Notes
Sommaire
Notes
1. Inexplicablement,
cette section est numérotée "4*" chez Wessner. Nous corrigeons et
rectifions les numéros suivants en conséquence.
2. Wessner éditait "mensibus <Aeschinum> credit
sibi ipsi", ajoutant après Estienne le nom du personnage qui
fonctionne comme le sujet indispensable de l᾽infinitive. Mais V nous
met sur la voie en lisant "ipse" au lieu de "ipsi". C᾽est sans doute
dans ce pronom qu᾽il faut chercher le sujet de l᾽infinitive : nous
rétablissons donc "ipsum", malgré un manque de clarté assez net
pusique le dernier personnage masculin cité est Ctésiphon et non
Eschine.
3. Le texte corrompu
dat "†amab†" est ici édité "dat amanti" (selon une conjecture de
Wessner dans son app. cr.), ce qui donne un sens
satisfaisant.
4. Le mot "dat"
est une conjecture habile de Wessner. Sans cet ajout, le texte ne se
comprend pas. La séquence "daedat" a dû provoquer une haplographie
ancienne.
5. "Sostratae,
liberationem" est un ajout de Reifferscheid, suivi par Wessner.
C᾽est indispensable au sens ; il s᾽est produit un saut de
"conciliationem" à "liberationem".
6. Wessner complétait le lemme en "observari et <ad.> rapere", pour se conformer au texte térentien. C᾽est inutile : il arrive souvent que Donat saute un mot dans le lemme. En outre ce qui est en cause dans le commentaire, ce sont les verbes : on n᾽a donc pas besoin spécifiquement de "aduersarios".
7. La conjonction "cum" est ajoutée par Wessner, à juste titre. La succession "cum cum" a été simplifiée, d᾽évidence.
8. Wessner suivait une conjecture d᾽Estienne, qui rend certes le texte plus limpide, "producta I". Mais le texte, par exemple de CV, "producte", quoique assez implicite, se comprend.
9. "Te" est un ajout de Wessner, logique, puisque c᾽est ce pronom qui est explicité dans la scholie.
10. Wessner ajoutait entre le lemme et la scholie "<ut sit: irata>". C᾽est absolument inutile.
11. Nous rendons au vers
32 le plus gros de ce que Wessner attribuait au vers 33, en renumérotant les scholies concernées en conséquence. De fait, la séquence "aut te amare cogitat", même si elle est souvent traitée de pair avec la suite, qui constitue le vers 33, figure bien dans le vers 32. Nous suivons donc l᾽usage établi par Wessner lui-même qui consiste à coupler les scholies au vers qui contient le premier mot du lemme. En l᾽espèce, ce que Wessner désignait sous l᾽appellation
33 1-
5 est renuméroté
32 2-6 ;
33 6 devient
33 (et reste le seul lemme attribuable au vers 33).
12. Wessner postulait ici un peu vraisemblable "ἐμφατικώτερον", qu᾽il déduisait du seul "non", unanime dans les mss., au motif que la plupart des mss. ont dans la suite "quam si diceret". Mais il suffit d᾽adopter la leçon de V, qui a "quasi" au lieu de "quam si" pour obtenir à peu de frais une leçon tout à fait satisfaisante.
13. Nous conservons "dicit", postulé par Wessner, même si le tour sans verbe (dont témoignent les mss.) est assez dans la manière du grammairien.
14. Wessner éditait "
Πάμφιλος ἔχοι †νιων πωλουμενον", d᾽après un texte approximatif noté par le seul ms. A et par le codex Cujas (voir les Observationes de Lindenbrog (1623), p. 640). De ce texte ressort nettement une finale "EXOINIωNπωλουμενον", qui a pu faire penser au subtil Cazaubon (cité par Lindenbrog, ibid.) à une formule "
Εἶτα φίλης σχοινίῳ ᾿μποδούμενον" (ensuite, empêtré dans la chaîne de sa maîtresse), avec la métaphore du mariage et de la corde au cou. Meineke, l᾽éditeur des fragments des comiques attiques (FCA 54), reconstituait, d᾽après cette seule attestation, un texte un peu hardi : "
Εἶτα φίλ᾿ ὃς ἔχεις γυναῖκα σχοινίων πωλουμένων" ("Ensuite, ami qui as une femme, puisqu᾽on t᾽a vendu des chaînes", avec un "
γυναῖκα" vraiment sorti de nulle part), mais avec en finale un "
σχοινίων πωλουμένων" qui a la garantie d᾽un fragment comique d᾽Antiphane (dans un autre contexte que le mariage). La proposition que nous faisons se fonde, en les adaptant "metri causa", sur les idées judicieuses de nos prédécesseurs. Nous proposons de lire dans le début du segment du ms. A ("еτ τλΦΙλΟC"), qui manifestement anticipe le début du texte grec, un simple "e" (qui appartient à "sententiae") et "ut", qui présente la citation, puis "
ἀψῖδ᾿ ὃς". Pour les reste, nos retouches au grec sont somme toute minimes. Nous supposons une confusion chez le copiste entre φ et ψ (déjà remarquée en d᾽autres cas) et une haplographie bien naturelle du segment "OCEIXECXOI" en "OCEXOI".
15. Wessner éditait "Romanis id uideri, quos spectatores habet. Menander" etc. Nous suivons le texte de A, qui est au demeurant le seul à indiquer du grec dans ce passage. Mais quelque texte que l᾽on suive, le sens ne se laisse pas facilement appréhender.
16. Wessner éditait "
†τωμανκαριαημυ† γυναῖκ᾿ οὐ λαμβάνω". Comme plus haut, on peut considérer que le grec a été anticipé par le scribe de A et que le τ est en fait un "ut" latin. Pour le reste, notre lecture est presque tranquille. On peut restituer la fin d᾽un trimètre (sur "
μακαρία") et le début du suivant (à partir de "
ἐμή").
17. Wessner édite "†utruna", sans choisir parmi des leçons aberrantes des mss. On propose de restituer, pour ce segment délicat, la leçon "uerba", assez plausible sur le plan ecdotique et qui donne un sens satisfaisant.
18. Wessner ajoutait "<contra me>" pour se conformer au texte térentien. Ce n᾽est pas nécessaire.
19. Comme souvent, Wessner explicite la scholie en ajoutant "<insueuerit>". C᾽est inutile.
20. Wessner ajoute ici "<s.>". C᾽est raisonnable, puisque "stabilius" est objet de commentaire.
21. C᾽est Wessner qui ajoute "<a.>", pour "adiungitur". Nous gardons cet ajout plausible.
22. "Facit" est un ajout de Wessner, plausible en raison de la nature du commentaire et de la présence de grec, qui a pu avoir un effet sur la délimitation de la lacune à laisser.
23. Le lemme
2 a la leçon "rursus", le lemme
3 commente "rursum". Les deux formes, ici, sont possibles métriquement.
24. Wessner éditait "bene<ficium>", en adaptant Estienne qui proposait "bene facere". Mais, bien qu᾽elliptique, la scholie se comprend avec ce seul "bene", consensuel dans les mss.
25. "Se" ne figure pas dans les manuscrits de Térence. Mais c᾽est Donat (ou plutôt un copiste scrupuleux, qui l᾽a rajouté sur la foi de ce que disait la scholie 4) qui semble l᾽avoir ajouté lui-même, puisqu᾽il précise au lemme 77,
4 que "se" manque. Le vers est faux avec l᾽ajout de "se".
26. Wessner complétait le lemme avec un "<f.>" inutile.
27. Les mss. (notamment V
1 et K) ont "quorsum istuc aut dicis". Wessner supposait donc ici une lacune et complétait "<deest pertinet> aut dicis", à comprendre "il manque ᾽pertinet᾽ ou ᾽dicis᾽". Mais il s᾽agit en fait d᾽une reformulation de "istuc", dès lors qu᾽on a corrigé "aut" en "ut".
28. Wessner complétait le lemme avec un "<haec>" inutile.
29. Wessner complétait le lemme avec un "<id>" inutile.
30. Wessner ajoutait devant "apud" un "ut" inutile.
31. Wessner complétait le lemme avec un "<m.>" inutile.
32. Wessner ajoutait en début de scholie un "Et" inutile.
33. Nous corrigeons ici le texte de Wessner "qui a natura et affectu pater sit", qui donne un sens paradoxal (puisque justement Micion n᾽est pas un père par nature) en préférant la lectio facilior du ms V : "qui non natura sed affectu". En gardant la lectio difficilior de Wessner, on est obligé d᾽interpréter "a natura et affectu" comme deux groupes compléments différents, sans que la préposition soit en facteur commun, et de forcer le sens de" ab". Le tour se comprend alors (?) : "Micion, qui loin d᾽être un père par la nature est un père par le sentiment".
34. Wessner complétait le lemme avec un "<d. i.>" inutile.
35. Wessner ajoutait un début anticipé de scholie et un lemme sous la forme "<mire ALIENVS NON SVM>". Inutile.
36. Wessner complétait le lemme avec un "<g.>" inutile.
37. Wessner complétait le lemme avec un "<g.>" inutile.
38. Wessner ajoutait ici de son cru un "<tacet>" inutile.
39. "Si" n᾽est pas dans le texte térentien ; l᾽ordre du reste du vers est "sim eius" et non "eius sim". Sur le sens de la scholie induit par cette lecture défectueuse du vers de Térence, voir la note apposée au texte français.
40. Wessner, suivant Estienne (1529), éditait ἦθος ὑπερβολῆς. On ne sait trop d᾽où Estienne tirait ce texte. Sans doute du ms. A, aujourd᾽hui perdu pour nous. Mais on se souvient qu᾽il a écrit de ce manuscrit qu᾽il était difficile à lire, notamment pour le grec, et il n᾽y a pas forcément une foi absolue à accorder à cette leçon, sans doute reconstituée. Il paraît raisonnable de se cantonner à une phraséologie plus habituelle et de proposer cette conjecture.
41. Wessner éditait "᾽aliquid᾽ uero ad minorandum est. quod addidit ᾽meretricem᾽, ostendatur <securitas> Micionis etc.". Dans ce texte, "ad minorandum" est une conjecture de Rabbow et "securitas" un ajout de Schoell. En outre, Wessner considère "aliquid" comme un autonyme, mais ce pronom figure au vers suivant. Nous supposons, justement, qu᾽il n᾽est pas autonyme. Nous rétablissons "admirandum", quasi-unanime (on trouve sporadiquement "adiurandum" chez G) et, pour sauver le génitif "Micionis", nous proposons non pas "securitas", dont on ne voit pas pourquoi il n᾽aurait pas laissé de trace, mais "os" qui, devant "ostendat", a été l᾽objet d᾽une haplographie évidente. D᾽ailleurs le texte de VK "meretricem non osten-" témoigne à sa façon d᾽une certaine survie de "os".
42. Wessner, suivant Rabbow, ajoutait ici un "non" bien trop facile, qui ne figure pas dans les mss. En fait, il faut la négation si l᾽on se représente la pensée de Micion, mais il n᾽en faut pas si, comme c᾽est le cas ici, on se représente la pensée commune.
43. Wessner athétisait les scholies
4 et 5, qu᾽il considérait comme suspectes. Or de très bons mss. (MGDJOU et V en marge) ont ce texte. Seul K et C, parmi les témoins essentiels, ne l᾽ont pas, ni non plus V1, sans doute dépendants d᾽un même original qui avait pu omettre par hasard ce segment.
44. "i", pour "<inopi>", est un ajout de Wessner que nous conservons, car l᾽adjectif est objet du commentaire.
45. Wessner éditait "AT ENIM NON SINAM ᾽enim᾽ inceptiua etc.". Cela donne un texte incohérent, puisque Donat signale un "enim" en début de phrase dans sa scholie, conformément d᾽ailleurs à la tradition térentienne, alors qu᾽il porte (ou que Wessner lui fait porter) "at enim" dans son lemme. Il suffit d᾽imaginer que "at" est le début de la scholie pour remettre le lemme et la scholie en conformité. Sans doute peut-on supposer que Donat avait seulement écrit "at enim inceptiua etc." et qu᾽une main ultérieure, de l᾽époque de l᾽archétype au plus tard, a augmenté le lemme avec les deux mots suivants, qui constituent la réplique complète de Sannion, d᾽où "at enim non sinam" (sans doute avec des abréviations, dont témoigne par exemple G qui écrit "at enim non sententia enim inceptiua etc.", où "sententia" doit être le développement mal compris d᾽un "sinam" probablement écrit "sin."), en lui donnant ainsi la forme que nous éditons. Mais "at" ne fait pas pour autant partie du lemme térentien.
46. Wessner complétait en le commençant par "<i.>". C᾽est inutile.
47. Wessner ajoutait ici un lemme "<ex tvis virtvtibvs>". Inutile.
48. Wessner éditait "hoc <est>". Les mss. portent "hoc" (K) ou "an" (GUV...). Il nous semble que, dans l᾽un ou l᾽autre cas, on peut rétablir un "aut", le deuxième volet de l᾽interrogation étant lui-même double.
49. Wessner suit ici l᾽editio princeps et édite "ut ne", mais l᾽ajout de "ut" ne s᾽impose nullement.
50. "Meam" est un ajout de Wessner, mais qui semble s᾽imposer, car le commentaire porte précisément sur le fait qu᾽il dit "ma" sans préciser de quoi il s᾽agit.
51. Pour cette tentative de sauver un peu de grec dans le texte édité par Wessner, suivant Lindenbrog, voir la note apposée au texte français.
52. Wessner ajoutait de son cru "<s. t.>" dans le lemme de cette scholie, pour des raisons différentielles avec la scholie même. C᾽est inutile et nous supprimons l᾽ajout.
53. Wessner ajoutait "<in>" devant ce groupe nominal. Mais les mss. ne l᾽ont pas (sauf V
2 dans une rature) et la tournure est plutôt classique en l᾽état.
54. Wessner ajoutait "<modo>" pour compléter la citation. Cela n᾽est pas utile.
55. Nous déplaçons au vers
211 ce bout de scholie que les mss. et Wessner proposent en association avec le vers
212 où elle se comprend moins bien. La lacune inaugurale de la scholie 212, 1, qui a perdu un segment écrit en grec, a favorisé la "descente" de ce morceau de texte latin, qui s᾽est décalé de quelques mots seulement.
56. Wessner supposait une lacune en tête de commentaire, en raison d᾽un ou plusieurs mots grecs. De fait, les mss. offrent bien une lacune en tête de scholie. Le texte de Wessner était "CERTATIONEM COMPARATAM ...... quia ille ᾽concertasse᾽ dixit, non ᾽caesum esse᾽". Nous pensons que "non caesum esse" doit remonter à la scholie 211,
2 (voir note ad loc.). Quant au grec inaugural de cette scholie, le ms. Cujas, vu indirectement par Lindenbrog, atteste le texte que nous éditons et qui est parfaitement compréhensible dès lors que l᾽on a déplacé le segment "non caesum esse". Estienne (1529), qui ne connaissait pas le manuscrit Cujas, proposait, sans doute d᾽après le ms. A (aujourd᾽hui perdu pour
Les Adelphes) ou quelque autre témoin notant du grec, "
διασύρει" ("il tire en longueur") qui décrit le phénomène mais de façon moins technique que le texte du Cujas.
57. Conjonction ajoutée par Estienne (1529) et retenue par Wessner. C᾽est un ajout raisonnable.
58. Wessner éditait "quia quidquid agit leno ad lucrum refert, lucri genus dicit esse Syrus †sic a lenone, quemadmodum ipse persuadet", avec un locus desperatus. De fait, le texte des mss. est loin d᾽être consensuel. Sans entrer dans le détail ecdotique, il y a deux difficultés : 1. une partie des mss. (VU...) porte "ad lenonem", une autre (CGM...) "a lenone", K faisant la moyenne avec "ad lenone" ; 2. on observe une hésitation entre "esse si" et "et sic". Mais U a "et sic (...) rem", et nous pensons qu᾽il a raison : la scholie dit quelque chose du mot "rem" qu᾽a utilisé Syrus. La difficulté porte aussi sur la fin de la scholie : nous proposons de restituer "qua admodum" (où "qua" est le relatif fémini appuyé sur "rem"). Dès l᾽archétype, manifestement, la tradition avait corrigé en "quemadmodum", ce qui avait entraîné, à date ancienne, la correction du subjonctif "persuadeat" en "persuadet".
59. La préposition est un ajout raisonnable d᾽Estienne (1529), suivi par Wessner.
60. Contrairement à ce que laisse entendre Wessner, "non" n᾽est pas une conjecture ; "et eum non" est le texte de DMV2, que nous éditons, ainsi que celui d᾽autres manuscrits.
61. Wessner éditait le lemme
4 avec des cruces, dans la mesure où ce lemme ne correspond en rien au commentaire, qui vise en réalité le vers 224.
62. Devant cette citation, Wessner ajoute "et", qui est absolument inutile.
63. Wessner suivait ici une conjecture de Kauer, qui donnait "ad hanc rem", qui fait contresens. En effet, il s᾽agit d᾽opposer le pronom "hoc" (qui équivaut à "hanc rem") à l᾽adverbe "hoc" (qui équivaut à "ad hunc locum").
64. Wessner éditait "᾽emptae muilieres complures᾽ etc.
3 <EMPTAE MVLIERES COMPLVRES ET> ITEM HINC ALIA", supposant qu᾽il fallait répéter un lemme qui avait disparu par saut du même au même depuis la citation de la scholie 2. Il suffit de ne rien ajouter et de considérer que la prétendue fin de lemme
3 est en fait la fin de citation du lemme
2 et que la scholie
3 n᾽a pas de lemme.
65. Wessner éditait "<in> hanc insulam portat" là où les mss. principaux lisent sans souci "hanc insulam dictam", que nous restituons et qui est parfaitement cohérent dans le contexte.
66. Schoell, suivi par Wessner, complétait la citation d᾽un "<a.t.d.>" aussi inutile qu᾽inexistant.
67. Wessner complétait le lemme d᾽un inutile "<Ae.>".
68. Le texte n᾽est pas sûr. Nous éditons ici "siccante", qu᾽on trouve dans les manuscrits les plus fautifs, la leçon "significans" que Wessner édite avec une crux n᾽offrant aucun sens. La conjecture "se inclinante" de Wessner dans son app. cr. est également plausible pour le sens.
69. Wessner édite ici l᾽excellente suggestion d᾽Estienne (1529), qui ajoute "uel cum opus est beneficium", qui a sauté tant il semble une redite. Estienne a pleinement raison de restituer ce segment.
70. En tête de lemme, Wessner ajoutait "numquam" qui ne sert à rien puisque ce n᾽est pas cela qu᾽on commente.
71. Wessner ajoutait ici "<ne>", dans la structure attendue "ne hominem", mais en fait il n᾽y a pas lieu de le faire si l᾽on comprend quelque chose comme "puisque ᾽neminem᾽ implique ᾽hominem᾽, pourquoi dire ᾽neminem hominem᾽ ?".
72. Wessner éditait en fin de lemme 1 : "᾽o Ctesipho᾽" puis le répétait par conjecture (en supposant un saut du même au même) en début de lemme 2. Il est nécessaire en début de lemme 2, non en fin de lemme
1 et nous simplifions le segment en revenant au texte des mss.
73. Wessner insérait ici de son cru un lemme "<ELLVM>", foncièrement inutile.
74. Leçon du ms. M, contre "<alii>", conjecture de Wessner.
75. Wessner croyait bon de rajouter "supra". Inutile.
76. Nous modifions très légèrement le texte de Wessner, qui dit "meretricis" alors que le substantif "amoribus" laisse attendre un pluriel. Nous éditons donc le texte avec l᾽adjectif "meretriciis".
77. Wessner ajoute ici cet adverbe. C᾽est raisonnable et sa perte dans les mss. s᾽explique aisément.
78. Texte de MUV... Wessner éditait une suggestion d᾽Estienne (1529): "beneficii ex periculo <et> difficultate", inutile dès lors que le texte de ces bons mss. est satisfaisant.
79. Les mss. ont ici "non si ego tantummodo aduersantibus" (V...) ou "non si ege(n)t tantummodo aduersantibus" (UG...). Ce texte pose évidemment problème. Wessner, suivant Estienne (1529), proposait de le sauver en ajoutant "aliis" devant le participe, dans un ablatif absolu. L᾽idée est bonne mais il y a lieu de croire que son sujet se cache dans "tantummodo", d᾽où notre restitution.
80. "Non" n᾽est pas un ajout de Klotz, quoi qu᾽en pense Wessner, mais une lecture difficile d᾽une abréviation de la négation qui a été confondue avec une abréviation de "hoc", souvent présent dans les mss.
81. Schoell, suivi par Wessner, ajoutait ici "in mulierum colloquio", sorti de nulle part et parfaitement inutile dès lors que l᾽adverbe "hic" en tient lieu.
82. Wessner complétait la citation avec un "<f.>" pour "fui". Inutile.
83. Wessner faisait droit à un ajout d᾽Estienne "ad omnes dies" qui est inutile, si l᾽on comprend que "omnes dies" est une reformulation de "semper" et non le complément de "rettulit".
84. Wessner ajoute au lemme un "remedium" qui n᾽a visiblement pas d᾽utilité.
85. Sur ce texte mal transmis de Lucilius, dont Donat est le seul attestateur, nous prenons le texte de Charpin dans son édition de la CUF en adaptant la finale "malust" (alors que Charpin athétise le "est" et écrit "malus [est]").
86. Wessner s᾽inspirant de Klotz écrivait "quam <quod>" mais on peut se passer de cette lectio facilior.
87. Wessner ajoutait "<a>" devant ce nom. Inutile.
88. Wessner édite "quod" (mais "cum" au lemme 4), alors que le commentaire du lemme porte sur le sens de "cum". L᾽hésitation vient sans doute du fait que "cum" était écrit "quom" et qu᾽une fois abrégé il a pu être pris pour "quod". Pour des raisons de cohérence, nous rétablissons "quom" dans le texte de Térence et dans le texte du commentaire en latin.
89. Les mss. notent (quand ils notent quelque chose) "asyntheton" pour la figure et laissent une lacune qui suppose la présence de grec après "omnia secum". K, à la place de la lacune, a une série d᾽initiales dont certaines correspondent à quelques éléments de la série. Cela atteste que les scribes ont pensé voir dans ces segments incompréhensibles du grec, qu᾽ils ont prudemment omis. Mais il s᾽agit bien du procédé de la polysyndète, non de celui de l᾽asyndète, comme l᾽a très brillamment restitué Estienne (1529) qui a compris ce qui s᾽est passé.
90. Wessner ajoutait ici, comme Estienne (1529), "circumuallant" qui, venant d᾽être cité dans le lemme, est inutile dans la scholie.
91. Wessner éditait "non <tantum> mariti sed etiam". L᾽ajout de "tantum" est motivé (?) par la présence d᾽"etiam". Mais "etiam" n᾽est pas garanti : MUV ne l᾽ont pas. Le plus sage est donc de supprimer "etiam" et, bien sûr, l᾽ajout de "tantum" qui reposait sur lui.
92. Wessner ajoute ici "et". Inutile.
93. Wessner, par souci de clarté, ajoutait "<anima>". On sait que l᾽implicite n᾽arrête pas Donat. Nous ne gardons la conjecture.
94. Wessner complétait le lemme avec "<quaerito te>", à sa place. Ce morceau n᾽étant pas commenté, il est inutile de l᾽ajouter.
95. Wessner ajoute à juste titre "an oppido". Il y a eu dans les mss. un saut du même au même qui rend le commentaire incompréhensible.
96. Wessner édite ce mot en alphabet grec, mais il est translitéré dans les mss. MUVGK. Par ailleurs, le mot est inusité dans la langue rhétorique, à notre connaissance.
97. Nous complétons le lemme indiqué par Wessner dans la mesure où la scholie porte sur la réplique de Sostrata et non sur celle de Géta. C᾽est ce que note Wessner dans son app. cr. : "schol. pertinet ad ah minime gentivm non faciam".
98. "Si" est un ajout de Wessner nécessaire à la construction. Nous le conservons.
99. Wessner suppose sans doute à juste titre un saut du même au même qui aurait entraîné dans les manuscrits la disparition d᾽un segment. Ce que nous y lisons est en effet incompréhensible : "non potest iungemus dari nuptum id est uirgo". On comprend, avec la proposition d᾽ajout de Wessner, que la présence si proche de deux "dari nuptum" a pu entraîner aisément la faute.
100. Ce texte, conjecturé jadis par Wessner, est en réalité la leçon de K, souvent excellent témoin. Nous la retenons donc.
101. Wessner éditait "
2 TESTIS EST MECVM ANVLVS <noua> locutio, hoc est: pro me testis est.
3 <An ᾽testis est> mecum᾽ hoc <est>: testes sumus? etc.", texte qui repose sur divers ajouts personnels. Nous revenons au texte des manuscrits VGMU. Notons cependant que K porte tout autre chose : "testis mecum est anulus locutio haec est pro me testis est hoc est mecum aut anusque testes sumus etc." qui semble reposer sur une série de mélectures ou de sauts du même au même. Sachant la qualité habituelle de K, il est fort probable que son modèle portait déjà un texte très corrompu.
102. Wessner ajoutait " a tali" devant "facinore" sans doute pour rendre la construction plus classique, mais "abhorreo" avec l᾽ablatif seul est loin d᾽être sans exemple. Nous nous rangeons au texte des manuscrits.
103. Schoell proposait d᾽ajouter "bona" devant "locutio", et Wessner le suivait. L᾽ajout n᾽a aucun intérêt.
104. Texte de GVMU, rejeté par Wessner sur l᾽autorité de C, mais que nous confirmons avec la lecture de K. Le texte GVMUK peut être conservé.
105. Le texte virgilien porte "Alciden" et non "Aeacidem".
106. Wessner ajoutait ici logiquement un "sed" qui n᾽est dans aucun manuscrit. L᾽énoncé étant précisément plus abrupt sans "sed", nous pensons qu᾽il faut privilégier la version plus difficile que nous lisons dans les manuscrits.
107. Wessner éditait "quem iam stultum fieri <non> contrarium senectuti est", où la négation était une conjecture de Schoell. Il nous semble que le texte se comprend tout à fait sans la négation (voir la note apposée au texte français), mais que le tour "quem iam", fort noueux en l᾽état et presque incompréhensible, peut cacher un "quoniam" mal lu à date très ancienne par mélecture d᾽abréviation.
108. Wessner éditait "DEMEA
μετ᾽αδιόρθωσις", mais le terme tehnique ne paraît pas exister. Il est postulé par Lindenbrog (1623), lequel ne nous dit pas d᾽où il l᾽a tiré. Les mss. ont "DEMEA" suivi d᾽une lacune et reprennent sur "nunc" etc. Sauf K. Ce dernier écrit, dans ce qui est sans doute pour lui un lemme, "de me", fait suivre une lacune et reprend sur un mot court, que nous pouvons lire "spe" (mais cette main de K est très difficile à lire) et il se pourrait que "me" et ce mot mystère constituent respectivement le début et la fin du segment grec. Peut-être sous "spe" y a-t-il "seos". Cela accrédite notre reconstruction "
μετ᾽ὰ διορθώσεως". Le lemme lui-même devait se terminer seulement sur l᾽initiale du nom de Demea ("D." ou "DE.").
109. Wessner édite ici une conjecture de Westerhof bâtie sur le texte de Lindenbrog (1623), lui-même sans doute établi d᾽après le ms. Cujas. Mais le ms. K (inconnu de Wessner) porte explicitement, là où tous les autres ont une lacune qui se finit sur "non soluit" (où "non" est en fait la fin du mot grec) : "to crema me non soluit". Cela donne absolument raison à Westerhof et à Wessner.
110. Les manuscrits ont simplifié "quantusquantus" en "quantus", ce qui se comprend s᾽ils n᾽ont pas le texte de Térence sous les yeux, mais ne se comprend pas si l᾽on considère le commentaire que fait Donat. Wessner a donc prudemment rétabli le texte térentien.
111. Le texte des manuscrits est incompréhensible. Ils lisent en effet "et priusquam coeperit non olfecerit et totum" etc. Wessner suivait Schoell qui conjecturait "priusquam coeperit.
2 COEPERIT non olfecerit.
3 Et totum" qui est absurde car ce n᾽est pas le jeune homme qui "renifle", mais bien Déméa. On ne peut donc remplacer poste pour poste "coeperit" par "olfecerit". On peut en revanche, malgré l᾽aspect de lectio facilior de cette correction, le remplacer par "fecerit" que l᾽archétype a glosé, croyant bien faire, en "olfecerit" vu le contexte. On comprend alors que Déméa en dit plus car il aurait, dit-il, flairé l᾽affaire avant même que le jeune homme ne l᾽entreprenne, c᾽est-à-dire qu᾽il aurait démasqué non les actes d᾽Eschine ("fecerit"), mais ses projets ("coeperit").
112. Les mss. de Donat donnent ici "id quod te oro", amétrique, mais ceux de Térence ont "id te oro".
113. Le texte de Donat (mal assuré) porte "is enim fides sit", corrigé par Estienne en "his enim fides fit", qu᾽édite Wessner. Mais que représente "his" ? Un datif, au sens de "pour eux en effet se produit de la croyance" ? Mais seul Déméa est là pour entendre le récit de cette querelle imaginaire inventée par Syrus. Un ablatif de moyen, au sens de "par ces mots en effet se produit de la croyance" ? Mais le neutre "his" n᾽a pas de référent stable et représente l᾽idée qui est dans "oratorie narrat", ce qui semble assez bizarre. On peut, du coup, peut-être penser que le vrai texte du grammairien était "sic enim fides fit" ("car c᾽est de la sorte qu᾽on est cru"). L᾽adverbe "sic", qui suit immédiatement le très ressemblant "sit" de la phrase précedente, a pu alors être omis, puis s᾽est immiscé un "is" (qui évitait à "enim" d᾽être le premier mot de la phrase) ; dès lors l᾽énoncé devenait peu clair. Dans notre traduction, nous traduisons comme s᾽il y avait un ablatif "his" au sens de "his uerbis", et le laissons glisser au sens d᾽un ablatif de manière. C᾽est une façon de traduire comme s᾽il y avait "sic" sans trancher complètement dans le débat. De toute façon, le sens du lemme est parfaitement compréhensible.
114. Wessner éditait "ut <cum> illudentem de sua arte fecisset Syrum", où le "cum" est une conjecture de Goetz sans doute gêné par le temps de "fecisset". En réalité le problème n᾽est pas là, car les manuscrits principaux sont unanimes à donner "Syrus" au nominatif et "alludentem" et la plupart d᾽entre eux (GVMU) donnent en plus "se". Nous revenons à ce texte en considérant que ce qui est troublant c᾽est le changement brutal et implicite de sujet entre les deux subordonnées coordonnées. La première a pour sujet explicite "Syrus" la seconde pour sujet implicite "Terentius". De telles rudesses ne sont pas sans exemple ailleurs chez Donat. Voir Pho. 112,
2 et 192,
1 par exemple.
115. Nous faisons droit à la suggestion de Wessner, qui édite "LAVTVM lau<a>tum". Les mss. ont soit "lautum lautum" soit une omission (par ex. V) face à cette tautologie. Wessner a raison : c᾽est une remarque morphologique sur le fait que la forme "lautum" appartient au verbe "lauare" et a un doublon "lauatum" plus clair pour les élèves de Donat. Mais sous l᾽absurde "lautum lautum" des mss. peut aussi se cacher un énoncé "lautum lotum" (avec l᾽autre variante morphologique du participe de "lauare").
