Actus primus
Sommaire
Notes
Scaena prima
Si.-uos istaec intro auferte: abite.–Sosia,
Si.- Vous autres, emportez cela dedans. Allez ! Sosie,
1 vos istaec intro avferte abite in hac scaena haec uirtus est, ut argumenti narratione8 actio scaenica uideatur, ut sine fastidio longus sermo sit ac senilis oratio. 2 vos istaec i. a. a. haec scaena pro argumenti narratione proponitur, in qua fundamenta fabulae iaciuntur, ut uirtute poetae, sine officio prologi uel θεῶν ἀπὸ μηχανῆς, et periocham comoediae populus teneat et agi res magis quam narrari uideantur. 3 vos istaec i. a. a molliter retenturus et separaturus Sosiam imperat, ut maneat. addit etiam causam illis abeundi dicendo istaec auferte ne suspicionem iniciat Sosiam communicandi secreti gratia remansisse. 4 deinde quasi respicientes increpat dicendo abite. et bene auferte: auferimus enim ea, quae cum fastidio cernimus, ferimus ea, quae cum honore tractamus. 5 abite concitatius legendum est, quia respectantes properat et discernit a Sosia. 6 Sosiae9 persona protatica est, non enim usque ad finem perseuerat, ut est Daui in Phormione, in Hecyra Philotidis et Syrae. 1 vos istaec intro avferte abite la valeur de cette scène réside dans le fait que lors de l᾽exposition de l᾽intrigue201, on voit une action scénique, de sorte qu᾽on la suit sans l᾽ennui qui naîtrait si c᾽était un long dialogue ou un monologue du vieillard. 2 vos istaec intro avferte abite cette scène tient lieu d᾽exposition de l᾽intrigue ; on y introduit les premiers éléments de la fable, en sorte que par le talent du poète, sans avoir recours aux services d᾽un personnage Prologue202 ou à ceux d᾽un deus ex machina (θεοὶ ἀπὸ μηχανῆς)203, le public possède un résumé de la comédie et les faits paraissent se dérouler sous ses yeux plus qu᾽être racontés. 3 vos istaec intro avferte abite d᾽une voix douce, comme il veut retenir et mettre à part Sosie, il lui commande de rester. Il ajoute même un prétexte au départ des autres, en disant istaec auferte, pour ne pas laisser soupçonner qu᾽il a gardé près de lui Sosie pour lui communiquer quelque secret. 4 Ensuite, il s᾽en prend à eux, comme s᾽ils faisaient mine de se retourner pour jeter un œil, en leur disant abite (allez-vous en). Et c᾽est bien de dire auferte (emportez) car nous faisons emporter (auferre) les choses qui nous ennuient, et nous portons (ferre) celles que nous traitons avec honneur. 5 abite : il faut prononcer ce mot avec une certaine rapidité, car il presse les serviteurs qui regardent en arrière et les sépare de Sosie. 6 Le personnage de Sosie est protatique204, car il ne reste pas jusqu᾽au bout, comme celui de Dave dans le Phormion, de Philotis et de Syra dans L᾽Hécyre. adesdum: paucis te uolo. So.-dictum puta:
approche donc. Une chose, si tu veux bien. So.-Tiens-la pour dite :
1 adesdvm ades imperatiuum est, dum παρέλκον. est enim productio. 2 pavcis deest colloqui aut uerbis. et est figura σύλλημψις. 3 adesdvm παρέλκον, ut « ehodum ad me
TerAnd. 184 ». 4 dictvm pvta ad hoc respondet, ut agi res uideantur, quemadmodum supra diximus. 1 adesdvm ades est un impératif, dum est un pléonasme (παρέλκον) ; en effet c᾽est un allongement. 2 pavcis il manque colloqui (converser) ou uerba (de mots)205. C᾽est la figure de syllepse (σύλλημψις). 3 adesdvm pléonasme (παρέλκον), comme « ehodum ad me »206. 4 dictvm pvta il répond ainsi pour que les faits paraissent se dérouler sous les yeux du public, ainsi que nous l᾽avons dit plus haut. nempe ut curentur recte haec? Si.-immo aliud. So.-quid est
n᾽est-ce pas ? qu᾽on traite tout cela comme il faut. Si.-Non : c᾽est autre chose. So.-Qu᾽est-ce
1 cvrentvr recte diligenter coquantur. curatio proprie medicorum est, cura reliquorum. sed coquina medicinae adulatrix est. 2 haec δεικτικῶς. 3 nempe vt cvrentvr deest uis, ut sit: nempe uis. 4 immo alivd bene ἀντέθηκεν τῷ nempe τὸ immo. et deest uolo. 5 qvid est qvod tibi mea ars effic. ars ἀπὸ τῆς ἀρετῆς dicta est per συγκοπήν. ἀρετή autem uirtus est. uirtutis uero quattuor generales sunt species: prudentia iustitia patientia fortitudo. sed prudentia in multis rebus descendit.
1 cvrentvr recte que les choses soient traitées avec grand soin. La notion de curatio s᾽applique en propre aux remèdes, celle de cura à tout le reste. Mais la notion de coquina désigne une discipline au service de la médecine207. 2 haec employé comme déictique (δεικτικῶς). 3 nempe vt cvrentvr il manque uis (veux-tu), pour donner le sens : nempe uis. 4 immo alivd c᾽est bien d᾽opposer (ἀντέθηκεν208 ) immo à nempe. Et, en plus, il manque uolo (je veux). 5 qvid est qvod tibi mea ars efficere le mot ars vient de ἀρετή par syncope (συγκοπή). Or ἀρετή est synonyme de uirtus (qualité) 209 . De fait il y a quatre espèces générales de qualités : prudence, justice, patience et force. Mais la prudence s᾽applique à de nombreux objets. quod tibi mea ars efficere hoc possit amplius?
que pour toi mon savoir-faire peut accomplir de plus ?
efficere facere est in opere esse, efficere autem perfectionem desiderat.
efficere le verbe facere (faire) s᾽emploie pour l᾽action en cours, le verbe efficere (accomplir) implique l᾽idée d᾽achèvement.
Si.-nihil istac opus est arte ad hanc rem quam paro,
Si.-Je n᾽ai nul besoin de ce savoir-faire pour la chose que je prépare,
nihil istac opvs est a. mire ait: arte non opus est, sed opus est artibus.
nihil istac opvs est arte il est remarquable qu᾽il dise cela210 à savoir qu᾽il n᾽est pas besoin d᾽adresse (ars), mais qu᾽il est besoin de qualités (artes). sed his 806 quas semper in te intellexi sitas, mais de ce que j᾽ai toujours reconnu inné en toi,
1 sed his qvas semper in te intellexi sitas ipse hic signatissime ostendit multas uariasque artes esse, id est ἀρετὰς, quae uirtutes intelleguntur. 2 sed his ζεῦγμα a superiore, quod subauditur artibus. 3 sitas constitutas, positas.
1 sed his qvas semper in te intellexi sitas le personnage indique ici lui-même de la manière la plus explicite que ce sont des qualités (artes) nombreuses et variées, c᾽est-à-dire des ἀρεταὶ , que l᾽on comprend comme des vertus. 2 sed his zeugme (ζεῦγμα) à partir de ce qui précède, parce que artibus (qualités) est sous-entendu. 3 sitas synonyme de constitutas (installées), positas (placées).
fide et taciturnitate. So.-exspecto quid uelis.
loyauté et discrétion. So.-Je suis impatient de savoir ce que tu veux.
1 fide et tacitvrnitate fides est commendatorum fida exsecutio uel obseruantia, taciturnitas uero obseruantiae genus, in silentio constituta et in celando secreta. quaerit autem taciturnitatem, ne prodat Pamphilo secretum, quod ei commendaturus est. 2 fide ad complenda, tacitvrnitate ad celanda mandata. 3 exspecto qvid velis exspecto desidero, ut Vergilius « exspectate uenis
VergAen. 2, 283 ». 4 qvid velis deest scire, nam si dixisset quod uelis, nihil desideraret. 1 fide et tacitvrnitate la fides est l᾽exécution fidèle de ce qui est commandé, on peut dire aussi la stricte obéissance, mais la taciturnitas est une forme de stricte obéissance, faite de silence et de conservation des secrets. Il demande de se taire, afin de ne pas révéler à Pamphile le secret qu᾽il va lui confier. 2 fide pour accomplir les ordres ; tacitvrnitate pour les cacher. 3 exspecto qvid velis exspecto est l᾽équivalent de desidero (je désire) comme Virgile : « exspectate uenis » (tu viens toi que l᾽on a désiré). 4 qvid velis il manque scire (savoir), car s᾽il avait dit quod uelis (ta volonté), il n᾽y aurait pas expression d᾽un désir211. Si.-ego postquam te emi, a paruolo ut semper tibi
Si.-Pour moi, du jour où je t᾽ai acheté, tout petit, à quel point toujours
1 ego postqvam te e. a. p. commendatio personae quam serui, ne contra filium leui seruo aliquid committi indecore uideatur. 2 ego postqvam te e. a. p. tale est « paruum ego te, Iugurtha
SalJug. 10, 1 ». 3 ego postqvam te e. a. p. non emi a paruulo, sed a paruulo, ut clemens tibi fuerit seruitus, scis, hoc est a paruulo scis. 4 vt semper tibi continuationem significat semper. 1 ego postqvam te emi a parvolo recommandation du personnage212 qui parle, plus que de l᾽esclave afin que l᾽esclave n᾽ait pas la légèreté de croire qu᾽on fait quelque chose de déshonnête contre le fils. 2 ego postqvam te emi a parvolo telle est la phrase : « paruum ego te, Iugurtha, » (tu étais un enfant, Jugurtha, quand moi...). 3 ego postqvam te emi a parvolo ne pas comprendre emi a paruolo mais a paruolo ut clemens tibi fuerit seruitus, scis, c᾽est-à-dire a paruolo scis (tu sais depuis ton enfance). 4 vt semper tibi semper marque la continuité213. apud me iusta et clemens fuerit seruitus
chez moi ta condition a été équitable et douce,
1 ivsta et clemens f. s. ita dixit iusta, ut alibi non necesse habeo omnia pro meo iure agere. quid enim non iustum domino in seruum? 2 ivsta et clemens iusta in qua nihil iniquum iubetur, clemens in qua etiam de iusto multum remittitur. 3 apvd me ivsta et clemens moderata, aequa, leuis, cui contrarium Vergilius ait « et iniquo p. r.
VergGeo. 1, 164 » et « iniquo10 sub fasce u. c. c
VergGeo. 3, 347 » nam qui iustam debitam nunc dici putant, nihil afferunt ad iuuandam sententiam. 4 ivsta et c. f. s. libertatem imputaturus clementem intulit seruitutem. 5 servitvs mire seruitutem pro dominatu posuit. sic Sallustius « dein seruili imperio patres p. e.
SalHist. 1, frg. 11 M ». 1 ivsta et clemens fverit servitvs il dit iusta comme plus loin « non necesse habeo omnia pro meo iure agere ». En effet, s᾽agissant d᾽un esclave, en quoi le maître peut-il outrepasser son droit ? 2 ivsta et clemens iusta dans le sens qu᾽il n᾽est rien ordonné d᾽injuste, clemens dans le sens qu᾽il est beaucoup pardonné même sur ce qui eût été juste. 3 apvd me ivsta et clemens signifie moderata (modérée), aequa (équitable), leuis (légère), au contraire de Virgile qui dit : « et iniquo pondere rastri » (et par le poids excessif du rateau) et « iniquo sub fasce uiam cum carpit » (quand il dévore la route sous des faisceaux iniques). De fait ceux qui pensent que iusta veut ici dire debita (due) n᾽apportent rien qui éclaire la phrase. 4 ivsta et clemens fverit servitvs comme il allait lui donner sa liberté il lui fit une servitude douce. 5 servitvs emploi paradoxal de seruitus au lieu de dominatus (un maître). Ainsi Salluste : « dein seruili imperio patres plebem exercere » (ensuite les sénateurs exercèrent la plèbe à subir le pouvoir qu᾽on impose aux esclaves).
scis. feci ex seruo ut esses libertus mihi,
tu le sais. D᾽esclave que tu étais, je t᾽ai fait mon affranchi,
1 scis feci ex servo vt esses l. m. dulcem libertatem fecit operatione et tractatione uerborum dicendo: ex seruo libertum; non enim tantam haberet gratiam, si dixisset feci libertus ut esses. 2 Sed ex servo vt esses libertvs ac si quis dicat feci ut esses sanus non tantam haberet gratiam, quam si dicat feci ut ex aegro sanus esses. 3 Et mihi ἔμφασιν habet: quod mihi libertus factus sis, non filio. 4 Aut ideo mihi additum quia libertus ad aliquid dicitur. 5 mihi bene mihi ne pertimesceret filium, cui nec liberti munus debebat. 6 ex servo mire addidit ex seruo, ut uim beneficii ostenderet. 7 scis feci ex servo vt esses libertvs mihi hinc Vergilius « nympha decus f. a. c. n. s. u. t. c. u. q. L.
VergAen. 12, 142-14311 ». 1 scis feci ex servo vt esses libertvs mihi il rend la douceur de la liberté par l᾽effet et la disposition214 des mots en disant ex seruo libertum ; car l᾽expression n᾽aurait pas tant de grâce215 s᾽il avait dit feci libertus ut esses. 2 Mais ex servo vt esses libertvs et si on disait feci ut esses sanus (j᾽ai fait en sorte que tu fusses en bonne santé) cela n᾽aurait pas tant de grâce que s᾽il disait : feci ut ex aegro sanus esses (que de malade tu fusses en bonne santé)216. 3 Et mihi porte une insistance (ἔμφασις) : que tu es devenu mon affranchi mihi (à moi), pas celui de mon fils. 4 Ou alors mihi a été ajouté parce que le mot libertus est un nom relatif217. 5 mihi c᾽est bien de dire mihi afin qu᾽il ne redoute point le fils, envers qui il n᾽est nullement redevable de son affranchissement. 6 ex servo l᾽ajout de ex seruo est remarquable, pour montrer la force du bienfait. 7 scis feci ex servo vt esses libertvs mihi : c᾽est de là que Virgile a tiré : « nympha decus fluuiorum, animo carissima nostro, scis ut te cunctis unam, quaecumque Latinae » (nymphe, ornement des fleuves, très chère à notre cœur, tu sais que toi seule entre toutes les Latines...)218. propterea quod seruiebas 807 liberaliter : parce que, tout esclave que tu étais, tu agissais fanchement en homme libre.
1 liberaliter 12 bene, quia omne bonum libero aptum est, malum seruo. idem alibi « factum est13 a uobis duriter inmisericorditerque et, si est, pater, dicendum magis aperte, inliberaliter
TerAd. 662-664 ». 2 Et bene admonuit, cur dederit beneficium, eadem et nunc officia quaesiturus. non enim dixit artificiose, quia supra ait « nihil istac opus est arte
TerAnd. 32 ». 3 qvod serviebas bene imperfecto tempore, non perfecto, ut ostendat potuisse eum etiam atque etiam seruire. quale est illud Vergilianum « atque omnis p. m. c. f. i.
VergAen. 6, 113-114 », ut ostendat eum, quamuis inualidus esset, tamen adhuc potuisse laborem exitiumque ferre. 1 liberaliter bien, car tout ce qui est bon est adapté à un homme libre, tout ce qui est mauvais à un esclave. De la même façon ailleurs : « factum est a uobis duriter inmisericorditerque et si est pater dicendum magis aperte inliberaliter ». 2 Et il a bien fait de rappeler pourquoi il a donné ce bienfait, maintenant qu᾽il va demander aussi les mêmes services219. En effet, il n᾽a pas dit artificiose (quel talent !) car il dit plus haut « nihil istac opus est arte ». 3 qvod serviebas c᾽est bien un imparfait, et non un parfait, pour montrer qu᾽il aurait pu continuer encore à être esclave. De même dans ce passage virgilien : « atque omnis pelagique minas caelique ferebat, inualidus » (et toutes les menaces de la mer et du ciel il les supportait, bien que faible), pour montrer que quelque faible qu᾽il fût, il aurait pu encore supporter la peine et la mort. quod habui summum pretium persolui tibi.
Le plus haut prix dont je disposais, je m᾽en suis acquitté pour toi.
1 svmmvm pretivm libertatem dicit. 2 persolvi tibi quia pretium dixerat, persolui dixit proprie. 3 persolvi tibi modeste pretium redditum dixit, non beneficiis praerogatum.
1 svmmvm pretivm il veut dire la liberté. 2 persolvi tibi parce qu᾽il avait dit pretium (prix), il emploie persolui au sens propre. 3 persolvi tibi il dit modestement qu᾽il a donné en retour de services le prix, et non que par ses bienfaits il a payé d᾽avance.
So.-in memoria habeo. Si.-haud muto factum. So.-gaudeo
So.-Je le garde en mémoire. Si.-Je ne change point ce que j᾽ai fait. So.-Je me réjouis
1 in memoria habeo hoc est: non sum ingratus. 2 havd m. f. uetuste: non me paenitet. nam si quid paeniteret, infectum uelle dicebant. 3 Legitur muto. 4 An secundum ius, quod aduersum libertos ingratos est, ut in seruitutem reuocentur? Sed hoc non conuenit senem dicere. 5 in memoria habeo plus dixit in memoria habeo, quam si dixisset scio. nam quae scimus, possumus obliuisci, quae uero memoriae mandamus, numquam amittimus. 6 havd m. f. legitur et multo, hoc est damno, reprehendo. quod si est, sic intellegeretur, non nollem factum: nemo enim potest factum infectum reddere. 7 Sed aduerbialiter dixit, ut dicimus « nollem factum
TerAd. 165 », « nollem hunc14 exitum
TerAd. 775 ». 8 Ergo haud muto factum non me paenitet facti. 1 in memoria habeo cela signifie : non sum ingratus (je ne suis pas un ingrat). 2 havd mvto factvm vieilli : signifie non me paenitet (je ne le regrette pas). Car s᾽il avait quelque regret, on dirait qu᾽il veut que cela n᾽ait pas eu lieu. 3 On lit aussi muto220. 4 Ou bien est-ce selon le droit qui s᾽applique aux affranchis ingrats et qui veut qu᾽ils soient à nouveau réduits en esclavage ? Mais il ne convient pas à un vieillard de dire cela. 5 in memoria habeo in memoria habeo (j᾽ai en mémoire) est plus explicite que scio (je sais), car ce que nous savons, nous pouvons l᾽oublier, mais ce que nous confions à la mémoire, jamais nous ne le perdons. 6 havd mvto factvm on lit aussi multo, à savoir je condamne, je reproche. Dans ce cas il voudrait dire : "je ne voudrais pas que cela ne fût pas fait" : car nul ne peut défaire ce qui a été fait. 7 Mais il l᾽emploie adverbialement comme nous disons « nollem factum » et « nollem hunc exitum ». 8 donc haud muto factum je ne regrette pas ce que j᾽ai fait. si tibi quid feci aut facio quod placeat, Simo,
d᾽avoir fait pour toi et de faire encore quelque chose qui te plaise, Simon,
1 si tibi qvid feci avt facio qvod placeat simo et fecisse se et adhuc facere ostendit, quamuis manu emissus sit. 2 gavdeo si tibi q. f. a. f. q. p. felicitatis est, ut ea, quae facienda, grata sint. 3 si tibi qvid pro aliquid.
1 si tibi qvid feci avt facio qvod placeat simo il montre qu᾽il l᾽a fait et continue de le faire, bien qu᾽il l᾽ait affranchi de sa tutelle. 2 gavdeo si tibi qvid feci avt facio qvod placeat c᾽est le propre du bonheur que les choses que l᾽on doive faire soient agréables. 3 si tibi qvid mis pour aliquid.
et id gratum fuisse aduersum te habeo gratiam.
et tu as agréé mes services, je t᾽en sais gré.
1 et id gratvm fvisse a. t. id est apud te, penes te. 2 adversvm te sine dubio praepositio est: aduersus et participium potest esse ab eo quod est aduerto. sic alibi. 3 Ergo aduersum te dixit pro apud te.
1 et id gratvm fvisse advorsvm te équivaut à apud te (chez toi), penes te (en toi). 2 adversvm te sans aucun doute préposition : aduersus peut aussi être le participe du verbe aduerto, de même ailleurs. 3 Il dit donc aduersvm te au sens de apud te (chez toi).
sed hoc mihi molestum est; nam istaec commemoratio
Mais ce qui me fait de la peine, c᾽est que le rappel que tu fais,
quasi exprobratio est inmemoris beneficii.
est comme un reproche d᾽avoir oublié ton bienfait.
1 qvasi exprobratio est exprobratio est commemoratio beneficii cum enumeratione factorum. 2 qvasi exprobratio est immemoris recte15 ostendit se in memoria habere. 3 Sunt qui ad beneficium referant immemor, ut « u. s. s. memorem Iunonis ob i.
VergAen. 1, 4 » quod est hoc immemore beneficium16, cuius nemo meminerit. 1 qvasi exprobratio est l᾽exprobratio (le reproche) consiste dans le rappel d᾽un bienfait avec énumération des actes concrets. 2 qvasi exprobratio est immemoris il se hâte de montrer qu᾽il l᾽a en mémoire. 3 Il y a des gens qui rapportent immemoris à beneficii221 comme « ui superum saeuae memorem Iunonis ob iram » (par la violence des dieux d᾽en-haut, à cause de la colère de Junon longue à être oubliée), ce qui revient à dire que le neutre immemore beneficium signifie un bienfait dont personne ne peut se souvenir222. quin tu uno uerbo dic quid est quod me uelis.
Mais plutôt, d᾽un seul mot, dis ce que tu veux de moi.
1 qvin tv vno verbo dic uno uerbo uno ἀξίωματe, una sententia, nam ἀξίωμα sententia est uel enuntiatio uno uerbo nexam continens et perfectam intellegentiam; ἀξίωμα enim constat ex nomine et uerbo. 2 Sed hic quid est ἀξίωμα? hoc est has bene ut adsimules nuptias. ergo omnis uirtus adsimulatio est. 3 qvin tv vno verbo dic una sententia, ut in Adelphis « non meum illud uerbum facio, quod tu, Micio, bene et sapienter dixti dudum: uitium commune omnium17, quod nimium ad rem in senecta a. s.
TerAd. 952-954 » nam male intellegit, qui putat assimules uerbum significari. 1 qvin tv vno verbo dic uno uerbo (d᾽un mot), c᾽est-à-dire en un seul ἀξίωμα, en une seule phrase, car un ἀξίωμα est une phrase ou si l᾽on veut un énoncé qui contient un sens lié à un seul verbe et complet. L᾽ἀξίωμα en effet comprend un nom et un verbe. 2 Mais quel est ici l᾽ἀξίωμα ? C᾽est « has bene ut adsimules nuptias ». Ainsi toute la vertu est dans l᾽art de faire semblant. 3 qvin tv vno verbo dic d᾽un mot, comme dans Les Adelphes : « non meum illud uerbum facio quod tu, Micio, bene et sapienter dixti dudum : uitium commune omnium quod nimium ad rem in senecta adtenti sumus ». De fait c᾽est mal comprendre que de croire que le mot uerbum réfère à assimules (que tu fasses semblant).
Si.-ita faciam. hoc primum in hac re praedico tibi:
Si.-Je vais le faire. Voici d᾽abord dans mon affaire une chose dont je veux te prévenir.
ita faciam hoc est: uno uerbo dicam. et quod uerbum promisit ubi18 dicit « nunc tuum est officium, h. b. u. a. n.
TerAnd. 168 ». ita faciam cela veut dire : uno uerbo dicam (je dirai en un mot). Et quel est ce "en un mot" qu᾽il a promis ? Celui où il dit : « nunc tuum est officium has bene ut adsimules nuptias ».
quas credis esse has non sunt uerae nuptiae.
Ce n᾽est pas là, comme tu le crois, un vrai mariage.
qvas credis esse has n. s. v. n. σύλλημψις.
qvas credis esse has non svnt verae nvptiae syllepse (σύλλημψις).
So.-cur simulas igitur? Si.-rem omnem a principio audies:
So.-Pourquoi donc cette feinte ? Si.-Toute l᾽affaire depuis le début, tu vas l᾽entendre,
cvr simvlas igitvr Vergilius « et quae tanta f. R. t. c. u.
VergBuc. 1, 26? ». cvr simvlas igitvr Virgile : « et quae tanta fuit Romam tibi causa uidendi ? » (et quelle fut la raison si grande qui te fit voir Rome ?).
eo pacto et gnati uitam et consilium meum
de cette façon c᾽est la conduite de mon fils et mes projets
1 eo pacto pacto modo, quoniam antecedit pactum, sequitur modus. ergo ab eo quod sequitur id quod praecedit dixit. 2 et gnati vitam et c. m. c. istae diuisiones sunt: gnati uitam, quoniam dicturus est « nam is postquam excessit ex ephebis, Sosia
TerAnd. 51 »; consilium meum, quia dicturus est « et nunc id operam do
TerAnd. 157 »; et quid facere in hac re te uelim, quia dicturus est « nunc tuum est officium h. b. u. a. nuptias
TerAnd. 168 ». 3 et gnati vitam et c. m. c. tripertita distributio. 4 et gnati vitam uitam filii in duas partes diuidit in narratione: in ante actam bonam et praesentem malam. et incipit mala ab « interea mulier quaedam
TerAnd. 69 ». et bonae uitae narratio ad eam rem ualet, ut ostendat, quam iustus dolor patri sit spe decepto. 1 eo pacto il emploie pactum puisque pactum porte sur ce qui va avoir lieu et modus (moyen) porte sur ce qui a eu lieu. Donc il tire la suite de ce qui précède. 2 et gnati vitam et consilivm mevm cognosces voici les divisions223 : gnati uitam puisqu᾽il va dire : « nam is postquam excessit ex ephebis, Sosia » ; consilium meum parce qu᾽il va dire « et nunc id operam do » ; et quid facere in hac re te uelim parce qu᾽il va dire « nunc tuum est officium has bene ut adsimules nuptias ». 3 et gnati vitam et consilivm mevm cognoscas distribution en trois parties. 4 et gnati vitam il divise la vie du fils en deux parties dans son récit : sa vie auparavant vertueuse, sa vie actuelle mauvaise. Et il commence la mauvaise à « interea mulier quaedam ». Et le récit de la vie vertueuse a pour fonction de montrer quelle juste douleur occupe ce père trompé dans son espérance. cognosces et quid facere in hac re te uelim.
que tu vas connaître, comme ce que je veux que tu fasses dans cette affaire.
nam is postquam excessit ex ephebis, Sosia,
Quand celui-ci fut sorti de l᾽éphébie, Sosie,
1 nam is postqvam excessit necessario positum is pronomen, ἀναφορᾷ ad illud gnati uitam; nam si non posuisset hoc pronomen, Sosia erat intellegendus. 2 nam is postqvam excessit ex ephebis argumenta per coniecturam. 3 nam is postqvam excessit ex ephebis ephebia prima aetas adulescentiae est, adulescentia est extrema pueritia. 4 excessit ex ephebis cum sufficeret unum ex.
1 nam is postqvam excessit il est indispensable de mettre le pronom is en fonction anaphorique (ἀναφορά) pour renvoyer à gnati uitam ; car s᾽il n᾽avait pas mis ce pronom on aurait dû comprendre "Sosie". 2 nam is postqvam excessit ex ephebis arguments par conjecture. 3 nam is postqvam excessit ex ephebis l᾽ephebia224 (éphébie) désigne le premier âge de l᾽adulescentia (jeunesse), l᾽adulescentia (jeunesse) est la toute fin de la pueritia (enfance). 4 excessit ex ephebis alors qu᾽un seul ex aurait suffi. liberius uiuendi fuit potestas; nam antea
il eut la permission de vivre avec quelques libertés. Car auparavant
1 liberivs liberius non est comparatiuus gradus: non enim libere ante uiuere potuit, dum aetas metus magister prohibebant. ergo deest aliquanto, ut sit: aliquanto liberius. 2 liberivs vivendi deest ei.
1 liberivs liberius n᾽est pas au degré comparatif ; car il ne pouvait pas auparavant vivre en homme libre, « dum aetas metus magister prohibebant ». Il manque donc aliquanto (quelque peu) pour donner le sens aliquanto liberius (quelque peu plus librement). 2 liberivs vivendi il manque ei (pour lui).
qui scire posses aut ingenium noscere,
comment pouvait-on connaître et juger son caractère,
qvi scire posses avt ingenivm19 scimus quod certum est, noscimus quae adhuc incerta desideramus. idem alibi « forma in tenebris n. n. q. e.
TerHec. 572 ». qvi scire posses avt ingenivm noscere nous employons scire pour ce qui est certain, noscere pour les choses que nous désirons savoir bien qu᾽encore incertaines. De même ailleurs : « forma in tenebris nosci non quita est ».
dum aetas metus magister prohibebant? So.-Ita est.
tant que l᾽âge, la crainte, un maître le freinaient ? So.-Oui.
1 dvm aetas metvs magister prohibebant quidam iungunt metus magister. 2metvs magisterii quoque: potest enim intellegi20, tamquam si diceret: quid est metus? magister. 3 magister paedagogus. 4 ita est intercidit poeta, ne solus Simo loqueretur. ceterum non erat respondendi locus necessarius. 1 dvm aetas metvs magister prohibebant certains font un seul groupe de metus magister (un maître ès peurs) ; metvs magister également deux termes, comme s᾽il disait : "en quoi consiste cette peur ? en le maître". 3 magister le pédagogue225. 4 ita est le poète insère une réplique afin que Simon ne soit pas seul à parler. Autrement, il n᾽y avait pas lieu nécessairement qu᾽il répondît. Si.-quod plerique omnes faciunt adulescentuli,
Si.-Ce que fait tout un chacun chez les jeunes,
1 qvod pleriqve o. f. a. haec adiectio dicitur in primo posita loco, ut alibi « iam calesces plus satis
TerEun. 85 »; in ultimo, sicut interea loci
TerEun. 126 » id est interim. adiectiones uero aut in prima parte orationis aut in ultima adiciuntur. 2 Attendenda etiam locutio quod plerique o. f. a. aut enim quod in quae uertendum est, ut sit: quae plerique omnes faciunt adulescentuli, aut quod ad singulare eorum studiorum adiungendum erit: equos alere, canes ad uenandum; aut erit certe figurata locutio, ut est illud « si quisquam est, qui placere studeat bonis quam plurimis et minime multos laedere, in his p. h. n. p. s.
TerEun. 1-3 » et alibi « aperite a. a. o.
TerAd. 634 ». 3 pleriqve omnes f. ἀρχαϊσμός est. Naeuius in bello Punico « plerique omnes subiguntur sub unum iudicium
NaevPun. libr. inc. frg. 14 M ». hic ergo plerique ex abundanti positum est, omnes uero necessario additum est. nam errat, qui plerique παρέλκον intellegit aut qui subdistinguit plerique et sic infert omnes. hoc enim pro una parte orationis dixerunt ueteres eodem modo, quo Graeci πάμπολλα et Latini plus satis21. 4 Figurate Terentius: παρέλκον τῷ ἀρχαϊσμῷ. 5 qvod pleriqve omnes22 quod faciunt pro quae faciunt, id est: quae faciunt plerique adulescentuli, horum ille nihil egregie p. c. s. est ergo figuratum, quod rectum esset, si diceret: quae plerique omnes faciunt adulescentuli, horum ille nihil praeter cetera studebat. 6 advlescentvli bene diminutiue, ut propter aetatem facile ignoscat. 1 qvod pleriqve omnes facivnt advlescentvli on appelle adiectio l᾽incidente antéposée, et ailleurs « iam calesces plus satis » ; elle est en dernière place, comme interea loci, c᾽est-à-dire interim (entre temps) - pour les incidentes, on peut les antéposer ou les postposer226. 2 On remarquera l᾽expression quod plerique omnes faciunt adulescentuli : soit il faut changer quod en quae (choses que), pour avoir quae plerique omnes faciunt adulescentuli, soit il faut rapporter quod à chaque activité prise isolément : élever des chevaux, des chiens de chasse ; soit, du moins, il s᾽agit d᾽une expression figurée indéterminée, comme : « si quisquam est qui placere studeat bonis quam plurimis et minime multos laedere in his poeta hic nomen profitetur suum » et ailleurs « aperite aliquis actutum ostium ». 3 pleriqve omnes facivnt c᾽est un archaïsme (ἀρχαϊσμός). Naevius dans la Guerre Punique : plerique omnes subiguntur sub unum iudicium (en général, trestous tombent sous la coupe d᾽un seul). Ici donc plerique est placé en redondance, mais c᾽est omnes qui est indispensable – car c᾽est faire erreur de comprendreplerique comme un pléonasme (παρέλκον) ou de ponctuer plerique en le séparant de omnes. Car les anciens faisaient de cela un seul mot de la même façon que le grec πάμπολλα (trestout) et le latin plus satis.- 4 Chez Térence avec une figure : pléonasme par archaïsme (παρέλκον τῷ ἀρχαϊσμῷ). 5 qvod pleriqve omnes facivnt quod faciunt est pour quae faciunt (choses qu᾽ils font), à savoir quae faciunt plerique adulescentuli, horum ille nihil egregie praeter cetera studebat (choses que font la plupart des jeunes gens, il n᾽en pratiquait rien de préférence). L᾽expression est figurée car il faudrait dire : "quae plerique faciunt adulescentuli horum ille nihil praeter cetera studebat" (ce que font la plupart des jeunes gens, il n᾽en pratiquait rien de préférence). 6 advlescentvli bon emploi du diminutif, car, en raison de son âge, il est facile au personnage de lui pardonner. ut animum ad aliquod studium adiungant, aut equos
s᾽adonner à quelque passion, les chevaux
1 adivngant alligent, aptent, accommodent. 2 avt eqvos alere avt canes ad venandvm sic et equos ad uenandum alunt, quomodo canes. quod multi docti improbant, ut dicant separata esse et ad uenandum extra rationem esse pro ad uenatum, ut uenatum Aeneas unaque m. D.
1 adivngant synonyme de alligent (attachent), aptent (adaptent), accommodent (arrangent). 2 avt eqvos alere avt canes ad venandvm on élève des chevaux pour la chasse comme on le fait des chiens. Beaucoup de savants blâment cette explication, en disant que les deux termes sont séparés et que l᾽expression ad uenandum est incorrecte pour ad uenatum, comme « uenatum Aeneas unaque miserrima Dido » (vont chasser Enée et la très infortunée Didon).
alere aut canes ad uenandum aut ad philosophos,
qu᾽on élève ou les chiens pour chasser ou chez les philosophes,
1 avt ad philosophos mira ἔλλειψις et familiaris Terentio. nam possumus subaudire audiendos siue sectandos. 2 ad philosophos uitium est, quia dixit ad aliquod studium. 3 Aut si ad philosophos separanda erit locutio sic ut animum adiungant ad philosophos.
1 avt ad philosophos étonnante ellipse (ἔλλειψις) et habituelle à Térence. Car nous pouvons sous-entendre audiendos (pour écouter) ou sectandos (pour devenir leur élève). 2 ad philosophos il y a une faute227 car il a déjà dit « ad aliquod studium ». 3 Ou bien, si on construit ad philosophos, il faudra grouper ainsi l᾽expression pour avoir : ut animum adiungant ad philosophos. horum ille nil egregie praeter cetera
parmi toutes ces choses, lui, il n᾽y en avait aucune qui de préférence à toutes les autres
1 egregie egregium dicitur, quod ex grege eligitur. 2 Sed hic egregie ualde, nimis. non est ergo ad laudem positum: haec, inquit, ut cetera similiter studebat. 3 praeter cetera mediocriter ergo23 non extenuauit rem, sed ad laudem rettulit. 1 egregie egregius se dit de ce qui sort du troupeau : ex grege. 2 Mais ici egregie signifie ualde (beaucoup), nimis (à l᾽excès). Il n᾽est donc pas pris dans un sens laudatif : ces choses, dit-il, il les étudiait comme toutes les autres. 3 praeter cetera donc mediocriter n᾽a pas un sens d᾽atténuation verse du côté de l᾽éloge.
studebat et tamen omnia haec mediocriter.
le passionnait ; mais il faisait tout cela avec modération.
gaudebam. So.-non iniuria; nam id arbitror
Je m᾽en réjouissais. So.-A bon droit : car, selon moi,
1 gavdebam non dixit laudabam sed gaudebam: laudat enim etiam alienus, gaudet qui pater est. 2 non inivria intempestiue Sosia respondet, sed prudentia tantae sententiae compensauit importunitatem.
1 gavdebam il ne dit pas laudabam (je louais), mais gaudebam : car on emploie laudare quand on est un étranger, mais gaudere quand on est un père. 2 non inivria réplique intempestive de Sosie, mais la sagesse d᾽une si belle maxime excuse son manque d᾽à-propos.
adprime in uita esse utile, ut ne quid nimis.
le fin du fin dans la vie c᾽est « Rien de trop ».
1 adprime adiectio confirmationis24, ut admirabiliter dicimus. 2 vt ne qvid nimis sententia non incongrua seruo, quia et peruulgata. et non refertur ad personam modo dicentis, set25 de quo dicitur 26 . 3 An magis quia conuenit Sosiae cor eiusmodi, χαρακτήρ in uerbis est? 4 ne qvid nimis deest agas, ut sit: ne quid nimis agas. 1 adprime préfixe qui marque le renforcement comme nous disons admirabiliter (admirablement). 2 vt ne qvid nimis la maxime 228 n᾽est pas incongrue dans la bouche d᾽un esclave car elle traîne partout. Et elle ne se réfère pas seulement au personnage qui parle, mais aussi à ce dont il parle. 3 Ou bien parce qu᾽un cœur de cette sorte convient à Sosie, la conformité au caractère (χαρακτήρ) est-elle dans ses mots ? 4 ne qvid nimis il manque agas, pour donner ne quid nimis agas (de peur que tu n᾽en fasses trop). Si.-sic uita erat: facile omnes perferre ac pati;
Si.-Ainsi allait la vie. Facile, il supportait tout le monde et s᾽en accomodait.
1 facile omnes p. a. p. latens argumentum, quare filium ad meretricem commeasse errans pater non ad corruptelam filii sed ad obsequium amicorum traxerit. 2 perferre ac pati ferre est cum certo tempore, perferre finem exspectat effectus. feruntur onera et sustinentur supplicia. 3 perferre mediocriter stultos odiososque.
1 facile omnes perferre ac pati manière cachée de présenter l᾽argument car le père, en se trompant, aura mis le fait d᾽aller rendre visite à une prostituée sur le compte non de la corruption morale du fils, mais sur celui de son obéissance à ses amis. 2 perferre ac pati ferre (supporter) porte sur un temps défini, perferre laisse attendre la fin de cette action. On supporte (ferre) des poids, mais on soutient (sustinere) des supplices. 3 perferre des gens moyennement sots et odieux.
cum quibus erat cumque una his se808 dedere, Tous ceux avec qui il était et passait son temps, il était tout à eux,
1 cvm qvibvs erat c. q. v. figura τμῆσις. 2 his se dedere plus est dedere quam consentire quemadmodum in hostium potestatem hostes se dedunt. 3 dedere ergo: pertinacibus. 4 his se dedere e. o. s. dedere se et obsequi: superioribus; non aduersari: paribus; non se praeponere: inferioribus.
1 cvm qvibvs erat cvmqve vna figure de la tmèse (τμῆσις). 2 his se dedere dedere est plus fort que consentire (consentir), de la même façon que des ennemis se livrent au pouvoir de leurs ennemis. 3 dedere donc à des acharnés. 4 his se dedere eorvm obseqvi stvdiis dedere se et obsequi se disent à l᾽égard de supérieurs ; non aduersari (ne pas s᾽opposer) se dit à l᾽égard de pairs ; non se praeponere (ne pas se mettre en avant) se dit à l᾽égard d᾽inférieurs.
eorum obsequi studiis, aduersus nemini,
il se pliait à leurs goûts, ne contrariant personne,
1 n n eorvm obseqvi s. commodior27 scilicet. 2 eorvm obseqvi stvdiis talem esse Pamphilum adiuuat argumentum fabulae, simul et Charinum. 3 nemini contradicentium, pertinacium. 1 eorvm obseqvi stvdiis évidemment une vie assez sympathique. 2 eorvm obseqvi stvdiis que Pamphile soit ainsi sert grandement l᾽argument de la pièce ; de la même façon pour Charinus. 3 nemini parmi les contradicteurs, les acharnés.
numquam praeponens se illis; ita ut facillime
ne se préférant jamais aux autres, moyen le plus facile
1 nvmqvam praeponens se consentientibus. 2 ita vt deest faciens uolens agens. 3 vt facillime sine invidia lavdem invenias et a. p. Sallustius « et cum omnis gloria anteiret, omnibus tamen carus esse SalJug. 6, 1 ». 1 nvmqvam praeponens se de ceux qui avaient les mêmes idées que lui. 2 ita vt il manque faciens (faisant), uolens (voulant), agens (agissant). 3 vt facillime sine invidia lavdem invenias et amicos pares Salluste « et cum omnis gloria anteriret, omnibus tamen carus esse » (et d᾽être cher à tous car tous il les dépassait par sa gloire).
sine inuidia laudem inuenias et amicos pares.
pour être loué sans envie et se faire des amis.
invenias secunda persona pro tertia, ut « migrantis cernas
VergAen. 4, 401 ». invenias seconde personne pour la troisième indéfinie comme « migrantis cernas » (on voit passer).
So.-sapienter uitam instituit; namque hoc tempore
So.-Sage manière pour lui de régler sa vie : car de nos jours
sapienter vitam i. n. q. h. t. o. improbatur a sapientibus haec sententia, nam obsequium adsentator debet, amicus ueritatem. sed in theatro dicitur, non in schola.
sapienter vitam institvit namqve hoc tempore obseqvivm les sages blâment cette maxime, car c᾽est le flatteur qui se fait un devoir de l᾽obéissance, l᾽ami s᾽en fait un de la vérité. Mais on est au théâtre, pas à l᾽école.
obsequium amicos, ueritas odium parit.
la complaisance se fait des amis, la vérité des ennemis.
1 obseqvivm amicos veritas odivm parit huius uersus pars improbior est ueritas odium p. falsum est autem, quod Cicero putat obsequium primo dixisse Terentium, cum et Plautus et Naeuius ante dixerint. 2 Et est sententia παράδοξος et magis theatro apta quam officio, de qua Tullius multa dicit. 2 obseqvivm a. v. ο. p. ἀμφίβολος sententia et probabilis magis quam necessaria aut honesta.
1 obseqvivm amicos veritas odivm parit la partie la plus immorale de ce vers est ueritas odium parit. De plus il est faux de croire comme Cicéron que le mot obsequium a été employé par Térence le premier alors que Plaute et Naevius avant lui en ont usé. 2 Et c᾽est une maxime paradoxale (παράδοξος), plus adaptée au théâtre qu᾽au devoir moral, dont Cicéron parle abondamment229. 3 obseqvivm amicos veritas odivm parit maxime ambiguë (ἀμφίβολος) et qui relève plutôt du probable que du nécessaire ou de l᾽honnête230. Si.-interea mulier quaedam abhinc triennium
Si.-Sur ces entrefaites, une certaine femme, il y a de cela trois ans,
1 interea mvlier interea est, cum habet instantiam et superiorum actorum. 2 mvlier qvaedam sic dixit, quasi28 ignoraret nomen eius paulo post Chrysidem nominaturus, sed ideo, ut gratam exspectationem faciat simulque auidum lectorem nominis audiendi reddat, ut Vergilius paulo post nominaturus ait « ecce manus i. i. p. t. r. p.
VergAen. 2, 57-58 ». 3 interea mvlier hic digressio est, nam proposuit gnati uitam dicere. 4 abhinc triennivm artificiose triennium dixit, cum posset plus minusue temporis ponere, ut sit uerisimile unum annum fuisse pudicae parcaeque uitae, sequentem condicionis acceptae, tertium mortis. primo ergo anno ignorata est Pamphilo domus Chrysidis, secundo est Glycerio cognitus, tertio nupsit Glycerium Pamphilo et pariter inuenit parentes. 1 interea mvlier il y a interea, quand il y a pression des événements antérieurs. 2 mvlier qvaedam il s᾽exprime ainsi comme s᾽il ignorait son nom alors que peu après il la nommera Chrysis, mais c᾽est pour créer une attente agréable et en même temps faire ardemment désirer au lecteur d᾽entendre ce nom, comme Virgile qui va le nommer peu après dit : ecce manus iuuenem interea post terga reuinctum pastores (voici alors un jeune homme, mains liées dans le dos, que des bergers...). 3 interea mvlier c᾽est une digression, car son propos est de parler de la vie de son fils. 4 abhinc triennivm habilement fait, en disant triennium (trois ans) alors qu᾽il pourrait dire plus ou moins longtemps, pour que soit vraisemblable231 le fait que pendant un an le fils ait eu une vie pudique et chaste, la deuxième année il ait accepté ce qui lui arrivait et la troisième, il ait couru à sa perte. Car la première année la maison de Chrysis était inconnue de Pamphile, la deuxième elle fut connue de Glycère, et la troisième, Glycère épousa Pamphile et du même coup retrouva ses parents. ex Andro commigrauit huc uiciniae,
venue d᾽Andros, vint s᾽établir ici dans le voisinage.
1 hvc viciniae uiciniae παρέλκον est, ut « adhuc locorum
PlautCap. 385 ». 2 hvc viciniae legitur et uiciniam. 1 hvc viciniae uiciniae est un pléonasme (παρέλκον), comme adhuc locorum (jusqu᾽à ce point)232. 2 hvc viciniae on lit aussi uiciniam. inopia et cognatorum neglegentia
La misère et l᾽indifférence de sa famille
1 inopia et cognatorvm n. laude impertita eius moribus, qui mox ducet uxorem, superest ut futurae quoque matronae, id est Glycerio, probitatem debitam pro persona reddat. quae quia honesta numquam esse poterit, si sic eam constet ante nuptias impudice eductam esse, partim defendenda partim etiam laudanda est Chrysis, cum qua commorata est. quam quoniam necesse est meretricem fateri, in condicione turpissimi nominis mulierum sumitur excusatio uoluntatis. 2 et cognatorvm hic iam parat nos ad Critonis aduentum.
1 inopia et cognatorvm neglegentia après avoir fait l᾽éloge des mœurs de celui qui va bientôt se marier, il reste à rendre à la future matrone, Glycère, la vertu qui convient au personnage. Parce qu᾽elle ne pourrait jamais être honnête, s᾽il était évident qu᾽avant son mariage elle avait été élevée de façon impudique, il faut en partie défendre Chrysis avec laquelle elle a vécu, en partie aussi la louer. Puisque il faut inévitablement reconnaître que Chrysis est une prostituée, on trouve à cette condition particulièrement déshonorante pour le renom d᾽une femme une excuse qui dégage sa volonté de tout blâme. 2 et cognatorvm ici il nous prépare déjà à l᾽arrivée de Criton.
coacta, egregia forma atque aetate integra.
l᾽y avaient contrainte. Une beauté qui sortait du lot et à la fleur de l᾽âge !
1 egregia id est eminenti praestantique. 2 atqve aetate integra integra aetas est, quae in flore consistit, cui neque addendum iam sit neque adhuc quicquam sit imminutum, ut « integer aeui Ascanius
VergAen. 9, 255-256 ». 3 Et contulit duo ad quaestum congrua meretricium. 1 egregia c᾽est-à-dire eminens (éminente) et praestans (remarquable). 2 atqve aetate integra on appelle integra aetas la fleur de la vie, période où il ne faut rien ajouter et où rien n᾽est diminué comme « integer aeui Ascanius » (Ascagne dans la fleur de son âge). 3 Et il a mis à la suite deux arguments propres à faire la fortune de prostituées.
So.-ei, uereor ne quid 809 Andria adportet mali! So.-Aïe ! j᾽ai peur que l᾽Andrienne ne nous apporte quelque malheur !
1 ei vereor ne qvid andria apportet mali Andria mire: audiuit enim excessisse ex ephebis Pamphilum illatamque esse mentionem mulieris peregrinae, adulescentulae pulchrae. 2 ne qvid andria eleganter « ex Andro
TerAnd. 70 »29 Andriae nomen ostendit et mulieris et fabulae. 3 Et bene apportet, quia apportare ignotis est. 1 ei vereor ne qvid andria apportet mali le mot Andria est remarquable233 ; il n᾽a en effet entendu que ce qui suit : Pamphile est sorti de l᾽éphébie et on a fait mention d᾽une femme étrangère, une jolie petite jeune fille. 2 ne qvid andria c᾽est une dérivation élégante à partir d᾽Androsque le nom d᾽Andria, qui montre à la fois celui de la femme et celui de la pièce. 3 Et emploi pertinent du verbe apportare car apportare (apporter) s᾽applique pour des choses inconnues. Si.-primum 810 haec pudice uitam parce ac duriter Si.-Elle, d᾽abord, c᾽est une vie honnête, économe et dure,
1 primvm haec pvdice v. defendit, ut diximus, uitam Chrysidis, ut potuerit apud eam recte morata esse Glycerium, quae ex argumento matrona erit. 2 primvm haec pvdice vi. bene haec, quasi dicat illa quae coacta est. 3 dvriter contra rationem regulae: dure ab eo quod est durus dicere debuit. tamen est differentia: est enim duriter sine sensu laboris dure autem crudeliter; illud ad laborem, hoc ad saeuitiam relatum est. 4 Sed dure in alterum, duriter in nos aliquid facimus.
1 primvm haec pvdice vitam il défend comme nous l᾽avons dit la vie de Chrysis pour que chez elle Glycère ait pu apprendre les bonnes mœurs, elle qui, selon l᾽argument, sera ensuite matrone. 2 primvm haec pvdice vitam emploi pertinent de haec comme s᾽il disait : celle qui a été contrainte. 3 dvriter formation qui fait exception à la règle : on aurait dû dire dure à partir de durus. Il y a cependant une différence : en effet duriter n᾽a aucune connotation de peine, dure au contraire signifie « cruellement » ; le premier se rapporte à la peine qu᾽on prend, le second à la violence qu᾽on inflige. 4 Mais nous agissons dure sur autrui, duriter sur nous-mêmes234. agebat, lana et811 tela uictum quaeritans; qu᾽elle menait, gagnant sa pitance avec la laine et la toile.
1 lana et tela victvm q. subdistingue tela: finis enim laboris est uictum quaeritans, ut Vergilius « cum femina primum, c. t. u. c. t. m. i., c. e. s. s. i.
VergAen. 8, 408-410 » et deinde finem laboris intulit. 2 Non cibum sed uictum dixit. cibus est enim, qui etiam delicatis praebetur, uictus in paruis aridisque alimoniis est constitutus. unde Vergilius « uictum infelicem, b. l. c, d. r.
VergAen. 3, 649-650 ». — 3 Et post tantum laborem uictum, non cibum dixit, ut Vergilius « at patiens operum paruoque assueta i.
VergGeo. 2, 472 » — et non quaerens sed quaeritans dixit. quaerit enim, qui ad plenum et perpetuum reponit, quaeritat, qui uix cotidie inquirendo uictum inuenit. 4 lana et t. v. q. artificiose, ut uideatur pudice apud eam futura mater familias educi posse, quam meretricem necessitas fecit. 1 lana et tela victvm qvaeritans ponctuation faible après tela, car le but du travail est uictum quaeritans, comme Virgile : « cum femina primum, cui tolerare colo uitam tenuique Minerua impositum, cinerem et sopitos suscitat ignis » (quand d᾽abord une femme à qui il est imposé d᾽endurer une vie de labeur à la quenouille et un petit foyer, éveille la cendre et le feu endormi) et ensuite il ajoute le but de la peine. 2 Il ne dit pas cibum (nourriture), mais uictum. Le cibus comprend en effet aussi ce qui est servi aux personnes raffinées, le uictus consiste en aliments pauvres et secs. D᾽où Virgile « uictum infelicem bacas lapidosaque corna dant rami » (c᾽est une pauvre pitance, des baies, des cornouilles dures comme pierre que donnent les buissons). 3 Et après une telle peine il dit uictus et non cibus comme Virgile « at patiens operum paruoque assueta iuuentus » (mais une jeunesse endurante à la peine et habituée à peu) et il ne dit pas quaerens (cherchant), mais quaeritans. Il cherche (quaerere) en effet, celui qui met de côté pour avoir à satiété de manière continue, il cherche sans relâche (quaeritare) celui pour qui c᾽est à peine s᾽il trouve en cherchant chaque jour sa pitance. 4 lana et tela victvm qvaeritans habilement dit pour que la future mère de famille paraisse pouvoir être éduquée dans la pudeur, elle dont la nécessité a fait une prostituée.
sed postquam amans accessit pretium pollicens
Mais quand un amoureux se présenta, promettant de l᾽argent,
sed postqvam a. amator fingi potest, amans uere amat.
sed postqvam amans l᾽amator peut agir par feinte, l᾽amans (amant) aime vraiment.
unus et item alter, ita ut ingenium est omnium
un, puis un autre, et comme nous sommes naturellement tous,
1 vnvs et item alter praeter unum duo, ex quibus alter, ut sint tres, nam « hi tres tum simul a.
TerAnd. 87 » ut « alter ab undecimo
VergBuc. 8, 39 » . 2 Ergo alter non est secundus sed tertius. 3 ita vt ingenivm est omnivm hominvm quanta defensio Chrysidis, ut quae antea fecerit, ipsius sint, quae postea peccauerit, naturae hominum adscribantur! 1 vnvs et item alter outre le premier, deux autres, parmi lesquels on prend le deuxième, en sorte qu᾽ils sont trois, car « hi tres tum simul amabant ». Comme Virgile « alter ab undecimo » (le deuxième ôté de onze). 2 Donc alter ne signifie pas ici le deuxième mais le troisième235. 3 ita vt ingenivm est omnivm hominvm magnifique défense de Chrysis : ce qu᾽elle a fait auparavant est de son fait, ce qu᾽elle a été amenée à faire de mal plus tard est imputé à la nature humaine236. hominum ab labore procliue ad libidinem,
les humains, enclins à quitter la peine pour le plaisir,
proclive ad libidinem procliue est porro inclinatum uel pronum inclinatumque.
proclive ad libidinem procliue signifie porro inclinatus (vraiment incliné), ou si l᾽on veut pronus (penché) et inclinatus (incliné)237. accepit condicionem, dehinc quaestum occipit.
elle s᾽est fait entretenir, et après elle en fait un métier.
1 accepit condicionem cum uno, qvaestvm30 cum altero, hoc est cum multis. 2 condicionem condicio est cum uno, certam legem in se continens; postquam accessit alter, hoc est plures, quaestus iam meretricius factus est. 1 accepit condicionem avec l᾽un, qvaestvm avec l᾽autre c᾽est-à-dire avec un grand nombre. 2 condicionem le mot condicio désigne une relation suivie avec un seul, contenant en elle-même une certaine forme de loi ; quand se présenta un autre, c᾽est-à-dire plusieurs, le quaestus devient alors métier de prostituée.
qui tum illam amabant forte, ita ut fit, filium
Ceux qui étaient alors ses amants, comme cela se fait souvent, mon fils
perduxere illuc, secum ut una esset, meum.
ils l᾽ont entraîné là-bas, pour dîner ensemble avec eux.
1 perdvxere illvc secvm inuitum isse Pamphilum his uerbis significat; perducuntur enim necessitate coacti. hoc etiam uerbum iudices pronuntiare solent. 2 Et hoc est quod supra ait « his se dedere, eorum obsequi studiis
TerAnd. 63 ». 3 vt vna esset m. et producte legitur esset, ut cibum capiat, et correpte, ut alibi. 4 vna simul, id est: una cibum capturus. 5 perdvxere illvc secvm secum duxerunt, ut secum esset. 1 perdvxere illvc secvm il veut dire par ces mots que c᾽est contre son gré que Pamphile y est allé ; le verbe perducere s᾽applique à ceux qui sont contraints par la nécessité. Tel est le mot que les juges prononcent ordinairement. 2 Et c᾽est ce qu᾽il dit plus haut : « his se dedere eorum obsequi studiis ». 3 vt vna esset mevm on lit esset à la fois avec voyelle longue, dans le sens de « prendre de la nourriture », et avec voyelle brève comme ailleurs238. 4 vna ensemble c᾽est-à-dire : « pour prendre leur nourriture ensemble ». 5 perdvxere illvc secvm ils l᾽emmenèrent avec eux pour qu᾽il soit avec eux. egomet continuo mecum "certe captus est :
Et moi, aussitôt, en moi-même : « Sûrement il est pris au piège,
1 egomet continvo m. bene mecum, ut appareat nihil temere constitutum uel prolatum foras, <sed> hoc ipsum satis quaesitum esse, quod statuit de falsis nuptiis, ut inoffensus esset filio. 2 egomet continvo mecvm c. c. e. mecum: deest uoluebam cogitabam uersabam. 3 captvs est tenetur et irretitur, ex translatione ferarum atque uenatus. 4 captvs est Sallustius « sin captus p. c.
SalJug. 1, 4 ». 5 certe sine dubio, pro certo. 6 captus est ἰδιωτισμός. 1 egomet continvo mecvm mecum est bien dit pour qu᾽il apparaisse que le personnage n᾽a rien décidé ni divulgué à la légère, mais qu᾽il a suffisamment réfléchi à sa décision au sujet du faux mariage pour que la chose soit sans danger pour son fils. 2 egomet continvo mecvm certe captvs est avec mecum il manque uoluebam (je méditais), cogitabam (je pensais), uersabam (je tournais et retournais). 3 captvs est synonyme de tenetur (il est pris) et irretitur (comme dans un filet), métaphore prise aux bêtes sauvages et à leur chasse. 4 captvs est Salluste : « sin captus prauis cupidinibus » (mais s᾽il est pris de désirs pervers). 5 certe équivaut à sine dubio (sans doute), mis pour certo (de manière certaine). 6 captvs est idiotisme (ἰδιωτισμός)239. habet". obseruabam mane illorum seruulos
il en tient ». Je guettais le matin leurs jeunes esclaves,
1 habet id est uulneratus est; habere enim dicitur, qui percussus est. proprie de gladiatoribus dicitur habet, quia prius alii uident, quam ipsi sentiant se esse percussos. 2 habet sic dicitur de eo, qui letaliter uulneratus est. Vergilius « hoc habet, h. m. m. d. u. d.
VergAen. 12, 296 ». 3 Ergo quid sequitur captum nisi occidi? 4 habet observabam mane utrum Pamphilum an illorum seruulos? 5 mane aduerbialiter. 6 observabam deest tamen, hoc est: "quamuis captus erat et iam habebat, tamen obseruabam". 1 habet c᾽est-à-dire : il a été touché ; on dit en effet habere pour celui qui a été frappé. Au sens propre on dit des gladiateurs habet (il en tient), car les autres voient avant qu᾽eux-mêmes ne sentent qu᾽ils ont été frappés. 2 habet se dit de celui qui a été blessé à mort. Virgile « hoc habet haec melior magnis data uictima diuis » (il en tient, victime meilleure donnée aux dieux puissants). 3 Donc quelle est la conséquence du fait d᾽être pris (captus), sinon le fait d᾽être tué ? 4 habet observabam mane est-ce Pamphile ou leurs petits esclaves ? 5 mane adverbe240. 6 observabam il manque tamen c᾽est-à-dire : quamuis captus erat et iam habebat tamen obseruabam (bien qu᾽il fût pris et qu᾽il en tînt, j᾽observais toutefois)241. uenientis aut abeuntis: rogitabam "heus puer,
qui allaient et venaient, et je les pressais de questions : « Hé ! Petit,
1 rogitabam hevs p. non rogabam sed rogitabam, quia sedulo faciebat.
1 rogitabam hevs pver non pas rogabam (je demandais), mais rogitabam, car il le faisait sans cesse.
dic sodes, quis heri Chrysidem habuit?" nam Andriae
dis-moi, je te prie, qui a eu Chrysis hier ? ». Car de l᾽Andrienne
1 dic sodes dic imperatiuum est: ideo temperauit iniuriam blandimento sodes. est autem si audes, ut sis
si uis 31, nam delirat, qui σῶος ζῇς interpretatur sodes. 2 dic sodes exhortantis uox est, ut amabo rogo. 3 qvis heri chrysidem opportune intulit nomen Chrysidis. 4 qvis heri c. h. nam a. i. Attico more peregrinis meretricibus a patria nomen imponit et simul celebrat nomen comoediae dicendo « ex Andro commigrauit
TerAnd. 70 » et nunc Andriae illi id erat nomen. 1 dic sodes dic est un impératif : c᾽est pourquoi il tempère l᾽injure par la politesse de sodes. C᾽est en fait si audes (si tu en as envie), comme sis est si uis (si tu veux) ; car il faut être fou pour interpréter sodes comme σῶος ζῇς (tu vis sain et sauf). 2 dic sodes parole d᾽exhortation, comme amabo (pour me faire plaisir), rogo (je te prie). 3 qvis heri chrysidem il introduit à point le nom de Chrysis. 4 qvis heri chrysidem habvit nam andriae selon la manière attique, il nomme les prostituées selon leur pays d᾽origine et en même temps il rappelle le titre de la comédie en disant « ex Andro commigrauit » et maintenant Andriae illi id erat nomen.
illi id erat nomen. So.-teneo. Si.-Phaedrum aut Cliniam
tel était le nom. So.-Je saisis. Si.-C᾽est Phèdre, ou Clinias,
Et bene illi, quasi dicat: "quam tu Andriam nominasti".
Et illi est bien dit, comme s᾽il disait : "l᾽Andrienne que tu as nommée".
dicebant aut Niceratum; nam i tres tum simul
disaient-ils, ou Nicératus ; car ces trois-là étaient alors
amabant. "eho quid Pamphilus?" —"quid? symbolam
ceux qui l᾽aimaient. « Holà ! et Pamphile ? — Quoi Pamphile ? Son écot
1 qvid symbolam dedit non quid symbolam dedit?, sed subdistingue quid, ut sit uox quaerentis, quid dicat de Pamphilo. 2 eho qvid pamphilvs primo sic egit, ut32 de Pamphilo quaerere crederetur; ad ultimum adiecit nomen, ne quid reliqui faceret. 3 cenavit cetera in gestu sunt quaerentis, quid dicat de Pamphilo, nec inuenientis. 4 symbolam dedit c. mire nulla pro Pamphilo negatio facti est posita, sed per puerilem simplicitatem omnia gesta narrata sunt. et quod tacitum est, non celatum sed et non factum esse ita uidetur. 1 qvid symbolam dedit non pas quid symbolam dedit, mais séparez quid par une ponctuation faible, pour en faire une phrase interrogative, au sens de quid dicat de Pamphilo ? (que dit-il de Pamphile ?). 2 eho qvid pamphilvs c᾽est la première fois qu᾽il agit de manière à laisser croire qu᾽il s᾽interroge sur Pamphile ; pour finir il ajoute le nom afin de ne rien laisser de côté. 3 cenavit tout le reste se trouve dans le geste du personnage qui se demande ce qu᾽il dira de Pamphile sans rien trouver. 4 symbolam dedit cenavit de manière étonnante, on ne trouve ici aucune dénégation de l᾽acte de Pamphile, mais le récit de tous ses actes est mis sur le compte de sa naïveté d᾽enfant. Et ce qui est tu, paraît ainsi non seulement caché, mais même ne pas avoir eu lieu.
dedit, cenauit". gaudebam. item alio die
il l᾽a payé, il a dîné ». Je me réjouissais. Pareil, un autre jour
1 item alio die item similiter. 2 Et uide diligentiae tempus adiectum, quasi non suffecerit unus dies.
1 item alio die item équivaut à similiter (de même). 2 Et regardez le soin avec lequel il a ajouté du temps, dans l᾽idée qu᾽un seul jour ne saurait suffire.
quaerebam: comperiebam nihil 812 ad Pamphilum je faisais la même question, et je ne découvrais rien sur Pamphile
1 comperiebam n. a. p. uide, si non patris uerba sunt et de rebus ueneriis circa filii mentionem agentis. 2 nihil ad p. q. παρέλκον tertium, nam abundat quicquam, nam « nemo quisquam illorum
TerHec. 67 »33. 1 comperiebam nihil ad pamphilvm voyez si ce ne sont pas là les paroles d᾽un père qui traite des affaires de cœur au détour d᾽une mention des actes de son fils. 2 nihil ad pamphilvm troisième pléonasme (παρέλκον), car quicquam fait redondance, de fait « nemo quisquam illorum »242. quicquam attinere. enimuero spectatum satis
rien qui le concerne. Visiblement il a suffisamment fait ses preuves,
1 spectatvm spectatum ad Pamphilum, non ad exemplum refertur. 2 Et spectatvm probatum.
1 spectatvm spectatum se rapporte à Pamphilum non à exemplum. 2 Et spectatum équivaut à probatum (digne d᾽approbation).
putabam et magnum exemplum continentiae;
pensais-je, c᾽est un vrai parangon de vertu.
et magnvm exemplvm continentiae ὑπερβολή laudis: Pamphilus exemplum continentiae!
et magnvm exemplvm continentiae hyperbole (ὑπερβολή) à fonction laudative : Pamphile est un parfait exemple de continence.
nam qui cum ingeniis conflictatur eius modi
Car qui est aux prises avec des tempéraments de cet acabit
1 nam qvi cvm ingeniis qui animus scilicet. 2 Aut certe homo subaudiendum, et neque commouetur animus deest eius. 3 nam qvi cvm ingeniis ingenia pro hominibus posuit. 4 conflictatvr id est atteritur. conflictatio est tactus inuicem corporum et collisus.
1 nam qvi cvm ingeniis qui désigne évidemment animus (l᾽esprit). 2 Ou du moins il faut sous-entendre homo (l᾽homme) et dans neque commouetur animus il manque eius (de celui-ci). 3 nam qvi cvm ingeniis ingenia est mis ici pour homines (les hommes). 4 conflictatvr équivaut à atteritur (il se frotte). On nomme conflictatio (frottement) l᾽attouchement et la rencontre de deux corps.
neque commouetur animus in ea re tamen,
sans que son cœur en soit ébranlé cependant,
1 neqve commovetvr utrum qui animus an homo, ut nunc subaudiamus eius? 2 neqve commovetvr a. utrum deest eius an ordo est: qui animus cum ingeniis conflictatur eiusmodi neque commouetur in ea re? 3 tamen ἀνακόλουθον, quod non praemisso licet uel quamquam subiecit tamen. Sallustius « atque edita undique, tribus tamen cum muris et magnis turribus
SalHist. 2, frg. 57 M ». 1 neqve commovetvr faut-il considérer le sujet qui comme reprenant animus ou homo ce qui oblige alors à sous-entendre eius (de celui-ci) ? 2 neqve commovetvr animvs manque-t-il eius, ou l᾽ordre des mots est-il : qui animus cum ingeniis eius modi neque commouetur in ea re ? 3 tamen anacoluthe (ἀνακόλουθον) parce que tamen se rapporte à un licet ou un quamquam (quoique) non exprimé dans ce qui précède. Salluste : « atque edita undique tribus tamen cum muris et magnis turribus » (et cependant fortifié de toute part d᾽une triple muraille et de grandes tours).
scias posse habere iam ipsum suae uitae modum.
on sait qu᾽il est désormais capable d᾽avoir sa propre règle de vie.
svae vitae modvm moderationem, regimen.
svae vitae modvm modus est synonyme de moderatio (sa conduite mesurée), regimen (sa façon de vivre réglée).
cum id mihi placebat tum uno ore omnes omnia
Et outre que cela me plaisait, de même, d᾽une seule voix, tous
1 cvm id mihi placebat cum praeterquam quod. 2 tvm vno ore omnes omnes, ne pater amore falli uideretur, et ideo mox ait « bene dissimulatum a. et c. i.
TerAnd. 132 ». 3 cvm id mihi p. t. v. o. o. <o.> b. d. et lavdare f. m. ἐμφατικώτερον fortunas quam fortunam. 4 Et de more, ut « qui34 tanti t. g. p. et uade, ait, ο felix n. p. VergAen. 3, 480 », Plautus « fortunatum, qui illum eduxit sibi
PlautBac. 455 ». 1 cvm mihi placebat cum équivaut à praeterquam quod (outre le fait que). 2 tvm vno ore omnes omnes afin que le père ne paraisse pas aveuglé par son amour, et de même bientôt il va dire : « bene dissimulatum amorem et celatum indicat ». 3 cvm id mihi placebat tvm vno ore omnes omnia bona dicere et lavdare fortvnas meas le pluriel fortunas est plus emphatique (ἐμφατικώτερον) que le singulier fortunam. 4 Et selon l᾽habitude comme : « qui tanti talem genuere parentes » (quels parents si illustres t᾽ont engendré tel que je te vois) et uade ait o felix nati pietate (va, dit-il, o bienheureux que tu es d᾽avoir un si pieux fils). Plaute : « fortunatum qui illum eduxit sibi » (bienheureux homme qui s᾽est élevé un tel fils).
bona dicere et laudare fortunas meas,
lui reconnaissaient toutes les qualités et vantaient ma bonne fortune
qui gnatum haberem tali ingenio praeditum.
d᾽avoir un fils doué d᾽un tel naturel.
quid uerbis opus est? hac fama inpulsus Chremes
A quoi bon en dire plus ? Poussé par cette réputation, Chrémès
1 hac fama i. an uere laudatus sit. 2 Et singula hic pro argumentis sunt. et excusatio est, non esse stultitia falsum sed35 impulsum. 3 impvlsvs bene impulsus: ultro enim uenire impulsus est, qui dat contra officium soceri. hac fama impvlsvs ou bien parce qu᾽il était vraiment l᾽objet d᾽éloges. 2 Et chaque mot ici a valeur d᾽argument ; c᾽est une défense : il ne s᾽est pas égaré par sottise, mais impulsus. 3 impvlsvs impulsus est bien dit : en effet il est poussé à venir le premier en homme qui rend ses devoirs à son beau-père.
ultro ad me uenit, unicam gnatam suam
de lui-même vint me trouver, et, de sa fille unique,
1 vnicam gnatam36 abundat quidem suam, sed tamen asseueratiuum est. 2 vnicam g. s. quid si taedio multarum filiarum? at unicam. 1 vnicam gnatam suam fait redondance, mais a une fonction de renforcement de l᾽affirmation. 2 vnicam gnatam svam que se passerait-il s᾽il le faisait embarrassé par un grand nombre de filles ? Mais c᾽est sa fille unique.
cum dote summa filio uxorem ut daret.
avec une grosse dot, m᾽offrit pour mon fils la main.
cvm dote svmma quid si pauperem? at cum d. s.
cvm dote svmma que se passerait-il s᾽il était pauvre243 ? Mais c᾽est cum dote summa. placuit: despondi. hic nuptiis dictus est dies.
Ça me plut, je promis. Ce jour est celui fixé pour les noces.
1 placvit despondi cum pronuntiatione placuit. 2 hic nvptiis d. e. d. utrum constitutus an dicatus, ut « Iunoni i. d. s.
VergAen. 6, 138 »? 3 despondi ex uetere more, quo spondebat etiam petitoris pater. unde et sponsus et sponsa dicitur. 4 placvit συντομία: adeo bona condicio fuit, ut quamuis ultro obiceretur, tamen statim placeret. 5 despondi proprie, nam desponsa dicitur, quia spondet puellae pater, despondet adulescentis. placvit despondi dans la prononciation, insistez sur placuit. 2 hic nvptiis dictvs est dies faut-il comprendre constitutus (fixé) ou dicatus (consacré), comme « Iunoni infernae dictus sacer » (saint et consacré à la Junon d᾽en bas) ? 3 despondi selon l᾽ancienne mode, car le père du prétendant "promettait" (spondere) aussi ; c᾽est ce qui fait que fiancé et fiancée se nomment sponsus et sponsa. 4 placvit concision (συντομία)244. Sa condition était si bonne que, malgré un premier mouvement spontané de refus, il a aussitôt accepté. 5 despondi emploi au sens propre, car on dit desponsa (la fiancée), parce que le père de la jeune fille "promet" (spondere) de donner, et celui du jeune homme "promet en retour" (despondere) les fiançailles. So.-quid obstat quor non uerae fiant? Si.-audies.
So.-Qu᾽est-ce qui s᾽oppose à ce que ce soit un vrai mariage ? Si.-Tu vas le savoir.
ferme in diebus paucis quibus haec acta sunt
A peine quelques jours après qu᾽on eut fait cela,
Chrysis uicina haec moritur. So.-o factum bene!
Chrysis, la voisine, meurt. So.-Ah ! Elle a bien fait !
1 chrysis vicina h. m. commemorans quae esset Chrysis, ait37 uicina haec; supra enim « ex Andro commigrauit huc uiciniae
TerAnd. 70 ». 2 vicina haec ἀνάμνησις. 3 ο factvm bene animaduerte ubique a poeta sic induci comicas mortes, ut cum ad necessitatem argumenti referantur, non sint tamen tragicae. nam aut meretrix sumitur aut senex aut de duabus simul uxoribus una uxor. itaque huiusmodi obitus aut mediocri tristitia excipiuntur aut etiam gaudio. 4 ο factvm bene quasi qui dixerit « uereor ne quid Andria apportet mali
TerAnd. 73 ». 1 chrysis vicina haec moritvr en rappelant qui est Chrysis, il dit uicina haec car plus haut « ex Andro commigrauit huc uiciniae ». 2 vicina haec rappel (ἀνάμνησις)245. 3 o factvm bene remarquez que le poète introduit partout de cette manière des morts de comédie, étant donné qu᾽elles sont rapportées aux contraintes de l᾽argument sans être toutefois tragiques. Car soit Pamphile choisit la prostituée, soit il choisit le vieillard, soit on fait de deux épouses à la fois une seule. Ce qui fait que les morts présentées de cette façon sont reçues soit avec une tristesse modérée, soit aussi avec joie246. 4 o factvm bene revient à dire : « uereor ne quid Andria apportet mali ». beasti; ei813 metui a Chryside814. Si.-ibi tum filius tu me fait plaisir ; j᾽avais grand peur pour lui à cause de Chrysis. Si.-Alors, mon fils
1 metvi chrysidem38 metuo illum dico39, qui mihi ipse aliquid facturus est, timeo ab illo, cuius causa possum aliquid mali pati, etiamsi ipse in me nihil mali consulat. 2 beasti m. a. c. artificiose, quod gaudium subiecit, ne mors in comoedia luctus, ut40 in tragoedia, personaret. 3 metvi a chryside ἀρχαίως. 1 metvi chrysidem on dit metuo, transitif, pour parler de celui qui est sur le point de me faire quelque chose, et timeo ab avec ablatif pour parler de celui de qui je peux souffrir quelque mal, même s᾽il n᾽a envers moi nulle intention mauvaise. 2 beasti metvi a chryside habilement dit car il ajoute de la joie, afin que la mort ne rende pas dans la comédie un son lugubre comme dans la tragédie. 3 metvi a chryside archaïsme (ἀρχαίως).
cum illis qui amabant Chrysidem una aderat frequens;
avec les amants de Chrysis était souvent posté chez elle ;
1 vna aderat freqvens sic una aderat frequens, ut supra « cum quibus erat cumque una
TerAnd. 63 ». 2 Et aderat freqvens possumus enim et adesse et frequentes non esse, si praesentes non adhaereamus his, quibus adsumus. 3 Et freqvens ut miles apud signa. 1 vna aderat freqvens ici una aderat frequens comme plus haut « cum quibus erat cumque una ». 2 Et aderat frequens nous pouvons en effet être "présents" (adesse) sans être "assidus" (frequentes), si tout en étant présents nous ne nous attachons pas aux pas de ceux auprès de qui nous sommes "présents" (adesse). 3 Et freqvens comme le soldat auprès des enseignes.
curabat una funus; tristis interim,
il s᾽occupait avec eux des funérailles. Triste cependant,
1 cvrabat vna fvnvs funus est pompa exsequiarum, dictum a funalibus: etenim noctu efferebantur propter sacrorum celebrationem diurnam. 2 interim interim discretio est huius rei, quae ad narrationem pertinet superiorem. 3 cvrabat vna f. utrum potuerit in exsequiis non uidere patrem.
1 cvrabat vna fvnvs on appelle funus la procession des obsèques, le mot vient de funale (la torche) : de fait c᾽est la nuit qu᾽on emportait les morts car le jour on célébrait les cultes. 2 interim interim sert à séparer de l᾽objet auquel se rapporte le récit précédent. 3 cvrabat vna fvnvs s᾽il pouvait ou non ne pas voir son père à ces obsèques.
nonnumquam conlacrimabat. placuit tum id mihi.
parfois il versait des larmes de sympathie. Sur le moment, cela me plut.
1 nonnvmqvam c. illis enim magis flendi causa fuerat, qui quam amabant amiserant: huic amore propter Glycerium suam41. 2 Collacrimat, qui alienis lacrimis suas commodat. 1 nonnvmqvam conlacrvmabat leur principale raison de pleurer était qu᾽ils avaient perdu celle qu᾽ils aimaient : pour lui c᾽est par amour pour sa chère Glycère. 2 On dit collacrimare pour celui qui compatit de ses propres larmes aux larmes d᾽autrui.
sic cogitabam "hic paruae consuetudinis
Je pensais comme ça : il n᾽a eu que peu de rapports avec elle,
1 sic cogitabam ac42 si dixisset hoc cogitabam. sensum tantum cogitationis dicere debuit; sed quia sic cogitabam dixit, ipsum gestum cogitantis exponit. est igitur μίμησις. 2 hic parvae c. c. hoc est conuiuii tantum. 3 Et quia dixerat puer hoc solum egisse Pamphilum, nihil aliud: « symbolam dedit, cenauit
TerAnd. 88 ». 1 sic cogitabamcomme s᾽il avait dit hoc cogitabam (je pensais cela). Il aurait dû seulement donner la substance de sa pensée ; mais parce qu᾽il dit sic cogitabam, il donne à voir le geste même de la réflexion247. C᾽est donc la figure de l᾽imitation (μίμησις)248. 2 hic parvae consvetvdinis cavsa cela ne s᾽applique ici qu᾽à un repas pris en commun249. 3 Et parce que l᾽enfant avait dit que Pamphile n᾽avait fait que cela et rien d᾽autre : « symbolam dedit cenauit ». causa huius mortem tam fert familiariter:
et sa mort le touche de façon si intime !
1 hvivs mortem tam fert f. familiariter id est grauiter, nam quae nobis sunt familiaria, grauia sunt animo nostro. 2 familiariter quasi familiaris. 3 An potius figuraliter43? 1 hvivs mortem tam fert familiariter familiariter est pris au sens de grauiter (péniblement), car les choses qui nous sont "familières" (familiaris) sont "pesantes" (grauis) sur notre cœur. 2 familiariter comme quelqu᾽un de la famille. 3 Ou plutôt au sens figuré250 ? quid si ipse amasset? quid hic mihi faciet patri?"
Que serait-ce s᾽il l᾽avait aimée ? Que fera-t-il pour moi, son père ?
1 qvid hic mihi f. patri mihi circa me. 2 Et postquam mihi dixit, pondus intulit nominis dicendo patri. 3 qvid hic mihi f. p. uide quam uenuste repetierit hic.
1 qvid hic mihi faciet patri mihi équivaut à circa me (en ce qui me concerne). 2 Et, après avoir dit mihi, il ajoute le poids du nom251 en disant patri (père). 3 qvid hic mihi faciet patri voyez avec quelle grâce il répète hic. haec ego putabam esse omnia humani ingeni
Tout cela je le prenais pour les devoirs d᾽un naturel humain
1 haec ego pvtabam putare est eius, qui simplicitate pectoris aberrauit. Cicero « non putauit, lapsus est
CicLig. 30 ». 2 hvmani ingenii m. q. humani ingenii circa Chrysidem, mansueti circa amicos. 3 haec ego pvtabam esse cum adhuc nihil peccationis ostenderit, tamen dolor in futura prorumpit, ut « gener auxilium Ρ. F. f.
