardon, afin qu᾽il accepte de se corriger.

uideo esse. Pam.-mene? La.-te ipsum: et facis iniuriam;
je le vois bien. Pam.-Moi ? La.-Oui, toi : et tu fais injure ;

1 mene hoc genus interrogationis negatiuam habet significationem. 2 et facis inivriam pro facis iniuste.
1 mene ce genre de question a un sens négatif1133. 2 Et facis inivriam pour facis iniuste (tu agis injustement).

confingis falsas causas ad discordiam,
tu forges de faux motifs de séparation,

ut cum illa uiuas, testem hanc cum abs te amoueris.
pour vivre avec l᾽autre, dès que tu auras éloigné de toi le témoin qu᾽elle est.

1 vt cvm illa vivas grauius est cum meretrice uiuere quam meretricem amare. 2 testem hanc cvm abs te amoveris laudata est hic uxor modesta, cum illam testem, non impeditricem appellat socer.
1 vt cvm illa vivas il est plus grave de "vivre avec une courtisane" que d᾽"aimer une courtisane". 2 testem hanc cvm abs te amoveris le beau-père fait ici l᾽éloge de l᾽épouse pleine de modération, en l᾽appelant testis et non impeditrix (empêcheuse).

sensitque adeo uxor; nam ei causa alia quae fuit
Et ta femme l᾽a bien compris ; car quelle autre raison a-t-elle

sensitqve adeo vxor nam ei cavsa argumentum aliud, quo uult in Pamphilum referri non solum illius sed etiam uxoris culpam. etiam hic uide non accusari socrum.
sensitque adeo vxor nam ei cavsa autre argument par lequel il veut rapporter à Pamphile non seulement la faute du jeune homme mais aussi celle de son épouse, mais même ici voyez que la belle-mère n᾽est pas accusée.

quam ob rem abs te abiret? Ph.-plane hic diuinat: nam id est.
de te quitter ? Ph.-Il est clairement devin, car c᾽est ainsi qu᾽il en retourne.

1 plane hic divinat nam id est diuinat dixit pro uerum dicit; 2 Et nota diuinat de praeterito dictum. inde prouerbium « aiunt diuinare sapientem », quia qui dicit uerum diuinus est.
1 plane hic divinat nam id est il dit diuinat pour "dire la vérité". 2 Et notez que diuinat s᾽emploie ici pour le passé1134, d᾽où le proverbe que l᾽on dit : « le sage est un devin », car celui qui dit la vérité est vraiment divin1135.

Pam.-dabo iusiurandum nihil esse istorum tibi. La.-ah
Pam.-Je ferai le serment que rien de tout cela n᾽est de ton fait. La.-Ah !

1 dabo ivsivrandvm ubi argumenta et testimonia deficiunt, ibi iureiurando opus est: id est ἄτεχνος πίστις. 2 nihil esse istorvm t. satis concinne dixit istorum, ne in singulis commoraretur.
1 dabo ivsivrandvm là où arguments et témoins font défaut, il faut recourir au serment : c᾽est une preuve non-technique (ἄτεχνος πίστις)1136. 2 nihil esse istorvm tibi avec une assez grande élégance il dit istorum pour ne pas s᾽attarder sur chaque détail.

reduc uxorem aut quam ob rem non opus sit cedo.
Reprends ta femme ou dis pourquoi il ne doit pas en être ainsi.

1 redvc vxorem avt qvamobrem quia Pamphilus hoc solum defendit non id esse, quod pater putat, nec causam quae uera sit protulit, ideo senex relicta tota quaestione rediit ad id, quod agitur, et ait: reduc uxorem aut "dic quae causa uetat". 2 non opvs sit "reducta" scilicet.
1 redvc vxorem avt qvam ob rem parce que Pamphile borne sa défense à dire que ce n᾽est pas ce que son père croit et n᾽expose pas la vérité de la cause, le vieillard, laissant de côté toute la question1137, revient à ce dont il s᾽agit et dit : "reprends ta femme ou dis la raison qui te l᾽interdit". 2 non opvs sit "qu᾽elle soit reprise", évidemment.

Pam.-non est nunc tempus. La.-puerum accipias; nam is quidem
Pam.-Pour l᾽heure, ce n᾽est pas le moment. La.-Accepte l᾽enfant ; car lui au moins

1 non est nvnc tempvs quia socer adest. 2 Et oratorie confugit ad declinationem defensione titubante. 3 accipias pro accipe. 4 nam causa, cur accipiat. 5 nam is qvidem in cvlpa non est in hoc dicto quaedam faceta irrisio261 eius, qui nimis iracundus sit.
1 non est nvnc tempvs parce que le beau-père est présent. 2 Et, de manière oratoire, il se réfugie dans la fuite puisque sa défense est en train de vaciller. 3 accipias pour accipe (accepte). 4 nam raison pour qu᾽il accepte1138. 5 nam is qvidem in cvlpa non est en disant cela il y a une certaine façon plaisante de se moquer de celui qui est dans une colère extrême.

in culpa non est: post de matre uidero.
n᾽est pas en faute. Ensuite, je verrai pour la mère.

post de matre videro bene de matre concedit, ut de puero extorqueat, quia scit parentum concordiam firmam esse per filios.
post de matre videro bonne concession au sujet de la mère pour arracher ce qu᾽il veut au sujet de l᾽enfant, parce qu᾽il sait que ce sont les fils qui renforcent la bonne entente des parents1139.

Pam.-omnibus modis miser sum nec quid agam scio;
Pam.-Dans tous les cas, je suis malheureux et ne sais quoi faire,

omnibvs modis miser svm quid est omnibus modis? utrum: "et circa parentem et circa uxorem"? an: "et in reducenda et in non reducenda miser sum"? an: "miser sum, cui id maxime obtruditur, quod maxime fugio, id est puerum"?
omnibvs modis miser svm qu᾽est-ce qu᾽omnibus modis ? Est-ce "du côté de mon père et du côté de ma femme" ? ou alors "je suis malheureux en la reprenant comme en ne la reprenant pas" ? ou encore "je suis malheureux parce que ce qui m᾽est le plus fermement imposé c᾽est ce que je fuis le plus, c᾽est-à-dire l᾽enfant" ?

tot nunc me rebus miserum concludit pater.
tant mon père dresse de pièges pour m᾽arrêter, malheureux que je suis !

conclvdit pater translatio de fera indagata. sic Cicero «  circumdatos Verri cancellos CicVerr. 3, 135 » ait.
conclvdit pater métaphore prise des bêtes sauvages que l᾽on piège ; ainsi Cicéron dit que Verrès a été pris au piège1140.

abibo hinc, praesens quando promoueo parum.
Je vais partir d᾽ici, puisque, quand j᾽y suis, j᾽obtiens si peu.

nam puerum iniussu credo non tollent meo,
Car l᾽enfant, sans mon consentement, à mon avis, ils ne l᾽élèveront pas,

nam pvervm inivssv credo non tolli meo omnia enim facit poeta, ne aut rem palam faciat aut intercedat diuortium.
nam pvervm inivssv credo non tolli meo le poète fait tout pour que la chose ne soit pas découverte et qu᾽il n᾽y ait pas de divorce1141.

praesertim in ea re cum sit mihi adiutrix socrus.
surtout que dans le cas présent j᾽ai pour alliée ma belle-mère.

praesertim in ea re cvm sit mihi adivtrix socrvs262 quae dixit «  continuo exponetur TerHec. 444 ».
praesertim in ea re cvm sit mihi adivtrix socrvs elle qui a dit « continuo exponetur ».

La.-fugis? hem, nec quicquam certi respondes mihi?
La.-Tu fuis ? Holà, et tu ne me réponds rien de certain ?

1 fvgis hem ex uerbis patris ostendere uoluit, quid agat Pamphilus. 2 Et ille abibo dixit, hic fugis.
1 fvgis hem par les mots du père, Térence veut montrer ce que fait Pamphile1142. 2 Et lui a dit « abibo », Lachès dit fugis.

num tibi uidetur esse apud sese? sine:
Est ce qu᾽il te semble savoir encore où il habite ? Permets :

1 nvm tibi videtvr esse apvd sese quasi ob amorem meretricis insanus. 2 sine sine separatim accipe, quia uim habet comminantis.
1 nvm tibi videtvr esse apvd sese comme s᾽il était rendu fou par son amour pour la courtisane. 2 sine comprendre sine séparément, parce qu᾽il a un sens de menace1143.

puerum, Phidippe, mihi cedo: ego alam. Ph.-maxime.
l᾽enfant, Phidippe, donne-le moi : c᾽est moi qui vais l᾽élever. Ph.-Excellent.

non mirum fecit uxor mea si hoc aegre tulit:
Ça ne m᾽étonnerait pas que ma femme l᾽ait mal pris :

amarae mulieres sunt, non facile haec ferunt.
les femmes sont bilieuses, ce ne sont pas des choses qu᾽elles supportent facilement.

1 amarae mvlieres quasi uir dixit amaras mulieres: non enim laudat, sed causam dicit, unde uxor offenderit Pamphilum. 2 non facile haec fervnt non facile ferunt "pellicatum neque amorem aliarum in uiris".
amarae mvlieres en mari il dit amarae mulieres ; il ne fait pas en effet d᾽éloge, mais il dit la raison pour laquelle son épouse a offensé Pamphile1144. 2 non facile haec fervnt elles ne supportent pas "de rivale" et "que leur mari en aime d᾽autres".

propterea haec ira est; nam ipsa narrauit mihi.
C᾽est pour cela qu᾽elle est en colère ; c᾽est d᾽ailleurs elle-même qui me l᾽a raconté.

1 nam ipsa narravit mihi utrum fingit haec dixisse filiam sibi an uere κατὰ τὸ σιωπώμενον factum est? 2 Ego neutrum puto et sic intellego, quod de uxore sua dicat ipsa narrauit mihi secundum illud, quod supra dixit «  sed nunc mihi in mentem uenit de hac re quod locuta es olim, cum illum generum cepimus. nam negabas nuptam263 filiam tuam te pati cum eo, qui meretricem amaret, qui pernoctaret foris TerHec. 536-539 ».
1 nam ipsa narravit mihi feint-il que sa fille lui ait dit cela ou plutôt cela s᾽est-il fait vraiment a silentio (κατὰ τὸ σιωπώμενον)1145 ? 2 A mon avis, ni l᾽un ni l᾽autre et je comprends qu᾽il parle de sa propre femme en disant ipsa narrauit mihi conformément à ce qu᾽il a dit plus haut : « sed nunc mihi in mentem uenit de hac re quod locuta es olim, cum illum generum cepimus, nam negabas nuptam filiam tuam te pati cum eo qui meretricem amaret, qui pernoctaret foris »1146.

id ego hoc praesente tibi nolueram dicere,
Et cela, moi, tant qu᾽il était là, je n᾽avais pas voulu te le dire,

neque illi credebam primo: nunc uerum palam est.
et je ne le croyais pas d᾽abord : mais maintenant c᾽est évident.

1 neqve illi credebam primo quare non credebas? namque «  amarae TerHec. 710 » ad hanc rem «  mulieres sunt TerHec. 710 » et saepe de nihilo suspiciosae. 2 Et bene hoc addidit, ne timuisse generum uideretur.
1 neqve illi credebam pourquoi ne le croyais-tu pas1147 ? De fait « les femmes sont bilieuses » sur ce point et souvent soupçonneuses pour rien. 2 Et c᾽est un bon ajout pour ne pas avoir l᾽air de redouter son gendre.

nam omnino abhorrere animum huic uideo a nuptiis.
Car je vois une totale répugnance chez lui au mariage.

a nvptiis non dixit a filia mea, sed, quod pater Pamphili magis doleat, a nuptiis inquit; nam Philumenam nolle irati est, odisse nuptias amatoris.
a nuptiis il ne dit pas "ma fille", mais ­ ce qui fait souffrir davantage le père de Pamphile ­ a nuptiis ; car ne pas vouloir de Philumène est le fait de la colère, mais haïr le mariage est le fait de la passion1148.

La.-quid ergo agam, Phidippe? quid das consili?
La.-Que vais-je donc faire, Phidippe ? Que me donnes-tu comme conseil ?

1 qvid ego agam phidippe mire conturbatur pater, quasi res sua tantum agatur. 2 Et uide, quemadmodum latenter poeta festinet ad rerum cognitionem.
1 qvid ergo agam phidippe le père est étrangement troublé comme s᾽il ne sagissait que de ses propres affaires ; 2 et voyez comment le poète se hâte de manière cachée vers la révélation du fin mot de l᾽affaire1149.

Ph.-quid agas? meretricem hanc primum adeundam censeo:
Ph.-Ce que tu vas faire ? Il faut d᾽abord aller voir cette fichue courtisane, je crois :

1 meretricem hanc primvm bene hanc quasi "eam, quae interturbat"; sic enim sumitur hoc pronomen, ut «  hancine ego uitam parsi perdere! TerHec. 275 » et «  tuaque animam h. e. d. VergAen. 1, 98 », id est "malam". 2 hanc quasi dicat: "hanc quae nos perturbet". 3 hanc primvm bene primum, ut intellegamus "deinde Pamphilum".
1 meretricem hanc primvm hanc est bien, dans l᾽idée que c᾽est "celle qui cause le trouble" ; c᾽est ainsi en effet qu᾽on utilise ce pronom comme « hancine ego uitam parsi perdere ! » et « tuaque animam hanc effundere dextra » (sous les coup de ta droite rendre ce souffle), c᾽est-dire "mauvaise". 2 hanc, comme s᾽il disait : "celle qui nous cause du trouble". 3 hanc primvm primum est bien pour que nous comprenions "et ensuite Pamphile".

oremus, accusemus grauius, denique
prions, accusons plus sérieusement, pour finir

1 oremvs accvsemvs utrum rogemus an, quod uerius est, omni genere eloquii commoneamus? unde et oratores orare et perorare dicimus et orator nomen accepit. ut Vergilius «  talibus orabat Iuno VergAen. 10, 26 ». namque orat accusaturus264 aut commoniturus. 2 oremvs accvsemvs id est "alloquamur", ut Vergilius «  talibus orabat Iuno VergAen. 10, 26 ». potest intellegi et rogemus, sed non conuenit personae potiori et causae et ipsi uerborum ordini.
1 oremvs accvsemvs "est-ce que nous allons la prier" ou, interprétation plus exacte, "utiliser toutes les ressources de l᾽éloquence pour la mettre en garde" ? De là, nous utilisons orare et perorare pour les orateurs, et de là aussi le nom même d᾽orator. Comme Virgile « talibus orabat Iuno » (tel était le discours de Junon). De fait orare s᾽applique à la fois à celui qui va accuser et à celui qui va mettre en garde1150. 2 oremvs accvsemvs c᾽est-dire "allons-nous aller lui parler ?" comme Virgile : « talibus orabat Iuno » (tel était le discours de Junon) ; on peut comprendre aussi "allons-nous la prier ?", mais cela ne convient pas à une personne plus puissante, ni à la cause, ni à l᾽ordre même des mots1151.

minitemur si cum illo habuerit rem postea.
menaçons au cas où elle aurait encore une affaire avec lui après cela.

si cvm illa habverit rem postea ut in Eunucho «  quocum uno tum rem habebam hospite TerEun. 119 ».
si cvm illo habverit rem postea comme dans L᾽Eunuque : « quocum uno tum rem habebam hospite »1152.

La.-faciam ut mones. eho puere, curre ad Bacchidem hanc
La.-Je vais faire comme tu suggères. Hep ! Petit, cours chez cette Bacchis

bacchidem hanc vicinam nostram sic maluit quam meretricem dicere, ne graue sit cum ea seni loqui, nisi quia uicina est.
bacchidem hanc vicinam nostram il préfère dire ainsi que "courtisane" afin qu᾽il ne prête pas à conséquence que le vieillard lui parle, en sa qualité de voisine1153.

uicinam nostram: huc euoca uerbis meis.
notre voisine : fais-la venir ici de ma part.

1 hvc evoca verbis meis bene seruata sunt personis congruentia, nam socerum monere hanc rem tantum decuit, non et facere, ut cum pellice suae filiae mitius sermocinaretur. 2 et hvc evoca verbis meis deest eam.
1 hvc evoca verbis meis Térence a bien su conserver ce qui convient à chaque personnage ; de fait il convient que le beau-père se borne à conseiller cela sans le faire lui-même, afin de pouvoir parler de manière plus douce avec la rivale de sa fille1154. 2 Et hvc evoca verbis meis il manque eam1155.

et te oro porro in hac re adiutor sis mihi. Ph.-ah
Et je te prie encore dans cette affaire de me prêter assistance. Ph.-Ah !

iamdudum dixi idemque nunc dico, Lache:
Je l᾽ai déjà dit et je le redis maintenant, Lachès :

manere adfinitatem hanc inter nos uolo,
que cette alliance entre nous demeure, voilà ma volonté,

si ullo modo est ut possit: quod spero fore.
si c᾽est possible d᾽une manière ou d᾽une autre, ce que j᾽espère.

si vllo modo est vt possit possit scilicet "manere", uel "ut maneat".
si vllo modo est vt possit possit implicitement "demeurer", ou alors "pour que notre alliance demeure"1156.

sed uin adesse me una dum istam conuenis?
Mais veux-tu que je sois là pendant que tu rencontres cette créature ?

sed vin adesse me vna dvm istam convenis melius pronuntiaueris, si renitente et improbante hoc uultu dicere acceperis Phidippum, quasi non oporteat interesse socerum. adeo mutat sententiam Laches et relegat eum in procurationem alterius rei.
sed vin adesse me vna dvm istam convenis vous le prononcerez de meilleure façon si vous comprenez que Phidippe dit cela avec un visage réticent et plein de reproche, comme s᾽il ne convenait pas qu᾽un beau-père se mêle de cette affaire. C᾽est pour cela que Lachès change d᾽avis et le renvoie s᾽occuper d᾽autre chose.

La.-immo uero abi, aliquam puero nutricem para.
La.-Non vas-y, cherche une nourrice pour l᾽enfant.

nvtricem para para pro quaere.
nvtricem para para pour "cherche".

Actus quintus


Sommaire Notes

scaena prima

Laches Bacchis
727 | 728 | 729 | 730 | 731 | 732 | 733 | 734 | 735 | 736 | 737 | 738 | 739 | 740 | 741 | 742 | 743 | 744 | 745 | 746 | 747 | 748 | 749 | 750 | 751 | 752 | 753 | 754 | 755 | 756 | 757 | 758 | 759 | 760 | 761 | 762 | 763 | 764 | 765 | 766 | 767a

Ba.-non hoc de nihilo est quod Laches me nunc conuentam esse expetit,
Ba.-Ce n᾽est pas pour rien que Lachès me fixe aujourd᾽hui un rendez-vous,

1 non hoc de nihilo est qvod laches nvnc rarus hic uitae color in hac allocutione miscetur a poeta, nam meretrix loquitur et senex et, quod est admirabilius, bona meretrix, mitis senex, ut intellegas laborasse Terentium, ut et a lege comicorum recederet et in actu tamen consuetudinem retineret. 2 non hoc de nihilo est debet mirari meretrix, cum ad senem ducitur, debet timere, cum ad patrem, debet suspicari aliquid, cuius amator iam maritus est. 3 non hoc de nihilo est coniecturalis causa est: "recipis Pamphilum? non recipio".
1 non hoc de nihilo est qvod laches nvnc ici c᾽est une rare couleur de la vie réelle que le poète mêle à cette conversation, car on y voit parler une courtisane et un vieillard et, chose plus étonnante, il s᾽agit d᾽une courtisane gentille et d᾽un vieillard indulgent, pour qu᾽on comprenne que Térence a veillé à s᾽écarter des codes comiques tout en conservant néanmoins dans l᾽action les usages1157. 2 non hoc de nihilo est la courtisane doit éprouver de l᾽étonnement, puisqu᾽on la mène devant un vieillard, elle doit éprouver de la crainte, puisqu᾽on la mène devant un père, elle doit soupçonner quelque chose, elle dont l᾽amoureux est désormais marié. 3 non hoc de nihilo est c᾽est une cause conjecturale : "reçois-tu Pamphile ? Non"1158.

nec pol me multum fallit quin quod suspicor sit quod uelit.
et, nom d᾽un chien, je n᾽hésite guère à soupçonner ce qu᾽il veut.

1 nec pol me265 fallit qvin qvod svspicor ordo et sensus hic est: "nec pol me multum fallit, quin, quod uelit, hoc sit quod suspicor". 2 Vel: "non me multum fallit, quod uelit, quin hoc sit quod suspicor". 3 qvin qvod svspicor ordo: quin, quod uelit, sit quod suspicor. 4 nec pol me mvltvm fallit sensus hic est: quominus id sit quod me uocat, quod suspicor.
1 nec pol me fallit qvin qvod svspicor voici l᾽ordre et le sens : "nec pol me multum fallit, quin, quod uelit, hoc sit quod suspicor" (et certes, que ce qu᾽il veut soit ce que je soupçonne ne m᾽échappe guère). 2 Ou alors : "non me multum fallit, quod uelit, quin hoc sit quod suspicor" (sa volonté ne m᾽échappe guère, à savoir que c᾽est ce que je soupçonne). 3 qvin qvod svspicor ordre : "quin, quod uelit, sit quod suspicor" (que ce qu᾽il veut soit ce que je soupçonne). 4 nec pol me mvltvm fallit le sens est : "que la raison pour laquelle il m᾽appelle soit ce que je soupçonne"1159.

La.-uidendum est ne minus propter iram hanc impetrem quam possim1445
La.-Il faut voir à ne pas obtenir, à cause de la colère qui me tient, moins que je ne pourrais

1 ne minvs propter iram hanc impetrem qvam possim quia non erat uerisimile beniuolum esse patrem meretrici interturbanti, reddit rationem senex, cur agat mitius, ne uideatur personae modus non esse seruatus. 2 videndvm est prouidendum, cauendum. 3 impetrem perficiam, dictum a patrando: cuius rei difficultas ob tarditatem complendarum nuptiarum etiam ad alia negotia, quae sunt ardua, uerbum hoc commodauit ac dedit.
1 ne minvs propter iram hanc impetrem qvam possim comme il n᾽était pas vraisemblable qu᾽un père soit bienveillant à l᾽égard d᾽une courtisane qui dérange, le vieillard se justifie d᾽agir avec une certaine modération pour que l᾽on n᾽ait pas le sentiment que la mesure du personnage n᾽a pas été respectée. 2 videndvm est prouidendum (il faut veiller), cauendum (il faut faire attention). 3 impetrem équivaut à perficiam (que je réussisse), vient de patrare (accomplir) : c᾽est la difficulté de cette situation, due au retard que prend la consommation du mariage, qui applique et rend approprié ce verbe à d᾽autres affaires compliquées1160.

aut ne quid faciam plus quod post me minus fecisse satius sit.
ni à faire quelque chose de trop qu᾽ensuite il vaudrait mieux pour moi n᾽avoir pas fait.

1 qvod post me minvs fecisse sativs sit "satis faciendo minuisse". 2 sativs sit si sit pro uideatur acceperis, erit sensus: "ne quid faciam plus, quod post dum paeniteat me uideatur satius minus fecisse"; si sit ita ut erit acceperis, erit sensus: "uidendum est, ne quid plus faciam, quod cum fecero, postea satius erit mihi non rem266 esse et satis facere". 3 Aut certe duas res significat, quibus inter utrumque temperandum esse demonstrat, ut illud supra dictum de lenitate tenenda pertineat, hoc infra auctoritatem defendendam esse commoneat. 4 An minus fecisse pro paenitere? sic enim ueteres dicebant «  muto factum TerAnd. 40 » et «  nollem factum TerAd. 165 », cum alicuius rei eos paenitebat. 5 sit modo sit pro uideatur posuit.
1 qvod post me minvs fecisse sativs sit "avoir amoindri en donnant satisfaction"1161. 2 sativs sit si on prend sit au sens de uideatur (semble), le sens sera : "à ne rien faire de trop qu᾽ensuite, alors que je le regretterais, il semblerait préférable que je n᾽aie pas fait" ; si on prend sit au sens de erit (il sera), le sens sera : "il faut veiller à ne rien faire en plus que, une fois que je l᾽aurai fait, il sera par la suite préférable pour moi que la chose n᾽existe pas et que je m᾽en satisfasse". 3 Ou du moins il signifie deux choses par lesquelles il montre qu᾽il faut faire une moyenne entre les deux, en sorte que la première prône l᾽indulgence qu᾽il faut avoir, la seconde engage à préserver son autorité. 4 Ou alors minus fecisse équivaut à paenitere (regretter) ? De fait, c᾽est ainsi que les Anciens disaient « muto factum » et « nollem factum » quand ils regrettaient quelque chose1162. 5 sit parfois il met sit à la place de uideatur (il semble)1163.

aggrediar. Bacchis, salue.
J᾽attaque. Bacchis, salut.

1 aggrediar bacchis salve bene aggrediar quasi rem arduam et incongruam seni. 2 Vel aggrediar ut meretricem circumueniam. Vergilius «  talibus aggreditur Venerem Saturnia dictis VergAen. 4, 92 ». 3 bacchis salve non ita meretrici obsequitur senex, quamquam uult illi adimere timorem personae suae.
1 aggrediar bacchis salve aggrediar est bien choisi, comme on le dirait d᾽une chose pénible et incongrue pour un vieillard. 2 Ou bien aggrediar pour circonvenir la courtisane. Virgile : « talibus aggreditur Venerem Saturnia dictis » (c᾽est avec les paroles suivantes que la fille de Saturne aborde Vénus)1164. 3 bacchis salve le vieillard n᾽est pas obséquieux avec la courtisane, bien qu᾽il veuille lui ôter la crainte qu᾽elle a de sa personne.

Ba.-salue Laches. La.-credo edepol te non nihil mirari, Bacchis,
Ba.-Salut, Lachès. La.-Je suppose, nom d᾽un chien, que tu n᾽es pas sans t᾽étonner un peu, Bacchis,

credo edepol te non nihil mirari ipsum prooemium mollius et lenius est, ut ostendat se non iurgaturum senex.
credo edepol te non nihil mirari ce préambule même est plutôt doux et indulgent, pour que le vieillard montre qu᾽il n᾽a pas l᾽intention de la quereller.

quid sit quapropter te huc foras puerum euocare iussi.
de la raison qui m᾽a fait envoyer un esclave pour te convoquer ici dehors.

qvid sit deest rei, ut sit: "quid sit rei".
qvid sit il manque rei, pour faire : quid sit rei (de quelle affaire il s᾽agit)1165.

Ba.-ego pol quoque etiam timida sum, cum uenit mihi in mentem quae sim,
Ba.-Oui, nom d᾽un chien, et même je suis tremblante aussi, quand je me représente mentalement qui je suis,

1 ego pol qvoqve267 timida svm παρέλκον tertium, ut «  multa quoque et bello passus VergAen. 1, 5 ». 2 Et obsequenter posuit non solum se mirari, sed et pauere. 3 ego pol qvoqve etiam bene etiam, ut hoc dicat: "non solum miror, sed etiam timeo". 4 Et noue timida sum pro timeo.
1 ego pol qvoqve timida svm pléonasme (παρέλκον) de troisième catégorie, comme dans « multa quoque et bello passus » (il supporta aussi également beaucoup d᾽épreuves à la guerre)1166. 2 Et, par déférence, elle met non seulement qu᾽elle s᾽étonne mais aussi qu᾽elle a peur1167. 3 ego pol qvoqve etiam etiam est bien choisi, pour dire : "non seulement je m᾽étonne, mais aussi j᾽ai peur". 4 Et de façon inédite elle dit timida sum pour timeo (j᾽ai peur)1168.

ne nomen mihi quaestui1446 obstet1447; nam mores facile tutor.
de peur que le nom attaché à ma corporation ne me nuise ; car pour ce qui est de ma conduite, je l᾽assume sans mal.

1 ne nomen mihi id est "nomen, quod inest meo quaestui". 2 ne nomen qvaestvi obstet "quaestui quem exerceo" scilicet. 3 Id est: "quod est quaestui mihi". 4 qvaestvi id est: "quod meretrix sum". 5 Legitur et nomen meum quaestui obstet.
1 ne nomen mihi c᾽est-à-dire "le nom qui est inhérent à mon métier". 2 ne nomen qvaestvi obstet "le métier que j᾽exerce", évidemment. 3 C᾽est-à-dire : "le nom qui me sert de métier". 4 qvaestvi c᾽est-à-dire : "le fait que je sois une courtisane". 5 On lit aussi nomen meum quaestui obstet (que mon nom ne nuise à mon métier).

La.-si uera dices, nihil tibi est a me pericli, mulier;
La.-Si tu dis vrai, tu n᾽as aucun danger à craindre de ma part, femme ;

1 si vera dices interrogabo scilicet.
1 si vera dices "je vais te poser des questions", implicitement1169.

nam ea aetate iam1448 sum ut non sit1449 peccato mihi ignosci aequum;
car j᾽ai désormais un âge où il ne serait pas normal de me pardonner une faute ;

1 non sit non uideatur. 2 nam ea aetate iam svm vt non siet268 quia "ipse non ueniam do" an quia "iam mihi peccanti non danda est"? 3 Et est ordo: "ut non sit mihi aequum peccato ignosci". 4 Necessaria igitur ambiguitas: peccato pro peccatori, aut peccato mihi pro peccanti mihi aut peccato meo, aut deest in, ut sit: in peccato269.
1 non sit ne semblerait pas1170. 2 nam ea aetate iam svm vt non siet parce que "moi-même je ne pardonne pas" ou bien parce que "l᾽on ne doit pas me pardonner mes fautes" ? 3 Et l᾽ordre est : "ut non sit mihi aequum peccato ignosci". 4 Il y a donc une ambiguïté nécessaire : soit peccato est mis pour peccatori (le fautif), soit peccato mihi est mis pour peccanti mihi (quand je commets une faute), soit c᾽est peccato meo (ma faute), soit il manque in, pour faire : in peccato (en cas de faute)1171.

quo magis omnis res cautius ne temere faciam adcuro;
raison de plus pour ne rien faire à la légère, j᾽y veille soigneusement ;

cavtivs ne temere faciam seniliter additum post cautius ne temere faciam.
cavtivs ne temere faciam à la façon d᾽un vieillard, après avoir dit cautius il ajoute ne temere faciam1172.

nam si id nunc facis facturaue es bonas quod par est facere,
en fait, dès lors que tu agis pour l᾽heure et t᾽engages à agir comme il sied d᾽agir aux femmes bien,

facturave es "etsi non facies".
facturave es "et peut-être ne le feras-tu pas"1173.

inscitum offerre iniuriam tibi inmerenti iniquum est.
qu᾽un mal élevé t᾽inflige une offense que tu ne mérites pas serait injuste.

1 inscitvm inscitum "me" scilicet, "si iniuriam faciam". 2 offerre offerimus iniuriam immerenti, reddimus ei qui meretur. 3 inscitvm offerre inscitum inelegans, non bonum. 4 Et bene non dixit durum aut aliquid tale sed inscitum, quo maxime uerbo mulieres et meretrices utuntur. scitum enim dicunt quod placet, inscitum quod displicet, ut «  per ecastor scitus puer natus est Pamphilo TerAnd. 486 ». 5 Hoc tale est, quod dixit inscitum ex abundanti, quale est apud Vergilium «  nec post a. u. r. A. VergAen. 12, 185 ».etc.
1 inscitvm inscitum c᾽est-à-dire "moi, au cas où je t᾽offenserais". 2 offerre l᾽offense, nous la faisons (offerimus) à quelqu᾽un qui ne le mérite pas, nous la rendons (reddimus) à quelqu᾽un qui le mérite. 3 inscitvm offerre inscitus signifie "sans distinction", "pas bon". 4 Et il fait bien de ne pas dire durum (dur) ou quelque chose de cet acabit, mais inscitum, terme qu᾽utilisent principalement les femmes et les courtisanes1174. Elles qualifient en effet de scitus ce qui leur plaît, d᾽inscitus ce qui leur déplaît, comme dans « per ecastor scitus puer natus est Pamphilo ». 5 On a avec inscitum le même genre d᾽emploi superflu que chez Virgile : « nec post arma ulla rebelles Aeneadae etc. » (et dorénavant, les Enéades rebelles ne prendront plus aucune arme...)1175.

Ba.-est magna ecastor gratia1450 de istac re quam1451 tibi habeam;
Ba.-C᾽est une grande reconnaissance, par Castor, que je te dois pour cela ;

est magna ecastor gratia imitatur hic et senile et femineum tardiloquium: suffecerat ago gratias.
est magna ecastor gratia le poète imite ici à la fois le verbiage des vieillards et celui des femmes : il aurait suffi de dire ago gratias (je te remercie)1176.

nam qui post factam iniuriam se expurget, parum mihi prosit.
car si quelqu᾽un me faisait injure avant de s᾽excuser, cela ne me servirait à rien.

1 nam qvi idem, quod ait in Adelphis «  indignum te esse iniuria hac, indignis cum egomet acceptus sim modis TerAd. 165 ». 2 parvm mihi prosit si sic accipiatur ut scriptum est, λιτότης est et ita intellegendum, quasi dixerit: "multum mihi nocuerit, immo me laeserit, immo me euerterit".
1 nam qvi même genre de réplique dans Les Adelphes : « indignum te esse iniuria hac, indignis cum egomet acceptus sim modis »1177. 2 parvm mihi prosit si on prend le texte tel qu᾽il est écrit1178, c᾽est une litote (λιτότης) et il faut comprendre comme si elle disait : "il y aurait pour moi beaucoup de tort, j᾽en serais même blessée, et même bouleversée".

sed quid istuc est? La.-meum receptas filium ad te Pamphilum... Ba.-ah!
Mais de quoi s᾽agit-il ? La.-Tu reçois souvent mon fils chez toi, Pamphile... Ba.-Eh!

1 sed qvid istvc est nunc demum ad rem redit. 2 mevm receptas filivm intentio criminis. 3 Et non recipis sed receptas. 4 Et ne diceret quid tua?, meum filium. 5 mevm receptas filivm propositio accusatoria est. 6 Et breuiter proposuit crimen, quod postea dilatatur. 7 Et frequentatiuo usus est, quod non raro sed frequenter receptet. 8 mevm receptas filivm ad te status coniectura, quae coniectura diluitur per ἄτεχνον πίστιν, id est iusiurandum et tormenta seruorum. 9 ah quod falsum est, reclamauit meretrix et uoluit contradicere, si permitteret senex270.
1 sed qvid istvc est elle en revient seulement maintenant au sujet. 2 mevm receptas filivm thèse de l᾽accusation1179. 3 Et il ne dit pas recipis (tu reçois) mais receptas1180. 4 Et pour l᾽empêcher de dire quid tua ? (qu᾽est-ce que cela peut te faire ?), il précise meum filium1181. 5 mevm receptas filivm c᾽est l᾽assertion d᾽un accusateur. 6 Et il expose brièvement le chef d᾽accusation qui est ensuite développé. 7 Et il utilise le fréquentatif, au motif qu᾽elle l᾽a reçu non pas à l᾽occasion mais fréquemment. 8 mevm receptas filivm ad te statut par conjecture1182, laquelle conjecture est débrouillée par une preuve non-technique (ἄτεχνος πίστις)1183, c᾽est-à-dire un serment et la mise à la question d᾽esclaves1184. 9 ah comme c᾽est faux, la courtisane veut faire une réclamation et souhaiterait apporter la contradiction, avec l᾽autorisation du vieillard.

La.-sine dicam. uxorem hanc prius quam duxit, uestrum amorem pertuli.
La.-Laisse-moi parler. Avant qu᾽il n᾽ait épousé celle qui est aujourd᾽hui sa femme, j᾽ai enduré votre liaison.

1 sine dicam Vergilius «  sine me haec h. m. f. VergAen. 12, 25 ». 2 vxorem privs hanc ante rem, a praeteritis et ante actis. 3 qvam hanc dvxit hanc quasi molestam et quae hoc nolit pati. 4 vestrvm amorem pertvli271 ἀποσιώπησις, ut in Heautontimorumeno «  at ne illud haud inultum, si uiuo, ferent! nam iam... – non tu te cohibes? TerHeaut. 918-919 ». 5 vestrvm non ipsius Pamphili. 6 Ergo blande et honorifice: non enim illius amorem et tuum quaestum, sed amorem uestrum . nihil potuit dici familiarius. pertuli autem quantam uim habet patientiae quantumque ponderis, ne laedi mereatur ulterius! 7 vxorem privs qvam hanc a persona sua prius quam hanc duxit, pertuli. 8 Et quia multum diuque amauerit, pertuli dixit, quae est longi temporis significatio.
1 sine dicam Virgile : « sine me haec haud mollia fatu » (laisse-moi avouer des choses qui ne sont pas faciles à dire)1185. 2 vxorem privs hanc avant l᾽affaire, argument tiré du passé et d᾽événements déjà accomplis. 3 qvam hanc dvxit hanc, pour ainsi dire cette grincheuse incapable de supporter cela. 4 vestrvm amorem pertvli aposiopèse (ἀποσιώπησις), comme dans L᾽Héautontimorouménos : « at ne illud haud inultum, si uiuo, ferent! nam iam... – non tu te cohibes ? » (Ah ça non ! Ils ne s᾽en tireront pas à si bon compte, moi vivant, car maintenant... -Tu n᾽arrives pas à te retenir ?)1186. 5 vestrvm et non pas du seul Pamphile lui-même. 6 Donc pour enjôler et pour flatter : car il ne dit pas illius amorem et tuum quaestum (à cause de son amour à lui et de ton métier à toi) mais amorem uestrum : on n᾽aurait rien pu dire de plus amical1187. Quant à pertuli, quelle dose de patience il implique, et quel poids pour lui éviter d᾽être lésé à l᾽avenir1188 ! 7 vxorem privs qvam hanc argument tiré de sa personne prius quam hanc duxit, pertuli. 8 Et comme Pamphile a été amoureux beaucoup et longtemps, il dit pertuli, dont le sens implique une longue durée1189.

mane: nondum etiam dixi id quod uolui. hic nunc uxorem habet;
Attends : je n᾽ai pas encore dit ce que je voulais. Aujourd᾽hui mon fils a une épouse légitime ;

1 nondvm etiam dixi id qvod volvi apparet senem tarde et longe loquentem interpellari uultu responsurae meretricis, cum ille sibi silentium praeberi uelit. sic Vergilius Latinum inducit dicentem «  sine me haec haud mollia fatu s. a. d., s. h. a. h. VergAen. 12, 25 », sed ad postremum de Turno «  ut primum fari potuit, sic incipit ore VergAen. 12, 47 ». 2 mane nondvm etiam ἀποσιώπησις tertia. 3 hic nvnc vxorem habet cum denuntiatione pronuntiandum est, quasi dicat: alia res est.
1 nondvm etiam dixi id qvod volvi apparemment le vieillard, qui s᾽exprime lentement et longuement, se fait interrompre par une mimique de la courtisane qui veut répondre, alors qu᾽il veut qu᾽on fasse silence pour lui1190. Ainsi Virgile met-il en scène Latinus disant : « sine me haec haud mollia fatu sublatis aperire dolis, simul haec animo hauri » (laisse-moi, toute feinte abolie, avouer des choses qui ne sont pas faciles à dire et en même temps dépose ces paroles dans ton âme), mais à la fin, à propos de Turnus : « ut primum fari potuit, sic incipit ore » (dès qu᾽il a pu parler, voici les mots qui se mettent à sortir de sa bouche)1191. 2 mane nondvm etiam aposiopèse (ἀποσιώπησις) de troisième type1192. 3 hic nvnc vxorem habet il faut le prononcer avec le ton d᾽une proclamation officielle, comme s᾽il disait : "c᾽est maintenant une tout autre affaire".

quaere alium firmiorem, dum tempus consulendi est;
alors cherche-toi un amant plus fidèle, tant que tu as du temps pour penser à toi ;

1 qvaere alivm firmiorem magna moralitas in renuntiatione, magna proprietas; sic enim dicimus quaere tibi. Vergilius «  quaerat sibi foedera Turnus VergAen. 11, 129 ». 2 qvaere alivm firmiorem firmiorem pro firmo: non enim firmum esse concedit Pamphilum, quem uult intellegi deceptorem esse Bacchidis, non iam amatorem stabilem. 3 qvaere alivm tibi firmiorem oratorie senex quasi consulit meretrici, quam uocauerat incusandam. 4 qvaere alivm firmiorem amicvm a praesentibus et a futuris. 5 Callide senex, quasi iam non Pamphilo consulat sed Bacchidi, quaere alium dixit. 6 dvm tempvs consvlendi est272 sensus: dum aetas in flore posita est, facies273 uendibilis etiam nunc. et est ordo: dum tempus est tibi consulendi. 7 Et bis subaudiendum est tibi.
1 qvaere alivm firmiorem grande conformité à son caractère dans cette proclamation, grande cohérence ; c᾽est ainsi en effet que nous disons quaere tibi (procure-toi). Virgile : « quaerat sibi foedera Turnus » (que Turnus se cherche des alliés)1193. 2 qvaere alivm firmiorem il dit firmior à la place de firmus1194 : car il ne concède pas l᾽idée que Pamphile soit fidèle, il veut au contraire qu᾽on le voie comme celui qui trompe Bacchis, celui qui n᾽est plus un amoureux stable. 3 qvaere alivm tibi firmiorem de façon oratoire, le vieillard veille presque aux intérêts de la courtisane, qu᾽il avait convoquée pour l᾽incriminer1195. 4 qvaere alivm firmiorem amicvm argument du présent et du futur1196. 5 Habilement1197, le vieillard, comme s᾽il n᾽était plus le conseiller de Pamphile mais celui de Bacchis, lui dit quaere alium. 6 dvm tempvs consvlendi le sens est : "aussi longtemps que ta jeunesse est dans sa fleur et que ton visage reste vendable". Et l᾽ordre est : dum tempus est tibi consulendi. 7 Et il faut sous-entendre deux fois tibi1198.

nam neque ille hoc animo erit aetatem neque pol tu eadem istac aetate.
car il ne sera pas dans cet état d᾽esprit tout le temps, ni toi, nom d᾽un chien, toujours dans le temps de ta jeunesse.

1 nam neqve ille hoc animo erit aetatem pro uide quam longa est aetas. 2 neqve pol tv eadem istac: σχῆμα λόγους πλοκή: prius aetatem aduerbium et posterius nomen.
1 nam neqve ille hoc animo erit aetatem équivaut à "regarde comme la vie est longue". 2 neqve pol tv eadem istac figure de discours : boucle (σχῆμα λόγους πλοκή) : la première fois aetatem est un adverbe et la seconde un nom1199.

Ba.-quis id ait? La.-socrus. Ba.-men... La.-te ipsam; et filiam abduxit suam,
Ba.-Qui prétend cela ? La.-Sa belle-mère. Ba.-Que moi... La.-Oui toi ; et elle a soustrait sa fille

1 qvis non interrogatio, sed firma negatio est. 2 qvis id ait cum dicat senex «  meum receptas filium TerHec. 743 », mirum est illam dicere quis id ait?; sed ab accusatore testimonium quaerit. 3 Et bene ait quasi uanum: sic enim dicimus ait, aio de rebus nugatoriis. 4 socrvs terribiliter quasi quae maxime sciat, quae maxime doleat. ergo et oculis et labris pronuntiandum. 5 qvis id ait moraliter meretrix missa fecit omnia, quae senex in medium contulit, et soli intentioni «  meum receptas filium TerHec. 743 » quis id ait? respondit274. 6 et filiam abdvxit svam addidit ad personam testis et facta, quia minus idoneum uidebatur socrum dixisse de pellice. 7 Et simul ostendit, quantopere hoc animaduertendum sit, ex quo tantae turbae sint concitatae. 8 abdvxit svam abduxit proprie dixit: accersi enim dicitur ad maritum, abduci a marito ad diuortium. sic Vergilius «  et gremiis abducere pactas VergAen. 10, 79 ».
1 qvis ce n᾽est pas une interrogation mais une franche négation1200. 2 qvis id ait alors que le vieillard dit « meum receptas filium », il est surprenant qu᾽elle dise quis id ait ? ; mais c᾽est qu᾽elle demande à son accusateur un témoignage1201. 3 Et elle fait bien de dire ait comme on le dit d᾽une chose vaine : c᾽est ainsi que nous disons ait, aio quand il s᾽agit de balivernes1202. 4 socrvs dit pour faire peur, comme celle qui en sait le plus et qui a le plus à en souffrir. Il faut donc dire ce mot tant avec les yeux qu᾽avec les lèvres1203. 5 qvis id ait conformément à son caractère, la courtisane néglige tout ce que le vieillard a dit au milieu et ce n᾽est qu᾽à la seule accusation « meum receptas filium ad te Pamphilum » qu᾽elle répond quis id ait ?1204. 6 et filiam abdvxit svam il ajoute au personnage du témoin également des faits, parce qu᾽il paraîtrait trop peu vraisemblable qu᾽une belle-mère ait parlé d᾽une prostituée1205. 7 Et, en même temps, il montre l᾽importance qu᾽il faut accorder à l᾽événement qui a causé de si grands troubles. 8 abdvxit svam abduxit est dit au sens propre : en effet on dit d᾽une femme qu᾽on l᾽amène (accersere) à son mari, mais qu᾽on la soustrait à son mari (abducere) en vue d᾽un divorce. Ainsi Virgile : « et gremiis abducere pactas » (et de soustraire au giron maternel des filles promises à d᾽autres)1206.

puerumque ob eam rem clam uoluit natus qui est exstinguere.
et l᾽enfant, à cause de cela, en cachette elle a voulu, celui qui est né, le supprimer.

pvervmqve ob eam rem hoc sic pronuntiat senex, quasi qui dicat "ecce quarum rerum tu causa!" et haec oratio de his est, quibus ostendimus nos posse grauiter accusare sed nolle.
pvervmqve ob eam rem le vieillard prononce cela comme quelqu᾽un qui dirait "voilà les événements dont tu es la cause !" et ce discours porte sur un sujet par lequel nous montrons que nous pourrions faire une accusation grave mais que nous ne le voulons pas1207.

Ba.-aliud si scirem qui firmare meam apud uos posse fidem
Ba.-Si je savais un autre moyen de pouvoir confimer ma bonne foi à vos yeux,

1 apvd vos possem fidem bene uos, quia et «  ille TerHec. 747  »275 dixit et «  socrus TerHec. 748 ». 2 alivd si scirem qvi firmare mire, dum quaerit quod iuret, fidem sibi acquisiuit atque ascripsit.
1 apvd vos possem fidem elle fait bien de dire uos, parce que lui avait dit « ille » et « socrus ». 2 alivd si scirem qvi firmare paradoxalement, tout en cherchant quel serment faire, elle gagne et se ménage sa confiance1208.

sanctius quam iusiurandum, id pollicerer tibi, Lache,
plus sacré qu᾽un serment, je te promettrais, Lachès,

1 sanctivs qvam ivsivrandvm bene, dum aliud agit, etiam personam276 commendat; nam non est leuis, quae iureiurando nihil sanctius sciat. 2 sanctivs firmius.
1 sanctivs qvam ivsivrandvm c᾽est bien que, tout en faisant autre chose, elle recommande sa propre personne ; car elle n᾽est pas sans valeur celle qui sait que rien n᾽est plus sacré qu᾽un serment1209. 2 sanctivs plus solide (firmius).

me segregatum habuisse, uxorem ut duxit, a me Pamphilum.
que j᾽ai tenu à l᾽écart, depuis qu᾽il a pris épouse, loin de moi ton Pamphile.

1 me segregatvm habvuisse vxorem bono significatu usa est, quasi ipsa hoc fecerit. 2 Et bene segregatum: non enim disiunctum aut repudiatum proprie diceret. 3 vt dvxit a me pamphilvm ut aduerbium temporis est pro ex quo.
1 me segregatvm habvuisse vxorem elle use d᾽une bonne formulation, comme si c᾽était elle-même qui avait fait ça. 2 Et segregatum est bien choisi : en effet, en disant disiunctum (séparé) ou repudiatum (répudié), elle ne se serait pas exprimée proprement1210. 3 vt dvxit a me pamphilvm ut est un adverbe de temps mis pour ex quo (depuis que)1211.

La.-lepida es. sed scin quid uolo potius sodes facias? Ba.-quid uis? cedo.
La.-Tu es charmante. Mais sais-tu ce que je voudrais surtout que tu fasses, s᾽il te plaît ? Ba.-Que veux-tu ? Dis.

1 lepida ut significet277 senex cum meretrice se278 loqui, eo nomine eam laudauit, quo meretrices solent laudari quam quo mater familias. sic et supra, cum «  inscitum TerHec. 440 » se diceret, rationem habuit, quae esset cum qua loqueretur. 2 sed scin qvid volo potivs hinc deliberatiua incipit. 3 sodes si audes, si uis279.
1 lepida pour bien montrer que c᾽est avec une courtisane qu᾽il parle, le vieillard lui fait un compliment au moyen d᾽un adjectif qui sert habituellement à complimenter les courtisanes plutôt qu᾽une mère de famille1212. Ainsi plus haut, quand il se traitait d᾽inscitus, il tenait compte de la qualité de son interlocutrice1213. 2 sed scin qvid volo potivs c᾽est ici que démarre la délibérative1214. 3 sodes pour si audes (si tu le juges bon), si uis (si tu veux)1215.

eas ad mulieres huc intro atque ut1452 istuc iusiurandum idem
Que tu ailles auprès de ces femmes là dedans et que, ce même serment,

1 eas ad mvlieres hvc intro non dixit ad socrum et uxorem, terribilia nomina et inimica meretrici, sed quod facile est, ad mulieres; sic alibi «  mulier mulieri magis congruit TerPho. 726 ». et ne longe uideretur, addidit huc intro. 2 atqve vt istvc ivsivrandvm id est: quod tu mihi pollicebaris.
1 eas ad mvlieres hvc intro il ne dit pas "auprès de la belle-mère et de l᾽épouse", des mots qui font peur et s᾽opposent à celui de courtisane, mais, ce qui est indulgent, ad mulieres ; de même ailleurs, « mulier mulieri magis congruit ». Et pour que ça ne paraisse pas être loin, il ajoute huc intro1216. 2 atqve vt istvc ivsivrandvm c᾽est-à-dire : celui que tu m᾽avais promis.

polliceare illis; exple animum his1453 teque hoc crimine expedi.
tu le leur fasses à elles ; garantis leur tranquillité d᾽esprit et libère-toi de ce reproche.

1 exple animvm his teqve hoc crimine expedi explere emunire: Terentianum est. 2 expedire se dicitur, qui pedem retentum liberat. 3 exple animvm quo illis prosis.
1 exple animvm his teqve hoc crimine expedi explere signifie emunire (fortifier) : c᾽est un emploi térentien1217. 2 On dit expedire se (se dépétrer) de quelqu᾽un qui libère son pied entravé1218. 3 exple animvm l᾽état d᾽esprit grâce auquel tu pourrais leur être utile1219.

Ba.-faciam quod pol, si esset alia ex hoc quaestu, haud faceret, scio,
Ba.-Je vais faire ce que, nom d᾽un chien, une autre fille de ma corporation ne ferait pas, je le sais bien,

qvod pol si esset alia ex hoc qvaestv uigilanter poeta, ne non uerisimile uideretur id ullam fecisse meretricem, ipse lectorem praeuenit. et sic fere in omnibus Terentius, quae minus peruulgata sunt quaeque abhorrent a consuetudine, agit.
qvod pol si esset alia ex hoc qvaestv de façon vigilante, le poète, de peur qu᾽il paraisse invraisemblable qu᾽une courtisane agisse ainsi, prévient lui-même son lecteur. Et c᾽est ainsi que fait Térence en général dans toutes les situations qui ne sont pas banales et qui dérogent à l᾽usage.

ut de tali causa nuptae mulieri se ostenderet;
aller dans une telle circonstance se montrer à une femme mariée ;

1 vt de tali cavsa id est amore mariti eius et pellicatu. 2 nvptae mvlieri se ostenderet plus dixit quam nuptam alloqueretur.
1 vt de tali cavsa c᾽est-à-dire l᾽amour de son mari et le concubinage. 2 nvptae mvlieri se ostenderet elle en dit plus qu᾽en disant nuptam alloqueretur (parler à une femme mariée)1220.

sed nolo falsa fama esse1454 gnatum suspectum tuum,
mais je ne veux pas qu᾽une mauvaise rumeur fasse suspecter ton fils

sed nolo falsa fama esse bene, quo sit gratiosior, non propter se dixit quod facit facere.
sed nolo falsa fama esse elle fait bien, pour obtenir davantage de reconnaissance, de dire que ce n᾽est pas pour elle qu᾽elle fait ce qu᾽elle fait.

nec leuiorem uobis, quibus est minime aequum, eum uiderier
ni qu᾽il paraisse trop frivole vis-à-vis de vous, pour qui ce serait tout à fait déplacé,

1 nec leviorem vobis quid leuiorem? an minus carum, ut contra grauis intellegitur? Vergilius «  ferit ense grauem Tymbreus Osirim VergAen. 12, 458 ». 2 Grauis etiam molestus intellegitur, ut Sallustius «  grauiores bello qui prohibitum uenerant sociis egere SallHist. 3 frg. 7 M280 ». 3 Grauis etiam languidus. Vergilius «  ubi aut morbo grauis a. i. s. a. d., a. d. VergGeo. 3, 95 ». 4 nec leviorem ut contra grauis honore dignus et carus. 5 qvibvs est minime aeqvvm281 parentibus scilicet.
1 nec leviorem vobis pourquoi leuiorem ? S᾽agit-il de signifier minus carum (moins cher), comme le contraire grauis le laisse entendre ? Virgile «  ferit ense grauem Tymbreus Osirim  » (Thymbrée frappe de son épée le lourd Osiris)1221. 2 Grauis se comprend aussi au sens de molestus (pénible), comme chez Salluste « grauiores bello qui prohibitum uenerant sociis egere » (Et ceux que la guerre rendaient plus insupportables, qui étaient venus pour interdire, se trouvèrent manquer d᾽alliés). 3 Grauis également au sens de languidus (languissant). Virgile : « ubi aut morbo grauis aut iam segnior annis deficit, abde domo » (quand soit alourdi par la maladie soit engourdi par les années il manque à sa tâche, garde-le à l᾽enclos). 4 nec leviorem comme, au contraire, grauis veut dire digne d᾽honneur et cher1222. 5 qvibvs est minime aeqvvm il parle des parents évidemment.

immerito; nam meritus de me est quod queam illi ut commodem.
et ce sans l᾽avoir mérité ; car à mon égard il a bien mérité que je fasse ce qu᾽il faut pour l᾽arranger.

1 immerito bona exceptio: hoc enim et cauere nobis et praestare aliis possumus. 2 immerito nam meritvs de me est παρόμοιον. 3 immerito nam meritvs de me est qvod qveam illi vt commodem282 et hoc artificiose Terentius, ne uel meretricem dure a Pamphilo segregaret. 4 qvod qveam illi vt commodem sic in Andria «  magis id adeo, mihi ut incommodet, quam ut obsequatur gnato TerAnd. 162 ».
1 immerito bonne exception : cela, en effet, nous pouvons nous en prémunir et le donner aux autres1223. 2 immerito nam meritvs de me est paronomase (παρόμοιον)1224. 3 immerito nam meritvs de me est qvod qveam illi vt commodem et Térence dit cela dans les règles de l᾽art, pour que Lachès n᾽impose pas à Bacchis, fût-elle une courtisane, une rupture trop pénible avec Pamphile. 4 qvod qveam illi vt commodem ainsi dans L᾽Andrienne : « magis id adeo, mihi ut incommodet, quam ut obsequatur gnato ».

La.-facilem beniuolumque lingua tua iam tibi me reddidit,
La.-Facile et bien disposé à ton égard, voilà ce que ta langue a fait de moi.

1 facilem benivolvmqve lingva tva facilem ad peccatum, beniuolum ad iracundiam rettulit. 2 lingva tva consuetudine magis quam ratione dixit. 3 lingva ergo pro homine ipso. 3 lingva tva iam subdistingue iam ut appareat: "si lingua iam, quanto magis facta".
1 facilem benivolvmqve lingva tva facilem se rapporte à la faute de Bacchis, beniuolum à la colère de Lachès. 2 lingva tva il parle davantage selon l᾽usage que selon la raison. 3 lingva vaut donc pour la personne entière1225. 3 lingva tva iam ponctuez pour mettre en valeur iam pour qu᾽on comprenne : "s᾽il en va dès lors ainsi de ta langue, alors que dire de tes actions ?".

nam non sunt solae arbitratae hae1455; ego quoque hoc etiam credidi.
Car ce ne sont pas seulement ces dames qui l᾽ont pensé ; même moi aussi je l᾽ai cru.

1 nam non svnt solae arbitratae hae nunc fatetur se quoque accusatorem fuisse, nunc uero beniuolum factum. 2 hae cum ἀποστροφῇ. 3 ego qvoqve etiam283 superuacue posita sunt, sed hic confirmationem ostendunt.
1 nam non svnt solae arbitratae hae il avoue maintenant que lui aussi était accusateur mais que désormais il est devenu bien intentionné. 2 hae avec une apostrophe (ἀποστροφῇ)1226. 3 ego qvoqve etiam sont employés de façon superflue, mais ici ils servent à marquer la confirmation1227.

nunc quam ego te esse praeter nostram opinionem comperi,
Mais désormais, puisque je t᾽ai découverte tout autre que dans mes préjugés,

1 praeter nostram opinionem praeter pro contra. 2 praeter nostram opinionem hoc est innoxiam.
1 praeter nostram opinionem praeter au sens de contra (contre). 2 praeter nostram opinionem c᾽est-à-dire innocente.

fac eadem ut sis porro; nostra utere amicitia ut uoles.
fais en sorte de le rester à l᾽avenir ; dispose de notre amitié à ton gré.

1 fac eadem vt sis porro hoc est: "perseuera purgata esse"; uult enim et de futuro cautum esse, ut supra «  nam si id facis facturaue es TerHec. 739 ». 3 nostra vtere amicitia non iam amore sed amicitia.
1 fac eadem vt sis porro c᾽est-à-dire : "continue à être hors de cause" ; il veut en effet se prémunir pour l᾽avenir, comme ci-dessus : « nam si id facis facturaue es ». 3 nostra vtere amicitia il ne dit plus amore mais amicitia1228.

aliter si facias1456... reprimam me, ne aegre quicquam ex me audias.
Mais si tu venais à agir autrement... Je préfère me retenir, pour que tu n᾽entendes rien de désagréable de ma bouche.

1 aliter si facias κατάπληξις μετ᾽᾽ ἁπλῆς ἀποσιωπήσεως 284. 2 ne aegre qvicqvam ex me avdias utrum aegre pro male an aegre pro inuita?
1 aliter si facias effroi accompagné d᾽une aposiopèse simple (κατάπληξις μετ᾽᾽ ἁπλῆς ἀποσιωπήσεως)1229. 2 ne aegre qvicqvam ex me avdias faut-il comprendre aegre au sens de male (entendre dire du mal) ou aegre équivaut-il à inuita (malgré toi) ?

uerum hoc te moneo unum qualis sim amicus aut quid possim1457
J᾽ai un seul conseil à te donner : ce que je vaux, ce que je suis capable de faire comme ami

1 vervm hoc te moneo vnvm haec figura oratoria παραίνεσις dicitur. 2 qvalis sim amicvs avt qvid possim in secunda oratione Sallustius ad Iugurtam «  ne uim magis quam beniuolentiam eius experiri mallem SallJug. 32, 5 ». 3 qvalis sim amicvs avt qvid possim hoc genus comminationis et minus habet amaritudinis et plurimum grauitatis. 4 Et Sallustius «  ne uim magis quam beniuolentiam eius experiri mallem SallJug. 32, 5 ».
1 vervm hoc te moneo vnvm cette figure oratoire s᾽appelle exhortation (παραίνεσις). 2 qvalis sim amicvs avt qvid possim Salluste dans le second discours adressé à Jugurtha :« ne uim magis quam beniuolentiam eius experiri mallem »1230 (que je ne préfère pas tâter de la force plutôt que de la bienveillance du peuple romain). 3 qvalis sim amicvs avt qvid possim ce type de menace est à la foins moins désagréable et très solennel. 4 Et Salluste : « ne uim quam misericordiam eius experiri mallet » (de ne pas choisir de tester la force plutôt que la miséricorde du peuple romain).

potius quam inimicus periclum facias.
plutôt que comme ennemi, voilà ce que tu devrais tester.


Sommaire Notes

scaena altera

Laches Bacchis Phidippus
767b | 768 | 769 | 770 | 771 | 772 | 773 | 774 | 775 | 776 | 777 | 778 | 779 | 780 | 781 | 782 | 783 | 784 | 785 | 786 | 787 | 788 | 789 | 790 | 791 | 792 | 793 | 794 | 795 | 796 | 797 | 798

Ph.-Nihil apud me tibi
Ph.-Il n᾽est rien qui chez moi ne te

1 nihil apvd me tibi defieri patiar uerba nutricis fuisse poeta monstrat petentis pro285 ordine longo, quae sibi praebenda sint. unde quasi taedio singulorum generaliter hic respondet nihil apud me tibi d. p. 2 Et apud me dixit pro "apud eum ubi futura es".
1 nihil apvd me tibi defieri patiar le poète montre qu᾽il y a eu des répliques de la nourrice qui a demandé en une longue série ce qu᾽il fallait lui donner. De là vient que c᾽est comme sous l᾽effet du dégoût devant tant de détails qu᾽il répond de façon générale nihil apud me tibi defieri patiar. 2 Et il ditapud me au lieu de "apud eum ubi futura es" (chez celui chez qui tu seras).

defieri patiar quin quod opus sit benigne praebeatur;
fera défaut, je ne le tolérerai pas et veillerai à ce que tout ce dont tu as besoin, on te l᾽offre à profusion ;

1 defieri patiar noluit dicere deesse, sed defieri dixit, ut id quod minus usitatum est, magis delectat auditum. 2 benigne praebeatvr benigne large: hoc est enim gratius non solum praebere, sed etiam benigne.
1 defieri patiar il ne veut pas dire deesse (manquer), mais il dit defieri, pour que ce qui est moins courant plaise davantage quand on l᾽entend1231. 2 benigne praebeatvr benigne signifie large (largement) : car c᾽est plus agréable de non seulement offrir, mais d᾽offrir à profusion.

sed cum tu satura atque ebria eris, puer ut satur sit facito.
mais dès que tu seras rassasiée et imbibée, fais en sorte que l᾽enfant soit rassasié aussi.

1 sed cvm tv satvra atqve ebria eris hoc est in nutricibus non solum non turpe sed etiam necessarium. 2 Et hic satur et haec satura facit.
1 sed cvm tv satvra atqve ebria eris ceci chez les nourrices non seulement n᾽est pas répréhensible mais c᾽est même nécessaire1232. 2 Et cela fait satur au masculin, satura au féminin1233.

La.-noster socer, uideo, uenit; puero nutricem adducit.
La.-Notre beau-père arrive, je le vois ; il amène une nourrice au bébé.

1 noster socer video venit noster blandientis dictum est. Vergilius «  noster eris VergAen. 2, 149 ». 2 Et magis hoc consuetudine dictum est quam integritate. 3 Aut certe ordo: "noster socer uenit", et deinde: "uideo". 4 Aut deest ut, ut sit: ut uideo.
1 noster socer video venit noster terme qui marque de l᾽affection. Virgile : « noster eris » (tu seras des nôtres)1234. 2 Et l᾽énoncé tient davantage de l᾽usage que de la correction. 3 Ou du moins l᾽ordre des mots est : "noster socer uenit", et ensuite : "uideo"1235. 4 Ou alors il manque ut, pour faire : ut uideo (à ce que je vois)1236.

Phidippe, Bacchis deierat persancte... Ph.-haecine ea est? La.-haec est.
Phidippe, Bacchis jure solennellement... Ph.-Est-ce elle, ici ? La.-C᾽est elle.

1 deierat deos iurat, ut «  maria a. i. VergAen. 6, 351 ». 2 Aut ualde iurat. 3 bacchis deierat si correpte, deos iurat, si producte, ualde iurat. 4 Et bene senem iratum praeoccupauit dicendo deierat sancte, ne confligeret cum meretrice et fieret fabula longior. 5 haecine ea est imitanda irati contemplatio, quasi dicat "haec est quam uxori Pamphilus anteponit".
1 deierat équivaut à deos iurat (elle jure les dieux) comme dans « maria aspera iuro » (je jure les mers dangereuses)1237. 2 Ou bien à ualde iurat (elle jure fortement). 3 bacchis deierat si le e est bref, c᾽est deos iurat, s᾽il est long, c᾽est ualde iurat 1238. 4 Et il fait bien d᾽attaquer en préalable le vieillard irrité en lui disant deierat sancte, pour éviter qu᾽il ne se lance dans une dispute avec la courtisane et que la pièce devienne trop longue. 5 haecine ea est il faut imiter le regard d᾽un homme en colère, comme s᾽il disait "c᾽est donc elle que Pamphile préfère à son épouse ?"1239.

Ph.-nec pol istae metuunt deos neque eas respicere deos opinor.
Ph.-Nom d᾽un chien, ces garces ne craignent pas les dieux et ne respectent pas les dieux, à mon avis.

1 nec pol istae metvvnt deos hoc argumentum est non illam uera iurare. sancitur autem iusiurandum aut metu religiosorum aut supplicio sacrilegorum. at uero nec religiosae sunt meretrices, inquit, nec dant poenas, quippe quae a dis contemnantur. tale est illud apud Vergilium: si uiolatus est lucus, tamen uindicatum non est, «  sed faciles nymphae risere sacello VergBuc. 3, 9 ». 2 nec eas respicere deos op. et infeliciores sunt, inquit, quam in quas di uindicent. 3 nec eas respicere nec merentur, inquit, ut dis poenas referant, quia nec curae dis esse dignae sunt. et est ἀμφιβολία, quae sensu manifesta est.
1 nec pol istae metvvnt deos c᾽est la preuve qu᾽elle ne jure pas la vérité. Un serment est sanctionné soit s᾽il y a crainte du sacré, soit si les sacrilèges sont punis1240. Mais en l᾽espèce, les courtisanes n᾽ont pas de crainte du sacré, dit-il, et on ne peut les punir au motif qu᾽elles sont méprisées des dieux. C᾽est ce qu᾽on voit chez Virgile : même si le bois sacré a été profané, il n᾽y a pour autant pas eu de vengeance, « sed faciles nymphae risere sacello » (mais les nymphes indulgentes ont ri dans le sanctuaire)1241. 2 nec eas respicere deos opinor et "elles sont trop déshéritées", dit-il, "pour que les dieux tirent vengeance d᾽elles". 3 nec eas respicere et elles ne méritent pas, dit-il, d᾽en rendre raison aux dieux parce qu᾽elles ne valent même pas que les dieux se soucient d᾽elles1242. Et il y a une ambiguïté (ἀμφιβολία) qui est levée par le sens général1243.

Ba.-ancillas dedo; quolibet cruciatu per me exquire.
Ba.-Je te livre mes servantes ; torture-les à ta guise avec ma permission pour les interroger.

1 ancillas dedo qvo. repudiato iureiurando ad aliud transit firmius documentum. 2 qvolibet crvciatv per me exqvire per me hoc est me permittente, ut quod per leges tibi non licet, per me liceat. 3 per me ergo id est me auctore, permittente.
1 ancillas dedo qvolibet une fois refusé son serment, elle passe à un autre mode plus valable d᾽administration de la preuve1244. 2 qvolibet crvciatv per me exqvire per me c᾽est-à-dire "avec ma permission, pour que ce que les lois ne te permettent pas, te soit permis per me". 3 per me donc cela signifie me auctore, permittente (avec mon autorisation, ma permission)1245.

haec res hic agitur: Pamphilo me facere ut redeat uxor
Voici ce dont il s᾽agit : Pamphile grâce à moi doit voir sa femme revenir,

1 haec res hic agitvr aut sic intellegendum est, quasi dicat "hoc agebamus, cum tu aduenires", aut cum asseueratione pronuntiandum, ut sit res ueritas, quasi dicat "hic non uerba sunt, sed res agitur". 2 haec res hic agitvr propositio est eorum, quae dictura est, hoc modo: haec res hic agitur. -quae res? - "Pamphilo me facere ut redeat uxor oportet, quod si perficio, non paenitet me famae solam fecisse id quod aliae meretrices facere fugitant". 3 Multa Terentius feliciter ausus est arte fretus, nam et socrus bonas et meretrices honesti cupidas praeter quam peruulgatum est facit. sed tanta uigilantia causarum et rationum momenta subiungit, ut ei soli merito uideatur totum licere. nam hoc contra illud est, quod alibi ait, commune iam esse omnibus comicis «  bonas matronas facere, meretrices malas TerEun. 37 ».
1 haec res hic agitvr soit il faut comprendre comme si elle disait "voilà de quoi nous parlions au moment où tu arrivais", soit il faut prononcer cela avec un ton très assertif, de sorte à faire de res l᾽équivalent de ueritas (vérité), comme si elle disait "en l᾽espèce, il ne s᾽agit pas de mots, mais de la réalité"1246. 2 haec res hic agitvr annonce de ce qu᾽elle s᾽apprête à dire, de cette façon : "voici la chose dont il s᾽agit. -Quelle est cette chose ? -Pamphile grâce à moi doit voir sa femme revenir, voilà ce qui m᾽incombe ; si j᾽y arrive, je ne regrette pas la réputation que j᾽aurai d᾽avoir, seule de mon espèce, fait ce que les autres courtisanes répugnent à faire". 3 Térence, confiant dans sa technique, a eu beaucoup d᾽audaces heureuses, car il présente des belles-mères gentilles et des courtisanes soucieuses de faire le bien, au rebours des habitudes. Mais il est si attentif aux causes et aux mobiles quand il ajoute ces moments qu᾽il semble être le seul à qui on puisse tout autoriser. Car ici il contredit ce qu᾽il dit ailleurs, qu᾽il est commun à tous les comiques de « bonas matronas facere, meretrices malas »1247.

oportet; quod si perficio, non paenitet me famae
voilà ce qui m᾽incombe ; si j᾽y arrive, je ne regrette pas la réputation que j᾽aurai

1 non paenitet me famae haec figura λιτότης dicitur: minus enim dicit quam significat. nam non paenitet me famae pro eo quod est magnam famam cupide acquisierim significat. 2 non paenitet me famae ne quaereremus, quid hoc meretrici prodesse posset.
1 non paenitet me famae cette figure s᾽appelle une litote (λιτότης) : de fait, ce qu᾽elle dit est moindre que ce qu᾽elle veut faire entendre. Car non paenitet me famae équivaut au sens de magnam famam cupide acquisierim (j᾽aimerais acquérir volontiers une belle réputation). 2 non paenitet me famae pour que nous ne nous demandions pas quel profit la courtisane peut tirer de cette situation1248.

solam fecisse id quod aliae meretrices facere fugitant.
d᾽avoir, seule de mon espèce, fait ce que les autres courtisanes répugnent à faire.

1 solam fecisse bene solam, ne nescisse officium meretricis poeta uideretur. 2 solam fecisse id est reconciliasse uxorem marito.
1 solam fecisse bien dit solam, pour que le poète n᾽ait pas l᾽air d᾽avoir ignoré ce qui incombe à une courtisane. 2 solam fecisse c᾽est-à-dire d᾽avoir réconcilié l᾽épouse et le mari.

La.-Phidippe, nostras mulieres suspectas fuisse falso
La.-Phidippe, nos femmes ont essuyé de faux soupçons

1 nostras mvlieres svspectas fvisse id est: in suspicione positas, nam esse suspectas ambiguum est. et nunc eius partem manifestam uidemus. 2 falso nobis in re ipsa nobis aut abundat aut cum nostra molestia significat.
1 nostras mvlieres svspectas fvisse c᾽est-à-dire in suspicione positas (mises en position d᾽être soupçonnées), car esse suspectas est ambigu1249. Et maintenant nous voyons la part évidente qu᾽il a prise dans cette affaire1250. 2 falso nobis in re ipsa nobis est soit superflu soit signifie cum nostra molestia (pour notre déplaisir)1251.

nobis in re ipsa inuenimus; porro hanc nunc experiamur.
de notre part, l᾽affaire elle-même nous l᾽a montré ; dès lors, testons cette femme maintenant.