116. Cette scholie
437 est numérotée par Wessner 436.2, alors qu᾽elle concerne pleinement le vers 437. Nous rectifions donc la numérotation. En outre nous supprimons le lemme "QVANDO ITA VVLT FRATER DE ISTOC IPSO VIDERIT" qui était un ajout de Wessner et qui vient d᾽être cité en fin de scholie précédente. La redite est inutile et ne figue pas dans les mss.
117. Wessner éditait "et simul <ut> aliud quod indignetur inueniat", avec un ajout personnel de "ut". Les mss. hésitent entre "et simul aliud quod indignetur inueniat" et "et simul aliud additur quod indignetur" (V notamment), qui sent sa correction. En fait, quoique un peu rêche, le texte se comprend sans aucun ajout, dans la suite de "inuenta causa est cur".
118. Wessner complétait le lemme d᾽un "<RELIQVIAS>" qui, certes, est l᾽objet du commentaire, mais qui n᾽est pas dans les mss. et n᾽est pas d᾽une nécessité absolue : le commentaire porte tout autant sur "huius generis".
119. La préposition est un ajout plausible de Wessner. Les mss. ont "subiunctiuum pronomen minus quam finitum", comme si une seule catégorie de pronom était ici envisagée, alors qu᾽il y en a bien deux représentées respectivement par "is" et par "ipse" (voir la note apposée à la traduction). Peut-être peut-on suggérer aussi la perte d᾽une coordination, dans un énoncé qui ferait un rappel sur les deux pronoms cités, "subiunctiuum pronomen et minus quam finitum".
120. "Facere" est un ajout d᾽Estienne (1529), suivi par Wessner, et que le contexte rend indispensable.
121. Le texte de Plaute est en général "libertos qui habent".
122. Correction insipirée par une conjecture habile de Wessner qui proposait "ut <sit> etsi pie", tous les manuscrits ayant "ut et sapiens" qui ne s᾽explique pas en contexte. Nous pensons que pour arriver à "et sapiens", l᾽archétype a dû mésinterpréter un segment "ETSIPIVSEST" sans doute largement abrégé du type "etsipi᾽est". Une lecture rapide a pu faire entendre "et sipiest", dépourvu de sens, corrigé immédiatement en "et sapiens".
123. La citation homérique n᾽est pas transmise par les manuscrits que nous connaissons, qui laissent une lacune importante. Lindenbrog d᾽après le manuscrit Cujas éditait ce que Wessner reprend avec des cruces : "
κέλεαι δέ με πάντ᾽ ἀποδοῦναι †εθελομην γαρ εκτωρα συνεννιαιενα†". Le début de la citation est tiré de Il. 1,
134 (qui dit "
κέλεαι δέ με τῆνδ᾽ ἀποδοῦναι", la finale "
πάντ᾽ ἀποδοῦναι" se lisant de son côté en Il. 3, 285, mais l᾽erreur peut provenir dès l᾽origine d᾽une citation de mémoire). La suite, "
†εθελομην γαρ εκτωρα συνεννιαιενα†", parfaitement amétrique et barbare, est désespérée sous cette forme. Mais il s᾽agit manifestement d᾽illustrer la differentia "iubeo" vs "uolo", ici relayée par un verbe "
κέλεαι" d᾽un coté, une forme "
εθελομην" de l᾽autre et il doit y avoir deux citations homériques réunies par un "et" pris pour du grec puis victime d᾽un saut du même au même dans la séquence "et οὐκ ἐθ". Il faut alors comprendre, pour restituer le vers que nous proposons, qu᾽il s᾽agit d᾽un hysteron proteron comme en Il. 9, 356-358 : Achille dit qu᾽il ne combattra pas, parce qu᾽il a déjà fait charger ses navires, ce qui implique un ordre. Alors que les actions se déroulent dans l᾽ordre inverse (Achille charge d᾽abord ses navires et dit ensuite qu᾽il ne veut plus combattre), Donat explique que c᾽est bien dans l᾽ordre donné par Homère que les choses doivent être mises : c᾽est parce qu᾽il ne veut plus combattre qu᾽il a fait charger ses navires, donc la volonté précède l᾽ordre. Le manuscrit Cujas portait un texte allusif, réduit à la seule figure qui intéresse le grammairien, bien que, de ce fait, trois vers soient concernés. La finale "
νηήσας εὖ νῆας" se lit encore assez facilement sous "
συνεννιαιενα".
124. Wessner, suivant Estienne, éditait "in qua <ne> statim", mais cet ajout est inutile, c᾽est une simple affaire de ponctuation. L᾽enchaînement est le suivant : la "postulatio" est habile, parce que, là où Déméa pouvait se défendre en se prétendant non concerné, la manière dont Hégion s᾽adresse à lui l᾽oblige à se justifier.
125. Ajout d᾽Estienne (1529) repris par Wessner, qui s᾽impose pour avoir un lemme.
126. Le mot grec est une conjecture d᾽Estienne (1529) pour combler une lacune des mss.
127. Wessner ajoutait ici "uitiauit", conjecture personnelle. Cela ne sert à rien, et contredit même la matière du commentaire.
128. Cette préposition est un ajout de Klotz, plausible, vu le risque d᾽haplographie du segement "inin".
129. Ce "ut" ne se rencontre pas dans les mss. de Térence. On n᾽en sait pas plus sur ce que lisait Donat car, dans le commentaire ad loc. de
L᾽Hécyre, ce passage n᾽est pas expressément lemmatisé.
130. Wessner édite un locus desperatus "†supra future†" et fait dans l᾽apparat critique la suggestion que nous retenons ici.
131. Wessner complétait le lemme "...GRAVIDA <FACTA> EST", mais c᾽est inutile.
132. "E" est un ajout d᾽Estienne (1529) mais le texte des manuscrits "contrarium" se comprend assez mal.
133. Wessner ajoutait en tête de scholie un lemme "<SVSTENTAT>", sur lequel porte effectivement le commentaire. Mais comme Donat vient de citer le syntagme "solus omnem familiam sustentat" en 481, 5, et que le dernier mot de la scholie précédente est précisément "sustentat", il y a lieu de croire qu᾽il ne le répétait pas et que les énoncés s᾽enchaînaient simplement, bien qu᾽il s᾽agisse vraiment ici d᾽une scholie lexicologique et non pas d᾽une remarque de ponctuation comme dans la précédente. Nous supprimons donc l᾽ajout de Wessner, qui ne se lit pas dans les mss.
134. Wessner éditait "abduce illuc", mais tous les manuscrits portent "abduce ad hoc (ab hoc JK) illud", ce qui laisse supposer une glose morphologique "abduce abduc", la forme de l᾽impératif pouvant troubler des élèves du quatrième siècle.
135. Wessner ajoute "sit" à un texte unanime des manuscrits : "ne solutus ut sciat si uerum seruus accuset", qui, malheureusement, se comprend mal. Nous proposons de conserver l᾽ajout de Wessner, mais de lire "scias" au lieu de "sciat" dont la personne ne se comprend pas, s᾽agissant d᾽une reformulation de "uinci" (deuxième personne), et de déplacer "uerum" comme complément de "scias". De ce fait, il s᾽agit d᾽appliquer le mode normal d᾽extorsion des aveux d᾽un esclave, sous la torture. On peut se demander enfin, sans trancher toutefois, si "accuset" n᾽a pas été entraîné mécaniquement par le subjonctif "scias / sciat" et s᾽il ne faudrait pas lire "accusat".
136. Wessner ajoutait en tête de scholie un "Et" que nous supprimons.
137. Wessner ajoutait ici "enim". Le passage, depuis "deinde", est très mouvementé dans les mss. et le texte malaisé à établir. Mais pas de trace de "enim" toutefois : nous le supprimons.
138. Wessner édite "re ei diceretur", qui ne semble pas pouvoir se rattacher correctement à la suite. Nous supposons (l᾽app. cr. étant muet à cet égard) qu᾽il s᾽agit d᾽une coquille pour "ne ei diceretur", que nous éditons.
139. Wessner entourait "eamus intro" de cruces, sans raison apparente.
140. Wessner mettait des "cruces" devant ce mot, mal compris par l᾽ensemble des érudits qui ont lu ce texte et diversement conjecturé ("e cauea" Westerhof, "ex silua" Schoell, "per arua" Goetz par exemple), mais tous les manuscrits ont lu "capua" et la critique récente a montré que ce pouvait tout à fait être la bonne leçon. Voir la note apposée au texte français.
141. Wessner ajoutait pour la clarté "nisi me <credo>", mais, quoique brutal, l᾽énoncé est plausible sans l᾽ajout.
142. Wessner ajoutait au texte des manuscrits "<sit>", pour obtenir le "ut sit" habituel des reformulations de Donat. Mais on peut s᾽en passer.
143. Wessner précisait "PRIMVS <...PRIMVS...PRIMVS>" dans le lemme, puisque, si l᾽on accepte la restitution tout intellectuelle d᾽Estienne (1529), il est là question d᾽épanaphore. Mais ce n᾽est pas l᾽usage de Donat de morceler un lemme qui court sur plusieurs membres de phrase. Nous simplifions donc le lemme. Les mss. ont "primus (lac.) primus sentio etc.".
144. Au lieu de la leçon "†prius" choisie par Wessner et considérée comme désespérée, nous préférons restituer "prorsus" comme la suite de la citation (sans respect de l᾽ordre des mots de Térence).
145. Wessner éditait "non <nisi> stultissimum", ce qui orientait le sens vers "Car quel agrément y a-t-il ou quel plaisir à ne voir berner qu᾽un imbécile ?". Les mss. n᾽ont pas "nisi" et le texte se comprend sans lui, dès lors qu᾽on en fait non un énoncé interrogatif mais un énoncé exclamatif.
146. Donat utilise ici un texte de Térence fourni par certains mss. mais le codex Bembinus lit "qui" au lieu de "quem".
147. Texte sans doute irrémédiablement corrompu. Wessner éditait "SED ESTNE FRATER INTVS responde <deest>, ut sit: ᾽<sed> responde᾽", à partir d᾽une conjecture d᾽Estienne (1529) : "Sed est ne frater intus deest respondes ut sit responde". Les manuscrits lisent tout autre chose et sans grand consensus : DOJGU lisent "Sed ne est frater intus respondens ut non sit respondit", CK lisent à peu près la même chose l᾽un et l᾽autre, c᾽est-à-dire "responde ut sit respondit (responde C)" sans négation. V et M ont visiblement, avec leur adresse habituelle, tenté de corriger un texte absurde et lisent, pour V "sed estne frater intus? responde? ut non sit respondit", et pour M "Sed est ne frater intus responderis ut non sit respondit". La seule explication que nous trouvons à ce désordre est un saut du même au même sur le segment "ut sit sed ut non sit", qui a eu pour effet de faire disparaître "sed ut non" probablement très abrégé sous une forme du type "ſʒ ut nõ". C et K en restent plus ou moins là avec chez C peut-être une tentative (absurde) de sauver ce qui peut l᾽être. Le reste de la tradition a lu seulement "ut non sit" (ou l᾽a corrigé à cause de la réplique "non est"), puis face à "responde ut non sit respondit", corrigé sans mal "responde" en "respondens", correction évidente puisque V s᾽est contenté (avant de corriger la suite) de lire ce qu᾽il voyait.
148. Wessner éditait "hoc lentius. quidam clarius legunt, ut sit ᾽<te> praecipitato᾽ cito descende", mais les manuscrits ont un texte nettement plus problématique. VGU lisent "hoc lentius quidam aliqui legunt aliqui clarius ut sit" que MC ont sans doute corrigé en "hoc lentius quidem aliqui legunt aliqui clarius ut sit". K lit "hoc lentius quidam clarius legunt ut sit praecipitato cito descendit" et donne encore une fois la meilleure piste pour comprendre la dégradation du texte. Il faut à nouveau supposer une simplification de "aliqui clauus legunt aliqui cliuus" qui a dû à un moment être lu "aliqui clauus legunt aliqui clarius", puis "aliqui clarius legunt aliqui clarius" et simplifié, d᾽autant plus aisément que "clarius" (à voix haute) s᾽oppose alors à "lentius" (en aparté : voir 252,
2 et 401, 2). Pour comprendre cette leçon, il faut simplement modifier la ponctuation Wessner et mettre un point après "quidam" et non avant. La leçon "clauus", si absurde soit-elle, est attestée par au moins un manuscrit de Térence, F
1 (Marouzeau).
149. Wessner édite
τῶν πρός τι προσῆκον ; nous rétablissons la forme attendue
τῶν πρός τί πως ἔχοντα. Voir la note apposée au texte français.
150. Wessner éditait ici "condicionem", mais la confusion entre les deux mots "conditio" (assaisonnement) et "condicio" (condition) est extrêmement fréquente. Ici, comme nous l᾽a fait remarquer très justement Daniel Hadas, la graphie "conditio" s᾽impose.
151. Wessner complétait la citation abrégée de Virgile en ajoutant "<p.>" pour "produxi", indispensable dans le contexte de la scholie. Nous adoptons cet ajout.
152. Nous revenons au texte des mss. contre Wessner, qui proposait un inutile et improbable "de<esse pos>sunt".
153. Wessner, on ne sait pourquoi, jugeait utile de compléter le lemme d᾽un "<EST>" que nous supprimons.
154. Wessner éditait "...perculsum indicant Aeschinum, prope diuortium <in>stare ira circa se Sostratae et eius filiae...", ce qui s᾽interprète "<ces termes signalent que la nouvelle subite> a frappé Eschine, que le divorce est tout proche en raison de la colère à son endroit que ressentent Sostrata et sa fille" ; "perculsum" est une conjecture personnelle contre le "percussum" unanime des mss., qui ne pose aucun problème, qui a le même sens et que nous rétablissons. "Instare", quant à lui, émane de plusieurs modernes, depuis Estienne (1529), en passant par Teuber et Wessner. Mais les mss. ont toujours "stare". L᾽accusatif "iram" est également unanime et il est majoritairement précédé de "et". Reste la place un peu erratique du groupe "et eius", plus souvent lu "eius et". Le texte des mss., finalement assez stable, et que nous rétablissons au mot près d᾽après celui de M, se comprend sans difficulté.
155. Nous adoptons l᾽ajout de Wessner "o quam <certum est>", que l᾽archétype a dû sauter et qui rend, dans les mss., le texte abrupt et inexploitable.
156. Wessner éditait "VTVT ERAT GESTA INDICASSE hoc est <siue bene>[conjecture de Klotz] siue male gesta erat; ᾽ut᾽ enim certam qualitatem significat", mais les manuscrits ont autre chose avec une certaine unanimité. Ils lisent tous (sauf U) "indicassem", et tous "simile". Tous sauf K lisent "ut" dans le lemme et non, comme K et le codex Bembinus de Térence, "utut". Nous pensons qu᾽il s᾽est produit des erreurs à la chaîne en raison de l᾽incompréhension de "utut". En effet même K qui lit "utut" dans le lemme ne le lit plus dans la scholie. Or Wessner a sans nul doute raison de lire comme il le fait "utut incertam". Reste à savoir à quoi s᾽oppose "utut". Wessner suppose assez facilement et avec l᾽autorité quasi unanime des manuscrits (sauf O qui lit "et enim") que "utut" est ici distingué de "ut". Mais il se peut très bien qu᾽il ait tort car, au vers précédent, on lit "rem". Il y a donc un énoncé défini "rem" (l᾽affaire) et un énoncé indéfini "utut" (de quelque manière que). Nous proposons donc de lire "aut rem" au lieu de "ut enim" en supposant que le segment "eratautrem", sans doute largement abrégé, a pu être lu en raison du premier mot (fautif) du lemme "erat ut enim", et ce d᾽autant plus que "rem" est dans un vers que Donat ne commente pas, donc invisible pour qui n᾽a pas le texte de Térence. Pour le début nous nous rallions aux manuscrits sur "indicassem", en pensant plutôt qu᾽il s᾽agit d᾽une reformulation visant à souligner que le verbe "indicasse" est sur le même plan que "exorassem", bien qu᾽il ne soit pas impossible que Donat ait lu dans Térence "indicassem", quelque difficile qu᾽il soit à construire, surtout s᾽il lit "me" et "non" au vers précédent. Pour le segment donné par les mss. sous la forme "simile", il nous semble que "simul et" est bien meilleur car, si on lit ainsi, il y a deux scholies parfaitement complémentaires. Voir la note apposée au texte français.
157. L᾽article "
τῷ" est ajouté par Wessner et correspond aux usages de Donat. Nous le conservons.
158. Les mss. ont "consentire nuptias", que Wessner proposait de corriger en "consentire <in> nuptias". La construction transitive du verbe "consentire" n᾽est pas inconnue du latin classique au sens de "être d᾽accord pour décider qqch.". Peut-être peut-on la risquer ici, à moins qu᾽on préfère corriger le cas en "consentire nuptiis".
159. Wessner éditait seulement "Et", prêté à la seconde main. Les mss. ont clairement "et iam" ou "etiam".
160. Wessner éditait cette scholie de la façon suivante : "Et ᾽commenta᾽ dicit, hoc est fallaciam confinxit, <nam confinge>re ueri simile <est> comminisci", avec d᾽importants ajouts personnels. Un panorama sur les principaux mss. montre que c᾽est foncièrement inutile. Ces derniers (GKUVM) sont unanimes pour donner ce que nous éditons, à quelques variantes près, dont "uerisimile" (VG) au lieu de "uerisimilem". Variante également plausible (voir la note apposée à la traduction).
161. Wessner éditait "NONNE HAEC TIBI IVSTA VIDENTVR <POSTEA hic sensus est: nonne haec tibi iusta uiderentur> esse, si illa quae amicus tuus dixerat <postea>quam haec audires?", avec des ajouts personnels conséquents. Nous revenons strictement au texte des mss. (GKMUV) qui ont clairement non pas "si" mais "scilicet" (ou une abréviation "scili.", "s.", à l᾽exception peut-être du peu lisible K, qui peut avoir "si" et non "s.") et unanimement "quasi" et non pas "quam". Ce n᾽est pas ici qu᾽on parle de "postea" mais dans la suite du commentaire à ce vers. Ici, il est question du temps utilisé par Eschine dans sa question. Voir le commentaire à la traduction.
162. L᾽adverbe grec sous cette forme est une conjecture de Schoell, suivie par Wessner.
163. On attendrait l᾽abréviation "t." pour "tum". Donat lit peut-être "nunc".
164. Le mot grec, édité par Wessner, a été conjecturé par Schoell. Les mss. ne savent pas où s᾽arrête la citation de Salluste et en ont un texte altéré, avec "imperat" au lieu de "imperator erat" (ce qui fait perdre tout intérêt à l᾽illustration, puisqu᾽il s᾽agissait de dire quelque chose du datif adnominal qu᾽on est censé y trouver). Pour les copistes, apparemment, le texte de Salluste a l᾽allure "qui tunc romanis imperat auctor". Après ce segment, certains mettent une lacune (KU...), certains écrivent des initiales inexploitables, "p. x. u." ou "p. xii" (VC), avant de repartir sur le lemme suivant avec "his rebus" (UV), ou "hic rebus" (K), ou "rebus" tout seul (G). Ce désordre atteste bien la présence d᾽un mot grec. Le ms. G donne la meilleure indication. On y lit : "Qui tunc romanis imperat auctor p. x. n. Ins rebus" etc. Le segment "p. x. n. Ins" (dont la fin a été prise par d᾽autres copistes comme le début du lemme, "his") note en lettres latines, artificiellement séparées par des points comme s᾽il s᾽agissait d᾽initiales de mots, des signes qui sont en fait des lettres grecques. Schoell a donc pleinement raison de restituer un segment "ρχηγος" (avec "γος" interprété par G "Ins"). L᾽alpha qui manque au début a pu s᾽être noyé dans l᾽initiale du lemme "A(uctor)". Nous faisons donc droit à l᾽ingénieuse conjecture de Schoell. Sur le sens de cette scholie, constituée du seul mot grec, voir la note apposée au texte latin.
165. Wessner adopte la conjecture d᾽Estienne (1529) en ajoutant "<ut>" qui ne figure pas dans les mss. Nous les suivons, car c᾽est bien "ut" qui est l"objet du commentaire.
166. Nous revenons au texte des mss., "debetur", contre Wessner, qui éditait "<esse> debet".
167. Wessner éditait "
συγκοπὴ μετ᾽απλασμός" à partir d᾽un texte issu du codex Cujas via Lindenbrog et où on lit "СΥΓΚΟΠΗ ΗλλΗΤΑΝλСΜΟС". Il semble bien que le deuxième "mot" commence par la conjonction ἢ (postulée aussi par Schoell, contre Wessner), le reste montrant des confusions banales dans ce codex (comme elles le sont dans A) entre λλ et Μ ou λ et Α et laissant assez bien rétablir le mot
μετ᾽απλασμός.
168. Wessner complétait le lemme en éditant "QVID <FIERET QVA> FIERET", supposant un saut du même au même. Certes la scholie porte bien sur "qua fieret", mais, à supposer (tant qu᾽à intervenir sur le texte des mss.) qu᾽il ne faille pas corriger simplement "quid" en "qua", on peut se contenter de cette approximation : l᾽indication, relative, sert à situer le commentaire, au demeurant évident, au vers
690 en lemmatisant son incipit. Cette technique est banale. Nous revenons donc au texte des mss.
169. Wessner éditait "maestus amatoris animus ludentem senem <serio> loqui credidit, uera dicentem quia optata sunt putat ludere nunc. potest et ob hanc causam dicere, quod eum numquam lusit antea". Le texte des manuscrits est absolument erratique sur tout ce secteur et la reconstruction que nous proposons est purement conjecturale. Elle se fonde sur les éléments suivants : 1-"serio" conjecture de Wessner est en réalité attesté par K, à la place de "senem", mais il s᾽agit sans doute soit d᾽une mélecture soit d᾽une correction érudite provoquée par "ludentem". 2-"credit et" est la leçon de a, les autres portant "credit" (DJ, Firenze, plut. 22, sin 06), "credidit" (VGKUMC...), "crederet" (Om...). La leçon "crederet" s᾽explique sans doute par la mélecture du segment "creditet" lu "crediret" et corrigé. La leçon "credidit" peut provenir d᾽une erreur du même type sur "creditet" lu "creditit" et normalisé. La leçon "credit" s᾽explique par la simple chute du "et". 3-"quia optata" est parfois précédé de "sed" (VGUMJDO), mais l᾽émergence de cette conjonction provient précisément de la disparition de "et" plus haut. Le mansucrit a a conservé les deux, signe que les deux ont pu à un moment cohabiter. 4-"adeo eum adludere" est à nouveau le texte de a, seul à donner une solution compréhensible dans un magma de leçons aberrantes "ut alludere", "ut alluderet", "ut alludere et", "ut alludetur". Il est évident que l᾽arrivée inopinée de "ut" a provoqué l᾽ensemble du désordre, certains intégrant "ut" sans rien changer au risque d᾽un segment agrammatical, d᾽autres tentant de résoudre l᾽aporie de ce "ut" venu d᾽on ne sait où. 5-"non quondam" : les manuscrits sont unanimes à postuler une forme commençant par "qu-", mais il ne savent pas trop laquelle : "non quod eum", " non quia eum", "quod cum numquam", "non quicum". Une chose est probable, c᾽est que la négation devait se trouver devant la forme en "qu-" (VGUMJDO par exemple), et que son passage après (CK) peut résulter d᾽une correction ou d᾽une simple erreur de lecture, ensuite corrigée. Il s᾽agissait donc de dire "᾽nunc᾽ et non pas ᾽qu-᾽...". De ce fait "quondam" en partie visible dans "quod cum numquam" (CK) est un bon candidat. 6-"luxerit" est donné par O, Firenze, plut. 22, sin
06 et m, mais la leçon est de toute évidence diffilicior face au consensuel "lus(er)it" attiré par "ludentem", "alludere" et "ludis", dans un contexte très court.
170. Wessner éditait "est enim amantis <se> conicere in falsum metum", voyant bien qu᾽un ajout était nécessaire pour comprendre ce texte que l᾽on lit chez CKU. Mais des leçons aberrantes nous mettent sur une autre voie. J lit visiblement "in salsum", M
1 lisait "infussum" exponctué et corrigé en marge par M
2 en "in falsum". De ce fait, on peut supposer qu᾽"in falsum" est une lectio facilior pour un mot préfixé en "in-" et transformé en "in falsum" en raison du contexte. "Insulsum" devient alors un excellent candidat d᾽autant qu᾽il sauve "amantis" excellente lectio difficilior face à "amantem" et qu᾽il économise l᾽ajout du réfléchi qui s᾽imposait dans la solution de Wessner.
171. Wessner, suivant une conjecture d᾽Estienne (1529) supposait un lemme "<ET DVCENDA INDOTATA EST>", sans voir que, non sans malice, Donat commente "indotata" par ce qui précède immédiatement dans le vers, "et pourtant, toute sans dot qu᾽elle soit, il faut quand même l᾽épouser".
172. Wessner éditait "ipse <se> fefellit", avec un "se" ajout d᾽Estienne (1529) plausible, à moins qu᾽il ne faille lire, comme nous le proposons, "ipse se fallit", ayant entraîné une mécoupure avec mélecture du "s". De "fefallit", on passe évidemment naturellement à "fefellit", la forme correcte.
173. Ajout d᾽Estienne (1529) qui s᾽impose compte tenu de la nature du commentaire.
174. Wessner éditait "etiam <nunc>", en ajoutant le second adverbe, qui ne sert à rien.
175. Difficile de dire si ce "nam" est de Donat, comme élément de la scholie, ou s᾽il est de Térence (de fait Micion disait "nam ambos curare etc."). Dans ce deuxième cas, la scholie est réduite à la seule citation, sans la conjonction causale, ce qui semble un peu abrupt.
176. Westerhof, suivi par Wessner, ajoutait ici "<filios>" pour faire droit au moins partiellement au contenu de la seconde tirade de Micion (
820 et suiv.). Mais c᾽est inutile, car il suffit de comprendre que Déméa ne sera pas non plus victime de la corruption des jeunes gens qui rejaillirait immanquablement sur lui. Il ne subira donc de perte ni dans son patrimoine, ni dans sa réputation.
177. Wessner éditait (compte non tenu ici de l᾽ordre des lemmes sur lequel nous reviendrons) : 823,
3 "...sed aetatis.
825 NON QVOD DISSIMILIS RES SIT an quia huic licet, <illi non licet>?". Le commentaire du vers
825 tel qu᾽édité ainsi n᾽a aucun sens. L᾽ajout, dû à Wessner, est absent des manuscrits qui lisent tous à peu près "non quod dissimilis res sit an quia huic licet" avec quelques variantes minimes dues à la difficulté de comprendre ce que cela signifie. Nous pensons que le désordre provient ici du passage de scholies marginales à un texte continu, ce que confirme la succession aberrante, dans ce passage, des lemmes dans les manuscrits (820, 830, 831, 821, 823, 825, 826, 823, 3 ; 827,
828 et fin du 830). On peut supposer que le compilateur a copié d᾽abord, en regard du texte de Térence, une scholie en haut à gauche, puis la suivante en haut à droite et toute la colonne de scholies qui le suivait, puis la colonne de gauche qu᾽il avait commencée mais non finie, et ce sur une seule page du texte de la comédie. Les scholies ont ensuite été rassemblées en "texte" en déroulant leur succession horizontale. Sur cette "méthode", voir Funaioli (1930). Du coup, il est fort probable que cette recomposition brutale du commentaire ait entraîné des erreurs dans la délimitation des lemmes et des scholies. Pour nous, il est évident que le segment édité par Wessner sous
825 ne peut se comprendre que si sa place originelle (que nous rétablissons selon l᾽ordre des vers de Térence) était de conclure le commentaire de 823, 3. Dans ce cas, ce n᾽est pas un lemme, mais une citation et le commentaire devient à peu près clair (voir note apposée au texte français).
178. Ce mot est un ajout de Westerhof, mais il s᾽impose compte tenu de la construction qui suit. "Si" a pu être confondu avec "s." mis pour "subuertit" (dans le lemme) et disparaître dans le développement de l᾽abréviation "s." en "subuertit".
179. Wessner, suivant Klotz, édite "in<uerso> uerbo" en postulant un saut du même au même dans le "in uerbo" des manuscrits. Mais on peut lui objecter que le segment "INVERSO" a pû être pris pour "IN VERBO" vu le contexte et la présence de "uerbo" deux mots après.
180. Texte des excellents manuscrits VKUM. Wessner éditait "†et quasi quo†", texte issu de C (et en partie attesté par G). Toutefois, bien que se comprenant, contrairement à ce que prétend Wessner, ce texte a tout d᾽une glose marginale commentant "ad quem locum".
181. Wessner et Goetz ajoutaient ici respectivement "aliquem" et "ligare", dans cet ordre, mais cela ne sert rigoureusement à rien, compte tenu de la nature du commentaire. Voir la note apposée au texte français.
182. Wessner éditait "cui rei est indultus", conjecture de Schoell bâtie sur le "multus" de C, les autres penchent nettement vers le texte que nous proposons et qui se trouve exactement sous cette forme dans V. Les autres, compte tenu des circonstances ont lu "nuptiis".
183. Ne comprenant pas "nisi ineptiis" devenu "nisi nuptiis", les scribes ont pataugé dans les coordinations de ce segment qui développe "ineptiis". Wessner suivait l᾽aberrante leçon de C "imponatur" pour "nuptiali", mais, ne pouvant la comprendre, il la faisait précéder d᾽une "crux".
184. Wessner éditait "grate a nominibus <ad> uerba transeat" suivant pour "grate" une conjecture d᾽Estienne (1529), pour l᾽ajout de "ad" une conjecture de Wieling, et pour la forme "transeat" une correction de Klotz. Nous éditons ce que donnent les manuscrits, à la notable exception de K qui a lu le verbe au singulier. Sur le sens de ce commentaire, voir la note apposée au texte français.
185. Passage très difficile. Wessner éditait "quod nunc <est> mitis", avec l᾽ajout de "<est> mitis" dû à Schoell. Ce texte est proche de celui de K "quod nunc mitis", ce qui pourrait le faire préférer, mais K paraît attester une amélioration d᾽un passage sans doute corrompu que C a recopié tant bien que mal en lisant "ſʒ ñc ĩ triſ", en gros quelque chose comme "sed nunc in tris"... Tous les autres témoins portent une lectio facilior : "quod nunc dicit". Pour "quod" au lieu de "sed", on peut penser que l᾽erreur invétérée est due à une abréviation peu claire ou peu connue de "supra", interprétée par telle branche en "sed" (C), par telle autre en "quod". La leçon "quod" était d᾽autant plus tentante que l᾽on venait de lire "hoc", et elle induisait que ce qui se lisait au mieux "mitis" était le verbe. Le mieux était une troisième personne pour la parallélisme avec "iurgabat" et "dicit" est une correction aisée et élégante. Wessner a évité l᾽écueil de la "lectio facilior" que représente "dicit", sans doute en recourant à une lecture de K par Schoell complétée par une conjecture de ce dernier. Nous pensons que tout le problème se trouve dans ce que nous a transmis (sans doute bien involontairement) C. Dans le segment incompréhensible "ñc ĩ triſ", il est tentant de lire avec une légère différence de texte par rapport à la citation exacte de Térence "nunc iam tria" du vers 884. Reste le "s" final de ce segment et ce que C a lu "ſʒ" (sans doute "sed" dans son esprit). Nous pensons que si l᾽on accepte "nunc iam tria", il faut lire "supra" à gauche pour "ſʒ" et "scilicet" à droite pour "ſ". Sur le sens de ce commentaire, voir la note apposée au texte français.