VergAen. 2, 344 ». 1 haec ego pvtabam putare s᾽applique au sens propre à celui qui s᾽est trompé par naïveté. Cicéron : « non putauit lapsus est » (il n᾽a pas réfléchi ; il s᾽est trompé). 2 hvmani ingeni mansvetiqve humani ingenii s᾽applique à Chrysis, mansueti s᾽applique à ses amis. 3 haec ego non pvtabam esse alors qu᾽il n᾽a montré encore rien qui fût fautif, la douleur pourtant s᾽étend sur ce qui va suivre comme « gener auxilium Priamo Phyrgibusque ferebat » (et le gendre portait secours à Priam et aux Phrygiens).
mansuetique animi officia. quid multis moror?
et d᾽un cœur sensible. A quoi bon beaucoup prolonger ?
egomet quoque eius causa in funus prodeo,
Moi-même pour lui faire plaisir je me rends aux funérailles,
1 in fvnvs prodeo in funus in pompam exsequiarum. 2 Α funalibus dictum est, id est a cuneis et uncis44 candelabrorum, quibus delibuti funes et ignei45 cerei fomites infiguntur. 3 egomet qvoqve ut et ipse Pamphilus. 4 An: "etiam ego, quem quasi minus crederes?". 5 in fvnvs in ipsum officium. 6 eivs cavsa eiusdem mansuetudinis et humanitatis. 7 Et eivs Pamphili. 1 in fvnvs prodeo in funus signifie "à la procession d᾽obsèques". 2 Le mot vient de funale qui désigne les pointes et les crochets des candélabres, sur lesquels on fixe des mèches imbibées et des chandelles de cire allumées. 3 egomet qvoqve comme Pamphile lui-même. 4 Ou bien : "moi aussi, bien que tu sois moins enclin à le croire" ? 5 in fvnvs dans la cérémonie elle-même. 6 eivs cavsa pour montrer la même douceur et la même humanité. 7 Et eivs de Pamphile.
nihil suspicans etiam mali. So.-hem quid id est? Si.-scies.
sans soupçonner encore le moindre mal. So.-Ah ! Lequel ? Si.-Tu vas le savoir.
1 nihil svspicans etiam mali etiam adhuc. 2 nihil svspicans etiam 46 bene suspendit auditorem. 3 etiam alia suspensio audientis et excusatio. 1 nihil svspicans etiam etiam signifie adhuc (encore). 2 nihil svspicans etiam belle façon de créer du suspens pour le public. 3 etiam nouveau suspens pour le public et moyen de défense pour lui-même.
effertur; imus. interea inter mulieres
On lève le corps ; nous partons. En chemin, parmi les femmes
1 effertvr efferre Graecum est. quod uitans Vergilius, ne diceret efferunt, exportant tectis inquit corpora luce carentum. 2 effertvr efferri proprie dicuntur cadauera mortuorum. 3 Et ire proprie dicitur ad exsequias. Vergilius « ite, ait, egregias animas, q. s. n. h. p. p. s.
VergAen. 11, 24-25 ». 1 effertvr efferre est un mot grec252. Evitant ce mot, Virgile, pour ne pas dire efferunt, dit « exportant tectis corpora luce carentum » (ils portent hors de leurs toits les corps de ceux qui sont privés de la lumière du jour). 2 effertvr efferri se dit au sens propre pour les cadavres. 3 Et ire est employé au sens propre pour dire "aller aux funérailles". Virgile : « ite, ait egregias animas, quae sanguine nobis hanc patriam peperere suo » (allez, dit-il, ces belles âmes qui au prix de leur sang nous ont donné la patrie que voici, honorez-les). quae ibi aderant forte unam aspicio adulescentulam
qui se trouvaient là, par hasard, j᾽en aperçois une, toute jeune
1 vnam aspicio advlescentvlam ex consuetudine dixit unam, ut dicimus unus est adulescens. tolle unam et ita fiet, ut sensui nihil desit, sed consuetudo admirantis non erit expressa. 2 vnam ergo τῷ ἰδιωτισμῷ dixit. 3 Vel unam pro quandam. 4 forte vnam aspicio advlescentvlam et hic duo sunt: aetas et forma, quibus additur pudor, quod meretrix non est.
1 vnam aspicio advlescentvlam selon la façon de parler habituelle il dit unam, comme nous disons unus est adulescens (il y a un jeune homme précis). Retirez unam et il arrivera que rien ne manquera au sens, mais on n᾽aura pas rendu la façon de parler de quelqu᾽un qui admire. 2 unam est donc dit par particularisation (τῷ ἰδιωτισμῷ). 3 Ou si l᾽on préfère unam est mis pour quandam (une certaine). 4 forte vnam aspicio advlescentvlam ici, il s᾽agit de deux choses, l᾽âge et la beauté, auxquelles s᾽ajoute la pudeur, parce que ce n᾽est pas une prostituée.
forma... So.-bona fortasse. Si.-et uoltu, Sosia,
d᾽une beauté... So.-Remarquable, peut-être. Si.-Et un visage, Sosie,
1 forma et vvltv sosia forma immobilis est et naturalis, uultus et mouetur et fingitur. 2 et vvltv sosia adeo quia formae laudatio cum meretrice communis est, progreditur artifex poeta ad laudanda ea, quae honestiora quam forma sunt. 3 et vvltv sosia adeo m. quid hic deest, ut eam nurum dignetur Simo nisi sola cognitio? et formam probat in puella Pamphili pater et matronalem modestiam miratur in uultu et uenustatem stupet. nonne ergo iam cernimus hoc praestruxisse Terentium, ut cum Chremetis filiam esse cognouerit, Simo hanc potius eligat quam Philumenam nurum? quamuis ex sororia pulchritudine et ex amore Charini et Daui laudatione decoram ipsam quoque prope demonstrauerit nobis. 4 et vvltv sosia haec laus adiuuat post cognitionem futuram nurum.
1 forma et vvltv sosia forma désigne une beauté immuable et connaturelle, uultus désigne un air à la fois mobile et susceptible d᾽être modelé. 2 et vvltv sosia adeo comme l᾽éloge de la beauté est commun avec une prostituée, le poète créateur va jusqu᾽à la louange des qualités qui relèvent plus de l᾽honnête que la beauté 253. 3 et vvltv sosia adeo modesto que manque-t-il ici pour que Simon l᾽agrée comme belle-fille sinon que s᾽opère la reconnaissance ? Et la beauté de la jeune fille est objet d᾽approbation de la part du père de Pamphile, la modestie de son visage qui la rend digne d᾽être matrone est objet d᾽admiration, et son charme d᾽étonnement. Ne voyons-nous pas que Térence a construit ainsi ce passage pour que Simon, lorsqu᾽il la reconnaîtra comme la fille de Chrémès, la choisisse de préférence à Philumène comme belle-fille ? Pourtant sa beauté qui rappelle sa sœur, l᾽amour que lui porte Charinus et l᾽éloge de Dave nous montreront bientôt aussi la beauté remarquable de cette autre jeune fille. 4 et vvltv sosia cet éloge sert bien à la belle-fille qu᾽elle sera après la reconnaissance. adeo modesto, adeo uenusto ut nihil supra.
si modeste, si gracieux qu᾽il n᾽y a rien au-dessus.
1 adeo modesto a. v. modestus ad probitatem uultus et morum pertinet, uenustus ad naturam corporis. atque adeo uultum sibi fingere multi possunt, formam nemo. 2 vt nihil svpra ἔλλειψις Terentiana, nam non necesse est subiungere duos uersus.
1 adeo modesto adeo venvsto le mot modestus renvoie à la probité du visage et des mœurs, le mot uenustus à son aspect physique. Et beaucoup peuvent se modeler un visage, mais personne ne peut le faire pour la beauté. 2 vt nihil svpra ellipse (ἔλλειψις) toute térentienne, car il n᾽est pas indispensable de subordonner les deux vers254. quia tum mihi lamentari praeter ceteras
Comme elle se lamentait plus que les autres,
1 qvia tvm mihi excusatio necessaria. 2 praeter ceteras id est: plus quam ceterae.
1 qvia tvm mihi justification indispensable255. 2 praeter ceteras équivaut à plus quam ceterae (plus que toutes les autres). uisa est et quia erat forma praeter ceteras
à mon sens, et qu᾽elle était belle plus que les autres,
honesta ac liberali, accedo ad pedisequas,
convenable et distinguée, je m᾽approche des suivantes,
honesta ac liberali honesta ad formam, liberali ad uultum rettulit.
honesta ac liberali le mot honesta se rapporte à sa beauté, le mot liberali à son visage256. quae sit rogo: sororem esse aiunt Chrysidis.
je demande qui elle est. C᾽est, me dit-on, la sœur de Chrysis.
percussit ilico animum. attat hoc illud est,
Tout d᾽un coup, ça m᾽a frappé l᾽esprit ! Bon sang ! Mais c᾽est donc cela !
1 percvssit ilico a. hoc est suspicio uel aliquid tale. 2 attat attat interiectio admirantis. 3 hoc illvd est δεικτικόν eius est rei, quam in animo conceperamus. Vergilius « hoc illud g. f.?
VergAen. 4, 675 ». 1 percvssit ilico animvm équivaut à suspicio (je soupçonne) ou à quelque chose de ce genre. 2 attat attat est une interjection qui marque l᾽admiration. 3 hoc illvd est deictique (δεικτικόν) qui exprime la chose que nous avons conçue dans notre esprit. Virgile : « hoc illud germana fuit ? » (C᾽était donc cela, ma sœur ?).
hinc illae lacrimae, haec illa est misericordia.
C᾽est de là que viennent ces larmes, la voilà cette compassion !
hinc illae lac. hinc ex hac causa.
hinc illae lacrimae hinc équivaut à ex hac causa (pour cette raison).
So.-quam timeo quorsum euadas! Si.-funus interim
So.-Que je crains où tu vas en venir ! Si.-Pendant ce temps les funérailles
1 qvorsvm evadas euadas exeas uel peruenias. 2 fvnvs interim p. s. funus a funalibus dictum est, ut supra notauimus. et est funus pompa exsequiarum. 3 Et bene funus procedit, nos sequimur dixit quasi: post ipsum morituri. unde et exsequiae dicuntur. 4 qvam timeo qvorsvm non uidetur adhuc Sosiae plenum amoris argumentum: adeo pendet ad ea, quae dicturus est Simo. 5 fvnvs interim p. ἀσύνδετον.
qvorsvm evadas euadas signifie exeas (que tu sortes) ou peruenias (que tu parviennes). 2 fvnvs interim procedit seqvimvr funus, comme nous l᾽avons dit plus haut, vient de funale257. Et funus désigne la procession des obsèques. 3 Et funus procedit nos sequimur est bien dit, comme s᾽il disait : "prêts à mourir à sa suite". D᾽où le fait que l᾽on parle de exsequiae (funérailles que l᾽on suit)258. 4 qvam timeo qvorsvm il n᾽apparaît pas encore à Sosie que l᾽argument repose tout entier sur l᾽amour : il demeure encore suspendu aux prochaines paroles de Simon. 5 fvnvs interim procedit asyndète (ἀσύνδετον)259. procedit: sequimur; ad sepulcrum uenimus;
avancent ; nous suivons, nous arrivons au tombeau.
1 ad sepvlchrvm venimvs sepulchrum κατ᾽ ἀντίφρασιν dicimus, quod sine pulchra re sit. 2 An quod ibi sine pulsu sint, id est mortui? 3 An quod illuc animae a uiuis sepellantur, id est separentur? 4 Et sepulchrum dixit futurum47, non quod iam esset; sepulchrum enim a sepeliendo dictum. Vergilius proprie « at pius Aeneas i. m. s. i. s. a. u.
VergAen. 6. 232-233 ». 1 ad sepvlchrvm venimvs le mot sepulchrum est formé par antiphrase (κατ᾽ ἀντίφρασιν) car il n᾽y a là rien de beau (pulchrum)260 . 2 Ou bien est-ce parce que ceux qui sont là sont sine pulsu (sans pouls)261, c᾽est-à-dire "morts" ? 3 Ou bien est-ce parce que c᾽est là que les âmes sont "mises à part" (sepellantur262) loin des vivants, c᾽est-à-dire "séparées" (separentur) ? 4 Et il parle d᾽un sepulcrum à venir, et non qui existerait déjà ; car sepulchrum vient de sepelire. Virgile au sens propre : « at pius Aeneas ingenti mole sepulcrum imponit suaque arma uiro » (mais le pieux Enée met sur le corps du héros l᾽immense masse d᾽un tombeau et ses propres armes). in ignem inposita est; fletur. interea haec soror
On met le corps sur le bûcher, on pleure. Cependant la sœur
1 in ignem inposita est ἔλλειψις: non enim quae. 2 Et mire, cum funus supra dixerit. 3 fletvr bene hic impersonaliter fletur: ab omnibus; extrema enim quaeque mortuorum omnes commouent ad lacrimas. 4 interea haec s. id est: quam dixi sororem esse Chrysidis.
1 in ignem inposita est ellipse (ἔλλειψις) ; il manque en effet quae (celle-ci). 2 Et c᾽est remarquable, puisqu᾽il vient de parler de funus263. 3 fletvr bon emploi de l᾽impersonnel fletur ici : "par tous"264 ; les derniers moments des morts font en effet naître des larmes chez tous. 4 interea haec soror c᾽est-à-dire cette sœur que j᾽ai dit être celle de Chrysis. quam dixi ad flammam accessit inprudentius,
dont j᾽ai parlé s᾽est approchée de la flamme trop imprudemment,
ad flammam accessit imprvdentivs inuenit affectum sororis, unde omnes uinceret: ceteri enim flent, haec flammae se ingerit. sic Vergilius « exstinctum n. c. f. D. cum complexa s. c. m. n., atque deos a. a. u. c. m.
VergBuc. 5, 20-23 ». ad flammam accessit imprvdentivs il invente chez la sœur une attitude qui lui permet de les dépasser tous : car tous les autres pleurent, mais elle s᾽apprête à se jeter dans les flammes. Ainsi Virgile : « exstinctum nymphae crudeli funere Daphnin... cum complexa sui corpus miserabile nati atque deos atque astra uocat crudelia mater » (quant à Daphnis dont la vie s᾽est éteinte en une mort cruelle, les Nymphes... quand embrassant le corps lamentable de son fils la mère appelle les dieux et les astres cruels)265. satis cum periclo. ibi tum exanimatus Pamphilus
c᾽est assez dangereux. Là, épouvanté, Pamphile,
1 ibi tvm exanimatvs pamphilvs a uoluntate, a facultate, a summo ad imum, ibi sunt dicta et facta, ubi48 est pathos. 2 Et mire ibi. 1 ibi tvm exanimatvs pamphilvs argument par la volonté, par la possibilité, du plus important au moins important266. Ici, il y a des paroles et des actes où il y a du pathétique. 2 Et ibi est remarquable267. bene dissimulatum amorem et celatum indicat:
cet amour si bien dissimulé et dérobé ,il le trahit.
1 bene dissimvlatvm bene multum. 2 An quasi dolens, quia etiam negaturus sit Chremeti, dixit bene? 3 et celatvm indicat omnia significanter: non ostendit inquit sed indicat, non accedit sed accurrit, non uestem aut manus sed mediam mulierem, non tenet sed complectitur. 4 Et quia tribus rebus inducitur in alicuius rei gestionem persona: affectu facto dicto, affectus est, quod ait « ibi tum ex. P.
TerAnd. 131 », factum quod ait « accurrit m. m. c.
», dictum quod ait « mea Glycerium, inquit, q. a.? c. t. i. p.?
TerAnd. 134 ». 5 indicat indicium proprie est oris et linguae. factis ergo indicat, non enim dixit amo. 1 bene dissimvlatvm bene équivaut ici à multum (beaucoup). 2 Ou bien est-ce parce qu᾽il souffre qu᾽il dit bene, parce qu᾽il dira non même à Chrémès ? 3 et celatvm indicat tout ici a un sens : il ne dit pas ostendit (il montre), mais indicat (il fait voir), non accedit (il arrive) mais accurrit (il accourt), non uestem (son vêtement) ou manus (ses mains), mais mediam mulierem (la femme à bras le corps), non tenet (il la retient), mais complectitur (il l᾽étreint)268. 4 Et parce qu᾽il existe trois manières de représenter un personnage dans une action quelconque269, par son attitude, par ses actes et par ses paroles, l᾽attitude est dans ibi tum exanimatus Pamphilus, les actes dans accurrit mediam mulierem complectitur, les paroles dans mea Glycerium inquit quid agis ? cur te is perditum ?. 5 indicat le mot indicium s᾽applique au sens propre à un signe corporel ou langagier. Il fait voir par ses actes sans dire amo (je suis amoureux). accurrit; mediam mulierem complectitur:
Il se précipite, embrasse la jeune fille à bras-le-corps :
accvrrit Virgile : « interiora domus irrumpit limina » (elle se précipite au fond de la maison).
"mea Glycerium", inquit "quid agis? cur te is perditum?"
« Ma Glycère, s᾽écrie-t-il, que fais-tu ? pourquoi te vas-tu perdre ? ».
mea glycerivm i. q. a. mea quasi amator, hoc49 Glycerium quasi familiaris dixit, quid agis quasi perturbatus, cur te is perditum quasi consolatus. mea glycerivm inqvit qvid agis mea (ma chère), comme dirait un amoureux, Glycerium, comme dirait un familier, quid agis comme dirait un homme profondément troublé, cur te is perditum comme dirait un homme qui console.
tum illa, ut consuetum facile amorem cerneres,
Alors elle, laissant aisément voir un amour de longue date,
1 vt consvetvm facile amorem c. mire non suspicarere dixit sed cerneres et est ordo: facile cerneres. 2 Sed cerneres sic ut supra laudem inuenias et amicos pares.
1 vt consvetvm facile amorem cerneres il est remarquable qu᾽il ne dise pas : suspicarere (tu soupçonnerais), mais cerneres (tu verrais). Et l᾽ordre est : facile cerneres. 2 Mais cerneres comme plus haut « laudem inuenias et amicos pares ».
reiecit se in eum flens quam familiariter!
se rejeta sur lui en pleurant ; quelle intimité !
1 reiecit se in evm f. q. f. obicitur ei et quod a Glycerio factum est, ut « ecquis umquam tam palam de honore, tam u. d. s. s. c, q. i. a. i. a., ut ne 50 h. m. d. d.?
CicDivCaec. 22 ». 1 reiecit se in evm flens qvam familiariter il lui apparaît aussi clairement ce que fait Glycère, comme « ecquis umquam tam palam de honore, tam vehementer de salute sua contendit quam ille atque illius amici ut ne haec mihi delatio detur ? » (y eut-il jamais quelqu᾽un qui lutta si ouvertement pour son honneur, si violemment pour son salut que cet homme et ses amis, afin que ce rapport d᾽accusation ne me soit pas donné ?270 ). So.-quid ais? Si.-redeo inde iratus atque aegre ferens;
So.- Que dis-tu ? Si.- Je reviens de là irrité et fort mécontent.
1 qvid ais non interrogantis est sed mirantis. 2 redeo inde iratvs atqve ae. f. iratus culpa, aegre ferens, quia praeter spem.
1 qvid ais le ton n᾽est pas celui de l᾽interrogation, mais celui de la surprise. 2 redeo inde iratvs atqve aegre ferens iratus à cause de la faute, aegre ferens, car cela contrarie ses espérances.
nec satis ad obiurgandum causae. diceret
sans trop de raison de m᾽en prendre à lui. Il aurait dit :
1 nec satis ad obivrgandvm mire expressit indulgentiam patris circa filium: erat, inquit, causa, sed pro amaritudine obiurgationis non erat satis, hoc est non idonea uidebatur. 2 nec satis ad obivrgandvm cavsae deest habui uel erat, ut Vergilius « nec sat rationis in armis
VergAen. 2, 314 »: et hic est uel habui deest ad sententiam. 3 diceret deest enim. 1 nec satis ad obivrgandvm remarquable expression de l᾽indulgence d᾽un père envers son fils : il y avait, dit-il, motif à se plaindre, mais ce n᾽était pas assez en regard de l᾽amertume que ferait naître le reproche, ce qui revient à dire, le grief ne paraissait pas suffisant. 2 nec satis ad obivrgandvm cavsae il manque habui (j᾽ai eu) ou erat (il y avait) comme Virgile : « nec sat rationis in armis » (trop peu de raison dans les armes) et ici est ou habui manquent pour faire une phrase complète. 3 diceret : il manque enim (en effet).
"quid feci? quid commerui aut peccaui, pater?
« Qu᾽ai-je fait ? Où sont mes torts et ma faute, père ?
1 qvid feci mire fiduciam praetulit argumento, quod est in sequenti uersu. 2 qvid feci qvid c. αὔξησις a maioribus ad minora51. 3 Et feci quasi facinus dixit, — facere enim quis et homicidium dicitur —, commerui minoris culpae est, peccaui multo minoris uel leuioris. 1 qvid feci remarquable manière de faire précéder l᾽argument qui se trouve au vers suivant par la mention de la loyauté. 2 qvid feci qvid commervi gradation (αὔξησις) qui va du plus grand vers le plus petit. 3 Et feci s᾽emploie comme synonyme de facinus (crime), - on dit en effet de quelqu᾽un qu᾽il fait (facere) aussi un homicide271 -, commerui s᾽applique à une faute plus petite, peccaui d᾽une beaucoup plus petite ou plus légère encore. quae sese in ignem inicere uoluit, prohibui
Elle voulait se jeter dans le feu, je l᾽en ai empêchée,
qvae sese in ignem inicere volvit illic mea Glycerium, hic pronomen dixit: mira dissimulatio, tamquam illam praeter periculum nesciat.
qvae sese in ignem inicere volvit tout à l᾽heure il disait mea Glycerium, maintenant il emploie le pronom : remarquable dissimulation, comme s᾽il ne la connaissait pas autrement que par le danger qu᾽elle a couru.
seruaui". honesta oratio est. So.-recte putas;
je l᾽ai sauvée ». Paroles d᾽honnête homme. SO.-Tu penses juste ;
nam si illum obiurges uitae qui auxilium tulit,
car si l᾽on s᾽en prend à qui a secouru une vie,
1 nam si illvm obivrges v. q. a. t. argumentum ex coniectura per ratiocinationem a contrario, ut si dicas: « forti uiro praemium debetur, si desertori poena constituta est ». 2 tvlit pro attulit. 3 Sed multa significat, et alias pertulit, ut « ille non tulit hanc s. f. m. C.
VergAen. 2, 407 », alias sustulit, ut idem « omnia fert aetas
VergBuc. 9, 51 » pro aufert. 1 nam si illvm obivrges vitae qvi avxilivm tvlit argument tiré d᾽une conjecture par raisonnement a contrario, comme si l᾽on disait qu᾽on doit une récompense à un homme courageux s᾽il faut donner un châtiment à qui déserte272. 2 tvlit mis pour attulit (apporta). 3 Mais ce verbe a beaucoup de sens : on peut l᾽interpréter soit comme pertulit (il supporta jusqu᾽au bout), comme dans ce vers « non tulit hanc speciem furiata mente Coroebus » (cet aspect, l᾽esprit déchaîné de Corèbe ne le supporta pas), soit comme sustulit (enleva), comme chez le même auteur « omnia fert aetas » (l᾽âge emporte tout), où il est mis pour aufert (enlève). quid facias illi qui dederit damnum aut malum?
que fera-t-on à celui qui lui a causé du dommage ou du mal ?
1 qvid facias illi pro illo. 2 qvi dederit damnvm avt m. damnum rei est, malum ipsius nominis.
1 qvid facias illi illi est mis pour pro illo. 2 qvi dederit damnvm avt malvm damnum porte sur la chose, malum sur la personne même.
Si.-uenit Chremes postridie ad me clamitans:
Si.-Arrive Chrémès, le lendemain, chez moi, jetant les hauts cris :
1 venit chremes p. a. m. c. argumentum ex coniectura de testibus. 2 Et mire: supra « ultro ad me uenit
TerAnd. 100 ». ergo hic causa iusti doloris ostenditur, quando dolet etiam Chremes; nam potuit non daturus filiam non uenire. 3 postridie ad me c. ut sine dilatione sciri possit. 4 Et clamitans indignantis est, ut « clamant omnes TerAd. 91 ». 1 venit chremes postridie ad me clamitans argument tiré d᾽une conjecture fondée sur des témoignages273. 2 Et remarquable emploi, voir ci-dessus : « ultro ad me uenit ». Donc ici la raison de cette juste douleur apparaît bien puisque Chrémès aussi souffre ; car il aurait pu, s᾽il ne s᾽apprêtait pas à donner sa fille, ne pas venir. 3 postridie ad me clamitans afin de pouvoir savoir sans délai. 4 et clamitans c᾽est le propre de l᾽indignation, comme dans « clamant omnes ». indignum facinus; comperisse Pamphilum
« c᾽est un scandale » ; il avait appris que Pamphile
1 indignvm facinvs c. p. deest se. 2 Et incerta distinctio. 3 indignvm facinvs distinguendum, ut per se intellegatur indignum facinus: et ipse dolet corrumpi Pamphilum. 4 comperisse ergo ab aliis, ut appareat euersum52, quod ait « tum uno ore omnes
TerAnd. 96 » et « hac fama impulsus C.
TerAnd. 99 » 5 pamphilvm pro vxore hoc53 Pamphilum cum emphasi dixit, id est pudentem et bene moratum. 6 Et nec amicam sed pro uxore. ergo, quasi non hoc doleat quod amet, sed quod pro uxore habeat. et simul excusatio filiam denegaturi soceri. 1 indignvm facinvs comperisse pamphilvm il manque se (lui-même)274. 2 Et la ponctuation est incertaine. 3 indignvm facinvs il faut ponctuer de manière à ce que l᾽on comprenne comme un groupe cohérent indignum facinus et il souffre lui-même de voir la corruption de Pamphile. 4 comperisse donc par d᾽autres, comme il apparaît du vers où il dit « tum uno ore omnes » et aussi « hac fama impulsus »275. 5 pamphilvm pro vxore il dit le nom Pamphile avec insistance276, c᾽est-à-dire en soulignant qu᾽il est plein de pudeur et de mœurs irréprochables. 6 Et 277 et il ne dit pas amicam (maîtresse), mais pro uxore. C᾽est paradoxal278, comme si ce qui le fait souffrir n᾽était pas qu᾽il l᾽aime mais qu᾽il la prenne pour femme. Et en même temps il y a justification de la volonté de Chrémès, le futur beau-père, de refuser sa fille. pro uxore habere hanc peregrinam. ego illud sedulo
vivait maritalement avec cette aventurière. Moi, ça, de toutes mes forces
1 pro vxore habere h. p. hanc cum contemptu dictum est. 2 Et peregrinam ut alibi « adeon est d.? ex p.? TerAnd. 469 » nam hoc nomine etiam meretrices nominabantur. 3 ego illvd sedvlo quanto affectu pater factum quod uiderat negabat! 4 sedvlo quomodo sedulo, si negabat? an sedulo Sosiae54, id est simpliciter? 5 sedvlo quia non semel negauit uel ille institit. 1 pro vxore habere hanc peregrinam hanc est dit avec mépris. 2 Et peregrinam comme ailleurs : « adeon est demens ? ex peregrina ? », car les courtisanes étaient également désignées par ce nom279. 3 ego illvd sedvlo avec quelle affection le père niait l᾽acte qu᾽il avait vu ! 4 sedvlo comment peut-il y avoir sedulo, s᾽il niait ? Ou alorssedulo est une réplique de Sosie, c᾽est-à-dire simpliciter (simplement)280. 5 sedvlo parce qu᾽il n᾽a pas nié une seule fois, mais qu᾽il a insisté. negare factum. ille instat factum. denique
je dis que ce n᾽est pas vrai ; lui soutient que c᾽est vrai. Enfin
1 negare factvm impersonaliter. 2 negare factvm officium patris et simul per hoc expressio probationis. 3 ille instat factvm Plautus « instare factum simia PlautMerc. 242 ». et est ἀρχαϊσμός. 4 instat factvm uetuste. id est: instat dicere factum esse. 5 deniqve quid denique? ad summam properat et ad finem dictorum. 6 deniqve id est postremo. 1 negare factvm tour impersonnel. 2 negare factvm marque le devoir du père et en même temps, par là même, l᾽expression d᾽une approbation281. 3 ille instat factvm chez Plaute « instare factum simia » (le singe soutient que c᾽est la vérité). Et c᾽est un archaïsme (ἀρχαϊσμός). 4 instat factvm construction vieillie qui signifie "affirmer avec insistance que quelque chose a été fait". 5 deniqve pourquoi denique ? Il va à l᾽essentiel et au terme de ses paroles. 6 deniqve c᾽est "en dernier lieu" (postremo). ita tum discedo ab illo, ut qui se filiam
je brise là avec lui, alors que lui, sa fille,
1 ita tvm discedo proprie, non enim abeo: unde discessio. 2 vt qvi se filiam neget datvrvm ut ab eo disceditur, qui se filiam neget daturum. ergo probata res est, quando qui obtulit negat daturum. 3 Probauit quod uolebat senex Sosiae: adhuc superest, ut ostendat, quod non sit irascendum. quin iuste ignoscitur55. 1 ita tvm discedo sens propre, car ce n᾽est pas simplement abeo (s᾽éloigner) : c᾽est le verbe dont est tiré discessio (séparation). 2 vt qvi se filiam neget datvrvm de la façon dont on se sépare de quelqu᾽un (ab eo disceditur ) qui affirme qu᾽il ne donnera pas sa fille. Par conséquent la rupture est suffisamment avérée quand celui qui a fait une offre affirme qu᾽il ne la donnera pas. 3 Le vieillard a prouvé ce qu᾽il voulait à Sosie : il lui reste encore à montrer ce qui ne suscite pas sa colère ; bien plus, on a des motifs légitimes de pardonner282. neget daturum. So.-non tu ibi gnatum...? Si.-ne haec quidem
il dit qu᾽il ne la donnera pas. So.-Et ton fils alors, tu ne l᾽as pas... Si.-Il n᾽y avait pas
1 non tv ibi gnatvm ἀποσιώπησις. 2 Vel ἔλλειψις: deest inuasisti obiurgasti adortus es.
1 non tv ibi gnatvm aposiopèse (ἀποσιώπησις). 2 Ou bien ellipse (ἔλλειψις) : il manque inuasisti (tu l᾽as attaqué), obiurgasti (harcelé), adortus es (assailli)283. satis uehemens causa ad obiurgandum. So.-qui? cedo.
là non plus de motif assez fort pour m᾽en prendre à lui. So.-Comment, s᾽il te plaît ?
obivrgandvm incusandum, inclamandum.
obivrgandvm "l᾽accabler de reproches", "le blâmer vivement".
Si.-"tute ipse his rebus finem praescripsti, pater:
Si.-« C᾽est toi-même qui as fixé le terme de ma vie présente, père.
his rebvs finem56 modo non addidit diceret. his rebvs finem il a presque ajouté diceret (il aurait pu dire)284. prope adest cum alieno more uiuendum est mihi:
Le moment approche où il me faudra vivre au gré d᾽autrui.
1 prope adest cvm alieno more prope adsunt nuptiae, id est in proximo sunt metae libertatis et ideo auidius uoluptaria sub fine carpenda sunt. 2 cvm alieno more cum pro quando. hoc enim significat cum.
1 prope adest cvm alieno more les noces sont proches, c᾽est-à-dire le terme de la liberté est très proche et pour cela les plaisirs qui touchent à leur fin doivent être cueillis plus avidement. 2 cvm alieno more cum pour quando (quand). Car cum a ce sens.
sine nunc meo me uiuere interea modo".
Permets que pour l᾽heure je vive à ma guise ».
sine nvnc meo me vivere i. m. meo modo mea uoluntate, meo arbitrio.
sine nvnc meo me vivere interea modo meo modo est synonyme de mea uoluntate (selon ma volonté), meo arbitrio (à ma guise).
So.-qui igitur relictus est obiurgandi locus?
So.-Mais alors quel sujet te reste-t-il de t᾽en prendre à lui ?
qvi igitvr relictvs est obivrgandi locvs mire obiurgandi, tamquam ignoscentior pater in filium uideretur; nam supra commotus plus per ἀποσιώπησιν significauerat.
qvi igitvr relictvs est obivrgandi locvs étonnant emploi d᾽obiurgare, comme si le père semblait plus indulgent à l᾽égard de son fils ; car ci-dessus, sous le coup de l᾽émotion, il avait montré davantage en interrompant Sosie par aposiopèse (ἀποσιώπησις)285. Si.-si propter amorem uxorem nolit815 ducere: Si.-Si, parce qu᾽il est amoureux, il refuse de se marier,
1 si propter amorem v. hoc erat secundum in diuisione « et consilium meum c. TerAnd. 49 ». 2 si propter amorem vxorem initium consilii sui demonstrandi. 3 nolit legitur et nolet. 1 si propter amorem vxorem c᾽était le second point de son plan : « et consilium meum cognosces »286. 2 si propter amorem vxorem il commence là l᾽exposé de sa décision. 3 nolit on lit aussi nolet. ea primum ab illo animaduertenda iniuria est 816; c᾽est de sa part un premier affront que j᾽aurai à punir.
1 ea primvm ab illo animadvertenda inivria est nota participium a passiuo animaduertenda, id est: castiganda ac uindicanda est. 2 ab illo inivria id est quam facit, non quam patitur. 3 ea primvm ab illo animadvertenda ut iam hoc sit peccatum, quod recusat nuptias, non quod amat adulescens. ideo ergo primum dixit. 4 animadvertenda inivria est uindicanda, exsequenda. 5 Et bene ea ab illo dixit iniuria: certissimam enim notauit personam, quae debeat pro iniuriis poenas soluere. quod si dixisset iniuria eius, amphiboliam fecisset, utrum: quam passus est ab alio, an: quam ipse aliis intulit.
1 ea primvm ab illo animadvertenda inivria est remarquez le participe tiré du passif animaduertenda287, c᾽est-à-dire : castiganda (à réprimander), uindicanda (à châtier)288. 2 ab illo inivria c᾽est-à-dire celle qu᾽il commet, non celle qu᾽il supporte. 3 ea primvm ab illo animadvertenda de sorte que sa faute, c᾽est de repousser les noces, et non, jeune homme, d᾽aimer une jeune fille. C᾽est pour cette raison qu᾽il a dit primum. 4 animadvertenda inivria est uindicanda (à châtier), exsequenda (à venger). 5 Et il a dit correctement ea ab illo iniuria289 : il a ainsi marqué avec la plus grande précision la personne qui doit subir le châtiment de sa faute. Alors que s᾽il avait dit iniuria eius, il aurait créé une ambiguïté : l᾽injustice qu᾽il a subie d᾽un autre, ou l᾽injustice qu᾽il a commise lui-même290 ? et nunc id operam do, ut per falsas nuptias
Et maintenant je ne cherche, par ce faux mariage,
1 et nvnc id operam do vt per f. n. hic reddidit, quod dixerat « et consilium meum cognosces TerAnd. 49 ». 2 id propter id. 1 et nvnc id operam do vt per falsas nvptias il redonne ce qu᾽il avait dit ci-dessus : « et consilium meum cognosces ». 2 id synonyme de propter id (à cause de cela)291. uera obiurgandi causa sit, si deneget;
qu᾽un vrai motif pour m᾽en prendre à lui s᾽il refuse.
vera obivrgandi ἀντίθετον: quia falsas dixit, intulit uera.
vera obivrgandi antithèse (ἀντίθετον) : parce qu᾽il vient de dire falsas, il met uera.
simul sceleratus Dauus siquid consili
En même temps, si ce coquin de Dave a quelque chose
habet, ut consumat nunc quom nil obsint doli;
en tête, qu᾽il vide son sac tant que ses fourberies ne sauraient nuire.
quem ego credo manibus pedibusque obnixe omnia
Je crois qu᾽il va faire des pieds et des mains et mettre tout
1 manibvs pedibvsqve prouerbiale, id est omnibus uiribus. 2 obnixe omnia cum conatu, instanter, contra conantem.
1 manibvs pedibvsqve expression proverbiale292, c᾽est-à-dire omnibus uiribus (de toutes ses forces). 2 obnixe omnia "avec effort", "instamment", "contre les efforts de l᾽autre"293. facturum, magis id adeo mihi ut incommodet
en œuvre, et cela plus pour me contrarier
1 magis id adeo id propter id. 2 mihi vt incommodet noceat, incommodum afferat. 3 magis id adeo mihi vt i. non enim, inquit, prodest filio amare meretricem.
1 magis id adeo id équivaut à propter id (à cause de cela)294. 2 mihi vt incommodet incommodet est synonyme de noceat (qu᾽il nuise), incommodum afferat (qu᾽il porte préjudice). 3 magis id adeo mihi vt incommodet car, dit-il, il n᾽est pas avantageux pour un fils d᾽aimer une courtisane. quam ut obsequatur gnato. So.-quapropter? Si. rogas?
que pour obéir à mon fils. So.-Pourquoi ? Si.-Tu le demandes ?
qvapropter mire Sosia interrogat, quasi nulla causa sit fallendi dominum.
qvapropter Sosie pose une question surprenante, comme s᾽il n᾽y avait aucune raison de tromper le maître295. mala mens, malus animus. quem quidem ego si sensero...
Mauvaise tête, mauvais cœur. Mais lui, si je m᾽aperçois...
1 mala mens malvs animus uoluntas est, mens etiam ratio. 2 mala mens malvs animvs argumentum a natura et an aliquis57 sine causa malus an ab impulsione. 3 mala mens malvs animvs quia dixit: magis ut laedat, quam ut prosit. 1 mala mens malvs animus marque la volonté, mens également la raison296. 2 mala mens malvs animvs argument de nature297 : est-ce que quelqu᾽un est méchant sans raison ou bien par incitation ? 3 mala mens malvs animvs parce qu᾽il a dit : plus pour offenser que pour servir. sed quid opus est uerbis? sin eueniat quod uolo,
A quoi bon en dire plus ? Mais si arrive ce que je veux
sed qvid opvs est verbis58 ἀποσιώπησις est grauissimam poenam ostendentis. sed qvid opvs est verbis c᾽est l᾽aposiopèse (ἀποσιώπησις) de qui veut montrer une faute très grave298. in Pamphilo ut nil sit morae, restat Chremes
et que Pamphile ne cherche pas à gagner du temps, il ne reste plus que Chrémès
qui mihi exorandus817 est: et spero confore. à fléchir par mes prières, et j᾽espère bien le faire.
1 qvi mihi exorandvs legitur et expurgandus. si expurgandus, cui lege, non qui, quia et cui per q ueteres scripserunt. 2 et spero confore ab eo quod est confit, id est perficitur, futurum tempus infinitiui modi confore facit, id est perfectum iri. sic in Adelphis « uerum quid ego dicam? hoc confit quod uolo
TerAd. 814 »59. 3 confore confieri, perfici: unde confectum negotium dicitur uel confecta res, quae ad plenum perficiuntur. Vergilius « nunc qua ratione quod i. cf. p., p. a. d.
VergAen. 4, 115-116 ». 1 qvi mihi exorandvs on lit aussi expurgandus(il faut me justifier) ; si on a expurgandus, il faut lire cui, non qui, également parce que les Anciens écrivaient cui avec un Q299. 2 et spero confore vient de confit (il se produit), c᾽est-à-dire perficitur (il résulte), il fait à l᾽infinitif futur confore, c᾽est-à-dire perfectum iri (se faire achever) ; comme dans Les Adelphes : « uerum quid ego dicam ? hoc confit quod uolo ». 3 confore synonyme de confieri (être réalisé), perfici (être achevé) : de là on dit une affaire "menée à bonne fin" (confecta) ou une "chose réalisée" (confecta res) pour des choses achevées pleinement (perficiuntur). Virgile : « nunc qua ratione quod instat confieri possit, paucis aduerte docebo » (Maintenant, comment mener à bien ce qui presse, écoute, je vais t᾽en instruire brièvement)300. nunc tuum est officium has bene ut adsimules nuptias,
Maintenant ton rôle c᾽est de mentir adroitement sur le mariage,
1 nvnc tvvm e. o. h. hoc ad illud tertium respicit, quod dixit « et quid facere in hac re te uelim!
TerAnd. 49 ». 2 has bene vt a. n. ptf. d. hoc erat tertium de his, quae dicturum se promiserat. 3 adsimvles hoc est unum uerbum: adsimules, quod dixit « quin tu uno uerbo dic: q. e. q. m. u.?
TerAnd. 45 ». 1 nvnc tvvm est officivm has ceci renvoie à cette troisième partie de son plan, lorsqu᾽il a dit « et quid facere in hac re te uelim ». 2 has bene vt adsimvles nvptias perterrefacias Davvm ceci était le troisième élément de ce qu᾽il avait promis de dire. 3 adsimvles c᾽est le mot unique adsimules, qui répond à « quin tu uno uerbo dic : quid est quod me uelis ? »301. perterrefacias Dauum, obserues filium
d᾽exterrifier Dave et d᾽observer mon fils,
1 perterrefacias uenuste et poetice. 2 observes filivm obseruatio in duabus rebus est: in obsequio et in speculando.
1 perterrefacias de façon élégante et poétique302. 2 observes filivm observatio (attention) fait référence à deux choses : la complaisance et la nécessité de surveiller303. quid agat, quid cum illo consili captet. So.-sat est:
pour voir ce qu᾽il fera et quelle décision il prendra avec lui. Si.-Ça me suffit.
curabo. Si.-eamus nunciam intro: i prae, sequar.
Je vais traiter la chose. Si.-Entrons maintenant. Va devant, je te suis.
1 cvrabo ut coquus. et supra sic « nempe ut curentur recte haec
TerAnd. 30 ». 2 i prae figura ἀναστροφή, quod nos praei dicimus. 1 cvrabo comme un cuisinier304. De même plus haut : « nempe ut curentur recte haec ». 2 i prae anastrophe (ἀναστροφή), pour ce que nous nous disons praei.
Sommaire
Notes
Scaena altera
Si.-Non dubium est quin uxorem nolit filius;
Si.-Il n᾽y a pas de doute que mon fils ne refuse une épouse.
1 non dvbivm est qvin v. n. f. peracta narratione iam persona Sosiae non erat necessaria; ergo substitit senex, per quem agenda sunt reliqua. 2 non dvbivm est qvin v. n. f. ad hoc certus inducitur Simo, ut et magis perturbetur inopinata consensione Pamphili ad ducendam uxorem et propterea nihil agat cum Chremete de tradenda filia confirmandisque nuptiis.
1 non dvbivm est qvin vxorem nolit filivs une fois son récit terminé305, le personnage de Sosie n᾽était plus nécessaire ; par conséquent, le vieillard a pris sa place, pour jouer le reste. 2 non dvbivm est qvin vxorem nolit filivs Simon s᾽avance sur ce point avec assurance, afin que sa surprise soit encore plus grande quand Pamphile, de manière inattendue, accepte de se marier, et qu᾽en outre, il ne négocie pas avec Chrémès pour le convaincre de donner sa fille en mariage et confirmer les noces. ita Dauum modo timere sensi, ubi nuptias
Dave tout à l᾽heure a eu peur, je l᾽ai compris quand le mariage
1 ita davvm modo timere60 non recessit de loco senex; sensi ergo: antequam cum Sosia loqui coepisset. 2 ita davvm modo timere sensi argumentum quod supra, ab eo quod nostri faciunt. 3 modo antequam cum Sosia loqui coepisset. 4 Dauus ut recte scribatur, Dauos scribendum est, quia nulla littera uocalis geminata unam syllabam facit. sed quia ambiguitas uitanda est nominatiui singularis et accusatiui pluralis, necessario pro hac regula digamma utimur et scribimus Daϝus serϝus corϝus. 1 ita davvm modo timere le vieillard n᾽a pas quitté la scène ; l᾽emploi de sensi (j᾽ai vu) se justifie : avant qu᾽il n᾽engage la conversation avec Sosie. 2 ita davvm modo timere sensi argument expliqué plus haut, et tiré de ce que font nos personnages. 3 modo avant qu᾽il n᾽engage la conversation avec Sosie306. 4 Pour bien écrire DAVVS il faut écrire DAVOS parce qu᾽aucune voyelle géminée ne constitue une syllabe. Mais pour éviter l᾽ambiguïté entre le nominatif singulier et l᾽accusatif pluriel307, nous devons utiliser, pour cette règle, le digamma et écrire DAϝVS SERϝVS CORϝVS308. futuras esse audiuit. sed ipse exit foras.
il appris qu᾽il se ferait. Mais le voilà qui sort.
Da.-mirabar hoc si sic abiret et eri semper lenitas
Da.-Je m᾽étonnais qu᾽on s᾽en tire comme ça et l᾽indulgence du maître sans fin
1 mirabar hoc si sic a. et e. s. l. hic locus est, in quo Dauus insinuatur spectatoribus multa gesturus. 2 si sic abiret sic pro leuiter et neglegenter. 361 quod Graeci οὕτω dicunt significanter αὔτως, id est sic. et est de his, quae gestu adiuuanda sunt, « ut tantillum puerum
TerAd. 563 » et « huius non faciam
TerAd. 173 ». 4 lenitas clementia et facilitas, cui contraria asperitas et difficultas. 5 et eri semper lenitas semper uerebar an semper lenitas, ut sit ὑφέν? Lucretius « semper florentis Homeri
Lucr. 1, 125 ». 6 semper lenitas ac per hoc simulata usque nunc lenitas. nam nemo in diuersis actibus semper lenis est nisi forte fictus adsimulator et callidus. 7 semper lenitas sine differentia est importuna lenitas. 1 mirabar hoc si sic abiret et eri semper lenitas c᾽est à cet endroit que Dave se glisse sur la scène, en faisant de nombreuses mimiques à l᾽intention des spectateurs. 2 si sic abiret sic est pris au sens de leuiter (avec légèreté), neglegenter (avec désinvolture). 3 Ce que les Grecs expriment avec οὕτω (ainsi) ou d᾽᾽une manière expressive, avec αὔτως (par à peu près), c᾽est cela sic et cela ait partie de ces mots qui sont éclairés par le jeu de l᾽acteur, comme pour « tantillum puerum » et « huius non faciam ». 4 lenitas a pour synonymes clementia (clémence) et facilitas (indulgence) et pour antonymes asperitas (dureté) et difficultas (sévérité)309. 5 et eri semper lenitas faut-il comprendre semper uerebar (toujours je craignais) ou semper lenitas (douceur permanente), comme si c᾽était un syntagme (ὑφέν) ? Lucrèce : « semper florentis Homeri » (d᾽Homère sempiternellement florissant). 6 semper lenitas fait aussi référence à la douceur feinte jusqu᾽à maintenant. Car personne dans ses divers agissements n᾽est toujours doux, sauf peut-être l᾽hypocrite rusé qui s᾽est forgé un rôle. 7 semper lenitas une douceur qui s᾽exerce sans faire de différence est une douceur mal appropriée310. uerebar quorsum euaderet.
je craignais ce qu᾽il en sortirait.
1 qvorsvm evaderet ad quam partem erumperet. 2 Et euadere est per quamcumque difficultatem ad aliquid peruenire.
1 qvorsvm evaderet de quel côté elle éclaterait. 2 Et euadere signifie "parvenir à quelque chose après avoir franchi un obstacle, quel qu᾽il soit".
qui postquam audierat non datum iri filio uxorem suo,
Il avait appris qu᾽on ne donnerait plus femme à son fils,
numquam cuiquam nostrum uerbum fecit neque id aegre tulit.
il n᾽en a soufflé mot à aucun de nous, et ne s᾽en est pas irrité !
1 verbvm fecit non dixit litigium aut rixam, sed uerbum. istae exiguitates adseuerationis dicuntur et62 cum pronuntiatione, ut intellegatur: ne uerbum quidem. 2 neqve id aegre tvlit haec est semper lenitas. 1 verbvm fecit il n᾽a pas dit litigium (litige) ou rixa (rixe), mais uerbum (mot). Ce raccourci comportant une insistance s᾽exprime aussi avec la prononciation de manière à ce qu᾽on comprenne ne uerbum quidem (pas le moindre mot)311. 2 neqve id aegre tvlit voilà la douceur permanente. Si.-at nunc faciet neque, ut opinor, sine tuo magno malo.
Si.-Mais il va le faire, et, à mon sens, ce ne sera pas sans douleur pour toi.
1 at nvnc faciet id est irascetur, denuntiabit, loquetur. 2 at nvnc faciet subaudiendum uerbum. et est faciet persona tertia pro prima. 3 neqve vt opinor sine tvo et comminabitur tibi et minas contemnes, ut ad poenas peruenias.
1 at nvnc faciet autrement dit, "il va se mettre en colère", "il va accuser", "il va parler". 2 at nvnc faciet on doit sous-entendre uerbum (mot) et faciet est employé à la troisième personne du singulier au lieu de la première312. 3 neqve vt opinor sine tvo et "il te menacera", "tu ne te soucieras pas de ses menaces et tu finiras par être puni". Da.-id uoluit nos sic necopinantis duci falso gaudio,
Da.-Il a voulu, sans que nous voyions rien venir, nous leurrer par une fausse joie,
1 id volvit aut absolute accipiendum id aut ob praeposito aut id quomodo sic demonstratio est. 263 et magis gestu quam sensu intellegitur, ut supra diximus. 3 necopinantis ὑφέν. 4 dvci ducere est exspectatione longi temporis malum prolatare, 5 uel induci, ut feras in retia. 6 falso gavdio uelut euitatae senis iracundiae. 1 id volvit il faut comprendre que id fonctionne de manière autonome, ou bien que ob lui est adjoint comme préposition313, ou bien que id fonctionne comme sic314 et a une valeur déictique. 2 Il se comprend davantage grâce à la gestuelle qu᾽au référent, comme nous l᾽avons dit plus haut315. 3 necopinantis syntagme (ὑφέν). 4 dvci ducere signifie "attendre longtemps pour retarder le moment du malheur". 5 Ou bien au sens de induci, "prendre des bêtes sauvages dans ses filets". 6 falso gavdio d᾽avoir pour ainsi dire évité la colère du vieillard. sperantis iam amoto metu, interea oscitantis818 opprimi, tandis que nous espérions, débarrassés de notre crainte, puis nous surprendre bayant aux corneilles,
1 sperantis iam amoto metv ista singula sunt. 2 Et amoto metu sic dixit, quasi metus brutum corpus sit, quod cum molimine moueatur. 3 oscitantis oscitatio est animi otium et securitas, dicta ab ore ciendo. 4 oscitantes securi, id est nihil prouidentes.
1 sperantis iam amoto metv au singulier. 2 Et il dit amoto metu, comme si la crainte était un lourd poids que l᾽on puisse déplacer au prix de gros efforts. 3 oscitantis l᾽oscitatio (bâillement) manifeste la sérénité et la tranquillité316, vient de os ciere (bouger la bouche). 4 oscitantestranquilles (securi), c᾽est-à-dire qu᾽ils ne voient rien venir. ne esset spatium cogitandi ad disturbandas nuptias:
sans nous laisser le temps d᾽aviser à rompre le mariage.
ne esset spativm c. a. d. n. miranda locutio, ut si dicas: cogitat ad dicendum.
ne esset spativm cogitandi ad distvrbandas nvptias construction curieuse317, comme si on disait cogitat ad dicendum (il pense à dire). astute. Si.-carnifex quae loquitur? Da.-erus est neque prouideram.
Habile ! Si.-Le bourreau ! que dit-il ? Da.-C᾽est le patron et je ne l᾽avais pas vu plus tôt !
1 astvte hoc et gestu et uultu seruili et cum agitatione capitis dixit. 2 carnifex aut excarnificans dominum aut ipse dignus carnifice, ut caro fiat, id est lanietur. Lucilius « carcer uix carcere dignus
LucilSat. H 91 Charpin ». 3 neqve provideram prouidentia duplex est: etenim aut animo aut oculis prouidemus. 1 astvte en disant cela, il fait les mimiques et les grimaces de l᾽esclave, il secoue la tête. 2 carnifex désigne celui qui met à la torture (excarnificans) son maître, ou celui qui mérite la torture (dignus carnifice) au point de devenir de la chair (caro fiat), c᾽est-à-dire d᾽être mis en pièces. Lucilius : « carcer uix carcere dignus » (prisonnier à peine digne de la prison) 318. 3 neqve provideram prouidentia (prévoyance) a deux applications : en effet, nous prévoyons ou par l᾽esprit ou par les yeux319. Si.-Daue. Da.-hem quid est? Si.-eho dum ad me. Da.-quid hic uult? Si.-quid ais?Da.-qua de re? Si.-Rogas?
Si.-Dave ! Da.- Hein ! Qu᾽est-ce que c᾽est ? Si.-Allez, ouste ! à moi ! Da.-Qu᾽est-ce qu᾽il veut ? Si.-Qu᾽as tu à dire ? Da.-A quel sujet ? Si.-Tu le demandes ?
1 hem qvid correptio. 264 totius corporis eho nutus est intentionem animaduersionemque deposcens eius, cum quo uult loqui. 3 ehodvm ad me dum παρέλκον est hoc loco. 4 qvid hic vvlt more seruili et uernili gestu: sic enim uocati a dominis secum uultuose agunt. 5 qva de re negantis uim habet haec interrogatio; plus est enim qua de re? quam nihil. 6 rogas hoc cum interrogatione indignantis. 1 hem qvid abrègement320. 2 eho mouvement de tout le corps ordonnant à la personne avec qui nous voulons parler qu᾽elle fasse attention à nous et nous remarque321. 3 ehodvm ad me dum est superflu (παρέλκον) ici322. 4 qvid hic vvlt correspond à l᾽éthos de l᾽esclave et au jeu du bouffon ; en effet, c᾽est ainsi que se parlent à eux-mêmes, avec un jeu de physionomie de circonstance, les esclaves de comédie appelés par leur maître. 5 qva de re cette question a ici la fonction d᾽une négation, car qua de re est plus fort que nihil. 6 rogas cette question est posée sur le ton de l᾽indignation. meum gnatum rumor est amare. Da.-id populus curat scilicet.
La rumeur dit que mon fils est amoureux. Da.-Les gens se soucient bien de cela, c᾽est sûr.
1 mevm gnatvm r. e. a. mire apud seruum dissimulat id, quod iam probauit. 2 mevm g. r. e. a. grauiter constanterque senex nondum se fatetur credere nec uerum scire, ne amittat uim uindicaturi, si rescierit. 3 id popvlvs cvrat scilicet quia rumigeratio populi est. 4 sed hoc auersus ab illo contumaciter. sic Vergilius « scilicet is superis l. e.
VergAen. 4, 379 ». 5 scilicet semper cum ironia ponitur. 1 mevm gnatvm rvmor est amare c᾽est paradoxal qu᾽il cache à son esclave ce qu᾽il a déjà reconnu. 2 mevm gnatvm rvmor est amare c᾽est dit avec gravité et fermeté, le vieillard n᾽avoue pas encore qu᾽il le croit ni qu᾽il connaît la vérité, afin que, s᾽il la découvre ensuite, il n᾽abandonne pas la rigueur caractéristique de l᾽homme qui veut se venger. 3 id popvlvs cvrat scilicet parce que le commérage est la spécialité du peuple. 4 Mais en disant cela, il s᾽oppose carrément à l᾽affirmation suivante : ainsi Virgile : « scilicet is superis labor est » (voilà ce dont se préoccupent les dieux apparemment)323. 5 scilicet est toujours employé ironiquement. Si.-hocine819 agis an non? Da.-ego uero istuc. Si.-sed nunc ea me exquirere Si.-Tu es avec moi, oui ou non ? Da.- Moi ! je suis avec toi. Si.- Mais, maintenant, le questionner là-dessus,
1 hocine agis id est audis. alibi « sic hoc agite, amabo
TerEun. 130 »; Plautus « uos hoc agite spectatores nunc iam, si uultis
PlautAsin. 1 ». 2 demonstratiue ueluti aurem suam tangens. 3 ego vero istvc deest ago uel audio. 1 hocine agis c᾽est-à-dire audis (tu entends), ailleurs « hoc agite, amabo » ; Plaute : « uos hoc agite spectatores nunc iam, si uultis » (et maintenant, chers spectateurs, écoutez s᾽il vous plaît). 2 Il faut prononcer cela de manière démonstrative, en se touchant l᾽oreille par exemple324. 3 ego vero istvc il manque ago (je fais) ou bien audio (j᾽écoute). iniqui patris est; nam quae820 antehac fecit nil ad me attinet. ce serait être un mauvais père ; car ce qu᾽il a fait jusqu᾽ici ne me regarde pas.
1 iniqvi patris est iniquum est, si nunc uelim quaerere actus liberos adulescentis. 2 nam qvae antehac fecit antehac pro ante haec consuetudine quam ratione dicitur. 3 nihil ad me attinet id agit, ut superius consilium seruare se ostendat.
1 iniqvi patris est il serait inopportun que je veuille faire une enquête sur les agissements libres d᾽un jeune homme. 2 nam qvae ante hac fecit on dit antehac pour ante haec (avant cela) plus par habitude que par logique 325 . 3 nihil ad me attinet il dit cela pour montrer qu᾽il garde son idée première326. dum tempus ad eam rem tulit, siui animum ut expleret suum;
Tant que son âge était porté à la chose, j᾽ai permis qu᾽il satisfît son cœur.
1 dvm tempvs ad eam rem t. deest se, ut sit: dum se tempus praebuit, quia supra dixit « tute his rebus finem praescripsti, pater
TerAnd. 151 ». 2 sivi animvm vt ex. s. mira ratio, cur siuerit, ut et hoc, quod permisit, ad bonam frugem permiserit, non ad luxuriam. 3 ad eam rem tvlit tulit absolute. 4 Et deest se. 5 sivi autem distingue; est enim modo siui permisi, cessaui. 6 sivi antique. aliter in Adelphis « non siit egestas facere nos
TerAd. 104 ». 1 dvm tempvs ad eam rem tvlit il manque se (se)327, ce qui donnerait dum se tempus praebuit (tant que les circonstances se sont présentées), parce que plus haut il a dit « tute his rebus finem praescripsti, pater ». 2 sivi animvm vt expleret svvm raisonnement étonnant, expliquant pourquoi il a autorisé, en disant que ce qu᾽il a permis avait été permis pour que le fils en fasse bon usage et non pour qu᾽il se livre à la débauche. 3 ad eam rem tvlit tulit est employé de manière absolue328. 4 Et il manque se. 5 sivi mettez une ponctuation329, en effet, on emploie parfois siui (j᾽ai laissé), comme permisi (j᾽ai permis), cessaui (j᾽ai cédé)330. 6 sivi c᾽est archaïque. Autre construction dans Les Adelphes : « non siit egestas facere nos »331. nunc hic dies aliam uitam adfert821, alios mores postulat: Mais ce jour amène une tout autre vie, demande d᾽autres habitudes.
1 nvnc hic dies a. v. a. hoc est: certe et seuere et inexorabiliter denuntiat. 2 aliam vitam pro diuersam et contrariam. sic Vergilius « dis aliter uisum
VergAen. 2, 428 ». 1 nvnc hic dies aliam vitam adfert voilà une affirmation assurée, sévère et sans retour. 2 aliam vitam pour dire diuersam (différente) et contrariam (contraire) ; ainsi chez Virgile : « dis aliter uisum » (les dieux en ont jugé tout autrement)332. dehinc postulo siue aequum est te oro, Daue, ut redeat iam in uiam.
Aussi j᾽exige, ou s᾽il le faut, je te prie, Dave, de le ramener dès lors dans le droit chemin.
1 te oro dave grauius illud fecit nomine appellando. 2 vt redeat iam in viam iam modo tarditatis signum est. 3 Et in uiam dixit quasi ex deuiis erroris ad rectam uitam. 4 dehinc post. ἐπανόρθωσις. 5 vt redeat iam in viam in uiam prouerbiale.
1 te oro dave l᾽apostrophe rend le ton plus solennel333. 2 vt redeat iam in viam iam signale parfois le début d᾽un état qu᾽on attend avec impatience. 3 Et il dit in viam comme pour dire "quitter les détours de l᾽erreur pour rejoindre la droite voie". 4 dehinc postvlo épanorthose (ἐπανόρθωσις)334. 5 vt redeat iam in viam in uiam est une expression proverbiale335. hoc quid sit? omnes qui amant grauiter sibi dari uxorem ferunt.
Ce que c᾽est ? Tous les amoureux se révoltent à l᾽idée qu᾽on veuille leur donner une épouse.
hoc qvid sit ἔλλειψις, deest enim quaeris.
hoc qvid sit ellipse (ἔλλειψις), car il manque quaeris (tu cherches).
Da.-ita aiunt. Si.-tum siquis magistrum cepit ad eam rem inprobum,
Da.-On le dit. Si.-Et qui en la matière a pris un mauvais maître,
1 ita aivnt hoc credunt et loquuntur uniuersi. et est tepida consensio et quasi inuiti responsio, ut in Heautontimorumeno « ita credo monente patre filium
TerHeaut. 211 ». 2 tvm si qvis magistrvm μετ᾽αφορικῶς. 3 An quia et paedagogus est65 Geta? 4 ad eam rem id est super eam rem, hoc est super amorem. 1 ita aivnt c᾽est ce que tout le monde croit et dit. C᾽est un accord tiède et pour ainsi dire la réponse de quelqu᾽un qui la fait à contre-cœur, comme dans L᾽Heautontimoroumenos « ita credo » (c᾽est bien ce que je pense), alors que le père est en train de mettre en garde son fils336. 2 tvm si qvis magistrvm emploi métaphorique (μετ᾽αφορικῶς). 3 Ou est-ce parce que Dave est aussi pédagogue comme Geta ? 4 ad eam rem c᾽est-à-dire dans cette situation particulière, à savoir en amour. ipsum animum aegrotum ad deteriorem partem plerumque adplicat.
mène le plus souvent son esprit égrotant vers le pire.
ipsvm animvm aegrotvm pro aegro, nam animus aeger, corpus est aegrotum.
ipsvm animvm aegrotvm au lieu de aeger (malade), car si l᾽esprit peut être qualifié de aeger (malade), c᾽est le corps qui doit être qualifié de aegrotus (maladif)337. Da.-non hercle intellego. Si.-non? hem. Da.-non: Dauus sum, non Oedipus.
Da.-Bon dieu, je ne comprends rien. Si.-Ah non, vraiment ? Da.-Non. Je suis Dave, pas Œdipe.
1 non hem hem interiectio est irascentis. 2 davvs svm non oedipvs multiplex contumelia: potest enim senem quasi sphingam dixisse, id est deformem monstrique similem; potest etiam inhumanum et ferum ut sphinx; potest etiam per Oedipodem se ultorem promittere futurum atque oppressorem sapientiae senis. 3 davvs svm non oedipvs facete se negat Oedipodem, ut senem sphingam esse confirmet non Oedipum. 4 irritationum66 duo genera sunt: quaedam necessitas introducit, quaedam uoluntas. 5 non oedipvs si Latine pronunties, genetiuus Oedipi faciet, si Graece, Oedipodis. 1 non hem hem est l᾽interjection de quelqu᾽un qui se met en colère338. 2 davvs svm non oedipvs outrage qui a plusieurs sens : en effet, Dave peut dire que le vieillard est comme le sphinx, c᾽est-à-dire laid et semblable à un monstre, il peut aussi dire qu᾽il est inhumain et cruel comme le sphinx ; il peut aussi dire par l᾽évocation d᾽Œdipe qu᾽il promet de se venger de la prudence du vieillard et de la prendre au dépourvu. 3 davvs svm non oedipvs avec esprit il dit qu᾽il n᾽est pas Œdipe ce qui revient à affirmer que le vieillard est un sphinx et non Œdipe. 4 Il y a deux sortes de provocations : celles qui sont induites par la nécessité, celles qui sont induites par la volonté339. 5 non oedipvs si on le prononce à la manière latine, le génitif sera Oedipi, si on le prononce à la manière grecque, ce sera Oedipodis340. Si.-nempe ergo aperte uis quae restant me loqui? Da.-sane quidem.
Si.-Tu veux donc que je te dise ouvertement ce qui me reste à dire ? Da.- Ça me ferait du bien, oui.
sane qvidem sane ualide, quia qui sanus, et ualidus est.
sane qvidem sane signifie ualide (sans doute), parce que celui qui est sanus (sensé) est aussi ualidus (fort)341. Si.-si sensero hodie quicquam in his te nuptiis
Si.- Si je m᾽aperçois aujourd᾽hui que dans ce mariage
1 si sensero hodie qvicqvam comminatio. et sit pronuntiatio, ut67 singulis uerbis ardeant minae. 2 hodie hodie ad comminationem, non ad tempus plerumque refertur, ut Vergilius « numquam omnes h. m. i.
VergAen. 2, 679 ». 3 Et dies pro nocte accipitur, ut hoc ipsum numquam omnes hodie moriemur inulti. 1 si sensero hodie qvicqvam c᾽est une menace, et il faut qu᾽elle soit prononcée de telle sorte que les menaces éclatent à chaque mot342. 2 hodie hodie pour menacer, le plus souvent, ne se rapporte pas au temps, comme chez Virgile : « Numquam omnes hodie moriemur inulti » (Nous ne mourrons jamais tous aujourd᾽hui sans vengeance !)343. 3 Et dies est mis ici pour nox (nuit) comme dans le texte virgilien précisément : « Numquam omnes hodie moriemur inulti »344. fallaciae conari quo fiant minus,
tu tentes quelque fourberie pour qu᾽il ne se fasse pas,
qvo fiant minvs hoc est: quominus68 impediturum. qvo fiant minvs c᾽est-à-dire impediturum quominus fiant (pour empêcher qu᾽elles aient lieu)345. aut uelle in ea re ostendi quam sis callidus,
ou veux montrer en la matière comme tu es malin,
uerberibus caesum te in pistrinum, Daue, dedam usque ad necem,
je te ferai rouer de coups puis je te livrerai au moulin, Dave, jusqu᾽à ce que tu en crèves ;
1 verberibvs caesvm te in pistrinvm uult et pronomine et nomine exagitare comminatione seruum, ne quid relinquat inultum iracundiae. 2 dedam dare est quod repetas, dedere ad perpetuum. 3 Et damus etiam amicis, dedimus tantum hostibus.
1 verberibvs caesvm te in pistrinvm il veut inquiéter l᾽esclave avec une phrase menaçante à la fois par le pronom et par le nom pour que rien dans sa colère ne reste sans vengeance346. 2 dedam on "donne" (dare) ce qu᾽on pourrait reprendre, on "consacre" (dedere) pour l᾽éternité347. 3 Et nous "donnons" (damus) aussi aux amis, nous "livrons" (dedimus) seulement aux ennemis348. ea lege atque omine ut, si te inde exemerim, ego pro te molam.
et je m᾽engage devant hommes et dieux, si je t᾽en retire, à moudre moi-même à ta place.
1 ea lege atqve omine lege ad homines, omine ad rem diuinam refertur, id est firmamentum per humana et diuina. omen autem est, quicquid ore dicitur. 2 ea lege atqve omine bene lege atque omine, quia leges auspiciis seruatis ferebantur — 3 ergo sic intellege, quasi diceret: ea condicione. — et antiqui auspicato omnia faciebant, quae rata esse uellent.
1 ea lege atqve omine lege se rapporte aux hommes, omine se rapporte à la divinité, à savoir une affirmation solennelle par les choses divines et humaines. D᾽ailleurs omen est tout ce qui est dit par la bouche349. 2 ea lege atqve omine lege atque omine est bien dit, parce que les projets de lois étaient présentés après l᾽observation des auspices. 3 Comprenez donc comme s᾽il disait ea condicione (avec cette condition). Et c᾽est après avoir pris les auspices que les Anciens faisaient tout ce qu᾽ils voulaient voir ratifié350. quid, hoc intellexti? an nondum etiam ne hoc quidem? Da.-immo callide:
Alors ! Tu as compris ? Ou bien pas encore même ainsi ? Da.-Oui, je suis malin,
an nondvm etiam quartum παρέλκον, quia abundat etiam.
an nondvm etiam quatrième pléonasme (παρέλκον), puisque etiam (encore) produit une redondance351. ita aperte ipsam rem modo locutus es, nil circuitione822 usus es. tant tu as dit la chose tout droit, sans user de détours !
1 ipsam rem modo locvtvs ipsam rem id est uoluntatem suam. an interminationem, hoc est pistrinum et poenas seruiles? 2 nihil circvitione nihil pro non. 3 circvitione τῇ περιφράσει. 4 vsvs es legitur et usor es.
1 ipsam rem modo locvtvs ipsam rem (cette chose) à savoir sa volonté. Ou bien s᾽agit-il d᾽une menace conditionnelle, c᾽est-à-dire de la meule et des châtiments réservés aux esclaves ? 2 nihil circvitione nihil signifienon. 3 circvitione avec une périphrase (τῇ περιφράσει)352. 4 vsvs es on lit aussi usor es (tu es utilisateur)353. Si.-ubiuis facilius passus sim quam in hac re me deludier.
Si.-Partout ailleurs je supporterais plus facilement que dans cette matière d᾽être joué.
1 vbivis facilivs admonitio. 2 vbivis facilivs p. s. Cicero « non est in hac causa peccandi locus, iud.
CicVerr. 2, 1, 1069 ». 1 vbivis facilivs c᾽est un avertissement. 2 vbivis facilivs passvs sim Cicéron : « non est in hac causa peccandi locus, iudices » (il n᾽est pas permis de faillir dans cette affaire, juges)354. Da.-bona uerba, quaeso! Si.-inrides? nil me fallis. sed dico tibi:
Da.-Encourage-moi, de grâce. Si.- Tu te moques ! Tu ne me trompes pas ; mais je te le dis :
1 bona verba qvaeso hic εἰρωνεία est. 2 Εὐφημισμός, quasi dicat: meliora loquere, rogo te. 3 ergo cum admonitione bona uerba inquit rogo te. 4 nihil me fallis id est: non te ignoro, non me decipis. sic Menander νῦν δ᾽ οὐ λέληθάς με ἄν! 5 nihil me fallis figura ἑλληνισμός: οὐδέν με λανθάνοις ἄν . 6 fallis lates, ut sit: οὐδέν με λέληθας . 7 nihil me fallis nihil nunc pro etiam70. 1 bona verba qvaeso ici il y a de l᾽ironie (εἰρωνεία). 2 Euphémisme (εὐφημισμός) comme s᾽il disait : meliora loquere, rogo te (dis de meilleurs mots, je t᾽en prie). 3 Donc avec l᾽avertissement bona uerba (des paroles de bon augure) il dit rogo te (je t᾽en prie). 4 nihil me fallis c᾽est-à-dire je ne suis pas dans l᾽ignorance à ton sujet, tu ne me trompes pas. Comme Ménandre dit : « νῦν δ᾽ οὐ λέληθάς με ἄν » (tu n᾽agirais pas à mon insu maintenant)355. 5 nihil me fallis c᾽est la figure d᾽hellénisme, (ἑλληνισμός) : οὐδέν με λανθάνοις ἄν (tu ne ferais rien à mon insu). 6 fallis lates (tu es caché) comme s᾽il y avait : οὐδέν με λέληθας (tu n᾽as rien fait à mon insu). 7 nihil me fallis nihil (en rien) est ici l᾽équivalent de etiam (oui)356. ne temere facias; neque tu haud dicas823 tibi non praedictum: caue! n᾽agis pas à la légère et, après ça, tu n᾽iras pas ne pas dire que tu n᾽as pas été prévenu. Attention !
1 neqve tv havt dices tibi non praedictvm duae negatiuae unam consentiuam faciunt; tres negatiuae pro una negatiua accipiuntur, ut hic neque haud non. Sallustius « haud impigre neque inultus
SallHist. 4, frg. 41 M ». uera ergo lectio est neque tu haud dicas, quod plurimi non intellegunt, <cum> hoc dicas legunt. 2 neqve tv havt dicas tibi non p. uera lectio neque haut dicas: est enim quintum παρέλκον. Plautus in Bacchidibus « neque haud subditiua gloria oppidum arbitror
PlautBacc. 19 ». 1 neqve tv havt dices tibi non praedictvm deux négations équivalent à une affirmation ; trois négations sont prises comme une négation357, comme ici neque haud non. Salluste : « haud impigre neque inultus occiditur » (il est tué non sans hésitation et non sans vengeance). La vraie lecture est donc neque tu haud dicas (et ne dis pas que ne pas), ce que la plupart ne comprennent pas, quand ils lisent hoc dicas (dis cela)358. 2 neqve tv havt dicas tibi non praedictvm la vraie lecture est neque tu haud dicas (et ne dis pas que ne pas) : en effet, c᾽est le cinquième pléonasme (παρέλκον). Plaute dans Les Bacchides dit : « neque haud subditiua gloria oppidum arbitror » (ce n᾽est vraiment pas une fausse gloire, je pense).
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Notes
Scaena tertia
Enimuero, Daue, nihil loci est segnitiae neque socordiae,
Da.-Pour le coup, Dave, ce n᾽est pas le moment de paresser et de rester là comme un idiot ;
1 enimvero dave nihil l. e. s. hic breuis et comica deliberatio est magna exspectatione populum rerum imminentium commotura, aestuantis Daui consideratione proposita. 2 enimvero dave n. persona aut ab altero commendatur aut se ipsam populo commendat aut et ab altero commendatur et a se ipsa, ut hic Daui et per Simonem supra descripta est, ubi dixit « mala mens m. a.
TerAnd. 164 » et hic per se, dum hoc gestu ac sermone agit ac disputat secum. 3 enimvero dave enimuero significationem habet nimium permoti atque irritati animi. Cicero « hic tum alius ex alia parte: enimuero ferendum non est; u. m.
CicVerr. 2, 1, 66 »71 4 segnitiae ad agendum, socordiae ad consulendum. 1 enimvero dave nihil loci est segnitiae ici il y a une délibération est brève et comique, destinée à provoquer une grande attente chez le public et qui se propose de faire voir Dave en pleine agitation. 2 enimvero dave nihil le personnage est recommandé par un autre ou se recommande lui-même au public ou est recommandé à la fois par un autre et par lui-même359, comme ici le personnage de Dave est décrit plus haut par Simon, quand il dit « mala mens malus animus », et ici par lui-même, pendant qu᾽il délibère et discute avec lui-même avec ces gestes et ces paroles. 3 enimvero dave enimuero annonce un esprit extrêmement agité et irrité. Cicéron : « hic tum alius ex alia parte : enimuero ferendum non est ; uocetur mulier ! » (Alors d᾽une autre partie de la salle un autre dit : ᾽Vraiment il ne faut pas supporter cela : que la femme soit appelée !᾽)360. 4 segnitiae pour agir, socordiae pour réfléchir. quantum intellexi modo senis sententiam de nuptiis:
autant que j᾽ai pu comprendre la pensée du vieux sur ce mariage,
qvantum i. quantum pro in quantum.
qvantvm intellexi quantum est mis pour in quantum (dans la mesure où).
quae si non astu prouidentur, me aut erum pessum dabunt.
si on n᾽y veille pas en rusant, ça ira mal pour moi ou le patron.
1 qvae si non astv p. exhortatio a periculo. 2 qvae si non a. p. prouisio rerum duas significationes habet: prouidemus enim nobis tam bonum negotium quam malum; malum sicut si quis eminus ueniens telum prouiderit atque cauerit. 3 ergo hic prouidentur cauentur, uitantur. 4 et nuptias ueluti undam nauigio imminentem fecit, quod si quis non undam, scilicet ex aduerso uenientem, prora exceperit, demersus undis in pessum abit. est ergo μετ᾽αφορά. 5 me avt ervm erum hic: erilem filium.
1 qvae si non astv providentvr encouragement à éviter le danger. 2 qvae si non astv providentvr prouisio (fait de prévoir les choses) a deux sens : nous prévoyons (prouidere) pour nous une bonne affaire aussi bien qu᾽une mauvaise ; mauvaise par exemple si quelqu᾽un venant de loin a vu par avance un trait et a pris des précautions pour l᾽éviter. 3 Donc ici prouidentur signifie cauentur (prennent des précautions pour empêcher que), uitantur (évitent). 4 Et il représente le mariage comme une vague qui menace le navire, car si quelqu᾽un sur la proue n᾽a pas reçu la vague, qui arrivait de face bien sûr, il est plongé dans les vagues et s᾽abîme dans la mer361. Il s᾽agit donc d᾽une métaphore (μετ᾽αφορά). 5 me avt ervm erum désigne ici erilem filium (le fils du maître)362. nec quid agam certum est, Pamphilumne adiutem an auscultem seni.
Que faire ? Je ne sais trop. Aider Pamphile ou obéir au vieux ?
pamphilvmne adivtem an avscvltem seni semper deliberatiua uerba habent quendam sonum, per quem exitus rei demonstratur, ut hic ostendit Pamphilum se magis adiuuaturum quam uerbis senis obtemperaturum.
pamphilvmne adivtem an avscvltem seni les mots utilisés pour la délibération ont toujours une certaine intonation qui oriente l᾽issue de l᾽affaire en question, comme, ici, Dave montre qu᾽il va plutôt aider Pamphile qu᾽obéir aux paroles du vieillard363. si illum relinquo, eius uitae timeo; sin opitulor, huius minas,
Si j᾽abandonne l᾽un, je crains pour sa vie ; si je le secours, c᾽est les menaces de l᾽autre,
1 si illvm relinqvo partium tractatus, quae supra sunt « Pamphilumne adiutem an auscultem seni
TerAnd. 209 ». 2 eivs vitae timeo ut alibi « Syre, tibi timui male
TerHeaut. 531 ». 3 sin opitvlor opem ferre dicitur in malis rebus et his, qui de salute dubii sint, ut « fer opem! serua me, o.!
TerAnd. 473 ». 4 opitvlor opitulatio dicta ab opem tollendo, hoc est ferendo. 5 hvivs minas subauditur timeo. 1 si illvm relinqvo développement des rôles qui sont mentionnés plus haut : « Pamphilumne adiutem an auscultem seni ». 2 eivs vitae timeo comme ailleurs : « Syre, tibi timui male »364. 3 sin opitvlor opem ferre (porter secours) se dit pour des situations funestes et pour celles qui sont incertaines en ce qui concerne le salut, comme « fer opem ! serva me, opsecro ! »365. 4 opitvlor opitulatio (secours) vient de opem tollere (porter secours), c᾽est-à-dire ferre (porter)366. 5 hvivs minas timeo est sous-entendu367. cui uerba dare difficile est: primum iam de amore hoc comperit;
car il n᾽est pas facile de le payer de mots. D᾽abord il a déjà découvert cet amour-là.
1 cvi verba dare uerba dare fallacia est72: ad illud spectat « nihil me fallis
TerAnd. 204 ». ergo ostendit patrem esse cui73. 2 difficile est non dixit impossibile est qui74 pro Pamphilo est. 3 primum iam primum iam ὑφέν. est enim ἀναστροφή pro iam primum. 4 de amore hoc comperit hoc amore sic, quasi cum taedio et reprehensione eius amoris loquatur. 1 cvi verba dare uerba dare est une tromperie368 : cette parole se rapporte à : « nihil me fallis ! ». Il montre donc que c᾽est le père qui est représenté par cui. 2 difficile est il ne dit pas : impossibile est (c᾽est impossible), lui qui est du côté de Pamphile. 3 primvm iam primum iam est un syntagme (ὑφέν) : c᾽est en effet une anastrophe (ἀναστροφή) qui correspond à iam primum369. 4 de amore hoc comperit il dit hoc amore370, comme s᾽il parlait de cet amour avec dégoût et en le blâmant. me infensus seruat ne quam faciam nuptiis 824 fallaciam. Il m᾽en veut, m᾽observe, de peur que je ne fasse contre ce mariage quelque fourberie.
1 me infensvs scilicet de amore filii. primo, inquit, iam infensus est senex, et reuera timendus est; deinde grauida e Pamphilo est Glycerium75. 276 ne qvam faciam nvptiis fallaciam hoc ad illud spectat « tum si quis magistrum cepit ad eam rem improbum, ipsum animum ae.
TerAnd. 192 » etc. 1 me infensvs à propos de l᾽amour de son fils, bien entendu. Pour commencer, dit-il, déjà "le vieux me surveille", et est réellement redoutable ; en outre, Glycère est enceinte de Pamphile. 2 ne qvam faciam nvptiis fallaciam la phrase se rapporte à : « tum si quis magistrum cepit ad eam rem improbum, ipsum animum aegrotum » etc.
si senserit, perii: aut si lubitum fuerit, causam ceperit
S᾽il s᾽en aperçoit, je suis mort ; ou bien si ça lui prend, il en tirera prétexte
quo iure quaque iniuria praecipitem me in pistrinum dabit.