1 porro hanc nvnc experiamvr porro nunc futurum tempus ostendit, nam si iam inuenisti quid, experieris et ea, quae restant in reliquum tempus, quia de praeteritis iam purgata est. 2 nvnc experiamvr id est utamur opera eius.
1 porro hanc nvnc experiamvr porro ici marque le futur, car si on a trouvé quelque chose, on essaiera aussi ce qui reste pour l᾽avenir, parce que pour ce qui est du passé, elle est justifiée. 2 nvnc experiamvr c᾽est-à-dire "utilisons son aide".

nam si compererit crimini tua se uxor credidisse,
Car si ton épouse découvre qu᾽elle cru à une simple imputation,

1 crimini tva se vxor credidisse crimen proprie dicitur id, quod fictum est. et Cicero «  uerum tamen actum et criminosum ius est CicInc. frg. 27 M », id est falsa insimulatio est. 2 crimini crimen nunc pro falsa suspicione posuit. Vergilius «  formidine crimen acerbat VergAen. 11, 407 » et «  semperque odiis et crimine Drances infestus iuueni Turno VergAen. 11, 122-123 », id est: et quod eum odisse et quod se illi odio esse suspicaretur.
1 crimini tva se vxor credidisse crimen se dit proprement de ce qui est inventé. Et Cicéron : « uerum tamen actum et criminosum ius est »1252, c᾽est-à-dire que c᾽est une insinuation mensongère. 2 crimini il met ici crimen pour signifier un faux soupçon. Virgile : « formidine crimen acerbat » (envenime l᾽accusation par sa crainte) et « semperque odiis et crimine Drances infestus iuueni Turno » (et le vieux Drancès avec sa haine et ses allégations, toujours hostile au jeune Turnus), c᾽est-à-dire : il soupçonne à la fois que l᾽autre le hait et qu᾽il est lui-même détesté de lui1253.

missam iram faciet; sin autem est ob eam rem iratus gnatus
elle laissera tomber sa colère ; si d᾽autre part mon fils est en colère au motif

quod peperit uxor clam, id leue est; cito ab eo haec ira abscedet.
que sa femme a accouché en cachette, c᾽est futile ; cette colère le quittera vite.

cito ab eo haec ira abscedet bene: in duabus enim personis causa uidetur esse turbarum, socrus et Pamphili.
cito ab eo haec ira abscedet bien trouvé : de fait, c᾽est sur deux personnages que semble se concentrer la raison du conflit, celui de la belle-mère et celui de Pamphile.

profecto in hac re nihil mali est quod sit discidio dignum.
A coup sûr, dans cette affaire, il n᾽y a rien de méchant qui mérite une rupture.

1 profecto in hac re qvod sit discidio dignvm286 moraliter quasi quaerendo et discutiendo hoc intulit. 2 discidio diuortio.
1 profecto in hac re qvod sit discidio dignvm de façon conforme à son personnage, c᾽est presque en questionnant et en discutant qu᾽il affime cela1254. 2 discidio signifie "divorce".

Ph.-uelim quidem hercle. La.-exquire; adest; quod satis sit faciet ipsa.
Ph.-Je le voudrais, ma foi. La.-Interroge-la ; elle est là ; elle te donnera elle-même satisfaction.

1 velim qvidem hercle ut nihil sit dignum, hoc est non peccauerit Pamphilus. 2 adest qvod satis sit faciet ipsa287 id est: quicquid ad plenam ducit purgationem, sufficiat.
1 velim qvidem hercle "qu᾽il n᾽y ait rien qui le mérite", c᾽est-à-dire que Pamphile n᾽ait pas commis de faute. 2 adest qvod satis sit faciet ipsa c᾽est-à-dire : "tout ce qui conduit à une pleine justification devrait suffire".

Ph.-quid mihi ista1458 narras? an quia non tute ipse dudum audisti
Ph.-Pourquoi me racontes-tu tout ça ? Est-ce parce que tu n᾽as pas toi-même de tes oreilles entendu depuis longtemps

1 an qvia non tvte ipse correptio est, nam audiuit. 2 avdisti de hac re animvs mevs vt sit utrum quia dixit "manere inter nos affinitatem perpetuam uolo"288 an quia apud uxorem defendit adulescentem in amore meretricis? 3 qvid mihi ista narras reprehensio est quasi uerborum longiorum Lachetis.
1 an qvia non tvte ipse c᾽est un reproche, puisque, en fait, il a entendu. 2 avdisti de hac re animvs mevs vt sit est-ce parce qu᾽il a dit "je veux que perdure entre nous une relation éternelle" ou parce qu᾽il a défendu auprès de sa femme le jeune homme dans son amour pour la courtisane ? 3 qvid mihi ista narras c᾽est comme une sorte de blâme à l᾽égard des mots trop longs de Lachès.

de hac re animus meus ut sit, Laches? illis modo explete animum.
mon sentiment dans cette affaire, Lachès ? Garantissez seulement leur tranquillité d᾽esprit.

illis modo explete animvm quasi dicat "quae amarae sunt et molestae".
illis modo explete animvm c᾽est comme s᾽il disait "elles qui sont désagréables et pénibles"1255.

La.-quaeso edepol, Bacchis, quod mihi pollicita es tute ut serues.
La.-Je te prie, nom d᾽un chien, Bacchis, de tenir la promesse que tu m᾽as faite toi-même.

qvod mihi pollicita tvte vt serves289 id est iusiurandum apud mulieres.
qvod mihi pollicita tvte vt serves à savoir le serment auprès des dames.

Ba.-ob eam rem uis ergo intro eam? La.-atque exple animum is, coge ut credant.
Ba.C᾽est pour régler l᾽affaire que tu veux donc que j᾽entre là-dedans ? La.-Oui, et garantis leur tranquillité d᾽esprit, force-les à te croire.

ob eam rem vis ergo intro eam uis dicit, ut ostendat in hac re cunctationem suam.
ob eam rem vis ergo intro eam elle dit uis pour montrer dans cette affaire ses hésitations1256.

Ba.-eo, etsi scio pol is fore meum conspectum inuisum hodie;
Ba.-J᾽y vais, même si je sais bien, nom d᾽un chien, que ma vue leur sera odieuse à cette heure ;

nam nupta meretrici hostis est, a uiro ubi segregata est.
car l᾽épouse est l᾽ennemie de la courtisane lorsqu᾽elle est séparée de son mari.

1 nam nvpta meretrici hostis est alias inimica. 2 nam nvpta meretrici hostis est caute etiam hoc praestruit poeta, ne non uerisimile uideatur potuisse maritatam concorditer cum pellice agere.
1 nam nvpta meretrici hostis est autrement dit inimica1257. 2 nam nvpta meretrici hostis est prudemment, le poète va jusqu᾽à prendre cette disposition pour qu᾽il ne paraisse pas invraisemblable qu᾽une femme mariée puisse agir de concert avec une prostituée1258.

La.-at haec amicae erunt, ubi quam ob rem adueneris resciscent.
La.-Mais elles seront tes amies dès qu᾽elles sauront pourquoi tu es venue.

at easdem amicas fore tibi promitto, rem ubi cognorint;
Je te promets qu᾽elles seront tes amies, quand elles connaîtront le fin mot de l᾽histoire ;

at easdem amicas tibi hoc quidem senex. uerum aliae causae sunt quae mulieres faciunt molestas et hae290 autem spectatoribus notae sunt ex argumento.
at easdem amicas tibi c᾽est ce que dit du moins le vieillard. Mais il y a d᾽autres raisons qui rendent ces dames pénibles et celles-ci sont connues des spectateurs grâce à l᾽argument.

nam illas errore et te simul suspicione exsolues.
car tu vas les délivrer elles de leur erreur et toi des soupçons qui pèsent sur toi.

1 et simvl svspicione exsolves291 hoc est, quod supra dixit «  crimen TerHec. 779 ». nos quoque suspicionem interpretati sumus. 2 exsolves expedies.
1 et simvl svspicione exsolves c᾽est ce qu᾽il a appelé plus haut « crimen ». Nous, nous avons aussi compris suspicionem1259. 2 exsolves tu libèreras.

Ba.-perii, pudet Philumenae me. sequimini intro huc ambae.
Ba.-Je suis morte de honte vis-à-vis de Philumène. Suivez-moi vous deux et entrons la-dedans.

1 pvdet philvmenae m. pudet duo significat: siue ille peccauerit quem pudet, siue ille cuius pudet. 2 Et familiariter ait Philumenae tamquam notae ex Pamphilo. 3 sequimini me intro ambae ancillis dicit, quae sunt κωφὰ πρόσωπα. 4 pvdet philvmenae conscientia communis uiri et pellicatus.
1 pvdet philvmenae me pudet a deux sens : selon que celui qui a commis la faute est celui qui a honte ou celui dont on a honte 1260 . 2 Et de façon familière, elle dit Philumenae en tant qu᾽elle est connue de Pamphile1261. 3 sequimini me intro ambae elle parle à ses servantes, qui sont des personnages muets (κωφὰ πρόσωπα)1262. 4 pvdet philvmenae à cause de la conscience qu᾽elle a de partager son mari et d᾽exercer la prostitution.

La.-quid est quod mihi malim quam quod huic intelligo euenire
La.-Que pourrais-je souhaiter de mieux pour moi que ce qui est en train d᾽arriver, à ce que je comprends,

1 qvid est qvod m. m. sensus hic est: "quid est quod magis optem mihi euenire, quam quod simul proderit etiam meretrici?" et hoc ergo intulit pro nouo: mirandum est enim euenire potuisse, ut idem et seni et patri prosit, quod meretrici. 2 qvid est qvod mihi malim "ut amicitia sibi et mihi prosit". 3 Et ostendit commune sibi bonum esse. 4 evenire euenire bis numero subaudiendum.
1 qvid est qvod mihi malim le sens est : "qu᾽y a-t-il que je puisse me souhaiter de voir arriver davantage que ce qui profitera aussi à la courtisane ?". Et il s᾽agit donc d᾽un énoncé inédit : il faut de fait s᾽étonner qu᾽il ait pu se produire un événement qui profite autant à un vieillard et à un père qu᾽à une courtisane1263. 2 qvid est qvod mihi malim à savoir que, par son obligeance, "elle soit utile à elle-même et à moi". 3 Et il montre que c᾽est un bienfait qu᾽il partage avec elle. 4 evenire euenire doit être sous-entendu deux fois1264.

ut gratiam ineat sine suo dispendio et mihi prosit?
à savoir qu᾽elle rentre en grâce sans qu᾽il lui en coûte et pour mon profit ?

1 vt gratiam ineat sine svo dispendio recte: difficile est enim gratiam inire sine damno. 2 et mihi prosit mire, quia difficile est amicum sine damno acquirere. et quia cum lucro non potuit dicere, et hoc ipsum bonum fecit, quia sine damno. 3 Ergo uelut tria sunt: "ut gratiam ineat et sine damno et mihi prosit".
1 vt gratiam ineat sine svo dispendio correct : il est en effet difficile de rentrer en grâce sans dommage. 2 et mihi prosit étrange, parce qu᾽il est difficile de se faire un ami sans dommage. Et comme il ne pouvait pas dire cum lucro (avec un bénéfice), de cette situation même il fait un avantage, parce qu᾽elle est sans dommage. 3 Il y a donc pour ainsi dire trois choses : qu᾽elle rentre en grâce, sans dommage, et que cela me profite.

nam si est ut haec nunc Pamphilum uere ab se segregarit,
Car s᾽il est vrai qu᾽elle a réellement ces derniers temps tenu Pamphile loin d᾽elle,

pamphilvm vere ab se segregarit proprie a meretrice segregari dicitur, ab uxore disiungi.
pamphilvm vere ab se segregarit segregari s᾽applique proprement à la séparation d᾽avec une courtisane, disiungi de la séparation d᾽avec une épouse1265.

scit sibi nobilitatem ex eo et rem1459 natam et gloriam esse,
elle sait qu᾽elle en gagne de la notoriété, du bien et de la gloire,

1 scit sibi nobilitatem ex ea re natam quasi dicat "ecce quam amauit Pamphilus". sed hoc sentire et dicere patris est stulta pietate magni facientis filium, ut «  meum gnatum rumor est amare TerAnd. 185 ». 2 Et proprie nobilitatem dixit, nam et meretrix et gladiator nobilis dici solet. 3 scit sibi quod nimis amat, ait nobilitatem. 4 ex eo ex eo utrum ex Pamphilo? an ex eo ex ea re, id est quod segregauerit uere a se Pamphilum? 5 Et hoc est melius, nam nobilis meretricis est non timere, ne alterum non inueniat, aut nobilis est cognitam fieri etiam senibus. 6 rem natam ex patrocinio et amicitia senis, gloriam ex facto rato in meretricibus. 7 et rem natam quia multa in eam contulit, et gloriam esse quia defendit eum apud soceros et uxorem et quod marito meretrix coniugem reddit.
1 scit sibi nobilitatem ex ea re natam comme s᾽il disait "voici celle qu᾽a aimée Pamphile". Mais avoir un tel sentiment et dire cela relève de l᾽amour béat d᾽un père qui fait grand cas de son fils, comme « meum gnatum rumor est amare ». 2 Et il dit nobilitatem au sens propre, car même une courtisane et un gladiateur peuvent être qualifiés de nobilis (vedette)1266. 3 scit sibi comme il a trop d᾽affection pour son fils, il dit nobilitatem. 4 ex eo ex eo est-ce que cela signifie ex Pamphilo (de Pamphile) ? ou ex eo signifie-t-il ex ea re (de cette chose), c᾽est-à-dire du fait d᾽avoir réellement tenu Pamphile loin d᾽elle ? 5 Et cette solution est préférable1267 car le propre d᾽une courtisane vedette c᾽est de ne pas craindre de ne pas en trouver un autre, ou alors être une vedette c᾽est être connue y compris des vieillards. 6 rem natam du fait de la protection et de la bienveillance du vieillard, gloriam du fait d᾽un exploit rare chez les courtisanes. 7 et rem natam parce qu᾽il lui prodigue beaucoup d᾽avantages, et gloriam esse parce qu᾽elle l᾽a défendu auprès des beaux-parents et de l᾽épouse et parce que, courtisane, elle a rendu au mari son épouse.

referet gratiam ei unaque nos sibi opera amicos iungit.
elle le remerciera et en même temps, par ses efforts, elle fait de nous des amis.


Sommaire Notes

scaena tertia

Bacchis Parmeno
799 | 800 | 801 | 802 | 803 | 804 | 805 | 806 | 807 | 808 | 809 | 810 | 811 | 812 | 813 | 814 | 815 | 816 | 817 | 818 | 819 | 820 | 821 | 822 | 823 | 824 | 825 | 826 | 827 | 828 | 829 | 830 | 831 | 832 | 833 | 834 | 835 | 836 | 837 | 838 | 839 | 840

Par.-edepol ne meam erus esse operam deputat parui preti,
Pa.-Nom d᾽un chien, ouais, mon travail, le patron l᾽estime de peu de prix,

1 edepol ne meam ervs esse operam depvtat p. p.292 in tota fabula hac seruus piger et curiosus inducitur neque quicquam illi euenit ex sententia sua. 2 edepol ne meam hoc totum a stomachante dicitur quasi nunc cum maxime iniuriam persenserit. 3 edepol ne meam in hac scaena καταστροφή populo exponitur. 4 depvtat parvi preti quia scilicet sic abutitur. 5 depvtat parvi qui deputat eam in re nullius pretii consumendam.
1 edepol ne meam ervs esse operam depvtat parvi preti dans toute cette pièce, l᾽esclave qui est mis en scène est paresseux et curieux et rien ne lui arrive comme il l᾽avait prévu. 2 edepol ne meam toute la réplique est dite par un esclave furieux qui se rend compte seulement maintenant qu᾽on lui a fait du tort1268. 3 edepol ne meam c᾽est dans cette scène que le dénouement (καταστροφή) est exposé au public1269. 4 depvtat parvi preti parce que manifestement il en abuse ainsi1270. 5 depvtat parvi lui qui est d᾽avis qu᾽on doit le1271 dépenser à une tâche qui n᾽a aucun intérêt.

qui ob rem nullam misit frustra ubi totum desedi diem,
lui qui pour rien m᾽a envoyé en pure perte où je suis resté assis tout le jour,

1 frvstra vbi totvm desedi diem deest illuc, ut sit: illuc, ubi frustra totum desedi diem. 2 desedi diem nota accusatiuo casu usum esse.
1 frvstra vbi totvm desedi diem il manque illuc, pour faire : illuc, ubi frustra totum desedi diem (là-bas, où j᾽ai vainement attendu toute la journée)1272. 2 desedi diem notez l᾽emploi de l᾽accusatif1273.

Myconium hospitem dum exspecto in arce Callidemidem.
à attendre un hôte de Myconos dans la ville haute, Callidémidès.

1 myconivm hospitem dvm exspecto memoriter et uigilanter seruus Myconium hospitem et Callidemidem dixit, ne uideretur neglegentia uel obliuione sua non inuenisse, ad quem missus est. 2 myconivm hospitem bene ostendit se memorem signorum et nominum, ut uere uideatur illusus esse, cum operam dederit.
1 myconivm hospitem dvm exspecto l᾽esclave a fait preuve de mémoire et d᾽attention pour répéter Myconium hospitem et Callidemidem, pour éviter de donner l᾽impression de n᾽avoir pas, à cause de sa négligence et de son manque de mémoire, trouvé celui vers qui on l᾽avait envoyé. 2 myconivm hospitem il montre qu᾽il a bien retenu les indices et le nom pour qu᾽on voie qu᾽on s᾽est réellement joué de lui alors qu᾽il a fait son possible.

itaque ineptus hodie dum illi sedeo, ut quisque uenerat,
Aussi, bête comme je suis, tout en restant aujourd᾽hui assis là-bas, dès qu᾽un type arrivait,

1 itaqve ineptvs moraliter additum ineptus. 2 Et ineptus quasi inaptus293.
1 itaqve ineptvs conformément à son caractère, il ajoute ineptus1274. 2 Et ineptus comme si c᾽était inaptus (inapte)1275.

accedebam: «adulescens, dic dum, quaseo, mihi: es tu Myconius?»
je m᾽approchais : « jeune homme, dis-moi, s᾽il te plaît : es-tu de Myconos ? ».

1 advlescens dic dvm qvaeso uerniliter et comoedice se ipsum seruus imitatur. et est μίμησις. 2 es tv myconivs non ut tria mandata sunt inquirenda, tria inquisita sunt ordine.
1 advlescens dic dvm qvaeso à la façon d᾽un esclave de comédie, l᾽esclave se représente lui-même. Et c᾽est de l᾽imitation (μίμησις). 2 es tv myconivs non comme il a mission de poser trois questions, il pose trois questions dans l᾽ordre1276.

– «non sum.» – «at Callidemides?» – «non.» – «hospitem ecquem Pamphilum
– « Non ». – « Mais tu es Callidémidès ? » – « Non ». – « Comme hôte, c᾽est un certain Pamphile

habes?» omnes negabant; neque eum quemquam esse arbitror,
que tu as ? ». Tous disaient que non ; il n᾽existe pas, à mon avis,

1 omnes negabant bene transit a μιμητικῷ ad διηγηματικόν et συντόμως. 2 qvemqvam esse arbitror id est: non puto eum esse in mundo.
1 omnes negabant bon passage du genre imitatif (μιμητικόν) au genre narratif (διηγηματικόν) et de façon concise (συντόμως)1277. 2 qvemqvam esse arbitror c᾽est-à-dire : "je ne pense pas qu᾽il existe dans ce monde".

denique hercle iam pudebat; abii. – sed quid Bacchidem
et finalement, ma foi, j᾽avais honte ; je suis parti. – Mais pourquoi Bacchis

iam pvdebat sedere an interrogare?
iam pvdebat de rester assis ou de poser des questions ?

ab nostro affini exeuntem uideo? quid huic? quid1460 est rei?
est-elle en train de sortir de chez notre parent, à ce que je vois ? Qu᾽a-t-elle à faire avec lui ? C᾽est quoi l᾽affaire ?

1 ab nostro affini exevntem video satis moraliter inducitur seruus dicere nostro affini, cum domini eius sit, non ipsius. sic supra senis est «  noster socer uenit TerHec. 770 » pro Pamphili socer. 2 exevntem video docte poeta praemonstrat locuturam personam. 3 qvid hvic qvid est rei rursus curiosus nihil sciturus est et cursurus piger.
1 ab nostro affini exevntem video c᾽est particulièrement conforme au personnage que de montrer un esclave qui dit nostro affini, alors qu᾽il s᾽agit du parent de son maître, non de son parent à lui. De même plus haut, c᾽est bien d᾽un vieillard que de dire « noster socer uenit », au lieu de Pamphili socer (le beau-père de Pamphile)1278. 2 exevntem video intelligemment, le poète prépare l᾽entrée du personnage qui s᾽apprête à parler. 3 qvid hvic qvid est rei une fois de plus, le curieux s᾽apprête à ne rien apprendre et le paresseux à courir1279.

Ba.-Parmeno, opportune te mihi offers; propere curre ad Pamphilum.
Ba.-Parménon, c᾽est à point nommé que tu te présentes à moi ; vite, cours chez Pamphile.

1 parmeno opportvne te mihi offers attendendum, quod ab initio comoediae usque ad finem Parmeno mittitur ut currat et celatur ut nesciat quod curiose desiderat. 2 propere cvrre ad pamphilvm facete poeta inde incipientem facit, quod ille minime uult, dicendo curre.
1 parmeno opportvne te mihi offers il faut remarquer que, du début de la comédie jusqu᾽à la fin, on envoie Parménon courir et on lui cache ce que, dans sa curiosité, il brûle de savoir1280. 2 propere cvrre ad pamphilvm avec humour, le poète la fait commencer par ce que lui refuse le plus au monde en disant curre.

Par.-quid eo? Ba.-dic me orare ut ueniat. Par.-ad te? Ba.-immo ad Philumenam.
Pa.-Pourquoi là-bas ? Ba.-Dis-lui que je le prie de venir. Pa.-Chez toi ? Ba.-Non, chez Philumène.

1 qvid eo id est ad294 Pamphilum. 2 dic me orare vt veniat uide curiosum non recusare laborem, quo causam sciat. 3 ad te non ad te conueniendam, sed domum ad te significat. 4 immo ad philvmenam mire tota fabula inuenit, quamobrem currat Parmeno.
1 qvid eo c᾽est-à-dire "chez Pamphile"1281. 2 dic me orare vt veniat observez que le curieux ne rechigne pas à la tâche pour apprendre quelque chose1282. 3 ad te ce n᾽est pas ad te conueniendam (pour te rencontrer) mais domum (à ta maison) que ad te signifie1283. 4 immo ad philvmenam de façon merveilleuse, toute l᾽intrigue trouve des raisons de faire courir Parménon1284.

Par.-quid rei est? Ba.-tua quod nihil refert percontari desinas.
Pa.-C᾽est quoi l᾽affaire ? Ba.-Ce qui ne te regarde pas, cesse de poser des questions dessus.

1 qvid rei totum pro persona. 2 tva qvod nihil refert percontari desinas οἰκονομικῇ διανοίᾳ295 et eximie dixit, quasi minus sit iniuria prohibentis interrogare quam interrogatiue respondentis296. 3 Et memento hanc esse, cui in principio nihil celarit Parmeno.
1 qvid rei tout est en fonction du personnage1285. 2tva qvod nihil refert percontari desinas précaution de préparation (οἰκονομικῇ διανοίᾳ)1286 et elle le dit de façon excellente, comme si c᾽était moins une insulte d᾽empêcher de poser une question que de répondre par une question1287. 3 Et souvenez-vous que c᾽est celle à qui, au début, Parménon ne dissimulait rien1288.

Par.-nihil aliud dicam? Ba.-etiam, cognosse anulum illum Myrrinam
Pa.-Ne lui dirai-je rien d᾽autre ? Ba.-Si, qu᾽elle a reconnu l᾽anneau, Myrrhina,

1 nihil alivd dicam uult rem per mandata colligere. 2 etiam cognosse anvlvm myrrinam etiam aduerbium est uel consentientis uel reminiscentis; sed magis reminiscentis modo. sic Cicero «  etiam, quod paene praeterii, capella quaedam est mire facta CicVerr. 2, 2, 87 ».
1 nihil alivd dicam il veut profiter des consignes pour reconstituer l᾽affaire. 2 etiam cognosse anvlvm myrrinam etiam est un adverbe qui marque l᾽adhésion ou le retour en mémoire ; mais c᾽est plutôt le retour en mémoire ici. Ainsi Cicéron : « etiam, quod paene praeterii, capella quaedam est mire facta » (ah oui, j᾽ai failli oublier, il y avait aussi la statue d᾽une petite chèvre merveilleusement ouvragée)1289.

gnatae suae fuisse quem ipsus olim mihi dederat. Par.-scio.
il était à sa fille, celui qu᾽il m᾽a donné lui-même naguère. Pa.-Je saisis.

scio non audio inquit sed scio.
scio il ne dit pas audio (j᾽entends bien) mais scio1290.

tantumne est? Ba.-tantum; aderit continuo, hoc ubi ex te audierit.
C᾽est tout ? Ba.-C᾽est tout ; il sera là tout de suite, dès qu᾽il aura entendu de toi cette nouvelle.

sed cessas. Par.-minime equidem; nam hodie mihi potestas haud data est,
Mais tu lambines. Pa.-Moi, sûrement pas ! Car aujourd᾽hui je n᾽en ai pas eu le loisir,

1 sed cessas hoc est tardas et quiescis. urget autem cursum. 2 minime eqvidem cesso subauditur. 3 potestas havd data cessandi scilicet.
1 sed cessas c᾽est-à-dire "tu traînes" et "tu ne fais rien"1291. Or elle le fait accélérer. 2 minime eqvidem on sous-entend cesso (je traîne). 3 potestas havd data de traîner, implicitement.

ita cursando atque ambulando totum hunc contriui diem.
à courir ainsi sans cesse et à me balader, voilà ce à quoi j᾽ai épuisé ma journée.

ita cvrsando atqve ambvlando est enim cursus etiam nauigantis et equitantis.
ita cvrsando atqve ambvlando on parle en effet de "course" (cursus) y compris pour un navigateur et un cavalier1292.

Ba.-quantam obtuli aduentu meo laetitiam Pamphilo hodie!
Ba.-Quelle immense joie j᾽ai procurée, par ma venue, à Pamphile aujourd᾽hui !

qvantam obtvli adventv meo reliqua pars argumenti per monodiam narratur.
qvantam obtvli adventv meo le reste de l᾽intrigue est raconté par le biais d᾽un solo1293.

quot commodas res attuli! quot autem ademi curas!
Tous les avantages que j᾽ai apportés ! Tous les soucis que j᾽ai ôtés !

1 qvot commodas res attvli quot tam multas et more suo attuli dixit. 2 Et ademi cvras ut «  metum, in quo nunc est, adimam atque expleam animum gaudio TerAnd. 339 ». 3 qvot commodas res qvot avtem cvras haec omnia admirantis sunt. Vergilius «  quis nouus hic nostris successit sedibus hospes! VergAen. 4, 10 ».
1 qvot commodas res attvli quot signifie tam multas (si nombreuses) et conformément à son caractère, elle dit attuli. 2 Et ademi cvras comme : « metum, in quo nunc est, adimam atque expleam animum gaudio »1294. 3 qvot commodas res qvot avtem cvras tout cela émane d᾽un personnage qui s᾽étonne. Virgile : « quis nouus hic nostris successit sedibus hospes ! » (quel invité d᾽un nouveau genre est arrivé dans notre palais !)1295.

gnatum ei restituo, qui paene harunc ipsiusque opera periit;
Son fils, je le lui restitue, qui pour un peu, par leur faute à elles et par la sienne, périssait ;

gnatvm ei restitvo etc. ἐξαρίθμησις.
gnatvm ei restitvo etc. énumération (ἐξαρίθμησις)1296.

uxorem quam numquam est ratus posthac se habiturum reddo;
sa femme, que jamais il ne pensait pouvoir après cela posséder à nouveau, je la lui rends ;

reddo redditur nobis, quod nostri cupidum est, restituitur nobis, cuius nos cupidi sumus. bene ergo gnatum restituo, uxorem reddo.
reddo on nous "rend" (redditur) quelque chose qui tient à nous, on nous "restitue" (restituitur) quelque chose auquel nous tenons. C᾽est donc bien dit gnatum restituo, uxorem reddo1297.

qua re suspectus suo patri et Phidippo fuit, exsolui;
ce pour quoi il était suspect à son père et à Phidippe, je l᾽ai réglé ;

1 qva re svspectvs svo patri et phidippo fvit ergo non unum beneficium, sed tria sunt. 2 exsolvi uariauit tempora: restituo, reddo, exsolui.
1 qva re svspectvs svo patri et phidippo fvit donc il n᾽y a pas un bienfait, mais trois1298. 2 exsolvi variation dans le choix des temps : restituo, reddo, exsolui1299.

hic adeo his rebus anulus fuit initium inueniendis.
et c᾽est cet anneau-ci qui a été le déclencheur de ces belles inventions.

nam memini abhinc menses decem fere ad me nocte prima
Car je me souviens, il y a dix mois environ, que c᾽est chez moi que, au début de la nuit,

1 nam memini abhinc menses decem menses decem dixit, ut et recte et de hoc peperisset. 2 nocte prima primis partibus noctis uel primore, ut «  uidimus obscuris primam sub uallibus urbem VergAen. 9, 244 ».
1 nam memini abhinc menses decem elle dit menses decem, pour qu᾽elle puisse correctement avoir accouché, et que ce soit de lui1300. 2 nocte prima les premières heures de la nuit ou le début, comme : « uidimus obscuris primam sub uallibus urbem » (nous vîmes au fond des vallées obscures le commencement de la ville)1301.

confugere anhelantem domum sine comite uini plenum
il a cherché refuge, tout essoufflé, à la maison, sans escorte, imbibé de vin,

1 confvgere anhelantem domvm s. c. v. p. ex his argumentis potest colligi hunc esse, qui uirginem uitiauerit. 2 confvgere anhelantem uide signa coniecturalia: quod confugere uidit, timebat; quod anhelantem, colluctatus fuerat; quod domum, celare uolebat; quod sine comite, pudendum fuerat facinus; quod uini plenum, temerarium; quod anulum habebat, raptum indicabat. his igitur indiciis uirginem apparet uitiatam.
1 confvgere anhelantem domvm sine comite vini plenvm de ces arguments on peut reconstituer que c᾽est lui qui a déshonoré une jeune fille. 2 confvgere anhelantem voyez les indices conjecturaux : comme elle l᾽a vu s᾽enfuir (confugere), c᾽est qu᾽il avait peur ; comme il était essouflé (anhelantem), c᾽est qu᾽il s᾽était battu ; comme il vient à la maison (domum), c᾽est qu᾽il voulait se cacher ; comme il était sans son escorte (sine comite), c᾽est qu᾽il devait s᾽agir d᾽un forfait honteux ; comme il était imbibé de vin (uini plenum), c᾽est qu᾽il avait tout osé ; comme il avait un anneau (anulum), cela indiquait un viol. Donc avec tous ces indices, il est clair qu᾽une fille avait été déshonorée.

cum hoc anulo. extimui ilico: « mi Pamphile, inquam, amabo,
avec cet anneau. J᾽ai tout de suite eu peur : «Mon Pamphile, ai-je dit, s᾽il te plaît,

mi pamphile inqvam amabo haec blandimenta sunt muliebria.
mi pamphile inqvam amabo il s᾽agit là de paroles de tendresse totues féminines1302.

quid exanimatus es, obsecro, aut unde anulum istunc nactus es?
pourquoi es-tu hors d᾽haleine, je t᾽en prie, et d᾽où tiens-tu cet anneau ?

1 qvid exanimatvs avt vnde anvlvm principalia signa uitii illati: perturbatio et anulus. 2 qvid exanimatvs avt vnde breuitati consulit Terentius, nam in Graeca haec aguntur, non narrantur.
1 qvid exanimatvs avt vnde anvlvm les principaux indices qu᾽on a perpétré un viol : le trouble et l᾽anneau. 2 qvid exanimatvs avt vnde Térence est du côté de la brièveté, car dans la pièce grecque cette scène se joue au lieu de se raconter1303.

dic mihi ». ille alias res agere se simulare. postquam uideo,
Dis-le-moi ». Lui fait semblant de faire autre chose. Quand je vois ça,

1 ille alias res agere se simvlare fingere ac297 pro uero falsum credere. 2 ille alias res agere se simvlare id est alias res agentem se fingere: pudebat enim amicae de alterius stupro fateri, et ei amicae, quam tum deperibat.
1 ille alias res agere se simvlare feindre et croire, au lieu du vrai, du faux. 2 ille alias res agere se simvlare c᾽est-à-dire "se représenter en train de faire autre chose" : il avait honte en effet d᾽avouer à sa maitresse qu᾽il avait couché avec une autre, et à cette maitresse dont il était fou amoureux.

nescio quid suspicarier; magis coepi instare ut dicat.
je soupçonne je ne sais quoi ; je me mets à le harceler davantage pour qu᾽il me parle.

nescio qvid svspicarier magis coepi pro aliquid.
nescio qvid svspicarier magis coepi pour aliquid1304.

homo se fatetur ui in uia nescio quam compressisse
Le bonhomme avoue qu᾽il a pris de force dans la rue une je ne sais qui, qu᾽il l᾽a serrée fort,

1 homo se fatetvr bene additum homo. 2 Et narratorie nescio quam, ex quo dicto omnis error natus est; nam appone nomen et nulla fabula est. 3 nescio qvam uel quia uere nesciebat uel quia sic dicendum fuit, ne amare illam uideretur.
1 homo se fatetvr elle fait bien d᾽ajouter homo1305. 2 Et c᾽est pour sauver le récit qu᾽il dit nescio quam, parole à partir de laquelle naît toute la méprise ; car mettons son nom et il n᾽y a plus de pièce. 3 nescio qvam ou parce que réellement il ne la connaissait pas ou parce qu᾽il lui fallait parler ainsi pour ne pas donner l᾽impression qu᾽il était amoureux d᾽elle1306.

dicitque sese illi anulum, dum luctat, detraxisse.
et il dit qu᾽il le lui a, cet anneau, en se battant, arraché.

eum haec cognouit Myrrina in digito modo me habentem;
C᾽est celui que cette Myrrhina a reconnu que j᾽avais au doigt ;

rogat unde sit; narro omnia haec; inde est cognitio facta
elle me demande d᾽où il vient ; je lui raconte tout ; de là on en vient à reconnaître

Philumenam esse compressam ab eo et filium inde hunc natum.
que c᾽est Philumène la fille qu᾽il a serrée fort, et que c᾽est de là qu᾽est né ce garçon.

haec tot propter me gaudia illi contigisse laetor;
Toutes ces joies, grâce à moi, qui lui arrivent ! J᾽en suis bien contente ;

haec tot propter me gavdia conclusit narratione fabulam more suo, ne haec in actu futuro exspectaremus.
haec tot propter me gavdia il conclut par un récit sa pièce, selon son habitude, pour que nous ne soyons pas dans l᾽attente de ces événements dans un acte futur1307.

etsi hoc meretrices aliae nolunt; neque enim est in rem nostram
même si c᾽est ce que les autres courtisanes refusent : en effet, ce n᾽est pas notre intérêt

1 etsi hoc meretrices aliae nolvnt color necessarius a uerisimili: scit enim se alibi dixisse «  bonas matronas facere, meretrices malas TerEun. 37 ». 2 neqve enim est in rem nostram in utilitatem, id est pro commodo.
1 etsi hoc meretrices aliae nolvnt couleur nécessaire tirée du vraisemblable : il sait en effet qu᾽il a dit ailleurs : « bonas matronas facere, meretrices malas ».1308 2 neqve enim est in rem nostram "dans notre intérêt", c᾽est-à-dire "pour notre profit"1309.

ut quisquam amator nuptiis laetetur; uerum ecastor
qu᾽un de nos amoureux soit heureux en ménage ; mais par Castor,

numquam animum quaesti gratia ad malas adducam partis.
jamais, même pour une bonne affaire, je ne forcerai mon cœur à jouer un rôle de méchant.

ego dum illo licitum est usa sum benigno et lepido et comi.
Moi, aussi longtemps que possible, j᾽ai eu en lui un amant adorable, charmant, délicat.

ego dvm illo licitvm an meruerit Pamphilum.
ego dvm illo licitvm de savoir si elle méritait Pamphile1310.

incommode mihi nuptiis euenit, factum fateor;
J᾽ai mal pris son mariage, je reconnais la chose ;

1 incommode mihi nvptiis evenit sic dixit, quemadmodum dicimus male ei euenit aut bene ei contigit. 2 nvptiis deest ex, ut sit: ex nuptiis. 3 incommode mihi nvptiis ὑποφορά. et est ordo: incommode mihi euenit ex nuptiis. 4 Et incommode pro incommodo. 5 factvm fateor ἀνθυποφορά.
1 incommode mihi nvptiis evenit elle dit comme nous disons male ei euenit (il lui est arrivé malheur) ou bene ei contigit (il lui est arrivé du bonheur)1311. 2 nvptiis il manque ex, pour faire : ex nuptiis (à cause du mariage)1312. 3 incommode mihi nvptiis objection (ὑποφορά)1313. Et l᾽ordre est : incommode mihi euenit ex nuptiis (il m᾽est arrivé du désagrément du fait de son mariage). 4 Et incommode est mis pour incommodo1314. 5 factvm fateor réponse à l᾽objection (ἀνθυποφορά).

at pol me fecisse arbitror ne id merito mihi eueniret.
mais, nom d᾽un chien, j᾽ai fait ce qu᾽il fallait, je crois, pour ne pas mériter ce qui m᾽arrive.

ne id merito mihi eveniret ergo haec dolemus, quae merito contingant.
ne id merito mihi eveniret donc ce dont nous nous plaignons, c᾽est ce qui arrive quand on le mérite1315.

multa ex quo fuerint commoda, eius incommoda aequm est ferre.
Quand de quelqu᾽un on a eu beaucoup d᾽agréments, il est juste de supporter de sa part quelques désagréments.

1 mvlta ex qvo fverint commoda eivs ratio, cur noue omnia fiant et contra officium meretricis. 2 mvlta ex qvo fverint commoda eivs incommoda aeqvvm est ferre hoc eo tractu uocis et ea aequanimitate dicendum, qua leno in Adelphis «  quando eum quaestum occeperis, accipienda et mussitanda iniuria est adulescentium TerAd. 206-207 ».
1 mvlta ex qvo fverint commoda eivs raison pour laquelle tout se passe de façon inattendue et au rebours de ce qu᾽on attend d᾽une courtisane. 2 mvlta ex qvo fverint commoda eivs incommoda aeqvvm est ferre il faut prononcer cela avec le ton de voix traînant et le sang-froid qu᾽a le proxénète dans Les Adelphes : « quando eum quaestum occeperis, accipienda et mussitanda iniuria est adulescentium »1316.


Sommaire Notes

scaena quarta

Bacchis Parmeno Pamphilus
841 | 842 | 843 | 844 | 845 | 846 | 847 | 848 | 849 | 850 | 851 | 852 | 853 | 854 | 855 | 856 | 857 | 858 | 859 | 860 | 861 | 862 | 863 | 864 | 865 | 866 | 867 | 868 | 869 | 870 | 871 | 872 | 873 | 874 | 875 | 876 | 877 | 878 | 879 | 880

Pam.-uide, mi Parmeno, etiam, sodes, ut mihi haec certa et clara attuleris,
Pam.-Vois, mon Parménon, aussi, si tu veux bien, à ce que ces renseignements que tu apportes soient sûrs et clairs,

vide mi parmeno etiam sodes vt mihi haec bene hoc praecipit: uerum est enim, ut quod misere cupimus, idem tardius credamus effectum. sic et in Heautontimorumeno «  eo uereor magis TerHeaut. 194-198 ».
vide mi parmeno etiam sodes vt mihi haec c᾽est un bon précepte : il est vrai en effet que ce que nous désirons terriblement, nous croyons le voir se réaliser trop tard. Ainsi dans L᾽Héautontimorouménos : « eo uereor magis » (j᾽en ai d᾽autant plus d᾽appréhension).

ne me in breue conicias tempus gaudio hoc falso frui.
pour éviter de me réduire seulement pour un bref instant à jouir de cette fausse nouvelle.

Par.-uisum est. Pam.-certen? Par.-certe. Pam.-deus sum, si hoc ita est. Par.-uerum reperies.
Par.-C᾽est tout vu. Pam.-Sûr ? Par.-Sûr. Pam.-Je suis au paradis si c᾽est ainsi. Par.-Tu verras que c᾽est vrai.

Pam.-mane dum, sodes; timeo ne aliud credam atque aliud nunties.
Pam.-Attends un peu, si tu veux bien ; j᾽ai peur de croire autre chose que ce que tu m᾽annonces.

mane dvm dum abundat.
mane dvm dum est superflu1317.

Par.-maneo. Pam.-sic te dixisse1461 opinor inuenisse Myrrinam
Par.-J᾽attends. Pam.-Tu as dit, je pense, que Myrrhina avait découvert

sic te dixisse opinor miro affectu inducitur uix adduci ad credendum quod gaudet Pamphilus.
sic te dixisse opinor c᾽est avec une remarquable émotion que Pamphile entre en scène en ayant peine à aller jusqu᾽à croire ce qui le réjouit.

Bacchidem anulum suum habere. Par.-factum. Pam.-eum quem olim ei dedi?
que Bacchis avait son anneau. Par.-C᾽est un fait. Pam.-Celui que je lui ai donné naguère ?

eaque hoc te mihi nuntiare iussit; itane est factum? Par.-ita, inquam.
Et c᾽est elle qui t᾽a demandé de me l᾽annoncer ? C᾽est comme cela que ça s᾽est passé ? Par.-Oui, te dis-je.

ita inqvam quasi iam lassatus dicit.
ita inqvam il dit ça comme déjà épuisé.

Pam.-quis me est fortunatior uenustatisque adeo plenior?
Pam.-Qui est plus chanceux que moi ou mérite plus de vénération ?

qvis me est fortvnatior venvstatisqve adeo plenior298 ob beneficia Veneris, ut contra inuenustus, cui contra reciderit, quod amat.
qvis me est fortvnatior venvstatisqve adeo plenior en raison des bienfaits de Vénus, de même que, au contraire, on dit qu᾽est inuenustus (infortuné en amour) celui pour qui l᾽objet de son amour est dans une fortune contraire1318.

egone te pro hoc nuntio quid donem? quid? quid?1462 nescio.
Et moi, pour la nouvelle que tu m᾽as apportée, que dois-je te donner ? Quoi ? Quoi ? Je ne sais pas.

qvid donem qvid nescio299 μελλησμός, ut «  an monitu diuum? an quae te fortuna f.? VergAen. 4, 533 ».
qvid donem qvid nescio figure de retardement (μελλησμός)1319, comme dans : « an monitu diuum ? an quae te fortuna fatigat ? » (est-ce par un ordre divin ? Ou quelle fortune te poursuit-elle ?)1320.

Par.-at ego scio. Pam.-quid1463? Par.-nihilo enim;
Par.-Mais moi je sais. Pam.-Quoi ? Par.-Rien en fait ;

nam neque in nuntio neque in me ipso tibi boni quid sit scio.
car ni dans la nouvelle ni en moi-même je ne sais ce que tu trouves de bon.

1 nam neqve in nvntio magis scire uult quam munus accipere. 2 nam neqve in nvntio neqve in me ipso tibi boni qvid sit scio facete agit Terentius, ut300, quanto magis Parmeno curiosus est, tanto magis nesciat illa quae cupit.
1 nam neqve in nvntio il veut savoir plutôt que recevoir un cadeau. 2 nam neqve in nvntio neqve in me ipso tibi boni qvid sit scio avec humour, Térence fait en sorte que plus Parménon est curieux, moins il sait ce qu᾽il veut savoir1321.

Pam.-egon qui ab orco mortuum me reducem in lucem feceris
Pam.-Moi ! J᾽étais mort, des Enfers tu m᾽as ramené à la lumière

sinam sine munere a me abire? ah! nimium me ignauum putas.
et je te laisserais partir sans une récompense ? Ah ça, tu me prends pour un insensible !

sed Bacchidem eccam uideo stare ante ostium.
Mais c᾽est Bacchis que voici, debout devant la porte.

me exspectat credo; adibo. Ba.-salue, Pamphile.
Elle m᾽attend, je pense. Je vais l᾽aborder. Ba.-Salut, Pamphile.

Pam.-o Bacchis! o mea Bacchis! seruatrix mea!
Pam.-O Bacchis ! O ma Bacchis ! Ma sauveuse !

1 o bacchis o mea bacchis servatrix bene additum seruatrix. 2 Et mea supra quod dixit amatoris est.
1 o bacchis o mea bacchis servatrix il fait bien d᾽ajouter seruatrix1322. 2 Et le premier mea est typiquement d᾽un amoureux1323.

Ba.-bene factum et uolup est. Pam.-factis ut credam facis,
Ba.-Je t᾽ai fait du bien et c᾽est un plaisir. Pam.-Tes façons font que je te crois,

factis vt credam facis difficile enim erat credere his rebus gaudere meretricem301.
factis vt credam facis en effet, il était difficile de croire qu᾽une courtisane se réjouisse de cela1324.

antiquamque adeo tuam uenustatem obtines
et tu gardes tellement ta gentillesse d᾽autrefois

ut uoluptati obitus, sermo, aduentus tuus, quocumque adueneris,
qu᾽il y a du plaisir à ta rencontre, à ta conversation, à ton arrivée, où que tu arrives,

1 volvptati obitvs obitus occursus: ob enim significat ad. ergo obitus aditus. 2 Legitur et uoluntate obitus. 3 obitvs sermo adventvs tvvs inter obitum et aduentum hoc interest, quod obitus est302 quem casus offert, aduentus, quem uoluntas et destinatus locus.
1 volvptati obitvs obitus signifie occursus (action de courir à la rencontre) : ob en effet signifie ad (en direction de). Donc obitus signifie aditus (action d᾽aller vers). 2 On lit aussi uoluntate obitus1325. 3 obitvs sermo adventvs tvvs entre obitus et aduentus la différence est que obitus désigne une rencontre de hasard, aduentus, une rencontre aménagée par l᾽intention et un lieu de rendez-vous.

semper siet. Ba.-at tu ecastor morem antiquum atque ingenium obtines,
toujours. Ba.-Et toi, par Castor, tu gardes ton caractère d᾽autrefois et ta manière d᾽être,

ut unus omnium homo te uiuat numquam quisquam blandior.
au point que pas un seul autre homme au monde, jamais, n᾽est plus aimable que toi.

Pam.-hahahae! tun mihi istic? Ba.-recte amasti, Pamphile, uxorem tuam;
Pam.-Ha ha ha ! C᾽est toi qui me dis ça ? Ba.-Tu as bien fait, Pamphile, d᾽aimer ta femme ;

tvn mihi istvc quia blandimentum magis meretricium est.
tvn mihi istvc parce qu᾽il s᾽agit d᾽un compliment qu᾽on fait plutôt aux courtisanes1326.

nam numquam ante hunc diem meis oculis eam quod nossem uideram;
car jamais avant aujourd᾽hui je ne l᾽avais vue de mes yeux, à ma connaissance ;

1 nvmqvam ante hvnc diem meis ocvlis eam qvod nossem videram hoc est: numquam sic uideram, ut eam nossem. 2 qvod nossem quod meminissem, quod scirem, ac per hoc: numquam uideram, ut alibi «  non equidem istas, quod sciam TerAd. 641 ».
1 nvmqvam ante hvnc diem meis ocvlis eam qvod nossem videram c᾽est-à-dire : "je ne l᾽avais jamais vue assez pour la connaître". 2 qvod nossem pour autant que je me souvienne, pour autant que je sache, et à cause de cela : numquam uideram, comme il dit ailleurs « non equidem istas, ut sciam »1327.

perliberalis uisa est. Pam.-dic uerum. Ba.-ita me di ament, Pamphile!
elle m᾽a paru très élégante. Pam.-Dis-moi la vérité. Ba.-Je te le jure, Pamphile !

dic vervm bene instanter ex meretrice quaerit, quid de forma uxoris sentiat: scit enim hanc iudicem esse pulchritudinis posse, uel quod femina uel quod aemula.
dic vervm c᾽est bien qu᾽il interroge instamment la courtisane sur son sentiment au sujet de l᾽allure de sa femme : il sait en effet qu᾽elle peut faire un bon juge en matière de beauté, soit en tant que femme soit en tant que rivale.

Pam.-dic mihi, harum rerum numquid dixti iam patri? Ba.-nihil. Pam.-neque opus est.
Pam.-Dis-moi, sur cette affaire, as-tu dit quoi que ce soit à mon père ? Ba.-Rien. Pam.-Nul besoin.

nvmqvid num aliquid. acue ergo quid.
nvmqvid au sens de num aliquid. (est-ce que quelque chose). Donc mettez un accent aigu sur quid1328.

adeo muttito; placet non fieri hoc itidem ut in comoediis,
Donc motus ; je veux que ce ne soit pas la même chose que dans les comédies,

1 adeo mvttito uel tenui dicto. 2 non fieri hoc itidem vt in comoediis mire, quasi haec comoedia non sit sed ueritas. 3 Aut deest aliis. 4 vt in comoediis deest fit.
1 adeo mvttito même à mots couverts. 2 non fieri hoc itidem vt in comoediis paradoxal, comme si on n᾽était pas dans une comédie mais dans la vraie vie. 3 Ou alors il manque aliis (dans les autres comédies)1329. 4 vt in comoediis il manque fit (cela se produit).

omnia omnes ubi resciscunt; hic quos fuerat par resciscere
quand tous savent tout ; ici, ceux qui devaient être au courant

1 omnia omnes vbi resciscvnt in fine enim comoediae nihil cuiquam celari solet. 2 hic qvos par fverat hic in hac comoedia. 3 An in hac re? 4 Resciscere est recognoscere et uix inuenire, quod quis nescierit.
1 omnia omnes vbi resciscvnt de fait, à la fin d᾽une comédie, il est habituel que rien ne reste caché à personne1330. 2 hic qvos par fverat hic c᾽est-à-dire "dans cette comédie-ci". 3 A moins que ce ne soit "dans cette affaire"1331 ? 4 Resciscere c᾽est reconnaître et trouver à peine ce qu᾽on ignorait1332.

sciunt; quos non autem aequum est scire, neque resciscent neque scient.
savent ; ceux qui ne doivent pas savoir, ils ne seront pas au courant ni ne sauront rien.

1 neqve resciscent neqve scient resciscunt ad quos pertinet. 2 Et resciscunt quae nesciunt, sciunt quae neglegunt. 3 Et resciscimus ex alio, scimus etiam per nostram opinationem.
1 neqve resciscent neqve scient resciscunt se rapporte à quos. Et on dit resciscere des choses qu᾽on ne sait pas, scire de ce qu᾽on omet. 3 Et nous pouvons resciscere quelque chose d᾽autrui, scire également par notre propre jugement1333.

Ba.-immo etiam qui hoc occultari facilius credas dabo:
Ba.-Bien mieux, je vais te donner un moyen de croire que le secret va être gardé plus facilement :

Myrrina ita Phidippo dixit iureiurando meo
Myrrhina a dit à Phidippe que grâce à mon serment

se fidem habuisse et propterea te sibi purgatum. Pam.-optime est;
elle avait repris confiance et que, par là, tu étais innocenté à ses yeux. Pam.-Excellent ;

speroque hanc rem esse euenturam nobis ex sententia.
j᾽espère que l᾽affaire se passera pour nous comme nous le souhaitons.

Par.-ere, licetne scire ex te hodie quid sit quod feci boni?
Par.-Patron, puis-je savoir de ta bouche ce que c᾽est qu᾽aujourd᾽hui j᾽ai fait de bien ?

ere licetne scire ex te ridicule instat scire ignoraturus Parmeno.
ere licetne scire ex te de façon comique, Parménon insiste pour savoir alors qu᾽il continuera à tout ignorer.

aut quid istuc est quod uos agitis? Pam.-non licet. Par.-tamen suspicor.
Et de quoi êtes-vous en train de parler ? Pam.-Non tu ne peux pas. Par.-Mais je m᾽en doute quand même.

ego hunc ab orco mortuum...? quo pacto? Pam.-nescis, Parmeno,
moi, il était mort et des Enfers... ? De quelle façon ? Pam.-Tu ne peux pas savoir, Parménon,

1 ego hvnc ab orco mortvvm uerba sunt cogitantis ego hunc ab Orco mortuum?; ideo et ἐλλειπτικῶς loquitur. 2 nescis parmeno addit stimulos curiositati eius.
1 ego hvnc ab orco mortvvm ce sont les termes de celui qui réfléchit tout haut ego hunc ab Orco mortuum?; c᾽est pourquoi il parle aussi de façon elliptique (ἐλλειπτικῶς). 2 nescis parmeno il ajoute des éléments pour piquer sa curiosité.

quantum hodie profueris mihi et ex quanta aerumna extraxeris.
à quel point tu m᾽as rendu service aujourd᾽hui, et de quelle misère tu m᾽as tiré.

Par.-immo uero scio, neque hoc imprudens feci. Pam.-ego istuc scio. Par.-an
Par.-Oh si je le sais, et je ne l᾽ai pas fait par inadvertance. Pam.-Je le sais bien, moi. Par.-A moins que,

immo vero scio neqve imprvdens feci recte: perit enim beneficii meritum, si ab imprudente praestitum uideatur.
immo vero scio neqve imprvdens feci il a raison : car le mérite d᾽un bienfait se perd s᾽il semble avoir été fait par inadvertance.

temere quicquam Parmenonem1464 praetereat quod facto usus sit?
étourdiment, quelque chose échappe à Parménon qu᾽il était utile de faire ?

1 an temere qvicqvam parmenonem praetereat qvod interdum temere non praetereat303, quod habet faciendi necessitatem. 2 temere qvicqvam parmeno sibi ipsi hoc dicit et se nominat, ut «  degeneremque Neoptolomum n. m. VergAen. 2, 549 » et «  age nunc, Phormionem qui uolet lacessito TerPho. 1027 ». 2 temere qvicqvam utrum hoc dicit: non temere neque per imprudentiam geritur, quicquid utile est? an hoc dicit: nihil potest transire temere, quod utile factu est, quin gratiam sui habeat? an304 quicquam Pamphilus praetereat temere ita, ut non remuneret bonum factum Parmenonis, quod sibi utile fuerit? 4 Conuenit hoc dictum abeunti meretrici.
1 an temere qvicqvam parmenonem praetereat qvod à l᾽occasion, il ne devrait pas nous échapper par étourderie quelque chose à faire qui relève d᾽une nécessité absolue. 2 temere qvicqvam parmeno il se dit cela à lui-même et dit son propre nom, comme dans : « degeneremque Neoptolomum narrare memento » (n᾽oublie pas de lui raconter que Néoptolème dégénère) et « age nunc, Phormionem qui uolet lacessito »1334. 2 temere qvicqvam veut-il dire ceci : "on ne fait pas par étourderie ni par inadvertance ce qui est utile" ? Ou : "on ne peut par étourderie rien laisser passer d᾽utile sans témoigner sa reconnaissance" ? Ou alors Pamphile laisse passer quelque chose par étourderie sans récompenser la bonne action de Parménon qui lui a été utile ? 4 Il convient qu᾽il dise cela à la courtisane qui s᾽en va1335.

Pam.-sequere me intro, Parmeno. Par.-sequor; equidem plus hodie boni
Pam.-Suis-moi là-dedans, Parménon. Par.-Je te suis ; pour ma part, aujourd᾽hui j᾽ai fait plus de bien

feci imprudens quam sciens ante hunc diem umquam. Cantor:-plaudite.
par inadvertance qu᾽en conscience j᾽en ai jamais fait jusqu᾽ici. Chanteur :-Applaudissez.

1 feci imprvdens qvam sciens a. h. quia non conuenit seruo scientem recte facere, bene addidit imprudenti sibi euenisse, ut bene faceret, quod prudens numquam fecerit. 2 imprvdens qvam sciens ἀντίθετον secundum, nam imprudenti scientem reddit, non prudentem.
1 feci imprvdens qvam sciens ante hvnc comme il ne convient pas à un esclave de faire bien en connaissance de cause, il fait bien d᾽ajouter qu᾽il lui est arrivé par inadvertance de faire du bien, ce qu᾽il n᾽aurait jamais fait en conscience. 2 imprvdens qvam sciens antithèse (ἀντίθετον) de seconde catégorie, car il fait répondre à imprudens sciens et non pas prudens1336.