186. Les deux scholies qui suivent sont attribuées par Wessner au vers
904 (respectivement scholies
2 et 3). Mais elles concernent vraiment le mot "Hymenaeum" et nous les rapatrions au vers
905 (vide de scholies chez Wessner).
187. Texte peut-être irrémédiablement corrompu. Ce que nous éditons, à la suite de Wessner (avec un "<materia>" ajouté par Dziatzko), repose sur des corrections d᾽éditeurs à un texte unanime des manuscrits "maceries dicitur paries nunc altus de macerata", ce qui n᾽a aucun sens, à moins de considérer que "macerata" désigne un type de construction, une sorte de "torchis". Le mot technique aurait pu se perdre. Notons à l᾽appui de cette hypothèse qu᾽aucun scribe ne semble voir ici le moindre problème.
188. Wessner ajoutait ici "<et>" qui n᾽a aucune raison d᾽être.
189. Wessner éditait le texte désespéré de C "IVBE quasi hoc dicere insultantes solemus †nunc minare hunc si abste tecum afflictum tenemus†". Notre texte repose pour le début sur JO et jusqu᾽à "solemus" sur un consensus plus large de manuscrits généralement fiables VGUMJO. La seconde partie a été transmise par la plus grande partie de la tradition de manière absurde bien que relativement consensuelle : "nunc minari hunc assistere quem afflictum tenemus" (O) est un bon représentant de ce magma. Nous nous rallions plutôt au texte de C qui, sans être vraiment compréhensible, a le mérite de transmettre sans doute un état "ante correctiones", en lisant "nunc minar hoc si abste tecum afflictum tenemus". Nous supposons que la séquence "abste cum" a été relue "abs tecum", puis corrigée en "abste tecum" pour qu᾽il ne manque rien à aucune des deux prépositions. "Nunc minar᾽" paraît cacher "numerare" tiré lui-même de "dinumeret" du texte térentien dont il est un à peu près. Cette scholie est une reformulation dont Donat donne un autre aperçu au vers 946.
190. Wessner éditait, d᾽après C, "Demea Micioni" (même sens), mais nous prenons l᾽ordre de V, meilleur syntaxiquement et attesté indirectement par G, dont la lecture "mitio in demea" atteste une mélecture d᾽un segment "MITIỐIDEMEA" lu "MITIOĨDEMEA" avec simple déplacement de la tilde.
191. Wessner, suivant Umpfenbach, éditait "Ctesiphoni <an> lenoni an" etc., pour la correction. Mais on peut comprendre sans l᾽ajout.
192. Nous déplaçons au vers
919 cette scholie que Wessner numérotait 918, 2, car elle concerne un énoncé qui se trouve au vers
919 exclusivement. Le vers
918 ne compte donc plus qu᾽une seule scholie, et l᾽ancienne scholie unique de
919 selon Wessner devient 919, 2.
193. Nous entérinons l᾽ajout de la préposition "a", dû à Estienne, suivi par Wessner. Indispensable à la construction de "incipere".
194. Wessner complétait le lemme avec "<TE>", concerné par la scholie. C᾽est certes possible, mais les mss. ne l᾽ont pas et cette dose d᾽implicite est tout à fait acceptable.
195. Wessner éditait "
3 SI TV SIS HOMO non ᾽si es᾽ sed ᾽<si> sis᾽ dixit" etc. Or parmi les mss. que Wessner appelle injustement "deteriores", il y a unanimité sur un très bon texte qui ne nécéssite pas l᾽ajout de Wessner. Car si K (inconnu théoriquement de Wessner), qui a omis une page correspondant au texte des scholies 931,
1 à 984, et U, qui a fait un saut du même au même qui nous prive de sa scholie 934, 3, ne nous sont ici d᾽aucun secours, GVM sont formels : le texte est celui que nous éditons. Il en résulte qu᾽il y a deux scholies en une : la première se réduit à une remarque morphologique (voir note apposée au texte français), la seconde, à partir de "sed sis dixit", est une scholie d᾽analyse du texte et des intentions des personnages.
196. C᾽est Wessner qui ajoute "<alienum>". Cela paraît légitime pour rendre compte de la succession des quatre adjectifs et du sens général de ce dernier élément.
197. Wessner complétait le lemme avec "<MEVM>", inutile.
198. Wessner complétait le lemme avec "<VERBVM>", inutile.
199. C᾽est Wessner qui ajoute la préposition en écrivant "<a> iure". Nous le suivons en l᾽occurrence : il s᾽agit d᾽un argument "a iure" ou d᾽un énoncé "tiré du" droit. La disparition de la préposition s᾽explique facilement si l᾽on imagine qu᾽avant d᾽être redéveloppé, le dernier mot du lemme était abrégé "F", suivi du "a" de la scholie, l᾽ensemble ayant été compris "FA" pour "factum".
200. Wessner éditait "
2 SED. <D.>", d᾽après une assez fine suggestion de Schoell qui, à partir d᾽un texte isolé de C, "sed", pensait voir là un lemme pour "sedulo docui". C᾽est envisageable et même tentant, sauf que la plupart des mss. ont "quem" et non pas "sed" et que, avec "sed", la phrase est un peu bancale faute d᾽un sujet à la proposition infinitive. Mais précisément, c᾽est ce qui pourrait faire pencher en faveur de la solution Schoell/Wessner, "quem" pouvant sembler être une correction. Néanmoins, quelque solution qu᾽on adopte, le sens n᾽est pas modifié et nous nous rallions à la majorité et la grammaticalité.
201. Le texte plautinien est, d᾽ordinaire, "facis sapientius etc.".
202. Nous suivons Wessner qui entérinait l᾽ajout de ce "<et>" dû à Estienne (1529) et que la syntaxe rend indispensable.
203. Le
lemme indiqué en tête de la préface correspond au vers 26,
c᾽est-à-dire au vers
1 de la scène
1 de l᾽Acte I, et non au premier
vers de la pièce, qui est celui du Prologue. Mais c᾽est purement
conventionnel, car la préface de Donat présente la comédie dans son
ensemble, selon le plan standard qui est le sien dans ces
circonstances : type de comédie, caractéristiques de la
représentation, résumé de la fable, etc. Le fait, néanmoins, que le
vers étiquette de la pièce soit le début de l᾽Acte I et non le début
du Prologue prouve bien que le Prologue est tenu pour un
hors-d᾽œuvre et que la pièce stricto sensu commence seulement avec
le début de l᾽action, menée par des personnages sur scène.
204. Le commentaire porte sur le titre de la pièce.
"Adelphi" est un mot au pluriel et c᾽est un mot masculin, alors que
"fabula palliata" est une lexie au féminin singulier. Cette remarque
est usuelle, qui consiste à signaler une incongruité apparente à
écrire "fabula palliata Adelphoe" ; Térence s᾽en explique ailleurs à
propos du mot "Eunuchus", masculin en règle générale mais féminin
quand c᾽est un titre de pièce. On doit donc comprendre ici que
"Adelphoe" est un féminin singulier lorsqu᾽il est employé en tant
que titre, car il prend le genre de son hyperonyme "fabula" (même en
l᾽absence de ce dernier). Notons qu᾽en grec le titre devrait être au
duel, mais il n᾽y a pas, sauf erreur, de titre grec au duel, même
quand l᾽intrigue suppose qu᾽il s᾽agit de deux individus. Ainsi les
Synapothneskontes (
Les Deux Mourants),
comédie de Diphile, présente un titre au pluriel. On connaît aussi
des titres comme
Didymoi (
Les Jumeaux), où
on attendrait
Didymō (
Les Deux Jumeaux).
Le fait que le titre est un mot grec (il en va d᾽ailleurs de même
avec tous les autres titres térentiens) ancre la comédie dans le
genre de la "palliata" (comédie en latin à sujet grec). Enfin, ce
titre est fait "a facto fratrum" (à partir d᾽un fait qui concerne
des frères) : il s᾽agit d᾽une allusion à la typologie des titres
donnée par Evanthius, Com. VI, 4 : "Toutes les comédies ont quatre
manières d᾽être intitulées : d᾽après un nom, d᾽après un lieu,
d᾽après un fait, d᾽après un événement. D᾽après un nom : par exemple
Phormion,
Curculion,
Epidicus ; d᾽après un lieu : par exemple
L᾽Andrienne,
La Léocadienne,
La
Fille de Brindes ; d᾽après un fait : par exemple
L᾽Eunuque,
La Comédie aux Ânes ; d᾽après
un événement : par exemple
Les Deux Mourants,
Le
Crime,
Le Bourreau de soi-même".
205. Le commentaire évoque le
type de comédie dont il s᾽agit, par référence à Evanthius Fab. IV,
4 : "Comoediae autem motoriae sunt aut statariae aut mixtae.
motoriae turbulentae, statariae quietiores, mixtae ex utroque actu
consistentes" (Quant aux comédies, elles sont mouvementées ou
statiques ou mixtes. Les mouvementées sont agitées, les statiques
plus calmes, les mixtes participent des deux types).
206. Elle est utile par les préceptes
moraux qu᾽elle délivre et plaisante par sa langue élégante et son
action intéressante. Elle obéit donc au "docere" et au "placere". La
remarque de Donat vaut pour justifier à la fois le programme
scolaire, qui fait de Térence un auteur incontournable, et la
nécessité éditoriale d᾽écrire après d᾽autres un nouveau commentaire
de cette pièce.
207. La question de la répartition des
rôles consiste à établir la distribution. Le premier rôle (le grec
dirait le protagoniste) joue un seul personnage, le second
(deutéragoniste) aussi, en général ; au-delà, il est possible qu᾽un
même acteur se charge de plusieurs rôles. La question n᾽est donc pas
anodine, mais on voit que Donat ne cherche pas à trouver une
configuration plausible, dans laquelle il montrerait de combien
d᾽acteurs on a besoin au minimum en tenant compte des intervalles de
temps nécessaires à un même comédien pour changer de costume et
(éventuellement) de masque.
208. Sur la question controversée des cinq actes, cf.
par exemple C. Nicolas, 2007b, notamment p. 597-608. Texte
disponible en ligne sur le site HAL-SHS: cf.
http://hal-univ-lyon3.archives-ouvertes.fr/docs/00/32/73/82/PDF/papier.pdf
209. Référence (habituelle dans les préfaces de
Térence) à Evanthius Fab. IV,
5 et Com. VII.
210. La date de la représentation indiquée correspond
donc à l᾽année
160 avant J. C. Mais il est indiqué le nom de deux
chefs de troupes, et, dans les Didascalies de la pièce de Térence,
apparaît le nom d᾽un troisième chef de troupe, L. Hatilius de
Préneste. On peut donc supposer qu᾽il y a télescopage de plusieurs
informations, concernant plusieurs représentations de la pièce. Sur
la musique de scène et la flûte de droite ou de gauche, cf.
Evanthius Com. VIII, 11 : "huiusmodi carmina ad tibias fiebant, ut
his auditis multi ex populo ante dicerent, quam fabulam acturi
scaenici essent, quam omnino spectatoribus ipsius antecedens titulus
pronuntiaretur. agebantur autem tibiis paribus, id est dextris aut
sinistris, et imparibus. dextrae autem tibiae sua grauitate seriam
comoediae dictionem praenuntiabant, sinistrae [Serranae] acuminis
leuitate iocum in comoedia ostendebant. ubi autem dextra et sinistra
acta fabula inscribebatur, mixtim ioci et grauitates denuntiabantur"
(Les poèmes de ce genre étaient donnés accompagnés de flûtes, au
point que, dès qu᾽on les entendait, beaucoup dans le public disaient
quel genre de pièce les acteurs s᾽apprêtaient à représenter, avant
même que son titre ne soit annoncé en préalable aux spectateurs. On
les jouait avec des flûtes égales, c᾽est-à-dire droites et gauches,
et inégales. Les tuyaux de droite, par leur son grave, annonçaient
un passage sérieux de la comédie, ceux de gauche, par la légèreté de
leurs sons aigus, montraient un passage enjoué. Quand la comédie
portait dans sa rubrique de titre la mention "droite et gauche", on
pouvait s᾽attendre à un mélange de jeu et de sérieux).
211. cf.
Evanthius Com. VIII, 1 : "in plerisque fabulis priora ponebantur
ipsarum nomina quam poetarum, in nonnullis poetarum quam fabularum,
cuius moris diuersitatem antiquitas probat. nam cum primum aliqui
fabulas ederent, ipsarum nomina pronuntiabantur, antequam poetae
pronuntiaretur, ne aliqua inuidia ab scribendo deterreri posset. cum
autem per editionem multarum poetae iam esset auctoritas adquisita
rursus priora nomina poetarum proferebantur, ut per ipsorum uocabula
fabulis attentio adquireretur" (dans la plupart des pièces, on
indique le nom des pièces avant celui des auteurs, dans
quelques-unes celui de l᾽auteur avant celui des pièces, diversité
d᾽usage qui garantit l᾽ancienneté. Car, dès qu᾽on produisait une
pièce, on en donnait le titre avant de nommer l᾽auteur, pour éviter
que la jalousie ne le détourne de l᾽écriture. Mais une fois que la
production de plusieurs pièces avait assis suffisamment l᾽autorité
du poète, alors au contraire on mettait en avant le nom du poète
pour que la mention de ce nom attire sur la pièce l᾽attention du
public).
212. La pièce de Térence est le
résultat d᾽une "contaminatio" entre deux modèles, ce dont le poète
s᾽explique partiellement dans le Prologue. Ménandre avait peut-être
écrit deux pièces intitulées
Adelphoi ; quant à la
pièce de Diphile, intitulée en grec
Synapothneskontes
("ceux qui agonisent en même temps"), elle a été fidèlement
retranscrite, là où elle est le modèle, si l᾽on en croit le Prologue
de Térence, c᾽est-à-dire pour la seule scène de l᾽enlèvement au
début de l᾽Acte II. Notons, en ce qui concerne les deux titres, que
Donat n᾽est pas cohérent avec son propos précédent (Praef. I 1) sur
le maintien des titres grecs : pour que la pièce de Diphile soit
reconnue comme un spécimen de Néa en grec et de palliata en latin,
il faudrait continuer à l᾽intituler
Synapothnescontes.
C᾽est d᾽ailleurs ce que fait Térence dans son prologue (cf. 6-7), où
il signale la comédie de Diphile sous son titre original, le titre
latin correspondant
Commorientes étant dû à
Plaute.
213. Comme souvent en lexicologie antique, Donat glisse d᾽un mot à l᾽autre. Ce qui motive son topo sur "scriptor" est en effet le terme "scriptura", présent chez Térence.
214. Le commentaire porte sur "obseruare", mais c᾽est "obseruatio" qui est expliqué ; même glissement d᾽un mot à l᾽autre au commentaire au vers 412,
2 de
L᾽Andrienne ; cf. ad loc.
215. "Genus uerborum" désigne, dans la grammaire de Donat, la voix verbale, ou la diathèse : "Les genres des verbes, que d᾽autres appellent significations, sont au nombre de cinq : actif, passif, neutre, déponent, commun. Sont actifs ceux qui finissent en o et prennent un r pour se mettre au passif, comme ᾽lego᾽ je lis, ᾽legor᾽ je suis lu. Sont passifs ceux qui finissent en r et, en le perdant, repassent à l᾽actif, comme ᾽legor lego᾽. Sont neutres ceux qui finissent en o et, s᾽ils prennent un r, cessent d᾽être latins, comme ᾽sto᾽ je me tiens debout, ᾽curro᾽ je cours ; sont également neutres ceux qui finissent en i, comme ᾽odi᾽ je hais, ᾽noui᾽ je sais, ᾽memini᾽ je me souviens ; il y en a aussi qui finissent en um, comme ᾽sum᾽ je suis, ᾽prosum᾽ je suis utile ; d᾽autres qui finissent en t [et qu᾽on appelle impersonnels], comme ᾽pudet᾽ j᾽ai, tu as, il a (etc.) honte, ᾽taedet᾽ j᾽ai, tu as, il a (etc.) dégoût, ᾽paenitet᾽ j᾽ai, tu as, il a (etc.) regret, ᾽libet᾽ j᾽ai, tu as, il a (etc.) plaisir ; mais ces derniers et leurs semblables doivent être considérés comme défectifs. Sont déponents ceux qui finissent en r et, en le perdant, cessent d᾽être latins, comme ᾽conuiuor᾽ je prends un repas, ᾽conluctor᾽ je lutte. Sont communs ceux qui finissent en r et tombent sous deux formes, l᾽une passive, l᾽autre active, comme ᾽scrutor᾽ je scrute, je suis scruté, ᾽criminor᾽ j᾽incrimine, je suis incriminé : nous disons en effet ᾽scrutor te᾽ je te scrute et ᾽scrutor a te᾽ je suis scruté par toi, ᾽criminor te᾽ je t᾽incrimine et ᾽criminor a te᾽ je suis incriminé par toi. Certains verbes échappent à cette règle et sont dits hétérogènes, comme ᾽soleo᾽ j᾽ai l᾽habitude, ᾽facio᾽ je fais, ᾽fio᾽ je deviens, ᾽fido᾽ j᾽ai confiance, ᾽audeo᾽ j᾽ose, gaudeo je me réjouis, ᾽uescor᾽ je me nourris, ᾽fero᾽ je porte, ᾽medeor᾽ je soigne, ᾽[reddo᾽ je rends] ᾽edo᾽ je mange, ᾽pando᾽ je déploie, ᾽mando᾽ je mâche, ᾽nolo᾽ je refuse, ᾽uolo᾽ je veux. Certains ont une flexion défective, comme ᾽cedo᾽ donne, ᾽aue᾽ salut, ᾽faxo᾽ je ferai, ᾽sis᾽ s᾽il te plaît, ᾽amabo᾽ s᾽il te plaît, ᾽infit᾽ il commence, ᾽inquam᾽ dis-je, ᾽quaeso᾽ je t᾽en prie, ᾽aio᾽ j᾽affirme. Il y a même des monosyllabes qui pour cette raison sont les seuls à connaître un allongement, comme ᾽sto᾽ je me tiens, ᾽do᾽ je donne, ᾽flo᾽ je souffle, ᾽no᾽ je nage. Certains verbes ont une signification incertaine, comme ᾽tondeo᾽ je tonds, ᾽lauo᾽ je lave, ᾽fabrico᾽ je fabrique, ᾽punio᾽ je punis, ᾽munero᾽ je gratifie, ᾽partio᾽ je répartis, ᾽populo᾽ je dévaste, ᾽adsentio᾽ je m᾽accorde, ᾽adulo᾽ j᾽adule, ᾽lucto᾽ je lutte, ᾽auguro᾽ je prédis, : tous ces verbes en effet se finissent en o et en r et connaissent presque tous les temps du participe. Il y a en outre des verbes qui peuvent être composés, comme ᾽pono᾽ je pose, ᾽traho᾽ je tire, d᾽où ᾽repono᾽ je repose, ᾽retraho᾽ je retire ; d᾽autres qui ne le peuvent, comme ᾽aio᾽, ᾽quaeso᾽". Ce que Donat veut dire ici, c᾽est qu᾽il y a un facteur commun de l᾽accusatif "scripturam", qui fonctionne d᾽abord comme le sujet de l᾽infinitive au passif, dont le verbe est "obseruari", et ensuite comme l᾽objet de l᾽infinitive dont le verbe actif est "rapere".
216. Il s᾽agit de remarquer que le genre et le nombre de "comoedia" l᾽emporte sur celui du titre, théoriquement masculin pluriel. Cf. ce que Donat disait dans sa Préface en I 1.
217. Donat donne une typologie des différentes fabulae. On en retrouve les principales dans Evanthius (Fab. IV, 1), auquel il ne se réfère pas ici : "Il faut aussi retenir que, après la Néa, les Latins ont produit mainte forme de théâtre, comme les togatae, à partir de personnages et d᾽intrigues latines, les prétextes, à partir de hauts personnages tragiques tirés de l᾽histoire romaine, les atellanes, du nom d᾽une cité de Campanie où elles ont été données pour la première fois, les Rhinthonicae, du nom de leur auteur Rhinton, les tabernariae, dotées d᾽une intrigue et d᾽un style de bas étage, les mimes, qui consistent en une imitation suivie d᾽événements minimes et de personnages infimes". Evanthius donne par ailleurs une autre liste légèrement différente dans Com. VI
1 "Fabula ᾽pièce᾽ est un mot générique, qui inclut deux sous-types principaux, la tragédie et la comédie. La tragédie, quand elle est bâtie sur une intrigue latine, est dite prétexte. Quant à la comédie, elle comprend de nombreuses subdivisions : palliata, togata, tabernaria, atellane, mime, rhinthonica ou planipedia". La liste de Donat comprend donc en commun avec les deux listes d᾽Evanthius : le terme générique "fabula" (cf. "generaliter"), ses subdivisions principales ("species") comédie et tragédie, dont la prétexte est une sous-catégorie (bizarrement placée au milieu de genres comiques) ; les autres genres indiqués sont des types de comédies : togata (comédie en toge, donc à sujet romain), tabernaria (comédie de bas étage), atellane (comédie régionale, spécialité de la ville d᾽Atella), mime, Rhintonica (du nom de son inventeur). Manque à la liste de Donat la palliata (comédie à sujet grec, dont les pièces de Térence sont d᾽éminents représentants, d᾽où leur absence de la liste : elles sont présentes par défaut) et la planipedia, sur le nom de laquelle Evanthius propose plusieurs étymologies : "La planipedia a ce nom en raison de son intrigue de bas étage et de la vulgarité de ses acteurs, qui ne sont pas juchés sur des cothurnes ou des socques quand ils sont sur la scène ou sur les tréteaux, mais sur la plante de leurs pieds ; ou alors c᾽est parce que les intrigues qu᾽on y trouve ne concernent pas des personnages qui logent dans des tours ou des cénacles, mais de plain-pied, dans des quartiers populaires". En revanche, Donat utilise le terme, inconnu d᾽Evanthius, de "crepidata", mot à mot la pièce jouée en "crepida", sorte de sandale. Le cothurne, chaussure haute, était l᾽apanage de la tragédie ; la crepida caractérisait la comédie.
218. Les Latins utilisent certains adjectifs de localisation dans deux sens différents : tantôt purement qualificatifs, tantôt purement situationnels. Ainsi "imum mare" peut signifier "la mer profonde" ou "le fond de la mer", "summa arbor" "un arbre très haut" ou "le sommet de l᾽arbre". D᾽où l᾽ambiguïté ici pressentie par Donat : "prima fabula" ne veut pas dire "la première pièce" (puisqu᾽il n᾽y en a pas une deuxième de même titre), mais "le début de la pièce".
219. La remarque vaut ici pour signaler que le mot "populus" désigne le peuple romain et non le public, sens que ce mot a majoritairement dans le commentaire de Donat.
220. Cf. la typologie d᾽Evanthius, Fab. IV, 4 : "Comoediae autem motoriae sunt aut statariae aut mixtae. motoriae turbulentae, statariae quietiores, mixtae ex utroque actu consistentes (Quant aux comédies, elles sont mouvementéées ou statiques ou mixtes. Les mouvementées sont agitées, les statiques plus calmes, les mixtes participent des deux types).
221. La présence à la fois de "e contrario" et "contrarium" a troublé les éditeurs. Teuber proposait de remplacer "e contrario" par "a charactere", qui convient bien à la scholie, tandis que Ritschl athétisait "contrarium" dans la suite. En réalité, même si l᾽expression est maladroite, "e contrario" est une locution adverbiale portant sur "protulerit" et non une lexie "e contrario repugnans", qui poserait problème sur le plan terminologique. Le groupe ternaire "repugnans, contrarium, diuersum" fait appel à une terminologie technique de la dialectique. Les "repugnantia" sont des propositions contradicatoires entre elles (cf. Cic. Tusc. 2,
72 et Top. 19 ; 21 ; 53 ; de or. 2, 170...).
222. Le nom du personnage comique dit en théorie quelque chose de son rôle. Les exemples donnés ici par Donat sont caractéristiques : Storax (variante latine de Styrax) est le nom d᾽un arbre odorant, Parménon ("le stable", sur "
παρ(α)μένω ", "rester auprès de, être fidèle à") implique en effet l᾽idée de fidélité, Syrus et Géta (le Syrien et le Gète) sont des ethniques qui renvoient à des peuples notoirement perfides de l᾽orient hellénisé ou de l᾽Afrique punique, Thrason ("le courageux") et Polémon ("le guerrier") sont indéniablement des noms de soldats, Pamphile ("l᾽amoureux universel") est un nom prédestiné de jeune premier, Myrrhina ("qui sent la myrrhe"), qui conviendrait plutôt à une courtisane qu᾽à une matrone, est en tout cas un nom qui connote le parfum et Scirtus (d᾽après "
σκιρτάω ", "bondir") annonce un personnage gesticulant... Le procédé contraire consiste à donner un nom par antiphrase, comme le banquier de Plaute Misargyridès (dans la
Mostellaria, 574), dont le nom signifie "qui déteste l᾽argent". Plusieurs de ces noms sont récurrents dans la palliata ou dans la Néa : de fait, Pamphile est nécessairement un adulescens (dans
L᾽Andrienne), Thrason est un miles (dans
L᾽Eunuque), tout comme Polémon (personnage de
La Tondue de Ménandre). Certains, en revanche, ne sont pas autrement connus par des sources directes. Remarquons toutefois que ces noms ne sont parlants que pour des Latins qui connaissent le grec.
223. Le commentaire prend ici nettement la forme générique du problème ("
πρόβλημα", "quaestio") qui réclame une solution ("
λύσις", "solutio").
224. L᾽absence de mot interrogatif rend la structure plutôt assertive. La préférence pour l᾽assertion est ici, en outre, peut-être motivée par le fait que l᾽on entre dans la scène d᾽exposition, qui doit remplir une fonction informative.
225. L᾽"aduersitor" était un esclave spécialisé dans l᾽accueil de son maître, au devant duquel il allait à chaque arrivée.
226. La forme "ierant" doit, dans ce sénaire iambique, se scander "īerant" ; or la forme attendue est soit "īuerant" soit "ĭerant", avec un abrègement régulier de la longue en hiatus. Du coup, on est tenté de corriger le texte "īerant" en "īuerant", mais c᾽est inutile : la scansion de Térence, avec amuïssement du u (consonne) intervocalique et maintien de la longue malgré l᾽hiatus, est un trait archaïque ; Priscien De metr. Ter. GL 2 422,
35 cite ce début de scène comme caractéristique des prologues et des premières scènes de Térence, toujours écrits en sénaires iambiques ("Terentius in omni prologo et in omni prima scaena trimetris utitur"), attestant ainsi la scansion et l᾽orthographe prescrites par Donat. En revanche, les exemples virgiliens donnés en appui sont contre-productifs, car l᾽ancienne longue a bien subi l᾽abrègement attendu et les formes verbales se scandent "abĭisse" (et non "abīisse") et "petĭisse" (et non "petīisse").
227. Le pluriel a ici une valeur générique, comme "on" en français. L᾽énoncé est donc à comprendre comme un adage.
228. L᾽ajout "aut ibi" de Térence est compris par Donat comme donnant une indication morpho-syntaxique : alors qu᾽"uspiam" peut aussi bien répondre à la question "ubi" qu᾽à la question "quo", "ibi" sert à orienter l᾽adverbe exclusivement vers la question du lieu où l᾽on est.
229. Comprendre : ici aussi il faut postuler "irata" (qui se trouve exprimé au vers 31, en apposition).
230. Il s᾽agit du récit de Sinon. On peut s᾽interroger sur le rapport de cet exemple au reste : c᾽est le pressentiment qui est mis en évidence. Le commentaire de Donat porte ici sur un type particulier de pensée, le pressentiment de mauvais augure, la pensée qu᾽on ne dit pas car elle est néfaste, comme dans le cas des idées biaisées que les épouses se font.
231. Les noms relatifs (que les Grecs appellent "
τὰ πρός τι " et les Latins "nomina ad aliquid", entre autres possibilités) sont les noms du lexique qui entretiennent une relation binaire d᾽une manière telle que l᾽existence de l᾽un est conditionnée par l᾽existence de l᾽autre, comme avec les binômes de termes père/fils ou époux/épouse : s᾽il y a une épouse, c᾽est qu᾽il y a un époux et réciproquement. Donc, dans la situation d᾽énonciation où "ego" parle de sa femme ou de son père, il est inutile de préciser de l᾽épouse de qui ou du père de qui il s᾽agit : "uxor" implique "uxor mea" ; dans le cas où le contexte est clair, la précision est inutile aussi : "parentes" sans déterminant désigne les parents de celui dont on est en train de parler. Donat prête là beaucoup d᾽érudition au poète ("erudite"), qui, quoi qu᾽en dise le commentateur, ne risquait pas de connaître ces réflexions grammaticales et cette terminologie... Notons que dans son
Ars, Donat n᾽utilise pas le terme grec mais seulement (et de façon fort allusive) le terme latin "ad aliquid" : Don. GL IV 374, 8 : "sunt alia ad aliquid dicta ut pater, frater" (il il y aussi ceux qu᾽on nomme en relation avec quelque chose, comme "frater" (frère), "pater" (père)). Probus, en revanche (qui est peut-être utilisé en l᾽occurrence par le commentateur), connaît les deux termes, le grec et le latin, et se montre un peu plus explicite : Prob. GL IV 119, 34 : "sunt nomina, quae Graeci
τῶν πρός τι appellant, id est ad aliquid, ut puta pater frater mater. iunguntur enim quibus respondeant, ut puta pater Marci, mater Iuli, frater Victoris : sic et cetera talia" (il y a des noms que les Grecs appellent "
πρός τι", c᾽est-à-dire "ad aliquid", comme par exemple "pater", "frater", "mater". Ils s᾽adjoignent en effet aux noms auxquels ils répondent, comme par exemple "père de Marcus", "mère de Julius", "frère de Victor").
232. L᾽amplification proposée paraît étrange : le moins grave est d᾽aimer ailleurs, puis vient le fait d᾽être aimé (lequel pourrait passer pour innocent, en toute logique, sauf à l᾽interpréter, comme fait Donat, au sens de "profiter d᾽une femme amoureuse sans être amoureux soi-même"), puis le fait de boire, puis de prendre du plaisir, quel qu᾽il soit. Tout porte à croire que la progression est montée à l᾽envers. Et c᾽est peut-être là que le procédé rejoint l᾽"idiotisme" : voilà, selon le misogyne Micion, la manière dont les femmes ordonnent les valeurs morales. On voit qu᾽elles placent très haut dans la gravité le fait que leur époux se soûle sans elles, ce qui rejoint le reproche souvent fait aux dames de comédie (et typiquement chez les nourrices) d᾽être des ivrognesses.
233. L᾽opposition "supposuerit" vs "sumpsit" relaie, de façon moins technique, les substantifs correspondants, qui sont des termes de la logique, "suppositio" vs "sumptio", lesquels sont des décalques respectifs du grec "
ὑπόθεσις " et "
λῆμμα".