à tort ou à raison, pour me balancer tout droit au moulin.
qvo ivre qvaqve inivria prouerbiale hoc est, qualia sunt fas nefas, uelis nolis.
qvo ivre qvaqve inivria c᾽est une expression toute faite371, comme aussi fas nefas, uelis nolis. ad haec mala hoc mi accedit etiam: haec Andria,
En plus de cela, j᾽ai un autre malheur, cette Andrienne,
ad haec ad hoc ipsa re maior est difficultas, quia grauidam Glycerium sciet77. ad haec en plus, ce qui en l᾽occurrence accroît la difficulté, c᾽est qu᾽il va savoir Glycère enceinte372. siue ista uxor siue amica est, grauida e Pamphilo est.
femme ou maîtresse, peu importe, est enceinte de Pamphile,
sive ista vxor sive amica est et hoc cum quodam taedio et indignatione stomachi interrumpit.
sive ista vxor sive amica est et là, il s᾽interrompt avec un certain dégoût et avec l᾽indignation de la colère373. audireque eorum est operae pretium audaciam
et entendre jusqu᾽où ils poussent l᾽audace, vraiment ça vaut le coup :
1 avdireqve eorvm est operae pretivm operae pretium dicitur de mirificis et laudabilibus. nam et ea quae magna sunt, etiamsi mala, tamen admiramur et libenter audimus, et hoc pretium est operae, id est audiendi. 2 Et avdaciam proprie dixit, ut in Eunucho « audaciam meretricum specta
TerEun. 994 ». 1 avdireqve eorvm est operae pretivm operae pretium se dit de choses extraordinaires et de choses louables. En effet, même celles qui sont grandes, quand bien même elles sont mauvaises, nous ne manquons pas de les admirer, et les écoutons volontiers ; et ce prix (pretium) qui s᾽applique au travail (operae) concerne le fait d᾽écouter374. 2 Et avdaciam il l᾽emploie au sens propre, comme dans L᾽Eunuque : « audaciam meretricum specta ! »375. (nam inceptio est amentium, haud amantium):
c᾽est un dessein de dément, et non d᾽amant.
nam inceptio est amentivm havd amantivm amabant ueteres de proximo similia dicere, ut Cicero « minus clarum putauit fore, quod78 de armario quam quod de sacrario fuisset ablatum
TerVerr. 2, 4, 27 ». et quidem si in uerbis sunt, παρόμοια dicuntur, in nominibus79, παρονομασίαι . nam inceptio est amentivm havd amantivm les Anciens aimaient utiliser des mots qui se ressemblent de façon rapprochée, comme Cicéron : « minus clarum putauit fore, quod de armario quam quod de sacrario fuisset ablatum » (il a cru qu᾽on remarquerait moins un vol fait dans une armoire que dans un oratoire)376. En outre, s᾽il s᾽agit de verbes, on parle de παρόμοια (mots similaires), et de noms, on parle de παρονομασίαι (paronomases)377. quicquid peperisset decreuerunt tollere.
Quoi qu᾽il naisse, ils ont décrété qu᾽ils l᾽élèveraient,
1 qvicqvid peperisset maiorem reprehensionem sonat quicquid peperisset: paritur enim aut mas aut femina, et solet iustior causa esse tollendi, si marem uxor peperit. sed amoris nimii est non exspectare quid tollas. 2 qvicqvid peperisset decrevervnt tollere decernere est de magnis rebus certam proferre sententiam, unde etiam senatus decretum.
1 qvicqvid peperisset quicquid peperisset sonne comme une critique de taille : on accouche en effet soit d᾽un garçon soit d᾽une fille, et d᾽ordinaire on est mieux fondé à le reconaître, si l᾽épouse accouche d᾽un garçon. Mais c᾽est le fait d᾽un amour qui dépasse la mesure, de ne pas avoir d᾽appréhension sur ce que l᾽on aura à élever378. 2 qvicqvid peperisset decreverunt tollere decernere, c᾽est avancer un avis certain sur des choses importantes, d᾽où vient également l᾽expression senatus decretum (décret du sénat). et fingunt quandam inter se nunc fallaciam
et ils inventent entre eux maintenant je ne sais quelle fourberie :
1 et fingvnt qvandam et argumenti partem narrat et non credit factum esse quod dicit, ut supersit errori locus. 2 et fallaciam et quandam, ut nec uerisimilis sit ipsa fallacia: totius contemptionis et uilitatis est80. 2 fallaciam civem atticam « ψεύδατθις
MenAnd. frg. nunc primum repertum » Menander81. 1 et fingvnt qvandam il raconte une partie de l᾽argument, et en même temps il ne croit pas que ce qu᾽il dit soit vrai, de sorte qu᾽il reste encore place pour une possible méprise379. 2 Et il dit fallaciam et quandam, afin que la tromperie même ne soit pas vraisemblable : c᾽est le propre d᾽un total mépris et d᾽une totale déconsidération380. 2 fallaciam civem atticam « ψεύδατθις » (pseudo-attique) chez Ménandre381. ciuem Atticam esse hanc: "fuit quidam olim 825 senex elle serait citoyenne d᾽Athènes. « Il y avait autrefois un vieux
1 fvit qvidam olim senex mercator modo totius summae argumentum populo narratur, sed ut restet aliquid ad errorem, abrogatur fides. 2 fvit qvidam olim senex mire a diegematico ad mimeticum transit.
1 fvit qvidam olim senex mercator la partie essentielle de l᾽intrigue est entièrement exposée au public à cet instant, mais, pour que la confusion demeure, on lui supprime tout crédit. 2 fvit qvidam olim senex il passe d᾽une façon surprenante du mode narratif au mode représentatif382. mercator; nauim is fregit apud Andrum insulam ;
marchand ; il fit naufrage sur les côtes de l᾽île d᾽Andros ;
is obiit mortem". ibi tum hanc eiectam Chrysidis
il y trouva la mort » ; et là, sa fille alors abandonnée, par le père de Chrysis
1 is obiit mortem plene dixit, quod nos obiit tantum. Vergilius « morte obita
VergAen. 10, 641 ». 2 chrysidis patrem Phania82 est. 1 is obiit mortem il utilise toute l᾽expression, là où nous disons seulement obiit. Virgile : « morte obita » (après avoir trouvé la mort)383. 2 chrysidis patrem c᾽est Phania384. patrem recepisse orbam paruam. fabulae!
aurait été recueillie, toute petite et orpheline. Cette comédie !
1 recepisse orbam parvam paruam dixit, ut sit uerum non posse eam facile suos agnoscere. 2 fabvlae redit ad narrationem.
1 recepisse orbam parvam il dit paruam, pour que le fait qu᾽elle ne puisse pas facilement reconnaître les siens385 soit en conformité avec la réalité. 2 fabvlae il retourne à la narration. miquidem hercle non fit ueri simile; atque ipsis commentum placet.
Pour moi, bon dieu, ça n᾽a rien de vraisemblable ; mais l᾽invention leur plaît, à eux.
1 atqve ipsis commentvm p. atque pro at, ut sit tamen. 2 commentvm placet quod comminiscuntur, probant.
1 atqve ipsis commentvm placet atque est mis pour at (mais), comme si nous avions tamen386. 2 commentvm placet "ils approuvent ce qu᾽ils imaginent"387. sed Mysis ab ea egreditur. at ego hinc me826 ad forum ut Mais voilà Mysis qui sort de chez elle ! Moi, direction le forum, pour
1 sed mysis ab ea egreditvr παρασκευή alterius scaenae. 2 ego me hinc ad forvm nihil adhuc inuenit Dauus consilii, nisi ut quaerat Pamphilum moneatque. 3 ego hinc me ad forvm uultuose hoc pronuntiatur, ut desit pergam aut ducam me. 4 mysis semper nomina comicorum seruorum aut a nationibus sunt indita, ut Mysis Syrus, aut ex accidentibus, ut Lesbia uelut ebriosa a Lesbo insula, quae ferax est suauissimi candidissimique uini, aut a moribus et uernilitate, ut Pseudulus, aut ex negotio, ut Chrysalus, aut ex qualitate corporis, ut Thylacus, aut ex specie formae, ut Pinacium.
1 sed mysis ab ea egreditvr préparation (παρασκευή) d᾽une autre scène388. 2 ego me hinc ad forvm jusqu᾽à présent, Dave n᾽a rien trouvé en fait de plan, si ce n᾽est l᾽intention de rechercher Pamphile et de l᾽avertir. 3 ego hinc me ad forvm il accompagne cette phrase d᾽une mimique, si bien qu᾽il manque pergam (je vais me rendre), ou ducam me (je vais me transporter). 4 mysis les noms des esclaves de comédie sont toujours donnés, soit d᾽après les nationalités : ainsi, Mysis ou Syrus ; soit par accident : ainsi Lesbia, qui sonne à peu près comme "Pocharde", d᾽après le nom de l᾽île de Lesbos, qui produit un vin des plus doux et des plus clairs389 ; soit d᾽après les mœurs et le caractère servile : comme Pseudulus ; soit d᾽après l᾽activité, comme Chrysalus ; soit d᾽après une particularité corporelle, comme Thylacus ; soit d᾽après un type de physique, comme Pinacium 390. conueniam Pamphilum ne de hac re pater imprudentem opprimat.
rencontrer Pamphile pour que le père ne le prenne pas en flagrant délit d᾽imprudence.
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Notes
Scaena quarta
Audiui, Archylis, iamdudum: Lesbiam adduci iubes.
My.-Je t᾽ai écouté, Archylis, depuis un bon moment, tu veux que j᾽aille chercher Lesbie.
1 avdivi archylis iamdvdvm haec sunt inuentionis poeticae, ut ad οἰκονομίαν facetiae aliquid addant. nam οἰκονομία est, ut accersatur obstetrix et conueniatur Pamphilus; facetia scribentis in his uerbis est, quod Archylis compotricem potissimum adduci iubere fingitur. 2 avdivi a. i. frequenter hoc modo Terentius compendium facit, ut egrediens loquatur persona de eo, quod est gestura, et simul doceat, quid ab altera gestum sit. 3 avdivi a. i. utrum iamdudum audiui an iamdudum iubes, incerta distinctio est. 4 et sunt qui iamdudum quamprimum intellegunt, ut « iamdudum sumite poenas
VergAen. 2, 103 ». 1 avdivi archylis iamdvdvm paroles qui participent de l᾽invention poétique, pour ajouter quelque chose de facétieux à l᾽agencement (οἰκονομία). L᾽ οἰκονομία (agencement) consiste en effet à faire appeler la sage-femme et à faire arriver Pamphile ; la facétie de l᾽écrivain dans ce passage vient de ce qu᾽il représente une Archylis qui a surtout à cœur de faire venir sa compagne de boisson391. 2 avdivi archylis iamdudum Térence fait fréquemment un raccourci de ce genre, de sorte qu᾽en entrant, un personnage parle de ce qu᾽il va faire, et en même temps instruise le public sur ce qui a été fait par un autre. 3 avdivi archylis iamdudum s᾽il faut comprendre iamdudum audiui ou iamdudum iubes, la ponctuation ne le dit pas avec certitude392. 4 Et il y en a qui comprennent iamdudum comme quamprimum, comme dans : « iamdudum sumite poenas » (Sans délai frappez-moi). sane pol illa temulenta est mulier et temeraria
Nom d᾽un chien, c᾽est une pure poivrotte, une risque-tout,
1 sane pol sane multum, ualide; namque ualidus est, qui multum rerum necessariarum habet ad salutem. 2 temvlenta produc primam syllabam te. 3 temvlenta uinulenta, hoc est ebriosa, quia temetum uinum, unde abstemius sobrius. dictum autem temetum ab eo, quod temptet mentem. 4 temvlenta uino, temeraria natura.
1 sane pol sane est l᾽équivalent de multum (beaucoup), ualide (fortement) ; et en effet il est ualidus (fort), celui qui possède beaucoup de choses nécessaires à sa sauvegarde393. 2 temvlenta allongez la première syllabe te394. 3 temvlenta synonyme de uinulenta (ivre de vin), c᾽est-à-dire ebriosa (ivrogne), car le vin est un temetum (boisson capiteuse), d᾽où il ressort que le sobre est dit abstemius. Et le temetum (boisson capiteuse) est ainsi appelé parce qu᾽il "attente" (temptet) à la raison395. 4 temvlenta par l᾽effet du vin ; temeraria de nature396. nec satis digna cui committas primo partu mulierem.
elle ne mérite vraiment pas qu᾽on lui confie une femme qui accouche pour la première fois.
1 nec satis digna cvi c. p. bene in conclusione illa specialiter probauit dicendo non idoneam, cui committatur primus partus mulieris. 2 sed mire signateque dixit committas: etenim committimus magna et quae salutem in dubio habent. 3 nec satis digna cvi committas primo duas res: nec parientem nec primo partu. figura δύο δι᾽ ἑνὸς, ut Vergilius « non me tibi Troia e. t.
VergAen. 3, 42 » et « dum domus Aeneae C. i. s.
VergAen. 9, 448 ». 1 nec satis digna cvi committas primo elle donne son approbation d᾽une façon bien particulière, dans cette conclusion, en affirmant que Lesbia n᾽est pas apte à se voir confier le premier accouchement d᾽une femme. 2 Mais elle dit paradoxalement et clairement committas ; de fait committere (confier) se dit pour des choses importantes, et dont la survie est critique. 3 nec satis digna cvi committas primo il y a deux choses : elle n᾽est digne ni de s᾽occuper d᾽une parturiente, ni d᾽un premier accouchement. C᾽est la figure d᾽hendiadys (δύο δι᾽ ἑνὸς), comme chez Virgile : « non me tibi Troia externum tulit » (C᾽est Troie m᾽a enfanté, moi qui ne suis pas un étranger pour toi) ; et « dum domus Aeneae Capitoli immobile saxum » (Tant que la maison d᾽Enée sur le rocher immobile du Capitole...)397. tamen eam827 adducam? inportunitatem spectate aniculae Et pourtant je la ramènerais ? Voyez un peu ce mauvais numéro de petite vieille,
1 tamen addvcam83 redit ad illud, quamuis coacta. 2 importvnitatem spectate importunitas neque loci neque temporis habet commoditatem. 3 anicvlae Archylidis scilicet. 1 tamen addvcam elle se résout à cela, contrainte il est vrai. 2 importvnitatem spectate L᾽importunitas est ce qui n᾽offre de commodité ni du point de vue du lieu ni du point de vue du temps398. 3 anicvlae d᾽Archylis bien entendu. quia compotrix eius est. di, date facultatem obsecro
tout ça, parce qu᾽elles boivent le coup ensemble. Dieux, accordez, je vous prie, une facile
qvia compotrix est in uultu remansit oratio; deest enim per figuram ἔλλειψιν ideo illam uult arcessi.
qvia compotrix est le reste de la phrase est dans sa mimique ; il manque en effet, par la figure de l᾽ellipse (ἔλλειψις), ideo illam uult arcessi (elle veut que ce soit celle-ci qu᾽on appelle)399. huic pariundi atque illi in aliis potius peccandi locum.
délivrance à ma maîtresse, et que l᾽autre aille faire ses bêtises ailleurs.
in aliis potivs peccandi utrum in aliis mulieribus an in aliis rebus?
in aliis potivs peccandi s᾽agit-il d᾽autres femmes (aliis) ou d᾽autres circonstances (aliis)400 ? sed quidnam Pamphilum exanimatum uideo? uereor quid sit.
Mais que vois-je ? Pamphile tout hors de lui. J᾽ai peur de ce que ça va être.
1 sed qvidnam pamphilvm e. exanimatus est perturbatus, ut Vergilius « exanimata sequens inp. a. m.
VergAen. 5, 805 », exanimus mortuus, ut idem « corpus ubi exanimum p. P. A.
VergAen. 11, 3084 ». 2 vereor qvid sit quid ob quid, propter quid sit exanimatus. 3 Aut aliter quid sit id est: quid sit negotii. 4 Sed quidam putant quid pro quare, ut « quid ueniant
VergAen. 1, 518 ». 5 Aut deest ne πρὸς τὸ uereor, ut sit quid non quidnam. hoc comicum est et Terentianum85. 1 sed qvidnam pamphilvm exanimatvm exanimatus a le sens de perturbatus (bouleversé), comme chez Virgile : « exanimata sequens inpingeret agmina muris » ([Achille] pourchassant les bandes [troyennes] éperdues, les refoulait sous leurs murs) ; exanimus est synonyme de mortuus (mort), comme chez le même : « corpus ubi exanimum positum <Pallantis> Acoetes » (où le corps de Pallas sans vie était exposé, Acétès…)401. 2 vereor qvid sit quid est équivalent de ob quid (à cause de quoi), propter quid (la raison pour laquelle) il est tout troublé. 3 Ou autrement quid sit signifie : quid sit negotii (l᾽embarras dont il peut s᾽agir). 4 Mais certains prennent quid comme quare (pourquoi), comme dans : « quid veniant ? » (à quelles fins viennent-ils ?). 5 Ou bien il manque ne (que), rapporté (πρὸς τὸ) à uereor en sorte qu᾽on a quid et non quidnam. Cela est bien caractéristique de la comédie et térentien402. opperiar, ut sciam numquidnam haec turba tristitiae adferat.
Je vais attendre, pour savoir quelle catastrophe apporte ce trouble.
nvmqvidnam, cum exceptis num et nam sufficere ad interrogationem potuisset τὸ quid.
nvmqvidnam, quand quid (τὸ quid) eût pu suffire pour marquer l᾽interrogation, en enlevant num et nam.
Sommaire
Notes
Scaena quinta
Pa.-Hocine est humanum factum aut inceptum828 ? hocine est officium patris? Pa.-Est-ce là l᾽acte ou le dessein d᾽un être humain ? Est-ce là le devoir d᾽un père ?
1 hocine est hvmanvm factum a. i. hic inducitur adulescentis animus circa nuptias, ut ex magnitudine metus ingens gaudium comparetur in fine fabulae cognita Glycerio. et simul id agitur, ut magis magisque per Mysidem Pamphilus excitetur ad resistendum patri nuptias indicenti. 2 hocine est h. f. a. i. ab iracundia et dolore coepit: iracundia ex iniuria descendit, dolor ex miseria. 3 hocine est h. f. a. i. quasi deliberatio est, in qua duae partes sunt, una patris, altera amicae; pro suasore Mysis est. 4 principium ab inuectione est, in qua primo ut hominem accusat, deinde ut patrem. 5 hocine est h. f. hoc est dilatare orationem, ne diceret quod fecit. et est peruersa αὔξησις a maioribus descendens ad minora per amplificationem accusationis. 6 factvm avt inceptvm in aliis factu aut inceptu fuit. 7 hocine est officivm officium dicitur ab efficiendo, ab eo, quod quaeritur in eo, quid efficere unum quemque conueniat pro condicione personae.
1 hocine est hvmanvm factvm avt inceptvm ici on met en scène l᾽état d᾽esprit du jeune homme concernant le mariage, dans le but de préparer la très grande joie qui, à la fin, vient à la suite d᾽une grande crainte, lors de la reconnaissance de Glycère. Et, en même temps, cela est fait pour que, par l᾽entremise de Mysis, Pamphile soit de plus en plus poussé à résister à son père qui lui impose le mariage. 2 hocine est hvmanvm factvm avt inceptvm il commence par la colère et la douleur : la colère découle de l᾽injustice, la douleur de l᾽infortune. 3 hocine est hvmanvm factvm avt inceptvm c᾽est une sorte de délibération403, qui comprend deux partis, celui du père et celui de la maîtresse ; Mysis fait fonction de conseiller404. 4 Le début est fait d᾽une attaque en règle, dans laquelle il l᾽accuse d᾽abord en tant qu᾽homme ensuite en tant que père. 5 hocine est humanvm factvm cela revient à dilater le propos, pour ne pas dire ce qu᾽il a fait. Et c᾽est une gradation (αὔξησις) inversée405 : on part des éléments les plus grands et on va vers les plus petits, en usant d᾽une amplification de l᾽accusation. 6 factvm avt inceptvm dans d᾽autres manuscrits on a factu aut inceptu406. 7 hocine est officivm le mot officium vient du verbe efficere à partir du fait qu᾽on y recherche ce que chacun doit "effectuer" (efficere) conformément à sa condition407. My.-quid illud est? Pa.-pro deum fidem quid est, si haec non contumelia est?
My.- Qu᾽est-ce qu᾽il dit ? Pa.-Au nom des dieux, si ça, ce n᾽est pas une infamie !
1 qvid est si haec non contvmelia est sic dicimus de his, quae necessario hoc sunt, quod dicimus. 2 si haec non contvmelia est haec cum stomacho δεικτικόν quasi aliquo contradicente non esse contumeliam. Cicero « quid est, quaeso, Metelle, i. c., si hoc non est?
CicVerr. 1, 8 ». 1 quid est si haec non contvmelia est nous nous exprimons ainsi pour des choses qui ne peuvent être que ce que l᾽on dit408. 2 si haec non contvmelia est haec est un déictique (δεικτικόν) marquant la colère409, comme si quelqu᾽un venait contester le fait qu᾽il y ait offense. Cicéron : « quid est, quaeso, Metelle, iudicium conrumpere, si hoc non est » (qu᾽est-ce que corrompre un jugement, je te prie, Metellus, si ce n᾽est pas cela ?). uxorem decreuerat829 dare sese mihi hodie: nonne oportuit Il avait décrété de me donner une femme aujourd᾽hui ; ne fallait-il pas d᾽abord
1 vxorem decreverat dare sese mihi h. decernere est de magnis rebus certam proferre sententiam. 2 vxorem decreverat propositio iniuriae. 3 nonne oportvit oportuisse ad patrem refert. nam nec sic consentiret ad nuptias. sed "fac tum86 me uelle: nonne oportuit praescisse me ante?" dolet autem se spatium non habuisse consilio. 1 vxorem decreverat dare sese mihi hodie decernere signifie émettre sur un point important un avis assuré410. 2 vxorem decreverat exposition des torts411. 3 nonne oportvit oportuisse se rapporte au père, car, même ainsi, le jeune homme ne consentirait pas au mariage. "Imaginons un moment que je le veuille , ne fallait-il pas que je le sache avant ?" Il regrette de ne pas avoir eu le temps de réfléchir412. praescisse me ante? nonne prius communicatum oportuit?
que je l᾽aie su à l᾽avance ? Ne fallait-il pas auparavant le partager avec moi ?
1 nonne...oportvit quam de stomacho repetitum est oportuit! 2 Et de more praescisse me ante. 3 praescisse87 proprie ad eum refertur, hoc est ad Pamphilum. 4 commvnicatvm quod neque huius proprium neque illius est. 5 et ante abundat aut certe prae, cum sufficiat scisse. 6 commvnicatvm quia nuptiarum non omnis potestas in patre est. 1 nonne oportvit voyez combien la répétition d᾽oportuit provient de sa colère, 2 et de son caractère le fait de direpraescisse me ante413. 3 praescisse se rapporte au sens propre à lui, c᾽est-à-dire à Pamphile. 4 commvnicatvm ce qui n᾽appartient en propre ni à l᾽un ni à l᾽autre414. 5 Et ante est pléonastique ou au moins prae, puisque scisse suffit au sens415. 6 commvnicatvm car dans un mariage la totalité du pouvoir n᾽appartient pas au père du fiancé416. My.-miseram me, quod uerbum audio!
My.-Malheureuse ! Quel mot j᾽entends ?
qvod verbvm avdio uerbum pro ἀξίωματe more suo posuit, id est « uxorem dare
TerAnd. 238 » quod ait. qvod verbvm avdio il met uerbum pour syntagme (ἀξίωμα) selon son habitude, c᾽est-à-dire ce qu᾽il dit plus haut « uxorem dare »417. PA.-quid? Chremes, qui denegarat se commissurum mihi
Pa.-Et après ! Chrémès avait refusé de me confier
1 qvid chremes transit a patre nunc et ad socerum redit. τό quid non ad Chremetem, sed aduerbium transeuntis dicitur et non considerantis, quid dicat quid. 2 chremes88 irascitur patri, quod cogat Chremetem, Chremeti89, quod non neget uxorem. 3 noue dolet non odio haberi, non repudiari. 4 qvid chremes qvi d. non latuerat Pamphilum repudiasse Chremetem. unde et Dauus ait « qui posteaquam audierat non datum iri filio uxorem suo
TerAnd. 177 ». 1 qvid chremes il laisse le sujet du père maintenant et en vient au beau-père. Et le (τὸ) quid se dit non pas rapporté à "Chrémès", mais comme un adverbe de quelqu᾽un qui change de sujet et non de quelqu᾽un qui prend en compte ce que veut dire quid418. 2 qvid chremes il s᾽indigne contre son père parce qu᾽il force la main à Chrémès, contre Chrémès parce qu᾽il ne refuse pas de donner l᾽épouse. 3 Situation inédite : il souffre de ne pas être détesté, de ne pas essuyer de refus419. 4 qvid chremes qvi denegarat il n᾽avait pas échappé à Pamphile que Chrémès avait refusé. D᾽où la remarque de Dave : « qui posteaquam audierat non datum iri filio uxorem suo »420. gnatam suam uxorem, id mutauit quoniam830 me inmutatum uidet? sa fille en mariage, et le voilà qui change ça, parce qu᾽il voit que moi, je n᾽ai pas changé.
1 id mvtavit noue dixit id: τό id enim ad denegarat commissurum mihi gnatam uxorem. 2 pauerat nuptias, et Chremes90 mutare sententiam. 3 id mvtavit qvoniam m. i.91 παρόμοιον. nam quotiens uerba sunt, παρόμοιον dicitur, quotiens nomina, παρονομασία. 1 id mvtavit c᾽est un emploi inédit de id : en effet id (τὸ id) se rapporte à denegarat commissurum mihi gnatam uxorem421. 2 Il avait redouté les noces et voilà que Chrémès change d᾽avis422. 3 id mvtavit qvoniam me immvtatvm c᾽est un parhomoeon (παρόμοιον). De fait quand ce sont des verbes, on parle de parhomoeon (παρόμοιον), quand ce sont des noms de paronomase ( παρονομασία )423. itane obstinate operam dat ut me a Glycerio miserum abstrahat?
Avec quelle obstination il travaille à m᾽arracher de Glycère, pauvre de moi !
1 itane o. obstinate facere est aliquid in alterius malum cum conatu facere perseueranter et in alterius perniciem nimis niti. 2 vt me a glycerio miservm a. magna ui usus est uerbi et proprietate. unde est illud « diuellimur inde Iphitus et Pelias mecum
VergAen. 2, 434-43592 ». 3 abstrahat magna indignatione usus est, tamquam Chremes non tam filiae consultum uelit quam laesum Pamphilum. 1 itane obstinate faire quelque chose obstinate, c᾽est agir pour le malheur d᾽autrui avec des efforts constants, s᾽efforcer de le perdre424. 2 vt me a Glycerio miservm abstrahat il se sert du verbe avec une grande force et de manière particulièrement propre425. C᾽est de là que vient ce vers : « diuellimur inde Iphitus et Pelias mecum » (nous nous arrachons de là, Iphitus et Pélias avec moi). 3 abstrahat il fait preuve d᾽une grande indignation, comme si Chrémès ne voulait pas tant consulter sa fille qu᾽offenser Pamphile426. quod si fit pereo funditus.
Si cela se fait, je suis vraiment mort.
adeon hominem esse inuenustum aut infelicem quemquam ut ego sum!
Y a-t-il un homme aussi disgracié, aussi défavorisé que moi ?
1 adeon hominem e. i. neminem putat esse in genere humano ita infelicem ut se, quod est commune omnium, qui in aliquo maerore consistunt. itaque non se, sed condicionem humanam dolet et queritur natum esse quemquam, qui possit esse tam miser ut ipse est, ac per hoc: se. 2 adeon hominem e. i. amatorie amore nominato exsiluit in gemitus. sic Vergilius « aut, si lux a. r., H. u. e.?
VergAen. 3, 311 ». 3 invenvstvm avt i. q. inuenustus est sine uenere, id est sine gratia, quem omnes respuant repudientque pulchrae et quem deformes appetant. 4 invenvstvm avt infelicem inuenustus, cui displicens obicitur, infelix, cui placens negatur. 5 avt infelicem qvemqvam vt ego svm adeo se miserum dicit, quod sibi repudiare non licet, ut propter se doleat humanum genus, in quo sit aliquis tam miser. ut « cadit in quemquam
VergBuc. 9, 17 ». 6 vt ego svm ἀνακόλουθον est ut: quam enim inferre debuit, non ut. 1 adeon hominem esse invenvstvm il pense qu᾽il n᾽y a personne dans l᾽humanité entière qui soit aussi malheureux que lui, ce qui est le lot commun de tous ceux qui ont quelque chagrin. C᾽est pourquoi il ne souffre pas pour lui, mais pour la condition humaine entière, et il déplore qu᾽ait pu naître quelqu᾽un qui soit aussi malheureux que lui et par là-même il déplore sa propre naissance427. 2 adeon hominem esse invenvstvm à la manière d᾽un amoureux, en nommant son amour428, il se répand en gémissements. Ainsi Virgile : « aut, si lux alma recessit, Hector ubi est » (ou, si la lumière nourricière s᾽est effacée pour toi, Hector, où est-il)429 ? 3 invenvstvm avt infelicem qvemqvam inuenustus équivaut à sine uenere (sans Vénus) 430, c᾽est à dire sans grâce, tel que toutes les belles filles le repoussent et le rejettent, et que les filles laides le recherchent. 4 invenvstvm avt infelicem est inuenustus celui à qui s᾽offre celle qui lui déplaît, est infelix celui à qui celle qui lui plaît est refusée431. 5 avt infelicem qvemqvam vt ego svm parce qu᾽il ne lui est pas permis de refuser, il se dit malheureux à un point tel qu᾽en raison de sa propre souffrance tout le genre humain souffre, puisqu᾽il s᾽y trouve un être aussi malheureux. Comme « cadit in quemquam » (il tombe sur le premier venu)432. 6 vt ego svm ut est une anacoluthe (ἀνακόλουθον) : c᾽est quam en effet qu᾽il aurait dû mettre et non ut433. pro deum atque hominum fidem!
Au nom des dieux et des hommes,
pro devm atqve h. f. quam ferueat indignatione, hinc aspice, quod frequenter exclamat. 2 pro devm a. h. f. alia exclamatio est aduersum socerum.
1 pro devm atqve hominvm fidem voyez l᾽échauffement de sa colère au fait qu᾽il multiplie les exclamations. 2 pro devm atqve hominvm fidem c᾽est une autre exclamation dirigée contre son beau-père434. nullon ego Chremetis pacto adfinitatem effugere potero?
ne pourrai-je par aucun moyen échapper à l᾽alliance de Chrémès ?
effvgere effugere in totum fugere.
effvgere effugere vaut pour in totum fugere (fuir complètement)435. quot modis contemptus spretus! acta ac transacta831 omnia. hem Combien bafoué, méprisé ! Tout était fait, et parfait. Hé bien !
1 qvot modis c. s. si Chremes spretus, intellegeremus Pamphilum dicere, quod operam dederit, ut se repudiaret Chremes, ut supra dixit « mutauit, quia me immutatum uidet
TerAnd. 242 ». 2 qvot modis c. Pamphilus an Chremes? 3 acta ac transacta prouerbiale est in id negotii, de quo nihil supersit ad agendum. 4 acta 93 a Pamphilo, transacta a Chreme. 1 qvot modis contemptvs spretvs si l᾽on comprend que c᾽est Chrémès qui est dédaigné, nous comprendrions que Pamphile dise qu᾽il a fait des efforts pour se faire refuser de Chrémès, comme il a dit plus haut « mutauit quia me immutatum uidet ». 2 qvot modis contemptvs Pamphile ou Chrémès436 ? 3 acta ac transacta c᾽est proverbial pour désigner une affaire dans laquelle il n᾽y a plus rien à faire437. 4 acta par Pamphile, transacta par Chrémès. repudiatus repetor. quam ob rem? nisi si id est quod suspicor:
Après m᾽avoir refusé, on me rappelle. Pourquoi ? si ce n᾽est ce que je soupçonne :
1 repvdiatvs r. quasi et haec iniuria sit, repudiare et repetere. 2 et tale est in Eunucho « exclusit: reuocat
TerEun. 49 ». 3 nisi id est qvod svspicor coniecturale argumentum. 1 repvdiatvs repetor comme si c᾽était aussi cela l᾽injustice, me refuser et me redemander438. 2 Et c᾽est pareil dans L᾽Eunuque : « exclusit, reuocat ». 3 nisi id est qvod svspicor argument par conjecture439. aliquid monstri alunt: ea quoniam nemini obtrudi potest,
ils nourrissent une espèce de monstre. Et comme on ne peut la coller à personne,
1 aliqvid m. a. duplex contumelia est: et monstri et aliquid; minus enim esset aliquod monstrum. sic alibi « quid hominis uxorem habes?
TerHec. 643 ». 2 Et mutauit genus dicendo ea, quod femina est. sic in Eunucho « taces? monstrum h., n. d.?
TerEun. 695 ». 3 aliqvid m. a. ea dum monstrum dixerat, ea subiunxit tamquam non uerbis sed sententiae seruiens. 4 ea qvoniam nemini obtrvdi mire obtrudi quasi inuito. et totum cum iracundia. 5 obtrvdi infligi, impingi. 1 aliqvid monstri alvnt l᾽insulte est double : monstri et aliquid ; en effet ce serait moins fort de dire aliquod monstrum (un monstre)440. Ainsi ailleurs : « quid hominis uxorem habes ? ». 2 Et il a changé de genre en disant ea qui est féminin. Ainsi dans L᾽Eunuque : « taces ? monstrum hominis, non dicturus ? ». 3 aliqvid monstri alvnt ea tout en disant monstrum, il a construit ea en faisant dépendre non des mots mais du sens441. 4 ea qvoniam nemini obtrvdi obtrudi est remarquable, comme à quelqu᾽un qui ne veut pas442. Et tout cela est dit avec colère. 5 obtrvdi infligi (être frappé), impingi (être battu). itur ad me. My.-oratio haec me miseram exanimauit metu.
on s᾽en prend à moi. My.-Ce discours, malheureuse, me glace d᾽épouvante.
1 itvr ad me dotem amator non cogitat et ad utilitatem trahit, quod ultro uenit et quod se repetit Chremes. 2 itvr ad me quasi ad hostem. Plautus in Pseudulo « itur ad me
PlautPseud. 458 » et Vergilius « simul ense recluso ibat in Euryalum
VergAen. 9, 423-424 » proprie. 3 oratio haec me m. etiam pauca uerba ueteres orationem dicebant. 1 itvr ad me parce qu᾽il aime, il ne pense pas à la dot et rapporte à l᾽intérêt le fait que Chrémès vient de son plein gré et qu᾽il le redemande443. 2 itvr ad me comme s᾽il s᾽agissait d᾽un ennemi. Plaute dans le Pseudolus : « itur ad me » (on m᾽aborde) et Virgile : « simul ense recluso ibat in Euryalum » (et, en même temps, l᾽épée nue, il marchait contre Euryale), au sens propre444. 3 oratio haec me miseram même s᾽il ne s᾽agissait que de quelques mots les anciens disaient oratio445. Pa.-nam quid ego dicam de patre? ah
Pa.-Mais que dire de mon père ? Ah !
1 nam qvid ego dicam de patre quasi dicat: "quid ego de patre dicam, qui alienum accusauerim Chremem?". 2 nam qvid ego dicam de patre redit ad patrem, in quo noue hoc accusat neglegenter eum agere, quod nolit fieri.
1 nam qvid ego dicam de patre c᾽est comme s᾽il disait : "que vais-je dire de mon père, moi qui ai accusé Chrèmès qui m᾽est étranger ?"446. 2 nam qvid ego dicam de patre il revient à son père, dans cette réplique où il l᾽accuse de manière nouvelle de faire, sans y avoir réfléchi, ce qu᾽il ne voudrait pas qu᾽on fasse447. tantamne rem tam neglegenter agere! praeteriens modo
une affaire si grave, la traiter si négligemment ! En passant tout à l᾽heure
1 tantamne rem t. n. summum uoti ac nuptias. 2 praeteriens modo hic specialiter ostendit, quid peccauerit pater. 3 praeteriens modo m. a. f. undique conflatur accusatio: ex facto, quod praeteriens; ex tempore, quod modo; ex loco, quod in foro; ex modo et uerbis uxor tibi d. e. h.94. 1 tantamne rem tam neglegenter ce qu᾽il désire le plus c᾽est-à-dire le mariage. 2 praeteriens modo ici, il montre de manière toute spéciale la nature de la faute paternelle448. 3 praeteriens modo mi apvd forvm de tout côté il trouve de quoi alimenter l᾽accusation : dans le fait praeteriens, dans le moment modo, dans le lieu in foro, dans la manière et les paroles « uxor tibi ducenda est hodie ». mi apud forum "uxor tibi ducenda est hodie, Pamphile 832" inquit: "para, près de moi sur la place : « tu dois prendre femme aujourd᾽hui, Pamphile ; » ,a-t-il dit, « prépare-toi,
vxor tibi d. e. h. mire ducenda: semper hoc genus declinationis necessitatem ostendit, ut Vergilius « aut pacem T. ab r. p.
VergAen. 11, 230 »; Sallustius « agendum atque obuiam eundum est, Q.
SallHist. frg. 1, 55 M ». vxor tibi dvcenda est hodie il est remarquable d᾽utiliser ducenda ; en effet ce type de forme verbale montre toujours l᾽obligation comme Virgile : « aut pacem Troiano ab rege petendum » (ou il faut demander la paix au roi des Troyens) ; Salluste « agendum atque obuiam eundum est, Quirites » (il faut agir, Quirites, et prendre les devants)449. abi domum". id mihi uisus est dicere "abi cito ac suspende te".
rentre à la maison ». J᾽ai cru qu᾽il me disait : « Va vite te pendre ».
id mihi visvs est d. a. c. a. s. t. ad hodie cito rettulit, ad uxor tibi ducenda est suspende te.
id mihi visvs est dicere abi cito ac svspende te il rapporte cito à hodie, et à uxor tibi ducenda est il rapporte suspende te.
obstipui. censen me uerbum potuisse ullum proloqui?
Je suis resté stupéfait. Croit-on que j᾽aie pu dire un seul mot,
aut833 ullam causam, ineptam saltem falsam iniquam? obmutui. ou une seule raison, même sotte, fausse, injuste ? Je suis resté muet.
1 avt vllam cavsam i. s. f. duo sunt εὔπορα in defensionem: aut uera aut ad tempus commentata95. 2 ineptum est, quod a quouis reprehendi potest, falsum est, quod etiam prudentem possit fallere. 1 avt vllam cavsam ineptam saltem falsam il y a deux types d᾽arguments faciles à utiliser (εὔπορα) pour une défense : soit la vérité, soit des inventions adaptées aux circonstances450. 2 Est ineptus ce qui peut être corrigé par n᾽importe qui, est falsus ce qui peut tromper même un homme avisé451. quod si ego rescissem id prius, quid facerem siquis834 me roget: Mais, à supposer que je l᾽ai su à l᾽avance, qu᾽aurais-je pu faire, me dit-on.
1 qvod si ego rescissem id p. si mecum communicasset prius. 2 qvid facerem si qvis m. r. ipse se reprehendit. 3 qvod si rescissem ὑποφορά.
1 qvod si ego rescissem id privs s᾽il en avait parlé avec moi d᾽abord. 2 qvid facerem si qvis me roget il se blâme lui-même. 3 qvod si rescissem objection (ὑποφορά)452. aliquid facerem ut hoc ne facerem. sed nunc quid primum exsequar?
J᾽aurais fait quelque chose, pour ne pas faire cela. Mais à présent je ne sais par où commencer.
1 vt hoc ne facerem ut tacerem. 2 Et nota facerem pro tacerem. 3 sed nvnc qvid primvm e. deliberatio et partes eius.
1 vt hoc ne facerem à savoir me taire453. 2 Et notez facerem mis pour tacerem (que je me taise). 3 sed nvnc qvid primvm exseqvar c᾽est un discours délibératif et ses parties454. tot me inpediunt curae, quae meum animum diuersae trahunt:
Tant de soucis m᾽en empêchent qui tiraillent mon esprit en tous sens :
diversae trahvnt pro in diuersa.
diversae trahvnt mis pour in diuersa (en tous sens)455. amor, misericordia huius, nuptiarum sollicitatio,
l᾽amour, la pitié de Glycère, l᾽inquiétude de ce mariage,
1 amor misericordia haec oratoria sunt, cum unum negotium in multas distrahimus partes. 2 amor a necessario, misericordia ἀπὸ τοῦ οἴκτου96, nvptiarvm sollicitatio97 a perturbatione; quibus colligit consulere se non posse. 3 misericordia98 ἀμφιβολία. 4 sollicitatio sollicitudo est, quae inhaeret mentibus, sollicitatio, quae ab alio fit. 1 amor misericordia on parle ici de manière oratoire en divisant une seule affaire en plusieurs parties456. 2 amor argument par le nécessaire457, misericordia argument par la pitié (ἀπὸ τοῦ οἴκτου)458, nvptiarvm sollicitatio argument par le trouble ; ce qui l᾽amène à conclure qu᾽il ne peut pas réfléchir. 3 misericordia hvivs amphibolie (ἀμφιβολία)459. 4 sollicitatio sollicitudo (le trouble) est inhérent à l᾽esprit, sollicitatio vient de l᾽extérieur460. tum patris pudor, qui me tam liberali 835 passus est animo usque adhuc et puis le respect de mon père qui m᾽a de façon si bienveillante jusqu᾽à aujourd᾽hui
1 tvm patris pvdor qvi me tam l. p. hoc ad illud spectat « tute his rebus f. p.
TerAnd. 151 ». 2 tvm patris pvdor ἀμφιβολία. 3 qvi me tam liberali p. explanatio, in quo pudendum sit apud patrem. 4 qvi me t. l. p. atqui accusabat eum: sed amator est. 1 tvm patris pvdor qvi me tam liberali passvs cela concerne le passage « tute his rebus finem praescripsti ». 2 tvm patris pvdor amphibolie (ἀμφιβολία)461. 3 qvi me tam liberali passvs explication de ce qui doit provoquer sa honte envers son père. 4 qvi me tam liberali passvs et pourtant il l᾽accusait, mais c᾽est un amant462. quae meo cumque animo libitum est facere. eine ego ut aduerser? ei mihi!
laissé faire tout ce qui me prenait. A cet homme-là, moi m᾽affronter ? Hélas !
1 eine ego vt adverser pronomen hoc uim qualitatis habet et est tali, an99 bono. 2 eine ego vt adverser uidetur inclinasse, ut secundum patris animum consisteret, sed amore ad incerta iterum reuoluetur. 1 eine ego vt adverser le pronom insiste sur la qualité, et équivaut à tali (à un tel homme) ; ou bien est-ce bono (à un homme bon)463 ? 2 eine ego vt adverser il semble avoir penché pour s᾽en tenir à la volonté du père, mais, poussé par l᾽amour, il va revenir encore une fois à l᾽incertitude. incertum est quid agam. My.-misera timeo "incertum" hoc quorsum 836 accidat. Je ne sais que faire. My.-Malheureuse ! je tremble de voir sur quoi ce « je ne sais » va déboucher.
qvorsvm accidat ad quam rem, quo uersum.
qvorsvm accidat ad quam rem (vers quelle chose), comme quo uersum (vers quoi)464. sed nunc peropus est aut hunc cum ipsa aut de illa aliquid me aduersum hunc loqui:
Mais, pour le moment, il est indispensable ou qu᾽il lui parle ou que je parle d᾽elle avec lui.
1 sed nvnc peropvs est avt hvnc cvm ipsa avt calliditati femineae et astutiae sententia haec congruit. 2 cvm ipsa ipsa nunc domina mea. 3 adversvm hvnc apud hunc. alibi « et id gratum fuisse aduersum t. h. g.
TerAnd. 42 ». 1 sed nvnc peropvs est avt hvnc cvm ipsa avt cette phrase va bien avec la ruse et l᾽astuce féminines. 2 cvm ipsa ipsa désigne maintenant domina mea (ma maîtresse)465. 3 adversvm hvnc mis pour apud hunc (chez lui) ; ailleurs « et id gratum fuisse aduersum te habeo gratiam »466. dum in dubio est animus, paullo momento huc uel illuc impellitur.
Quand un esprit est dans le doute, la moindre secousse d᾽un côté ou d᾽un autre le fait tanguer.
dvm in dvbio est animvs p. m. h. v. i. i. translatio haec est a mole alicuius ponderis, quae antequam in loco sederit, cum incerta pendet, facillime commouetur.
dvm in dvbio est animvs pavllo momento hvc vel illvc impellitvr cette métaphore est tirée de la masse d᾽un objet pesant, qui, avant de se trouver en une place fixe, est aisément déplaçable quand il est mal arrimé, et bouge.
Pa.-quisnam837 hic loquitur? Mysis, salue. My.-o salue, Pamphile. Pa.-quid agit? My.- rogas? Pa.-Qui parle ici ? Mysis, bonjour. My.-Oh ! bonjour, Pamphile. Pa.-Que fait-elle ? My.-Tu demandes ?
1 qvisnam hic loqvitvr mysis salve hoc secum; deinde conuersus uidit. 2 salve difficile est inuenire aliud uerbum, quod sic declinetur:100 salue et saluete, quippe huius uerbi per modos rara est declinatio. 3 qvis hic l.101 principium Terentianum in iungendis personis. 4 o salve pamphile ο interiectio est optantis aduentum aut repente percussi. 5 qvid agit amatorie et familiariter non addidit quae. Vergilius « quae mihi reddat eum uel eo me soluat amantem
VergAen. 4, 479 ». 6 rogas lenta quaedam et tristis responsio est et dolore plena. 1 qvisnam hic loqvitvr mysis salve cela est dit en aparté ; ensuite il se retourne et la voit. 2 salve il est difficile de trouver un autre verbe qui se conjugue comme salue et saluete, car la conjugaison de ce verbe à d᾽autres modes est rare467. 3 qvis hic loqvitvr début typiquement térentien quand il s᾽agit de faire se rencontrer des personnages. 4 o salve pamphile o est l᾽interjection de quelqu᾽un qui souhaite l᾽arrivée d᾽une autre personne ou qui est soudain frappé. 5 qvid agit à la manière d᾽un amant et de façon familière468 il n᾽ajoute pas qui. Virgile : « quae mihi reddat eum uel eo me soluat amantem » (la voie qui va me le rendre ou le détacher de mon amour)469. 6 rogas réponse lente, triste et pleine de souffrance. laborat ex dolore atque ex hoc misera sollicita est, diem
Elle est dans les douleurs, et de plus la malheureuse se tourmente, parce que c᾽est aujourd᾽hui
1 laborat ex dolore duplicem laborem Glycerii esse dicit: unum partitudinis, alterum curae et sollicitudinis Pamphili nuptiarum. 2 laborat ex d. a. e. h. m. s. d. callide aggreditur iuuenem, nam utrumque propter illum perpetitur, et dolorem et sollicitudinem. 3 atqve ex hoc m. s. e. d. Mysis, quae contra patrem suasura est, incertum inueniens Pamphilum facile ad se conuertit mentione dominae suae et maxime102, quod addidit, ut illam aegram esse dicat: qua re statim perfectum est quod uolebat, egone istuc conari queam? ut dicat Pamphilus. 1 laborat ex dolore elle dit que la souffrance de Glycère est double : l᾽une à cause de sa grossesse, l᾽autre à cause du souci et de l᾽inquiétude que lui cause le mariage de Pamphile. 2 laborat ex dolore atqve ex hoc misera sollicita est diem c᾽est avec ruse qu᾽elle aborde le jeune homme ; de fait, c᾽est à cause de lui que Glycère souffre durement de ces deux maux, la douleur et l᾽inquiétude. 3 atqve ex hoc misera sollicita est diem Mysis, qui va plaider contre le père, trouvant Pamphile dans l᾽incertitude, le retourne facilement en sa faveur, en faisant mention de sa maîtresse et surtout en ajoutant en plus qu᾽elle est malade : ainsi se produit immédiatement ce qu᾽elle voulait : que Pamphile dise « egone istuc conari queam ».
quia olim in hunc sunt constitutae nuptiae. tum autem hoc timet,
le jour fixé autrefois pour le mariage, et puis elle craint
1 qvia olim in hvnc svnt constitvtae nvptiae nec addidit a patre, sed inuidiose, quasi et a Pamphilo sint constitutae. 2 in hvnc svnt c. idem enim dies est, quo placuerant destinatae nuptiae, quamuis Chremes renuntiauerit. 3 Et supra « hic nuptiis dictus est dies
TerAnd. 102 ». 4 tvm avtem hoc timet tum praeterea: tertiam sollicitudinem habere Glycerium ostendit, ne deseratur a Pamphilo103 sollicitudo rerum incertarum magis, in hvnc svnt constitvtae n.104 hic certior metus est et grauior. 5 An sollicita est die timet in negotio105. 1 qvia olim in hvnc svnt constitvtae nvptiae et elle n᾽ajoute pas a patre (par ton père), mais, de manière agressive, elle fait comme si le mariage avait été décidé aussi par Pamphile470. 2 in hvnc svnt constitvtae c᾽est en effet au même jour qu᾽on avait fixé le mariage prévu, bien que Chrémès ait renoncé. 3 Et plus haut « hic nuptiis dictus est dies ». 4 tvm avtem hoc timet tum est mis pour praeterea (en outre) : elle montre que Glycère a un troisième sujet d᾽inquiétude : ne pas être abandonnée par Pamphile. Le mot sollicitudo porte plutôt sur les choses incertaines471 ; in hvnc svnt constitvtae nvptiae ici la crainte est plus certaine et plus grave. 5 Ou bien elle est inquiète (sollicita est) à cause du jour, elle a peur (timet) dans l᾽affaire qui l᾽occupe472. ne deseras se. Pa.-hem egone istuc conari queam?
que tu ne l᾽abandonnes. Pa.-Ah ! pourrais-je préméditer ce crime ?
1 egone istvc conari qveam ideo sic Pamphilus, quia illa inuidiose non deserere cogaris dixit, sed deseras. 2 egone istvc c. q. non perficere sed conari: uelle aliquid ad scelus effectio est, etiamsi non potest fieri; hic enim uoluntas, non factum damnatur, ut Vergilius « ausi omnes i. n. a. p.
VergAen. 6, 624 ». 3 ergo conari leuius est quam facere. 1 egone istvc conari qveam la raison qui fait parler ainsi Pamphile est qu᾽elle a dit de manière agressive non pas deserere cogaris (que tu sois contraint de l᾽abandonner), mais deseras. 2 egone istvc conari qveam non pas perficere (réussir) mais conari, vouloir quelque chose qui se rapporte à un crime c᾽est déjà le commettre, même si on ne parvient pas à le réaliser ; ici en effet, c᾽est la volonté que l᾽on condamne non le fait, comme Virgile « ausi omnes inmaneque nefas ausoque potiti » (tous ont osé un monstrueux forfait et ils ont joui du fruit de leur audace)473. 3 Donc conari est moins fort que facere (faire). egone propter me illam decipi miseram sinam,
Pourrais-je permettre qu᾽à cause de moi la pauvre fût tompée,
1 egone propter me illam magna uis est in pronominibus: et diuersa sunt et singula et non praecipitantur nec dicuntur uno spiritu, sicut in Eunucho « egone illam, quae illum, quae me
TerEun. 65 ». quae illum id est amat, quae me id est non amat. 2 egone suadenter. subauditur ut fieri sinam?106. 1 egone propter me illam il y a une grande force dans les pronoms : ils sont opposés et individualisés, et ils ne sont dits ni avec précipitation, ni d᾽un trait, comme dans L᾽Eunuque474 : « egone illam, quae illum, quae me ». Quae illum c᾽est-à-dire elle l᾽aime, quae me c᾽est-à-dire elle ne m᾽aime pas475. 2 egone sur un ton persuasif. On sous-entend ut fieri sinam ! (que je laisse faire !)476. quae mihi suum animum atque omnem uitam credidit,
elle qui m᾽a livré son cœur et toute sa vie,
1 qvae mihi svvm a. ab eius beneficiis. 2 svvm animvm quantum ad amatorem pertinet. 3 atqve omnem vitam hoc est: ut maritum speraret. 4 qvae mihi svvm a. a. ο. v. c. argumenta a consequenti: si eam deserit, haec subiciuntur.
1 qvae mihi svvm animvm argument tiré de ses bienfaits. 2 svvm animvm comme cela relève d᾽un amant ! 3 atqve omnem vitam c᾽est-à-dire de telle sorte qu᾽elle espérait un mari. 4 qvae mihi svvm animvm atqve omnem vitam credidit argument tiré de ce qui suit : s᾽il l᾽abandonne, telles sont les conséquences.
quam ego animo egregie caram pro uxore habuerim?
que j᾽ai, elle qui m᾽est chère au-delà de tout, traitée en épouse ?
qvam ego animo egregie caram pro vxore habverim107 « nihil egregie praeter cetera s.
TerAnd. 58 », id est nimis. qvam ego animo egregie caram pro vxore habverim « nihil egregie praeter cetera studebat », c᾽est-à-dire "trop"477. bene et pudice eius doctum atque eductum sinam
Alors que c᾽est à la vertu et à l᾽honneur qu᾽il a été instruit et formé, je souffrirais
1 bene et pvdice eivs doctvm hic illud soluitur « lana et tela uictum quaeritans
TerAnd. 75 », ut hoc praestruat bene et pudice Glycerium esse eductam108; « lana et tela uictum quaeritans
TerAnd. 75 » non pertinet ad argumentum, nisi propter uitam Glycerii intellegas. 2 bene et pvdice ab honesto. 3 bene et pvdice eivs doctvm hanc sententiam quasi de exemplo probat, nam bene educta etiam Chrysis est, quae primo pudice uitam parce ac duriter agebat. 1 bene et pvdice eivs doctvm ici s᾽explique la réplique « lana et tela uictum quaeritans »478, afin de construire par avance l᾽image d᾽une Glycère bien et honnêtement élevée ; « lana et tela uictum quaeritans » n᾽a de rapport avec l᾽argument que pour faire comprendre la vie de Glycère479. 2 bene et pvdice argument tiré de l᾽honnête. 3 bene et pvdice eivs doctvm cette phrase vaut preuve pour ainsi dire par l᾽exemple. De fait, même Chrysis est bien éduquée, elle qui « primo pudice uitam parce ac duriter agebat ». coactum egestate ingenium inmutarier?
que, sous la contrainte de l᾽indigence, son caractère se transformât ?
1 coactvm egestate propterea quod Chrysis « inopia et cognatorum n. c.
TerAnd. 71 ». 2 coactvm egestate non paupertate sed egestate, cui contrarium inopia et cognatorum n. 1 coactvm egestate pour la raison que Chrysis « inopia et cognatorum neglegentia coacta ». 2 coactvm egestate non pas paupertate (pauvreté), mais egestate480, attitude dont le contraire est « inopia et cognatorum neglegentia »481. non faciam. My.-haut uerear si in te solo sit situm;
Non, impossible. My.-Je n᾽aurais pas peur si cela ne dépendait que de toi seul ;
havt verear si in te s. s. s. acuit animum adulescentis contra patrem, cuius etiam nomen graue est.
havt verear si in te solo sit sitvm : elle affûte le courage du jeune homme contre son père dont même le nom a du poids482. sed uim ut queas ferre. Pa.-adeon me ignauum putas,
mais la violence, pourras-tu y résister ? Pa.- Me crois-tu si indolent,
1 sed vim vt q. f.et hic uereor subauditur. 2 vt pro ne non posuit, ut sit: sed uereor, ne non queas uim patris ferre. 3 Et vt qveas109 ne non possis: non damnatio est uirium adulescentis, sed prouocatio in contemptum patris. 4 adeon me ignavvm an uerisimile 110 . 5 ignavvm quod aduersum necessitatem proferendum fuit, id primum dixit: adesse sibi uirtutem; quae sequuntur, ad fidem pertinent. ita pro tempore contemptum patris pro fortitudine habet. 6 ignavvm ignauus est, qui uim non potest ferre, qui non est perseuerans. 1 sed vim vt qveas ferre et ici aussi uereor est sous-entendu. 2 Il met vt pour ne non pour avoir : sed uereor ne non queas uim patris ferre (mais je crains que tu ne puisses pas supporter la violence de ton père)483. 3 Et vt qveas équivaut à ne non possis (que tu ne puisses pas) : ce n᾽est pas pour condamner les forces du jeune homme, mais pour l᾽inciter à ne pas tenir compte de son père. 4 adeon me ignavvm est-ce même vraisemblable ?484 5 ignavvm ce qu᾽il fallait dire contre la nécessité qui pèse sur lui, il le met en premier : il a du courage ; ce qui suit concerne sa loyauté. Ainsi, selon les circonstances, il tient le fait de ne pas tenir compte de son père pour une forme de courage485. 6 ignavvm est ignauus celui qui ne peut supporter la violence, qui n᾽est pas persévérant486. adeon porro ingratum aut inhumanum aut ferum,
si ingrat aussi, si inhumain, si sauvage
1 adeon porro ingratvm porro coniunctio est expletiua, alias aduerbium temporis. 2 ignavvm et ingratvm αὔξησις est. 3 inhvmanvm avt f. propter subiecta dixit. 4 adeon porro ingratvm avt inhvmanvm mira omnis conuersio: non enim dixit adeon me obsequentem patri existimas, adeo gratum, adeo pium, adeo mansuetum. ita amatoris per omnia seruat condiciones, ut oratorie hoc cogatur scelus esse, si pareret nunc patri.
1 adeon porro ingratvm porro est une conjonction explétive, ailleurs un adverbe de temps. 2 ignavvm et ingratvm constituent une gradation (αὔξησις). 3 inhvmanvm avt fervm il parle ainsi à cause de ce qu᾽il va dire ensuite. 4 adeon porro ingratvm avt inhvmanvm étonnant retournement de l᾽ensemble : il ne dit pas en effet "adeon me obsequentem patri existimas, adeo gratum, adeo pium, adeo mansuetum" (tu me crois à ce point obéissant à mon père, à ce point reconnaissant, à ce point plein de piété filiale, à ce point apprivoisé). Ainsi il conserve en tout la condition propre à un amant, et de ce fait, de manière oratoire, ce serait forcément un crime, s᾽il obéissait maintenant à son père487. ut neque me consuetudo neque amor neque pudor
que notre liaison, que l᾽amour, que l᾽honneur
1 vt neqve me consvetvdo neqve amor non ordinem reddidit: ferum enim reddidit ad consuetudinem, qua etiam ferae mansuescunt; neque amor ad illud inhumanum: amor namque uehementior est in homines. Vergilius « quid iuuenis, m. c. u. i. o. i. d. a.?
VergGeo. 3, 258 »; pudorem ad ingratum rettulit. 2 vt neqve me consvetvdo neqve amor consuetudo aduersus feritatem amor aduersus inhumanitatem, pudor aduersus ingratum animum. 3 vt neqve consvetvdo neqve amor111 ἀπόδοσις ad superiora. 1 vt neqve me consvetvdo neqve amor il n᾽a pas repris l᾽ordre : ferum en effet va avec consuetudo, qui désigne ce qui rend douces même les bêtes sauvages ; neque amor va avec inhumanum488 : de fait l᾽amour est plus violent envers les humains. Virgile : « quid iuuenis, magnum cui uersat in ossibus ignem durus amor ? » (que dire du jeune homme dans les entrailles duquel un dur amour agite un grand feu ?)489 ; pudorem se rapporte à ingratum. 2 vt neqve me consvetvdo neqve amor consuetudo s᾽oppose à la sauvagerie, amor s᾽oppose à l᾽inhumanité, pudor s᾽oppose à l᾽ingratitude de cœur. 3 vt neqve consvetvdo neqve amor apodose (ἀπόδοσις) en lien avec ce qui précède490. commoueat neque commoneat ut seruem fidem?
ne m᾽ébranlent pas et ne me rappellent pas de garder ma foi ?
1 commoveat neqve commoneat αὔξησις ad maiora. 2 vt servem fidem exquisite: non dixit ut contemnam patrem.
1 commoveat neqve commoneat gradation (αὔξησις) ascendante491. 2 vt servem fidem tour exquis : il ne dit pas ut contemnem patrem (en sorte que je méprise mon père)492. My.-unum hoc scio, hanc meritam esse ut memor esses sui.
My.-Je ne sais qu᾽une chose, c᾽est qu᾽elle a bien mérité que tu te souviennes d᾽elle.
1 vnvm hoc scio hanc meritam in eodem haeret, ut excitet iuuenem, neque audire se fingit, quod dicit. 2 vnvm hoc scio uide quam callida sint, quae a Myside subiciuntur ad irritandam promissionem Pamphili. 3 vnvm hoc scio subicit illa, quod ardentem incendat magis; nam dixit ille omnia, quibus cogitur fidem seruare, sed merito eius aut nihil addixit aut parum. 4 vnvm hoc scio quasi dicat: quid tu facturus sis, equidem nescio, sed unum scio. 5 vt memor esses svi inuidiose quasi oblito: adeo commouetur hoc dicto Pamphilus. 6 vt memor esses svi bene praeterito effert, quoniam quae praeterita sunt, in recordatione magis lacrimabilia et miserabilia sunt, ut Vergilius « c. p. I., cui pater et c. q. t. d. r.?
VergAen. 2, 677 »; idem alibi « per caput h. i., p. q. p. a. s.
VergAen. 9, 300 ». 1 vnvm hoc scio hanc meritam elle s᾽attache à exciter le jeune homme et feint de ne pas entendre ce qu᾽il dit. 2 vnvm hoc scio voyez comme c᾽est rusé ce que Mysis ajoute pour provoquer la promesse de Pamphile. 3 vnvm hoc scio elle ajoute ce qui est de nature à enflammer plus encore le bouillant jeune homme ; de fait il a dit tout ce qui le contraint à conserver sa loyauté, mais à son mérite à elle, il n᾽a rien attribué ou trop peu493. 4 vnvm hoc scio c᾽est comme si elle disait : "ce que tu vas faire, ça je n᾽en sais rien, mais je sais une chose" (unum scio)494. 5 vt memor esses svi sur un ton agressif, comme si elle parlait à un homme sans mémoire : c᾽est pour cela que Pamphile est si bouleversé par ces mots. 6 vt memor esses svi elle fait bien de revenir au passé, puisque les choses passées, quand on les rappelle, portent plus aux larmes et à la pitié, comme Virgile : « cui paruos Iulus, cui pater et coniunx quondam tua dicta relinquor ? » (à qui abandonnes-tu le petit Iule, ton père, et moi qu᾽on appelait naguère ton épouse ?) ; de même ailleurs « per caput hoc iuro, per quod pater ante solebat » (je jure par cette tête, comme hier encore mon père le faisait)495. Pa.-memor essem? o Mysis Mysis, etiam nunc 838 Pa.-Me souvenir d᾽elle ! Oh, Mysis, Mysis, maintenant encore
1 ο mysis mysis primum uocandi, alterum increpandi est. 2 etiam nvnc scripta id argumentum est, quam uiuae memor sit, qui etiam uerborum mortuae meminerit Chrysidis de Glycerio.
1 ο mysis mysis le premier Mysis sert à appeler, le second à faire des reproches. 2 etiam nvnc scripta c᾽est l᾽argument qui montre combien il garde en mémoire celle qui est vivante, puisqu᾽il se souvient également des mots que Chrysis en mourant lui adressa au sujet de Glycère.
scripta illa dicta sunt in animo Chrysidis
sont gravés dans mon cœur les mots de Chrysis
de Glycerio. iam ferme moriens me uocat:
au sujet de Glycère. Déjà presque mourante, elle m᾽appelle.
1 iam ferme moriens ferme aduerbium est festinantis. 2 iam ferme m. m. v. ex tempore probauit locutam uera esse et non ficta et simulata; nam qui sani sunt, spe longioris uitae adulantur. Vergilius « et dulcis m. r. A.
VergAen. 10, 782 ». 3 iam ferme moriens affectus a tempore, quod postrema uox erat. 1 iam ferme moriens ferme est un adverbe qui marque la hâte496. 2 iam ferme moriens me vocat en s᾽appuyant sur le moment, il montre qu᾽elle a dit la vérité et non des fictions et des mensonges ; de fait, ceux qui sont en bonne santé, flattent parce qu᾽ils espèrent une vie encore longue. Virgile : « et dulcis moriens reminiscitur Argos » (et, mourant, il se souvient de la douce Argos)497. 3 iam ferme moriens l᾽émotion naît du moment, car ces paroles étaient ses dernières. accessi; uos semotae: nos soli: incipit
Je me suis approché, vous écartées ; nous sommes seuls. Elle commence :
1 accessi vos semotae nos soli figurae proprie Terentianae, ἀσύνδετον et ἔλλειψις: uos semotae deest estis, nos soli deest remansimus; ut est illud « egone illam q. i. q. m.
TerEun. 65 ». 2 incipit deest dicere. 3 praeparatio et quasi uestibulum orationis est. 4 inceptio dicitur orationis, quae longa taciturnitate meditate grauiterque profertur, ut Vergilius « tum pater omnip., r. c. p. p., i.
VergAen. 10, 100112 ». 5 vos semotae n. s. habuit fidem, quod soli fuimus, quod nemo testis. an timuit, ne hoc pater ante firmatum amorem cognosceret? 1 accessi vos semotae nos soli figures proprement térentiennes, asyndète (ἀσύνδετον) et ellipse (ἔλλειψις) : uos semotae il manque estis (vous êtes), nos soli il manque remansimus (nous sommes restés) ; comme ce passage : « egone illam quae illum quae me ». 2 incipit il manque dicere (dire). 3 C᾽est la préparation et pour ainsi dire le vestibule498 de son discours. 4 On appelle inceptio d᾽un discours499, un début qui après un long silence est proféré avec réflexion et gravité, comme Virgile : « tum pater omnipotens, rerum cui prima potestas, infit » (alors le Père tout-puissant qui sur le monde entier a pouvoir souverain commence)500. 5 vos semotae nos soli "elle a eu confiance car nous étions seuls, il n᾽y avait aucun témoin". Ou alors "elle a craint que le père ne connaisse cela avant que cet amour ne soit scellé ?". "mi Pamphile, huius formam atque aetatem uides,
« Mon cher Pamphile, sa beauté et sa jeunesse, tu les vois.
1 mi pamphile μίμησις per prosopopoeiam et principium a blandimento. 2 mi pamphile imitatus est etiam blandimentum Chrysidis. 3 hvivs formam atqve aetatem amat compendium lassitudo; formam enim dicendo pulchritudinem significat, aetatem, quod parua. 4 hvivs formam atqve aetatem duplex causa commendationis: formae et aetatis. et supra « forte unam aspicio adulescentulam TerAnd. 118113 ». 5 mi pamphile uide redditam uoci morientis densis interuallis intersumptam orationem utpote lasso anhelitu interueniente. 1 mi pamphile imitation (μίμησις) grâce à la prosopopée et début reposant sur la cajolerie501. 2 mi pamphile il a même imité la cajolerie de Chrysis. 3 hvivs formam atqve aetatem la faiblesse se plaît à dire les choses en peu de mots ; en effet, en disant forma elle veut dire pulchritudo (beauté), en disant aetas, qu᾽elle est jeune502. 4 hvivs formam atqve aetatem la raison qui la fait recommander la jeune fille est double : forma et aetas. Et plus haut « forte unam aspicio adulescentulam »503. 5 mi pamphile voyez le discours d᾽une mourante qui recouvre la parole après de longues interruptions comme si son souffle affaibli soudain lui revenait504. nec clam te est quam illi nunc utraeque utiles 839 Tu n᾽ignores pas combien ces deux avantages aujourd᾽hui lui sont utiles
vtraeqve vtiles legitur et inutiles sient.
vtraeqve vtiles on lit aussi inutiles sient505. et ad pudicitiam et ad rem tutandam sient.
pour veiller sur son honneur et sur son bien.
1 et ad pvdicitiam quia formam dixit, et ad rem tvtandam quia dixit aetatem. 2 et ad rem tvtandam ἀπόδοσις.
1 et ad pvdicitiam car elle a dit forma, et ad rem tvtandam car elle a dit aetas. 2 et ad rem tvtandam apodose (ἀπόδοσις)506. quod te per hanc dextram840 oro et ingenium841 tuum, Aussi, par ta main droite, par ton génie,
1 qvod te per hanc dextram114 quod propter quod, ut « quod te per superos
VergAen. 2, 141 ». Et ordo: propter quod oro . 2 per hanc dextram tenet eum, ut apparet. 3 per hanc dextram fidei et foederis membrum et manum conuentionis. 4 et ingenivm legitur et genium. 1 qvod te per hanc dextram quod signifie propter quod (à cause de quoi), comme « quod te per superos »507. Et l᾽ordre est : proper quod oro. 2 per hanc dextram elle le tient à ce qu᾽il semble508. 3 per hanc dextram partie du corps qui marque la loyauté et l᾽engagement et main qui sert à un engagement509. 4 et ingenivm on lit aussi genium510. per tuam fidem per842 huius solitudinem par la foi quer tu as jurée, par son isolement,
per hvivs solitvdinem legitur et sollicitudinem.
per hvivs solitvdinem on lit aussi sollicitudinem511. te obtestor ne abs te hanc segreges neu deseras.
je te conjure de ne pas te séparer de cette petite et de ne point l᾽abandonner.
1 obtestor obtestatio dicitur, quando eum adiuramus, quem rogamus, per eas res, propter quas rogamus; ut Vergilius « per euersae, g., f. T. e. o.
VergAen. 10, 45115 ». 2 ne abs te hanc segreges nev d. ad fidem ne segreges rettulit, ad solitudinem neu deseras. 3 hoc116 est: ne aliam ducas aut amare desinas, etiamsi nunc ducas aliam. 4 ne abs te hanc s. quasi ipsam amantem. 5 hanc117 propter formam et aetatem 118 , nev deseras propter amorem. 6 segreges hoc uerbum simplex fieri non potest. 7 te obtestor sextum παρέλκον: dixit enim iam « quod ego te per hanc dexteram oro
TerAnd. 289 ». 1 obtestor on parle d᾽obtestatio512, quand nous adjurons celui que nous prions, par les choses pour lesquelles nous le prions ; comme Virgile : « per euersae, genitor, fumantia Troiae excidia obtestor » (c᾽est toi, père, que je supplie par les ruines fumantes d᾽une Troie renversée). 2 ne abs te hanc segreges nev deseras il rapporte ne segreges à fidem, et à solitudinem neu deseras. 3 C᾽est-à-dire : "pour que tu n᾽en épouses pas une autre ou cesses de l᾽aimer même si tu en épouses maintenant une autre". 4 ne abs te hanc segreges comme si elle l᾽aimait de son côté. 5 hanc à cause de sa beauté et de son âge513. 6 segreges ce verbe n᾽a aucun verbe simple pour lui correspondre514. nev deseras à cause de son amour. 7 te obtestor pléonasme (παρέλκον) du sixième type : elle a dit en effet « quod ego te per hanc dexteram oro ». si te in germani fratris dilexi loco
S᾽il est vrai que je t᾽ai chéri à l᾽égal d᾽un véritable frère,
1 si te in germani fratris si tunc dicimus, quando praestitimus aliquid et tamen nolumus exprobrare, ut Vergilius « si qua tuis umquam pro me p. H. a. d. t.
VergAen. 9, 406-407 » et alibi « si bene quid de te merui
VergAen. 4, 317 ». 2 in germani fratris nec fratris solum, sed etiam germani. 1 si te in germani fratris nous disons si, quand nous avons offert quelque chose et quand cependant nous ne voulons pas faire de reproche comme Virgile : « si qua tuis umquam pro me pater Hyrtacus aris dona tulit » (si mon père Hyrtacus a porté pour moi des présents sur tes autels) et ailleurs : « si bene quid de te merui » (si j᾽ai bien mérité tes bienfaits)515. 2 in germani fratris et ce n᾽est pas seulement frère, mais frère germain516. siue haec te solum semper fecit maximi
si cette petite a toujours fait le plus grand cas de toi,
sive haec te solvm si aut mihi quoque te praetulit aut nullum alium nouerit amatorem in domo meretricis.
sive haec te solvm "si elle t᾽a préféré même à moi", ou si elle n᾽a connu aucun autre amant dans la maison de la courtisane.
seu tibi morigera fuit in rebus omnibus,
si elle s᾽est montrée pour toi complaisante en toutes choses,
sev tibi morigera fvit hoc quasi amanti, ut « ille fuit aut tibi quicquam dulce m.
VergAen. 4, 317-318 ». sev tibi morigera fvit cela comme à un amant, comme le Poète517 : « fuit aut tibi quicquam dulce meum » (si tu as trouvé en moi quelque douceur)518. te isti uirum do, amicum tutorem patrem;
je te donne à elle pour mari, pour ami, pour tuteur et pour père.
1 te isti virvm do haec, ut diximus, et singula sunt et non praecipitantur nec dicuntur uno spiritu. 2 amicvm tvtorem patrem potest enim et maritus esse et non amicus; sed affectu119 mariti rettulit amicum. 3 tvtorem quasi orbae, patrem quasi paruae. 4 virum « ne segreges
TerAnd. 291 », amicum « ne deseras
TerAnd. 291 »; illud quod ait « ad rem tutandam
TerAnd. 288 » tutorem et120 illud quod ait et ad pudicitiam
TerAnd. 288patrem. 5 conclusio per mandatum et obtestationem efficax satis. 6 te isti virvm do a. t. p. apparet, quod iungens dexteras haec dicebat. ideo et supra « per hanc d. o.
TerAnd. 289 ». 1 te isti virvm do ces paroles, pour reprendre notre expression519, sont individualisées, et elles ne sont dites ni avec précipitation, ni d᾽un trait. 2 amicvm tvtorem patrem il peut en effet être un mari sans être un amicus ; mais c᾽est à l᾽affection du mari qu᾽elle rapporte amicum520. 3 tvtorem en tant qu᾽orpheline, patrem en tant que c᾽est une jeune fille. 4 virum pour que « ne segreges », amicum pour que « ne deseras » ; tutorem se rapporte à ce qu᾽elle dit « ad rem tutandam » et patrem à ce qu᾽elle dit ad pudicitiam. 5 Conclusion vraiment efficace reposant sur une mission donnée et une attestation solennelle. 6 te isti virvm do amicvm tvtorem patrem il apparaît clairement qu᾽elle disait ces mots en lui tenant la main droite dans la sienne. C᾽est pourquoi plus haut on a aussi « per hanc dextram oro ». bona nostra haec tibi permitto et tuae mando fidei".
Je te laisse tous les biens que nous possédons et les confie à ta loyauté ».
1 bona nostra haec tibi haec uerba quasi supellectilem suam ostendentis sunt. 2 bona nostra hoc est « ad rem tutandam
TerAnd. 288 ». 1 bona nostra haec tibi haec est le mot qui sert à montrer son bien521. 2 bona nostra c᾽est-à-dire « ad rem tutandam ». hanc mihi manum843 dat; mors continuo ipsam occupat. Elle met cette main dans la mienne, et la mort aussitôt s᾽en empare.
1 hanc mihi m. d. 121 confirmatae sunt legitimae nuptiae per manuum conuentionem. 2 et mire hanc, non huius manum. 3 mors continvo ipsam o. quo magis memorem esse oportet eorum, post quae illa nihil locuta est. 1 hanc mihi manvm dat on confirme un mariage légitime en se donnant la main pour marquer la convention522. 2 Et il est étonnant qu᾽il dise hanc, et non huius manum (la main de celle-ci)523. 3 mors continvo ipsam occvpat il convient d᾽autant plus de se souvenir de ces mots après lesquels elle n᾽a plus rien dit. accepi: acceptam seruabo. My.-ita spero quidem.
Je l᾽ai reçue : ce que j᾽ai reçu je le garderai. My.-Je l᾽espère, vraiment.
1 accepi accepi proprie quasi uxorem. 2 accepi a. s. conclusit partem deliberationis suae per electionem.
1 accepi accepi est utilisé au sens propre comme on reçoit une épouse. 2 accepi acceptam servabo il conclut la partie délibérative de son discours par un choix524. Pa.-sed cur tu abis ab illa? My.-obstetricem accerso. Pa.-propera. atque audin?
Pa.-Mais pourquoi t᾽éloigner d᾽elle ? My.-Je vais chercher la sage-femme. Pa.-Hâte-toi. Tu m᾽entends ?
1 obstetricem a. quae opem tetulerit, obstetrix dicitur, unde et parturientes fer opem clamant. 2 sed cvr tv abis ab illa corripit, unde abeat ab illa. 3 Non est interrogantis sed corripientis et increpantis, quod Glycerium deserat. 4 propera atqve avdin et interrogat122 quo eat et reuocatio ad argumentum magni amoris accedit. 1 obstetricem accerso c᾽est-à-dire "qui soit venue en aide" (opem tetulerit), le mot obstetrix vient du fait que les parturientes aussi crient fer opem (à l᾽aide)525. 2 sed cvr tv abis ab illa il lui reproche de s᾽éloigner d᾽elle. 3 Ce n᾽est pas une manière de questionner, mais de faire des reproches et de blâmer le fait que Glycère s᾽en aille526. 4 propera atqve avdin la question "où vas-tu ?" et le fait de la rappeler ajoutent aux preuves d᾽un grand amour527. uerbum unum caue de nuptiis, ne ad morbum hoc etiam... My.-teneo.
Garde-toi de dire un mot de ce mariage, pour ne pas à son mal... My.-Je saisis.
1 verbvm vnvm cave d. n. deest dicas: figura ἔλλειψις. 2 verbvm vnvm cave d. n. non quo hodie futuras nescierit Glycerium, sed quod illas odio indixerat pater filio, cum supra et Pamphilo et Glycerio distributae123 uiderentur, « quia sunt constitutae in hunc diem
TerAnd. 269 ». 3 cave adnotant quidam caue hic corripiendum esse. 4 ne ad morbvm hoc etiam iterum ἔλλειψις, deest enim accedat. 1 verbvm vnvm cave de nvptiis il manque dicas (de dire) : c᾽est la figure d᾽ellipse (ἔλλειψις). 2 verbvm vnvm cave de nvptiis non que Glycère ait pu ignorer que le mariage se ferait aujourd᾽hui, mais parce que c᾽est par haine d᾽elle que le père l᾽a imposé à son fils, alors que plus haut il semblait devoir être le lot de Pamphile et de Glycère : « quia sunt constitutae in hunc diem »528. 3 cave certains notent qu᾽il faut ici abréger caue529. 4 ne ad morbvm hoc etiam encore une ellipse (ἔλλειψις), manque en effet accedat (qu᾽il s᾽ajoute). Actus quartus
Sommaire
Notes
Scaena prima
Ch.-hocine est credibile aut memorabile,
Ch.-Peut-on croire, peut-on admettre
1 hocine est credibile avt memorabile elegans perturbatio, in qua inter se Simo, Dauus, Pamphilus, Charinus, Byrria, Chremes, omnes omnibus redduntur offensi. 2 hocine est c. a. m. et incredibile est, inquit, et nefandum; e contrario enim ab interrogatione quadam incipiunt, qui nimis irascuntur, ut est illud hocine est humanum f. a. i.? h. e. ο. p.? 3 et totum in pronuntiatione est: hoc enim genus interrogationis uim negandi exprimit. 4 hocine est credibile a generalitate incipit, ut Cicero quam facile serpat iniuria et peccandi locus, quam non f. r. u. 5 Idem hocine saeclum! ο scelera, ο g. s., ο h. i.!
1 hocine est credibile avt memorabile : élégante scène d᾽imbroglio où Simon, Dave, Pamphile, Charinus, Byrria, Chrémès s᾽attaquent mutuellement les uns les autres 702 . 2 hocine est credibile avt memorabile : c᾽est à la fois, dit-il, incroyable et indicible ; car on commence par une interrogative qui appelle une réponse négative quand on est particulièrement irrité, comme plus haut : hocine est humanum factu aut inceptu ? hocine est officium patris ? 3 Et tout est dans la prononciation car ce genre d᾽interrogation exprime la valeur négative. 4 hocine est credibile : il commence par une généralité, comme Cicéron : quam facile serpat iniuria et peccandi locus 703 , quam non facile reprimatur uidete (avec quelle facilité l᾽injustice et l᾽occasion de mal agir s᾽insinuent, avec quelle difficulté on les réprime, voyez-le, <juges>). 5 De même : hocine saeclum ! o scelera, o genera sacrilega, o hominem impium ! tanta uecordia innata cuiquam ut siet
qu᾽un homme ait une nature si démente
tanta vecordia i. c. vt siet singulari et plurali numero respondet.
tanta vecordia innata cviqvam vt siet : il répond à la fois avec un singulier et un pluriel.
ut malis gaudeant atque ex incommodis
qu᾽il se réjouisse des malheurs et que des disgrâces
1 vt malis gavdeant cum dixisset cuiquam, intulit numerum pluralem, ut alibi si quisquam est, qui placere s. b. q. p. et m. m. I, i. h. p. n. p. s. 2 vt malis gavdeant legitur et gaudeat et comparet. 3 ex incommodis a. et hic gaudeat subauditur. 4 atqve ex incommodis a. s. vt c. c. hoc est: non intellegunt commoda sua, nisi ex alterius incommodis ea aestimauerint.