Notes

Sommaire Notes 1. Pour une raison qui nous échappe, Wessner numérote ici 4*. Nous rétablissons une numérotation continue et décalons donc les autres numéros de phrases de ce paragraphe.
2. Wessner proposait de lire "in funambulis", considérant que "occupato in" + ablatif est plus naturel que "occupato" construit avec l᾽ablatif seul ; or, il faut comprendre que "funambulis" est un datif et porte sur "studio", le verbe correspondant "studere" se construisant usuellement avec le datif. La construction de "studium" avec "circa" immédiatement après, loin d᾽invalider cette suggestion, la renforce en introduisant une "variatio" dans l᾽expression.
3. Les mss. donnent "postremo" que nous éditons (avec une valeur atténuée, mais assez courante de "ensuite", pour la cohérence de l᾽argumentaire), et non la conjecture de Goetz et de Schoell, reprise par Wessner, "post denuo". La présence de "postremum" aussitôt après pourrait expliquer la méprise des scribes, mais elle peut tout aussi bien avoir poussé Goetz et Schoell à "améliorer" le texte.
4. Les mss. ont un texte absurde : "actorum ambunorum L turpionis" (C), "actorum l. ambini et l. turpionis" (VDL). Le texte qu᾽édite Wessner est une correction de Klotz que nous retenons, parce que le nom Lucius Ambivius Turpion inconnu des scribes a pu être lu "L. Ambiuius L. Turpio", entraînant l᾽intelligente lecture de VDL qui postulent "actorum". L᾽indice évident de l᾽erreur de lecture est donné par C qui a recopié "ambunorum" sans songer à le "corriger" en "amborum", laissant ainsi subsister, malgré une tentative de normalisation casuelle, le début du nom "Ambivius".
5. Ce texte qui se déduit de C ("neclecte") est plausible, mais VDL qui lisent "non lectae" ont peut-être raison. Il faudrait alors comprendre "pour ne pas avoir l᾽air d᾽incriminer le public si la pièce n᾽a pas été lue jusqu᾽au bout", et écrire peut-être "non perlectae".
6. Cette restitution homérique repose sur G qui lit "κετωμετ᾽ασ μετ᾽μεσση λεμμενος ιττηναων". Elle ne se trouve pas chez Estienne (1529), mais apparaît dans l᾽édition Lindenbrog (1623).
7. Nous éditons le texte des mss., avec une glose étymologique qui peut se comprendre, mais la correction de Wessner "quia clam datur" se justifie en ce qu᾽elle pourrait avoir pour but d᾽expliquer le "-d-" de "clades", qui viendrait du "d-" de "datur". On aimerait cependant trouver une autre occurrence de cette étymologie chez les lexicographes.
8. Wessner édite "siquidem non iudicio comoedia exacta est, sed spectari cognoscique non potuit, placitura scilicet si audiretur", mais les manuscrits portent majoritairement tout autre chose avec un certain consensus. On lit en effet : "siquidem non iudicio comoedia exacta est, si (om. O: sed K) cognosci spectarique (VJU : spectari cognoscique OGM) non potuerit cognitura (coitura K) scilicet si audiretur". La difficulté vient sans doute du fait que les copistes n᾽ont pas compris que Donat jouait avec la citation de Térence sans la reproduire exactement. La conservation d᾽un ordre aberrant "cognosci spectari" (au regard du texte térentien "spectari cognosci") par VJU indique sans doute le raisonnement originel du commentateur. Nous supposons que la volonté de faire ressembler le segment à la citation térentienne a entraîné d᾽abord la chute de la négation devant le premier infinitif puis la transformation de "quoque" en "-que" qui reprend le "neque" térentien. A ce moment, le texte est devenu incompréhensible ce qui explique que le mot (rare et sans doute peu connu des copistes) "cognitura" ait pu donner "coitura", voire "placitura" (Cujas selon Wessner suivant Lindenbrog, qui, toutefois, dans ses Adnotationes ne dit rien de l᾽origine de cette leçon), ou "cognituris" chez Estienne (1529).
9. Wessner éditait "....ideo actores, quia maior pars in gestu est quam in uerbis. 4 COGNOSCI uel probari uel sciri †an Hecyra dicatur hoc est quae sit omnino†". Ce texte provient, pour le segment "maior pars" d᾽un très grand nombre de manuscrits (CVJKDGMU), mais ce qui le précède est tantôt "quia" (CK) tantôt très majoritairement "et". Om donnent "et maior paior pars" qui met sur la voie d᾽une difficulté à cet endroit. Nous supposons que le texte est "quia magis par" et que ce comparatif de supériorité, étrange étant donné le sens courant de l᾽adjectif "par", a conduit à une correction en "magis pars" devenu ensuite aisément "maior pars". Quant au "paior" qui s᾽intercale chez Om, il est sans doute la trace d᾽une glose "parior" qui accrédite notre texte. Le passage de "et" à "quia" peut provenir tout simplement d᾽une correction pour rétablir la corrélation attendue "ideo quia". Pour la fin la situation est plus complexe. Tous les manuscrits sauf CK (et peut-être Cujas ?) s᾽accordent à lire "uel sciri an hecyra sciri dicatur quae scita sit nomine" qui n᾽a guère de sens. CK lisent tout autre chose "uel sciri an hecyra dicatur hoc est quae sit omnino". Nous supposons au stade des archétypes des deux traditions deux haplographies différentes par saut du même au même, pour un segment originel : "sciri an haec iure inscribatur hoc est quae scita sit nomine ita sit omnino". Dans un premier temps, antérieur à l᾽haplographie, le segment "haec iure" a été lu "hecyra", ce qui est normal compte tenu de ce dont on parle. On a donc eu quelque chose comme "an hecyra inscribatur", qui a ensuite été traité différemment soit par transformation d᾽"inscribatur" sans doute très abrégé, en "dicatur", soit en "sciri dicatur" où il subsiste encore quelque chose du texte originel, "sciri" étant attiré par le contexte. Simultanément il s᾽est produit les phénomènes d᾽haplographie. Une tradition a omis, sans doute en raison de la proximité graphique ou peut-être parce que cela constituait une ligne dans une glose marginale, le segment allant de "scita" à "ita" et nous avons le texte de CK "quae sit omnino". La source de tous les autres a fait un saut du même au même du "ita" de la scholie au "ita" du lemme suivant faisant ainsi disparaître sans laisser de trace toute la fin de la scholie. Il est possible aussi qu᾽on soit passé par un stade où "hoc est" a été lu "hecyra" donnant "an hecyra dicatur hecyra".
10. Dans ce lemme, Wessner croit utile d᾽ajouter, entre "populus" et "stupidus", "studio" qui se trouve dans Térence, mais le contenu du commentaire montre qu᾽il est inutile puisqu᾽il s᾽agit de commenter l᾽emploi du mot "stupidus".
11. Wessner éditait " ET IS QVI SCRIPSIT HANC OB EAM REM id est ob eam causam quasi dicat : non iterum acta est sine causa. Cur ergo non post funambulum relata est, si ille cessarat? an quia maluit auarum poetam inducere quam suo etc.". Dans cette proposition "an quia" est une conjecture de Goetz et Schoell. Il faut dire que le texte est très désordonné dans les manuscrits, mais il se dégage quelques lignes de force. 1-Trois manuscrits (VKC) ont une lacune importante sur "quasi dicat non iterum acta est", et diverses petites lacunes par exemple sur le début où ils ne répètent pas "ob eam rem" et logiquement n᾽ont pas "id est". Nous restituons le texte sans ces lacunes. 2-le segment commençant par "cur" et allant jusqu᾽à "cesserat" est le plus désordonné. On trouve : "cur ergo non post funabulum relata est" (VGUMmD), "cur non ergo post funabulam relata" (K), "cur non ergo non post funabulum relata" (C), "cur ego non post funabulum relata est" (O), "cur ego non potest funabulum relata est" (J), puis "si ille cessarat" (V), "si illi cesserat" (GUM22DJ), "si illi cesseret" (K), "si illi cessarat" (C), "si illi cessat" (m), "sulli cesserat" (O). Le second segment présente une majorité de "illi" datif, qui contredit le texte choisi par Wessner et oblige à préférer "cesserat", l᾽ensemble donnant un sens excellent. Le premier segment présente une difficulté sur le début que nous résolvons à partir de la leçon aberrante de C : "cur non ergo non", qui nous incite à voir un "nunc" à la place de l᾽une des deux négations. 3-Le segment "in qua maluit" est à peu près consensuel, à l᾽exception de deux variantes non significatives "in quam maluit" (K) et "in quam in aliud" (C), reposant sans doute sur "in quam maluid". On peut hésiter sur "qua" ou "quam", mais "inducere in qua" est plus troublant que "inducere in quam", tour attendu si l᾽on ne prend pas pas "inducere" au sens de "représenter". 4-Le segment "auarum poetam inducere" (conservé par KC sous la forme "auarum poeta") est devenu "auarum poetam inducere populum" (VGUMODJ...), pour une raison que KC permettent de comprendre : "auarum poetam" a été, sans doute par mélecture d᾽abréviation, lu "auarum poeta" (KC), entraînant la nécessité d᾽un COD qui a été trouvé dans "populum" (le public), qui s᾽imposait compte tenu du contexte, où il s᾽agit de parler des raisons qui ont entraîné la bouderie du public et la nécessité de remonter la pièce. Cette correction a eu lieu à date très ancienne, comme en témoigne la quasi-unanimité de la tradition, qui ne rend évidemment que plus précieuse la lecture de KC. Le manuscrit m quant à lui qui lit "auarus poeta populum" a hypercorrigé la correction, considérant l᾽ordre des mots aberrant.
12. Nous supprimons l᾽ajout "re-" de Wessner devant "superuacuum", inutile, car c᾽est l᾽ensemble "iterum referre" (rapporter de nouveau) qui constitue le pléonasme.
13. Wessner édite "quasi haec omnino non nota sit", avec "non" ajout de Klotz. Cet ajout toutefois nous paraît faire contresens, car c᾽est précisément cela qui étonne Donat : Térence suppose que son public a bien en tête toutes ses pièces précédentes qu᾽il a aimées et donc qu᾽il fera bon accueil à celle-ci. Les manuscrits lisent ici "quasi (quia V) haec omnino nota sint", où le nombre du verbe doit être sans doute corrigé au pluriel, le singulier pouvant s᾽expliquer par l᾽omission d᾽une tilde. Le singulier "sit" ne fait pas vraiment sens, puisqu᾽il ne pourrait alors s᾽agir que de L᾽Hécyre que précisément personne n᾽a vue en entier.
14. Nous ne retenons pas la correction de Wessner qui ajoute "posthac" devant "quas" pour coller au texte térentien.
15. Wessner éditait "ad fortunam" où "ad" est une conjecture de Westerhof, mais on voit mal comment s᾽en passer pour construire ici, à moins de considérer qu᾽il faille lire "fortuna" que l᾽accusatif qui suit et la forme présente dans le vers térentien auraient transformé en "fortunam". Cette solution, beaucoup plus plausible paléographiquement que la chute d᾽une préposition, donne un sens excellent.
16. Les manuscrits Cujas et G 2 donnent un grec approximatif ("ANAΚΛΑCIC" et "ανακασισ") que Wessner édite "ἀνάκλασις" (VCM sont lacunaires), alors qu᾽Estienne (1529) proposait ἀντίθεσις. L᾽anaclase est une figure de style bien particulière de la métrique grecque dont on voit guère la pertinence ici ; nous corrigeons en "ἀντανάκλασις".
17. Nous n᾽éditons pas τὸ avant le second "coepi" qui a tout d᾽un ajout de Wessner.
18. Wessner éditait une restitution de Lindenbrog "παρόμοιον" (qu᾽il pensait pouvoir avoir été tirée du manuscrit Cujas), ce qui peut effectivement décrire la figure, mais le seul manuscrit qui porte du grec ici, G, lit "περιφρασι" précédé d᾽un segment difficilement interprétable en l᾽état ("tñ") qui peut cacher l᾽article τῇ. Nous adoptons le texte fourni par ce témoin.
19. Wessner ajoutait "cognitae" dans ce lemme, pour compléter le texte térentien, mais cela ne sert à rien.
20. Wessner édite ici "c. p. s." conformément au texte reçu de Térence, mais les manuscrits lisent "p. c. s.", métriquement plus que contestable, mais qui s᾽explique parfaitement par l᾽ordre des mots du lemme précédent qui a pu provoquer une bévue, d᾽ailleurs corrigée par la scholie elle-même qui impose l᾽ordre traditionnel.
21. Sans doute par mégarde, Wessner écrit ici "e.", mais les mss. de Donat donnent bien "l.".
22. Dans ce lemme, Wessner ajoute "e." ("eodem") après f., mais cet ajout ne s᾽impose pas pour la figure commentée par la suiteet n᾽apparaît pas dans le texte même du commentaire.
23. Wessner propose ici, à juste titre, d᾽ajouter "in n.", car, sinon, on en comprend pas l᾽antithèse.
24. Ici, et dans la suite de ce vers, Donat lit visiblement "non" comme un certain nombre de manuscrits de Térence, visiblement anciens, au lieu de "nulla" choisi par plusieurs éditeurs modernes. Métriquement c᾽est indifférent.
25. Wessner ajoute "meae auctoritati", qu᾽il rapporte visiblement à la mention "auctoritatis", mais c᾽est inutile.
26. Wessner supposait qu᾽un mot était tombé et éditait "a <*****> 43 uestris commodis" etc., ce qui est l᾽ordre des manuscrits. Il est aisé de comprendre ce qui s᾽est passé, une simple haplographie du segment "a commodis uestris commodis".
27. Ici Wessner ajoute "ut" qui ne sert à rien.
28. Nous n᾽excluons pas "postquam", malgré Schœll dont on voit mal pour quelle raison il athétisait cette conjonction.
29. Nous déplaçons ici l᾽annotateur médiéval, que les mss. donnent au milieu de 57, 3.
30. Wessner suivant Estienne éditait "διανοίας", mais il faisait très justement remarquer qu᾽en Eun. 232, 4 on lit dans une situation semblable le nom de figure que nous éditons. Aucun manuscrit ne porte quoi que ce soit, mais la plupart indiquent une lacune correspondant sans doute à un mot grec.
31. Wessner ajoute ici un "ut", mais il est totalement inutile.
32. Nous ne retenons pas "ut" devant "modo", ajout de Wessner. Nous choisissons de lire "modo" en mention (cf. note apposée à la traduction française).
33. Wessner ajoute ici "m. l.", suite du vers térentien, mais c᾽est totalement inutile. Le commentaire porte sur le seul verbe.
34. Les mss. sont pour la plupart lacunaires. Seul G puis Estienne (1529) donnent "ἀπόστροφος", mais cette leçon ne fait aucun doute.
35. Nous n᾽éditons pas "est", que tous les mss. ont sauf C, mais qui est incorrect dans cette subordonnée interrogative indirecte.
36. Nous ne retenons pas "exploranda", ajout d᾽Estienne (1529) retenu par Wessner, car la phrase se comprend très bien sans.
37. Correction extrêmement adroite d᾽Estienne (1529), les manuscrits lisant unanimement "legerunt proponentes". Seul M paraît avoir vu une difficulté en lisant "proponentes ut ut" qui n᾽a évidemment aucun sens. La faute paraît remonter très haut, sans doute bien avant les apographes d᾽Aurispa et Decembrio, car V qui n᾽en dépend pas uniquement et K portent un texte tout aussi corrompu que les autres. En l᾽absence ici de A et B, on ne peut déterminer si la faute vient ou non de l᾽archétype.
38. Sans aucune raison apparente, Estienne (1529) corrigeait en "muliebris". Nous revenons au texte unanime des manuscrits.
39. Nous retenons l᾽ajout du lemme dû à Estienne (1529), qui n᾽est pas en soi indispensable à la compréhension du raisonnement, mais qui clarifie l᾽explication.
40. Estienne (1529) propose ici d᾽ajouter "ad" qui a pu disparaître par haplographie. L᾽ajout est cohérent avec "uenire ad" plus bas.
41. Wessner ajoutait "ut" devant "in Phormione", mais cet ajout n᾽apporte rien.
42. Correction d᾽Estienne (1529), contre "infra me" attesté par les manuscrits, y compris les meilleurs. Wessner se demandait si ce texte n᾽était pas le bon, mais la confusion entre "intra" et "infra" ne se produit guère avant l᾽époque mérovingienne et paraît bien étrangère à la pure "latinitas" de Donat. Il est donc probable qu᾽Estienne a eu raison de corriger une erreur commise sans doute au stade de l᾽archétype.
43. Nous déplaçons en 110. 3 la scholie que Wessner édite en 111 (tout en précisant qu᾽elle appartient au vers 110) et rejetons donc les cruces de Wessner pour le lemme au vers 111. Le texte du lemme qu᾽il donne au vers 111 n᾽est en réalité probablement que la fin du commentaire. Sur le sens de ce commentaire, voir la note apposée au texte français.
44. Wessner éditait "ut <***>", mais VK entre autres donnent "et" sans signaler de lacune. Nous suivons leur texte.
45. Wessner éditait "moraliter et a nomine inc<ipit> et nomen repetit", mais V et G par exemple portent clairement "antonomasice". Malheureusement, il n᾽y a pas ici d᾽antonomase, mais l᾽arrivée de ce mot s᾽explique par le fait que les copistes connaissent "antonomasice" qui existe bien dans la langue y compris médiévale, et qu᾽ils ont pu lire "ent...onomasice" et faire une savante correction. Quant à "moraliter" il peut s᾽expliquer par une simple glose marginale de "ἐν ἤθει", entrée dans le texte à la place du grec. Notons que cette scholie se répète pratiquement à l᾽identique en 133, au moment où Térence lui-même répète le nom de Parménon.
46. Wessner éditait la conjectur d᾽Estienne "μιμητικὸν", mais VG donnent quelque chose qui ressemble à s᾽y méprendre à une tentative pour lire δραματικὸν ("trahemeticon" G, "trathemeticon" V)
47. La plupart des mss. ont "pro ueritatis", K "proue....", ce qui semble indiquer un passage très difficile à lire dans l᾽original, V "pro ueritatis inquisitione", Wessner édite "pro<fessio b>reuitatis". Nous éditons V.
48. Ajout d᾽Estienne (1529) suivi par Wessner, qui semble s᾽imposer bien que le texte soit problématique dans la scholie précédente.
49. Ingénieuse correction de Wessner pour un texte des manuscrits manifestement erroné et reposant sur une mécoupure de segment "amatam esse" ayant été lu "amat amasse". La forme syncopée en dehors d᾽une citation térentienne nous met la puce à l᾽oreille comme elle l᾽avait mise à Wessner.
50. Ce "postquam" donné par les mss. de Donat ne se construit pas aisément mais le manuscrit F de Térence le donne aussi. Wessner le corrigeait en "post", leçon majoritaire des manuscrits de Térence, mais il n᾽est pas impossible que ce "postquam" ait pu figurer dans un exemplaire ancien de Térence. Au vers 148 le codex bembinus lit "sed postquam".
51. Grec suggéré par Lindenbrog. Les mss. ont par exemple C : "apostrophę **** me met · ι R · R · H" ·, et V  : "apostrophe ****". Estienne donne "ἀ. κ. ἠ. ἀπομνημονεύοντος". Notons que seul "ἀποστροφὴ" semble consensuel, alors qu᾽on ne voit pas en quoi le lemme commenté constitue une apostrophe. Nous corrigeons d᾽ores et déjà en "ἀναστροφὴ". Le reste est à revoir.
52. Ce texte, donné par Wessner comme conjecture de Schœll, est en réalité le texte de K que nous adoptons.
53. Nous rejetons "<nam>", ajout de Wessner, parfaitement inutile.
54. Les mss. ont "dispoliatrix" ; il s᾽agirait d᾽un hapax. Le masculin étant "despoliator" (Plaute, Trin. 240), nous corrigeons en "despoliatrix", correction minime, la forme "dis-" pouvant provenir d᾽une évolution de la prononciation.
55. Dans les manuscrits il manque un "a." pour obtenir le texte virgilien complet. Il est aisé de comprendre pourquoi il a pu disparaître et sans conséquence sur l᾽édition du commentaire lui-même de le rétablir.
56. L᾽editio princeps (suivie par Wessner) a cru bon d᾽ajouter "ex" devant "misericordia", mais cet ajout est inutile, à condition de comprendre "misericordia" comme un complément de moyen.
57. Wessner édite ici deux scholies au vers 181 identiques, la première étant intercalée entre 180, 2 et 180, 3. Nous la supprimons.
58. Estienne (1529), suivi par Wessner, ajoutait ici "nescio" présent dans le lemme, ce qui était ingénieux, mais c᾽est inutile si l᾽on considère que "quam" suffit à marquer l᾽indéfini.
59. Les manuscrits portent "a. ut" (soit "ad ut") ou "aut" (même leçon transformée en un mot), ce qui indique clairement un souci de délimitation de la fin du lemme qui a pu entraîner la chute du "eam" abrégé, rendant ainsi le lemme incompréhensible. On pourrait se contenter de "it uisere" comme lemme, mais les manuscrits attestent d᾽au moins un mot après, en l᾽espèce deux, car "ad" seul n᾽est pas compréhensible.
60. Ce temps est donné par VM, d᾽autres témoins lisent le présent "inducitur", choisi par Wessner. Comme il est question de préparation, le futur est sans doute meilleur.
61. Cette scholie est éditée par Wessner en 183, 2 ; dans les mss., les scholies aux vers 187 à 193 sont dans un ordre bouleversé, et très corrompues (texte d᾽Estienne pour la plupart chez Wessner). Voici ce qu᾽édite Wessner : 192, 1 "nondvm etiam scio παρέλκον tertium" puis 193, 1 "Et deest scire. 2 Et est σύλλημψις scio scire cum ἀναβάσει", puis à nouveau 192, 2 "nondvm etiam recte seruauit reliquis partibus fabulae pendulum et attentum spectatorem", et enfin 193, 3 "nisi sane cvrae est qvorsvm eventvrvm hoc s. bene, quia curiosus est Parmeno et idem garrulus; nam per totam fabulam talis inducitur. 4 cvrae est qvorsvm eventvrvm hoc s. deest scire". On choisit déjà de replacer 192, 2 à la suite de 192, 1, puis de supprimer 193, 1, identique à 193, 4, et de mettre 193, 2 après 193, 4. Pour le segment grec que nous reconstituons nous supposons que K et C on conservé tant bien que mal un peu du grec originel à la différence de G qui lit "σύλλημψισ scio scire tum παρέλκον", qui ne veut à peu près rien dire, car la syllepse supposée se fait en réalité entre un mot présent et un mot sous-entendu et le pléonasme est encore pire puisqu᾽il s᾽agit du tour "scio scire" qui n᾽est pas écrit et qui est absurde. K et C lisent après une courte lacune "scias scire tum ana...", ce qui laisse supposer la fin d᾽un mot grec dans "sciasscire" ou "scioscire" des autres, puis un mot ("tum", "cum") et un nouveau mot grec commençant par "ana". Etant donné le contexte, et le fait que Parménon laisse planer une incertitude dans laquelle se place évidemment l᾽histoire de l᾽anneau dérobé et de la reconnaissance finale par Philumène de Pamphile, son mari, il nous semble que "παρασκευὴ εἰς τὴν ἀναγνώρισιν" peut recouvrir ce segment problématique, et ce d᾽autant plus que, si le copiste hellénsite de G (G2) n᾽invente pas au fur et à mesure le grec qu᾽il complète, il a pu voir "παρα" et y voir "παρέλκον", puisqu᾽on venait de parler de "parelcon" écrit en latin à la scholie précédente (dans les manuscrits).
62. Ajout d᾽Estienne (1529) en fonction sans doute de la construction de la scholie 2. L᾽ajout est raisonnable.
63. Nous éditons la deuxième main du manuscrit Vaticanus (G2) qui seul donne le grec "εμπαθωσ" ; les autres manuscrits sont lacunaires à cet endroit.
64. Pour ce lemme, C omet "est", et V donne pour ses derniers mots "q. h. c. e.", semblant mettre le verbe à la fin.
65. Wessner édite "accusatio", qui est une correction de Westerhof ; les manuscrits donnent quant à eux "confessio". A vrai dire "accusatio" semble à première vue plus clair, mais on peut conserver "confessio" (Lachès "confesse" sa haine envers les femmes).
66. Wessner ajoute ici "c." pour "coniuratio" de Térence, mais ce n᾽est pas indispensable.
67. Wessner proposait d᾽ajouter le "eadem" présent dans le vers térentien, mais cela n᾽est pas utile.
68. Les mss. donnent tous "est", et l᾽éditio princeps est la seule à donner "es", qu᾽édite Wessner, sans doute par influence de la formule de 202, 1. Il s᾽agit sans doute d᾽une correction (trop) savante qui masque les limites de la reformulation.
69. Les mss. donnent tous "pars", et l᾽éditio princeps est la seule à donner "parum", qu᾽édite Wessner. Nous éditons "ne par sit", en supposant une mélecture d᾽abréviation.
70. Seule la deuxième main du manuscrit Vaticanus (G2) donne le grec "αυξησισ" ; les autres manuscrits sont lacunaires à cet endroit. Nous éditons "αὔξησις".
71. V donne "uoluntatis", mais ce génitif vient sans doute d᾽une contamination d᾽"hominis", que le scribe est déjà en train de lire alors qu᾽il écrit le mot précédent.
72. Wessner éditait "Sostratae. ex" Les mss ont "sostrata et", leçon que nous adoptons.
73. C omet le grec, V est lacunaire à cet endroit. Le grec est postulé par Pierre Pithou, qui a eu le Cujas entre les mains. Ce peut donc être la leçon du Cujas (ou une pure supputation de Pithou).
74. Le grec est donné par Cujas. V et C sont lacunaires.
75. V et C donnent ces noms de figure de rhétorique en alphabet latin ("eyfemis mori" C, "euphemismon" V, "cacephaton" V...). Nous éditons, comme Wessner, en caractères grecs : "εὐφημισμόν" et "κακέμφατον".
76. V propose de lire "male" ou "mala" (le "-a" de mala est écrit au dessus du "-e").
77. Les manuscrits donnent "obstabilis", qui n᾽est attesté pratiquement nulle part ailleurs, et en tout cas pas avant le Moyen Age ; "optabilis" est une correction sensée d᾽Estienne (1529), suivie par Wessner.
78. Nous ne rétablissons pas "inter" devant "nos", à la différence de Wessner, car l᾽énoncé se comprend parfaitement sans, et Donat reformule plus qu᾽il ne cite.
79. Les manuscrits semblent n᾽avoir pu lire le grec qui se trouvait ici et ont laissé un blanc. Estienne donne "ἐπάγγελμα" (est-ce une "correction" ?), Wessner renvoie à Isidore de Séville (Or., II, 21, 45) et aux Rhetores Graeci (I. 352, 26 Sp.), ce qui laisse supposer que c᾽est lui qui propose de lire ainsi.
80. Estienne (1529) ajoute "cum", que reprend Wessner. Ce n᾽est pas utile.
81. Wessner éditait "uix argumentorum ui" qui est une conjecture, à vrai dire assez gratuite, d᾽Estienne (1529). Les mss. donnent "argumentum uix", qui convient parfaitement.
82. Dans les deux lemmes 208, 1 et 2, les mss. donnent "rescisses", mais cette leçon n᾽est pas attestée chez Térence, et ce subjonctif plus-que-parfait ne se comprend pas. De plus, dans la scholie 208, 3, C donne "rescissere", et V "rescire". Si le verbe donné par C n᾽est attesté nulle part ailleurs, celui de V existe ("rescio" signifie "savoir de façon inopinée, découvrir"), et la forme "rescisses" du lemme appartient à son paradigme, mais reste, comme nous l᾽avons dit, peu pertinente dans le texte de Térence. Nous éditons donc "rescisces" et "resciscere" avec Wessner ; il y a un problème avec ce verbe, qui ne semble pas connu des scribes !
83. "Παρ᾽ ἀξίαν" est une conjecture de Schoell, "παρὰ προσδοκίαν" était la suggestion Estienne (1529), les mss. sont lacunaires.
84. C donne "dynotes", V "diuores", G 2 "cliuores" : la leçon de C est sans doute bien écrite, mais avec une erreur de graphie pour une prononciation "δινότης" de "δεινότης".
85. Le texte de ce lemme semble assez corrompu. V par exemple donne "cui suos liberos committent", C "suos citi i. e.". Les éditions de Térence éditent "suos cui liberos committerent" ; nous pouvons rétablir l᾽ordre "suos cui" (que semble lire C). Le codex Bembinus de L᾽Hécyre donne "commirent" pour "committerent" : cela nous indique au moins qu᾽il semble y avoir des problèmes sur ce verbe, mais "committerent" semble tout de même bien plus évident que le futur "committent" ici.
86. Les mss. donnent "loco" à la place de "LI. CO.", ce qui peut s᾽entendre, mais la scholie commente "liberos", ainsi nous gardons ce qu᾽édite Wessner.
87. C n᾽a pas "sic dixit" mais "sic Virg.", et Schoell propose de rétablir "sic Vergilius ᾽dignate᾽ (Énéide, III, 475), ut"... mais nous gardons pour l᾽heure le texte de l᾽édition de Wessner, qui semble tout de même plus proche du texte des mss.
88. Wessner supposait qu᾽il fallait ajouter "e." pour "exorere" de Térence, mais il est probable que "tu sola" suffit à accrocher le commentaire par reformulation.
89. Wessner éditait : "᾽exoriri᾽ dicitur, qui non exspectatus inuadit aliquem", qui repose plus ou moins sur le texte de VGM etc. qui lisent : "exoriri dicitur qui expectans inuadit aliquem". CK lisent : "exoriri igitur qui non expectat inuadunt aliquem". Nous supposons quant à nous que le segment "exspectatiinuadunt" a été simplifié en "exspectat inuadunt", rendant ainsi le segment non grammatical, d᾽où découlent sans doute les diverses corrections qui ont pu aboutir au texte de V et des manuscrits qui lisent comme lui.
90. "Τό", que Wessner édite, est une conjecture de sa part. Les mss. donnent "tu", qu᾽il faut probablement garder : Donat commente la totalité de l᾽apostrophe, "tu... mulier...".
91. V (dett) donne "emphasim", C "n***cui", Wessner édite "ἔμφασιν". Nous rétablissons "emphasin" en caractères latins, comme on le voit parfois.
92. Ces vers d᾽Euripide semblent très incertains. V donne "et pipides", que nous rejetons, mais qui nous engage à dire que le nom du tragique grec, si c᾽est bien lui, était sans doute noté en alphabet mixte (voir Warren 1906 : 40). Ces deux manuscrits ne retranscrivent pas la citation grecque d᾽Euripide, qui est une conjecture de Lindenbrog, qui a peut-être pour origine Cujas, mais Lindenbrog ne précise pas dans ses "Observationes" d᾽où il tire ce texte. Calfurnio (1477) éditait ici seulement la citation virgilienne qui suit. Mais Estienne (1529) édite bien "sic Euripides" et paraît avoir vu du grec que ni lui ni son conseiller pour la lecture du grec n᾽ont pu déchiffrer. La suggestion de Lindenbrog est donc sans doute au moins ingénieuse, voire tout à fait acceptable si elle repose sur le codex Cujas.
93. Conjecture d᾽Estienne (1529) tout à fait plausible.
94. Il semblerait que tous les manuscrits annoncent la citation d᾽Apollodore, mais que seul Cujas la donne, de façon approximative ("ⅭΥ ΜΕ ΠΑΝΤΑΠΑⅭΙΝ ΕΗⅭΑΥΛΙΘΟΝ") ; la correction est de Cobet.
95. Ce grec se trouve dans V 2 et G2.
96. Les mss. donnent "prius et non totis" ici (C donne "plus"). On peut supposer que le copiste a lu le "prius" du début du vers 397 au moment où il devait écrire "totis" et a donc écrit "prius" pour "totis" par inattention. C aura ensuite recopié fautivement (et l᾽on sait que cela lui arrive) le premier "prius" en "plus", ou bien aura cherché à le corriger, cette répétition lui semblant suspecte.
97. Nous supprimons "ut", addition de Westerhoff, totalement inutile.
98. Wessner éditait en corrigeant largement "<minimeque> a<deo> mirum". Les mss. donnent "amorem", qui se comprend très bien ici à condition de bien voir que "meritum" s᾽applique à la généralité, "un amour que normalement tu aurais mérité", et que précisément l᾽attitude de Sostrata a transformé en haine.
99. "Quid", qu᾽édite Wessner, était donné comme une correction d᾽Estienne (1529). La plupart des mss donnent "quod", mais "quid" est bien la leçon de K, donc peut-être du manuscrit Cujas.
100. "Deest", qu᾽édite Wessner, est une correction d᾽Estienne (1529). Les mss. ont "id est", que nous rétablissons (cf. note appos&z au texte français).
101. Wessner éditait " 222 ILLA HIC MANERET <*****> 223 <AT VIDE QVAM IMMERITO AEGRITVDO HAEC ORITVR MIHI ABS TE SOSTRATA> ἠθικῶς post acrem etc.", suite à une conjecture d᾽Estienne (1529) mais aucun manuscrit n᾽atteste ni le grec (tous ont une lacune), ni rien de tout ce qu᾽il conjecture. En fait, le texte des manuscrits qui est ce que nous éditons à une exception près, s᾽applique parfaitement au vers 222 et le commentaire au vers 223 commence en réalité au 223, 2 de Wessner. Nous changeons évidemment la numérotation. Le seul point où nous pouvons suivre Wessner, en dehors de la conjecture sur le grec due à Estienne (1529), est la modification de l᾽absurde "illum" des manuscrits en "illam" visant évidemment Sostrata. Pour la première citation And. 866-867, Wessner complète à juste titre d᾽un "s." omis par les manuscrits devant "u." pour "uiuo", rendant le texte grammatical. Il en va de même pour l᾽ajout du "f." pour "fallere" à la fin. Pour la seconde en revanche il proposait de rajouter "o" devant "Chreme", mais cela ne sert à rien.
102. Nous ne retenons pas "dicit", qui est une addition de Schœll.
103. Wessner ajoute "<p.>" pour "pati" qui complète la citation térentienne, mais cela ne sert à rien.
104. Nous ne conservons pas "<tu> curare etc.", addition de Wessner, parfaitement inutile.
105. Wessner croit utile d᾽ajouter "<pol>" dans le lemme à sa place dans le vers térentien, c᾽est inutile car le commentaire ne porte pas sur ce mot.
106. Nous rejetons la correction de Wessner, qui fait de "quod ad filium et maritum pertinet, nam non sola, cum qua nurus" une seconde scholie.
107. Nous ne retenons pas "ut illam", addition de Wessner, peut-être motivée par l᾽ajoute de "ut" déjà opéré, à tort, par Westerhof.
108. "Ἰδιωτικῶς" est d᾽Estienne (1529), mais paraît extrêmement probable en raison du texte de V qui opère un saut du même au même en écrivant "plus una esset .i. diu", comme s᾽il avait enchaîné de "idio" du grec à "id est diu".
109. Wessner édite la correction de Schoell, "enim pro <δή> dixit". Nous revenons aux mss. qui ont "enim produxit" ("il allonge enim"). De fait, dans ce septénaire trochaïque, "enim" fait commencer par un iambe, interdit, sauf à prononcer "enim" avec "e" long... En tout cas, il est préférable de renoncer à la conjecture de Schoell (qui s᾽appuie sur Priscien, GL 3, 193, 25.).
110. Wessner suggère à juste titre d᾽ajouter aux manuscrits "uestro i." de façon à ce que le lemme corresponde à ce qui est commenté.
111. Wessner édite ici "ac tuis", qu᾽il trouve chez Estienne. Nous revenons au "aptius" des mss. Le datif "fauenti", pourtant unanime dans les manuscrits, ne se construit pas ; nous proposons "fauente", apposé à "reo", dont la terminaison a pu être contaminée par les deux datifs ("tibi ipsi") qui précèdent.
112. Wessner propose d᾽ajouter "i." (pour "illam"), après "intellexi" pour respecter le vers de Térence, l᾽ajout s᾽imposant en effet pour rendre le vers compréhensible. La séquence "intellexii" a très probablement été simplifiée.
113. Ce premier segment attribué par Wessner à l᾽annotateur médiéval se trouve dans les manuscrits entre "phidippe" et "diligentiam", où il vient briser le raisonnement. Nous le déplaçons ici, où il s᾽intègre parfaitement.
114. Il manque "tu" et "saluam" dans les manuscrits, mais leur présence est indispensable, ce qui a conduit Wessner à les suppléer. On peut supposer que le segment "uttu" a été lu "utut" et simplifié. La disparition de "saluam" est plus délicate à expliquer, d᾽autant qu᾽aucun des manuscrits principaux ne le donne.
115. Wessner ajoutait "u. m." au lemme pour compléter la citation, mais cela est totalement inutile, puisque Donat cite intégralement ce segment juste après.
116. Wessner éditait, avec un long ajout dû à Estienne (1529) : "mollius dixit quam si <᾽nec facere possum᾽ dixisset>. hoc enim" etc. C est lacunaire de "hic" à "possum". V donne "mollius dixit quam sic hoc enim uult intellegi : uolo, et non possum facere", L a la même leçon avec "si" à la place de "sic" et D a "sit". La correction de "et non" en "at non" est de Westerhof. Nous pensons que la confusion qui règne autour du segment "quam si" / "quam sit" / "quasi" / "quam sic", sans parler de l᾽abréviation très difficile à lire de K "quasi" ou "igitur", témoigne en réalité d᾽une difficulté à lire des abréviations, comme on le voit chez K où la première abréviation "quasi / igitur ?" est suivie d᾽une autre absolument incompréhensible, mais qui peut commencer par "f/sac". Nous en concluons que cette difficulté a entraîné des corrections, et qu᾽il faut chercher dans le contexte ce que l᾽abréviation de K peut avoir voulu dire. Sans doute alors faut-il comprendre comme nous le faisons que l᾽hypothétique est en réalité une atténuation du simple verbe "facio", ou à la limite du futur "faciam".
117. Nous n᾽éditons pas "ad" devant "aduerti", ajout de Wessner, dont on comprend mal la fonction.
118. Bien que substantiellement semblable au texte que Wessner édite, nous ne considérons pas que l᾽article grec soit une conjecture, il est présent, explicitement dans K, et dans d᾽autres manuscrits, par exemple sous la forme du "te" fautif placé entre "sancte" et "adiurat" et dans la finale "adiuro" qu᾽on lit dans C par exemple.
119. Ce texte est donné par K, ce qui implique sans doute que la correction de Lindenbrog signalée par Wessner provenait du manuscrit Cujas. Les autres témoins ont "actiuum" qui n᾽a guère de sens.
120. Nous éditons ici le texte de C, excellent et difficile, contre l᾽ajout proposé par Estienne (1529) et suivi par Wessner : "Phidippus <respondebat>" et la transformation de "tum" en "cum".
121. Dans cette citation à peu près, Wessner rétablissait le texte exact de Térence, mais cela n᾽a aucune utilité, la phrase se comprenant parfaitement sous sa forme d᾽à peu près.
122. Nous ne retenons pas l᾽ajout de Wessner "n." pour "natus", car le lemme se comprend parfaitement ainsi.
123. Nous rétablissons sans problème l᾽haplographie "dicit cito" avec Wessner. Les manuscrits ont "dicito / dicite ire".
124. Texte de K, qui donne un sens très satisfaisant là où les autres témoins sont en plein désordre.
125. Wessner complétait le lemme en écrivant "NEMINI <EGO> PLVRA ACERBA" mais c᾽est un ajout inutile.
126. Wessner édite la leçon du ms. Cujas, "coturnati", mais nous choisissons d᾽éditer la leçon donnée par tous les autres mss., "conturbati".
127. On ne retient pas l᾽ajout de Wessner, "<si> parco ueniam do" qui sert à clarifier la construction mais n᾽est pas utile et ne se trouve pas dans les mss.
128. Nous supprimons l᾽ajout "<quis>" de Wessner, conjecturé par Schoell, sans lequel la phrase se comprend.
129. Wessner édite le second "aut" comme un ajout personnel. VM ont (comme l᾽ed. pr.) seulement le premier "aut", G a le premier puis une omission par un saut du même au même qui nous empêche d᾽en savoir plus, K a commencé son saut directement sur le "NOS OMNES" qui est dans le lemme de la scholie 2 et n᾽a donc ni le premier ni le second "aut". Il est vraisemblable qu᾽il faille suivre Wessner dans son respect du parallélisme "aut... aut".
130. Wessner complétait le lemme en éditant "NAM OMNES <NOS> QVIBVS <E.> A.", mais c᾽est inutile.
131. Le texte de la scholie est obscur. Le ms. Cujas donnait "σχημα ακαταΝΟΝ", V et K portent clairement "σχημα ἀκαταλανον", et la correction que nous éditons est de Sabbadini, suivi par Wessner. Wessner suppose que la notion d᾽anacoluthe concerne la structure que Donat a longuement analysée dans les deux vers précédents, sous couleur de syllepse, ce qui l᾽incite à apposer des cruces autour du lemme. Or le lemme, lui, que les ms. aient ou non écrit une sorte de grec, est parfaitement lisible et se trouve bien à cette place. Nous supprimons donc les cruces, d᾽autant que "rescitum est" est impliqué dans le groupe des deux vers en question. Il n᾽est certes pas, pour lui-même, emblématique de l᾽anacoluthe, qui porte sur "nos omnes... lucri est", mais il peut n᾽être là qu᾽à titre de point de repère textuel, comme cela arrive fréquemment. En revanche, le texte grec ἀκατα(λα)νον cache-t-il vraiment le terme ἀνακόλουθον, que les scribes connaissent en général assez bien ? Ou s᾽agit-il d᾽autre chose ? Peut-on penser à ἀκατάληπτον, "incompréhensible" ?
132. Wessner éditait "ne accusare alteram uideretur <Parmeno, adiecit ᾽ambas>, Pamphile, s. r.᾽". Les manuscrits lisent à peu près unanimement "ne accusare / accusari alteram uideret / uidet populus romanus", les deux derniers mots pouvant être diversement abrégés mais toujours reconnaissables. Nous pensons qu᾽il y a eu confusion entre "p. s. r." du début du lemme suivant et "p. r." qui abrège traditionnellement "populus Romanus". A partir de là "uideretur", texte original selon nous, ne pouvait plus être maintenu et la correction "uideret" s᾽imposait. On voit d᾽ailleurs avec "uidet" que la correction a pu être double. Sur le sens de cette remarque et celui qu᾽elle aurait si l᾽on acceptait la leçon "populus Romanus", voir la note apposée au texte français.
133. Wessner éditait par erreur "hunc" au lieu de "hanc". Nous rectifions cette coquille.
134. Nous rendons au vers 295 ce que Wessner attribuait sans raison au vers 296 (qui se retrouve sans scholie associée).
135. Wessner éditait "VIXQVE HVC <huc> maluit quam ᾽<ad> uxorem᾽ dicere", avec deux ajouts dus à Estienne (1529). Le premier ajout est inutile, puisque la scholie rebondit directement sur le dernier mot du lemme, qu᾽il n᾽y a, dans cette situation, pas besoin de répéter. Le second ajout met en parallèle deux compléments de lieu, l᾽adverbe "huc" et le syntagme "ad uxorem". Mais les mss. ont simplement "uxorem" et cela se comprend : "il préfère mettre un adverbe plutôt que de citer le nom ᾽uxor᾽".
136. Wessner choisissait d᾽athétiser "deinde", mais nous le gardons, voir la note apposée au texte traduit.
137. Nous supprimons "<Et>" en tête de scholie, ajout de Wessner.
138. Wessner éditait "<iniuriae faciunt> iras, non irae iniurias. Sed hic ᾽faciunt᾽ ὑπαλλακτικῶς". L᾽ajout et le grec proviennent d᾽Estienne (1529). Les manuscrits ont un texte généralement absurde, mais relativement consensuel à la réserve près que, de toute évidence, ils ne savent pas trop où s᾽arrête le lemme et où commence la scholie. On peut donner comme exemple de leçon le texte de K "non maximas q. m. s. non iras non ire iniurias (VMnpx, om. non1...iniurias UG) sed hinc (hic VMnpU, om. G, hoc x) faciunt (fatuit G) ade άλιπτικῶς (άληπτικῶσ V, adelphicos C, ***** GMpUx, om. n) dixit etc.". Nous reconstituons ce segment fort endommagé de la façon suivante : 1-l᾽erreur sur la frontière lemme/scholie a entraîné la disparition de "faciunt" dans la scholie, accompagnée d᾽une mélecture de l᾽abréviation de "iniurias" devenu "non iras". 2-la difficulté de frontière entre le latin et le grec a entraîné la leçon "faciunt" devant la lacune ou le mot grec occasionnée par le texte même de Térence. La conservation de "ade" dans K montre que la confusion entre latin et grec était facile. C et son "adelphicos" nous met sur la voie de ce qui s᾽est produit. L᾽abréviation de μετ᾽α a été prise pour un "a" et la suite correctement recopiée par ceux qui savent le grec. 3-G a conservé sans doute quelque chose du texte originel avec le barbarisme "fatuit" qui nous met sur la voie de "fatuus", suivi du mot grec. Il s᾽agit de s᾽en prendre à la philosophie de l᾽esclave Parménon dont les raisonnements valent ceux de Sganarelle. La "ratio" dont il se flatte est en réalité l᾽inversion (métalepse) du proverbe attendu. Sur ce passage, voir la note apposée au texte français.
139. Wessner édite deux fois les scholies 2 et 3, sous l᾽appellation 4 et 5, en les déplaçant après 313. C᾽est d᾽ailleurs à cette place qu᾽on les trouve dans les manuscrits. Conformément à nos usages éditoriaux nous replaçons ces scholies au bon vers, sans les dupliquer comme le faisait Wessner puisque les manuscrits ne les dupliquent pas. Il s᾽agit sans nul doute d᾽un cas où le passage de notes marginales à un texte continu a entraîné des désordres. Ce phénomène est parfaitement connu, voir Funaioli (1930) et notre note à Ad. 823, 3.
140. Wessner éditait en suivant de nombreuses conjectures d᾽Estienne (1529) : "QVAPROPTER ἐξεταστικὴ ὑπόκρισις, id est interrogat διαλεκτικῶς. 2 QVIA ENIM QVI EOS αἰτιολογικὴ ἀπόκρισις. 3 QVIA ENIM QVI EOS GVBERNANT ANIMVS <I. G.> ἐσχηματισμένως ἀντὶ τοῦ ᾽infirmus est᾽. <sed> ἀνακολουθία ista conuenit seruo". Le texte transmis par les manuscrits est très consensuel, mais comprend essentiellement des lacunes en raison des très nombreux mots grecs. Cela dit KV donnent du grec tout à fait correct et permet déjà d᾽infléchir le texte de Wessner en deux lieux essentiels. 1-Tout d᾽abord "ἐσχηματισμένως ἀντὶ τοῦ" ne peut être conservé car VK donnent "σχηματιστὸν ἔποσ" qui est formellement et sémantiquement parfait. 2-ἀνακόλουθον (graphié par V ἀναχολουθον) est sûr, Estienne (1529) l᾽avait corrigé à cause de "ista", mais cette correction ne résiste pas à un simple changement de ponctuation et au passage de "conuenit" unanime en "conueniunt", la faute s᾽expliquant par la même erreur que celle d᾽Estienne, qui consiste à lire "ista" comme un féminin singulier. Le premier segment grec est bien transmis par KV "ἐξεκταστικε ὑποκρισισ/ἐξεκταστικέ ὑποκρίσισ" et ne ferait guère de problème s᾽il n᾽y avait la finale du premier mot qui n᾽est pas conservable en l᾽état et que l᾽on peut comparer à celle du mot "υτιολογικὴ" dans le second segment pour comprendre qu᾽il ne faut pas lire sous "-κε" le segment "-κη" (prononcé "ki"), mais "καὶ" prononcé "kè". De tels phénomènes de code-switching où "καὶ" a pris la place de "et" dans la lancée hellénique du commentateur sont loin d᾽être isolés. Reste le problème des quelques mots latins perdus au milieu de tout ce grec. Wessner suggérait comme lemme "quapropter" qui n᾽est donné que par le manuscrit n, dont on verra ci-dessous qu᾽il a sans doute réinventé le texte. Unanimement les autres lisent "quia post" sauf K qui n᾽a que "post". On peut donc penser que la mélecture d᾽une abréviation a transformé "quapropter" en "quia post" compréhensible dans la mesure où il peut s᾽agir d᾽une explication de "argumentum" et où "quia" peut aussi être compris comme une citation du vers 313. Nous suivons Wessner (et n) dans la restitution de ce mot. Ensuite si l᾽on examine la leçon de K "post ἐξεκταστικε ὑποκρισισ to em. Interrogat idem", celle de V "post ἐξεκταστικέ ὑποκρίσισ idem interrogat" et celle de C " quia post ***** id est interrogat idem", on s᾽aperçoit que K a très probablement conservé le texte là où les autres ont tenté de corriger ce qu᾽ils ne pouvaient pas lire, c᾽est-à-dire du grec suivi d᾽une abréviation "τὸ enim". C l᾽a pris pour "id est", V pour "idem", mais C avec sa répétition "id est idem" nous assure de la place de "idem" que V a simplifié face au segment "idem interrogat idem". Notons pour terminer l᾽ingéniosité probable du scribe de n qui a rempli les lacunes dues au grec de façon particulièrement adroite, lisant "argumentum a simili quia post nullam responsionem idem interrogat. quapropter. quia enim qui eos gubernant animus infirmus gerunt id est qui animus qui gubernat eos eum infirmum gerunt. figura antitosis dico animum ratio ista conuenit seruo".
141. Wessner suivait une conjecture d᾽Estienne (1529) et éditait "a persona <mulieres>". C᾽est bien sûr l᾽idée, mais les mss. ne portent pas le mot ajouté, qui se déduit du lemme.
142. Conjecture extrêmement habile d᾽Estienne (1529). Voir la note à 313, 1.
143. Suite de la brillante conjecture d᾽Estienne (1529). Les copistes, qui ont 312, 1 immédiatement avant 313, 1, face au segment "i. i. e. i. i. e. i. h. c.", ont fait un saut du même au même, nous privant ainsi d᾽un lemme complet.
144. Le COD de "adiungebant" est "fortasse" seul, mais on peut imaginer que Donat s᾽est laissé emporter par le texte de Térence qu᾽il commente, et donne le syntagme entier qui lui fait faire ce commentaire au lieu de l᾽adverbe seul. On ne rejette donc pas "consciuisse", comme le faisait Wessner.
145. On a ici un problème de texte. Comme on l᾽a déjà dit, ce vers 313 est commenté en deux temps. La scholie 1 semble indiquer que Donat lit "consciuisse", bien que le commentaire soit obscur, et que cet infinitif n᾽apparaisse pas dans le lemme (où il est une addition de Wessner). La scholie 2 en revanche donne comme lemme "consciuerit". La deuxième partie du commentaire donne en 3 et 5 le lemme "consciuerit" (avec comme scholie en 3 "legitur et consciuisse"), et en 4 commente l᾽infinitif sans lemme. Donat a sans doute les deux textes sur son manuscrit, et ne rejette aucune des deux versions (si ce n᾽est que la construction "fortasse" + infinitif lui semble caractéristique des "ueteres", même si le commentaire est peu clair).
146. Wessner proposait la négation entre crochets comme procédant d᾽un ajout de l᾽ed. pr. mais en réalité elle se trouve dans K et nous l᾽adoptons comme authentique.
147. Wessner éditait "aegrotare quasi horruisse et" etc. Les mss. se partagent entre "quia sic" et "quia sit". Ils hésitent aussi à savoir où finit la citation de Plaute. K, par exemple, lit "Nam ut ex maritimi da ecce egre pauit area egrotare quia sic horruisse ac palpitare uenis", ce qui n᾽a aucun sens. Nous nous rallions au texte de VU (sauf à rétablir "es" en fin de citation au lieu de "ecce"), bien que sa formulation soit étrange.
148. Wessner éditait "sed <per> Parmenonem mox" (ajout de Schœll). C porte "non Parmenonem modo sed Parmenonem" etc., ce qui a incité Schœll à proposer l᾽ajout de "per", qu᾽a adopté Wessner. Mais il peut s᾽agir d᾽une erreur d᾽une partie de la tradition (dont G) et VKU, par exemple, ne portent pas la répétition du nom "Parmenonem". C᾽est leur texte que nous éditions.
149. Térence (et Eugraphius) donnent ici "intro iisse" ; de fait, ce présent étonne, on attendrait vraiment, puisqu᾽il s᾽agit de la relation d᾽une situation fantasmée, une antériorité. Le texte ne semble pourtant pas corrompu. Il peut s᾽agir d᾽une étourderie de Donat.
150. Nous supprimons l᾽ajout de Wessner qui scinde le lemme 1 en deux ( 1 "ERA Sostrata. 2 IN <crimen in> litem"). Mais, même s᾽il est plus clair, l᾽ajout est inutile et le texte se comprend sans lui.
151. Wessner complétait le lemme en ajoutant "<ADGRAVESCAT>", terme sur lequel, certes, la scholie se monte, mais les mss. n᾽ont pas le verbe et l᾽énoncé se comprend bien avec cet implicite. Nous supprimons l᾽ajout.
152. Wessner édite l᾽addition d᾽Estienne (1529) "per se ipsum <Parmeno, per> Parmenonem etc.". En effet, le "per se ipsum Parmenonem" des mss. pose problème, car on ne peut expliquer le réfléchi ; VK ont "per se ipsum per Parmenonem", qui ne règle rien mais justifie l᾽intervention d᾽Estienne. Cette correction, sur laquelle Schœll avait bâti sa conjecture (elle, inutile) à la scholie 328 (voir note ad loc.), est judicieuse (il y a eu un saut du même au même) et, comme Wessner, nous l᾽adoptons.
153. Les deux "propter" sont une correction d᾽Estienne (1529). Les mss. ont "post".
154. Les éditeurs ont été gênés par le caractère un peu abrupt de l᾽expression et ont rajouté un verbe : Estienne (1529) "respondet" après "duabus", Schœll (suivi pa Wessner) "<dicit>" avant "de". Ce n᾽est pas nécessaire et l᾽énoncé se comprend dans sa brutalité.
155. Le "c." que Wessner considérait comme un ajout personnel à la citation virgilienne est en fait présent dans K (inconnu de Wessner). Nous ne le considérons donc pas comme un ajout.
156. Nous insérons ici une scholie qui a échappé à Wessner et qu᾽on trouve dans VU (avec une variante dans U : "signum furtiuae orationis", "indice de parole furtive", sans doute pour désigner un aparté ; mais ce n᾽est pas la terminologie donatienne de l᾽aparté et nous préférons "futurae"). Nous décalons donc les numéros de lemme d᾽autant.
157. Les mss. ont "esto". Nous éditons la conjecture de Wessner.
158. Wessner éditait comme scholie "<ueretur>, ne ingrediatur" etc., d᾽après Schoell ; Estienne (1529) ajoutait de son côté "metuit". Certes la conjonction de coordination "et" peut inciter à chercher un premier verbe, en l᾽espèce verbe de crainte ou d᾽empêchement ou d᾽incitation, avant "ne", mais on peut comprendre le texte sans cela. Nous supprimons l᾽ajout.
159. Wessner éditait "sin audiuit" et raccrochait la suite à cette protase : "sin audiuit, ᾽qua᾽ ᾽quomodo᾽ intellegimus, id est quemadmodum etc.", faisant de "quomodo" un autonyme, ce qui n᾽est pas sûr. Les mss. ont "sed" et non pas "sin" et l᾽énoncé se comprend différemment. Nous revenons aux manuscrits.
160. Nous supprimons l᾽ajout "ut <sit>" de Wessner.
161. Le texte homérique et le nom de la figure sont assurés non pas seulement par le ms. Cujas, comme l᾽assure Wessner, mais par K, que Wessner a ignoré.
162. Wessner édite entre "cruces" "hic ex illo et ualidus dixit", mais K et C nous mettent sur la voie, face au texte absurde des autres "sed hic sese ex illo et/est ualidius". K lit "sed hic sed ex illo est ualidius dixit" et C "hic si ex illo et ualidus dixit". On voit bien ce qui s᾽est produit. "Sese" élément du texte térentien a été convoqué pour remplacer un segment s??? difficilement lisible. En réalité CK qui ont recopié plus ou moins ce qu᾽ils lisaient attestent de la mélecture d᾽une abréviation au stade commun à tous les autres témoins.
163. Nous éditons le texte grec d᾽Apollodore sous la forme que lui donne Warren (1906, 39). Wessner donnait "οὕτως ἕκαστος διὰ τὰ πράγματα σεμνὸς ἦεν καὶ ταπεινός", suivant Lindenbrog. Mais le raisonnement de Warren est brillant et nous nous y rallions.
164. Wessner éditait "nam qui aiunt, scire <****> dicere potuit nisi Philumena?", en supposant après Schœll une lacune. CVG portent bien le texte de Wessner, mais sans trace de lacune. K a autre chose : "aut" pour "aiunt" et "aut" dans la prétendue lacune. Il suffit que le second "aut" soit tombé par mégarde dans une partie de la tradition pour que quelque scribe ait été tenté de voir dans le "aut" qui restait bancal une forme autonyme "aiunt" dont il est question dans la scholie précédente. C᾽est le texte de K que nous éditons, sauf "quis" au lieu de "qui"..
165. Wessner édite "est enim <ἀναστροφή, non> ἀντίπτωσις". Nous éditons "est enim ἀντίπτωσις" (D : "antiphtosis", rell. : "antiphoris/antiforis/anthyphoris", n "anthypophora").
166. Nous gardons la correction de Wessner (V donne "duos" et C "nos"). Nous pensons que c᾽est le segment "post d.ñ" qui a été lu "post duos" par V et "post nos" par CK. "post duos" pourrait à la limite se comprendre dans la logique de ce qui précède, mais "post nos" n᾽a vraiment aucun sens, malgré la qualité habituelle des mss. qui le lisent.
167. Nous n᾽éditons pas la conjecture d᾽Estienne (1529), "ut sint <reliqui> quinque menses".
168. Westerhof, suivi par Wessner, s᾽est manifestement trompé en modifiant le "quattuor" des manuscrits en "quinque", ce qui l᾽obligeait à corriger "posterioribus" unanime en "prioribus". La scholie telle qu᾽il la récrit s᾽interprète ainsi : "de là il apparaît qu᾽elle a été violée deux mois avant d᾽épouser, qu᾽elle a été cinq mois avec Pamphile, pendant les deux premiers desquels elle a été honorée, alors que les trois suivants Pamphile est parti en voyage", ce qui est absurde (une grosesse de sept mois, mais cinq légitimes) et est contredit par Phidippe et Myrrhina. En fait, si l᾽on suit les manuscrits, Philumène a été violée au mois 1, s᾽est mariée au mois 3, a couché avec son mari pendant les mois 5 et 6 et celui-ci est parti en voyage pendant les mois 7, 8, 9. Elle accouche donc au dixième mois, et Phidippe peut se réjouir que l᾽enfant soit viable puisque pour lui, elle accouche au septième mois, limite extrême de la viabilité.
169. Wessner athétisait le lemme en arguant que la scholie concerne en fait la fin du vers et non ce début. Nous enlevons ses "cruces" parce que, d᾽une part, la scholie s᾽enchaîne plutôt bien sur ce lemme et que, d᾽autre part, il arrive maintes fois que le lemme ne soit qu᾽un repère textuel relatif.
170. Nous ne retenons pas l᾽ajout de Wessner, <"est">, servant à compléter la citation : ce n᾽est pas là qu᾽est le problème et Donat a fort bien pu citer à l᾽essentiel. L᾽anacoluthe que relève Donat (bien abusivement) tient à l᾽absence de la conjonction "et" devant le premier segment : il semble trouver que la norme est le tour "et X et Y".
171. Le texte est ici assez corrompu. V donne : "multa enim amare suscipimus etiam honesta", G a "multa enim amore suscipimus etiam honesta", les autres : "multa enim etiam honesta amare suscipimus". Wessner corrigeait pour la cohérence du propos "honesta en "<in>honesta". Le ms. K lui donne raison : il a corrigé "honesta" en "inhonesta".
172. Wessner éditait "a superiore" suivant Estienne (1529). Nous revenons au texte des mss.
173. Wessner éditait "IDEM NVNC HVIC legitur ᾽idem᾽ et ᾽eidem᾽; <si ᾽idem᾽>, ego, si ᾽eidem᾽" etc. Les interventions sont siennes. Nous revenons au texte des mss. notamment VG.
174. L᾽intégralité de cette phrase est d᾽Estienne (1529). Les mss. ont "et sic aliquid iam dixisse magni praecedentis orationis et respondere sermo ne monstretur" (ou V : "sermo demonstretur"). Nous nous rallions pour l᾽instant à la conjecture stéphanienne.
175. Nous n᾽éditons pas l᾽ajout de Wessner "<aut> in scaena" etc., qui rétablit un équilibre rhétorique appréciable mais qu᾽on ne trouve pas dans les mss.
176. Wessner éditait "maiore <respondit>" etc., suivant Schœll. Ajout inutile.
177. nous supprimons l᾽inutile ajout "<ut> qui" de Wessner. Notons que K, lui, ajoute "quia", plausible.
178. Nous retenons "mis<sus> sum", conjecture de Wessner là où les mss. unanimes ont "missum".
179. Le commentaire à L᾽Hécyre du manuscrit B commence à ce lemme.
180. Nous n᾽éditons pas l᾽ajout d᾽Estienne "<quam> Minerua", lequel ne se trouve pas dans les mss.
181. Wessner faisait de cette scholie la 431, 6, mais l᾽expression commentée est bien au vers 432. Nous la remettons à sa place.
182. Nous ne suivons pas Wessner qui rétablit l᾽intégralité de la réplique. Pamphile répète le "at" de Parménon dans la réplique précédente.
183. Nous rétablissons "properatio", athétisé par Wessner.
184. Le texte de cette scholie est très corrompu. Tout d᾽abord, les trois manuscrits ne donnent pas la même orthographe pour "Myconius" : pour "de Myconio", on a V "de michomo", B "de auconio" et C est lacunaire. Pour "Myconiis", V "michomis", B "miconis" et C "michonis". Pour "Myconi", V "michomi", C "michoni" et Wessner ne nous donne pas B. Enfin pour "Myconium", on a V "michomum" et C "minimum" (toujours pas de B). A partir de là, on peut émettre l᾽hypothèse que c᾽est du grec que notaient les manuscrits qu᾽ont recopiés V, B et C. Mais c᾽est surtout le proverbe grec (peu compréhensible sous la forme qu᾽édite Wessner ; la citation de Lucilius n᾽est pour sa part attestée que par Donat, mais la calvitie proverbiale des habitants de Mykonos se trouve chez Strabon, cf. infra) qui pose problème, et plus précisément le passage de la citation jusqu᾽à "ego". On a dans les manuscrits B "myrrachonos sed ego", C "mira cronosse decon", V "mirachonos sed ego" (avec en marge "μιραχονοσ", ce qui confirme qu᾽avant un hypothétique "sed ego", se trouve noté du grec que les scribes de nos trois manuscrits ont eu de la peine à transcrire). Notons que le "puto" qui suit semble être sûr, ce qui peut confirmer le "sed ego". Reste le grec : le "μία Μύκονος" que propose Wessner est en effet attesté chez Strabon (X, 5, 9 : "Μύκονος δ᾽ ἐστὶν ὑφ᾽ ᾗ μυθεύουσι κεῖσθαι τῶν γιγάντων τοὺς ὑστάτους ὑφ᾽ Ἡρακλέους καταλυθέντας, ἀφ᾽ ὧν ἡ παροιμία “πάνθ᾽ ὑπὸ μίαν Μύκονον” ἐπὶ τῶν ὑπὸ μίαν ἐπιγραφὴν ἀγόντων καὶ τὰ διηρτημένα τῇ φύσει. καὶ τοὺς φαλακροὺς δέ τινες Μυκονίους καλοῦσιν ἀπὸ τοῦ τὸ πάθος τοῦτο ἐπιχωριάζειν τῇ νήσῳ" (Mykonos est cette île sous le poids de laquelle furent écrasés les derniers géants tombés sous les coups d᾽Hercule, ce qui a donné lieu au proverbe "tous en bloc sous Mykonos", lequel s᾽adresse à ces écrivains qui sous un seul et même titre rassemblent les choses les moins faites pour aller ensemble. Mykoniens est aussi le nom qu᾽on donne parfois aux chauves, la calvitie étant une infirmité très commune dans cette île) et chez Clément d᾽Alexandrie (Stromata, I, 28 : "οὐ γὰρ δὴ μία Μύκονος ἡ πᾶσα πρὸς νόησιν γραφή, ᾗ φασιν οἱ παροιμιαζόμενοι"). A défaut de mieux, nous éditons cela, mais on comprend mal le lien logique impliqué par le "unde".
185. B, C et Cujas donnent "ad personam", que Wessner édite entre cruces, G a "persona", VK "ac de persona", et Schoell suggérait "adpresso iam". Nous éditons KV.
186. Wessner éditait "et crassi talem saepe habent faciem", qui est habile, mais les mss. sont assez unanimes pour donner ce que nous éditons et que nous gardons malgré sa lourdeur.
187. Wessner édite, en prêtant cet ensemble à la seconde main, "sit et cadat", là où V a bien les pluriels "sint et cadant". La position de Wessner est peu cohérente : si l᾽auteur de la main qu᾽il édite en italiques (sans que les mss. fassent la moindre différence entre les mains) est une main médiévale, on doit supposer qu᾽il connaît la citation virgilienne qu᾽il utilise ici. Hors contexte, certes, "caduci Dardanidae" peut être un génitif singulier, engageant la remarque qui suit au singulier ; mais Virgile a écrit, lui, un nominatif pluriel. Il paraît donc plus cohérent de supposer que ce scholiaste médiéval, Virgile en main, avait écrit "sint et cadant" (comme on le lit dans V par exemple) et Wessner aurait pu préférer directement ce texte avec pluriel.
188. Nous avons déplacé l᾽annotateur médiéval qui se trouvait dans 6 après la scholie.
189. Nous ne suivons pas Wessner qui rétablit "tamen".
190. Nous avons déplacé l᾽"annotateur médiéval", qui se trouvait dans 8, après 9.
191. On ne rétablit pas "consororinus" comme le propose Wessner, supposant que le préfixe, présent dans "consobrinus", est évident, implicite et sous-entendu par Donat. Sur cette étymologie, exacte au point de vue des modernes, voir la scholie And. 801 et notre note au texte français.
192. Wessner éditait un locus desperatus ainsi configuré : "et hac propinquitate Terentius †frequentata mouentur aut heredum". De fait, les mss. sont erratiques. Voici un échantillon de ce qu᾽on lit : KV "et hac propinquitate terentius frequentata mouetur aut heredum" ; U "et hac terentius frequentata moriens aut heredum" ; M "ac propinquitatis terentius frequentatis monet aut heredum" ; C "ac de a propinquitate terentius frequenta morientur aut heredum"... La fin est consensuelle : "aut heredum" et elle laisse entendre un premier mot au génitif. A supposer qu᾽un mot comme "turbam" ne se soit pas perdu en route et qui soit de nature à expliquer ces deux génitifs, il faut que ce soit "propinquitate" ou ce qui se cache sous "frequenta..." qui soit le substantif régissant attendu pour ce complément adnominal. En fait c᾽est de G que nous nous rapprochons le plus. Ce dernier écrit "et hanc propinquitatem Terentius frequentauit monentium aut heredum" et il nous semble donner un texte excellent (hormis "monentium", facile à corriger en "morientium", qu᾽on lit preque en l᾽état chez C). En tout cas le meilleur, et de loin, dans ce magma. Nous nous rallions donc à G, en corrigeant "monentum" et en rétablissant un présent "frequentat" qui paraît plus apte à expliquer les différents errements sur ce segment dans la tradition.
193. Nous ne rétablissons pas "iuuant", comme le fait Wessner. C᾽est un ajout inutile.
194. Wessner complétait le lemme en écrivant "<h. p. v. s.>". C᾽est inutile.
195. BVGK... ont "quibus non matrimonio inuideant", que Wessner édite entre cruces, C a "non matrimonio inuideatur". Wessner propose (dans son app. cr.) cette correction de Goetz ("qui iusto" mal écrit dans l᾽archétype et pris pour "quibus non"). Nous la retenons, faute de mieux.
196. Nous corrigeons "ad hanc rem s. i." en "ad hanc rem t. i.", compte-tenu de la citation exacte de Cicéron.
197. Nous déplaçons l᾽annotateur médiéval, initialement placé dans 2, après 3.
198. Wessner éditait "<an> uxoris et mea ?", plus correct évidemment, sans être indispensable. Nous refusons cette hypercorrection.
199. Wessner édite : "<nota> omnem conclusionem […] continere" (ajout de Schoell). V donne "omnis conclusio […] continet" etc., ce que nous rétablissons. CB donnent "omnem conclusionem […] continet" etc.
200. Passage particulièrement délicat. Wessner éditait "non quidem dixit, tamen illam expellit; non <enim> distrahit, <ni>si in ipsa sit causa, necessitas." Les manuscrits donnent un texte aberrant par exemple G "nunquam dixit tamen illam expellit uel distrahit sed in ipsa sit causa", V "nunquid dixit tamen illam expellit. non distrahit. sed in ipsa sit causa", K "numquid dixit tamen illam expellit, non distrahit, sed in ipsa sit causa", U "numquid dixit tamen illum expellit: non distrahit: sed in ipsa sit causa". Nous pensons que le désordre provient d᾽une série d᾽abréviations mal comprises. "n." pour "necessitas" a été lu "non" entraînant une première difficulté "non distrahit" que V a bien vue puisqu᾽il lit "uel". Ensuite le segment "scilicet ne ipsa", sans doute graphié "s.ne ipâ" a pu être lu "sed in ipsa", rendant la fin et le subjonctif incompréhensibles. Ce que nous proposons est purement conjectural, mais sauve à moindres frais que Wessner un lieu pratiquement désespéré. Sur le sens de ce commentaire, voir la note apposée au texte français.
201. Wessner considérait qu᾽il fallait ajouter "illam a me distrahit necessitas" comme lemme, mais les manuscrits qui séparent les lemmes dont V donnent bien "necessitas" comme seul mot du lemme.
202. Nous retenons ici le texte proposé par Wessner avec deux conjectures personnelles de cet éditeur qui rajoute "non" devant "credidi", ajout logique et difficilement évitable et qui propose de lire la séquence malmenée par les mss "scis ed" en "sciui sed" que nous corrigeons en "scii sed". Cette conjecture est confirmée par B "scis et credidi", et C "si sed credidet".
203. Wessner édite "<cum> parum esset" : nous rétablissons le texte des manuscrits.
204. Schœll rétablit "ut", suivi par Wessner. Nous adoptons l᾽ajout.
205. Wessner éditait seulement "᾽defessus᾽". Nous rétablissons le texte de V (et de K, qui a ajouté en marge "sum deambulando"), : il s᾽agit bien ici de la citation du vers 713 des Adelphes, que KV n᾽ont pas inventée tout seuls et qui a le mérite de présenter deux formes en "de-".
206. Wessner croit ici bon de répéter "adeo", mais cela est parfaitement inutile.
207. Ici Wessner éditait un lemme 3 sous la forme " 3 †NEQVE ADEO ARBITRARI PATRIS EST ALITER hoc est, quod ait Sallustius ᾽ita fiducia quam argumentis purgatiores d.᾽". Il l᾽athétisait à juste titre dans son app. cr. : la scholie consiste uniquement en la citation de Salluste qui figure dans la scholie 528, 3. Elle a été dupliquée et artificiellement (depuis la marge où elle a d᾽abord dû se trouver) raccrochée à ce lemme-ci, un vers trop bas. Nous supprimons donc la scholie 529, 3 et décalons la suite : la scholie 4 devient la 3, etc.
208. Wessner édite "uide<lice>t" sans voir que, ponctuée différemment, la scholie est parfaitement claire.
209. L᾽article grec délimiteur d᾽autonymie n᾽est pas matériellement présent dans les manuscrits et, selon Wessner, c᾽est un ajout (légitime) de Sabbadini ; sa présence peut s᾽expliquer par le fait pour Donat d᾽avoir voulu éviter l᾽ambiguïté d᾽un "recte" à l᾽initiale de scholie, compris comme "c᾽est bien dit, c᾽est correct", alors qu᾽il est ici autonymique. Cela dit, sa présence dans quelques manuscrits est prouvée au moins indirectement : 1. G n᾽écrit pas "recte" (qui n᾽est certes pas une forme rare, et qu᾽il sait écrire de façon réflexe !), mais une forme indécidable qui ressemble à "zoňe", dans laquelle les deux premières lettres pourraient fort bien passer pour "το" et les deux suivantes pour une abréviation non reconnue de "recte" ; 2. K présente à cet endroit la scholie sans lemme, dans un enchaînement direct sur la scholie précédente : "celo te recte ad" (avec "recte souligné, comme le lemme qu᾽il est). Cette lacune s᾽explique bien par un saut du même au même (ou au presque même), si la scholie commence par "το recte" : le scribe de K (ou celui de son modèle) a sauté de "te" (fin de 530, 4) à "το recte", prenant "το" pour "te" ; 3. les mss. ont bien reconnu l᾽article grec devant "tempore" dans la suite de la scholie et il est très vraisemblable que Donat l᾽avait utilisé aussi devant "recte".
210. Wessner répète "olim", une fois dans le lemme où il l᾽ajoute et une fois dans la scholie. C᾽est totalement inutile.
211. Wessner édite "prospici ac<umine>", en conjecturant la chute d᾽une partie d᾽un mot. Le texte "perspicacia", qui est celui de V, nous paraît hautement recommandable, mais peut-être V s᾽est il montré excessivement intelligent comme à son habitude.
212. Wessner ajoute ici ici le mot "sex" que les manuscrits ne donnent pas, et que nous supprimons.
213. La conjecture de Wessner "ne sit certa" bien que qualifiée d᾽élégante par Karsten (1912, 180), est totalement à côté du raisonnement. Les manuscrits portent à coup sûr le bon texte, un ablatif apposé à "aliquo" avec le sens que nous lui donnons : "tu as appris de je ne sais quel ragot".
214. Wessner ajoute ici "magis humanum", mais il n᾽a absolument aucune raison de le faire.
215. En ajoutant un "non" devant "contentus", Estienne (1529), suivi par Wessner, comprenait exactement le contraire. Il avait tort : voir la note apposée au texte français.
216. Estienne (1529), suivi par Wessner, croit amender le texte en répétant la négation dans la reformulation, mais elle ne sert à rien, car il s᾽agit ici d᾽une réplique indignée : "moi je ferais cela ! Jamais !".
217. Nous supprimons la coordination "<et>" qu᾽ajoutait Wessner de son cru entre lezs deux citations.
218. Comme l᾽a bien vu Estienne (1529), le commentaire porte sur le démonstratif "hanc", mais il est inutile de le répéter comme il le suggérait et comme le faisait encore Wessner.
219. Ce mot n᾽est pas dans le texte térentien, aussi Wessner l᾽athétisait-il. Mais tous les manuscrits le lisent donc peut-être Donat lisait-il ainsi.
220. Wessner ajoute ici "ab eo" qui ne sert à rien.
221. La deuxième partie de la phrase ne se trouve pas dans les manuscrits, mais elle est indispensable pour comprendre la remarque sur l᾽"ordo". Sans elle, en effet cette scholie revient à citer exactement les mots dans l᾽ordre dans lequel ils apparaissent, ce qui n᾽a aucun intérêt.
222. En tête du lemme Wessner ajoutait "ut", qui ne sert rigoureusement à rien.
223. Wessner ajoute ici "rei" qui ne sert à rien.
224. Wessner complétait le lemme avec "<me esse certo>" inséré à sa place. Cela est raisonnable dans la mesure où la scholie parle de "certo", mais les mss. n᾽ont pas ce segment et il n᾽est pas nécessaire au fond, puisque "certo" est précisé dans la scholie. Le lemme est un simple point de repère textuel en l᾽occurrence.
225. Wessner ajoute ici un "et" qui paraît s᾽imposer, sauf si l᾽on considère que le commentateur énumère d᾽abord les compléments de lieu, puis cite le verbe.
226. Wessner rétablit dans le lemme "te" après "amicas", mais ce n᾽est pas utile, le commentateur citant les mots importants qu᾽il va expliquer.
227. Wessner éditait "nurum <uitatura>", pensant que cet énoncé extrêmement elliptique ne pouvait se comprendre que par la chute d᾽un mot. Toutefois, le texte peut se comprendre avec le lemme "non quasi uidens nurum, sed uidens locum hic uideo me esse inuisam". Il est vrai que le commentateur est ici pour le moins concis.
228. Wessner édite "<ut> supra", mais le "ut" est inutile. Il suffit de ponctuer différemment de lui et la scholie, bien qu᾽elliptique, se comprend.
229. Wessner supplée ici "autem" qui ne se trouve pas dans ses manuscrits, mais est bel et bien présent dans Térence. Toutefois, comme à son habitude, le commentateur ne reprend que les mots qui l᾽intéressent.
230. On lit aussi souvent ici "leuius".
231. Donat omet "ego" après "itaque ut", que Wessner croit bon de rétablir, mais c᾽est inutile.
232. Wessner ajoute ici "mihi", mais l᾽ajout n᾽a aucun intérêt, le commentaire étant "faut-il lire ᾽et᾽ ou ᾽ei᾽ ?".
233. Lacune signalée par Wessner, mais absolument évidente, puisque nous n᾽avons aucun équivalent de "qui" après "pro".
234. Wessner ajoute ici "ergo" qui ne sert à rien. On comprend aisément, même sans l᾽adverbe, que ce qui est visé est l᾽impératif renforcé par "ergo".
235. Wessner ajoute ici "feres" qui ne sert à rien, Donat commentant plutôt l᾽énoncé réciproque.
236. Texte des manuscrits contre Wessner qui édite "de uitiis senectutis", car il s᾽agit de toute évidence d᾽une "lectio facilior".
237. Wessner complète la citation en ajoutant "annus est". Il a raison.
238. Wessner ajoute "sed" devant "adeo", mais l᾽énoncé a une valeur tout aussi forte d᾽opposition si l᾽on conserve l᾽asyndète.
239. Le lemme ne comprend pas "id" entre "uerum" et "tua" comme dans le texte de Térence, mais il n᾽est pas nécessaire de l᾽ajouter comme fait Wessner.
240. Wessner éditait "NOS IAM FABULAE SVMVS ἀμαυρά", où le mot grec (qui signifie "choses énigmatiques") était une suggestion de Schœll. Cette conjecture s᾽établissait sur le seul ms. B (le seul connu de Wessner à donner du grec, les autres ayant une lacune). B donne "NANRA". Mais K, ignoré de Wessner et de Schœll, met sur une tout autre piste, frayée par Warren (1906, p. 40-42), dont nous éditons la brillante conjecture par laquelle on retrouve un trimètre iambique perdu d᾽Apollodore. On lit dans K : "nos iam f. s. πάν ἀρσομοδο / ρο μύθοσ ἐσμεν δή πάμφιλε γραυς γιρον". Il démontre, avec d᾽autres exemples de confusions de lettres grecques du ms. K, que le segment "πάν" du début cache en fait des initiales latines "p.s.a.an." qui consituent la suite du lemme térentien, et que "ἀρσομοδο / ρο" (coupé par un saut de ligne) cache "Ἀππολλόδωρ᾽" (écrit dans l᾽archétype un peu en latin, et un peu en grec, avec deux π, une confusion entre M et λλ et une abréviation de "ος" final, dont Warren donne d᾽autres exemples) suivi de l᾽article "ὁ" qui inaugure la citation. Le reste se lit presque parfaitement.
241. Wessner rétablit dans la citation "nos" entre "ea" et "perturbat", mais il est probable que le commentateur voulait citer ainsi pour mieux mettre en évidence le phénomène qu᾽il va expliquer.
242. Wessner ajoute ici "aut" qui effectivement explique bien l᾽alternative proposée par Donat, mais aucun manuscrit ne le donne. Nous conservons à cet énoncé son caractère très abrupt.
243. Texte des manuscrits KVB ("sic" au lieu de "sit" pour ce dernier). Wessner suivant Schoell éditait "SENSIT PE. pro ᾽pe. scit᾽", mais la tradition ne transmet pas les autonymes sous forme abrégée. Sur le caractère inhabituel de cette scholie, voir la note apposée au texte français.
244. Wessner ajoute ici "quem puerum" qui est la suite de la réplique, mais c᾽est totalement inutile.
245. Passage délicat et dont le sens n᾽est pas absolument clair (voir la note apposée au texte français). Wessner édite à peu près ce que nous éditons, mais en ponctuant très différemment, et en ajoutant un "non" devant "magis". Or le mot "non" ne se trouve pas dans les manuscrits, et, autre indice important, après "sequitur" on trouve certes "an", comme lisait Wessner, mais aussi "et" (V) voire "aut an" (K). On voit bien que les scribes ont pu "normaliser" l᾽interrogation "utrum" en lui donnant son "an" à cet endroit-là. Mais il nous semble que la question en "utrum" est en elle-même polyptyque et que son pendant en "an" se trouve plus loin. Pour nous c᾽est devant la scholie 2 qu᾽il doit être placé (voir la note apposée au texte français). Au lieu de "et placet" (Wessner et tous les mss.) nous corrigeons en "ut placet", qui s᾽explique aisément paléographiquement et justifie mieux le subjonctif "intelligatur". De plus, la citation d᾽And. 810- 812 est donnée deux fois par certains manuscrits, et par Wessner une fois à la fin de la scholie 1 après "intellegamus" et présentée par "ut alibi" et une fois là où nous la mettons. Nous pensons que cette redondance qui s᾽accompagne d᾽ailleurs dans certains mss d᾽un saut du même au même sur la seconde "ironia" est mieux à sa place en scholie 2 qu᾽en scholie 1. Son redoublement peut provenir du passage de gloses marginales à un texte continu, les compilateurs n᾽ayant pas trop su où la mettre.
246. Bien que le commentaire porte évidemment sur "consequitur", il n᾽est pas utile de rajouter ce mot dans le lemme, comme le faisait Wessner.
247. Wessner édite comme lemme "NVNC CVM EIVS ALIENVM †ERGA ME ESSE SENTIAM" en mettant une crux devant "erga me", qui n᾽appartient pas au texte habituel de Térence. Il y a plusieurs manières de résoudre cette difficulté. Soit on considère que Donat lit ce que nous éditons comme lemme, et qu᾽il a donc un texte de Térence différent du nôtre ; soit on considère que "erga me esse sentiam" est une reformulation par à-peu-près du sens du vers complet, voire une scholie apposée au lemme correct "nunc eius alienum". La première hypothèse est possible, bien que le vers soit ainsi bancal. La seconde est plausible. Il y en a une troisième, qui consiste à plaider une erreur des manuscrits. Le ms. K porte comme lemme "Nunc cum eius a. e. e. m." ("alienum esse erga me" ? Erreur pour "a. e. a. a. m.", "alienum esse animum a me", texte térentien standard ?) V a "Nunc cum eius a. c. e. m.", ce qui est très proche de K (avec "c." qui ne s᾽interprète pas, mais qui prend la place d᾽un "e." de K). On peut imaginer qu᾽une partie de la tradition (BCK) a développé erronément des initiales dans lesquelles a été lue une abréviation d᾽"erga". Nous revenons donc à un texte du lemme plus consensuel eu égard à la tradition térentienne.
248. Wessner éditait "REMISSAM OPVS SIT VOBIS in ueteribus" etc. C᾽est de fait la leçon de plusieurs bons mss. Mais l᾽accusatif "remissam" ne se construit pas, sauf à supposer dans l᾽exemplaire auquel se réfère Donat une fin autre que celle que nous lisons chez Térence. En fait K a bien "remissan" et c᾽est à lui que nous nous rallions. Les autres mss., faute d᾽analyser la forme "remissan" l᾽ont corrigée en "remissam". Pour "ueteribus", Wessner s᾽attribue cette conjecture mais on la trouve dans G par exemple. A cet endroit, les mss. hésitent entre rien du tout (C), "uentis" (?) chez B, "ueteribus" (G) et surtout "ueris" (VK...). On se rallie à la majorité, mais la lacune de C et les variantes semblent témoigner d᾽errements qui rendent difficile d᾽assurer la forme de l᾽adjectif. Notre texte est celui de K.
249. Wessner éditait "2. et † an aliter ut", ce qui effectivement n᾽a pas de sens. Schœll suggérait finement "uenialiter". Le "et" liminaire ne se trouve pas dans BCKVG par exemple et nous le supprimons. Les mss. sont assez unanimes : "an aliter et ut" (GC), "an aliter ut" (VK), "aliter et an ut" (B). La solution peut être toute simple : "an aliter et". L᾽adverbe "supra" a appelé la conjonction "ut", ce qui a entraîné un petit désordre.