234. La proposition peut en effet se comprendre avec "te" comme sujet ou comme objet du verbe "amare" (tu aimes ou quelqu᾽un t᾽aime). La suivante, au passif, cesse d᾽être ambiguë.
235. L᾽épanaphore est une figure de répétition d᾽une même structure syntaxique en tête de phrase ou de segment ; ici c᾽est la reprise du pronom relatif objet "quae" dans deux relatives juxtaposées qui est en cause. Voir aussi
496 et 546.
236. La notion d᾽anacoluthe est ici très élargie. Donat dit (sans doute) que pour être complète, la phrase devrait dire "ego pater", "moi, le père". Or cette absence de précision n᾽affecte en rien la grammaire. L᾽anacoluthe dont il s᾽agit est donc déplacée sur le plan sémantique : puisqu᾽il parle de son fils, il devrait préciser "moi le père". Mais cette remarque vient en porte-à-faux avec ce qu᾽il a dit plus haut des noms relatifs (voir la scholie 31).
237. Heureuses, du moins, pour l᾽homme qui est en retard, et que son épouse soupçonne de boire avec des amis ou de faire l᾽amour avec une maîtresse.
238. C᾽est-à-dire qu᾽il a pour son jeune adulte de fils une tendresse de mère. Ce comportement n᾽est guère habituel dans la mentalité de l᾽homme romain, ni non plus dans celle de l᾽homme athénien.
239. Est commenté l᾽usage de la généralité avec l᾽indéfini "quemquam", qui permet à Térence de se moquer doucement de son personnage, qui s᾽étonne de ce qui lui arrive alors que cela est commun. L᾽ironie est perceptible.
240. Donat fait remarquer que la structure "quam ipse est sibi" (qu᾽il ne l᾽est à soi-même) implique un dédoublement de la personne, à la fois sujet et objet de l᾽affection. Il n᾽y a rien là de particulièrement étonnant, puisqu᾽on a affaire à une structure réflexive. Mais le commentateur nous incite à relire tout l᾽énoncé ; dans ce cas, on a le sentiment que l᾽homme évoqué par Micion place dans son cœur un être qu᾽il aime mais aussi soi-même ; il est donc étrangement inclus dans soi-même. C᾽est cette bizarrerie anatomique, façon poupées russes, que Donat relève sans doute en s᾽en amusant.
241. Sans doute une différence subtile sur le statut de père géniteur ("ex me natus") et de père seulement juridique ("meus natus").
242. Donat paraît signaler que l᾽adjectif "dissimilis" (différent) ne devrait pas souffrir le degré.
243. Etymologie amusante. On peut sans doute aussi comprendre, avec un autre sens de "colere", "qui honore l᾽esprit". Michalopoulos (1999) voit un rapprochement entre "clementia" et "mens" chez Catulle (64, 136-8). S᾽agit-il d᾽un jeu étymologique ou d᾽un rapprochement poétique dicté par les sonorités? Ernout-Meillet n᾽excluent pas la première hypothèse puisqu᾽il leur semble que les Latins considéraient que "clemens" contenait le mot "mens". Néanmoins, Donat est le seul à en faire une étymologie aussi explicite.
244. Comprendre que l᾽adjectif "urbanam" est en facteur commun à deux substantifs de genre différent mais ne s᾽accorde qu᾽au plus proche, selon l᾽usage latin.
245. Il s᾽agit d᾽une remarque lexicologique. La collocation "uitam secutus sum" (littéralement, "j᾽ai suivi une vie") est excellente, selon Donat, car ce que l᾽on suit, d᾽ordinaire, c᾽est un maître ("secta", de même famille que le verbe "sequor", désigne l᾽école dans laquelle les disciples suivent leur maître, "suivent" ses cours). Dire donc "suivre telle vie" revient à faire métaphoriquement du nom "uita" une "magistra", une maîtresse d᾽école.
246. Le rapprochement entre "caelibes" et "caelites" est-il le fait d᾽une maxime connue ou s᾽agit-il d᾽un trait d᾽esprit d᾽un auteur isolé ? En tout cas Quintilien penche pour la seconde solution (I, 6, 26) et qualifie même cette étymologie d᾽"inuentio" : "Qui uero talia libris complexi sunt, nomina sua ipsi inscripserunt, ingenioseque uisus est Gauius caelibes dicere ueluti caelites, quod onere grauissimo uacent, idque Graeco argumento iuuit:
ἠϊθέους enim eadem de causa dici adfirmat. Nec ei cedit Modestus inuentione: nam, quia Caelo Saturnus genitalia absciderit, hoc nomine appellatos qui uxore careant ait" (Mais ceux qui ont rassemblés de tels faits dans des livres y ont inscrit leurs noms, et Gavius a cru être intelligent en disant que "caelibes" (célibataires) s᾽identifiait à "caelites" (habitants du ciel), car ils sont tous les deux exemptés d᾽un poids très lourd, et il appuie son argument d᾽un exemple grec : il affirme en effet qu᾽on fait venir "
ἠΐθεοι" (jeunes gens) de la même origine. Et Modeste ne le lui cède pas par l᾽invention, puisqu᾽il dit que, puisque Saturne a tranché les parties génitales de Caelus, ceux qui n᾽ont pas de femme sont appelés par ce nom). Isidore de Séville propose une étymologie quelque peu différente, même si elle est toujours en rapport avec la racine de "caelus" : Etym. X, 34 : "Caelebs, conubii expers, qualia sunt numina in caelo, quae absque coniugiis sunt. Et caelebs dictus quasi caelo beatus" ("Caelebs" (célibataire): qui n᾽a pas part au mariage, comme les divinités qui sont dans le ciel, qui n᾽ont pas de conjoint. Et le "caelebs" est appelé ainsi comme s᾽il était "caelo beatus" (heureux dans le ciel)). Ces étymologies amusantes sont-elles ce qui fait dire à Donat qu᾽il s᾽agit de "maximes" ?
247. Sur cette restitution d᾽un fragment très mal transmis, voir la note apposée au texte latin.
248. Le texte des prétendues maximes grecques tout comme celui de la citation de Ménandre qui suit est fort mal assuré, vu l᾽état de la transmission. On comprend qu᾽il s᾽agit sans doute de maximes sarcastiques contre le mariage, ou, en tout cas, d᾽énoncés stylistiquement condensés ; voir Bureau 2011.
249. On suppose (sans garantie, étant donné l᾽état assez problématiques des textes grecs qui s᾽enchaînent dans ce passage) que Donat signale que, là où Térence dit "ceux qui ne se marient pas sont heureux", Ménandre disait "ceux qui se marient font une bêtise". Il relève donc un changement de point de vue en cohérence avec la citation précédente où il est (peut-être) dit que celui qui se marie "commet une faute" envers le père. Sur le célibat, voir notamment Sen. Phae.
478 (réplique d᾽Hippolyte qui recommande à la jeunesse le célibat).
250. Question de ponctuation. Dans cette variante, il faut construire : "et comme ces gens-là trouvent que c᾽est un don du ciel qu᾽une épouse, je n᾽en ai jamais pris".
251. Remarque sur la valeur des temps : avec le parfait, Micion dit qu᾽il n᾽a jamais pris femme et que, donc, à ce jour, il est encore célibataire (aspect résultatif) ; s᾽il avait dit à la place "uxorem non habeo", on aurait seulement pu déduire son état actuel, sans pouvoir préjuger de son état précédent (marié puis divorcé ? veuf ? jamais marié ?).
252. Comprendre que l᾽on peut segmenter soit "ruri agere semper" (il a toujours vécu à la campagne), ce qui oriente vers une vie agréable, soit "semper parce ac duriter" (toujours chichement et à la dure), ce qui oriente vers une vie vertueuse.
253. Au vers 74-
75 de
L᾽Andrienne, Térence utilisait la même fin de vers "parce ac duriter". On ne sait pas en quoi il y a variation : est-ce par rapport au vers de
L᾽Andrienne, dans lequel Térence utilise non pas l᾽infinitif de narration "agere uitam" mais l᾽imparfait "uitam (...) agebat" ? Dans ce cas, le "ut" de la scholie est bizarre, puisqu᾽il faut comprendre non pas "comme dans l᾽autre pièce" mais "par rapport à l᾽autre pièce". Ou bien est-ce la même variation dans les deux pièces ? Dans ce cas, il peut s᾽agir de l᾽emploi, dans les deux passages, d᾽un adverbe en "-e" puis d᾽un adverbe en "-ter" (surtout que "dure" est la forme analogiquement attendue, plutôt que "duriter") ?
254. De fait, si Donat continuait son portrait à l᾽infinitif présent de narration, comme il l᾽a commencé, il écrirait "ducere". Or cela indiquerait un procès permanent, là où on attend qu᾽il soit ponctuel.
255. Donat fait ici remarquer un passage de l᾽infinitif de narration ("agere") à l᾽indicatif parfait. C᾽est la suite logique de la remarque précédente.
256. Si l᾽on restitue "uerba" au lieu de "†utruna", on doit comprendre que Donat préconise de lier dans la lecture les deux mots "uxorem duxit," pour éviter, en les détachant, de rapprocher "uxorem" du "se habere" qui précède.
257. Le problème soulevé (comme dans l᾽exemple de
L᾽Eunuque rappelé ici) est dans la référence de l᾽adverbe "inde" : après avoir dit "nati duo", Térence devrait reprendre non par un adverbe mais par un pronom ("quorum" ou "ex quibus") qui fonctionnerait comme le complément de "maiorem" ("dont j᾽ai adopté l᾽aîné"). C᾽est ce qu᾽il redit, autrement, au lemme suivant. Mais on peut aussi comprendre l᾽adverbe comme marquant un repère chronologique, au sens (fréquent) de "deinde", "ensuite" : "ensuite j᾽ai adopté l᾽aîné".
258. Donat souligne ici un emploi du datif éthique.
259. Le démonstratif "hic" relève en effet de la sphère de la première personne.
260. "Educare" est également attesté chez les Anciens, notamment chez Ennius et Plaute, mais, de fait, pas chez Térence. De là vient peut-être cette affirmation un peu péremptoire de Donat.
261. On reconnaît, dans la phraséologie "quaeritur", le genre de la "quaestio" dans lequel on pose un problème d᾽exégèse à propos d᾽un passage qui fait difficulté. La difficulté, ici, et qui laisse attendre sa solution ("hoc solum uerum est"), est d᾽ordre sémantique : quel est donc le sens du verbe "habui" ?
262. Donat commente d᾽une part l᾽emploi d᾽un adjectif neutre pour référer à un sujet masculin et le fait que "solus" est utilisé seul, sans son complément de type partitif (seul parmi une collectivité). Il s᾽en réexplique au commentaire au vers 643, 2.
263. Elucidation d᾽une ambiguïté possible, en raison de l᾽homonymie nominatif/accusatif de la forme "patres".
264. Est donc ici illustrée l᾽habitude.
265. "Coniugatis" fait référence à la notion grammatico-rhétorique de "coniugatio", décalquée sur le grec "
συζυγία", et illustrée par exemple par Cicéron, Top. 12 : "Coniugata dicuntur quae sunt ex uerbis generis eiusdem. Eiusdem autem generis uerba sunt quae orta ab uno uarie commutantur, ut ᾽sapiens sapienter sapientia᾽. Haec uerborum coniugatio
συζυγία dicitur, ex qua huius modi est argumentum: ᾽Si compascuus ager est, ius est compascere᾽ (On appelle "liés" des énoncés qui naissent de mots de même type. Sont des mots de même type ceux qui ont une même origine et offrent une variation, comme "sapiens, sapienter, sapientia" [sage, sagement, sagesse]. Cette liaison de mots s᾽appelle "syzygie", d᾽où un argument de cet acabit : "si c᾽est bien un pâturage communal, on peut y paître en commun"). Ici Donat relève la liaison "liberalitate liberos".
266. La construction de "conuenire" avec un sujet de chose, un datif de personne et un complément en "cum" + abl. est classique (Cic. Fin. 5, 87 ; Tusc. 5, 39...). Est-ce la première attestation de cette structure qui est remarquée ici ?
267. Le participe "clamitans" est un fréquentatif, impliquant davantage d᾽intensité et de répétition du procès que le simple "clamans". Le choix du fréquentatif, à côté d᾽un adverbe impliquant lui aussi la fréquence, est ici salué comme une bonne isotopie ("congrue") ; il aurait pu aussi bien être versé du côté de la redondance.
268. On a ici peut-être un sens rare du mot "lectio", rare du moins dans les textes, mais qui est assuré en latin oral par la survie romane de ce sens de "leçon". Dans ce cas, on a une explicite représentation du cours de grammaire professé par le maître. Si l᾽on est plus sage, on comprendra plutôt "souviens-toi de ta lecture, de ce que tu as lu (ou de la lecture publique entendue), et tu sauras etc.".
269. La réplique à laquelle il est renvoyé n᾽est pas dite par par Micion, qui est le locuteur du lemme commenté ici, ni par Déméa, que Micion imite dans sa réplique, mais par Hégion. Du coup, il faut comprendre "
ἠθικῶς" en fonction du commentaire au vers
476 5-7 : il ne s᾽agit pas de voir là un trait de caractère de Déméa mais un atticisme qui connote la colère. Et plus que la colère, comme trait de caractère, c᾽est un fait de grammaire qui est ici mis en lumière. Donat, par l᾽adverbe
ἠθικῶς, précise que le pronom "nobis" est un datif éthique, c᾽est-à-dire un pronom personnel de l᾽interlocution et utilisé au datif, sans fonction grammaticale indispensable, et qui sert seulement à marquer l᾽importance que revêt pour le locuteur le message : cf. en français populaire des tours comme "Tu vas me la finir, cette assiette ?". Notons que le datif éthique n᾽est pas spécifiquement un atticisme : il est tout autant latin que grec.
270. Micion est le parangon du père indulgent ("pater lenis"), c᾽est en quoi ses paroles se conforment à ce qu᾽on attend de lui.
271. Il est difficile de dire pourquoi Donat éprouve le besoin de traduire en grec le texte de Térence. Est-ce que, sans le dire, il cite là la formule correspondante dans la pièce de Ménandre ? Quand c᾽est le cas, il le signale explicitement, pour marquer l᾽exactitude d᾽une traduction. Est-ce pour une autre raison ? Par exemple, souhaite-t-il rendre sensible l᾽équivalence bilingue (habituelle) entre "officium" et "
καθῆκον" ? Quand à l᾽étymologie d᾽"officium" (reprise par Isidore de Séville, Et. 6, 19, 1), pour laquelle les Anciens invoquent d᾽ordinaire une déformation d᾽"opificium", elle est faite selon la technique du chaînon manquant, qui est fréquente chez Isidore de Séville : pour expliquer un terme (ici "officium") par un autre (ici "efficio"), les étymologistes antiques créent parfois un mot intermédiaire, inexistant (ici "*efficium"), qui permet un raisonnement. Dans ce cas, comme ici, ils utilisent "quasi" comme nous utilisons l᾽astérisque, pour caractériser une forme postulée et postulable, mais non attestée. Cf. par exemple Isid. 9, 3, 45 : "Militia autem (...) a mole rerum, quasi moletia" ; 9, 3, 59 : "ipsa coitio in unum cuneus nominatus est, quasi couneus, eo quod in unum omnes cogantur" ; etc. On voit un autre exemple de cette méthode en "quasi" au lemme suivant, 70, 2.
272. Térence rompt un parallélisme possible avec le tour "malo coactus" ; on pouvait attendre "beneficio adiiunctus" mais on a une variante syntaxique avec une relative au lieu d᾽un participe apposé. Sans le dire, Donat illustre vraisemblablement la "varietas" térentienne.
273. L᾽opposition des termes concerne en réalité les vers 69-
71 d᾽une part et 72-
73 d᾽autre part.
274. Ce qui est commenté, c᾽est le mot "par".
275. Ce qui est vrai de la chose, à savoir le "beneficium", l᾽est d᾽autant plus quand le bienfaiteur est le père. C᾽est un raisonnement a fortiori.
276. "Consuefacere" (habituer) implique l᾽idée d᾽apprivoisement. Ainsi Col. 6, 2, 9 : "nam ubi plaustro aut aratro iuuencum consuescimus" (car quand nous apprivoisons le jeune bœuf au chariot ou à la charrue...).
277. Donat semble se contredire d᾽un lemme à l᾽autre, puisque tantôt il atteste un texte térentien "nescire se", tantôt "nescire" seul. Le codex Bembinus, dans sa première rédaction, ignore le pronom, qui est restitué dans la deuxième rédaction. On doit donc supposer que la leçon authentique que lit Donat ne comprend pas le réfléchi. La scholie
4 est une remarque de syntaxe, et non d᾽ecdotique. Donat précise que, pour la correction syntaxique, il faut restituer le pronom sous-entendu ("deest"), de fait indispensable en grammaire normative. Mais les copistes de Donat, trompés par la recension calliopienne du texte térentien qu᾽ils ont sans doute sous les yeux et se méprenant sur le sens de la scholie 4, qu᾽ils prennent pour une remarque ecdotique, ont pu ajouter le pronom "se" dans les scholies
1 et 2.
278. Donat dit ici "dans cet acte" au lieu de "dans cette scène". Mais le résumé qu᾽il a fait de l᾽Acte I intègre bien cette scène de dispute entre les deux frères. Il s᾽agit donc d᾽une erreur occasionnelle, qu᾽on retrouve ailleurs : cf. son commentaire à Ad. 540,
1 et à Andr. 965, 1.
279. Remarque de critique littéraire sur les qualités respectives de Térence et de son modèle grec. Aulu-Gelle faisait déjà une comparaison entre les comédies originales et leurs imitations latines (Gell. 2, 23, 1-3) ; au contraire de ce que dit Donat, qui est presque toujours favorable à Térence au détriment de Ménandre, Aulu-Gelle est très sévère avec les productions latines.
280. Il s᾽agit sans doute de remarquer le polyptote "quicquam" / "quemquam", encore qu᾽il ne s᾽agisse pas d᾽une variation de cas, puisque les deux pronoms sont à l᾽accusatif. On est alors induit à penser qu᾽il s᾽agit d᾽autre chose. Peut-être que le commentaire met en valeurla construction du passage, dans lequel l᾽accusatif "quem" est en facteur commun, alors qu᾽il devrait être repris par un nominatif ("neque is quemquam metuit"). Donat parle ordinairement d᾽anacoluthe dans ce type de situation.
281. L᾽ambiguïté constatée tient à la construction de la proposition infinitive avec ses deux accusatifs, l᾽un sujet, l᾽autre objet : faut-il comprendre "aucune loi ne le tient" ou "il ne possède aucune loi" ?
282. Ne pas dire que la personne chez qui on entre par effraction est elle-même un bandit est un mensonge par omission qui a pour but d᾽aggraver le cas d᾽Eschine.
283. Même rapprochement avec "mutilatus" dans Hec. 65, 3. Dans cette même scholie, Donat évoque aussi un rapprochement avec "mulceo" (ramollir), conformément à Fest. 129,
5 et Macr. Sat. 6, 5, 2.
284. Chez Térence on lit "mulcauit" et non "mulctauit". Texte meilleur de fait, car "mulcauit" correspond bien aux reformulations qu᾽en donne Donat dans son commentaire, alors que "mulctauit" signifierait "il les a mis à l᾽amende". Mais le rapprochement entre "Mulciber" et "mulctare" semble indiquer que Donat confond les deux verbes. Selon Sánchez Martínez (2000, p. 476), c᾽est Donat qui aurait inventé le pseudo-mot "Mulciber" selon la méthode des "nomina ficta" ("quasi").
285. Il s᾽agit donc d᾽un argument faible, puisque fondé seulement sur la rumeur.
286. La fin du commentaire se comprend par rapport à ce que lit Donat : en lisant "quod mihi dixere" au lieu de "quot mihi dixere" (texte habituel des éditeurs de Térence, au sens de "combien de gens m᾽ont dit cela au moment où j᾽arrivais !"), il se force à faire de "quod" l᾽objet de "dixere", ce qui oblige à trouver à "hoc" une autre fonction : il en fait donc un adverbe de lieu, complément d᾽"aduenienti" ("à moi qui arrive ici"). "Hoc" est effectivement un adverbe qui répond à la question "quo". Quant au fait qu᾽il le classe comme "articulus", et non pas "pronomen", cela s᾽explique par les emplois déterminants du démonstratif et notamment par l᾽utilisation qu᾽on en fait comme indicateur de genre ("hic et haec lupus", "lupus masculin et féminin"), en remplacement de l᾽article que les grammairiens grecs utilisent à ce titre. Mais c᾽est une remarque typologique de grammaire générale : dans le contexte du vers térentien, "hoc" ne peut pas être compris comme articloïde.
287. Sans contexte, le sens de ce fragment est purement conjectural. On se sait pas si Donat le cite pour une franche synonymie, notamment de "in ore" et de "populo" / "gentibus" ou s᾽il montre seulement une identité de structure grammaticale ("in ore" avec un datif au lieu du génitif attendu).
288. Donat réutilise ici à dessein le qualificatif que Micion a utilisé au vers 98.
289. L᾽idiotisme tient peut-être au souvenir qu᾽a Donat de l᾽étymologie du verbe "putare", qui est issu de la langue agricole ("émonder un arbre").
290. Il faut comprendre que ce que Déméa a fait à l᾽époque de sa jeunesse, c᾽était justement de ne rien faire, faute de moyens.
291. Donat signale à juste titre la scansion "fīeret" et rappelle un fragment d᾽Ennius qu᾽il cite ailleurs (Pho. 74,
4 et And. 429, 3) et qui illustre lui aussi ce fait de scansion archaïque. Dans les autres utilisations qu᾽il fait du fragment d᾽Ennius, il s᾽intéresse non à la métrique mais à la construction de "memini" avec un infinitif présent, au lieu du parfait attendu.
292. Selon son habitude, Donat considère comme une anacoluthe les cas où un des éléments d᾽un couple de corrélatifs n᾽est pas exprimé. Ici "quamuis" devrait préparer "tamen".
293. Donat signale souvent que l᾽emploi de "homo" est caractéristique du prosaïsme comique et même plutôt d᾽une parlure servile. Le grand style para-tragique est donc aussitôt annulé par la fin de la réplique.
294. "Homo" (être humain, bonhomme) n᾽est pas en effet une manière d᾽apostropher son propre frère.
295. Sur l᾽induction, voir Cicéron, Inv. 1, 51 ; le rapport "inductio"/ἐπαγωγή est par exemple explicité par Cicéron, Top. 42.
296. Il n᾽est pas sûr qu᾽il faille comme Donat interpréter "illi" dans l᾽exemple virgilien comme un adverbe. Ce peut tout à fait être dans le contexte un pronom, dont le référent peut parfaitement être Achille.
297. Il est indifférent de scander cette syllabe brève ou longue. Mais l᾽adverbe "illi" (comme sa variante "illic") est réputé avoir une finale longue et on ne voit pas sur quoi se fonde Donat pour cette remarque phonétique.
298. Sans doute faut-il comprendre que les reproches faits par Déméa sont considérés par lui comme gravissimes et que Micion les rabaisse au maximum dans son argumentation. Dans ce cas, la scholie porte sur le morceau oratoire 117-
122 où Micion minimise les fautes d᾽Eschine.
299. De fait, le verbe simple "sarcire" signifie déjà "raccommoder", en sorte que le préverbe "re-" paraît inutile. Il est appelé par "restituetur" pour un joli effet de parallélisme.
300. L᾽argument "a coniugatis" a été relevé il y a peu : cf. supra le commentaire au vers 57, 2.
301. C᾽est le même emploi du futur antérieur qui est remarqué dans la citation de Virgile. Cet emploi qualifié d᾽archaïque est l᾽objet du lemme suivant également.
302. Il ne s᾽agit pas de correction grammaticale mais de logique sémantique. Les propositions "s᾽occuper des deux enfants" et "me reprendre celui que tu m᾽as donné" ne sont pas équivalentes sur le plan logique. L᾽adverbe d᾽approximation vient donc à la fois signaler le caractère bancal de l᾽équivalence et faciliter le rapprochement des deux propositions qui, sur le plan argumentatif, est fort.
303. Dans ce vers virgilien très célèbre, l᾽imprécation de Didon passe par l᾽accumulation des impératifs juxtaposés. Chez Térence, l᾽effet, identique, est obtenu par les subjonctifs de troisième personne.
304. Comme souvent chez Térence, les répliques s᾽enchaînent par rebonds métalinguistiques. Donat fait donc remarquer la reprise des mots d᾽une tirade précédente (132), "quem dedi"/ "quem dedisti", avec éventuellement une légère variation : "repeto"/ "reposcere". Il en fait aussi, en forçant sans doute un peu le trait, un élément de caractérologie. Mais il n᾽y a pas que les paysans en colère qui rebondissent sur des paroles prononcées.
305. C᾽est-à-dire que Micion n᾽est pas indulgent par faiblesse ou par lâcheté, mais par système. C᾽est d᾽ailleurs l᾽objet de la pièce que d᾽opposer deux systèmes d᾽éducation paternelle.
306. C᾽est la même question que plus haut (Ad. 116, 1) : "illi" est-il un pronom au datif ou un adverbe de lieu ?
307. On peut penser que Donat a mal interprété ce passage (pour lequel son texte de la comédie de Térence est assez malmené). Confondant sans doute "si" et "sim" dans sa lecture, et lisant sans doute "aut etiam si adiutor eius iracundiae", il en a conclu que la forme "adiutor" était la première personne d᾽un verbe déponent, et comprend "si je favorise sa colère". Dans ce cas, le génitif est une erreur de construction et l᾽on attendrait l᾽accusatif. Mais "adiutor" est un nom, il faut bien lire "aut etiam adiutor sim eius iracundiae" (avec "si" en facteur commun à déduire du vers précédent), "ou si j᾽étais l᾽auxiliaire de sa colère" ; dans cette situation, il n᾽y a aucune anomalie dans l᾽emploi du génitif.
308. L᾽adoucissement de la formule de reproche, en montrant que le personnage n᾽est pas soumis à ses passions - ici la colère -, renforce la gravité du reproche au lieu de l᾽affaiblir. Cela correspond exactement au caractère de Micion.
309. L᾽hyperbole, ici, est dans l᾽emploi d᾽une structure interro-négative, qui revient à dire "toutes les courtisanes".
310. Comprendre : "il le défend contre vents et marées, tout en sachant, comme tout le monde, qu᾽entretenir une courtisane est un scandale". Comme l᾽expression est assez paradoxale, Rabbow (suivi par Wessner) avait ajouté une négation. Mais les mss. sont unanimes : il n᾽y a pas de négation.
311. La parenthèse de première catégorie semble donc être constituée d᾽un verbe. En tout cas "credo", ici, à côté du verbe principal "taedebat", est en incise.
312. Comprendre : Micion croit qu᾽Eschine est amoureux d᾽une courtisane et ne peut l᾽avouer aussi crûment ; il utilise donc une formule adoucie, "uxorem ducere", "épouser". Et il ignore à ce moment-là qu᾽il est dans le vrai, puisque celle qu᾽aime Eschine est en réalité une jeune femme honorable et épousable.
313. Ce n᾽est pas le sens des verbes qui est en cause, mais seulement sans doute l᾽emploi de l᾽imparfait.
314. Remarque étymologique : "de-feruisse" est expliqué par "de(orsum)" (vers le bas) et "feruore". On peut sans doute comprendre que Donat construit une infinitive dont le sujet implicite est "le jeune homme" : "j᾽espérais qu᾽il retenait sa jeunesse en deçà de l᾽ebullition".
315. Le verbe "quiritare" est donc décrit pour ce qu᾽il est et que Benveniste nomme un "verbe délocutif", dérivé dont la base est une formule et le sens est "dire x" (x étant la base). Voir Diom. GL 1, 381, 23. Le terme de base "Quirites" désigne le corps des citoyens Romains et se colore d᾽une forte empreinte historique voire légendaire puisque ce terme est à mettre en relation avec l᾽épisode de l᾽alliance entre Romulus et Tatius. Par la suite, l᾽emploi de ce terme est récurrent dans la phraséologie officielle et militaire. De plus, l᾽archaïsme du terme renchérit sur le caractère sérieux du passage.
316. Térence use de synonymes que Donat tente d᾽expliquer par une gradation que l᾽on peut comprendre pour la première série, qui est moins nette pour la seconde.
317. Donat justifie un peu maladroitement que l᾽adverbe "otiose" oriente vers le sème de ᾽sécurité᾽ alors que le substantif de base "otium" oriente vers celui de ᾽loisir᾽.
318. Donat constate qu᾽il y a cinq adverbes consécutifs. Pour certains, la valeur est évidente ; pour "ilico" en revanche, qui peut être soit un adverbe de lieu soit un adverbe de temps, on peut hésiter et le commentateur choisit l᾽adverbe de lieu, qui d᾽ailleurs fait redondance avec "hic".
319. La figure est curieusement nommée ellipse alors qu᾽il s᾽agit évidemment d᾽une aposiopèse.
320. Encore une remarque sur l᾽absence d᾽un corrélatif. Voir plus haut la scholie 110, 1.
321. Indication de gestuelle : le personnage, disant "je m᾽en soucie comme de cela", accompagne sa réplique, selon Donat, d᾽un geste qui montre un objet qui connote la petite quantité ; parmi ces objets, notons la présence du flocon ("floccum") qui est précisément, en latin, un de ces forclusifs associables à la négation ou lexicalisés dans la petite quantité, dans un tour comme "flocci pendere", "estimer à la valeur d᾽un flocon". De même Eugraphius, Ad. 163 : "quasi de ueste floccum carpserit" (comme s᾽il arrachait à son vêtement un flocon de laine).
322. Donat joue sur deux mots contenant le radical de "ius". Le premier, "iniuria", est la négation du "ius", et désigne le tort commis, donc "ius" ne peut avoir comme sens que l᾽absence de tort, donc la réparation exigée du prévenu. L᾽argument est assez subtil.
323. La citation de Cicéron utilise l᾽adverbe "tantulum", que Donat classe ici implicitement comme déictique (au sens de "pas plus que ça"), d᾽où son rapport avec le texte commenté.
324. Donat veut dire que "re" est employé dans un sens concret par opposition ici à "uerbis" (les mots vs la réalité tangible), et non comme un simple équivalent d᾽indéfini ("en quelque chose", "en une chose").
325. Donat remarque l᾽étrangeté énonciative de la réplique de Sannion. Le proxénète mélange style direct et indirect. Il devrait dire: "iusiurandum dabitur : ᾽tu es indignus iniuria hac᾽" (on fera un serment : "tu ne mérites pas cet affront"), ce qui, au style indirect, vu la situation d᾽énonciation, devrait donner "ius iurandum dabitur me esse indignum iniuria hac" ("me" et non pas "te"). Tel quel, l᾽énoncé de Térence veut dire "il y aura un serment pour attester que tu ne mérites pas cet affront", ce qui est étrange puisque c᾽est Sannion la victime de l᾽affront. D᾽où les remarques de Donat : il faut supposer, dans le serment, l᾽ellipse d᾽un verbe de déclaration dont le sujet représente les jeunes gens ("un serment : ᾽nous jurons que tu n᾽as pas mérité ça᾽"), ou faire deux phrases différentes : la première se conclut sur "il y aura un serment" ; la seconde commence sur "te esse indignum..." et ne s᾽interprète comme principale que sur le mode exclamatif (Toi, ne pas avoir mérité ça !). Mais on ne voit pas bien alors l᾽enchaînement des idées. On suppose donc que c᾽est la première soluition qui a la faveur du commentateur dans la scholie 4, bien qu᾽on ait le sentiment du contraire, car "sic" paraît implicitement reprendre la plus proche des deux options proposées.