1 vt malis gavdeant : alors qu᾽il avait mis le pronom singulier quisquam, il met ici le pluriel, comme ailleurs : si quisquam est qui placere se studeat bonis quam plurimis et minime multos laedere, in his poeta nomen profitetur suom. 2 vt malis gavdeant : on lit aussi le singulier gaudeat dans les manuscrits ainsi que comparet au vers suivant. 3 ex incommodis alterivs : ici on sous-entend gaudeat (il se réjouit). 4 atqve ex incommodis alterivs sva vt comparent commoda : c᾽est-à-dire : ils ne comprennent leur bonheur qu᾽à l᾽aune des malheurs d᾽autrui.
alterius sua ut comparent commoda ? Ah
des autres il tire avantage ? Ah !
sva vt comparent hoc est adquirant uel aestiment.
sva vt comparent : c᾽est-à-dire acquirant (ils acquièrent) ou aestiment (ils évaluent).
id est 895 uerum ? immo id est genus hominum pessumum in serait-ce vrai ? Oui, la pire espèce d᾽hommes est celle
1 id est vervm immo id est alii sic uerum est hoc genus hominum: <hominem> se probauit esse, cum malus sit et hic contra hoc immo non hominem, sed pessimum hominem se probauit. 2 vervm immo id est parum accusauerat dicens id est uerum hominum genus et ideo addidit id est pessimum hominum genus, ut hoc facere non hominis modo sit, sed pessimi hominis.
1 id est vervm immo id est : certains comprennent : uerum est hoc genus hominum: <hominem> se probauit esse, cum malus sit (voilà la véritable nature humaine : il a prouvé qu᾽il était un homme puisqu᾽il est mauvais) et son contraire : immo non hominem, sed pessimum hominem se probauit (mais tout ce qu᾽il a prouvé, ce n᾽est pas qu᾽il est un homme, mais qu᾽il est un homme de la pire espèce). 2 vervm immo id est : en disant id est uerum hominum genus, il avait proféré une accusation insuffisante ; du coup il ajoute id est pessimum hominum genus, pour qu᾽une telle action soit mise au compte non pas de l᾽homme seulement, mais de l᾽homme de la pire espèce.
denegando modo quis pudor paullum adest ;
qui n᾽a un peu de pudeur que pour refuser.
1 in denegando modo modo pro tantummodo. 2 qvis pvdor p. a. adest pudor, ne denegent, non adest, ut et praestent.
1 in denegando modo : modo est mis pour tantummodo (un tant soit peu). 2 qvis pvdor pavllvm adest : le scrupule existe assez pour empêcher les gens de refuser mais il n᾽existe pas suffisamment pour qu᾽ils aillent jusqu᾽à accorder 704 . post ubi tempus promissa iam perfici,
Vienne le temps de tenir leurs promesses,
post vbi tempvs deest est, ut sit: tempus est.
1 post vbi tempvs : il manque le verbe est de sorte qu᾽on ait : ubi tempus est (quand le moment est venu).
tunc 896 coacti necessario se aperiunt, alors, contraints par l᾽inévitable, ils se révèlent ;
1 tvnc coacti necessario s. a. mire ait necessario, quia natura sunt tales; necessitas autem in natura est constituta. 2 aperivnt mire aperiunt, quoniam tunc, cum promittebant, mali erant, sed latebat malitia intra pectoris altitudinem.
1 tvnc coacti necessario se aperivnt : remarquable emploi de necessario, parce que c᾽est bien leur nature ; or la nécessité se trouve dans la nature. 2 aperivnt : remarquable emploi de aperiunt, puisque, au moment de la promesse, ils étaient méchants, mais la méchanceté était cachée au plus profond de leur cœur.
et timent et tamen res premit denegare ;
ils ont peur, mais la situation les force à se dédire.
1 et timent et t. r. p. d. bis numero subauditur denegare. 2 et melius timent, quam si diceret pudet eos; nam timor etiam malorum, pudor tantum bonorum. 3 res malitia scilicet: id est quia mali sunt ad rem, quam praestare non possunt.
1 et timent et tamen res premit denegare : denegare est sous-entendu deux fois 705 . 2 Et il est meilleur de dire timent que eos pudet (ils ont honte) ; car le timor (peur) est l᾽apanage des mauvaises gens, le pudor (honte) ne concerne que les braves. 3 res : à savoir par méchanceté ; c᾽est-à-dire parce qu᾽ils sont mauvais eu égard à la chose qu᾽ils ne peuvent accorder 706 . ibi tum eorum inpudentissuma oratiost
Ils tiennent alors les discours les plus impudents :
"quis tu es ? quis mihi es ? cur meam tibi ? heus proximus sum egomet mihi."
« Qui es-tu ? que m᾽es-tu ? pourquoi te céder celle qui est à moi ? Hé ! mon prochain, c᾽est moi-même. »
1 qvis tv es qvis mihi es quis tu es ad dignitatem refertur, quis mihi es ad necessitudinem, id est frater aut cognatus. 2 et haec uerba mollia dictu sunt, sed animo aspera. 3 cvr meam tibi ἔλλειψις.
1 qvis tv es qvis mihi es : quis tu es se rapporte à l᾽identité, quis mihi es se rapporte à la parenté, c᾽est-à-dire qu᾽il est un frère ou un parent. 2 Et ces mots sont doux dans leur ton, mais cruels dans l᾽esprit. 3 cvr meam tibi : ellipse (ἔλλειψις).
at tamen "ubi fides ?" si roges,
Demandez leur où est la bonne foi :
1 hevs proximvs heus significatio est modo nominis ad intentionem considerationemque reuocandi. 2 proximvs svm egomet mihi id est: carior mihimet ipse sum quam quisquam alienus. 3 proximvs carus, beniuolus. — 4 et hoc est, quod ait supra quo aequior sum Pamphilo, si se illam in somnis quam illum amplecti maluit. — inde et proximi et propinqui dicuntur, qui nobis cari esse debent.
1 hevs proximvs : l᾽interjection heus signifie parfois qu᾽on rappelle quelqu᾽un à son intention et à la réflexion. 2 proximvs svm egomet mihi : c᾽est-à-dire : je suis plus proche de moi-même que n᾽importe qui d᾽autre. 3 proximvs : proximus signifie carus (cher), beniuolus (bien intentionné). 4 Et c᾽est qu᾽il veut dire ci-dessus : quo aequior sum Pamphilo si se illam in somnis quam illum amplecti maluit. C᾽est pourquoi proximus (très proche) et propinquus (proche) se disent de ceux qui doivent nous être chers.
nihil pudet hic, ubi opus est ; illic 897 ubi ils n᾽ont point de honte, alors qu᾽il faudrait en avoir ; lorsqu᾽il
1 nihil pvdet pudor est mali facti, uerecundia recti et honesti. ergo mire posuit. 2 si roges abundat si roges, sed ἠθικῶς additum est. 3 hic vbi opvs est ubi iam promiserunt. 4 hic vbi opvs est saluo pudore.
1 nihil pvdet : le pudor (honte) est suscité par une mauvaise action, la uerecundia (respect) par une belle et bonne action. Aussi est-ce un emploi paradoxal 707 . 2 si roges : si roges est superflu, mais c᾽est un ajout conforme au caractère du personnage (ἠθικῶς). 3 hic vbi opvs est : au moment où ils ont fait leur promesse. 4 hic vbi opvs est : sans manquer à la pudeur. nihil opus est, ibi uerentur.
n᾽en faut point, c᾽est alors qu᾽ils en ont.
1 illic vbi nihil nota illic et ibi: aptum irascenti repetitionis genus. 2 illic legitur et illi. 3 vbi nihil opvs est ubi nondum promiserunt. 3 ibi verentvr quod ait supra in denegando modo quis p. p. a.
1 illic vbi nihil : notez les adverbes illic et ibi (y) : ils manifestent un type de répétition propre au personnage en colère. 2 illic : on lit aussi illi (là-bas). 3 vbi nihil opvs est : quand ils n᾽ont pas encore promis. 4 ibi verentvr : comme ci-dessus : in denegando modo quis pudor paullum adest.
sed quid agam ? adeamne 898 ad eum et cum eo iniuriam hanc expostulem ? Mais que faire ? Aller le trouver ? Lui demander raison de cet affront ?
1 sed qvid agam adeamne ad evm hic locus deliberationis est, an adeat Pamphilum. 2 et unum abundat. 3 et moraliter uerba Charini sunt posita. 4 et cvm eo inivriam pro de iniuria. 5 expostvlem expostulatio est aduersus eum, quem incusamus; nam expostulare est querellam apud eum ipsum deponere de eo ipso, qui fecit iniuriam, postulare autem querellam dicere de altero apud alterum.
1 sed qvid agam adeamne ad evm : délibération pour savoir s᾽il doit aller voir Pamphile. 2 Et il y en a un qui est superflu 708 . 3 Et les paroles de Charinus sont conformes à son caractère. 4 et cvm eo inivriam : iniuriam est mis pour de iniuria (lui demander raison de son affront). 5 expostvlem : l᾽expostulatio (réclamation) se fait à l᾽encontre de quelqu᾽un que l᾽on accuse ; car expostulare c᾽est porter plainte devant la personne même et contre la personne même qui a commis une injustice, alors que postulare (poursuivre) c᾽est porter plainte contre autrui devant autrui. ingeram mala multa ? atque aliquis dicat "nil promoueris" :
L᾽agonir de force injures ? On me dira : à quoi cela t᾽avancera-t-il ?
1 ingeram mala m. quasi tela ista se dixit ingesturum mala. 2 atqve aliqvis d. n. p. hoc dicit: etsi exsistat aliquis, qui mihi dicat quid profeceris?, respondeo multum.
1 ingeram mala mvlta : il dit quasiment qu᾽il va lancer de ces traits assassins. 2 atqve aliqvis dicat nihil promoveris : il veut dire : imaginons que quelqu᾽un vienne me dire quid profeceris (en quoi cela t᾽aura-t-il avancé ?), je réponds multum (énormément).
multum : molestus certe ei fuero atque animo morem gessero.
A beaucoup : je lui aurai du moins fait de la peine et j᾽aurai satisfait mon ressentiment.
1 mvltvm non subiunxit, quomodo multum, sed: aliud faciam. 2 transitum fecit dicendo molestus certe ei fuero. 3 mvltvm subauditur promouero. 4 molestvs certe ei f. hoc est: si nihil aliud promouero, certe ei molestus fuero. 5 atqve animo m. g. erit fructus iracundiae ex uindicta. 6 et per iracundiam atque turbationem non inuenit, quid sit multum; aliud ergo inuenit molestus certe ei fuero.
1 mvltvm : il n᾽a pas ajouté de quelle manière il entend multum, mais aliud faciam (je vais faire autre chose) 709 . 2 Il fait une transition 710 en disant molestus certe ei fuero. 3 mvltvm : promouero (j᾽aurai <beaucoup> avancé) est sous-entendu. 4 molestvs certe ei fvero : c᾽est-à-dire : si je n᾽obtiens rien d᾽autre, au moins je lui aurai fait un peu de mal. 5 atqve animo morem gessero : la colère se paiera de la vengeance. 6 Et sous le coup de la colère et du trouble, il ne trouve pas ce que représente ce multum. Il trouve donc autre chose en disant molestus certe ei fuero. Pa.-Charine, et me et te inprudens, nisi quid di respiciunt, perdidi.
Pa.-Charinus, toi et moi, par imprudence, si les dieux ne nous viennent en aide, je nous ai perdus.
1 charine et me et te in. p. mire et artificiose Pamphilum fecit priorem alloqui ad perfringendam iracundiam Charini: alioquin si prior uociferari potuisset, tragica exclamatione usus fuisset. 2 inprvdens est defensio ab imprudentia: etenim nisi bonae esset conscientiae, numquam diceret te perdidi purgaturus.
1 charine et me et te inprvdens (…) perdidi : c᾽est remarquable et de bonne technique que de faire parler Pamphile le premier pour briser la colère de Charinus : sinon, si Charinus avait pu d᾽abord proférer ses insultes, il aurait usé d᾽exclamations tragiques. 2 inprvdens : c᾽est un argument de défense par imprudence : de fait, s᾽il n᾽avait pas bonne conscience, jamais il ne dirait pour se justifier te perdidi.
Ch.-itane "inprudens" ? tandem inuentast causa : soluisti fidem.
Ch.-Vraiment, « par imprudence » ? Enfin tu as trouvé un prétexte. Tu as tenu parole.
1 itane inprvdens inprudens distingue et attende hoc illum repetere, quod indignatur magis, quasi audierit inprudens et non audierit reliqua. 2 itane inprvdens quia articulus omnis defensionis per concessiuam qualitatem hoc dicto est constitutus, idcirco hoc ipsum Charinus per infirmationem repetit, hoc cupiens eripere Pamphilo, quo ille maxime nititur.
1 itane inprvdens : faites une pause avant inprudens et remarquez que Charinus répète le mot qui suscite le plus son indignation, comme s᾽il avait entendu inprudens sans entendre la suite. 2 itane inprvdens : parce que toute l᾽articulation de la défense fondée sur un état concessif de la cause repose sur ce mot, Charinus à dessein le répète pour l᾽infirmer, en espérant arracher à Pamphile ce qui constitue son meilleur appui 711 . Pa.-quid "tandem" ? Ch.-etiamnunc me ducere istis dictis postulas ?
Pa.-Quoi « enfin » ? Ch.-Prétends-tu me mener encore en bateau avec tes paroles ?
Pa.-quid istuc est ? Ch.-postquam me amare dixi, conplacitast tibi.
Pa.-Qu᾽est-ce que cela veut dire ? Ch.-Quand je t᾽ai dit que j᾽étais amoureux, elle t᾽a plu.
heu me miserum qui tuum animum ex animo spectaui meo !
Ah ! malheureux que je suis d᾽avoir jugé de ton cœur par le mien !
qvi tvvm animvm ex a. s. m. legitur et cum.
qvi tvvm animvm ex animo spectavi meo : on lit aussi cum.
Pa.-falsus es. Ch.-non tibi sat esse hoc solidum uisum est gaudium,
Pa.-Tu t᾽abuses. Ch.-Sans doute ta joie ne t᾽aurait pas semblé complète,
1 falsvs es modo participium est, id est falleris, si Pamphilus dicit; si uero coniungitur, pro fallax accipitur. 2 hoc solidvm visvm solidum plenum, idoneum, integrum.
1 falsvs es : falsus est parfois un participe équivalent de falleris (tu te trompes), si c᾽est Pamphile qui parle. Mais si c᾽est la même réplique, il équivaut à fallax (mensonger) 712 . 2 hoc solidvm visvm : solidus veut dire plenus (plein), idoneus (adapté), integer (entier). nisi me lactasses amantem et falsa spe produceres ?
si tu n᾽avais roulé dans la farine un pauvre amant, en le berçant longtemps d᾽un faux espoir.
1 nisi me lactasses produxisses, oblectasses, induxisses, quae significatio frustrationem ostendit. 2 lactare est inducere in aliquam uoluntatem a laciendo; unde et oblectare dicitur.
1 nisi me lactasses : le verbe signifie producere (mener en bateau), oblectare (amuser), inducere (induire en erreur) et relève du lexique de la tromperie. 2 Lactare c᾽est induire à suivre la volonté de quelqu᾽un, qui vient du verbe lacere 713 , d᾽où vient aussi le verbe oblectare (amuser). habeas. Pa.-habeam ? ah nescis quantis in malis uorser miser
Prends-la. Pa.-Que je la prenne ! Ah ! tu ne sais pas dans quels maux je me débats, malheureux,
1 habeas permissio animi irati. 2 habeam ut supra aut si tibi nuptiae hae s. c c.?
1 habeas : permission émanant d᾽un esprit irrité. 2 habeam : de même que ci-dessus : aut si tibi nuptiae hae sunt cordi… — Cordi ?
quantasque hic suis consiliis mihi conflauit sollicitudines
quelles angoisses m᾽ont données les conseils de Dave,
1 qvantas hic mihi svis consiliis ironia dixit, ut supra cuius consilio fretus sum. 2 et cum uerser praetulerit, conficiat debuit inferre. est ergo ἀνακόλουθον, ut est illud principio amico filium r. ... i. 3 confecit legitur et conflauit. 4 sollicitvdines perturbationes.
1 qvantas hic mihi svis consiliis : dit avec ironie comme ci-dessus : cuius consilio fretus sum. 2 Et comme il a d᾽abord mis uerser, il aurait dû continuer avec conficiat 714 . C᾽est donc une anacoluthe (ἀνακόλουθον), comme ci-dessus : principio amico filium restitueris. 3 confecit : on lit aussi conflauit. 4 sollicitvdines : synonyme de perturbationes (troubles, soucis). meus carnufex. Ch.-quid istuc tam mirum est de te si exemplum capit ?
mon bourreau. Ch.-Qu᾽y a-t-il d᾽étonnant, s᾽il prend exemple sur toi ?
meus carnifex id est: in me carnifex, qui me torserit, ut alibi deo irato meo, hoc est: in me deo irato. 2 de te si exemp. c. utrum: si te imitatur, an: si de te exigit poenas, ut ipse alibi uterque exempla in te edent? 3 sed melius te imitatur accipimus.
1 mevs carnifex : c᾽est-à-dire un carnifex in me (un bourreau dont je suis la victime), qui me torturera. Ainsi ailleurs : deo irato meo, c᾽est-à-dire deo in me irato (un dieu irrité contre moi). 2 de te si exemplvm capit : au choix : si te imitatur (s᾽il t᾽imite) ou bien si de te exigit poenas (s᾽il te punit), comme on le voit ailleurs : uterque exempla in te edent. 3 Mais il vaut mieux comprendre te imitatur (il t᾽imite).
Pa.-haud istuc dicas, si cognoris uel me uel amorem meum.
Pa.-Tu ne dirais pas cela si tu me connaissais moi, ou mon amour.
havt istvc dicas si cognoris nosti enim, sed si cognoueris, non ita dicas.
havt istvc dicas si cognoris : car tu l᾽as connu, mais si tu avais appris à le connaître, tu ne parlerais pas ainsi 715 . Ch.-scio : cum patre altercasti dudum et is nunc propterea tibi
Ch.-Je sais. Tu as bien tenu tête à ton père tout à l᾽heure, et contre toi
1 cvm patre altercasti ab his quae facta sunt ad ea quae facta non sunt. 2 cvm patre altercasti legitur et altercatus es, non enim alterco dicimus.
1 cvm patre altercasti : on part de ce qui a été fait pour aller vers ce qui n᾽est pas fait. 2 cvm patre altercasti : on lit aussi altercatus es, car on ne dit pas alterco 716 . suscenset nec te quiuit hodie cogere illam ut duceres.
il est fâché, et de tout le jour il n᾽a pu te contraindre à l᾽épouser.
nec te qvivit h. c. argumentum attulit ex his quae non sunt facta, cum fieri debuerint.
nec te qvivit hodie cogere : il argumente d᾽après des événements qui n᾽ont pas eu lieu alors qu᾽ils auraient dû avoir lieu.
Pa.-immo etiam, quo minus tu scis 899 aerumnas meas, Pa.-Il n᾽en est rien, et tu ne sais rien de mes malheurs.
1 immo etiam pro: praeterea et amplius. 2 immo etiam deest audi. 3 qvo minvs tv scis quo id est quod. et deest audi. 4 uel accipe, ut sit quod uel quoniam. 5 uel quo id est ex quo aut qua re. 6 aut certe erit sensus cum subauditione huiusmodi: immo etiam quo minus scis aerumnas meas, eo magis audi, aut: immo etiam hae nuptiae non apparabantur mihi, quo ipso minus tu scis aerumnas meas, id est falsae nuptiae erant, quae res te magis fallit irascique mihi cogit merito.
1 immo etiam : équivaut à praeterea (en outre) et amplius (bien plus). 2 immo etiam : il manque audi (écoute). 3 qvo minvs tv scis : quo c᾽est-à-dire quod et il manque audi (écoute). 4 Ou alors admettez que quo équivaut à quod ou à quoniam 717 . 5 Ou encore quo équivaut à ex quo ou qua re. 6 Ou assurément le sens sera le suivant, avec un sous-entendu de ce genre : immo etiam quo minus scis aerumnas meas, eo magis audi (bien plus, tu sais d᾽autant moins mes infortunes, écoute-les donc d᾽autant plus), ou bien immo etiam hae nuptiae non apparabantur mihi, quo ipso minus tu scis aerumnas meas (bien plus, on ne me prépare pas un mariage, ce qui fait vraiment que tu ne sais rien de mes infortunes), c᾽est-à-dire que les noces étaient fausses, chose qui t᾽induit grandement en erreur et qui me pousse à m᾽irriter à juste titre. haec nuptiae non apparabantur mihi
Ce mariage ne se préparait pas pour moi,
1 hae nvptiae legitur et haec nuptiae; sic enim ueteres dixerunt. 2 non apparabantvr apparari cum datiuo casu iunctum semper cladem et perniciem significat, ut mihi sacra parari.
1 hae nvptiae : on lit aussi haec nuptiae ; c᾽est ainsi en effet que s᾽exprimaient les anciens. 2 non apparabantvr : le verbe apparari construit avec le datif signifie toujours un désastre et une calamité comme dans l᾽expression mihi sacra parari (on prépare pour moi l᾽appareil des sacrifices).
nec postulabat nunc quisquam uxorem dare.
et personne ne songeait à me donner femme.
Ch.-scio : tu coactus tua uoluntate es. Pa.-mane :
Ch.-Je sais : on t᾽a fait violence, ...de ton plein gré. Pa.-Attends :
tv coactvs tva volvntate hic est accusatio: ille enim excusat per imprudentiam, hic arguit uoluntatem. hoc ergo dicit: eo grauius, quod nullo cogente, peccasti.
tv coactvs tva volvntate : c᾽est une accusation : l᾽un des personnages en effet s᾽excuse en prétextant l᾽imprudence, l᾽autre lui oppose la volonté. Donc cela veut dire : c᾽est d᾽autant plus grave que tu as fauté sans que nul ne te contraigne.
nondum scis. Ch.-scio equidem illam ducturum esse te.
tu ne sais pas encore. Ch.-Je sais du moins que tu vas l᾽épouser.
Pa.-cur me enecas 900 ? hoc audi : numquam destitit Pa.-Pourquoi me tortures-tu ? Écoute : il n᾽a pas cessé un moment
cvr me enecas enecas excrucias.
cvr me enecas : enecas vaut pour excrucias (tu tortures).
instare ut dicerem me ducturum patri ;
d᾽insister pour que je dise que j᾽épouserais à mon père,
instare vt dicerem me dvctvrvm patri svadere orare instare suadere orare: quarto nihil potest esse.
instare vt dicerem me dvctvrvm patri svadere orare : instare suadere orare : il ne peut y avoir de quatrième verbe 718 . suadere orare usque adeo donec perpulit.
de conseiller, de prier, jusqu᾽à ce qu᾽enfin il m᾽y ait poussé.
Ch.-quis homo istuc ? Pa.-Dauos... Ch.-Dauos ? Pa.-interturbat. Ch.-quam ob rem ? Pa.-nescio ;
Ch.-Qui a fait ça ? Pa.-Dave... Ch.-Dave ? Pa.-Il jette le trouble partout. Ch.-Pourquoi ? Pa.-Je n᾽en sais rien ;
1 davvs intertvrbat Dauus cum admiratione pronuntiandum. 2 intertvrbat deerat, ut et hic Dauus diceret, sed plus intulit interturbat. 3 et inter modo pro nomine hoc non habet significationem 159 ; est enim auctiua particula, ut interfectus, interemptus. 4 uel inter modo pro per, ut ille hunc inter fluuio Tiberinus amoeno u. r. et m. f. h. in mare pror. 5 nescio quia irascitur Dauo, dixit nescio; alioquin scit. 1 davvs intertvrbat : il faut prononcer Dauus avec étonnement. 2 intertvrbat : il manque de dire ici aussi Dauus, mais interturbat est plus expressif. 3 Et inter n᾽a pas ici le sens d᾽un énoncé supposant le pronom hoc 719 ; c᾽est en effet une particule intensive comme dans interfectus, interemptus. 4 Ou bien ici il vaut pour per comme le Poète : hunc inter fluuio Tiberinus amoeno uerticibus rapidis et multa flauos harena in mare prorumpit (Le Tibre, qui traverse de son flot riant, va, en tourbillons rapides et tout jaune du sable qu᾽il roule, se jeter dans la mer). 5 nescio : parce qu᾽il est en colère contre Dave, il dit nescio, mais pourtant il sait. nisi mihi deos satis scio fuisse iratos qui auscultauerim.
tout ce que je sais, c᾽est que les dieux étaient assez irrités contre moi, pour que je l᾽écoute.
nisi mihi deos fvisse iratos deest quia, ut sit: nisi quia.
nisi mihi deos (…) fvisse iratos : il manque quia pour avoir : nisi quia (si ce n᾽est parce que).
Ch.-factum hoc est, Daue ? Da.-factum. Ch.-hem quid ais ? scelus !
Ch.-Tu as fait cela, Dave ? Da.-Je l᾽ai fait. Ch.-Hein ! que dis-tu, pendard ?
factvm hoc est dave non quod non credat interrogat, sed quod increpet.
factvm hoc est dave : ce n᾽est pas parce qu᾽il est incrédule qu᾽il pose une question, mais parce qu᾽il le réprimande.
at tibi di dignum factis exitium duint !
Que les dieux te donnent la fin que tu mérites !
at tibi di dignvm pactis exitivm dvint at principium increpationi aptum, ut Vergilius at tibi pro scelere et Horatius at ο deorum quicquid in caelo regit terras et h. g.
at tibi di dignvm factis exitivm dvint ! : at marque de façon adaptée un début de réprimande, comme chez Virgile : at tibi pro scelere (mais que pour ton forfait <les dieux te etc.>), ou Horace : at o deorum quicquid in caelo regit terras et humanum genus (Mais au nom de tout ce qu᾽il y a de divin dans le ciel pour régir la terre et le genre humain…).
eho dic mihi, si omnes hunc coniectum in nuptias
Allez, dis-moi, si tous ses ennemis dans ce mariage avaient voulu
1 eho dic mihi eho interiectio est intentionem audientis exposcens. 2 dic mihi semper τὸ dic mihi iniuriosum est, ut ille dic mihi, Damoeta, c. p.? 3 si omnes hvnc coniectvm cum odio hoc pronuntiandum est; ideo coniectum dixit.
1 eho dic mihi : eho est une interjection qui réclame l᾽attention de l᾽interlocuteur. 2 dic mihi : le (τὸ) dic mihi est toujours insultant, comme chez le Poète : dic mihi Damoeta cuium pecus ? (Dis donc, Damète, à qui est ce troupeau ?). 3 si omnes hvnc coniectvm : il faut dire cette réplique avec haine ; c᾽est pourquoi il dit coniectus (précipité <dans le mariage>).
inimici uellent, quod nisi hoc consilium darent ?
l᾽embarquer, quel autre conseil lui auraient-ils donné ?
1 deceptvs svm concessio. 2 scio τὸ scio non ad deceptionem, sed ad defetigationem reddidit. ergo cum ironia sonandum.
1 deceptvs svm : concession. 2 scio : le (τὸ) scio, répond à l᾽idée contenue dans defatigatus (découragé) et non dans celle contenue dans deceptus (déçu). Aussi faut-il le rendre ironiquement.
Da.-deceptus sum, at non defetigatus. Pa.-scio.
Da.-Je suis déçu, mais non découragé. Ch.-Je vois.
1 hac non svccessit deest quod conabamur. et proprie de bono sic dicitur. 2 alia adoriemvr adoriri proprie dicitur repente ex insidiis aliquem inuadere.
1 hac non svccessit : il manque quod conabamur (ce que nous tentions). Et le verbe succedere (réussir) se dit au sens propre en bonne part. 2 alia adoriemvr : adoriri (entreprendre) signifie au sens propre attaquer quelqu᾽un en lui tendant un piège.
Da.-hac non successit, alia adoriemur uia :
Da.-Ce moyen ne m᾽a pas réussi ; j᾽en tenterai un autre.
nisi si id putas, quia primo processit parum,
Crois-tu, parce que les choses ont mal débuté,
non posse iam ad salutem conuorti hoc malum.
qu᾽on ne puisse plus à notre salut faire tourner cet échec ?
Pa.-immo etiam ; nam satis credo, si aduigilaueris,
Pa.-Au contraire ; je suis sûr que si tu veux y veiller,
ex unis geminas mihi conficies nuptias.
tu me mettras sur les bras deux mariages au lieu d᾽un.
hoc tibi pro s. d. μετ᾽αλημπτικῶς seruitium pro seruitute posuit, ut seruitio enixae tulimus.
hoc tibi pro servitio debeo : par métalepse (μετ᾽αλημπτικῶς) il met seruitium pour seruitus (esclavage), comme dans Virgile : seruitio enixae tulimus (ayant enfanté dans la servitude, nous avons supporté ...).
Da.-ego, Pamphile, hoc tibi pro seruitio debeo,
Da.-Pour moi, Pamphile, tel est le devoir de mon esclavage :
conari manibus pedibus noctesque et dies,
faire des pieds et des mains, jour et nuit,
1 conari m. p. q. ut supra quem ego credo manibus pedibusque obnixe omnia facturum. 2 et accusatiuo casu sine intermissione significat noctes et dies. 3 manibvs et pedibvs ὑπερβολικῶς.
1 conari manibvs pedibusqve : comme plus haut : quem ego credo manibus pedibusque obnixe omnia facturum. 2 Et à l᾽accusatif cela signifie noctes et dies (nuit et jour) sans interruption. 3 manibvs et pedibvs : hyperbole (ὑπερβολικῶς) 720 . capitis periclum adire, dum prosim tibi ;
et risquer ma tête pour t᾽être utile.
tuum est, si quid praeter spem euenit, mi ignoscere.
Le tien, si l᾽événement trompe mes calculs, c᾽est de me pardonner.
1 si qvid praeter spem evenit euenit producta magis, quia hoc perpetuo non uult accidere Pamphilo. 2 Ergo euenit, non eueniet aut euenit media correpta.
1 si qvid praeter spem evenit : dans euenit le e est plutôt long, parce qu᾽il ne veut pas que cela arrive toujours à Pamphile. 2 Donc il faut lire euenit et non eueniet ou euenit avec la syllabe médiane brève 721 . parum succedit quod ago ; at facio sedulo.
Ce que j᾽entreprends échoue ; mais je fais tout ce que je peux.
1 parvm svccedit qvod ago si nostrum est officia praebere, at nostrum non est fortunam posse praestare. 2 et bene succedit, ut quod agimus ostendat successus esse fortunae 160 . 3 at facio sedvlo id est ex animo et sine dolo. 4 parvm svccedit qvod ago utilis sententia pro sapiente contra fortunam. 1 parvm svccedit qvod ago : s᾽il est en notre pouvoir de remplir des offices, il n᾽est pas en notre pouvoir de leur donner une heureuse issue. 2 Et succedit est bien dit, pour montrer que le successus (dénouement) de ce que nous faisons dépend de la fortune. 3 at facio sedvlo : c᾽est-à-dire de tout mon cœur et sine dolo sans ruse 722 . 4 parvm svccedit qvod ago : maxime utile pour le sage contre les aléas de fortune. uel melius tute reperi, me missum face.
Ou bien trouve mieux toi-même et laisse-moi tomber.
me missvm face id est: noli uti opera mea.
me missvm face : c᾽est-à-dire : ne te sers pas de mon aide.
Pa.-cupio : restitue in quem me accepisti locum.
Pa.-Je ne demande pas mieux. Remets-moi dans la situation où tu m᾽as pris.
restitve in qvem me a. l. sensus hic est: omnia mihi integra et salua redde, qualia tibi tradidi consulturo uel cum nihil promisissem patri.
restitve in qvem me accepisti locvm : le sens ici est le suivant : fais que pour moi soit sain et sauf tout ce que je t᾽ai remis pour que tu y réfléchisses, même alors que je n᾽avais encore rien promis à mon père.
Da.-faciam. Pa.-at iam hoc opust. Da.-hem... sed mane ; concrepuit a Glycerio ostium.
Da.-Je le ferai. Pa.-Mais j᾽en ai besoin tout de suite. Da.-Hum ! mais attends : la porte de Glycère a grincé.
hem sed mane hem quasi incipientis est demonstrantisque aliquid noui se inuenisse.
hem sed mane : hem est le mot de quelqu᾽un qui entame quelque chose et qui montre qu᾽il a trouvé quelque chose de nouveau.
Pa.-nihil ad te. Da.-quaero. Pa.-hem nuncine demum ? Da.-at iam hoc tibi inuentum dabo.
Pa.-C᾽est pas ton affaire. Da.-Je cherche. Pa.-Hein ! tu en es encore là ? Da.-Un instant et je te dirai ce que j᾽aurai trouvé.
1 nvncine demvm pro denique. 2 nihil ad te qvaero haec enim ad cogitantem nihil pertinere oportuit. 3 at iam hoc tibi i. d. consilium scilicet, quo in pristinum restituaris locum.
1 nvncine demvm : mis pour denique. 2 nihil ad te qvaero : il aurait fallu que cela n᾽ait aucun rapport avec celui qui est en train de réfléchir. 3 at iam hoc tibi inventvm dabo : évidemment l᾽idée qui va lui permettre de tout remettre en ordre.
Sommaire
Notes
Scaena altera
My.-iam iam 901 ubi ubi erit, inuentum tibi curabo et mecum adductum My.-Tout de suite, où qu᾽il soit, je me charge de le trouver et de l᾽amener avec moi,
1 iam iam vbi vbi erit inventvm t. c. in hac scaena instauratio est adhortationis Pamphili per Mysidem; opus est enim excitari rursus adulescentem, ne sub patris oppressione frangatur. 2 iam iam vbi vbi erit opportune rursus aestuanti Pamphilo amicae mentio obicitur per Mysidem, ne succumbat ad nuptias patri, quamuis promiserit se ducturum coniugem. aduersum quam difficultatem quia ipsius persona non sufficit, id agit, ut ad ipsam Glycerium modo adducat Pamphilum, cui affectum concitat non ex eo solum quod eum uocat puella, sed etiam quod desiderat eum uidere. 3 vbi vbi erit in. <ubi ubi> in prima parte uim suam tenet, in posteriore productio est. et est quemadmodum utut, quaqua, undeunde pro utcumque, quacumque, undecumque. 4 inventvm tibi cvrabo et m. a. t. r. non solum se ad ducturam promisit, sed et tempus addidit. 5 et bene tibi quasi amanti.
1 iam iam vbi vbi erit inventvm tibi curabo : dans cette scène on voit le renouvellement de l᾽exhortation de Pamphile par Mysis ; il faut en effet pousser à nouveau le jeune homme de peur que son courage ne se brise sous le poids de la colère de son père. 2 iam iam vbi vbi erit : c᾽est à point nommé que, tandis que Pamphile recommence à s᾽échauffer, Mysis lui oppose la mention de sa maîtresse, afin qu᾽il ne succombe pas au mariage voulu par son père, bien qu᾽il ait promis qu᾽il se marierait. Contre cette difficulté, parce que sa personne ne suffit pas, elle s᾽arrange pour conduire bientôt Pamphile devant Glycère elle-même, et réveille ses sentiments non seulement parce que la jeune fille l᾽appelle, mais parce qu᾽elle désire le voir. 3 vbi vbi erit inventvm : dans <ubi ubi> la première partie de la formule porte le sens, la seconde est une rallonge 723 . Et c᾽est comme utut, quaqua, undeunde au lieu de utcumque, quacumque, undecumque. 4 inventvm tibi cvrabo et mecum addvctvm tvvm pamphilvm : non seulement elle promet de le lui amener, mais elle ajoute aussi le moment où elle le fera. 5 Et tibi est bien comme pour signifier amanti (toi qui l᾽aimes). tuum Pamphilum : modo tu, anime mi, noli te macerare.
ton Pamphile. Seulement toi, ma chérie, ne te tourmente pas.
1 tv modo anime mi n. t. m. mollis oratio et feminea multis implicata blandimentis. ait enim tu modo, anime mi . 2 mi pro meus.
1 tv modo anime mi noli te macerare : réplique pleine de douceur et typiquement féminine où se mêlent des cajoleries en grand nombre. Elle dit en effet tu modo, anime mi. 2 mi est mis pour 724 meus. Pa.-Mysis. My.-quis est ? <e>hem Pamphile, optume mihi te offers. Pa.-quid <id> est ?
Pa.-Mysis ! My.-Qui est-ce ? Ah ! Pamphile, tu tombes à pic. Pa.-Qu᾽y a-t-il ?
My.-orare iussit, si se ames, era, iam ut ad sese uenias :
My.-Ma maîtresse te fait dire, si tu l᾽aimes, de venir auprès d᾽elle à l᾽instant.
uidere te ait cupere. Pa.-uah perii : hoc malum integrascit.
Elle dit qu᾽elle veut te voir. Pa.-Ah ! Je suis mort ; mon tourment recommence.
1 hoc malvm integrascit integratur, quod ad integrum redit, quod repetitur, quod instauratur, ut Vergilius ramoq. s. m. c. i. 2 hoc malvm amor meus aut Glycerii sollicitudo, quam nescire oportuit <nuptias>.
1 hoc malvm integrascit : on emploie integrari pour ce qui revient à être integer (son état premier), pour ce que l᾽on va rechercher, que l᾽on répare comme Virgile : ramoque sedens miserabile carmen integrat (et posée sur une branche, elle recommence son chant lamentable). 2 hoc malvm : mon amour ou l᾽inquiétude pour Glycère qui doit rester dans l᾽ignorance de <l᾽existence du mariage 725 >. sicin me atque illam opera tua nunc miseros sollicitarier !
Sais-tu que elle et moi, par ton ouvrage, malheureux, maintenant nous sommes dans les affres ?
sollicitarier perturbari.
sollicitarier : synonyme de perturbari (être pertubé).
nam idcirco accersor nuptias quod mihi apparari sensit.
car, si elle me fait appeler, c᾽est qu᾽elle a eu vent qu᾽un mariage se préparait pour moi.
1 nvptias qvod mihi apparari apparari ad horrorem et timorem refertur. 2 et datiuo casui iunctum cladem et perniciem significat, ut Vergilius mihi sacra parari.
1 nvptias qvod mihi apparari : apparari se rapporte à son horreur et à sa crainte 726 . 2 Et avec le datif cela marque un désastre ou un fléau, comme Virgile : mihi sacra parari (on a préparé pour moi l᾽appareil du sacrifice). Ch.-quibus quidem quam facile potuerat quiesci, si hic quiesset !
Ch.-Nous qui aurions été si aisément tranquilles de ce côté, s᾽il s᾽était tenu tranquille !
Da.-age, si hic non insanit satis sua sponte, instiga. My.-atque edepol
Da.-Vas-y, s᾽il n᾽est pas assez fou tout seul, excite-le encore. My.-Mais, par Pollux,
1 age si hic non insanit satis hic exsertius comprimit Charinum, ne fomenta iracundiae Pamphilo praeberet. 2 aut: si paenitet te, quantum sua sponte insanit. 3 si hic non insanit ironia est. an laus ad mitigandum Pamphilum? 4 atqve edepol ea res est id est nuptias apparari sensit.
1 age si hic non insanit satis : ici il arrête plus nettement Charinus de peur qu᾽il ne vienne donner à Pamphile de quoi nourrir sa colère. 2 Autre interprétation : si toi tu te repens, autant qu᾽il est, lui de son côté, en proie à la folie 727 . 3 si hic non insanit : c᾽est de l᾽ironie 728 . Ou alors un éloge pour calmer Pamphile ? 4 atqve edepol ea res est : c᾽est-à-dire nuptias apparari sensit. ea res est, proptereaque nunc misera in maerorest. Pa.-Mysis,
c᾽est ce mariage ; c᾽est pour cela que la malheureuse à présent est dans le chagrin. Pa.-Mysis,
mysis asseueratio est, si a nomine eius incipias, cum quo loqueris.
mysis : c᾽est une affirmation insistante quand on commence par le nom de la personne à qui l᾽on parle.
per omnis tibi adiuro deos numquam <ea>m me deserturum,
je te jure par tous les dieux que je ne l᾽abandonnerai jamais,
1 per omnis tibi adivro deos ad auctiua particula est, ut admirabiliter ualde mirabiliter et aduerto, addo . 2 et hoc superest amissa fide, ut iurandum sit.
1 per omnis tibi adivro deos : ad est une particule intensive, comme admirabiliter qui signifie ualde mirabiliter (très admirablement) et aduerto, addo 729 . 2 Et il reste quand on a perdu la confiance d᾽autrui l᾽obligation de jurer. non si capiundos mihi sciam 902 inimicos omnis homines. non, même si je savais que le monde entier me sera hostile.
1 non si capivndos mihi s. i. o. h. mira uerecundia omnes homines maluit dicere, ut in his parentes quoque significaret, quam aperte dicere patrem, cuius metu promisit nuptias. 2 et contra illud sed uim ut queas ferre. 3 non si capivndos m. s. ita dixit de uno, hoc est patre, omnis homines, ut idem alibi o caelum, o terra, ο maria Neptuni! numquid et caelum Neptuni est? non utique, sed omnia haec mare uult esse, ut Vergilius omnia uel medium fiant mare.
1 non si capivndos mihi sciam inimicos omnis homines : avec une admirable pudeur il a préféré dire omnes homines, pour désigner les parents, plutôt que dire ouvertement patrem (mon père), par crainte duquel il a promis le mariage. 2 Et de façon contraire à cette réplique : sed uim ut queas ferre. 3 non si capivndos mihi sciam : il parle ainsi d᾽un seul homme, son père, en disant omnis homines, comme le même ailleurs : o caelum, o terra, ο maria Neptuni ! Est-il vrai que le ciel aussi appartient à Neptune ? non vraiment mais il veut que tout cela soit de la mer comme Virgile : omnia uel medium fiant mare (Oui, que tout devienne Océan) 730 . hanc mi expetiui : contigit ; conueniunt mores : ualeant
Je l᾽ai recherchée, je l᾽ai obtenue ; nos caractères s᾽accordent. Au diable
1 contigit quod uix euenit, contigisse dicitur. 2 convenivnt mores recte et id quod matrimonium firmat conueniunt mores. 3 valeant hoc est abeant, recedant, quia et discedentibus et mortuis uale dicitur, ut Vergilius salue aeternum m., m. P., a. q. u. 4 uel potius τῷ εὐφημισμῷ: cum male optaturus esset, considerato patre παραδόξως locutus est et non dixit, quod intenderat, pereant. 5 et attende, quam moderate pluraliter dixerit, cum significaret patrem. 6 valeant renuntiationis et imprecationis est uerbum.
1 contigit : ce qui vient juste de se produire on le désigne par le verbe contingere. 2 convenivnt mores : conueniunt mores est correct et c᾽est ce qui rend stable un mariage. 3 valeant : c᾽est à dire abeant (qu᾽ils aillent au diable), recedant (qu᾽ils s᾽en aillent), car à ceux qui partent et aux morts on dit uale (au revoir), comme Virgile : salue aeternum mihi, maxime Palla, aeternumque uale (Adieu pour toujours, ô grand Pallas ; pour toujours adieu !) 4 Ou plutôt par euphémisme (τῷ εὐφημισμῷ) : comme il est sur le point de faire un mauvais choix, en considération de son père il parle de manière paradoxale (παραδόξως) et ne dit pas pereant (qu᾽ils aillent au diable), ce qu᾽il avait l᾽intention de faire. 5 Et remarquez avec quelle modération il parle au pluriel, en voulant signifier son père. 6 valeant : parole de renoncement et d᾽imprécation.
qui inter nos discidium uolunt : hanc nisi mors mi adimet nemo.
ceux qui veulent entre nous une rupture ! Sinon la mort, personne ne me l᾽enlèvera.
1 hanc nisi mors etsi ualeant 161 : hoc enim per concessionem dicitur. 2 hanc nisi mors haec concessio est. 3 hanc nisi mors mihi adimet nemo perseuerat, ne dicat pater. 4 pro: non adimet pater. 1 hanc nisi mors : même s᾽ils ont de la force : en effet cela est dit en usant d᾽une concession. 2 hanc nisi mors : c᾽est cela la figure de concession. 3 hanc nisi mors mihi adimet nemo : il continue à ne pas dire le mot pater. 4 Mis pour : non adimet pater (mon père ne me l᾽enlèvera pas).
My.-resipisco. Pa.-non Apollinis mage uerum atque hoc responsumst.
My.-Je reviens à moi. Pa.-Non, l᾽oracle d᾽Apollon n᾽est pas plus vrai que celui-là.
1 resipisco spiritum reuocat sensus. 2 magis vervm aut magis uerum aut uerius dicimus.
1 resipisco : son esprit rappelle son bon sens. 2 magis vervm : nous disons soit magis uerum soit uerius.
si poterit fieri ut ne pater per me stetisse credat
Si l᾽on peut faire croire à mon père qu᾽il n᾽a pas tenu à moi
1 vt ne pater ut non. 2 vt ne pater per me stetisse stetisse hoc est esse, ut ille desertaque montis stat d. aliter plenum est, ut idem stant et iuniperi et c. h., aliter horrent, ut stant lumina f. et Lucilius stat sentibus fundus. 3 per me stetisse hoc est: per me factum esse, ne fierent nuptiae.
1 vt ne pater : mis pour ut non 731 . 2 vt ne pater per me stetisse : stetisse équivaut à esse (être), comme dit le Poète : desertaque montis stat domus (cette maison debout et abandonnée au flanc de la montagne). Dans d᾽autres cas il a son sens plein comme chez le même : stant et iuniperi et castaneae hirsutae (j᾽ai ici le genièvre et la châtaigne hérissée), il a aussi le sens de horreo (se hérisser), comme : stant lumina flamma (la flamme sort de ses yeux) et Lucilius : stat sentibus fundus (le terrain est hérissé de buissons). 3 per me stetisse : cela veut dire : per me factum esse (c᾽est moi qui ai tout fait) pour que ce mariage ne se fasse pas. quo minus haec fierent nuptiae, uolo ; sed si id non poterit,
que ce mariage ne se fasse, j᾽y consens. Mais si la chose est impossible,
id faciam, in procliui quod est, per me stetisse ut credat.
je ferai en sorte qu᾽il croie que ce qui fait obstacle est venu de moi.
quis uideor ? Ch.-miser, aeque atque ego. Da.-consilium quaero. Pa.-fortis !
Que penses-tu de moi ? Ch.-Que tu es à plaindre, tout comme moi je cherche un expédient. Pa.-Tu as du courage.
1 miser aeqve atqve ego bene atque ego, quia et hic amore uexatur. 2 et intulit παράδοξον, nam uolebat sibi dici fortis, quod illi tamen mox dicetur. hic igitur aliter respondet atque interrogauerat Pamphilus ideo, quod uideat impossibile esse palam resistere parenti. 3 consilivm qvaero sensus est: scio quidem quid coneris, sed an efficere possis nescio.
1 miser aeqve atqve ego : atque ego est bien dit parce que lui aussi est blessé par son amour. 2 Et il introduit un paradoxe (παράδοξον), de fait il voulait que ce soit à lui qu᾽on dise fortis, alors que c᾽est à l᾽autre que le mot sera bientôt attribué. Il répond donc autre chose que ce que Pamphile lui a demandé, parce qu᾽il voit qu᾽il est impossible de résister ouvertement à un père. 3 consilivm qvaero le sens 732 est : je sais bien ce que tu tentes, mais je ne sais pas si tu pourras réussir. scio quid conere. Da.-hoc ego tibi profecto effectum reddam.
Ch.-Je connais tes expédients. Da.-Tu en verras l᾽effet, j᾽en réponds.
1 scio qvid conere si Pamphili est persona, cum ironia dicitur, si Charini, simplex laudatio est. 2 sed si Pamphili est, hoc significat, quod supra ex unis geminas mihi conficies nuptias. 3 sed non esse personam Pamphili ex subiectis ostenditur.
1 scio qvid conere : si le personnage qui parle est celui de Pamphile c᾽est dit avec ironie, si c᾽est celui de Charinus, c᾽est un simple éloge. 2 Mais si c᾽est celui de Pamphile, cela veut dire ce qu᾽il a dit plus haut : supra ex unis geminas mihi conficies nuptias. 3 Mais qu᾽il ne s᾽agit pas du personnage de Pamphile, on le voit bien à ce qui suit 733 . Pa.-iam hoc opus est. Da.-quin iam habeo. Ch.-quid est ? Da.-huic, non tibi habeo, ne erres.
Pa.-C᾽est maintenant qu᾽il le faut. Da.-Oui, à présent je l᾽ai. Ch.-Qu᾽est-ce ? Da.-C᾽est pour lui et non pour toi que je l᾽ai, ne t᾽y trompe pas.
1 non tibi habeo ne erres deterret etiam nunc Charinum, ut et ipse adiuuet Dauum, ne Pamphilo nubat Philumena. 2 et eodem sensu utitur Dauus aduersus Charinum, quo supra quasi necesse sit, si huic eam non dat, te illam uxorem ducere. 3 non tibi habeo ne erres uel ut etiam Charinus pro se sentiat, hoc dicit, uel ut solent serui contumaciores aduersus amicum domini, quia nuper a Charino accusatus est, uel quia et quid dicat non habet et uidet tacendum non esse.
1 non tibi habeo ne erres : même maintenant l᾽idée d᾽aider lui-même Dave à empêcher que Philumena n᾽épouse Pamphile, terrifie Charinus. 2 Et Dave l᾽utilise dans le même sens contre Charinus que plus haut : quasi necesse sit, si huic eam non dat, te illam uxorem ducere. 3 non tibi habeo ne erres : il dit cela soit pour que même Charinus se range à son avis, soit, comme c᾽est de coutume chez les esclaves d᾽être récalcitrants envers l᾽ami de leur maître, parce qu᾽il vient d᾽être accusé par Charinus, soit parce qu᾽il n᾽a rien à dire et voit qu᾽il ne faut pas se taire.
Ch.-sat habeo. Pa.-quid facies ? cedo. Da.-dies [hic] mi ut satis sit uereor
Ch.-Cela me suffit. Pa.-Que vas-tu faire ? dis. Da.-Ce jour ne suffira pas, j᾽en ai peur,
1 sat habeo quia dilatio facta est. 2 vt satis sit ut pro ne non.
1 sat habeo : car on a mis un délai. 2 vt satis sit : ut est mis pour ne non.
ad agendum : ne uacuum esse nunc me 903 ad narrandum credas : pour le faire. Aussi ne crois pas que j᾽aie le loisir de te l᾽expliquer.
1 ne vacvvm esse nvnc me ne pro nedum 162 . Sallustius in secundo libro ne illa tauro paria sint pro nedum. 2 aut aduerbium prohibentis, ut sit ne non. 1 ne vacvvm esse nvnc me : ne est mis pour nedum. Salluste au deuxième livre des Histoires : ne illa tauro paria sint (qu᾽ils soient encore moins égaux au taureau 734 ) passage où ne est mis pour nedum. 2 Ou c᾽est un adverbe marquant la défense, en sorte que ne vaut pour non. proinde hinc uos amolimini ; nam mi inpedimento estis.
Filez donc d᾽ici vous deux : vous êtes dans mes jambes.
1 proinde hinc vos amolimini amoliri dicuntur ea, quae cum magna difficultate et molimine submouentur et tolluntur e medio. 2 sic dixit quasi odioso et molesto. 3 discedere dicitur qui facile abit e medio, amoliri qui uix recedit. 4 proinde hinc vos amolimini molestum impedimentum ex rei magnitudine iacentis in medio. et ideo impedientibus se amolimini dicit, non abite. 5 proinde hinc vos a. spe iniecta iam etiam imperat domino callidus seruus. 6 nam mihi i. e. utrum hoc uerum dicit an fingit, quia adhuc consilium non inuenit, quod narrare possit?
1 proinde hinc vos amolimini : on emploie amoliri pour les choses que l᾽on a grande difficulté et grande peine (molimen) à écarter et à enlever du milieu. 2 Il s᾽exprime ainsi comme s᾽adressant à quelqu᾽un d᾽insupportable et de pénible. 3 On dit discedere pour celui qui s᾽en va facilement du milieu, amoliri pour qui se retire à grand peine. 4 proinde hinc vos amolimini : gêne pénible causée par la taille de la chose qui se trouve au milieu. Et c᾽est pour cela qu᾽il dit à ceux qui le gênent amolimini, et non abite (allez-vous-en). 5 proinde hinc vos amolimini : maintenant qu᾽il lui a donné espoir, l᾽esclave rusé donne même des ordres à son maître. 6 nam mihi impedimento estis : dit-il la vérité ou feint-il parce qu᾽il n᾽a pas encore trouvé ce qu᾽il pourrait raconter ?
Pa.-ego hanc uisam. Da.-quid tu ? quo hinc te agis ? Ch.-uerum uis dicam ? Da.-immo etiam :
Pa.-Moi, je vais aller la voir. Da.-Et toi, où vas-tu? Ch.-Tu veux vraiment que je te le dise ? Da.-Pour sûr.
1 ego hanc visam Glycerium scilicet. et cum commiseratione puellae hanc. 2 qvid tv qvo hinc te agis ut tarditatem discedentis ostendat; agere se enim tardi et tristes dicuntur. sic Vergilius amissis remis atque o. d. u. i. s. h. r. S. a.; idem alibi ecce gubernator sese P. a. 3 qvid tv hinc qvo te agis admonitio discedentis, ut solet; nam a quo discedere desideramus, admonemus eum, ubi uadat uel quo eat. idem facete per interrogationem admonet Dauus Charinum, ut <et> ipse abscedat Charinus, qui nunc ultimus remanet. 4 vervm vis dicam pro initio sedulae narrationis hoc sumimus. an sic respondet Charinus, tam quam qui intellegat non dici sibi uelle Dauum quo eat, sed id agere ut abscedat?
1 ego hanc visam : Glycère évidemment. Et hanc est dit avec apitoiement sur la jeune fille. 2 qvid tv qvo hinc te agis : pour montrer combien il tarde à partir ; se agere en effet se dit pour les gens lents et tristes. Ainsi Virgile : amissis remis atque ordine debilis uno inrisam sine honore ratem Sergestus agebat (dépouillé de ses avirons et n᾽ayant plus qu᾽un seul banc de rameurs et couvert de confusion, Sergeste ramène, au milieu des rires, sa galère sans honneur) ; le même ailleurs : ecce gubernator sese Palinurus agebat (Voici que le pilote Palinure se portait au devant d᾽Enée). 3 qvid tv hinc qvo te agis : avertissement ordinaire de celui qui veut rompre la discussion 735 ; de fait celui que nous désirons voir partir nous l᾽avertissons en lui demandant quand il s᾽en va ou où il va. De même avec humour Dave avertit Charinus en usant de la question, pour que Charinus aussi s᾽en aille, lui le dernier qui reste. 4 vervm vis dicam : nous prenons cela pour le début d᾽une narration en forme. Ou alors, Charinus répond-il ainsi en comprenant que Dave ne veut pas qu᾽il lui dise où il va, mais veut le faire partir ? 736 narrationis mihi incipit 904 initium. Ch.-quid me fiet ? Il va me commencer une histoire. Ch.-Qu᾽est-ce que je vais devenir, moi ?
1 narrationis mihi incipit initivm narrationis scilicet quo eat, quia uerum uis dicam? uelut prooemium narraturi est. 2 qvid me fiet quid ergo, inquit, quid me fiet? 3 ab eo hoc quasi ab iocante pronuntiandum est, nam sic ille impudens respondet. 4 qvid me fiet de Philumena ducenda.
1 narrationis mihi incipit initivm : évidemment la narration au sujet de l᾽endroit où il va parce qu᾽il a dit uerum uis dicam ? comme préambule à ce qu᾽il va raconter. 2 qvid me fiet : qu᾽as-tu à faire 737 , dit-il, de ce qui va m᾽arriver ? 3 Il doit prononcer cela comme s᾽il plaisantait ; de fait, c᾽est sur ce ton que l᾽autre répond impudens. 4 qvid me fiet : quant au fait d᾽épouser Philumena. Da.-eho tu impudens, non satis habes quod tibi dieculam addo,
Da.-Ah ! tu as du culot ! Ne te suffit-il pas que je te fasse gagner une petite journée
1 eho tv impvdens non satis proprie Charino impudens dixit quasi et insolita et multa poscenti, quippe qui et sponsam alienam petere ausus sit et non satis habeat per Dauum sibi moram praestitam Pamphili nuptiarum. 2 qvod iam tibi diecvlam addo dieculam moram. 3 et est ὑποκόρισμα diecula, hoc est tempusculum, et sumitur ab eo quod est haec dies. 4 diecula mora et quasi dies parua. 5 et diecula, in qua scilicet ambias quantum potes ad ducendam Philumenam; uult enim se Dauus adiuuari per Charinum et Byrriam.
1 eho tv impvdens non satis: c᾽est au sens propre qu᾽il dit impudens à Charinus, comme s᾽il lui demandait des choses extraordinaires et en grand nombre, car il a osé demander la fiancée d᾽un autre et ne se contente pas que Dave lui ait procuré une occasion de retarder le mariage de Pamphile. 2 qvod iam tibi diecvlam addo : diecula est synonyme ici de mora (délai). 3 Et diecula est un hypocorisme (ὑποκόρισμα), comme tempusculum (un petit moment), et il vient de dies au féminin 738 . 4 Diecula est un délai et comme d᾽une petite journée 739 . 5 Et diecula, dans laquelle évidemment tu te démèneras autant que tu le peux pour épouser Philumena ; Dave veut en effet se faire aider par l᾽action de Charinus et de Byrria. quantum huic promoueo nuptias ? Ch.-Daue, at tamen... Da.-quid ergo ?
le temps que je recule le mariage de celui-là ? Ch.-Mais pourtant, Dave... Da.-Quoi donc ?
1 promoveo differo. 2 promoveo nvptias memoriter Dauus: scit enim illum his uerbis petisse saltem aliquot dies p., d. p. a., n. u. cuius rei oblitus Charinus etiam ut ducat uxorem petit.
1 promoveo : signifie differo (je diffère). 2 promoveo nvptias : Dave a bonne mémoire : il sait en effet que c᾽est avec ces mots que l᾽autre lui a demandé : saltem aliquot dies profer, dum proficiscor aliquo, ne uideam ; Charinus qui l᾽a oublié lui redemande de l᾽aider à se marier.
Ch.-ut ducam. Da.-ridiculum. Ch.-huc face ad me [ut] uenias, siquid poteris.
Ch.-Me la faire épouser ! Da.-Grotesque. Ch.-Arrange-toi pour venir ici chez moi, si tu peux quelque chose.
ridicvlvm deest hominem.
ridicvlvm : il manque hominem (homme).
Da.-quid ueniam ? nil habeo. Ch.-at tamen, siquid. Da.-age ueniam. Ch.-siquid,
Da.-A quoi bon venir ? Je n᾽ai rien. Ch.-Pourtant, si tu... Da.-Allons, j᾽irai. Ch.-Si oui,
age veniam uix concedentis et uix consentientis est age ueniam.
age veniam : age ueniam est une expression qui marque que l᾽on concède et consent avec difficulté.
domi ero. Da.-tu, Mysis, dum exeo, parumper me opperire hic.
je serai chez moi. Da.-Toi, Mysis, jusqu᾽à ce que je sorte, attends-moi un peu ici.
tv mysis dvm exeo a Glycerio scilicet.
tv mysis dvm exeo : de chez Glycère évidemment.
My.-quapropter ? Da.-ita factost opus. My.-matura. Da.-iam inquam hic adero.
My.-Pourquoi ? Da.-Parce qu᾽il le faut le faire. My.-Dépêche. Da.-Je serai ici dans un instant, te dis-je.
Sommaire
Notes
Scaena tertia
My.-nihilne esse proprium cuiquam ! di uostram fidem !
My.- Personne ne peut compter sur rien ! Dieux, je vous prends à témoin :
1 nihilne esse proprivm cviqvam haec scaena administrationem doli habet, quo fit ut deterreatur Chremes filiam suam Pamphilo dare. et uide non minimas partes in hac comoedia Mysidi attribui, hoc est personae femineae, siue haec personatis uiris agitur, ut apud ueteres, siue per mulierem, ut nunc uidemus. 2 nihilne ne aduerbium percontantis est. 3 nihilne esse p. omne, quod habemus, aut mutuum est aut proprium, — ergo proprium perpetuum. — ut propriae haec si dona f. 4 ergo nihil nobis proprium esse potest. quod enim non fuit, ne esse quidem potest, aut quod eripi potest, non est nostrum, nisi illa quae eripi non possunt, ut sapientia, iustitia, prudentia, quae fortuna neque dare neque eripere cuiquam potest. 5 et simul hoc ipsum et a re et a persona: a re nihil esse proprium, a persona cuiquam. 6 proprivm perpetuum, non temporale ac mutuum. 7 di vestram f. admirantis aduerbium est cum exclamatione. 8 fidem fidem dixit opem et. auxilium, ut Tyrrhenamque fidem.
1 nihilne esse proprivm cviqvam : cette scène comprend l᾽exécution de la ruse, qui permet de détourner Chrémès de donner sa fille à Pamphile. Et voyez que le rôle attribué dans cette comédie à Mysis n᾽est pas mince, or c᾽est un personnage féminin, soit qu᾽un homme masqué joue ce rôle, comme chez les anciens, soit qu᾽il soit joué par une femme, comme dans les représentations actuelles. 2 nihilne : ne est un adverbe interrogatif. 3 nihilne esse p. : tout ce que nous avons est mutuus (partagé) ou bien proprius (propre), donc proprius veut dire perpetuus (en possession perpétuelle) comme : propriae haec si dona fuissent (si ces dons lui eussent étés propres). 4 Donc rien ne peut nous appartenir en propre. Car ce qu᾽on n᾽a pas eu, on continue à ne pas l᾽avoir ou ce qui peut nous être enlevé ne nous appartient pas, sinon ce qu᾽on ne peut nous enlever, comme la sagesse, la justice, la prudence, qualités que la fortune ne peut ni donner, ni enlever à quiconque. 5 Et c᾽est à la fois un argument de la chose et de la personne : de la chose avec nihil esse proprium, de la personne avec cuiquam. 6 proprivm : perpétuel non pas temporaire et partagé. 7 di vestram fidem : adverbe marquant l᾽admiration avec exclamation. 8 fidem : il appelle fides l᾽appui et le secours comme : Tyrrhenamque fidem (l᾽alliance tyrrhénienne).
summum bonum esse erae putabam hunc Pamphilum,
je croyais que notre Pamphile était pour ma maîtresse le bien suprême,
svmmvm bonvm esse mirum, quod pleno et neutro extulit summum bonum . . . Pamphilum.
svmmvm bonvm esse : étonnant que summum bonum Pamphilum allie le masculin et le neutre.
amicum, amatorem, uirum in quouis loco
un ami, un amant, un époux en toute circonstance
1 amicvm a. v. amicus animi est, amator corporis. non enim continuo amator et bene uult, ut Dido amauit quidem Aeneam, sed non et amica fuit, quae ait non potui a. d. c. e. u. s. et item Catullus cogit amare magis, sed bene uelle r. minus. et est hic officium et blandimentum. 2 Amatorem et uirum dixit ad discretionem, ut per ea quae enumerat maritum ostenderet. 3 in qvovis loco paratvm paratum dixit ad omnes affectus, quicumque de proximo esse possunt. et maxime ad Homericam sententiam respexit Ἕκτορ ἀτὰρ σύ μοί ἐσσι πατὴρ καὶ πότνια μήτηρ ἠδὲ κασίγνητος, σὺ δέ μοι θαλερὸς παρακοίτης·.
1 amicvm amatorem virvm : l᾽amicus (ami) est celui de l᾽âme, l᾽amator (amant) celui du corps. En effet l᾽amant ne veut pas toujours le bien de celui qu᾽il aime comme Didon qui a aimé naguère Enée, mais qui n᾽a pas été son amie et qui dit : non potui abreptum diuellere corpus et undis spargere (Et je n᾽ai pu me saisir de son corps, le démembrer, le disperser sur les ondes) et de même Catulle : cogit amare magis, sed bene uelle minus (<une telle trahison> redouble la passion d᾽un amant et diminue sa tendresse). Et c᾽est ici une marque de son devoir et une cajolerie. 2 Amator et uir sont dits pour établir une différence, afin de montrer par cette énumération qu᾽il est un maritus (mari). 3 in qvovis loco paratvm : il a dit paratum pour tous les sentiments quels qu᾽ils soient dans son entourage. Et cela regarde surtout vers la phrase d᾽Homère Ἕκτορ ἀτὰρ σύ μοί ἐσσι πατὴρ καὶ πότνια μήτηρ ἠδὲ κασίγνητος, σὺ δέ μοι θαλερὸς παρακοίτης·(Hector, tu es pour moi tout ensemble, un père, une digne mère ; pour moi tu es un frère autant qu᾽un digne époux).
paratum ; uerum ex eo nunc misera quem capit
prêt à l᾽aider ; et, au contraire, à cause de lui, la pauvre, quel tourment
1 vervm ex eo id est Pamphilo. 2 nvnc misera qvem c. d. cum admiratione pronuntia quem et cum exclamatione quadam.
1 vervm ex eo : c᾽est-à-dire Pamphile. 2 nvnc misera qvem c. d. : prononcez quem avec admiration et en avec une forme d᾽exclamation.
laborem ! facile hic plus mali est quam illic boni.
elle éprouve ! Vraiment il lui fait plus de mal ici qu᾽il ne lui a jamais fait de bien.
1 facile hic plvs m. facile aduerbium confirmantis est, id est liquido et manifesto. 2 ueteres facile dicebant pro certo, ut Cicero illius 163 uicinitatis f. p. 3 dolorem dolorem distinxit Probus et post intulit separatim quod sequitur. 4 facile hic plvs mali est in dolore <et> metu scilicet amittendi, qvam <illic boni> in uoluptate retinendi. 5 qvam illic boni in bono summo; dicit enim ex bonis, quae bona existimamus, plus nos mali capere, cum aut amissuros nos credimus aut amittimus, quam boni, cum habemus. 6 facile hic plvs mali est plus mali in dolore et metu, ut diximus. 7 qvam illic boni id est in amico, amatore et uiro. 1 facile hic plvs mali : facile est un adverbe de confirmation, c᾽est-à-dire liquido (clairement) et manifesto (à l᾽évidence). 2 Les anciens disaient facile là où nous disons certo (assurément) comme Cicéron : illius uicinitatis facile primus (il était assurément le premier de la ville). 3 dolorem : Probus ponctue dolorem et sépare ensuite ce qui suit. 4 facile hic plvs mali est : dans la douleur et dans la peur de perdre évidemment, qvam <illic boni> : dans le plaisir de conserver. 5 qvam illic boni : dans summo bono (le souverain bien) ; il dit en effet que des biens que nous tenons pour des biens nous recevons plus de mal, quand nous croyons que nous allons les perdre ou les perdons, que de biens quand nous les possédons. 6 facile hic plvs mali est : plus mali dans la douleur et la crainte, comme nous l᾽avons dit. 7 qvam illic boni : c᾽est-à-dire dans un ami, un amant et un mari.
sed Dauos exit. mi homo, quid istic 905 obsecro est ? Mais voilà Dave qui sort. Mon cher ami ! qu᾽est-ce là, je te prie ?
1 mi homo qvid istic obsecro est ex Mysidis uerbis quid Dauus faciat demonstratur. 2 qvid istvc mali est inuolutum puerum portabat Dauus, et ideo dicit mulier quid istuc mali est?, dum ille euoluit et puerum profert; quem postquam expediuit pannis, tum illa dixit quo portas puerum? 164 ***** 1 mi homo qvid istic obsecro est : L᾽action de Dave est montrée à travers les paroles de Mysis. 2 qvid istvc mali est : Dave portait un enfant enveloppé dans une couverture et c᾽est pourquoi la femme dit quid istuc mali est ?, jusqu᾽à ce qu᾽il découvre l᾽enfant et le montre ; après qu᾽il l᾽eut débarrassé de la couverture, alors la femme demande quo portas puerum ? (où portes-tu l᾽enfant?)
quo portas puerum ? Da.-Mysis, nunc opus est tua
Où portes-tu l᾽enfant ? Da.- Mysis, à présent, j᾽ai besoin
1 mysis nvnc opvs est a. h. r. haec scaena actuosa est, magis enim in gestu quam in oratione est constituta. 2 mysis nvnc opvs properantis et impense agentis Daui uerba monstrantur.
1 mysis nvnc opus est ad hanc rem : cette scène est pleine de mouvement ; elle est en effet plus fondée sur le jeu des acteurs que sur les dialogues. 2 mysis nvnc opvs : de telles paroles montrent Dave qui se hâte et agit avec énergie.
mihi ad hanc rem exprompta memoria atque astutia.
que pour cette affaire tu déploies ta mémoire et ta finesse.
1 exprompta in medium prolata. 2 memoria atqve astvtia memoria ut praecepta retineat Daui, astutia ad agendum strenue quae imperaret. 3 memoria simpliciter magis: ut memor sit Daui praeceptorum. 4 et memoria modo pro intellegentia, ut Vergilius instamus tamen inm.
1 exprompta : exposée au grand jour. 2 memoria atque astutia : memoria est dit pour qu᾽elle retienne les instructions de Dave ; astutia est dit pour pousser à exécuter avec diligence les ordres donnés. 3 memoria : plus simplement : pour qu᾽elle se souvienne des instructions de Dave. 4 Et memoria est parfois mis comme synonyme d᾽intelligentia (intelligence) comme chez Virgile : instamus tamen immemores (nous poursuivons toutefois, oublieux de tout).
My.-quidnam incepturus es ? Da.-accipe a me hunc ocius
My.- Que vas-tu donc entreprendre ? Da.- Prends-moi cet enfant vite
atque ante nostram ianuam adpone. My.-obsecro,
et dépose-le devant notre porte. My.- dis-moi :
humine ? Da.-ex ara sume hinc uerbenas tibi
par terre ?. Da.- Prends ici sur l᾽autel une poignée de verveine,
1 ex ara svme h. v. t. ex ara Apollinis scilicet, quem Ἀγυιαῖον Menander uocat. 2 aut quod Apollini comoedia est dicata, in cuius honorem aram statuebant comoediam celebrantes. 3 Apollini ergo comoedia, Libero patri tragoedia. 4 verbenas tibi uerbenae quasi herbenae redimicula sunt ararum. 5 τὸ tibi quasi gestum quendam et motum stomachantis habet, ut alibi nam quid uis tibi? 6 et tibi sume dixit, non tibi substerne. 7 ex ara s. v. uerbenae sunt omnes herbae frondesque festae ad aras coronandas uel omnes herbae frondesque ex loco puro decerptae. uerbenae autem dictae ueluti herbenae. Menander sic κολεξιασσυμυρρινασχχησαιετεινε.
1 ex ara svme hinc verbenas tibi : ex ara d᾽Apollon bien sûr, que Ménandre appelle Agyeus (Ἀγυιαῖον). 2 Ou bien parce que la comédie est consacrée à Apollon, en l᾽honneur duquel ceux qui jouaient la comédie élevaient un autel. 3 Donc à Apollon appartient la comédie, à Liber Pater la tragédie. 4 verbenas tibi : uerbenae comme herbenae ( 740 ) : ce sont les ornements des autels. 5 Le (τὸ) tibi contient pour ainsi dire le geste et le mouvement de quelqu᾽un qui s᾽irrite, comme ailleurs : nam quid uis tibi ? (mais que veux-tu donc ?). 6 Et il a dit tibi sume, non tibi substerne (va donc étendre). 7 ex ara sume verbenas : le feuillage (uerbenae) c᾽est toutes les herbes et les feuilles festives (festae) pour faire des couronnes pour les autels ou bien toutes les herbes et les feuilles cueillies dans un lieu sans souillure. D᾽autre part uerbenae est employé comme s᾽il y avait herbenae. Ainsi chez Ménandre κολεξιασσυμυρρινασχχησαιετεινε 741 . atque <ea>s substerne. My.-quamobrem tute id 906 non facis ? et couche-le dessus. My.- Pourquoi tu ne le fais pas toi-même ?
qvamobrem tvte id non facis tute tunc dicitur, cum pronomen ad eam reuocatur personam, a qua sumitur. ut uerbi gratia cum dicimus tu lege, ille nobis respondet cur tute non legis?
qvamobrem tvte id non facis ?: tute est employé quand on répond par un pronom à la personne qui a utilisé en premier le pronom. Comme par exemple quand nous disons tu lege (toi, lis !), la personne nous répond cur tute non legis? (pourquoi ne lis-tu pas toi-même ?).
Da.-quia, si forte opus sit ad erum iurandum mihi
Da.- Parce que, si par hasard il me faut jurer à mon maître
1 qvia si forte opvs sit ad ervm i. m. sic locutus est, ut explicari atque intellegi non possit; aut enim deest ius, ut sit: ius iurandum, — 2 ivrandvm pro ius iurandum. — aut ut uulgo dicitur iuramentum. 3 et opus est illam rem, non opus est illa re.
1 qvia si forte opvs sit ad erum ivrandvm mihi : c᾽est dit de telle sorte que l᾽on ne peut ni l᾽expliquer ni le comprendre ; ou bien en effet il manque ius, pour que l᾽on ait ius iurandum (serment). 2 ivrandum mis pour ius iurandum. Ou bien comme on dit ordinairement iuramentum (serment). 3 Et opus est construit ici avec l᾽accusatif de la chose (illam rem) et non avec l᾽ablatif de la chose (illa re).
non adposisse, ut liquido possim. My.-intellego :
que je ne l᾽ai pas mis là, je veux pouvoir le faire la conscience tranquille. My.- Je comprends ;
vt liqvido possim liquido pure et manifeste, nam quae sunt pura et defaecata, liquida sunt.
vt liquido possim : liquido signifie pure (sans souillure) et manifeste (sans réserve), car les choses qui sont sans souillure (pura) et nettoyées (defaecata) sont claires (liquida).
noua nunc religio in te istaec incessit. cedo !
c᾽est nouveau, ce scrupule qui te prend aujourd᾽hui. Donne.
1 nova nvnc religio in te istaec bene: ius iurandum metuere seruum monstri simile est. 2 noua religio in senio et subita. 3 nova nvnc r. seruum nolle mentiri noua religio est. 4 cedo porrigentis est manum cedo.
nova nvnc religio in te istaec incessit : bien dit : qu᾽un esclave craigne de faire un serment ressemble à un prodige. 2 noua religio chez un esclave et se produisant soudainement 742 . 3 nova nvnc religio : qu᾽un esclave ne veuille pas mentir est une noua religio. 4. cedo : cedo est le terme employé par celui qui tend la main. Da.-moue ocius te, ut quid agam porro intellegas.
Da.- Remue-toi un peu, que je t᾽explique ce que je veux faire.
vt qvid agam porro i. porro aduerbium est modo ordinis, alias temporis.
vt quid agam porro intellegas : porro est un adverbe à sens tantôt logique tantôt temporel.
pro Iuppiter ! My.-quid est ? Da.-sponsae pater interuenit.
O Jupiter ! My.- Quoi ? Da.- Le père de la fiancée qui arrive.
sponsae pater i. mire non dixit Chremes, ne cum dixisset quis Chremes?, rursus hic responderet sponsae pater. et non temere hoc facit poeta, nam promiserat se rediturum Chremes domum modo ibo, dicam ut apparentur, a. b. r.
sponsae pater intervenit : de façon remarquable il ne dit pas Chremes (Chrémès), pour que, alors qu᾽elle lui aurait dit quis Chremes ? (quel Chrémès ?) Dave ne lui réponde en retour sponsae pater (le père de la fiancée). Et le poète n᾽a pas fait cela à la légère, car Chrémès avait promis qu᾽il reviendrait : domum modo ibo, dicam ut apparentur, atque huc renuntio.
repudio quod consilium primum intenderam.
Je renonce au projet que j᾽avais formé d᾽abord.
1 repvdio consilivm qvod p. i. bene intenderam: uerbum a uenatoribus translatum, qui retia intendunt ad feras captandas. hic ergo, quia parat Chremem et Simonem fallere, intenderam dixit. 2 uel a sagittariis atque arcu.
1 repvdio consilium quod primvm intenderam : intenderam est bien dit : le mot vient par métaphore des chasseurs, qui tendent (intendunt) leurs filets pour capturer les animaux sauvages. Ici donc, puisqu᾽il se prépare à prendre au piège Chrémès et Simon, il dit intenderam. 2 Ou bien le mot vient des archers et de l᾽arc.
My.-nescio quid narres. Da.-ego quoque hinc ab dextera
My.- Je ne comprends rien à tes histoires. Da.- Moi aussi, de ce côté, par la droite
1 nescio qvid narres bene narres: narrare enim aliena et quae nobis non sunt necessaria dicimus. 2 ego qvoqve hinc ab d. v. m. a. bene ait quoque, quia et Chremes ueniebat.
1 nescio quid narres : narres est bien dit : nous employons en effet le verbe narrare (raconter) pour des choses qui nous sont extérieures et qui ne sont pas proches de nous. 2 ego qvoqve hinc ab dextera venire me adsimulabo : il dit à juste titre quoque car Chrémès également arrivait.
uenire me adsimulabo : tu ut subseruias
je vais faire semblant de venir. Toi, prends soin d᾽abonder dans le sens
tv vt svbservias recte ut subseruias dicit, non enim tantum loquetur Mysis quantum Dauus.
tv vt svbservias : il dit correctement ut seruiebas ; en effet Mysis ne parlera pas autant que Dave.
orationi, ut cumque opus sit, uerbis uide.
de mon propos, quand ce sera nécessaire.
1 orationi [meae] vt cvmqve opvs sit verbis orationi meae, tuis uerbis; plura enim loquetur Dauus, inde orationi dixit, illa subsequetur, ideo uerbis. 2 vide cauta esto, specta, intellege.
1 orationi [meae] vt cvmque opvs sit verbis : mon discours (oratio), tes paroles (uerba) ; en effet Dave parlera davantage : il dit donc oratio ; Mysis quant à elle aura le second rôle : de là l᾽emploi de uerba. 2 vide : synonyme de cauta esto (sois prudente), de specta (observe), de intellege (comprends).
My.-ego quid agas nil intellego ; sed siquid est
My.- Je ne saisis rien à ce que tu fais ; mais s᾽il y a quelque chose
quod mea opera opus sit uobis, aut tu plus uides,
où vous ayez besoin de mon aides, comme tu y vois plus clair que moi,
avt tv plvs vides si sapis, intellegis.
avt tv plvs vides : si tu sais, si tu comprends.
manebo, ne quid uestrum 907 remorer commodum. je resterai, pour ne pas mettre d᾽obstacle à vos intérêts.
ne qvid vestrvm remorer c. remorer retardem retineam: a remora, pisce minutissimo, qui nauem retinet; nam Graece ἐχεναΐς uocatur.
ne qvid vestrum remorer commodvm : remorer synonyme de retardem (pour ne pas retarder), et de retineam (pour ne pas retenir) ; le verbe <remoror> vient de remora, un poisson minuscule qui est capable de retenir un navire ; de fait en grec il est appelé ἐχεναΐς . 743
Sommaire
Notes
Scaena quarta
Ch.-reuortor, postquam quae opus fuere ad nuptias
Ch.- Je reviens maintenant que ce qu᾽il faut pour les noces
revertor postqvam q. o. f. adest ipse nunc Chremes, cuius causa scaena fraudibus instructa est, ne promissas compleat nuptias.
1 revertor postqvam qvae opvs fvere : maintenant Chrémès est là en personne : c᾽est à cause de lui que la scène comporte des tromperies, pour l᾽empêcher de mener à bien les noces auxquelles il s᾽est engagé.
gnatae paraui, ut iubeam accersi. sed quid hoc ?
de ma fille est prêt, et je vais dire qu᾽on l᾽envoie chercher. Mais qu᾽est-ce ?
1 vt ivbeam accersi recte iubeam, quia summa potestas nuptiarum in patre puellae est. 2 sed qvid hoc non interrogantis est, sed mirantis et non intellegentis, ut appareat eum non oculis prius quam corporis offensu sensisse puerum iacentem.
1 vt ivbeam accersi : iubeam est correctement employé puisque le père a un très grand pouvoir pour le mariage de sa fille. 2 sed qvid hoc : ce n᾽est pas l᾽expression d᾽une interrogation mais d᾽un étonnement et d᾽une incompréhension, pour qu᾽il apparaisse qu᾽il ne s᾽est pas rendu compte qu᾽un enfant se trouvait par terre : il ne l᾽a pas vu avant de le heurter.
puer hercle est. mulier, tun posisti hunc ? My.-ubi illic est ?
C᾽est un enfant, ma foi. Femme, est-ce toi qui l᾽as déposé là ? My.- Où est-il passé ?
1 pver hercle est hercle ornatiua particula est. 2 mvlier magis quam Mysis. 3 vbi illic est Dauum quaerit, qui nunc abscessit, ut et ipse de foro uenire uideatur.
1 pver hercle est : hercle est une particule d᾽ornement. 2 mvlier : plutôt que Mysis. 3. vbi illic est : elle cherche Dave qui s᾽est éloigné pour avoir l᾽air de son côté de venir du marché.