250. Il est inutile d᾽ajouter, comme le fait Wessner, les trois mots suivants du vers térentien, le commentaire se comprenant parfaitement sans eux.
251. On ne voit absolument pas pourquoi Wessner ajoute ici un "et" qu᾽il prend chez Estienne (1529).
252. Estienne (1529), suivi par Wessner, a athétisé ce "non" qui est dans les mss. En fait on peut le garder sans dommage : simple affaire de ponctuation.
253. Wessner éditait avec un ajout personnel "<e> contrario", mais cet ajout est en réalité contredit par la scholie elle-même ; voir la note apposée à la traduction.
254. Devant ce mot Wessner ajoutait "Et bene ᾽prodemus᾽", ajout absolument gratuit.
255. Remarquable restitution de Wessner sur une évidente erreur de séparation des mots avec haplographie dans les manuscrits qui lisent "coniecturam et meretricem", qui n᾽a évidemment aucun sens.
256. La restitution proposée par Wessner de "nam <non>" sur une haplographie de "n.ñ" est pratiquement certaine, sinon le commentaire n᾽a aucun sens.
257. Dans ce lemme, Wessner rétablit "animum" après "ut", mais cela ne s᾽impose guère. Sur ce texte, voir la note apposée à la traduction.
258. Correction judicieuse de Lindenbrog sur un texte "imperabilior" de VB qui a tout d᾽une mélecture, l᾽adjectif "imperabilis" n᾽existant pas, avant le latin médiéval, bien que Charisius (262, Barwick) mentionne un "imperabiliter" chez Caton, mais comme une forme exceptionnelle qui demande d᾽ailleurs une glose. L᾽adjectif étant en revanche familier à la langue théologique médiévale, il est possible que les scribes l᾽aient mieux connu qu᾽"impetrabilis" et se soient trompés en croyant lire un mot mieux connu.
259. Passage particulièrement confus dans les manuscrits. Wessner édite au vers 690 ceci : "Et conuenienter satis, quia non dixit...", texte consensuel à partir de "quia", mais qui ne repose sur rien avant. Les manuscrits lisent "inconuenienter sortiris" C,"inuenienter sortis" K, "inuenient sortis" V, "inuenietur fortis" G, "inuenienter fortis" U, "iuueniliter sents" M, "inueniet (is) fortis" J, "iuueniliter fertis" Firenze, Plut. 22.06... Estienne (1529) et Calfurnio (1477) optent pour quelque chose qui ressemble à M et lisent "iuueniliter sentis", dans un passage où toute une partie des témoins a une vaste lacune jusqu᾽au début de l᾽acte 5. Le désordre de ce passage nous laisse supposer du grec peut-être écrit en alphabet mixte (voir Warren 1906) avec notamment abréviation grecque de "ep" et de "an", à partir d᾽un lemme "in." pour "induxti" non reconnu. Le segment entre "in" et le grec a été "corrigé" différemment puisque de toute façon le segment suivant était incompréhensible sans correction puisque c᾽était du "grec". D᾽où on comprend aisément la panique devant le segment se terminant par "...is". Sur le choix d᾽éditer "ἐπανόρθωσις", voir la note apposée au texte français.
260. Texte de C essentiellement, les autres, suivis par Wessner ayant "o", mais on peut supposer que "o." pour "ob" a été lu "o". L᾽inverse s᾽explique beaucoup moins bien.
261. Wessner ajoute ici "est" qui ne sert à rien.
262. Wessner a peut-être raison d᾽ajouter les deux mots "mihi adiutrix" dans ce lemme pour faciliter la compréhension de la scholie.
263. Après ce mot Wessner croit utile de rajouter "esse" pour coller au texte térentien, mais cela ne sert en réalité à rien.
264. Devant ce mot, Wessner ajoute un "aut" qui ne sert rigoureusement à rien.
265. Wessner ajoute ici "multum" par souci de cohérence avec le texte térentien. L᾽adverbe est connu de Donat, puisqu᾽il figure explicitement dans sa reformulation de la scholie 728, 1, mais il est ignoré des manuscrits dans le lemme. Nous revenons donc au texte des manuscrits : une relative incohérence entre le texte de la scholie et celui du lemme n᾽est pas exceptionnelle dans le commentaire.
266. De façon inexplicable, Wessner s᾽en tient au texte de ses manuscrits "minorem esse" qui n᾽a absolument aucun sens. Nous supposons que le segment abrégé mi(hi) no(n) rem est devenu à date très ancienne "minorem". Estienne (1529) avait déjà corrigé de manière très rude en "me non fecisse".
267. Wessner ajoute ici "etiam" par souci de cohérence avec le texte térentien. L᾽adverbe est connu de Donat, puisqu᾽il figure explicitement dans le lemme 734, 3 et dans la scholie afférente, mais il est ignoré ici des manuscrits. Nous revenons donc au texte des manuscrits : une relative incohérence entre le texte des différents lemmes du même vers n᾽est pas exceptionnelle dans le commentaire.
268. Le lemme de la scholie 1 porte la forme "sit", celui de la scholie 2 a la forme "siet". Nous conservons cette incohérence qui témoigne sans doute de la présence de plusieurs strates de scholies de différentes époques.
269. Ce texte a été rendu difficile par l᾽insertion d᾽une répétition de la scholie 1 au milieu du développement, ce qui a conduit Wessner à diverses conjectures puisqu᾽il édite : "necessaria igitur ambiguitas aut - 5 Vtrum ᾽sit᾽ pro uideatur <an pro ***? -᾽peccato mihi᾽> pro peccaturo mihi aut ᾽peccato meo᾽" etc. Nous conservons pour notre part le texte consensuel des manuscrits sauf sur les points suivants. Nous supprimons le segment redondant "utrum sit pro uideatur", rétablissant ainsi la cohérence des scholies, et lisons "pro peccatori" au lieu de l᾽unanime "pro peccatorum" des mss. induit évidemment par la confusion entre "ri" et l᾽abréviation pour "rum" et nous supprimons tous les mots ajoutés par Wessner.
270. Nous déplaçons ce qui était la scholie 744, 1 de Wessner en 743, 9 car l᾽interjection "Ah !" prononcée par Bacchis est plutôt mise par les éditeurs modernes au dernier mot du vers 743. Marouzeau (1947, p. 58) signale cet usage térentien qui consiste à conclure un vers sur un monosyllabe à initiale vocalique sur lequel s᾽élide un mot précédent et qui, pour le sens, appartient souvent au vers suivant. Comme Marouzeau, nous rapportons donc l᾽interjection au vers précédent par rapport à Wessner, ce qui a pour effet de décaler d᾽un chiffre inférieur toutes les scholies restantes du vers 744.
271. Wessner propose de mettre ce lemme entre "cruces", au motif que le commentaire porte sur "ah sine dicam", mais c᾽est absurde, car c᾽est très exactement ici qu᾽il y a aposiopèse. Voir la note apposée au texte français.
272. Wessner considère que "est" est le dernier mot du lemme, nous pensons plutôt qu᾽il est le premier mot de la scholie, ce qui permet de retrouver une formule plus habituelle "est sensus", avec verbe. Quelque option que l᾽on choisisse, il n᾽y aucun enjeu véritable.
273. Klotz suivi par Wessner proposait de lire "et facies", mais l᾽ajout de la conjonction n᾽apporte rien.
274. Contrairement à ce qu᾽édite Wessner, et contrairement même à son apparat, ce verbe n᾽est pas une conjecture, mais un texte qui se lit dans certains manuscrits dont D.
275. Wessner ajoute "ille" après "quia", suite sans doute à la conjecture de Schoell qui voulait lire "Laches", mais ni l᾽un ni l᾽autre de ces ajouts n᾽a la moindre légitimité. En revanche, "ille" paraît s᾽imposer à la place de "hic" (Wessner suivant les mss.), car c᾽est ce pronom qu᾽a utilisé Lachès au vers 747.
276. Wessner ajoute "suam", sans aucune raison, tant c᾽est évident.
277. Conjecture de Schoell, adoptée par Wessner, pour "sit" dans les manuscrits. L᾽erreur provient sans doute d᾽une forme abrégée mal lue à date très ancienne.
278. Deux solutions sont ici plausibles. V porte un texte difficile "cum meretrice" sans sujet de l᾽infinitive exprimé, ce qui le recommanderait en tant que "lectio difficilior". D᾽autres manuscrits ont des formes impossibles après "cum" comme "meretrices" ou "meretricis" qui attestent toutes d᾽un possible "se" disparu. Nous nous rangeons à la solution la plus simple et la plus naturelle adoptée également par Wessner.
279. Devant "si uis", Wessner ajoute "ut sis", qui aurait dû laisser des traces par exemple sous la forme "ut sit" bien connue du grammairien. L᾽absence ici de toute trace indique clairement qu᾽il n᾽y a rien à suppléer. Sur le sens voir la note apposée au texte français.
280. Le texte de ce fragment, connu par ce seul passage, est édité par Wessner, suivi par les éditeurs des fragments de Salluste, sous la forme "socii se gere<re>", mais trois des manuscrits les plus importants de Donat (VCK) assurent la lecture "sociis egere", dans un texte par ailleurs très désordonné. Cette correction est la seule que nous proposons ici, mais elle paraît s᾽imposer.
281. Wessner suggère de compléter la citation en ajoutant "minime", ce qui est plausible, mais on peut aussi supposer que Donat ne cite que ce qui l᾽intéresse, c᾽est-à-dire ce qui concerne directement la construction de "aequum"
282. "Est" est un ajout de Wessner, qui se comprend.
283. La citation du lemme se limite à l᾽essentiel, sans qu᾽il soit nécessaire, comme le faisait Wessner de compléter "ego quoque" par "HOC ETIAM CREDIDI ᾽quoque᾽ et".
284. Wessner éditait une restitution de Sabbadini "κατάπαυσις μετ᾽’ ἀπειλῆς", sur un "texte" du manuscrit Cujas "KATAΠΑΥСΙС ΜΕΤΑΚΠΑΗС", mais le texte que nous éditons est presque parfaitement écrit dans K.
285. Wessner, suivant ici Schoell, supposait qu᾽il fallait rajouter "more" comme régime de "pro", mais ce n᾽est pas utile.
286. Wessner complète ce lemme en ajoutant après "re" "n. m. e.", mais c᾽est inutile, car le commentaire de Donat se comprend très bien sans.
287. Wessner considère à juste titre qu᾽il faut suppléer "sit", absent des manuscrits, et qui a pu disparaître par haplographie du segment "satissit" d᾽autant que "satisfaciet" se comprend parfaitement.
288. Il ne s᾽agit pas ici d᾽une citation, mais d᾽une simple reformulation du vers 723.
289. Wessner ajoute "es" après "pollicita" pour compléter le vers, mais ce n᾽est pas indispensable.
290. Wessner acceptait ici une conjecture de Schoell qui lisait "molestas et amaras", en se fondant sur le commentaire du vers 785, mais cet ajout ne s᾽impose pas.
291. Wessner supplée le "te" après "simul", mais le commentaire ne l᾽impose nullement.
292. Wessner propose de rajouter "esse" absent des manuscrits pour compléter le vers. Cela est très plausible car le segment "erus esse", graphié "er᾽éé" a pu être simplifié par mégarde.
293. Nous rétablissons, contre Wessner qui éditait "ineptus quasi ineptus" (à comprendre "ineptus" équivaut à "quasi ineptus", "comme si j᾽étais stupide"), l᾽heureuse conjecture d᾽Estienne (1529), que Wessner jugeait mauvaise dans son app. cr., et qui est confirmée par l᾽ingénieuse leçon de V "ineptus quasi non aptus".
294. Ce "ad" est un ajout d᾽Estienne (1529), mais il s᾽impose pour pouvoir construire le segment avec "id est".
295. Restitution d᾽Estienne (1529) confirmée par K avec quelques variantes graphiques non signifiantes, qui laissent supposer que le texte Estienne se trouvait dans le Cujas.
296. Wessner éditait une lourde correction de Schoell et d᾽Estienne (1529) : "quasi munus sit iniuria<m> prohibentis in[ter]rogare quam interroganti respondere". Une série importante de témoins lit ceci : "quasi minus sit iniuria prohibentis interrogare quam interrogare respondentis" (KVGn Calph (1477) et D qui inverse uniquement l᾽ordre de "minus sit"). C indique probablement que le problème se situe sur le second "interrogare" (qui en effet n᾽a aucun sens) puisqu᾽il lit quelque chose qui pourrait être "interrogante". Nous nous contentons de corriger ce mot en "interrogatiue" qui, abrégé, a pu être pris dès l᾽archétype de toute la tradition KVGn... pour "interrogare". A ce coût minime, nous obtenons un texte possible et une glose relativement intéressante, voir la note apposée au texte français.
297. Wessner éditait "quod" précédé d᾽une crux. Le texte que nous éditons est celui de Mnp, contre "quod" difficilement constructible de la plupart des autres témoins. Même s᾽il n᾽est pas exclu qu᾽il s᾽agisse d᾽une correction humanistique, ce texte ne présente pas de difficulté de sens et on peut accepter ce moyen simple de lui donner un sens grammaticalement acceptable.
298. La nature du commentaire oblige à suivre l᾽ajout de Wessner à un lemme qui se termine dans les manuscrits à "fortunatior".
299. Il n᾽est pas utile de compléter "quid" en "quid quid" comme le faisait Wessner, car la figure est plus visible sans cette répétition, et plus conforme à l᾽exemple virgilien. Donat a pu sélectionner dans le vers ce qui l᾽intéresse.
300. Ce mot absent des manuscrits est ajouté par Wessner, mais il est assez plausible. Sans lui, la suite se construit mal, et il a pu disparaître dans un amalgame du types "terenti᾽ut" lu "terentius".
301. Cette scholie, bizarrement, est affecté au vers 856 par Wessner, qui la numérote 856, 3. Comme elle affecte intégralement des éléments du vers 857, nous la remettons à sa place.
302. Restitution d᾽Estienne (1529) qui l᾽a peut-être lue dans un de ses manuscrits. K nous indique en marge droite "non potui propter uetustatem dinoscere" (en raison de l᾽usure je n᾽ai pas réussi à déchiffrer), et V confirme en laissant une lacune. Il est probable que ceux qui n᾽ont pas de lacune ont simplement sauté la ligne qu᾽ils ne parvenaient pas à lire. U a sans doute tenté de compléter en remettant un lemme "in istuc aduentus", visiblement erroné.
303. Wessner éditait "...PRAETEREAT quod interdum [non] temere praetereat", avec une athétèse de la négation proposée par Westerhof. Nous revenons au texte des manuscrits avec négation : il suffit pour cela de considérer que "quod" n᾽est pas le premier mot de la scholie, mais le dernier mot du lemme et que la scholie n᾽est pas simplement une reformulation.
304. Estienne (1529), suivi par Wessner ajoutait "<hoc dicit: an> ", mais, loin de rendre le texte plus intelligible, cet ajout complique le commentaire. Nous le supprimons et gardons à l᾽énoncé son caractère un peu abrupt.
305. Sur les difficultés de la pièce à s᾽imposer, voir la suite du commentaire où Donat expose longuement les circonstances des représentations de la pièce.
306. Donat semble ici mélanger les circonstances des trois représentations de L᾽Hécyre. La première représentation de la comédie eut lieu en 165 av. J.-C. aux Jeux Mégalésiens (Donat, praef. 1. 6 et didascalie des manuscrits ADPC), la seconde en 160 aux Jeux Funèbres en l᾽honneur de Paul-Émile (Donat, prol. 1. 1 et didascalie des manuscrits FE) et la troisième en 160 également, à l᾽occasion des Jeux Romains (Donat, prol. 1. 1 et didascalie de l᾽ensemble des manuscrits). Donat déclare nous parler de la première tentative de représentation, mais on sait qu᾽à cette occasion la pièce n᾽avait pas encore de prologue et que les édiles curules étaient Sextus Iulius Caesar et Cnaeus Cornelius Dolabella ("Didascalia secundum codicem A restituta" et "Didascalia secundum codices DPCFE" dans l᾽édition Marouzeau). Le nom de Rabirius n᾽apparaît nulle part ailleurs que chez Donat, et le grammairien, plus précis sur la chronologie de la pièce dans son commentaire au prologue, adjoint cette fois Dolabella à Caesar (prol. 1.1) : "haec primo data est sine prologo ludis Megalensibus, quos Sextus Iulius et Cornelius Dolabella ediderunt. [...] post denuo data est ludis funebribus L. Aemilii Pauli, quos fecerunt Q. Fabius Maximus et Cornelius Africanus. [...] tertio ad postremum introducta Q. Fuluio L. Marcio aedilibus uirtute actoris L. Ambiuii Turpionis est commendata". Ces flottements sur les circonstances de la pièce sont sans doute une superposition des traces laissées par les différentes représentations.
307. Lucius Ambivius était chef de troupe ; à lui de mettre la pièce en scène, de trouver les comédiens et de les diriger. Cf. Prologue 9.1.
308. Ces deux consuls sont ceux de 165, en charge lors de la première représentation (la didascalie des manuscrits DPCFE rejoint Donat). C᾽est la seule fois qu᾽on cite les consuls en charge lors d᾽une représentation de L᾽Hécyre. En revanche, l᾽attribution du cinquième rang à cette comédie de Térence se fait vraisemblablement en ne tenant compte que de la première représentation réussie, c᾽est-à-dire la troisième.
309. Ce dernier événement est en réalité la scène 1 de l᾽acte 5, ce qui montre chez Donat un flottement certain sur la limite des actes.
310. Cf. Donat, ad Ad., praef. 3.7.
311. La figure implicite est une syllepse de cas ; Donat semble dire que l᾽usage est d᾽intégrer le titre des œuvres à la syntaxe de la phrase. Ici, il interprète "Hecyra" comme une apposition à "fabulae" (donc on attendrait "Hecyrae"). On pense donc qu᾽il interprète ce nominatif comme une "forme étiquette", neutralisée en cas, marqueur d᾽autonymie, selon la terminologie moderne. Cependant, rien n᾽empêche de l᾽analyser comme une apposition à "nomen", auquel cas encore une fois ce titre serait intégré à la syntaxe de la phrase.
312. Il faut comprendre que, ne s᾽agissant pas d᾽une nouvelle pièce et de plus s᾽agissant d᾽une pièce qui était déjà tombée deux fois, les édiles aient eu quelques réticences. La renommée d᾽Ambivius Turpion joua alors, selon Donat, en faveur de la pièce malchanceuse et lui permit de s᾽imposer.
313. Cf. Prologue, 40.
314. Bien que très maltraitée dans la tradition manuscrite, la citation homérique restituée ici ne fait guère de doute, car la figure "noua noum", trouve un écho particulier dans l᾽expression homérique "μέγας μεγαλωστί", qui repose sur un jeu étymologique entre un adjectif et un adverbe, là où Térence joue sur deux adjectifs.
315. Cf. Prologue, 15. 2.
316. C᾽est-à-dire que le démonstratif "haec" paraît être en facteur commun alors qu᾽il doit changer de cas dans la seconde proposition.
317. Le mot "uitium" est effectivement un terme technique de la langue juridique qui désigne "toute irrégularité commise dans l᾽accomplissement des solennités d᾽un acte religieux, juridique ou de procédure" (Cuq, in Daremberg-Saglio, s. v. "vitium").
318. Double étymologie, d᾽où le double sens, agricole et métaphorique. On ne lit rien de tel dans Nonius ni Festus. Isidore (20, 3, 13) signale un rapport avec "cadere". La reconstruction de Wessner est particulièrement ingénieuse et paraît coller davantage à la suite de la scholie, mais on hésite toutefois à l᾽adopter, tant elle semble précisément dériver de cette suite. En revanche, il ne faut pas exclure que le segment "clades quia clamatur", qui vient briser l᾽enchaînement de la pensée, ne soit le résultat d᾽une interpolation érudite issue d᾽une differentia "inter calamitatem et cladem" que Donat lui-même a pu produire en recopiant l᾽article complet de Probus au lieu du seul segment dont il avait besoin. L᾽étymologie de "clades" a toutes les chances de masquer un processus bilingue à partir du grec "κλάζω" ("crier").
319. Donat caractérise ici le paradoxe qu᾽il énonce au début de la scholie ("mira") : la pièce est tombée non pour avoir été jugée mauvaise mais faute d᾽avoir été représentée. Donat signale que Térence utilise ici du vocabulaire judiciaire, y compris avec les verbes "spectari" et "cognosci", et la scholie se comprend ainsi selon lui : si la pièce n᾽a pas été l᾽objet d᾽une "instruction" ("cognitura", sens technique), a fortiori on ne peut émettre sur elle aucun jugement. Or pour l᾽instruire, il aurait fallu l᾽entendre ("audiretur") ; or on n᾽a pas pu l᾽entendre...
320. "Theatrum" vient du grec "τὸ θέατρον", sur "θεάομαι", "contempler", "considérer" (ce quiimplique la vue) ; "spectatores" vient de "specto", fréquentatif de "specio", "regarder, contempler", autre racine de la vue. Donat donne une explication étymologique ("ideo") à ces termes du vocabulaire théâtral en insistant sur l᾽importance du "gestus" – perceptible seulement par la vue à la différence des mots, "verba" – au théâtre.
321. Sur l᾽édition du texte, voir la note apposée au texte latin. Ce que veut dire Donat, c᾽est que le seul moyen de juger d᾽une pièce est de la voir jouer (scholie 3). Quant à la scholie 4, elle signifie que pour savoir si L᾽Hécyre (c᾽est-à-dire "la belle-mère") est correctement intitulée, il ne faut pas se contenter d᾽en savoir le titre : il faut en prendre pleinement connaissance en la voyant en acte, ce qui complète la scholie 3. On est toujours dans la logique d᾽un procès fait à la pièce, à qui on n᾽a pas donné toutes ses chances de se défendre.
322. Il y a dérivation, car l᾽accusation portée contre la pièce, être ennuyeuse, n᾽est pas traitée puisque la responsabilité du rejet de la comédie est reportée sur des circonstances extérieures.
323. Donat pointe finement que Térence doit jouer dans son prologue avec sa rancœur d᾽avoir vu tomber sa pièce et la maladresse qu᾽il y aurait à en incriminer le mauvais goût du public. Toutefois, le poète, note le commentateur, laisse comprendre qu᾽il n᾽approuve guère qu᾽on lui ait préféré de vulgaires numéros de cirque ou des gladiateurs.
324. Virgile, Bucoliques, 4, 20. Même remarque et même citation, en partant cette fois de "timidus", dans Ph. 205, 2. Le commentaire veut dire que "stupidus" ou "timidus" (ou analogiquement les adjectifs en "-idus") peuvent être des équivalents de participes présents.
325. Comprendre "le Prologue", comme personnage, c᾽est-à-dire le prestigieux Lucius Ambivius Turpion lors de la création.
326. La définition se fait en trois temps : il s᾽agit d᾽abord de donner un synonyme à l᾽expression "ob eam rem" ("ob eam causam"), puis de la reformuler ("quasi dicat"), et enfin d᾽expliquer cette raison (Térence préfère se mettre en scène dans son prologue comme un poète intéressé, cf. v. 6 "ut posset iterum uendere", que comme un poète qui a peur de soumettre à nouveau sa pièce après un premier échec). Sur l᾽établissement de ce texte, voir la note apposée au texte latin.
327. Le pléonasme porte sur "iterum" et le préfixe itératif "re-".
328. Le texte de ce que Wessner considère comme la seconde main n᾽est pas très clair. Selon Donat, Térence n᾽a pas voulu faire rejouer la pièce parce qu᾽il était certain qu᾽elle était bonne et voulait en tirer un bon prix dans d᾽autres jeux. La confiance que le poète a dans sa comédie est donc une manière d᾽en faire l᾽éloge.
329. C᾽est en effet Ambivius lui-même, en sa qualité de directeur de troupe et d᾽acteur, qui vient réciter le prologue.
330. Cf Préface 1.6.
331. Le "droit des gens" désigne une sorte de socle juridique commun et universellement accepté, qui permet à des nations sans aucun point commun de s᾽entendre sur un dénominateur juridique commun. Le respect sacré dû aux ambassadeurs en fait évidemment partie. Pour une définition juridique de ce droit, voir Gaius, Instit. 1, 1.
332. "Orator" est un dénominal de "orare" (prier), avec suffixe de nom d᾽agent en "-tor", ce qui implique un sens premier lié à la prière. Donat fait ici une étymologie pour mettre en lumière le sens de "exorator".
333. "Exorator" sur "ex-" et "orator". Le préfixe "ex-" porte un sémantisme d᾽achèvement, de perfection, que Donat glose par "cum impetrauerit" avec une forme verbale portant l᾽aspect accompli de l᾽action.
334. Donat pointe ici sur la valeur atténuée du comparatif pris au sens de "passablement, quelque peu". La citation virgilienne avec l᾽opposition entre "senior" et "uiridis" explique parfaitement cette valeur. dans sa grammaire, Donat utilise le même exemple pour le même phénomène (Ars Maior, 618, 12 (Holtz) : "saepe idem pro positiuo positus minus significat et nulli conparatur, ut ᾽iam senior, sed cruda deo uiridisque senectus᾽" (souvent le comparatif mis pour le positif a un sens atténuée et ne compare avec rien, comme "iam senior, sed cruda deo uiridisque senectus").
335. Tous les subjonctifs imparfaits qui constituent la glose de "inueterascerent" sont requis par le "feci ut" du texte de Térence. Il s᾽agit donc d᾽une reformulation.
336. "Splendidus" est un terme de la rhétorique qui se rattache au "genus grande" en Cic. Brut. 273 par exemple. La grandeur de cette expression peut provenir à la fois d᾽un jeu très raffiné sur les sonorités "pArtim SUm EArUm ExActUS" et au verbe à la fois fort et imagé "exactus".
337. Cf. Prologue 1, 7.
338. Donat semble dire qu᾽il y a qu᾽une alternative possible et que c᾽est cette idée d᾽alternative qui justifie "partim".
339. Il en a en effet la brièveté ramassé et les phénomènes d᾽écho caractéristiques, voir Bureau (2011a).
340. Cet ablatif sans préposition étonne Donat. Il semple donner à ce complément une valeur finale, en proposant plutôt un "datiuus finalis" ("spei incertae"), désignant "la fin en vue de laquelle une chose est accomplie" (Ernout-Thomas, § 97 et suivants), mais propose aussi de rétablir un ablatif-locatif précédé de "in", désignant au figuré – de manière plus vague – ce dont il est question.
341. L᾽antanaclase est par exemple définie par Quintilien (9, 3, 68-71), qui l᾽illustre avec des énoncés comparables à celui de Térence, comme : "non emissus ex urbe, sed inmissus in urbem esse uideatur" (il paraîtrait non pas avoir été exfiltré de la ville mais infiltré dans la ville) ou "emit morte inmortalitatem" (il a acheté de sa mort l᾽immortalité). L᾽identité de ce procédé avec le phénomène observé par Térence rend pratiquement certaine la restitution de cette figure contre l᾽"anaclase", postulée par Wessner.
342. Wessner, suivant Lindenbrog (qui le tenait du manuscrit Cujas ?) penchait pour la figure du "paromoion" (paronomase) à cause du rapprochement "studiose" / "studio". Mais le seul manuscrit connu de nous qui écrive ici du grec parle bien de périphrase. Rappelons que Donat parle de périphrase y compris dans des cas qui ne paraissent pas en relever selon les modernes. Voir par exemple Pho. 17, 2 où l᾽on voit qu᾽il s᾽agit non pas forcément de mettre du plus long pour du plus court, mais simplement un mot pour un autre. Ici, sans doute, "studio" pour "scriptura".
343. Ce que Donat remarque ici, c᾽est que la forme de participe "placitae" devrait correspondre, vu son sens actif, à un verbe déponent "placeor" qui n᾽existe pas. Servius, dans son commentaire à l᾽Ars Maior (GL 4, 437, 17) range ce verbe dans les "inégaux" : "sunt alia inaequalia, quae <et> suam habent declinationem et contrariam, ut est ᾽placeo᾽ : nam et ᾽placui᾽ facit et ᾽placitus sum᾽" (il y a d᾽autres verbes qui sont inégaux, qui ont leur propre conjugaison et la conjugaison contraire comme "placeo", qui fait "placui" et "placitus sum"). Priscien (Instit. GL 2, 512, 16) parlant de diverses irrégularités liées à la voix remarque "nec mirum, cum in aliis quoque plurimis eiusdem significationis uerbis inueniantur ueteres praeteriti temporis participia proferentes, ut ᾽prandeo᾽ ᾽pransus᾽, ᾽caeno᾽ ᾽caenatus᾽, ᾽placeo᾽ ᾽placitus᾽, ᾽mereo᾽ ᾽meritus᾽, ᾽pateo᾽ ᾽passus᾽, ᾽careo᾽ ᾽cassus᾽, ᾽poto᾽ ᾽potus᾽ pro ᾽potatus᾽, ᾽titubo᾽ ᾽titubatus᾽" (et cela n᾽a rien d᾽étonnant puisque dans de très nombreux autres verbes de même sens, on surprend les Anciens à utiliser des participes parfaits comme "prandeo" "pransus", "caeno" "caenatus", "placeo" "placitus", "mereo" "meritus", "pateo" "passus", "careo" "cassus", "poto" "potus" au lieu de "potatus", "titubo" "titubatus").
344. Comprendre qu᾽Ambivius, en prêtant son assistance à Caecilius qui, dégoûté, voulait mettre fin à sa carrière, n᾽a pas agi dans l᾽intérêt du seul Caecilius, par corporatisme, mais dans celui de tout le public, puisqu᾽il a ramené à l᾽art théâtral un poète apprécié des spectateurs.
345. Le texte de Térence donne bien "remotus", mais plus loin, v. 22 (ce qui ne semble guère s᾽accorder avec le parfait "dixit"). En revanche, pas d᾽"exclusus" dans le texte consensuel. Donat semble s᾽être un peu perdu et sans doute "exclusus" reprend-il "exactus", du vers 15.
346. Donat est le seul à donner "remmotum" avec deux "-m-", mais sa remarque atteste de toute évidence qu᾽il a eu cette leçon sous les yeux. La forme est unique dans ce que nous avons conservé de la littérature latine, ce qui tempère beaucoup la généralisation opérée par le grammairien !
347. Donat comprend clairement que, chez Virgile, il faut sous-entendre un troisième "alii" pour la dernière proposition, comme il faut sous-entendre un troisième "ab" devant "arte".
348. Donat pointe ici le jeu de mots entre "otio" et son contraire "negotio", formé d᾽"otium" et d᾽un préfixe négatif.
349. La "causa" désigne en effet l᾽affaire dont se charge l᾽orateur et "petere" est le terme technique pour désigner l᾽action du demandeur.
350. Cette analyse est précisée par la suivante. Toute l᾽affaire consiste à savoir si la pièce présentée par Ambivius mérite d᾽être représentée. En commençant par son titre, le poète introduit directement le cœur même de l᾽affaire.
351. La notoriété d᾽Ambivius Turpion suffit à donner du poids à la défense qu᾽il va proposer.
352. Autrement dit, il ne dit pas l᾽évidence : le public n᾽a pas aimé la pièce.
353. En désignant l᾽échec de la pièce sous le nom de "calamitas", le poète inclut, selon Donat, la chute de la comédie dans un ensemble de circonstances, dont la qualité de la pièce n᾽est qu᾽un élément parmi d᾽autres. De ce fait, il excuse à la fois la pièce qui est excellente, et le public, qui a été détourné de l᾽entendre bien malgré lui.
354. L᾽argument est double : le poète, selon Donat, suppose que les juges sont des gens intelligents (donc il les flatte) et en même temps il envisage le but qu᾽il cherche à atteindre : "apaiser" ("sedare") l᾽hostilité qui se déchaîne contre la pièce.
355. On peut se demander ce qu᾽ajoute cette périphrase : peut-être tout simplement une atténuation du conflit qui serait évident dans une opposition "uos"/"nobis".
356. Comme à son habitude, Donat donne le nom de la figure de rhétorique en grec, mais ici il continue en grec pour la préposition – équivalent de "pro" en latin – et l᾽article, marqueur de substantivation (Cf. 18.2), qui lui permet de mettre l᾽autonyme au nominatif – certes pluriel – sans doute plus facilement que s᾽il était directement après "pro" qui appelle l᾽ablatif (le cas voulu par "ἀντὶ" se retrouve dans l᾽article qui annonce le terme en mention).
357. Comprendre : préférer ceux-là <à la pièce>. Donat nous dit ici que Térence insiste sur la qualité du spectacle concurrent pour diminuer l᾽humiliation de s᾽être vu préférer des boxeurs.
358. Référence amusante en contexte, puisque Donat utilise pour peindre les boxeurs vedettes qui ravirent la une à la comédie la description emphatique des concurrents au pugilat dans les jeux funèbres pour Anchise.
359. Polylogie : discours portant sur plusieurs thèmes, sorte de digression. Donat cite à nouveau le vers qui constitue cette digression.
360. Le contexte de cette attente supposée chez le public est rendu particulièrement solennel par la citation des paroles d᾽Enée à l᾽ombre d᾽Hector qui vient lui ordonner de quitter Troie en flammes. Même si l᾽enjeu n᾽est pas comparable, l᾽injuste fin des premières représentations de la comédie appelle réparation.
361. C᾽est-à-dire à la fois les boxeurs et les acrobates.
362. "Comes" signifie "le compagnon", et est formé sur le verbe "ire" préfixé en "cum-", d᾽où les deux gloses que propose Donat avec le verbe "sequi", "suivre" (dans "adsectatores" et "sequuntur").
363. En partant du fait qu᾽il est indécent pour les femmes de manifester leurs émotions au théâtre, Donat tire l᾽argument vers une défense adroite de la pièce. Ceux qui ont fait tomber la comédie n᾽étaient même pas dignes d᾽émettre un avis sur elle et se comportaient de façon indécente.
364. En effet, il y a ici une double expression de la répétition, par le préfixe "re" et par l᾽adverbe "denuo".
365. Il faut ici comprendre "actus" avec le sens technique d᾽acte, et non d᾽action.
366. Avec la tournure "eo quod est", Donat signale qu᾽il va employer un terme ou une expression en mention ; cette tournure lui permet de neutraliser la construction requise par la préposition "pro" (un nom à l᾽ablatif).
367. Ce que veut peut-être dire Donat, c᾽est qu᾽il n᾽existe pas, à l᾽origine, de lieu plus propre aux combats de gladiateurs qu᾽aux représentations théâtrales. Les premiers combats connus ont lieu sur le Forum Boarium où un dispositif mobile est installé pour accueillir les spectateurs. Il en va de même des premiers théâtres dont on sait qu᾽ils étaient démontables et installés au gré des représentations. Mais du temps de Donat évidemment les combats de gladiateurs, de plus en plus réduits d᾽ailleurs à des "venationes" (chasses) sont donnés dans un lieu spécialement conçu pour eux, au moins dans les villes de quelque importance.
368. Cf. Prologue 1, 6.
369. Pour bien montrer que l᾽enjeu est là : ce qui compte c᾽est d᾽avoir une place pour jouer.
370. Antapodose : Figure de parallélisme.
371. Cf. 33, 2.
372. Donat souligne ici que ce dont a besoin Ambivius pour faire valoir la comédie, c᾽est seulement d᾽un public qui se tienne à peu près correctement.
373. "Potestas condecorandi ludos scaenicos" constitue en fait l᾽intégralité du vers 45.
374. Cette première personne est celle d᾽Ambivius, qui prend en charge le prologue.
375. Il s᾽agit encore une fois de souligner la dignité d᾽Ambivius Turpion comme défenseur de la pièce, en raison de sa réputation théâtrale.
376. La notoriété de l᾽acteur (ici Ambivius) rejaillit sur la pièce, comme dans le cas des deux grands acteurs Aesopus et Roscius cités par Horace.
377. Donat remarque ici que le fait que "si" ne soit pas exprimé prête à confusion dans la deuxième proposition, alors que la portée négative de "numquam", pourtant pas exprimée dans la coordination (on a "et" et "non neque"), est évidente.
378. L᾽avantage dont il s᾽agit est exprimé chez Térence par le mot "quaestus".
379. Ces deux mots qui ne figurent pas dans les manuscrits ont été ajoutés par Estienne (1529), mais ils s᾽imposent compte tenu du commentaire qui suit.
380. Donat appelait la paronomase du nom de "paromoion" au vers 50. La différence est dans la nature des éléments comparés. Au vers 50, la présence de l᾽adverbe "inique" empêche le tour d᾽être interprétable comme une "paronomasia" parce que pour ce faire il faut que les deux éléments soient nominaux (ce qui est impliqué dans l᾽étymologie du mot "paronomasia").
381. "Scaenicus" renvoie sans doute au chef de troupe et non à l᾽acteur, ce qui explique les verbes "disco" et "expedio", prendre connaissance d᾽une pièce puis la mettre en scène, la faire jouer. Les deux verbes "docere" et "discere" sont dans la langue courante en position complémentaire ("enseigner" vs "apprendre"), mais dans la langue du théâtre, "docere" (calque sémantique sur le grec "didaskein", qui donne "didaskalia") signifie "produire une pièce", "la mettre en scène". On doit donc comprendre ici que Donat justifie l᾽emploi de "discere" là où on attendrait "docere" ("nouas fabulas") dans la bouche d᾽un producteur de spectacles. En l᾽espèce, on revient au sens de base des deux verbes : "docere" représente l᾽une des activités de l᾽auteur de théâtre, qui doit "docere", "mouere", "placere" ("enseigner", "émouvoir", "plaire"), "discere" représente l᾽activité de l᾽acteur, qui doit "apprendre" son texte.
382. De fait, la norme dans les scènes d᾽expositions antiques est qu᾽il n᾽y ait qu᾽un seul personnage protatique qui recueille les confidences d᾽un personnages "de plein droit", et non deux personnages protatiques qui auront pour seul rôle dans la pièce de raconter, dans cette scène, ce que le spectateur doit savoir en préalable. Même remarque au demeurant sur le deus ex machina en And. 28, 2.
383. Même commentaire en Pho. 35, 1.
384. Sur l᾽usage habituel des comiques, voir Donat, Eun. 37, 1-4.
385. Donat veut dire ici que syntaxiquement "per" ne va pas avec "Pol", mais avec "quam" ; il commente une tmèse. Ce commentaire se retourve chez Servius, Aen. 1, 644, où ce même texte est explicitement cité. Voir notre édition de Pho. 200, 1, note ad loc.
386. Marouzeau n᾽édite pas "paucos" mais "paucis", portant sur "meretricibus", comme chez Apollodore. Donat possède les deux leçons : on peut alors se demander pourquoi il ne considère pas que la leçon la meilleure est "paucis", puisqu᾽elle est corroborée par le modèle grec.
387. Nous suivons Wessner qui, dans son apparat, suggère cette leçon pour un mot grec lacunaire, en se fondant sur le commentaire, très comparable, d᾽Eun. 232, 4.
388. Isidore, dans sa Differentia 207, dit que la différence entre les deux adjectifs se situe plutôt sur un plan sociologique. Un ami peut être dit "fidus", alors que c᾽est un esclave qui est "fidelis". Cela recoupe en partie le commentaire de Donat.
389. Ce commentaire accrédite la restitution wessnerienne du mot προμύθιον au vers 59, en raison de la portée générale du προμύθιον.
390. Dans le texte de Cicéron, "uel optima Messanae" est suivi de "notissima certe", "sinon la meilleure de Messine, du moins la plus connue". L᾽emploi restrictif proposé ici pour l᾽adverbe "uel" est restituable, étant donné la teneur de la citation, mais le substantif "correptio" qui sert à caractériser cette figure semble ici dans un emploi rare, puisque d᾽ordinaire il sert à désigner soit le blâme soit l᾽abrègement vocalique.
391. Donat donne trois sens possibles à l᾽adverbe "uel". Pour les deux derniers, listés dans la scholie 3, ils sont bien connus des latinistes. L᾽adverbe est soit intensif, au sens de "même", soit coordonnant au sens de "ou". Mais dans la scholie 2, Donat en fait l᾽équivalent de la conjonction comparative "ueluti". Il nous semble que cela n᾽est possible que si l᾽on modifie la ponctuation pour comprendre " ...fideles euenire amatores, Syra, uel hic Pamphilus. Iurabat etc." (il nous échoit peu d᾽amants fidèles, comme ce Pamphile. Il jurait...).
392. En réalité, il ne s᾽agit pas d᾽un commentaire psychologique, mais bel et bien d᾽un commentaire rhétorique. Donat repère trois arguments forts : le serment, sa réitération, et la formule même.
393. Donat indique ici que, pour ces unions illégitimes, il existe une sorte de loi tacite qui fonde l᾽union sur des bases interpersonnelles et non légales, seul le mariage pouvant avoir dans l᾽Antiquité une valeur légale.
394. La parenthèse est ici constituée par l᾽ablatif absolu, si l᾽on en croit la reformulation de Donat, mais on peut se demander si la véritable parenthèse ne se trouve pas dans l᾽énoncé "uti quiuis facile posset credere".
395. Le passage virgilien fait évidemment allusion à la célèbre fuite d᾽Enée de Troie en flammes portant Anchise sur ses épaules. Ici la valeur exhortative de "ergo" n᾽ est pas mise, comme chez Virgile, au service de la piété, mais à celui de l᾽absence de scrupule.
396. "Me miseret" + Génitif est une forme impersonnelle bien attestée dans les textes. Donat semble avoir un texte dans lequel il manque le pronom personnel, ce qui est aussi le cas dans les mss de Térence DFE. Marouzeau édite "misereas", choisissant sans doute une lectio difficilior (ms. A et leçon adoptée par Umpfenbach) après avoir constaté l᾽absence de "te" dans tous les manuscrits. Toutefois le premier "te", complément d᾽objet des verbes "moneo" et "hortor" peut peut-être être considéré comme facteur commun aux deux constructions.
397. Cf. 127, 2 et 150, 1.
398. Comme on le voit, il s᾽agit d᾽établir une differentia autour de "spolies" pour montrer comment la triple expression de Donat enrichit le sens. On comprend que ce soit la raison qui ait poussé Wessner à supposer un lemme constitué des trois verbes, mais on voit également que cela ne s᾽impose pas, car le mot pivot de la differentia demeure "spoliare".
399. La même étymologie se trouve dans Servius auctus En. 8, 724 : "MVLCIBER Vulcanus, ab eo quod totum ignis permulcet: {aut quod ipse mulcatus pedes sit, sicut quibusdam videtur: aut quod igni mulceatur}" (Mulciber : Vulcain par le fait que le feu amollit tout, {ou parce que lui-même est infirme d᾽un pied selon l᾽opinion de certains, ou parce qu᾽il est adouci par le feu}) mais on notera que seul l᾽auctor connaît la double étymologie.
400. Il s᾽agit évidemment d᾽une remarque de graphie. "Vtin" ne peut se comprendre que s᾽il estr graphié "utin᾽", l᾽apostrophe indiquant l᾽élision d᾽une lettre.
401. Voir P.-Fest. 72, 3 : "Eximium inde dici coeptum, quod in sacrificiis optimum pecus e grege eximebatur, quod primum erat natum" (on a commencé à dire "eximium", parce qu᾽on retirait, "eximere", du troupeau la meilleure bête dans les sacrifices, qui était le premier né).
402. Sur ces remarques voir P.-Fest. 21 : "segregare ex pluribus gregibus partes seducere, unde et egregius dicitur e grege lectus" ("segregare" c᾽est mettre une partie de côté dans un certain nombre de troupeaux, d᾽où on dit "egregius" pour "choisi dans le troupeau") et Servius En. 4, 57 : "LECTAS BIDENTES non vacat ᾽lectas᾽; moris enim fuerat ut ad sacrificia eligerentur oues, quibus nihil deesset, ut in sexto <38> nunc grege de intacto septem mactare iuuencos" (lectas bidentes : "lectas" n᾽est pas superflu ; car il était de coutume de choisir pour les sacrifices des brebis sans défaut, comme au livre 6 "nunc grege de intacto septem mactare iuuencos", "maintenant du troupeau intact immoler sept jeunes taureaux").
403. Le négatif "nemo" suffit, et n᾽implique pas nécessairement la présence du semi-négatif "quisquam". A l᾽époque de Donat, d᾽ailleurs, elle l᾽exclut, ce qui fait que les élèves du grammairien remarquent immédiatement le solécisme contre leurs règles.
404. Il n᾽est pas très aisé de déterminer si Donat vise le caractère particulièrement impérieux de l᾽impératif futur, ou le choix du verbe "scire", ou les deux.
405. Donat ne veut pas que l᾽on confonde ce "quin" avec la conjonction de subordination ou l᾽adverbe.
406. Le renvoi à L᾽Eunuque dépasse la simple remarque grammaticale ou stylistique, car il s᾽agit des reproches que le sans scrupule parasite Gnathon fait au pauvre hère qui prétend vivre sa pauvreté dignement. L᾽amoralité du parasite rejoint celle du personnage qui invite à spolier, mutiler et déchirer.
407. On voit mal d᾽ailleurs ce que le tour pourrait être d᾽autre qu᾽une question, puisqu᾽il contient la particule interrogative "ne". Peut-être Donat veut-il mettre en garde contre une lecture de cette question comme une forme d᾽exclamation.
408. Le commentaire ici porte seulement sur "hisce".
409. Outre la syntaxe, pour le moins curieuse, de cette scholie, le ton moralisateur du commentaire éveille de forts soupçons sur l᾽authenticité de cette mise en garde aux élèves. Toutefois le thème de l᾽hypocrisie des courtisanes se rencontre régulièrement chez Térence (qui souvent le prend à contre-pied d᾽ailleurs), par exemple dans L᾽Eunuque.
410. Donat ne fait qu᾽expliciter la pensée de Philotis dont la parole reformulée témoigne de son incrédulité par rapport aux conseils de Syra.
411. Donat veut dire ici que la tournure "iniurium est" est impersonnelle (d᾽où l᾽identification de "iniurium" à un adverbe) et constitue, de manière pragmatique, l᾽expression d᾽une indignation.
412. On voit mal en quoi Syra veut éviter d᾽être dure, à moins de comprendre que l᾽expression elle-même aurait été maladroite, en produisant une sorte d᾽oxymore "se venger de qui nous aime". Ce qui, de ce fait, est dans le caractère du personnage, c᾽est la représentation des rapports entre hommes et femmes comme une guerre impitoyable.
413. "Vtrumque" renvoie à "aetas" et "forma", "l᾽âge et la beauté".
414. Parménon sort de chez Lachès, son maître, et s᾽adresse à un esclave resté à l᾽intérieur. Donat nous dit qu᾽il regarde en arrière.
415. Donat remarque en fait que c᾽est ainsi que les esclaves entre eux parlent du maître quand il est âgé. La pratique est absolument courante chez Térence.
416. L᾽expression latine "ex sua sibi locutione" fait difficulté. En effet, la manière la plus courante de la comprendre est "du fait des paroles qu᾽il s᾽adresse à lui-même", et il faut alors considérer cela comme un aparté qui montre la parlure des esclaves de comédie dont Donat dit ailleurs (Pho. 41, 3) qu᾽ils sont souvent bavards. Toutefois, il est absolument évident que Parménon ne se parle pas à lui-même, mais à Scirtus, personnage muet qu᾽il va interpeller au vers suivant. Donat est-il allé trop vite dans sa lecture et a-t-il vu un aparté là où il n᾽y en a visiblement pas ? C᾽est possible.
417. "Exire", c᾽est à la fois "sortir de la maison", donc pouvoir aller faire ce qu᾽il veut dehors, mais aussi "entrer sur scène". Ici l᾽entrée de Parménon est justifiée par le fait qu᾽on attend l᾽arrivée imminente de Pamphile. L᾽esclave saisit donc ce prétexte pour quitter la maison.
418. Donat, qui semble bel et bien persuadé qu᾽il s᾽agit d᾽un aparté, continue sur sa lancée, mais on voit mal le jeu de scène correspondant, alors que tout s᾽explique mieux si, au contraire, Parménon hurle ces mots à son compagnon resté dans la maison.
419. "Scribitur" ici ne signifie sans doute pas "on trouve écrit" (comme leçon concurrente), car Donat dit usuellement "legitur", mais porte sur l᾽orthographe du mot, qui peut s᾽écrire de deux manières, ce que Donat explique par deux étymologies différentes.
420. Cette étymologie se trouve également chez Nonius 1, 44, qui écrit : "et est proprietas uerbi ab eo tracta quod uada in fluminibus contis exquirunt" (le sens propre du verbe est tiré du fait que l᾽on sonde les hauts-fonds dans les fleuves avec une gaffe ("contus")). La seconde étymologie, populaire, n᾽est pas autrement connue.
421. Sur la valeur des noms propres de personnages de comédie, voir Ad. 26, 1.
422. Même commentaire en Eun. 216, 2 avec renvoi à ce vers.
423. Il s᾽agit pour Donat d᾽analyser deux formes adverbialisées d᾽"alius", de manière à éviter toute méprise ou impropriété dans leur emploi.
424. Comprendre "les personnages comiques".
425. Ici il y a un véritable aparté, que Donat interprète comme une marque de mépris sans doute en raison de l᾽emploi plus loin d᾽"oblectasti" pour désigner les activités à l᾽étranger de la courtisane.
426. Le commentaire de Donat est assez obscur. S᾽il comprend "me" autrement que comme l᾽équivalent du "μά" grec, on est bien en peine de comprendre comment il construit, et comment l᾽énoncé peut être redondant. Peut-être faut-il comprendre que Donat expliquerait ce "me" par un tour du type "saluere me iubes, Parmeno" (tu me salues, Parménon), mais le sens demeure très improbable.
427. Et ainsi les deux jumeaux Dioscures sont réunis !
428. Il s᾽agit d᾽une remarque d᾽orthographe. Le y fait son apparition tardivement dans l᾽alphabet latin, ce qui explique que, dans des exemplaires anciens, ou des exemplaires récents conservant méticuleusement la graphie des Anciens, les contemporains de Donat aient pu trouver des graphies de ce genre.
429. Térence, comme le remarque Donat, n᾽est pas très cohérent avec l᾽onomastique grecque et la déclinaison de ses noms grecs. Voir une remarque semblable en And. 361, 4. "Philotium" est un diminutif hypocoristique de "Philotis", en sorte que "licentia" signifie peut-être ici "familarité" (de Parménon envers Philotis).
430. Autrement dit, pour Donat, Philotis répond "ce n᾽est pas de nous deux moi qui m᾽amuse le plus".
431. La douleur s᾽exprime sans doute par le choix de l᾽adverbe apparenté à "hic, haec, hoc" et qui conserve une valeur affective d᾽autant plus marquée qu᾽il n᾽est pas indispensable, "Corinthum sum profecta" se comprenant parfaitement.
432. "Miles" apparaît au vers précédent, mais n᾽est jamais cité dans les lemmes commentés par Donat. Le grammairien remarque que chaque mot ajoute au pathétique du récit.
433. Non seulement, veut dire le commentateur, Philotis a pour compagnon un personnage peu amène par nature, mais celui-là est particulièrement représentatif de sa catégorie sociale.
434. En effet "biennium" seul suffit à l᾽indication de temps.
435. Pris dans son sens littéral le commentaire est étrange. On a l᾽impression que Donat met sur le compte exclusif des femmes l᾽exclamation "misera", évidemment au féminin. Mais on trouve de nombreux emplois de cette exclamation au masculin, "miser", dans toutes les formes poétiques, y compris la comédie. Ferait-il allusion à l᾽original grec qui porterait une exclamation typiquement féminine ? Le plus probable est qu᾽il s᾽agit d᾽une remarque de syntaxe, malgré les apparences. Donat ne veut pas que l᾽on comprenne "misera tuli" (j᾽ai supporté des choses affreuses), bien qu᾽il soit difficile de comprendre alors comment on interprèterait "illum".
436. Cette scholie signifie que le pronom "hinc" de la réplique de Philotis a pour référence le substantif "Athenae".
437. Ici, Donat commente le fait qu᾽on ne sache pas, de "te" ou de "desiderium", quel est le sujet de l᾽infinitive, qui a pour verbe "cepisse", transitif direct, qui, dans ce cas de figure, admet donc un accusatif comme sujet, et un accusatif comme complément d᾽objet direct.
438. Le commentaire explique le dégoût que Philotis a eu de son projet initial de vie commune avec le soldat, en reformulant l᾽expression pourtant claire "consilium contempsisse". On voit mal ce qui peut être difficile dans cette expression à part, à l᾽extrême limite, le fait de donner à "contemnere" un COD qui ne soit pas un nom de personne.
439. Donat remarque ici l᾽amplification oratoire, par le biais de la division d᾽une action qui pourrait s᾽exprimer par un énoncé unique en trois éléments successifs marquant les motivations de la courtisane.
440. Donat fait de "illi" dans ce vers de Virgile (En. 2, 548) un adverbe, au contraire des commentateurs et éditeurs modernes, qui en font un pronom. Même remarque, avec même citation, dans le commentaire du Phormion, 91, 2-3. "Illi" avec un circonflexe ("illî"), que les Grecs appelleraient périspomène, pour un plus ancien "illîce", que les Grecs appelleraient propérispomène, semble ainsi se distinguer de "illi" avec aigu ("ílli"), datif du pronom démonstratif, que les Grecs appelleraient proparoxyton. Servius évoque la même différence, mais sans préciser les questions d᾽accent en En. 11, 422, en renvoyant à En. 2, 661 et non 548, ce qui laisse supposer qu᾽en 548, il comprend bien "illi" comme un pronom.
441. Cette glose de "praefinito" ("ut neque quantum uelles[...] diceres") ne contredit pas la précédente ("deest tempore aut aliquid tale"). Donat propose d᾽abord de comprendre "praefinito" comme "praefinito tempore", "au moment fixé", puis comme "autant qu᾽il était autorisé", soit d᾽envisager la mesure accordée aux paroles de Philotis en terme de limites ("au moment fixé") ou de contenu ("autant qu᾽il était autorisé"). La réplique de Parménon au vers suivant semble plutôt accréditer la seconde interprétation de Donat.
442. Donat ne commente ici que l᾽adverbe "commode".
443. Donat souligne que le début du dialogue n᾽avait qu᾽un but de vraisemblance, et non un véritable rapport à l᾽intrigue, dont l᾽exposé va commencer ici. Sur cette remarque, voir ce qu᾽il dit en And. 28, 1-2, sur les scènes d᾽exposition de Térence.
444. Ici on voit sans doute une trace d᾽une compilation de plusieurs traditions mal unifiées, car les deux scholies 3 et 4 disent presque exactement la même chose.
445. Donat comprend donc "quae" non comme un simple pronom relatif mais sans doute plutôt comme un exclamatif, ce qui suppose qu᾽il scinde la réplique en deux phrases : "Sed quid hoc negoti ? Quae narrauit mihi hic intus Bacchis !" (Qu᾽est-ce que c᾽est que cette histoire ? Ce qu᾽elle m᾽a raconté là-dedans, Bacchis !).
446. C᾽est-à-dire une complétive négative après verbe de crainte.
447. Donat peut ici faire allusion à deux choses : soit une expression toute faite "firmae nuptiae" puisque l᾽expression se rencontre assez régulièrement à la fois dans les pièces et dans son commentaire (voir par exemple And. 137, 285, 297...), soit une habitude des comiques, mais c᾽est moins probant quand l᾽adjectif se rencontre essentiellement avec "fides" dans leur langue.
448. Il s᾽agit ici de commenter un sens particulier du mot "res" (chose) qui signifie ici "ce dont on fait cas", "le sujet", "the point".
449. Ce commentaire dit en réalité deux choses distinctes. D᾽une part, il justifie dramaturgiquement, par la curiosité de Philotis, le récit que va faire Parménon, d᾽autre part, il expose les caractéristiques globales de ce récit.
450. La forme "hoc" pouvant à la fois être un accusatif neutre singulier, COD de "percontarier" et un ablatif neutre singulier, complément de "opus est", il est effectivement délicat de ponctuer cet énoncé.
451. Donat indique ici un possible remplacement du subjonctif de souhait par le futur, ce qui n᾽est pas exactement le cas dans le vers virgilien où il s᾽agit d᾽une construction à l᾽indicatif futur au lieu du subjonctif présent de la conjonction "donec". Sur cet emploi, voir Ernout-Thomas (1972) § 267.
452. Parménon aime bien "commode", qu᾽il a déjà utilisé au vers 95.
453. La construction est un peu acrobatique pour deux raisons. 1-Donat insère la citation de façon assez abrupte, ce qui a trompé les éditeurs (voir note apposée au texte latin) ; 2-à son habitude, il considère que "quam" suffit (sans "magis" ou "plus") à exprimer le comparatif de supériorité. L᾽idée cependant est claire : Parménon met plus de (fausse) mauvaise grâce à parler que Philotis ne montre de curiosité.
454. C᾽est de plus un défaut des esclaves de comédie, comme le note Donat en Pho. 41, 3.
455. La comparaison n᾽est pas très flatteuse, mais il s᾽agit des défauts de Parménon; Cicéron, divin. in Caec. 57, visait en effet les agissements crapuleux de Verrès.
456. Le rapport entre la citation virgilienne et le texte térentien réside dans la situation d᾽énonciation. Dans la citation de Virgile, Énéide, II, 13-14, Enée entame son long récit de la chute de Troie au point précis où commence le problème. Les Grecs sont fatigués de guerroyer et il leur faut parvenir par ruse à prendre la ville qu᾽ils ne pourront enlever de force. Ici Parménon commence de la même façon, par le nœud de l᾽intrigue : Pamphile aime Bacchis, mais va devoir en épouser une autre... Le caractère hautement tragique du récit d᾽Enée laisse supposer que les affaires de Pamphile ne seront guère brillantes.
457. Force est de constater que ni l᾽ordre des mots ni la soi-disant explication qu᾽il apporte ne sont limpides. D᾽ailleurs la suite du commentaire de ce segment est extrêmement embrouillée.
458. "Quemadmodum" est adverbe soit interrogatif, soit relatif. S᾽il est interrogatif, il est indirect, or Donat n᾽a pas employé le subjonctif mais "amabat" dans sa reformulation. S᾽il est relatif, il signifie "comme", "de même que", sens que peut avoir "ut".
459. Donat veut peut-être dire qu᾽il faut sous-entendre une fois "maxime" devant "amabat" (mais il est déjà dans "cummaxime" !) et devant "orare occipit". Tout cela est bien confus.
460. Donat dit ici que "cummaxime" s᾽écrit en un seul mot, donc qu᾽il appartient à une seule partie du discours, celle des adverbes. Si l᾽on avait eu "cum maxime" en deux mots, on aurait eu deux catégories du discours (conjonction et adverbe).
461. C᾽est-à-dire les arguments du père en faveur du mariage qui vont être précisés par la suite.
462. En faisant répondre le jeune homme avec du Virgile, Donat s᾽amuse. Pamphile aurait pu se tirer de ce mauvais pas si son père lui avait dit qu᾽il agissait dans son intérêt, par sentiment paternel. Avec autant de violence que Turnus face à Latinus, il aurait pu renvoyer le vieil homme à ses propres affaires. Ici évidemment en prenant argument de sa propre vieillesse, Lachès lui coupe l᾽herbe sous le pied, Pamphile ne pouvant pas dire décemment qu᾽il se moque de la vieillesse de son père.
463. Autrement dit : Lachès fait sa demande de manière de plus en plus tranchante, c᾽est un père, et il est insistant. Trois bonnes raisons pour que Pamphile lui obéisse.
464. Donat emploie "ducere" absolument au sens de "prendre femme".
465. Le commentaire pointe ici combien Térence entend souligner que Pamphile a hésité avant de faire ce que lui demandait son père, et ce, malgré l᾽insistance du vieil homme.
466. L᾽anacoluthe que remarque Donat est absolument banale. La pratique la plus courante en effet veut que le premier terme de l᾽interrogation double ne soit pas marqué. ce qui choque sans doute Donat ici, c᾽est que Térence a employé l᾽interrogatif simple "-ne", puis "an" marque de l᾽interrogation double, mais les exemples, y compris les plus classiques, de cet usage sont légion.
467. C᾽est évidemment que Pamphile est amoureux de Bacchis.
468. "Tundere" a pour sens premier "frapper, battre", et s᾽applique ainsi à l᾽emploi du marteau. Au figuré, il signifie "fatiguer, importuner", et Donat insiste sur le fait que c᾽est par l᾽aspect itératif présent dans le sémantisme du verbe que se fait la métaphore.
469. C᾽est-à-dire qu᾽en écrivant "effecit senex" et non "effecit adulescens", il insiste sur l᾽agent à l᾽origine de la réalisation du mariage (le vieillard), déniant ainsi à Pamphile toute part de responsabilité dans la décision de se marier.
470. "Denique" est ici interprété comme l᾽équivalent du français "pour finir", "à la fin".
471. Deux gloses pour "odio" : "assiduitate" et "instantia", qui toutes deux insistent sur les causes qui produisent ce sentiment d᾽"odium".
472. Ici Donat commente l᾽ambiguïté portée par les mots du lemme, et nous dit que le sens doit être tiré du contexte. La scholie 3 précise que l᾽ambiguïté tient à la référence du déterminant qui actualise "nuptiae". Ce n᾽est ni un démonstratif anaphorique (= "ce mariage dont on a parlé") ni un possessif (= "son mariage à lui, Pamphile"). "Ipse" renvoie à lui-même et non à une autre occurrence intra-textuelle, ainsi la référence doit se faire dans le cadre de l᾽énoncé plutôt que dans celui du discours.
473. Cf. 65, 1 et 150, 1.
474. Il s᾽agit sans doute ici du sens de "pendere" qui renvoie aux constructions grammaticales, comme on parle de "nominatiuus pendens". On a chez Audax l᾽emploi de ce verbe lorsqu᾽il est question des modes conjonctif (= subjonctif de subordination) et infinitif (ici, lorsqu᾽il est objet), donc dans des cas de dépendance verbale (Audacis excerpta de Scauro et Palladio (GL 7, 344) : "coniunctiuus cur dicitur ? quia sine coniunctione aliarum orationum non implet sensum locutionis. si enim tantum dixero cum clamem, pendet sensus et indiget ut compleatur ; adicio cum clamem quare me tacere credis ?, cum loquar, cur me silere dicis ? ideo ergo coniunctiuus modus dicitur, quia coniungit sibi alias elocutiones, ut expleat sensum. infinitus cur dicitur ? quia non explet sensum nisi adiecta alia particula uerbi, ut puta legere : pendet enim sensus : adicis uolo uis uult et imples sensum, legere uolo, legere uis, legere uult" (Pourquoi le conjonctif s᾽appelle-t-il ainsi ? Parce que sans la conjonction d᾽autres propositions, il ne suffit pas au sens de la phrase. En effet, si je dis "cum clamem", le sens reste en suspens et requiert d᾽être complété ; j᾽ajoute "cum clamem quare me tacere credis ?", "cum loquar, cur me silere dicis ?" et donc ce mode est dit conjonctif parce qu᾽il se conjoint à d᾽autres propositions, pour acquérir son sens plein. Pourquoi l᾽infinitif s᾽appelle-t-il ainsi ? Parce qu᾽il n᾽a pas son sens plein sans qu᾽un autre élément verbal lui soit ajouté, comme "legere" : en effet, son sens reste en suspens : on ajoute "uolo, uis ou uult", et l᾽on complète son sens : "legere uolo", "legere uis", "legere uult"). Augustin (Augustini Regulae, GL 5, 510, 24) utilise la même formulation ("pendet sensus") pour les mêmes exemples. Certes, ici ce n᾽est pas le sensus qui "reste en suspens", mais c᾽est bien une dépendance à un autre membre de phrase qui est est évoquée. De plus on trouve chez Priscien (Prisciani institutiones, GL 3, 142) ce verbe employé pour la référence des pronoms relatifs : "in omnibus igitur relatiuis pronominibus una eademque est oratio ex supra dicto nomine pendens" (dans chaque pronom relatif, il n᾽y a qu᾽une seule et même signification se rattachant au nom cité plus haut) C᾽est plus proche de ce que l᾽on a chez Donat, qui veut dire que "ibi" reprend "in ipsis nuntiis". "Pendere" exprime donc aussi bien une dépendance sémantique que syntaxique.
475. "Ibi" reprenant le fil du discours avec comme référent "in ipsis nuptiis", on aurait tout aussi bien pu répéter ce groupe nominal, ainsi que le signale le commentateur.
476. Le rapprochement se fait en réalité avec la suite du texte térentien "si adesset, eius commiseresceret". Chez Virgile, c᾽est Diomède qui évoque en ces termes les errances et les souffrances qu᾽il a subies, lui et ses hommes, au retour de Troie, en raison de la punition divine pour les exactions commises en Troade. Il ne faut donc pas comprendre "hyperbolique" au sens d᾽"exagéré", mais au sens de "ce qui porte l᾽émotion au plus haut point".
477. Quand bien même elle est en position d᾽accusatrice, elle aurait pitié de la souffrance de celui qu᾽elle accuse.
478. Cité ainsi le passage virgilien n᾽a pas grand rapport, mais le poète épique disait en réalité : "Devant de tels récits, qui parmi les Myrmidons ou les Dolopes, quel soldat du cruel Ulysse pourrait contenir ses larmes ?". Citée in extenso, la phrase prend tout son lien avec le contexte. De même que les Grecs pleureraient eux-mêmes les maux des Troyens, de même Bacchis elle-même pleurerait l᾽infortune de Pamphile, contraint à l᾽abandonner.
479. Le pléonasme est évidemment dans l᾽ajout après "mecum" de l᾽adverbe "una" (ensemble).
480. L᾽argument est que Parménon a été témoin direct de ce qu᾽il va raconter.
481. C᾽est-à-dire du discours de Pamphile que Parménon va rapporter.
482. L᾽usage expressif du nom est souvent indiqué par Donat. Voir par exemple Eun. 95. La répétition intervient au vers 133. Sur le texte proposé, voir la note apposée au texte latin.
483. Le mode "imitatif" se définit par le passage au style direct lorsque l᾽on rapporte des paroles.
484. L᾽exemple est évidemment choisi à dessein, élevant ainsi Pamphile à la hauteur des amoureux mythiques.
485. Nouvel exemple de commentaire répétitif et sans doute issu de compilations mal lissées. Le même commentaire constitue la scholie 131, 4.
486. Donat souligne la tournure "cum" + abl. ("cum odio") comme complément circonstanciel de manière. Le commentaire dédouble 123, 6.
487. Texte assez incertain. Mais on peut comprendre que le "ut ad pauca redeam" censé réactiver l᾽attention du public a pour but de faire avancer l᾽intrigue, donc agit pour la recherche de la vérité, du dénouement.
488. Car il appréciait Bacchis, au point de ne pas toucher à sa jeune épouse.
489. L᾽emphase est évidemment dans l᾽opposition entre les qualités de la jeune femme et l᾽attitude réservée de Pamphile.
490. Il semble que la négation "ne... quidem" n᾽appartienne pas à la citation (le lemme commenté est d᾽ailleurs "uirginem non attigit", texte qu᾽on retrouve aussi en 136.1), mais se comprenne plutôt par rapport à "non est amplexatus".
491. Le commentaire de Donat est étrange dans la mesure où il semble comprendre "nihilo" comme étant le complément du comparatif "magis" (donc le comparé : "plus que rien"), alors qu᾽en réalité, il est un complément de manière négatif : "en rien davantage".
492. A cause de la substitution de "nihilo" (en rien) au simple "non" attendu.
493. Schoell qui conjecture ici "intentio" sur le "in terentio" de la plupart des manuscrits rapproche ce terme du grec "ἐπίτασις", dont "intentio" est le calque morphologique et qui se définit ainsi, quand il ne s᾽agit pas de l᾽épitase dramaturgique : addition d᾽un segment conclusif qui met en évidence quelque chose qui a déjà été dit, ici "cum uirgine" mis en évidence par l᾽adverbe "una". Ce qui explique peut-être que Donat ait mis ici un mot latin et non le grec c᾽est que "ἐπίτασις" chez lui ne s᾽applique guère qu᾽au nœud dramaturgique et qu᾽il a voulu éviter une ambiguïté.
494. L᾽"invraisemblable" est dit en grec, peut-être parce que le latin n᾽a pas de mot pour le dire mais est obligé de passer par une périphrase qui nie le composé "ueri simile". Ici ce qui pourrait être invraisemblable, c᾽est qu᾽alors que toutes les circonstances sont réunies pour qu᾽enfin Pamphile consomme son mariage, il n᾽en fait rien.
495. And. 236, 5 explique de quoi il s᾽agit.
496. Donat fait ici allusion à un très célèbre "exemplum" sans nul doute utilisé souvent chez les rhéteurs. Publius Decius Mus, consul en 295 pour la quatrième fois, et Publius Decius Mus l᾽ancien, consul en 340, s᾽étaient tous deux voués à la mort en se jetant au milieu des ennemis pour assurer, par leur consécration aux dieux infernaux, la victoire des Romains.
497. Il faut ici entendre "résumé" au sens d᾽économie de répliques pour se concentrer sur l᾽essentiel pour la suite.
498. C᾽est-à-dire de la personne de Philotis et, analogiquement, de Bacchis.
499. Virgile, Énéide, 4, 361, où Enée se défend devant Didon qui vient d᾽apprendre qu᾽il va quitter Carthage. De fait, dans sa défense, Enée dit déjà "sponte" au vers 341. En revanche, il n᾽y a pas de première occurrence de la forme "inuitus" dans Térence. Notons que la forme "admonet", que Donat utilise dans son commentaire, est utilisée par Enée dans ce même discours au vers 353. C᾽est peut-être lui qui déclenche le réflexe de la citation virgilienne.
500. Il faut comprendre comme dans le passage correspondant de L᾽Andrienneque le personnage de Philotis presse Parménon d᾽en venir à la fin de son récit. Voir la scholie suivante.
501. Il faut évidemment prendre ici le mot "couleur" dans son sens rhétorique. Il s᾽agit d᾽un ornement non nécessaire en soi à l᾽intrigue, mais qui permet de comprendre pourquoi Pamphile s᾽est quand même marié, bien qu᾽il n᾽eût d᾽affection que pour Bacchis.
502. L᾽anastrophe consiste ici à antéposer la relative à son antécédent "quam...eam".
503. Il s᾽agit de l᾽euphémisme "ludibrium" (amusement). Le commentateur anticipe sur la réaction de Philotis au vers 152.
504. Cf. 65, 1 et 127, 2.
505. Pamphile, qui n᾽a pas touché son épouse, croit qu᾽elle est donc vierge ; en fait, elle ne l᾽est pas, puisqu᾽elle a été violée naguère par lui-même dans le noir. Mais la formulation est habile : il la rend à ses parents "sans l᾽avoir touchée et comme il l᾽a reçue", c᾽est-à-dire, dans son esprit, "vierge", ou, pour qui connaît l᾽argument, "aussi enceinte que quand elle est arrivée".
506. En réalité, rien ne permet de préciser qui est visé par "pium" et "pudicum". Donat imagine donc plusieurs hypothèses : "pius" peut se rapporter soit à l᾽épouse de Pamphile qu᾽il n᾽a pas déshonorée, soit à Bacchis qu᾽il a refusé de trahir. "Pudicum" peut se rapporter à la jeune fille dont il pense avoir respecté la virginité, mais aussi à Bacchis dont il a respecté l᾽amour, même si cette liaison était impossible. On peut donc imaginer soit qu᾽un adjectif se rapporte à chaque femme, soit que les deux adjectifs se rapportent à chacune d᾽entre elles.
507. De fait, c᾽est bien Parménon qui parle, mais il rapporte, au discours direct, les paroles de Pamphile.
508. Ce commentaire porte sur la référence du pronom démonstratif neutre "hoc".
509. Donat insiste sur le contexte ponctuel de cette signification ("nunc"), car d᾽habitude le terme (et le verbe "uitiare") caractérise la faute du jeune homme, autrement dit le viol.
510. Donat donne ici une équivalence entre un adverbe, "denique", et un nom, "mora, -ae" et un groupe nominal "postrema tarditas". "Significat" entre les deux termes semble annoncer une définition par autonyme, puisque ce verbe n᾽est pas suivi par une proposition ; toutefois il ne peut s᾽agir de synonymie, puisque les deux termes comparés n᾽appartiennent pas à la même classe grammaticale. Il ne s᾽agit donc pas d᾽autonymes, mais bien de propositions définitoires condensées en un ou plusieurs termes présentés sous la forme d᾽autonymes. Ainsi "denique moram significat et postremam tarditatem" signifierait "denique signifie qu᾽il y a un délai et une grande lenteur", ou alors c᾽est le verbe "significare" qu᾽il faut voir non comme un marqueur d᾽autonymie mais un verbe qui signifierait "exprime", "laisse entendre" ; on aurait alors "denique exprime le retard et la grande lenteur".
511. Notez l᾽intégration de l᾽autonyme par Donat : on a "pro alienato", le cas ablatif dépendant de la préposition, quand on attendrait "pro alienatum", c᾽est-à-dire "pro" suivi de la forme qu᾽on aurait trouvée dans le texte.
512. Dans la citation, la valeur d᾽"alienus" est moins nettement celle qu᾽indique Donat que dans le passage de L᾽Hécyre.
513. Ici Donat commente la différence entre un adjectif qui signifie "étranger", "d᾽autrui" ("alienus, -a, -um") et le participe passé à valeur d᾽adjectif tiré d᾽un verbe "alieno, -as, -are, -aui, -atum" qui signifie "se rendre étranger à", c᾽est-à-dire qui possède un aspect duratif, progressif. Très logiquement il dit qu᾽il y a eu amour ("amabat"), donc que l᾽éloignement doit être considéré comme progressif, et non pas uniquement comme accompli.
514. Sur les strates rédactionnelles visibles dans cette série de scholies, voir Bureau (2011b).
515. Il s᾽agit clairement de comparer l᾽attitude de la jeune épouse de Pamphile avec celle de Bacchis. L᾽une s᾽est conduite comme il sied à une femme libre, Bacchis de la manière malhonnête propre à sa condition.
516. On peut se demander de quoi il est fait ellipse, à moins de considérer que Donat tient l᾽infinitif de narration pour une forme d᾽ellipse.
517. Cette ambiguïté repose sur l᾽interprétation qu᾽on peut faire du génitif, soit objectif, soit subjectif. Il peut soit s᾽agit de la pitié "de l᾽épouse" (subjectif), ou bien de pitié "pour l᾽épouse" (objectif).
518. Telle quelle, cette citation virgilienne se comprend mal. Pour en voir la portée, il faut se souvenir que c᾽est Didon qui évoque ainsi les malheurs d᾽Enée qui provoquent sa compassion puis son amour.
519. Il ya ici, comme plus haut qualité relative dans la comparaison des deux attitudes. On se souviendra toutefois qu᾽en droit la "qualitas relatiua" concerne dans le "status" des causes, le fait de se défendre en attaquant la partie adverse, ce qui convient parfaitement à ces deux exemples.
520. La citation de Salluste, "quos omnis eadem cupere, eadem odisse, eadem metuere in unum coegit", a été, comme on le voit légèrement simplifiée par Donat.
521. Donat pense peut-être ici au Phormion, où Chrémès / Stilphon a une double vie.
522. Pour Donat, le genre comique exclut absolument toute forme de mort qui causerait une souffrance telle aux personnages qu᾽elle nuirait à l᾽heureux déroulement de l᾽intrigue. Il faut donc, selon lui, soit que la mort frappe un personnage sans importance, soit qu᾽elle ait eu lieu il y a longtemps, mais permette de mener l᾽intrigue à un heureux dénouement. Voir par exemple And. 105, 2 et la note ad loc.
523. Donat rappelle ici un principe du droit romain nommé "legitima hereditas". Lorsqu᾽une personne meurt sans avoir rédigé de testament, ou en ayant rédigé un testament qui n᾽est pas valide, l᾽héritage revient aux héritiers légaux, la personne n᾽ayant pu manifester de choix délibéré dans les héritiers possibles. Ici la mort à Imbrosdu "senex cognatus" (que l᾽on suppose intestat) fait donc des maîtres de Parménon les héritiers légitimes. Voir Gaius, Inst. 2, 14, 5 et Cic. Inv.2, 21.
524. En réalité c᾽est évidemment "inuitum" qui porte l᾽essentiel de la signification qu᾽analyse Donat, mais le verbe l᾽intéresse en raison de sa valeur imagée.
525. Donat commente ici le temps du verbe, remarquable car il s᾽agit d᾽un présent de narration, c᾽est-à-dire d᾽un présent en contexte passé. Toutefois dès le vers 171, la narration est au présent, donc c᾽est bien une particularité autre que le temps verbal seul qui est commentée ici. Peut-être s᾽agit-il de sa place en tête de vers, qui lui donne un relief particulier.
526. C᾽est-à-dire qui inaugure un nouveau mouvement, et non un lien causal en l᾽espèce. On a d᾽autres remarques similaires avec d᾽autres particules (And. 310, 2, avec "sed" ; Eun. 347, 1, avec "uerum" ; Pho. 171, 1 avec "et").
527. Donat insiste sans doute sur le sémantisme du verbe "se adbdere" (se dérober) plutôt que sur le redoublement du pronom personnel réfléchi "se".
528. Car s᾽il s᾽était continuellement trouvé chez lui en ville, il aurait assisté aux relations entre Sostrata et Philumène, et n᾽aurait constaté aucun abus de la part de sa femme.
529. La raison en est donnée dans la scholie suivante.
530. Cf. scholie 459, 4.
531. Le sens que propose ici Donat -et qu᾽il indique comme un sens particulier- n᾽est guère convaincant. Il est nettement plus naturel de comprendre avec le sens habituel de l᾽adverbe "après un moment", voire tout au plus "à un moment donné".
532. Là encore, le commentaire de Donat paraît gratuit. Pourquoi ne pas comprendre simplement "de manière étonnante" ?
533. Par l᾽adverbe "proprie", Donat entend "dans le vocabulaire juridique". La "postulatio" est la plainte que la victime adresse à un tiers, l᾽"expostulatio" celle qu᾽elle adresse à celui-là même qu᾽elle incrimine.
534. Donat écrit "postulatio...et quasi ...interpositio querelarum". Le mot "interpositio", dont la matière phonique est assez proche du lemme "postulatio" peut mettre la puce à l᾽oreille, et nous engager à chercher ici une étymologie qui passe d᾽abord par une synonymie ("postulatio querela"), puis par quelque chose du genre "*interpostulatio" pour "inter eas postulatio", ou "*interexpostulatio".
535. Sur cette série de reformulations, voir la note à la scholie suivante.
536. La construction "patior a te" ne fait pas pour autant du verbe un passif, puisqu᾽il reste transitif direct : "patior aliquid ab aliquo". Mais le verbe "patior" sert à exprimer, terminologiquement, la voix passive, "modus patiendi" ; c᾽est peut-être ce qui induit Donat à voir ici de l᾽équivoque (et à le qualifier de "commune", qui signifie ici "pouvant être actif ou passif"). En réalité, l᾽équivoque porte seulement sur l᾽identité du sujet de "quit" : "elle ne put plus le supporter" ; la belle-mère ou la bru ?
537. "Dies" est, si l᾽on en croit Donat, un accusatif de date, réputé archaïque, quand un ablatif "diebus compluribus" est attendu. Mais on peut tout aussi bien comprendre "complures dies" comme un accusatif de durée.
538. Ce ne serait d᾽ailleurs guère plus clair avec "quae", car cela ne lèverait pas l᾽ambiguité de l᾽idendité sur le sujet de "iubet" que la plupart des traducteurs modernes expriment explicitement : Sostrata.
539. Donat donne ici une valeur indéterminée à "quam" en considérant probablement qu᾽il s᾽agit non d᾽une expression lexicalisée "nescioquam", mais bel et bien d᾽une construction interrogative "lequel, je n᾽en sais rien".
540. Pour refuser de laisser partir la jeune fille on avait donné un prétexte au vers 186, ici il ne s᾽agit même plus de feindre. On refuse et c᾽est tout.
541. Le commentaire porte sur l᾽emploi de l᾽infinitif de destination après verbe de mouvement, tour qu᾽évite la prose classique, mais qui se rencontre chez les poètes et dans la langue archaïque et tardive. Il ne devrait donc pas troubler les lecteurs de Donat, mais l᾽ensemble "it uisere ad eam" est plus complexe que ce qu᾽ils connaissent, soit "it ad eam" soit "it uisere" ; c᾽est la fusion des deux tours qui appelle la remarque, illustrée par un exemple plus simple de Virgile.
542. "Visere" signifie donc "rendre une visite". On sait que, chez Proust par exemple, rendre une visite à quelqu᾽un ne signifie pas forcément le voir physiquement, mais simplement lui faire savoir qu᾽on est venu, par exemple en cornant une carte.
543. En raison sans doute du préverbe "re-" qui implique que l᾽on fasse réapparaître quelque chose de caché afin de la savoir.
544. "Nondum" et "etiam" signifiant tous les deux "pas encore", il y a pléonasme.
545. Sur le bavardage des esclaves de comédie, voir Pho. 41, 3.
546. On attendrait "curae est scire" (j᾽ai le souci de savoir).
547. Il n᾽est pas forcément utile de postuler une citation virgilienne pour cet énoncé, d᾽autant que le contexte de la citation est très différent.
548. Le sens de "conuenire" est ici de toute évidence "professionnel", c᾽est "fixer un rendez-vous" pour une courtisane. Voir la scholie suivante.
549. Non pas dans cette scène précise, mais dans l᾽ensemble de la pièce. Ici au contraire, Lachès s᾽en tient aux idées reçues sur les belles-mères.
550. Pour cette figure, C donne "inclamatione", qui a le même sens, mais qui ne se trouve guère que dans la langue tardive. On peut imaginer une variation sur le nom de la figure, au fil des pratiques des copistes.
551. C᾽est-à-dire de la situation précise de conflit et non de considérations générales comme le laisserait pourtant paraître "omnes".
552. Comprendre évidemment que c᾽est "declinatam" qui vient de "declino" et non les synonymes proposés. La question semble être un problème de voix. Normalement "declinatam" ne peut signifier que "qui a été déclinée", or ici il signifie "qui a décliné", ce qui peut troubler les lecteurs de Térence au 4e siècle.
553. Cette citation n᾽a pas de référence chez Wessner. Schoell propose de lire "ut Sallustius" et renvoie aux Histoires, mais rien ne le prouve. Nous n᾽avons pas d᾽autre attestation d᾽un tel fragment du corpus sallustéen.
554. Cf. 242.2.