326. Le comique est dans le jeu de mots entraîné par le polyptote. On est dans un comique de répétition qui procède en un renversement et accentue le sentiment d᾽injustice qui exaspère le personnage.
327. C᾽est donc une remarque implicite de ponctuation. S᾽il faut lire "praestrenue" (avec la valeur intensive du préfixe telle qu᾽illustrée par le morceau virgilien), il faut relier les deux éléments au moyen du signe typographique de l᾽hyphen, qui sert justement à désambiguïser en liant les chaînes de caractères qui doivent être rapprochés.
328. C᾽est "nihili" qu᾽on a chez les éditeurs de Térence. Si le vers (dans ce passage polymétrique) est bien un septénaire trochaïque comme les deux suivants, il faut "nihil". Mais si c᾽est un octonaire iambique comme le précédent, il faut "nihili". Les deux solutions sont donc viables métriquement.
329. La question de l᾽ordre des éléments dans une chaîne étymologique n᾽arrête en général pas les grammairiens antiques. Le même auteur peut, d᾽une page à l᾽autre, affirmer que le mot X vient du mot Y aussi bien que le mot Y vient du mot X. Il semble que "venir de" (le plus souvent en latin simplement la préposition "ab") signifie le plus souvent simplement "être apparenté", sans ordre réel entre les éléments. Voir Nicolas 2007a. Ici, fait plutôt rare, Donat se pose une vraie question de morphologie dérivationnelle en cherchant lequel des deux mots est la base de l᾽autre.
330. Donat décode et commente finement un jeu de scène induit par le texte seul. Parménon a donné, sur ordre gestuel d᾽Eschine, un coup à Sannion, qui s᾽en est offusqué. Pour impressionner le proxénète, le jeune homme le menace en disant qu᾽il va doubler la mise ("geminabit"). Mais Parménon, trop loin pour bien entendre (ou trop prompt ?), n᾽a pas entendu (ou attendu ?) la dernière syllabe (d᾽où l᾽impératif "gemina"), et a frappé Sannion de nouveau, d᾽où son "ei mihi". Une fois de plus, Donat se montre très attentif au détail du texte et même aux questions de proxémique et se forge une mise en scène personnelle fort amusante.
331. Le texte virgilien est habituellement "diua precor" et non "diua parens". Donat le cite à nouveau, pour le même usage, en 539,
1 avec le texte consensuel "diua precor".
332. Il demeure une incertitude sur le texte de la fin de la scholie, un groupe de manuscrits lisant "proximi". Dans ce cas, il pourrait s᾽agir d᾽une allusion d᾽actualité à la situation athénienne. Mais si on lit "proxime", il faut comprendre "les tyrans sont renversés de façon particulièrement rapide ou immédiate". On peut peut-être comprendre une inversion "maximi proxime" et traduire "d᾽autant plus vite qu᾽ils sont plus tyranniques".
333. Donat lève une ambiguïté, la question du proxénète pouvant se comprendre au sens de "qu᾽as-tu à t᾽en prendre à moi ?" (interprétation retenue) ou "quelle affaire as-tu avec moi ?" (interprétation rejetée, puisque de fait Eschine, en lui volant une de ses filles, a affaire avec lui).
334. Donat souligne que le verbe préfixé est plus fort que le verbe simple parce qu᾽Eschine aurait rossé Sannion, quand bien même il n᾽aurait fait qu᾽effleurer quelque chose qui lui appartenait. Or Sannion vient de demander si Eschine s᾽en prend à lui parce qu᾽il a touché quelque chose qui lui appartient.
335. De fait, Sannion est dans son bon droit et on ne peut rien lui répondre ; le seul reproche qu᾽Eschine trouve à lui faire est donc le tapage qu᾽il est en train de faire dans la rue. En effet, le "conuicium" est bien un délit, une "iniuria" selon Gaius (Inst. 3, 20).
336. Dans l᾽épisode virgilien, Magon supplie Enée de le "conserver" ("serues"), ce qui revient à l᾽asservir, si l᾽on en croit l᾽étymologie proposée, d᾽ailleurs classique. Donat profite d᾽une explication lexicologique sur "lora" (lanières), confondu sciemment avec "laura" (lauriers), pour faire un excursus sur les noms des esclaves, en opposant "mancipium" et "seruus". Le rapprochement étymologique proposé par Donat entre "lōrum" (les verges) et "laurus" (le laurier) est quelque peu alambiqué. Il s᾽explique sans doute par une homophonie semblable à celle qui explique la variation du nom de la portion du mont Aventin plantée de lauriers, "Lauretum" ou "Lōretum", ou celle qui explique, selon Isidore de Séville (Etym. 17, 7), le nom populaire du rhododendron, "lorandrum", parce qu᾽il est semblable aux feuilles de laurier. Si le lien phonétique entre les deux termes existe, le lien sémantique, bien que détaillé par Donat, est plus discutable. Quant à l᾽explication de "seruus" par "seruare", elle est reprise dans les Institutiones Iustiniani (I, 3, 3) : "serui ex eo appellati sunt quod imperatores seruos uendere, ac per hoc seruare, nec occidere, solent" (les esclaves tirent leur nom de ce que les généraux victorieux ont l᾽habitude de vendre les esclaves, et pour cela de les garder ("seruare") et de ne pas les tuer).
337. Donat explique que Sannion, en disant "où pourrais-je aller ?", prend de façon stupide au pied de la lettre l᾽injonction d᾽Eschine "redi".
338. Comme souvent avec les relatifs, Donat se pose la question du rapport à l᾽antécédent. Si "quo" est un adverbe relatif de lieu, il est incorrect car c᾽est "unde" et son sème ᾽provenance᾽ qui est nécessaire. Si c᾽est un pronom relatif, il devrait être accompagné de la préposition "ab" pour exprimer la provenance. Mais ce qui gêne manifestement Donat, c᾽est que, l᾽antécédent "illuc" (complément de lieu de "redi") étant un adverbe, on n᾽attend pas qu᾽il puisse être pronominalisé. La construction laisse attendre effectivement un adverbe relatif de lieu indiquant la provenance ("là d᾽où"), et ce ne peut être que "unde". L᾽incorrection relevée est comparable à celle qu᾽on a dans un tour français comme "reviens là duquel tu es parti".
339. Autrement dit, en ajoutant à son énoncé une malédiction, Eschine fait comprendre que c᾽est le fait d᾽avoir acheté la fille vingt mines qui est grave et funeste.
340. Le dieu Vertumne, d᾽origine étrusque, est symbole du changement de saisons ; il veillait sur la fécondité des vergers et des fruits. Il possèdait aussi le don de métamorphose. De fait, on comprend mieux l᾽étymologie de laquelle son nom découle, à moins que ses attributions aient été précisément augmentées après coup en raison de l᾽étymologie qu᾽on prêtait à son nom, par un effet de rétromotivation. De fait, le nom latin de Vertumne, selon Ernout-Meillet, repose sur une déformation possible à partir de l᾽étrusque "Voltumna" et "Veltune".
341. Ce qui semble gêner Donat peut être de deux ordres : soit l᾽ellipse du verbe ("facis", "facias"), soit la forme "si nolo" à l᾽indicatif, car on rencontre "si nolis" (Cic. Inv. 1, 1,
73 et Planc. 20), mais non une autre forme. Notons que "si nolim" et "si noles" se rencontrent, mais l᾽un et l᾽autre sont poétiques ou étrangers à la langue classique (Ovide, Horace, Sénèque).
342. L᾽idiotisme paraît résider dans la tournure orale brutale du leno. "Quid enim" est la forme attendue mais sans coordination l᾽énoncé est rude et digne du sinistre marchand d᾽esclaves.
343. Donat est sensible à l᾽audace prudente de Térence, qui insère des propos appartenant au vocabulaire tragique dans la bouche de ses personnages comiques afin d᾽explorer une palette de comiques variés, ici la dérision proche du paratragique. On peut évidemment songer à Ajax rendu fou par la remise à Ulysse des armes d᾽Achille.
344. L᾽état du texte grec transmis est trop désespéré pour qu᾽on en tente une traduction complète. Ce fragment de Ménandre n᾽a pas été identifié par les éditeurs de ce poète. Néanmoins la finale "
οικετην λαβων" ("ayant avec lui un domestique") est parfaitement lisible et ressemble à la situation de la scène en cours pendant laquelle Sannion s᾽est fait rosser par Eschine aidé de son serviteur Parménon. Sans doute y a-t-il donc ici un parallèle fait entre la pièce et son modèle. Si le parallèle doit être suivi, on peut être tenté de chercher l᾽expression d᾽un grand nombre pour correspondre à "quingentos" et un contexte où il est question de coups. Il existe un mot "
γρόνθος" (coup, gifle) qui correspond à "colaphos" et peut représenter le segment "
γρωνον". D᾽où, peut-être, un trimètre iambique qui, pour "
ερπατοτον γρωνον οικετην λαβων", pourrait prendre la forme "
ἑπτακοσίων γρόνθων τὸν οἰκέτην λαβών" (...de
700 gnons, en ayant pris avec lui son domestique). Ce génitif pluriel pourrait alors s᾽appuyer sur "
ἄλγος", le premier segment de cette citation ("douleur <consistant en
700 coups>"). Sinon, pour le début, on peut aussi penser à "
αἲ ᾿γώ" ("hélas, moi"), qui correspond bien à "misero homini" et qu᾽on trouve sous des formes proches chez Ménandre ("
αἲ τάλας", "hélas malheureux !"). Mais le mètre résiste à nombre de nos suppositions...
345. Remarquons que les reformulations décalquent la formation préfixée en "in-" du verbe de départ.
346. La leçon variante "darier" au lieu de "tradier" ne donne pas le schéma métrique attendu.
347. La seconde explication de l᾽origine de "mussitare" est la plus probable, mais le verbe est sans doute à rapprocher tout de même de "mutus". "Mussitare" ne signifie pas uniquement "se taire" ou "supporter en silence" mais également "dire tout bas, marmonner, murmurer". Il est formé sur une onomatopée "mū", comme "musso" ("murmurer, chuchoter, garder pour soi"), dont "mussito" est un fréquentatif, ou comme "mutus".
348. Donat se demande si "tace", dans le contexte, n᾽est pas dans un emploi aussi codifié que "age" par exemple (ou notre "allons" ou "allez" du français). Cela le mettrait alors en effet du côté de l᾽adverbe. Et, s᾽il est lexicalisé, rien n᾽empêche de penser qu᾽il s᾽adresse à la cantonnade bien qu᾽il soit au singulier. Mais qu᾽il s᾽adresse à tous ou au seul Ctésiphon, il est dit à des personnages qui ne sont pas sur scène : Syrus sort de la maison et, sans encore avoir vu Sannion qui est sur scène, parle à celui ou à ceux qui sont à l᾽intérieur et que le spectateur ne voit pas.
349. Remarque didascalique pour signaler que Syrus entre en scène en continuant une conversation qu᾽il tenait à l᾽intérieur de la maison.
350. Rappelons que le statut de soldat mercenaire à la solde d᾽un potentat oriental (la position des soldats de comédie, donc) n᾽a rien de particulièrement brillant et que le miles est un personnage très décrié sur la scène.
351. Sur l᾽emplacement de cette scholie, voir la note apposée au texte latin. Donat remarque ici une figure d᾽atténuation : Syrus dit au proxénète qu᾽"il s᾽est battu", alors qu᾽en réalité "il a été battu".
352. Donat remarque que le mot unique "concertasse" est l᾽objet d᾽une reprise par le proxénète en deux mots "certationem comparatam". Le sens reste le même.
353. A savoir Heaut. 94.
354. Syrus, pour amadouer Sannion, a présenté la dispute de la scène précédente comme une "concertatio". Or le mot, par son préfixe, semble indiquer un combat égal et entre égaux. Sannion rebondit donc sur ce mot et précise qu᾽il ne s᾽agissait pas d᾽un combat égal mais au contraire inégal et mal fondé et qu᾽il mériterait des dommagements.
355. L᾽origine de cette distinction se trouve chez Charisius, Ars 403, 26 : "certationem et certamen. certatio est administrantium, certamen operis" (différence entre "certatio" et "certamen" : la "certatio" est le fait de personnes agissantes, "certamen" est le fait d᾽un travail).
356. La citation est en réalité dans les
Géorgiques (II, 530), sans qu᾽il soit possible de savoir si la bévue est de Donat ou d᾽un des copistes intermédiaires.
357. Note lexicologique assez précise sur la base de l᾽opposition entre les noms résultatifs en "-men" et les noms d᾽action en "-tio". Dans la citation de Virgile, "certamina" désigne ainsi l᾽objet concret, que l᾽on peut "poser" sur un arbre, et qui va servir à déterminer le vainqueur du concours.
358. Un adverbe et non pas une préposition, comme il peut l᾽être aussi.
359. Comprendre un ablatif à valeur instrumentale. C᾽est ainsi que Donat appelle ce type d᾽emploi.
360. Donc soit "c᾽est ta faute" (avec nominatif) soit "c᾽est arrivé par ta faute" (avec ablatif). La scansion du vers de Térence permet les deux interprétations.
361. Le sous-entendu grivois, ou cacemphaton, a été théorisé par Cicéron (Or. 154) et Quintilien (8, 3,
44 sq.) et repris par les grammatici (par ex. Diomède GL I 270, 26-
30 ou Priscien GL II 594, 15). Ce trope indésirable consiste en l᾽émergence en général involontaire, dans le cours de l᾽énoncé, d᾽un gros mot par association de syllabes ou d᾽idées. Voir Nicolas (2007c : 27-28). Ici, il s᾽agit d᾽un cacemphaton de polysémie : le mot "os" signifie à la fois "visage" et "bouche". Le proxénète, pour marquer qu᾽il n᾽aurait pas pu être plus complaisant qu᾽il ne l᾽a été, dit "usque os paraebui", qui peut se comprendre soit "j᾽ai été jusqu᾽à présenter mon visage <à ses coups>" soit, de façon beaucoup plus vulgaire, "j᾽ai été jusqu᾽à lui prêter ma bouche". D᾽où notre traduction du vers
215 de Térence, volontairement ambiguë et qui peut s᾽interpréter de façon grivoise.
362. Donat a déjà cité il y a peu, pour le commentaire du vers 157, ce même vers de Virgile pour une tout autre raison. Sans doute a-t-il encore sous le coude son volume de Virgile calé au même endroit, ou la "fiche" sur la négation qu᾽il utilisait pour le commentaire du vers 157.
363. Le lemme cite bien un morceau du vers 223, mais le commentaire porte sur un mot qui est dans le 224. C᾽est ce qui justifiait les cruces qu᾽avait posées Wessner et que nous ne conservons pas.
364. Si Donat nommait ce procédé, il l᾽appellerait sans doute "polysyndète" comme il le fait, selon une restitution nécessaire d᾽Estienne (1529), en 301, 1.
365. Donat pose ici une question que se poseront souvent les exégètes du théâtre classique : comment Untel sait-il ce qu᾽il sait, si ce n᾽est pas sur scène qu᾽il l᾽a appris ou s᾽il ne nous dit pas comment il l᾽a appris ? Ici, il suppose que Syrus bluffe, et que son intuition tombe juste.
366. C᾽est donc soit l᾽accusatif du démonstratif (et il devrait alors être qualifié de pronom plutôt que d᾽"articulus"), soit c᾽est l᾽adverbe de lieu archaïque "hoc".
367. Syrus, en disant "spero", laisse entendre qu᾽il souhaite que Sannion vienne réclamer son dû, ce qui peut donner au proxénète l᾽impression qu᾽il peut partir tranquille et que sa dette n᾽est pas enterrée définitivement. Mais c᾽est une pure manœuvre dilatoire. On peut d᾽ailleurs tout à fait comprendre que "spero" s᾽accroche à "ubi redieris" (quand tu seras revenu -j᾽espère <que tu reviendras>), dans un souhait normal et poli qu᾽on fait devant quelqu᾽un qui s᾽apprête à faire un trajet en bateau.
368. Il y a bien là un aparté de Syrus. D᾽ordinaire (et par exemple dans cette scène même), Donat fait une remarque didascalique sur le fait que la réplique est dite sans être entendue, par convention, de l᾽autre personnage. Mais ici, en outre, Donat suppose que les répliques, qui s᾽enchaînent linéairement dans le texte à lire, car on ne saurait les écrire l᾽une sur l᾽autre sans les rendre illisibles, étaient dites sur scène simultanément. C᾽est très peu probable, à cause du mètre. On est ici en sénaires iambiques, et l᾽oreille veut entendre ses six pieds familiers, qu᾽elle n᾽entendrait pas complets si les deux locuteurs du même vers parlaient en même temps. Ce qui gêne Donat sans doute, dans la mise en scène mentale qu᾽il se fait de la scène, c᾽est que Sannion, qui hurle sa désapprobation depuis plusieurs secondes déjà, soit obligé de s᾽interrompre pour laisser Syrus faire un aparté qu᾽il n᾽est pas censé entendre lui-même. Il est vrai que c᾽est dramaturgiquement gênant. Mais les exemples de ce procédé abondent aussi chez Molière par exemple.
369. Il s᾽agit sans doute de faire remarquer que cet impératif singulier ne peut s᾽adresser à la cantonnade (on attendrait alors plutôt un pluriel) ni à personne en particulier si ce n᾽est à lui-même.
370. Ce que commente en réalité Donat, c᾽est à la fois la métaphore filée du petit caillou qui fait mal (d᾽où notre traduction de Térence avec "rouages" et "engrenages", qui déplace légèrement la métaphore du grain de sable de la chaussure vers les mécanismes) et la formation des deux termes métaphoriques à partir d᾽un diminutif en "-ulus". Signalons une relative incohérence par rapport à sa remarque sur l᾽aparté dans le vers précédent : si Sannion n᾽a pas entendu Syrus dire le mot "scrupulus", il n᾽y a pas de raison qu᾽il file la métaphore, sauf involontairement, pour le seul plaisir du spectateur et du lecteur.
371. Le féminin "mulieres", qui entraîne dans son accord le participe "emptae", est coordonné au neutre "alia" : il en résulte que "emptae" est en facteur commun avec deux sujets de genre différent (c᾽est la syllepse de genre), et qu᾽il choisit le genre du plus proche. Le commentaire de Donat siginifie que "emptae" vaut aussi pour un "empta" neutre sous-entendu.
372. Vénus est autrement appelée, d᾽ailleurs, Cypris. Une île consacrée à Vénus devait donc s᾽intéresser particulièrement au commerce des femmes.
373. Les habitants de Chypre, au contraire du paysan italien décrit par Horace dans cette ode, n᾽hésitaient pas, eux, à construire des navires pour commercer dans toutes les îles alentour et sur le continent. Mais la deuxième citation se rattache assez mal à l᾽ensemble. Une fois de plus, on a l᾽impression que Donat exploite un document qu᾽il a sous les yeux (ici, dans le début des
Odes d᾽Horace, deux occurrences du nom de Chypre à quelques vers de distance) de toutes les façons possibles.
374. Et non pas la première personne du verbe qui signifie "aller", ce que l᾽on pourrait penser à première lecture.
375. Un lieu, parce qu᾽il est à Chypre, un temps parce qu᾽il se tient à date fixe, comme une foire.
376. S᾽il reste pour régler l᾽affaire de l᾽enlèvement de sa courtisane, pour éviter une perte, il renonce à une vente bien plus considérable à Chypre, pendant la foire. Donat dit donc que si le manque à gagner chypriote est "maximum", c᾽est par comparaison implicite avec le manque à gagner local, qui est seulement "magnum". Entre deux dommages, il incline à choisir le moindre.
377. "Actum agere" signifie littéralement "faire quelque chose qui est déjà fait" ; au sens judiciaire "plaider une chose déjà plaidée". Cela revient à dire "faire une chose inutile".
378. L᾽important ici n᾽est pas tant le verbe cité par Donat que l᾽idée qu᾽il exprime. En effet, Donat commente le sémantisme du verbe "incipere" et l᾽illustre par son fréquentatif "inceptare". C᾽est un cas d᾽autonymie sémiotypique.
379. "Labasco" est effectivement un verbe inchoatif mais ce n᾽est pas un verbe métaphorique: il est formé sur une racine dont le sens premier est "chanceler , vaciller". Sur cette racine sont formés, entre autres, "labo, -are", "labor, -i", "labes, -is", "lapsus, -us"…
380. La prolixité consiste ici à utiliser deux mots pour dire quelque chose qui tenait en un seul.
381. Avec ce type d᾽énoncé, il est difficile de savoir à quel genre de structure métalinguistique on a affaire. Il peut s᾽agir d᾽une étymologie ("diuiduus" vient de "diuisio", "dimidius" de "dimensio") ou d᾽une remarque lexicale générale ("diuiduus" s᾽emploie dans le champ de la division, "dimidius" dans celui de la "dimension"). En tout cas c᾽est une differentia entre les deux adjectifs.
382. Le texte cité de Virgile est inconnu de nous et impossible à compléter.
383. On pouvait s᾽attendre légitimement ici à une citation virgilienne... Peut-être a-t-elle sauté dans l᾽archétype ? Peut-être Donat, qui est aussi un commentateur de Virgile, a-t-il réservé la recherche de citation pour plus tard et a-t-il oublié de revenir sur ce passage ? Peut-être enfin la chose lui paraît-elle si évidente, et les illsutrations célèbres si nombreuses, qu᾽il ne prend pas la peine de citer expressément des passages que tous ses élèves ont en tête ?
384. Le mot "tuber", neutre, désigne toute sorte d᾽excroissance, par exemple une tumeur. Dans le monde végétal, il désigne particulièrement la truffe, et c᾽est sans doute ce qu᾽il faut comprendre ici. En tout cas, le végétal en question pousse dans un environnement qui lui ressemble, dans une terre enflée ("tumentibus") et presque enceinte ("praegnantibus"). Isidore (Et. 17, 10, 19) en fait d᾽ailleurs une étymologie : "tuberum tumor terrae prodit ; eaque causa nomen illi dedit" (l᾽enflure de la terre produit celle des truffes, et c᾽est ce qui explique le mot même de "tuber").
385. Dans Eun. 341, 2, Donat fait remarquer que "numquid uis" peut avoir une simple valeur de rupture de la conversation. Ici il rappelle cette valeur tout en soulignant que l᾽énoncé sous sa forme "numquid uis" est elliptique et qu᾽ici Térence a exprimé un complément normalement nécessaire. D᾽ailleurs en Eun. 191,
1 la formule est "numquid aliud uis" et en Pho.
151 Donat la complète avec un groupe nominal.
386. L᾽étymologie est évidemment loufoque. On s᾽étonne qu᾽elle n᾽ait pas retenu l᾽attention d᾽Isidore de Séville, qui ne la rappelle pas.
387. Le passage de
L᾽Enéide cité ici (III, 602) se rattache très librement à l᾽argumentaire. C᾽est un Grec isolé, sauvage, oublié là par ses compatriotes, trouvé sur l᾽île des Cyclopes par Enée et sa flotte, qui parle aux ennemis troyens et tâche de gagner leur pitié. Il s᾽agit donc d᾽un passage censé illustrer la figure d᾽"axiopistia".
388. Remarque étymologique récurrente dans le commentaire sur le rapport de l᾽adverbe "sedulo" et de "dolus".
389. Dans ce cas, il faut ponctuer ainsi : "laetus est ; de amica ?" (il est tout content ; au sujet de son amie ?), avec une interrogation elliptique.
390. Donat fait ici une remarque de grammaire de type analogique sur la question de la double déclinaison possible du pronom "qui(s)". On sait que, hérités de deux séries différentes de pronoms en indo-européen, l᾽une thème en i, l᾽autre thématique, les relatifs et les interrogatifs-indéfinis sont devenus indistincts en latin. Mais ils gardent chacun des traces de leur dualité d᾽antan. La forme d᾽ablatif "qui" (ici cachée dans le pronom indéfini "quiuis") est régulière au regard de la forme de pluriel "quibus". Inversement, la forme d᾽ablatif "quo" laisse attendre analogiquement un ablatif pluriel "quis" lui-même attesté. Néanmoins la norme standard, qui relève de l᾽usage, est d᾽utiliser un couple hétérogène "quo" vs "quibus".
391. Question de ponctuation, très fréquente chez Donat, et qui, ici, tourne autour de la construction de "opus est". Il voit deux manières de segmenter le continuum "abs quiuis homine cum est opus beneficium accipere gaudeas". Première solution : "abs quiuis homine cum est opus beneficium accipere, gaudeas". Dans ce cas, la proposition en "cum" va jusqu᾽à "accipere" et "beneficium" est un accusatif objet de ce verbe ; l᾽ensemble se comprend : "quand il est besoin de recevoir un bienfait", et on a la construction, dite ici commune ("communiter"), "opus est" + infinitif. Deuxième solution : "abs quiuis homine cum est opus beneficium, accipere gaudeas". Dans ce cas, on a "opus est" avec "beneficium" comme sujet au nominatif, "quand un bienfait est besoin", et on a la construction dite ici archaïsante. Il y a une troisième solution, que Donat n᾽évoque pas, avec "opus est" absolu : "abs quiuis homine, cum est opus, beneficium accipere gaudeas". Dans ce cas, "cum opus est" veut dire "si nécessaire" et "beneficium accipere" est le complément de "gaudeas". C᾽est la solution de ponctuation que nous avons retenue pour notre version électronique des
Adelphes.
392. C᾽est-à-dire dans la proposition "quem aequum est facere <bene>". La formulation "bis numero subaudiendum", qui semble se comprendre "il faut sous-entendre deux fois" mais qu᾽il faut en réalité interpréter "il faut sous-entendre une deuxième fois", est répétée à l᾽identique au commentaire de And. 633, 1.
393. Une différence de taille entre le texte commenté et l᾽illustration virgilienne : chez Virgile, le double emploi de "frater" renvoie à deux personnes différentes, alors que chez Térence les deux occurrences, même si elles ont une valeur légèrement différente (dans le ton), renvoient au seul Eschine.
394. Donat semble considérer "nunc" comme une cheville inutile au sens. Ce n᾽est pas le cas dans le texte de Térence, car l᾽adverbe y a une réelle valeur chronologique : "et maintenant (=après ce que tu viens de faire)" etc. A moins qu᾽il ne faille voir dans cet emploi d᾽un adverbe de l᾽instant présent un particularisme de la parlure des jeunes amoureux, toujours autocentrés dans le "ici et maintenant" ?
395. On ne sait trop bien ce que veut dire Donat. Peut-être selon lui faut-il ponctuer "quid ego nunc ? te laudem ?" ("que faire maintenant, pour moi ? Te louer ?"), auquel cas on ne voit pas pourquoi "quid" signifierait "propter quid". Ou bien simplement "quid, nunc, te laudem ?" ("pourquoi, maintenant, devrais-je te louer ?"), ce qui paraît postulable d᾽après la scholie précédente qui insiste sur la valeur particularisante de "nunc".
396. Difficile de construire la proposition de Térence en ajoutant ce "quod" prétendument manquant, sauf à considérer qu᾽il s᾽agit d᾽une conjonction complétive induite par "scio" : "satis certe scio quod numquam etc.", "je sais bien que jamais...". Cette construction, banale à l᾽époque de Donat, est assez improbable sous la plume de Térence.
397. Donat distingue l᾽emploi de la conjonction "itaque" (donc), qui s᾽antépose au début du segment, d"᾽itaque" valant "ita" plus "-que" (et ainsi), qui se trouve plutôt hors de la tête de phrase. Pour ce qu᾽il dit de la différence quantitative, cf. Servius GL IV, 427, 13 : "itaque pars orationis quaeritur utrum correpta media an producta dici debeat. scire debemus quoniam tunc corripitur media cum una pars fuerit orationis ; tunc uero producitur, cum duae" (la question est de savoir si le mot "itaque" doit se prononcer avec une syllabe centrale brève ou longue. Il faut savoir que la centrale est brève quand c᾽est un mot unique ; elle est longue en revanche, quand il s᾽agit de deux mots). On a le sentiment que les deux grammairiens se contredisent. Pour Donat, c᾽est la particule antéposée (donc la conjonction qui signifie "c᾽est pourquoi") qui a une syllabe longue, pour Servius c᾽est celle qui est le groupement de deux mots (donc le groupe qui signifie "et ainsi"). Mais peut-être faut-il comprendre qu᾽il ne s᾽agit pas d᾽une différence de quantité, mais d᾽une différence d᾽accent : la conjonction, vraiment considérée comme univerbée, aurait son accent standard sur l᾽antépénultième ("ítaque"), alors qu᾽au sens de "et ainsi" le groupe aurait l᾽accent d᾽enclise qu᾽on attend d᾽un groupe en "-que" (itáque). Sur le déplacement de l᾽accent induit par la présence d᾽un enclitique, cf. Servius GL IV, 427, 6. Donat (puis Servius, en sens contraire) aurait alors par erreur interprété la différence de ton comme une différence de quantité. Priscien (GL III, 100, 15) évoque la conjonction conclusive "itáque" avec un accent aigu sur la pénultième, sans dire qu᾽il s᾽agit d᾽une longue ; il parle bien d᾽allongement en revanche en GL III, 521, 2 ; au demeurant, il donne raison à Servius et tort à Donat pour l᾽interprétation des valeurs différentielles de "itáque" vs "ítaque". Dans le match des grammairiens, donnons donc raison à Servius et Priscien, qui attribuent à "ítaque" la valeur de "c᾽est pourquoi" et à "itáque" celle de "et ainsi", alors que Donat dit le contraire.
398. Le mot "rem" (chose) est ici développé en apposition par le mot "fratrem" (frère), ce qui paraît étrange à Donat. La seconde main interprète autrement (cf. scholie suivante) la construction d᾽un texte que les éditeurs de Térence ne retiennent en général pas (on lit ordinairement "fratrem nemini homini" et non "fratrem neminem hominem").
399. On a ici, dans une scholie de commentaire inhabituellement longue, une prise de position presque auctoriale de la deuxième main. C᾽est assez rare pour être souligné.
400. Le commentateur principal semble segmenter "...unam rem me habere arbitror fratrem ; hominem neminem esse etc." puisqu᾽il voit une apposition de "fratrem" à "rem" (cf. le commentaire au lemme 1). La seconde main n᾽est pas d᾽accord, car il faut alors rattacher à nouveau à "arbitror" l᾽infinitive qui suit. Pour lui, mieux vaut lier "fratrem" à toute la fin de phrase et comprendre "je pense que j᾽ai un seul avantage sur les autres <à savoir> que mon frère etc.". Il n᾽y a plus d᾽apposition "rem" / "fratrem". On peut supposer en outre que la seconde main lit "fratrem nemini homini", car ce ne peut être que sur ce datif (qu᾽on lit de fait dans les manuscrits de Térence) que s᾽accroche le complément "quam mihi" qu᾽il sous-entend ("que pour personne il n᾽existe de frère plus remarquable <que pour moi>"). Le lemme de la première main est au contraire "neminem hominem". Cf. note suivante.