Ch.-non mihi respondes ? My.-nusquam est. uae miserae mihi !
Ch.- Tu ne me réponds pas ? My.- Disparu. Malheureuse !
non mihi respondes bene non respondes: se enim memor est uetitam quicquam dicere, nisi subseruiat orationi Daui.
non mihi respondes : non respondes est employé à juste titre : en effet elle se souvient qu᾽il lui a été interdit de dire quoi que ce soit, sauf pour seconder le discours de Dave.
reliquit me homo atque abiit. Da.-di uestram fidem,
Ce type m᾽a plantée là et il a décampé. Da.- Grands dieux !
1 reliqvit me homo a. a. mire hominem, non Dauum dixit, ut etiamsi audiat Chremes, incertam personam hominis audiat, non Dauum. 2 di vestram fidem aduerbium est admirantis cum exclamatione.
1 reliqvit me homo atqve abiit : de façon remarquable elle a dit homo (l᾽individu( et non Dave, pour que même si Chrémès entend, il entende <parler> du personnage indéterminé d᾽un individu, non de Dave. 2 di vestram fidem : expression adverbiale exclamative marquant la surprise.
quid turbae est apud forum ! quid illic 908 hominum litigant ! Quelle foule au marché ! que de gens qui se disputent !
1 qvid tvrbae est apvd forvm haec uerba sunt uenientis de foro. 2 qvid illic hominvm litigant legitur et litigat.
1 qvid turbae est apvd forum : ces mots sont ceux de quelqu᾽un qui revient du marché. 2 qvid illic hominvm litigant : on lit aussi litigat.
tum annona cara est. (quidnam aliud dicam 909 nescio.) et puis l᾽alimentation est bien chère ! (Que dire encore ? Je n᾽en sais rien).
1 tvm annona cara est comminiscentis est potius quam alicui referentis. 2 qvidnam alivd dicam hoc propter spectatores.
1 tvm annona cara est : plutôt de quelqu᾽un qui forge un mensonge que de quelqu᾽un qui rapporte une nouvelle <à autrui>. 2 qvidnam alivd dicam : ceci est dit à l᾽intention des spectateurs
My.-cur tu obsecro me hic solam 910 ? Da.-hem quae haec est fabula ? My.- Pourquoi, je te prie, m᾽as-tu laissée seule ? Da.- Hein ! Qu᾽est ce que c᾽est que cette histoire !
1 cvr te obsecro me hic solam ἀποσιώπησις tertia. 2 hem qvae haec est fabvla fabulam se dicit audire, qui rei principium rationemque ignorat.
1 cvr te obsecro me hic solam : aposiopèse (ἀποσιώπησις) du troisième type 744 . 2 hem qvae haec est fabvla : dit qu᾽il entend une histoire celui qui ne connaît ni l᾽origine ni la raison <de ce qu᾽on lui dit>. eho Mysis, puer hic undest ? quisue huc attulit ?
Holà, Mysis, d᾽où vient cet enfant ? Qui l᾽a apporté ici ?
eho mysis eho interiectio est uel principium animaduersionem in se poscentis aut repente cernentis.
eho mysis : eho est une interjection ou plutôt ce par quoi commence quelqu᾽un qui demande qu᾽on fasse attention à lui ou qui voit brusquement <quelqu᾽un d᾽autre>.
My.-satin sanu᾽s qui me id rogites ? Da.-quem ego igitur rogem
My.- Perds-tu la tête de me damnder cela ? Da.- A qui le demander donc ?
qui hic neminem alium uideam ? Ch.-miror unde sit.
Je ne vois personne d᾽autre. Ch.- Je me demande d᾽où il vient.
1 qvi hic neminem a. v. callide affirmat non sibi uisum Chremem, cum et praeuiderit uenientem et praesentem uideat. 2 miror vnde sit miror ueteres cum unde pro nescio ponebant, nam admiratio ab ignorantia descendit. Plautus ne quis miretur qui sim, paucis eloquar.
1 qvi hic neminem alivm videam : avec habileté, il déclare qu᾽il ne voit pas Chrémès, alors qu᾽il a bien vu auparavant qu᾽il venait et qu᾽il voit qu᾽il est là. 2 miror vnde sit : les anciens utilisaient miror avec unde pour nescio (je ne sais pas), car l᾽étonnement vient de l᾽ignorance. Plaute : ne quis miretur qui sim, paucis eloquar (pour que personne ne se demande qui je suis je vais le dire brièvement).
Da.-dictura es quod rogo ? My.-au ! Da.-concede ad dexteram.
Da.- Me diras-tu ce que je te demande ? My.- Hé ! Da.- Passe sur la droite.
1 av interiectio est consternatae mulieris. 2 concede ad d. bene ad dexteram: sinistra enim uenit Chremes. 3 et non uult proximum ei Chremetem, sed iuxta; supra enim dixit ego quoque hinc ab d. u. m. a.
1 av : c᾽est une interjection de femme bouleversée. 2 concede ad dexteram : ad dexteram est bien dit : en effet Chrémès arrive du côté gauche. 3 Et il ne veut pas que Chrémès soit juste à côté d᾽elle, mais à ses côtés à lui ; en effet il a dit plus haut : ego quoque hinc ab dextera uenire me adsimulabo.
My.-deliras : non tute ipse ? Da.-uerbum si mihi
My.- Tu es fou ; n᾽est-ce pas toi-même ? Da.- Un seul mot
1 deliras non tvte ipse deest eum mihi dedisti? sed et supra et nunc interturbat Dauus, ne mulier totum dicat. 2 non tvte ipse summissa uoce. 3 verbvm si mihi vnvm accommodate comminatur Dauus: paene enim Mysis uniuersa narrabat.
1 deliras non tvte ipse : il manque eum mihi dedisti ? (...qui me l᾽as donné ?), mais ici comme plus haut Dave jette le trouble en l᾽interrompant pour éviter qu᾽elle ne dise tout. 2 non tvte ipse : à voix basse. 3 verbvm si mihi vnvm <faxis> : Dave menace, comme il convient : en effet mysis allait raconter toute l᾽affaire.
unum praeterea 911 quam quod te rogo faxis : caue ! au delà de ce que je te demande, et gare à toi !
1 praeterea qvam qvod te rogo hoc et sensim et ut senex audiat pronuntiari potest praeter quam quod te rogo. 2 cave gestu comminatus est et uultu, ut suspenderet comminationem; deinde infert gestum. 3 ordo: caue faxis.
1 praeterea qvam qvod te rogo : praeter quam quod te rogo peut être prononcé à la fois insensiblement et de manière à ce que le vieillard l᾽entende. 2 cave gestu : il a menacé aussi avec son visage, pour suspendre la menace ; ensuite il ajoute le geste. 3 L᾽ordre des mots est : caue faxis.
maledicis ? unde est ? dic clare. My.-a nobis. Da.-hahae !
Tu réponds mal ? D᾽où vient-il ? Dis-le tout haut. My.- De chez nous. Da.- Ah ! ah !
1 maledicis cum contemptu loqueris, conuicium facis. apparet ergo maledicis lentius dictum esse, cum dixerit dic clare. 2 maledicis noue maledicis pro comminatione posuit, cum pro conuicio poni soleat, nisi forte quia contumeliae genus est comminatio. 3 quidam putant esse unam personam, Daui scilicet dictum superius Mysidis non satis manifestum Chremi in male dicti similitudinem deriuantis. 4 vnde est dic clare hoc pressius dixit. 5 †a nobis† quia a nobis parum intellegebatur, hic addidit morem meretricis, ut uel sic intellegat senex.
1 maledicis : quand on parle avec dédain on fait un conuicium (une insulte). Il est donc clair que maledicis est dit à voix basse, après avoir dit dic clare. 2 maledicis : c᾽est un sens nouveau que de mettre maledicis pour désigner une menace, alors qu᾽il devrait l᾽employer au lieu de conuicium, à moins peut-être que ce ne soit parce que la menace est une forme d᾽insulte. 3 Certains pensent qu᾽il n᾽y a qu᾽un personnage et que c᾽est évidemment Dave qui tire le propos que Mysis vient de tenir et qui n᾽est pas assez clair pour Chrémès dans le sens d᾽une insulte. 4 vnde est dic clare : il dit cela d᾽un ton plus pressant. 5 †a nobis† : parce que a nobis est peu intelligible, il ajoute la manière de faire habituelle d᾽une courtisane pour que le vieillard ainsi puisse comprendre.
mirum uero impudenter mulier si facit
Etonnez vous de voir agir avec un tel culot
1 mirvm vero <uero> saepe ad ironiam refertur. 2 mirvm vero impvdenter bono ordine locutus est:primo enim causa impudentiae natura est, deinde condicio.
1 mirvm vero : <uero> est souvent ironique. 2 mirvm vero impvdenter : bon ordre des idées dans cette réplique : en effet la première raison de son impertinence est la nature, la seconde sa condition.
meretrix ! Ch.-ab Andria est [ancilla] haec, quantum intellego.
une courtisane ! Ch.- Cette fille est de chez l᾽Andrienne, à ce que je comprends.
ab andria est a. h. effecit quod uoluit Dauus, nam intellexit Chremes, ex qua sit Pamphilo natus puer.
ab andria est ancilla
haec : Dave a réussi ce qu᾽il voulait, car Chrémès a compris de qui un enfant était né à Pamphile.
Da.-adeon uidemur uobis esse idonei
Da.- Pensez-vous que nous soyons pour vous autres des gens faits
1 adeon videmvr vobis e. i. idoneus est aptus ad omnia et bona et mala. 2 adeon adeone, ut adeon ad eum?
1 adeon videmvr vobis esse idonei : idoneus désigne celui qui est adapté à tout, bien comme mal. 2 adeon : mis pour adeone, comme : adeon ad eum ?
in quibus sic inludatis ? Ch.-ueni in tempore.
pour être joués de la sorte ? Ch.- J᾽arrive au bon moment.
1 in qvibvs sic inlvdatis et inludo in te septimo casu et inludo te accusatiuo dicimus. 2 sed in primo superuacuum est, ut sit: quibus sic inludatis. 3 veni in tempore cum prouisus sit, interuenisse <se> putat. 4 veni in tempore in tempore opportune. nos sine praepositione dicimus tempore et tempori.
1 in qvibvs sic inlvdatis : nous employons à la fois inludere in te avec le septième cas, et inludere te avec l᾽accusatif. 2 Mais le premier in est superflu pour donner : quibus sic inludatis 745 . 3 veni in tempore : alors qu᾽on l᾽attendait, il imagine qu᾽il est tombé à pic. 4 veni in tempore : in tempore veut dire à pic. Nous nous le disons sans préposition : tempore et tempori. Da.-propera adeo puerum tollere hinc ab ianua.
Da.- Allons dépêche-toi d᾽enlever l᾽enfant de cette porte.
propera adeo pvervm tollere hic uersus clare dicitur, sequens, ne senex audiat, presse.
propera adeo pvervm tollere : ce vers est dit à haute voix, le suivant à voix basse pour que le vieillard n᾽entende pas.
mane : caue quoquam ex isto 912 excessis loco ! Ne bouge pas ; garde-toi de bouger d᾽un pas hors de ta place.
1 cave qvoqvam ex isto excessis loco necessario Dauus retinet Mysidem; nondum enim omnia audiuit Chremes, nondum comperit, unde sit mulier et puer de quo susceptus sit. 2 excessis pro excedas, ut faxis.
1 cave qvoqvam ex isto excessis loco : il est indispensable que Dave retienne Mysis ; en effet, Chrémès n᾽a pas encore tout entendu, il n᾽a pas encore appris d᾽où est la femme et, quant à l᾽enfant, qui l᾽a reconnu. 2 excessis : mis pour excedas, comme faxis.
My.-di te eradicent ! ita me miseram territas.
My.- Que les dieux te réduisent en cendres pour faire une telle peur à une pauvre femme !
Da.-tibi ego dico an non ? My.-quid uis ? Da.-at etiam rogas ?
Da.- Est-ce à toi que je parle, oui ou non ? My.- Que veux-tu ? Da.- Tu le demandes encore ?
at etiam rogas rursus iurgium repetit et turbulentam orationem.
at etiam rogas : il recommence ses querelles et ses répliques violentes.
cedo, cuius 913 puerum hic adposisti ? dic mihi. Allez, de qui est l᾽enfant que tu as déposé là ? Dis-le moi.
cedo cvivs p. cedo idem significat, quod dic et da mihi. — ergo repetitionem significat, non superuacuam orationem. — et est dictum cum quadam fiducia et contemptu eius, cum quo sermo est, interrogantis aliquid.
cedo cvivs pvervm : cedo a le même sens que dic (dis) et da mihi (donne-moi). —· <Donc il signifie une répétition non une réplique superflue. — et c᾽est l᾽expression de quelqu᾽un qui demande quelque chose avec une certaine confiance en soi et un certain mépris pour l᾽interlocuteur.
My.-tu nescis ? Da.-mitte id quod scio : dic quod rogo.
My.- Tu ne le sais pas ? Da.- Laisse tomber ce que je sais, dis ce que je demande.
mitte id qvod s. hoc lentius et summisse.
mitte id qvod scio : ceci est dit avec un assez grand calme et de la modération.
My.-uostri. Da.-cuius nostri ? My.-Pamphili. Da.-hem quid ? Pamphili ?
My.- Il est de vous. Da.- De qui, nous ? My.- De Pamphile. Da.- Hein ! Quoi ! de Pamphile ?
1 hem qvid pamphili apparet mulierem uestri et Pamphili lentius pronuntiasse quam Dauus uellet, et ideo hunc repetisse nomen nostri? Pamphili? 2 hem qvid duas res operatur Dauus simul: et ut ignarissimum se ostendat et ut Pamphilus nominetur. et argute repetit nomen Pamphili quasi per indignationem, ut soceri auribus adulescentis nomen inculcet; metuit enim, ne non audiat uelut senex.
1 hem qvid pamphili : il est clair que la femme a prononcé les termes uestri et Pamphili avec plus de calme que Dave ne l᾽aurait voulu, et que par conséquent il reprend le nom nostri ?, Pamphili ?. 2 hem qvid : Dave travaille à deux choses en même temps : il agit de manière à se montrer totalement ignorant et de manière à ce que Pamphile soit nommé. Et astucieusement il répète le nom de Pamphile comme sous le coup de l᾽indignation, pour faire pénétrer le nom du jeune homme dans les oreilles du beau-père ; il a eu peur en effet qu᾽il n᾽entende pas vu que c᾽est un vieillard.
My.-eho an non est ? Ch.-recte ego has semper fugi nuptias.
My.- Ce n᾽est pas vrai peut-être ? Ch.- J᾽ai eu raison de chercher toujours à éviter ce mariage.
1 recte ego h. s. f. n. et hic effecit quod uoluit Dauus, ut et Pamphili Chremes puerum esse cognoscat et recuset generum. 2 has fvgi id est huiusmodi.
1 recte ego has semper fvgi nvptias : et ici Dave est arrivé à ce qu᾽il voulait, que Chrémès apprenne que l᾽enfant était de Pamphile et qu᾽il récuse ce dernier comme gendre. 2 has fvgi : c᾽est-à-dire <des noces> de ce genre.
Da.-o facinus animaduertendum ! My.-quid clamitas ?
Da.- C᾽est un crime qu᾽il faut punir. My.- Qu᾽as-tu à crier ?
1 ο facinvs animadvertendvm ἀποσιώπησις quarta. 2 qvid clamitas clamauit enim Dauus, ut puerum audiret Chremes.
1 o facinvs animadvertendvm : aposiopèse (ἀποσιώπησις) du quatrième type. 2 qvid clamitas : en effet Dave a crié pour que Chrémès entende l᾽enfant.
Da.-quemne ego heri uidi ad uos adferri uesperi ?
Da.- Un enfant que j᾽ai vu, moi, apporter chez vous hier au soir !
qvemne ego h. v. a. v. a. v. uult negando inritare mulierem ad confirmanda quae uult.
qvemne ego heri vidi ad vos adferri vesperi): il veut en niant énerver la femme pour voir confirmer ce qu᾽il veut <entendre dire>.
My.-o hominem audacem ! Da.-uerum : uidi Cantharam
My.- Quelle audace ! Da.- C᾽est vrai : j᾽ai vu Canthara
1 ο hominem a. exclamatio Mysidis testimonium ueritatis est. 2 vervm vidi c. s. uide infirmum argumentum: prius uidi puerum adferri dixit, post non puerum sed Cantharam subfarcinatam. 3 Canthara nomen est anus. 4 et hoc dixit, ut leuiter redarguat Mysidem, non ut uincatur: hoc enim uidisse se, subfarcinatam Cantharam, non puerum portantem.
1 o hominem avdacem : l᾽exclamation de Mysis est un témoignage de la vérité. 2 verum vidi cantharam svbfarcinatam : noter la faiblesse de la preuve : d᾽abord il a dit “j᾽ai vu qu᾽on apportait un enfant”, ensuite <il dit> non pas “<j᾽ai vu> un enfant” mais “<j᾽ai vu> Canthara bien rembourrée”. 3. Canthara est un nom de vieille femme. 4 Et il a dit ceci pour apporter à Mysis une légère réfutation, non pour avoir le dessus : ce qu᾽il a vu en effet c᾽est que Canthara était bien rembourrée, non qu᾽elle transportait un enfant.
subfarcinatam. My.-dis pol habeo gratiam
avec un paquet sous sa robe. My.- Grâce aux dieux, par Pollux,
svbfarcinatam proprium anibus subfarcinatas esse, ut Persius pannucia Baucis et Plautus doliarem claudam crassam.
svbfarcinatam : c᾽est le propre des vieilles femmes que d᾽être bien rembourrées, comme chez Perse : pannucia Baucis (Baucis couverte de haillons) et Plaute : doliarem claudam crassam (<Chrysis> ronde comme un tonneau, boîteuse, grosse).
quod 914 in pariundo aliquot adfuerunt liberae. il y avait plusieurs femmes libres présentes à l᾽accouchement.
1 qvod in parivndo a. a. l. indicium secuta confirmatio est, quam expressit Daui refutatio. superest, ut etiam concludatur effectus doli negante Chremete se daturum filiam, quod subinde efficit Dauus dolo. 2 aliqvot liberae nec paucae nec multae. 3 liberae testimonia libera contra seruum. et hoc proprium Terentii est, nam de Romano more hoc dixit.
1 qvod in pariundo aliqvot adfvervnt liberae : la révélation est suivie par la confirmation qu᾽a provoquée la réfutation de Dave. Il reste à achever la réalisation de la ruse, Chrémès disant qu᾽il ne donnerait pas sa fille, ce que Dave obtient immédiatement après en rusant. 2 aliqvot liberae : ni un petit nombre <de femmes libres>, ni de nombreuses <femmes libres>. 3 liberae : des témoignages de personnes libres contre celui d᾽un esclave. et cela appartient en propre à Térence, car il a dit cela conformément à la pratique romaine.
Da.-ne illa illum haud nouit cuius causa haec incipit :
Da.- Bien sûr ! ta maîtresse ne connaît pas celui qu᾽elle entreprend ainsi.
1 ne illa illvm ne ualde. Cicero ne illi uehementer errant. 2 ne illa illvm Chremem scilicet.
1 ne illa illvm : ne a le sens de ualde (assurément). Cicéron : ne illi uehementer errant (assurément ils se trompent lourdement). 2 ne illa illvm : Chrémès bien entendu.
"Chremes si positum puerum ante aedis uiderit,
« Chrémès, voyant un enfant exposé devant leur porte,
1 chremes si positvm pvervm ἐν ὑποκρίσει. et est μίμησις, transit enim a mixto ad imitatiuum characterem. 2 chremes si p. p. μίμησις, quando aliena uerba sic pronuntiamus, ut uana uideantur.
1 chremes si positvm pvervm : en jouant un rôle (ἐν ὑποκρίσει). Et il y a représentation (μίμησις), en effet il passe du genre mixte au caractère imitatif. 2 chremes si positvm pvervm : il y a représentation (μίμησις) quand nous disons les mots de quelqu᾽un d᾽autre de sorte qu᾽ils apparaissent vains 746 . s<ua>m gnatam non dabit" : tanto hercle mage dabit.
ne donnera pas sa fille. » Il la donnera par Hercule d᾽autant plus volontiers.
Ch.-non hercle faciet. Da.-nunc adeo, ut tu sis sciens,
Ch.- Non, par Hercule, il ne le fera pas. Da.- Et maintenant, si tu veux savoir :
non hercle f. bene ipse de se tertiam personam fecit, ut supra at nunc faciet. 2 vt tu sis sciens eloquenter: sic enim ueteres pro scias.
1 non hercle faciet : il a bien créé lui-même à partir de lui une tierce personne, comme plus haut : at nunc faciet. 2 vt tv sis sciens : éloquemment, c᾽est ainsi que disaient les anciens pour scias (que tu saches).
nisi puerum tollis iam ego hunc in mediam uiam
si tu n᾽enlèves pas l᾽enfant, moi au milieu du chemin
1 iam ego hvnc i. m. v. p. bene in mediam uiam, quia ante fores positus iacebat. 2 provolvam teqve i. per. i. l. de proximo παρόμοιον repetiuit. quando nomina sint, παρονομασία, quando uerba, παρόμοιον dicitur. 3 provolvam porro uoluam. 4 et dolo quidem minatur quod facturus non est, uerum sedulo id agit, ut iam puer tollatur e medio. simul enim seruat Chremeti, ut ipse recuset generum, non ut a quoquam passus uideatur iniuriam.
1 iam ego hvnc in mediam viam provolvam : in mediam uiam est bien dit, car il se trouvait par terre devant la porte. 2 provolvam teqve ibidem pervolvam in lvto : il fait une répétition approximative (παρόμοιον) à partir du plus proche. On dit paronomase (παρονομασία) quand ce sont des noms, et paromoïon (παρόμοιον) quand ce sont des verbes. 3 provolvam : comme porro uoluam (je vais t᾽envoyer rouler au loin). 4 Et certes il fait par ruse des menaces qu᾽il ne mettra pas à exécution, mais il agit en cela promptement pour que l᾽enfant soit retiré du milieu de la scène. En même temps en effet il évite à Chrémès de devoir récuser lui-même son gendre, mais non de paraître supporter une mauvaise manière de la part de quelqu᾽un.
prouoluam teque ibidem peruoluam in luto.
je vais le rouler et t᾽y rouler, toi aussi, dans la boue.
My.-tu pol homo non es sobrius. Da.-fallacia
My.- Par Pollux, tu as bu. Da.- Une fourberie
1 tv pol homo non es s. sobrius est sanae mentis quasi sebrius, hoc est quasi separatus ab ebrio, ut secretus separatus ab his qui cernuntur. 2 fallacia alia aliam t. prouerbium, cui subiacet memorem mendacem esse oportere.
1 tv pol homo non es sobrivs : est sobrius celui qui est sain d᾽esprit, comme s᾽il y avait sebrius, c᾽est-à-dire ᾽à l᾽écart de l᾽ivresse᾽ comme est secretus (secret) celui qui est à l᾽écart de ceux que l᾽on discerne (cernunutur) 747 . 2 fallacia alia aliam trvdit : proverbe, sous lequel on comprend qu᾽il faut que le menteur ait de la mémoire. alia aliam trudit : iam susurrari audio
en amène une autre : j᾽entends déjà murmurer
ciuem Atticam esse hanc. Ch.-hem. Da.-"coactus legibus
que c᾽est une citoyenne d᾽Athènes. Ch.- Hein ! Da.- Que contraint par la loi
civem atticam esse h. transit ad imitationem.
civem atticam esse hanc : il passe au style direct 748 . eam uxorem ducet." My.-au obsecro, an non ciuis est ?
il l᾽épousera. My.- Eh bien ! je te prie, est-ce qu᾽elle ne l᾽est pas, citoyenne ?
av interiectio est conturbatae mulieris.
av : c᾽est une interjection de femme bouleversée.
Ch.-iocularium in malum insciens paene incidi.
Ch.- J᾽ai failli tomber sans le savoir dans une mésaventure qui aurait prêté à rire.
iocvlarivm in malvm e contrario: pro graui et molesto ac nimio iocosum. ergo κατὰ ἀντίφρασιν.
iocvlarium in malvm : iocosus est mis par antiphrase au lieu de ᾽pénible, désagréable et excessif᾽. Donc par antiphrase (κατὰ ἀντίφρασιν).
Da.-quis hic loquitur ? o Chreme, per tempus aduenis :
Da.- Qui parle ici ? O Chrémès, tu arrives au bon moment.
1 qvis hic loqvitvr ο chreme principium loquendi Dauus Chremeti dat perfectis quae ipse conatus est. 2 per tempvs a. idem est per tempus quod in tempore. 3 aut certe per tempus tempestiue. 4 ο chreme per tempvs a. astute, quasi eum nunc primum uiderit.
1 qvis hic loqvitvr o chreme : Dave donne la parole à Chrémès, une fois accompli ce qu᾽il a lui-même manigancé. 2 per tempvs advenis : per tempus est la même chose que in tempore (au bon moment). 3 Ou du moins, per tempus signifie tempestiue (à propos). 4 o chreme per tempvs advenis : avec ruse, comme s᾽il venait de le voir.
ausculta. Ch.-audiui iam omnia. Da.-an nec 915 tu omnia ? Ecoute. Ch.- J᾽ai déjà tout entendu. Da.- Tout ce que nous avons dit ?
1 ah nec tu omnia aut nec pro non legitur aut ne omnia, ut ne producatur et accipiatur pro non. 2 nec tv omnia audisti subauditur.
1 ah nec tv omnia : on lit nec pour non ou pour ne omnia, de sorte que ne a une voyelle longue et se comprend au sens de non. 2 nec tv omnia : audisti (tu as entendu) est sous-entendu.
Ch.-audiui, inquam, a principio. Da.-audistin, obsecro ? hem
Ch.- Oui, te dis-je, depuis le début. Da.- Tu as entendu, vraiment ? Hein !
1 avdisti obsecro hem exsultans Dauus infert et inculcat frequenter repetendo audisti. 2 avdisti o. hem difficile credendo affirmat non sciuisse praesentem, ut hac confirmatione nihil illum de se faciat suspicari.
1 avdisti obsecro hem : Dave, tout content, va de l᾽avant et lui rebat les oreilles en répétant audisti. 2 avdisti obsecro hem : il déclare, ce qui est difficile à croire, qu᾽il ne savait pas qu᾽il était là, pour éviter par cette affirmation de donner à Chémès le moindre soupçon à son égard.
scelera ! hanc iam oportet in cruciatum hinc abripi.
les scélérates ! En voici une qu᾽il faudrait enlever d᾽ici à l᾽instant et mener à la torture.
in crvciatvm hi. a. nec in crucem sed in cruciatum.
in crvciatvm hinc abripi : non pas in crucem (sur la croix) mais in cruciatum.
hic est ille : non te credas Dauom ludere.
C᾽est lui, ne va pas croire que c᾽est Davec que tu trompes.
1 hic est ille ille cum emphasi quasi uir magnus. sed hoc Chremetem ostendens dicit cum ironia. 2 non te credas d. l. Vergilius non Diomedis equos n. c. c. A.
1 hic est ille : ille avec emphase, comme pour un grand homme. Mais en montrant Chrémès, il dit cela avec ironie. 2 non te credas davvm lvdere : Virgile : non Diomedis equos nec currum cernis Achillis (non, tu ne vois pas les chevaux de Diomède ou le char d᾽Achille) 749 . My.-me miseram ! nihil pol falsi dixi, mi senex.
My.- Malheureuse que je suis ! Par Pollux, je n᾽ai rien dit de faux, mon cher vieillard.
1 nihil pol falsi dixi mi senex bene senex, quia quasi alienior est et ignotus Mysidi. 2 mi <s.> subpalpatio muliebris.
1 nihil pol falsi dixi mi senex : senex est bien employé, puisque Chrémès est pour ainsi dire tout à fait étranger à Mysis et lui est inconnu. 2 mi senex : flatterie de femme.
Ch.-noui omnem rem. est Simo intus ? Da.-est. My.-ne me attingas,
Ch.- Je sais à quoi m᾽en tenir. Simon est-il chez lui ? Da.- Oui. My.- Ne me touche pas,
ne me attingas quaedam ostenduntur aperte in comoediis, quaedam ex aliis personis intelleguntur.
ne me attingas : certaines choses sont ouvertement montrées dans les comédies, certaines sont comprises d᾽après ce que disent les autres personnages 750 . sceleste. si pol Glycerio non omnia haec .
scélérat. Par Pollux, si je ne dis pas tout à Glycère...
si pol glycerio non omnia haec ἀποσιώπησις tertia, quod <quaedam> alienae personae intercessione reticentur. fiunt autem ἀποσιωπήσεις, id est reticentiae modis tribus: aut enim tacet per se ipsum et ad aliud transit et est prima, aut tacet nec ultra aliquid dicet et est secunda, aut alterius interuentu personae silet et est tertia.
si pol glycero non omnia haec : aposiopèse (ἀποσιώπησις) de troisième catégorie, parce que certaines choses sont tues en raison de l᾽intervention d᾽un autre personnage. Les aposiopèses (ἀποσιωπήσεις), c᾽est-à-dire le fait de taire quelque chose (reticentia), se produisent de trois manières : ou bien <le personnage qui parle> se tait de lui-même et passe à autre chose et c᾽est la première catégorie, ou bien il se tait et ne dira plus rien d᾽autre et c᾽est la deuxième catégorie, ou bien il fait silence à cause de l᾽intervention d᾽un autre personnage et c᾽est la troisième catégorie.
Da.-eho inepta, nescis quid sit actum ? My.-qui sciam ?
Da.- Eh ! Idiote que tu es, tu ne sais pas ce qu᾽on a fait ? My.- Comment le saurais-je ?
nescis qvid sit actvm nescis plerumque dicitur ei, non quem uolumus redarguere imperitiae aut ignorantiae, sed quem facere uolumus ut uelit libenter audire.
nescis qvid sit actvm : on dit très souvent nescis non pas à celui dont nous voulons dénoncer le manque de connaissance ou l᾽ignorance, mais à celui dont nous voulons obtenir qu᾽il nous écoute de bon gré.
Da.-hic socer est. alio pacto haud poterat fieri
Da.- C᾽est le beau-père. On ne pouvait pas faire autrement
ut sciret haec quae uoluimus. My.-praediceres.
pour lui faire savoir ce que nous voulions. My.- Tu aurais pu me prévenir.
Da.-paulum 916 interesse censes ex animo omnia, Da.- Crois-tu qu᾽il y ait peu de différence si l᾽on fait tout
1 pavlvm interesse noue pro multum:ἐλάττωσις σχῆμα. 2 ex animo omnia vt f. n. f. figura ἐφεξήγησις ; nam quid est ex animo nisi ut fert natura? 3 et haec sententia a Terentio ἐρωτηματικῶς ἐπιδεικτικῶς
1 pavlvm interesse : <paulum> est utilisé de façon inédite pour multum (beaucoup) : figure d᾽amoindrissement (ἐλάττωσις σχῆμα). 2 ex animo omnia vt fert natvra facias : figure d᾽explication (ἐφεξήγησις) ; car qu᾽est-ce que ex animo (de façon spontanée) si ce n᾽est ut fert natura (comme le veut la nature) ? 3 Et Térence a exprimé cette sentence sous forme interrogative (ἐρωτηματικῶς) alors que Ménandre l᾽a fait sous forme démonstrative (ἐπιδεικτικῶς).
ut fert natura, facias an de industria ?
de façon naturelle, ou en y ayant bien réfléchi ?
vt fert <n.> naturalis et ingenita actio, quam αὐτοφυῆ dicimus, ut Vergilius et cui putre solum – namque h. i. a.
vt fert natvra : action naturelle et spontanée, que nous appelons en grec αὐτοφυής 751 , comme dans Virgile : et <cui> putre solum — namque hoc imitamur arando (et dont le sol est meuble — car c᾽est ce que nous imitons en labourant) 752 .
Sommaire
Notes
Scaena quinta
Cr.-in hac habitasse platea dictum est Chrysidem,
Cr.-C᾽est dans cette rue, m᾽a-t-on dit, qu᾽habitait Chrysis,
1 in hac h. p. d. e. c. in hoc loco persona ad catastropham machinata nunc loquitur, nam hic Crito nihil argumento debet nisi absolutionem erroris eius. simul ex uerbis suis quam grauis quam modestus sit quamque iustus ostendit. 2 in hac h. p. d. e. c. non habitare, sed quia mortua est, habitasse dixit. 3 platea Graeci πλατεῖαν dixerunt, quam nos plateam dicimus. secundum formam eiusmodi et Μήδειαν Medeam, σπονδεῖον spondeum scribimus.
1. IN HAC HaBITASSE PLATEA DICTVM EST CHRYSIDEM : dans cette scène parle maintenant un personnage imaginé pour provoquer le dénouement, car ici Criton ne sert en rien à l᾽intrigue si ce n᾽est en vue de la résolution de la méprise qu᾽elle contient 753 . En même temps, il montre par ses mots combien il est sérieux, honnête et juste. 2. IN HAC HaBITASSE PLATEA DICTVM EST CHRYSIDEM : il a dit non pas habitare (habite) mais habitasse, puisqu᾽elle est morte. 3. PLATEA : les Grecs nommaient πλατεῖα ce que nous nommons platea. Conformément à une disposition de ce genre, nous écrivons Μήδειαν Medeam (Médée) et σπονδεῖον spondeum (vase à libations 754 ). quae sese inhoneste optauit parere hic diuitias 917 qui a choisi de malhonnêtement s᾽enrichir ici
1 qvae sese inhoneste o. optare est unum de duobus eligere. Vergilius pars optare l. t. 2 parere hic d. animo heredis dixit parere diuitias.
1. QVAE SESE INHONESTE OPTAVIT : optare c᾽est choisir entre deux possibilités. Virgile : pars optare locum tecto (d᾽autres choisissent un emplacement pour leur demeure). 2. PARERE HIC DiviTIAS 755 : pensant en héritier il dit parere diuitias. potius quam in patria honeste 918 pauper uiuere 919 : plutôt que de vivre honnête et pauvre dans son pays.
1 potivs qvam in p. primum dolet Crito, quia meretrix fuit Chrysis; secundo progressus queritur, quod mortua est. 2 et nota, quod tria dicit contempsisse Chrysidem: patriam, honestatem, paupertatem. τὸ πρέπον etiam seruatum est graui uiro, cum illum sobrinae pudet. simul et hic ostenditur eius generis fuisse Chrysidem, ut probe uiuere potuerit, nisi, ut ait, necessitas cogeret. 3 qvam in patria h. ἀντίθετον primum. 4 potivs qvam in p. h. p. v. his uerbis iam honestus a poeta inducitur Crito et dignus, cui credi oporteat. 5 pavper vivere sed cognatorum n. c. est.
1. POTIVS QVAM IN PATRIA : d᾽abord Criton s᾽afflige, puisque Chrysis était une courtisane ; dans un second temps, allant plus loin, il se plaint parce qu᾽elle est morte. 2. Et notez que selon lui Chrysis a méprisé trois choses : sa patrie, l᾽honnêteté, la pauvreté. La bienséance (τὸ πρέπον) doit également être conservée par un homme sérieux quand il éprouve de la honte à cause de sa cousine. En même temps il est ici montré que Chrysis est le genre de femme qui aurait pu vivre honnêtement sauf si, comme il est dit, necessitas cogeret. 3. QVAM IN PATRIA HONESTE : antithèse (ἀντίθετον) de la première catégorie. 4. POTIVS QVAM IN PATRIA HONESTE PAVPER VIVERE : par ces mots le poète met déjà en scène un Criton honnête et digne, qui mérite qu᾽on lui fasse confiance. 5. PAVPER VIVERE : mais elle a été cognatorum neglegentia coacta.
eius morte ea ad me lege redierunt bona.
Par sa mort, c᾽est à moi que légalement ses biens reviennent.
ad me lege rediervnt b. hic ius tractauit dicendo redierunt, quia in familiam redeunt, si non est heres de proximo aut ex testamento.
AD ME LEGE REDIERVNT BONA : ici il expose le droit en disant redierunt, puisque les biens reviennent dans la famille, s᾽il n᾽y a pas d᾽héritier issu des gens les plus proches ou désigné par testament.
sed quos perconter uideo : saluete. My.-obsecro,
Mais voici des gens de qui je peux m᾽informer. Bonjour. My.-Ma parole !
sed qvos p. v. interrogatio est, cui necessario respondetur aut etiam aut non, percontatio, cui nihil horum, ut si quis dicat: ubi habitabat Chrysis?, : dicatur: ecce hic. percontatio, ut si quis dicat: cur adulterium commisisti? simul etiam modeste et mature et de se nihil interrogaturus coepit a blandimentis.
sed qvos perconter video : c᾽est une interrogation totale (interrogatio) quand la réponse est nécessairement oui ou non, c᾽est une interrogation partielle (percontatio), quand il ne faut ni l᾽une ni l᾽autre de ces réponses, comme si l᾽on disait : où habitait Chrysis ? et qu᾽on dise : voilà c᾽est là. L᾽interrogation partielle comme si l᾽on disait : pourquoi as-tu commis un adultère ? 756 Et en même temps, de manière modeste, au bon moment et en homme qui ne va rien demander à son propre sujet, il commence par des propos amènes. quem uideo ? estne hic Crito sobrinus Chrysidis ?
qui vois-je ? N᾽est-ce pas là Criton, le cousin de Chrysis ?
estne hic crito s. c. sobrini sunt consobrinorum filii, — nam sic dicit Menander —; uerum ut alii putant, de sororibus nati, ut sint sobrini quasi sororini.
estne hic crito sobrinus chrysidis : on appelle consobrini, les fils du sobrinus (cousin), de fait c᾽est ainsi que s᾽exprime Ménandre ; ou comme certains le pensent les enfants mâles de la sœur, comme si c᾽était soririni 757 . is est. Cr.-o Mysis, salue ! My.-saluus sis, Crito.
C᾽est lui. Cr.-Ah ! Mysis, bonjour. My.-Je te souhaite le bonjour, Criton.
ο mysis salve salvvs sis c. saluus sis asseueratio salutantis est, non quasi responsio.
o mysis salve salvvs sis crito : saluus sis est l᾽affirmation de celui qui salue, non une forme de réponse.
Cr.-itan Chrysis ? hem. My.-nos quidem pol miseras perdidit.
Cr.-Alors Chrysis ? Hein ! My.-Par Pollux, nous sommes bien malheureuses de l᾽avoir perdue.
1 itan chrysis hem non nunc interrogat, sed commiseratur, et ita sequebatur, ut diceret periit; sed magis gemitu significat, quod minus dixerat. 2 nos qvidem pol miseras perdidit hic intellegitur supra subaudiendum periit, nam πρὸς τὸ periit haec reposuit perdidit.
1 itan chrysis hem : ce n᾽est pas maintenant qu᾽il interroge, il fait montre de compassion, et la suite logique serait de dire periit (elle est morte) ; mais il exprime plus par son gémissement en disant moins. 2 nos qvidem pol miseras perdidit : ici on comprend que plus haut il faut sous-entendre periit , car face à (πρὸς τὸ ) ce periit 758 , elle oppose perdidit. Cr.-quid uos ? quo pacto hic ? satine recte ? My.-nosne ? Sic
Cr.-Et vous ? Comment ça va ici ? Comme il faut ? My.-Nous ? On fait
1 qvid vos qvo pacto hic progressio loquentis ad interrogandum, id est: puto, inquit, quod illa periit, uos autem quomodo? 2 qvo pacto hic significatio est peregrinantis. 3 nosne sic vt qvimvs a. τὸ sic nudum est. et est significatio languoris cuiusdam et lentitudinis. 4 sic vt qvimvs a. q. v. v. n. l. et ad praesentis et ad praeteritae uitae excusationem pertinet ista responsio, qua purgatur uoluntas in quaestu meretricio Chrysidis. Caecilius in Plocio uiuas ut possis, quando nequit ut uelis.
1 qvid vos qvo pacto hic : progression de celui qui parle vers la question, c᾽est-à- dire : je pense, dit-il, qu᾽elle est morte, mais, vous, comment ça va ? 2 qvo pacto hic : expression de celui qui arrive de l᾽étranger. 3 nosne sic vt qvimvs aivnt : le (τὸ) sic va tout seul. Et il exprime une certaine langueur et un certain abattement. 4 nosne sit vt qvimvs aivnt qvando vt volvmvs non licet : c᾽est à la fois à excuser sa vie présente et sa vie passée que vise cette réponse, dans laquelle elle élimine toute volonté délibérée dans la profession de courtisane qu᾽a exercée Chrysis. Cécilius dans le Plocius : uiuas ut possis quando nequit ut uelis (vis comme tu peux, puisque tu ne peux vivre comme tu veux).
ut quimus, aiunt, quando ut uolumus non licet.
comme on peut, dit-on, quand on ne peut faire comme on veut.
Cr.-quid Glycerium ? iam hic suos parentis repperit ?
Cr.-Et Glycère ? A-t-elle enfin retrouvé ses parents ici ?
1 qvid glycerivm iam h. s. conuenit hereditatem petenti, conuenit indici futuro. 2 ergo recte et ordine quaesiuit quid Chrysis? quid uos? quid Glycerium?
1 qvid glycerivm iam hic svos :convient à celui qui demande l᾽héritage, convient à l᾽indice à venir. 2 Donc c᾽est comme il faut et dans l᾽ordre qu᾽il a demandé qu᾽en est-il de Chrysis ? qu᾽en est-il de vous ? qu᾽en est-il de Glycère ?
My.-utinam ! Cr.-an nondum etiam ? haut auspicato huc me appuli ;
My.-Si seulement ! Cr.- Quoi ! pas encore ? Alors c᾽est bien mal à propos que je débarque ici.
1 vtinam nouo genere exoptationem pro negatione intulit. 2 havt avspicato hvc m. a. id est inauspicatus, quod non esset auspicatus. et usitatum ueteribus sic dicere, si quando aliter quid euenisset, quam uellent.
1 vtinam : d᾽une manière nouvelle elle a mis le souhait à la place de la négation. 2 havt avspicato hvc me appvli : c᾽est-à-dire inauspicatus (de manière imprévue), parce que ce n᾽était pas prévu. Et c᾽était l᾽usage des anciens de s᾽exprimer ainsi si jamais quelque chose se passait autrement qu᾽ils ne l᾽avaient voulu.
nam pol, si id scissem, numquam huc tetulissem pedem.
Par Pollux, si je l᾽avais su, je n᾽y aurais jamais porté mes pas.
nvmqvam hvc tetvlissem pedem Vergilius mene efferre pedem, g., t. p. r. s. et ferte simul f. p. d. q. p. sed critici adnotant altius esse charactere comico tetulissem pedem.
nvmqvam hvc tetvlissem pedem : Virgile : mene efferre pedem, genitor, te posse relicto sperasti (Mon père, as-tu espéré que je pourrais partir en t᾽abandonnant ?) et : ferte simul Faunique pedem Dryadesque puellae (portez ici vos pas, Faunes, ainsi que vous, jeunes Dryades), mais les critiques font remarquer que tetulissem pedem est d᾽un niveau de langue trop élevé pour un personnage de comédie.
semper enim 920 dicta est esse haec atque habita est soror ; On a toujours dit qu᾽elle était sa sœur ; elle a toujours passé pour telle ;
1 semper enim dicta est e. h. a. h. e. s. aut ueris credendum est aut etiam falsis, quae tamen inueterauerint. hinc Cicero ita habeantur itaque dicantur. habita ergo plus est quam dicta . 2 semper eivs a possibili et utili.
1 semper enim dicta est est esse haec atque habita est soror : il faut croire soit des choses vraies soit même des fausses à condition cependant qu᾽elles aient pour elle la caution de l᾽ancienneté. De là Cicéron : ita habeantur itaque dicantur (qu᾽on les croie telles, qu᾽on les dise telles). Habita est donc plus que dicta (dites). 2 semper eivs : argument par le possible et l᾽utile.
quae illius fuere possidet : nunc me hospitem
elle est maintenant en possession de son bien. A présent, moi un étranger,
1 nvnc me hospitem l. s. et me et hospitem et lites sequi mire dicit 165 : totum μετ᾽᾽ἐμφάσεως. 2 me cum emphasi, id est senem et remotum a litibus, hospitem hoc est peregrinum, lites sequi id est pauperem. 1 nvnc me hospitem lites sequi : me, hospitem et lites sequi sont une manière étonnante de s᾽exprimer : tout est dit avec emphase (μετ᾽᾽ἐμφάσεως) 2 Me est dit avec emphase c᾽est-à-dire un vieillard qui se tient loin des procès, hospitem c᾽est-à-dire un étranger, lites sequi c᾽est-à-dire un pauvre.
lites sequi quam id mihi sit facile atque utile
irai-je faire un procès ? Ce ne serait ni facile, ni utile,
qvam id mihi sit facile a. v. id est difficile et inutile. et est comicum.
qvam id mihi sit facile atqve vtile : c᾽est-à-dire difficile et inutile. Et c᾽est propre au genre comique.
aliorum exempla commonent. simul arbitror
si j᾽en crois l᾽exemple d᾽autrui. En même temps je pense
iam aliquem esse amicum et defensorem <ei> ; nam fere
qu᾽elle a déjà quelque ami et protecteur ; car elle était déjà
grandiuscula iam profecta est illinc : clamitent
grandette quand elle est partie. On criera
1 grandivscvla iam profecta est ad partem aetatis refertur grandis. 2 id est: grandis natu est. maior autem generaliter et ad summam aetatis refertur et ad comparationem aetatis pariliter positum.
1 grandivscvla iam profecta est : c᾽est à la partie que constitue son âge que se rapporte grandis. 2 C᾽est-à-dire : elle est assez âgée. Le mot maior en général se rapporte à la somme de l᾽âge et se met également pour comparer les âges.
me sycophantam, hereditatem persequi
que je suis un calomniateur, un coureur d᾽héritages,
1 sycophantam hoc est: cum in me conueniunt lites. 2 sycophantam bene sycophantam, quia bonam causam habet et nihil aliud timet nisi conuicia. 3 et sycophantam subdistingue et sic infer sequentia.
1 sycophantam : c᾽est-à-dire quand les procès me viennent. 2 sycophantam : sycophantam est bien dit, car sa cause est solide et il ne craint rien sinon les insultes. 3 Et mettez une ponctuation faible avant sycophantam puis enchaînez le reste.
mendicum. tum ipsam despoliare non lubet.
un mendiant ; et puis, je n᾽ai pas envie de la dépouiller.
1 tvm ipsam despoliare non l. ab honesto. 2 et bene, quia nihil suum habet nisi Chrysidis.
1 tvm ipsam despoliare non lubet : argument par l᾽honnête. 2 Et c᾽est bien car il n᾽a rien en propre sinon ce qui est à Chrysis.
My.-o optime hospes ! pol, Crito, antiquum obtines.
My.-Ah ! L᾽excellent étranger que voilà ! En vérité, Criton, tu es encore l᾽homme d᾽autrefois.
1 optime hospes p. c. a. o. antiquum absolute dixit, ut aequum aut bonum, quod antiqui solebant. 2 Aut certe per ἔλλειψιν, id est morem et ingenium.
1 optime hospes pol crito antiqvvm obtines : antiquum est dit de manière absolue, en synonyme de juste et bon, ce que les anciens avaient coutume d᾽être. 2 Ou du moins par ellipse (ἔλλειψις) c᾽est-à-dire de morem (mœurs) et ingenium (caractère).
Cr.-duc me ad eam, quando huc ueni, ut uideam. My.-maxime.
Cr.-Mène-moi chez elle, puisque je suis ici, que je la voie. My.-Bien-sûr.
1 dvc me ad eam qvando hvc v. v. v. ueni huc inquit ut uideam; cur autem ut uideam? quia timet. 2 et est ordo: duc me ad eam, <ut uideam>.
1 dvc me ad eam qvando hvc veni vt videam : ueni huc, dit-il, ut uideam ; mais pourquoi ut uideam ? parce qu᾽il a peur. 2 Et l᾽ordre des mots est : duc mihi ad eam <ut uideam>.
Da.-sequar hos : nolo me hoc in tempore 921 uideat senex. Da.-Je vais les suivre. Je ne veux pas qu᾽en ce moment le vieux me voie.
nolo me hoc in tempore v. s. bene senex: Simo enim cum Chremete est. propter hoc uideri non uult, ne eius utatur apud socerum testimonio, rem esse Pamphilo aduersus Glycerium, et rursus nuptiae confirmentur.
nolo me hoc in tempore videat senex : senex est bien dit : Simon en effet est accompagné de Chrémès. C᾽est la raison pour laquelle il ne veut pas être vu, de peur qu᾽il se serve de son témoignage chez le beau-père pour lui faire dire qu᾽il y a quelque chose chez Pamphile qui s᾽oppose à Glycère, et de peur que le mariage ne soit à nouveau confirmé.
Notes
Sommaire
Notes
1. Reifferscheid signale
ici une lacune à la suite d᾽Estienne (1529) qui complétait par "sunt
ibi". On ne voit absolument pas pourquoi.
2. Erreur
manifeste dans la numérotation de Wessner qui répète deux fois 6 ;
nous décalons la numérotation à partir de ce paragraphe jusqu᾽à la
fin du chapitre 1.
3. Dans l᾽édition Wessner l᾽intervention de la deuxième main coupe cette explication du lemme 1. Nous la mettons à une place plus logique après ce développement.
4. Wessner édite ici comme un locus desperatus: amantibus qui n᾽a effectivement aucun sens. Le contexte rend la restitution de a manentibus comme contraire de deperdimus extrêmement probable.
5. Wessner édite contre tous ses manuscrits "non ita dissimili svnt ar." (pour "argumento"), ce qui conduit à comprendre la scholie avec le sens "᾽ita᾽ est mis pour ᾽ualde᾽ (beaucoup)". De fait, ainsi édité,ce commentaire est totalement contradictoire avec la scholie
1 où Donat avec une question d᾽ordre des mots interdit de comprendre "ita" comme un intensif. Nous proposons de revenir au texte des manuscrits qui évite cette contradiction.
6. Rabbow, suivi par Wessner, athétise ce mot, mais il n᾽y a rigoureusement aucune raison de le faire, puisque c᾽est le corrélatif de "ne".
7. Wessner suppose, à la suite de Rabbow, une lacune qui ne se trouve nulle part dans les manuscrits et édite "cognoscite pro *****.
8 cognoscite". Rabbow supposait la chute d᾽un mot comme "iudicate", dont on voit mal pourquoi il serait tombé. Or les manuscrits disent tout autre chose et il y a quatre lectures possibles toutes très proches : 1-V lit "cognoscite pro cognoscite sic", ce qui apparemment n᾽a aucun sens sauf si l᾽on comprend "᾽cognoscite᾽ vaut pour ᾽cognoscite sic᾽". Le résultat, bien qu᾽acrobatique, n᾽est pas dénué de sens, "sic" devenant le corrélatif absent chez Térence du "ut" du vers suivant. Dans cette hypothèse la scholie relève une anacoluthe selon Donat. O lit "cogniscte percognoscite", laissant ainsi supposer une synonymie de "cognosco" avec un "percognosco" qui n᾽existe guère, mais se lit cependant chez Augustin et peut se défendre avec le "pernoscatis" qui suit. 3-MGJC lisent "cognoscite pernoscite" reprenant l᾽idée d᾽une synonymie, mais avec un verbe très bien attesté puisqu᾽il se trouve au vers suivant. Ce qui est étrange, c᾽est qu᾽on aboutit à reformuler ainsi : "pernoscite rem ut pernoscatis" ! 4-U a peut-être conservé la meilleure lecture (à moins qu᾽il ne l᾽ait inventée, fort habilement) en lisant "cognoscite pro noscite". Paléographiquement la confusion de l᾽abréviation per avec celle de pro est absolument triviale et tous les manuscrits abrègent ici. Ce qui nous fait préférer la leçon de U est le jeu très habile que Donat établit alors entre ce que Térence aurait pu écrire, soit "noscite ut pernoscatis", et la citation de
L᾽Hécyre, où on trouve "orator" suivi de "exorator", soit le rapport d᾽un simple à un composé. Soit U s᾽est montré très fin conjectureur, et nous pouvons accepter sa lecture, soit il a conservé, Dieu sait comment, le bon texte. Du coup, notre scholie
8 est légèrement décalée par rapport à l᾽édition Wessner.
8. Wessner ajoutait devant ce groupe la préposition "in" qui ne s᾽impose nullement si l᾽on fait de "narratione" un complément de moyen.
9. Devant ce mot, Wessner proposait de répéter "Sosia" de façon à avoir un lemme. C᾽est totalement inutile et ne se trouve dans aucun de ses manuscrits.
10. "Iniusto" dans les éditions modernes.
11. gratissima dans les éditions modernes. A la suite de cette citation, Wessner ajoute "etc", mais les manuscrits qui poursuivent jusque là la citation, comme A, l᾽arrêtent clairement après le "l.". Nous supprimons donc l᾽ajout.
12. Ajout d᾽Estienne (1529) qui est particulièrement bien venu, car, sans cet ajout, la scholie continue le commentaire du vers précédent, mais de manière relativement incohérente. Il est possible que le dernier mot de la citation abrégé "l." ait fait disparaître un autre "l." pour "liberaliter".
13. "Factum" dans les éditions modernes de la pièce.
14. Wessner édite ici "hu[n]c", mais la variante "hunc" est bien attestée dans la tradition manuscrite de Térence, comme dans celle de Donat. Il n᾽y a donc pas lieu de corriger.
15. Wessner édite "cito", mais l᾽immense majorité des manuscrits a "recte". La différence de sens n᾽est pas telle que l᾽on doive faire droit au texte minoritaire, de A, qui peut très bien provenir d᾽une mélecture du "quin tu" qui suit immédiatement chez Térence.
16. Le texte de ce passage est troublant. Wessner édite "quod <si> est, hoc immemor est beneficium", mais sans tenir compte, ailleurs que dans son apparat, du fait que le problème est en réalité beaucoup plus vaste et engage la citation virgilienne. Une partie de la tradition, UGDJ, en effet, l᾽omet et la remplace par une citation fort maladroite du texte (en toutes lettres ou en initiale) des vers 43b-44, précédée de la mention "ut sit sensus". Nous pensons qu᾽il s᾽est produit la chose suivante. L᾽original d᾽où remontent la plupart des manuscrits du XVe (Mayence ?) devait lire : "v. s. s. m. i. o. i" soit "ui superum saeuae memorem iunonis ob iram" autrement dit En. 1,
4 en entier. Prenant la section v. s. s. pour l᾽abréviation de "ut sit sensus" que l᾽on lit explicitement chez V (en marge), UGDJ et M (en marge), un copiste (celui de Mayence ?) s᾽est demandé ce que pouvait bien vouloir dire m. i. o. i. suivi de q. e. ("quod est") et ingénieusement, mais à tort, a remarqué que cela pouvait plus ou moins ressembler à n. i. c. q. e. e. i. b. soit le vers 43b-
44 de Térence. A partir de là, il n᾽a plus qu᾽à développer pour obtenir une scholie complète, mais parfaitement stupide car il dit en substance "le sens est exactement ce que vous lisez", ce qui constitue un truisme. La formule "ut sit sensus" est récurrente, mais Donat ne l᾽utilise que pour reformuler et non pour citer verbatim, ce qui n᾽a d᾽ailleurs ici aucun intérêt. Seul V et M ont les deux options (à la fois la citation virgilienne et le truisme), mais cela s᾽explique aisément pour V au moins, car on sait que son copiste a découvert une autre tradition alors qu᾽il avait déjà copié le début du commentaire et qu᾽il est revenu en arrière pour porter les leçons nouvelles de son nouveau manuscrit. De fait, la leçon avec le truisme se trouve en marge. M a oublié la scholie
1 et le début de
2 qu᾽il a rajoutés en marge avec un renvoi. En découvrant cet oubli il a découvert aussi un texte autre que le truisme qu᾽il avait copié et qui est la citation virgilienne et il l᾽a rajoutée en bas de page avec un autre renvoi. Ce qui est certain c᾽est qu᾽aucun manuscrit n᾽a les deux textes en statut principal, ce qui signifie à coup sûr que l᾽un des deux est erroné. Pour la fin de "quod" à "beneficium", nous suivons VK et en partie A ("immemorie") qui portent de façon quasi certaine le bon texte. Voir à ce sujet la note apposée à la traduction.
17. "Omniumst" texte reçu.
18. Wessner édite "et quod uerbum promisit? <illud>, ubi", mais le démonstratif est une conjecture de Rabbow, provenant sans doute du fait qu᾽on interprète "quod uerbum promisit" comme une interrogative directe (quel mot promet-il ? Celui-ci lorsque...), ce qui est manifestement erroné. Nous rétablissons le texte des manuscrits parfaitement clair et supposons qu᾽il s᾽agit d᾽une simple relative avec attraction de l᾽antécédent.
19. Wessner ajoute ici le mot suivant chez Térence "noscere" abrégé car il comprend que la scholie porte sur une différence entre "scire" et "noscere", ce qui est sans doute le cas. Notons que plusieurs manuscrits dont A n᾽ont pas compris cette differentia et opposent "scimus" à "nescimus", rendant ainsi le commentaire tautologique pour ne pas dire stupide.
20. Wessner édite "magister ✝ is quoque ✝: potest enim intellegi", ce qui est en gros le texte de AVK. UGTC n᾽ont pas la scholie. M la possède en marge, car, comme V il possède un exemplaire de chaque filière. Toutefois, à la différence de V, il possède comme exemplaire principal ce qui est l᾽exemplaire secondaire de V. Quoi qu᾽il en soit, tout porte à croire que cette scholie existe, mais qu᾽elle a été mal transmise. MA portent "is quoque", qui n᾽a aucun sens, KV portent "id quoque", qui présente au moins l᾽avantage de sauver la forme de l᾽anaphorique qui se comprend alors. Il demeure cependant que "quoque" et "enim" (de plus mal placé) dans la même phrase sont extrêmement suspects. Nous pensons que, malgré la tentative de KV, c᾽est bien "id/is " qui pose problème, tout simplement parce que ce n᾽est probablement pas un mot, mais un chiffre "ii" devenu "is" ou "id", "is" par simple mélecture, "id" par souci de le rattacher syntaxiquement. Le désordre a pu naître aussi de la répétition "metus magister metus magister" rapidement simplifiée, faisant ainsi disparaître un lemme indispensable pour le sens. Nous recréons donc une scholie 2, ce qui entraîne le décalage des scholies 2-
3 de Wessner qui deviennent 3-4. Pour l᾽interprétation des trois scholies, voir la note apposée au texte français.
21. Passage où les interventions de la prétendue seconde main de Wessner ont jeté un trouble inouï dans la cohérence du raisonnement. Nous reconstruisons, en déplaçant les scholies dites de la seconde main, une argumentation cohérente. En effet, dans cet ordre, les scholies se comprennent parfaitement et donnent un commentaire riche et complet sur le pléonasme.
22. Wessner ajoutait ici "<f.>", pour englober "faciunt" dans le lemme. C᾽est inutile et la scholie reste claire sans cet ajout, qui ne figure pas dans les manuscrits.
23. Wessner considérait que "mediocriter" faisait partie du lemme et éditait "praeter cetera...mediocriter", mais c᾽est absurde. Le commentaire s᾽appuie sur "praeter cetera" pour dégager le sens de "mediocriter" qui est donc autonyme. Ce qui est absurde parce que totalement contraire à la pratique de Donat est d᾽utiliser pour le lemme les mots frontière du segment commenté, au lieu de l᾽ensemble.
24. Wessner édite ici "adprime <ad> adiectio est confirmationis", mais est ne se trouve que dans une correction interlinéaire de V et "ad "est un ajout de Wessner. Le texte se comprend très bien sans l᾽un et l᾽autre.
25. Wessner édite "sed", mais tous les manuscrits portent "et". Nous pensons que le texte des manuscrits résulte de la simplification du segment "dicentis set", la variante graphique "set" étant mal connu des scribes.
26. Wessner met entre cruces "de quo", mais les cruces sont inutiles le texte est limpide.
27. Wessner suivant Estienne (1529) éditait "commodiorum" mais les manuscrits unanimes portent "commodior". On peut sans doute sauver cette leçon en comprenant que tout ce qui précède rend évidemment ("scilicet") la vie du personnage "assez facile" (commodior uita). Le vers
62 ramasse ici un commentaire global des vers 60-62, dont "uita" est le point-clé.
28. Wessner édite ici une conjecture de Lindenbrog "<non> quasi" dans laquelle le "non" paraît appelé par le "sed" qui suit. Toutefois, le commentaire se comprend parfaitement sans l᾽ajout de cette négation.
29. Wessner ajoutait ici "andria" partie du lemme commenté, mais cela ne sert à rien, et ne figure pas dans les manuscrits.
30. Wessner ajoutait ici "<o.>" pour "occipit", mais cela est inutile, puisque le commentaire porte bien sur "quaestum".
31. Nous adoptons le texte que Lindenbrog (1623) affirme avoir lu dans des "ueteres codices", sans doute Pithou et Cujas (cf. Observationes p. 634). Wessner éditait à partir de Festus 50,
10 M "ut ᾽scilicet scias <licet>", mais les manuscrits encore lisibles aujourd᾽hui attestent plutôt la leçon retenue par Lindenbrog: UM "et si scias", V "ut sic scias", K "ut si scias". Dans chacun de ces témoins on reconnaît le segment "sis". D᾽autre part le rapprochement entre "sodes" et "sis" est beaucoup plus attendu que celui entre "sodes" et "scilicet". Voir Cicéron,
Orator, 154 : "Libenter etiam copulando uerba iungebant, ut ᾽sodes᾽ pro ᾽si audes᾽, ᾽sis᾽ pro ᾽si uis᾽" (ils se plaisaient à joindre des mots en les agglomérant, comme "sodes" pour "si audes" et "sis" pour "si uis").
32. Ici Schopen ajoutait un "non" que reprenait Wessner, mais, bien que plus difficile à comprendre, la phrase demeure possible en restant affirmative.
33. Wessner édite ici une double conjecture de lui-même et de Schoell "ut quisquam". Cette conjecture, qui ne repose sur aucun témoin, est inutile. Toutefois, il demeure un problème qui est celui de l᾽insertion de "nam" soit dans la citation d᾽
Hécyre 67, soit dans le commentaire lui-même. La confusion a pu conduire à la conjecture. Il nous semble donc plus prudent de considérer que "nam" est une partie du commentaire et non de la citation.
34. Wessner athétise ici un "te" donné par le manuscrit A (᾽t.᾽ chez V), mais on peut très bien considérer que "t.ta." chez V explique qu᾽on ait lu "te tanti" au lieu de "tanti". TC ont le texte virgilien.
35. Wessner suppose ici une lacune à la suite de Rabbow, et fait commencer après "falsum" une scholie 3. Cela est inutile. Nous modifions donc la numérotation des scholies.
36. Wessner ajoute ici "s." pour "suam" qui est effectivement le mot commenté, mais cela ne sert à rien.
37. Wessner édite "commemorat nos quae esset Chrysis <cum> ait", mais ce texte repose sur un "cum", conjecture de Rabbow. Il nous semble que tout part de la confusion observée dans A qui lit "commemorat nos", ce qui paraît incorrect à V qui corrige en "nobis" et à TC qui le suppriment. Sans doute "commemorat nos" est-il le résultat de la mélecture d᾽un "commemorans". A partir de ce moment, le texte de la suite se comprend parfaitement sans aucun ajout, ni la correction judicieuse de V qui, ayant retouché "commemorat nos" en "commemorat nobis", corrige le "ait" qu᾽il lit dans son modèle mais ne peut plus construire en un "ut" qui rend la phrase limpide.
38. Bien que ce texte soit en contradiction totale avec le commentaire et les lemmes des scholies
3 et 4, il est ce que donnent les manuscrits en première intention, V ayant été assez habile comme à son habitude pour revenir corriger ce premier lemme après avoir lu les derniers. Cela prouve que son modèle et sans doute l᾽archétype portaient clairement cette absurdité.
39. Rabbow, suivi par Wessner, ajoutait ici "de eo", qui ne sert à rien.
40. Ce mot est ajouté par Schopen, suivi par Wessner, et il s᾽impose effectivement pour rendre la phrase compréhensible.
41. Ici Rabbow, suivi par Wessner ajoutait "collacrimandi", que déjà Karsten (1912, 18) jugeait "uix necessarium". Nous suivons son avis.
42. Wessner, suivant Rabbow, athétise ce mot, en construisant la proposition par "si" comme subordonnée de la proposition suivante. Toutefois, l᾽existence de "ac si" comme équivalent de "quasi" rend cette suppression inutile. Donat explique que "sic" qui est normalement anaphorique a ici une valeur cataphorique et équivaut à "hoc".
43. Wessner suppose ici une lacune, et édite "
3 an potius familiariter <****>?". Or cette lacune n᾽est signalée par aucun témoin. Certes, en l᾽état, le texte n᾽a aucun sens, mais M montre une hésitation sur la première syllabe où lon pourrait lire "fg" plutôt "fa" de ce qu᾽il finit par écrire "familiariter". Quand on connaît le soin du copiste de M, il ne fait aucun doute que le mot qu᾽il croit lire est sans nul doute pratiquement incompréhensible, et qu᾽il tente de le recopier avant de faire ce qu᾽a sans doute fait la source de la plupart des manuscrits, recopier "familiariter" qu᾽ils viennent d᾽écrire. A partir de là nous supposons quelque chose comme "fgltr", lu par erreur "familiariter", par confusion du "g" et du "a". Si l᾽on veut conserver "familiariter" tout en sauvant la scholie, il faut supposer quelque chose comme "an potius familiariter quasi ipse amasset" dans lequel le segment quasi ipse amasset" a été pris pour le début de
112 et omis pour cette raison. Dans ce cas, il faut comprendre "ne serait-ce pas plutôt ᾽familiariter᾽, comme si lui-même était amoureux ?".
44. Wessner édite un texte plausible "uncis et aculeis" qu᾽il tire de la première version de V, qui s᾽est ensuite corrigé en "uncis et acuneis" rejoignant la tradition unanime. Nous pensons qu᾽il s᾽agit sans doute du mot "cuneus", mais qu᾽une inversion malencontreuse au stade l᾽archétype a rendu le texte difficilement compréhensible. V dont on connaît les efforts pour rendre un texte intelligibile a tenté comme il pouvait de corriger, mais a renoncé et fini par copier ce qu᾽il lisait. "Aculeis" est un excellent texte, mais l᾽usage étymologique antique nous incite à faire droit à un énoncé contenant la préposition "ab" des deux côtés du "id est" (exemples innombrables chez Isidore).
45. Wessner athétise ici une forme d᾽"ingenium", qui se trouve dans une partie de la tradition manuscrite, les autres donnant à peu près unanimement "ingenii", aucun des deux mots ne faisant sens. G a conservé très probablement le bon texte en lisant "ignei cereis", mais il est aisé de comprendre ce qui s᾽est passé. "Ingeni" se lit un peu plus haut (vers 113) et a pu "inspirer" les scribes face à un mot qu᾽ils lisaient difficilement.
46. Wessner, à cete scholie et à la suivante ajoutait au lemme le mot "mali". Il ne sert à rien car c᾽est "etiam" qui est commenté.
47. Wessner édite "ut in quinto" précédé d᾽une crux. C᾽est le texte de A, mais il est fort isolé et les autres témoins essentiels n᾽ont rien du tout, ni non plus d᾽indication de lacune. Ce qui est sûr, c᾽est qu᾽il n᾽y a pas de mention de "sepulchrum" au cinquième acte et d᾽ailleurs Donat ne cite jamais en numérotant les actes. On peut supposer que le modèle de A portait soit deux fois "futurum" par une dittographie que le scribe de A a essayé de corriger comme il a pu, soit qu᾽il ait porté un mot que les autres témoins n᾽ont pas eu et qui pourrait être "utique", soit encore que "futurum" ait été graphié "f uturû". Dans ce cas, le scribe a lu le "f" comme valant "futurum" et le reste comme "ut in v", qu᾽il a graphié en développant le chiffre "ut in quinto". Les autres manuscrits, même s᾽ils ont le même modèle, ont bien vu qu᾽il n᾽y avait là qu᾽un seul mot.
48. Wessner, suivant Rabbow, édite "ubi sunt dicta et facta, ubi", qui ne signifie pas grand᾽chose. Les manuscrits donnent "ubi... ibi" qui, lui, se comprend mais donne du pathétique une définition tellement large qu᾽elle en devient suspecte. Nous pensons que l᾽archétype a inversé les corrélatifs, le tour "ubi... ibi" lui étant sans doute plus familier, notamment dans des tours sentencieux. En rétablissant le texte que nous éditons, on retrouve non plus une définition du pathétique mais une application à cette situation spécifique de la notion de pathétique.
49. Ce démonstratif, qui figure dans tous les manuscrits, est athétisé par Wessner. Ce n᾽est sans doute pas nécessaire si l᾽on suppose que Donat, en bon grammairien, fait une remarque morpho-syntaxique au passage, faisant remarquer (avec beaucoup d᾽implicite) l᾽accord entre le fémini "mea" et le neutre "Glycerium", dont le genre est marqué par "hoc", confomément aux usages grammairiens.
50. Le texte cicéronien généralement édité est "ne".
51. Wessner éditait "a minoribus ad maiora", ce qui est contredit par la scholie suivante, qui marque clairement qu᾽il s᾽agit d᾽une gradation descendante. Nous trouvons le texte que nous éditons par exemple chez VM.
52. Wessner édite "euersum", mais le "uersum" du ms. T invite plutôt à éditer "e uersu" qui convient parfaitement à la première citation qui suit, mais non à la présence d᾽une seconde citation ce qui a pu troubler les copistes.
53. Texte de A, Wessner édite, d᾽après les autres manuscrits un lemme abrégé plus long auquel il doit ajouter une abréviation "h." pour avoir le bon nombre de mots. Sans doute le modèle de toute une partie de la tradition a-t-il fait du zèle, prenant le premier mot de la scholie pour la suite du lemme.
54. Wessner édite "an sedulo , ὡσεὶ <ἁπλῶς> id est simpliciter? " avec une conjecture de Schoell sur ἁπλῶς (déduit évidemment de "simpliciter") et de Rabbow sur ὡσεὶ. Le texte unanime des manuscrits est "an sedulo sosie id est simpliciter" et il n᾽y a, de fait, aucune raison de le suspecter. Voir la note apposée à la traduction pour l᾽interprétation de ce segment restitué.
55. Passage extrêmement difficile, et peut-être irrémédiablement corrompu. Wessner édite "quam non sit iracundum, <* * * *> quin iuste irascatur", mais les manuscrits ne présentent aucune lacune. De plus ils sont unanimes (sauf V qui a "quam") à lire "quod", et une immense majorité lit "quin iuste irascitur" et non le subjonctif (lu par O, mais peut-être fruit d᾽une "correction" qui se veut grammaticale). Les témoins se partagent en revanche sur la forme que nous éditons "irascendum" (OJMGU) et une forme de l᾽adjectif "iracundus" ("iracundum" C, "iracundus" VK). Nous pensons que l᾽archétype pouvait porter "iracendum" (faute) ou "irascundum" (forme ancienne peu probable chez Donat, mais sait-on jamais ?), et que les copistes ont "corrigé" à leur façon. Il semble en revanche pratiquement certain que c᾽est une forme de "irascor" qui a été corrigée en "iracundus /um" et non l᾽inverse, la faute ne s᾽expliquant pas si aisément dans l᾽autre sens. Pour "iracundus" (VK) on suppose une première "correction" d᾽"irascendum" à "iracundum", jugée non grammaticale par ces deux copistes savants et avisés et corrigée au nominatif masculin pour donner une construction compréhensible. La question la plus difficile est en réalité sur la fin, car "quin iuste irascitur" ne signifie pratiquement rien si le début est "quod sit irascendum", le commentateur paraissant se contredire. Nous supposons à la lecture du massif "irascitur" qu᾽à date très ancienne (archétype ?), il s᾽est produit une attraction de la forme "irascendum" sur la forme du verbe suivant "quin" devenue "irascitur". Il faut supposer une forme très proche et, dans ce cas, il devient évident qu᾽une forme comme "ignoscitur" devient très plausible, puisque le vieillard souligne dans la suite qu᾽il ne va pas s᾽irriter contre ce qu᾽a fait son fils, mais bien au contraire qu᾽il le lui pardonne et ne s᾽irriterait que s᾽il refusait de lui obéir, ce qui n᾽est pas le cas.
56. Wessner édite ici un lemme un peu plus long "<tvte ipse> his rebvs finem". Nous revenons au texte des manuscrits, d᾽autant que "tute ipse" n᾽est pas spécifiquement concerné par la scholie, qui vise le dialogisme dans son entier.
57. Wessner ajoutait ici le verbe "sit", certes plus correct, mais dont l᾽absence (garantie pa tous les témoins) n᾽est en rien rédhibitoire.
58. Wessner entourait ce lemme de cruces au motif que la scholie concerne l᾽énoncé interrompu du vers 164. Mais c᾽est tout à fait inutile, étant donné que c᾽est à ce vers
165 qu᾽on est en mesure de s᾽apercevoir de l᾽interruption.
59. Variante : "confit cum quod uolo".
60. Wessner ajoutait ici "s." pour "sensi", mais cela est totalement inutile.
61. Nous modifions la frontière des scholies et la ponctuation de Wessner en éliminant au passage un ajout personnel de "sic" devant "significanter". Tout le reste est strictement conforme aux manuscrits, du moins ceux qui notent le grec.
62. Texte des manuscrits contre Wessner qui éditait suivant Rabbow "adseuerationis <sunt> et dicuntur". V atteste que ce que nous éditons est le bon texte précisément parce qu᾽il le "corrige" avec sa finesse habituelle en "adseuerationes", pensant sans doute voir là un commentaire lexical, impliquant un nominatif terminologique. Ce faisant, il montre simplement qu᾽il na pas vu que "et "est un adverbe ici.
63. Wessner éditait "aut absolute accipiendum ᾽id᾽ aut opposite.
2 SIC demonstratio est et" etc., texte qui repose pour l᾽essentiel sur A. Or ce texte n᾽a la confirmation partielle que de CT (C lisant "ob" sans rien d᾽autre, et T lisant "ob" suivi d᾽une lacune sans doute pour un texte qu᾽il n᾽arrive pas à lire). Tous les autres (notamment VKGMJU...) ont consensuellement tout autre chose ("aut id quomodo"), et ceux qui séparent lemme et scholie hésitent quant à savoir si le "sic" qui suit est une partie de la même scholie ou le lemme de la suivante, comme chez Wessner. Selon nous, il y avait à l᾽origine, non pas deux options, mais trois, toutes précédées de "aut". Le scribe de A atteste d᾽une tradition qui n᾽a recopié que les options
1 et 2, sans doute trompée par la similitude des finales "opposito / quomodo". Il ne reste alors que les options
1 et 2, et "aut absolute" entraîne mécaniquement, chez A, le passage de "aut ob p(rae)posito", peut-être déjà lu "aut opposito" à "aut opposite". A, qui date du onzième siècle, a sans doute sous les yeux un texte encore recopiable. CT, qui suivent la même tradition au quinzième, n᾽arrivent visiblement plus à lire ce qui est derrière "ob". Cela peut expliquer que l᾽autre partie de la tradition, voyant cet endroit illisible, ou plus simplement encore sautant du même au même du "aut"
2 au "aut" 3, n᾽ait conservé, elle, que les options
1 et 3. Une fois que l᾽on comprend que "sic" n᾽est pas un lemme mais un mot de la scholie autonyme, on comprend aisément le raisonnement. Voir la note apposée au texte français.
64. Wessner éditait "HEM quasi correptio totius corporis.
2 EHO" etc., ce qui est apparemment le texte tout à fait consensuel des manuscrits et qui s᾽interprète soit 1- scholie de jeu de scène, "᾽hem᾽, il y a une contraction de tout le corps", ce qui oblige à tordre un peu le sens de "correptio", soit 2-scholie stylistique, "᾽hem᾽ blâme de tout le corps", ce qui au fond n᾽a pas grand sens, sauf à comprendre "blâme fait avec tout le corps", ce qui est quand même acrobatique. On trouve plus ou moins trace de cette idée dans une tradition grammaticale visible chez Victorinus GL, 6, 205 : "hem quoque interdum coercentis, ut in heautontimorumeno ᾽hem tibine hoc diutius / licere speras facere᾽ ; aliquando etiam admirantis, ut in Andria ᾽hem quid est? scies᾽᾽᾽ ("hem" s᾽emploir parfois pour marquer la contrainte comme dans
L᾽Héautontimorouménos : ᾽hem tibine hoc diutius / licere speras facere᾽ ; parfois l᾽admiration comme dans
L᾽Andrienne : "hem quid est? scies᾽᾽). Nous pensons quant à nous qu᾽il s᾽agit d᾽une remarque de métrique défigurée par la transformation de "quid" du lemme en "quasi" de la scholie, ce qui impose un changement de ponctuation et un déplacement du début du lemme 2. Sur son interprétation, voir la note apposée au texte français.
65. Wessner suivait ici un ajout d᾽Estienne (1529) et lisait "ut Geta", mais cet ajout est totalement inutile et fait contresens. Il s᾽agit pour Simon de dire que Dave a été le "magister" de son fils et l᾽a conduit dans une mauvaise passe. Ou bien, note Donat, de donner simplement la fonction domestique de Géta, il est le "pédagogue" de la maison.
66. Wessner éditait "
4 †NON OEDIPVS† imitationum", ce qui n᾽a effectivement aucun sens. Dans son apparat, il proposait de rattacher la scholie qu᾽il faisait commencer par "imitationum" au vers 192, sans être bien convaincant, parce que Donat ne parle absolument pas d᾽imitation dans ce vers. Or tous les manuscrits sont unanimes à lire "non oedipum" (avec des graphies variées mais pas sur la finale). Les scribes comprennent donc tous qu᾽il s᾽agit de la fin de la phrase précédente et non pas d᾽un nouveau lemme. Nous les suivons, d᾽autant plus aisément que si la phrase est assez contournée, on voit bien la plaisanterie ("facete"). Dave dit qu᾽il n᾽est pas Œdipe, sans dire pour autant que Simon n᾽est pas le sphinx. On comprend donc que Simon est un sphinx, même si Dave qui n᾽est pas Œdipe n᾽a aucune chance de comprendre ses énigmes. Quant à "imitationum" de Wessner, il n᾽a pour lui que A et peut-être V qui a corrigé sans doute "mutationum" (leçon de K), en quelque chose qui commence par un "i" mais dont la suite peut se lire "imitationum" ou "irritationum". Cette dernière leçon, excellente, est celle de MUG. Un erreur d᾽interprétation des jambages explique sans aucune difficulté les trois variantes de ce mot.
67. Wessner édite "sic pronuntiatur, ut <in>", dans lequel "pronuntiatur " est une conjecture personnelle et "in" un ajout d᾽Estienne (1529). Tous les manuscrits lisent "pronuntiatio" précédé de "sit" ou de "sic" confusion aisément compréhensible devant "ut". Quant à "in" il ne sert rigoureusement à rien. Signalons que le dernier mot de la scholie "minae" devait être très difficilement lisible dès l᾽archétype car on trouve aussi bien à sa place "nunc" chez les très soigneux MV, que le très habile "mire" chez Calfurnio (1477) qui l᾽a peut-être conjecturé lui-même, mais qui est sans doute trop adroit pour être vraiment convaincant.
68. Wessner empruntait un <fiant> à Goetz, mais cela ne sert rigoureusement à rien et nous le supprimons.
69. Les éditions modernes donnent le texte suivant : "Non est, non est in hoc homine cuiquam peccandi locus, iudices".
70. Wessner éditait "nihil pro [etiam] non", mais "non" est une conjecture personnelle, à la place de "nunc" unanimement donné par la tradition, mais placé parfois ici, parfois avant "pro" (MU), place qui nous semble bien plus judicieuse. Si l᾽on conserve "nunc" il n᾽y a plus aucune raison d᾽athétiser "etiam". Sur le sens de cette scholie apparemment paradoxale puisqu᾽on lit à première vue "rien" vaut pour "oui", voir la note apposée au texte français.
71. Le texte donné pour les
Verrines est "Enimuero ferendum hoc quidem non est: uocetur mulier!".
72. Wessner, à la suite de Rabbow éditait ici "scilicet" contre tous les manuscrits qui ont "est". Nous rétablissons ce texte. Signalons que commence ici un passage qui montre des signes très importants de désordres dans la succession des scholies et l᾽attribution des lemmes. Nous intervenons à plusieurs reprises pour déplacer des segments, qui, pour des raisons que l᾽on verra au fil des notes, ont probablement à date très ancienne "voyagé" de manière intempestive.