555. Amphibologie : Cf. I, 2, 88, note 21. Ici, Donat commente le fait qu᾽on ne sache pas, de "nurus" ou de "socrus", quel est le sujet et quel est le COD. Toutefois, on constate par la suite que Donat, qui fait souvent référence à ce vers, l᾽interprète toujours avec "socrus" comme sujet (Cf. 227, 1 et 274, 3 et 4).
556. Paradoxalement l᾽amphibologie est indispensable parce qu᾽elle marque au mieux la réciprocité du conflit familial entre belle-mère et belle-fille.
557. Donat glose sans doute le mot "studium", pour éviter toute méprise sur le sens habituel de son temps d᾽"étude".
558. Cf. 199.
559. Cf. 200.
560. Par "communia" (communes), comprendre "communes à Sostrata et Philumène". Pour ce qui est d᾽être femmes toutes deux, c᾽est évident. Pour ce qui est d᾽être "socrus" (belle-mère), ça l᾽est moins... Mais "socrus" est un nom relatif qui implique une "nurus" (bru). Ce qui est donc commun aux deux femmes, c᾽est le lien familial particulier qui les unit. De plus, Donat avait insisté sur l᾽ambiguïté de la sentence du vers 201 ("Itaque adeo uno animo omnes socrus oderunt nurus"). Jusque là a priori, on ne peut savoir à qui échoit la faute, et c᾽est la seconde partie de la scholie qui nous permettra de dire que dans l᾽esprit de Lachès, c᾽est bien Sostrata qui est coupable.
561. Cf. 203-204.
562. Il y a bel et bien conjecture car il ignore la nature exacte du tort qui a été fait à la bru, ce qui fait qu᾽il ne peut pas accuser "ex re", mais seulement par conjecture.
563. L᾽amplification vient à la fois du passage de la supposition (qu᾽il existe une école de malice) à la certitude (même s᾽il n᾽y a pas d᾽école, on pourrait en créer une et en donner la direction à Sostrata), et du passage de l᾽école (donc des élèves) au maître.
564. Il s᾽agit d᾽expliquer pourquoi les premiers mots de Sostrata sont si pathétiques, et, en un sens, si contraires au genre de la comédie et à l᾽image abominable que vient de donner d᾽elle Lachès. Il s᾽agit d᾽une stratégie défensive qui ne préjuge en rien du caractère du personnage.
565. Il s᾽agit de deux emplois de l᾽adjectif possessif à valeur expressive. Donat remarque à plusieurs reprises l᾽emploi hypocoristique de cet adjectif (voir par exemple Eun. 95, 2), mais ici, évidemment, cette interprétation le gêne. Il l᾽attribue donc à une sorte de ton suppliant.
566. On distingue entre preuves techniques (tirées de la technique rhétorique, c᾽est-à-dire de la topique), et les preuves non techniques, les éléments matériels portés à la connaissance du tribunal (voir Quint. 5, 1, 1). Le serment, en tant qu᾽acte officiel qui dispense d᾽une démonstration, y entre de plein droit.
567. Donat veut dire ici que les Anciens n᾽avaient pas conscience de l᾽euphémisme ni du kakemphaton. Il n᾽y a ici qu᾽un exemple de l᾽un ; en effet, Donat lit "non ita me di ament" comme s᾽il s᾽agissait d᾽une seule phrase (alors que "non" est la réponse de Sostrata à la question de Lachès). Dans ce cas, ce souhait ("puissent les dieux ne m᾽aimer point") relèverait du kakemphaton non pas grossier mais absurde dans sa syntaxe (on attendrait "ne") et d᾽autant plus étrange que l᾽on entend "non ita" autrement dit "non oui". Si Donat donne deux exemples de figures ignorées des Anciens, c᾽est qu᾽elles sont antithétiques, "εὐ-" s᾽opposant à "κακ-". Notons enfin que la citation du lemme à la fin de la scholie 3 est différente des autres en raison de la scholie 1, "bene ament", qui survient juste après le lemme "non ita me di". Si Donat recopie correctement le texte de Térence lorsqu᾽il donne les lemmes aux scholies 2 et 3, cette fois il commet une faute d᾽inattention.
568. "Itaque" est constitué de "ita", particule exprimant la manière, et "-que", conjonction de coordination. Il peut donc se comprendre comme "et ita" et non comme l᾽adverbe "itaque".
569. Donat complète ici, avec "ut" + une reformulation du texte de la pièce, le verbe "prohibere".
570. La définition de Donat n᾽est pas limpide. L᾽une des parties promet d᾽apporter une preuve non technique, quand elle redoute que l᾽autre partie ne parvienne à emporter la conviction des juges par de simples preuves techniques. Cette figure est ainsi définie par Isidore, Etym. 2, 21, 44 : "Epangelia est promissio, qua iudicem adtentum facimus, pollicentes nos aliqua magna aut minima dicturos" (L᾽épangélie est une promesse par laquelle nous rendons les juges attentifs en promettant que nous dirons des choses grandes ou très petites).
571. Il s᾽agit du pupille du questeur Caius Malléolus, que Verrès a spolié de son héritage, mais on voit clairement que la phrase de Cicéron vise, comme d᾽ailleurs la suivante, à une généralisation.
572. Dans cette citation, les éditions modernes donnent "paruos" (en bas âge) et non "omnes".
573. Dans son édit de préteur, Verrès avait tourné les choses de telle façon qu᾽il faisait droit à ses comparses pour spolier de son héritage Annia, fille de Publius Annius.
574. Pour bien comprendre cette citation, il faut la situer dans son contexte. Cicéron écrit : "Nam cum more maiorum de seruo in dominum ne tormentis quidem quaeri liceat, in qua quaestione dolor elicere ueram uocem possit etiam ab inuito, exortus est seruus qui, quem in eculeo appellare non posset, eum accuset solutus" (de fait, alors que la coutume ancestrale ne permet pas de chercher le témoignage d᾽un esclave contre son maître même sous la torture, torture lors de laquelle la douleur pourrait lui arracher la vérité même malgré lui, voici qu᾽un esclave vient en pleine liberté accuser celui qu᾽il ne pourrait même nommer au milieu des douleurs de la torture !). On comprend alors l᾽impudence de ce témoignage spontané.
575. Commentaire morphologique assez intéressant : d᾽une part C donne "exorare" pour "exorere", d᾽autre part tous les mss. donnent ensuite "existas". Or il semblerait que "exorere" au vers 213 de L᾽Hécyre soit la seule attestation d᾽une telle P 2 indicatif présent de "exoriri" (la forme attendue est "exorire"), ce qui peut expliquer que C ne connaisse pas la forme et la corrige en "exorare" (P 2 indicatif présent passif de "exoro", mais cela ne se comprend guère dans le texte de Térence, et n᾽a aucun rapport avec le verbe "exsistere" donné comme synonyme). En outre, si la reformulation de la scholie 1 laisse supposer que Donat lisait un indicatif (par exemple la variante manuscrite "exorere", qu᾽il cite ainsi plus bas dans la scholie 223, 2), ici et le lemme et sa reformulation postulent un subjonctif.
576. Il y a une certaine familiarité à apostropher Sostrata en lui disant "toi femme", puisque c᾽est ainsi qu᾽un mari s᾽adresse à son épouse, mais l᾽absence de toute note hypocoristique dans cette adresse souligne le ton exapséré de Lachès.
577. La citation explique en réalité ce commentaire assez confus qui repose sur une "differentia" entre "lapis" et "saxum" que le français rend tous les deux par "pierre". Pour Donat la différence porte sur l᾽usage que l᾽on fait de la pierre. Quand la pierre sert de projectile elle se dit "lapis" sinon "saxum". Chez Virgile, il s᾽agit de pierres de construction.
578. Il y a plusieurs remarques à faire sur cette scholie. D᾽une part, les éditions consensuelles de Plaute donnent "circumtentus", de "circumtendo", et non "circumtectus", de "circumtego", qui n᾽est attesté que chez Dictys de Crète et par la Vulgate. Wessner ne nous dit rien sur ce texte. D᾽autre part, le vers suivant de Plaute, 236, est "neque habet plus sapientiae, quam lapis", ce qui est une autre attestation de la métaphore dépréciative de "l᾽homme-pierre" qu᾽utilise Térence, et dont Donat nous dit qu᾽elle vient d᾽Apollodore (scholie suivante, 214, 5). Sans doute Donat a-t-il ce vers de Plaute à l᾽esprit lorsqu᾽il entreprend de commenter le vers 214 de L᾽Hécyre, mais il lui évoque une autre figure employée par le dramaturge, l᾽ajout de "non hominem", insistance qui témoigne de l᾽irritation de Lachès ("de stomacho") ; on trouve en effet chez Plaute, avec le "non suo" du vers 235, la même figure d᾽insistance. Ce phénomène stylistique présent dans les deux comédies lui a sans doute fait oublier que les vers de Plaute devaient en premier lieu servir d᾽illustration à "lapidem putas".
579. L᾽aspect du caractère de Lachès ici mentionné est sans doute son irritation constante à l᾽égard de Sostrata, qui, pense-t-il, prend l᾽ensemble de la famille pour des imbéciles.
580. On pourrait aisément comprendre aussi le personnage est cohérent avec lui-même, mais ce serait un contresens, car ce n᾽est pas Lachès qui a dit "rus abdidit sese", mais Parménon.
581. Remarque portant sur la morphologie. Donat remarque une forme thématique concurrente à la forme classique, athématique, du pronom personnel partitif de 2e personne du pluriel. Donat lève en même temps une ambiguïté car on devrait comprendre "chacun des vôtres" et non "chacune de vous deux", d᾽autant que Térence utilise un pronom "quisque" au masculin.
582. Par exemple, Plaut. Aul. 321 : "sed uter uestrorum est celerior? " (mais lequel de vous deux est le plus rapide ?).
583. En réalité ce que commente ici Donat est plutôt la fin du vers "ego ero fama foris", où Lachès envisage très sérieusement les ravages que l᾽attitude de Sostrata peut faire sur la réputation de sa maisonnée.
584. Le commentaire n᾽est pas limpide et le texte n᾽est pas absolument sûr. Lachès emploie "odium" alors que, dans des relations familiales normales, on attendrait "amor". Mais Donat avec "pro merito" remarque que ce qui est normal et mérité entre une belle-fille et sa belle-mère, l᾽amour, Sostrata, par ses méchancetés, ne l᾽a pas mérité. Elle est donc récompensée dignement de sa malignité.
585. Le texte ici est particulièrement délicat et sans doute largement corrompu dans les manuscrits.
586. Par "id est", Donat explicite ce que n᾽a pas cru ("non credidi") Lachès.
587. Le rapport entre cette citation et le présent passage est assez flou. Ce qui peut l᾽expliquer est que Simon s᾽en prend à son esclave au lieu de s᾽en prendre à son fils.
588. Ici évidemment le rapport est manifeste, la situation étant quasiment identique.
589. Donat commente la mauvaise foi de Lachès : il semble se sacrifier en allant à la campagne, mais Donat suggère qu᾽il le fait par plaisir (Cf. discours de Parménon).
590. Lachès grossit ainsi sa faveur, en multipliant le nombre des bénéficiaires.
591. Dans "pro qualitate sua", le réfléchi renvoie, comme de juste, au sujet de "seruire" ; selon la nature de la personne en relation avec le bien, "elle lui commande" (et l᾽argent est en relation de servitude envers elle, soit sujet du verbe "seruire") ou en est dépendante (et est dans une relation de servitude à l᾽argent, soit sujet du verbe "seruire"). Donat insiste dans cette scholie sur la nuance de sens que peut prendre le verbe "seruire" selon qu᾽il est en bonne ou mauvaise part ("servir quelque chose en vue d᾽un profit" ou "être en état de servitude"), ainsi que, de façon plus sociologique, sur le rapport des hommes à l᾽argent selon leur appartenance sociale.
592. La maxime horatienne est indépendante de son contexte, et c᾽est bien ainsi que Donat la remploie.
593. Le commentaire porte donc, ainsi qu᾽à la scholie 1, sur l᾽accord de proximité de l᾽adjectif avec le premier substantif et lui seul : "hanc uitam urbanam et otium, uestros sumptus et otium". Et dans les deux références, le second substantif se trouve être "otium".
594. Donat précise clairement que le monde de la comédie est celui des gens modestes, alors que les grands de ce monde paraissent dans la tragédie. Sur cette partition voir Evanthius 2, 6.
595. Le contexte est ici amusant, car Donat choisit pour les récriminations de Lachès un passage où Enée plaint son propre père, Anchise. Lachès y trouve évidemment une nouvelle dignité.
596. Donat ne demande pas à Sostrata de rendre heureux son mari, car il sait qu᾽elle en est incapable, puisque, comme il l᾽a noté, l᾽amour entre eux s᾽est éteint, mais, au moins, qu᾽elle évite de le tourmenter. La "cura", terme érotique bien connu pour désigner "les soins" des amants pour leur belle est ici détournée et ramenée à son contenu le plus trivial.
597. Cette "differentia", dont Donat n᾽est pas absolument certain, ne se rencontre pas chez Isidore qui en Diff. 412 nous dit "operam quae sit, opera quod fit" ("opera", c᾽est ce qui est, "opus", c᾽est ce qui se produit).
598. Il n᾽y a pas de contradiction entre les scholies 229, 1 et 229, 2 et 3. Donat dit d᾽abord (229, 1) que "sola" ne peut signifier ici que Sostrata était seule physiquement, puisque sa bru était là (mettons que Pamphile était en voyage). Puis (229, 2 et 3), Donat dit que "sola" s᾽entend "seule à la tête de la maison", et qu᾽ainsi le fils et sa femme, qui n᾽ont pas d᾽autorité sur la demeure paternelle, peuvent bien être présents, cela ne change rien.
599. Sur l᾽usage des noms propres, voir par exemple Eun. 327, à confirmer par l᾽apparent contre-exemple de Eun. 823. Sur d᾽autres aspects du nom, voir par exemple Eun. 871.
600. Le rapport entre la scholie et la citation n᾽apparaît pas immédiatement ; en effet, la reine Amata s᾽adresse à Turnus seul, et utilise une 2e personne du singulier de l᾽impératif. En fait, Servius auctus nous donne le lien en commentant : " et alibi pluralem pro singulari, ut "desiste manum committere Teucris", cum solus esset Aeneas" (et ailleurs pluriel pour singulier, comme "desiste manum committere Teucris", alors qu᾽Enée est seul en cause). C᾽est donc "Teucris" qui est un pluriel pour un singulier, et non la forme du verbe.
601. On se demande si Donat commente ici la reprise de l᾽apposition "te sola Sostrata" (v. 229) par le pronom personnel de 2e personne pluriel, "uos" (v. 230), qui aurait exactement le même référent, et serait en cela une figure à lui seul (pluriel pour singulier) ou s᾽il remarque juste la proximité physique de deux pronoms de P2, l᾽un singulier, ayant pour référence la seule Sostrata (c᾽est le cas de le dire), l᾽autre pluriel, renvoyant à Sostrata et à Philumène.
602. Donat commente évidemment le "dices" de Lachès, qui suppose ce que Sostrata va dire pour sa défense.
603. Voir 206.
604. Le renvoi de Sostrata à la figure de Verrès, le corrompu malfaisant, est évidemment voulu pour déconsidérer encore le personnage.
605. Jeu de mots difficile à rendre dans le commentaire. "Delinquere" qui signifie "commettre un délit", signifie également "faire défaut", avec le sens propre de "linquere" (laisser). Ici l᾽idée est que plus Sostrata dépense de malice, plus elle en a.
606. Ici de toute évidence, il faut voir une trace de compilation, les commentaires se faisant extrêmement répétitifs.
607. On peut se demander si Donat a raison sur la condamnation de la reformulation, mais il a certainement raison sur celle de l᾽ironie, car Lachès parle tout à fait sérieusement.
608. Sur la dérivation de la cause, voir And. 820., et Pho. 281, 4.
609. Commentaire qui porte sur l᾽emploi de "plus", car "cum... una …" est habituel, et très présent chez Térence. Cet emploi de "plus" au lieu de "diutius" peut appartenir à la langue populaire.
610. Comprendre "sinon parce que tu es odieuse, et que personne ne voulait plus te voir dans cette famille".
611. Cf. note apposée au texte latin. Il s᾽agit, exceptionnellement, d᾽un commentaire de métrique.
612. Donat fait ici l᾽étymologie de l᾽adverbe "oppido", en expliquant qu᾽il vient du datif du nom "oppidum", complément du verbe "sufficere". Lorsque la production agricole suffisait "à leur consommation" ("sibi") et "à celle de la ville" ("oppido"), c᾽est que la récolte était abondante, d᾽où le sens de l᾽adverbe. L᾽étymologie est aussi chez Festus (201, 9 Lindsay) : "Oppido ualde multum. Ortum est [autem] hoc uerbum ex sermone inter se confabulantium, quantum quisque frugum faceret, utque multitudo significaretur, saepe respondebatur, quantum uel oppido satis esset. Hinc in consuetudinem uenit, ut diceretur oppido pro ualde multum. Itaque si qui in aliis rebus eo utuntur, ut puta si qui dicat oppido didici, specatui, ambulaui, errant, quia nulli eorum subici potest, uel quod satis est" ("Oppido" signifie "ualde multum" (vraiment beaucoup). Ce mot vient du discours tenu par ceux qui s᾽entretiennent de l᾽importance de la récolte de chacun, et pour exprimer l᾽abondance, souvent on répondait qu᾽il y en avait autant que de nécessaire pour la ville ("oppido"). De là on a pris l᾽habitude de dire "oppido" pour "ualde multum". Ainsi si quelqu᾽un utilise "oppido" dans un autre contexte, comme par exemple si quelqu᾽un dit "oppido didici", "oppido spectaui", "oppido ambulaui", il se trompe, parce que à aucun de ces exemples on ne peut joindre "uel quod satis est" (c᾽est-à-dire autant que nécessaire)).
613. Donat veut dire qu᾽il faut rattacher pour le paradigme "uestrarum" à l᾽adjectif possessif "uester", mais, pour le sens, au pronom de deuxième personne du pluriel "uos" dans son génitif partitif "uestrum".
614. "Quin" est difficile pour les élèves de Donat et il s᾽attache à chaque emploi à préciser ce qu᾽il veut dire, voir 65.
615. Comprendre "contre l᾽espèce que constitue la catégorie des belles-mères".
616. Cf. 201, 1.
617. Notez l᾽intégration de l᾽autonyme "impulsu", au génitif car senti comme C. du nom "repetitio".
618. Ce qui intéresse Donat est évidemment la répétition expressive et le chiasme.
619. Sur les couleurs, voir 146.
620. Donat commente ici un jeu de scène induit par le fait que Philumène, qui est une jeune fille libre, ne doit pas parler sur le théâtre pour ne pas contrevenir aux bienséances. Il faut donc que Phidippe s᾽adresse à elle en sortant de la maison, pour pouvoir lui parler quand même sans qu᾽elle paraisse.
621. Le rapprochement est particulièrement pertinent puisque Les Adelphes pose précisément clairement la question du type d᾽éducation, sévère ou coulante, qu᾽il faut donner aux adolescents.
622. Ce commentaire est étrange dans le contexte, et cette généralité s᾽applique bien mal à la situation. Donat semble dire que tout écart par rapport au strict usage de ses droits est un aveu de faiblesse, ce qui en un sens est la situation de Phidippe, mais, en même temps, le vieil homme se montre comme il l᾽a dit "mitis" et donc sympathique.
623. Il y a sans doute ici plusieurs strates de texte, mal combinées par le compilateur.
624. Donat dégage clairement deux sèmes complémentaires dans le mot "libido". D᾽un côté cela implique la volonté ou le désir, de l᾽autre côté, cette volonté ou ce désir s᾽exercent de façon déraisonnable ou désordonnée.
625. Malgré sa douceur, Phidippe est sensible au scandale de la situation, c᾽est pourquoi il ne peut considérer l᾽acte de Philumène comme relevant du raisonnable ("uoluntas") et le renvoie au caprice ("libido").
626. Comprendre à la place de "ex hoc". C᾽est par exemple le texte du Codex Bembinus, les Iouiniani ayant "ex hoc".
627. L᾽absence de déterminant au segment "quid siet" invite en effet à suppléer un tour du genre "de + abl." (" ce qu᾽il en est de..."), mais la refomulation de Donat est bien plus abrupte, littéralement "ce qui est de l᾽affaire, ce qui est de la bru".
628. Comme à son habitude, Donat recrée une situation judiciaire : Lachès est le demandeur, et Phidippe l᾽accusé d᾽avoir cédé à sa fille et provoqué un scandale.
629. C᾽est-à-dire reposant sur la comparaison des caractères des deux parties. En même temps, on voit bien que Donat sent derrière cette "causa" (Phidippe a -t-il eu raison de céder à sa fille ?) une "quaestio" d᾽ordre général (faut-il être à ce point indulgent envers ses proches ?).
630. Donat remarque que la première proposition est une subordonnée conjonctive introduite par "etsi", il attend donc dans la principale un adverbe qui lui réponde "tamen", or la seconde proposition est introduite par une conjonction de coordination, qui relie en réalité une principale et sa subordonnée, ce qui choque nettement le grammairien.
631. Dans la majorité de ses emplois, l᾽adverbe "eia" marque l᾽étonnement, mais souvent avec une idée d᾽encouragement.
632. Car deux adverbes de sens identique se succèdent, Donat se souvenant que "uero" signifie à l᾽origine "vraiment".
633. Comprendre qu᾽il faut faire de "itidem" le corrélatif de "ut".
634. C᾽est le moment de son discours où Lachès établit les griefs qu᾽il a contre Phidippe et les siens : 1- l᾽attitude du vieillard est indécente, 2-elle est hypocrite.
635. C᾽est le nœud du débat. Phidippe a évidemment le droit de conserver une vie privée qui ne regarde pas Lachès, mais il doit se donner comme limite de ne pas remettre en cause les engagements envers Lachès et les siens qu᾽il a lui-même pris en mariant sa fille.
636. La "purgatio" appartient à la "concessio", c᾽est-à-dire aux cas où nous reconnaissons la faute qui nous est reprochée, mais tentons de réduire notre culpabilité (Cic. Inv. 2, 94). La "refutatio" au contraire consiste à démonter entièrement l᾽accusation sans accepter de reconnaître la moindre responsabilité dans le délit (Cic. Top. 93, 1).
637. En effet, des trois états de la cause, "conjectural, légal, juridiciare", seul le premier permet la réfutation, car dans les deux autres, il faut que les deux parties soient au moins d᾽accord sur l᾽existence des faits, puisqu᾽on va s᾽appuyer sur l᾽examen des faits à la lumière de la loi, ou sur leur examen à la lumière des justifications possibles de l᾽acte (Cic. Inv. 1, 18-21).
638. En ce qu᾽elle implique que derrière les enfants mariés toute la famille agit en sous-main.
639. On peut se demander à quoi sert cette citation, sinon à montrer un autre exemple de l᾽ablatif absolu avec "iudice". La citation peut toutefois servir à rappeler qu᾽il ne s᾽agit pas d᾽un vrai procès, mais d᾽une comédie, et que les personnages "jouent au tribunal" pour exposer leurs griefs, comme dans la fiction littéraire virgilienne.
640. Donat réfléchit sur la qualité du juge Phidippe qui peut être "juge et partie" de deux manières. Soit parce qu᾽il a quelque chose à se reprocher, soit parce qu᾽il en veut à Lachès. Dans les deux cas il favorisera son camp, pour se protéger ou pour nuire à son adversaire.
641. Car il s᾽agit de souligner que la jeune femme serait parfaitement bien soignée chez son mari et n᾽a donc pas besoin d᾽aller chez ses parents. Insinuer le contraire serait donc calomnier la maison de Lachès.
642. Donat signale qu᾽une complétive niée après un verbe de crainte (ici "metuere") peut être introduite par "ut" au lieu de l᾽habituel "ne non". Ce tour n᾽est sans doute pas familier à ses lecteurs car il le signale à plusieurs reprises (Ad. 627, 1 par exemple).
643. Donat signale la portée de l᾽adverbe "satis" qui, malgré l᾽ordre des mots, porte non sur le verbe "metuis" (tu crains suffisamment), mais sur l᾽adverbe "diligenter" (assez attentivement).
644. Donat comment ici l᾽emploi du datif "illi", qu᾽il compare à "liberis", dans une situation qui expose des liens de parenté. L᾽absence de tout contexte pour ce fragment connu par cette seule attestation interdit de pousser plus loin le rapprochement.
645. Le raccourci est loin d᾽être aussi évident dans le texte de Térence que dans l᾽emploi de "nate" comme équivalent d᾽une subordonnée concessive. Donat veut sans doute que l᾽on comprenne "même s᾽il est vrai que, parce que tu es son père, je devrais te l᾽accorder".
646. Aimer sa bru pour elle-même pourrait en effet laisser croire à des sentiments troubles de la part du beau-père.
647. Cf. la scholie précédente : Lachès dit que son fils aime sa femme, et c᾽est pour cette raison que lui aussi l᾽aime ("causam sui amoris"), puisque Donat nous a dit que c᾽était la seule raison pour laquelle un beau-père doit, selon les convenances, apprécier l᾽épouse de son fils.
648. Donat cite les paroles de Parménon précédemment prononcées confirmant l᾽amour de Pamphile pour sa femme.
649. Parce que tous deux l᾽aiment comme il se doit, en respectant la place que chacun doit tenir.
650. En réalité Donat commente plutôt ici la fin du vers.
651. C᾽est-à-dire comme l᾽a fait Lachès dans la réplique précédente.
652. Le "remotiuus status", ou la "remotio criminis", est le procédé par lequel, tout en admettant une faute, on la fait retomber sur quelqu᾽un d᾽autre. Cf. Cic. Inv. 1, 15 ; 2, 71 ; Quint. 7, 4, 13-14 ; Isid. Etym. 2, 5, 6. Voir aussi H. Lausberg, D. E. Orton & R. Dean Anderson, Handbook of Literary Rhetoric, Brill, Leiden, 1998, § 183-185, p. 77.
653. La "relatiua qualitas", ou la "relatio criminis", est le procédé par lequel, tout en admettant une faute, on en fait retomber la responsabilité sur la victime. C᾽est le cadre de la légitime défense : "je l᾽ai certes tué, mais il me menaçait". Cf. Cic. Inv. 2, 71 ; Quint. 7, 4, 18. Voir aussi H. Lausberg, D. E. Orton & R. Dean Anderson, Handbook of Literary Rhetoric, Brill, Leiden, 1998, § 179-180, p. 75.
654. Comme à plusieurs reprises déjà, Donat souligne que les personnages de cette pièce représentent en fait des "familiae" aux intérêts divergents.
655. L᾽antapodose est une réponse qui correspond, membre par membre, à l᾽argumentaire de l᾽adversaire.
656. Cf. v. 258, "ita me di ament".
657. Phidippe en appelle à la confiance de Lachès, ce qui est évidemment plus adroit que de prononcer un serment, car cela implique une réaction de son adversaire. Si Lachès lui refuse sa confiance, c᾽est lui qui se mettra en faute.
658. Commentaire semblable en Eun. 44.
659. Donat commente ici la valeur intensive du préverbe.
660. Au sens propre "perduro" signifie "endurcir", et Donat joue donc sur le double sens de "perdurare" "endurcir" ou "tenir le coup". Philumène n᾽a pas pu s᾽endurcir assez pour résister à Sostrata car elle est une faible femme ("muliebriter"), et donc, elle n᾽a pas tenu le coup devant l᾽attitude odieuse de sa belle-mère.
661. S᾽il avait dit "tibi", il mettait directement en cause Lachès, en généralisant, il refuse toute attaque "ad hominem" et donc dilue la faute.
662. Donat oppose l᾽expression "animo leni natus" à "animo leni", en disant que la première est complète alors que la seconde est elliptique. Nous ne dirions sans doute pas cela, car le syntagme "animo leni" se suffit à lui-même, comme complément de qualité à l᾽ablatif.
663. Et qui, de ce fait, contribue à la "purgatio" de Phidippe.
664. Donat nous dit ici que l᾽interjection de Lachès à Sostrata comprend, de façon tacite, le rappel des paroles qu᾽elle a proférées au vers 228, lorsqu᾽elle disait que rien n᾽était de sa faute ; Phidippe dit de même, ce qui revient à dire qu᾽il faut trouver le coupable, donc remettre en question l᾽affirmation de Sostrata.
665. Il s᾽agit sans doute de protéger les poètes y compris comiques contre l᾽accusation d᾽"eloquentia canina" (diffamation). On sait que la protection de la réputation des personnes est un des fondements du droit des citoyens romains.
666. La citation de Virgile fait allusion aux belles-mères empoisonneuses, ce qui pourrait passer pour l᾽exact contraire de ce que dit ici Donat, mais ce qui intéresse le grammairien, c᾽est "saepe" et "malae" deux modalisateurs qui impliquent que toutes les belles-mères ne sont pas mauvaises et que toutes les mauvaises belles-mères ne sont pas, pour autant, des empoisonneuses (au moins au sens propre).
667. Autrement dit une belle-mère qui n᾽est pas méchante est si rare que, pour que l᾽on croie que Sostrata n᾽est pas l᾽horrible personne décrite par Lachès, il faut au moins un serment.
668. Donat ajoute "in eo" pour éviter l᾽anacoluthe entre "quod me accusat nunc uir" et "sum extra noxiam".
669. Cette proposition de Donat confirme qu᾽il veut éviter l᾽anacoluthe entre principale et subordonnée, puisque "propter quod" peut à la fois être le complément de "accusat" et de "sum extra noxiam".
670. Sur les noms relatifs voir la note à Ad. 31.
671. Même si l᾽énoncé "inducere animum" n᾽est pas familier aux auditeurs de Donat, la reformulation qu᾽il en propose (à supposer que le texte ne soit pas corrompu) est pour le moins confuse et sans intérêt explicatif réel.
672. Le serment complet est en réalité "ita me di ament" en 276.
673. Donat signale ici un emploi peu fréquent de "qui", non pas pronom relatif mais adverbe interrogatif indirect, ancien ablatif de "quis", signifiant "comment".
674. Que Sostrata attende le retour de son fils n᾽a rien de troublant, mais comme Térence écrit qu᾽elle l᾽attend "multis modis", Donat se demande ce que veut dire cet ablatif. Il sert en réalité à montrer que Sostrata n᾽est pas seulement une bonne mère, mais une mère particulièrement anxieuse.
675. Une nouvelle fois, Donat se préoccupe de la conformité générique. Le vocabulaire (par exemple l᾽adjectif "acerba" de ce premier vers de la scène), l᾽hyperbole ("personne plus que moi"), le ton exclamatif, l᾽allusion au suicide du vers 282, etc., tout concourt à donner un ton para-tragique à cette entrée de Pamphile. Donat veille donc à dédouaner son poète de s᾽être trompé de genre : tout cela naît de l᾽amour, et nous sommes donc bien dans la caractérologie du jeune amoureux de comédie. Notons l᾽hésitation intéressante des mss. sur le mot "conturbati" : il semble que le ms. Cujas, perdu pour nous, ait porté la leçon "coturnati", ce qui revient à dire "tragici" puisque le cothurne est un accessoire emblématique de la tragédie. Du coup, il semble que le tour "coturnati et tragici" fasse pléonasme. Nous avons adopté la leçon "conturbati" des mss. que nous possédons et supposons que l᾽adjectif, dans son rapport à "tragici", signale le trouble et l᾽agitation des sentiments. Notre traduction par "pathétiques", un peu forcée sans doute (on a pensé aussi à "passionnés"), veut rendre compte de la relation explicite que les Latins font entre la famille de "turba" (et surtout "perturbatus", "perturbatio") avec la famille de πάθος dans le vocabulaire des passions. Voir par ex. Cic. Fin. 3, 35 ; Tusc. 3, 7 ; 4, 10 ; Off. 2, 18 ; Or. 128, etc.
676. Donat signale ici une phrase nominale à l᾽accusatif exclamatif et précise qu᾽elle est auto-suffisante, représentant à elle seule un argument. En quelque sorte, la valeur illocutoire de l᾽énoncé exclamatif est suffisante pour marquer la plainte. Sur ces énoncés, voir Vairel-Carron 1975.
677. Donat distingue deux formes de parfait pour le verbe "parcere", "parsi" et "peperci", dont il répartit l᾽emploi selon les différentes dénotations du verbe. Les deux formes existent bien (ainsi qu᾽un sporadique "parcui"), "parsi" étant apparemment utilisé chez les auteurs archaïques, mais il n᾽est pas sûr que la distinction d᾽emploi soit fondée. Diomède (GL 1, 368, 7 sq.) signale une differentia autrement critérisée : "sic enim melius ueteres, parsi, declinant. nam parsimoniam, non parcimoniam dicimus. uolunt autem quidam grammatici differre, ut parsi semel quid factum significet, peperci autem et semel et saepius" (C᾽est ainsi que les Anciens, à meilleur titre, conjuguaient au parfait "parsi". Car on dit "parsimonia" et non "parcimonia". Mais certains grammairiens sont d᾽avis que la différence entre les deux formes c᾽est que "parsi" se dit d᾽un événement ponctuel, "peperci" d᾽un événement soit ponctuel soit répété). C᾽est aussi l᾽avis de Charisius (Charisii ars, K. Barwick 1964²: 390, 25).
678. Trace de la mise en scène imaginaire que se fait Donat du texte.
679. Cette réflexion de Pamphile est celle de l᾽homme touché par l᾽adversité qui évoque une autre forme qu᾽aurait pu prendre sa vie, d᾽où le terme de "comparatio" employé par Donat. Il y a, de toute façon, une comparaison syntaxique ("quanto... quam") qui justifie à soi seule cette remarque.
680. Le caractère hyperbolique de la "haine de l᾽endroit" est, chez Virgile, marqué par le fait que l᾽auteur de cet énoncé est un Grec, Achéménide, qui préfère aller ailleurs avec ses pires ennemis, les Troyens, y compris à la mort, plutôt que de rester dans l᾽île où l᾽ont abandonné ses compatriotes.
681. Dans le groupe "ubiuis gentium", le génitif partitif (qui connaît des variantes, dont "terrae") est en effet inutile, comme "au monde" dans "personne au monde" ou "n᾽importe où au monde". Donat fait cette même remarque en Ad. 540, 4.
682. Le propos de Donat porte sur la comparaison qu᾽il y a entre "hancine uitam" et "ubiuis gentium" (cf. scholie 284, 1, et sa note), et le grammairien met sans doute en valeur pour ses élèves l᾽opposition entre le démonstratif de première personne "hanc" renforcé par la particule interro-exclamative "-ne" et l᾽indéfini "ubiuis" : de la remarque auto-centrée ("cette vie qui est la mienne"), spécifique et déterminée, on passe à une généralisation indéterminée.
683. On remarque que Donat est à nouveau ennuyé par la couleur tragique que peut prendre le début de cet acte III. Il s᾽attache donc à démontrer que le ton général de la pièce n᾽est pas altéré ici, n᾽ayant pas vraiment conscience du paratragique qui peut se glisser dans la comédie (Cf. scholie 281, 5). Il va jusqu᾽à reformuler une remarque qu᾽aurait pu faire Pamphile s᾽il avait été personnage tragique, se souvenant que Pamphile revient en effet d᾽un voyage à Imbros dont il est revenu en bateau. Mais sa reformulation ne va pas jusqu᾽à essayer de remplacer le texte térentien par une structure métrique équivalente.
684. Nouvelle touche de la mise en scène psychologisante que Donat se forge.
685. On observe en effet dans le texte de Térence une rupture de construction : "nos omnes", repris par le relatif "quibus" dans la relative qui suit ce syntagme, ne peut être sujet ni COD de la principale ; il lui est rattaché très librement, d᾽où les propositions de Donat ("apud", "penes" dans la scholie suivante, deux prépositions à même de justifier un accusatif, ou datif d᾽intérêt. Il s᾽agit d᾽un emploi de "nominativus pendens", comme dans l᾽exemple cicéronien qui suit, dans la scholie 4).
686. Peut-être Donat veut-il dire que le syntagme "nos omnes" est bâti sur le modèle de "me" dans la phrase précédente. Ce serait donc un accusatif (et non un "nominativus pendens"). Puis le poète aurait changé d᾽idée, laissant le syntagme sans fonction réelle dans la phrase en cours.
687. Voici donc l᾽explication théorique de Donat face à ce problème de construction. Nous aurions peut-être plus volontiers qualifié cette figure d᾽anacoluthe mais Donat doit entendre par syllepse que le discours obéit à la pensée plutôt qu’aux règles grammaticales. De fait, il propose de comprendre que le syntagme "nos omnes" a dans la principale la fonction du relatif qui le représente dans la subordonnée.
688. Reformulation embarrassée. Il faut probablement comprendre, ici, que "hoc est" et sa suite font partie de la reformulation. Ainsi exprimé, l᾽énoncé donne à peu près raison à "nos omnes" (ici sans doute pensé comme un nominatif), introduit par "hoc est", "c᾽est-à-dire nous", avec les pronoms en position d᾽attribut de "hoc". Mais le latin ne s᾽exprime pas ainsi : dans une structure d᾽explicitation en "id est" (ou "hoc est"), le syntagme qui vient en reformulation se met au cas où on l᾽attend dans la phrase et c᾽est plutôt "hoc est nobis omnibus" qu᾽on attendrait dans cette reformulation. Cf. Nicolas (2005, p. 26).
689. Cicéron, Mur. 26. Notons que Donat raccourcit la citation ("Praetor interea ne pulchrum se ac beatum putaret atque aliquid ipse sua sponte loqueretur, ei quoque carmen compositum est" etc.). Dans cet exemple, "praetor" est à coup sûr un "nominativus pendens", alors que "nos omnes" peut être pensé comme un accusatif. On a le sentiment que Donat hésite : accusatif induit analogiquement par le vers précédent (scholie 2) ou par l᾽ellipse d᾽une préposition gouvernant l᾽accusatif (scholies 1-2), ou syllepse de cas ("nos omnes", accusatif ou nominatif ?, mis pour un datif). La comparaison avec le tour cicéronien semble l᾽analyser cette fois assez clairement comme un nominatif.
690. La remarque vaut pour la citation de Cicéron ("praetor... ei"), non pour celle de Térence, dans laquelle il n᾽y a pas de reprise au bon cas du segment "nos omnes".
691. Le texte grec avait dans le ms. Cujas une forme peu claire, mais on le trouve aussi dans VK, très lisible et à peu près conforme à ce que que nous éditons avec Wessner, sauf pour le dernier mot, lu "κινυχηκοτεσ" chez K et "κιγιχηκοτεσ" chez V). Tel que l᾽a reconstitué Sabbadini et que l᾽édite Wessner, il constitue deux trimètres iambiques. Le rapport au texte térentien est évident sur le plan sémantique. Mais peut-être l᾽est-il aussi sur le plan syntaxique : alors qu᾽il vient de s᾽acharner sur la syllepse de cas de Térence, Donat dit "et tout cela est chez Apollodore". Tout quoi ? Le sens ? Ou aussi la construction ? En effet, peut-être Donat fait-il implicitement remarquer dans le grec une syllepse de personne, avec un énoncé qui part comme une généralité de troisième personne du pluriel ("οἱ γὰρ ἀτυχοῦντες", les malchanceux) pour continuer à la première du pluriel, dans une sorte de rupture qu᾽à sa façon Térence aurait voulu imiter.
692. Il s᾽agit sans doute de relever un tour en anacoluthe (voir la scholie suivante) dans lequel le premier élément ici commenté pourrait à la limite fonctionner indépendamment, la relation entre "nos omnes" et "lucrum est" n᾽étant pas grammaticale, puisqu᾽on attendrait "nobis omnibus". Il faut donc comprendre que le segment "nos omnes...labos", représenté inexactement par le lemme, est indépendant de la construction de la suite, dont il dépend cependant pour le sens.
693. Le texte est ici difficile à établir : voir la note apposée au texte latin. L᾽anacoluthe, si c᾽est bien de cela qu᾽il s᾽agit, peut soit porter sur l᾽ensemble des vers 286-287, et non pas spécifiquement sur "rescitum est", ici donné à titre d᾽indice textuel relatif, ou, pourquoi pas ?, porter effectivement sur cette forme verbale. En effet, le pronom neutre "id" paraît reprendre le masculin "labos" de la relative qui précède, dans une certaine rupture de construction, que d᾽ordinaire Donat appelle syllepse (alors qu᾽il appelle en général anacoluthe ce qu᾽il a appelé syllepse dans le vers précédent...) : ainsi si en français nous traduisions "nous à qui une peine est imposée, tout le temps qui se passe avant que cela soit découvert..." (au lieu de "avant qu᾽elle soit découverte"). Cela étant, voir la note apposée au texte français de la scholie suivante.
694. Cette glose très ramassée est curieuse. Les manuscrits n᾽ont d᾽ailleurs pas l᾽intégralité du lemme, le "at" du début ayant été parfois absorbé dans la lacune qui précède et qui concerne un segment écrit en grec. Mais même telle quelle, elle pose un problème d᾽interprétation. Sans doute Donat signale-t-il ici que "at" équivaut à "sed" (ce que l᾽on sait évidemment). Comprenons qu᾽il veut dire qu᾽en toute correction il devrait y avoir "sed". Mais, plutôt que "sed", c᾽est bien "at" qu᾽on attend, au sens de "oui, c᾽est vrai, mais" en début de phrase et même en début de réponse. Du coup, il est possible que le texte soit corrompu et que cette pseudo-glose "(AT)SICSEDSIC" (où "at" lui-même peut avoir été ajouté par une partie de la tradition qui croyait avoir affaire à un lemme et à sa scholie) soit en fait la fin du segment grec qui précède, où il ne serait alors plus question d᾽anacoluthe mais d᾽une figure dont le nom se termine par le suffixe "-σις".
695. Donat explicite ici le "sic" par "quod uenisti et discordias esse didicisti", et reformule la relative consécutive "qui te expedias" tout en donnant "celerius" en synonyme de "citius" et "absoluas" en synonyme d᾽"expedias". L᾽objet de cette pure paraphrase est probablement (mais implicitement) de signaler la valeur de "qui", ici adverbe relatif de manière, seul point de l᾽énoncé à poser éventuellement problème à des élèves du quatrième siècle de notre ère.
696. La scholie est l᾽objet d᾽une étrange redite en 297, 2. En tout cas, il y a ici une explication étymologique un peu cryptée : en utilisant le verbe "expedire", Térence fait référence au sens fondamental de ce verbe parasynthétique : "faire sortir des pieds", "désentraver les pieds". Et son contraire est bien "impedire", que Donat utilise dans l᾽explication lexicologique qu᾽il donne ici. Il redira la même chose au vers 297 en raison de la présence, à nouveau, du même verbe sous la forme "expediui".
697. La citation complète est "Soluite corde metum, Teucri, secludite curas". Le rapport du vers virgilien à la phrase commentée n᾽est pas clair, en dehors du contexte où il est question de rassurer l᾽interlocuteur. Mais les mots de l᾽inquiétude et de l᾽encouragement sont différents, sauf "soluite" et "curas" chez Virgile qui reprennent les mots non de Térence (qui disait "expedias" et "aerumnis") mais ceux de la reformulation de Donat. En quelque sorte, Virgile illustre Donat plutôt que Térence !
698. C᾽est l᾽argumentaire de Parménon qui s᾽oppose à celui de Pamphile sur ce plan. Pamphile est plutôt dans la fuite, Parménon dans l᾽affrontement des soucis en vue de les résoudre.
699. Selon que l᾽on édite ce que nous éditons ou ce qu᾽on lit dans les manuscrits "populus romanus uideret", le sens change dans le détail, mais non globalement. Il s᾽agit toujours de comprendre pourquoi Parménon reste dans le vague. Dans notre hypothèse, la remarque ménage du suspens, et permet de penser que les deux femmes sont coupables et non, comme on le croit, la seule Sostrata. Dans l᾽hypothèse où on conserverait "populus romanus", cela signifierait que dans l᾽original grec, le personnage accusait une seule des deux femmes et que Térence, dans son habileté coutumière, aurait ménagé un suspens inconnu d᾽Apollodore. Comme on ne sait rien du passage correspondant de l᾽original grec, on peut se perdre en supputations sur la valeur de cette hypothèse, sans doute trop implicite dans le commentaire, tel que nous l᾽avons, pour être plausible.
700. Donat insiste sur le caractère ternaire de l᾽énoncé chronologique sans marquer qu᾽il y a aussi une progression, de l᾽ordre de l᾽amplification, dans la masse des trois segments, de plus en plus longs. Implicitement, le caractère tripartite vaut aussi par la simple juxtaposition en asyndète.
701. Chez Quintilien (3, 6, 39), l᾽état de la cause se divise en deux sous-parties, la "substantia" et la "qualitas". La "substance" consiste à débattre de la réalité d᾽un fait : s᾽est-il produit ou non ? La "qualité" consiste à débattre de la nature du délit constitué de façon indéniable. Peu après, au chapitre 42, Quintilien ajoute la notion de "quantitas", le tout fondé sur une typologie cicéronienne (Or. 45). La consolation de Parménon exploite ce filon : certes il y a un souci (on ne débat donc pas "de substantia"), mais c᾽est un petit souci (la question porte "de quantitate" exclusivement).
702. Donat souligne l᾽habileté de Parménon qui, en grossissant l᾽angoisse de Pamphile, l᾽amenuise dans un second temps, puisque cela a pour effet d᾽éloigner d᾽un degré de plus le fantasme (il se passe quelque chose de très grave) de la réalité (c᾽est en fait un souci insignifiant).
703. Donat avait lui-même caractérisé la tirade de Parménon comme un type de consolation. Pamphile, qui a été à bonne école, n᾽en est pas dupe et en joue. Le non-dit que révèle Donat est donc que Parménon s᾽accorde avec lui pour trouver la situation affligeante.
704. Le terme "caput" renvoie ici clairement au début d᾽acte.
705. L᾽"affaire" est donc son mariage avec Philumène.
706. Donat commente "alibi" de deux façons : une première fois comme s᾽il était complément de "deditum", ce qu"il glose par "in meretrice" (j᾽avais l᾽esprit occupé de la courtisane), une deuxième comme complément de lieu, d᾽où l᾽emploi d᾽une préposition différente, "ad". Comme si on opposait en français "J᾽avais l᾽esprit occupé ailleurs" et "Ailleurs, j᾽avais l᾽esprit occupé".
707. Dans ce vers de L᾽Andrienne, 250-251, signifiant "ils nourrissent une espèce de monstre : et comme on ne peut la refiler à personne, on vient vers moi", l᾽amoureux utilise le même verbe "obtrudo". Voir le commentaire de And. 250, 4, et la note.
708. Donat fait remarquer le présent de narration, au lieu de l᾽imparfait duratif du récit ("que mon père cherchait à m᾽imposer"), qui rend le tableau plus frappant.
709. En bon lexicologue, Donat, pour expliquer les différents sens d᾽un mot polysémique, a recours à la méthode des synonymes. Il ne trouve pas mieux, pour illustrer le premier sens, qu᾽un synonyme en grec. Cela lui arrive à l᾽occasion. Signalons tout de même que le mot grec se trouvait dans le ms. Cujas et que la plupart des mss. que nous possédons pensaient avoir ici affaire à du latin ("multis modis" par exemple chez V). Mais K (que Wessner n᾽avait pas consulté) assure la leçon μόλις.
710. Il l᾽a dit en l᾽espèce, mot pour mot, au commentaire de 288, 2 : voir la note.
711. Ici encore, comme en 288, 2, Virgile semble venir en appui de la reformulation de Donat.
712. Il faut comprendre que Pamphile, comme il l᾽a fait à l᾽égard de sa liaison avec Bacchis (voir les scholies 284, 4-5), préfère rester évasif sur les personnes en utilisant des adverbes de lieu ("mon cœur est passé de là à ici") plutôt que des noms communs ("mon cœur est passé de la courtisane à mon épouse"). Cela lui évite sans doute de mettre un nom compromettant ("meretrix") sur sa liaison passée, dont il a honte et qui se révèlerait tout aussi bien par contraste si, la seconde fois, il parlait d᾽une épouse. Il ne désigne donc ni nom propre ni statut social.
713. Si la construction de cette scholie n᾽est pas limpide, l᾽idée de Donat se comprend. "Porro" a pour synonyme "deinde", et "deinde" (comme "porro" par voie de conséquence) a parfois la valeur de connecteur logique dans une énumération ("implicatio") ; énumération d᾽inquiétudes dans le cas présent. La tournure "uim referentis" est assez étrange, mais il nous arrive aussi de prendre de tels raccourcis en français, lorsque nous disons (de manière enfantine ?) que telle chose "signifie quelqu᾽un qui etc.", donnant une illustration au lemme plutôt qu᾽une définition. Ces tournures où un participe remplace un gérondif ou un substantif technique ne sont pas isolées chez Donat : voir par exemple Ph. 201, 5 ("uim cohaerentis", une force de cohésion), 206, 3 ("uim negantis", une valeur négative), 207 ("uim concedentis", une valeur concessive). Ici on pourrait rendre la traduction plus technique en écrivant : "᾽deinde᾽ a parfois une valeur de rappel dans une série continue de malheurs".
714. Comprendre que Pamphile a envisagé le passé ("prius quam", 294, "abstraxi... contuleram", 2297-298), le présent ("noua res orta", 298) et maintenant l᾽avenir, en imaginant les réactions futures de sa mère, de sa femme et de lui-même. Cela ferme la boucle commencée à la scholie 294, 2 : "ante rem, in re, post rem".
715. Implicitement "et non d᾽un adverbe".
716. Peut-être Donat cherche-t-il à justifier l᾽infinitif en disant qu᾽il est régi par un verbe d᾽ordre qui gouverne l᾽infinitive ("iubere"). Il s᾽agit alors d᾽une remarque de syntaxe et de construction des verbes. Mais peut-être est-ce plutôt une remarque sémantique : pour adoucir le propos, justement un peu impie, de ce fils qui envisage les injustices de sa mère, le poète ajoute que la piété filiale lui enjoint de les tolérer.
717. Comprendre qu᾽il rompt un parallélisme attendu avec un génitif dans les deux plateaux de la balance. Donat, sans le dire, illustre un cas de "varietas" térentienne.
718. "Diuturnitas" exprime le duratif, "spatium" le ponctuel aoristique. Mais il faut comprendre que c᾽est dans le cas présent et non en général que l᾽adverbe "olim" exprime la durée. En effet, il est tout à fait habilité aussi à exprimer un moment ponctuel dans le passé (ou dans le futur), au sens de "un jour".
719. Implicitement, Donat signale une amplification : 1. elle l᾽a supporté ; 2. et pourtant il avait objectivement des torts à son endroit ; 3. et en plus elle n᾽a rien dit.
720. Donat analyse visiblement "quae" comme un accusatif neutre pluriel, mais on l᾽analyserait plus volontiers comme un nominatif féminin singulier, sujet de "patefecit" et ayant pour antécédent Philumène, puisque "tot meas iniurias" est déjà COD (certes, en prolepse) de "patefecit". Du coup nous comprenons sa scholie comme signifiant que "quae" n᾽a pas pour antécédent le seul mot "iniurias" mais l᾽ensemble des propositions qui précèdent et prend le sens de "choses que jamais elle n᾽a révélées".
721. Donat reprend ici la structure en deux temps du vers 305 de Térence.
722. Les éditions consensuelles de Térence donnent ici "Haud quidem hercle : paruom. Si uis uero"... On suppose que l᾽abréviation "e." du lemme correspond à "est". De fait, plusieurs mss. de Térence ont "paruom est". La présence du verbe est, au demeurant, indifférente métriquement.
723. "Vero" est un adverbe au sens de "vraiment" : "si tu veux vraiment..." ; c᾽est une conjonction au sens de "mais" : "mais si tu veux..." ; c᾽est (plus acrobatiquement) un nom, en réalité un adjectif substantivé au datif, au sens de "la vérité" : "si tu veux poursuivre pour la vérité une vraie méthode"...
724. C᾽est-à-dire la réplique de Parménon que Donat commente, celle qui se trouve juste après le "necesse est" de Pamphile.
725. Telle quelle, la réplique de Parménon est elliptique, faute de verbe. L᾽idée est donc qu᾽elle s᾽appuie sur le verbe de la réplique de Pamphile, c᾽est-à-dire la structure "necesse est euenisse", ce qui ne peut se faire que sur le début, non sur la fin (comme le dit avec ses termes la fin de la scholie). Si l᾽on développe le début de la réplique en s᾽appuyant sur ce que dit Donat, cela donne "Haud quidem paruom necesse est euenire", c᾽est-à-dire "il n᾽est même pas nécessaire qu᾽il soit arrivé quelque chose de petit". Cette ellipse en cache une autre, dans un raisonnement a fortiori : puisque même le peu important n᾽est pas nécessairement arrivé, a fortiori il n᾽est rien arrivé d᾽important.
726. Donat fait une remarque de morphosyntaxe. Il faut comprendre que "irae" n᾽est pas le génitif singulier complément du nom "iniurias" (les injustices dues à la colère), mais implicitement le sujet de "faciunt", donc nominatif pluriel.
727. Sur le texte de ce passage, voir la note apposée au texte latin. La métalepse consiste ici à inverser dans l᾽énoncé sentencieux de l᾽esclave le sujet et le COD par rapport à ce qu᾽on attendrait : "les grandes injustices produisent les grandes colères", qui devient chez Parménon un proverbe burlesque "les grandes colères produisent les grandes injustices".
728. Donat ne semble pas pencher pour cette solution ; en effet, il n᾽est pas besoin d᾽entendre "facere" comme "montrer, prouver", mais il peut se comprendre ici dans son sens premier de "provoquer, créer", si l᾽auteur veut dire que ce n᾽est pas la colère qui crée la faute (ce qui n᾽est certes guère différent du verbe "prouver"), et, partant, ce n᾽est pas l᾽importance de la colère qui "fait" l᾽importance de la faute. Et c᾽est là le caractère double de l᾽affirmation de Parménon que commente Donat à la scholie suivante, qui porte sur le sens de la phrase et non sur sa syntaxe. Dans la scholie suivante (307, 4), Donat semble se contredire, puisqu᾽il dit "faciunt pro ostendunt" quand il avait paru rejeter cette interprétation du verbe "facere". Peut-être est-ce là le résultat d᾽une compilation de plusieurs strates du texte, ou bien Donat revient-il sur ce qu᾽il avait rejeté en raison de la proximité sémantique qui semble finalement se faire jour entre les deux verbes dans l᾽expression si bien commentée.
729. Donat s᾽ingénie à simplifier le tour très alambiqué de Parménon. Il relève une difficulté syntaxique, qui consiste en la présence d᾽une relative qui a attiré son antécédent, d᾽où "quibus in rebus" pour "in eis rebus in quibus" (dans cette situation dans laquelle) ; d᾽autre part une seconde difficulté de syntaxe qui se mue en une difficulté de vocabulaire puisque, dans des relatives de ce genre, il est d᾽usage qu᾽on reprenne l᾽antécédent attiré dans la relative au moyen d᾽un pronom de rappel ; or ici, sans raison apparente, Parménon reprend le mot "res" non pas par un simple anaphorique "de eis" (sous-entendu "rebus") mais par le tour "de eadem causa". Changement de mot, de nombre, entrave à l᾽usage... C᾽est peut-être en cela qu᾽il parle comme un esclave, dans un style amphigourique qu᾽il ne maîtrise pas pleinement.
730. La differentia entre "iratus" (en colère) et "iracundus" (colérique), sur le critère de la fréquence ou, mieux, sur celui de l᾽opposition conjoncturel vs structurel, recoupe celle d᾽"ira" et d᾽"iracundia" et se retrouve ailleurs dans le commentaire : voir Ad. 755, 2 ; 794, 2 ; Ph. 189, 5 ; 185, 4 (dans une moindre mesure).
731. C᾽est-à-dire que Parménon fait une comparaison entre les femmes et les enfants.
732. La proposition est, avec "quam", clairement exclamative. Mais peut-être faut-il comprendre que la phrase doit aller jusqu᾽à "quapropter" ("les enfants, comme ils se querellent pour des broutilles, pourquoi ?").
733. Donat veut dire qu᾽à la question posée par "quapropter" répond la proposition dont "enim" fait partie. Comprendre qu᾽il y a dans "quapropter" une demande, et dans "enim" une réponse à cette demande.
734. Parménon fait ici les questions et les réponses en maître d᾽école du jeune homme à qui il s᾽efforce d᾽enseigner un peu de dialectique à sa façon.
735. Ce que commente Donat, c᾽est "quia", conjonction causale, notion qui se dit en grec, "αἰτιολογικὴ".
736. Donat semble commenter "gubernat" métaphore navale.
737. En effet l᾽attraction de l᾽antécédent à l᾽intérieur de la relative semble produire ici un "nominativus pendens", "animus". Il est probable que le grammairien préfèrerait "qui gubernat eos, animum infirmum gerunt".
738. C᾽est-à-dire toutes ces particularités grammaticales et stylistiques. Parménon est ridicule dans sa dialectique, il se met en scène en train de faire sa leçon et il parle de manière presque incorrecte. Sur le texte de l᾽ensemble du commentaire de ce vers, voir la note apposée au texte latin.
739. Comprendre "entre les enfants (comparant) et les femmes (comparé)".
740. Sur cette étrange reformulation, voir la note apposée au texte latin. Donat veut dire que "fortasse" peut se joindre à l᾽infinitif avec valeur hypothétique dans l᾽ancienne langue, et non au seul subjonctif, comme de son temps.
741. Ici "prouerbiale" signifie "expression toute faite" et non "proverbe" au sens strict. Donat relève des locutions latines et grecques caractérisées par le rapprochement asyndétique de deux adverbes de sens complémentaire auxquelles on peut comparer le français "deçà delà" ou "comme ci comme ça".
742. Il semblerait que Donat soit le seul à utiliser ce déverbal sur "cursare".
743. Sans doute parce que les uns s᾽interrogent quand les autres, qui savent réellement ce qu᾽il en est, doivent agir pour que l᾽accouchement se passe bien.
744. L᾽invocation à Junon Lucine est de mise dans les accouchements. Comme on accouche souvent dans les comédies romaines, l᾽invocation devient donc un code pour le spectateur autant que pour les personnages. Voir And. Praef. 1, 9 ; And. 473, 4 ; Ad. 487, 1 et la note de fin de scholie. Ici Donat semble dire que Térence joue avec le code : le spectateur comprend qu᾽il s᾽agit d᾽un accouchement secret mais Pamphile croit qu᾽il s᾽agit d᾽une maladie de son épouse bien-aimée.
745. Donat signale l᾽emploi du verbe "uideor" qui, avant de signifier "sembler" est le passif du verbe "voir". Il en conclut donc qu᾽on utilise un verbe de vision pour toutes sortes de perceptions imprécises. Chez Térence, on croit "voir" la voix de la belle-mère, chez Virgile, on croit "voir" le hurlement des chiens. Même type de réflexion et même illustration en Eun. 454, 2. En même temps, son expression est un peu forcée car on a l᾽impression qu᾽il donne à "uisa" le statut de nom commun terminologique (on appelle "visions" toutes les sortes de perception). Or là c᾽est erroné : c᾽est vrai seulement pour le participe "uisa", de "uideor". Mais "uisum", terme technique, implique bien le sens de la vue.
746. Donat fait une note de caractérologie. Seul un amoureux peut argumenter en disant "je n᾽existe plus parce que je suis mort".
747. Donat dit "rursus" parce que Pamphile, absorbé dans son espionnage, avait provisoirement cessé de se plaindre.
748. L᾽argument de Parménon est une minoration de l᾽événement. Il doit seulement s᾽agir, dit-il, d᾽une de ces angoisses féminines irrationnelles. Le terme ἐξουθενισμός caractérise le dédain qu᾽on a d᾽une chose ou d᾽une personne ou de la désinvolture à l᾽égard d᾽une situation qui pourrait paraître grave. Donat l᾽utilise à l᾽occasion : voir Eun. 982, 1 ; Ad. 119, 3 ; 729, 1 ; et dans ce même commentaire, Hec. 36 et 551, 4.
749. La citation exacte est : "Nam ut in naui uecta es, credo, timida es". Donat la cite de mémoire et l᾽utilise en d᾽autres occasions, sous cette même forme inexacte (en sorte qu᾽on peut croire qu᾽il ne lit pas le même texte de Plaute que nous) : voir Ad. 305 ; Eun. 642, 2 ; Ph. 284. Ici, le raisonnement lexicologique est forcé. Il faut expliquer l᾽emploi y compris dans la sphère physique du verbe fréquentatif "pauitare" ; mais Donat part en fait de "pauere", verbe de base, qu᾽il associe dans la foulée à "timere", et illustre le tout par l᾽adjectif "timidus". De proche en proche, il s᾽est bein éloigné de son point de départ. Ces à-peu-près (utilisation d᾽un mot de même famille ou d᾽un synonyme pour illustrer le terme de départ) sont constants dans la méthode lexicographique et étymologique des Latins. Les exemples abondent dans Nonius Marcellus.
750. La peur produit donc des effets clairement physiques, comme la maladie. Il est possible, aussi, que "palpitare uenis" soit un ersatz étymologique pour "pauitare" mais sans qu᾽on puisse le garantir.
751. Verbe présent dans la question de Pamphile, que Parménon sous-entend dans sa réponse.
752. Encore une scholie redite qui témoigne du désordre dans lequel le corpus de scholies a été démembré puis remembré.
753. Comme dans Ph. 201-202, le jeune homme parle à son aimée en son absence. C᾽est cela qui est "amatorius" (voir la même formulation ou à peu près en Ph. 201, 3). Il s᾽agit d᾽une remarque de caractérologie.
754. La glose porte sur "affectam".
755. Ce commentaire retors a pour but de faire émerger la notion de "famille de mots", voire de "racine commune" que ne connaissent pas les Latins. Une forme élégante d᾽autonymie sémiotypique : voir Nicolas (2005 : 425-428).
756. Il va de soi que, dans la caractérologie comique, le personnage d᾽amoureux et celui de mari ne se recoupent pas forcément. Tout dépend de l᾽âge du mari. Si, comme ici, il est "adulescens", alors il est forcément amoureux de sa femme. S᾽il est "senex", alors on s᾽attend à ce qu᾽il soit sans cesse en désaccord avec son épouse. Voir aussi la scholie 361, 1 et la note.
757. Donat explique ailleurs qu᾽il n᾽est de toute façon pas convenable, dans une comédie, de parler de la mort de personnages jeunes (sauf les menaces de suicide des jeunes gens amoureux, auxquelles personne ne croit). Voir par exemple Ph. 750, 2 et 967, 2.
758. On ne voit pas bien ici à qui renvoie le "a ceteris", puisque ni Parménon ni Pamphile (ni Philumène elle-même !) ne le savent non plus. En fait, à ce stade, quelques-uns savent quelque chose (Pamphile sait qu᾽il a violé une jeune fille, Philumène et sa mère savent qu᾽elle a été violée juste avant son mariage), d᾽autres ignorent tout, mais personne n᾽a encore fait le recoupement.
759. Donat signale que Parménon semble répondre à la question d᾽un interlocuteur fictif.
760. D᾽évidence ce verbe déponent gêne les élèves de Donat, qui se sent obligé de le gloser. Voir la scholie Ad. 657, 2.
761. "Illorum" renvoie sans doute plutôt à la famille en bloc (d᾽où le masculin collectif), et en particulier à Philumène.
762. La glose porte implicitement sur "era in crimen ueniet", qu᾽elle paraphrase.
763. En tant qu᾽esclave, Parménon serait torturé pour les besoins de l᾽enquête.
764. Remarque dramaturgique : malgré les précautions de Myrrhina pour que Philumène accouche sans bruit, Sostrata, depuis la maison voisine, a entendu le branle-bas. La topographie scénique rend la chose vraisemblable. C᾽est en même temps une remarque grammaticale sur l᾽emploi du pronom de lieu "hic", qui indique une distance zéro par rapport à l᾽énonciateur : la maison de Myrrhina est donc, quasiment, à une distance zéro de celle de Sostrata.
765. La scholie porte donc implicitement sur le verbe "adgrauescat" absent du lemme.
766. Il s᾽agit peut-être de commenter la double de diathèse de l᾽adjectif "grauis", qui est peut-être mieux compris dans un sens actif, comme chez Térence et Salluste (c᾽est la maladie qui est grave, lourde), que passif, comme chez Virgile (c᾽est le personnage qui est alourdi par la maladie).
767. Donat signale plus d᾽une fois qu᾽il y a chez Térence une volonté de jouer avec les codes comiques en mettant en scène des caractères qui trompent l᾽attente : la courtisane désintéressée et la belle-mère aimante sont des contre-types emblématiques de l᾽art de Térence. Voir : Eun. 37 ; Eun. 198 ; Hec. 276, 1 ; Hec. 727.
768. Cette citation trouve sa pertinence dans l᾽emploi de la préposition "ad" après un verbe de vision.
769. Comprendre à cause de la belle-mère de son fils, Myrrhina, chez qui elle ne saurait rentrer sans y être invitée, d᾽autant que Parménon a révélé qu᾽elle avait été éconduite la veille. On a donc une belle-mère sympathique, partagée entre son devoir de porter secours à sa bru et sa réserve.
770. Parménon accentue l᾽insulte faite à Sostrata la première fois puisque, au lieu de dire simplement qu᾽on l᾽a laissée dehors, il insinue qu᾽on l᾽a chassée après l᾽avoir fait entrer. Cela constitue un degré supplémentaire d᾽affront.
771. Chacun se dénonce plus ou moins volontairement comme de son clan : Parménon se désigne comme "l᾽esclave de Sostrata", donc de l᾽autre maison, Sostrata comme "la mère de Pamphile", plutôt que comme la belle-mère de Philumène. Mais, dans le cas présent, l᾽une des deux appellations implique l᾽autre, dès lors que Pamphile est marié à Philumène. On voit tout de même ce que Sostrata choisit d᾽expliciter et, par là même, ce qu᾽elle laisse implicite.
772. Il reste donc en apparence dans le conseil d᾽ordre général, mais c᾽est bien le conseil "ne m᾽envoie pas là-bas" qui est en sous-jacent.
773. Pour adoucir son propos précédent, qui était effectivement adressé à Sostrata à la seconde personne, il passe à un propos purement général, du niveau de la sententia, pour éviter de dire "tu aimes quelqu᾽un qui te déteste".
774. L᾽argument a un air de généralité qui le fait ressembler à une sententia, non autrement connue sous cette forme. Mais elle sent la sagesse populaire.
775. Si c᾽est une sententia, il manque "eum" (l᾽antécédent de la relative "cui odio ipsus est"), car dans ces maximes générales qui ont vocation à concerner l᾽humanité on parle au masculin (singulier ou pluriel) : c᾽est ce que fait Parménon avec "ipsus" qui, dans ce cas particulier, recouvre en fait la personne de Sostrata. Mais si sous la maxime on veut rejoindre le cas spécifique visé, il manque "eam", représentant Philumène. Mais cela semble incompatible avec le masculin d᾽universalité "ispsus". En tout cas, c᾽est bien l᾽antécédent du pronom "cui" qui manque, ce qui accentue le caractère sententieux de l᾽énoncé de Parménon.
776. L᾽ajout est en fait le deuxième volet de l᾽argument sententieux promis ("bis facere stulto"). Si le premier volet ("c᾽est une attitude inutile") ne suffit pas, celui qui aime ayant toujours la patience d᾽attendre que la situation s᾽améliore, le second ("en agissant ainsi, il ennuie l᾽être aimé et c᾽est contre-productif") vise à une plus grande efficacité encore. Car on n᾽obtient pas gain de cause en forçant la main à l᾽autre. La scholie suivante le reconfirme.
777. C᾽est-à-dire "ex", préposition d᾽abord puis préverbe ensuite.
778. "Remittere" a pour sens premier "renvoyer", "relâcher", transitif ; il peut avoir un sens de "laisser aller qqch.", duquel peut découler un sens moyen ("neutre") "faire relâche", que commente ici Donat. Sur la typologie des voix verbales chez Donat, voir notre note aux scholies Ad. 2, 4 et 319, 1.
779. Mais il est intempestif pour l᾽économie de la pièce que Parménon soit au courant à ce moment. Donc son erreur est nécessaire et elle est techniquement entretenue par le poète.
780. Le rapport entre la citation et le lemme n᾽est pas évident. On peut penser que c᾽est le "scio" qui fait l᾽objet du commentaire par la citation, car le passage cité de L᾽Enéide est celui d᾽une prédiction que fait Vénus à Enée : le "credo" de Vénus est comparable au "scio" de Parménon, car les deux introduisent un discours de prédictions. Mais surtout ils sont tous les deux en incise.
781. Cette figure est parfois nommée "faute de goût" (κακόζηλον) par Donat (voir Eun. 192, 2 ; 243, 5 ; 722, 3). Il cite à l᾽appui de ce phénomène systématiquement les mêmes exemples. Voir notre note de fin de scholie Ad. 668, 1.
782. Anacoluthe qui porte donc sur le mode : il s᾽agit d᾽une interrogative indirecte, on attendrait donc le subjonctif. Mais l᾽indicatif est banal chez les auteurs archaïques.
783. La reformulation est bizarre car on ne voit pas comment elle pourrait syntaxiquement prendre la place de l᾽original poste pour poste. Tel quel, "quae" doit être un neutre pluriel accusatif, alors que chez Térence c᾽est un nominatif féminin singulier dont l᾽antécédent est soit "rem" soit "irae" postposé.
784. Cette scholie 1, absente chez Wessner (voir note apposée au texte latin), est peu claire dans sa globalité. Il s᾽agit de signaler que la remarque de Sostrata sur la physionomie de Pamphile annonce les lamentations prochaines du jeune homme. Cela prépare la scholie 2, où il est question de caractérisation : l᾽attitude du jeune homme et son discours vont être en phase. En revanche, le rapport à la citation de Virgile est obscur. C᾽est Didon qui est décrite dans ce passage. Est-ce une discrète didascalie de mouvement et de ton : Sostrata n᾽a qu᾽à faire comme Didon et baisser le visage et parler à mi-voix ? Signalons en tout cas que le vers ici cité précède d᾽une unité le passage En. 1, 562 qui est l᾽objet d᾽une illustration quelques scholies plus haut en 288, 3. On sait que Donat a parfois l᾽esprit d᾽escalier et qu᾽une citation peut venir se placer parfois de façon forcée parce qu᾽elle est encore sous ses yeux et que l᾽occasion fait le larron. Sur cette méthode de travail, voir par exemple notre note à Ad. 215, 2.
785. "Interuenit" signifie ici que Pamphile coupe la parole à Sostrata. C᾽est ce qui justifie cette scholie sur l᾽ordre des mots (dans une phrase où il n᾽a rien de particulièrement remarquable) : les deux répliques de Sostrata, coupées par celle de Pamphile qui salue sa mère, sont à comprendre comme une seule phrase. Notons aussi que dans sa reformulation Donat ajoute pour la correction "te", le sujet de l᾽infinitive facile à suppléer. Mais ce n᾽était sans doute pas là qu᾽était le problème : il était dans la reconstitution de la phrase complète par dessus l᾽intervention de Pamphile.
786. Donat développe la scholie précédente : l᾽énoncé de Pamphile est suffisamment ambigu pour qu᾽on puisse l᾽interpréter comme l᾽amélioration de cette mystérieuse maladie, alors que, désormais, il sait qu᾽il s᾽agissait d᾽un accouchement, situation à laquelle sa réponse "meliuscula" apporte aussi une réponse. Donc il ne ment pas encore à sa mère, il est seulement évasif.
787. C᾽est-à-dire que son attitude empathique la disculpe ou devrait la disculper tout de suite aux yeux de Pamphile.
788. A la question "pourquoi pleures-tu ?", la réponse "recte" est ambiguë selon que l᾽adverbe se comporte en adverbe de phrase ou en adverbe d᾽énonciation. Elle peut se comprendre "je pleure à bon escient", et c᾽est une façon, tout en admettant le sentiment de tristesse, de ne pas répondre néanmoins au fond de la question ; elle peut se comprendre "tu as raison <de poser la question>", ce qui est un refus de réponse qui peut aussi s᾽interpréter de multiples façons : "tu as raison, je suis triste" ou "tu as raison de poser la question, car j᾽ai l᾽air triste (mais ne le suis pas)", entre autres. A ces deux premières versions, l᾽ajout de "mater" vient comme une excuse de ne pas répondre. Mais on peut aussi penser que c᾽est une réponse qui cadre avec la question (voir la fin de la scholie) : "<Tu te trompes>, tout va bien".
789. Donat fait la même remarque sur la forme de génitif "ornati" en And. 365 et Eun. 237, 4. C᾽est une remarque morphologique à l᾽usage de ses élèves qui pourraient s᾽étonner du comportement anomal de ce mot de quatrième déclinaison.
790. Donat souligne donc le sème ᾽soudaineté᾽ dans le sens propre du verbe "inuadere" (prendre d᾽assaut, investir).
791. Indication de mise en scène. Donat nous fait remarquer en effet qu᾽il ne doit pas y avoir d᾽ambiguïté. Il y a deux maisons voisines, et Pamphile, en disant "là-dedans", montre celle de Sostrata, pour ne pas que Sostrata puisse penser dans le contexte qu᾽il s᾽agit de désigner implicitement la maison de Myrrhina.
792. La raison explicite est "vas-y, je te suis". Elle n᾽est guère efficace. C᾽est la raison implicite qui est efficace : "rentre à la maison, j᾽arrive de suite continuer la conversation avec toi : on ne peut parler de ces choses-là dans la rue", ce qui à la fois justifie sa réserve et sa réticence dans cette scène et fait sortir Sostrata de scène.
793. L᾽ordre est donc tempéré par des éléments de politesse élémentaire.
794. Remarque de syntaxe, explicitée dans la scholie suivante.
795. Le datif de personne et l᾽accusatif de chose avec "adiutare" semblent étrange à Donat. On attend l᾽accusatif de la personne, et c᾽est ainsi que Donat reformule la phrase, en intégrant l᾽autre complément dans une apposition au COD. On pourrait trouver également le datif de la personne à laquelle on vient en aide, mais il est toujours seul, sans l᾽accusatif de la chose qui fait l᾽objet de l᾽aide (cf. Pétrone, 62, 11). La construction de Térence avec double accusatif se retrouve dans Heaut. 416. Si Donat parle d᾽hypallage (syntaxique en l᾽espèce), c᾽est parce qu᾽il y a échange de cas : la chose remplace la personne à l᾽accusatif.
796. "Domum", du fait qu᾽il se construit sans préposition et qu᾽à côté de lui existe un locatif "domi" sorti du paradigme et considéré comme une forme adverbiale, peut passer pour un adverbe. La question est de savoir comment interpréter cette remarque. Donat comprend-il (comme nous) "uiam qua domum redeant" (la route par laquelle rentrer à la maison), auquel cas "domum", en prolepse, est "l᾽adverbe" de lieu du verbe "redeant", ou comprend-il "sciunt ipsi uiam domum" (ils savent bien eux-mêmes la route de la maison), auquel cas on a un syntagme "uiam domum" (comme en anglais "the way back home") et un "adverbe" qui fonctionne sans verbe ? Cette seconde solution est très plausible étant donné l᾽explication que le grammairien donne ci-dessous de "qua".
797. Ce groupe de trois scholies vise à montrer dans le détail la congruence entre le personnage et sa parlure. Parménon est un esclave paresseux et indiscret (scholie 1). Et il le prouve en répondant de cette façon à l᾽ordre qui lui est fait. Il donne l᾽impression de n᾽avoir pas entendu la fin de la réplique de son maître, puisque, au lieu de dire "ils sont assez grands pour les porter tout seuls", il dit "ils sauront bien retrouver la maison tout seuls", ce qui paraît s᾽enchaîner sur "va retrouver les esclaves" (scholie 2). Dans ce cas, "qua" s᾽interprète comme un adverbe relatif qui s᾽enchaîne sur "uiam", avec "domum" en prolepse (la route par laquelle ils vont rentrer à la maison). Mais il a certainement entendu et dans ce cas, pour la cohérence de l᾽enchaînement (à supposer qu᾽elle soit nécessaire dans une scène comique), Donat cherche une autre valeur de "qua". On comprend (peut-être) qu᾽il suppose une segmentation de la réplique : "Quid ? sciunt ipsi uiam domum. Qua redeant ?" : "Quoi ? Ils savent bien le chemin de la maison. Et comment revenir (avec les bagages)".
798. L᾽"industria" prêtée à Pamphile est bien évidemment celle de Térence. Les personnages trop concernés (Sostrata) ou trop bavards (Parménon) sont éloignés par Pamphile, certes, mais si Pamphile s᾽apprête à révéler au public ce qu᾽il a vu en coulisse, c᾽est bien par la volonté du poète... Il s᾽agit donc de faire participer tel ou tel personnage à telle ou telle parcelle de la vérité. A ce moment de l᾽action Pamphile sait que sa femme a accouché et sait qu᾽il n᾽est pas le père. (Il ne sait pas encore qu᾽il se trompe sur ce plan-là). Philumène et Sostrata savent que cet enfant est le fruit d᾽un viol. Dans un autre espace scénique, Bacchis et Pamphile savent que Pamphile a violé une jeune femme juste avant son mariage. Et Parménon sait que son jeune maître n᾽a pas touché son épouse dans les premiers mois de leur mariage. Et pour l᾽instant personne n᾽est en mesure de faire le lien entre les différents événements. Mais le public est celui qui a les moyens de faire le lien avant les autres, à condition que, comme s᾽apprête à le faire Pamphile, on le mette au courant.
799. Il est nécessaire que Pamphile supporte par amour une situation qu᾽à ce moment de l᾽action un mari qui ne serait pas à ce point amoureux ne supporterait pas. Pamphile est donc dans son rôle car, tout mari qu᾽il est, il est un "adulescens", donc un amoureux transi. C᾽est ce qui va sauver une situation très compromise. Donat a déjà remarqué cette surdose d᾽amour dans le jeune mari en 326, 1.
800. Dans le passage de L᾽Odyssée mentionné ici, il s᾽agit réellement d᾽un récit. Mais Donat ne nous fait pas remarquer la très étrange particularité du récit de Pamphile (qui utilise bien le verbe "narrare" dans son début de réplique) : c᾽est un récit qui n᾽est fait à personne, puisqu᾽il est seul en scène. A personne, si ce n᾽est à destination du public. Donat a déjà fait remarquer cette "industria" à la scholie 360, 4 (voir notre note). Mais c᾽est plutôt une faute dramaturgique, comparable par exemple au récit-monologue que fait Bromia racontant l᾽accouchement d᾽Alcmène dans Amphitryon de Plaute. D᾽ordinaire, Donat félicite son poète de mettre en scène les informations essentielles auxquelles le public doit avoir accès au moyen de dialogues, notamment avec des personnages protatiques dont la conversation est destinée à donner de l᾽information. Mais ici, on ne sait ce qui pousse Pamphile à faire ce long monologue-récit en pleine rue.
801. Comme souvent, Donat est sensible au rapport entre l᾽antécédent et le pronom relatif. Il remarque ici que l᾽adverbe "unde" vaut pour le pronom "a quo", plus régulier puisque c᾽est un pronom qui convient pour un nom de chose, plutôt qu᾽un adverbe de lieu.
802. Curieuse reformulation, où les "yeux" sont censés "entendre" des malheurs. C᾽est un raccourci malheureux, puisque Térence prévoit bien des "oreilles" pour entendre dans son vers. Comprendre "les yeux par lesquels j᾽ai vu ou <les oreilles par lesquelles j᾽ai> entendu des malheurs".
803. Ce qui revient sans doute à dire que le démonstratif "hic" équivaut au possessif de première personne.
804. Donat fait la même "differentia" (ou peu s᾽en faut) et les deux mêmes illustrations virgiliennes en And. 234, 1. Gageons que la remarque lexicologique devait se faire aussi dans son commentaire de L᾽Enéide, avec des renvois cette fois térentiens.
805. Un "nom", c᾽est-à-dire, pour nous, un adjectif.
806. Donat est un peu plus explicite en Eun. 127, 2. Comprenons sans doute que l᾽exclamation pathétique ne sert en rien le récit et vient en rallonge du propos. Mais cela est remarquable, comme le montre la scholie suivante. Apparemment, le passage virgilien donné en parallèle (En. 3, 38) illustre le même procédé de retardement par incise dans le récit.
807. Notre traduction suppose, sans garantie, que "per hoc" n᾽est pas un autonyme. Mais on pourrait comprendre que Donat donne trois équivalents sémantiques à ce "id" causal : "propter id", "per hoc" et "ideo". Nous supposons plutôt qu᾽il met en relation, via un "per hoc" en usage, "id" sans préposition (valant "à cause de cela) et l᾽adverbe "ideo", de sens causal.
808. Donat explique trois fois la même chose : "id" est un corrélatif de la conjonction causale "quod".
809. C᾽est-à-dire qu᾽il s᾽agisse d᾽une chose bonne ou mauvaise ; Donat le précise dans la scholie qui suit.
810. L᾽expression "recta uia" (de l᾽adjectif "rectus, -a, -um", et du substantif "uia, ae", à l᾽ablatif de moyen) a en effet le même sens que l᾽adverbe "recta". Donat suppose que l᾽adverbe provient d᾽une ellipse du syntagme "rectā uiā", ce qui n᾽est pas sûr.
811. Donat cite le vers 366 avec "quam" là où les manuscrits térentiens ont "ac". Ce peut être une bévue de sa part, sous la forme d᾽une reformulation rapide. Mais ce peut aussi être attesté par le lemme 366, 1 : la forme "quia" assez étrange dans la scholie (et qu᾽on ne lit pas chez C par exemple) cache peut-être ce même "quam", qui serait alors partie intégrante du lemme. Les deux constructions sont possibles. Dans le doute, nous restituons pour le texte de Térence la séquence "alio... morbo... quam".
812. Les réactions de Pamphile sont donc celles d᾽un amoureux, non d᾽un mari dépité.