401. La première main commente un accusatif "neminem hominem", au contraire de la seconde qui lit un datif (cf. note précédente). Faut-il y voir un effet de syntaxe ? En effet, Donat pourrait accorder secondairement la citation au datif pour en faire un complément de "locutus est" qui passerait donc à l᾽accusatif, selon la syntaxe intégrationnniste habituelle chez les Latins à l᾽égard du métalangage. Mais c᾽est peu probable : d᾽abord Donat ne modifie quasiment jamais la forme des lemmes térentiens ; ensuite, avec la ponctuation qu᾽il semble adopter, et qui est critiquée par la seconde main au lemme précédent, on se tirera mieux d᾽affaire avec un accusatif qui prendra la place du sujet de l᾽infinitive ; enfin, dans la phrase suivante, il garde lemmatisée une forme à l᾽accusatif qui n᾽a pas de justification syntaxique à ce cas, alors qu᾽il pourrait plutôt écrire "cum nemo ne hominem significet" (en rétablissant "nemo" pour la syntaxe) ou "cum nemini ne hominem significet" en conservant le lemme térentien en l᾽état. Donc le Donat "première main" lit bien "fratrem neminem hominem" et la seconde main lit "fratrem nemini homini". Les deux commentateurs ne travaillent pas sur le même texte.
402. L᾽étymologie de "nemo" par "ne homo" ("pas un homme ne..."), correcte, est restée perceptible aux locuteurs pendant toute la latinité. Donat reproche donc ici implicitement au poète un pléonasme.
403. Pour le débat sur la nature de "ellum", cf. le commentaire à And. 580, 1-4.
404. Le débat est donc sur le sens de "caput". Faut-il comprendre "charmante tête !", c᾽est-à-dire "charmante personne !" par synecdoque ? Ou faut-il voir le sens métalinguistique de "tête de chapitre", "début d᾽énoncé" ? Dans ce cas, comme Parménon, le personnage de
L᾽Eunuque cité en appui, le fait à l᾽égard du discours de Thaïs qu᾽il est en train d᾽écouter, Ctésiphon serait en train de faire l᾽éloge de son propre discours en train de se faire, comme s᾽il répétait l᾽éloge qu᾽il va prononcer devant son frère : "c᾽est grâce à lui que je vis... Charmant début ! etc.". Dans cette hypothèse, la formule "nihil pote(st) supra" signifie "on ne peut rien concevoir de plus élogieux que mon discours".
405. C᾽est donc une partie saillante ("eminens") et prototypique ("maioris pretii") qui, dans le procédé de synecdoque, doit désigner le tout.
406. Avec méthode, Donat illustre au moyen de deux citations le sens physique et le sens moral du mot "opera". Mais on peut remarquer que la seconde citation ne cite pas "opera" mais le verbe "operari", selon un glissement assez habituel dans la lexicographie antique. C᾽est le sémème commun à toute une famille de lexèmes apparentés qui est en fait traité d᾽un bloc.
407. On ne voit pas bien ce qu᾽ici Donat appelle adverbe. Sans doute le seul "quid", qu᾽il interprète souvent comme équivalent de "propter quid", dans un sens effectivement adverbial. Mais ici, c᾽est vraiment un pronom. Et c᾽est l᾽intonation globale de la réplique ("ce que c᾽est !") qui est à tirer du côté de l᾽exclamation d᾽étonnement. "Aduerbium" a ici, apparemment, un sens décalé.
408. Est donc commenté ici un sens de "prae" valant "comparativement à".
409. L᾽exemple de développement de "tout" par seulement deux éléments est assez mal venu en l᾽espèce, puisqu᾽au vers suivant Virgile ajoute "et crinis flauos et membra decora iuuentae" (et par ses cheveux blonds et par ses membres pleins d᾽une gracieuse jeunesse) ! Ce n᾽est d᾽ailleurs pas fatalement vrai pour le texte térentien. Donat semble le comprendre comme nous le ponctuons, mais on peut tout aussi bien (c᾽est en général l᾽option des modernes) interpréter "maledicata, famam, meum laborem et peccatum in se transtulit" (il a pris sur lui les injures, le scandale, ma peine, ma faute), avec quatre développements distincts de "omnia".
410. Festus donne une autre étymologie de "decrepitus" : "decrepitus est desperatus crepera iam uita, ut crepusculum extremum diei tempus. siue decrepitus dictus quia propter senectutem nec mouere se nec ullum facere potest crepitum" (Un "decrepitus" est un désespéré, du fait que sa vie est désormais critique ("crepera"), de même que le "crépuscule" est la toute fin du jour. Ou alors "decrepitus" vient de ce que, du fait de sa vieillesse, on ne peut plus ni bouger ni faire le moindre "crepitus" (craquement)).
411. Donat se trompe et dans son analyse morphologique de "fores" et dans son analyse sémantique de "crepuit". En réalité, il ne faut pas comprendre "pourquoi la porte a-t-elle craqué", car "fores", mot habituellement au pluriel, a pour nominatif singulier "foris" : cela se dirait donc "quidnam foris crepuit ?". Il faut comprendre "qu᾽est-ce qui a fait craquer la porte ?", avec sens transitif de "crepo" et "fores" à l᾽accusatif pluriel. La bévue tient peut-être à la tendance qu᾽a Donat à interpréter systématiquement "quid" comme un adverbe interrogatif plutôt que comme un pronom. Quant à l᾽étymologie de "decrepitus" par "crepare", qui est admise comme authentique, elle s᾽explique sans doute par le sens de "radoter" que prend occasionnellement le verbe.
412. C᾽est en permanence ce que Donat fait, en se faisant une mise en scène mentale de la pièce à partir des répliques.
413. L᾽asyndète est sans doute à supposer entre "opportune" et "te ipsum quaerito", entre lesquels on pourrait attendre un lien causal. Quant à l᾽intervention intempestive de la seconde main, elle est hors de propos. On se sait pas à quoi il faut rattacher ce "uenisse" prétendument sous-entendu : à "nihil uideo" (je vois que rien n᾽est venu) ? à "opportune te ipsum" (tu es venu bien à propos) ? Dans ce deuxième cas, la construction sur "quaerito" est problématique. Et en tout état de cause, on ne voit pas le rapport qu᾽il y aurait avec l᾽asyndète, objet du commentaire de la main principale.
414. Remarque de syntaxe : le génitif du gérondif est-il posé sur un "causa" sous-entendu ("en vue de flatter") ? Ou est-ce une construction sans ellipse, détachée du reste ?
415. Remarque de caractérologie. A plusieurs reprises, Donat fait remarquer des différences caractéristiques entre des frères que tout oppose (Déméa le paysan et Micion le citadin) ou que l᾽histoire familiale a séparés (Eschine et Ctésiphon). Pour ce qui est des deux jeunes gens, Eschine est maintes fois représenté comme un jeune homme riche, arrogant avec les petites gens, alors que son puîné Ctésiphon garde une réserve propre à sa jeunesse, à son dénuement, à sa crainte d᾽affronter son père et à sa rusticité.
416. Donat, d᾽un lemme à l᾽autre, cite le texte de Térence avec "quod" ou avec "quo".
417. L᾽expression n᾽a rien de particulièrement attique. Elle est commune en latin, et notamment dans la langue comique. Peut-être, comme on l᾽a déjà vu ailleurs, Donat parle-t-il d᾽atticisme dès qu᾽il sent un emploi qui s᾽apparente un peu au datif éthique. Cf. le commentaire qu᾽il donne à Ad. 476, 5-6.
418. On a déjà constaté que Donat utilise volontiers "bis" (deux fois) pour "iterum" (une deuxième fois). Par ailleurs, on ne voit pas trop pourquoi il faut sous-entendre "dolet", si ce n᾽est parce qu᾽il y a deux infinitives coordonnées dépendant toutes deux de ce verbe. La notion de sous-entendu (il s᾽agit en fait de facteur commun) est ici assez large.
419. Ce que relève Donat c᾽est l᾽emploi de "tam" marquant l᾽intensité devant un diminutif en "–ulum". Cela peut paraitre contradictoire.
420. L᾽idiotisme, ici, comme en Ad. 476, 6, est dans l᾽emploi d᾽un datif éthique.
421. C᾽est depuis la guerre samnite, selon Tite-Live (9, 40), que les banquiers menaient leur activité sur le forum. Voir Pl. Asin. 117, Pers. 442, Liv. 26, 11, 7... Sur le mot "forum", ses développements financiers et les métiers de la banque dans la Rome de Térence, voir Nadjo (1989 :
233 sq.).
422. Autrement dit, soit "absoluam" est pris dans son sens financier, avec la métaphore du lien entre le créditeur et le débiteur, soit dans son sens judiciaire ("absoudre, innocenter"), car le leno a un air contrit comme un accusé. On a en outre une indication d᾽accessoire de costume pour le personnage du leno, qui portait une barbe caractéristique ; la physionomie triste, quant à elle, plaide plutôt pour une absence de port de masque ; de même plus haut, quand est indiqué un changement de physionomie : cf. le commentaire à Ad. 265, 5. Et ci-dessous, Ad. 280, 1.
423. Au sens de "allons !" ou de "oui".
424. La citation de Lucilius, fréquemment utilisée chez les grammairiens pour illustrer la prononciation du R roulé (la "lettre canine"), est également exploitée ailleurs par Donat, implictement. Cf. le commentaire à And. 597, 4. Le texte de Lucilius est par ailleurs cité diversement : "canes" au lieu de "canis" (Charisius fait remarquer à cette occasion que "canes" est un singulier), "dicit" au lieu de "dictat".
425. Les exemples cités sont respectivement dans la bouche de l᾽esclave Géta pour le second et du jeune homme Charinus pour le premier. Il ne peut donc s᾽agir d᾽illustrer un trait commun de caractère. En fait, Donat veut dire que les personnages, quels qu᾽ils soient, quand ils parlent d᾽une courtisane, ont tendance à utiliser des pronoms plutôt que le terme approprié, qui s᾽apparente à une insulte. Du coup, si "illa" est conforme au caractère d᾽un personnage, c᾽est à celui de la courtisane plutôt qu᾽à celui du locuteur.
426. C᾽est donc le procédé de l᾽euphémisme, implicitement.
427. Cette réflexion de Donat sur le rapprochement entre comédie et tragédie est très intéressant, puisqu᾽il s᾽agit de caractériser un genre de comédie très particulier (ancêtre de la "comédie larmoyante"). D᾽un autre côté, le commentateur s᾽acharne à bien montrer que Térence ne franchit jamais la frontière générique.
428. Donat veut dire que, pour introduire un personnage de théâtre, on peut soit le faire parler lui-même en le faisant entrer en scène, soit parler de lui avant qu᾽il entre en scène.
429. Canthara, en tant qu᾽elle est la nourrice de Pamphila, a peu de chances d᾽avoir aussi été la nourrice de Sostrata, elle-même mère de Pamphila et sans doute son égale d᾽âge ("illius" désigne donc implicitement Pamphila et non Sostrata). Donc quand Sostrata dit "mea nutrix", elle utilise une expression flatteuse pour la vieille femme. D᾽où la remarque sur les noms relatifs : "nutrix" est, dans son rapport à "alumnus" (nourrisson), un nom relatif, l᾽un de ces termes qui intéressent les grammairiens par leur valeur sémantique relationnelle : si l᾽on est nourrice, on est toujours la nourrice d᾽un nourrisson et le couple "nutrix"/"alumnus", sur son critère propre, est dans le même genre de relation que "pater"/"filius" par exemple. Mais ici, le terme est utilisé de façon honorifique, puisque Sostrata n᾽a pas effectivement eu Canthara pour nourrice. Et pour la fin de la scholie, il faut comprendre que certains noms relatifs s᾽apparentent à des noms de métiers honorables ou à des titres (en français "Maître", "Docteur", "Professeur" par exemple). Mais parmi les noms de métier proposés par Donat, seul "magister" (dans son rapport à "discipulus") peut être considéré comme un nom relatif. Les deux autres exemples sont cités pour leur seule valeur laudative et cela renvoie à ce que Donat dit des apostrophes plus ou moins laudatives qui sont faites avec les noms de métier : "miles" ou "leno" sont des apostrophes déshonorantes, "orator" est une apostrophe valorisante (cf. Ad. 210, 3). "Nutrix" est donc à la fois un nom relatif et un nom de métier valorisé et c᾽est ce qui fait de lui l᾽objet d᾽une scholie hétérogène dans son propos.
430. Donat indique ici ce qui selon lui motive la peur du personnage ("times" dans le début du vers, cité à la scholie suivante).
431. On comprend la remarque : le sémantisme de l᾽adjectif devrait lui interdire le pluriel. Mais au sens d᾽"isolé" il est compatible avec le pluriel.
432. Ce vers vient d᾽être cité au commentaire de 288. Donat a encore son volume de Virgile sous le coude.
433. Il se peut que Donat souligne ici le désespoir du personnage qui réclame soit des choses dont elle n᾽a pas besoin, soit la présence d᾽Eschine, qui de toute manière va finir par arriver, comme l᾽a dit Canthara.
434. La scholie paraît contredire la scholie 1 ; en fait, elle complète le "mire" de la scholie 1 : cet emploi pluriel exceptionnel est paradoxal ("mire"), car jamais on n᾽utilise "solus" au pluriel.
435. Cette remarque sur l᾽emploi d᾽une négation composée en lieu et place de la simple est récurrente dans le commentaire : voir And. 202,
2 ("nihil") ;
370 ("nullus") ;
784 ("nec") ; Eun. 216,
2 ("nullus") ; 273,
3 ("nihil") ; 390,
1 ("numquam") ; 735,
1 ("nihil") ; 884,
1 ("nihil") ; 1092,
2 ("numquam") ; Ph. 121,
3 ("numquam") ; 142,
5 ("nihil") ; 202,
1 ("nulla")...
436. Ce qui séduit Donat est sans doute l᾽opposition entre le singulier et le pluriel qui traduit la position héroïque d᾽Eschine, seul sauveur face à une multitude de maux.
437. Traduction Charpin adaptée.
438. Autrement dit, comme va le dire Canthara, Eschine a tiré avantage de son viol.
439. "Familia", dans ce sens, signifie "maisonnée" et englobe tous les gens, esclaves compris, qui vivent sous un même toit et sous l᾽autorité d᾽un même maître.
440. Il s᾽agit ici de l᾽entrée en scène d᾽un type de personnage bien connu, à savoir le "seruus currens" hurlant de mauvaises nouvelles et qui permet sur le plan dramatique de lancer la dynamique de l᾽intrigue comique, jouant ainsi l᾽élément perturbateur. On rencontre ce type dans d᾽autres comédies de Térence mais aussi chez Plaute, par exemple Curc. 284-287, entrée fracassante de l᾽esclave. Ce type de personnage répond au type de "senex currens" mis en scène à l᾽acte V, à travers le personnage de Micion.
441. L᾽emploi pronominal absolu d᾽"illud" (au sens de "cela", en référence à la situation et non à un mot du texte) paraît gêner Donat qui suppose donc l᾽ellipse d᾽un mot neutre, comme "periculum" ou "tempus" : "nous voici maintenant à ce péril où..., à ce moment où...". C᾽est évidemment inutile.
442. Plutôt qu᾽à une paronomase, qui concerne habituellement le rapprochement de termes différents qui se ressemblent par hasard, on a affaire ici à un polyptote, variation morphologique sur le même mot. Donat n᾽ignore pourtant pas le terme (qu᾽il utilise sous sa forme grecque
πολύπτωτον, Ph. 188, 2).
443. Remarque de construction : l᾽innovation remarquée consiste à construire "salus" avec le datif de destination, "salus malo" (un traitement salutaire destiné au mal) plutôt qu᾽avec le tour prépositionnel attendu "salus contra malum" ("un traitement salutaire contre le mal").
444. Pour le couple "conferant"/"afferant", la notion de paronomase (qu᾽il appelle cette fois
παρόμοιον) est plus justifié que pour "omnes/omnia". On voit en tout cas que le grammairien considère ces sortes de redite comme une marque de relâchement de l᾽expression sous l᾽empire d᾽une passion.
445. Curieusement, les mss. de Donat tronquaient la citation de Virgile (G. III,
343 sq.) avant le passage qui illustre le mécanisme de polysyndète (ou coordination multiple). Sans doute est-ce parce que ce vers est l᾽emblème de la figure qu᾽il illustre et que le début de la phrase est suffisamment évident pour appeler le reste, comme si pour illustrer l᾽allitération on disait "comme dans Racine ᾽pour qui sont etc.᾽". En tout cas, chez Quint. IX, 3, 51, c᾽est cette même expression virgilienne (à partir de "tectumque") qui est citée pour illustrer le polysyndeton. On la retrouve encore chez Diomède (GL I, 448, 3). Cela dit, les grammairiens citent plutôt de façon réflexe Virg. Aen. II,
262 "Acamasque (ou Athamasque) Thoasque / Pelidesque" etc. qu᾽on retrouve chez Charisius (GL I, 283, 2), Pompée (GL IV, 304, 25), Sacerdos (GL VI, 455, 31) et chez Donat lui-même dans son Ars maior (GL IV, 399, 4). Julien de Tolède, quant à lui, cite consensuellement les deux exemples virgiliens (Maestre Yenes ed., p. 201). La raison de cette interruption de la citation avant même qu᾽elle illustre ce qu᾽elle est censée illustrer est peut-être due aussi à un problème de transmission du texte. Voir la note apposée au texte latin.
446. La scholie, comme cela arrive occasionnellement, est entièrement en grec. Par variation, Donat, en lieu et place du terme technique
σχετλιασμός (lamentation), utilise le verbe
σχετλιάζει ("il fait un
σχετλιασμός"), ce qui entraîne l᾽hellénisation de l᾽adverbe. Même effet par exemple en Ad. 72,
1 (
καλῶς ἀντέθηκεν "il fait une belle antithèse).
447. Le verbe "circumuallo" ("entourer") est transitif, mais son objet est habituellement la personne assiégée et non celle qui assiège. Avec un réfléchi, l᾽expression devrait signifier "s᾽assiéger soi-même" et non pas, comme il semble ici, "se dresser <contre quelqu᾽un>". C᾽est en cela qu᾽elle est réputée rare. Mais peut-être y a-t-il un texte mal assuré : les meilleurs mss. de Térence donnent "circumuallant" et non "circumuallant se". Il en résulte une difficulté de traduction du commentaire. Nous proposons, pour le début de la traduction du lemme 1, "ils se pressent contre nous", pour préparer la traduction du lemme 2 : "emergere", comme le montre l᾽exemple de Cicéron qui suit, est le complémentaire de "imprimere" (presser) dans le vocabulaire guerrier: un ennemi presse (famille de "imprimit" ou "impressio"), l᾽autre essaie de s᾽en sortir ("emergere"). Chez Térence, "circumuallare", qui fait couple avec "emergi", remplace ce qui, dans cette métaphore militaire signalée au lemme 2, relève de la série "imprimere". On pourrait donc mieux comprendre et traduire la fin du lemme
1 avec le verbe "presser" plutôt qu᾽avec le verbe "entourer" ; il s᾽agit d᾽une remarque de construction du verbe : "nous nous pressons ou nous pressons autrui", c᾽est-à-dire "on peut dire ᾽se presser᾽ ou ᾽presser autrui᾽".
448. En admettant que le segment qui commence à "nam impressio dicitur" et la citation de Salluste n᾽aient pas été déplacés, il faut comprendre que Donat anticipe sur le commentaire de la citation cicéronienne, qui comprend "premere" et entraîne, avec anticipation, la définition de "impressio".
449. Il n᾽y a rien chez les grammairiens sur l᾽emploi du passif ou du déponent du verbe "emergo". Mais sans doute n᾽y a-t-il rien de spécial à en dire ! Ici, de fait, l᾽emploi de la forme "emergi" est sans surprise, dans une structure de passif impersonnel. Qu᾽on puisse écrire l᾽infinitif "emergi" ne prouve pas qu᾽on puisse écrire "emergor" : seule la forme "emergitur" est postulable.
450. Voir Bureau 2011.
451. Les deux exemples virgiliens censés illustrer l᾽accumulation de griefs ne sont pas très probants, puisqu᾽il n᾽y a que deux catgories incriminées à chaque fois, l᾽une d᾽elles particulièrement bipolaire et topique (les hommes et les dieux). En revanche, il est remarquable que, dans ces deux citations, il y ait polysyndète ("atque deos atque astra", "hominumque deorumque"), c᾽est-à-dire justement le procédé stylistique dont Donat vient de parler à propos du vers 301. A-t-il sous la main un catalogue exemplifié des figures ? Dans ce cas, l᾽idée d᾽utiliser ces deux citations (un peu à contre-emploi) au commentaire du vers
304 lui est-elle venue de ce qu᾽il vient de les relire dans la fiche "polysyndeton" pour le vers 301 ? Peut-être avons-nous là un indice de la manière de travailler du commentateur et des outils qu᾽il a à sa disposition.
452. Le pléonasme remarqué n᾽est pas de même type dans les deux cas, même s᾽il concerne à chaque fois le démonstratif "ille". Chez Virgile, il n᾽y a pas d᾽incorrection ; chez Térence, au contraire, "illum" duplique fonctionnellement à l᾽intérieur de la relative le pronom relatif, comme si en français nous écrivions: "lui qu᾽aucun sentiment de pitié ne l᾽a empêché de mal agir".
453. Les lemmes 306,
6 et 307,
1 ressortissent à la syntaxe. Donat, en complétant la pensée du personnage, dit quelque chose de la syntaxe des verbes d᾽empêchement, ici représentés par "repressit" et "reflexit". On attendrait plutôt, d᾽ailleurs, qu᾽il complète avec une proposition en "quin" plutôt qu᾽en "ne". Mais l᾽exemplification virgilienne est, quant à elle, clairement sémantique. Le lien avec le lemme térentien est dans l᾽usage que fait le poète du verbe "flexit", ici dans son sens premier de "détourner (les yeux)". Les imprécations de Didon ne servent pas spécialement le propos syntaxique du moment.
454. Donat proposait deux solutions pour interpréter le verbe "reflexit" dans la scholie 1 : soit c᾽est un verbe d᾽empêchement, soit c᾽est un verbe qui, comme chez Virgile, signifie "détourner". Et il conseille de se rallier à la première solution, celle du verbe d᾽empêchement.
455. C᾽est comme antécédent au datif que ce pronom est réputé manquant. Mais l᾽usage latin, dans un tour "ei cui" où antécédent et pronom relatif sont au même cas, est de supprimer l᾽antécédent. Donat le restitue pour la forme, pour la complétude de la proposition rectrice.
456. L᾽adverbe "uix" a soit une valeur pragmatique au sens de "avec peine, mais tout de même on y arrive", soit une valeur restrictive proche de "ne quidem", type "je peux à peine me retenir de", donc une portée presque négative, qui semble plutôt être celle du texte commenté. La citation de Lucilius, récurrente chez Donat pour illustrer le sens de "carcer" comme mot d᾽injure, est ici utilisée à cause de son emploi de "uix". La place de la citation semble signaler que Donat y voit plutôt le sens restrictif-négatif.
457. Les vieilles expressions "impos" et "compos (animi)" sont à mettre en relation avec la famille de "potis" et "possum" et avec le sème de ᾽capacité᾽. Mais ici, dans l᾽explication étymologique, s᾽immiscent des paronomases avec "competo" (composé de "peto") ou "compono" qui gauchissent un peu le sens. La citation de Salluste ne comporte pas du tout le mot expliqué, mais le verbe "competere", dans un contexte de folie ou d᾽absence de maîtrise de soi qui paraît pouvoir entériner le faux lien étymologique avec "compos".
458. Donat signale des emplois du démonstratif "hic" qui, pour certains, sont proches de "talis", d᾽où leur valeur qualitative, ou de "tantus", d᾽où leur valeur quantitative. Il serait tentant de supposer que Donat donne à sa première illustration la valeur qualitative, à la seconde la valeur quantitative et à celle de Salluste les deux. Mais pour Virgile, Servius, commentant le vers "hunc ego te Euryale...", signale explicitement le rapport à "talis", mais c᾽est aussi vers la qualité que s᾽oriente son commentaire sur la première illustration virgilienne de Donat avec "animam hanc".
459. Pour illustrer le principe des adverbes chronologiques, Donat choisit un exemple exprimant la vengeance et la torture, préfigurant peut-etre ce qu᾽il imagine en guise de punition pour celui qui a commis le viol.
460. Le commentaire porte sur la variation de sens du verbe "dispergo" (et du verbe simple "spargo") selon le type de complément d᾽objet : l᾽accusatif objet du verbe peut représenter aussi bien la chose que l᾽on répand ("spargere latices" dans un des exemples virgiliens), auquel cas le verbe signifie "éparpiller, disperser", que l᾽endroit où on répand quelque chose ("spargere humum foliis" chez Virgile), auquel cas le verbe signifie "arroser, recouvrir". Le verbe "joncher" a pu offrir le même genre de construction : "joncher le sol de roses" vs "joncher des roses sur le sol" (désuet).
461. Donat reste encore une fois dans le commentaire ironique envers le personnage. On peut relever l᾽exemple qu᾽il donne à propos des cochons. Il ironise en creux sur le personnage par ce rapprochement animalier. Le rapprochementà venir avec Virgile appuie le sentiment burlesque en quelque sorte par le mélange des genres et des tons.
462. Les exemples cités, s᾽ils illustrent bien la diathèse active ("actiuam uim"), n᾽illustrent pas la transitivité qu᾽on trouve dans le vers de Térence. Mais la définition lexicographique que Donat propose du verbe "ruere" permet de comprendre (notamment via le sème impliqué par "impellendum" dans la définition de Donat) comment le verbe peut occasionnellement devenir transitif. De même en français avec le verbe "charger", qui peut, dans le vocabulaire militaire ou animalier, s᾽employer dans l᾽absolu ("Chargez !", "le sanglier charge") ou avec un objet ("charger l᾽armée ennemie"). Ces deux mêmes illustrations de Virgile et d᾽Horace sont reprises au commentaire au vers 550,
3 pour évoquer le tour "irruat se".
463. La question de ponctuation (à quel mot faut-il accrocher tel autre mot) est ici remarquablement réglée au moyen d᾽une differentia qui permet (par une comparaison avec "sperare") de mettre en valeur le sens en soi déjà superlatif du verbe "exspectare" : du coup, il est meilleur de faire porter l᾽amplificateur "oppido" sur l᾽adverbe "opportune" plutôt que sur le verbe "exspectare". Il faut donc segmenter "te expecto ; oppido opportune te obtulisti mihi obuiam".
464. Et non un adverbe ou une interjection, comme jusqu᾽ici. C᾽est donc le premier énoncé complet de Géta.
465. Comprendre que, puisqu᾽il commence à être amoureux, il est très amoureux, comme il est d᾽usage dans une passion naissante. L᾽énoncé de Géta est donc amplifié par rapport à un simple "amat".
466. Le commentaire de la tirade de Géta prend la forme d᾽un syllogisme : 1. qui manque à l᾽honneur est amoureux ; or ("autem") 2. Eschine manque à l᾽honneur ; donc ("ergo") 3... Là on attendrait un retour à la proposition
1 ("donc il est amoureux"). Mais la fausse conclusion abonde en réalité la proposition
2 en donnant force exemples de manquement à l᾽honneur dans l᾽attitude d᾽Eschine. On classerait donc plutôt cet ensemble argumentatif dans la catégorie des enthymèmes. Et la conclusion "donc il est amoureux" reste à la charge de l᾽interlocutrice.
467. Le lemme 328,
4 est l᾽exacte répétition de 328, 1. Il se trouvait légèrement décalé au milieu du commentaire de 329. Cette duplication inutile est certainement le résultat d᾽une note marginale, d᾽un oubli, etc. dans un ms. et qui a fini par prendre place dans le corps du texte.
468. Pour l᾽appréciation des témoignages, entrent en ligne de compte à la fois la qualité du témoin et l᾽importance du fait lui-même. On retrouve dans cette typologie l᾽enseignement traditionnel des rhéteurs. Voir par exemple Quint. 2, 4, 27. Si le témoin est une personnalité moralement irréprochable, son témoignage est valorisé ; de même si le témoin, quel qu᾽il soit, a vu quelque chose de primordial et non un simple détail.
469. C᾽est un problème exégétique qui se pose là : Eschine avait autrefois promis qu᾽il présenterait l᾽enfant ("puerum") à son père, dès sa naissance. Or "puer" est un mot masculin. Comment pouvait-il donc savoir, avant la naissance du bébé, que ce serait un garçon ? Réponse de Donat : parce qu᾽il souhaitait que c᾽en fût un, et qu᾽il le désignait donc selon ses souhaits. En réalité, le terme est générique et n᾽a rien pour surprendre. Cela étant, la réponse peut se faire sur un autre registre : dans la comédie (Néa ou palliata), tous les enfants qui naissent sont des garçons, selon les relevés de N. Boulic dans sa thèse (Grenoble 3, 2008). On aurait donc là, quoi qu᾽en dise Donat sur la nécessité du sexe de l᾽enfant à venir, un élément de code, un stéréotype. Il n᾽est pas prévu que ce puisse être une fille. On est dans du méta-théâtre : c᾽est un enfant de comédie, donc un garçon.
470. Il y a un débat implicite chez les grammairiens latins pour déterminer la nature exacte de certains mots de liaison : sont-il des conjonctions (puisqu᾽ils lient) ou des adverbes ? "Porro" est de ceux-là, qu᾽on trouve classé comme adverbe ou comme préposition. Pour Donat, c᾽est donc un adverbe, avec deux sens : adverbe "d᾽ordre" et adverbe "de temps". Signalons d᾽ailleurs que, paradoxalement, dans ses deux traités de grammaire, "porro" est traité comme conjonction explétive : cf. Ars maior (Holtz, p. 647, 3) : "potestas coniunctionum in quinque species diuiditur. sunt enim copulatiuae, disiunctiuae, expletiuae, causales, rationales. (...) expletiuae, quidem, equidem, saltim, uidelicet, quamquam, quamuis, quoque, autem, porro, porro autem, tamen" (la valeur des conjonctions se répartit en cinq espèces. De fait, il y en a des copulatives, des disjonctives, des explétives, des causales, des rationnelles. Les explétives sont "quidem" etc). Ici, en revanche, le même "porro" est classé adverbe. Par adverbe d᾽ordre, il faut comprendre adverbe qui entre dans une série chronologique argumentative : il a alors son sens de "par ailleurs", "d᾽autre part" ou "en outre". Comme adverbe de temps, il prend le sens de "plus tard", "à la suite".
471. Donat précise souvent que "mi" est une forme de "meus", à qui il sert de vocatif. Mais la chose ne doit pas aller de soi et les élèves (et peut-être Donat aussi) devaient sans doute voir dans cette forme surtout sa valeur ancienne de datif du pronom personnel ("à moi"), d᾽où elle procède avant de se voir employée comme vocatif du déterminant possessif, dépourvu de vocatif à l᾽origine comme parfois les mots en "-eus". On est en droit de supposer que la scholie s᾽interprète ainsi: "<le datif> ᾽mi᾽ est utilisé à la place du <vocatif> ᾽meus᾽".