73. Cette scholie se trouve chez Wessner en 211,
3 après "impossibile est" et se lit "ergo ostendit partem se sequi, quae pro Pamphilo est", ce qui est une suggestion habile d᾽Estienne (1529). Toutefois, aucun manuscrit ne donne "partem se sequi", mais tous donnent "patrem esse qui". Il est facile de comprendre ce qui s᾽est passé. Le segment "ergo ostendit patrem esse cui" a atterri, on ne sait pourquoi (passage de notes marginales à texte continu ?), devant "qui pro pamphilo est", donnant la succession "cui qui", évidemment simplifiée en "qui".
74. Wessner suivant Estienne (1529) édite "quae", pour une raison que nous avons expliquée en note à 211, 1. "Quae" n᾽a peut-être pour lui que la lecture de la première version de V, corrigée ensuite très clairement en "qui". Avec "qui" ici et le déplacement que nous avons proposé, le texte est parfaitement clair.
75. Nous pensons à nouveau ici qu᾽il y a eu des déplacements importants, mais explicables par le caractère assez répétitif des scholies. Wessner plaçait le segment "primo, inquit, iam infensus est senex, deinde grauida e Pamphilo est Glycerium", en scholie 211,2, suivant en cela les manuscrits. Nous pensons que cette position a été attirée par "primum" qui a appelé "primo" compris comme une glose de "primum". D᾽ailleurs certains témoins lisent directement "primum". Or ce commentaire n᾽a aucun sens dans le vers 211, alors qu᾽il prend tout son sens ici. Toutefois une trace de cette position originelle demeure dans le fait que les manuscrits lisent ici "senex me seruat et reuera timendus est", car, après le déplacement il restait "scilicet de amore filii senex et reuera timendus est", et ils on complété par un peu de Térence.
76. En scholie
2 Wessner lit "seruat φυλάττει" qu᾽il reprend à Estienne (1529), qui a pu le voir dans des manuscrits, car A écrit "ΦΫλΑΓ ΤΙC" et G "φιλαπισ". Seul M (sans doute en reprenant une édition imprimée) écrit en marge la forme choisie par Wessner. Présentent une lacune pouvant indiquer du grec VKzC. On pourrait donc penser qu᾽Estienne a eu raison dans sa restitution, si la scholie avait un sens, mais pourquoi gloser "seruat" en grec ? Est-ce pour dire implicitement que le terme est chez Ménandre ou que "seruat" a ici le sens qu᾽aurait φυλάττει en grec ? La forme donnée par A, le seul avec M (qui recopie une édition imprimée pour noter le grec) à savoir exactement ce qu᾽il écrit, est plus que troublante (et se termine par une sifflante) et aiguillerait à la limite plutôt vers "φύλαξ τις" qui n᾽est pas très satisfaisant non plus. Selon nous, il y a eu ici, attiré par le mot "fallaciam" dernier mot du vers, l᾽importation aberrante d᾽un lemme de 220-
221 "fallaciam ciuem atticam" abrégé peut-être "fal. c. atti. " et de sa scholie, qui consistait en du grec (d᾽où une lacune chez certains manuscrits) et une abréviation "me." pour "Menander". Sur l᾽établissement de ladite scholie, voir la note au vers 221. Certains ont pris ce groupe abrégé "fal.c.at." (délesté de son grec incompréhensible) pour une abréviation de "fallatiam" du lemme suivant, et l᾽ont supprimé puisqu᾽il se répète immédiatement après. Il reste alors un texte tel que "glicerium grauidam sciet me. seruat ne quam etc.", avec une fin de scholie "glicerium grauidam sciet" (212, 1), un bout mutilé de la scholie errante de
221 ("me.") et le début du lemme suivant (212, 2). Dès lors que "sciet" a été pris pour "seruat" (mélecture jointe à un contexte contraignant), la succession "seruat me seruat" a été pensée comme "seruat. ME SERVAT NE QVAM" et le lemme a été simplifié, d᾽où "seruat. NE QVAM".
77. Chez Wessner, ce vers n᾽avait pas de scholie et le contenu se trouvait en 212, 1, sur le lemme "me infensus s.". Toutefois, il s᾽applique extrêmement mal à ce vers, mais on comprend ce qui s᾽est produit quand on observe que deux manuscrits aO ont cette scholie en réponse à un lemme comportant des éléments du vers 213. Nous pensons que c᾽est là le signe d᾽une scholie déplacée, et dont les copistes ne savent plus au bout d᾽un moment à quel vers la rapporter. Nous lui rendons ce qui peut-être était sa place. D᾽autre part tous les manuscrits lisent ici "grauidam Glycerium seruat", qui s᾽explique, une fois la scholie déplacée par la présence de "seruare" au vers
211 et le lemme de la scholie suivante qui s᾽enchaîne directement sur ce verbe. Nous pensons que "seruat" peut cacher par mélecture d᾽abréviation "sciet". C᾽est en effet ce qui va se produire, Simon découvrant l᾽accouchement de Glycère à l᾽acte suivant. Notons enfin que nous restituons "ipsa re" au lieu de "in ipsa re" chez Wessner, "in" ne se trouvant que chez V.
78. Ce mot a été omis dans certains manuscrits, mais de bons témoins l᾽ont au moins après correction comme M en marge.
79. Wessner éditait "<si> in nominibus", en ajoutant de son fonds la conjonction, mais elle ne sert rigoureusement à rien, l᾽énoncé étant parfaitement clair et correct sans.
80. Nous revenons ici au texte des manuscrits, unanimes pour les quatre premiers mots, et à la suggestion de G pour l᾽inclusion d᾽un verbe, en l᾽occurrence chez lui de "fuit" dans cette scholie, là où les autres en font le début du lemme suivant, la séquence "est fuit" ayant eu toutes les chances d᾽être simplifiée, surtout si "est "et "fuit" étaient plus ou moins abrégés dès l᾽archétype. Gêné comme Estienne (1529) avant lui, lequel supposait une lacune avant "ipsa fallacia", Wessner adoptait une conjecture de Rabbow et éditait "<in> toto uis".
81. Nous rétablissons ici une scholie qui avait migré en 212, 2, avec "Menander" abrégé (voir la note ad loc.). Il nous paraît que le grec qui figure dans A sous la forme "ΦΫλΑΓ ΤΙC" peut dissimuler un hapax de Ménandre, qui intéresse au plus haut point, comme on peut s᾽en douter, le grammairien Donat. On peut supposer que la forme est au nominatif, puisque c᾽est ainsi qu᾽elle se restitue le mieux. Le personnage ménandrien devait donc dire quelque chose comme "Dieu sait quelle idée va leur venir... une fausse Athénienne, un faux naufrage", etc. Le mot lui-même n᾽est pas autrement attesté mais il est fort plausible (à côté du "Pseudattikos" de Lucien), ce genre de formation adjectivale en "ψευδ-" étant très fréquent. Ménandre lui-même a écrit un Ψευδηρακλῆς.
82. Correction qui nous est suggérée par V. En effet, ce témoin qui écrit parfaitement le latin graphie soudain, on ne sait pourquoi "phama", là où tous les autres manuscrits suivis par Wessner lisent "fama". Or il ne s᾽agit pas de "fama", puisque Dave va dire que tout est inventé, et donc que ce n᾽est pas une rumeur, mais une affabulation, mais bien de Phania, le père de Chrysis, mort à cette heure, frère de Chrémès et père adoptif de Pasibule, la future Glycère. Que le mot ait été graphié à un moment "Fania" ne fait quasiment aucun doute et explique que toute la tradition sauf l᾽excellent V s᾽y soit laissé prendre.
83. Il est inutile de rajouter "eam" comme le fait Wessner par souci de recopier l᾽intégralité du segment térentien.
84. Tous les manuscrits ne portent pas le second "P." pour "Pallantis". Il s᾽agit à coup sûr d᾽une inadvertance due à l᾽haplographie.
85. Wessner éditait "aut deest propter, ut sit <propter> quid.
235 NVMQVIDNAM hoc comicum est et terentianum". Mais il se trouve que le second "propter" est une conjecture personnelle, et que le premier "propter" repose sur les leçons de A ("p(er)oste") et de C ("post"). Les autres manuscrits n᾽ont aucun équivalent, et le texte est assez consensuel pour contredire Wessner. Les manuscrits qui distinguent les lemmes des scholies sont assez unanimes à faire terminer le commentaire de
234 sur "et terentianum". Nous les suivons et faisons de "numquidnam" premier mot de la scholie chez Wessner, le lemme de 235. Pour le reste les leçons des manuscrits permettent de cibler trois zones problématiques. Le début où ils hésitent entre "aut " (VGAUKC) et "nam" (DJOM), ce qui suit "deest" où, en plus de la leçon de AC ("p(er)oste / post"), on trouve "nam" (VGUDJOM), et sur ce qui suit "ut sit quid" qui se lit "quid numquidnam" AV, "quid non quidnam" GJM, "quidnam" O, "quid numquam nam" K, "quid pro quidnam" U, "quid nomen quidnam" C... Nous pensons qu᾽il s᾽est produit la chose suivante : le groupe contenant le grec "NEΠΡΟCΤΟV.", soit "ne πρὸς τὸ uereor" a été soit pris pour du grec global AC et traité comme tel par les copistes chacun avec leurs moyens, parfois limités comme C (!), soit a purement et simplement disparu comme étant une succession de lettres aberrantes en laissant orphelin ce que les copistes comprenaient "ne". On est alors à un stade où on lit "aut deest ne ut sit quid non quidnam". Il devient alors évident que ce qui manque à "quid" pour faire "quidnam" ce n᾽est pas "ne" mais "nam", ce qui explique VGUDJOM. Sur la suite, la frontière floue entre lemme et scholie a pu entraîner la corruption de "quid non quidnam" en "quid numquidnam" qui est le lemme suivant. Notre restitution nous semble confirmée par le τὸ quid de 235, et donne d᾽ailleurs un sens tout à fait satisfaisant (voir les notes apposées au texte français).
86. Wessner éditait "fac tu me uelle", mais les manuscrits MVGUCTamJO lisent "factum me uelle", alors qu᾽on lit aussi "factum ne" (D), "factum euelle" (A) "factu me uelle" (K). Wessner se fonde évidemment sur une mécoupure d᾽un texte correct chez A et K, nous pensons quant à nous que la mécoupure existe, mais sur le texte le plus consensuel. En effet, "fac" au sens de "supposons que..." à valeur indéfinie est aisément compréhensible seul, mais l᾽est moins avec "tu", à moins que Pamphile ne s᾽adresse à Mysis, ce que Donat dément au vers 267, 1, où il montre bien qu᾽il s᾽agissait jusque là d᾽un monologue. En revanche avec notre lecture on comprend très bien que Pamphile suppose qu᾽il pourrait vouloir se marier, mais dans ce cas, il faudrait quand même que son père le laisse réfléchir. Ce commentaire rejoint celui d᾽Eugraphius ad loc. qui note "in hoc adulescens collocat iniuriam, quod pater sibi nuptias repente mandauerit: non quo nubere huic iniuria sit, quamquam esse uideatur, uerum intelligit, si ante mandasset pater, consilium se facile aduersum imperium patris inuenire potuisse" (le jeune homme place l᾽injustice dans le fait que son père lui a ordonné soudainement de se marier ; non que le mariage en soi soit à ses yeux une injustice, quoi qu᾽il en paraisse, mais il comprend que, si son père lui en avait donné l᾽ordre plus tôt, il aurait pu trouver un moyen de contrer l᾽ordre de son père). En fait il ne s᾽agit pas tant de ne pas se marier que de ne pas se marier avec celle-là.
87. Wessner donnait ce mot comme premier de la scholie, après avoir ajouté de son initiative un lemme "praescisse me ante" absent des manuscrits. Cela ne sert à rien, "praescisse" faisant un excellent lemme à lui tout seul.
88. Passage compliqué malgré l᾽unanimité des manuscrits sur la plupart des secteurs. Wessner éditait "nunc ad socerum. Et redit τό quid non ad chremetem sed ad illum transeuntis [dicitur] est et non considerantis, quid dicat.
2 QVID CHREMES etc.". Ce texte présente bien des difficultés. D᾽abord il n᾽a à peu près aucun sens, "redi" au sens de "se rapporter à", comme semble le penser Wessner, n᾽est pas donatien, et on ne voit absolument pas ce que peut bien désigner le masculin "illum", puisque précisément il passe à Chrémès. L᾽athétèse de "dicitur", donné unanimement par les manuscrits, est une proposition de Rabbow, Estienne (1529) ayant déjà déplacé le verbe pour donner un sens satisfaisant. Ce qu᾽on trouve dans les manuscrits est curieux, mais sauvable au prix de très légères modifications. En effet, si l᾽on élimine des variantes rares et difficilement interprétables autrement que comme des lectures isolées, on obtient : "transit a patre nunc et ad socerum redit quid non ad chremetem sed ad illum transeuntis dicitur et non considerantis quid dicat quid... ". On peut discuter sur le τό entre "redit" et "quid", minoritaire mais probable car donné non seulement par A (qui copie le grec), mais en translittération par KT qui usuellement ne recopient pas le grec. Sur ce segment qui paraît refléter l᾽unanimité de la tradition, toutes familles confondues, nous proposons seulement de lire "aduerbium" au lieu de "adillum", sans doute par mélecture d᾽un segment abrégé dans un original séparant mal les mots. Lisant "non ad chremetem sed ad???um", un copiste très ancien a pu penser "non ad chremetem sed ad illum" en se disant que c᾽était "simonem" qu᾽il fallait comprendre. Or c᾽est un contresens, puisque précisément Pamphile passe maintenant à Chrémès. Quant à la fin, "quid dicat quid" a pu paraître curieux, alors même que le lemme suivant est "chremes" précédé de "quid" chez Térence. Il était facile de ponctuer "quid dicat. quid chremes ", mais du coup le segment "quid dicat" s᾽explique moins bien.
89. Wessner éditait "quod cogat, chremeti, quod non neget uxorem.
3 noue" etc. "chremeti" vient d᾽une correction de V, le reste de la tradition (y compris sans doute V1) lisant "chremetem". Du coup le sens de la scholie devient difficile. On voit mal en quoi, alors que le lemme indique qu᾽il s᾽agit de Chrémès, on s᾽intéresserait exclusivement à ce que fait Simon, sauf à comprendre que "non neget" n᾽a pas le même sujet que "cogat", ce qui en soi n᾽est pas impossible, V
2 ayant alors, avec son acuité habituelle, "restauré" ce qui lui semblait nécessaire. Nous supposons plutôt que V, en se corrigeant, a masqué, comme l᾽avait fait avant lui l᾽archétype de tous les manuscrits que nous possédons, une répétition qui a pu entraîner un désordre. On peut supposer que "chremeti" a été jugé comme une glose entrée dans le texte et éliminé et que "cogat chremetem" étant bien plus correct et naturel que "cogat chremeti", la lecture facile s᾽est imposée au détriment de la gradation et de la complexité du commentaire.
90. Wessner supposait une lacune après "uxorem" et éditait ensuite "parauerat nuptias, et chremem mutare sententiam", qui n᾽a pas de sens. Il suggérait donc de suppléer "ID MVTAVIT necesse fuerat, quoniam pater"etc. Cette lacune, que supposait Estienne (1529), sans toutefois la placer au même endroit, ne se voit d᾽aucune manière dans la tradition et supposerait la chute d᾽une ligne dans l᾽archétype, ce qui n᾽est pas impossible. Toutefois A donne sans doute la solution en lisant "putauerat nuptias et chremes mutare sententiam". En effet, la forme de nominatif qu᾽il est seul à donner a parfaitement pu devenir "chremem" puis "chremetem" en raison de la forme "putauerat", parfois lu "parauerat". Or cette confusion même du verbe a un sens, car si on lit en parallèle "parauerat" (VUGM) et "putauerat" (AK) c᾽est peut-être qu᾽il ne faut lire ni l᾽un ni l᾽autre, mais une forme moins familière à ces scribes et aisément "corrigeable", comme "pauerat" qui rend un sens excellent. Pamphile, tant qu᾽il croyait qu᾽on allait le marier, "redoutait" ces noces, il respirait depuis qu᾽il savait qu᾽on ne le mariait plus, et "voilà que Chrémès change d᾽avis".
91. Les deux derniers mots sont un ajout indispensable de Wessner. Leur chute dans les manuscrits s᾽explique par la proximité du grec qu᾽ils ne notent pas ou qui leur pose de toute façon problème. Il est fréquent que même A ait des doutes sur le début du segment grec.
92. Les deux premiers mots de la citation de Virgile sont une restitution de Wessner qui s᾽impose, puisque la correspondance se fait sur les verbes "abstrahat" / "diuellimur". Les manuscrits qui ne les ont pas ont commencé au vers 435.
93. Wessner édite "facta" leçon de AK retenue par la plupart des éditeurs térentiens sur la foi de cette scholie de Donat et sur une attestation équivalente chez Nonius (sv. "spernere"). En l᾽absence d᾽apparat clair des éditions de Nonius on ne sait si les éditeurs du lexicographe n᾽ont pas tout simplement édité la citation de Térence sous sa forme térentienne reçue. Cela est d᾽autant plus possible que le commentaire de Nonius ne porte pas sur "(f)acta", mais sur "spretus". Mais tout porte à croire et en particulier l᾽emploi de "agendum" dans la scholie précédente que c᾽est bien "acta" que lisait Donat. Sur le sens de la scholie et une histoire possible du texte "facta", voir la note apposée au texte français.
94. Nous suivons Wessner dans la restitution de ce segment qui constitue le lemme suivant. La duplication a pu entraîner sa disparition.
95. Wessner éditait "duo patent in defensione : aut uera aut ad tempus commodata", où "patent" est une conjecture de Rabbow, inexplicable paléographiquement, pour un texte unanime des manuscrits "tempora", qui donnent également de manière unanime "in defensionem", et presque unanime "commendata" (VUGMODC) face à "commodata" (A). Estienne avait finement suggéré "comparantur" à la place de "tempora", mais cette solution est paléographiquement compliquée. Il apparaît donc clairement que la difficulté se trouve sur "tempora" et à une mesure moindre sur "commendata". En effet, avec "tempora", le commentaire devient absurdement tautologique : "il y a deux temps dans la défense, le vrai et ce qui est adapté au temps", et surtout il n᾽a aucun rapport avec la situation dramatique. PLusieurs solutions sont possibles. 1-il y a eu disparition d᾽un mot grec au niveau de l᾽archétype (solution que nous éditons) et, dans ce cas, le texte est facile à reconstruire avec des changements minimes ; le mot ΕΥΠΟΡΑ était précédé de "sunt" abrégé soit une séquence DUOSTΕΥΠΟΡΑ, lu "duos tempora" et corrigé en "duo tempora". 2-"tempora" dissimule bien du latin et, dans ce cas, il faut supposer soit "duo temperat" (il mélange) avec comme sujet implicite "Pamphilus", soit "duo autem parat" avec là encore "Pamphilus" comme sujet implicite. Dans les deux cas, il est facile de voir que l᾽archétype a lu "duo tempora". Toutefois, Pamphile ne prépare pas vraiment sa défense puisqu᾽il n᾽a rien dit du tout. Nous proposons de comprendre "il aurait eu deux moyens faciles de se défendre : dire la vérité ou inventer un mensonge plausible". Du coup, "commendata" est fort suspect et nous sommes enclins à une correction minime pour donner un mot très technique et antonymique de "uera", "commentata".
96. Wessner éditait "ἀπὸ τοῦ ὁσίου" à partir du texte de A qui graphie "ΑΠΟΤΟΫΟΫCΙΟΫ", ainsi que le faisait sans doute le manuscrit Cujas. Déjà Estienne (1529) avait des doutes sur cette forme et proposait "ἀπὸ τοῦ αἰσίου" (argument par l᾽opportunité). Le problème, c᾽est que ni l᾽un ni l᾽autre de ces arguments ne sont vraiment atestés chez les rhéteurs grecs et ni l᾽un ni l᾽autre ne s᾽appliquent ici. Nous supposons que le copiste de A a bien lu le début "ΑΠΟ ΤΟΥ Ο" et a confondu le segment "ΙΚΤ" avec le segment "ΥCΙ", ce qui n᾽est pas impossible s᾽il sait un tout petit peu de grec et connait le mot "saint", "hosios", qu᾽il peut croire avoir reconnu. Avec cette correction minime, le commentaire a un sens très clair. Il s᾽agit d᾽un argument "par la pitié", le mot étant bien attesté comme élément d᾽argumentation chez les rhéteurs grecs. L᾽utilisation du grec se justifie ici pour éviter le très tautologique "misericordia a misericordia", puisque cet argument en latin s᾽appelle "argumentum a misericordia".
97. Devant ce lemme se plaçait le commentaire de la seconde main, qui coupe la démonstration; nous le plaçons à la fin du développement.
98. Wessner juge utile de rajouter "huius" sur lequel porte effectivement la figure, mais le mot "misericordia" peut suffire à indiquer au lecteur où il faut regarder.
99. Estienne (1529) suivi par Wessner proposait de corriger le "an" unanime des manuscrits en un "tam" qui induit en réalité une explication à contresens (voir la note apposée au texte français). Nous rétablissons ce texte, un peu difficile il est vrai, car on attendrait plutôt "uel".
100. Schopen proposait ici d᾽ajouter un "ut" pour servir de répondant à "sic", mais c᾽est sans nul doute inutile.
101. Inconséquence dans le texte de Donat qui lit une fois "quisnam", une fois "quis".
102. Ici Rabbow suggérait l᾽ajout de "eo", et Wessner acceptait cet ajout, mais il est inutile.
103. Wessner considère que ce texte qu᾽il ne trouve que chez Calfurnio (1477) doit être athétisé. Malheureusement il se lit dans des témoins aussi importants que KMGU. Un saut du même au même et du lemme au lemme a entraîné la chute de ce commentaire à date ancienne dans toute une partie de la tradition, et a eu pour effet collatéral le désordre que nous indiquons dans la scholie 5, à moins qu᾽il n᾽en soit la conséquence, ce qui est indécidable.
104. Wessner n᾽indique pas pourquoi il élimine ce lemme, qui est pourtant parfaitement cohérent avec ce qui précède. Nous le conservons donc.
105. Wessner proposait une lacune avant et après le segment "an timet in negotio" qu᾽il plaçait en numéro 2. Il explique dans son édition qu᾽il s᾽agit peut-être d᾽un vestige d᾽une compilation hasardeuse. Nous lui donnons entièrement raison sur la question de la compilation, confirmée par le désordre de la tradition manuscrite observé plus haut scholie 4, mais non sur l᾽existence d᾽une lacune. En réalité, le désordre textuel a abouti au déplacement de segments, le "an" et le fragment "timet in negotio" ayant abouti, on ne sait trop pourquoi, dans les manuscrits, à la place où on les lit chez Wessner. Ramené ici et rendu à une forme compréhensible par le simple déplacement de "an" en tête de scholie, l᾽énoncé devient tout à fait cohérent et acceptable sans lacune.
106. Wessner éditait "euidenter subauditur id fieri sinam", mais tous les manuscrits ont ce que nous éditons, sauf A qui porte l᾽absurde "uadenter". Le mot "suadenter", bien que très rare, est attesté en commentaire chez Tibérius Donat En. 7,
233 en dehors d᾽attestations dans la littérature chrétienne et médiévale. Il nous semble que ce mot impose de ponctuer comme nous le faisons, en créant deux phrases, l᾽une très elliptique et l᾽autre complète.
107. Dans le lemme "egregie" est un ajout de Wessner, indispensable au sens. De même Wessner, suivant Schoell ajoutait "ut" en tête de la scholie. Cette fois, c᾽est inutile.
108. Ici Wessner ajoutait "nam" après la ponctuation ce qui est totalement inutile.
109. Ce dernier mot n᾽est pas dans les manuscrits utilisés par Wessner. On peut toutefois faire droit à l᾽ajout de l᾽éditeur, car le commentaire a l᾽air de traiter aussi de l᾽équivalence "queas" / "possis".
110. Ce texte se comprend si on considère que l᾽appel au vraisemblable se fait par "adeon...putas". Cela dit, la conjecture d᾽Estienne "a uerisimili" peut également se défendre.
111. Wessner insère entre "neque" et "consuetudo" le pronom "me" présent chez Térence. Les manuscrits ne l᾽ont pas et le commentaire n᾽en tient pas compte. Nous supposons donc que Donat cite ce qui l᾽intéresse.
112. Wessner édite la fin de cette citation <p.> p. i., ce qui s᾽impose puisqu᾽il est aisé de comprendre que les scribes ont pu simplifier la succession des abréviations.
113. Wessner ajoute le mot suivant dans cette citation, car c᾽est "forma" et il pense que Donat renvoyait cet emploi de "forma" à son commentaire présent. Toutefois c᾽est sans doute toute la description des vers
118 et suivants que vise le commentateur et il en cite le début.
114. Wessner choisissait d᾽éditer "dexteram" ce qui rend le sénaire amétrique, bien que ce soit le texte de manuscrits aussi soigneux que V. Notons cependant que d᾽autres témoins de qualité comme M lisent "dextram" qui rend le sénaire scandable.
115. Wessner propose d᾽ajouter "o." pour "obtestor" à la citation ce qui est le texte virgilien et s᾽impose en raison du commentaire fait par Donat.
116. Devant ce mot Wessner créait un lemme "ne abs te hanc segreges nev deseras", totalement inutile. Le commentaire est parfaitement clair sans.
117. Wessner ajoute ici "segreges" mot suivant du texte térentien, mais il ne sert pas à grand chose. Nous le supprimons.
118. Ici se place le commentaire de la seconde main, qui coupe la démonstration; nous le plaçons à la fin du développement.
119. Wessner faisait droit à une correction de Rabbow "ad affectum", mais ce texte, donné par les manuscrits, est tout aussi aisé. Nous supprimons donc la conjecture de Rabbow.
120. Nous adoptons l᾽idée de Rabbow qu᾽une ligne a pu tomber où Donat commentait le mot "tutorem", à sa place entre "amicum" et "patrem". En revanche nous éliminons de sa restitution, au demeurant ingénieuse les "ad" devant "illud" qui ne concordent pas avec la manière de s᾽exprimer de la partie de la scholie conservée.
121. Wessner édite suivant une correction d᾽Estienne (1529) le texte consensuel de Térence "hanc mihi in manum", mais ce texte rend impossible la compréhension de la scholie 2, et ne figure pas dans les bons manuscrits qui lisent "hanc mihi manum" conformément à une tradition térentienne minoritaire illustrée pour nous par le manuscrit P de Térence (Paris, BNF Lat. 7899). Sans doute Donat lisait-il ainsi.
122. Wessner suivait une correction d᾽Estienne (1529) en "interrogatio" qui rend un parallélisme élégant à la tournure beaucoup plus heurtée dans les manuscrits qui lisent "interrogat". La phrase telle quelle se comprend et "interrogatio" est une lectio facilior. Le sens n᾽en est pas affecté.
123. Wessner édite "hodie indixerat pater filio cum supra et Pamphilo et Glycerio disturbatae", où "disturbatae" est une ingénieuse correction d᾽Estienne (1529), les manuscrits unanimes portant "distributae", qui se comprend également, et qui est une lectio difficilior. Pour le "hodie", seuls Om donnent autre chose qui a toutes les chances d᾽être le bon texte, "odio". En effet le premier "hodie" a pu entraîner mécaniquement le second sans doute à date très ancienne car la lecture "hodie" est attestée dans toutes les familles. Si c᾽est une correction de copiste elle est en tout cas extraordinairement adroite. Ce qui pourrait en revanche défendre une origine ancienne c᾽est que ni O ni m n᾽ont le premier "hodie", ce qui a peut-être protégé "odio" d᾽une réfection analogique sur le premier "hodie".
124. On notera l᾽inconséquence dans la graphie de
apud, que nous conservons.
125. L᾽insertion de la seconde main indiquée dans le lemme précédent sous le numéro 2bis se trouve ici dans l᾽édition Wessner et brise la logique du commentaire.
126. Wessner édite ici habundo qui n᾽a guère de sens, en revanche sans l᾽aspiration le commentaire se comprend parfaitement. Pourquoi pas sat habendo, complétant la réplique précédente: «je ferai ce qu᾽il faut pour qu᾽on ne me la donne pas à épouser. Cha.-en en ayant déjà une»?
127. Si l᾽on en croit le manuscrit V, il faut lire ici un
se qui généralement n᾽est pas retenu par les éditeurs de Térence.
128. Numéroté
5 par erreur dans l᾽édition Wessner. Nous rétablissons pour les deux lemmes suivants.
129. Nouvelle incohérence textuelle, Donat hésitant entre hoc et hac comme d᾽ailleurs la tradition manuscrite elle-même.
130. Nouvelle incohérence textuelle, Donat hésitant entre suam sententiam et sententiam seul.
131. Cette insertion de la seconde main se trouve chez Wessner après sexu et coupe le commentaire. Nous la plaçons à un endroit moins gênant pour la lecture.
132. Ce commentaire de la seconde main se trouve, dans l᾽édition Wessner, après le mot
possit et sépare le commentaire de la citation de Ménandre. Nous le plaçons ici à ce qui est sans doute sa juste place, puisqu᾽il commente un mot du vers 407.
133. Ici se place dans l᾽édition Wessner l᾽ajout de la seconde main, qui, de toute évidence, brise la logique du commentaire. Nous la plaçons là où elle est la plus pertinente.
134. Incohérence graphique déjà notée au commentaire du vers 302.
135. Wessner édite
cadere spe qui n᾽a guère de sens, car Térence dit
uxore excidit. Suivant le manuscrit V avant correction, nous préférons éditer ici
saepe.
136. La seconde main coupe ici le commentaire; nous restituons la succession la plus claire.
137. La seconde main coupe ici le commentaire; nous restituons la succession la plus claire.
138. Wessner édite après ce lemme le commentaire que l᾽on trouve en 443, 3. Nous laissons quant à nous ce lemme vide, car la répétition du commentaire ne se justifie absolument pas.
139. Wessner édite
perpercit, mais un parfait dans ce contexte est difficilement compréhensible, à moins de construire parcere ne. Nous choisissons de reprendre en partie une conjecture de Teuber.
140. Le commentaire de ce vers présente des signes évidents de désordre, ou d᾽une fusion incomplète de deux versions. Le commentaire de
1 est intégralement repris en
5 et
2 et
4 présentent de fortes similitudes. Nous laissons cependant le texte tel qu᾽il est en raison de l᾽intérêt que peut présenter ce texte pour la formation même du commentaire.
141. Nous supprimons ici de l᾽édition Wessner le ut rajouté par Schopen qui croit reconnaître une citation d᾽Eun. 1, 9-10, dans ce qui est sans doute plutôt un énoncé général.
142. Le commentaire de la seconde main se place ici et brise complètement la logique de l᾽explication onomastique. Nous le plaçons à un endroit plus commode.
143. Le texte de Wessner in proscaenio est incompréhensible. Car le personnage est en fait dans les coulisses ou postscenium, pour donner l᾽illusion qu᾽elle crie depuis l᾽intérieur de la maison. Nous rétablissons le mot postscaenium évident en raison de la suite du commentaire.
144. Le texte est ici particulièrement délicat, même si le sens se comprend aisément à partir de ce qui suit, en particulier de la mention des pudica dans la réponse aux reproches faits à Térence. Il s᾽agit de toute évidence de considérer qu᾽en disant «on la lave», les poètes euphémisent le fait qu᾽on lui lave les organes génitaux. On peut donc faire droit à la conjecture de Sabbadini qui lit pro parte totum. Reste alors à reconstituer le reste à partir du texte des MSS: cum lauisse se aut non lauisse pro parte totum significantes. Significantes n᾽étant pas constructible en l᾽état, on peut sans doute penser à faire droit en partie au texte de V significat ou peut-être plutôt significans. Il reste alors à comprendre ce qui a pu se passer dans le segment cum lauisse se aut non lauisse. Remarquons d᾽abord que aut non lauisse a l᾽air d᾽une glose insérée sur un passage mal compris ou peut-être pour sauver un segment cum lauisse se lauisse qui n᾽a aucun sens. Peut-être faut-il alors comprendre cum lauisse sexum lauisse pro parte totum signifians et traduire «en voulant dire avec le verbe lauisse, lui laver les parties génitales en utilisant le tout pour la partie». Térence est alors plus près du sens propre en ce qu᾽il substitue au très euphémistique «elle», le moins euphémistique neutre pluriel qui renvoie aux muliebria pudica.
145. Ici se place le commentaire de la seconde main qui brise la continuité du discours. Nous le replaçons à un endroit moins gênant.
146. Ici se place le commentaire de la seconde main qui brise la continuité du discours. Nous le replaçons à un endroit moins gênant.
147. Ici se place le commentaire de la seconde main qui brise la continuité du discours. Nous le replaçons à un endroit moins gênant.
148. Cette répétition n᾽a aucun sens, nous proposons donc, comme le fait Wessner, de ne pas la conserver.
149. Ici se place un commentaire de la seconde main qui brise la continuité du discours. Nous le replaçons à un endroit moins gênant.
150. Ici se place un commentaire de la seconde main qui brise la continuité du discours. Nous le replaçons à un endroit moins gênant.
151. Ici se place un commentaire de la seconde main qui brise la continuité du discours. Nous le replaçons à un endroit moins gênant.
152. Wessner juge bon ici de restituer ce membre de phrase qu᾽il ne trouve pas dans les MSS, mais il a manifestement tort, car le texte est parfaitement clair si l᾽on remet la seconde main à une place plus logique qu᾽au milieu d᾽une scholie.
153. L᾽ajout de la seconde main se place ici est brise la continuité du commentaire. Nous le déplaçons à un endroit moins gênant.
154. Erreur manifeste de numérotation chez Wessner (5). Nous corrigeons.
155. L᾽ajout de la seconde main se place ici est brise la continuité du commentaire. Nous le déplaçons à un endroit moins gênant.
156. L᾽annotateur place ici un commentaire qui brise la logique du développement. Nous le plaçons à un endroit plus commode.
157. L᾽annotateur place ici un commentaire qui brise la logique du développement. Nous le plaçons à un endroit plus commode.
158. L᾽annotateur place ici un commentaire qui brise la logique du développement. Nous le plaçons à un endroit plus commode.
159. De façon assez étrange, Wessner conserve le texte des manuscrits en y voyant un locus desperatus et édite + pronuntiabat habetur significatio + qui n᾽a évidemment aucun sens. On voit pourtant à son apparat comment ce passage a pu se corrompre jusqu᾽à devenir incompréhensible. V porte pronoĩe hoc non habet significatum. Le tilde sur le mot paraît indiquer une forme pronomine. A défaut d᾽un texte sauvable sur tout le passage chez A et B, on peut cependant leur accorder significatio et considérer que pronomine hoc habet significatio a pu dérouter et entraîner dès le stade β des tentatives de restauration. Toutefois le sens est clair. Donat veut dire ici qu᾽inter n᾽est pas une préposition, mais un préverbe, ce qu᾽il explique ensuite. Nous pouvons donc en conservant tout ce qui est récupérable dans les MSS proposer une restauration comme pro nomine hoc non habet significationem.
160. Nous éditons successus esse fortunae en nous conformant aux manuscrits BC et V qui ommettent atque. Le sens nous paraît plus clair ainsi.
161. Le commentaire de la seconde main brise ici le raisonnement, nous le déplaçons là où il doit se trouver pour respecter la logique de l᾽argumentation.
162. Le commentaire de la seconde main brise ici le raisonnement, nous le déplaçons là où il doit se trouver pour respecter la logique de l᾽argumentation.
163. Eius uicinitatis edd.
164. Le commentaire de Donat laisse supposer un changement de scène à cet endroit là où les éditeurs modernes préfèrent voir la suite de la scène précédente.
165. Le commentaire de la seconde main brise la logique de cette scholie. Nous le déplaçons à une place moins gênante.
166. De toute évidence, Donat lit ici at, aut ou quelque chose de ce genre.
167. Il est difficile de dire à quoi correspond cette initiale. Certains manuscrits proposent tibi.
168. Bien qu᾽il puisse se comprendre à cet endroit, nous déplaçons légèrement le commentaire de la seconde main, afin de maintenir la cohérence des citations.
169. Wessner considère probablement à juste titre que rebus ici, impossible dans le vers, est un ajout de scribe pour préciser le sens du vers.
170. On admet généralement qu᾽il faut comprendre non pas "fils de Claudius", comme on pourrait s᾽y attendre, mais "affranchi" de Claudius.
171. Comprendre que la formule normale est
Terenti Andria (Térence,
L᾽Andrienne), mais que, le poète étant totalement inconnu, l᾽effet publicitaire de son nom est absolument nul. On préfère donc donner le titre d᾽abord, afin d᾽intriguer les spectateurs avec le sujet, sans risquer de les effrayer avec un poète nouveau.
172. C᾽est-à-dire en costume grec (pallium).
173. Par le verbe "sortir" (egredior), Donat entend non pas "sortir de scène", comme aujourd᾽hui, mais sortir d᾽une des maisons qui constituent le décor. Il faut donc comprendre que ce qui pour Donat est une "sortie" est pour nous une "entrée".
174. Les entrées sont limitées à cinq, mais rien n᾽oblige le poète à faire entrer tous ses personnages cinq fois.
175. Il s᾽agit des éditeurs et commentateurs antérieurs de Térence, Donat affirmant ainsi qu᾽il reprend la division traditionnelle de la pièce, sans préjuger outre mesure de sa valeur.
176. C᾽est-à-dire qu᾽ils ont supposé des changements d᾽acte là où il était possible de voir un moment de scène vide, même si rien dans le texte ne le laisse explicitement supposer.
177. Comprendre que Térence souffre de se voir dénié le titre de poète que le prologue lui rend ici.
178. Il faut par exemple reprendre le pronom du vers 869 : "nonne te miseret mei ?".
179. Donat souligne que "ut" peut être aussi un adverbe, toutefois, dire que c᾽est "parfois" une conjonction revient à nier que dans l᾽immense majorité de ses emplois "ut" est une conjonction.
180. Ce commentaire n᾽est pas très clair, en particulier pour ce qui concerne le lien avec la citation virgilienne. Toutefois, le contexte du passage virgilien peut éclairer le sens : le poète se prépare à évoquer les origines du conflit qui va constituer la fin du poème. C᾽est donc la logique même des choses qui le conduit à présenter Latinus.
181. Cela illustre le développement ex contrario.
182. Donat, ou un autre compilateur, puisqu᾽il s"agit de ce que Wessner identifie comme la deuxième main, signale qu᾽ici le pronom relatif a ici une valeur de conjonction, ce que nous lions, nous, plutôt à l᾽usage du subjonctif.
183. La différence dont parle Donat ne se trouve pas dans
Les Tusculanes telles que nous les avons, ni ailleurs chez Cicéron.
184. L᾽exposé des griefs est en réalité ce qui suit, c᾽est-à-dire l᾽exposé des griefs que Luscius a contre Térence.
185. Donat poursuit sa réflexion autour de la désignation des poètes par un dérivé du verbe grec signifiant "faire". Cf. 3, 3.
186. Cette référence chiffrée est absolument exceptionnelle, et donc peut paraître suspecte. D᾽ordinaire on est beaucoup plus vague et on dit "dans le premier acte", ou "dans le début", etc.
187. C᾽est-à-dire la forme syncopée et la forme pleine du même verbe au même temps et à la même personne.
188. Dans cette differentia, Donat veut dire que le poème, parce qu᾽il est acte de langage, rentre dans les catégories les plus générales de classement des discours.
189. La notion de "commodum" est ici proche de celle de
πρέπον. Cicéron emploie d᾽ailleurs "commode" à propos de
L᾽Andrienne de Térence : Partitur apud Terentium breuiter et commode senex in Andria, quae cognoscere libertum uelit (Le vieillard dans
L᾽Andrienne de Térence fait un plan bref et approprié de ce dont il veut informer son affranchi).
190. Première apparition dans la pièce du système des problèmes ("quaestiones", ou "problemata", ou "zetemata"), lieux difficiles à interpréter ou contradictoires, et pour lesquels le commentateur propose une solution.
191. Donat précise qu᾽on peut lire soit "faciuntne etc.", avec la particule interrogative enclitique "-ne" (e bref), soit "faciunt, ne, etc.", avec adverbe "ne" (e long), renforcement d᾽une affirmation. Du coup, le "quorum" (parmi eux) de la scholie
1 ne saurait reprendre les seuls tenants de l᾽affirmation, qui seraient l᾽objet d᾽une subdivision, car la scholie serait alors incohérente. Il reprend en fait les deux catégories et complète la première information : "ne" équivaut à "nonne" (donc c᾽est un interro-négatif) ou biern il équivaut à "ualde", donc c᾽est une affirmation renforcée. C᾽est plutôt, d᾽ailleurs, vers cette deuxième solution qu᾽il semble pencher dans la scholie 3.
192. Donat place Ennius au-dessus de Plaute sans doute parce qu᾽il est poète épique et non comique. De ce fait, Donat reprend à son compte la hiérarchie des genres. On sait en quelle estime était Ennius à l᾽époque de Cicéron, mais le fait que Claudien (Cons. Stil. 3, praef.) se compare encore à lui à la fin du IVe siècle montre que cet auteur, à défaut d᾽être sans doute encore lu couramment, demeurait la référence pour la poésie antévirgilienne.
193. La deuxième main propose une sorte d᾽explication étymologique du verbe "faueo" compris comme "fauorem facio".
194. Le jeu sur "orator" "exorator" explique le jeu précédent sur "cognoscite" "noscite". Il s᾽agit d᾽un jeu sur les variations de préfixes. Sur le texte de la scholie, voir la note apposée au texte latin. Le rapprochement entre les deux pièces est sans doute facilité par le contexte juridique des deux prologues.
195. Il faut se souvenir que
L᾽Andrienne est la première comédie représentée par Térence. Donat tient compte ici de l᾽évolution de la pensée du poète au fil de sa carrière.
196. Donat rappelle que la forme "reliquum" peut en latin archaïque être sentie comme un génitif pluriel.
197. Donat envisage en réalité deux manière de composer une pièce. Soit le poète invente totalement l᾽intrigue, soit il l᾽emprunte à un modèle grec, mais, dans ce cas, il n᾽a pas le droit de recourir à une autre pièce grecque qu᾽il mêlerait à son modèle dominant. C᾽est ce que signifie "laisser le modèle grec intact", autrement dit se contenter de le traduire.
198. Placée ici cette scholie n᾽a pas grand sens, mais ce que dit Donat est évident. A partir du moment où Térence attire l᾽antécédent "comoediae" dans la relative, celui-ci devient obligatoirement "comoedias", le retour au nominatif est alors assez brutal car on lit "comoedias spectandae", ce qui ne peut manquer d᾽évoquer au commentateur la figure de syllepse.
199. Dans
L᾽Eunuque, 565-566, Donat commente de la même façon le substantif "spectator" qui signifie selon lui "connaisseur". Autant ce sens paraît s᾽imposer dans
L᾽Eunuque, autant ici le sens courant de "regarder" paraît suffire. Le commentaire est sans nul doute induit par "exigendae" qui constitue l᾽autre terme de l᾽alternative.
200. Donat donne une sorte d᾽étymologie bilingue. L᾽élément "-igendae" est rapproché à juste titre du verbe "agere", et le préverbe est dit en grec, pour souligner qu᾽il a bel et bien son sens spatial, car, à l᾽époque de Donat, "exigere" ne veut plus dire de manière courante "mettre dehors", mais "exiger".
201. L᾽expression "argumenti narratio" définit cette première scène comme une scène protatique (cf. Evanthius à propos de la "protasis" (7, 4) : la protase est le premier acte de la fable, où l᾽on développe une partie de l᾽intrigue, "pars argumenti").
202. cf. 6, 1 : "non qui argumentum narret" : en effet, on n᾽a pas eu affaire ici à un prologue "argumentativus", mais à un prologue "commendativus" (Evanthius, 7, 2).
203. cf. Evanthius 3,
2 pour la définition des "θεοὶ ἀπὸ μηχανῆς" : ce sont les dieux qu᾽on descend de la machine pour qu᾽ils viennent raconter l᾽intrigue.
204. Evanthius (3, 2) : les personnages protatiques sont des personnages extérieurs à l᾽intrigue et qu᾽on met sur scène. Evanthius note que Térence en fait un usage fréquent pour faire connaître plus facilement l᾽intrigue.
205. "Et" conviendrait que "ou" mieux au développement de l᾽ellipse. En effet, le tour non elliptique serait "paucis uerbis te uolo colloqui".
206. La remarque concerne à nouveau "dum", cette fois accroché à une interjection.
207. L᾽intertexte de la seconde main est ici clairement un passage de Quintilien résumant un passage du
Gorgias de Platon : cf. Quint. 2, 15, 25.
208. L᾽emploi du verbe grec s᾽explique probablement par la construction au datif grec qui suit, impossible en latin. Le commentateur normalise la construction en remontant la phrase grecque jusqu᾽au verbe. L᾽ensemble est induit par le fait que Donat a souhaité démarquer les autonymes latins "nempe" et "immo" par l᾽article grec, qui sert de délimiteur d᾽autonymie (ainsi chez des grammairiens latins, par exemple Priscien). Le verbe remplace ici le terme "antithesis", qui est formé sur lui et qui est d᾽allure plus technique. On retrouve le verbe dans le commentaire aux Adelphes, 72,
2 (
καλῶς ἀντέθηκεν), sans que l᾽emploi du grec soit cette fois justifié par quoi que ce soit.
209. Cette étymologie se trouve chez différents grammairiens. Ainsi chez Probus (GL 4, 47, 16) : "Nam et Graeci
ἀπὸ τῆς ἀρετῆς, a uirtute, censebant artem esse dicendam. Vnde et ueteres artem pro uirtute frequenter usurpant" (de fait, les Grecs aussi pensaient qu᾽il faut faire venir "ars" de
ἀρετή. De là vient également le fait que les Anciens employaient fréquemment "ars" à la place de "uirtus"). On la trouve également chez Cassiodore, Diomède, Isidore de Séville. Gavoille (2000) analyse ainsi ce rapprochement : "Cette étymologie synchronique a le mérite de nous renseigner sur la conscience des utilisateurs de la langue : c᾽est une notion commune de performance ou d᾽excellence qui doit motiver le rapprochement avec
ἀρετή". Cette "notion commune" d᾽excellence explique l᾽emploi fréquent de "ars" à la place de "virtus" dont parle Probus.
210. "Remarquable", en raison de la non-conformité de ces qualités avec l᾽éthos habituel de l᾽esclave de comédie.
211. Il s᾽agit d᾽une remarque de syntaxe opposant la proposition interrogative indirecte en "quid" à la relative en "quod". Donat paraît comprendre que "exspecto quod uelis" signifierait quelque chose comme "j᾽attends un signe de ta volonté", sans impliquer que le personnage désire savoir ce que l᾽autre veut. Donat construit quand à lui "exspecto scire quid uelis" (j᾽attends pour savoir ce que tu veux). C᾽est en quelque sorte la construction d᾽"exspecto" qui lui donne son sens de verbe de désir.
212. Chez Cicéron, la recommandation est ce qui permet de se montrer sous un jour favorable. Or., 124 : "Principia uerecunda, nondum elatis incensa uerbis, sed acuta sententiis vel ad offensionem aduersarii uel ad commendationem sui". (Trad. A. Yon : [à propos de l᾽homme éloquent] Ses exordes seront réservés, sans être encore enflammés par l᾽emploi d᾽un vocabulaire élevé, mais aiguisés de traits destinés soit à jeter le discrédit sur l᾽adversaire, soit à se faire soi-même bien voir).
213. Et non pas la répétition d᾽un fait ponctuel comme le français "au restaurant il prend toujours un café", face à "il est toujours imperturbable".
214. Selon Cicéron (Or., 201) : "materia in verbis, tractatio in conlocatione verborum" (la matière réside dans les mots, la disposition porte sur leur placement).
215. Un terme qui équivaut certainement au grec
χάρις. Cicéron ne parlerait pas de "gratia" (terme trop connoté politiquement et socialement à l᾽époque classique), mais de "uenustas". Ici, cette grâce résulte de ce que Térence a trouvé l᾽expression la plus juste, la disposition des mots la plus exacte. A comparer avec ce que dit Cicéron des proverbes et mots d᾽esprits, qui perdent leur "uenustas" si on change l᾽ordre des mots (De Or., II, 258 : mutatis uerbis non possunt retinere eamdem uenustatem (une fois changé les mots, les passages ne peuvent garder le même charme).
216. Donat trouve "gracieux" le fait d᾽exposer successivement et dans l᾽ordre logique les deux états successifs du personnage d᾽autant que ces deux états marquent une progression considérable dans le statut social de Sosie, de même que, pour le malade, recouvrer la santé constitue un progrès notable.
217. C᾽est-à-dire que "libertus" suppose que l᾽on soit affranchi par quelqu᾽un et donc on n᾽est "libertus" que si on a un "patronus". Il en va donc de ce mot comme des célèbres noms relatifs "père", "fils" etc. qui supposent que, pour être père, il faut des enfants, pour être fils, il faut un père, etc.
218. On voit mal par quel procédé, tant les deux citations sont dissemblables. Peut-être est-ce "scis ut" qui constitue l᾽emprunt virgilien à Térence.
219. Simon attend maintenant une réciprocité au bienfait qu᾽il a eu envers Sosie.
220. Ce qui suppose que l᾽auteur de la prétendue seconde main a sous les yeux le texte "multo" dont Donat dira un mot en scholie 6.
221. Donat oppose deux constructions : soit on comprend "le reproche que l᾽on fait à quelqu᾽un qui a oublié un bienfait" (dans ce cas "immemoris" est complément de "exprobratio" et "beneficii" complément d᾽"immemoris", soit on comprend "exprobratio benefici immemoris" (le reproche d᾽un bienfait oublié) et "immemoris" est épithète de "beneficii".
222. Remarque grammaticale dont on trouve l᾽écho chez Priscien (GL, 2, 341, 3) : "antiquissimi hic et haec memoris et hoc memore proferebant" (à l᾽époque très archaïque on disait "memoris, memoris, memore", au masculin, féminin et neutre). L᾽adjectif dont le neutre est "immemore" est attesté au féminin "immemoris" chez Cécilius Statius (frg.
31 Ribbeck=Epiklèros 2). La remarque de Donat est ici à la fois morphologique (le génitif "immemoris" qu᾽on trouve chez Térence procède d᾽un adjectif archaïque "immemoris, -is, -e", et non du classique "immemor, -oris") et sémantique (l᾽adjectif signifie non pas "qui n᾽a pas de mémoire" mais "qui ne laisse pas de trace en mémoire", "qui se laisse oublier").
223. Donat reprend largement Cic, De Inv., I,
33 (à propos de la "partitio", ici nommée "divisiones)", mais est encore plus précis que Cic (ex. : il indique qu᾽on a une division de la vie du fils en deux parties). But de la "partitio", selon De Inv. : la "partitio" (ou ici "divisio") n᾽implique pas une vue parcellaire du plan du discours, mais plutôt une vue complète ("absolutio", De Inv., I, 32[20]), permettant une appréhension synthétique du propos.
224. Ephebia est un hapax de Donat.
225. Ce texte, chahuté par la tradition (voir note apposée au texte latin), est en réalité un commentaire extrêmement subtil. Donat, qui lit sûrement, comme une partie de la tradition térentienne, "prohibebat" au lieu de "prohibebant" (sans quoi il ne saurait y avoir trois solutions), commence par dire que le groupe "aetas metus magister" fonctionne comme un seul sujet qui se construit "l᾽âge, ce maître ès peurs". Dans ce cas, "metus" est un génitif complément de "magister", lui-même apposé à "aetas". Puis Donat indique que le groupe "aetas metus magister" peut également former deux sujets, "aetas" d᾽un côté, de l᾽autre "metus magister", où "magister" est apposé au nominatif "metus", ce qui se comprend, comme l᾽indique sa reformulation : "l᾽âge, la peur (ce maître)...". Enfin, dans la scholie 3, il indique qu᾽il peut y avoir trois sujets juxtaposés et qu᾽on peut comprendre : "l᾽âge, la peur, le pédagogue".
226. En fin de phrase cela se nomme "productio".
227. La faute est dans le passage d᾽un inanimé "studium" à un animé "philosophos".
228. Cf. 67,
40 et Evanthius, à propos de l᾽usage que la nouvelle comédie fait des "utiles sententiae".
229. Voir par exemple,
Laelius,
89 qui cite et commente ce vers dans un sens bien plus moral.
230. D᾽après le
De Inventione, l᾽honestum n᾽est pas sur le même plan que le probabile et le necessarium. L᾽honestum est un genre de cause (genus causarum, De Inv., I, 20) ; il est aussi un précepte du genre délibératif (ad deliberationem praeceptum, II, 157), avec l᾽utile. Le necessarium et le probabile sont des modes de l᾽argumentation (I, 44 : omnis argumentatio…aut probabilis aut necessaria esse debebit).
231. Le vraisemblable est une des qualités de la narration (ueri similem esse et apertam et breuem, De Or., II, 83).
232. Sur ce passage voir la note apposée à Pho. 95, 2.
233. Donat souligne ici sans doute un jeu métathéâtral. En disant l᾽Andrienne, Sosie peut tout aussi bien vouloir dire
L᾽Andrienne qui va être représentée. Voir scholie 2.
234. Donat constate que pour un même adjectif de la première classe, il existe deux formations adverbiales, l᾽une attendue "dure", l᾽autre inattendue puisque théoriquement réservée aux adjectifs de la deuxième classe "duriter". Mais la coexistence des deux formes suppose chez lui une différence de sens. Toutefois les grammairiens latins ont de forts doutes sur l᾽existence de la forme "dure". Cela est d᾽autant plus troublant que Donat se contredit. Il commence, en conformité avec sa grammaire, par dire que "duriter" fait exception et qu᾽on devrait avoir "dure" qui n᾽existe pas, puis il atteste l᾽existence du doublet en créant (ou reprenant on ne sait trop d᾽où) une differentia. Priscien est le seul des grammairiens avec ce passage de Donat à accorder quelque crédit à l᾽existence de "dure", qui de fait est attesté chez Cicéron (une fois), Horace (une fois) et Apulée. L᾽exemple d᾽Horace (Ep. 2, 1, 66, avec "antique") montre cependant que le mot doit être archaïque. L᾽emploi des démonstratifs ajoute encore à la confusion, puisqu᾽on aboutit à un énoncé absolument contradictoire sur le sens de "duriter", qui renvoie à la notion de peine dans l᾽expression "illud ad laborem", alors que Donat vient de dire que "duriter" est "sine sensu laboris".
235. Donat comprend "un et un autre de deux", ce qui revient à dire qu᾽il y a trois amants, ce que confirme les vers 86-87, où on voit Phèdre, Clinias et Nicératus se partager les faveurs de la courtisane. Ce qui est assez forcé, c᾽est de tirer de l᾽exemple virgilien l᾽idée que "alter" désigne le troisième et non le deuxième car chez Virgile "alter ab undecimo" signifie "neuvième" et non "dixième". Grammaticalement il appuie son raisonnement sur la présence d᾽une succession "unus alter" là où l᾽on attendrait soit "primus alter", soit "alter alter". Dans ces deux cas, "alter" ne signifierait que "deuxième".
236. Donat veut absolument disculper la courtisane. Pour cette raison, il considère que Térence fait imputer à la volonté de la jeune femme ses activités honnêtes et à la nature humaine, contre laquelle on ne peut sans doute rien, les activités de prostitution qu᾽elle exerce ensuite.
237. Il s᾽agit évidemment d᾽un commentaire étymologique.
238. Donat distingue dans la forme "esset" deux homonymes, qu᾽oppose la quantité du "e" initial. Avec "e" long, il s᾽agit du verbe "edo" (manger), avec "e" bref il s᾽agit du verbe "être". Donat semble vouloir dire que ses exemplaires peuvent porter des signes permettant d᾽indiquer la quantité quand celle-ci pose une difficulté en influant sur le sens, comme ici. On pourrait supposer un recours au macron ou à l᾽apex. On notera de plus que les deux solutions "être" ou "manger" sont possibles ici.
239. L᾽idiotisme paraît ici reposer sur le recours à une métaphore empruntée à la chasse. Cela dit, on voit mal en quoi cela est spécifique du personnage. On pourrait supposer que le texte n᾽est pas exactement celui-là, mais plutôt "captus est habet ἰδιωτισμός id est uulneratus est etc.", la scholie portant alors sur les deux expressions rattachées au vocabulaire du Cirque.
240. Cette remarque a probablement pour but soit 1-d᾽éviter la confusion avec l᾽impératif de "maneo" (reste), qui serait en incise, soit 2-de souligner que "mane" qui est un nom est ici utilisé de manière adverbiale, autrement dit sans déterminant ni préposition pour garantir qu᾽il s᾽agit d᾽un nom.
241. Donat signale ainsi une asyndète, jugée par les puristes comme anormale entre deux phrases, et complète avec la liaison qu᾽il déduit du contexte.
242. Même tour au masculin au lieu du neutre. Le pléonasme repose sur la présence conjointe d᾽une négation et d᾽un forclusif par là-même inutile.
243. Ou "si elle était pauvre" ce qui est indiscernable en Latin.
244. Donat emploie visiblement συντομία comme synonyme de "βραχυλογία" (formule brève et frappante). Or, traditionnellement (chez Platon, Aristote, Rh. à Alex., chez les sophistes, ou Démétrios de Phalère), "συντομία" désigne une qualité du style, non une formule brève (à la différence de "βραχυλογία", qui peut désigner soit une qualité du style, soit la brachylogie proprement dite). Par contre, les rhétoriques latines classiques, elles, peuvent employer le terme de "breuitas" à la fois pour désigner une qualité générale du style et une forme brève (en l᾽occurrence la brachylogie :
De Oratore, III, 202). L᾽usage que Donat fait de "συντομία" se fait donc certainement par contamination avec celui du terme "breuitas".
245. Le mot "ἀνάμνησις" est ici rapproché de "commemoratio". Les deux termes impliquent que l᾽on remette en lumière, d᾽une manière synthétique, des événements connus de tous. Cicéron (Or., 34, 120) emploie, par exemple, "commemoratio" pour souligner l᾽intérêt pragmatique du bref rappel du passé historique ("commemoratio antiquitatis"). Ici, le rappel est interne à l᾽intrigue, et sa fonction est essentiellement de "docere". Cette "ἀνάμνησις" met donc en lumière l᾽extrême cohérence de la pièce, où tout est solidaire et paraît avoir été composé d᾽un seul tenant (Evanthius 3, 7 : "aptum ex se totum et uno corpore uideatur esse compositum").
246. Il y a ici une réflexion sur les limites du genre comique et l᾽intégration de la mort dans la comédie. En effet, apparemment, la mort n᾽a pas sa place dans la comédie : cf. Evanthius 4, 2 : "dans la comédie…les attaques et les périls sont de faible portée" (in comoedia…parui impetus periculorum). Mais ici, selon Donat, la mort ne remet pas en cause le comique, pour deux raisons : 1-"cum ad necessitatem argumenti referantur" : cette mort est ici un élément d᾽une intrigue purement fictive, alors qu᾽une mort de tragédie, elle, serait tirée de l᾽Histoire (cf. Evanthius 4, 2 : "omnis comoedia de fictis est argumentis, tragoedia saepe de historia fide petitur"). 2-les conséquences de cette mort ne vont pas contre les principes du genre comique, et en particulier ce principe selon lequel dans la comédie le début est agité et la fin (exitus) paisible (Evanthius), puisque cette mort n᾽entraîne pas de risques majeurs ("aut meretrix sumitur aut…aut"). C᾽est pourquoi la comédie, à la différence de la tragédie, demeure, malgré l᾽évocation de la mort, le domaine du juste milieu ("mediocri tristitia" fait écho aux propos d᾽Evanthius 4, 2 : "in comoedia mediocres fortunae hominum").
247. Donat indique ici qu᾽un geste doit suffire à en dire long sur le contenu de la pensée du vieillard avant même qu᾽il ne la formule. Il s ᾽agit évidemment d᾽une remarque de mise en scène, indiquant comment il faut à la fois prononcer, gestuer et rythmer ce vers.
248. L᾽"imitatio" (ici "μίμησις") est, note fréquemment Evanthius, aux fondements de la définition de la comédie (Evanth. 5, 1) : il reprend en effet la définition de Cicéron, selon laquelle la comédie… est une imitation de la vie, un miroir de l᾽usage, une image du réel. Or geste et parole sont les deux éléments qui participent à cette imitation du réel (Evanth. 5, 3 : "comoedia…, quia poema sub imitatione uitae atque morum similitudine compositum est, in gestu et pronuntiatione consistit"). Lorsque Simon s᾽imite lui-même en train de penser, on a donc, en quelque sorte, une "imitatio" (avec "gestus" et "pronuntiatio") dans l᾽"imitatio" que constitue la comédie.
249. Donat distingue ici cet emploi de "consuetudo" de l᾽emploi ordinaire du terme qui s᾽applique au concubinage. Le mot ici est dans son sens le plus neutre de "relation". Voir Pho. 161, 3.
250. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin. Donat veut dire qu᾽il faut entendre "familiariter" soit au sens propre et étymologique comme "de manière propre à la ᾽familia᾽" (scholie 2) ou métaphoriquement comme synonyme de "grauiter", parce que les affaires de famille nous pèsent sur le cœur (scholie 1).
251. Comprendre du nom de la fonction sociale "paterfamilias".
252. En réalité non, "efferre" est un mot parfaitement latin. Donat suppose qu᾽il s᾽agit d᾽un emprunt du grec ἐκφέρειν, spécialisé dans ce sens, cf. Hom. Il. 24, 786, alors qu᾽il ne s᾽agit bien sûr que d᾽un héritage commun à l᾽Indo-européen.
253. L᾽éloge de Pamphile porte donc non seulement sur la beauté, mais sur l᾽"honestum", qui, selon le De Inv., 1, 53, 159, comporte quatre parties : "Habet [honestas] igitur partes quattuor : prudentiam, iustitiam, fortitudinem, temperantiam (ou "modestia", selon Her., 3, 3 ; selon le De Inv., la "modestia" est une subdivision de la "temperantia") (l᾽honnêteté a quatre parties, la prudence, la justice, le courage et la tempérance). Ici, c᾽est la "modestia" de Pamphile que met en valeur Térence. Une "modestia" ainsi définie par le De Inv., 1, 54, 164 : "modestia, per quam pudor honestus caram et stabilem comparat auctoritatem" (La modestie consiste en une honorable réserve qui nous assure une précieuse et durable autorité, trad. G. Achard). Mettre sur scène des courtisanes qui ne soient pas des dépravées est, selon Evanthius (3, 4), une innovation de Térence. Bien plus, il a eu seul l᾽audace, en recherchant dans des intrigues fictives un haut degré de réalisme, fût-ce contre les règles du genre comique, de mettre sur la scène des courtisanes qui ne soient pas méchantes ("quin etiam solus ausus est, cum in fictis argumentis fidem ueritatis assequeretur, etiam contra praescripta comica meretrices interdum non malas introducere").
254. Donat semble vouloir dire que le vers qu᾽il commente ici, étant elliptique, on pourrait avoir tendance à chercher le verbe qui manque dans le vers suivant. Mais, dit-il, Térence ne procède pas ainsi et se satisfait très bien d᾽énoncés inachevés.
255. Il s᾽agit d᾽excuser l᾽intérêt que le jeune homme porte à la belle pleureuse et ainsi de commencer à le disculper en indiquant que même son père s᾽est laissé attendrir par ce spectacle.
256. "Liberalis" se rapporte au visage parce que l᾽expression de la jeune femme montre qu᾽elle n᾽est pas de condition vulgaire, "honesta" se rapporte à sa beauté extérieure, c᾽est-à-dire à la façon modeste qu᾽elle a de se tenir, qui dénote qu᾽elle n᾽est pas une courtisane.
257. Voir And. 108, 1.
258. Donat signale l᾽étymologie d᾽"exsequiae" sur le verbe "sequor" (suivre).
259. Donat note une asyndète, mais la figure porte en réalité sur ce qui suit, le vers
128 ne contenant aucun mot de liaison.
260. S᾽il s᾽agit d᾽expliquer" sepulchrum" par "se" + "pulchrum", alors il n᾽y a justement pas antiphrase : le composé signifie dasn ce cas "non beau" et est conforme au sens de "sepulchrum" (tombeau). L᾽étymologie par "se" + "pulchrum" se trouve chez Charisius (93, 6, "seorsum a pulchro"), qui avance également une autre explication : l᾽élément "se-" viendrait de "semis" (à moitié).
261. "Sine pulsu" traduit un étymon théorique"se pulsum".
262. Le verbe n᾽existe pas. Conjecture de Rabbow : "sepelire" s᾽expliquerait alors par "se-" + "pellere", non attesté, de la famille de "pellere", avec préverbe "se" (chasser au loin, éloigner pour mettre à part), d᾽où la glose par "separare". La conjecture (avec néologisme "sepellere") est intelligente, car toutes ces étymologies de "sepulchrum" ont en commun d᾽utiliser un préfixe négatif "se-").
263. Ce qui est remarquable aux yeux du grammairien, c᾽est que "funus", qui signifie ici "le cadavre", est neutre et qu᾽il est repris ici par un féminin qui désigne la morte.
264. Donat souligne ici la valeur généralisante de l᾽impersonnel.
265. La citation virgilienne est tronquée d᾽un vers entier, le vers
21 de cette Bucolique, ce qui est d᾽autant plus incompréhensible que c᾽est le vers qui comprend "flebant" à partir duquel se faisait le rapprochement avec le vers de la comédie. Inadvertance de l᾽archétype ? Le jeu intertextuel est intéressant puisqu᾽il s᾽agit de la mort de Daphnis, le fondateur et le maître de la poésie bucolique, de même qu᾽il s᾽agit chez Térence de la mort d᾽un personnage qui va enclencher tout le mécanisme comique.
266. L᾽argument par la volonté est à la fois dans "dissimulatum" (acte volontaire) et dans "indicat" (acte involontaire) ; l᾽argument par la possibilité est dans "indicat", en l᾽espèce "impossibilité" de cacher son amour ; l᾽argument régressif est plus difficile à déterminer ; sans doute Donat considère-t-il qu᾽après avoir dit "exanimatus" Térence affaiblit forcément la suite.
267. On n᾽est pas sûr de comprendre ce qu᾽il y a de remarquable dans cet emploi. S᾽agit-il de dire implicitement que la description confine à l᾽hypotypose ? Ou que l᾽adverbe "ibi" est ici l᾽équivalent d᾽un "eo modo" complément de manière ?
268. Ce que remarque Donat, c᾽est le choix systématique d᾽un tour plus expressif que celui qu᾽on attend.
269. En exprimant l᾽idée selon laquelle les trois manières de présenter un personnage ("persona") dans une action quelconque sont les suivantes : "affectus", "factum", "dictum", Donat s᾽inspire visiblement de la définition cicéronienne de la narration concernant des personnes ("personae"), dans le De Inv., 1, 19, 27. L᾽exemple donné par Cicéron concerne d᾽ailleurs
Les Adelphes de Térence ! "La narration qui concerne les personnes est ainsi faite que l᾽on a l᾽impression de voir non seulement les actions (᾽cum rebus ipsis᾽) elles-mêmes, mais aussi le langage (᾽sermones᾽) et le caractère (᾽animi᾽) des personnages" (trad. G. Achard).
270. Le rapport entre la citation cicéronienne et le texte commenté est loin d᾽être évident : sans doute faut-il penser que le point commun est dans la caractère manifeste de ce qui est décrit.
271. Et non pas seulement une belle action.
272. Donat se livre ici à une formalisation de l᾽argumentation de Sosie : -Il s᾽agit d᾽un raisonnement par conjecture ("ex coniectura"), puisque la controverse repose sur un fait ("factum", De Inv., 1, 8, 11). -Plus précisément, c᾽est un raisonnement par déduction : la "ratiocinatio" est une adaptation rhétorique du syllogisme, fondée sur des propositions probables ("probabile", De Inv., 1, 34, 57), et qui, une fois exposée et connue en elle-même, se confirme par sa propre force et sa propre justification ("sua ui et ratione)" (trad. G. Achard). Ici, la "ratiocinati"o, qui s᾽inscrit dans une controverse, est fondée sur l᾽opposition des contraires ("a contrario").
273. Dans l᾽état de cause conjectural ("coniecturalis constitutio", De Inv., 2, 16, 49, cf. 142, 115, 1), interviennent des lieux communs : il faut attacher foi ou non aux soupçons, aux rumeurs, par exemple ; ou alors (comme ici), il faut attacher foi ou non aux témoignages ("testibus credi oportere et non oportere"). Ici, on a une opposition entre le témoignage de Chrémès et celui de Simon.
274. Ils ᾽agit en réalité d᾽un commentaire de syntaxe et de ponctuation. Donat ne veut pas que l᾽on comprenne "indignum facinus comperisse Pamphilum" (que Pamphile a découvert une forfait indigne), mais que l᾽on comprenne que le sujet de "comperisse" est "Simo" (autrement dit "se" à suppléer dans la proposition infinitive). De ce fait, il demande dans la scholie suivante à ce qu᾽on ponctue après facinus de manière à ce que la proposition infinitive dépendant de "<se> comperisse" soit bien "Pamphilum pro uxore habere hanc peregrinam".
275. Donat paraît ainsi établir une differentia implicite entre "comperio" et un verbe du type "inuenire". Dans son esprit "comperire" impliquerait que l᾽emploi de ce verbe suppose, ce qui est souvent le cas, mais pas toujours, que la personne qui instruit est différente de celle qui apprend. Au contraire un verbe du type "inuenire" indique que la personne s᾽instruit elle-même de ce qu᾽elle apprend et le découvre par déduction.
276. Sur l᾽"emphasis", cf. Quintilien 8, 2, 11: "Possunt uideri uerba quae plus significant quam elocuntur in parte ponenda perspicuitatis : intellectum enim adiuuant ; ego tamen libentius emphasim retulerim ad ornatum orationis, quia non ut intellegatur efficit sed ut plus intellegatur" (il peut sembler nécessaire de verser les mots qui signifient plus que ce qu᾽ils disent sous la rubrique de la clarté, car ils aident à la compréhension ; mais pour ma part je mettrais plus volontiers l᾽emphase en relation avec l᾽ornemantation verbale, parce qu᾽elle a pour effet non de faire comprendre, mais de faire comprendre plus), et 8, 2, 83 : "... emphasis, altiorem praebens intellectum quam quem uerba per se ipsa declarant. Eius duae sunt species : altera quae plus significat quam dicit, altera quae etiam id quod non dicit" (l᾽emphase, qui offre une signification plus profonde que celle que les mots mêmes indiquent. Il y en a de deux sortes : la première qui signifie plus que ce qu᾽on dit, la seconde qui va même jusqu᾽à dire ce qu᾽on ne disait pas). Il y a sans doute un jeu étymologique sur le nom "Pamphilus". Le nom grec "Πάμφιλος" signifie "cher à tous", ce qui n᾽est certes pas le cas à ce moment de l᾽intrigue.
277. Le "et" de la seconde main est absurde car le "nec" n᾽a, si on le maintient, plus aucune raison d᾽être, à moins, ce qui n᾽est pas impossible mais improbable, que l᾽on y lise la forme tout à fait courante équivalent à "ne...quidem". Or il se trouve que cette forme ne se rencontre guère chez Donat. En tout cas, s᾽il y a ici seconde main, il est certain que c᾽est cela qu᾽elle a compris ; si la seconde main en revanche n᾽existe que dans l᾽imagination de Wessner, il faut comprendre "et il ne dit pas non plus ᾽amica᾽ etc.", ce qui attesterait chez Donat l᾽emploi de "nec" pour "ne... quidem".
278. Ce que veut dire ici Donat est que Térence fait dire à Simon "en lieu et place d᾽épouse", ce qui est beaucoup plus grave que de dire "une maitresse". Le paradoxe vient du fait que c᾽est la situation de concubinage et non le sentiment qui le fait souffrir. Il y a là une préparation d᾽un dénouement possible. En outre, cela renforce la cohérence du personnage.
279. C᾽est-à-dire que les courtisanes étaient surnommées les étrangères. Dans les intrigues comiques, il arrive souvent, de fait, qu᾽une étrangère sans protection se trouve obligée de vivre de ses charmes. Ou qu᾽elle en ait au moins la réputation.
280. Donat signale que, si l᾽on prend les vers 146-
147 comme appartenant à une seule et même réplique, il y a une contradiction dans les termes, car en niant ("negare"), Simon fait un mensonge effronté , ce qui est incompatible avec l᾽adverbe "sedulo" qui signifie étymologiquement "sans ruse", "ingénument" (cf. Pho. 428). Cela revient donc à dire "mentir en toute franchise". D᾽où l᾽autre solution proposée: "sedulo" pourrait être dans la bouche de Sosie, en interruption. Le passage s᾽interprète alors: " Si. -et moi, là... So. Tu as tout dit sans mentir? Si. -...je nie la chose".
281. Donat souligne que le fait de tout nier en bloc vise pour le père à protéger la réputation de son fils, ce qui implicitement revient, sinon à l᾽approuver, du moins à faire comme s᾽il l᾽approuvait.
282. Donat souligne ici qu᾽on est à un tournant de la scène. Simon a fini d᾽instruire le spectateur, représenté par Sosie, de ses démêlés avec Chrémès. Il lui faut encore présenter son attitude vis-à-vis de son fils : il sera indulgent et pardonnera la faute ancienne, pour peu que le garçon accepte désormais de lui obéir. Sur ce texte plus que controversé, voir la note apposée au texte latin.
283. En réalité, il y a aposiopèse par ellipse, et il est même constitutif de l᾽aposiopèse d᾽aboutir à un énoncé elliptique. La distinction de Donat n᾽est donc pas purement rhétorique, elle envisage deux manières de traiter cet énoncé, une manière stylistique (aposiopèse) et une manière grammaticale (ellipse). Quant à la nature de cette aposiopèse que le commentateur n᾽a pas ici numérotée, il s᾽agit d᾽une interruption et non par exemple d᾽une litote ou d᾽un euphémisme par autocensure.
284. Donat signale ici qu᾽il y a imitation du discours de son fils dans le discours de Simon. Ce procédé aurait pu être clarifié, notamment à l᾽usage des lecteurs, au moyen d᾽un verbe de déclaration susceptible de faire entendre cette sous-énonciation. Sans le dire, Donat évoque ici ce qu᾽il appelle des noms de "dialogismos" ou de "mimésis" (représentation de soi et/ou d᾽un autre en train de parler).
285. Donat hésitait au vers
149 entre aposiopèse et ellipse (voir la note à ce vers). Ici il tranche, c᾽est une aposiopèse. Notons que ce commentaire renforce la vraisemblance de notre restitution du texte de 148, 3.
286. Il s᾽agit de la construction du discours ("diuisio") qui est un élément évidemment fondamental dans le commentaire oratoire de ce que Donat considère bien, malgré ce qu᾽il dit de l᾽intérêt dramaturgique de la présence de Sosie, comme une unique tirade de Simon.
287. C᾽est ainsi que Donat ici désigne l᾽adjectif verbal.
288. Donat fait peut-être ici remarquer le tour "ab illo animaduertenda", comme si "ab illo" était un complément d᾽agent, alors qu᾽on attend un datif à côté d᾽un adjectif verbal. Mais en réalité, "ab illo" développe "iniuria" (une mauvaise manière émanant de lui), comme cela ressort de son commentaire 156, 5, où il explique qu᾽"ab illo iniuria" est plus clair qu᾽"eius iniuria" (génitif objectif ou subjectif ? "eius" masculin ou féminin ?).
289. Donat met en garde contre une mésinterprétation qui conduirait à voir ici un solécisme. Le tour "ab eo" n᾽est pas induit par l᾽adjectif verbal de sens passif (il faudrait un datif), mais par "iniuria", comprendre "iniuria ab illo facta" (un affront venant de lui, ou fait par lui). On peut aussi comprendre, avec la scholie
4 que Donat veut que l᾽on construise comme s᾽il y avait "uindicanda ab illo iniuria" au sens de "tirer sur lui vengeance d᾽un affront".
290. Evidemment selon qu᾽on interprète le pronom comme, respectivement, un génitif objectif ou un génitif subjectif.
291. C᾽est-à-dire qu᾽il s᾽agit d᾽un accusatif de relation.
292. Otto signale ce proverbe, avec cette occurence et une autre en And. 676. Macaire 5,
5 connaît lui aussi ce proverbe qui semble attesté dès Eschine Ctes. 109, voir Homère Il. 20, 360.
293. Donat explique successivement l᾽élément "nixe" qu᾽il rapproche de "nitor" (faire effort) et glose par "cum conatu" en utilisant "conor" synonyme de "nitor", puis l᾽élément "ob" qu᾽il glose par "contra", l᾽ensemble signifiant "cum conatu contra conantem" (avec effort contre qui fait effort).
294. Voir 157,2.
295. Sosie représente l᾽esclave modèle (qui donc disparaîtra dès la fin de la scène), face à Dave qui a le vrai rôle de l᾽esclave de comédie : inventer des fourberies.
296. Differentia qui repose sur la conception psychologique des Anciens. L᾽"animus" est le siège des mouvements affectifs, la "mens" le siège des mouvements intellectuels réfléchis.
297. Reprise de la differentia sous une autre forme, d᾽ailleurs assez obscure. On peut penser que celui qui a une "mala mens" est méchant par nature, et a pleinement conscience de l᾽être ; celui qui a un "malus animus" peut être devenu méchant par quelque impulsion extérieure agissant sur son affectivité. Toutefois l᾽énoncé est si peu clair, qu᾽on pourrait aussi supposer l᾽inverse.
298. La faute est si grave qu᾽il n᾽y a pas de mots pour le dire et Simon s᾽en tire en disant "à quoi bon le dire ?".
299. "Exorandus" se trouve dans la recension calliopienne, mais nous n᾽avons pas pour cette partie de
L᾽Andrienne la recension du Bembinus. Peut-être est-ce dans cette tradition que Donat, qui connaît les leçons du Bembinus, va chercher cette variante. Pour le sens de la scholie, il faut comprendre que la présence d᾽"expurgandus" nécessité de faire du pronom relatif un datif pour interpréter "Chrémès auprès de qui il me faut justifier Pamphile". Donat fait alors une remarque d᾽orthographe signalant que la forme "qui" peut s᾽interpréter comme un datif en graphie archaïque.
300. Donat relie des formes de "fore" (qui sert d᾽infinitif futur à "sum"), de "fieri" (qui sert de passif à "facio" (faire)), et de formes passives de composés de "facio" ("perficiuntur" etc.). Cela est sémantiquement justifiable, mais il est difficile de dire si Donat ne fait pas aussi une connexion morphologique. Il semble en effet dire que "confore" est l᾽infinitif futur de "confit" de "confieri", à moins qu᾽il ne veuille seulement souligner qu᾽il fonctionne comme "confit". Ce qui peut surprendre dans ces reformulations, c᾽est qu᾽il utilise le verbe "perficio" plutôt que le verbe "conficio", sans doute parce que, de son temps, "conficio" ne signifie plus "achever", mais "accabler". Ses élèves ne comprendraient pas le sens de la reformulation alors qu᾽ils ont l᾽habitude d᾽utiliser "perficio" dans ce sens.
301. En effet, au vers 45, Sosie lui a dit d᾽exprimer en un mot ce qu᾽il avait à dire. Voilà le mot : "feindre". Voir 45, 2, sur ce qu᾽il faut ici entendre par "uerbum" selon Donat.
302. Le mot est rarissime. De ce que nous avons conservé de la littérature latine, c᾽est sa seule attestation.
303. Comme souvent chez les Latins, Donat explique un verbe par l᾽un de ses dérivés. Ce qu᾽il dit d᾽"observatio" vaut analogiquement pour "observare".
304. Donat paraît ici commenter en réalité une particularité plautinienne, qui donne à "curo" un complément signifiant le repas : Rud.
1215 ("cena ut curetur"), Merc. 582-
583 ("obsonium curamus").
305. Voir Cic., Inv. 1, 19 : "tum denique ordinandae sunt ceterae partes orationis. eae partes sex esse omnino nobis uidentur : exordium, narratio, partitio, confirmatio, reprehensio, conclusio" (alors pour finir il faut mettre en ordre les parties restantes du discours. Ces parties nous semblent à tous être au nombre de six : l᾽exorde, la narration, la division, la confirmation, la réfutation, la conclusion) ; et Cic., Inv. 1, 27 : "narratio est rerum gestarum aut ut gestarum expositio" (la narration est l᾽exposition d᾽actes réalisés ou considérés comme réalisés).