813. Pamphile est un bon garçon. Il le prouve ici en disant "Mater consequitur". En effet, il parle de Myrrhina, qui est la mère de Philumène. Or, avec un nom relatif, l᾽absence de déterminant possessif oriente vers l᾽idée qu᾽il s᾽agit implictement de la mère de "EGO" (donc Sostrata). Il aurait pu dire "eius mater", "sa mère". Mais il dit "mater" comme s᾽il fallait sous-entendre "mater mea". C᾽est donc plus flatteur et plus tendre que s᾽il la nommait par son nom, dans une désignation absolue et non plus relative. Le pendant est donné par une remarque de Lachès commentée en 629, 1. Une remarque comparable est faite à propos de l᾽appellation "Nourrice" en Ad. 288, 4. Voir notre note ad loc.
814. Il est difficile en français de trouver une traduction de "accidere" qui rende l᾽explication morphologique de Donat.
815. Ce que compare Donat ici, c᾽est la construction du verbe "accidere" : "accidere" sans préposition chez Salluste, "accidere ad" chez Térence. Mais la comparaison est biaisée, car la question "quo ?" présente chez Salluste peut très bien dissimuler "ad" dans la réponse correspondante. En outre, Les manuscrits de Salluste donnent pour ce passage (Jug. 14, 17) "accedam" ("où aller ?"), et non "accidam".
816. Il ne s᾽agit pas de noter ici un aparté, puisque Pamphile monologue. Donat veut dire que "misertum est" représente non pas une action du récit ni une parole du discours mais la pensée qu᾽il a eue à ce moment-là. Ce serait un aparté si cette scène entre Pamphile et Myrrhina était effectivement représentée sur scène.
817. Le rapprochement avec ce passage très célèbre du début du chant 4 de L᾽Enéide est subtil. La situation est certes différente : Didon fait l᾽aveu à sa sœur, Myrrhina à son gendre, Didon avoue être amoureuse (ce qui ne pose en soi pas de problème pour cette jeune veuve et ce jeune veuf), Myrrhina avoue un scandale familial. Mais l᾽acte de langage de l᾽aveu, explicite chez Didon, implicite chez Myrrhina, est effectivement inauguré par l᾽apostrophe en forme de "captatio benevolentiae".
818. Sur le "status uenialis", voir les scholies Ph. 281, 4 ; 753 ; 751 ; 990 (et notre note).
819. Voir 371, 1.
820. Comprendre ici "ignobilis" au sens propre de "qui n᾽a pas de nom", donc "qui ne mérite pas d᾽être connu". Voir par exemple Plaute, Amph. 440.
821. Commentaire linéaire assez long et réparti sur huit scholies (ce qui est beaucoup pour Donat), mais dont la cohérence est grande. Il s᾽agit de marquer, dans la phraséologie de Myrrhina, tout ce qui fait ressortir des circonstances atténuantes : 1. elle avoue qu᾽il y a eu faute ; 2. mais une faute subie ("oblatum", scholies 2-4) ; 3. par une toute jeune fille ignorante ("uirgini", scholie 5) ; 4. il y a longtemps ("olim", scholies 6-7) ; 5. dont l᾽auteur est un anonyme irresponsable, un vrai salaud (scholie 8). En un seul vers, il y a aveu de Myrrhina et disculpation de Philumène.
822. Remarque de mise en scène.
823. Remarque de syntaxe : Donat suppose un verbe d᾽empêchement nié par un modalisateur ("je ne peux me retenir") pour expliquer la construction en "quin". Mais les tours "non possum quin", "nequeo quin" sont fréquents, sans qu᾽il semble nécessaire de postuler une ellipse.
824. C᾽est-à-dire que, dans ce récit (qu᾽il se fait à lui-même !), Pamphile entrecoupe les paroles rapportées de Myrrhina de ses propres réflxions ou sentiments. Cela ressemble au récit de Géta dans Phormion (par ex. vers 92-100, avec paroles rapportées d᾽un autre personnage et commentaires sur ce discours), à la différence près que Géta fait ce récit à Dave au lieu de le faire dans un monologue comme ici.
825. Le mot ὑφέν implique souvent chez Donat qu᾽il s᾽agit d᾽une remarque de ponctuation (And. 211, 4 ; Ad. 888, 2). Ici, le grammairien peut vouloir dire que les deux mots forment un tout, en expression figée.
826. "Obtestatio" glose ici le verbe que lit Donat : on doit donc supposer qu᾽il lit "obtestamur" (voir aussi l᾽illustration virgilienne juste après), et non "obsecramus", qu᾽on trouve dans tous les éditeurs de Térence. Rien dans l᾽apparat de Térence ne laisse supposer cette variante. Nous éditons, pour la cohérence, "obtestamur" dans le vers térentien.
827. Donat propose ici, de manière assez confuse, deux interprétations pour ce vers : soit "tecta tacitaque" renvoie à deux solutions possibles (rester avec Philumène pour le premier terme, la répudier pour le second), soit ce syntagme renvoie à la même éventualité, rester avec Philumène, de sorte que l᾽affaire ne soit ni proprement visible, ni diffusée par la rumeur. En tout cas, dans toutes les reformulations et propositions différentielles, "tecta" est interprété du côté des actes et "tacita" du côté du langage.
828. Donat illustre ici des valeurs de la conjonction "si" au sens de "s᾽il est vrai que" et qui laissent attendre dans la principale une conséquence logique de cette vérité postulée comme préalable.
829. C᾽est-à-dire que, habilement, elle propose seulement le versant positif de l᾽alternative.
830. En répudiant sa femme, Pamphile devrait rendre la dot. Myrrhina, dans une seconde habileté, essaye aussi d᾽apitoyer son portefeuille.
831. Ce "nom" est l᾽adjectif "solus".
832. De fait, seule Philumène peut faire ce type de confidence à sa mère. On n᾽est sûrement pas dans le qu᾽en-dira-t-on que postule le verbe "aiunt" au pluriel, mais dans le secret feutré des familles. Mais Myrrhina protège la pudeur de sa fille en faisant semblant d᾽avoir entendu dire la chose par on ne sait trop qui. L᾽insistance sur l᾽"honestas" de "aiunt" (reprécisée dans la scholie suivante) est liée au fait qu᾽il serait malséant d᾽expliciter le fait que Philumène a parlé de sa vie intime à sa mère.
833. L᾽antiptose est l᾽emploi d᾽un cas pour un autre (ici, "post" + abl. au lieu de "post" + acc.). Donat y reviendra en scholie 6, mais ici il faut comprendre que ce serait si "post duobus" équivalait à "post duos" qu᾽il y aurait antiptose. Le sens est donc : ce n᾽est pas une antiptose puisqu᾽il faut détacher "duobus" de "post" qui devient adverbe. Ce serait une antiptose s᾽il fallait les rattacher.
834. Donat reconstitue l᾽historique de la grossesse de Philumène qui contient 9 mois. Pendant les mois 1 et 2, la jeune femme a vécu chez ses parents, déjà enceinte de Pamphile, mais sans savoir que c᾽est de lui. Pendant les mois 3 et 4, Philumène qui vient de se marier à Pamphile n᾽a pas eu de rapports avec lui. Pendant les mois 5 et 6, Pamphile s᾽est épris de son épouse et a eu des rapports avec elle. Ce total fait bien quatre mois de vie commune et déjà six mois de grossesse. Pendant les mois 7, 8 et 9, Pamphile est en voyage. Sur la restitution de ce texte malmené par Westerhof et Wessner voir la note apposée au texte latin.
835. Pour que ce soit "abortum factum esse" (il s᾽est produit une fausse couche) ou "abortum natum esse" (c᾽est un avorton qui est né), et qu᾽"abortum" ne soit pas une forme verbale (participe parfait d᾽"aborior") mais un nom.
836. Wessner renvoie ici à Térence, Ad. 189 ("tamen tibi a me nulla orta est iniuria"). En ce qui concerne le propos de Donat, propose-t-il ici qu᾽"abortum" soit en fait un participe parfait, ce qui va contre sa première hypothèse ?
837. Notons que "suspicabilis" n᾽est employé que chez Arnobe au 4e siècle, et signifie "conjectural". Il semblerait qu᾽on ait ici un néologisme tardif normalisé (formé sur une base verbale avec un suffixe adjectival de possibilité).
838. Ce qui gêne Donat, c᾽est l᾽incompatibilité apprarente entre l᾽énoncé "Diacam abortum esse" (je dirai qu᾽il y a eu fausse couche) et "ex te recte natum putent" (on pensera qu᾽il est né de toi). Si l᾽enfant est "abortus" (donc mort-né), peut-il être dit "natus" ? En fait, il y a deux choses : les gens, remontant jusqu᾽à la date des noces, croiront que Philumène a accouché bien avant terme, à sept mois, et que, comme souvent dans ce cas, l᾽enfant est mort-né ; mais ils croiront aussi (dès lors que le scandale ne sort pas de la famille) que c᾽est Pamphile le père légitime, n᾽ayant pas de raison de croire le contraire. Il n᾽y a pas d᾽incompatibilité dans l᾽énoncé. Naturellement, cela implique qu᾽on se débarrasse de l᾽enfant en fait né à terme et dont la vigueur suspecte ne manquerait pas de faire jaser. D᾽où la mention de l᾽"exposition" au vers suivant.
839. L᾽exposition des enfants était une coutume antique. On déposait à la dérobée le nourrisson indésirable dans un endroit de passage où il pouvait éventuellement être recueilli par une âme charitable. Mais il était le plus souvent laissé là et dévoré par les bêtes. Voir Logeay-Vial (2009).
840. Voir les vers 527 et suivants. De fait, on pouvait aussi, au lieu d᾽exposer l᾽enfant, le tuer tout de suite. Mais on l᾽exposera et cela permettra à Phidippe de lui sauver la vie, contre toute attente.
841. Ce pléonasme porte sur le cumul des pronoms indéfinis "nihil" et "quicquam".
842. Donat aborde ici le problème de la modalisation, d᾽où la difficulté qu᾽il a à exprimer clairement son idée ("aliquid assertionis habet"). Nous avons le même problème en français : comment expliquer que "sans doute" signifie en fait "sans certitude" ? La scholie se comprend en tout cas ainsi : en utilisant une négation dont la portée est sur la manière ("ne pas... d᾽une manière ou d᾽une autre"), Pamphile ouvre la porte à l᾽autre option : "ce n᾽est pas complètement honorable" laisse entendre que ce l᾽est un peu quand même, et c᾽est en quoi il y a un peu d᾽assertion là-dedans.
843. Remarque de mise en scène. Donat se fait une représentation mentale très "classique" : ses didascalies psychologisantes sont toujours assez redondantes par rapport au texte.
844. Comprendre que "etsi" n᾽est pas un mot de liaison copulatif (ce que serait "et" s᾽il fallait lire "et si"), ni "prépositif" ("mis devant"), dont relèvent ses emplois adverbiaux en tête au sens de "d᾽ailleurs", mais subordonnant.
845. A ce que l᾽honneur commande (vers 403) ou que l᾽utile réclame (scholie 400, 4), Pamphile oppose l᾽amour et la l᾽affection. C᾽est un pur dilemme.
846. Donat commente le temps du verbe pour montrer que l᾽amour de Pamphile pour Philumène est toujours bien présent.
847. Sur le sens de "pendere", cf. 128, 2. Donat dit ici que "lacrimo" n᾽est pas à rattacher à la phrase précédente d᾽un seul tenant, mais qu᾽il faut le séparer par des sanglots. C᾽est une remarque de mise en scène qui est peut-être justifiée par l᾽absence de mot de liaison entre les deux phrases.
848. Etrange formulation pour dire que "quae" n᾽est pas interrogatif mais exclamatif indirect ! Comprendre : c᾽est un pronom, ici exclamatif, et, ici, l᾽exclamation a valeur de plainte. Ce doit aussi être une remarque didascalique implicite sur la prononciation à prêter à ce pronom.
849. Le rapport à la citation est assez lâche mais accentue l᾽idée que la scholie 1 est une remarque de mise en scène implicite. Pamphile doit jouer comme on jouerait Didon éplorée.
850. Implicitement Donat signale la prolepse de l᾽exclamative indirecte.
851. "Fortuna" a un sens neutre ("bonne fortune" ou "mauvaise fortune") : voir plus haut 368, 2. Mais ici il est contextuellement orienté vers son versant positif.
852. C᾽est-à-dire que si on lit "O Fortuna, ut numquam perpetuo es bona", comme semble le préférer Donat, on comprend tout de suite que la Fortuna invoquée est "bona". En revanche, si on lit "data", la bonne part de Fortuna n᾽apparaît plus immédiatement, mais elle reste nécessairement présente contextuellement, bien qu᾽implicite. Au demeurant, Donat semble le seul à connaître cette variante "perpetuo es bona", les mss. de Térence ayant systématiquement "data".
853. Donat hésite entre une forme "idem", nominatif masculin singulier renvoyant à Pamphile, donc équivalant à "idem ego", et un datif masculin singulier renvoyant à son expérience amoureuse (représentée par le pronom "huic" dans le vers, d᾽où "eidem huic"). Donc soit : "moi, le même, je m᾽occuperai dès lors de cet amour-ci", soit "je m᾽occuperai dès lors de cet amour-ci aussi". Mais il ne s᾽agit pas nécessairement d᾽une variante textuelle : ce peut être une graphie "idem" ambiguë et analysable comme un datif.
854. A cause du sème ᾽effort᾽ inhérent.
855. Comprendre qu᾽il ne faut pas que Parménon sache que Philumène vient d᾽accoucher car, puisqu᾽il sait que Pamphile n᾽a pas touché sa femme au début, il en conclura vite que cet enfant est suspect. Et la présence des autres esclaves l᾽empêche de s᾽éclaircir avec Parménon sur ce point scabreux.
856. Il semble donc que Philumène soit "en train" d᾽accoucher et que le travail ne soit pas tout à fait terminé.
857. Donat se félicite de cet excursus constitué par la fin de la conversation que mènent en arrivant sur scène Parménon et Sosie. Cela, certes, ne sert en rien l᾽action, mais permet de trancher avec le long monologue pathétique de Pamphile qui vient de s᾽achever.
858. Il s᾽agit d᾽une remarque de dramaturgie générale et non d᾽une proposition faite sur la réplique en cours. En règle générale, la conversation peut naître sur la scène ou continuer après avoir été inaugurée hors scène. Mais ici Térence ni Donat ne laissent de choix : on est dans le deuxième cas, comme l᾽a montré la scholie précédente.
859. Wessner édite "quantum", comme dans le manuscrit A de Térence, tout en précisant dans l᾽apparat que le scholiaste lit "quam". De fait, les mss. (VGK...) ont effectivement "quantum", comme le codex Bembinus de Térence, mais le commentaire de Donat n᾽a de sens que si le lemme porte "quam". Nous gardons l᾽incohérence, qui témoigne de l᾽état de la transmission.
860. Les éditions de Virgile donnent "tanto" et non "tam tu". Mais ce peut être une correction de grammairien et, ici encore, Donat a peut-être un texte "ante correctionem" des Géorgiques. Ce qui est commenté, tant chez Térence que chez Virgile, c᾽est la rupture de parallélisme entre corrélatifs, "quantum... tam" et "quanto... tam", qualifiée d᾽anacolthe n° 4.
861. Donat note la valeur durative de l᾽accusatif seul (sans préposition) dans l᾽expression du complément de temps.
862. C᾽est-à-dire que l᾽incertitude est levée au vers suivant.
863. Donat appelle "absolues" les constructions soit sans complément soit directes. Vraisemblablement, "absolute" ici désigne le complément à l᾽ablatif sans préposition du comparatif. La construction non-absolue serait en "quam". Mais il n᾽y a rien de surprenant dans cette construction, sauf à supposer que la comparaison se fait implicitement avec la langue de son époque, qui privilégie le tour subordonné "quam" ou des tours à l᾽ablatif prépositionnel.
864. C᾽est donc le verbe "expecto" qui fait le lien entre ces deux passages.
865. Donat signale implicitement une hyperbole de Sosie.
866. Ce n᾽est pas notre analyse. Il est plus facile de supposer une ellipse : "istud odiosum est". Mais comme la phrase est constituée de ce seul mot, Donat préfère y voir un adverbe, catégorie facilement habilitée à occuper seule tout l᾽espace phrastique.
867. La litote est techniquement fondée, puisqu᾽on a la négation du contraire : "pas en cachette", donc "tout à fait clairement".
868. C᾽est-à-dire soit ceux qui font de "odiosum haud clam me est" une réplique de Parménon, soit groupent dans la réplique authentique de Parménon "haud clam me est, denique etc.".
869. L᾽objet de la scholie que de dire que Térence met le subjonctif parfait pour le futur antérieur ; Donat ici les distingue donc, ce qui n᾽est pas toujours le cas chez les grammairiens. Le "promissif" désigne les emplois optatifs du subjonctif ("j᾽aurais préféré fuir").
870. Ce qui étonne Donat, c᾽est qu᾽on prête à l᾽esclave fugitif une raison tout à fait recevable à sa tentation de désertion. Cela étant, ce sont deux esclaves qui parlent.
871. Donat nous dit ici que le pronom "ipse" peut être interprété comme appelant le développement implicite "a quo missus sum" (il prendrait alors en quelque sorte une valeur anaphorique), ou alors comme le pronom grec "αὐτός", souvent employé, selon Donat, lorsqu᾽un esclave parle de son maître, comme une sorte de pronom déictique. "Ipse", pour un esclave, c᾽est son patron.
872. Ce n᾽est pas le cas : Parménon vient de saluer Pamphile, conformément à son devoir.
873. Il s᾽agit de l᾽Acropole d᾽Athènes. Minerve correspond à Athéna, la déesse éponyme d᾽Athènes, qui est le lieu scénique de la pièce.
874. "Opus est" peut se construire avec un infinitif sujet ou avec un ablatif. Ici, la construction avec le participe parfait passif de "transcurrere" à l᾽ablatif peut sembler peu naturelle, d᾽où le commentaire de Donat ; de plus, on ne trouve pas de datif de personne ("opus est" est employé de manière impersonnelle), ce qui est étrange avec l᾽ablatif de la chose requise.
875. Remarque de mise en scène : Parménon, mettant en question la personne (le complément au datif manquant dans l᾽énoncé de Pamphile), prononce "Cui homini ?" avec un ton insolent qui revient à dire "Ne compte pas sur moi". Voir la scholie suivante.
876. Comprendre que "an" employé en interrogation simple a un sens ironique.
877. L᾽hyperbole consiste évidemment à dire "voler" au lieu de "courir". En quoi est-elle conforme au caractère ? Peut-être, si c᾽est au caractère de Parménon qu᾽elle se conforme, par référence métathéâtrale au "seruus currens", l᾽esclave qui court, motif récurrent de la comédie romaine.
878. Donat fait ici une étymologie du substantif "caro, carnis", f. (chair) par le verbe verbe "carere" (manquer), dont il est le premier attestateur, selon Maltby (1991, s. v.).
879. Les éditions de Virgile donnent généralement "tum" au lieu de "et". Le propos du scholiaste est ici transitif : "caro" vient de "carere" : la preuve, Virgile appelle les morts "luce carentum" (qui manquent de lumière). Mais ce qui n᾽est pas clair, en attendant la scholie 4 qui s᾽en expliquera (?), c᾽est le passage de "cadauer" à "caro" : pour expliquer "cadauerosa", Donat donne l᾽étymologie de "caro" sans dire explicitement qu᾽il y a entre les deux termes un lien étymologique.
880. Etymologie, cette fois scientifiquement correcte, de "carnifex".
881. Encore une étymologie, qui rapproche "pulpa, -ae" (chair, viande), du verbe "pulsare", (heurter, secouer lors de la mastication). Là encore, Donat est le seul attestateur.
882. Les grammairiens connaissent quelques exemples ce cette connivence entre D et R, par exemple "meridie" (midi) pour "*medidie" (milieu du jour, de "medius" et "dies") : voir par ex. Prisc. Inst. 1, 45 (GL 2, 35, 2): "D transit in (...) r: ᾽arrideo᾽, ᾽meridies᾽ ; antiquissimi uero pro ᾽ad᾽ frequentissime ᾽ar᾽ ponebant: ᾽aruenas᾽ etc." (D passe à r: "arrideo", "meridies" ; les Anciens mettaient très souvent au lieu de "ad-" "ar-" : "aruenas" etc.). De là, un raisonnement analogique : ce qui est vrai pour "meridie" peut être vrai pour "caro".
883. La deuxième main rapproche cette fois "caro" du verbe "cado" (je tombe), ce qui boucle la boucle : le rapport phonique entre "cadauer" et "cado" est suffisamment clair pour rester implicite. Mais avec ce bouclage, se tisse un réseau lexical "cadauer" / "cado" / "caro" / "careo" tout à fait typique de la méthode lexicologique des Latins.
884. Comme souvent, la multiplicité de l᾽interprétation est induite par un simple problème de ponctuation.
885. Cela rejoint ses remarques précédentes sur la différence entre l᾽amoureux et le mari : voir Hec. 326, 1 ; 361, 1.
886. Citation approximative d᾽un vers lemmatisé autrement (voir 269) : "sancte adiurat non posse apud uos Pamphilo se absente perdurare".
887. C᾽est-à-dire que "factum" porte soit sur le fait que Philumène a dit qu᾽elle attendait le retour de Pamphile, soit que Phidippe a dit que Philumène attendait le retour de Pamphile.
888. Cette scholie exprime le dilemme auquel est soumis Pamphile, qui ne peut dire que Philumène accouche ni ne peut, par piété filiale, accuser sa mère de la faire fuir.
889. Dans le passage de L᾽Andrienne cité, il s᾽agit effectivement de Mysis déjà en scène (comme Pamphile dans le cas présent) et qui voit arriver le jeune homme qui monologue. Elle l᾽écoute parler, s᾽inquiète, se fait des réflexions à mi-voix jusqu᾽à ce que Pamphile (celui de L᾽Andrienne) la voie et l᾽aborde. La situation conversationnelle est la même sauf que, ici, le personnage qui entre est double (Lachès et Phidippe) et qu᾽il y a dialogue et non monologue ("secum"). En outre, si dans L᾽Andrienne le procédé est suivi sur la longue durée (le monologue de Pamphile capté et commenté par Mysis en aparté dure plus de trente vers), ici il n᾽est guère qu᾽évoqué. Il s᾽agit davantage de préparer l᾽entrée des deux pères en les faisant (comme dans la scène précédente les deux esclaves Parménon et Sosie) continuer leur conversation.
890. Pamphile écourte les politesses des retrouvailles avec son beau-père. Il ne le salue même pas, à vrai dire, et cela contribue à jeter le froid qui va s᾽installer dans toute cette fin d᾽acte.
891. "Modo", adverbe de temps, signifie "tout à l᾽heure" et s᾽emploie facilement avec le parfait ponctuel ou l᾽imparfait duratif. En fait on a un trait de langue orale : interrogation non marquée (voir la note suivante), présent pour le passé, comme en français parlé "tu arrives à l᾽instant ?". La légère rectification "admodum" opérée par Pamphile est, selon Donat, une manière d᾽ancrer davantage dans le présent. Et cela permet aussi au jeune homme de se disculper : l᾽explicite est : "j᾽arrive tout juste", l᾽implicite est : "je n᾽ai donc pas eu le temps de passer te dire bonjour" ; voir la scholie 3.
892. Le seul rapport que l᾽on puisse trouver entre cette citation (En. 10, 228-229) et le texte de Térence est qu᾽il s᾽agit d᾽une interpellation à la P 2 sous forme de question (dans Virgile, c᾽est Cymodocée qui interpelle Énée). La question du texte cité est introduite par "-ne", et c᾽est peut-être cette forme correcte que Donat veut enseigner à ses élèves, alors que celle du lemme ne présente pas de marqueur de l᾽interrogation, comme c᾽est souvent le cas dans la langue parlée.
893. Rappel de la situation : Phania est le cousin défunt de Lachès qui a laissé un héritage que Pamphile est allé chercher, circonstance qui l᾽a éloigné d᾽Athènes pendant trois mois.
894. L᾽alternative proposée ("utrum... an") n᾽est pas d᾽une grande clarté, en raison du jeu des pronoms et des références. Faut-il comprendre que Lachès évoque cette affaire privée de l᾽héritage soit pour que Phidippe fasse revenir sa fille, en vue de la confrontation qu᾽il souhaite (voir le vers 452), soit pour rendre jaloux Phidippe et l᾽inciter à raisonner sa fille, qui aurait tort de quitter une famille si riche ? Lachès souhaite alors, dans uncas comme dans l᾽autre, le retour à la normale et la réconciliation du couple. Ou bien la deuxième alternative (qui, dans cette première hypothèse, ne s᾽écarte guère de la première : "cupidiorem" est de fait commun aux deux volets) doit-elle se comprendre avec un réfléchi direct ? Dans ce cas, Lachès espère rendre Phidippe cupide de récupérer ses propres fonds, à savoir la dot de Philumène (que de fait il va réclamer au vers 502) et l᾽alternative est : soit il évoque l᾽héritage pour inciter Phidippe à calmer sa fille et à la faire rentrer dans le droit chemin, soit il l᾽évoque pour inciter Phidippe à radicaliser l᾽affaire et à réclamer la dot, que l᾽héritage rendra facile à restituer.
895. Comprendre, implicitement, "con-soririni" : le préfixe, qui ne pose pas de problème, reste ici implicite.
896. Il semble que Gaius (Dig. 38, 10, 1, 6) pense le contraire : "consobrini (...) ex duabus sororibus nascuntur, quasi consororini" (des "consobrini" naissent de deux sœurs, comme si le mot était "con-sororini"), et qu᾽Isidore de Séville (Etym. 9, 14) les mette tous deux d᾽accord : "Consobrini uero uocati, qui aut ex sorore et fratre, aut ex duabus sororibus sunt nati, quasi consororini" (on désigne du nom de "consobrinus" celui qui est né d᾽un frère ou d᾽une sœur ou ceux qui sont nés de deux sœurs comme si le mot était "consororinus"). La seule hypothèse exclue, apparemment, est d᾽appeler "consobrini" des cousins issus de deux frères (comme Ctésiphon et Eschine dans Les Adelphes ou Antiphon et Phédria dans Phormion par exemple, lesquels sont désignés en latin du nom de "patrueles" : voir la scholie 3). La scholie intercalée par la seconde main contredit au moins partiellement la scholie 3, où l᾽appellation de "consobrini" est déclarée valable (comme chez Isidore) entre des cousins dont les parents de même sang sont sœurs (implicitement) ou frère et sœur. Le scholiaste a sans doute été trompé par la scholie 1 qui, dans les mss. au moins, porte "sororinus", ce qui l᾽a induit à faire une differentia entre "sobrinus" (cousin issu de germains en langue classique) et "consobrinus" (cousin germain par la mère), et qu᾽il fonde manifestement sur d᾽autres critères. Ce lexique de la famille a beaucoup évolué en latin tardif selon les territoires latinisés.
897. Sur l᾽établissement difficile de ce texte, voir la note apposée au texte latin.
898. La scholie porte sur le sens et l᾽origine du sens de "sane". Ce rapprochement avec "ualde" sur la base du rapprochement entre les adjectifs "sanus" / "ualidus" est récurrent dans le commentaire ; cf. Hec. 178, 1 ; And. 195 ; 229 ; 848 ; Ad. 580, 2.
899. Ce qui est spirituel c᾽est le paradoxe : comment peut-on se laisser quelque chose pour soi après sa mort ?
900. Sur cette figure, voir par exemple Eun. 27, 4 ; 41 ; 936, 1.
901. Il y a là un jeu de mots (ou une simple ambiguïté) – difficile à rendre – sur le verbe "prodesse", qui a un sens général "être utile" et prend un sens particulier de "être un profit" lorsqu᾽il s᾽agit d᾽argent. Donc soit le sujet implicite de "profuit" est le défunt Phania, soit c᾽est le référent de la relative "quoi que ce soit qu᾽il nous a laissé".
902. "Impune", de la famille de "poena", signifie littéralement "sine poena" (sans châtiment). Souhaiter le retour à la vie de Phania est un vœu qu᾽on peut faire sans risque d᾽être puni en tant qu᾽héritier, puisque le vœu ne risque pas de se réaliser.
903. Citation approximative de la réplique de Pamphile, entre paraphrase et reformulation.
904. Comprendre : ce n᾽est pas nous qui l᾽avons chassée de chez nous, mais lui qui l᾽a fait venir chez lui.
905. Cette citation (très célèbre) a pour but de donner un autre exemple de "ut" adverbe interrogatif indirect.
906. Autrement dit il va développer dans son apologie tous les arguments utiles et habituels de moralité.
907. Subjonctif attendu dans une interrogative indirecte.
908. Virgile, En. I, 625. C᾽est l᾽antithèse qui est ici illustrée, comme dans la citation suivante. Mais dans ces deux illustrations, l᾽antithèse n᾽est pas appuyée par une paronomase, comme chez Térence.
909. La citation est inexactement rapportée du texte de Cicéron ; on a, chez les éditeurs : "Quid, si doceo, si planum facio teste homine nequam, uerum ad hanc rem tamen idoneo - te ipso, inquam, teste docebo"…. Cette citation nous permet de modifier la séquence "ad hanc rem s. i." lue par Wessner en "ad hanc rem t. i.".
910. C᾽est-à-dire que la rupture est consommée. S᾽il mettait le verbe au présent, il s᾽agirait de traiter une affaire en cours ; en en parlant au parfait, il semble indiquer qu᾽il n᾽y a pas de recours amiable.
911. Dans son rôle de bon fils, qui ne l᾽empêche pas d᾽être un bon mari.
912. Même remarque sur la "morosité" des vieillards en Hec. 578, 1.
913. Citation approximative du vers 378.
914. Sitôt résumé son dilemme sous cette formule presque digne de Rodrigue, Pamphile va en effet indiquer ce que son devoir lui dicte.
915. La citation donne seulement l᾽exemple d᾽une apostrophe, pas d᾽une apostrophe par un nom propre.
916. Si la citation de Virgile est bien à sa place dans cette scholie, elle illustre la litote. Or ce n᾽est pas spécialement le cas. Chez Térence, "haud inuito" (avec la négation du contraire) est clairement une litote. Mais le morceau virgilien ? Peut-être en revanche faut-il voir dans ce morceau (cité ailleurs dans le commentaire), et surtout dans "posthabita", une illustration du verbe "postputasse" du vers suivant. Dans ce cas, la citation serait à déplacer de quelques mots. Peut-être s᾽est-elle retrouvée là, déplacée d᾽une ligne lors du passage des gloses marginales dans le corps du texte.
917. Le bavardage comme trait de caractère des vieillards de comédie est un trait récurrent : voir Hec. 738 ; Eun. 216, 1 ; 973, 1 ; Ad. 68, 3 ; 264, 3 (et notre note) ; 646, 2 (et notre note).
918. Autrement dit, ce qui est mieux c᾽est la généralité : "toutes les choses" au lieu de "ta mère", "un parent" au lieu de "ta mère" : à la fois cela évite de nommer les personnes qui sont cause du conflit et cela donne un tour sentencieux très moralisant à l᾽énoncé.
919. Cette scholie finale illustre sans doute le sens de la scholie 1.
920. "Meritam" au vers suivant. Cette propriété de l᾽expression est commentée au vers suivant.
921. Comme souvent en lexicographie antique, le grammairien glisse d᾽un mot à un autre : ici, c᾽est finalement "promeritam" qui exemplifie "meritam".
922. C᾽est-à-dire les deux autres femmes qu᾽il a aimées (puisqu᾽il ne sait pas encore que sa femme et celle qu᾽il a naguère violée sont une seule et même femme). Mais on voit que sont comparés des types d᾽amour que nous ne trouverions pas comparables à notre époque : l᾽amour filial, l᾽amour conjugal, le désir irrépressible et coupable.
923. Même type de remarque sur l᾽emploi des temps en 476, 3.
924. Rapprochement assez bien vu : même contexte, même verbe à la même forme, même type de signification.
925. Pamphile est bien plus un amoureux qu᾽un mari, comme il a déjà été noté plus haut. Voir 448, 1 et la note.
926. Texte très difficile à établir, voir la note apposée au texte latin. Il nous semble que Donat dit ici deux choses. 1-Pamphile dit "éloigner" au lieu de "flanquer dehors", ce qui est une forme d᾽euphémisme. 2-il incrimine la nécessité pour ne pas incriminer Sostrata. Tous ces éléments se retrouvent dans la suite du commentaire.
927. C᾽est-à-dire que par cette phrase dans laquelle il s᾽oppose au raisonnement de son gendre, Phidippe fait passer Pamphile pour celui sur qui retombe toute la responsabilité de la décision, alors que ce dernier rejetait cela sur la "necessitas". Quant aux intérêts qu᾽il sert, on suppose qu᾽il s᾽agit des siens (donc de ses intérêts en tant que beau-père de Pamphile), puisque rendre le mari responsable de la répudiation signifie que la dot sera rendue avec l᾽épouse.
928. Donat corrige et normalise Térence : on attend le même mode dans tout système hypothétique.
929. Au vers 261.
930. Donat rappelle ici que Lachès avait déjà prédit à Phidippe que Pamphile prendrait mal la chose, à peu près dans les mêmes termes.
931. Donat évoque le présupposé véhiculé par l᾽énoncé "non credidi inhumanum fore adeo". Dire cela implique que Pamphile est de toutes façons inhumain, mais qu᾽il montre dans l᾽affaire de Philumène jusqu᾽à quel point il a perdu toute sensibilité.
932. L᾽adverbe de lieu est de la sphère du "hic et nunc". Phidippe semble exiger que la somme en liquide lui soit versée séance tenante. C᾽est cette absurde et irréaliste impatience qui est notée comme caractéristique de la colère.
933. La concession faite par Lachès que souligne Donat porte sur l᾽irritation de Pamphile.
934. Cette étymologie "proteruus" / "proterere" est une exclusivité de Donat (voir Maltby 1991, s. v.). Les modernes voient plutôt dans "proteruus" un mot (via "*pro-pt-eruus") de la famille de "peto", "viser, harceler".
935. Donat met en rapport étymologique "contumax" (opiniâtre) et "contemno" (mépriser) : la connivence phonique (relative, d᾽ailleurs, mais fortuite) impose sa force et oblige Donat à une acrobatie sémantique. Cette étrange idée se trouve relayée par d᾽autres grammairiens : Velius Longus (GL 7, 76, 6), Isidore de Séville (Etym. 10, 45). En fait "contumax" est de la famille de "tumeo" (enfler), ce que Velius Longus, dans le même passage, atteste aussi, en prêtant cette étymologie à Nisus.
936. On a "o Aeschine" dans le texte de Térence, ainsi que dans le commentaire de Donat à Ad. 449, 1. Sans doute le grammairien a-t-il écrit "Pamphile" par inattention, puisque c᾽est lui l᾽absent auquel s᾽adresse Phidippe.
937. L᾽atticisme (figure récurrente dans ce sens chez Donat) signale ici un datif éthique. Voir Ad. 272, 1 ; 475, 5-6 ; Eun. 45 ; 284, 1 ; Ph. 223, 1.
938. Par à-peu-près, Donat (en fait ici sans doute la main médiévale souvent absurde) illustre le couple "elatus" / "sublatus" par un mot apparenté étymologiquement à des formes du verbe "fero" mais distinct néanmoins de lui, "attollit". Le vers de Virgile n᾽a aucun rapport, hormis la présence du mot "animos" et ce rapport sémantique entre les verbes.
939. Il y a déjà eu une confrontation entre Lachès et Sostrata (l᾽autre couple de parents). Ici sont opposés Phidippe et Myrrhina (voilà pour la variété promise), personnages dont nous connaissions déjà les caractères, mais séparément.
940. Citation évidemment en contexte. Les enfants morts en bas âge aux enfers préparent le mauvais parti qui pourrait être fait à cet enfant, qu᾽on croit illégitime.
941. Donat commente ici en réalité la succession de sons u dans « audiVisse Vocem pueri Visus est Vagientis », ce qui lui semble relever de l᾽onomatopée, imitant les cris du nouveau-né.
942. Ce que remarque Donat ici c᾽est l᾽apparente impropriété qui consiste à employer le verbe "uideo" pour des notations auditives. Il souligne ainsi que, dans son acception "sembler", le verbe a perdu sans doute une grande partie de son sémantisme initial. Voir aussi la scholie Hec. 318, 3.
943. Comprendre : "comme ᾽defessus᾽ et ᾽deambulando᾽" dans cet extrait (bien choisi) des Adelphes.
944. Alors qu᾽on peut le faire entre "de-" et un "nom" (en l᾽occurrence un adjectif), en tre "de-" et un verbe. Rappelons que les grammairiens latins ne font pas de différence entre préposition et préfixe. "Repente" peut être un adverbe, mais il n᾽est pas possible dans ce cas d᾽en faire le régime de la préposition "de". Il faut donc lire "derepente", avec une forme intensive comme dans "defessus" (très fatigué) et "deambulando" (déambuler), et non "de repente" qui ne se construit pas. Voir scholie suivante.
945. Sur cette marque de ponctuation antique visant à rassembler des éléments qui pourraient être séparables à l᾽œil par la lecture, voir la scholie Ad. 888, 1 et notre note.
946. Autrement dit Donat attire l᾽attention des lecteurs sur le fait que ce "quod" est un relatif de liaison vide pour le sens, et qui ne sert qu᾽à relier les deux phrases. Cet emploi est évidemment parfaitement courant de son temps et il ne le signale que pour éviter une difficulté de construction.
947. Il s᾽agit évidemment du préfixe "con-" et non de la préposition. Signalons d᾽ailleurs que si plusieurs mss. ne segmentent pas bien la séquence "con modo" et lisent "commodo" ou "quomodo" (G), K et V lisent bien "con/com modo" (en deux mots), alors qu᾽il est très rare que les Latins aient une claire conscience de ce qu᾽est un morphème : en général ils écrivent un mot entier qui existe à l᾽état libre. Si Donat a effectivement écrit "con" pour faire comprendre le préfixe "con-" (et non pas "cum", comme la préposition, qui en est l᾽ersatz habituel), et si ce n᾽est pas une correction des copistes "modernes" de K et V, c᾽est une rareté relative. Sur cette question de l᾽expression du "sémiotype", voir Nicolas (2005, p. 425-427).
948. Autrement dit, elle avait quelque chose à cacher.
949. Remarque de "mise en scène". On voit que Donat aime, dans sa mise en scène imaginaire appuyer, d᾽une façon qu᾽on pourrait appeler expressionniste, le texte par une gestuelle et une diction outrée. Cela correspondait au demeurant aux usages de la scène antique.
950. Et il s᾽agit donc du verbe pronominal "se ducere" et non du parfait du verbe "seducere" (séduire, détourner). Dans une lecture à voix haute ou une copie où les mots ne sont pas séparés, on pouvait légitimement hésiter. Cette fois, en ponctuation, il ne faudrait pas l᾽hyphen (qui aboutirait à "seducere"), comme ci-dessus pour "derepente", mais la diastole, pour séparer les deux éléments. Voir la note à Ad. 888, 1.
951. Le sens de cette remarque est peu clair. Soit on y voit une remarque dramaturgique, mais, dans ce cas, on voit mal de quoi il peut s᾽agir (il réutilise des mots qu᾽il a dits à l᾽intérieur, hors scène ?), soit on y voit une remarque linguistique. Phidippe se sert de mots que l᾽on réserve d᾽ordinaire à un usage domestique, donc de mots familiers. La scholie suivante paraît accréditer cette lecture.
952. C᾽est donc sans doute un tour familier, comme en français "elle s᾽est tirée", qui est, justement, le décalque du syntagme latin.
953. Le mot "uir" signifie l᾽homme au sens de "mâle" par opposition à "femelle", comme dans l᾽exemple virgilien, mais très fréquemment aussi "le mari". Donat souligne ici ce qui est un truisme. On voit mal Myrrhina dire quelque chose comme "mon cher mâle". Il s᾽agit sans doute de rappeler à son auditoire que le sens de "mâle" existe même si dans la vie courante, et dans ce contexte, "uir" signifie "un mari".
954. En effet tout mari est un être humain mais tout être humain n᾽est pas un mari, car dans les êtres humains on compte aussi les femmes.
955. On édite généralement "tuque".
956. Le pléonasme porte évidemment sur "adeo" sans qu᾽il soit nécessaire de le rajouter comme le faisait Wessner. Donat paraît considérer que l᾽attribut "hominem" suffit, mais il semble ne pas voir qu᾽"adeo" remplit ici une fonction d᾽insistance qui en fait autre chose qu᾽un simple mot inutile.
957. C᾽est en réalité cette citation qui explique le commentaire. Phidippe répond hargneusement parce que Myrrhina semble lui dénier toute humanité, ce qu᾽indique clairement la citation (réplique de Lachès à Sostrata). Il s᾽agit donc d᾽une remarque de psychologie des personnages plus que de grammaire. Mais il faut signaler aussi qu᾽on s᾽attendrait, en l᾽espèce, comme dans le cas du couple Lachès-Sostrata évoqué implicitement dans la citation, que le mari appelle sa femme "uxor" et non "mulier". C᾽est la suite logique de la gradation inversée commentée en 524, 2 : Phidippe reprochait à son épouse de ne voir en lui ni un "uir" ni même un "homo", finissant par le terme le plus générique, et il répond en disant qu᾽elle est tout au plus une "mulier" (femme) et non une "uxor" (épouse), en commençant (de façon chiasmatique) par le terme le plus générique. Voir aussi la scholie 607, 4.
958. Remarque de ponctuation. Phidippe n᾽interroge pas Myrrhina, il lui assène la vérité : "tu sais tout mais tu ne dis rien". Il faut, du coup, interpréter "taces" dans son emploi transitif "taire qqch.", même s᾽il n᾽y a pas de complément exprimé.
959. Tout au plus Myrrhina retourne-t-elle au questionneur une autre question qui s᾽apparente à un reproche. C᾽est ce qu᾽indique la scholie suivante. Mais on ne peut pas dire qu᾽il y ait une accusation constituée.
960. Donat fait porter cette remarque sur "adeo" parce que c᾽est avec ce mot qu᾽on comprend que Phidippe s᾽est rangé à l᾽argument de Myrrhina. Sa fille a un enfant, mais il n᾽y a là rien d᾽illégitime ou de compromettant.
961. Si Myrrhina a contré l᾽accusation de scandale, elle n᾽a toujours pas dit ce qu᾽il y avait à cacher dans cette naissance, ce qui donne un nouvel argument à Phidippe.
962. D᾽où l᾽emploi de "nos omnes" au pluriel.
963. C᾽est ce que va dire Phidippe au vers suivant.
964. Donat fait remarquer la construction de "celare" avec double accusatif.
965. L᾽avis de Phidippe n᾽est guère autorisé, semble-t-il. Une naissance prématurée de deux mois (surtout si l᾽enfant est bien portant) est forcément de nature à provoquer des soupçons. Myrrhina, elle, qui a un avis plus professionnel sur la question, savait bien (voir le vers 394) que la naissance d᾽un nouveau-né né après sept mois de gestation s᾽apparente à une fausse couche (vers 398).
966. Le bébé étant né après seulement sept mois de mariage, on peut se demander s᾽il n᾽a pas été conçu illégitimement, ce qui pourrait constituer un motif de haine pour les grands-parents ainsi abusés par l᾽adultère de leur fille.
967. Sans doute plus qu᾽une définition, une étymologie : les syllabes "per" et "ui" se retrouvent de façon opportune dans la définition, qui pourrait donc du coup dire quelque chose non pas seulement du sens mais aussi de la forme du mot. Maltby (1991) n᾽a néanmoins pas retenu cet énoncé comme étymologique. On peut (comme Marangoni 2007, s. v.) rapprocher Porphyrion, ad Hor. epod. 17, 14 : "peruicaces (...) dicuntur, qui in contentione usque ad peruincendum perseuerant" (on appelle ainsi ceux qui, dans un débat, persévèrent jusqu᾽à l᾽emporter complétement ("peruincere")) : à meilleur titre, Porphyrion rapproche "peruicax" de "peruincere", mais il utilise lui aussi le verbe "perseuerare" dans sa définition, ainsi qu᾽Isidore (Etym. 10, 210) : "qui in suo proposito ad uictoriam perseuerat". Comme on le voit, "perseuerare" sert à donner le sème ᾽obstination᾽ et, manifestement, l᾽explication de la syllabe "per". Du coup, le reste de l᾽explication ("-uincere" chez Porphyrion, "uictoria" chez Isidore, y compris, donc "ui <quadam>" chez Donat) peut avoir valeur phonétique d᾽étymon.
968. Or en l᾽espèce, en disant "scires" (tu savais), Phidippe accuse sa femme de préméditation. Elle est donc inexcusable.
969. Donat tire ici parti de la construction ancienne de "nubere"avec "cum" pour une remarque sémantique intéressante. Le verbe "nubere" ne s᾽emploie de son temps que pour la femme, mais la construction "nubere cum", parce qu᾽elle introduit une idée d᾽action faite "ensemble", lui fait supposer que le tour ancien veut dire "il se marie ("nubit") avec elle et elle avec lui". Du temps de Donat, on dit "ille eam ducit", "illa ei nubit", avec deux verbes différents.
970. La formulation de Donat n᾽est pas très claire. Phidippe a cru que tout le monde s᾽était ligué contre lui, mais il voit maintenant que c᾽est Myrrhina qui a tout manigancé. L᾽ajout de "etiam" montre qu᾽il n᾽a jamais disculpé Myrrhina, mais qu᾽il l᾽incluait dans le groupe des fautifs, alors que tous les autres, sauf elle, étaient innocents.
971. Dans cette deuxième hypothèse, Phidippe aurait cru que tout était le fait des autres sans que Myrrhina fût impliquée, et il découvrirait maintenant que c᾽est elle qui a tout manigancé.
972. Donat commente ici le retour de Phidippe à la réalité marqué par "sed nunc".
973. Et non pas au sens plus courant de "jadis, autrefois".
974. Si Pamphile est un garçon si bien, pourquoi cacher le fait qu᾽il soit le père ?
975. Donat se trompe, il s᾽agit d᾽Ad. 531.
976. Le commentaire de Donat n᾽est pas très clair. Veut-il dire que le verbe "pernocto" est familier, et que c᾽est pour cela que Térence, soucieux de caractériser ses personnages, l᾽utilise, ou au contraire que le verbe est rare, mais que Térence l᾽utilise de façon courante ? En réalité, Térence ne l᾽emploie que deux fois !
977. On édite souvent "an" au lieu de "ac" et "coeperet" au lieu de "fecerit".
978. Donat semble constuire "numquam decreui id uitium esse uitium", mais c᾽est bien compliquer un énoncé finalement assez simple.
979. Autrement dit, Phidippe ne craint pas que les égarements de la jeunesse ne marquent un vice déterminant et persistant du caractère de Pamphile.
980. Nous traduisons ainsi "uelocem" mais à vrai dire nous ne savons pas ce que cela signifie dans le contexte.
981. Au vers 537.
982. Ce qui semble impliquer que, dans l᾽esprit de Donat, "factum" est un nom, et non le participe de "fio".
983. A nouveau un mot en "per-" et le nom "uis" pour expliquer l᾽adjectif "peruicax" : voir scholie 532, 3 et la note.
984. Le redoublement d᾽expression de Donat n᾽a d᾽autre but que de lever l᾽ambiguïté du genre de "ei" qui peut être à la fois masculin, féminin ou neutre. Avec "circa eam" la question ne se pose plus, mais l᾽énoncé est moins naturel.
985. Il s᾽agit bien évidemment d᾽argumentation.
986. Bien qu᾽il s᾽agisse d᾽une interrogation indirecte, il semble qu᾽il faille ponctuer ainsi. Soit Myrrhina recourt à l᾽argument du vraisemblable pour se défendre, soit elle admet qu᾽elle a été odieuse dans son rôle de mère.
987. Ici, comme en 547, il est question d᾽argumentation.
988. S᾽il l᾽a vu, c᾽est un fait objectif ; s᾽il dit qu᾽il l᾽a vu, la modalisation supplémentaire rend l᾽événement plus flou et le rend suspect.
989. Comme d᾽ordinaire, Donat s᾽amuse avec cette citation du Pro Caelio 27. Il s᾽agit dans le discours de Cicéron de se moquer de ceux qui s᾽en prennent aux mœurs jugées dissolues de Caelius, alors qu᾽il ne fait que ce que font les jeunes gens bien de son temps. Ici l᾽argument de Phidippe est le même et il en conclut comme l᾽orateur : "bon et après ? Que faisait-il de mal ?".
990. Ces deux scholies se complètent. On attendrait un énoncé du type "exeunte ex amica ineuntem ad amicam", comme dans le Phormion "in ludum ducere et de ludo reducere", mais à chaque fois le poète n᾽exprime qu᾽un complément et oblige le lecteur à sous-entendre l᾽autre.
991. Cette figure se définit comme le fait de réduire à rien quelque chose. Voir notre note à Hec. 321.
992. L᾽ablatif "cohibentia" de "cohibentia, -ae" est extrêmement rare, mais il semble que le mot, si exceptionnel soit-il, soit bien attesté par les manuscrits.
993. Donat pose une question d᾽interprétation et une question de grammaire dans ces trois premières scholies. Dans la scholie 1, il dit, à propos de la structure comparative "magis humanum", qu᾽elle présuppose que dissimuler est humain (car si c᾽est "plus humain" qu᾽autre chose, c᾽est que le critère de l᾽humanité est intrinsèque : seul le degré est en cause, non l᾽essence). Dans la scholie 2, il se pose la question de la portée de l᾽adverbe "magis", qui pourrait, après tout, porter sur le verbe "dissimulare" du vers précédent ; dans ce cas, la chose s᾽interprète : "est-ce que ce n᾽est pas humain, pour nous, de plutôt dissimuler que de veiller etc.". Enfin dans la scholie 3, il fait une remarque de morphologie en signalant que le comparatif régulier de l᾽adjectif neutre "humanum" est "humanius". En disant cela, au demeurant, il montre qu᾽il opte pour le syntagme "magis humanum" plutôt que pour le syntagme "magis dissimulare".
994. Donat marque ici une gradation dans la parole de Phidippe. Maintenant qu᾽il a disculpé Pamphile de façon certaine, il peut aller jusqu᾽à faire son éloge.
995. Voir 518.
996. Pour comprendre ce que dit Donat, il faut se souvenir que la seconde citation de L᾽Andrienne est en fait une protestation indignée de Pamphile : "comment, lui, il oublierait une relation si longue et si intime !".
997. Remarque de morphologie : Donat fait remarquer qu᾽il existe un double paradigme pour les pronoms "qui" et "quis" (qui, en fait, ont tendu à confondre leurs prérogatives). Pour lui, la forme normale est la forme en -i, tant au singulier (donc l᾽ablatif féminin "qui<cum>") qu᾽au pluriel (donc "quibus", plutôt que "quis" à l᾽ablatif pluriel). Il a diachroniquement raison pour "quis" mais tort pour le relatif (qu᾽on a ici). De toute façon, les Latins ne savent plus faire la différence entre les deux séries et ont normalisé une des deux formes, mise en commun et pour l᾽interrogatif et pour le relatif. Mais sa remarque pointe un défaut d᾽analogie : si on dit "quibus" au pluriel (et c᾽est la norme, tant pour "qui" que pour "quis"), alors il faudrait privilégier "qui" à l᾽ablatif singulier.
998. Cette reformulation prend en compte l᾽observation de Donat sur les butors. Un jeune homme qui se comporterait ainsi serait un butor, mais au fond Phidippe s᾽en moque aussi longtemps qu᾽il n᾽entre pas dans la famille, mais, une fois devenu son gendre, il ferait courir à sa fille de grands périls. D᾽un commentaire qu᾽on pourrait prendre pour une simple paraphrase on a glissé à une subtile analyse psychologique du personnage.
999. Voir 523, 4.
1000. Telle qu᾽elle se présente, la scholie n᾽a pas grand sens. Peut-être faut-il comprendre que Donat lisait "firmo" dans le texte d᾽Horace et que les copistes ont "corrigé" le texte selon la version la mieux répandue. Métriquement la variante est neutre. Le personnage veut dire que, pour être un bon mari, il faut s᾽intéresser à la sexualité et quelle meilleure preuve donner de cet intérêt que d᾽entretenir une liaison avant son mariage ?
1001. Donat, avec son acuité habituelle, réfléchit sur la progression dramatique de cette scène d᾽affrontement et analyse le mécanisme d᾽enchaînement des arguments.
1002. Remarque de ponctuation qui s᾽appuie sur la syntaxe. Donat veut que l᾽on comprenne "interdico : ne uelis..." (je l᾽interdis : ne va pas...), car il ne veut pas que ses élèves construisent "interdico ne" comme une proposition complétive, ce qu᾽"interdico" dans la meilleure langue ne tolère pas.
1003. Donat est en effet formel. Il ne peut y avoir dans la comédie mise en danger de la vie d᾽un personnage.
1004. Le commentaire porte sur le démonstratif "hanc" et sur le ton avec lequel il faut le prononcer.
1005. Une particularité du langage des vieillards sans doute.
1006. Donat ne remarque pas la litote, et se contente de paraphraser de manière plus claire pour ses élèves.
1007. Karsten (1912) athétisait le commentaire de la seconde main de Wessner, mais en réalité il suffit de le déplacer comme il le fait lui-même pour que l᾽analyse de Donat prenne tout son sens.
1008. Ici le commentaire est obscur à force de concision. Donat commente en fait les deux parties du vers sur le seul lemme qu᾽il cite.
1009. Donat, sans doute pressé d᾽en finir avec cette scène, se contente d᾽une allusion qui demeure assez obscure tant qu᾽on ne perçoit pas que le commentateur s᾽amuse des conventions du théâtre. Pour faciliter une scène de reconnaissance ultérieure, il est fréquent dans les pièces que la jeune fille violentée arrache à son violeur un signe distinctif qui permettra de l᾽identifier et de le confondre. Le caractère distancié de la scholie se voit dans sa brièveté même. Voir le commentaire du vers suivant.
1010. Nouvelle remarque sur les conventions. L᾽inversion des structures habituelles n᾽empêche pas Térence de ménager quand même une scène de reconnaissance. C᾽est sans doute aux yeux de Donat une preuve de son habileté.
1011. Donat analyse ici l᾽état de la cause qui va constituer l᾽objet du débat contenu dans cette scène. Il le qualifie de "negotialis", c᾽est-à-dire de matériel, dans la mesure où ce qui est en cause est le statut de Philumène.
1012. En effet elle désigne la jeune femme par la situation sociale qui la lie à Pamphile, ce qui est une façon d᾽entériner l᾽union du jeune homme.
1013. Même remarque en Hec. 478, 2.
1014. La conjecture est "ita me di habent" et "obtingant", et le serment le vers suivant ; voir scholie à 580, 1.
1015. C᾽est-à-dire "ita" et "-que", valant "et ita" et non la conjonction "itaque".
1016. Pour Donat le mot "iusiurandum" désigne, comme chez Cicéron, toute forme d᾽attestation solennelle faite au nom des dieux. Il y a donc ici pour lui "iusiurandum", même s᾽il n᾽y a pas pour nous véritablement "serment".
1017. Il faut comprendre que Sostrata n᾽a rien fait pour s᾽attirer la haine de l᾽épouse de Pamphile, ce qui est le sujet du commentaire complet de ce vers.
1018. Malgré les apparences il s᾽agit d᾽une remarque de morphologie, indiquant que le "quam" ne doit être pris ni pour un relatif, ni pour un élément de la conjonction "antequam", mais bel et bien comme un comparatif. La plupart des éditeurs modernes éditent ici "quod", mais il est évident que Donat lit bien "quam".
1019. Même type de remarque que ci-dessus, 577, 4.
1020. Evidemment parce qu᾽elle réduit la jeune femme au sentiment qu᾽éprouve pour elle son fils, concentrant ainsi l᾽intrigue sur son enjeu fondamental, le conflit dans le cœur de Pamphile entre l᾽amour qu᾽il éprouve pour sa femme et celui qu᾽il éprouve pour sa mère.
1021. On a ici un cas typique d᾽un travail de compilation inachevé à partir des données fournies par le commentaire originel. Karsten (1912, 185) athétisait le second commentaire, mais il n᾽y a aucune raison de choisir l᾽un plutôt que l᾽autre. Il vaut mieux admettre qu᾽il faut se contenter de la teneur du commentaire originel sans trop savoir quelle était sa forme.
1022. D᾽ailleurs, dans cette scène, elle n᾽a jamais prononcé le mot de "faute", mais un verbe comme "commerui" sous-entendait clairement cette idée.
1023. Ce qui étonne Donat ici est sans doute le luxe de précision qui confine au pléonasme. Malheureusement il oublie de dire comment il l᾽interprète dramaturgiquement.
1024. La reformulation de Donat explique non pas ce qu᾽il vient de dire, mais le sens qu᾽il donne au vers. Il ne faut pas comprendre que Pamphile donne un ordre à sa mère (il est bien trop bon fils pour cela), mais qu᾽il lui explique clairement qu᾽il ne la laissera pas mettre son projet à exécution.
1025. Commentaire syntaxique. On peut comprendre la proposition par "ut" qui suit comme complétant seulement "non sinam" sans compléter "non facies", ou comme complément des deux verbes. Donat propose les deux lectures sans vraiment choisir.
1026. Commentaire extrêmement sibyillin qui se comprend en fait si on lit la fin du vers. Pamphile dit que cela ne se produira ni à cause de son entêtement à lui, ni à cause de la modération de sa mère. Donat remarque donc que, en ajoutant ainsi son propre sentiment, il montre l᾽intérêt qu᾽il a lui-même à contrecarrer les projets de sa mère : ne pas encourir le reproche d᾽avoir fait le malheur de sa mère par son entêtement à ne pas se réconcilier avec sa femme.
1027. Etre présent auprès de ses proches et assister aux fêtes relève plutôt de l᾽honnête, pouvoir voir ses amies et s᾽entraider avec elles relève plutôt de l᾽utile.
1028. Donat indique ici sans doute qu᾽il ne faut pas voir dans cette expression un style paratragique, mais seulement l᾽emploi ordinaire de "nolo" pour marquer la désapprobation.
1029. Expression sibylline. Sans doute faut-il comprendre que Sostrata (dans cette scène paradoxale où chacun veut se sacrifier pour l᾽autre, ce qui, du coup, ne débloque pas la situation) juge aujourd᾽hui comme des corvées ce que Pamphile lui présente comme ses plaisirs habituels de la ville, et qu᾽elle commence par rabaisser les "jours de fête", qui étaient les derniers nommés. Le commentaire porte alors sur l᾽ensemble de la réplique de Sostrata. Mais, si on comprend tout à fait qu᾽elle rejette globalement ses anciennes activités, on ne voit pas bien en quoi elle fait un sort spécial et inaugural aux jours de fête. Peut-être est-ce l᾽emploi du verbe "perfuncta sum" au vers 594 qui incite Donat à croire qu᾽elle évoque d᾽abord implicitement les jours de fête, car c᾽est un verbe qui autorise une construction "perfuncta sum diebus festis" mais semble admettre assez difficilement un complément de personne ?
1030. En réalité Donat commente son commentaire précédent. Il a remarqué le mot "perfuncta" qui s᾽applique prioritairement aux devoirs religieux. Il note alors que la vieille dame ne peut plus les accomplir et indique que Térence s᾽est montré particulièrement adroit ici en faisant répondre à Sostrata sur le point le plus important pour une dame pieuse, celui de l᾽accomplissement de ses devoirs religieux. Ainsi l᾽image de Sostrata en sort grandie.
1031. Deux commentaires en un : la vieille dame manifeste une lassitude face aux obligations fatigantes, ce qui relève de son caractère ("seniliter") ; mais en réalité c᾽est une feinte pour prétexter un départ à la campagne, qui est en fait un désir de sacrifice pour arranger son fils : voilà ce qui est "maternel".
1032. Cela montre la délicatesse de Sostrata qui ne veut pas sembler accuser sa belle-fille de souhaiter sa mort pour en être délivrée.
1033. Même remarque lexicologique en Ad. 109, 1-2.
1034. Sostrata indique qu᾽elle n᾽a plus l᾽âge de vivre décemment à la ville, et non qu᾽elle part pour laisser place libre à sa belle-fille.
1035. Malgré le lemme, cette scholie porte sur la totalité du vers et en particulier "male audit". Le ressentiment général contre les belles-mères affecte Sostrata au point de vouloir lui faire quitter la société de ces gens qui méprisent les belles-mères.
1036. La construction suggérée par Donat est difficilement compréhensible. Si l᾽on comprend à la limite ce qu᾽il fait de "una" en donnant à "absque" le statut d᾽adverbe, on ne comprend plus du tout "hac". La construction est évidemment celle que suggèrent les sources de Donat, "absque" est une préposition, il faut sous-entendre "re" dans le groupe "hac una".
1037. C᾽est-à-dire qu᾽il faut enchaîner directement le vers 602 sur le 601, souligner l᾽enjambement et effacer la petite pause traditionnelle en fin de vers.
1038. En choisissant cette citation des Odes d᾽Horace, déploration de la mort de Quintilius, Donat achève de donner toute sa grandeur au personnage de la vieille dame.
1039. On remarquera une incohérence certaine dans le texte de Térence cité sous une forme dans le lemme et sous une autre dans la citation.
1040. Le commentaire de Donat porte en réalité sur la construction en apparence non grammaticale de "et mihi" (sous-entendu "vae"). Il remarque toutefois que bien des expressions elliptiques sont ainsi passées dans la langue courante comme le français "ça va ? -et vous?" sans que personne ne s᾽offusque plus de leur caractère elliptique.
1041. La remarque est importante car on arrive à une dérivation de sens intéressante. "Procul" qui signifie "loin" en vient ici à être synonyme de "prope" qui signifie "près".
1042. Sur la hiérarchie de sens et de connotations entre "uxor" et "mulier", voir la scholie 525, 2. Lachès se réconcilie avec cette "mulier" en lui redonnant son titre de "uxor".
1043. La lacune signalée par Wessner (et qui ne laisse pas de trace dans les mss.) peut se suppléer de plusieurs façons. "Qui" peut équivaloir à l᾽adverbe relatif "unde" (selon une remarque récurrente dans le commentaire) ou au pronom relatif neutre "quo" (on est alors dans une remarque morphologique, elle aussi banale dans le commentaire, sur la double forme possible de l᾽ablatif du pronom). Dans ces deux cas on comprend "cela, par quoi on peut infléchir son cœur, c᾽est être sage". Mais peut-être peut-on aussi supposer une remarque de morpho-syntaxe "qui pro quae" (masculin pour le féminin) : "voilà qui est être sage, toi qui fléchis ton cœur". Le poète aurait mis un masculin de généralité, avec une seconde personne indéfinie ("c᾽est un sage, celui qui etc.") là où il aurait pu accorder le relatif au féminin en accord avec la situation d᾽énonciation. Cela peut être confirmé par la scholie 609, 1, et son "etiam" qui pourrait signaler qu᾽il y a eu une première remarque du même acabit. Mais quelque solution qu᾽on adopte, on ne voit guère en quoi consiste le pléonasme remarqué. Peut-être la lacune concerne-t-elle davantage qu᾽un mot. C᾽est peut-être une ligne entière qui a sauté dans l᾽archétype et nous aurions avec "interdum abundat" une fin de scholie dont le début est perdu. Nous pourrions proposer de reconstituer "qui pro <quae, generaliter. ubicumque opus sit pro ubi, nam cumque> interdum abundat" (il a mis "qui" pour "quae", en faisant une généralité. "Vbicumque opus sit" pour "ubi", car "-cumque" est parfois plaonastique). De fait, ici la conjonction "ubi" suffirait et c᾽est peut-être de cela qu᾽il s᾽agit dans ce supposé deuxième volet de la scholie.
1044. En réalité, ces deux scholies soulèvent un problème de ponctuation. Dans la première hypothèse, ce vers est lié syntaxiquement à celui qui précède, et il ne faut donc pas de ponctuation à la fin du vers 608. Dans la seconde, le groupe "quod etc." est repris par "hoc" et le vers se suffit donc à lui-même. Dans ce cas, il faut une ponctuation forte à la fin du vers 608.
1045. On remarquera une fois encore une grande inconséquence dans le texte de la comédie. Donat cite de toute évidence deux versions différentes de ce même vers.
1046. L᾽expression de Donat n᾽est pas très claire. Ce qui donne au verbe son sens de nécessité impérieuse c᾽est le recours au tour de l᾽adjectif verbal employé avec "sum" et marquant l᾽obligation. Donat fait une remarque équivalente en Ad. 729, 3.
1047. Donat n᾽a pas l᾽air de considérer la forme "fuat" comme une forme de "sum", mais comme un verbe synonyme.
1048. Reformulation en latin plus explicite de "fors fuat pol" où chaque terme (archaïque) est glosé par une forme moderne : "fors" par "bona fortuna", "fuat" par "sit" et "pol" par "per Pollucem".
1049. Le vers qui se place au moment où Enée propose à son père Anchise de monter sur ses épaules pour fuir Troie est évidemment extrêmement connu, mais Donat peut jouer sur le contexte. En fuyant la ville pour y laisser les jeunes vivre leur vie, Lachès et Sostrata connaissent un arrachement du même type en comédie que celui que, dans l᾽épopée, connaît le vieux héros. Loin de faire sourire, ce rapprochement ajoute à la gravité de la scène.
1050. D᾽un côté la décision, si pénible soit-elle, se justifie par le désir de faire le bonheur de Pamphile, de l᾽autre la perspective d᾽une vie triste de petits vieux la rend douloureuse.
1051. Bien qu᾽il soit difficile pour nous de l᾽évaluer, il y a sans doute dans cette expression quelque chose de la langue familière (peut-être "i intro" au lieu de "introi" et l᾽usage du verbe "componere").
1052. Cette plaisanterie misogyne du commentateur ne se comprend que si, comme l᾽a fait Wessner, on rajoute "annus est" pour compléter la citation. Telle que la livrent les manuscrits, la phrase n᾽est absolumet pas drôle et n᾽a aucun sens.
1053. En effet tant que l᾽auditeur n᾽a pas entendu le "minime" qui suit, il peut croire que c᾽est ce que veut Pamphile, que sa mère s᾽en aille, en prenant l᾽infinitive comme complément de "uis".
1054. Ce qu᾽il vient de dire est "hinc abire minime", la personne "matrem". Il lui reste à savoir pourquoi soudain son fils fait obstacle à ce qui pourrait assurer son bonheur.
1055. L᾽emploi d᾽une forme de futur marquée n᾽est pas obligatoire dans les interrogatives indrectes et le subjonctif présent peut tout à fait suffire à marquer une délibération portant sur l᾽avenir. En choisissant de marquer le futur, Térence ajoute à l᾽indétermination du personnage.
1056. Donat commente ici le tour "quid... nisi" qui ne laisse aucun choix à Pamphile.
1057. Le préverbe marque ici l᾽accomplissement de l᾽action jusqu᾽à son terme, et fournit donc une forme d᾽insistance.
1058. Ici, comme dans la scholie 3, il est difficile de voir ce que Donat trouve qui se rapproche de la sentence. Sans doute est-ce le fait que les personnages ne sont pas nommés, et qu᾽on peut donc à l᾽extrême rigueur considérer cet énoncé comme généralisant.
1059. En répudiant son épouse, Pamphile pourrait donc rétablir entre sa mère et son ex-femme des relations normales, puisque exemptes des contraintes de la vie familiale.
1060. Sans doute s᾽agit-il de commenter "uerum" où Donat reconnaît étymologiquement l᾽adjectif "uerus" (vrai). Ainsi, Lachès admet qu᾽il y a une part de vérité dans ce que dit son fils.
1061. On notera qu᾽ici le commentateur accentue encore le caractère sérieux et presque tragique de la scène, en ajoutant de son fait cette note pathétique.
1062. Sur la restitution de cette citation d᾽Apollodore, voir la note apposée au texte latin. Donat se contente ici de faire remarquer l᾽exactitude de la traduction de Térence par rapport à son modèle.
1063. Donat fait remarquer la dimension métathéâtrale de cette remarque. Mais nous n᾽en savons pas plus, car dans ce que nous connaissons des fabulistes grecs et latins ou des auteurs comiques ("fabula", comme son correspondant grec "μῦθος" aiguillant aussi bien vers le monde de la fable que vers celui de la comédie), il n᾽y a pas de fable ni de pièce de ce titre. Apollodore de Caryste, qui est ici scrupuleusement traduit par Térence, devait avoir en tête un titre bien connu de son époque.
1064. Le fait de nommer le personnage appartient selon Donat à la manière de s᾽exprimer des personnages de comédie. Sur sa théorie de l᾽emploi des noms propres, voir par exemple Ph. 352, 4 et notre note.
1065. Ce qui gêne Donat ici, c᾽est que, contrairement à l᾽usage de la langue soignée, les deux propositions ne sont pas coordonnées. On ne voit donc pas de manière immédiate le lien entre elles.
1066. En effet, agir sous l᾽impulsion d᾽un tiers diminue la responsabilité de celui qui agit en reportant une part de la culpabilité sur celui qui a commandité l᾽action.
1067. C᾽est-à-dire que l᾽expression aurait exactement la même valeur que "in ipso tempore" au vers suivant.
1068. Donat n᾽explique pas le lien sémantique qu᾽il suppose entre "portus" et "opportune", d᾽autant qu᾽il donne à "portus" plusieurs sens selon les cas (voir son analyse d᾽"angiportus" en Ad. 578, 1). Implicitement, on peut supposer qu᾽il se rallie à l᾽opinion que donne Festus sur ce mot (P.-Fest. 207 L) : "opportune dicitur ab eo quod nauigantibus maxime utiles optatique sunt portus" ("opportune" vient du fait que pour les marins les "ports" sont très utiles et souhaités).
1069. Remarque lexicologique pour illustrer le sens du verbe "ostendere". S᾽il "se montre", c᾽est qu᾽on le cherchait; si on n᾽avait pas souhaiter le rencontrer, on pourrait dire qu᾽il "apparaît" ou qu᾽on "tombe sur lui". On voit qu᾽il s᾽agit donc d᾽une remarque différentielle tronquée.
1070. L᾽exemple éclaire la différence que Donat établit entre les deux expressions. "Opportune" suppose une action qui se produit exactement au moment où elle est attendue, sans que l᾽action qui la justifie ait encore commencé, "in ipso tempore" suppose une action qui se produit au moment où l᾽action qui la justifie a déjà commencé. Ainsi arriver exactement à l᾽heure à un dîner est "opportune", arriver alors que l᾽on est déjà passé à table est "in ipso tempore".
1071. La manière dont la scholie est rédigée pourrait permettre de douter de l᾽attribution de cette réplique dans l᾽esprit de Donat. Il semblerait qu᾽il la donne à Phidippe, alors que les modernes l᾽attribuent plutôt à Pamphile. Mais il n᾽en est rien : il y a un changement de sujet implicite entre la principale et la subordonnée. "Simulet" a pour sujet implicite "Pamphilus". Comprendre : la réaction de Pamphile (qui, dans un aparté, déclare son embarras) montre que Lachès l᾽a mis dans une impasse : il ne peut ni faire semblant de rien ni dire la vérité. Sur ces changements abrupts de sujet grammatical, voir par exemple Ad. 423 et la note apposée au texte latin.
1072. Une situation comparable est évoquée en 378, 1. Voir notre note.
1073. En ne prononçant pas le nom du statut qui crée la difficulté, Lachès ménage son interlocuteur et paraît minimiser ce qui pose en réalité problème..
1074. La conjonction est disjointe en ces deux composantes ("quo" et "minus"), c᾽est la tmèse (comme en français classique "lors donc que") et le second élément est antéposé, c᾽est l᾽anastrophe. Le sens n᾽en est pas affecté.
1075. En exposant que tout est le fait de Myrrhina, Phidippe dépose en quelque sorte contre sa propre femme.
1076. Donc l᾽anaphorique ne réfère pas au mot qui le précède, comme on pourrait le penser en première lecture.
1077. Donat signale une relative ambiguïté sur "quam", qui pourrait être le pronom relatif, auquel cas la phrase s᾽interpréterait "qu᾽ils troublent celle qu᾽ils veulent". Voir la suite.
1078. C᾽est donc un adverbe qui marque l᾽intensité du trouble et non la personne qui va l᾽éprouver.
1079. C᾽est-à-dire que le mot peut désigner à la fois ce que vont éprouver les vieillards et ce qu᾽ils vont faire éprouver aux autres personnages. Il s᾽agit aussi de compléter la remarque morpho-syntaxique sur "quam" : si "quam" est un adverbe, comme préconisé par Donat, alors "turbent" n᾽a pas de COD. Il faut donc lui donner un sens intransitif ("qu᾽ils fassent du raffut") ou passif ("qu᾽ils soient troublés") de circonstance.
1080. Didascalie implicite de mimique. Sur le jeu des sourcils dans la physionomie et l᾽expression des passions, voir Quintilien, 11, 3, 72- 75 (et notamment le rapprochement que fait le rhéteur avec le masque comique). Référence rappelée et analysée dans la thèse d᾽E. Dhérin, Homo furens. La représentation physique de la colère dans la littérature latine, Lyon 2, thèse dact. (dir. F. Biville), vol. 2, p. 126.
1081. Sans doute devrait-il passer par le père du jeune homme.
1082. Au vers 500.
1083. Donat commente ici le "hanc" qui indique que le lien existe déjà.
1084. Passage choisi évidemment à dessein puisqu᾽il s᾽agit du sombre pressentiment d᾽Evandre lors du départ à la guerre de Pallas, moment d᾽une haute intensité tragique qui permet à Donat de rappeler que la comédie ici est plus proche du drame que de la farce.
1085. Selon le droit romain ("ius"), l᾽enfant est la propriété de son père, il doit donc vivre avec lui. Toutefois, le fait que Pamphile ne sache pas qui est le vrai père de l᾽enfant de Philumène rend cet argument assez faible. Mais Phidippe, lui, ne connaît pas les doutes de Pamphile sur sa paternité.
1086. Il s᾽agit d᾽une pure indication scénique de proxémique, visant à souligner l᾽aparté indispensable ici au fonctionnement de la réplique. Etrangement, Donat semble s᾽adresser à ses élèves comme s᾽ils devaient jouer cette scène, ce qui est peut-être le cas.
1087. Si l᾽on interprète ainsi la scholie il est inutile de conserver les ajouts de Wessner qui voulait que l᾽enjeu du commentaire soit sur la question alors qu᾽il est sur la répétition du mot "puerum".
1088. Commentaire évidemment étymologique. Donat identifie dans "praegnans" l᾽élément "prae", mais il a du mal à déterminer ce que peut bien vouloir dire "gnans". La façon dont il rédige son étymologie rend compte de sa difficulté récurrente à exprimer la notion de radical. Il a bien vu ici que le radical est "gna-" apparenté à "gigno" et il propose effectivement le double rattachement, mais en passant par des substantifs ce qui masque la valeur de son étymologie, sans doute exacte.
1089. Donat commente la structure tripartite de la phrase jusqu᾽au milieu du vers suivant.
1090. Car, comme le notera Donat dans les scholies suivantes, son ton est plus dédaigneux que vraiment désobligeant.
1091. Cette citation tirée de la réponse d᾽Eole à Junon au tout début de L᾽Enéide paraît indiquer que Donat lit dans les paroles du dieu des vents une certaine modestie presque méprisante à l᾽égard du royaume que Junon lui a obtenu. C᾽est une interprétation qui devait être la sienne dans son commentaire virgilien, puisqu᾽on lit chez Servius (ad loc.) : "dicendo autem ᾽quodcumque᾽ aut uerecunde ait, ne uideatur adrogans, aut latenter paene iocatur poeta ; quis enim potest ventos, id est rem inanem tenere?" (en disant "quodcumque", soit il parle avec retenue pour ne pas paraître arrogant, soit à mots couverts le poète est presque en train de jouer sur les mots. Car qui peut "tenir les vents", qui sont une chose impalpable ?).
1092. Donat veut dire qu᾽il n᾽existe pas d᾽autre forme de ce verbe que le participe parfait "moratus". Sans doute une manière de dire qu᾽il ne faut pas le rattacher au paradigme de "morari" (s᾽attarder), dont le participe "mŏrātam" se distingue de ce "mōrātam" par la quantité du o (ce que la scansion ne peut pas déterminer à cette place dans le vers). En fait "mōrātus" est un adjectif qui ressemble à un participe mais qui est en fait dénominatif (comme "barbatus", "barbu", ou "galeatus", "casqué), formé sur "mōres". Notons la formule "mōrātam mōribus", dont Donat ne dit rien.
1093. Wessner se trompe en athétisant "mirari" comme si le mot faisait partie du lemme. C᾽est en réalité le premier mot du commentaire.
1094. La question semble curieuse, voire oiseuse, car la construction "minus quam" ne pose aucun problème. Mais Donat réfléchit en réalité sur la nature de "minus". Si c᾽est un adverbe comme "magis", on attend un complément introduit par "quam" ; mais ce peut être l᾽épithète de "illud factum" et dans ce cas la phrase de Térence veut dire : "ce fait qui n᾽est pas petit pour toi, comme il me plaît à moi..." et on voit que "quam" ne peut être qu᾽exclamatif.
1095. La question introduite par "utrum" comprend elle-même deux volets, car elle induit à la fois une difficulté morphologique (voir ci-dessus) et une difficulté stylistique d᾽interprétation du passage. Après avoir réglé la difficulté morphologique ("minus" est un adverbe), Donat en vient à ce que cela veut dire, et, logiquement, il reconstruit en éliminant "factum", source d᾽ambiguïté pour la nature de "minus", et en rapprochant le segment "non minus" du verbe sur lequel porte l᾽adverbe. Qu᾽il inverse au passage "mihi" et "tibi" ne paraît pas porter réellement à conséquence, dans la mesure 1-où ce comparatif de supériorité dans la portée d᾽une négation revient à une comparaison d᾽égalité dont les éléments sont interchangeables ("autant à toi qu᾽à moi" = "autant à moi qu᾽à toi"), et 2-où c᾽est bien de "minus" qu᾽il parle toujours, comme le montre le fait que nous devons comprendre "placet" comme valant "displicet". L᾽ironie qu᾽il voit ici est elle-même analysable de deux façons : 1-"cela ne me plaît pas moins qu᾽à toi" au lieu de "cela ne me plaît pas plus qu᾽à toi" (donc "minus"="magis"), 2-"cela ne me plaît pas moins qu᾽à toi" au lieu de "cela ne me déplaît pas moins qu᾽à toi" (donc "placet"="displicet"). Une fois de plus, Donat montre son goût prononcé pour la dialectique, sans doute parce qu᾽il entre dans ses attributions de grammairien d᾽enseigner aussi les modes du raisonnement.
1096. Cette fois, la scholie porte non plus sur des mots, mais sur la totalité de l᾽énoncé, reformulé comme un comparatif d᾽égalité "tantumdem", accompagné d᾽une citation où apparaît clairement le procédé d᾽inversion propre à l᾽ironie. Voir le commentaire qu᾽il en donnait ad loc. où il expliquait que "facile et utile" signifient en réalité "difficile et inutile". En réalité c᾽est la seule citation d᾽And. qui explique l᾽ironie, la comparaison d᾽égalité n᾽ayant en soi qu᾽une valeur de reformulation.
1097. En réalité le commentaire porte évidemment sur "consequitur".
1098. C᾽est adroit dramaturgiquement car cela prépare évidemment la méprise et le coup de théâtre final.
1099. Donat, très habilement, utilise le substantif "euentus" pour indiquer un sens positif de "euenire", car, effectivement, ce substantif s᾽emploie majoritairement pour des résultats heureux. Toutefois le verbe "euenire" n᾽est connoté ni positivement ni négativement dans la langue classique, à la différence de "contingere" (positif) ou "accidere" (négatif).
1100. Donat veut dire que la succession "perii"... "nullus sum" constitue une progression : "je suis mort" (il reste donc mon cadavre), "je n᾽existe pas" (il ne reste rien de moi).
1101. C᾽est-à-dire le respect filial.
1102. Comme l᾽a fait remarquer Donat plus haut (534), on dit de son temps "mihi nuptam". Toutefois Donat va marquer sa préférence pour ce tour parce qu᾽il est plus conforme à l᾽étymologie et au sens premier du verbe.
1103. Ce passage, qui n᾽a aucun rapport avec les nuages, renvoie cette fois aux funérailles de Pallas dont Donat avait plus haut cité le départ au combat, ce qui continue à imposer une lecture profondément dramatique de la comédie.
1104. Commentaire semblable en 568.
1105. La dérivation consiste à rejeter la faute sur Myrrhina et non sur Philumène, ce qui réduit la responsabilité de la jeune fille à un excès de confiance. Elle n᾽a pas cru que les conseils de Myrrhina allaient en réalité ruiner son mariage. C᾽est cela l᾽imprudence que note le commentateur.
1106. En langue normée, on a en effet un emploi forcé du réfléchi dans cette proposition (surtout que ladite proposition est à l᾽indicatif). Cet emploi non réflexif du réfléchi, qui marque une insistance sur le lien possessif, est relativement courant et ne mériterait guère le commentaire qu᾽en fait Donat si, dans la pratique des élèves du quatrième siècle, les choses n᾽étaient pas devenues beaucoup plus floues.
1107. La citation virgilienne, qui sur le plan syntaxique partage avec le lemme commenté un emploi forcé du réfléchi "suam", renvoie thématiquement à la nourrice de Didon, dont le corps est resté en Phénicie, et prolonge la thématique funèbre de toutes les citations virgiliennes ou presque dans cet acte si empreint de drame.
1108. La citation virgilienne explique ce que Donat remarque dans cette tournure : alors qu᾽on attendrait "tu Laches et tu Pamphile", Térence commence par un pluriel "uos" qu᾽il prolonge par un singulier.
1109. Remarque d᾽ecdotique. On ne sait trop ce que Donat désigne par "exemplaires authentiques" (pas plus qu᾽on ne le saurait si l᾽on éditait "ueteribus codicibus", "exemplaires anciens" : voir la note apposée au texte latin), mais on a une nouvelle trace de son travail d᾽éditeur de textes. La question posée est celle de la forme : il faut, dit-il, rétablir "remissan... reductan" à la place des formes plus modernes "remissane... reductane" qu᾽on lit dans les exemplaires moins authentiques.