472. Lemme "vide" dans les mss. Comme les deux vers suivants ne sont l᾽objet d᾽aucun commentaire, on peut peut-être supposer que l᾽archétype avait été déchiré ou très abîmé sur une portion de bas de page ou de haut de page qui contenait les commentaires aux vers 337-339. On peut en effet s᾽étonner que Donat n᾽ait pas pris la peine, par exemple, de noter le changement de ton de Géta, qui se remet à raisonner après une période d᾽affolement, alors qu᾽il est si sensible à la psychologie des personnages et à l᾽économie du récit ; qu᾽il n᾽ait pas explicité ce que recouvre "res" au vers 338 ; qu᾽il ne dise rien du tour "infitias ibit" (339), de nature à intéresser le lexicologue qu᾽il est si souvent (et sur la reprise duquel il dit tout de même quelque chose au vers 346). Bref, il y a peut-être une lacune ici dans l᾽ancêtre commun de tous les manuscrits.
473. Le terme
δίπλευρος, que Wessner édite en caractères grecs et que les manuscrits ont donné en translitération latine, est très rare et paraît limité au vocabulaire stratégique (une "offensive sur deux fronts", une "phalange à deux flancs"). Il a peut-être existé en latin tardif juridique, comme d᾽ailleurs son complémentaire "monopleuros". Mais les rhéteurs grecs l᾽ignorent. Il y a là sans doute une erreur invétérée de transmission. Sans doute y avait-il une lexie grecque complète (avec comme correspondant de "complexio" l᾽attendu "
συμπλοκή"). Nous n᾽avons pas de solution ecdotique satisafaisante. La définition de ce qui est nommé ici nous dit bien de quoi il s᾽agit : si l᾽on divulgue le scandale, il y a deux volets possibles à la défense d᾽Eschine : soit il nie avoir enlevé la musicienne ; soit il avoue. Mais quelque défense qu᾽il adopte, cela aboutit à lui refuser la main de la jeune fille. Donc mieux vaut, pour le clan de Sostrata, se taire.
474. Donat se demande comment on peut reprendre par "facere", le verbe d᾽action par excellence, un verbe d᾽état comme "tacere", "se taire". Et il concède que l᾽usage l᾽autorise. De même le français peut dire "je n᾽en ferai rien" pour reprendre n᾽importe quel verbe, même d᾽état ("Sois indulgent. -Je n᾽en ferai rien !").
475. Donat évoque ici, comme dans le passage cité du prologue de
L᾽Hécyre, le stylème térentien qui consite à dire "pro + abl." là où on pourrait avoir simplement un attribut au nominatif.
476. La scholie se comprend ainsi : quel est le sens de "pro" dans "pro uirgine" ? est-ce la même expression que dans le prologue de
L᾽Hécyre (cité), ou "pro noua" équivaut strictement à "noua" ? si oui, le sens ici est "elle ne peut plus être donnée vierge en mariage". Ou bien "pro uirgine" a-t-il sons sens plein ? Dans ce cas, elle ne peut pas non plus "passer pour vierge", dès lors qu᾽on a ébruité le scandale.
477. Donat s᾽interroge sur le sens de "mecum" (avec moi). "L᾽anneau est témoin avec moi", donc "en ma faveur" ? Ou bien "il est témoin avec moi", donc "nous sommes tous les deux témoins" ?
478. Donat paraît trouver étrange qu᾽à un nom grec, attendu dans une comédie imitée du grec, on associe le diminutif latin "-(o)lus". Mais peut-être Donat se trompe-t-il. Il existe en effet un anthroponyme grec "Simylus", qui pourrait très bien avoir été transcrit "Simulus". Et il n᾽y a dans ce cas aucun hybride gréco-latin.
479. Donat vise sans doute l᾽expression remarquée au vers
346 "pro uirgine", tour prépositionnel au lieu de "uirgo". Ici "in mora" tour prépositionnel remplace le datif "morae" d᾽un classique double datif.
480. Donat fait preuve ici d᾽une très bonne méthode lexicologique. Trois dérivés de "rapere" sont différenciés selon leur complément du nom ("raptio" vs "rapina" // "personne" vs "chose") ou leur sens propre ("raptio", "rapina") ou figuré ("raptus").
481. Deux leçons de lexicologie en un seul lemme. D᾽abord une differentia entre "uocare" et "(ad)ducere" qui permet d᾽illustrer la psychologie de Déméa, prêt à excuser Ctésiphon et à charger Eschine. Cette differentia prépare le lemme 359,
1 qui exploite un autre composé de "ducere". Puis vient une étymologie de "nequitia" par "nequeo", dont la formulation est embarrassée parce que le verbe "nequire" n᾽a pas de gérondif, ce qui interdit d᾽utiliser la méthode classique du type "lex a legendo dicta" ("᾽lex᾽ vient de ᾽legere᾽"). A ces deux commentaires lexicologiques, la deuxième main ajoute son grain de sel dans une seconde étymologie qui, sans être un coq-à-l᾽âne, tient quand même un peu de l᾽esprit d᾽escalier. Le scholiaste entreprend d᾽expliquer "nugae", qui ne figure pas dans le texte de Térence, parce que c᾽est un mot qui appartient au même champ que "nequitia" d᾽une part et que (selon lui) il est lui également bâti sur une locution négative : il voit dans le mot un n- négatif et un avatar de "ago" : le mot veut donc dire "inaction". Le mot "in-ertia", qui sert dans la définition de "nequitia", a pu également concourir à l᾽idée de cet excursus.
482. La main principale propose une étymologie du vieux mot "ganeum", qui désigne un sous-sol, un caveau, une arrière-salle où pouvaient être offerts des services sexuels ; il sert également de terme d᾽injure, comme on le voit au commentaire à 363, 2. L᾽étymon proposé est le nom grec de la terre. La formulation bilingue "ganeum
ἀπὸ τῆς γαίας, τουτέστι γῆς", dans laquelle même la préposition qui introduit le mot grec est mise en grec (et, dans la foulée, la reformulation), s᾽explique par une difficulté syntaxique. On attendrait la préposition latine "ab", laquelle gouverne l᾽ablatif ; or il n᾽y a pas d᾽ablatif en grec. Le locuteur se sent donc obligé soit de traduire le mot grec en latin (ce qui donnerait par exemple "ganeum a terra"), opération qui fait perdre la connivence phonique entre le mot expliqué et son étymon (c᾽est une étymologie grecque sans grec), soit d᾽helléniser la préposition introductrice, ce qui permet de mettre l᾽étymon au génitif (c᾽est une étymologie grecque créolisée). Dans la foulée, le "id est" attendu entre les deux autonymes grecs est lui-même traduit en grec sous la forme "
τουτέστι". Ces deux manières sont l᾽une et l᾽autre très fréquentes dans le cas d᾽étymologies bilingues. Quant au scholiaste de la seconde main, il propose en excursus une étymologie latino-latine du mot "taberna". Il s᾽agit cette fois d᾽une étymologie par à-peu-près phonique : on restitue un chaînon manquant "*trabena" pour faire le lien entre le mot expliqué et l᾽étymon postulé "trabes" : dans ce cas, l᾽usage est de signaler le "barbarisme" nécessaire au raisonnement au moyen d᾽un "quasi" prudent, qui correspond à notre usage de l᾽astérisque.
483. La differentia entre "suadere" et "persuadere" se fait par un raisonnement analogique : "suadere" est à "facere" ce que "persuadere" est à "perficere" ; il y a donc dans le verbe composé un sème spécifique d᾽accomplissement. C᾽est ce qui explique le premier lemme : pour faire faire quelque chose de difficile, il faut donc "persuadere", avec ce que le verbe implique de superlatif par rapport au verbe simple.
484. La citation de Virgile est erronée : chez Virgile on a "Alciden" (donc Hercule) et non "Aeacidem" (donc Ajax). La suite du texte virgilien, qui évoque l᾽enlèvement de Cerbère aux Enfers, ne peut concerner en effet que le descendant d᾽Alcée, non celui d᾽Eaque. Sans doute une lecture trop rapide et non contextualisée de la part de Donat. Ou une mélecture d᾽un copiste dès l᾽archétype.
485. "Ganeum", qui a été l᾽objet d᾽une fiche lexicologique en 359, 2, est ici mis en équivalence avec "carnifex", "bourreau". Le seul contexte où ils sont susceptibles d᾽être considérés comme synonymes est celui de l᾽insulte : les deux mots constituent des apostrophes injurieuses.
486. Donat, se fondant sans doute sur le fait que Syrus fait une concordance au passé, voit donc dans "enarramus" non un présent mais une forme syncopée du parfait "enarrauimus". De même pour la forme "fumat" dans le vers de
L᾽Enéide cité en appui. Les formes syncopées en" -amus" et en "-at", sans être de simples fantômes, sont néanmoins vraiment rares, à cause de leur ambiguïté avec le présent. Et dans les deux cas proposés ici, assez improbables. Mieux vaut imaginer qu᾽"enarramus" est un présent de narration : dans ce cas, la concordance au passé est habituelle.
487. Le pléonasme tient ici à la duplication de "nihil" par "quicquam". C᾽est un pléonasme de pronom (sans doute ce que recouvre la "quatrième catégorie"). La catégorisation du "
παρέλκον" (pléonasme) chez Donat est assez difficile à interpréter. Souvent il numérote les catégories, de
1 à 6. Les catégories
1 et
2 ne sont pas citées explicitement, la
6 est exceptionnelle (And. 291, avec des verbes), la
5 également (en And. 205, 2, avec des négations) et les
3 et
4 (de loin les plus fréquents) semblent ambigus. L᾽idée se fait parfois jour que le critère est donné par la nature des mots qui participent du pléonasme : pronoms, adverbes, noms, verbes... Mais le détail contredit à l᾽occasion cette impression. Ainsi le même "nihil quicquam" est-il effectivement classé pléonasme
4 en Eun. 884,2 ; Pho. 80, 2 ; 250, 4 ; Hec. 400, 4, mais il est pléonasme
3 en Eun. 90, 2. Son correspondant masculin "nemo quisquam", tout aussi nettement constitué de pronoms, est toujours compté comme un pléonasme
3 (Eun. 1032, 2 ; Hec. 67, 1), de même que "plerique omnes" (Pho. 172, 1) et l᾽improbale "quaedam tonstrina" (Pho. 89, 2), alors que les exemples tels que "utrum... an" (Pho. 659), "utrum... -ne" (Eun. 721, 1), "quoque etiam" (Hec. 734, 1), "mecum una" (Hec. 131, 1), "fere plerumque" (Pho. 89, 3), "nondum etiam" (Hec. 192, 1), "quia enim" (Pho. 332, 1), à défaut de présenter toujours des adverbes, présentent en tout cas toujours des formes indéclinables... ce qui n᾽empêche pas "nondum etiam" (ANd. 201) d᾽être classé pléonasme 4... En fait, il est très vraisemblable que les copistes, dès les manuscrits les plus anciens, ont commis des erreurs entre les chiffres iii et iiii ou iv et introduit la plus grande confusion dans le classement méthodique du grammairien.
488. Donat caractérise l᾽aspect phatique d᾽une formule comme "quid agitur ?", qui, sous couleur d᾽être une question, est en réalité une formule inaugurale de la conversation. De fait, Syrus vient d᾽apercevoir Déméa et réalise, avec cette formule, l᾽acte social de la salutation.
489. Donat énonce ici une généralité : tous les vieillards sont sages ou devraient l᾽être. C᾽est donc la conduite du jeune homme qui est qualifiée d᾽imbécile, car il est un jeune imbécile, et celle de Micion qui est absurde, car incompatible avec la sagesse attendue de son âge.
490. Donat semble gêné par la présence conjointe d᾽un déterminant et d᾽une épithète à côté du nom. C᾽est apparemment ce que semblait montrer aussi la scholie 353, 2, avec l᾽emploi de "mea" : si Térence avait dit "mea cara Canathara" au lieu de "mea Canthara", "mea" serait un pronom. Analogiquement, c᾽est la même chose ici : "congrum istum maximum" est constitué de deux groupes, séparés par la diastole. On comprend qu᾽il faut segmenter "congrum istum, maximum" (le congre, celui-ci, le gros), avec "istum" en qualité de pronom à valeur déictique.
491. Les lemmes 382,
1 et
2 forment un tout. Il s᾽agit d᾽analyser la forme "utrum studione". Le problème que se pose Donat est causé par la place de la particule interrogative enclitique "-ne", qui, en théorie, doit s᾽accrocher au premier mot du segment concerné. Le grammairien fait donc plusieurs hypothèses : 1. l᾽ordre à rétablir est "utrumne" (début du lemme
1 et fin du lemme 2), et il y a une tmèse, comme quand on sépare par un ou plusieurs mots deux morphèmes liés d᾽une même unité lexicale (par ex. dans ce fragment, probablement d᾽Ennius ou de Lucilius, cité par Donat dans sa grammaire, où le mot "Massilitanas" est coupé en son milieu : "Massili portabant iuuenes ad litora tanas", "ils portaient les jeunes Marseillais sur le rivage") ;
2 soit il y a pléonasme, dans la mesure où "utrum" et "-ne" ont une même fonction d᾽interrogation totale ;
3 soit il y a ellipse et, en réalité, deux phrases interrogatives distinctes, dont la deuxième commence par "studio", ce qui redonne à "-ne" sa place traditionnelle. En réalité, la structure "utrum Xne... an Y" n᾽est pas isolée (et concurrence la structure "utrumne X... an Y") : cf. par ex. Cic. Verr. 2, 3, 84 : "utrum tibi sumes ad defensionem, tantone... an...". C᾽est plutôt la piste du pléonasme qui est la plus crédible, le tour s᾽interprétant étymologiquement comme "lequel des deux (=de deux choses l᾽une), est-ce que X ou est-ce que Y ?".
492. Il s᾽agit d᾽un extrait de l᾽
Iphigénie d᾽Ennius ; mais l᾽expression relève tout autant de la sagesse populaire que de l᾽intertextualité littéraire.
493. Remarque implicite de morphologie sur le pronom/adverbe archaïque "ellum", "ellam" et sur sa syntaxe : voir la note à And. 855, 2-5.
494. Dans L᾽Eunuque, au vers 525, figurait l᾽expression "ut est audacia". Dans le commentaire afférent, Donat ne disait rien sur le cas d᾽"audacia". Ce qu᾽il signale ici, c᾽est que "dementia" peut se comprendre comme étant au nominatif ("quelle démence est la sienne !") ou à l᾽ablatif, sans doute un ablatif de qualité tronqué ("de quelle démence il est !"). La scansion ne permet pas de trancher. Rappel : ce que Donat appelle le "septième cas" recoupe les emplois non prépositionnels de l᾽ablatif, ceux qui relèvent presque uniformément des valeurs héritées de l᾽instrumental indo-européen.
495. La scholie concerne deux vers d᾽un coup, le
392 et le 393. Donat commente d᾽abord la rectification que "pernimium" (393), intensif, opère sur "nimium" (392), et c᾽est ce qu᾽il nomme au moyen du syntagme grec "
μετ᾽ὰ διορθώσεως". Dans la foulée, il signale que l᾽incise "non quia ades praesens dico hoc", qui interrompt l᾽énoncé de Syrus, prend fin : voilà ce qu᾽il appelait une "suspension" (
τὸ κρεμάμενον). Le verbe
κρεμάω et sa famille sont connus des rhéteurs dans le sens d᾽une suspension de la pensée (par ex. : "
κρεμᾶται ἡ διάνοια", Herm. Cat. 1, 3, 93), souvent en vue d᾽éveiller la curiosité de l᾽auditeur. Sur l᾽établissement du texte, notamment grec, voir la note apposée au texte latin.
496. Donat veut dire que l᾽auditeur entend d᾽abord "quoi que tu sois, tu n᾽es rien...", avant d᾽entendre "...sinon de la sagesse". L᾽opposition "quantus/nihil" est, selon Donat, du plus haut comique. Peut-être peut-on implicitement comprendre qu᾽il conseille de faire une pause entre "nihil" et "nisi" pour l᾽effet comique.
497. Donat remarque un parallélisme sur l᾽attribut du sujet : au lieu d᾽un adjectif, le poète a deux fois mis un substantif. Et ce serait là une marque d᾽hyperbole, dans la mesure où celui dont on parle est ainsi représenté comme le modèle même de la sagesse ou de la rêverie.
498. L᾽ironie est perçue à travers le procédé de la question oratoire qui contraint le personnage à l᾽évidence.
499. C᾽est une étymologie du nom des narines dont on retrouve à peu près la formulation chez Isidore, Et. XI, 1, 47. Elle repose sur le rapprochement phonique entre "nares" et la famille de l᾽adjectif "(g)narus" (connaisseur), dont le contraire est "ignarus". Elle est farfelue mais amusante. On note en tout cas que, comme souvent dans des cas de dérivation, le rapport base/dérivé est inversé : on s᾽attendrait à ce que ce soit "naritas" qui dérive de "nares" et non l᾽inverse. Mais les Anciens ne s᾽occupaient guère de ces détails, ils se contentaient de mettre en relation deux termes, sans se soucier d᾽une hiérarchie particulière. Par la même, le rapport institué est souvent réversible.
500. C᾽est-à-dire que, sans le savoir, Déméa souhaite que son fils reste ce qu᾽il est actuellement, à savoir un dévoyé.
501. Ce lemme, comme celui de 401 4, de même formulation, s᾽apparente à une didascalie. Il s᾽agit, dans une scène où les personnages en viennent assez souvent à penser tout haut, d᾽aider le lecteur de Térence à distinguer les bribes de réplique dialoguées des bribes en aparté.
502. Etymologie classique mais fantaisiste.
503. Une differentia très comparable entre les deux verbes est faite au commentaire de And. 479 ; la même technique militaire du surgissement par surprise y est décrite en accompagnement du verbe "adoriri".
504. Syrus, dans cette prétendue altercation entre les deux frères, fait parler Ctésiphon avec la phraséologie de son père. Notamment, l᾽effet d᾽écho est particulièrement net dans la manière de désigner la jeune fille au moyen du groupe "istaec psaltria" et sa valeur péjorative.
505. De fait, Eschine n᾽est pas sur scène et le fait de l᾽incriminer nominativement (en rappelant la prétendue conversation qu᾽il a eue avec Ctésiphon) et à la seconde personne (ce qui est, de fait, aussi le sens de "persona") ajoute à la virulence du propos. Sur le lien entre nom propre et véhémence, voir par exemple And. 199,
1 et la note ; et, dans une moindre mesure, Pho. 352,
4 et la note.
506. L᾽amplification entre "facere" et "admittere" réside dans le fait qu᾽"admittere" contient un sème ᾽permissivité᾽ ; alors que "facere" désigne simplement le fait de faire quelque chose, "admittere" contient l᾽idée (exprimée par le préverbe "ad-") qu᾽Eschine aurait pu empêcher que l᾽infamie tombe sur la famille mais ne l᾽a pas fait, ce qui est plus grave.
507. La figure de "deinotès" est citée aussi en And. 910, 1, passage auquel on renvoie (voir la note). L᾽habileté, ici, est dans le zeugme "tu perds de l᾽argent" et "tu perds ta vie", qui aboutit en effet à une sorte de "terrorisme" moral, bien dans le double sens du mot grec qui peut désigner à la fois l᾽habileté ou la terreur.
508. Sans le dire très explicitement, Donat relie le démonstratif "iste" à la deuxième personne.
509. Donat reformule : "il a eu à la maison de qui apprendre" équivaut à "il t᾽a eu à la maison". C᾽est aussi une manière implicite de préciser, comme il le fait souvent avec des mots comme "unde", que l᾽adverbe relatif est en fonction de pronom relatif. C᾽est une situation qui convoque souvent, dans son commentaire, la figure de syllepse.
510. Peut-être faut-il comprendre que c᾽est la manière impersonnelle ("on fait de son mieux") de dire quelque chose de personnel ("je fais de mon mieux") qui est caractéristique du personnage. Les moralistes de comédie font, de fait, volontiers dans la généralité.
511. Etymologie habituelle de "sedulo", qui revient plusieurs fois dans le corps du commentaire.
512. La question est la suivante : pourquoi tendre un miroir au jeune homme si c᾽est pour qu᾽il examine les qualités et les défauts d᾽autrui ? Réponse : parce qu᾽il y a deux opérations en une. D᾽abord on observe les autres, ensuite on se regarde soi-même, pour se corriger en se modelant sur les meilleurs d᾽entre eux. Ce n᾽est donc pas l᾽effet du miroir qui est visé (l᾽image de soi), mais sa cause (on se compare à ce qu᾽on a vu juste avant). L᾽expression est assez alambiquée. On peut s᾽étonner en outre que Donat n᾽ait pas saisi la perche que lui tendait Térence pour voir dans cette phrase un passage de méta-théâtre. La métaphore du miroir est en effet utilisée dans la définition de la comédie que donne Cicéron cité par Evanthius (Com. 5, 1), et Donat connaît bien ce passage.
513. Cette étymologie est acceptée par les modernes.
514. Ce n᾽est donc pas la morale en tant que telle, le bien et le mal dans l᾽absolu, qui intéressent Déméa, mais le qu᾽en-dira-t-on. Il reste donc parfaitement dans son rôle.
515. Implicitement, Donat rappelle à nouveau le lien entre "iste" et la deuxième personne. La reformulation voit dans "istaec" un implicite : "c᾽est toi qui as raison", et non pas Micion.
516. Le jeu de mots de Cicéron s᾽interprète ainsi : il y a ambiguïté entre "tu quoque" (toi aussi) et "tu coque" (toi, cuisinier), surtout si, comme le dit Donat, le vocatif "coque" est prononcé "quoque" à l᾽époque. Du coup, si l᾽on remonte dans le commentaire, le choix de Syrus de dire "quod queo" est motivé par la paronomase avec le verbe "coquo" (prononcé "quoquo"). En revanche, l᾽autre plaisanterie de Syrus citée pour attester qu᾽il n᾽est jamais sérieux, ne relève pas de la paronomase mais du jeu de mot polysémique. Cf. le lemme 427.
517. "Sapientia", de la famille de "sapor" (saveur) et de "sapere" (avoir du goût) est ici à prendre au sens étymologique de "goût".
518. Donat signale la valeur générale de la deuxième personne employée ici par Syrus, et qui équivaut à "on" du français.
519. La rusticité du personnage de Déméa est ici caractérisée par son impolitesse (refus de saluer) et par sa faible connaissance du code des maximes conversationnelles : alors que "numquid uis ?" est une formule codifiée de demande de congé, il donne à cette question purement phatique une réponse que personne n᾽attendait.
520. Encore une remarque sur les maximes conversationnelles et la valeur illocutoire des actes de langage : sous la question se niche un ordre.
521. Est en cause ici, comme presque à chaque fois dans la même situation, une remarque de syntaxe des genres ou des cas, qu᾽il arrive à Donat de nommer syllepse. Déméa reprend l᾽antécédent masculin "is" par le groupe relatif "quam ob rem" (qui implique donc une chose) : ce faisant, il réifie Ctésiphon. De même dans l᾽autre exemple cité, où le masculin "eo" est ensuite remplacé par le neutre "id".
522. Tout dépend du genre du démonstratif "hoc". Si le pronom est neutre, son référent est alors la proposition précédente, qui fait mention de l᾽âge d᾽Hégion. Le locuteur, après avoir dit qu᾽Hégion est un vieil homme, s᾽empresse alors de dire "pourvu qu᾽à cause de ce grand âge il ne lui arrive pas malheur en public !". Si le pronom est masculin, son référent est évidemment Hégion, et le texte se comprend comme un éloge d᾽un homme irréprochable vis-à-vis de l᾽Etat.
523. On a là un précepte important, que retiendront les doctes de l᾽époque classique : il est contre-productif de redire quelque chose que le spectateur sait déjà. Mais une question doit toujours se poser alors : comment celui qui arrive, et qui n᾽a pas assisté au premier récit, est-il au courant de ce qui s᾽est passé ? Ici, la chose est claire : Géta, qui a le premier raconté l᾽épisode de l᾽enlèvement, est allé chercher Hégion à qui il avait mission de raconter ce scandale, qui ne doit pas quitter la sphère familiale. Le second récit vient donc d᾽avoir lieu hors scène.
524. Cf. Donat Ars maior, GL IV, 379, 26 : "Qualitas pronominum bipertita est. aut enim finita sunt pronomina aut infinita. finita sunt quae recipiunt personas, ut ego tu ille ; infinita sunt quae non recipiunt personas, ut quis quae quid : sunt etiam pronomina minus quam finita, ut ipse iste. sunt praepositiua, ut quis hic; sunt subiunctivua [uel relatiua], ut is idem"... (il y a deux sortes de pronoms : de fait ils sont ou définis ou indéfinis. Les définis sont ceux qui marquent la personne, comme "ego", "tu", "ille" ; les indéfinis sont ceux qui ne marquent pas la personne, comme "quis, quae, quid". Il y a aussi les pronoms semi-définis, comme "ipse", ᾽iste" ; les préposés, comme "quis", "hic" ; les postposés, comme "is", "idem"...). La typologie de Donat n᾽est pas homogène. Il signale qu᾽il y a deux qualités de pronoms, qui distinguent les définis (comme les pronoms personnels, qui sont définis par la situation d᾽énonciation) et les indéfinis (comme l᾽interrogatif, à portée illimitée). Mais les "minus quam finita", les "moins que définis" (que nous traduisons ici par semi-définis) sont-ils une troisième catégorie ? Une sous-catégorie des "infinita" ? Des "finita" ? En tout cas, dans la grammaire de Donat, "ipse" est bien l᾽un des exemples de ce sous-type : en effet, il accompagne les pronoms personnels, qui lui donnent donc un peu de "défini", mais il est polyvalent ("ipse ego", "ipse tu", etc.), et a donc un caractère moins défini que "ego" ou "tu" . Quant à "is", il appartient à la catégorie des "subiunctiua", et l᾽on voit que le critère de différenciation s᾽est déplacé : ces pronoms-ci s᾽opposent aux "praepositiua" sur un plan syntaxique (ordre des mots) et sémantique : les "praepositiua" se placent avant leur référent (ils sont donc cataphoriques, ainsi l᾽interrogatif "quis"), alors que les "subiunctiua" se placent après leur référent, qu᾽ils reprenennt (ce sont donc des anaphoriques). L᾽opposition entre les "minus quam finita" et les "subiunctiua" n᾽est pas bonne, car elle n᾽est pas exclusive. Ainsi "quis" est cité à la fois parmi les "infinita" et parmi les "praepositiua". On peut donc analogiquement imaginer qu᾽un pronom puisse être classé à la fois parmi les "minus quam finita" et les "subiunctiua".
525. Les deux reformulations proposées sont hétérogènes sur le plan énonciatif : au discours direct pour la première, indirect pour la seconde.
526. Cf. le commentaire à 454, 6.
527. "Facere" est sous-entendu, mais "facient" est présent dans la proposition rectrice. La notion de syllepse est ici sans doute motivée par le fait qu᾽il y a une relative complexe "quae aequum est illos <facere>", dans laquelle le pronom relatif a une fonction non dans la relative elle-même stricto sensu mais dans l᾽infinitive qui dépend de la relative. Procédé banal en syntaxe classique.
528. Son corrélatif est alors "cliens".
529. "Parens" désigne le père ou la mère, au pluriel les parents, dans une relation verticale ; mais il a aussi (comme en français, dans "nous sommes proches parents") le sens de "membre de la même famille", dans une relation horizontale ou collatérale. C᾽est ce que veut dire Donat ici par "aequali loco" : Hégion n᾽est le géniteur d᾽aucun membre de la familia de Sostrata, mais il leur est apparenté. Il n᾽est pas impossible aussi que la présence dans le commentaire de l᾽adjectif "aequalis" ne cache une étymologie cryptée de "parens" sur l᾽adjectif "par" (égal, identique).
530. Differentia à trois termes dans le lexique de la trahison, chacun avec sa spécificité et son exemple littéraire. Le commentateur de la deuxième main a inséré un exemple virgilien inutile, dans la mesure où le commentateur principal avait illustré "defectio" chez Salluste (et la matérialisation de son sème spécifique avec "sociorum"), "prodo" chez Térence (et la matérialisation de son sème spécifique avec "gnatum") et "desero" chez Plaute (et la matérialisation de son sème spécifique avec "libertos"). L᾽exemple virgilien de la seconde main contrarie plutôt ce bel ordonnancement, dans la mesure où, dans le rapport traître vs trahi, il n᾽y a pas dans le vers de Virgile de "parens" évident.
531. La fin du lemme évoque implicitement la réponse d᾽Hégion "caue dixeris", "ne dis pas cela". Cette réplique peut en effet se comprendre comme une réponse euphémistique à Géta, qui vient de dire "nous sommes morts", ou une accroche à "si deseris tu" : "si tu nous abandonnes... -Ne dis pas cela...".
532. Même formulation exactement que dans And. 49, 1. Ce que Donat veut dire ici, comme le montre la suite du lemme, c᾽est que "iubere" représente une phase psychologique postérieure à "uelle" : il faut d᾽abord vouloir avant d᾽ordonner.
533. Sur l᾽établissement du texte, voir la note apposée au texte latin. Les citations homériques viennent toutes les deux en appui d᾽une analyse de l᾽hystéron protéron. Un peu plus haut dans le texte de la première citation, nous lisons "
ἐθέλεις" (tu veux) et le raisonnement est "sans doute as-tu l᾽intention de me voir faire la grève du combat, puisque tu m᾽ordonnes maintenant de rendre la fille". Sur la deuxième, à vrai dire bien plus claire, voir la note du texte latin.
534. Quelle que soit la solution adoptée, il semble clair que "liberalis" est situé plus haut que "bonus" dans l᾽échelle des valeurs.
535. Pourquoi Donat traduit-il en grec un adjectif latin bien connu ? Est-ce parce qu᾽il cite implicitement le passage correspondant dans la pièce originale ? Ou est-ce parce que l᾽adjectif "aequalis" à son époque signifie presque exclusivement "égal" et que, "aequaeuus" n᾽étant pas bien fréquent, il juge nécessaire d᾽ajouter un autre synonyme, qu᾽il ne trouve que dans l᾽autre langue ?
536. La reformulation de Donat, de l᾽ordre de l᾽évidence, vise peut-être à signaler qu᾽il s᾽agit de l᾽emploi standard du comparatif, et non pas de l᾽emploi formulaire de la langue du droit, "amplius", par laquelle le magistrait renvoyait "à plus ample informé" et demandait davantage d᾽information pour l᾽instruction de l᾽affaire.
537. C᾽est dans cette citation le verbe "impellitur" qui fait office du terme "impulsio" (qui est son nom d᾽action). Donat, comme souvent es lexicographes antiques, illustre le sème plutôt que le lexème lui-même.
538. La differentia proposée par Donat tend à montrer surtout qu᾽il y a une progression du moins fort vers le plus fort, tant chez Térence que chez Cicéron dans l᾽illustration proposée.
539. Donat ne cite pas expressément le texte térentien (il écrit "orabat" au lieu de "orans", etc.) ; disons qu᾽il le cite allusivement : on y trouve les mêmes mots, mais sous une autre forme et parfois dans un autre ordre.
540. L᾽atticisme et le caractère superflu relevés ici signalent en réalité l᾽emploi d᾽un datif éthique (cf. en français "me" dans "tu vas me la calmer, cette petite ?"), marque d᾽oralité impliquant de l᾽émotion. Si le grec connaît cet emploi, le latin le connaît aussi et cela n᾽a rien de spécialement attique. Peut-être Donat constate-t-il, s᾽il a le modèle de la pièce grecque sous les yeux, qu᾽il y a un datif éthique à cette même place ?