306. Donat signale que, bien que les dernières paroles de Simon au vers
171 (fin de scène 1) semblent indiquer qu᾽il quitte la scène, en réalité il est toujours là, sinon la scène serait restée vide et il y aurait eu entracte après une seule scène, il est vrai gigantesque. Donat pose donc seulement un interscène, motivé par la sortie de Sosie et explique que "sensi" ne renvoie pas au temps scénique entre 1,
1 et 1,
2 puisqu᾽il n᾽y en a pas, mais à un temps antérieur à 1, 1.
307. "Davos" dans les deux cas, même si l᾽on peut légitimement se demander à quoi sert l᾽accusatif pluriel de ce nom propre, à moins de supposer des tours du type "ainsi voit-on tous les Dave de comédie".
308. Du temps de Térence, le nominatif avait la forme "Davos", comme tous les mots en "-vus", pour qui la fermeture de la voyelle thématique a été plus tardive. L᾽emploi du digamma grec est clairement un usage de grammairien destiné à éviter la séquence "VV", dès lors que l᾽on a modernisé la graphie et que l᾽on écrit désormais "DAVVS".
309. Voir Sen., Clem. 2, 3, 1 : "Clementia est temperantia animi in potestate ulciscendi uel lenitas superioris aduersus inferiorem in constituendis poenis" (la clémence est l᾽usage tempérant du pouvoir que nous avons de nous venger ou la douceur d᾽un supérieur vis-à-vis d᾽un inférieur s᾽agissant de fixer les punitions). Cette définition paraît particulièrement adaptée pour la situation maître / esclave.
310. La question que pose Donat est celle de la place de "semper" qui théoriquement porte sur le verbe, mais qu᾽il veut ici faire porter sur le nom "lenitas", en en faisant l᾽équivalent d᾽un adjectif du type "sempiternus". On voit le même phénomène dans le français "la toute-puissance". Quant à l᾽"ὑφέν", il désigne en réalité un signe de ponctuation qui marque l᾽unité du syntagme. Voir Diomède GL 1, 434, 36 : "hyphen cuius forma est uirgula sursum sensim curuata subiacens uersui et inflexa ad superiorem partem. hac nota subterposita utriusque uerbi proximas litteras in una pronuntiatione colligimus" (l᾽hyphen dont la forme est une virgule se relevant doucement vers le haut, placée sous le vers et concave. En mettant ce signe en dessous de deux mots, nous lions dans la prononciation les deux lettres conjointes).
311. Donat veut ici remettre à l᾽acteur le soin de faire entendre pleinement l᾽insistance que l᾽énoncé particulièrement raccourci pourrait masquer. On voit ici que Donat tranche clairement en faveur de l᾽"hyphen" qui fait lire "semper-lenitas". Voir 175, 5.
312. Donat remarque que Simon se glisse parfaitement dans l᾽énoncé monologal de Dave en respectant la situation de l᾽énonciation, ce qui fait qu᾽il parle de lui à la troisième personne. C᾽est probablement un ressort comique.
313. Donat indique ici qu᾽il y a deux manières, à vrai dire équivalentes, d᾽expliquer "id". Soit on considère qu᾽il s᾽agit d᾽un accusatif de relation (le COD de "uoluit" étant pour lui clairement la complétive qui suit) et l᾽on comprend "en cela il a voulu...", soit il faut suppléer la préposition "ob" et on comprend "pour cette raison il a voulu...". Au fond cela ne change pas grand chose, mais cela reprend clairement l᾽opposition chez les grammairiens entre "absolute" et "praepositiue".
314. Voir 175, 2-3. Dans cette troisième hypothèse "id" est bien le COD de "uoluit", et annonce la complétive qui suit. On comprend avec une gestuelle appropriée qu᾽il est cataphorique et le sens est : voilà ce qu᾽il a voulu, que nous soyons etc...".
315. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin.
316. Cf. Quint., 11, 3, 3 : "Nam cum haec omnia fecerimus, felices tamen si nostrum illum ignem iudex conceperit, nedum eum supini securique moueamus ac non et ipse nostra oscitatione soluatur" (De fait, une fois tout cela fait, nous serons cependant heureux si le juge éprouve ce feu qui est en nous ; a fortiori il ne pourrait se faire que nous puissions l᾽émouvoir, en restant en dedans et inertes, au contraire il serait lui-même plongé dans notre torpeur).
317. Ce qui étonne Donat c᾽est la double construction avec le gérondif, puis "ad" et l᾽adjectif verbal. Il ne voit pas immédiatement pourquoi on construit "cogitare ad", alors que le verbe est transitif ou qu᾽on dit "cogitare de" + abl. Le tour, quoique fort rare, est toutefois cicéronien puisqu᾽on lit en Att. 9, 6,
7 "ad haec igitur cogita, mi Attice" (penses-y, mon cher Atticus).
318. Le rapport entre le commentaire et l᾽illustration tirée de Lucilius se comprend par analogie. "Carnifex" a un sens actif ("qui torture") et un sens passif ("gibier de potence", "qui mérite la torture"). Le mot est analysé pour ce qu᾽il est, à savoir un composé de "caro" et de "facio", mais avec une neutralité de diathèse susceptible de le faire interpréter au passif ("caro fiat", explication passive de "carnifex"). Pour "carcer", c᾽est un argument de même type, qui active non plus l᾽opposition actif / passif mais l᾽opposition contenant / contenu : le terme signifie "prison" mais aussi "prisonnier" et les deux occurrences de la citation de Lucilius activent ces deux sens alternativement.
319. Donat joue sur le sens propre et le sens figuré du verbe "prouideo", qui est un composé de "uideo" (voir). Il dit ainsi que "pré-voir" c᾽est "voir par avance", ou "prévoir". En réalité le premier sens a pratiquement disparu.
320. Donat remarque ici, une fois n᾽est pas coutume, un phénomène métrique. En effet le premier pied de cet octonaire iambique n᾽est scandable que sous la forme "Dau(e) hem quid", dactyle, ce qui suppose de ne pas allonger par position "hem". Le fait qu᾽il s᾽agisse d᾽un dactyle, pied très familier aux élèves, invite sans doute le commentateur à rompre son habituel silence sur les questions de métrique et de prosodie. Sur lédition de ce texte, voir la note apposée au texte latin.
321. Donat rejoint ici l᾽enseignement grammatical en l᾽adaptant à des considérations de mise en scène. Voir Agroecius 101,
7 (Pugliarello 1978) : "eho est interiectio iubentis uel hortantis".
322. "Ehodum" a le même sens que "eho", ce qui conduit Donat à considérer que la particule "dum" ne sert à rien. Voir 29,
1 et 3.
323. Virgile, Aen. 4, 379 : au moment du départ d’Enée, Didon se plaint de son ingratitude. Les dieux ont peut-être décidé qu’il irait en Italie, mais elle promet de se venger... Or on sait que c᾽est la rumeur qui perd la reine, comme ici, c᾽est la rumeur qui peut perdre l᾽honneur de Simon. Sans doute Donat, comme à son habitude, s᾽amuse-t-il avec le contexte.
324. Donat imagine ici une mise en scène possible qui rende compte du sens particulier de "hoc agere" dans ce contexte.
325. Donat comprend "ante hac" comme "ante" suivi de l᾽ablatif ce qui n᾽est pas possible, il corrige donc en "ante haec" ("ante" suivi de l᾽accusatif neutre pluriel) et met la "faute" sur le compte de l᾽usage.
326. Simon passe donc sur les agissements récents de son fils pour se concentrer sur son propre projet de mariage.
327. Donat veut clairement que l᾽on comprenne que le sujet de "tulit" est "tempus". On pourrait en revanche tout aussi bien comprendre "eum" et non "se" et comprendre "tant que l᾽âge le (Pamphile) portait à la chose".
328. Nouvelle affirmation que "tempus" n᾽est pas le complément de "tulit" qui n᾽a pas de COD exprimé, ce qui le rend "absolu" selon les grammairiens.
329. En effet, Donat ne veut pas que l᾽on comprenne de façon erronée "siui animum" mais bien "siui, animum ut etc.", avec une prolepse de "animum".
330. Il s᾽agit d᾽une remarque de syntaxe, portant sur la construction du verbe "sino ut", sans doute devenu rare à l᾽époque de Donat. Quant au verbe "cesso" au sens de "concéder", "permettre", il appartient exclusivement à la langue tardive.
331. Donat précise que la construction non archaïque du verbe "sinere" est la proposition infinitive.
332. Le rapport avec la citation virgilienne est lexicologique : ce qui est vrai pour l᾽adjectif "alius" l᾽est pour l᾽adverbe "aliter" de l᾽illustration virgilienne. Cette famille de mots aiguille habituellement vers le sème ᾽autre᾽ mais, contextuellement, et notamment s᾽il s᾽agit de morale, vers celui de ᾽contraire᾽.
333. Donat revient à plusieurs reprises sur l᾽emploi du "nomen" dans les apostrophes. Voir par exemple Pho. 1048,
2 avec renvoi à Ad. 891-892.
334. Vu la forme du lemme, il est délicat de dire sur quel segment, Donat fait porter l᾽épanorthose. Soit il s᾽agit d᾽une rectification de personne, en passant de "postulat" à "postulo" introduisant l᾽autorité paternelle, soit il s᾽agit d᾽une rectification sémantique par amplification en passant de "postulo" à "oro". La présence de l᾽apostrophe à l᾽esclave rend la seconde hypothèse plus probable.
335. Le caractère proverbial de cet emploi métaphorique de "uia" semble attesté par Plaute, Asin. 54, et trouver quoi qu᾽en dise Otto (1962) un écho chez Macaire 4,
74 avec l᾽expression ἴθι ὀρθός (marche droit).
336. Cette réplique (Heaut. 211) se situe dans une scène entre le père et son fils. Le père lui dit de faire sur autrui des expériences dont il puisse profiter, donc de ne pas reproduire les mêmes erreurs que son ami Clitiphon. Le fils a une maîtresse comme son ami, donc il fait semblant d’adhérer à cette maxime de bon sens.
337. Il semble qu᾽il y ait là un usage térentien, voir
559 et Héaut. 100. La differentia de Donat se trouve exactement dans l᾽anonyme "De differentiis" qui note "Aegrum et aegrotum. aeger animo, aegrotus corpore". "Aeger animus" ou "aeger animi" est une expression très fréquente notamment chez Tite-Live. Dans son commentaire de
L᾽Enéide, Servius note de même (1, 208, 5) : "aeger: ᾽aeger᾽ est et tristis et male valens, aegrotus autem sive aegrotans tantummodo male valens". il s᾽agit d᾽un esprit accablé de "curisque ingentibus" (soucis immenses).
338. Sur ce commentaire voir, 184, 1-2. Notons que cette analyse n᾽infirme pas notre lecture de 184, 1, comme une remarque de métrique et non de dramaturgie.
339. Sur l᾽établissement du texte, voir la note apposée au texte latin. Le commentaire reste cependant un peu obscur. Ce que Donat veut dire, c᾽est qu᾽il existe deux manières de provoquer la colère d᾽un adversaire. La première est totalement indépendante de notre action et provient uniquement de l᾽enchaînement inévitable des circonstances (par exemple, nous avons commis un acte délictueux à l᾽endroit de cette personne et elle nous en veut). La seconde consiste à provoquer la colère en asticotant l᾽adversaire par plaisir et donc volontairement. Dave ici recourt manifestement à la seconde manière pour faire enrager Simon. Donat reprend ainsi le thème de la "contumelia" de la scholie 1.
340. La remarque est évidemment morphologique. Ce nom propre fait partie de ces mots d᾽emprunt qui peuvent suivre plusieurs modèles flexionnels : une déclinaison entièrement grecque ("nomina tota Graeca" disent les grammairiens), ce qui n᾽est pas le cas ici, puisque le génitif authentiquement grec devrait être non "Oedipodis" mais "Oedipodos" ; entièrement latine ("tota Latina"), comme par exemple "Vlixes" en remplacement de "Odysseus" pour le nom d᾽Ulysse ; mixte, avec passage d᾽un type à l᾽autre.
341. Remarque lexicologique de type analogique. "Sanus" et "ualidus" sont tous deux des adjectifs synonymes du registre de la santé et qui signifient tout deux "sain, en bonne santé, en bonne forme", "Validus" s᾽oriente vers la notion de force et signifie "fort", "costaud". Son adverbe, du coup (surtout sous la forme syncopée "ualde"), a une vbaleur intensive, comparable à celle de l᾽adverbe "fort" en français. Analogiquement, "sane", l᾽adverbe de "sanus", se fait donc le synonyme de "ual(i)de" dans ses emplois intensifs.
342. C᾽est en réalité probablement une remarque de ponctuation dans la diction, Donat demandant que l᾽on prononce "si / sensero / hodie / qvicqvam"... avec une mimique de circonstance probablement.
343. Cette parole émane d᾽Enée, s᾽adressant à ses compagnons, la dernière nuit de Troie, ce qui va expliquer l᾽étrange commentaire de la seconde main. La situation est donc comparable dans le fait qu᾽il s᾽agit d᾽une menace, mais elle diffère assez nettement dans le fait que la menace virgilienne demeure indirecte puisque les Grecs ne sont pas visibles, alors que celle de Simon est on ne peut plus directe.
344. Ici l᾽annotateur que Wessner considère comme une seconde main trouve amusant de préciser que l᾽adverbe "hodie", qui inclut "dies", peut impliquer la durée nocturne ("jour" au sens de durée de 24h, d᾽un lever du soleil au prochain lever du soleil) et non pas la seule durée diurne. Mais, si l᾽on peut à la rigueur voir ce sens dans le vers virgilien, on ne voit guère pourquoi il en irait de même dans la réplique de Simon. Le mariage n᾽est pas censé avoir lieu la nuit et toute l᾽action (selon un précepte dramaturgique encore implicite chez Donat) doit se dérouler dans la même journée.
345. Remarque de morpho-syntaxe. Sans le dire, Donat signale la tmèse de la conjonction "quominus" et précise qu᾽il y a une ellipse sous laquelle il faut sous-entendre un verbe d᾽empêchement pour que ladite conjonction soit correctement utilisée.
346. En semblant dupliquer l᾽information qui est dans le pronom de seconde paersonne par l᾽ajout du nom propre "Daue", Simon adresse véritablement sa menace. L᾽acte de langage ainsi proféré, en bonne et due forme, devrait immanquablement produire l᾽effet escompté sur le destinataire nommément désigné, dans une sorte de pensée magique.
347. La "differentia" est assez obscure, mais elle ne se comprend que si l᾽on accepte le fait que "dare" pour Donat est un acte simplement humain, alors que "dedere" introduit les dieux et donc un possible sacrilège.
348. "Dare in pistrinum" signifie "envoyer à la meule" (cf. v. 214), d’où le sens donné à ici à "dare" seul.
349. Etymologie populaire de "omen" par le nom de la bouche "os". Cf. Varron, LL, 6, 76.
350. Un acte juridique romain était souvent accompagné d᾽une acte religieux pour le sanctionner. Ce que Donat ne fait pas remarquer ici, c᾽est qu᾽il y a du romain dans cette réplique censément prononcée par un Athénien.
351. On ne sait trop par rapport à quoi "etiam" ("encore" ou "même") fait redondance. Est-ce par rapport à "nondum", qui signifie "ne pas encore", ou par rapport à "ne... quidem", qui signifie "ne pas même" ?
352. Donat traduit purement et simplement en grec le mot latin et, faute d᾽ablatif, le met au datif.
353. Le mot "usor" n᾽est apparemment pas attesté ailleurs, à supposer même qu᾽il le soit ici. Certains éditeurs de Térence (dont Marouzeau) ont retenu ce texte au détriment de "usus es" en signalant qu᾽en langue archaïque un nom d᾽agent peut avoir la même construction que le verbe dont il dérive, soit ici l᾽ablatif.
354. Le rapport formel entre le passage de Cicéron et le lemme n’est pas clair. Peut-être est-ce le rapprochement entre "in hoc homine" et "in hac re". Ce qui est certain, c᾽est que Donat s᾽amuse du contexte, où Cicéron ironisait sur l᾽opportunité de poursuivre Verrès dont certains disaient qu᾽il était innocent. Ici, le fils est coupable de toute évidence, et Simon, tels les défenseurs de Verrès, refuse de se rendre à l᾽évidence.
355. "Bona uerba, quaeso" est l’équivalent du grec "εὐφήμει" qui signifie "prononce des paroles de bon augure", d’où "garde un silence religieux, silence !". L’emploi de "ἄν" avec un parfait n’est pas classique : il s’agit d’une correction comme l᾽indique l’apparat critique de Wessner. L’emploi de "ἄν" avec le parfait, qui finit par avoir le sens d’un aoriste, est probablement postérieur à Ménandre, il pourrait s’agir d’un irréel du passé ou du présent. Ce fragment de Ménandre n’est pas connu autrement que par Donat, d’après l’édition Teubner des fragments de cet auteur : deux autres corrections ont été apportées au texte et elles sont jugées insatisfaisantes. Il semble qu’il vaudrait mieux enlever ce "ἄν". Cf. Menander, reliquiae, éd. Koerte, Teubner, 1959, vol. 2, p. 26 : "Meineke e lemmate quinto conclusit Menandri uerba esse οὐδέν με λανθάνοις ἄν, sed νῦν δ’οὐ λέληθάς με ἄν e lemmate quarto satis certo restituitur" et Saekel l. c. p.
3 "scite obseruauit lemmatibus quarto et sexto potius figuram ἑλληνισμοῦ exemplo illustrari quam Menandri uerba referri. At quid litteris NaM codicis A faciam nescio, με ἄν tentauit Lindenbr., quod ferri non potest, μέν ἐσμεν Dziatko, cui recte Saekel oblocutus est, ipse proponit < ἐσ >μεν πάνυ sed πάνυ ad sententiam non quadrat". Cependant, s’il faut garder "ἄν", nous pouvons traduire cette phrase comme un irréel du présent plutôt qu’un irréel du passé à cause de "νῦν". Nous remercions Pascal Luccioni pour ces remarques sur le texte de Ménandre ou supposé tel.
356. Ce qui est l᾽équivalent de "oui", c᾽est l᾽ensemble "nihil me fallis", comme le montre le renvoi au grec, puisqu᾽il y a deux négations, une formelle "nihil" et une sémantique "fallis", ce qui aboutit à un énoncé affirmatif par litote ("la chose ne m᾽échappe pas", autrement dit "je vois clair dans ton jeu"), donc "tu te moques bel et bien de moi".
357. Tout se passe ici comme si les deux négations "neque" et "non" fonctionnaient comme l᾽adverbe "necnon" affirmatif ("assurément") et il ne reste donc que "haud " pour donner à la principale une valeur négative.Sur ces tours à trois négations très complexes, voir Touratier (1994, 475).
358. Remarque d᾽ecdotique. Donat ne veut pas qu᾽on lise ici "neque hoc dicas". Marouzeau, bien qu᾽il lise comme Donat, traduit comme s᾽il avait "neque hoc dicas", signe de l᾽embarras que provoque cette triple négation.
359. L᾽idée qu᾽il faut qu᾽un personnage jouisse d᾽une recommandation auprès du public quand il entre sur la scène est récurrente chez Donat. On la trouve dès le prologue de
L᾽Andrienne, 1,
1 pour une "commendatio personae" de l᾽auteur par le Prologus.
360. Il s᾽agit d᾽un emprunt probablement contextualisé. Dans
Les Verrines, il s᾽agit de la colère des convives amenés par Verrès à un banquet, quand ils s᾽apercoivent que le maître de maison n᾽y a pas invité sa fille, conformément à la coutume grecque. Or l᾽affaire va dégénérer par le viol de la jeune femme. Ici le contexte est moins tragique évidemment, mais ce rapprochement rend un son étrange, quant à la moralité de l᾽esclave.
361. Donat se souvient sans nul doute du sens premier de "pessum", "au fond" qu᾽il trouve encore chez Plaute ou Lucrèce, avant que la métaphore ne soit lexicalisée au sens de "à sa perte".
362. La précision est effectivement d᾽importance, car un lecteur inattentif pourrait supposer qu᾽il s᾽agit ici de Simon que l᾽on vient de voir en scène. Sur la désignation du "fils du maître" en latin et dans les originaux grecs, voir Pho. 39, 1.
363. Donat réfléchit ici sur l᾽ordre des propositions dans l᾽interrogation double. Selon lui, la place que l᾽on réserve à chaque proposition indique par avance l᾽option préférentielle. Ce qui précède "an" paraît ici ce qui est choisi. Notons toutefois qu᾽il n᾽applique pas toujours lui-même cette règle dans son commentaire, puisqu᾽il met parfois après "an" ce qu᾽il considère comme la bonne solution d᾽une "quaestio". Peut-être Donat veut-il aussi souligner qu᾽il faut accentuer dans la diction "adiutem".
364. Notons que c᾽est Syrus ici qui se parle à lui-même, comme Dave.
365. Cette réplique apparaît deux fois à l’identique chez Térence (And.
473 et Ad. 487) à chaque fois dans un contexte d᾽accouchement. Donat commente longuement cette expression en And. 473.
366. Etymologie. Donat remarque sans surprise dans "opitulor", la racine de "ops" et la racine de "tollo" (qui fait au parfait "sus-tuli"), en rappelant le supplétisme de ce radical avec celui de "fero", dans la formation "opem ferre", qui donne au parfait "opem tulisse". Signalons une fois de plus l᾽à peu près de la formulation, puisque pour expliquer "opitulor" il passe par "opitulatio", à qui il donne un étymon verbal "tollendo", "ferendo". "Opitulatio" est sans doute exclusivement tardif. La seule attestation non chrétienne est chez Ulpien (mort en 228) et le mot ne semble pas avoir été utilisé avant l᾽époque de Cyprien et Ulpien.
367. Donat propose donc une double construction de "timeo", une fois avec un datif "uitae" ("je crains pour sa vie", et une fois avec un COD ("je crains les menaces"). Il est autorisé à le faire par And. 419, où on rencontre de même une double construction datif + interrogative indirecte. Donat n᾽en dit peut-être rien, mais le texte à cet endroit est corrompu.
368. Donat commente ainsi l᾽expression "uerba dare" en Eun. 24.
369. Le fait qu᾽il s᾽agisse d᾽une anastrophe explique l᾽hyphen, puisqu᾽il faut indiquer que cela doit se prononcer comme un seul mot. Le problème est que "iamprimum" en hyphen n᾽existe pas. Il faut donc en conclure que Donat fait en réalité sans doute une remarque de ponctuation. il faut lire "primum iam de amore etc." et non "difficile est primum. Iam etc.". On comprend alors parfaitement l᾽anastrophe, car il faut comprendre "iam primum de hoc amore etc.".
370. Donat voit ici à "hic" un sens péjoratif, comme en Pho.
425 A.
371. Ici, il ne faut pas comprendre "prouerbiale" au sens du mot moderne "proverbe", mais considérer que Donat désigne ainsi un énoncé stéréotypé, une sorte d᾽expression toute faite, du type "bon gré mal gré", ou "bonnet blanc, blanc bonnet". Les autres exemples donnés sont du même type en plus condensé. A chaque fois on voit deux antonymes en asyndète et dans le même ordre, positif puis négatif.
372. "Il" désigne évidemment Simon.
373. Notons que cette scholie ressemble (trop ?) étrangement à 211, 4.
374. Donat s᾽attache à expliquer une expression toute faite en lui rendant un sens qui confine à l᾽interprétation. Il en va comme si l᾽on essayait d᾽expliquer "va" dans "comment ça va". L᾽explication en soi n᾽est pas impossible, mais la formule s᾽est tellement éloigné de son sens premier en se lexicalisant que la tentative est assez vaine.
375. Donat indique sans doute que le mot "audacia" doit être pris ici non dans son sens positif dérivé ("l᾽audace des courageux"), mais dans son sens péjoratif étymologique ("qui ose tout pour satisfaire son désir"), car le mot est de la famille d᾽"auidus" (cupide). On comprend alors l᾽allusion aux courtisanes de
L᾽Eunuque.
376. Comme exemple de paronomase, Donat aurait pu mieux faire. On se souvient de "nomen omen", qui est un exemple presque parfait. En réalité, ce qui a appelé cette citation est la présence immédiatement avant notre passage de l᾽adjectif "amens", l᾽Arpinate écrivant : "Verum hominem amentem hoc fugit : minus clarum putavit fore quod de armario quam quod de sacrario esset ablatum". Dans sa grammaire, Donat cite ce vers de Térence comme exemple de "paronomasia" (
Ars Maior, 665,
12 Holtz).
377. La distinction repose sur l᾽étymologie de "paronomasia" qui comprend "onoma" (le nom), elle est assez constante dans la tradition grammaticale.
378. Donat renvoie ici au genre neutre du pronom relatif "quicquid", qu᾽il interprète dans la logique du petit monde de la comédie. Dans cette Athènes de convention, où il ne naît d᾽ailleurs presque que des garçons, les filles courent le risque d᾽être exposées. En revanche s᾽il naît un garçon même illégitime, l᾽intrigue de
L᾽Hécyre montre bien qu᾽il faut avoir un cœur de pierre pour refuser de le reconnaître comme le fait le mari de l᾽accouchée poussé par la belle-mère.
379. Ce commentaire s᾽explique par le lemme 221, 1. Ce que l᾽esclave dit sur le mode de l᾽indignation devant d᾽énormes mensonges est en réalité l᾽exacte vérité, on l᾽apprendra à la fin. Donat s᾽amuse évidemment du jeu térentien sur les conventions théâtrales.
380. Ce qui rend invraisemblable cette "fallacia" est l᾽ajout de "quandam" à côté de "fallaciam", mais peut-être le commentateur pense-t-il aussi à la "mimesis" de l᾽esclave qui se récite tous les mensonges que l᾽on va inventer pour sauver la jeune fille et qui, comme nous l᾽apprendrons, ne sont que l᾽exacte vérité. C᾽est donc de l᾽invraisemblable vrai. Le fait que tout se termine sur "fabulae" introduit évidemment un jeu métathéâtral sur le caractère invraisemblable des intrigues de comédie.
381. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin. Donat semble citer un mot remarquable de Ménandre, car le terme "ψεύδατθις" n᾽est pas autrement attesté. Il est toutefois restituable par le rendu qu᾽en fait Térence avec "fallaciam ciuem atticam", Térence n᾽étant pas, comme les Grecs, gêné à l᾽idée de dire qu᾽une femme est "citoyenne". Rappelons qu᾽à Athènes une femme n᾽est citoyenne qu᾽indirectement, parce qu᾽elle est "fille de citoyen", puis "femme de citoyen". Le féminin "πολῖτις" est rare et désigne en réalité "celle qui habite dans la cité", sans aucune implication politique.
382. Donat veut dire qu᾽au lieu de raconter, Dave fait parler les personnages, et invente une petite mise en scène dans laquelle il imagine ce qu᾽ils vont dire. Ce procédé est très térentien et Donat s᾽y intéresse régulièrement.
383. Donat signale qu᾽à son époque on dit "obit" (comme on dit en français "il a passé") sans plus préciser où ni quoi. Le passage de Virgile donne la même expression (littéralement "il a trouvé la mort") au passif ("la mort ayant été trouvée").
384. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin. On découvrira au vers
928 qui est Phania.
385. "Ou que les siens ne puissent la reconnaître", on peut hésiter entre les deux traductions.
386. Comprendre qu᾽ici "atque" équivaut à "attamen" (et pourtant).
387. L᾽air de rien, le grammairien souligne implicitement le rapport morphologique entre le mot "commentum" de Térence et le verbe "comminiscuntur" qu᾽il utilise dans sa reformulation. Il ne s᾽agit donc pas d᾽une simple tautologie mais bel et bien d᾽une remarque étymologique.
388. Donat dit "alterius scaenae", comme s᾽il s᾽agissait de dire "la scène 2". Or c᾽est la scène
4 qui se prépare avec l᾽entrée de Mysis, peut-être
3 pour Donat, car les manuscrits ne sont pas unanimes à voir un interscène au vers 205. Du coup, Donat ce qu᾽annonce ici Donat, c᾽est bien la préparation d᾽une "autre" scène, avec un emploi forcé de l᾽indéfini "alter".
389. Lesbia est la sage-femme de la pièce. Les sages-femmes, comme les nourrices, sont réputées très portées sur la boisson.
390. Ce commentaire repose sur une série de jeux de mots que le commentateur n᾽explique pas toujours : "Mysis" et "Syrus" (nom d᾽esclaves récurrents en comédie) peuvent se traduire par "Mysienne" et "Syrien" (on pense aux valets de comédie nommés Basque ou Bourguignon dans le théâtre classique), "Pseudulus" ou "Pseudolus" (personnage éponyme de Plaute) pourrait se traduire par "Lefourbe", "Chrysalus" (personnage des
Bacchides de Plaute) peut faire penser à "Lorfèvre" (et son rôle dans la pièce est de faire de l᾽or pour les jeunes gens aux dépens des pères), "Thylacus" (inconnu par ailleurs) se rendrait pas "Labourse" (ce qui implique que la particularité physique qui le désigne s᾽obtient sur scène par des rembourrages bien placés...), et "Pinacium" (nom de jeune esclave dans le
Stichus de Plaute) est en relation avec la planche de bois qui sert de support à un portrait, donc "Laplanche" ou peut-être "Bellimage". Cette remarque sur le sens des noms propres comiques trouve un écho chez Evanthius (6, 4) sur la manière d᾽intituler les pièces.
391. Autrement dit, l᾽art de Térence joint l᾽utile pour l᾽intrigue à l᾽agréable pour le spectacle. La courte scène qu᾽on a là n᾽est donc pas seulement un petit divertissement : elle prépare aussi des ressorts futurs de l᾽intrigue.
392. Est donc en question la portée de l᾽adverbe de temps, que seule la ponctuation peut régler.
393. Même type de raisonnement analogique que plus haut en 195. Voir notre note à ce propos.
394. La raison de cette scholie ne saute pas aux yeux. De fait, la syllabe "te-" est longue (autant que dans "temetum" et "abstemius" proposés dans l᾽analyse lexicologique de la scholie suivante). Mais on ne voit pas l᾽intérêt de le faire remarquer. Est-ce pour différencier cet adjectif du "temeraria" qui clôture le vers, dans lequel la syllabe initiale est brève ?
395. Etymologie populaire dans laquelle, d᾽ailleurs, Donat ne se préoccupe plus du fait que la syllabe initiale de "temetum" est longue, au contraire de celle de "temptet".
396. Les deux qualificatifs, qui forment une légère paronomase (ce qui justifie peut-être la differentia phonétique de la scholie 229, 2), s᾽opposent donc sur le critère du structurel et du conjoncturel.
397. Mysis dit donc deux choses en une, avec une progression : Lesbia ne devrait pas (dans l᾽état où elle se met) présider à un accouchement, a fortiori pour une primipare. De la même façon, les deux citations virgiliennes donnent une double indication avec amplification. La première (Aen. 3. 42) émane du fantôme de Polydore, depuis le fond de son tombeau sauvage. Polydore dit à Enée qu᾽il est Troyen, d᾽une part, et qu᾽il lui est apparenté ; voir le commentaire de Servius ad loc. : "ordo est ᾽Troia me tibi tulit, id est educauit, non externum᾽ ; nam et ciuis Aeneae fuerat et cognatus", (l᾽ordre est "Troia me tibi tulit, id est educauit, non externum", Troie m᾽a porté, c᾽est-à-dire élevé, et je ne suis pas un étranger pour toi) ; car il avait été à la fois concitoyen d᾽Enée et son parent). La seconde (Aen. 9. 448) dit que Rome est protégée par la présence de la famille d᾽Enée (donc d᾽Auguste) sur le Capitole mais aussi, avec "immobile", que cette présence est immuable, éternelle. On voit donc que l᾽hendiadys, tel qu᾽il est illustré ici, doit receler dans le même segment deux renseignements dont l᾽un implique l᾽autre ; chez Virgile, c᾽est le second argument qui implique le premier : si Polydore est de la famille d᾽Enée, il est Troyen ; si Rome est protégée éternellement, elle l᾽est sous le règne d᾽Auguste ; chez Térence en revanche, c᾽est le premier qui implique le second: si Lesbia est incapable de faire accoucher une femme déjà mère, elle est d᾽autant plus incapable de faire accoucher une primipare.
398. Cette définition d᾽"importunitas" est négative, comme s᾽il s᾽agissait surtout d᾽en faire l᾽antonyme d᾽"opportunitas". Est donc considéré comme inoppportun quelque chose ou quelqu᾽un qui arrive au mauvais moment ("temporis") ou au mauvais endroit ("loci"). D᾽ordinaire, on lie la famille de l᾽adjectif "opportunus" au temps, mais Donat signale qu᾽il y a aussi une "importunitas" de lieu. Cela tient peut-être au fait qu᾽étymologiquement les Latins reconnaissent dans la formation du mot le nom de lieu "portus". De fait, les tours comme "opportuna locorum" (les avantages du lieu : Tac. Ann. 4, 24) se comprenennt parfaitement, dès lors qu᾽"opportunus" est un para-synonyme de "commodus", comme le montre Donat qui utilise dans sa définition le terme "commoditas".
399. Si une mimique peut suppléer l᾽énoncé elliptique, c᾽est que Donat envisage la représentation comme devant être faite sans recours au masque comique. Mais on se demande quel jeu de physionomie pourrait rendre explicite l᾽ellispe supposée. En fait, le grammairien suppose une ellipse parce qu᾽il ne voit pas de rapport logique entre l᾽énoncé "importunitatem spectate aniculae" et la proposition causale. Il suppose donc qu᾽il s᾽agit de deux phrases différentes, dont la seconde est dépourvue de principale, d᾽où l᾽ellipse. En fait c᾽est plutôt accolée au vers
231 qu᾽il faudrait supposer une ellipse : "voyez comme cette petite vieille est pénible <à réclamer Lesbia> au motif qu᾽elle est sa compagne d᾽ivresse".
400. Mysis fait une prière en deux volets : elle souhaite pour sa maîtresse une délivrance facile, pour laquelle donc Lesbia et Archylis pourraient s᾽en tirer sans dommage, soit, au moins, que ce ne soit pas aujourd᾽hui que les deux accoucheuses fassent preuve de leur incompétence. "In aliis" peut donc renvoyer ce désastre annoncé "sur d᾽autres femmes" ou (ce qui revient au même, au fond) "à d᾽autres circonstances".
401. Donat fait une differentia entre "exanimatus" et "exanimus" en considérant que le participe "exanimatus" implique seulement l᾽idée de "souffle" (qui a perdu le souffle, essoufflé, éperdu) alors que "exanimus" implique l᾽idée d᾽"âme, vie" (qui a perdu la vie, à qui on a retiré l᾽âme). A vrai dire, les faits sont moins nets et si "exanimatus" signifie parfois "essoufflé" il signifie aussi "mort" ou au moins "inanimé".
402. Sur l᾽édition de ce texte, voir la note apposée au texte latin. Il y a en réalité quatre explications de cette construction. 1-La première consiste à prendre "quid" comme équivalent de "ob quid", avec ellipse d᾽une préposition (234, 2) et donc d᾽en faire un pronom interrogatif. 2- "Quid" est encore un pronom interrogatif, mais ce qui manque n᾽est plus une préposition, mais un déterminant nominal ici représenté par "negotii" (quoi en fait d᾽affaire ?) (234, 3). Ces deux premières solutions sont proches car elles supposent l᾽une et l᾽autre un emploi pronominal de "quid" avec ellipse. 3-"Quid" est un adverbe interrogatif équivalant à "quare" (pourquoi) et il n᾽y a donc pas d᾽ellipse (234, 4). 4-"Quid" est un pronom indéfini et non plus interrogatif, et ce qui manque est la conjonction de subordination "ne" introduisant une complétive derrière un verbe de "crainte", ici "uereor", d᾽où "j᾽ai peur qu᾽il n᾽y ait quelque chose".
403. Donat assimile ici le débat qui agite Pamphile à l᾽exercice oratoire de la "deliberatio" dans laquelle l᾽élève se voit proposer une alternative dans laquelle il doit présenter la solution la plus satisfaisante. Ici l᾽alternative est entre le respect dû au père et celui dû aux engagements pris envers la jeune fille.
404. Il ne faut pas comprendre que Mysis se livre à l᾽exercice de la suasoire, mais que, dans la delibération du jeune homme, elle sert de faire-valoir à la décision finale en présentant les arguments nécessaires à l᾽orateur. Notons ici l᾽emploi du masculin "suasor" pour un personnage féminin, qui a choqué le copiste de V au point de lui faire corriger le texte en "persuasorie". Il faut reconnaître que le mor "suastrix", qui devrait être le féminin de "suasor", ne semble pas exister.
405. Donat vise ici la gradation "factum, inceptum, officium" qu᾽il analyse comme une succession de termes apparemment de moins en moins forts (l᾽acte, la tentative, le devoir abstrait), mais qui précisément placés dans cet ordre accroissent l᾽accusation : non seulement il l᾽a fait, mais il l᾽a prémédité, et, en plus, c᾽est contraire à son devoir de père.
406. Ce texte est en effet celui choisi par les éditeurs modernes de Donat (Marouzeau, Kauer-Lindsay). Le texte de Donat n᾽est attesté que par lui. D᾽où le tient-il, mystère.
407. Voir le commentaire à Ad. 69.
408. Donat vise ici le tour "quid est si... non" ("c᾽est quoi si ce n᾽est pas..."), qui en latin comme en français est en réalité affirmatif ("c᾽est évidemment...").
409. Le démonstratif "hic" n᾽a pas vocation intrinsèque à marquer la colère, mais son caractère déictique, souligné ici par Donat, le met en l᾽espèce en situation de le faire ici, comme si Pamphile montrait avec indignation quelque chose du doigt. Nous sommes donc à la limite entre la scholie grammaticale et l᾽indication scénique.
410. Donat peut appuyer cette analyse sur la formule bien connue "decreuit senatus ut..." (Liv. 2, 37 ; 41, 28 ; entre bien d ᾽autres). Le verbe a donc un emploi juridique, que le commentateur souligne ici.
411. Suite du recours analogique à l᾽analyse juridique. On en vient à la lecture de l᾽acte d᾽accusation.
412. Sur l᾽établissement du texte de ce passage, voir la note apposée au texte latin.
413. Donat signale un trait de caractère ("de more", variante de "moraliter") de l᾽"adulescens". il s᾽agit donc d᾽une remarque de caractérologie, mais faut-il comprendre que "repetitum est" est en facteur commun, comme l᾽induit la structure parallèle en "de" + ablatif ? Dans ce cas, Donat anticipe sur son commentaire du pléonasme en notant une répétition formelle dans le premier cas, et une répétition par le biais du pléonasme dans le second. La caractérologie souligne évidemment ici le fait que Pamphile en bon jeune homme de comédie ne se préoccupe que de ses propres affaires.
414. Il s᾽agit sans doute d᾽une remarque de type juridique. Papinien (Dig. 8, 3, 34) indique clairement que ce qui est "communicatum" suppose que chaque co-propriétaire renonce à la pleine propriété et que l᾽exercice plénier de la propriété et des droits qui y sont attachés ne peut se faire qu᾽avec l᾽accord exprès de tous les co-propriétaires. Ici, il est clair que cela explique la formulation négative de Donat. S᾽il y a co-propriété c᾽est que la personne morale propriétaire est en réalité les deux, ici Pamphile et Simon, et que donc Simon ne peut se prévaloir d᾽avoir pris seul une décision qui engage aussi Pamphile.
415. Donat remarque l᾽abondance d᾽informations redondantes puisque l᾽antériorité est marquée 1-par le préverbe "prae" (pré-), 2-par l᾽adverbe "ante" (auparavant), 3-par le temps parfait du verbe "scisse" (avoir su). Littéralement "il avait pré-su avant", effectivement cela fait beaucoup, d᾽où le pléonasme.
416. Le juriste Paul est sur ce point formel (Dig. 23, 1, 13) : "Filio familias dissentiente sponsalia nomine eius fieri non possunt" (en cas de désaccord du fils de famille, il ne peut y avoir fiançailles en son nom). Pamphile peut donc s᾽appuyer sur ce point de droit pour s᾽opposer à Simon. Notons que, même si la référence de Paul appartient au droit romain, le droit athénien interdit le mariage d᾽un citoyen majeur sans son consentement, sauf cas très particuliers et d᾽ailleurs débattus.
417. Donat, en bon grammairien, signale que le mot "uerbum" ici ne signifie ni "verbe", ni même "mot", mais correspond à un énoncé plus complexe, ce que nous appellerions avec un vocabulaire aussi technique que le sien un "syntagme".
418. Donat veut distinguer ce "quid", qui n᾽est guère plus qu᾽une interjection, d᾽un "quid" qui serait un véritable pronom ou adverbe interrogatif. En réalité, le commentateur propose deux manières de ponctuer. Soit on lit "quid chremes ?" ("au fait et Chrémès !"), soit on lit "quid ? Chremes qui denegarat..." (et après ! Chrémès qui avait refusé...). Dans ce cas, comme le dit Donat le sens de "quid" est totalement affaibli, et ne dépend nullement de "chremes", simple transition vers un autre argument. Ce "quid ?" est évidemment extrêmement fréquent y compris dans la meilleure langue.
419. Donat relève évidemment une infraction aux codes de la comédie, où le jeune homme passe son temps à se lamenter parce que précisément on lui refuse de se marier. Ici, au contraire, c᾽est le fait qu᾽on l᾽y oblige qui tourmente Pamphile. Sur l᾽emploi de l᾽adverbe "noue", traditionnellement réservé à la lexicologie ou à la syntaxe, mais ici utilisé pour une situation dramatique, voir Eun.
198 et 325, 2.
420. La citation tend à justifier une circonstance essentielle à l᾽action dramatique, mais qui n᾽a pas été représentée. Pamphile, apprenons-nous par la réplique de Dave (177), est au courant du fait que Chrémès a refusé sa fille, ce qui évidemment l᾽arrangeait avant que le vieillard ne change d᾽avis.
421. La référence de l᾽anaphorique "id" semble être le contenu de l᾽infinitive dépendant de "denegarat", donc globalement la relative "qui denegarat...". C᾽est sans doute cela qui gêne le grammairien, d᾽autant que la citation que propose le grammairien comme équivalent de "id" pose un grave de négation. Si en effet "id" représente strictement le contenu de l᾽infinitive "se commissurum mihi", il lui manque la négation qui se trouve en réalité dans le verbe support "denegarat" (il avait dit que... ne... pas). Il faut comprendre donc, ce qui explique que la citation commence à "denegarat", que "commissurum mihi" représente "non commissurum mihi".
422. Sur ce texte et son interprétation, voir la note apposée au texte latin. Ce qui est compliqué c᾽est que le commentaire comprend une part d᾽implicite. Pamphile avait commencé par redouter qu᾽on le marie, puis était soulagé qu᾽on ne le marie plus, et voilà qu᾽on le marie à nouveau !
423. Voir le commentaire du vers 218, et la note qui s᾽y trouve.
424. Festus (193, 7) donne d᾽"obstinatus" une définition qui reprend la notion de "perseuerantia", mais non explicitement l᾽idée qu᾽il s᾽agit d᾽une obstination à faire le mal. Peut-être en revanche faut-il induire ce sens de sa citation de Caton : "Rumorem, famam flocci fecit <inter>cutibus stupris obstinatus, insignibus flagitiis" (il se moquait comme d᾽une guigne de la rumeur et de la réputation, obstiné qu᾽il était dans ses débauches secrètes et ses scandales énormes).
425. Il s᾽agit, comme le montre l᾽exemple de Virgile d᾽un emploi expressif du verbe "abstrahere".
426. En réalité, Donat commente toujours "abstrahat" car le verbe suppose une complète passivité de la jeune femme et donc une action strictement dirigée contre Pamphile, ce qui correspond pleinement à la caractérologie comique. Même dans une telle circonstance, Pamphile ne peut pas supposer que l᾽on s᾽intéresse à autre chose qu᾽à son sort à lui.
427. C᾽est-à-dire le fait d᾽être né pour subir de tels malheurs.
428. Glycère, nommée au vers 243.
429. Dans ce passage, il s᾽agit d᾽Andromaque, exilée, qui voit venir à elle Enée. Elle imagine alors qu᾽elle est déjà morte et s᾽étonne de ne pas voir aux enfers son époux Hector. Le passage, hautement pathétique, introduit pour ce passage de la comédie l᾽idée d᾽un style paratragique.
430. "In-" ayant ici son sens privatif. Autre étymologie chez Isidore (Orig. 10, 277) pour "uenustus : Venustus, pulcher, a uenis, id est sanguine" ("uenustus", beau, vient de "uena" (la veine) c᾽est-à-dire le sang). Voir pour un complément à cette explcation la note apposée au texte de Térence par Marouzeau (1967).
431. Donat fait une differentia entre les deux adjectifs négatifs, pour signaler non sans humour deux manières d᾽être malheureux en amour, la première n᾽étant pas exempte de sous-entendus érotiques. L᾽"invenustus" est celui que Vénus n᾽assiste pas au moment crucial parce que la partenaire ne répond pas aux attentes du jeune homme.
432. Le sens de cette citation ici ne saute pas aux yeux. En réalité, c᾽est le contexte virgilien qui permet de comprendre en quoi ce segment illustre ce que dit Donat. Il s᾽agit d᾽une exclamation de désespoir de Lycidas : "Heu ! Cadit in quemquam tantum scelus ? Heu ! Tua nobis paene simul tecum solacia rapta, Menalca ?" (Hélas un tel crime tomber sur quelqu᾽un ! Hélas, tes consolations nous sont enlevées en même temps que toi, Ménalque !). Il est probable que, derrière la similitude de situation, le grammairien Donat remarque aussi l᾽emploi du semi-négatif "quemquam" dans une exclamation.
433. Donat veut visiblement éviter que les élèves considèrent le tour "adeo... ut" comme ce qu᾽il est le plus souvent, un tour consécutif, nécessitant par là-même le subjonctif. or ici le verbe est à l᾽indicatif. En introduisant un système corrélatif comparatif "adeo...quam" qui n᾽est pas sans exemple (Liv. 30, 44,
6 et Quint. Decl. 250, 8, 2), mais qui est rare, Donat empêche la confusion.
434. Sur le rôle de l᾽exclamation comme marqueur de sentiments violents, voir par exemple Pho. 201, 3 ; Eun. 171,
1 et 2 ; 924.
435. Allusion à la valeur intensive du préverbe "ex-". Il ne faut pas comprendre "s᾽enfuir au dehors", ce qui explique sans doute la remarque du grammairien. Or en réalité le verbe a toujours ou presque le sens figuré qu᾽il a ici.
436. La question peut effectivement se poser, car Chrémès pourrait à juste titre se sentir offensé de l᾽attitude de Pamphile. Or la phrase nominale de Pamphile ne permet pas de savoir exactement de qui il parle. Voir la même ambiguïté en 249,1.
437. L᾽expression est difficilement identifiable comme un proverbe en l᾽état. Otto (1962) le cite avec le texte "facta" (voir note apposée au texte latin), mais ne signale aucune autre attestation. Tel quel l᾽énoncé a une certaine connotation juridique puisqu᾽on trouve une formule devenue ensuite célèbre chez les jurisconsultes ("iudicata transacta finitaue") dans le SC Orfitianum (
178 de notre ère) conservé par exemple par Ulpien (Dig. 38, 17). Chez Cicéron, Cat. 3, 15, 9, on lit "atque illud quod faciendum primum fuit, factum atque transactum est", ce qui peut à la fois être à l᾽origine de la variante térentienne "facta", du fait que le groupe "facta transacta" ait été compris comme un proverbe, alors qu᾽en fait il s᾽agit plutôt selon nous d᾽une formule judiciaire. D᾽ailleurs notons que "acta transacta" est bien meilleur comme proverbe que "facta transacta".
438. Evidemment l᾽injustice consiste à contraindre Pamphile à épouser une femme qu᾽il n᾽aime pas, mais ce que note Donat ici c᾽est que l᾽expression du jeune homme est à ce point centrée sur sa personne qu᾽il n᾽envisage le tort que dans la partie qui touche son amour-propre.
439. La classification de l᾽argument ici relève de la pure et simple prise en compte de la présence de "suspicor" dans la phrase.
440. Comme Donat le note ailleurs (Eun. 237, 1), le fait de construire un pronom neutre avec le génitif du nom porte une valeur expressive particulière. Il faut donc comprendre ici "quelque chose en fait de monstre", soit peut-être "une espèce de monstre". Notons que la référence à
L᾽Hécyre donnée ici par Donat (Hec. 643) provoque un commentaire de la formule, mais sans que le commentateur ne renvoie à ce vers de
L᾽Andrienne.
441. Donat remarque que "monstrum" qui est neutre, mais désigne le laideron que Pamphile redoute d᾽épouser, est repris ici par un féminin conforme au sexe de la fiancée. De même, dans l᾽exemple cité et pris à
L᾽Eunuque, "monstrum hominis" avec le même mot neutre est apposé à un sujet masculin comme le montre la forme "dicturus".
442. Donat admire la justesse du choix du verbe qui signifie au sens propre "pousser avec violence" quelque chose vers quelqu᾽un comme on dirait en français "on veut me faire avaler la pilule".
443. Commentaire assez obscur. Pamphile, parce qu᾽il est amoureux d᾽une autre que la fille de Chrémès, ne peut considérer la proposition de mariage de celui-ci que comme un moyen de satisfaire son intérêt en trouvant un parti acceptable pour le "monstre". Qu᾽il puisse, lui Pamphile, y gagner ne serait-ce qu᾽une dot ne l᾽effleure même pas.
444. Donat signale ici l᾽acception agressive de la préposition "ad" sans doute en en forçant un peu le sens. Notons que les deux exemples qu᾽il adjoint appartiennent à deux univers totalement différents. Ce que l᾽on pourrait prendre pour une protestation légitime qui serait illustrée par l᾽exemple noble de Virgile a déjà été annulé par la référence comique. De plus, Donat dans la citation plautinienne lit "ad me" là où on lit ordinairement "ad te". Dans la comédie de Plaute le sens est exactement le même qu᾽ici. Pseudolus se prépare à affronter un vieillard et se parle à lui-même en disant : "Itur ad te, Pseudole. orationem tibi para aduorsum senem".
445. Nous avons ici un phénomène semblable à la remarque faite plus haut au vers 240. On peut avoir le sentiment que Donat précise les acceptions non techniques de termes techniques usuels chez le grammairien ou le rhéteur.
446. Comprendre "que vais-je pouvoir dire qui soit à la mesure de la faute de mon père" dans un argument a fortiori.
447. Comprendre "que Simon ne voudrait pas qu᾽on lui fasse". C᾽est-à-dire contracter un mariage sur un coup de tête.
448. A mettre en rapport avec 238,
3 où Donat considère que la clé de l᾽opposition de Pamphile est qu᾽il n᾽a pas eu le temps d᾽y penser, mais a été mis devant le fait accompli.
449. Donat s᾽étonne ici de voir une forme attachée à l᾽obligation stricte, comme l᾽adjectif verbal en particulier dans les exemples qu᾽il donne, servir ici pour un mariage qui est un acte dans lequel au plus haut point intervient le consentement et non la contrainte. La citation virgilienne sert de nouveau pour un commentaire semblable en Eun. 97.
450. Un emploi intéressant de l᾽adjectif εὔπορος se trouve dans les
Progymnasmata de Libanios (7, 1, 16), où il est précisément question d᾽une violence faite à une femme. L᾽argument consiste à prétendre que l᾽on n᾽a pas été soumis à son désir, mais victime de la colère d᾽Eros auquel il est impossible de résister. Chez le rhéteur Anaximène (4, 116), on trouve une mention de l᾽"euporia" dans la défense, dans un contexte judiciaire où l᾽avocat, à défaut de pouvoir nier l᾽évidence, va tenter de trouver un raison plausible pour justifier la faute : ὅτε δὲ οἱ δικασταὶ καθεστήκασι τιμηταὶ τῆς ζημίας, ὁμοίως πάλιν οὐ φατέον, ὅτι ταῦτα οὐκ ἐποίησεν, ἀλλὰ μικρὰ βεβλαμμένον τὸν ἐναντίον καὶ ἀκούσια ἀποφαίνειν πειρατέον. ἐκ τούτων μὲν οὖν καὶ ἐκ τῶν τούτοις ὁμοιοτρόπων ἐν ταῖς κατηγορίαις καὶ ἐν ταῖς ἀπολογίαις εὐπορήσομεν• (quand les juges siègent pour évaluer l’amende, de même il ne faut pas dire à nouveau que l’accusé n’a pas fait cela, il faut s’efforcer de montrer clairement qu’on a à peine nui à la partie adverse et involontairement. Avec ces arguments et d’autres tout à fait semblables à ceux-ci, dans les accusations comme dans les défenses, nous aurons la partie facile).
451. Cette differentia rappelle celle d᾽Eun.
104 qui a sans nul doute influencé Isidore dans ses propres differentiae. Ici toutefois elle porte non sur "falsum" face à "fictum" et "uanum", mais sur l᾽adjectif "ineptum". Pour "falsum" le lien étymologique établi par le commentateur est évident : le "falsum" est fait pour "fallere" (tromper).
452. Il s᾽agit ici d᾽une objection que Pamphile se fait à lui-même en recourant au procédé du dialogisme qui le conduit à s᾽inventer un contradicteur.
453. Mot à mot, il faut comprendre "j᾽aurais fait quelque chose pour ne pas faire ce que j᾽ai fait", à savoir "me taire". Cela explique pourquoi Donat glose ensuite comme il le fait le verbe "facio" par "taceo" considérant que "facere" peut remplacer à peu près n᾽importe quel verbe d᾽action.
454. Sur les parties du discours délibératif Donat est beaucoup plus explicite en Eun. 144,
2 où il indique qu᾽il y a un exorde, une narration, une confirmation, une objection et une péroraison.
455. Prolepse stylisitique que remarque Donat. La qualité prêtée au souci, "diuersae curae", ne sera effective qu᾽à réalisation de l᾽action marquée par le verbe "trahere".
456. Il est de bonne politique de chercher à établir qu᾽un même chef d᾽accusation recouvre en réalité plusieurs éléments. Voir Cic. Part. 29, 5. Ainsi on peut réfuter seulement une partie de cette accusation et laisser croire que tout a été réfuté, ou minimiser la gravité du crime en le morcelant en délits moins graves.
457. Car dans la tradition comique (et rhétorique), c᾽est un lieu commun qu᾽on ne saurait résister à l᾽amour.
458. Sur ce texte, voir la note apposée au texte latin.
459. La question porte sur l᾽ambiguïté du génitif, l᾽expression pouvant signifier "la pitié que j᾽avais pour elle" ou "la pitié qu᾽elle avait pour moi".
460. Donat propose une définition un peu différente de "sollicitudo" en 269, 5.
461. Nouveau cas d᾽ambiguïté du génitif. On peut comprendre "la pudeur qu᾽éprouve le père" (génitif subjectif) ou "celle qu᾽il inspire" (génitif objectif).
462. Ce que pointe Donat ici est l᾽inconséquence des raisonnements amoureux qui font passer les jeunes gens par des sentiments apparemment incompatibles.
463. Le pronom en question est "ei" comme le montre la reformulation au datif. Donat ici que le complément "ei" de "aduerser" doit être pris dans un sens axiologique, équivalent d᾽un adjectif laudatif. La correction proposée par Estienne (1529) semblait accréditer l᾽idée impossible grammaticalement d᾽un "ei" corrélatif d᾽un "ut" consécutif qui n᾽est pas employé ici.
464. Priscien, Inst. GL 3, 138 : "᾽quorsum᾽ quoque ex ᾽quo᾽ et ᾽uersum᾽ compositum tam interrogatiuum quam relatiuum et infinitum esse potest omnium localium ad regionem aliquam uergere demonstrantium, ut si interrogem ᾽quorsum uadis ?᾽ bene redditur ᾽horsum᾽, ᾽istorsum᾽, ᾽sursum᾽, ᾽deorsum᾽, ᾽dextrorsum᾽, ᾽sinistrorsum᾽, ᾽orientem uersus᾽, ᾽occidentem uersus᾽ et similia" ("quorsum" aussi, composé de "quo" et de "uersum", peut être aussi bien un interrogatif qu᾽un relatif et un indéfini portant sur toutes les questions de lieu impliquant un mouvement vers, comme si je posais la question "quorsum uadis ?" les réponses correctes seraient "horsum", "istorsum", "sursum", "deorsum", "dextrorsum", "sinistrorsum", "orientem uersus", "occidentem uersus" etc.).
465. Donat remarque ici l᾽emploi de "ipse" propre à l᾽idiolecte des esclaves de comédie pour désigner "le patron", "la patronne".
466. Commentaire identique en And. 42, 3.
467. Charis. 333 : "et sunt haec duo, ᾽aue salue᾽, et declinantur hoc modo : imperatiuo modo ᾽aue auete᾽, futuro ᾽aueto tu᾽ ᾽aueto ille᾽; infinitiuo modo praesentis temporis ᾽auere te uolo᾽ et ᾽uos᾽ et ᾽illos᾽. item imperatiuo modo ᾽salue saluete᾽, futuro ᾽salueto tu᾽ ᾽salueto ille᾽; infinito modo praesentis temporis ᾽saluere te uolo᾽ et ᾽uos᾽ et ᾽illos᾽" (et il y a deux verbes "aue" et "salue" qui se conjuguent de la façon suivante : impératif "aue auete", futur "aueto" deuxième et troisième personnes, infinitif présent "auere te uolo" ou "uos" ou "illos". De même à l᾽impératif "salue", "saluete", au futur "salueto". deuxième et troisième personnes, infinitif présent "saluere te uolo" ou "uos" ou "illos").
468. On peut hésiter ici sur le sens de "familiariter", soit "familier" concernant le registre de langue, soit un sens plus social "de manière intime", comme chez Térence au vers 136.
469. On pourrait être tenté de comprendre "il n᾽ajoute pas ᾽quae᾽", ce qui rend du coup incompréhensible la citation virgilienne où il y a précisément "quae". Il faut comprendre dans la citation virgilienne que ce qui est en jeu est "eum" qui remplace le nom propre d᾽Enée.
470. Le fait de laisser planer le doute sur l᾽identité de celui ou ceux qui veulent ce mariage permet d᾽y inclure Pamphile qui apparaît ainsi comme un traître.
471. Donat a donné en 261,
4 une définition un peu différente, mais non contradictoire de la "sollicitudo".
472. Sur ce texte, et l᾽ordre des scholies dans ce vers, voir les notes apposées au texte latin. Dans les deux dernières scholies Donat établit deux differentiae en "sollicitudo" et "timor", la première porte sur l᾽intensité de la crainte, la seconde sur la nature de ce qui la provoque. Notons que les deux differentiae sont en réalité assez contradictoires, ce que le commentateur exprime par "an". On peut choisir l᾽une ou l᾽autre, mais difficilement les deux.
473. On voit mal le lien entre cette citation virgilienne et le commentaire. En effet, les criminels virgiliens sont bel et bien passés à l᾽acte. Sans doute est-ce le verbe "audeo" qui rapproche les deux contextes, Donat considérant que dans l᾽audace de la conception du crime se trouve déjà le crime lui-même. Servius (inspiré du commentaire de Donat ?) fait ad loc. ce commentaire : "illic sunt et qui fecerunt et qui conati sunt. dicit autem secundum Romanum ritum, in quo non tantum exitus punitur, sed et voluntas" (là sont à la fois ceux qui ont fait et ceux qui ont essayé. C᾽est dit selon la coutume romaine qui veut qu᾽on ne punisse pas seulement l᾽effet, mais aussi l᾽intention). Ici tout porte à croire que le commentateur anticipe sur une possible réponse de Mysis, portant non sur ce qu᾽a effectivement fait Pamphile (et qui n᾽a rien de délictueux de son point de vue), mais sur son intention qu᾽elle soupçonne perverse, avant cette dénégation formelle du jeune homme.
474. Donat fait en réalité trois remarques sur ces pronoms, deux qui relèvent de la grammaire au sens large et un qui relève de la diction et qui est double. Ils sont opposés, comme dans la citation de
L᾽Eunuque, parce qu᾽ils présentent la confrontation de la première et de la troisième personne. Ils sont individualisés par leur fonction différente clairemen soulignée par le cas et la construction prépositionnelle, et donc il faut rendre tout cela dans la prononciation en introduisant les ponctuations qui s᾽imposent "egone / propter me / illam". Sur la ponctuation après "egone", voir la note à la scholie 2.
475. La deuxième main commente non le passage de
L᾽Andrienne, mais la citation de
L᾽Eunuque. Le commentaire ad loc. n᾽utilise pas les mêmes reformulations, ce qui peut effectivement faire douter de l᾽authenticité de ce segment, par ailleurs inutile.
476. Donat fait une remarque de ponctuation et de prononciation. Il entend évidemment que nous prononcions : "egone ! propter me illam..." et insiste sur le fait qu᾽"egone" doit être prononcé avec l᾽intonation que lui donnerait un subjonctif de protestation, ici de l᾽innoncence outragée.
477. Le commentaire porte sur le sens en contexte de l᾽adverbe "egregie".
478. Ce qui à première vue ne servait à rien au moment où c᾽était prononcé trouve ici sa justification. C᾽est donc une manière de souligner que Térence ne laisse rien au hasard et que tout fait sens dans sa comédie.
479. La nature de la profession exercée par l᾽Andrienne avant qu᾽elle ne soit une courtisane n᾽a aucune importance. Seul compte le fait qu᾽elle ait exercé un métier honnête, montrant ainsi qu᾽elle n᾽a pas toujours eu une vie dépravée et qu᾽elle a donc assez de sens moral pour tenter d᾽éviter le même sort à Glycère. Voir le lemme 3.
480. Donat se réfère ici à une differentia que l᾽on trouvera plus tard chez Isidore Diff. 1, 185 : "Inter egestatem et paupertatem. Quod egestas peior est quam paupertas. Paupertas enim potest esse honesta, nam egestas semper turpis est" (entre "egestas" et "paupertas" et de ce que "egestas" est pire que "paupertas". En effet la "paupertas" peut être honnête mais l᾽"egestas" est toujours honteuse). Pamphile tolèrerait sans doute que sa bien-aimée connaisse la "paupertas" et la partage avec lui, il ne peut souffrir qu᾽on lui impose la honte de l᾽"egestas", en la séparant de lui.
481. Il s᾽agit évidemment d᾽opposer la générosité de Pamphile à l᾽indifférence passée de la famille de Chrysis, et non les mots "paupertas" et "inopia".
482. Comprendre : et c᾽est pour cette raison qu᾽elle ne prononce pas ce mot de "pater".
483. Donat signale (ainsi que dans la scholie suovante) la valeur de la conjonction "ut" ("que ne pas" derrière un verbe de crainte) et la glose avec la formulation plus classique en "ne non" en suppléant le verbe "uereor" qui figurait au subjonctif au vers précédent. On suppose que les élèves de Donat auraient pu facilement se tromper sur la valeur paradoxale de ce "ut". En tout cas, Donat le glose souvent quand il le rencontre chez Térence : voir And. 3 ; 349 ; 409, 1 ; 705, 2 ; 914 ; Pho. 965...
484. Donat explique la valeur pragmatique de l᾽adverbe "adeo", repris au vers suivant. Sa reformulation avec la particule "an", volontiers ironique, souligne que le ton indigné sur lequel le jeune homme se justifie rend l᾽accusation de Mysis invraisemblable. Peut-on vraiment le prendre à ce point pour un lâche ? Comprenons donc : "je suis lâche, d᾽accord, mais tout de même pas à ce point ! Restons dans les limites du vraisemblable".
485. Voir le commentaire au vers suivant, scholie 4.
486. Dans sa définition de l᾽adjectif "ignauus", Donat prend soin de signaler implictement que, antonyme morphologique de "gnauus", il est marqué formellement comme un mot négatif. Sa paraphrase définitoire en témoigne, ainsi que le commentaire stylistique fait au vers suivant sur la séquence d᾽adjectifs négatifs "ignauum", "ingratum","inhumanum".
487. Le retournement oratoire consiste à changer le point de vue par le choix paradoxal d᾽adjectifs dont la forme est négative (ou le sens, avec "ferus", sauvage). Au lieu de dire qu᾽il n᾽est pas si obéissant qu᾽il en a l᾽air (avec l᾽emploi d᾽adjectifs fortemant laudatifs), il préfère dire qu᾽il n᾽est pas inhumain. Le paradoxe est que les deux formulations disent logiquement la même chose malgré les oppositions qui se font finement terme à terme ("obsequentem"/"ignauum", "gratum"/"ingratum", "pium"/"inhumanum", "mansuetum"/"ferum"). En orientant le point de vue vers le devoir filial, il se verrait contraint, pour se défendre, de se montrer défaillant à cet égard ("me crois-tu à ce point un bon fils ? Tu te trompes") ; mais en changeant le point de vue, il accentue non pas son caractère de mauvais fils mais, habilement, d᾽être humain ("me crois-tu à ce point inhumain ? Tu te trompes"). Du coup, le courage, la gratitude et l᾽humanité consistent, dans la circonstance, à s᾽opposer à son père.
488. Sur ces rapprochements voir la note à 278, 4, en notant toutefois que Donat se fait fort d᾽avoir suivi dans ses reformulations l᾽ordre des renvois au texte térentien, établissant ainsi des parallèles dont celui-ci et le suivant paraissent un peu forcés.
489. La référence virgilienne rapproche la passion humaine du désir animal par diverses comparaisons (étalon, sanglier etc.) , mais ne dit pas expressément que le désir humain l᾽emporte sur le désir animal. Ce qui est certain c᾽est que le passage accrédite l᾽idée d᾽un "inhumanus amor".
490. Donat signale que la principale qui introduit cette consécutive se trouve en réalité dans le vers précédent et que nous n᾽avons ici que la deuxième partie de l᾽énoncé. Sur cette figure voir par exemple Pho. 191, 3.
491. En effet, il est plus fort d᾽"être averti" que d᾽être simplement "ému". La gradation porte donc sur le passage à l᾽acte qui peut suivre la prise de consicence chez Pamphile. Notons que Donat ne dit rien de ce bel exemple de "paromoion", "commoueat / commoneat".
492. Ce que Donat considère comme "exquis" est sans nul doute l᾽euphémisme qui évite au jeune homme de proférer une maxime totalement contraire à la morale commune.
493. Donat remarque ce qui provoque la colère de Mysis. Pamphile, conformément à son caractère n᾽a parlé que de lui et de tout ce qu᾽il a fait pour Glycère, nullement des mérites propres de la jeune fille, justifiant qu᾽il l᾽aime fidèlement. Nous sommes encore une fois dans la caractérologie comique, nons sans une part de jeu d᾽ailleurs, puisque le grammairien précise que Mysis agit ainsi pour faire réagir Pamphile, donc dans une stratégie dramatique.
494. Cette remarque ne se comprend que dans la logique des scholies précédentes. Donat a remarqué la stratégie de Mysis qui tente de décentrer Pamphile pour qu᾽il s᾽intéresse directement à Glycère. Ici il remarque que la servante refuse de prendre parti sur le discours de Pamphile, pour s᾽appuyer exclusivement sur ce qu᾽elle sait de sa protégée. C᾽est une manière de pousser Pamphile à passer aux actes, et donc à promettre.
495. Dans son commentaire du premier passage cité par Donat, Servius note : "diversam autem aetatem pueri, senis et feminae ad miserationem commovendam videtur obicere" (il semble lui opposer l᾽âge de son enfant, celui du vieillard et de la femme, dans le but de susciter sa compassion). Sur le second vers, le commentateur ne dit rien, mais le contexte est suffisamment clair. Un serment sur la tête du père mort (Anchise) est évidemment un élément important du pathétique et invite à prendre très au sérieux la demande d᾽une promesse à Pamphile sur ce qu᾽il a de plus sacré.
496. La hâte marquée par l᾽adverbe selon Donat ne peut provenir de son sémantisme propre qui relève du champ lexical de l᾽approximation. Il faut donc comprendre que l᾽idée de hâte provient de la combinaison de cet adverbe avec le participe "moriens", le tout donnant une impression d᾽urgence, et que, par conséquent celui qui se hâte n᾽est pas tant la mourante que le jeune homme à son chevet. Tel quel le commentaire est difficilement compréhensible.
497. Donat ne peut trouver de correspondance nette entre ce passage de Térence et la mort d᾽Antor au combat, mais ce qui l᾽intéresse ici c᾽est l᾽effet de pathétique obtenu par cette citation.
498. La comparaison d᾽un discours avec un édifice ou une maison fait partie des arts de la mémoire à Rome. Pour "uestibulum" voir Cic. De Or. 2, 320-321 : "sed oportet, ut aedibus ac templis uestibula et aditus, sic causis principia pro portione rerum praeponere ; itaque in paruis atque infrequentibus causis ab ipsa re est exordiri saepe commodius" (de même que, pour les temples et sanctuaires, il faut un vestibule et une entrée, de même pour les causes, il faut placer en tête de discours des débuts proportionnés à l᾽affaire ; c᾽est ce qui fait que, dans les petits procès sans grand public, c᾽est de l᾽affaire elle-même que provient souvent l᾽exorde le plus expédient).
499. Le mot technique "inceptio" est ici induit par le verbe non technique "incipit". C᾽est sans doute la raison qui fait ajouter à Donat "dicere" (scholie 2) tirant ainsi le verbe vers un sens technique oratoire.
500. On remarquera que cette citation ne sert pas tant pour l᾽identité de la formule ("infit" n᾽est pas "incipit"), que pour le caractère solennel que l᾽intervention de la mourante prend, comparée à la parole auguste du roi des dieux.
501. Le principe est celui du dialogisme qui consiste à mettre en scène ses propres paroles ou celles d᾽un tiers. Ici Donat souligne trois éléments complémentaires d᾽une juste analyse rhétorique du passage. Sur le plan du type de discours c᾽est une prosopopée, car on fait parler un personnage qui ne peut pas (ou plus) le faire, sur le plan de la technique d᾽insertion c᾽est donc une mimèsis car on ne raconte pas, mais on reproduit la réalité, et sur le plan de l᾽éthos c᾽est une cajolerie car l᾽expression "mi Pamphile" appartient à la langue affectueuse, voir Eun. 95, 2.
502. Le "compendium" ou "discours abrégé" repose ici sur le caractère très elliptique de l᾽énoncé, qui s᾽en tient aux données essentielles à l᾽argumentation, comme le remarque le grammairien. D᾽ailleurs c᾽est ce qu᾽il indique lui-même à la scholie 4.
503. Donat renvoie ici au récit de la rencontre de Simon et de Glycère et à l᾽éblouissement que la jeune fille a causé même chez le vieillard. Ainsi le discours de la vieille femme se trouve corroboré même par son apparent ennemi.
504. Il s᾽agit évidemment d᾽une indication scénique mettant en jeu la prononciation de cette réplique. Pamphile joue ici le rôle de la mourante.
505. Donat propose comme leçon variante pour autant qu᾽on puisse en juger le sénaire iambique correct suivant : "nec clam te est quam illi nunc inutiles sient". Pour la première leçon, s᾽il lit le début du vers comme nous le lisons aujourd᾽hui "nec clam te est quam illi nunc utraeque", le sénaire n᾽est pas métrique. Il faut sans doute supposer qu᾽il lit quelque part "res", sans doute avec un sénaire qui est "nec clam te est quam illi utraeque res nunc utiles". Notons que les manuscrits sont loin d᾽être d᾽accord sur ce qu᾽il faut lire de part et d᾽autre de "legitur et".
506. Si Donat voit ici une apodose, c᾽est qu᾽il considère que l᾽accent de la phrase se trouve sur "pudicitia", la fortune étant moins importante que la vertu de la jeune fille. Il y a donc cadence mineure, "apodose".
507. La citation virgilienne souligne le phénomène grammatical en incluant "te" qui est le COD de "oro", empêchant ainsi "quod" de l᾽être. Il faut donc construire "quod" comme un relatif de liaison au sens de "et". Même remarque chez Servius ad loc.
508. Indication scénique induite par la valeur déictique de "hanc".
509. Donat paraît dissocier ici la main donnée qui est selon lui signe de loyauté, et le fait que ce soit la main droite qui, dans son esprit, paraît indiquer qu᾽un engagement est conclu. Voir le commentaire à 295, 6.
510. Si on place "genium" ou "et genium" à la place d᾽"et ingenium" ou de "ingenium", le vers en l᾽état est amétrique. Il faut donc supposer que Donat lit autre chose avant ce segment (peut-être le "ego" qui parcourt la tradition térentienne un peu plus haut dans le vers), mais il nous est impossible de reconstituer pleinement l᾽une ou l᾽autre variante. Sémantiquement cela ne change rien, même si "genium" est sans doute meilleur dans ce contexte de serment.
511. La variante est métriquement indifférente, elle suppose un dactyle
5 au lieu d᾽un iambe 5. Elle est attestée par une partie de la tradition, dont E (11e siècle). Elle est d᾽ailleurs plausible en rappel du vers
268 ("sollicita est").
512. Sur cette manière d᾽introduire un mot technique voir la note à 285,4. Sur la notion elle-même, voir P.-Fest.
184 "obtestatio est, cum deus testis in meliorem partem vocatur" (on parle d᾽"obtestatio" quand un dieu est appelé à titre de témoin en notre faveur). Notons que le mot technique proposé ici est rare et que la définition que lui donne Donat est différente de celle proposée par Festus. Donat revient sur ce mot en 540,
2 pour en dire à peu près la même chose.
513. Donat commente l᾽emploi du déictique "hanc", comme il le fait à plusieurs reprises, en lui cherchant un équivalent expressif. Ici il faut comprendre "cette femme-là, cette femme précise qui est amoureuse". Sur cet emploi voir par exemple Pho. 425.
514. Frg Bobbien. De uerbo : "et cum ᾽grego᾽ Latinum non sit, ᾽segrego᾽ ᾽congrego᾽ ᾽adgrego᾽ suauissime dicitur" (et alors que "grego" n᾽est pas correct, on dit de manière fort correcte "segrego", "congrego", "adgrego"). De fait "segrego" est un verbe parasynthétique, dont la base est non un verbe, mais le substantif "grex", et dont le sens est "sortir du troupeau".
515. Tel quel le commentaire est incompréhensible, mais les exemples éclairent l᾽analyse du grammairien. Dans la deuxième citation, Didon reproche à mots couverts à Enée son ingratitude, en lui faisant discrètement remarquer qu᾽elle a payé de sa personne pour le satisfaire. Dans le premier, Nisus supplie la lune de lui venir en aide pour lui permettre de sauver Euryale, tout en lui faisant discrètement le reproche d᾽avoir trahi son compagnon qu᾽elle a dénoncé en éclairant les dépouilles qu᾽il portait.
516. En droit romain on distingue le "frère" qui peut être de même père, mais non de même mère ou l᾽inverse, du "frère germain" qui a même père et même mère que son frère.
517. Ici comme à plusieurs reprises "ille" désigne le poète par excellence, Virgile.
518. Donat a déjà cité ce vers pour son commentaire de "si" en 292, 1. Il semble faire droit ici à une possible explication érotique de "dulce meum" dont on retrouve trace chez Servius ad loc., celui-ci considérant qu᾽il ne faut pas entendre "dulce meum" au sens de "présents" ou "cadeaux", mais au sens de "faveurs".
519. Ce que veut dire Donat c᾽est qu᾽il s᾽autocite en reprenant textuellement les neuf mots qui suivent de son commentaire de 271, 1. Or en 271, 1, curieusement il ne cite pas ce vers.
520. Donat a bien conscience qu᾽un mariage d᾽intérêt unit des conjoints qui ne sont pas des "amis", mais ici, il va de soi qu᾽il s᾽agit d᾽un mariage d᾽amour, donc entre amis.
521. En réalité "haec" est un énoncé autonymique et "uerba" son attribut est accordé en genre et en nombre avec le mot autonymisé. Sur cette curieuse manière de pratiquer l᾽accord qui rend l᾽interprétation malaisée, cf. par exemple Quint. 1, 5, 2 : "᾽Verba᾽ nunc generaliter accipi uolo : nam duplex eorum intellectus est, alter qui omnia per quae sermo nectitur significat, ut apud Horatium : ᾽uerbaque prouisam rem non inuita sequentur᾽ ; alter in quo est una pars orationis : ᾽lego᾽, ᾽scribo᾽" (je souhaite qu᾽on prenne le mot "uerba" dans son sens général ; de fait il a deux sens, l᾽un qui signifie tout ce qui fait la continuité du discours, comme chez Horace : "uerbaque prouisam rem non inuita sequentur" ; l᾽autre pour désigner une partie du discours comme "lego" "scribo"). Noter dans la phrase de Quintilien l᾽anaphorique "eorum", qui reprend non pas "les mots" mais "le mot uerba", et qui s᾽accorde au pluriel, ce qui n᾽éclaire guère le sens...
522. Donat relève le rite de la "dextrarum iunctio", souvent représentée dans les documents figurés et qui marque l᾽accomplissement légal du mariage. L᾽interprétation de ce rite est traditionnellement exactement celle que donne Donat, la ratification d᾽un contrat en bonne et due forme et "bona fide".
523. Ce qui est étonnant c᾽est que Térence semble dire "la main que voilà", donc celle de Pamphile, alors qu᾽en réalité il s᾽agit de la main de la jeune fille. Cela explique sans doute que la plupart des éditeurs ne fassent pas droit à cette variante du texte de Térence et lisent, comme la majorité des manuscrits de Térence, "hanc mi in manum".
524. Voir 258.
525. Ce commentaire est repris au vers 473, 5. il s᾽agit d᾽une étymologie reposant sur une graphie courante "opstetrix" interprété comme "quae opem (te)tulit" (qui apporte (apporta) son secours). Sur la forme "tetulit" dans cette étymologie, voir
832 et la note apposée au texte français.
526. Sur l᾽emploi non interrogatif de la question pour marquer une entrée ou sortie imminente d᾽un personnage, voir
527. Donat remarque ici l᾽incohérence de Pamphile qui presse Mysis de sortir et lui demande aussitôt après de rester pour écouter son avertissement. Le commentateur y voit un indice d᾽égarement amoureux.
528. Sur le texte de cette scholie voir la note apposée au texte latin. Le désordre des manuscrits s᾽explique par le caractère assez confus du raisonnement. Pamphile veut le silence de Mysis, non pas pour qu᾽elle cache ce que Glycère sait déjà (puisque Mysis a fait dire à sa maîtresse au vers
269 que "ce mariage prévu pour aujourd᾽hui" l᾽angoissait), mais pour que Glycère ignore le vrai motif du refus de Simon. Ce n᾽est pas tant pour qu᾽il épouse l᾽autre que pour qu᾽il ne l᾽épouse pas, elle. Quant au fait que Glycère et Pamphile pouvaient se croire en sécurité, c᾽est une allusion au refus de Chrémès de donner sa fille à un débauché comme Pamphile lorsqu᾽il découvre sa liaison avec Glycère, sécurité qui vient de tomber puisque Simon a réussi à faire changer Chrémès d᾽avis. Pour ajouter à la confusion, Donat introduit la citation de
269 (qu᾽il modifie assez largement) de manière tellement abrupte qu᾽on voit mal en quoi elle éclaire le raisonnement. sa place aurait été beaucoup plus judicieuse après "non que Glycère ait pu ignorer que le mariage se ferait aujourd᾽hui". Toutefois, nous ne jugeons pas utile de déplacer ce segment, de tels raccourcis étant familiers au commentateur.
529. La remarque de "certains" est particulièrement justifiée. Il faut abréger le "e" final de "caue" pour obtenir un dactyle
2 "num caue", sans lequel le vers (septénaire iambique) ne peut se scander. La remarque de Donat pourrait paraître étrange, car on pourrait comprendre qu᾽il sous-entend que l᾽on peut scander autrement. Mais il n᾽en est sans doute rien car il se borne probablement à citer sans prendre parti un commentaire antérieur, sans autrement le vérifier. Cela confirme son intérêt très limité pour la métrique.
530. Nous traduisons ainsi en raison du caractère moins important de l᾽intrigue mettant en scène Philumène, souligné en 301, 2.
531. C᾽est-à-dire hors scène. La scène commence clairement au milieu d᾽une conversation.
532. Le commentaire porte à la fois sur le contenu représenté par
hac et sur l᾽emploi d᾽
antehac comme équivalent d᾽une proposition temporelle.
533. Soit
usque et
ante.
534. Donat, A. Mai. 643 : praepositio separatim aduerbiis non adplicabitur, quamuis legerimus
de repente,
de sursum,
de subito et
ex inde et
ab usque et
de hinc. sed haec tamquam unam partem orationis sub uno accentu pronuntiabimus (une préposition ne pourra pas porter séparément sur un adverbe, bien que nous trouvions dans les textes
de repente,
de sursum,
de subito, et
ex inde,
ab usque,
de hinc. Mais ces expressions ne constituent qu᾽une seule partie du discours avec un seul accent). Voir aussi A. Mai. 649 :
usque praepositio plurimis non uidetur, quia sine aliqua praepositione proferri recte non potest (
usque aux yeux de la plupart des grammairiens n᾽est pas une préposition, parce que le mot ne peut être correctement employé sans préposition).