1110. Donat analyse bizarrement cette phrase. Il tord l᾽ordre des mots (d᾽où ses reformulations) pour associer "uxor" et "mea" (ce que la scansion, indifférente à cette place, ne permet pas de trancher). Du coup, il manque une détermination à "manu" et il suppose "eius", ce qui s᾽interprète : "ma femme, ce qu᾽elle fera, ce n᾽est pas en son pouvoir <d᾽en décider, mais c᾽est à moi de le faire>". En fait, les éditeurs s᾽accordent, dans leur traduction, à accorder "mea" à "manu" et à comprendre "pour ce que fera ma femme, cela ne dépend pas de moi" (Marouzeau). Nous conservons tout de même, dans notre propre traduction de Térence, l᾽interprétation de Donat. Ce dernier semble se contredire dans la scholie suivante (dont le texte est délicat à éditer, cela étant : voir notre note à 667, texte latin) : Phidippe, après avoir dit ici (selon Donat) que la chose dépendait entièrement de lui, dit juste après qu᾽il faudra tout de même solliciter sa femme.
1111. Allusion à la scholie précédente, contradictoire avec celle-ci. Donat revient implicitement sur son analyse de "in manu non est" : car s᾽il faut tout de même solliciter Myrrhina, c᾽est qu᾽elle a le pouvoir de décider. Et l᾽autre interprétation consiste à rejoindre les traducteurs modernes qui comprennent "in manu mea" : voir la note précédente.
1112. Donat remarque ici une ambiguïté de construction sur le mot "puero" qui peut être soit un datif soit un ablatif, le tour pouvant correspondre soit à "quid hoc homine facias ?" ("que faire d᾽un tel homme", Cic. Sest. 29) ou "quid tu huic homini facias ?" ("que faire à l᾽égard d᾽un tel homme", Cic. Caecin. 30). Autrement, il est impossible de déterminer le cas de "puero".
1113. Dans le cas où "ridicule" est un nom, il faut comprendre qu᾽il est au vocatif : "bouffon, tu le demandes ?" et donc ponctuer comme l᾽indique le commentateur, dans l᾽autre, il faut comprendre : "ta question est risible" et ne pas ponctuer du tout. La scansion n᾽est ici d᾽aucun secours pour distinguer le vocatif "rīdiculĕ" de l᾽adverbe "rīdiculē".
1114. C᾽est-à-dire cette réplique du jeune homme dite en grommelant.
1115. Remarque d᾽ecdotique avec des ramifications dramaturgiques. Si le texte est "ipsa", "pater" est forcément un vocatif et, donc, la réplique se fait à haute et intelligible voix, Pamphile s᾽adressant en réponse directe à son père : "Un bébé qu᾽elle-même, père, a négligé, moi je l᾽élèverais ?" ; si en revanche la bonne leçon est "ipse", alors le groupe "ipse pater" désigne le père biologique et, comme sa non-paternité est un secret que Pamphile ne souhaite pas révéler, la réplique doit être en aparté : "Un bébé que son propre père a négligé, moi je l᾽élèverais ?". La réplique de Lachès "quid dixti ?" peut s᾽enchaîner aussi bien sur la réplique à voix haute que sur la réplique en aparté, si c᾽est un aparté à moitié audible (que Donat appelle une "murmuratio", un grognement), comme cela est fréquent au théâtre. Donat opte pour la solution de la réplique à voix haute, avec "ipsa" et "pater" au vocatif dans la scholie 3, puis pour l᾽aparté dans la scholie 4. C᾽est la preuve que nous avons là des scholies d᾽auteurs et d᾽époque différents, celle de Donat et celle de commentateurs de Donat et qu᾽il est bien souvent impossible de savoir ce qui revient au commentaire originel.
1116. Karsten (1912, 195) athétise cette scholie au motif qu᾽elle contredit le reste du commentaire, mais il n᾽a peut-être pas raison, car Donat peut commenter la lecture la plus courante et faire remarquer que personnellement il préfère l᾽autre. Voir la note précédente.
1117. Contrairement à ce que pensait Wessner en supposant un tour adverbial "e contrario", il y a bien deux éléments dans la réplique du vieillard : 1-il use d᾽un tour négatif, et 2-il le dit par manière d᾽antiphrase, ce que doit établir la prononciation.
1118. Allusion qui n᾽est pas sans jeu contextuel, puisqu᾽il s᾽agit de l᾽intercession de Vénus auprès de Jupiter pour qu᾽il mette un terme aux agissements de Junon contre les Troyens et Enée. En donnant à Pamphile le pouvoir de Jupiter, et à l᾽enfant de Philumène la dignité d᾽Enée, Donat montre combien ce débat est lourd de conséquences dramatiques.
1119. Voir le commentaire à And, 146, 3.
1120. Comprendre la présence de la belle-mère, et l᾽existence d᾽un enfant. Le commentaire couvre en réalité les vers 677-681, puis Donat reprend au 681 son explication linéaire.
1121. Le commentaire de Donat est assez embrouillé et on voit mal ce qu᾽il commente exactement dans la forme "nanciscor". A-t-il conscience qu᾽il s᾽agit d᾽un inchoatif qui marque donc une action qui s᾽engage ? Ce n᾽est pas impossible.
1122. Donat veut dire que Lachès exige désormais de Pamphile qu᾽il cesse de se comporter comme un gamin, et qu᾽il est grand temps de grandir.
1123. Notons que dans ce qui suit le texte de Térence n᾽a pas la même forme que dans le lemme précédent.
1124. Plus que d᾽une remarque d᾽intonation, il s᾽agit d᾽un commentaire de syntaxe. Le lecteur de Térence ne doit pas prendre cette proposition pour une finale, mais bien pour l᾽expression d᾽un ordre.
1125. Donat, en commentant ce passage de L᾽Andrienne, avait fait le commentaire inverse, mais qui recoupe exactement celui-ci. Le jeune homme devrait avoir honte de se conduire comme il le fait avec un père si bon, mais il est tiraillé entre la reconnaissance due à son père et la force de sa passion.
1126. C᾽est-à-dire qui demande que l᾽on ne tienne pas compte de la lettre de la loi qui est en sa défaveur, mais qu᾽on lui accorde cependant ce qu᾽il demande.
1127. Tel quel ce commentaire se comprend mal. Donat semble vouloir dire que Lachès, pour persuader Pamphile, le flatte en soulignant qu᾽il a obéi à son père et s᾽est donc montré un bon fils, en épousant Philumène, ce qui demeure le centre du débat, puisque précisément, maintenant, il veut la répudier.
1128. En reformulant ainsi, Donat paraît vouloir éviter que l᾽on construise "fecisti ut decuerat" (tu as fait comme il convenait), construction tentante avec l᾽ordre des mots térentien, et nous incite à accrocher "ut decuerat" à "obsecutus" (m᾽ayant obéi comme il convenait).
1129. Littéralement "la lèvre baissée", ce qui marque la tristesse. Cela nous donne une précieuse indication sur la manière expressionniste codifiée de jouer les sentiments.
1130. Notons qu᾽en reformulant ainsi le vers précédent, Donat contredit sa reformulation précédente qui semblait précisément vouloir éviter cette construction.
1131. En effet, Lachès évite de souligner la force des sentiments de son fils, pour mettre en avant le caractère possessif et égoïste de Bacchis, qui ne veut pas laisser partir son amant. L᾽épanorthose consiste ici à corriger le sens de "in-ducere" par "ob-sequi", les deux verbes s᾽opposant ("conduire" / "suivre"), et les préverbes aussi d᾽une certaine manière ("vers" / "contre"). Ainsi Pamphile n᾽a pas été volontaire, mais il a suivi ; il n᾽a pas visé un but, mais il s᾽est heurté à la volonté arrogante de Bacchis. C᾽est en cela que sa faute est vénielle ("uenialiter").
1132. Donat oppose l᾽infinitif actif "redisse" qui marquerait une intention du personnage, à l᾽infinitif passif choisi par le vieillard et qui peut laisser supposer que Pamphile n᾽a été qu᾽un jouet dans les mains de la courtisane.
1133. C᾽est-à-dire qu᾽il présuppose une réponse négative.
1134. Alors qu᾽on attendrait évidemment qu᾽une prophétie porte sur le futur.
1135. Remarque qui relève assez clairement de l᾽étymologie : Donat semble relier "diuinare" à "diuinus" et considérer que "diuinare" veut dire "avoir un savoir divin".
1136. Voir la scholie Ad. 483, 1 et notre note.
1137. C᾽est-à-dire de savoir ce que valent les motifs de Pamphile.
1138. Comprendre évidemment que ce qui suit "nam" donne la raison pour laquelle il doit accepter.
1139. Lachès pense, selon Donat, qu᾽en voyant l᾽enfant et en découvrant sa famille Pamphile se réconciliera avec Philumène.
1140. Il ne s᾽agit pas d᾽une citation, mais d᾽une allusion à un passage que les élèves doivent bien connaître (Verr. 2, 3, 135). L᾽orateur disait exactement : "satisne uobis praetori improbo circumdati cancelli uidentur in sua prouincia ?" (ne vous semble-t-il pas que le préteur malhonnête est sufisamment pris au piège dans sa propre province ?).
1141. Car dans les deux cas, cela ruinerait sa construction dramatique en rendant impossible la découverte finale.
1142. Le texte même contient ses didascalies, en quelque sorte.
1143. Donat fait en réalité une remarque de syntaxe : il ne faut pas comprendre "sine puerum" (permets-moi d᾽avoir l᾽enfant), mais "sine !" (permets !), au sens de "ne t᾽oppose pas à moi sinon gare à toi !".
1144. Ce commentaire n᾽est pas très clair. Phidippe se pose en mari qui sait combien les femmes sont sourcilleuses sur les questions de fidélité de leur mari (ce qui apparemment ne trouble pas outre mesure lesdits maris !), puis il glisse au cas d᾽espèce du couple Philumène-Pamphile. Comme Pamphile, croit-il, continuait de voir Bacchis et que les vagues dénégations du jeune homme n᾽ont rien éclairé, Phidippe persiste à croire que Philumène a voulu lui faire payer son infidélité. Peut-être aussi faut-il comprendre derrière "uxor" sa propre femme Myrrhina, qui a aidé Philumène à punir son mari. Donat montre d᾽ailleurs son trouble au commentaire du vers suivant.
1145. Ces deux solutions paraissent remonter aux prédécesseurs de Donat : 1-le vieillard invente cette histoire, mais on voit mal dans quel intérêt, car il prèche un converti ; 2-il l᾽a appris et n᾽en a rien dit, mais pourquoi ? L᾽explication fournie par le commentateur lui-même est vraiment la plus naturelle. On observera que, conformément à ses idées sur la vraisemblance, Donat cherche à expliquer la comédie par ce que nous avons déjà vu et entendu en limitant au maximum ce qui a pu se passer hors scène.
1146. Citation (d᾽ailleurs légèrement approximative) d᾽une très grande ampleur, beaucoup plus longue que la moyenne.
1147. De manière exceptionnelle, Donat s᾽adresse directement à son personnage.
1148. La passion coupable pour des courtisanes évidemment.
1149. En raison du conseil qu᾽il va recevoir d᾽aller chercher Bacchis pour éclaircir la situation. Or la courtisane va tout révéler et mettre fin à l᾽imbroglio.
1150. Donat paraît renvoyer aux deux fonctions de l᾽orateur : la fonction judiciaire et la fonction de conseiller, et donc au "genus iudiciale" et au "genus deliberatiuum". Le "genus demonstratiuum" n᾽a aucune importance ici, ce qui explique que Donat l᾽omette purement et simplement.
1151. Cela ne convient pas 1-parce que Phidippe est d᾽un rang social bien plus élevé que Bacchis et n᾽a donc pas à la "prier" de quoi que ce soit, 2-parce qu᾽il ne s᾽agit pas d᾽user avec le jeune femme de persuasion mais de contrainte, 3-parce que "incusamus" et ensuite "minitemur" montrent que les deux vieillards n᾽ont pas l᾽intention d᾽user de douceur avec Bacchis.
1152. Donat commente l᾽expression "rem habere" qui signifie "avoir une liaison".
1153. En effet, l᾽esclave pourrait s᾽offusquer de voir un vieux monsieur si bien parler à une courtisane. Le commentaire demeure cependant assez limité dans sa portée.
1154. Ce commentaire demeure un peu étrange, tant que l᾽on ne comprend pas que Donat a en vue 5, 1 où c᾽est effectivement Lachès qui va interroger Bacchis, et non Phidippe.
1155. Comme complément d᾽objet direct de "euoca" (appelle-la).
1156. En se raréfiant comme de coutume en fin de scène, le commentaire devient de plus en plus sibyllin. Apparemment le second commentaire reprend le premier, mais l᾽ensemble n᾽est pas limpide.
1157. C᾽est ce qui fait dire à Donat qu᾽il s᾽agit d᾽une couleur (voir par exemple, 146 et 243, 1), c᾽est-à-dire d᾽un élement qui n᾽est pas essentiel à l᾽action, mais qui lui donne du relief. Térence s᾽en tient aux conventions dans l᾽intrigue, mais il les adapte dans les caractères et les scènes annexes.
1158. Ce qui fait la cause conjecturale, c᾽est que les faits ne sont pas établis, puisque l᾽une des deux parties les nie.
1159. L᾽extrême confusion dans les reformulations proposées témoigne de la difficulté qu᾽ont les Latins à analyser le sens de la conjonction "quin", dont la valeur négative s᾽estompe selon le sémantisme du verbe régissant. Cf. le passage d᾽Aulu-Gelle (NA 17, 13 : "particula obscura") qui donne la mesure du sentiment du locuteur latin en l᾽occurrence ; cf. aussi les analyses linguistiques des modernes, notamment Moussy (1987, 1998) et Fleck (2008). Donat est d᾽autant plus troublé que la construction "non me fallit quin" est rare, avec seulement deux autres occurrences, dans le corpus césarien (cf. Fleck 2008, 267). On n᾽est pas sûr d᾽ailleurs de bien interpréter ses reformulations. Ainsi, la nature de la proposition "quod suspicor" n᾽est pas nette : s᾽agit-il d᾽une relative, comme nous le proposons dans notre traduction, ou d᾽une complétive, ce qui amènerait à comprendre le texte de Térence au sens de "je ne me laisse pas abuser par le fait que ce qu᾽il veut, c᾽est que j᾽aie des soupçons" ?
1160. Il s᾽agit toujours de commenter le choix du verbe "impetrem" qui marque l᾽accomplissement d᾽un effort. Lachès doit principalement résoudre la question du retour de Philumène au domicile conjugal, mais, pour ce faire, il doit s᾽assurer que Bacchis dit vrai, et régler la question du rôle joué par Sostrata. Cela fait beaucoup pour un seul personnage et cela explique pourquoi il emploie "impetrare", selon Donat tout au moins.
1161. Il s᾽agit d᾽une reformulation, assez confuse d᾽ailleurs, de l᾽ensemble du segment "minus fecisse satius sit".
1162. Les trois expressions comparées et impliquant une idée de regret (littéralement : "je change ce qui a été fait", "je voudrais que ce ne soit pas fait", "il vaudrait mieux que je ne l᾽aie pas fait") comportent le verbe "facere".
1163. Nouvelles traces de redondances dans le commentaire et sans doute vestiges d᾽une compilation mal unifiée.
1164. Outre l᾽emploi identique du verbe "aggredi", porteur d᾽une connotation agressive, la situation de l᾽épisode de L᾽Enéide rappelé ici (En. 4, 90 sq.) a en commun avec celle de la comédie que Junon aborde Vénus dans l᾽idée de lui tendre un piège.
1165. La remarque est sans doute morpho-syntaxique. Térence écrit "quid sit quapropter" où l᾽adverbe relatif a pour antécédent le pronom neutre "quid" ; or "quapropter" a l᾽apparence d᾽un pronom féminin et c᾽est probablement ce qui motive Donat à supposer l᾽ellipse du féminin "rei" dans une structure qui se traduit littéralement "quoi en fait de chose à cause de laquelle...". Notons que la structure "quid sit quapropter" n᾽est pas isolée et qu᾽on la trouve par exemple dans Plaute, Bac. 1144.
1166. Le pléonasme consiste en l᾽espèce en la duplication de deux adverbes de même sens, "quoque" et "etiam" chez Térence, "quoque" et "et" chez Virgile. La scholie 3 du même vers donne une justification à ce prétendu pléonasme et lui accorde même un satisfecit.
1167. Il s᾽agit évidemment pour Bacchis de préserver la différence de rang qui existe entre ce respectable vieillard et elle.
1168. Donat signale que l᾽adjectif "timidus", à propos duquel il aime citer un vers de Virgile (Buc. 6, 20, voir par exemple Pho. 205, 2) ou un vers de Plaute (Bac. 106) où il a un tout autre sens ("je me sens encore toute barbouillée de mon trajet en bateau", voir par exemple Pho. 284, Eun. 642, 2), a ici la même construction avec une complétive en "ne" que le verbe "timeo". On ne sait ce qui rend Donat si attentif aux emplois de "timidus" (adjectif qui n᾽est cité ni par Festus ni par Nonius, soit dit en passant) ; en tout cas, les six occurrences qu᾽on en trouve dans l᾽œuvre de Térence (Ad. 305, Eun. 642, Hec. 365 et 734, Pho. 205 et 284) font tous l᾽objet d᾽une scholie.
1169. Donat indique ainsi la succession des idées : "je vais te poser des questions, si tu réponds la vérité, tu n᾽auras rien à craindre".
1170. Voir 730, 2 et 5.
1171. Donat montre qu᾽il est gêné par la tournure térentienne. Ce qui le gêne est la présence de deux compléments au datif pour le seul verbe "ignosci". Il propose donc plusieurs solutions : "peccato" est un équivalent du substantif "peccatori" ou du participe présent "peccanti" (et il est alors apposé au pronom "mihi") ; on peut peut-être comprendre implicitement que Donat propose de voir dans "peccato" un participe parfait de sens actif ("pardonner à moi ayant fauté"), ce que la morphologie latine n᾽a théoriquement pas prévu. Autre solution : "peccato" est le substantif (pardonner une faute) et, dans ce cas, c᾽est le pronom "mihi" qui pose problème, d᾽où la double solution proposée : le pronom "mihi", dans un emploi populaire que n᾽ignore pas la langue comique, est employé en lieu et place du déterminant possessif pour "peccato meo" (pardonner une faute à moi, donc pardonner ma faute) ou encore il faut supposer une ellipse de préposition pour comprendre "ignosci mihi in peccato" (qu᾽on me pardonne en cas de faute).
1172. C᾽est-à-dire que son caractère de vieillard le pousse à délayer son expression. "Seniliter", ici, ne renvoie pas seulement à une idée reçue sociologique (on sait que le radotage est un défaut que Cicéron prête aux vieillards dans le De senectute), mais à la caractérologie de la comédie. Lachès, en radotant, en délayant son propos, se comporte en conformité avec son rôle. On sait que ce critère de la conformité du personnage avec sa parlure intéresse au plus haut point Donat. voir Eun. 338, 1.
1173. Donat marque la différence entre le futur et la locution contenant le participe futur, qui n᾽indique que l᾽intention de faire. En disant "factura es" au lieu de "facies", Lachès montre qu᾽il se contente de bonnes intentions.
1174. Donat est prêt à toutes les indulgences envers son poète. Il dit à la fois que "scitus" et "inscitus" sont des mots de femmes et que le vieux Lachès a raison de s᾽en servir, pour se mettre ainsi au niveau de son interlocutrice. Loin de trouver que le discours de vieillard ne cadre pas avec son rôle, il veut y voir ici une intention concertée du poète. La scholie est à mettre en relation avec celle de 753, 1. Signalons que le terme, chez Térence, n᾽est pas propre aux femmes puisque le jeune Antiphon utilise "scitum" en Pho. 452 (sans aucun commentaire de Donat en l᾽espèce).
1175. Le rapport entre le texte commenté et la citation virgilienne est très peu clair. Donat veut sans doute dire que "inscitum" ne sert à rien chez Térence, puisque dire qu᾽un malotru fait offense à une femme a quelque chose de pléonastique : il suffirait de dire que quelqu᾽un fait offense à une femme pour laisser entendre, sans qu᾽on ait besoin de l᾽expliciter, qu᾽il s᾽agit d᾽un malotru. Mais qu᾽est-ce qui est superflu dans le passage virgilien ? Est-ce l᾽emploi du déterminant "ulla" ? N᾽est-ce pas plutôt la suite (impliquée par le "etc." de Donat) du vers 186 ("referent ferroue haec regna lacessent"), qui duplique l᾽idée de reprendre les armes ? Cela est très probable, car Donat arrête sa citation avant le verbe qui rend le premier membre incompréhensible sans doute parce qu᾽il veut que le lecteur continue lui-même la citation. En tout cas il n᾽y a à peu près rien de comparable, ni dans les termes ni dans la situation décrite.
1176. Encore une remarque de caractérologie, comme en 738 : chacun des deux personnages, conformément à son emploi, fait du délayage. Donat ne fait pas, en revanche, la remarque psychologique qu᾽on pouvait attendre : les deux personnages, que tout oppose, se méfient l᾽un de l᾽autre et ne se livrent pas tout de suite. C᾽est ce qui pourrait expliquer leur "tardiloquium", ici autant de circonstance que de caractère.
1177. La situation est effectivement comparable. Dans Les Adelphes c᾽est le proxénète Sannion qui fait comprendre que c᾽est un peu facile de demander pardon après l᾽offense et que les mots d᾽excuse sont vains. Ici c᾽est la courtisane. Dans les deux cas, cet argument émane d᾽un personnage de condition sociale basse et déconsidérée.
1178. C᾽est-à-dire si l᾽on s᾽en tient à la lettre, mais on voit mal quelle autre lecture on peut en donner, Donat ne précisant pas ce qu᾽il verrait comme sens caché.
1179. Voir Cic. Inv. 2, 15 ; 2, 52. Le terme technique "intentio criminis" désigne la formulation du grief par le demandeur en séance. Dans ce passage, qui s᾽apparente à une scène d᾽agôn, Donat fait, à partir d᾽ici, et comme souvent, un parallèle avec les phases d᾽un procès et avec la rhétorique judiciaire.
1180. C᾽est-à-dire qu᾽il emploie le fréquentatif au lieu du verbe simple, pour rendre la circonstance aggravante. Il le redit explicitement à la scholie 7.
1181. Donat veut dire qu᾽en précisant "meum filium Pamphilum", alors que "Pamphilum" seul suffirait, Lachès déconnecte d᾽avance une réponse possible de son adversaire : puisqu᾽il s᾽agit de son propre fils, il serait absurde de lui demander en quoi cela le concerne. Il s᾽agit peut-être aussi, implicitement, d᾽une remarque sur les noms relatifs ("nomina ad aliquid") : "filium" implique, dans la situation d᾽énonciation, qu᾽il s᾽agit de fils du locuteur, le lien possessif n᾽ayant pas à être indiqué quand il va de soi. Or Lachès l᾽indique, pour qu᾽apparaisse l᾽indication de la première personne, qui répond d᾽avance au "quid tua ?" virtuel de Bacchis.
1182. Le "status coniecturalis" est traité dans le long chapitre 3, 8 de Quintilien sur les différents statuts. Notamment 3, 6, 45 (il s᾽oppose au statut légal et au statut juridique). L᾽argument ne repose pas sur une loi, mais sur une supposition, un faisceau de concordances probable mais non prouvé.
1183. Ainsi chez Quintilien (Inst. 5, 1, 1), après Cicéron (Top. 24). Quintilien traduit la lexie par "probatio inartificialis" (c᾽est le titre du chapitre 5, 1), Cicéron par des lexies diverses dont "sine arte argumenta" (Part. 48) ou "artis expertes argumentationes" (Top. 24). Les preuves non-techniques (ἄτεχνοι), qui s᾽opposent aux preuves techniques (ἔντεχνοι), sont celles qui sont administrées sans qu᾽il y ait recours à une méthode déductive ni à un argumentaire menée dans les règles de l᾽art. L᾽administration de la preuve se fait donc par des témoignages, des documents écrits, etc.
1184. Parmi les preuves non-techniques, la torture (cf. Quint. Inst. 5, 1, 2 ; 5, 4, 1) est de règle pour extorquer un témoignage à un esclave. En effet, par nature menteur et irresponsable, l᾽esclave ne peut être cru que sous la torture. Bacchis, à la scène suivante, propose qu᾽on torture ses servantes pour prouver sa bonne foi (cf. v. 773).
1185. La citation vaut sans doute principalement pour le complément que remarque Donat dans la citation virgilienne : ce que va dire Lachès n᾽est pas plus facile à dire que ce que Turnus va entendre de Latinus, et le contexte est très proche : Turnus ne peut prétendre à la main de Lavinia, puisque Latinus a décidé de la donner à Enée, et Bacchis ne peut prétendre continuer à voir Pamphile, puisqu᾽il est marié.
1186. L᾽aposiopèse exprime en réalité un jeu de scène complexe. Lachès dit "uestrum amorem pertuli" qui commence une idée, et Bacchis se détourne. Il arrête alors son idée et lui demande de rester. Dans L᾽Héautontimorouménos évidemment le phénomène est plus clair dans la mesure où c᾽est un autre personnage qui vient briser le discours. Chrémès est pris d᾽une violente colère et Ménédème tente de le raisonner. Donat commente d᾽ailleurs exactement ainsi en 745, 2.
1187. Dans la mesure, où, à défaut d᾽officialiser les relations de Pamphile et Bacchis, Lachès leur accorde quand même le statut d᾽un véritable amour partagé et non d᾽une relation mercantile.
1188. "Pertuli" agit, selon Donat, sur deux ressorts stratégiques de la plaidoirie. D᾽un côté, il indique combien le personnage a été bienveillant, et donc participe de la mise en valeur de son caractère, en vue de persuader la courtisane, et de l᾽autre il en appelle à la bonté de Bacchis. Comment serait-il possible de faire du tort à un pauvre vieux qui a tant souffert, et avec tant de douceur ?
1189. En raison du préverbe "per-" qui marque l᾽accomplissement ou l᾽achèvement de l᾽action, ici "supporter jusqu᾽au bout".
1190. Remarque didascalique de Donat. L᾽interruption que laisse supposer la réplique de Lachès n᾽est pas textuelle mais gestuelle, toutefois il signale l᾽aposiopèse en 744.
1191. Le rapport entre le texte de Térence et celui de Virgile est dans la situation. Turnus aussi, apparemment, semble vouloir parler avant que Latinus ait fini son discours, comme Bacchis pendant la diatribe de Lachès. Sur le contexte évidemment proche, voir 744, 2, où la première citation a été déjà utilisée.
1192. L᾽aposiopèse porte sur la fin du vers précédent, qu᾽il faut comprendre donc comme interrompu par l᾽attitude de Bacchis. En And. 790, Donat s᾽explique sur la typologie des aposiopèses, de trois sortes selon lui (ce qui ne l᾽empêche pas d᾽évoquer une aposiopèse n°  4 en And. 767 et Pho. 122...). La troisième sorte est celle qui est motivée par l᾽intervention (ici muette) d᾽un autre personnage. Mais la distinction qu᾽il fait entre les types d᾽aposiopèse (notamment entre la 2 et la 3) n᾽est pas toujours aussi claire que dans sa définition de And. 790. Voir notamment notre note à Pho. 618.
1193. Encore un usage adroit du contexte. Si Turnus doit se chercher des alliés, c᾽est précisément parce que Latinus lui a refusé sa fille, comme ici, Bacchis parce que Lachès exige qu᾽elle mette fin à ses rendez-vous avec Pamphile.
1194. C᾽est-à-dire le comparatif à la place du positif.
1195. Importante remarque dans la logique de la stratégie oratoire. Parvenir à persuader son adversaire que l᾽on plaide en réalité dans son intérêt est un moyen particulièrement efficace pour désamorcer un litige.
1196. L᾽argument vaut pour le présent, parce que Pamphile n᾽est plus là, il vaut pour le futur, parce que Bacchis devra mieux choisir son compagnon qu᾽elle ne l᾽a fait avec Pamphile.
1197. Voir note à la scholie 3.
1198. Une fois comme datif de possession, "tempus est tibi", (tu as du temps), une fois comme datif d᾽intérêt complément du gérondif "tibi consulendi" (penser à toi).
1199. La figure dite "πλοκή" ("boucle", littéralement) consiste à utiliser le même mot dans deux natures différentes : participe et nom (par exemple "dictum" en Eun. 6), préposition et conjonction (par exemple "cum" en Eun. 936), etc. Ici "aetatem" est un équivalent d᾽adverbe ("pour l᾽éternité"), synonyme de "semper", la seconde fois c᾽est un nom, au sens de "jeunesse".
1200. Donat veut dire évidemment que, pour la forme, il s᾽agit d᾽une interrogation, mais que cette interrogation équivaut à une dénégation particulièrement virulente.
1201. Ce qui est surprenant, apparemment, c᾽est la question "qui prétend cela ?", dont la réponse est évidente, puisque c᾽est Lachès qui vient de le dire. Donat explique donc que, en réalité, Bacchis demande non pas qui vient de formuler cet énoncé, mais qui a pu le dire antérieurement à Lachès. C᾽est en quoi elle demande une sorte de confirmation par la comparution d᾽un témoin.
1202. Sur ce commentaire de "aio, ait", voir Pho. 380, 1 et And. 353, 3.
1203. Remarque didascalique impliquant le visage de l᾽acteur. On constate que Donat ne songe sûrement pas à une mise en scène d᾽époque avec masque.
1204. Donat explique que la question "qui prétend cela ?" embraye sur l᾽"intentio criminis" de Lachès au vers 743 ("tu ne cesses de recevoir mon fils") et non sur ce qu᾽il vient de dire ("tu ne seras pas éternellement jeune"). Le jeu de scène continue à être commenté dans sa cohérence : Bacchis essaye d᾽interrompre Lachès depuis le vers 743, pour répondre à la contre-vérité initiale, mais, hormis son interjection indignée "ah !", elle lui a seulement fait les gros yeux (scholie 745, 1) et a attendu patiemment la fin de sa diatribe. Ce qui est conforme à son caractère, c᾽est sans doute d᾽avoir attendu sans l᾽interrompre verbalement et de concentrer son intervention sur la relation avec Pamphile, et donc sur l᾽exercice concret de son métier.
1205. Nouvelle insistance sur l᾽imperméabilité des classes sociales. Une vieille dame comme il faut n᾽évoque pas certains sujets, sauf si les faits la contraignent à s᾽intéresser à l᾽univers interlope des courtisanes.
1206. C᾽est Junon qui s᾽exprime, reprochant (indirectement) à Enée d᾽avoir rompu, par son arrivée fatale en Italie, les fiançailles de Lavinie et de Turnus. Joli rapprochement lexical et narratologique de Donat. Le grammairien commente également l᾽usage de préverbes contraires "ad-" (direction vers laquelle on va, ou ajout) dans "accersere" et "ab-" (lieu à partir duquel on vient ou soustraction) dans "abducere", tout en jouant aussi sur le verbe "ducere" présent dans "abducere" et qui sous sa forme simple signifie "se marier" pour l᾽homme, qui "conduit" sa femme à la maison.
1207. C᾽est-à-dire accuser Bacchis d᾽être indirectement responsable de l᾽infanticide projeté plus haut dans la pièce.
1208. Donat remarque que Bacchis, finalement, ne jure pas en bonne et due forme : ainsi le verbe performatif "pollicerer" est-il modalisé d᾽une façon qui, précisément, lui fait perdre son caractère performatif. Sa formulation alambiquée inspire confiance à Lachès alors qu᾽elle ne profère pas de serment (c᾽est là ce qui est paradoxal). Notons que si Bacchis est de bonne foi, son procédé linguistique pourrait en revanche être tout aussi bien utilisé par quelque fourbe qui pourrait lui aussi donner une couleur de serment solennel à un énoncé standard et mensonger.
1209. Si elle se comporte ainsi, selon Donat, c᾽est qu᾽elle respecte la "fides" du serment, ce qui, pour une courtisane de comédie, est indéniablement une rareté et donc le gage que Lachès a affaire à une personne en qui il peut avoir confiance.
1210. En effet, les deux autres verbes contiennent une idée de relation officielle ("coniunctio", ou mariage), incompatibles avec le caractère officieux de la relation d᾽un jeune homme comme il faut avec une prostituée.
1211. La remarque est double : 1-"ut" ne doit pas être pris dans son sens comparatif "comme", bien que le mode rende cette lecture erronée possible, et 2-dans le sémantisme de "ut" temporel, il faut comprendre de telle manière et non de telle autre ("depuis que" et non "quand").
1212. Dans "lepida" on entend l᾽idée de "lepus" (la grâce, le charme), mot dont la sensualité s᾽accommode mal de ce que la décence permettait de dire à une "matrona". On notera que, dans cette pièce plus que dans les autres, et sans doute parce que l᾽intrigue s᾽y prête mieux, Donat se plaît à traiter des conventions sociales.
1213. Au vers 740.
1214. Il faut comprendre que c᾽est Bacchis qui va devoir "traiter le sujet" de délibérative que lui donne Lachès. La question est de savoir si Bacchis acceptera d᾽aller trouver Philumène et de s᾽expliquer avec elle.
1215. Donat commente doublement la forme "sodes", d᾽abord sur la plan de sa morphologie "sodes = si audes", puis sur celui de son sens, très atténué par rapport à l᾽idée originelle d᾽audace présente dans "audes", "sodes = si uis".
1216. Sans doute une remarque didascalique sur le lieu scénique : la maison de Phidippe, celle de Lachès et la maison de passe où travaille Bacchis sont voisines. Cela justifie aussi d᾽avance que, sortie de scène au vers 793, elle ait eu le temps, d᾽ici le vers 808 qui marque son retour sur scène, d᾽avoir avec Myrrhina l᾽explication qu᾽elle a promis à Lachès d᾽avoir.
1217. On retrouve de fait la même formule dans la bouche de Phidippe au vers 785 puis à nouveau dans celle de Lachès au vers 787.
1218. Remarque étymologique par laquelle Donat rappelle qu᾽il y a le nom du pied dans le verbe "expedire" et remarque morphologique implicite qui signale qu᾽il s᾽agit de ce que les modernes appellent un verbe parasynthétique : "mettre ses pieds en dehors (de quelque chose)".
1219. Donat développe ce qu᾽a d᾽implicite le mot "animum".
1220. En ajoutant "mulier", elle insiste sur l᾽affrontement de deux modes de relation entre hommes et femmes, et, en disant "se ostenderet", sur le contact inévitable avec sa rivale qu᾽elle va accepter de plein gré.
1221. Très clairement, cet exemple est là pour faire nombre, car il est loin d᾽être évident que "grauis" ait ici le sens que lui donne Donat. Servius glose d᾽ailleurs "fortem".
1222. Le raisonnement lexicologique un peu compliqué se fait par l᾽antonymie. Le sens de "leuiorem" doit se déduire comme étant le contraire de celui de son antonyme "grauis". Donat liste donc les sens de "grauis", dont le dernier cité qui oriente vers celui de "cher", d᾽où l᾽on peut comprendre, en refermant la boucle, que "leuiorem" peut signifier "moins cher".
1223. En réalité, Donat commente la suite du vers, qui développe la raison pour laquelle elle dit "immerito". Bacchis va accorder à Pamphile ("donner aux autres") que sa réputation ne soit pas salie, mais en même temps elle va se prémunir elle-même contre l᾽accusation d᾽avoir volé le jeune homme à son épouse légitime.
1224. Est commenté donc l᾽emploi des deux mots phoniquement proches "immerito" et "meritus". Mais s᾽agissant de deux mots de même famille et de sens opposé, on aurait pu s᾽attendre à ce que Donat évoque plutôt la figure d᾽antithèse.
1225. Donat veut dire qu᾽ici "lingua" ne désigne pas la langue-organe mais le langage et même par synecdoque la personne de la locutrice. C᾽est en cela que la figure répond davantage à l᾽usage (comme une métaphore lexicalisée) qu᾽à la raison.
1226. Remarque de graphie, il faut, selon Donat, écrire "hae᾽" pour "haec". Notons que toute une branche de la tradition manuscrite de Térence donne "hae" sans apostrophe, signe paradoxal que l᾽on devait, au 4e siècle, graphier comme le dit Donat.
1227. En effet, "quoque" et "etiam" signifient tous les deux "aussi".
1228. Il ne s᾽agit plus d᾽évoquer l᾽amour charnel entre Pamphile et Bacchis, pour lequel Lachès avait utilisé le terme "amor", plutôt flatteur vu le caractère tarifé de ladite relation, mais l᾽amitié qui l᾽unit désormais à la famille de Lachès, pour sa bonne conduite. Il y a là une gradation selon les Romains puisque la courtisane vient d᾽entrer dans l᾽"amicitia" d᾽une "familia" qui a pignon sur rue et peut donc en attendre protection et échange de services.
1229. Donat commente à la fois le résultat attendu chez Bacchis (l᾽effroi devant la menace) et le moyen d᾽y parvenir (l᾽aposiopèse qui laisse entendre : "si tu ne fais pas ainsi, tu vas avoir affaire à moi !")
1230. Ce passage (paroles au style indirect de Cassius) est cité de façon très approximative ici, puis à nouveau, de façon correcte cette fois, dans la scholie 766, 4. La chose est bizarre et laisse supposer que cette scholie 2 est une interpolation ratée ici du matériau de 4.
1231. Donat veut dire que le verbe "defieri" là où on attendrait "deesse" provoque une surprise chez l᾽auditeur et crée un effet de "varietas" bien venu.
1232. Les nourrices de comédie ont une réputation de soiffardes (voir And. 229). Mais ici, Donat justifie chez elles cette tendance à la boisson, qui serait nécessaire à leur office. Rappelons que la bière a la réputation, chez certains gynécoloques de notre époque, de favoriser la montée de lait.
1233. Pourquoi Donat fait-il cette remarque ? Est-ce pour signaler à ses élèves que le masculin est "satur" et non pas "saturus" ? Ou est-ce pour signifier qu᾽il s᾽agit de l᾽adjectif "satura" et non du substantif "satura", qui signifie "satire" ?
1234. C᾽est Priam qui dit cela au traître Sinon. Le rapport entre les deux fables est faible et la volonté d᾽illustrer un mot aussi fréquent que "noster" nous échappe sans doute ici. En réalité, Donat ne signale pas l᾽incongruité lexicale qui consiste à faire désigner par le vieux Lachès le vieillard Phidippe au moyen de l᾽expresion "notre beau-père". Il n᾽existe pas en latin de terme pour qualifier le parentage qui unit entre eux deux beaux-pères (le père de l᾽époux et le père de l᾽épouse d᾽un même couple de conjoints). En disant "notre beau-père", Lachès dit par raccourci "le beau-père de notre Pamphile". Le caractère familier remarqué pour l᾽emploi du possessif est sans doute à mettre sur le compte de la présence implicite de Pamphile dans l᾽énoncé raccourci.
1235. Evidemment, la place de "uideo" gêne la compréhension du vers que Donat facilite en proposant un ordre des mots plus naturel, qui indique de plus qu᾽il ne faut pas comprendre "uenit" dans la dépendance de "uideo". Voir la note suivante.
1236. Cette fois la remarque est syntaxique. Ce qui gêne le grammairien c᾽est l᾽emploi de "uideo" en incise (et sans le "ut" qui ferait bien de lui le verbe d᾽une subordonnée incise), là où on attendrait qu᾽il soit le verbe principal régissant une infinitive ("je vois que notre beau-père arrive").
1237. Rapprochement syntaxique qui atteste la construction "iurare" suivi de l᾽accusatif d᾽un nom de divinité (cf. En français "je jure Dieu que etc.").
1238. A vrai dire, il ne paraît pas exister de verbe "deiero" avec premier e bref, ce qui est phonétiquement normal dans la mesure où la consonne i (j en alphabet francisé) vaut toujours consonne double à l᾽intérieur du mot, ce qui a pour effet d᾽allonger systématiquement la syllabe précédente. On s᾽explique mal du coup la distinction que fait ici le grammairien. Quoi qu᾽il en soit, il propose deux étymologies possibles de "deierat" : l᾽une par syncope de "deos iurat" (avec un théorique e bref emprunté à la forme "deos"), l᾽autre par préverbation de "iurat" en "de" (avec e long) donnant une valeur intensive au verbe simple.
1239. Remarque didascalique sur la mimique à prendre lors de cette réplique.
1240. Comprendre "punis par les dieux", comme le montrent les scholies suivantes.
1241. La situation évoquée dans ce vers des Bucoliques est scabreuse. Ménalque a profané un sanctuaire avec un sien amant et n᾽en a pas été puni. Son adversaire Damète sous-entend donc, si l᾽on en croit Donat, que Ménalque est à ce point vicieux qu᾽il en devient intouchable même du point de vue des dieux. Il en va de même avec les courtisanes. Sur la valeur divine du serment et l᾽engagement des dieux dans la procédure, voir Cic. Off. 3, 102 et suivants.
1242. N᾽étant donc ni respectueuses du sacré ni punissables par les dieux, les courtisanes peuvent jurer tout ce qu᾽elles veulent impunément et un tel serment n᾽a aucune valeur.
1243. L᾽ambiguïté est inhérente à la construction de la proposition infinitive "nec eas respicere deos", qui peut s᾽interpréter tout aussi bien "que les dieux ne les respectent pas". Mais en effet, l᾽ambiguïté n᾽est que théorique et le contexte la lève instantanément.
1244. C᾽est-à-dire une autre preuve non-technique (cf. les notes ci-dessus à 743, 8), mais qui s᾽applique à des êtres aussi déclassés qu᾽une courtisane et son esclave.
1245. A moins d᾽une action en justice formelle et donc d᾽une plainte en bonne et due forme, Phidippe ne peut exiger la mise à la question des esclaves de Bacchis. Toutefois cette dernière peut proposer spontanément ce témoignage dans le but d᾽assurer sa bonne foi.
1246. Conformément à l᾽antique opposition philosophique entre les mots et les choses.
1247. La réflexion sur le rapport de Térence aux conventions est ici plus complètement expliqué par Donat que partout ailleurs dans son commentaire. Normalement les règles du genre comique imposent des types qui font tellement partie du genre qu᾽il est pratiquement impossible de s᾽en affranchir à moins de contrevenir gravement à l᾽esthétique de la comédie. Toutefois, Térence se le permet car il est seul capable de compenser le déficit générique ainsi engendré par une vérité et une adéquation de la comédie à la vie qui fait que ce que perd le caractère codé du genre comique est regagné par l᾽adéquation parfaite de la comédie à la vie (voir Evanthius, Com. 5, 1).
1248. Autrement dit, Bacchis nous donne explicitement le mobile de son acte inattendu. La scholie se lit dans la suite immédiate de 774, 3 : la courtisane est bien intentionnée, contrairement à l᾽horizon d᾽attente du spectateur de comédie, mais son attitude est justifiée et, après tout, son désintéressement pourra lui rapporter une récompense immédiate de la part de Lachès et Phidippe et une réputation d᾽honnêteté qui lui amènera peut-être une clientèle huppée.
1249. Donat justifie l᾽emploi chez Térence d᾽un parfait surcomposé "suspectas fuisse" en le comparant à la forme standard de parfait passif "suspectas esse", réputée ambiguë. En quoi consiste l᾽ambiguïté ? Dans le fait que le participe "suspectas" a des emplois purement adjectivaux (il dispose ainsi d᾽un comparatif et d᾽un superlatif). La forme standard peut donc soit se comprendre "ont été suspectées" (parfait passif) ou "sont suspectes" (verbe être et adjectif). Or elles ont cessé d᾽être suspectes aux yeux de Lachès, et c᾽est ce que signale la forme surcomposée : "elles ont été suspectes à tort". Sa reformulation en "positas in suspicione" vaut par le fait que "positas" ne peut pas être pris, lui, pour un adjectif.
1250. Lachès par son attitude suspicieuse et agressive a contribué à conduire la situation au point où elle en est à présent. L᾽intérêt de cette remarque est de matérialiser dans le texte une avancée décisive vers un dénouement heureux.
1251. Donat songe à faire du pronom un datif éthique, dans sa première hypothèse. Le plus vraisemblable reste que "nobis" soit un datif de point de vue qui accompagne le verbe au parfait passif auprès duquel il fonctionne comme un ersatz de complément d᾽agent : "nos femmes ont été suspectées à tort par nous". Par "nos femmes", il faut comprendre "mon épouse" et "ta fille", deux femmes qui paraissaient être co-responsables, pour une prétendue brouille, du départ de Philumène du domicile conjugal.
1252. Ce fragment de Cicéron, inconnu et donné hors de tout contexte se traduit difficilement. On peut peut-être comprendre "mais pourtant cela a été fait et c᾽est une application frauduleuse du droit".
1253. L᾽interprétation que Donat propose de "crimen" est en réalité guidée par le contexte, comme le montrent clairement les exemples qu᾽il cite à l᾽appui de sa thèse. Au sens propre "crimen" signifie "ce dont on incrimine quelqu᾽un", sans préjuger nettement du fait que cela soit vrai ou faux.
1254. Lachès a largement montré sa propension à converser par exemple dans son entretien avec Bacchis, où de même il est parvenu, selon Donat, à obtenir ce qu᾽il voulait grâce à l᾽adresse de sa conversation.
1255. Il s᾽agit sans doute d᾽une note didascalique sur la façon la plus adroite de prononcer ici "illis".
1256. Les hésitations de Bacchis sont une nouvelle preuve de ses qualités. Entrer chez des gens comme il faut quand on est une courtisane risque de faire peser sur la maison où elle entre une marque d᾽infamie. Avec tact, Bacchis ne veut se résoudre à cela que si c᾽est indispensable.
1257. Donat précise que l᾽emploi de l᾽adjectif "hostis", qui désigne l᾽ennemi public, l᾽ennemi national, est un peu forcé par rapport à celui qu᾽on attendrait d᾽"inimica", l᾽ennemie personnelle. C᾽est d᾽ailleurs ce mot d᾽"inimica" que Donat utilise à la scholie 754, 1 pour caractériser l᾽incompatibilité entre les noms "socrus" et "uxor" d᾽un côté, "meretrix" de l᾽autre.
1258. Donat veut sans doute dire que Térence rappelle la situation normale par la bouche de la courtisane qui en éprouve de la gêne, afin de montrer combien elle est supérieure à toutes celles de sa condition.
1259. L᾽intervention de la deuxième main (selon Wessner) n᾽est pas claire. On peut comprendre d᾽une part "nous aussi, nous avons..." aussi bien que "nous, nous avons aussi...", mais dans les deux cas on ne voit pas bien qui représente "nous". D᾽autre part, on peut hésiter sur le sens général de la scholie. Deux possibilités au moins : 1. "nous avons compris ᾽suspicionem᾽" (et non pas "suspicione" qui est le texte térentien : comme le pronom "te", ajouté par Wessner dans le lemme, ne figure pas dans les manuscrits, peut-être le(s) scholiaste(s) lisent-ils chez Térence "illas errore et simul suspicionem exsolues", "tu les exonéreras de l᾽erreur et dissiperas le soupçon", avec une double construction zeugmatique du verbe). 2. "Nous avons ᾽suspicione᾽" (avec accord secondaire de l᾽autonyme à l᾽accusatif), et non pas, implicitement, "suspicatione" qui figure dans certains manuscrits de Térence. Dans la première hypothèse, il s᾽agit d᾽une remarque sur le cas (avec autonymie lemmatique), dans l᾽autre d᾽une remarque sur le choix d᾽un mot ou d᾽un autre (avec autonymie lexicale et syntaxe intégrationniste : cf. Nicolas 2005).
1260. La forme du lemme "pudet Philumenae me" (à supposer qu᾽on puisse se fonder sur elle, ce qui n᾽est pas sûr), tend à supposer que Donat séquence le texte de Térence autrement que les modernes. Donat lit sans doute "pudet Philumenae me. Sequimini ambae" (avec "me" dans la mouvance de "pudet"), alors que traditionnellement on lit "pudet Philumenae. Me sequimini ambae" (avec "me" dans la mouvance de "sequimini"). La traduction globale du vers térentien n᾽en est pas affectée. Il est impossible de trancher : on trouve facilement en latin le verbe "pudet" sans son complément de personne à l᾽accusatif, et on trouve souvent chez Térence le verbe "sequor" sans pronom objet, notamment dans cette situation de sortie de scène. Ainsi, au sens de "suivre" (y compris avec préverbe) accompagné d᾽un objet exprimé : And. 414, 467, 819, 978, Ad. 609, Eun. 506, 549, 554, 735, 816, Heaut. 664, 832, Hec. 327, 358, 649, 879, Pho. 765, contre les emplois sans objet exprimé : And. 128, 171, 467, Ad. 280 (bis), Eun. 714, 772, 908, Heaut. 277, 743, Hec. 373, 378, Pho. 355, 982, 988, soit 17 emplois avec et 15 sans objet. Cette occurrence-ci doit-elle être versée du côté des 17 ou des 15 emplois ?
1261. C᾽est-à-dire qu᾽elle nomme la femme de Pamphile, comme si c᾽était une amie à elle. Mais en fait la familiarité dont il s᾽agit est celle qu᾽elle a avec le jeune mari.
1262. Donat manque rarement l᾽occasion de signaler les personnages à qui l᾽on s᾽adresse sur scène ou hors scène et qui ne parlent pas. Cela dit, les manuscrits ont ici une lacune à la place du terme grec et c᾽est Estienne qui, avec de bonnes chances de succès, restitue la locution qui est bien attestée par ailleurs.
1263. Donat vise évidemment les conventions de la comédie et remarque ici le jeu de Térence avec ses propres codes. Traditionnellement parce qu᾽elles ruinent les fortunes et les réputations chez les jeunes gens comme il faut, les courtisanes sont les ennemies des vieillards (qui sont les pères desdits garnements). Qu᾽un vieillard prenne comme alliée objective une courtisane a de quoi surprendre et enchanter un public en quête d᾽originalité.
1264. Une fois, en réalité, dans "quod mihi malim euenire". Donat fait un raccourci : il faut le sous-entendre une fois, en sorte qu᾽il soit exprimé deux fois.
1265. La remarque, lexicologique (du type "differentia"), est implicitement étymologique. En effet "disiungere" est l᾽opération contraire de "coniungere" (conjoindre, faire des conjoints) et a une allure officielle et juridique ; "segregare" au contraire implique l᾽idée de séparation d᾽avec un "grex", un troupeau, une bande, terme souvent connoté péjorativement.
1266. Il est difficile de rendre ici l᾽espèce de jeu de mots qui constitue le commentaire. L᾽adjectif "nobilis" et le substantif "nobilitas" ont deux sens : au sens premier il s᾽agit simplement d᾽"être connu", mais par suite le mot s᾽applique au fait d᾽"être honorablement connu", donc "noble". Lachès peut effectivement avoir en vue les deux sens. En se comportant comme une femme bien, Bacchis gagnera une bonne réputation et montrera la noblesse de son caractère, mais en même temps, on parlera d᾽elle et cela lui fera de la publicité, elle sera donc aussi un "vedette" dans son métier.
1267. C᾽est-à-dire de comprendre "ex ea re".
1268. Pour l᾽éloigner, son maître l᾽a expédié (III, 4) dans la haute ville à la recherche d᾽un prétendu Callidémidès, au physique improbable (cf. v.  420 et suivants).
1269. Vers 808-812, puis dans le récit de Bacchis.
1270. Son maître abuse de son esclave en le faisant courir partout sans raison.
1271. C᾽est-à-dire "operam" (le travail).
1272. Donat signale qu᾽il manque l᾽antécédent de l᾽adverbe relatif "ubi" qui est implicitement le complément de lieu du verbe "misit". Il explicite donc l᾽adverbe "illuc" qui remplit ce double emploi.
1273. C᾽est-à-dire de "totum diem", complément de durée du verbe intransitif "desedi". Faut-il comprendre que Donat signale une sorte de transitivation de ce verbe d᾽état ou, plus probablement, qu᾽il signale un emploi direct, sans préposition, de ce complément circonstanciel, marquant la durée ? A l᾽époque de Donat on a tendance à construire ce type de complément avec la préposition "per".
1274. L᾽emploi de Parménon, comme le note Donat dans ce début de scène, c᾽est celui du benêt de service. Quand il remarque lui-même qu᾽il est benêt, comme ici, il désigne son caractère avec un jeu métathéâtral.
1275. Donat se livre ici à une étymologie de l᾽adjectif "ineptus" qui rappelle celle qu᾽il fait d᾽"iners" par "sine arte" (Ad. 481).
1276. Donat poursuit son étude caractérologique de l᾽esclave benêt. Pamphile a demandé à Parménon de chercher un Myconien nommé Callidémidès et qui serait son hôte. Parménon interroge donc chaque passant en lui posant dans le même ordre la question de la nationalité, du nom et de sa qualité d᾽hôte. Or chaque réponse est négative : on voit donc qu᾽il n᾽était pas nécessaire de poser les deux questions suivantes, sitôt récoltée une première réponse négative !
1277. Le caractère "mimétique" dont parle ici Donat est induit par ce qu᾽il appelle aussi "dialogisme" et qui consiste pour Parménon à se représenter soi-même en train de parler, par insertion du discours dans le récit. Le caractère concis du récit tient au fait que le dialogisme s᾽interrompt plus tôt qu᾽il ne pourrait : aux deux premières questions dialoguées correspondent deux réponses d᾽interlocuteurs fictifs, mais pour la troisième (on pourrait attendre quelque chose comme "non habeo") Parménon revient au récit : "omnes negabant". Il gagne ainsi du temps, en évitant au jeu de scène de s᾽user.
1278. Ces remarques de caractérisation par l᾽usage impropre d᾽un possessif se retrouvent ailleurs chez Donat, voir par exemple Pho. 134, 1.
1279. La plupart des manuscrits de Donat, au contraire de ceux de Térence, marquent ici un changement de scène caractérisé par l᾽entrée de Bacchis. La scholie 807, 2 semble leur donner raison, même si le commentaire au vers 808 n᾽a pas les marques habituelles du début de scène, avec des marqueurs du type "in hac scaena". Sur cette question, voir Nicolas 2007.
1280. Autrement dit, Parménon illustre dès que possible le thème du "servus currens", l᾽esclave qui court et qui crée un comique de situation récurrent.
1281. La reformulation, qui explicite le contenu contextuel de l᾽adverbe anaphorique "eo", et qui relève de l᾽évidence puisque c᾽est précisément ce que Bacchis vient de dire, n᾽a sans doute de raison d᾽être que pour éviter au lecteur de Donat de comprendre "eo" comme étant un verbe, dans un énoncé plausible qui signifie "pourquoi <y> vais-je ?".
1282. Suite de l᾽étude caractérologique : Parménon est-il plus paresseux ou plus curieux ? Apparemment, il est surtout curieux.
1283. Autrement dit, Donat note ici que la préposition "ad" prend le sens de "apud" dans la langue habituelle.
1284. Pour qu᾽il ne sache pas ce qu᾽il voulait, mais ne devait pas savoir, il devait courir chercher le Myconien fantôme ; pour qu᾽il sache maintenant ce qu᾽il veut savoir, il doit courir chez Philumène.
1285. Donat veut dire ici à la fois que l᾽indiscret Parménon ne cesse de poser des questions, et que Bacchis ne cesse de lui donner les réponses les plus succintes possible, ce qui évidemment le met sur les charbons ardents.
1286. Le fait de ne dire à Parménon que ce qu᾽il a strictement besoin de savoir prépare en réalité la découverte par un Parménon sidéré de l᾽ampleur de ce qu᾽il ignorait, dans le dénouement de la pièce.
1287. Sur l᾽établissement du texte, voir la note apposée au texte latin. Donat fait peut-être allusion aux maximes conversationnelles. Parménon pose une question ; Bacchis n᾽y répond pas. Mais elle aurait pu éviter de répondre en posant elle-même une question : ainsi Thaïs au soldat dans Eun. 793, au commentaire duquel Donat dit que cette manière de faire est une forme de mépris. Bacchis, elle, utilise un autre acte de langage pour éluder la question : elle somme son interlocuteur de se taire. Et, paradoxalement, Donat suppose que cette façon peu amène ("ne te mêle pas de ça") est moins insultante que de renvoyer une question (par exemple "qu᾽est-ce que cela peut te faire ?").
1288. En réalité, c᾽est la première scène où Bacchis et Parménon sont aux prises. Ce qui est vrai, en revanche, c᾽est que dans la scène 1 de l᾽Acte I, Parménon a fait montre de toute son indiscrétion devant Philotis et Syra, qui, sans doute, n᾽ont pas manqué de rapporter le tout à Bacchis.
1289. L᾽emploi d᾽"etiam" dans la citation des Verrines relève indéniablement de ce que Donat signale comme étant un adverbe qui accompagne une réminiscence. Mais dans la réplique de Bacchis rien n᾽est moins sûr : l᾽élément qu᾽elle ajoute (et qui est ni plus ni moins que la reconnaissance qui cause le dénouement) n᾽est certainement pas un épisode adventice auquel on a failli ne pas penser. Du coup, l᾽adverbe a sans doute plutôt sa valeur affirmative : "Ne dirai-je rien de plus ? -Si".
1290. Le commentaire de Donat reste énigmatique. En quoi est-il remarquable que Parménon dise "scio", sinon parce que précisément il ne sait pas, ce qui rend amusante sa réponse.
1291. Le tour "sed cessas" est récurrent chez Térence dans les situations où un personnage est mandaté pour accomplir une mission. En général Donat n᾽éprouve pas le besoin de le reformuler.
1292. Ce commentaire n᾽a guère de sens en contexte, puisque Parménon n᾽a fait que courir sans prendre le bateau ni chevaucher. Sans doute la remarque est-elle plutôt générale, comme une sorte d᾽entrée de lexique sur le mot "cursus".
1293. La remarque est apparemment métrique (ce qui est très rare chez Donat) : le commentateur dit explicitement que Bacchis livre un monologue psalmodié (en l᾽espèce en septénaires iambiques).
1294. C᾽est la présence du verbe "adimo" complété par un substantif désignant une émotion dans les deux passages térentiens qui en motive le rapprochement.
1295. Il s᾽agit de paroles de Didon, encore toute pleine de l᾽émotion de la rencontre avec Enée. Donat s᾽amuse évidemment de la similitude des contextes (deux histoires d᾽amour), mais de la dissemblance des résultats : Didon s᾽exclame d᾽admiration devant un homme dont elle va s᾽éprendre pour sa perte, Bacchis devant un acte qui la prive de l᾽homme qu᾽elle aimait mais qui le sauve, lui, et la fait, elle, monter dans l᾽estime générale.
1296. C᾽est-à-dire qu᾽après avoir, sous forme d᾽exclamation, exprimé qu᾽il y avait beaucoup de bienfaits de sa part, elle en dresse le détail.
1297. On suppose donc admis que Philumène a davantage envie de retrouver son mari que réciproquement. Cette differentia entre les deux verbes synonymes est faite ailleurs en des termes proches : voir Eun. 147, 1- 2 et 746, 2-3.
1298. Bacchis empêche l᾽infanticide et rend donc à Pamphile son enfant, dans le même temps, en clarifiant la situation avec Philumène, elle lui rend sa femme, enfin, elle lave Pamphile aux yeux de Phidippe et Lachès de tout soupçon d᾽inconduite.
1299. Donat remarque le passage du présent au parfait et l᾽explique sous couleur de "varietas" (sur ce procédé chez Donat, voir Bureau-Nicolas-Raymond à p.). En fait, l᾽emploi des temps est bien conforme à la situation : elle rend son fils à son père et sa femme à son mari (mais la chose n᾽est pas encore tout à fait réalisée), mais elle a effectivement évacué les soupçons qui pesaient sur Pamphile auprès des deux pères, opération préalable aux deux autres. En fait, il s᾽agit davantage d᾽un hysteron proteron : Bacchis renverse la chronologie des actions, chacune étant présentée avec le temps grammatical qui lui convient.
1300. Les femmes romaines n᾽ont pas une gestation plus longue que les autres femmes, mais il est néanmoins bien souvent question pour elles de "dix mois" de grossesse si l᾽on en croit les textes. Cela tient d᾽une part au fait que les mois romains d᾽avant le calendrier julien comptent environ 28 jours, en sorte que les 39 semaines théoriques de la gestation constituent quasiment dix mois, d᾽autre part au fait que l᾽on peut aussi compter 41 semaines d᾽aménorrhée, soit plus de dix mois romains. Enfin les Romains, quand ils comptent des intervalles, hésitent souvent dans leur comput, par confusion entre l᾽ordinal et le cardinal. Une durée de dix mois (révolus) et le dixième mois (donc neuf mois révolus) peuvent être pris l᾽un pour l᾽autre.
1301. Donat précise que le sens de "prima" est trompeur, puisqu᾽il ne faut pas comprendre "la première nuit", mais "le début de la nuit". Il s᾽agit d᾽un adjectif situationnel. Même genre de remarque en Pho. 215, 2.
1302. Même remarque dans Eun. 95, 1- 2 pour une autre courtisane qui aime sincèrement le jeune homme qui l᾽entretient.
1303. Ce n᾽est certes pas la scène du viol qui est jouée sur scène, ne serait-ce que parce que, antérieure de dix mois, elle romprait avec la chronologie standard des intrigues de la comédie nouvelle ; il devait y avoir en revanche dans le modèle grec une scène d᾽interrogatoire et de reconstitution du crime entre la courtisane et son ancien amant.
1304. "Quid" est mis pour "aliquid". La chose est à ce point banale avec le tour "nescio quid" qu᾽on ne voit pas bien l᾽utilité d᾽en faire un point de commentaire. Toutefois, dans le cas qui nous occupe, un contemporain de Donat peut comprendre "je ne sais pas ce que j᾽ai commencé à soupçonner", et le grammairien soucieux de belle langue doit rappeler que "nescio quid coepi" ne peut pas être un tour interrogatif indirect et qu᾽il faut donc construire "coepi suspicarier nescioquid".
1305. Car, comme le note à plusieurs reprises Donat, il y a une force expressive dans ce terme utilisé chez les comiques qui le rend ici particulièrement propre à exprimer les sentiments de Bacchis lors de ce récit rocambolesque.
1306. Il ne s᾽agit pas de faire comprendre que Pamphile ait pu connaître la jeune fille qu᾽il a violée. Ce serait absolument contradictoire avec l᾽intrigue. Mais Donat suppose que la formulation par le jeune homme ("j᾽ai violé je ne sais qui") est une manière diplomatique de dire devant la courtisane aimée "j᾽ai violé une une fille sans importance", alors que rien n᾽interdit de penser que, quoiqu᾽il ne l᾽ait pas vraiment vue, il a été séduit par elle.
1307. C᾽est-à-dire qu᾽il est temps pour Térence de raconter tout ce qu᾽il est nécessaire au lecteur de savoir pour qu᾽il ne reste pas sur sa faim.
1308. Voir supra 774, 3.
1309. Donat commente ici une valeur particulière du mot "res", dans ce qui est pratiquement une locution figée, "esse in rem".
1310. Le commentaire est ici particulièrement obscur, au point qu᾽on se demande si le texte, pourtant consensuel, n᾽est pas ici corrompu. Le sens que l᾽on peut, sans aucune garantie de certitude, donner à la remarque est le suivant. Bacchis a toujours trouvé en Pamphile un compagnon attentionné et aimable, tant qu᾽il lui était permis de se poser la question d᾽un avenir possible avec lui. Maintenant qu᾽il est marié, il n᾽y a plus lieu de se demander si elle mérite de vivre avec un garçon si gentil, puisqu᾽il vit officiellement avec une autre.
1311. Donat fait une differentia (récurrente) entre deux verbes d᾽événement, l᾽un connoté favorablement et l᾽autre défavorablement. Il faut donc ici faire gloire à Térence d᾽avoir choisi le verbe connotant une mauvaise nouvelle pour parler du mariage de Pamphile du point de vue de la courtisane. Mais d᾽ordinaire on considère que le verbe "euenire" (ici connoté vers le désagrément) est neutre et que c᾽est "accidere" qui est orienté négativement ; cf. Pho. 239, 4 ; And. 398.
1312. Donat fait cette remarque d᾽abord parce que l᾽emploi de l᾽ablatif seul dans cette construction ne correspond absolument pas aux habitudes de son temps, mais aussi pour éviter que l᾽auditeur ne prenne "nuptiis" pour un datif complément d᾽"euenire" au sens de "il est arrivé malheur au mariage". Avec "mihi" dans le contexte, la confusion est peu probable, mais morphologiquement elle est possible.
1313. Bacchis joue son propre contradicteur. Elle y répond tout de suite après, en faisant une concession. Sur le couple ὑποφορά / ἀνθυποφορά, voir And. 258, 396, Pho. 159, 2 ; 781, 1-2.
1314. Remarque morphologique sur le caractère anomal du couple d᾽antonymes "commodo"/"incommode".
1315. De nouveau, le commentaire est très elliptique. Il semble qu᾽il faille reconstituer le raisonnement ainsi. Bacchis déclare qu᾽elle a tout fait pour que Pamphile ne se marie pas parce qu᾽il était dégoûté d᾽elle. Elle n᾽a donc rien à se reprocher. Que les circonstances aient fait qu᾽elle perde Pamphile, à qui elle reconnaît qu᾽elle doit beaucoup, n᾽est pas un sujet de plainte. Bacchis aurait-elle lu de la philosophie stoïcienne et saurait-elle qu᾽on ne doit se plaindre que des maux que l᾽on provoque soi-même ? Le commentaire de Donat souligne en tout cas que c᾽est cette théorie que le grammairien veut faire retenir à ses élèves.
1316. Le rapprochement entre la prostituée au grand cœur, effectivement désintéressée, et le proxénète prêt à endurer toutes les avanies dès lors qu᾽il obtient satisfaction financière, paraît un peu à contresens, mais il s᾽impose cependant par la difficulté qu᾽a le grammairien à arracher ce personnage aux contraintes du type. Si Térence, comme Donat le dit lui-même, se plaît à inverser tous les codes, le grammairien demeure plus réticent. On notera qu᾽à chaque fois que cela était possible, il a tenté de rattacher l᾽action de Bacchis à des motivations "professionnelles". Voir par exemple son commentaire de "nobilitatem" au vers 797.
1317. Il s᾽agit de cet emploi de la particule "dum" en renforcement d᾽un impératif, comme dans "dicdum" ou "adesdum". Implicitement, Donat distingue cet enclitique de la conjonction homonyme.
1318. Donat commente évidemment le mot "uenustatis", qu᾽il met régulièrement en rapport avec le nom de Vénus. Mais, selon un usage antique assez stable, il commente en réalité non pas le mot dont il part mais un autre de même famille lexicale : ici, c᾽est de l᾽adjectif "inuenustus" qu᾽il donne la définition, non du substantif "uenustas" dont l᾽analyse sémique doit donc se déduire de l᾽étymologie par "Venus" et de l᾽antonymie de "inuenustus".
1319. Les questions répétitives de Pamphile ont, selon Donat, valeur de retardement. L᾽intrigue est jouée : il n᾽y a plus rien à retarder. Il s᾽agit donc plutôt de traits caractéristiques de l᾽impatient amoureux qui vient d᾽obtenir tout ce qu᾽il voulait et qui y croit sans y croire et, à vrai dire, ne sait pas exactement ce qu᾽il dit.
1320. Cette série de questions pressantes émane de l᾽ombre de Déiphobe qui interroge Enée aux Enfers. La situation intertextuelle est apparemment sans rapport, sauf si l᾽on se souvient de ce que Pamphile dira dans quelques vers à Parménon (852) : "tu m᾽as ramené des Enfers à la vie". Par jeu intertextuel, Donat (qui s᾽amuse ici) nous signale que nous sommes donc dans cette dernière scène dans une sorte de nékyia comique.
1321. Donat fait remarquer que Parménon, bien qu᾽il ait eu connaissance des indices qui ont provoqué la reconnaissance et le dénouement, continue à ne pas comprendre les tenants et aboutissants de l᾽intrigue. Il tâche donc de faire le modeste pour obtenir des renseignements que, finalement, on ne lui donnera pas. Le procédé comique est bien analysé.
1322. Le commentaire n᾽est pas clair. Peut-être faut-il comprendre implicitement que Donat fait honneur à Térence d᾽avoir créé pour l᾽occasion le féminin de "seruator" ?
1323. Donat parle de la tournure "Bacchis mea", non de "seruatrix mea" et il signale que c᾽est la façon avec laquelle l᾽amoureux s᾽adresse à la femme aimée. Or c᾽est désormais son épouse qu᾽il aime mais il reste entre Bacchis et Pamphile des vestiges de tendresse d᾽anciens amants.
1324. Une courtisane n᾽a en effet aucune raison de se réjouir du bonheur conjugal de son amant. Mais l᾽attitude de Bacchis accrédite ce paradoxe apparent.
1325. Dans ce cas, la réplique se comprend "ta rencontre, ta conversation, ton arrivée (…) se font toujours volontiers".
1326. Donat indique que le compliment que Bacchis fait à Pamphile (comme Pamphile le remarque lui-même) se trouverait plus à propos dans la bouche d᾽un amant s᾽adressant à sa maîtresse.
1327. Il en résulte que Donat donne ici deux interprétations différentes de "quod nossem". Dans sa première reformulation, le segment fonctionne comme un ersatz de consécutive et le verbe y a comme complément "eam" à prendre en facteur commun (de manière à ce que je la connaisse). Mais ensuite il glose le même segment comme une incise, comparable à "quod sciam", avec un "quod" relatif complément de "sciam" (à ce que je sais). Cette seconde interprétation a contre elle, sans doute, le temps du verbe qui, si l᾽on était dans une incise, ne passerait sans doute pas au passé ("quod norim"). En tout cas, il y a là un manque de cohérence d᾽une scholie à l᾽autre.
1328. La remarque de Donat peut paraître surprenante, dans la mesure où, dans cet emploi indéfini, "quid" est enclitique et, donc, dépourvu d᾽accent. Peut-être faut-il comprendre qu᾽il y a une différence de prononciation entre l᾽adverbe interrogatif "numquid" (est-ce que par hasard), qui vaut un seul mot, et la séquence "numquid" (écrit en un ou deux mots, mais valant deux mots) où "quid" est un pronom indéfini, le premier prononcé "númquid" et le second "númquíd" ? Ou, s᾽il ne s᾽agit pas de prononciation différentielle, s᾽agit-il simplement d᾽une graphie différentielle ?
1329. Il s᾽agit évidemment de remarquer le propos métathéâtral de Pamphile qui, dans ce dénouement, se moque des dénouements comiques stéréotypés. La scholie 1 précise donc que Pamphile s᾽exprime comme s᾽exprimerait une personne dans le réel. Mais en disant, dans la scholie 2, qu᾽il manque aliis, Donat accentue, au lieu de l᾽amoindrir, le caractère métathéâtral de l᾽énoncé, car si c᾽est bien ce que sous-entend Pamphile, alors il atteste qu᾽il est lui-même un personnage de cette comédie-ci. La scholie 867, 2 va dans le même sens.
1330. C᾽est un précepte sur le dénouement qui sera retenu par les doctes de l᾽âge classique. Evanthius l᾽illustrait de cette manière : Fab. 4, 5 "catastrophe conuersio rerum ad iucundos exitus patefacta cunctis cognitione gestorum" (la catastrophe est le retournement de la situation jusqu᾽à l᾽issue heureuse, une fois que tous les personnages ont accès à la connaissance des événements).
1331. C᾽est toujours la même question qu᾽en 866, 2-3 : de quel degré de métathéâtre s᾽agit-il ?
1332. Encore une remarque sur le caractère métathéâtral de cette fin de pièce. Donat, dans la définition qu᾽il donne du verbe "resciscere", utilise le verbe "recognoscere", de la famille lexicale qui sert à caractériser le procédé de la "reconnaissance" qui déclenche le dénouement. De fait, depuis la scène précédente lors de laquelle Bacchis a compris que Philumène était bien la jeune femme que Pamphile avait violée pendant une nuit d᾽ivresse, le champ lexical de "(cog)noscere" est abondamment représenté. La reconnaissance dramaturgique est illustrée par le vers 830 "eum haec cognouit Myrrina" (Myrrhina a reconnu l᾽anneau), et dès lors les personnages ne cessent d᾽insister lexicalement sur cet aspect.
1333. Double differentia, donc, entre "resciscere" et "scire". Il est à noter que ce groupe de scholies pourrait tout aussi bien (voire mieux, étant donné la forme des autonymes de la scholie) se rattacher au vers précédent.
1334. Le rapport avec les deux citations est clair : Parménon, tout comme le Néoptolème virgilien ou le Phormion térentien, parle de lui à la troisième personne. Le fait que, dans les deux illustrations, le nom soit à l᾽accusatif nous incite à privilégier la leçon "Parmenonem", présente dans une partie de la tradition térentienne, et dans le lemme 1 de cette même scholie. L᾽énoncé a alors le pronom "quicquam" pour sujet et s᾽interprète "est-ce que par hasard quelque chose aurait échappé à Parménon...?". En revanche, dans les deux citations mises en parallèle, il ne s᾽agit pas d᾽un aparté, d᾽une parole dite à soi : Néoptolème s᾽adresse à Priam, Phormion à la cantonnade. La scholie 2 doit donc se comprendre "1. il fait un aparté (ce qui n᾽est pas sûr, d᾽ailleurs : voir la scholie 878, 4), 2. il parle de lui à la troisième personne, comme dans Virgile etc.", seul le point 2 étant en cause alors. Notons que dans le commentaire à Pho. 1027 (le vers ici mis en illustration), Donat avait déjà opéré le rapprochement avec le passage de Néoptolème, mais qu᾽il n᾽avait pas alors cité ce vers de L᾽Hécyre. Peut-être est-ce un argument pour supposer que le commentaire à L᾽Hécyre est postérieur à celui du Phormion.
1335. A moins qu᾽il ne faille comprendre "cet énoncé convient à la courtisane qui s᾽en va", c᾽est-à-dire qu᾽il pourrait s᾽agir d᾽une réplique de Bacchis. Dans ce cas, cela vient en contradiction avec la scholie 868, 2, qui évoque un aparté de Parménon parlant de lui à la troisième personne.
1336. C᾽est-à-dire qu᾽au lieu d᾽utiliser le couple attendu de contraires, opposés par la morphologie, il utilise de l᾽antonymie lexicale non-morphologique. Implicitement, Donat évoque peut-être le concept de "variatio".
1337. Var. "nouast".
1338. Var. "ut iterum possit".
1339. Var. "iis".
1340. Var. "strepitus".
1341. Var. "mea causa causam accipite ac date silentium".
1342. Var. "paucis". Donat donne cette leçon dans sa scholie 58, 5 et cite Apollodore qui, lui, construit "paucis meretricibus" ("ὀλίγαις ἑταίραισιν") et non "paucos amatores". Pour que Donat ne dise pas explicitement retenir la leçon traduite du grec, on suppose qu᾽il a sous les yeux des manuscrits attestant clairement de la leçon concurrente.
1343. Notons qu᾽à la scholie 99, 1, Donat cite le texte en modifiant légèrement l᾽ordre des mots dans ce uers: "numquam illa uiua uxorem ducturum domum".
1344. Var. "misereas". Plusieurs manuscrits (PC) donnent "misereat", ainsi que DFE, qui donnent "te misereat", comme Donat.
1345. Var. "quaeret".
1346. Var. "quaeret". Donat ne commente pas ce lemme, mais on conjecture qu᾽à l᾽instar du vers 76 ("senex si quaerat me"), puisque Parménon répète sa phrase pour l᾽esclave qui n᾽a pas entendu, le verbe "quaerere" est au subjonctif.
1347. Cf. note précédente. Ici, hypothèse contraire, qui n᾽entraîne pas forcément un changement de mode.
1348. Var. "illi".
1349. Var. "quae illi placerent". Donat commente le lemme "nisi praefinito loqui illi quae placerent", qu᾽on décide d᾽éditer, mais cite dans sa scholie 94, 4 "quae illi placerent".
1350. Var. "sed quid hoc negoti modo quae narrauit mihi". Les manuscrits DPCFE donnent également "est".
1351. Var. "percontor".
1352. Var. "senectuti".
1353. Ce "ut" ne figure pas dans la tradition térentienne, mais le vers est cité sous cette forme dans le commentaire à Ad. 470, 5. Nous le rétablissons donc, sans garantie.
1354. Var. "pauculis".
1355. Var. "post". Mais il n᾽est pas impossible que Donat ait eu une version avec "postquam", malgré la difficulté de construction.
1356. Var. "decrerim".
1357. Var. "ac".
1358. Var. "sese".
1359. Var. "mirum".
1360. Var. "hoc".
1361. Var. "se".
1362. Var. "tum".
1363. Var. "eadem aeque".
1364. Var. "eodemque".
1365. Les éditeurs mettent cette conjonction à la fin du vers précédent. Nous gardons la présentation "logique" de Donat. Notons que de nombreux mss. de Térence omettent ce "et".
1366. Var. "ullus".
1367. Var. "exorere".
1368. Var. "uostrarum" (mais PCFE donnent "uestrorum")
1369. Var. "minimeque adeo est mirum".
1370. Var. "plus una esset".
1371. Var. "hinc iam scibo hoc quid sit".
1372. Var. "heia".
1373. causast edd.
1374. Remarquons qu᾽en 258, 3, Donat donne comme lemme "etsi tu illi pater es", alors qu᾽en 2 le "tu" n᾽apparaissait pas. Les mss. de Térence ne l᾽ont pas.
1375. Var. "possim".
1376. hem edd.
1377. omnis edd.
1378. multimodis edd.
1379. Les éditeurs ont généralement "lucro" mais Donat, dans la reformulation qu᾽il opère de ce segment dans la scholie 286, 3, donne cette forme.
1380. Les éditeurs ont généralement "orta est".
1381. Les éditeurs ont en général "quod".
1382. paruom edd.
1383. Difficile de chosir entre "consciuisse" et "consciuerit" qui sont tous les deux commentés en tant que tels par Donat. Si l᾽infinitif paraît être seulement une variante par rapport à l᾽autre forme, il semble en revanche la forme préférentielle d᾽après la reconstitution par Estienne de la scholie 1. Dans le doute, on choisit la forme personnelle.
1384. Les mss. térentiens ont "periclum", sans quoi le vers est amétrique.
1385. La scholie 326 donne cette fin de vers (qui n᾽est pas lemmatisée) alors que la tradition térentienne donne "perisse me una haud dubium est". Peut-être est-ce de la part de Donat une paraphrase plutôt qu᾽une citation stricte. Dans le doute, faute de savoir ce qu᾽il lisait vraiment, nous éditons le texte de la scholie.
1386. Les éditeurs de Térence éditent "intro iisse".
1387. Les éditeurs de Térence ont "iterum".
1388. Variante "ehem".
1389. Var. "interuenerit" chez les éditeurs modernes.
1390. Var. "ueniant".
1391. Var. "perspexi".
1392. Var. "intro me".
1393. Les manuscrits ont "ac", mais il semble que Donat lise "quam". Voir la note à la traduction de la scholie 373, 2.
1394. Var. "huius".
1395. Les éditeurs de Térence ont "obsecramus", mais on déduit de la scholie 387, 2 que Donat lit plutôt "obtestamur".
1396. Var. "uti".
1397. Les éditeurs térentiens n᾽ont pas "de". Mais les mss. de Donat sont consensuels pour donner la préposition dans la scholie 565, 2 où ce vers est cité.
1398. Donat donne "bona" comme texte principal, pour lequel on peut penser qu᾽il incline, mais précise qu᾽il existe une uariante "data" d᾽ailleurs très majoritaire.
1399. Donat précise l᾽existence d᾽une uariante "eidem" : mais voir note apposée au commentaire traduit.
1400. Var. "huic nunc".
1401. Var. "quam".
1402. Var. "mittam".
1403. Var. "semper mortem".
1404. Var. "et quidem".
1405. Var. "dicam".
1406. Var. "constitui".
1407. Var. "crassus, caesius".
1408. Var. "ille abiit". Remarquons que Donat donne en premier lemme "illic abit", et en second "ille abiit".
1409. Var. "atque".
1410. Var. "ego me".
1411. Les éditeurs et les mss. de Térence n᾽ont pas tous ce "est".
1412. Var. "segreganda aut mater a me est, Phidippe, aut Philumena".
1413. Var. "pulsus".
1414. Var. "filiam ut".
1415. Les trois derniers mots font partie du vers 521 chez les éditeurs. On est dans un passage polymétrique difficile à définir métriquement.
1416. Les éditeurs n᾽ont pas "mi".
1417. Var. "ex quo".
1418. On lit chez Donat aussi bien "nos omnis" que "omnes nos".
1419. Les éditeurs ajoutent ici "esse".
1420. Le vers est athétisé en général chez les éditeurs de Térence, mais il se trouve bien dans les mss. de Donat.
1421. Var. "indicium haec".
1422. Var. "adeon".
1423. Var. "uidisse eum".
1424. Var. "nonne ea".
1425. Var. "uxorem an non".
1426. Les éditeurs privilégient la forme "sensti", mais chez Donat on lit bien "sensisti".
1427. Chez DOnat on lit tantôt "unum" et tantôt "unam".
1428. Les éditeurs préfèrent "quod", mais "quam" est attesté (outre chez Donat) dans une bonne partie de la tradition.
1429. Var. "mi".
1430. Var. "haud".
1431. Les éditeurs insèrent ici habituellement "te".
1432. Var. "mea".
1433. Les éditeurs ajoutent ici "me".
1434. Var. "induces".
1435. Var. "uti".
1436. Les éditeurs ont en général "uti esse ego illam". Donat a une certaine incohérence de citation du lemme à la scholie. Il semble connaître une variante "ut ego esse illam".
1437. D᾽une édition à l᾽autre, l᾽ordre des mots de ce vers est différent. Même Donat hésite entre "quod faciendum sit post" et "quod post faciendum sit". On ne sait trop s᾽il lit l᾽adverbe "fortasse".
1438. Var. "concessurum".
1439. Les éditeurs attribuent ces deux premiers mots du vers à Pamphile. Il peut sembler, d᾽après le commentaire qui en est fait, que Donat les attribue à Phidippe.
1440. Var. "natum tibi illam".
1441. Var. "sequitur".
1442. Var. "sese".
1443. Var. "quae".
1444. Var. "mirandum".
1445. Var. "possiem".
1446. Var. "quaesti".
1447. Var. "obsiet".
1448. Var. "iam ea aetate".
1449. Var. "siet".
1450. Var. "magnam ecastor gratiam".
1451. quod edd.
1452. Les éditeurs n᾽ont pas ce "ut".
1453. Var. "is".
1454. Var. "sed esse falsa fama nolo".
1455. Var. "haec".
1456. Var. "facies".
1457. Var. "possiem".
1458. Var. "istaec".
1459. On lit aussi, selon les lemmes de Donat, "ex ea re natam".
1460. Var. "hic".
1461. Var. "dixe".
1462. Var. "qui donem qui qui".
1463. Var. "qui".
1464. Var. "Parmeno".

Citations

Sommaire Notes 102. ApolHec. frg. 10 οἱ γὰρ ἀτυχοῦντες τὸν χρόνον κερδαίνομεν, ὅσον ἄν ποτ᾽ ἀγνοῶμεν ἠτυχηκότες
139. ApolHec. frg. 11 οὕτως ἕκαστός ἐστι διὰ τὰ πράγματα / ἡμῶν τε σεμνὸς καὶ ταπεινός
66. ApolHec. frg. 9 σύ με παντάπασιν ἥγησαι λίθον
235. ApolHec. frg. incogn. ὁ μῦθός ἐσμεν Πάμφιλ᾽ ἤδη γραῦς γέρων
17. Cic.Verr. 2, 4, 3 uel optima Messanae
168. CicCaecil. 36 aut enim id mihi satis est, quod est de me opinionis, quicquid est
218. CicCaecil. 41 ita mihi uelim deos propitios, ut cum illius temporis mihi uenit in mentem
36. CicCaecil. 57 redit ad se atque ad m. s.
209. CicCael. 27 qui in hortis fuerit, qui unguenta sumpserit, qui Baias uiderit
187. CicCat. 2, 2 quae quidem mihi l. u., q. t. p. e. f. q. p.
61. CicDej. 3 exortus est seruus, qui, quem in eculeo a. n. p., e. a. s.
297. CicInc. frg. 27 M uerum tamen actum et criminosum ius est
101. CicMur. 26 praetor quoque, ne se pulchrum ac beatum putaret, ei quoque carmen compositum est
60. CicVerr. 2, 1, 153 habemus enim liberos omnes
79. CicVerr. 2, 1, 2 est idem Verres, qui fuit semper
80. CicVerr. 2, 1, 2 est idem Verres, qui fuit semper
173. CicVerr. 2, 1, 83 te ipso teste nequam atque improbo, uerum ad hanc rem t. i., te, inquam, t. d.
59. CicVerr. 2, 1, 93 en cui tuos liberos committas
303. CicVerr. 2, 2, 87 etiam, quod paene praeterii, capella quaedam est mire facta
257. CicVerr. 3, 135 circumdatos Verri cancellos
43. EnnAnn. 155 V. exin Tarquinium bona femina lauit et unxit
63. EurAnd. 85 πολλὰς ἂν εὕροις μηχανάς · γυνὴ γὰρ εἶ
138. HomOd. 18, 136 τοῖος γὰρ νόος ἐστὶν ἐπιχθονίων ἀνθρώπων, οἷον ἐπ᾽ ἦμαρ ἄγῃσι πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε
1. HomOd. 24, 40 κεῖσο μέγας μεγαλωστί, λελασμένος ἱπποσυνάων
128. HomOd. 9, 14 τί πρῶτόν τοι ἔπειτα, τί δ᾽ ὑστάτιον καταλέξω;
229. HorCarm. 1, 24, 19 durum, sed melius230 fit patientia, quicquid corrigere est nefas
175. HorCarm. 1, 9, 17 donec uirenti canities abest morosa
73. HorEp. 1, 10, 47 imperat aut seruit collecta pecunia cuique
34. HorEp. 1, 18, 69 percontatorem fugito, nam garrulus idem est
44. HorEp. 2, 1, 59 uincere Caecilius grauitate, Terentius arte
14. HorEp. 2, 1, 81-82 ea cum reprendere coner, quae grauis Aesopus, quae doctus Roscius egit
212. HorSat. 2, 3, 216-217 fortique marito destinet uxorem
58. LocInc. illum tumultum inflexit
159. LucilH. 135 Charpin Myconi calua omnis iuuentus
116. PlautBac. 106 nam ut ex mari timida es
114. PlautFrgDub. 11 fortasse te amare suspicarier
55. PlautMil. 145 nam meus conseruus est homo haud magni preti
65. PlautMil. 235 erus meus elephanti corio circumtectus est, non suo
147. PlautPers. 452 post principio denique
4. PlautPoen. 384 impias, ere, te: oratorem uerberas
219. PlautTrin. 105 quin dicant, non est: merito ut ne dicant, id est
148. PlautTrin. 191/PlautPseud.310 post paulo
54. SalCat. 20, 4 nam idem u. a. i. n., e. d. f. a. e.
126. SalCat. 53, 1 senati decretum fit
202. SalHist frg.inc. 25 M atque ea cogentes, non coactos, scelestos magis quam miseros obstringi
203. SalHist frg.inc. 25 M sed nunc mihi in mentem
86. SalHist. 1, frg. 45 M. et liberis eius auunculus erat
196. SalHist. 2, frg. 111 M ita fiducia quam argumentis purgatiores d.
119. SalHist. 3, frg. 38 M et morbi graues ob inediam insolita uescentibus
137. SalJug. 14 quo accidam aut q. a.
53. SalJug. 31, 14 quos eadem odisse et eadem metuere in unum coegit
287. SallHist. 3 frg. 7 M grauiores bello qui prohibitum uenerant sociis egere
291. SallJug. 32, 5 ne uim magis quam beniuolentiam eius experiri mallem
292. SallJug. 32, 5 ne uim magis quam beniuolentiam eius experiri mallem
268. TerAd. 165 nollem factum
273. TerAd. 165 indignum te esse iniuria hac, indignis cum egomet acceptus sim modis
150. TerAd. 189 ex te mihi orta est iniuria
308. TerAd. 206-207 quando eum quaestum occeperis, accipienda et mussitanda iniuria est adulescentium
151. TerAd. 256 nihil quicquam uidi laetius
149. TerAd. 295 e re nata
68. TerAd. 396-397 aut non totis96 sex mensibus prius olfecissem?
207. TerAd. 396-397 ac non totis sex mensibus prius olfecissem, quam ille quicquam fecerit?
74. TerAd. 42 uitam urbanam
75. TerAd. 42-43 ego hanc clementem uitam urbanam atque o. s. s.
185. TerAd. 449-450 o Pamphile, pol haut p. i. d.!
82. TerAd. 51-52 non necesse habeo omnia pro meo iure agere
83. TerAd. 51-52 non necesse habeo omnia pro meo iure agere
206. TerAd. 531 sed si hic pernocto, c. q. d., S.?
311. TerAd. 641 non equidem istas, quod sciam
123. TerAd. 668 praesens praesenti
191. TerAd. 713 defessus sum deambulando
210. TerAnd. 110 hic paruae consuetudinis causa
46. TerAnd. 127 quam metui quorsum euadas
254. TerAnd. 146 ego illud sedulo negare factum. ille instat factum
289. TerAnd. 162 magis id adeo, mihi ut incommodet, quam ut obsequatur gnato
301. TerAnd. 185 meum gnatum rumor est amare
130. TerAnd. 234 sed quidnam Pamphilum exanimatum uideo?
3. TerAnd. 25-26 ut pernoscatis, ecquid spei sit reliquum, quas faciet
106. TerAnd. 250-251 aliquid monstri alunt: ea quoniam nemini obtrudi p., i. a. m.
166. TerAnd. 258 quis hic loquitur? Mysis, salue!
255. TerAnd. 262 tum patris pudor, qui me tam leni passus est animo
211. TerAnd. 279-280 neque me consuetudo neque amor commoueat
146. TerAnd. 292 si te in germani fratris d. l. s. h. t. s. s. f. m.
304. TerAnd. 339 metum, in quo nunc est, adimam atque expleam animum gaudio
241. TerAnd. 35 ego postquam te emi
267. TerAnd. 40 muto factum
271. TerAnd. 486 per ecastor scitus puer natus est Pamphilo
243. TerAnd. 598 quiesce
157. TerAnd. 730 sic ait recusanti periurium seruo Mysis noua <nunc> r. i. t. i.
246. TerAnd. 810-812 tum me hospitem lites sequi, quam id mihi sit facile atque utile
192. TerAnd. 849 mihin?
69. TerAnd. 866-867 age nunciam: ego pol h., s. u., t. o., e. q. s. p. f.
266. TerEun. 119 quocum uno tum rem habebam hospite
16. TerEun. 20 postquam aediles emerant
22. TerEun. 240 itan parasti te, ut spes n. r. in t. s. t.?
296. TerEun. 37 bonas matronas facere, meretrices malas
307. TerEun. 37 bonas matronas facere, meretrices malas
190. TerEun. 454 audire uocem uisa sum modo militis
20. TerEun. 459 em alterum
10. TerEun. 5 nunc haec plane est pro noua
244. TerEun. 546/TerEun. 833 quid hominis?
201. TerHeaut. 192 miserum? quem minus credere est?
309. TerHeaut. 194-198 eo uereor magis
81. TerHeaut. 206 scortari crebro n., n. c. c.
233. TerHeaut. 240 dum moliuntur, dum conantur, annus est
213. TerHeaut. 637 misericordia, animus maternus: sino
275. TerHeaut. 918-919 at ne illud haud inultum, si uiuo, ferent! nam iam... – non tu te cohibes?
155. TerHeaut.62 annos sexaginta natus es, aut plus eo, ut c.
29. TerHec. 108 numquam tam dices commode
35. TerHec. 111 quam ego quae perconter scire
47. TerHec. 136 nocte illa prima uirginem non attigit
108. TerHec. 136-137 nocte illa p. u. n. a.; q. c. e. n. e., n. m.
109. TerHec. 157 quid? i. i. n. a. B.? - c.
205. TerHec. 157 quid? interea ibatne ad Bacchidem? - Cotidie
88. TerHec. 173 eo amantem i. P. e. p.
72. TerHec. 174-175 senex rus abdidit se
67. TerHec. 175 rus ab. s.
121. TerHec. 188 nostra ilico it u. a. e.: a. n.
84. TerHec. 190-191 heri ea causa r. h. a., p. c. c.
77. TerHec. 201 omnes socrus oderunt nurus
226. TerHec. 201 omnes socrus oderunt nurus
230. TerHec. 207 di mala prohibeant
71. TerHec. 213 tu sola exorere
195. TerHec. 214 tu, inquam, mulier, quae me o. <l.>, n. h. p.
70. TerHec. 224-226 Chreme, pietatem gnati! non te miseret mei? t. l. c. o. t. f.?
94. TerHec. 243 etsi scio ego, Philumena, meum ius esse
95. TerHec. 247 etsi ego me omnibus s. adp. o.
183. TerHec. 261-262 neque adeo clam me est, quam esse eum aegre laturum credam, hoc si r.
164. TerHec. 268-269 sancte adiurat non posse illic P. s. a. p.
262. TerHec. 275 hancine ego uitam parsi perdere!
105. TerHec. 281 nemini plura ego acerba c. e. e. a.
100. TerHec. 282 hancine ego uitam parsi perdere!
113. TerHec. 304-305 sed magnum nescio quid necesse est e., P., u. i. i. e. i.
110. TerHec. 310 iras gerunt
111. TerHec. 311 animus infirmus
112. TerHec. 313 fortasse unum aliquod uerbum inter eas iram h. c.
13. TerHec. 35 clamor mulierum
134. TerHec. 365 alio me suspicans m. u. a. quam s. e. u.
135. TerHec. 379 misera: misertum est
11. TerHec. 40 populus conuolat, tumultuantur
217. TerHec. 400 de219 continuo exponetur
12. TerHec. 41 pugnant de loco
158. TerHec. 436 quid uis nuntiem?
284. TerHec. 440 inscitum
258. TerHec. 444 continuo exponetur
162. TerHec. 447 quod potero faciam
163. TerHec. 447 quod potero faciam
165. TerHec. 452 uenisse aiunt: redeat
169. TerHec. 465 numquam
170. TerHec. 465 ille reuiuisceret
174. TerHec. 476 neque mea culpa hoc d. e., i. t. d.
176. TerHec. 478 concedat matri toleretque mores eius
179. TerHec. 484 impulsus ira
182. TerHec. 484 iram
220. TerHec. 515 atque in eam hoc omne, quod mihi aegre est, euomam
197. TerHec. 531 tempore suo
198. TerHec. 531 recte
199. TerHec. 531 tempore suo
200. TerHec. 531 recte
259. TerHec. 536-539 sed nunc mihi in mentem uenit de hac re quod locuta es olim, cum illum generum cepimus. nam negabas nuptam263 filiam tuam te pati cum eo, qui meretricem amaret, qui pernoctaret foris
208. TerHec. 538-539 negabas posse filiam tuam te pati cum eo, qui meretricem amaret, qui pernoctaret f.
15. TerHec. 54 inique iniqui
215. TerHec. 542 uerum id uitium numquam decreui esse adulescentiae
216. TerHec. 582 adeon peruicaci esse animo, ut puerum praeoptares, etc.
227. TerHec. 590 non facies neque sinam
222. TerHec. 592 amicae
223. TerHec. 592 cognatae
224. TerHec. 592 dies festi
228. TerHec. 602 hanc matrem habens talem, illam229 uxorem
231. TerHec. 609 quod faciendum sit post fortasse
232. TerHec. 610 ibi ego te et tu me feres
234. TerHec. 613 quid ita istuc uis
31. TerHec. 62 numquam illa uiua uxorem ducturum d.
236. TerHec. 624 grauiter quidem
238. TerHec. 627 in ipso tempore
239. TerHec. 627 in ipso tempore
240. TerHec. 632 uxore
248. TerHec. 651 perii
251. TerHec. 660 mater sua
256. TerHec. 688 quae tum fecisti ut decuerat
260. TerHec. 710 amarae
261. TerHec. 710 mulieres sunt
290. TerHec. 739 nam si id facis facturaue es
279. TerHec. 743 meum receptas filium
280. TerHec. 743 meum receptas filium
282. TerHec. 747 ille
283. TerHec. 748 socrus
136. TerHec. 77 pium et p. i. n.
302. TerHec. 770 noster socer uenit
300. TerHec. 779 crimen
25. TerHec. 85-86 cum milite inhumanissimo
26. TerHec. 87 tuli
27. TerHec. 93 agitare conuiuium libere
313. TerPho. 1027 age nunc, Phormionem qui uolet lacessito
117. TerPho. 201-202 quod si eo meae fortunae redeunt, Phanium, abs te u. d., n. e. m. u. e.
237. TerPho. 234 quid mihi dicent aut quam causam reperient? demiror
214. TerPho. 294 ᾽imprudens timuit adulescens᾽: sino ᾽tu seruus᾽
48. TerPho. 545 quid ego uobis, Geta, alienus sum?
30. TerPho. 57 sed quid tu es tristis?
285. TerPho. 726 mulier mulieri magis congruit
143. TerPho. 841 o Fors Fortuna
51. TerPho. 99-100 misertum est. Virgo ipsa facie egregia
97. TercHec. 201 itaque uno animo omnes s. o. n.
96. TercHec. 228 non mea opera neque pol c. e.
89. TercHec. 256 Phidippe
90. TercHec. 256 sin metuis, satis ut meae
92. TercHec. 257 ut meae domi curetur diligenter
91. TercHec. 258 haud tibi concedo, etsi illi pater es, ut tu illam
93. TercHec. 258-259 haud tibi concedo, etsi illi pater es, ut tu illam saluam magis uelis quam ego
178. VergAen. 1, 16 posthabita c. S.
154. VergAen. 1, 172 egressi optata potiuntur Troes harena
23. VergAen. 1, 19-20 progeniem sed enim Troiano a sanguine duci audierat
253. VergAen. 1, 251 unius ob iram prodimur
32. VergAen. 1, 273-274 donec regina s. M. g. g. p. d. I. p.
33. VergAen. 1, 37 haec secum
122. VergAen. 1, 387 haud, credo, inuisus c. a. u. c.
7. VergAen. 1, 427-429 hic portus alii effodiunt, h. a. t. f. l.21 a. i. c. r. e., s. d. a. f.
221. VergAen. 1, 461 sunt hic sua praemia laudi
270. VergAen. 1, 5 multa quoque et bello passus
56. VergAen. 1, 527-528 populare penates uenimus
49. VergAen. 1, 536 procacibus austris
125. VergAen. 1, 561 uultum demissa profatur
104. VergAen. 1, 562 soluite m., T., s. c.
172. VergAen. 1, 625 ipse hostis Teucros i. l. f.
181. VergAen. 1, 74-75 omnis ut tecum meritis pro talibus annos exigat
245. VergAen. 1, 78 tu mihi quodcumque hoc regni
263. VergAen. 1, 98 tuaque animam h. e. d.
167. VergAen. 10, 228 uigilasne, deum gens, A.?
103. VergAen. 10, 244-245 crastina lux, mea si non irrita dicta putaris, ing. R. s. c. a.
264. VergAen. 10, 26 talibus orabat Iuno
265. VergAen. 10, 26 talibus orabat Iuno
144. VergAen. 10, 45 per euersae, g., f. T. e. o.
281. VergAen. 10, 79 et gremiis abducere pactas
299. VergAen. 11, 122-123 semperque odiis et crimine Drances infestus iuueni Turno
278. VergAen. 11, 129 quaerat sibi foedera Turnus
62. VergAen. 11, 131 saxaque subuectare humeris
40. VergAen. 11, 259 uel Priamo miseranda m.
298. VergAen. 11, 407 formidine crimen acerbat
249. VergAen. 11, 77 arsurasque comas o. a.
272. VergAen. 12, 185 nec post a. u. r. A.
177. VergAen. 12, 19 o praestans a. i.
274. VergAen. 12, 25 sine me haec h. m. f.
276. VergAen. 12, 25 sine me haec haud mollia fatu s. a. d., s. h. a. h.
186. VergAen. 12, 4 attollitque animos
286. VergAen. 12, 458 ferit ense grauem Tymbreus Osirim
277. VergAen. 12, 47 ut primum fari potuit, sic incipit ore
39. VergAen. 12, 48-49 quam pro me curam g., h. p., o., p. m. d.
78. VergAen. 12, 60 desiste m. c. T.
37. VergAen. 2, 13 fracti bello
38. VergAen. 2, 13-14 f. r. d. D.
293. VergAen. 2, 149 noster eris
9. VergAen. 2, 283 exspectate uenis
87. VergAen. 2, 289 heu fuge, nate dea
225. VergAen. 2, 291 sat patriae Priamoque datum
171. VergAen. 2, 4 Troianas ut opes
28. VergAen. 2, 548 illi mea tristia facta
312. VergAen. 2, 549 degeneremque Neoptolomum n. m.
41. VergAen. 2, 6-7 quis talia fando M. D.
19. VergAen. 2, 707 ergo age, care pater, c. i. n.
141. VergAen. 2, 89 et nos aliquod nomenque decusque g.
129. VergAen. 3, 359 uocemque his auribus h.
133. VergAen. 3, 39 eloquar an sileam?
99. VergAen. 3, 601 tollite me, Teucri, quascumque abd. t.
305. VergAen. 4, 10 quis nouus hic nostris successit sedibus hospes!
52. VergAen. 4, 13-14 heu quibus ille iactatus f.
140. VergAen. 4, 20 Anna, fatebor enim, m. p. f. S.
152. VergAen. 4, 30 sic effata sinum l. i. o.
180. VergAen. 4, 333-335 ego te, quae plurima fando enumerare uales, numquam, regina negabo promeritam
45. VergAen. 4, 361 Italiam non sponte sequor
107. VergAen. 4, 479 quae mihi r. e. u. e. m. s. a.
310. VergAen. 4, 533 an monitu diuum? an quae te fortuna f.?
64. VergAen. 4, 569-570 uarium et mutabile semper femina
21. VergAen. 4, 57 mactant lectas de more bidentes
250. VergAen. 4, 633 namque suam patria antiqua cinis ater habebat
124. VergAen. 4, 83 illum absens abs. a. u.
42. VergAen. 4, 9 Anna soror
269. VergAen. 4, 92 talibus aggreditur Venerem Saturnia dictis
5. VergAen. 5, 350 me liceat casus miserari i. a.
8. VergAen. 5, 368-370 magnis cum uiribus e. o. D. m. q. u. s. m. t., s. q. P.
145. VergAen. 5, 798 si concessa p., s. d. e. m. p.
131. VergAen. 5, 805 exanimata s. i. a. m.
76. VergAen. 6, 114 uires ultra s. s.
57. VergAen. 6, 240 tendere iter
115. VergAen. 6, 257 uisaeque canes ulu. per u.
6. VergAen. 6, 304 iam senior, sed cruda deo u. q. s.
294. VergAen. 6, 351 maria a. i.
188. VergAen. 6, 426 continuo auditae uoces uagitus et ingens i. q. a. f. i. l. p.
189. VergAen. 6, 426-427 continuo auditae uoces uagitus et ingens
161. VergAen. 6, 481-482 belloque caduci Dardanidae
156. VergAen. 6, 614 i. p. e.
120. VergAen. 7, 454 respice ad haec
242. VergAen. 8, 582 grauior ne nuntius aures uulneret 
306. VergAen. 9, 244 uidimus obscuris primam sub uallibus urbem
50. VergAen. 9, 246 hic annis grauis a. a. m. A.
132. VergAen. 9, 30 corpus ubi e. p. P. A. s. s.
142. VergAen. 9, 41 si qua interea fortuna fuisset
252. VergAen. 9, 525 uos, ο Calliope, precor, a. C.
127. VergBuc. 3, 1 dic mihi, Damoeta, cuium pecus
184. VergBuc. 3, 25 cantando tu illum?
295. VergBuc. 3, 9 sed faciles nymphae risere sacello
85. VergBuc. 4, 58 Pan deus A. m. s. i. c.
2. VergBuc. 6, 20 timidisque superuenit Ae.
193. VergBuc. 7, 7 uir gregis ipse caper
18. VergBuc. 8, 69 carmina uel c. p. d. L.
194. VergGeo. 1, 24-25 teque adeo, quem mox q. s. h. d. c. i.
24. VergGeo. 1, 514 neque audit currus h.
204. VergGeo. 2, 230 ante locum capies oculis
98. VergGeo. 3, 282 quod saepe malae legere nouercae
247. VergGeo. 3, 316 atque ipsae memores redeunt in tecta suosque ducunt
118. VergGeo. 3, 95 ubi aut morbo g.
288. VergGeo. 3, 95 ubi aut morbo grauis a. i. s. a. d., a. d.
160. VergGeo. 4, 255 et corpora luce carentum
153. VergGeo. 4, 411-412 quanto ille magis formas s. u. i. o., tam tu, nate, magis contende tenacia uincla

Notice Editoriale

Sommaire Notes
Hyperdonatus - Editiones collectae antiquorum commentorum electronicae cum translatione, commentariis et adnotationibus criticis.
[fr] Hyperdonat - Collection d'éditions numériques de commentaires anciens avec traduction, commentaire et annotation critique.
[en] Hyperdonat - A Collection of Electronic Editions of Ancient Commentaries, with Translation, Commentary and Critical Notes.
(. )

Editionibus praesunt :
[fr] Responsables de la collection électronique :
[en] Editors :
Bruno Bureau, Université Lyon 3
Maud Ingarao, ENS de Lyon UMR 5037
Christian Nicolas, Université Lyon 3
Emmanuelle Raymond, Université Lyon 3
Data in schemata secundum modum qui TEI dicitur definiuit et ad editionem pertinentia documenta repperit :
[fr] Définition du schéma de données (TEI) de référence, documentation du projet :
[en] TEI schema and reference documentation :
François Léger, ENSSIB
Electronica editionis instrumenta creauit et auxit :
[fr] Conception logicielle et développement :
[en] Software design and development :
Séverine Gedzelman, ENS de Lyon
Constance Bureau, EPITECH Lyon

Ecole Normale Supérieure de Lyon
Lyon
2008-06-10

I. De proprietate intellectuali et de iure scriptorum. Hic situs una cum omnibus rebus quae in eo continentur legibus de iure scriptorum et proprietate intellectuali latis protegitur. Praesertim : i) earum mutationum quas editores in commentorum textum introduxerunt, ii) translationum textus ipsius et ceterorum operum quarum partem transtulerunt eidem praeter eas quas ab aliis translatoribus nominatim mutuauerunt, iii) apparatus critici nec non omnium indicum tam uerborum quam rerum, iv) instrumentorum electronicorum, schematum et commentariolorum ad usum editorum eiusmodi operum qui ad praesentem editionem conficiendam scripti sunt, proprietatem plenam ita habent editores ut ius eorum seruandum sit si quis omnibus his rebus utatur uel earum mentionem faciat.
[] I. Propriété intellectuelle et droit d'auteur. Ce site et l'ensemble de ses contenus sont protégés par la législation en vigueur sur le droit d'auteur et la propriété intellectuelle. En particulier : 1- les modifications opérées par les éditeurs scientifiques sur le texte des commentaires, 2- la traduction et celle de tous les textes annexes (sauf indication contraire de citation d'une traduction particulière), 3- l'apparat critique et l'indexation du corpus, 4- les logiciels et programmes informatiques, les schémas et manuels d'encodage élaborés dans le cadre du projet et leurs documentations sont propriété de leurs auteurs et doivent être utilisés et cités comme tels.
II. De diuulganda editione. Hunc situm una cum omnibus rebus quae in eo continentur diuulgauerunt editores ea lege seruata quae dicitur "Creative Commons by-nc-sa". Si quis quid ex hoc situ quodam modo adhibet, mentionem situs nominatim facere debet his ipsis uerbis : "Hyperdonat - Collection d'éditions numériques de commentaires anciens avec traduction, commentaire et annotation critique. Accédé en ligne le [date], à http://hyperdonat.ens-lsh.fr". Licentiam habent legentes i) partis huius uoluminis transcriptionum faciendarum, earum diuulgandarum necnon publicandarum, ii) huius operis mutandi ea lege ii.i) ut scriptoris primi mentionem faciant eo modo "Hyperdonat - Collection d'éditions numériques de commentaires anciens avec traduction,commentaire et annotation critique. Accédé en ligne le [date], à http://hyperdonat.ens-lsh.fr", neque quodam modo intellegi possit ex eorum uerbis editores priores cum eis qui mutuauerunt locos sui operis consentire uel eos probare, ii.ii) ne quodam modo parte operis uel toto opere hoc utantur ad mercedem faciendam, ii.iii) ne, si quis id opus mutauerit uel adaptauerit, id adhibeat alia lege atque ea quae dicitur "Creative Commons by-nc-sa". Cum quis id opus iterum adhibuerit uel diuulgauerit, mentio ei publice facienda erit qua lege id opus praesto fuerit. Modo illius rei significandae quo nullus est melior uteris si uinculum facies ad eam paginam http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/. Singulas has condiciones soluere poterit cui per editores ipsos licuit talia facere. Nulla re quae in praesentibus dispositionibus continetur ius morale editorum scriptorumque potest minui.
[] II. Diffusion.Ce site et l'ensemble de ses contenus sont diffusés sous contrat Creative Commons by-nc-sa. Toute production se basant sur ces contenus ou sur des données calculées à partir de ces contenus doit citer explicitement la présente source de la manière suivante : "Hyperdonat - Collection d'éditions numériques de commentaires anciens avec traduction, commentaire et annotation critique. Accédé en ligne le [date], à http://hyperdonat.ens-lsh.fr". Vous êtes libre:  1- de reproduire, distribuer et communiquer cette création aupublic, 2- de modifier cette création, selon les conditions suivantes : 2.1. Paternité. - Vous devez citer le nom de l'auteur original de la manière suivante (mais pas d'une manière qui suggérerait que nous soutenons ou approuvons votre utilisation de l'œuvre) : Hyperdonat - Collection d'éditions numériques de commentaires anciens avec traduction, commentaire et annotation critique. Accédé en ligne le [date], à http://hyperdonat.ens-lsh.fr. 2.2. Pas d'utilisation commerciale. - Vous n'avez pas le droit d'utiliser cette création à des fins commerciales. 2.3. Partage des conditions initiales à l'identique. - Si vous modifiez, transformez ou adaptez cette création, vous n'avez le droit de distribuer la création qui en résulte que sous un contrat identique à celui-ci. A chaque réutilisation ou distribution de cette création, vous devez faire apparaître clairement au public les conditions contractuelles de sa mise à disposition. La meilleure manière de les indiquer est un lien vers cette page web : http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/. Chacune de ces conditions peut être levée si vous obtenez l'autorisation du titulaire des droits sur cette œuvre. Rien dans ce contrat ne diminue ou ne restreint le droit moral de l'auteur ou des auteurs.
C. Oxford, Canon. lat. 95
Calph.. Editio Iohannis Calphurnii, Brixiae 1477
D. Dresden, Sachsische Staatsbibliothek, Dc 132
G. Citta del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. Lat 1673
I. London, British Library, Add. 21083
J. London, British Library, Burn. 171
K. Citta del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Chig. H VII 240
M. Cesena, Biblioteca Malatestiana, XXII 11 V
O. Oxford, Lincoln College, Lat. 045
R. Firenze, Biblioteca Riccardiana, 669
U. El Escorial, Biblioteca del Escorial, E III 3
V. Citta del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. Lat 1496
a. Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut 53.09
m. Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut 53.08
n. Citta del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ottob. 2070
p. Citta del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Pal. Lat. 1629
t. Citta del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ottob. 2023
w. Citta del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Urb. 354
x. Citta del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Pal. Lat. 1630
z. Citta del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Lat 1513

[ANDREAU1990] Andreau, Jean , Patrimoines, échanges et prêts d'argent : l'économie romaine, "L'Erma" di Bretschneider, Rome, 1997.
[BUREAU2011a] Bureau, Bruno , Térence moralisé : les sententiae de Térence selon le commentaire attribué à Donat, in Mauduit, Christine Paré-Rey, Pascale , Maximes théâtrales en Grèce et à Rome, CRGR, Lyon 3, Lyon, 2011.
[BUREAU2011b] Bureau, Bruno , Servius lecteur du Térence de Donat, in Bouquet, Monique Méniel, Bruno , Servius et sa réception de l'Antiquité à la Renaissance, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2011.
[CHARPIN1978] Charpin, François , Lucilius. Satires . Tome I, Livres I-VIII, Satires , Les Belles Lettres, Paris, 1978.
[CHARPIN1979] Charpin, François , Lucilius. Satires . Tome II, Livres IX-XXVIII, Satires , Les Belles Lettres, Paris, 1979.
[CHARPIN1992] Charpin, François , Lucilius. Satires . Tome III, Livres XXIX, XXX et fragments divers, Satires , Les Belles Lettres, Paris, 1992.
[CHASSIGNET1986] Chassignet, Martine , Caton. Les Origines, fragments, Les Origines, Les Belles Lettres, Paris, 1986.
[CIGNOLO2002] Cignolo, Chiara , Terentiani Mauri De Litteris, De syllabis, De metris I, Introduzione, testo critico e traduzione italiana. II, Commento, appendici e indici, Terentiani Mauri De Litteris, De syllabis, De metris , Olms, Hildesheim, Zürich, New York, 2002.
[ESTIENNE1529] Estienne, Robert Stephanus, Robertus , P. Terentii Comoediae sex, tvm ex Donati Commentariis, tum ex optimorum, praesertim veterum, exemplarium collatione, diligentius quàm vnquam antehac, emendatae. Aelii Donati antiqvissimi et celeberrimi grammatici in easdem, quicumque extant, commentarij ex veteri codice manu descripto, graecis etiam repositis, accurate castigati. Calphvrnii in tertiam Comoediam doctissima interpretatio. Eorum, quae in commêtarijs sparsim annotata sunt, index amplissimus, Paris, Ex Officina Roberti Stephani, 1529.
[FUNAIOLI1930] Funaioli, Gino , Esegesi virgiliana antica : prolegomeni alla edizione del commento di Giunio Filagirio e di Tito Gallo, Società editrice Vita e Pensiero, Milano, 1930.
[GRANAROLO1971] Granarolo, Jean , D'Ennius à Catulle : recherches sur les antécédents romains de la "poésie nouvelle", Les Belles Lettres, Paris, 1971.
[HARMON1978] Harmon, D.P. , The Family Festivals of Rome, in Aufstieg und Niedergang der Römischen WeltANRW, 1978.
[HARTMAN1895] Hartman, Jakob Johann , De Terentio et Donato, Sijthoff, Leyde, 1895.
[HOLTZ1981] Holtz, Louis , Donat et la tradition de l'enseignement grammatical : étude sur l'Ars Donati et sa diffusion (IVe-IXe siècle), et édition critique, Ars Donati, CNRS, Paris, 1981.
[JAKOBI1996] Jakobi, Rainer , Die Kunst der Exegese im Terenzkommentar des Donat, De Gruyter, Berlin, New York, 1996.
[JOCELYN1971] Jocelyn, Henry D. , Donatus ad Ter. Ad. 537, in Mnemosyne, 1971.
[KAUER1900] Kauer, Robert , Zu Terenz, in Wiener StudienWS, 1900.
[KAUERLINDSAY1926] Kauer, Robert , Lindsay, Wallace Martin , P. Terenti Afri Comoediae recognovervnt breviqve adnotatione critica instrvxervnt Robert Kauer Vindobonensis, Wallace M. Lindsay Sanctandreanvs, Clarendon Press, Oxford, 1926.
[KEIL1857] Keil, Heinrich , Grammatici latini, Teubner, Leipzig, 1857-1880.
[LEDENTU2004] Ledentu, Marie , Studium scribendi. Recherches sur les statuts de l'écrivain et de l'écriture à Rome à la fin de la République, Peeters, Paris, Louvain, Dudley, 2004.
[LEO1883] Leo, Friedrich , Die Überlieferung der terenzischen Komödien und der Kommentar des Donatus, in Rheinisches Museum für PhilologieRhM, 1883.
[LINDENBROG1623] Lindenbrog, Friedrich Lindenbrogius, Fridericus , Publii Terentii Carthaginensis Afri comoediae n. vi et in eas: aelii donati vc. oratoris urbis Romae et Eugraphii veteris scholiastae commentaria Frid. Lindenbrogivs collatis MSS. veteribusque exemplaribus recensuit, auxit, & observationibvs inlustravit: adiecto indice uberrimo, Francfort, In bibliopolio Heringiano, 1623.
[MABER2005] Maber, Richard G. , Publishing in the Republic of Letters: the Ménage-Graevius-Wettstein Correspondence, 1679-1692, Rodopi, Amsterdam, New York, 2005.
[MAESTREYENES1973] Maestre Yenes, Maria A.H. , Ars Iuliani episcopi  : una gramática latina de la España visigoda, Ars Iuliani episcopi , Instituto Provincial de Investigaciones y Estudios Toledanos, Tolède, 1973.
[MALTBY1991] Maltby, Robert , A Lexicon of Ancient Latin Etymologies, Francis Cairns, Liverpool, 1991.
[MARANGONI2007] Marangoni, Claudio , Supplementum Etymologicum Latinum I, Edizioni Università di Trieste, Trieste, 2007.
[MAROUZEAU1967] Marouzeau, Jules , Térence, Comédies, tome 1, Andrienne, Eunuque, Andrienne, Eunuque, Les Belles Lettres, Paris, 19671947.
[MAROUZEAU1984] Gérard, Jean , Jal, Paul , Marouzeau, Jules , Térence, Comédies, tome 3, Héautontimorouménos, Phormion, Héautontimorouménos, Phormion, Les Belles Lettres, Paris, 1984 1949.
[MICHALOPOULOS1999] Michalopoulos, Andreas N. , Ancient Etymologies in Ovid's Metamorphoses. A Commented Lexicon, Francis Cairns, Liverpool, 1999.
[NADJO1989] Nadjo, Léon , L'Argent et les affaires à Rome des origines au deuxième siècle av. J.-C.. Etude d'un vocabulaire technique, Peeters, Louvain, Paris, 1989.
[NICOLAS2005] Nicolas, Christian , Typologie de l'autonymie en latin, in Poli, Fabrice Vottéro, Guy , De Cyrène à Catherine : trois mille ans de Libyennes. Etudes grecques et latines offertes à Catherine Dobias-Lalou, A.D.R.A., Nancy, 2005.
[NICOLAS2007a] Nicolas, Christian , Quel est le statut syntaxique des autonymes dans les énoncés latins ? L'exemple des tours "X ab Y", in Bodelot, Colette , Eléments "asyntaxiques" ou hors structure dans l'énoncé latin, Presses de l'Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 2007.
[NICOLAS2007b] Nicolas, Christian , A la recherche des fins d'acte et des fins de scène dans les comédies de Térence lues par Donat, in Bureau, Bruno Nicolas, Christian , Commencer et finir. Débuts et fins dans les littératures grecque, latine et néolatine, CRGR, Lyon 3, Lyon, 2007.
[NICOLAS2011] Nicolas, Christian , L'autonymie et la connotation autonymique dans le Commentaire de Servius aux Bucoliques : quelques pièges pour les traducteurs, in Bouquet, Monique Méniel, Bruno , Servius et sa réception de l'Antiquité à la Renaissance, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2011.
[OTTO1962] Otto, A. , Die Sprichwörter und sprichwörtlichen Redensarten der Römer, Olms, HildesheimLeipzig, 19621890.
[PIROVANO2004] Pirovano, Luigi , El sistema de los "status" de Eugrafio, in Voces, 2004.
[RABBOW1897] Rabbow, Paul , De Donati commento in Terentium specimen observationum primum dissertatio inauguralis philologica quam ad summos in philosophia honores obtinendos scripsit et amplissimo in universitate Fridericia Guilelmia Rhenana ordini philosophorum, Teubner, Leipzig, 1897.
[REEVE1978] Reeve, Michael D. , The Textual Tradition of Donatus' Commentary on Terence, in Hermes, 1978.
[REEVE1979] Reeve, Michael D. , The Textual Tradition of Donatus' Commentary on Terence, in Classical PhilologyCPh, 1979.
[REIFFERSCHEID1875] Reifferscheid, August , Donati in commenta Terentiana praefationes ex recensione Augusti Reifferscheidii, Typis officinae Universitatis (W. Friedrich), Bratislava, 1875.
[RIBBECK1873] Ribbeck, Otto , Comicorum romanorum praeter Plautum et Terentium Fragmenta, Teubner, Leipzig, 1873.
[SABBADINI1894] Sabbadini, Remigio , Il Commento di Donato a Terenzio, in Studi italiani di filologia classicaSIFC, 1894.
[SABBADINI1897] Sabbadini, Remigio , Biografi e commentatori di Terenzio, in Studi italiani di filologia classicaSIFC, 1897.
[SWOBODA1964] Swoboda, Anton , P. Nigidii Figuli Operum Reliquiae, Hakkert, AmsterdamViennePrague, 19641889.
[TANSEY2001] Tansey, Patrick , New Light on the Roman Stage. A Revival of Terence's Phormio rediscovered, Phormio, in Rheinisches Museum für PhilologieRhM, 2001.
[TEUBER1881] Teuber, August , De auctoritate commentorum in Terentium quae sub Aelii Donati nomine circumferuntur, Eberswalde, 1881.
[TEUBER1891] Teuber, August , Zur Kritik der Terentiusscholien des Codex Bembinus zum Terentius, in Jahrbücher für classische Philologie, 1891.
[WARREN1906] Warren, Minton , On Five Manuscripts of the Commentary of Donatus to Terence, in Harvard Studies in Classical Philology, 1906.
[WILLIAMS1970] Williams, Thomas , The Vestiges of a Roman Nursery Rhyme at Donatus in Ter. "Adel." 537, in Mnemosyne, 1970.
[ZWIERLEIN1970] Zwierlein, Otto , Der Terenzkommentar des Donat im Codex Chigianus H VII 240, De Gruyter, Berlin, 1970.
Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti
[fr] Commentaires de Donat aux comédies de Térence
[en] A traduire
Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti (Vol. 1)


Ecole Normale Supérieure de Lyon
Lyon
2009-07-27
Aelii Donati in Hecyram Terenti commentum
[fr] Commentaire d᾽Aelius Donat à L᾽Hécyre de Térence
[en] Aelius Donatus᾽ Commentary on Terence᾽s Hecyra (The Stepmother)
Aeli Donati quod fertur Commentum Terenti (Vol. 1.4)

Ediderunt, interpretati sunt et adnotauerunt :
[fr] Edition, traduction et commentaire :
[en] Edition, translation and commentary by :




Ecole Normale Supérieure de Lyon
Lyon
2011-06-14
Université de LyonUniversité Lyon 3ENS LSHCluster 13 Région Rhône-AlpesMutEC

SPIP | squelette | Se deconnecter | Espace prive | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0