535. Donat indique ici clairement que Byrria use des lieux communs de la consolation. A compléter
536. Probablement « la véhémence du jeune homme ».
537. Donat veut probablement dire « dans d᾽autres contextes », car ici le sens qu᾽il donne en premier paraît s᾽appliquer plus nettement au texte commenté.
538. Donat considère que la logique voudrait que l᾽on dise soit
ad eum eo, soit
eum adeo ; la répétition du préverbe sous la forme d᾽une préposition est pour lui pléonastique.
539. Dans le premier cas
quidni « pourquoi pas » est ironique parce qu᾽en allant lui dire qu᾽il aime sa fiancée, Charinus agira de façon totalement stupide, en éveillant les soupçons de Pamphile (voir commentaire suivant) ; si on lit
quid nisi nihil impetres (qu᾽obtiendras-tu sinon rien), il n᾽y a pas d᾽ironie, car il n᾽y a aucun sous-entendu, mais un simple sarcasme de l᾽esclave.
540. Wessner ponctue à tort ici d᾽un point d᾽interrogation. Le sens est « pourquoi ne pas aller lui parler ? » surtout « si tu ne lui demandes rien ». Si la conversation n᾽a aucun enjeu (ce qu᾽évidemment Byrria ne croit pas une seconde, d᾽où l᾽ironie), il peut bien aller lui parler. Si, comme il le pense, c᾽est pour lui demander de rompre avec Philumène, c᾽est totalement stupide. Il semble de plus que Donat sépare
nihil impetres de la proposition par
ut du vers suivant, dont on voit mal alors comment il la construit.
541. Obligé de répondre à son salut, Charinus ne pourra pas garder le silence.
542. Et non une forme de l᾽adjectif
postremus. Charisius 438, 28 :
postea.
posterius.
postremum.
nouissimum.
543. Ou ironiquement « qui est si amoureux ».
544. Commentaire bizarre : rien n᾽empêche d᾽imaginer dans la formule nunc te per amicitiam et amorem obsecro qu᾽est envisagé, entre les deux jeunes gens, un sentiment d᾽amor. Le mot est banal (par exemple dans la correspondance de Cicéron) pour qualifier une amitié profonde entre deux hommes. Mais sans doute Donat a-t-il raison de penser que l᾽amplification (qu᾽il n᾽évoque pas explicitement) est meilleure si l᾽on comprend non pas « par notre amitié, par le profond sentiment d᾽affection qui nous lie », mais « par notre amitié, par l᾽amour que tu lui portes ».
545. C᾽est-à-dire que ut ne substitut de ne, en introduction d᾽une finale négative, est considéré comme pléonastique.
546. Et non au père comme précédemment. Toutefois il faut comprendre ce commentaire à la lumière du précédent. En effet, il est évident que
tibi interdit de rapporter cela à quelqu᾽un d᾽autre qu᾽à Pamphile. Il faut donc comprendre que c᾽est quand il disait
si id non potest qu᾽il ne parlait pas de Pamphile.
547. Sans doute « un ton » ou quelque autre indication de sentiment pour indiquer que cette hypothèse serait, pour Charinus, la plus désagréable.
548. La note lexicologique obéit ici à une logique certaine : le verbe
profer est glosé par trois verbes, les deux premiers présentant le même préverbe avec un radical différent, le dernier le même radical avec un préverbe différent.
549. L᾽explication peut provenir du fait que dans les listes alphabétiques d᾽adverbes ces deux adverbes se suivent et peuvent donc être considérés comme des équivalents pour le sens, voir Charisius 270, 7 : neutiquam Cicero de senectute, «mihi uero neutiquam probari potuit tam flagitiosa et tam perdita libido», idem <in> commentario de uirtutibus «illud neutiquam probantes». nequaquam idem de senectute, «est istud quidem, Laeli, aliquid, sed nequaquam tibi concedendum fuit». Le même Charisius glose cependant 438, 26 :
neutiquam numquam.
550. Le commentaire de la seconde main paraît considérer que l᾽acteur portant un masque il ne peut rien exprimer avec son visage
uultuose ; le commentaire de Donat paraît suggérer exactement le contraire.
551. Comprendre « mais non ici ». En effet, Diomède GLK, 1,
419 range le mot dans les interjections, mais Priscien note des cas où le mot s᾽emploie dans une structure syntaxique complète qu᾽il explique deux fois à partir du même exemple en Instit. 2, 552 : inuenimus enim loco aduerbii nomen, ut una, multum, falso, qua, et pronomen similiter : eo, illo, et loco coniunctionis tam nomen quam pronomen: quare, ideo, et aduerbium loco nominis, ut mane nouum et sponte sua et euge tuum et belle et cras alterum et 3, 369 : nous trouvons au lieu d᾽un adverbe un nom comme una, multum, falso, qua,et pareillement un pronom eo, illo, et à la place d᾽une conjonction aussi bien un nom qu᾽un pronom quare, ideo, et un adverbe à la place d᾽un nom comme mane nouum et sponte sua et euge tuum et belle et cras alterum).
552. L᾽emploi du nom est considéré par Donat, rappelons-le, comme un signe d᾽expressivité et donc ici d᾽affectivité.
553. C᾽est la raison de l᾽apparent paradoxe que relève Donat : un personnage vivant ne peut dire perii que par manière de parler. En revanche, pour un personnage, dire qu᾽il risque la mort peut être une crainte totalement fondée.
554. Commentaire peu clair : Donat veut dire que iam (au sens de « désormais ») marque que la décision exprimée par iam n᾽est pas susceptible d᾽être modifiée.
555. Ailleurs, Donat fait remarquer que ait s᾽applique à des choses auxquelles on ne croit pas.
556. Le commentaire porte en réalité sur nunc. Le sens paraît être : l᾽esclave précise qu᾽il a d᾽autres choses à raconter (mais qu᾽il ne le fera pas maintenant) pour éviter que Pamphile ne se mette en tête de les imaginer et ne perde son bonheur présent.
557. Commentaire obscur à force de concision : il s᾽agit ici d᾽une note sur les types de l᾽argumentation, qui précise qu᾽on peut, sans changer de catégorie, considérer soit des éléments présentés comme réalisés, soit des éléments présentés comme non-réalisés. Ainsi la catégorie des dits et faits, comprend aussi ce qui n᾽a été ni dit ni fait. On complète alors cette catégorie des faits (avérés ou non-réalisés) par les deux catégories des choses (présentes ou absentes) et des personnes (présentes ou absentes). On obtient ainsi le schéma suivant qui rend parfaitement compte de l᾽enquête que mène Dave : classement du plus grand au plus petit : paroles : ce qui a été dit / non ditactes : ce qui a été fait / non faitobservations complémentaires : choses présentes / absentespersonnes présentes / absentes
558. C᾽est-à-dire cohérent.
559. Comprendre : Dave, en esclave rusé, considère qu᾽il existe des signes qui garantissent que le mariage va se faire. Ne les trouvant pas, il infère immédiatement que le mariage est annulé.
560. C᾽est-à-dire si chez Chrémès comme chez Simon il ne se passe rien.
561. En apparence, le rapport entre cette citation virgilienne et le texte de Térence est totalement obscur. Il faut en réalité comprendre que l᾽emploi du iam est le même et déduire de cela, comme on le trouve chez Charisius qui commente le même passage virgilien, une analyse de la succession temporelle supposée par cet énoncé (Charis, 292) : sed interest utrum finitiuis an subiunctiuis iungatur. finitiuis enim iungitur, quotiens ad id tempus quo agebam refertur, <uelut:> cum declamo uenit, id est ipso tempore quo declamo, cum declamabam, <id est ipso tempore quo declamabam>, ut apud Vergilium «cum uenit, aulaeis iam se regina superbis / aurea conposuit sponda», id est tempore ipso quo uenit.
562. Comprendre : l᾽ensemble des invités au mariage pourrait se trouver dans la maison et donc ne donner depuis la rue aucune indication quant à l᾽ajournement du mariage. Le fait que personne ne sorte constitue donc un indice supplémentaire, qui complète le fait que personne ne paraisse venir pour la fête.
563. Contrairement à ce que l᾽on pourrait croire à la lecture du lemme, le tour visé n᾽est pas le génitif dépendant de pronom neutre, mais la forme inhabituelle du génitif ornati là où Donat et ses élèves disent ornatus. C᾽est la citation de Salluste qui éclaire le lemme en montrant la forme senati là où l᾽on attendrait senatus.
564. Autrement dit si toute la noce devait manger sur ces quelques petits poissons.
565. Le vieillard qui est le personnage le plus important dans la maison ne mange que de la nourriture de vil prix.
566. La proposition A est « il la donne à l᾽autre », la B est « il te la donne à toi » : l᾽enthymème est « si non A, alors B » : donc on pourrait conclure avec Charinus : « s᾽il ne la donne pas à l᾽autre, elle est pour moi », mais c᾽est évidemment faux, puisque le vieux peut très bien la refuser à l᾽autre sans la donner nécessairement à Charinus. En réalité, il ne s᾽agit pas vraiment d᾽un enthymème, mais Donat qui a remarqué necesse en profite pour faire un peu de logique.
567. Comprendre « argument tiré d᾽un fait incontestable et impossible à contourner ».
568. En réalité ce commentaire et le précédent n᾽en font qu᾽un ; ce qui met Glycère en danger c᾽est son état de sola qui en fait une proie facile pour la vengeance de Simon.
569. Nous aurions tendance à voir plutôt là un futur antérieur, mais Donat comprend une forme de subjonctif d᾽affirmation atténuée, ce qui explique son commentaire.
570. Ce commentaire est loin d᾽être clair. Dave agirait-il mal dans les fourberies qu᾽il prépare ou parce que, selon Donat, il mène en réalité un double jeu : d᾽un côté il cherche à défendre le bonheur de Pamphile, mais d᾽un autre côté, dans les conseils qu᾽il donne, il trahit son souci de ne pas exaspérer Simon et d᾽éviter de finir au moulin.
571. Evidemment il s᾽agit ici du second eiciat celui que prononce Pamphile.
572. cf. le pseudo-Probus, cathol. GLK 4, 38 : nam cedo, quod significat da, sine uerbi totius substantia solum reperitur numero singulari, cedo, numero plurali cette ; sic Plautus et antiqui comoediographi, sicut et <salue> saluete saluere (de fait cedo qui veut dire « donne » se rencontre sans toute sa pleine valeur verbale, au singulier cedo et au pluriel cette ; ainsi chez Plaute et les anciens Comiques, comme aussi salue, saluete, saluere).
573. Commentaire peu clair : Donat remarque que illa est féminin pour désigner la maitresse de Pamphile, alors que hoc qui devrait désigner sa future femme (dont il ne veut pas) est neutre. Mais ne serait-ce pas plutôt un adverbe (cf. Gaffiot s v) : « qu᾽on me chasse de chez elle pour aller m᾽enfermer ici » ?
574. On remarquera que Donat lisait hoc au lemme 1. Le texte hac (ou ac) est donné par tous les MSS de Térence sauf Vat Lat 3226.
575. Le commentaire porte sur ea causa.
576. De manière très étrange, Donat paraît ne pas avoir vu la mimesis qui caractérise ce vers et considérer que Dave continue à parler en son nom propre, faisant ainsi de propulsabo le verbe principal, ce qui accréditerait le sens de speres comme équivalent de timeas. Toutefois, comme on l᾽observera dans la traduction française, cette construction peine à fournir un sens cohérent avec la suite.
577. Donat semble comprendre que Simon se contentera de l᾽accord verbal de son fils et laissera traîner le mariage. Tout porte à croire en revanche que le texte signifie : comme tu lui auras dit oui pour te marier, et qu᾽il n᾽aura plus de fiancée puisque Chrémès refusera sa fille, Simon, sûr que tu ne vis plus dans la débauche, prendra son temps pour te marier avec une autre.
578. Ce commentaire paraît impliquer que Donat comprend ici accidere au sens d᾽« arriver un malheur », ce qui l᾽entraîne d᾽ailleurs de manière assez gratuite à supposer que ce qui est visé est la mort du père.
579. Cette série de commentaires montre un réel flottement dans l᾽interprétation de taces que Donat prend tantôt au sens propre de « se taire » tantôt au sens figuré de « faire taire ses inquiétudes ». Peut-être faut-il voir là le résultat du « copier-coller » de deux traditions intérprétatives divergentes.
580. Tour typique des problèmata.
581. Malgré les apparences il s᾽agit ici d᾽un commentaire étymologique, d᾽où la traduction. Le nom cautio est rapproché du verbe caueo.
582. Il ne s᾽agit pas tant sans doute d᾽un commentaire sémantique, que de montrer la formation du verbe composé.
583. En proposant ces équivalents de agere, Donat souligne que Simon vient comme un juge pour écouter les plaidoieries (actiones) du camp de son fils.
584. L᾽ordre des mots pourrait faire construire « pour promettre à Pamphile ce qu᾽on ordonne », mais cela n᾽aurait aucun sens. Si Dave souligne l᾽air sombre de Simon, c᾽est paradoxalement pour renforcer la décision de Pamphile d᾽accepter le mariage. Plus la punition paraîtra inévitable en cas de refus, plus le jeune homme pourra surmonter ses craintes.
585. Comme à son habitude, Donat explique séparément les deux parties du composé, d᾽abord ferat qu᾽il glose avec le verbe turbare puis le préverbe dis- qu᾽il glose par in diuersum.
586. Il s᾽agit de commenter apud te sies : ce que cherche Dave selon Donat, c᾽est à éviter que Pamphile ne se jette tout de go dans un récit de ses amours avec Glycère ce qui ferait évidemment tout rater. Il ne s᾽agit donc pas d᾽exciter le jeune homme, mais de lui rappeler qu᾽il doit feindre la docilité parfaite, quoi qu᾽il lui en coûte.
587. Ce commentaire suppose, parce que ut est selon Donat équivalent de ne non, qu᾽il faut sous entendre un timeo et le sens du vers est celui que nous donnons en traduction. La plupart des traducteurs modernes comprennent cependant ut comme dépendant de modo au sens de « pourvu que ».
588. Ce résumé de la scène n᾽est pas très clair. Donat veut dire que chacun est trompé dans son attente individuelle : Simon parce qu᾽il croyait que Pamphile allait lui résister, Pamphile parce qu᾽il pensait que son père allait lui faire de vifs reproches, Charinus et Byrria parce qu᾽ils croyaient l᾽affaire entendue avec le refus de Pamphile. Quant à Dave, il est celui dont on saisit le moins bien en quoi il peut être surpris par une fourberie qu᾽il dirige depuis le début et dont il dit qu᾽il a tout prévu.
589. Commentaire particulièrement obscur : Donat veut-il souligner l᾽intention de Byrria ou celle de Térence ? Dans le premier cas, on comprend mal le lien de cette venue de Byrria avec les propos mêmes que tient le personnage qui explique clairement pourquoi il est venu. Il faut donc sans doute comprendre que Térence fait en sorte que Byrria se trouve là afin que Charinus puisse croire que Pamphile a finalement choisi d᾽épouser celle qu᾽il aime.
590. Le commentaire porte sur obseruare, mais c᾽est obseruatio qui est expliqué ; ce glissement d᾽un mot à l᾽autre (qu᾽on observe identiquement dans le commentaire au Prologue 2,
2 des Adelphes) est assez commun (cf. par ex. Cic. Fin. 2, 10, sur uariatio, uariare et uarius). C᾽est le concept qui est expliqué, plutôt que le mot. C᾽est un cas d᾽« autonymie conceptuelle » ; cf. C. Nicolas, « Typologie de l᾽autonymie en latin », Fabrice Poli et Guy Vottéro (dir.), De Cyrène à Catherine : trois mille ans de libyennes. Etudes grecques et latines offertes à Catherine Dobias-Lalou, Etudes Anciennes, 30, ADRA – NANCY, 2005, diffusion De Boccard, p. 415-428.
591. Les deux mots en question sont id et propterea. Soit on comprend id comme équivalent de ob id ou propter id (voir plus haut dans le commentaire), et, dans ce cas, proterea ne sert à rien, soit on comprend propterea comme une préposition gouvernant l᾽accusatif, ce qui ne paraît pas autrement attesté.
592. Nouveau commentaire très obscur : si Pamphile paraît surpris de rencontrer son père, il sera très douteux qu᾽il prépare quelque mauvais coup mûrement réfléchi (cf. commentaire au lemme 3).
593. Sur la nature de hem et l᾽emploi affectif d᾽une interjection, voir par exemple Charis. 311 : interiectiones sunt quae nihil docibile habent, significant tamen adfectum animi, uelut heu eheu hem ehem eho ohe pop papae at attatae. (Les interjections sont des mots qui ne portent aucun sémantisme, elles traduisent en effet un état affectif comme heu eheu hem ehem eho ohe pop papae at attatae).
594. Donat précise qu᾽il ne faut pas entendre cette proposition comme temporelle, mais bien comme causale, malgré son mode (l᾽indicatif au lieu du subjonctif attendu).
595. Leuati équivaut ici à eleuati.
596. Le mot visé est ici uerbum. Voir lemme suivant.
597. La variante memini uideri acceptée généralement par les éditeurs modernes est ici métriquement indifférente (spondée au lieu d᾽iambe).
598. Donat paraît comprendre memini uideri comme « je me souviens qu᾽elle m᾽a semblé », d᾽où il tire (abusivement) « je sais maintenant ».
599. Memini et noui comme odi appartiennent aux verbes inusités à l᾽infectum et de sens présent au parfait. La seconde main rapproche deux constructions ; cf. Charis. Ars 337 (Barwick) : sunt quaedam uerba confusa temporibus, uelut odi noui pepigi memini. in his enim instans et perfectum tempus idem est, item inperfectum et plusquamperfectum, nec participia fere habent. temporibus haec deficere dicuntur (quelques verbes ont des temps confus, comme odi noui pepigi memini. Dans ces verbes, le présent et le parfait sont identiques, ainsi que l᾽imparfait et le plus-que-parfait, et ils n᾽ont pas de participe. On dit qu᾽ils sont défectifs en temps).
600. Donat veut dire que Dave fait semblant de monologuer (à l᾽adresse du public, donc) tout en veillant à se faire entendre du vieillard, qu᾽il feint de ne pas avoir vu.
601. Il s᾽agit de toute évidence du tour prépositionnel ea gratia = eius rei gratia.
602. La seconde main poursuit la réplique de Dave en reliant le nunc à nihil prorsus du vers suivant.
603. Commentaire en partie contradictoire avec ce que Donat a rapporté plus haut à propos de sperare ; certains proposent en effet selon lui d᾽en faire un synonyme de timere.
604. Commentaire purement redondant de la seconde main, que l᾽on hésite à conserver.
605. C᾽est-à-dire pour Donat une sorte de nom, nomen adiectiuum. L᾽intérêt de la remarque est visiblement d᾽éviter que l᾽élève ne prenne potis pour une forme verbale.
606. Donat donne d᾽ailleurs les mots propres au lemme suivant.
607. Isid. Etym.17, 32 : Putare est uirgam ex uite superuacuam resecare, cuius flagellis luxuriat ; putare enim dicitur purgare, id est amputare. (Putare c᾽est couper un sarment de vigne superflu, dont les branchages débordent largement ; putare signifie en effet purgare (nettoyer), c᾽est-à-dire amputare (amputer)).
608. Le commentaire est ici indispensable car on pourrait comprendre « en chemin ».
609. Donat considère que l᾽ellipse du complément per te rend délicate l᾽interprétation, et il supplée au manque.
610. Il semble qu᾽il faille grouper ces quatre équivalents deux à deux, les deux premiers illustrant le sens propre, les deux derniers le sens figuré. Cette interprétation est plus probable que celle qui opposerait ad- et abs- tulit, parce que, dans ce cas, le second couple ne présenterait plus d᾽opposition sémantique.
611. Remarque plus précise chez Diomède GLK 1, 398 : ex his praeterea uerbis quaedam licenter ueteres tempora figurabant, perfecta ex forma actiuae declinationis more passiuae declinationis, uelut libet mihi, libitum est mihi ; placet mihi, placitum est mihi, ut est apud Vergilium « sic placitum » ; item pudet puditum est, miseret miseritum est : pro eo sane quod est libuit placuit puduit. item taedet me, unde Vergilius ita formauit, « si non pertaesum thalami ». sed tamen haec quidam perfecta ex forma passiuae declinationis aliter declinando figurabant, ut est pudetur taedetur licetur ; eorum praeteritum perfectum puditum est licitum est. nam puduit et licuit more actiuae declinationis dicimus ; taeduit autem dicere non possumus, sed nec taesum est, quod tantum modo pertaesum conposita figura dixerunt (en outre parmi ces verbes, les anciens formaient certains temps, ceux du présent reposant sur une forme active, conformément à la conjugaison passive, comme libet mihi, libitum est mihi, placet mihi placitum est mihi, comme on trouve chez Virgile « sic placitum » ; de même pudet, puditum est, miseret, miseritum est pour les formes libuit, placuit, puduit. De même taedet me d᾽où Virgile a formé « si non pertaesum thalami ». Pourtant certains formaient des présents qu᾽ils tiraient de la forme passive en conjuguant d᾽une autre manière, comme pudetur, taedetur, licetur ; leur prétérit parfait est puditum, licitum est ; de fait nous disons, nous, puduit et licuit selon la conjugaison active ; taeduit ne se dit pas, mais taesum est non plus, ce qu᾽on ne dit qu᾽en ayant recours à la forme composée pertaesum est).
612. [Tristis aut] de la seconde main est éliminé à juste titre par Wessner ; cela n᾽a aucun sens et se déduit (à tort) du mot tristis dans le lemme.
613. Ainsi présenté le raisonnement n᾽est pas très clair. Donat considère que le mot subtristis commenté comme il l᾽a fait, est un adoucissement de ce qu᾽imaginait Simon au vers
438 avec molestae. Il y a donc passage du plus grand au plus petit. L᾽ayant emporté sur ce premier point, qui consiste à rassurer le vieux, Dave tente une manœuvre audacieuse qui consiste à faire porter le trouble de Pamphile qu᾽il a su minimiser sur un objet à la fois vraisemblable et sans grande importance pour Simon, la pauvreté de la noce. Dans tout cela évidemment le commentateur se représente le dialogue comme un affrontement judiciaire.
614. Il s᾽agit de la manière dont on désigne la colère d᾽un supérieur envers son inférieur, ici un père envers son fils, sans doute en raison du préverbe sub-.
615. Contre toute attente, car il n᾽y a pas de lemme, ce commentaire paraît porter sur mene.
616. Donat explique ici la notion de dignitas par le recours au superlatif, ce qui n᾽est pas manifeste à la lecture de la suite du lemme.
617. Reprise du commentaire de 437.
618. Ce commentaire indique donc que, dans l᾽esprit de Donat, les actes
2 et
3 s᾽enchaînent sans aucune transition, puisque cette réplique de Simon, telle qu᾽il l᾽interprète, annonce l᾽arrivée sur la scène de Mysis et Glycère. De ce fait, on ne peut pas considérer qu᾽il y a un changement d᾽acte selon la définition que Donat lui-même en donne, puisque la scène ne demeure absolument pas vide. Le commentateur paraît se contredire lui-même dans une succession de lemmes sans doute endommagés, voir note suivante. (??)
619. C᾽est-à-dire quel était le sujet de la conversation que tenaient les personnages avant d᾽être visibles.
620. C᾽est-à-dire que le début de la réplique ne se rapporte en rien à la situation qui sera celle de la scène, mais constitue la fin d᾽une autre conversation.
621. Il s᾽agit de l᾽accord avec le plus rapproché de facta accordé au seul haec.
622. La coutume voulait que l᾽on posât au sol aux pieds du père l᾽enfant nouveau-né. En le prenant (tollere) il l᾽acceptait comme sien (suscipere).
623. Sur l᾽autorité de la « chose actée » voir par exemple Liv. 28, 40, 3 : Q. Fabius Maximus rogatus sententiam : « scio multis uestrum uideri, patres conscripti, rem actam hodierno die agi et frustra habiturum orationem qui tamquam de integra re de Africa prouincia sententiam dixerit » (Quand on demanda son avis à Quintus Fabius Maximus, il déclara : « je sais que pour beaucoup d᾽entre vous, sénateurs, la chose actée aujourd᾽hui est actée et qu᾽il ne servira à rien de faire un discours pour donner sur de nouveaux frais un avis à propos de la .province d᾽Afrique ».
624. Le commentateur de la seconde main analyse ici non pas la réplique de l᾽Andrienne dont Donat a commencé l᾽examen, mais la réplique de l᾽Eunuque qui comprend postest taceri hoc.
625. Considérer cela comme une aposiopèse n᾽est compréhensible que dans la mesure où ex peregrina constitue une tournure euphémistique pour ne pas dire ex meretrice. Il n᾽en demeure pas moins que ce commente ici Donat ce n᾽est pas l᾽aposiopèse, mais bel et bien l᾽ellipse.
626. Comprendre le vieillard se trompe tout seul et ce, afin de rendre possible le dénouement que Térence a imaginé.
627. Cette étymologie se trouve chez Varron L.L. 5, 10 : Quod Iouis Iuno coniunx et is Caelum, haec Terra, quae eadem Tellus, et ea dicta, quod una iuuat cum Ioue, Iuno, et Regina, quod huius omnia terrestria (quant au fait que Junon est la femme de Jupiter, il est le ciel elle est la terre, on la nomme également Tellus, et elle porte le nom de Junon parce qu᾽elle aide (iuuat) avec Jupiter et de Reine parce que tout ce qui est sur la terre lui appartient).
628. Simplification d᾽une notice varronienne consacrée à Luna L.L. 5, 10 : Quae ideo quoque uidetur ab Latinis Iuno Lucina dicta uel quod est et Terra, ut physici dicunt, et lucet ; uel quod ab luce eius qua quis conceptus est usque ad eam, qua partus quis in lucem, luna iuuat, donec mensibus actis produxit in lucem, ficta ab iuuando et luce Iuno Lucina. A quo parientes eam inuocant : luna enim nascentium dux quod menses huius (elle paraît nommée en latin Iuno Lucina soit parce qu᾽elle est la terre, selon ce qu᾽affirment les physiciens, et qu᾽elle est lumineuse ; soit parce que la lune aide (iuuat) chacun depuis le jour (lux) de sa conception jusqu᾽au jour ou il paraît à la lumière (lux), jusqu᾽au moment où, les mois nécessaires s᾽étant écoulés, il paraît à la lumière (lux) : c᾽est de iuuare et de lux qu᾽on a formé Iuno Lucina).
629. Obstare est pris ici non au sens habituel de « faire obstacle », mais au sens ‘étymologique᾽ de « se tenir devant », sens par ailleurs très mal attesté. On pourrait aussi penser à une étymologie par ops (secours) que paraît indiquer la structure opem tulerit. Cette étymologie du mot obstetrix (dont nous corrigeons ad hoc l᾽orthographe en une variante, banale, opstetrix) est fantaisiste. On peut supposer que Donat l᾽interprète comme une forme qui ramasse en une formation composée les deux mots de la formule fer opem. Donc quelque chose comme ops- (pour ops, maintenu au nominatif contre la syntaxe et les usages de la formation des noms) et -te... qui rappelle tuli, le parfait de fero : il est notable que l᾽explication quod opem tulerit fait intervenir (sans besoin réel) une forme du perfectum, sans doute pour expliquer la phonologie du nom expliqué.
630. C᾽est-à-dire le coup de chance extraordinaire qu᾽elle accouche précisément maintenant qu᾽il est là devant la porte. Térence paraît se moquer de ses propres conventions, mais Donat ne s᾽attarde guère sur cette dimension.
631. Dans ce cas, Simon commencerait ici à s᾽en prendre à Dave considéré comme metteur en scène de cet accouchement que le vieillard croit fictif.
632. Ce sont des noms relatifs car qui dit « disciple » suppose « maître » et qui dit « maître » suppose « disciple », comme « père », « fils », ou « frère », « sœur » etc.
633. Le construction et le sens deviennent acrobatiques : les autres qui jouent la comédie ont-ils oublié Pamphile ?
634. Commentaire assez obscur : pour Donat le mot adortus vient d᾽un mouvement très précis de tactique militaire : des ennemis se sont cachés dans les trous que l᾽armée adverse a creusés pour les arrêter, et ils en sortent brutalement, c᾽est la raison pour laquelle leur taille grandit, puisqu᾽ils jaillissent des trous. Sur le rapprochement apparemment systématique que Donat fait entre les verbes adoriri et aggredi, cf. son commentaire à Ad.
402 (Acte III, sc. 3).
635. Il s᾽agit d᾽une remarque de syntaxe : la construction absolue ou détachée remarquée ici est celle qui consiste à accrocher directement une structure préspositionnelle à un nom ou à un pronom (signa ad salutem, haec ad uirtutem, quid ad rem, quid ad me), par ellipse d᾽un participe construit en ad. Les « choses de ce genre » signalées en fin de lemme 482
2 sont des participes comme pertinens ou haerens, cités au début du commentaire à 482.
636. Le commentateur utilise par mégarde le verbe latin lauisse en l᾽attribuant au Grec Ménandre. Ce type de code-switching est assez habituel chez les auteurs antiques. Le fait que le grammairien ait « traduit » en latin le verbe grec a pu contribuer au mauvais placement de ce segment dans le texte. Il faut noter que la forme de parfait lauisse (alors que lauare au présent serait meilleur) est sans doute induite par le fait que la forme originale du grec est un aoriste.
637. Donat poursuit son analyse des soins apportés à la mère et à l᾽enfant selon la répartition des modes de connaissance utilisés en médecine (théorie et expérience) qu᾽il a exposés au début de la scène.
638. La seconde main se risque ici à un commentaire étymologique qui n᾽a pas grand lien avec celui de Donat. L᾽anonyme de Differentiis donne une autre explication qui convient mieux au commentaire de Donat : Scientem et scitum. sciens qui scit, scitus qui scitur vel festivus (entre sciens et scitus : est sciens celui qui sait, scitus celui qui est connu ou agréable).
639. Un fragment de Varron conservé dans le Servius auctus donne une autre différence : coram de praesentibus nobis, palam etiam de absentibus (coram s᾽emploie pour ceux qui nous sont présents, palam même pour des absents).
640. On notera ici une discordance entre le texte du lemme factu et celui du commentaire facto, d᾽ailleurs relevée par les éditeurs modernes qui se partagent sur le texte à éditer.
641. Nouvelle discordance entre les lemmes cette fois sur l᾽ordre des mots.
642. Wessner considère que le mot filium est corrompu, mais ce n᾽est absolument pas utile. Donat veut dire que même si le mot puerpera comprend le mot puer (enfant) sans précision de sexe, il est ici utilisé pour désigner la naissance d᾽un fils.
643. On trouve des traces de cette differentia chez Charisius GLK 1, 84, et chez Flavius Caper de Orth. 103, 5. Elle peut provenir de Varron.
644. Le verbe simple a quitté l᾽usage au temps de Donat et ne survit plus que dans ses composés. On remarquera que Donat en profite pour faire montre à peu de frais de sa science, car Térence utilise un composé contemnor tout à fait courant à l᾽époque de Donat.
645. L᾽annotateur considère ici comme étymologiquement pertinente l᾽homonymie entre temno et le verbe grec
τέμνω (je coupe), auquel il donne un premier équivalent correct, d᾽où il tire le second, qui n᾽a plus guère de rapport avec le verbe grec.
646. Le ad pose problème, mais on peut comprendre ainsi : il s᾽agit de déterminer sur quoi porte l᾽indignation. Donat considère qu᾽elle porte sur la manière dont Dave l᾽estime en lui parlant ainsi ou en agissant de la sorte. De cette façon à coup sûr Simon paraîtra l᾽objet du mépris de Dave qui le prend pour un imbécile. Inv. 1, 101, 12 : secundus locus est, per quem, illa res ad quos pertineat, cum amplificatione per indignationem ostenditur, aut ad omnes aut ad maiorem partem, quod atrocissimum est ; aut ad superiores, quales sunt ii, quorum ex auctoritate indignatio sumitur, quod indignissimum est ; aut ad pares animo, fortuna, corpore, quod iniquissimum est ; aut ad inferiores, quod superbissimum est. (Le second lieu est celui par lequel on montre, avec l᾽amplification et en usant de l᾽indignation, quels sont ceux que le délit dont on parle intéresse le plus ; si c᾽est tout le monde ou la majeure partie, ce qui présage quelque chose d᾽absolument affreux ; ou des supérieurs, c᾽est-à-dire ceux en vertu du crédit desquels on s᾽indigne, ce qui présage quelque chose d᾽absolument indigne ; ou encore des égaux en courage, en fortune, en avantages corporels, ce qui présage quelque chose d᾽absolument injuste ; ou des inférieurs, ce qui présage beaucoup de morgue).
647. Donat veut dire soit qu᾽il faut considérer que le segment saltem accurate modifie encore fallere incipias auquel cas il y a zeugme, soit qu᾽il y a syllepse parce que le ut qui suit saltem accurate doit encore être rapporté pour le sens à fallere inicpias, mais suppose une forme du type fallere incipe.
648. C᾽est donc, comme le montre l᾽exemple de Plaute avec le verbe interbibere, le sens intensif du préverbe inter- qui est en cause dans ce commentaire.
649. Cette differentia se trouve chez Cicéron (Senec. 37) où l᾽on peut se demander si liberi signifie les hommes libres ou les enfants. Il s᾽agit de la manière dont Appius est respecté dans sa maison : Tenebat non modo auctoritatem, sed etiam imperium in suos: metuebant servi, verebantur liberi, carum omnes habebant (non seulement il détenait une autorité, mais il avait même un réel pouvoir sur les siens : ses esclaves le redoutaient, ses enfants (ou les hommes libres) le respectaient, tous l᾽aimaient).
650. Cette notation de métrique (on sait qu᾽elles sont très rares chez Donat) a été contournée par les modernes qui éditent quid re tulit, sans qu᾽on doive supposer un allongement. En effet le préverbe re- a un e bref, tandis que l᾽ablatif re a un e long.
651. Il est possible que Donat ait en vue que l᾽on n᾽utilise pas le perfectum d᾽incipio dans la langue soignée.
652. Le verbe est un composé de capio, mais il est tentant, sinon inévitable, dans les étymologies synchroniques des Latins, de forcer un rapprochement entre capio « prendre » et caput « tête ».
653. Etymologie varronienne LL 7, 101, 2 : mussare dictum, quod muti non amplius quam MU dicunt ; a quo idem dicit id quod minimum est : ᾽neque, ut aiunt, mu facere audent᾽. (le verbe mussare vient du fait que les muets ne disent rien de plus que mu; de là vient que le mot désigne le plus petit son possible : et ils n᾽osent pas, comme on dit, « faire mu », donc « souffler mot »).
654. En utilisant la troisième personne, le personnage met en scène son maître et traduit ainsi son impatience devant les accusations non fondées du vieillard.
655. Pour comprendre, il faut considérer qu᾽il commence son examen après inuentum est falsum argument qui est de lui-même exclu de la succession rhétorique puisqu᾽il est manifestement inopérant. Sur la suite, voir par exemple Inv. 2,
16 : causa, persona, factum.
656. Frigide s᾽oppose à asseueratio qui paraît signifier ici « affirmation catégorique » et teintée de passion, pour frigide « sans marquer d᾽émotion » cf. Quint. 6, 1, 39: Transtulit aliquando patronus puellam, quae soror esse aduersarii dicebatur (nam de hoc lis erat), in aduersa subsellia, tamquam in gremio fratris relicturus ; at is a nobis praemonitus discesserat. Tum ille, alioqui uir facundus, inopinatae rei casu obmutuit et infantem suam frigidissime reportauit. (une fois un avocat fit passer une jeune fille que l᾽on disait sœur de son adversaire (c᾽était là le motif du procès) sur le banc adverse, comme s᾽il allait la laisser dans le giron de son frère ; mais lui, que nous avions mis en garde, s᾽était retiré. Alors l᾽autre, par ailleurs homme éloquent, resta bouche bée devant cet événement inattendu et reporta son enfant à sa place sans marquer la moindre émotion).
657. Le commentaire n᾽est pas très clair. Donat remarque une certaine désinvolture dans la réponse de Dave à la question du vieillard : pourquoi n᾽as-tu pas informé Pamphile ? question à laquelle Dave paraît répondre à côté. Il suppose donc l᾽enchaînement suivant : pourquoi ne l᾽as-tu pas dit à Pamphile ? Je le lui ai dit. D᾽ailleurs tu peux remarquer que c᾽est moi qui l᾽ai séparé de sa concubine...
658. Nouvelle inconséquence dans le texte commenté où Donat hésite visiblement entre tamen idem (texte généralement suivi par les modernes) et l᾽étrange tamenidem.
659. Erreur flagrante dans la numérotation de Wessner. Nous insérons ce bis pour ne pas changer le numéro de la scholie suivante.
660. L᾽ajout par Wessner de et superlatiuis ne s᾽impose pas vraiment. Donat peut signifier exactement la même chose en indiquant que l᾽adverbe, chez les Anciens comme aujourd᾽hui se joint
aussi aux comparatifs. Toutefois, nous conservons l᾽ajout parce qu᾽il clarifie le commentaire.
661. Il s᾽agit de distinguer promissio (promesse simple) et pollicitatio (promesse intensive). Mais ce sens prêté à pollicitatio paraît contaminé (faussement) par le grec : Donat croit sans doute voir là un mot composé en poly- (lequel connaît un allomorphe poll-) : polli-citus serait ainsi « celui qui s᾽agite beaucoup <pour promettre> », polli-citatio signifierait « agitation multiple ». La differentia proposée est dont entièrement induite par une mauvaise analyse de la forme interne du mot. Comme on sait, le verbe polliceor est en réalité un composé (en por-, variante archaïque de per-) de liceor et signifie proprement « proposer une enchère supérieure » (d᾽où dérive l᾽idée de « promettre »).
662. Sur la notion d᾽euentus, voir Evanthius Fab. 5.
663. L᾽ordre des mots proposé par Donat est amétrique : le texte est …gnatum meum.
664. La raison de l᾽absurdité n᾽est pas évidente. C᾽est probablement que Donat considère comme totalement inefficace de supplier un personnage au nom d᾽une personne avec laquelle il n᾽a aucun lien. Si l᾽on supplie un personnage au nom d᾽un enfant, il faut que ce soit l᾽enfant du personnage que l᾽on supplie.
665. Enée jure ici qu᾽il a combattu et risqué sa vie pour cette Troie en flammes par laquelle il jure.
666. Vénus implore son père de protéger au moins Ascagne de la colère de Junon, par ces mêmes ruines de Troie qui montrent la colère de la terrible déesse.
667. L᾽objet exact du commentaire est difficile à cerner. C᾽est soit la présence dans le même énoncé du même verbe à deux temps différents (fuerant + futurae) dans un rapport de dépendance l᾽un par rapport à l᾽autre, soit un énoncé dont trois mots successifs commencent par la même initiale.
668. Le latin, au contraire du grec, n᾽admet normalement pas l᾽impératif dans l᾽expression de la défense, ce qui provoque le commentaire de Donat. La forme la plus littéraire serait ne me obsecraueris.
669. Donat remarque ici que l᾽emploi du cum historicum s᾽imposerait, puisque le rapport est à la fois temporel et causal, et que rien ne justifie, selon lui, la présence de l᾽indicatif qu᾽il attribue à un fait de langue ancienne. On observera toutefois que ce mode et ce temps peuvent se rencontrer pour marquer la succession immédiate de deux actions : « au moment précis où je te la donnais », ce qui n᾽est pas absurde ici, et encore moins dans l᾽exemple virgilien.
670. Dans le schéma de Chrysippe cette proposition est la suivante: si A donc B, mais non B, donc non A. Soit, avec une légère variante par rapport au schéma strict : « SI c᾽est notre avantage à tous les deux, fais le venir, MAIS ce N᾽est PAS notre avantage à tous les deux, DONC ne le fais pas venir et réfléchis ».
671. L᾽emploi est légitime car l᾽adjectif « utile » s᾽applique parfaitement aux deux personnages, uterque impliquant selon Donat non seulement la présence de deux personnes ou choses, mais une action conjointe de ces deux entités, ou un état commun.
672. Soit ita et -que et non l᾽adverbe itaque.
673. Ce qui implique qu᾽il n᾽a pas de masque.
674. Est réputé péjoratif, donc, non pas l᾽emploi du démonstratif hic, mais l᾽emploi du pluriel pour le singulier. Le vers cité de L᾽Eunuque (qui est l᾽objet d᾽une remarque comparable) dit le pluriel meretricum pour référer de façon générale à une situation particulière qui concerne la courtisane de la pièce. L᾽effet serait sans doute le même en français avec un tour comme « évidemment, avec
des filles de ce genre... ».
675. L᾽équivoque repose sur les deux accusatifs illum et hanc : on ne sait si le sens est que « lui la possède » ou « qu᾽elle le possède ». D᾽ailleurs Donat propose immédiatement une autre solution, qui réduit le problème : l᾽énoncé fonctionne dans les deux sens.
676. On lit également sed dans ce passage.
677. On voit mal en quoi l᾽énoncé istuc periculum in filia fieri graue est peut devenir un proverbe au sens moderne du terme. On voit ici encore la confusion qui règne chez Donat entre ce que nous nommons, nous, proverbe et les maximes ou les sentences. Ici de toute évidence, il s᾽agit plutôt d᾽une sentence.
678. Le texte de Donat corrigetur est amétrique, à moins de rejeter le at au vers précédent. Les éditeurs modernes choisissent corrigitur, qui est métriquement possible.
679. Le syllogisme paraît reposer sur la succession des propositions hypothétiques dans ces deux phrases. Il faut donc poser comme majeure : si eueniat discessio incommoditas redit et comme mineure at si corrigitur commoditates sunt, ce que l᾽on peut formaliser ainsi : SI discessio, NON commoditates ; AT SI correctio, commmoditates en comprenant, pour que le syllogisme fonctionne, que correctio = non discessio ce qui donne effectivement la forme négative et les lemmes contraires : SI discessio, NON commoditates ; SI NON discessio, commmoditates.
680. Noter ici l᾽incohérence (assez fréquente dans le commentaire) du texte proposé par les lemmes
1 et 2.
681. Le vers
580 marque à la fois la fin de la scène
3 de l᾽Acte
3 (c᾽est-à-dire le vers
48 de cette scène, qui n᾽est commentée que pour un seul lemme) et le début de la scène
4 (qui est subdivisé en deux lemmes). Nous avons donc revu la subdivision de l᾽édition Wessner. Cela donne donc 580
1 (fin de la scène 3) puis 580
2 et
3 (dans la scène 4).
682. DAVOS dans les deux cas.
683. Même commentaire qu᾽en Andr. 173, 4.
684. Le commentaire s᾽éclaire grâce à l᾽exemple de Cicéron. Donat remarque qu᾽on dit precari aliquem, mais petere ab aliquo. Donc une construction precari ab aliquo est irrégulière, et suppose une forme de zeugme où l᾽un des termes est sous-entendu. Le même phénomène s᾽applique alors aisément à la phrase de Térence : on ne dit pas uereor a te, mais on dit uereor te et on dit fieri a te donc il faut comprendre non te uereor ne id a te fiat.
685. Donat repart de la structure de l᾽adverbe et isole l᾽élément modum (de modus = mesure). Il remarque alors que « presque la mesure » est moins que « exactement la mesure », et en tire cette gradation entre propemodum et admodum.
686. Le premier verbe est au futur, le second au présent.
687. C᾽est sans doute le ton qui est double ici : son maître attend que Dave tire gloire d᾽avoir fait cela tout seul, mais en réalité le constat est amer : Davec s᾽est mis tout seul dans cette situation impossible.
688. On lit alors sum irritatus animum.
689. Il s᾽agit de la littera canina que l᾽on retrouve chez Perse (1, 109-110). Le rapprochement entre la lettre R et les chiens se trouve déjà chez Lucilius, 1,
32 M au témoignage de Charisius GL 1,
159 (canes Lucilius I, «inritata canes quam homo quam planius dicit», pro canis) et de Nonius 31, 21.
690. La politesse passe ici par l᾽emploi d᾽un acte de langage moins agressif : l᾽impératif dénote l᾽ordre sans ambages, le subjonctif glisse vers le souhait et semble laisser une échappatoire à l᾽interlocuteur.
691. Ce sens de rectus est bien improbable et on voit mal comment Donat y parvient.
692. Le même commentaire se lit en Eun. 289.
693. Comprendre « dirigée contre les deux personnages » : Simon insperante et Pamphile inuito.
694. Il est habituel de rapporter iners à ars (légitimement), mais tout aussi habituel de rapprocher (erronément) ars et le mot grec
ἀρετή (vertu). Cf. par ex. Isidore de Séville, Et. I, 1, 2.
695. Il y a là trace d᾽une differentia varronienne (LL 5, 177-179) : poena a poeniendo aut quod post peccatum sequitur. pretium, quod emptionis aestimationisue causa constituitur, dictum a peritis, quod hi soli facere possunt recte id. si quid datum pro opera aut opere, merces, a merendo. quod manu factum erat et datum pro eo, manupretium, a manibus et pretio. corollarium, si additum praeter quam quod debitum ; eius vocabulum fictum a corollis, quod eae, cum placuerant actores, in scena dari solitae. praeda est ab hostibus capta, quod manu parta, ut parida praeda. praemium a praeda, quod ob recte quid factum concessum (le mot poena vient de poenire autrement dit ce qui suit une faute. Pretium c᾽est ce qui est fixé en vue d᾽un achat ou d᾽une estimation, le mot venant de peritus car ce sont eux (les periti = les experts) seuls qui sont capables de faire cela correctement. Si l᾽on donne quelque chose pour un travail ou un ouvrage, on parle de merces qui vient de merere (mériter) ce qui a été fabriqué et donné pour cela, ou de manupretium qui vient de manus (la main) et de pretium (le prix). On parle aussi de corollarium si on ajoute quelque chose à ce qui est dû ; ce mot a été forgé à partir du mot corolla (petites couronnes) parce que c᾽était là ce qu᾽on avait coutume de donner en scène aux acteurs qui avaient eu du succès. Le mot praeda désigne ce qui est pris par les ennemis, autrement dit manu parta (acquis par son bras) comme si on avait parida au lieu de praeda. Le mot praemium vient de praeda pour ce qui est accordé en raison d᾽une bonne action).
696. La situation est évidemment la punition terrible que l᾽esclave suppose qu᾽il va recevoir dans les plus brefs délais.
697. Parce que cela fait un jeu de mots, expedire pouvant signifier « délier » : « je trouverai quelque expédient à cet empêchement », ou « je me délierai de mes entraves ».
698. La première porte sur iam et la seconde sur expediam.
699. Il paraît assez clair que le commentaire est autant lexicologique que dramaturgique : Donat oppose clairement impeditus et expeditus et donc logiquement integer à perditus. C᾽est la raison pour laquelle nous traitons ces adjectifs comme des autonymes.
700. En ce que, parce qu᾽il ne punit pas immédiatement Dave, il lui laisse la possibilité de reparaître en scène et donc de jouer encore un rôle dans l᾽argument.
701. Le moins qu᾽on puisse dire est que le commentaire de Donat n᾽est pas très clair. L᾽idée paraît être la suivante : le verbe sinere ne s᾽applique en propre qu᾽à ulcisci (le temps dont je dispose ne me permet pas de te punir) et non à praecauere (pour donner : le temps dont je dispose me permet de me prévenir contre tes fourberies), et il faut donc sous-entendre selon le commentateur un verbe cogit pour avoir : le temps dont je dispose me contraint à me contenter de me prévenir contre tes fourberies, mais il ne me permet pas de te punir. C᾽est là que se trouve la syllpese, dans l᾽usage du seul verbe sinere pour les deux constructions.
702. Donat caractérise ici moins la première scène de l᾽acte que l᾽acte tout entier.
703. Les éditeurs modernes retiennent plutôt ici le texte consuetudo.
704. Commentaire sentencieux et quelque peu énigmatique : Donat indique en réalité qu᾽il existe deux sortes de pudor, un positif et un négatif. Le pudor négatif est celui qui empêche le mal, le positif celui qui préconise le bien. Ici il considère les deux notions en gradation, mais la gradation elle-même repose en réalité sur des données implicites aux paroles de Charinus que le commentateur ne développe pas. Pour Charinus, le pudor négatif empêche de refuser ce qui est selon lui légitime, mais il ne va pas jusqu᾽à un pudor positif qui le ferait accorder. A travers la palinodie des pessimi, c᾽est bel et bien cette impossibilité de passer du pudor négatif au pudor positif qui apparaît.
705. Tel quel le commentaire est incompréhensible : il faut comprendre soit que denegare est sous-entendu « une deuxième fois », c᾽est-à-dire en complément du verbe timent qui est en réalité le premier, soit que denegare est sous-entendu à la fois comme complément de coacti et comme complément de timent.
706. Nouveau commentaire énigmatique. Il faut de toute évidence comprendre malitia comme un ablatif, car en faire un équivalent de res obligerait en raison de la suite du commentaire de Donat à supposer deux fois le mot dans la phrase, une fois pour désigner la méchanceté, et une fois pour désigner l᾽objet sur lequel elle s᾽applique. En fait, Donat précise seulement que ce qui caractérise ces gens comme des méchants c᾽est uniquement qu᾽ils refusent la chose qu᾽ils ont promise.
707. Le commentaire de la deuxième main est assez obscur. Il repose probablement sur l᾽opposition entre pudet et ueretur d᾽un côté et ubi opus est, ubi nihil opus est de l᾽autre. Si l᾽on s᾽en tient au commentaire de Donat pudet paraît présupposer que l᾽on évite quelque chose, alors que uereor semble supposer que l᾽on accepte quelque chose avec respect. Sans doute la seconde main préfèrerait-elle que Térence écrive : ubi opus est ueretur, ubi non opus est pudet, au sens de « dans ce qui le mérite il montre du respect, dans ce qu᾽il ne le mérite pas il a honte de s᾽engager ».
708. Ce qui pose sans doute problème à Donat, c᾽est la construction adeamne ad eum qui met en regard deux ad. Il est probable que le commentateur juge qu᾽un des deux ad est de trop.
709. Donat veut dire en réalité que l᾽énoncé est incomplet, parce que le personnage ne présente pas tout ce que contient multum.
710. Le lemme
6 explique de quoi il s᾽agit.
711. Donat veut dire que Pamphile choisit de plaider la non-responsabilité par imprudence ; il choisit donc de concéder la faute mais non sa préméditation, ce qui constitue une concessio. Charinus s᾽empare du point qui fonde la concessio pour réfuter non tant l᾽argumentation de Pamphile que sa stratégie défensive elle-même.
712. Donat, on le sait, dipose de textes où les personnages qui parlent ne sont pas précisés. Ici donc on peut lire la phrase comme une seule réplique de Charinus : Heu me miserum... falsus es et dans ce cas effectivement, falsus signifie fallax.
713. P.-Fest 117 : lacit, in fraudem inducit. Inde est allicere et lacessere ; inde lactat, illectat, delectat, oblectat (lacere : tromper. Dérivés allicere et lacessere ; dérivés lactare, illectare, delectare, oblectare).
714. Au lieu de confecit.
715. Cette remarque semble opposer la connaissance que le personnage croit avoir et celle qu᾽il devrait avoir s᾽il avait saisi l᾽évolution.
716. La remarque concerne la forme déponente du verbe altercor qui coexiste avec le verbe alterco, contrairement à ce que pense le commentateur.
717. Donat hésite sur la nature de ce quo : soit il s᾽agit d᾽un relatif à l᾽ablatif (mais comment construit-il ?, voir le lemme 5) soit il s᾽agit d᾽une conjonction. La seconde solution est évidemment extrêmement préférable, mais non avec l᾽équivalent que donne Donat ; il faudrait s᾽il n᾽y avait pas minus non pas quoniam ni quod, mais ut.
718. Il est difficile de voir ce que le commentateur a voulu dire ici. Peut-être salue-t-il le rythme ternaire du vers en indiquant qu᾽il est inutile de mettre un quatrième verbe. Quelle que soit la véritable raison, cette remarque reste au demeurant obscure.
719. Dans notre reconstruction du texte, Donat voudrait dire que inter ici ne doit pas être construit comme un adverbe qui signifierait inter hoc et donnerait à la phrase le sens de « il jette le trouble là-dedans », mais bien avec un intensif : « il jette un trouble complet ». A défaut d᾽assurer notre reconstruction du texte la suite de ce lemme et le lemme
4 en assurent le sens.
720. On notera, ici comme assez souvent, une incohérence dans le texte térentien fourni par le lemme.
721. Le commentaire porte sur le temps de la forme euenit présent ou parfait.
722. Ici comme ailleurs dans le commentaire, l᾽élément se- s᾽interprète comme un préfixe privatif, ce qu᾽il est effectivement.
723. Donat veut dire que le premier ubi suffit seul à exprimer le sens, mais il paraît ignorer délibérément la différence avec la forme redoublée qui est indéfinie ce que n᾽est pas ubi.
724. En écrivant cela, Donat semble considérer, ce qui est sans doute le cas de son temps dans la langue courante, que le vocatif de meus est meus. L᾽emploi de mi est absolument courant dans la latinité classique, mais le vocatif meus n᾽est pas sans exemple y compris aux côtés de mi. Voir par exemple Plaut., Asin. 664.
725. L᾽idée n᾽est de toute évidence pas que Glycère ne se marie jamais mais qu᾽elle continue d᾽ignorer qu᾽un autre mariage est prévu pour Pamphile.
726. Donat a déjà fait plus haut un commentaire identique.
727. Le commentaire n᾽est pas très clair. On voit mal d᾽abord en quoi les deux explications s᾽excluent mutuellement, ce que semble indiquer aut. De plus la reformulation n᾽est absolument pas claire. Donat semble indiquer qu᾽on peut comprendre ce vers comme une description de l᾽état de Charinus dont le remords est aussi dément que la passion de Pamphile. Le plus simple serait cependant de considérer que insanit, bien qu᾽à l᾽indicatif, est le verbe d᾽une interrogative indirecte : « si tu te repens en voyant combien spontanément il s᾽est mis dans tous ses états ».
728. S᾽il y a ici de l᾽ironie, elle est plutôt sur satis que sur le passage cité dans le lemme.
729. La deuxième main semble croire que les verbes composés aduerto et addo sont des intensifs par rapport aux verbes simples uerto et do. On notera alors qu᾽il ne perçoit évidemment pas que seul addo peut à la limite se ranger dans son explication, le ad de ad-uerto ayant un tout autre sens. A moins qu᾽il ne fasse le rapprochement avec admirabiliter qu᾽en raison de la particule ad en début de chaque mot, sans pour autant avoir à l᾽esprit de notion sémantique précise pour les verbes aduerto et addo.
730. Commentaire pour le moins surprenant, Donat semblant construire caelum Neptuni contre le simple bon sens. Ce type d᾽analyse est typique de la tendance du grammairien à créer un problème pour y apporter une solution qui lui permette de dire ce qu᾽il a envie de dire, ici de toute évidence la citation virgilienne.
731. C᾽est-à-dire introduisant une consécutive négative et non une finale négative.
732. Il n᾽y a aucune raison de considérer le lemme comme locus desperatus comme le fait Wessner. Il faut au contraire supposer que Donat attribue cette réplique à Charinus dont le texte est alors : miser aeque, atque ego consilium quaero. Voir le lemme suivant.
733. Nouvelle attribution des répliques problématique, qui confirme une incertitude sur la construction de ce passage. Nous avons édité dans le texte latin de la comédie ce que Donat paraît privilégier.
734. La citation de Salluste n᾽étant connue que par Donat, la traduction est purement conjecturale.
735. Discedentis n᾽est pas à prendre ici au sens premier de « celui qui veut partir » (encore qu᾽il s᾽agisse probablement de la finalité de l᾽avertissement) mais il désigne à notre sens « celui qui veut mettre un terme à une discussion avec quelqu᾽un » et qui, pour ce faire, lui demande quand il s᾽en va ou où il s᾽en va, pour le pousser à partir. Cette interprétation nous paraît confirmée par le propos du lemme
4 au même vers.
736. L᾽intérêt de ce commentaire réside dans le statut de uerum qui oriente la lecture. Si uerum est un adjectif substantivé, et que le vers signifie « tu veux que je te dise la vérité », cela implique que Charinus au lieu de s᾽en aller va raconter son histoire ; si au contraire uerum est une conjonction ou un adverbe, et que le phrase signifie « tu veux vraiment que je te le dise ? » (la réponse étant évidemment « non »), cela signifie que Charinus a parfaitement compris qu᾽il doit s᾽en aller.
737. Le commentaire veut souligner qu᾽il faut en réalité comprendre deux fois quid.
738. Le diminutif étant féminin, Donat considère qu᾽il ne peut provenir que de l᾽emploi féminin de dies dont on sait qu᾽il peut avoir les deux genres. Il s᾽attendrait dans le cas contraire à un dieculus qui ne semble pas avoir existé.
739. Nous comprenons ici que diecula désigne un délai d᾽une journée ou de moins d᾽une journée.
740. Ce terme est inconnu des lexiques et autres dictionnaires.
741. Ce mot grec nous paraît intraduisible ; c᾽est à peine si nous reconnaissons à l᾽intérieur le terme de murrinai qui désigne des couronnes de myrtes. Dans les fragments de Ménandre (frg
40 Sandbach)le passage est ainsi reconstruit :
ἀ]πὸ Λοξίου σὺ μυρρίνας.
742. Le commentaire porte ici sur l᾽adjectif nouus ; la chose semble inédite pour un personnage d᾽esclave et tout à fait subite de surcroît.
743. Isidore de Séville (Et. 12, 6, 34) évoque lui aussi cette légende zoologique : Echenais, paruus et semipedalis pisciculus, nomen sumpsit quod nauem adhaerendo retineat. Ruant licet uenti, saeuiant procellae, nauis tamen quasi radicata in mari stare uidetur nec moueri, non retinendo, sed tantummodo adhaerendo. Hunc Latini moram appellauerunt, eo quod cogat stare nauigia (L᾽echenaïs, petit poisson d᾽un demi-pied de long, tire son nom du fait qu᾽en s᾽accrochant au navire, il le retient. Les vents ont beau souffler, les tempêtes faire rage, le navire pourtant, comme s᾽il était enraciné dans la mer, paraît stable et immobile, non pas parce que le poisson le retient, mais parce qu᾽il s᾽y accroche. Les Latins l᾽ont appelé mora (retard) parce qu᾽il oblige les embarcations à s᾽arrêter). Le nom grec de ce poisson semble en effet signifier « qui retient les navires » (d᾽où la légende, par rétromotivation) mais il signifie en réalité « qui s᾽accroche aux navires ». La légende par réinterprétation du nom semble dater du premier siècle de notre ère : Pline 9,
79 et surtout 32,
2 (qu᾽Isidore cite implicitement) où le naturaliste rappelle comment un « echeneis » stoppa la fuite d᾽Antoine pendant la bataille d᾽Actium ; Luc. 6, 674 ; etc. Le nom latin re-mora plutôt que mora semble trouver chez Donat sa première attestation, reprise par Servius. Sur l᾽ensemble du dossier, cf. A. Blanc, « Du composé au mythe : l᾽échénéis », dans Les zoonymes, Nice, 1997, p. 77-89.
744. Voir le commentaire à And. 790.
745. Le commentaire à ce morceau est assez bousculé, le commentaire de la seconde main étant inséré au milieu du commentaire d᾽un autre passage. Nous rétablissons l᾽ordre des lemmes.
746. Cf. la note au commentaire d᾽And. 780.
747. Etymologie de sobrius, via un chaînon manquant sebrius, compris comme se-ebrius, avec préverbe se-indiquant la séparation ; c᾽est une étymologie analogique : sobrius est à ebrius (ivre) ce que se-cretus est à cretus (représenté par le verbe cernunutur de la morphologie duquel il relève).
748. C᾽est une allusion, comme dans le commentaire au vers
773 ci-dessus, à la théorie platonicienne de la mimésis, adaptée au contexte générique. Pour Platon, il y a trois sortes d᾽énonciation : le niveau diégétique, qui consiste à s᾽exprimer en son nom propre et à raconter ou décrire quelque chose de façon auctoriale (par exemple dans le genre historiographique ou le traité scientifique) ; le mimétique, qui consiste à utiliser la voix de personnages (comme dans la tragédie ou la comédie ou les dialogues, notamment platoniciens) ; le genre mixte, qui passe du diégétique au mimétique (par exemple l᾽épopée, qui fait se succéder « récits » et « discours »). Ce que Donat fait voir ici (d᾽une façon d᾽autant plus remarquable qu᾽il travaille probablement sur un texte comique peu ponctué et dont les répliques sont mal délimitées), c᾽est que Dave, au vers
773 puis au vers 780, fait parler quelqu᾽un d᾽autre à l᾽intérieur de son propre discours, au style direct. On comprend donc qu᾽il considère que, dans le genre comique qui est par définition homogènement mimétique, il peut y avoir de la mimésis dans la mimésis, dès qu᾽une sous-énonciation est mise en œuvre. Du coup, dans ce cadre-là, le genre peut être considéré comme mixte. Mimétique par essence, il devient exégétique si l᾽on considère Dave comme l᾽ « auteur » de ses propres répliques (comme l᾽historien est l᾽auteur du récit qu᾽il fait), les paroles de chaque personange-auteur étant dès lors un récit ; il devient mimétique dès que cet « auteur » laisse la place à un autre énonciateur, comme ici, puisque Dave cite au discours direct les paroles de quelqu᾽un d᾽autre ; dans cette optique, le genre est donc mixte, oscillant entre le récit et le discours.
749. Sans doute doit-on comprendre que le vers de Virgile devait être passé en proverbe pour dire “ce n᾽est pas ce que tu crois”.
750. Donat signale donc une didascalie interne : la réplique de Chrémès permet de comprendre que Mysis vient de le toucher.
751. Nous adoptons ici la correction de Schoell, qui sous le locus desperatus quam †ea quae dicimus lit ingénieusement quam
αὐτοφυῆ .
752. Donat cite ce passage des Géorgiques dans lequel la nature offre spontanément une terre meuble, comparable à une terre travaillée par le labour. Le rapport est assez ténu avec le texte de Térence.
753. Comprendre : Criton n᾽a joué aucun rôle dans l᾽intrigue, il est uniquement celui qui connaît assez d᾽élément pour résoudre le conflit. Bref, il est un personnage catastrophique, comme il existe des personnages protatiques, qui servent uniquement au bon déroulement de la protase.
754. Ou peut-être aussi « spondée » si l᾽on considère que la forme est l᾽accusatif de spondeus et non de spondeum.
755. D᾽après le commentaire, Donat lit ici diuitias et non ditias comme la plupart des éditeurs modernes.
756. La seconde main ici ajoute un exemple qui n᾽apporte absolument rien.
757. Même étymologie chez Isidore, Etym. 9, 14 : Consobrini uero uocati, qui aut ex sorore et fratre, aut ex duabus sororibus sunt nati, quasi consororini (on désigne du nom de consobrinus celui qui est né d᾽un frère ou d᾽une sœur ou ceux qui sont nés de deux sœurs comme si le mot était consororinus). L᾽étymologie est correcte et validée par les modernes : i.-e. *swesr-ino- (sur la base *swes(o)r- du nom indo-européen de la sœur), qui aboutit régulièrement à sobrinus.
758. Donat veut dire que la présence de perdidit (usuellement le verbe actif qui correspond à pereo) assure le fait que ce soit ce verbe qui soit sous-entendu plus haut.
759. Le rapport entre Salluste et Térence est dans l᾽adjonction d᾽un nom générique à un nom de fonction entraînant ainsi le changement du nom de fonction en quasi-adjectif.
760. Inuidiose quantum in te est porte en réalité non pas tant sur
darem ou
promitterem que sur l᾽action violente marquée par
pepulisti.
761. La part n᾽est pas toujours bien faite chez les grammairiens entre forme composée (par exemple
profero en regard de
fero) et forme redoublée, comme ici
tetulit parfait à redoublement, forme archaïque de
tulit parfait sans redoublement. Dire que
tetulit est une forme composée relève de l᾽inexactitude, au moins aux yeux des modernes. La forme, quoi qu᾽en dise la seconde main, n᾽est pas spécialement incongrue en poésie : les exemples abondent chez Plaute. Cette impression de l᾽annotateur est sans doute induite par le caractère archaïsant de la forme.
762. L᾽argument par la personne est placé par Donat sur le pronom
quibus, l᾽argument par le raisonnement sur l᾽adjectif
utile.
763. La rupture de construction est ici blâmée assez sévèrement : Donat semble préconiser une construction bien maladroite
ea causa quam ob causam (que personne ne songerait à utiliser), alors que
quamobrem est depuis longtemps lexicalisé au sens de
pourquoi. En tout cas, c᾽est la preuve que l᾽on peut encore remotiver la forme
quamobrem ; il en va sûrement de même pour
quare, sans doute moins pour
cur, dont la formation n᾽est plus transparente.
764. Causa, sujet de
adempta erit, a du mal à être superflu ;
rem peut être économisé :
causa ob quam, « la raison pour laquelle », pouvant suffire. Ici encore, comme dans le lemme précédent, c᾽est la corrélation
ea causa quamobrem qui gêne le commentateur.
765. Quaeritur renvoie aux
προβλήματα ou
ζητήματα des philologues alexandrins pour signaler les passages dont il est difficile d᾽établir le sens ou de reconstituer la cohérence.
766. Est en cause, dans ces deux lemmes qui n᾽en font qu᾽un pour le raisonnement, la valeur adverbiale de
quid : ici,
nescio quid signifie « je ne sais pourquoi » et non pas « je ne sais quoi ».
767. On peut hésiter ici entre le sens de parlure et le sens d᾽habitude, et presque de caractère ; consuetudo serait alors un calque sémantique du grec ethos.
768. Il s᾽agit d᾽une remarque étymologique de type proportionnel, en quelque sorte : comprendre que otiosus « oisif » (bâti sur otium « le loisir ») est à securus « sûr » (étymologiquement « sans souci », bâti sur cura « souci ») ce que negotium « affaire » (le contraire d᾽otium) est à sollicitudo « inquiétude ». Dans chacun deux termes de l᾽équation on trouve un terme morphologiquement positif (otiosus et sollicitudo) et un terme morphologiquement négatif (securus et negotium), ce qui revient à dire que si –x=y, alors x=-y).
769. La remarque, implicitement, vaut remarque de ponctuation. Il faut comprendre que c᾽est une exclamation, non une question, dans la « mise en scène » que se fait Donat de ce passage.
770. Il y a syllepse parce que Donat comprend que commodiorem se rapporte à hominem, aduentum et tempus et voudrait lire commodius tempus, commodiorem aduentum, commodiorem hominem.
771. Le solécisme (qui relèverait de la syllepse) serait dans l᾽accord au masculin de scelus, mot neutre siginifiant « crime », employé ici au sens de « criminel ».
772. Le personnage incriminé repousse toute forme de critique, pour se faire entendre il faut donc faire son éloge, mais de manière ironique pour qu᾽il perçoive le reproche ; l᾽ironie est donc bien dans ce cas plus efficace que la réprimande.
773. De fait chez Donat, etiam est classé non parmi les adverbes (il aurait alors relevé des aduerbia a se nata, les adverbes spontanément formés, comme nuper, par opposition aux adverbes dérivés d᾽une autre partie du discours, comme les adverbes déadjectivaux de type docte), mais parmi les conjonctions causales, dans une longue liste qui commence ainsi : si, etsi, etiam, etiamsi, ac si, tamen si, si quidem, quando, quando quidem, quin, quin etiam, etc. (cf. Donat, Ars GL IV, 389, 3).
774. Même remarque qu᾽en 841 2.
775. Donc, implicitement, Donat signale de l᾽ironie : Chrémès, en disant des amoureux qu᾽ils se battent, veut dire qu᾽en réalité ils sont en train de se réconcilier sur l᾽oreiller.
776. Donat lui-même, dans ses deux traités de grammaire, ne tranche pas dans ce débat, dont voici les données : la forme ellum peut être interprétée comme une forme archaïque de illum, auquel cas c᾽est un pronom ; soit c᾽est une forme syncopée de en illum, où l᾽on reconnaît l᾽adverbe en, et la lexie est classée adverbe, au sens de « le voici ».
777. L᾽adjectif confidens a souvent le sens péjoratif de « <trop> sûr de soi ».
778. Voir Priscien, 2, 121, 16. Sur l᾽étymologie grecque cf. à l᾽identique Serv. Aen. 1, 423, 5 ; Isid. Orig. 12, 2, 38. Sur le sens Porphyr. Carm. 3, 12, 10-11, 2.
779. Donat remplace l᾽adverbe archaïque par l᾽adverbe habituel.
780. Jeu de mots implicite ceruus, seruus (d᾽ailleurs donné par certains MSS mais qui doit être une lectio facilior), qui entraîne la citation virgilienne.
781. Au vers 859.
782. Voir 855, 6.
783. Donat voit ici une gradation.
784. La remarque de la seconde main s᾽explique par le fait que l᾽annotateur suppose que l᾽on va comprendre contra ciuium morem comme synonyme du seul praeter.
785. Ou non-potens en donnant à minus le sens d᾽une négation.
786. Comprendre de la lenteur que Pamphile a mise à saisir.
787. Donat illustre avec le vers de Virgile non pas la valeur de reproche incluse dans olim, et qu᾽il vient de remarquer chez Térence, mais le procédé de la répétition d᾽un mot et la valeur d᾽insistance qu᾽elle implique.
788. Le terme injurieux est peregrina qui signifie meretrix comme Donat l᾽a déjà dit.
789. Donat comprend « un témoin préparé », c᾽est-à-dire dont on a acheté et composé le témoignage par avance. On peut aussi comprendre « un témoin qui tombe à pic », avec une allusion métathéâtrale à l᾽arrivée inopinée d᾽un témoin essentiel au dénouement. Dans ce cas la réplique est ironique.
790. Il est possible que Donat joue sur les deux sens du terme grec : « caractère effrayant » de la menace et « habileté » de l᾽amplification et de la généralisation.
791. C᾽est-à-dire de lactas, du verbe lactare, verbe de base de delectare et oblectare. Cette remarque signifie qu᾽il ne faut pas confondre ce verbe avec son homonyme lactare «allaiter ». Donat revient ici encore sur un problème qu᾽il a déjà évoqué plus haut. Dans la fin du commentaire, les redites deviennent de plus en plus fréquentes.
792. Agere peut avoir soit le sens faible et fréquent chez Donat de « faire » ou un sens plus fort et judiciaire « plaider ».
793. La notion est absente de Cicéron et Quintilien. Le dictionnaire de Dasypodius
1536 en donne une définition qui peut provenir directement de ce passage de Donat : Et cæcum testimonium, quod scripto ab absenti perhibetur (le témoignage aveugle est celui qui est remis par écrit par un absent).
794. La remarque de Donat est légèrement contradictoire avec les faits qu᾽il observe. Cuia ici n᾽a pas de marque de genre ou de nombre, mais paraît avoir une marque casuelle.
795. Certains grammairiens citent le gerundium comme un mode : ainsi Servius (GL IV, 412, 17). Donat le range parmi les participes, précisément participes futurs passifs (GL IV, 387, 30). Mais ce qu᾽il évoque à cette occasion, c᾽est l᾽adjectif verbal (il cite legendus comme exemple de participe futur passif). Il semble donc que, trompé par l᾽identité formelle, il ne distingue pas le gérondif de l᾽adjectif verbal. Quant au classement parmi les participes, il est naturel, puisque le participium est le mode des formes verbales qui « participent » de la déclinaison nominale. Le gérondif et l᾽adjectif verbal, tous deux « formes nominales du verbe », dotés de cas, sont donc, dans cette typologie, d᾽authentiques participia.
796. Les éditeurs des fragments de Salluste donnent ici magna au lieu de maxima. On voit mal pourquoi puisque ce texte est la seule attestation de ce fragment. De ce fait, les deux derniers mots sont purement hypothétiques, mais peuvent effectivement se tirer du contexte de la seconde citation de ce passage, un peu plus loin.
797. Discretivus n᾽est pas une typologie de conjonction chez Donat. La conjonction at n᾽est pas citée dans la liste des prépositions là où on l᾽attendrait, parmi les disiunctiuae. Mais elle est citée, hors typologie sémantique, pour illustrer l᾽ordre des mots, comme un exemple de conjonction prépositive (parce que placée en début de phrase), s᾽opposant ainsi à -que ou autem. La notion de discretio est commune chez les grammatici et désigne la séparation qui est faite entre les mots pour désambiguïser. At est donc ici commenté pour sa valeur séparative entre deux énoncés ou deux idées.
798. Comprendre : « d᾽autres mettent le nom Chremes à partir du mot scilicet », c᾽est-à-dire « attribuent la réplique scilicet à Chrémès ».
799. Donat insiste ici sur la valeur performative du verbe accipio dans ce contexte juridique : c᾽est donc une formule juridique sans laquelle l᾽opération ne peut être entérinée.
800. Autrement dit, le père rebondit sur haud iuste « ce n᾽est pas juste » de Pamphile en feignant de le comprendre comme « ce n᾽est pas bien fait » (donc « il n᾽est pas attaché en bonne et due forme »). D᾽où la réponse « ce n᾽est pas là conforme à mes ordres, qui étaient de le lier pieds et poings ».
801. Sen. Ep. 85, 18 : Epicurus quoque iudicat, cum uirtutem habeat, beatum esse, sed ipsam uirtutem non satis esse ad beatam uitam, quia beatum efficiat uoluptas quae ex uirtute est, non ipsa uirtus. Inepta distinctio : idem enim negat umquam uirtutem esse sine uoluptate. Ita si ei iuncta semper est atque inseparabilis, et sola satis est ; habet enim secum uoluptatem, sine qua non est etiam cum sola est. Illud autem absurdum est, quod dicitur beatum quidem futurum uel sola uirtute, non futurum autem perfecte beatum ; quod quemadmodum fieri possit non reperio. Beata enim uita bonum in se perfectum habet, inexsuperabile ; quod si est, perfecte beata est. Si deorum uita nihil habet maius aut melius, beata autem uita diuina est, nihil habet in quod amplius possit attolli (Epicure aussi est d᾽avis qu᾽on est heureux avec la vertu : mais il ajoute que « la vertu seule ne suffit point pour le bonheur, parce que le bonheur est produit par le plaisir, lequel, s᾽il découle de la vertu, n᾽est pourtant pas la vertu même ». Distinction puérile ! car lui-même convient « que la vertu ne se trouve jamais sans le plaisir ». Or, si la vertu est toujours unie au plaisir, si elle en est inséparable, il est évident que seule elle suffit, car elle apporte avec elle la volupté, sans laquelle elle n᾽est jamais, alors même qu᾽elle est toute seule. Or c᾽est une absurdité de dire qu᾽on sera heureux avec la seule vertu, mais non parfaitement heureux. Je ne vois pas en effet comment cela serait possible. La vie heureuse renferme un bien parfait, et que rien ne peut surpasser. Cela posé, elle est parfaitement heureuse. S᾽il est vrai qu᾽il n᾽y a rien de plus grand et de meilleur que la vie des dieux, la vie heureuse étant toute divine, il s᾽ensuit qu᾽elle est au point le plus éminent où elle puisse monter).
802. Ce commentaire est repris par l᾽auctor de Servius à propos de Buc. 7, 31.
803. Occasionnellement, Donat dit in hoc actu au lieu de in hac scaena, semblant confondre l᾽acte et la scène. Ce peut être parce que, parfois, il place une frontière d᾽actes là où les modernes mettent un interscène. Mais ici, si proche de la fin, il est improbable qu᾽il veuille signifier un changement d᾽acte et il s᾽agit vraiment d᾽une bévue.
804. operam edd.
805. animum adtendite edd.
806. eis edd.
807. seruibas edd.
808. is sese edd.
809. nequid edd.
810. primo edd.
811. ac edd.
812. comperibam nil edd.
813. Non legitur apud Donatum.
814. Legitur et metui Chrysidem in lemmatibus Donati.
815. nolet edd. apud Donatum legitur utraque forma.
816. animum aduortenda iniuriast edd.
817. cui mi expurgandus edd. cui et expurgandus leguntur apud Donatum in commento. In lemmate autem legit Donatus qui et exorandus.
818. sic uidetur legi apud Donatum. interoscitantis edd.
819. hoccin edd.
820. quod edd.
821. defert apud Ciceronem legitur, sic aliquot edd.
822. circum itione edd.
823. dicas et dices leguntur apud Donatum.
824. in nuptiis edd.
825. olim quidam edd.
826. Legitur et me hinc apud Donatum
827. Non legitur eam in Donati lemmate, sed omissio fortasse fortuita est.
828. factu aut inceptu edd. Vide Donati commentum de hac lectione.
829. decrerat edd.
830. quia edd.
831. facta transacta edd.
832. Pamphile hodie edd.
833. aut in v. 256 edd.
834. nunc add. edd.
835. leni edd.
836. quorsus edd.
837. quis edd. legitur et quis in Donati lemmate.
838. nunc mihi edd.
839. inutiles edd. at uide Donati commentum
840. ego per hanc te edd.
841. genium edd. at uide Donati commentum
842. perque edd.
843. mi(hi) in manum edd.
844. ex edd.
845. legitur tuo apud Donatum at ab editoribus plerumque seclusum est uerbum.
846. legitur tantum a. apud Donatum; quod uidetur pro uerbo auxilii poni. ad auxilium edd.
847. adponi edd.
848. In dubio apud Donatum est utrum habeo an abeo legendum sit.
849. In dubio apud Donatum est utrum et id scio an etsi scio legendum sit.
850. me libera edd.
851. ego me edd.
852. sum del. edd.
853. det edd.
854. secl. edd.
855. qui edd.
856. apud Donatum non legitur
857. nosti edd.
858. est secl. edd.
859. hic in edd.
860. inparatum edd.
861. istaec [ut] edd.
862. non del. edd.
863. natum quoque legitur apud Donatum.
864. edixin edd.
865. re tulit edd.
866. egon edd.
867. hoc ego scio unum, neminem edd.
868. nunc tibi, ere, renuntio edd.
869. prius edd.
870. adparari edd.
871. Chremem om. edd.
872. pauca edd.
873. Chreme edd. legitur utraque forma apud Donatum
874. gnatum meum edd.
875. uti nuptiae edd.
876. ni edd.
877. corrigitur edd.
878. ita istuc edd.
879. quidnamst edd.
880. huc edd.
881. idem uel itidem edd.
882. ad edd.
883. preti edd.
884. esset aliquid edd.
885. perdidit me edd.
886. me delev. edd.
887. sum pollicitus edd.
888. audacia edd.
889. productem edd.
890. consiliis tuis edd.
891. ut add. edd.
892. esse add. edd.
893. meritus es edd.
894. ut om. edd
895. Idnest edd.
896. Tum edd.
897. Illi edd.
898. Adeon edd.
899. Quo tu minus scis edd.
900. Enicas edd.
901. iam edd. non iam iam
902. sciam esse edd.
903. Nunc uaccum esse me nunc edd.
904. Narrationis incipit mi edd.
905. istuc edd.
906. quam ob rem id tute edd.
907. nequod uostrum edd.
908. Illi edd.
909. Quid dicam aliud edd.
910. Hic me solam edd.
911. Praeter edd.
912. Istoc edd.
913. Quoium edd.
914. Quom edd.
915. <ne> haec edd.
916. Paullum edd.
917. ditias edd.
918. quam honeste in patria edd.
919. uiueret edd.
920. eius edd.
921. in tempore hoc edd.
922. Vide commentum Donati ad locum.
923. Illis animum edd.
924. Vero uultu edd.
925. Me adesse edd.
926. Praesenserant edd.
927. quemnam edd.
928. est iam edd.
929. Chreme edd.
930. sublimem edd
931. me mentitum
932. sensti edd.
933. age dicat, sino edd.
934. paullum edd.
935. Chreme edd. qui saluus sis Critoni tribuunt
936. vir sit edd.
937. perget edd.
938. non legitur apud Donatum
939. non legitur apud Donatum
940. hoc uerbum in quibusdam Donati codicibus legitur. Recentiores editores id deleuerunt.
941. multis modis uel multis dubium apud Donatum. Multimodis edd.
942. dignus es edd.
943. chreme edd.
944. patrem edd.
945. nempe id edd.
946. pamphile edd.
947. dedam iam edd.
948. sed quid mihi obtigerit scio edd.
949. glycerium mea edd.
950. illic edd.
951. me add. edd.
952. exspectetis edd.
953. restet edd.