541. C᾽est une autre manière d᾽évoquer l᾽emploi du datif éthique, comme en 476, 4.
542. L᾽enjeu de ce commentaire est à la fois sur le rapport entre un adjectif qualificatif et le nom qu᾽il qualifie et sur l᾽usage rhétorique de la négation. Dire que Socrate n᾽est pas maladroit, si ce n᾽est pas une litote valant "il est décidément très fort, ce Socrate", est une tautologie qui tend à abaisser la qualité intrinsèque ; dire qu᾽un esclave n᾽est pas maladroit relève du compliment occasionnel et dans ce cas le fait de nier l᾽adjectif péjoratif correspond à de l᾽emphase. Tout dépend donc de la personne à qui s᾽attache l᾽adjectif.
543. Comme on le voit de la citation d᾽Afranius, le tour "ut captus est seruorum" a quelque chose de formulaire. Les explications embarrassées de Donat nous indiquent que "captus" est un substantif (de quatrième déclinaison) dont le sens aiguille soit vers la faculté de saisir quelque chose (intellectuellement), de le "capter", soit vers les hasards de la chasse et de la pêche ; "sors", "lot tiré au sort" en est alors un quasi-synonyme. Le mot s᾽interprète donc comme "coup de filet" ou "loterie".
544. Simple glose étymologique, qui rappelle le rapport en "ars" et "iners", et qui remplace l᾽énoncé-litote à double négation ("neque" + "in-") en énoncé affirmatif ("habens").
545. C᾽est-à-dire qu᾽il fait l᾽éloge de Géta alors qu᾽il s᾽apprête à le faire soumettre à la question. L᾽éloge vient donc à l᾽avance minimiser l᾽atrocité de la proposition suivante.
546. Car on aurait pu craindre que deux femmes seules n᾽aient d᾽autre solution que de faire métier de leurs charmes.
547. Soit "alit illas solus, omnem familiam sustentat" (il les nourrit tout seul, il pourvoit à l᾽entretien de toute la maisonnée), soit "alit illas, solus omnem familiam sustentat" (il les nourrit, seul il pourvoit à l᾽entretien de toute la maisonnée). Comme on voit, cela ne fait guère de différence.
548. Implicitement "sustentat", le dernier mot de la scholie précédente.
549. Tant dans le vers térentien que dans l᾽exemple tiré de
L᾽Enéide, ce qui est en cause c᾽est la morphologie de l᾽impératif des verbes "dico" (ici représenté par son composé "edice" dans l᾽extrait virgilien), "duco" (ici "abduce"), "facio" et "fero" (implicites). La forme correcte d᾽impératif, réputée ici postérieure, est sans -e final, du moins pour les verbes simples : "dic", "duc", "fac", "fer".
550. Térence, selon Donat, suit l᾽ordre chronologique de la procédure. 1-On isole l᾽esclave, 2-on l᾽attache pour éviter qu᾽il ne fuie, 3-on le torture pour obtenir son témoignage. Dans ce cas, on peut aussi supposer que l᾽ordre que vise le grammairien concerne la place du pronom "hunc", mis en facteur commun aux deux verbes dont il est le COD.
551. Sur cette forme voir la note apposée au texte latin.
552. Ce commentaire d᾽allure tautologique est en fait une remarque de morphologie. Il faut interpréter "uinci" comme impératif présent de "uincire" (attacher) et non comme l᾽infinitif présent passif de "uincere" (vaincre), ce qui s᾽interprèterait "abduce uinci" (emmène-le pour qu᾽il soit vaincu).
553. On se souviendra que les esclaves ne peuvent déposer valablement que sous la torture. Même si Géta est d᾽accord pour déposer, il faudra le torturer, au moins pour la forme, pour que son témoignage ait valeur légale. Voir le vers suivant.
554. Chez les rhéteurs, la preuve non-technique est celle qui peut être administrée sans déduction de la part de l᾽enquêteur. L᾽aveu en fait partie, la torture en est donc un moyen. Cf. par exemple Cic. Part.
6 et
48 (sous l᾽appellation "sine arte <argumenta>"), Rh. Her. II, 9-
12 et Quint. V, 1, 1.
555. Donat veut dire que le préverbe "ex-" a une valeur intensive.
556. Reformulation dans laquelle, comme souvent, Donat utilise des synonymes dotés du même préfixe.
557. Donat n᾽utilise pas, en général, ce terme de "procuratio" pour parler de préparation (d᾽un prochain épisode, d᾽un prochain effet scénique, etc.). Nous supposons qu᾽il s᾽en sert ici sous la pression morphologique forte du terme grec
προθεράπευσις, qu᾽il vient peut-être de découvrir, en tout cas d᾽utiliser au commentaire du vers 481, et qui est le modèle du calque morphologique "pro-cura-tio". Signalons que peu après il utilise un autre terme inédit apparenté à
προθεράπευσις, à savoir
ἐπιθεράπευσις (Ad. 500). Devons-nous supposer qu᾽il a sous la main une fiche lexicologique sur la famille du verbe grec
θεραπεύω ?
558. L᾽invocation de la jeune femme relève du "copier-coller" : on la retrouve identique, dans les mêmes circonstances dramaturgiques, dans la bouche de la jeune parturiente de And. 473. Et, comme dans
L᾽Andrienne, cette réplique se fait depuis la coulisse. Donat le note en And. 473, 4. Il en fait aussi la remarque dans la Préface de
L᾽Andrienne, Praef. 1, 9. Il existe donc une règle de bienséance qui fait qu᾽on ne montre pas sur scène une jeune fille sage et honorable. Les personnages féminins qui se montrent sont des matrones, des entremetteuses, des esclaves, des accoucheuses, des nourrices, etc., et surtout des courtisanes. Pour ce qui est de la représentation, quel est le statut de cette réplique hors-scène ? Un acteur non visible se contentait-il de la dire depuis le postscaenium ? Ou utilisait-on une machine, comme l᾽eccyclème, pour montrer conventionnellement au spectateur un épisode qui se passe à l᾽intérieur de la maison ?
559. La construction "decet uobis (facere)" est correcte, mais on attend plutôt "decet uos (facere)". D᾽où le passage par le grec. Donat veut dire que la tournure avec le pronom au datif est influencée par l᾽expression grecque correspondante. On peut comprendre implicitement qu᾽il cite ici Ménandre, le modèle de Térence.
560. Son caractère grave et sérieux est marqué par le ton solennel et décidé de cet "ego, Demea".
561. Comprendre : il dit "j᾽essaierai" et non pas "je réussirai", pour qu᾽on ne puisse pas lui dire qu᾽il a échoué. Il donne donc des assurances sur sa motivation, non sur le résultat. Par ailleurs Donat n᾽explique pas ici, comme il l᾽avait fait plus haut à propos d᾽une réplique de Sostrata (Ad. 350 1), qu᾽"experiar" a sans doute son sens technique de "j᾽esterai, j᾽irai en justice".
562. Si l᾽on comprend bien le commentaire, Donat, d᾽une façon apparemment toute tautologique, semble dire que le sens de "spondere" est "dire ᾽spondeo᾽". Comprendre que "spondeo" dans son emploi performatif (je m᾽engage) est devenu formulaire dans la langue des tribunaux ; à partir de là, il peut devenir un verbe délocutif (au sens benvenistien), mais au sens de la délocutivité généralisée (cf. les travaux d᾽Anscombre et Ducrot), "dire spondeo" ; de là, il perd sa valeur performative et sa valeur délocutive et décrit simplement l᾽activité de celui qui intente un procès, le plaignant. D᾽où "respondere" (d᾽où est parti le commentaire), au sens de "᾽spondere᾽ à son tour", donc "plaider en second dans un procès". Donc Hégion se pose en plaignant (celui qui, implicitement, "spondet"), Déméa et Micion, à qui il a (métaphoriquement) intenté un procès, sont en position de répondeurs.
563. Chez Virgile, on lit d᾽ordinaire "loquelas" (paroles doucereuses). Le ms. K de Donat a d᾽ailleurs rectifié la citation en ce sens.
564. Le commentateur de la seconde main fait, lui, une étymologie implicite par le grec, rapprochant (légitimement) "(re)spondeo" du grec
σπένδω (faire une libation),
σπονδή (libation), d᾽où la "traduction" par le verbe "fundere" et l᾽exemple virgilien en appui. De fait les deux séries lexicales sont apparentées via l᾽indo-européen, mais assez éloignées sur le plan sémantique. L᾽idée de base est celle de "garantir par une libation solennelle" ; le latin a mis en valeur l᾽acte de langage ("s᾽engager"), le grec l᾽opération religieuse ("faire une libation, une offrande liquide").
565. Le commentaire porte donc sur le sens de l᾽adverbe "facil(lim)e".
566. C᾽est là une remarque de "Donat" éditeur de texte et comparant plusieurs volumes de Térence ou de commentaires précédents.
567. Autrement dit, cette courte scène marque-t-elle la fin d᾽un dialogue commencé chez Sostrata et qui se conclut avec le retour sur scène d᾽Hégion, qui continue à parler à son interlocutrice qu᾽on ne voit ni n᾽entend, ou est-elle la première phrase d᾽un nouveau développement ?
568. Dans un lemme au texte un peu embarrassé (et indécis par endroits), il est difficile d᾽être sûr de déterminer ce que commente Donat. Peut-être tâche-t-il de faire une distinction entre "intro" (qu᾽avait prononcé Hégion quelques vers plus haut, pour demander à Géta de l᾽introduire chez Sostrata) et "intus", qu᾽on trouve dans l᾽exemple cité de
L᾽Andrienne et qui clôt la pièce. On sait que, pour les Latins, qui à cet égard optent pour le point de vue de la coulisse, "entrer" signifie "aller dans une maison du décor" et donc "sortir de scène". Réciproquement, "sortir" ("exire", "egredi") signifie ce que nous appelons "entrer sur scène". Ici donc, Donat voit peut-être, entre "aller ᾽intro᾽" et "aller ᾽intus᾽" une distinction entre deux lieux scéniques. "Intus" désigne le hors-scène, ce lieu invisible où se concluent par exemple les contrats de mariage de la toute fin ; "intro" désignerait, par opposition, un lieu codifié de l᾽avant-scène. On devrait donc voir Hégion parler (muettement d᾽abord) à Sostrata pendant que se déroule la fin de la scène précédente. Donat signale (en grec) que c᾽est invraisemblable. Alors pourquoi a-t-il cette idée ? Peut-être pour éviter une scène vide : Hégion quitte avec Géta la scène pour entrer chez Sostrata, le temps pour Déméa de faire un court monologue. Puis Déméa quitte la scène (alors vide). Puis Hégion revient, pour une minuscule réplique qui clôture l᾽acte III. Donc s᾽il est resté en avant-scène ("contre le vraisemblable"), il permet de faire une liaison de scène entre III,
4 et III,
5 (scène qui n᾽existe pas dans tous les exemplaires, selon le commentaire inaugural de cette scène) et évite au plateau de rester vacant un tout petit peu trop tôt.
569. Apparemment Donat voit dans "sis" la formule de politesse (équivalant à notre "s᾽il te plaît") qui adoucit le caractère trop impérieux d᾽un ordre. De fait, il fait un rapprochement avec la formule "si eis uideatur", dans laquelle on a une proposition hypothétique. Or "sis" est l᾽abrégé de "si uis", "si tu veux". C᾽est donc ce mot que Donat analyse ici. Mais on peut aussi plutôt voir dans ce "sis" la forme de subjonctif de "sum" et comprendre "fais en sorte d᾽être ("fac sis", avec un subjonctif de parataxe) de bonne composition". C᾽est bien, en tout cas, la structure qu᾽on trouve juste en dessous : "istam fac consolere" avec subjonctif paratactique. Est-ce parce que Donat s᾽attend à trouver chez Térence plutôt la forme "sies" pour le subjonctif qu᾽il analyse de cette façon un peu acrobatique la forme "sis" ? Peut-être, si l᾽on en juge selon son commentaire de 934, 3 : voir notre note ad loc.
570. Le mot "consolere", à moins qu᾽il ne s᾽agisse de comprendre "comme la voix même d᾽Hégion est triste", selon le sens qu᾽on donne au mot "uox" ("voix" ou "mot").
571. Au vers 401, dans la scène
3 de l᾽Acte III.
572. Donat veut dire que si Térence avait mis "triduum" à l᾽accusatif de durée, cela signifierait d᾽emblée "pendant ces trois jours pleins" ; avec l᾽expression "hoc triduo" à l᾽ablatif, le sens est plutôt "dans l᾽intervalle de ces trois jours", et il faut ajouter "perpetuo" (en continu) pour que cela devienne une pleine et entière expression de la durée sans interruption.
573. Le commentaire et le lemme commenté n°
2 ne sont pas en phase, ce qui explique que Wessner ait posé des cruces autour du lemme, comme il le fait systématiquement dans ce cas-là. Nous les supprimons, car le texte édité (qui est celui de Térence) ne pose aucun problème. Il est clair, en revanche, que Donat continue de commenter la réplique de Syrus qui est l᾽objet du commentaire du lemme 1 : le jeune homme a souhaité que son père se fatigue au point de ne pas bouger de son lit pendant trois jours, à quoi Syrus renchérit en disant "et mieux encore si possible", ce qui peut s᾽interpréter de deux façons : "qu᾽il reste alité encore davantage" (et c᾽est sur la foi de cette interprétation que Ctésiphon répond "oui"), ou "qu᾽il crève !", ce que Ctésiphon, par souci de convenance, ne comprend pas.
574. Il s᾽agit là du seul fragment conservé de cette comédie de Naevius. Donat le cite comme exemple de jeune homme de comédie qui reste en dehors de la convenance en souhaitant la mort de ses parents.
575. Il est en effet fait référence au type de comédie, ici le "senex", vieillard généralement débile, au sens physique du terme, par opposition avec le "seruus currens". Donat dira en
541 que le senex est bien faible physiquement, ce qui motive une invention dramaturgique de Térence pour sauver la vraisemblance.
576. Le pléonasme est dans la jonction de l᾽adverbe négatif "numquam" et du pronom positif "quicquam" (qui n᾽enlève rien à la polarité négative de l᾽énoncé). C᾽est le même genre d᾽effet qu᾽on a en français dans un tour comme "il n᾽a rien fait du tout" dans lequel "du tout" ne semble avoir aucune autre fonction que d᾽appuyer l᾽assertion négative.
577. Pas plus qu᾽il n᾽interprétait plus haut le double sens à propos de la mort souhaitée de son père. Donat, après avoir invoqué la convenance (il serait inconvenant qu᾽un jeune homme souhaite la mort de son père), invoque ici la typologie des caractères : inculte et tenu à l᾽écart de la ville, Ctésiphon se conforme à son rôle en n᾽interprétant pas les doubles sens.
578. Comme plus haut, lemme et texte commenté ne sont pas en phase. Nous éliminons les cruces de Wessner. Le commentaire ici porte en réalité sur la réponse de Syrus en fin de vers "potest", sur laquelle on peut développer l᾽ellipse "<fieri ut> ueniat in mentem" (si, ça peut venir à l᾽esprit).
579. On croit avoir là un argument d᾽un de ces pères jésuites que fait parler Pascal dans les
Provinciales !
580. Cf. Cic. Fat. 1 ; Quint. III, 8, 25.
581. Il n᾽y a pas en soi de contradiction entre les lemmes
1 et 3. Donat, cherchant comme d᾽habitude à attribuer les répliques de la façon la plus plausible, finit par dire que les mots semblent plus adaptés au caractère de Ctésiphon, mais que, en même temps, il serait plus drôle que ce soit Syrus qui les dise. On ne sait pas comment il a tranché en définitive dans ce débat.
582. Sous cette tautologie apparente, Donat signale que le verbe "calleo" est ici utilisé en emploi transitif, ce qui fait de lui un verbe de connaissance.
583. Il existe deux verbes de même sens, "ferueo" (infinitif "feruēre") de la deuxième conjugaison, et "feruo" (infinitif "feruĕre") de la troisième conjugaison. Ce dernier est archaïque. En revanche, Donat ne signale pas s᾽il analyse la forme "feruit" comme un indicatif présent ou comme un indicatif parfait. Nous l᾽avons traduite (dans la version française de la comédie) comme un parfait.
584. C᾽est un lemme très long par rapport aux usages de Donat. Il consiste en une notule sur le sens et l᾽origine du proverbe "lupus in fabula". Le caractère proverbial est assez net : cf. Otto 1962 ; Cicéron l᾽évoque dans une lettre à Atticus (Att. 13, 33 a : "de Varrone loquebamur ; lupus in fabula. Venit enim ad me", "nous étions étions en train de parler de Varron ; le loup de la fable : le voici qui vient vers moi"), ainsi que Servius dans le commentaire qu᾽il donne au vers de la neuvième Bucolique que cite Donat dans ce lemme (Serv. ad Buc. 9, 54 : "unde etiam prouerbium hoc natum est lupus in fabula quotiens superuenit ille de quo loquimur", "d᾽où vient le proverbe ᾽lupus in fabula᾽, dès que survient celui dont nous parlons) ou le grammairien Pompée (GL 5, 311,
31 "de nescioquo loquebaris, et subito uenit is, dicis tu lupus in fabula", "tu étais en train de parler de n᾽importe qui et le voilà qui vient : toi tu dis ᾽lupus in fabula᾽"), sans parler de Donat lui-même dans son grand traité de grammaire (GL 4, 402, 11) ; bien sûr on pourrait penser que dans tous ces cas il s᾽agit au fond d᾽une citation du vers des
Adelphes et que l᾽expression pourrait n᾽être devenue proverbiale qu᾽à partir de Térence, mais en fait on la trouve aussi chez Plaute (Stich. 577) avec la variante "lupus in sermone" ; dans cette pièce aussi il est question de l᾽arrivée fortuite de celui dont on parle précisément. Mêmes circonstances et variation d᾽expression : on est bien dans le domaine du proverbe. Mais il semble qu᾽on puisse hésiter sur la valeur contextuelle de ce tour. Chez Térence, Plaute, Cicéron, il y est à chaque fois question de l᾽irruption de la personne dont on parle, irruption qui n᾽est pas nécessairement une menace, comme on le voit chez Cicéron. On est alors dans le registre de "Tiiens, quand on parle du loup...". Mais Donat explique que cela revient à dire "Tais-toi !", comme si l᾽arrivée inopinée de telle personne représentait nécessairement une menace. De fait pour les Romains, l᾽apparition d᾽un loup dans l᾽enceinte d᾽une ville était un prodige qu᾽il fallait expier selon une procédure complexe. Voir Trinquier (2004).
585. Williams (1970) et Jocelyn (1971) s᾽accordent à conserver le texte "Capua" (voir la note apposée au texte latin) et à le justifier, même s᾽ils divergent un peu dans leur interprétation. Williams, s᾽inspirant de pratiques de comptines anglaises connectées à l᾽actualité (baby baby naughty baby / hush, you squalling thing, I say. / Peace this moment, peace, or maybe / Bonaparte will pass this way (Williams (1970, p. 65)), suppose que ce loup venant de Capoue serait né de la figure repoussoir d᾽Hannibal. Jocelyn quant à lui suppose qu᾽il s᾽agit d᾽un loup-garou, Pétrone attestant qu᾽on peut à Capoue se transformer aisément en loup-garou (Sat. 62). Peut-être faut-il voir dans le loup de Capoue une allusion à Spartacus, Crixus et Oenomaus, tous trois originaires du "ludus" de Capoue et qui ravagèrent comme on le sait la péninsule italienne pendant de longs mois en
73 avant J.C. Dans cette dernière hypothèse, la lexie "le loup de Capoue" serait devenue proverbiale après l᾽époque de Térence et Donat ferait un anachronisme en expliquant le tour de Térence par cette lexie populaire.
586. C᾽est à l᾽origine du proverbe que s᾽intéresse dans la fin de ce lemme copieux le commentateur. Il semble qu᾽il en voie trois possibles, toutes en relation avec un sens de "fabula". 1. D᾽abord, il rappelle une croyance populaire folklorique paysanne ("fabula") : les gens croient que voir un loup ou être vu par un loup fait perdre la parole. Pline (8, 80) relaie cette légende : "Sed in Italia quoque creditur luporum uisus esse noxius uocemque homini, quem priores contemplentur, adimere ad praesens" (mais en Italie aussi on croit que voir un loup est dangereux et qu᾽un homme que les loups ont vu en premier se voit ôter immédiatement la voix) ; Isidore de Séville (Et. 12, 2, 24) la colporte aussi : "rustici aiunt uocem hominem perdere, si eum lupus prior uiderit" (les paysans disent qu᾽un homme perd la voix si un loup l᾽a aperçu en premier ; texte identique chez le grammairien Julien de Tolède citant un exemple de paroemia "proverbe"). Et il existe des traces grecques de cette croyance : cf. Platon Rep. 1, 336 d. A l᾽appui de cette origine paysanne et folklorique, Donat cite Théocrite et Virgile. Le proverbe signifie donc originellement "le loup dans la croyance populaire". 2. Ensuite, il évoque des histoires de bonnes femmes ("in nutricum fabulis"), qui racontent aux petits enfants des récits terrifiants sur le loup, sans doute pour qu᾽ils restent prudemment dans leur lit. Le proverbe veut alors dire au départ "le loup dans les histoires de bonnes femmes". 3. Enfin, une troisième origine possible (que Donat réfute comme mensongère) est liée au sens littéraire de "fabula", pièce de théâtre. Un loup serait entré sur scène, sans doute au moment où l᾽on parlait de lui, pendant la représentation d᾽un drame historique ("fabula praetexta") de Naevius intitulée, selon les sources, soit
Romulus, soit
Lupus (
Le Loup), soit
Alimonium Remi et Romuli (littéralement "la nourriture de Rémus et Romulus", allusion à leur petite enfance nourrie au lait de la louve). Le proverbe signifierait alors "le loup dans la pièce de Naevius".
587. C᾽est la citation récurrente pour illustrer ce sens affirmatif de "ne".
588. Le latin, notamment archaïque, utilise de façon figée des substantifs au génitif partitif pour accompagner des adverbes de lieu : "ubi terrarum" (où parmi les terres ?), "nusquam gentium" (nulle part parmi les nations), etc. Cf. le français "nulle part au monde". La suppression du mot au génitif n᾽entache en rien le caractère grammatical de la phrase, et c᾽est ce que commente ici Donat.
589. Le commentaire porte sur la vraisemblance. Un personnage de jeune homme, comme le fait Phédria dans
L᾽Eunuque quand sa maîtresse tente de l᾽éloigner trois jours de la ville, peut faire l᾽aller-retour maison de ville-maison de campagne au pas de course sans rompre la conformité avec son personnage. Mais avec un vieillard, la situation serait soit invraisemblable, soit si pathétique qu᾽elle friserait le tragique. D᾽où la rencontre que Déméa fait d᾽un de ses ouvriers à peine sorti de scène et qui lui évite de rentrer jusqu᾽à son domaine. Il reste donc disponible pour le reste de l᾽action et se cantonne dans les limites physiques qui sont celles de son personnage. Donat fait apprécier l᾽extrême attention au détail de Térence, mais fait en même temps admirer la sienne.
590. Autrement dit : "a uilla" est-il un complément d᾽origine développant un verbe de mouvement qui resterait implicite, ou est-ce une variante de "de uilla" en fonction de partitif ?
591. Implicitement "nisi me credo".
592. Implicitement "nisi quia me credo". Il n᾽est pas sûr que l᾽expression rectifiée soit meilleure que l᾽originale, dont on ne voit pas exactement ce qu᾽elle a d᾽inédit.
593. Comprendre que "huic rei" (ou sa reformulation "ad hanc rem") est en emploi cataphorique pour annoncer le complément qui suit : "que je suis né pour cela, à savoir subir des avanies".
594. Procédé qui consiste à répéter une structure en tête de segment. Déjà noté en
496 et 33, 6. C᾽est Estienne (1529) qui propose de voir sous la lacune unanime des mss. le mot grec ἐπαναφορά. Il est donc en quelque sorte l᾽auteur de la scholie 546, 1.
595. "Obnuntio" est donc analysé comme un composé dont le premier membre est le substantif "omen" (présage) et non un préverbé en "ob-", ce qui est bien surprenant (surtout eu égard à l᾽opposition qui est faite d᾽abord avec l᾽autre préverbé "ad-nuntio"). Il semble, à la lecture du TLL, confirmée par Maltby (1991), que Donat soit le seul à imaginer cette étymologie.
596. Sur cette typologie, voir la note à 2,
4 et à 319, 1.
597. Les deux mêmes citations sont utilisées aux mêmes fins au commentaire au vers 319, 1.
598. Il ne s᾽agit pas d᾽une remarque morphologique. "Taces" et "respondes" ne sont pas des formes archaïques d᾽impératif. Donat fait une remarque stylistique : les Anciens utilisaient un tour interrogatif à l᾽indicatif en lui donnant pragmatiquement la valeur d᾽un ordre. Cf. en français un tour comme "Vas-tu te taire ?".
599. C᾽est-à-dire que Térence insiste davantage sur le déplacement vers la cachette que sur le résultat de l᾽opération. Mais on ne voit pas trop ce que cela a d᾽"élégant".
600. Ce prétendu sens propre n᾽est pas connu. Le mot "gannitus" désigne le jappement du chiot ou le grognement de plusieurs animaux. Pour les plaintes humaines, il n᾽est que métaphorique.
601. Cf. la remarque faite au vers 544.
602. Ces trois premiers lemmes forment un tout. La question est sur le sens de "usque occidit" : si "occidit" veut dire "tuer" (procès qui ne souffre pas de degré), alors c᾽est que "usque" veut dire "presque" : "il a failli me tuer", "pour un peu il me tuait". Mais peut-être faut-il comprendre "occidit" avec son sens archaïque de "frapper", auquel cas "usque" est un intensif : "il m᾽a beaucoup frappé". La troisième solution envisagée implicitement relève de l᾽idiotisme comique, du tic de langage (lemme 3) : "usque" et "occidit" ont leur sens moderne, et la phrase est absurde : "il a été jusqu᾽à me tuer" : comment peut-on dire cela après avoir été roué de coups à mort ? Est-ce donc un mort qui parle ? C᾽est ce que signifie le lemme 3.
603. Il existe en effet deux formes homographes, distinguées par la seule quantité du i central : 1. "dis-cīdit", parfait de "discīdo" (composé de "caedo", "couper"), lequel verbe semble ne pas avoir de parfait en réalité : c᾽est l᾽option d᾽Asper ; 2. "di-scĭdit", parfait de "discindo", composé de "scindo", "déchirer". Dans ce débat où, une fois n᾽est pas coutume, Donat prend parti de façon personnelle, on peut donner raison à Asper, metri causa : c᾽est ce que propose Marouzeau dans son commentaire métrique du vers
559 à la p.
186 de son édition du théâtre de Térence, C.U.F., tome 3.
604. Comprendre que, en soi et pour soi, le fait pour un maître de fouetter son esclave est de l᾽ordre du normal ; pour rendre cette situation pathétique, il faut ajouter des éléments, par exemple celui du grand âge de l᾽esclave. Cf. aussi le commentaire au vers 566, 2.
605. Cf. 562, 2.
606. Donat signale le caractère perlocutoire de la question de Déméa qui, en demandant si son frère est là de façon ouverte (particule neutre "-ne") ne veut en réalité entendre que la réponse "oui" (ce qui ressortit à la particule "nonne" normalement). Malgré cela, l᾽esclave répond "non", ce qui est la stricte vérité, mais n᾽est pas conforme à ce qu᾽espère Déméa.
607. Donat feint d᾽être gêné par la présence de deux adverbes de temps qui semblent se contredire : un événement peut-il se produire à la fois jamais et aujourd᾽hui ? Deux solutions à ce problème : le second adverbe est inutile ; ou bien il n᾽y a pas d᾽incompatibilité, car l᾽un est générique et l᾽autre spécifique : "jamais" a un sens absolu qui peut être relativisé par la mention d᾽un adverbe plus précis ; le tour signifie alors (comme le montre la glose que fait le commentateur) "jamais, du moins dans le cadre de cette journée-ci". Quant au vers de Virgile, déjà cité deux fois dans les pages qui précèdent, et deux fois dans le commentaire à
L᾽Andrienne, il donnait lieu à deux autres explications. En 157, il disait que "numquam" valait "non" (de même en And. 410, 2, avec une valeur renforcée, dit-il) ; en 215, 2, il disait que "hodie" n᾽était pas un adverbe de temps mais une marque de colère (même explication aussi en And. 196, 1). S᾽il n᾽y a pas une cohérence extrême en l᾽espèce, on peut tout de même signaler que la présence de "numquam", de "hodie" ou de "numquam hodie" appelle chez lui le vers de Virgile à la vitesse du réflexe.
608. Commentaire didascalique ; le "baculum" est donc un accessoire du vieillard de comédie.
609. L᾽aparté proposé porte sur "hac te praecipitato" : "quand tu y seras arrivé, il y a en face un chemin. (bas) Jette-toi dans ce précipice". Ce peut être un aparté avec ce sens de "praecipitato", qui s᾽apparente à un souhait de mort, mais ce peut être également un véritable itinéraire : "il y a une descente, tu la prends tout droit".
610. Sur le texte proposé, voir la note apposée au texte latin. Ces deux lectures ne sont évidemment pas de même niveau. "Clauus" n᾽a aucun sens (à moins de supposer que le vieux doit se jeter tête la première contre un clou !), et "cliuus" est la seule lecture possible. D᾽ailleurs c᾽est la seule que Donat commente.
611. Le texte de Wessner (qui figure sous la forme "
τῶν πρός τι προσῆκον" lue dans un manuscrit, les autres laissant là une lacune) peut à la rigueur signifier que l᾽expression "participe des noms relatifs" (
πρός τι). Or ce n᾽est pas le cas : on est en réalité dans la catégorie des quasi-relatifs (
πρός τί πως ἔχοντα). Il faut donc rétablir une leçon plus conforme aux attentes pour l᾽expression grecque. Donat évoque ici (avec la paire canonique "gauche" vs "droit") la catégorie des noms quasi-relatifs, qui s᾽appellent l᾽un l᾽autre dans une relation binaire et complémentaire. Or les grammairiens la connaissent sous la forme
τῶν πρός τί πως ἔχοντα : cf. Probus [Palladius], GL 4, 119, 37 : "sunt nomina, quae Graeci
τῶν πρός τί πως ἔχοντα appellant, id est ad aliquid quodam modo habentia, ut puta dexterior superior inferior. iunguntur enim quibus respondeant, ut puta dexterior oculus, superior dens, inferior uestis" (il y a aussi les noms que les Grecs appellent
τῶν πρός τί πως ἔχοντα, c᾽est-à-dire qui se comportent d᾽une certaine façon à l᾽égard de quelque chose, comme par exemple "à droite", "supérieur", "inférieur". Car ils se joignent aux éléments auxquels ils répondent, comme par exemple "œil droit", "dent du dessus", "vêtement de dessous") ; avec des formulations très comparables, on a aussi : Char., GL 1, 156, 8 : "sunt his similia quae Graeci dicunt
τῶν πρός τί πως ἔχοντα, id est ad aliquid quodam modo se habentia, ut dexterior sinisterior" ; Diom., GL 1, 322, 29 : "et similia
τῶν πρός τί πως ἔχοντα, id est ad aliquid quodam modo adtendentia uel taliter qualiter se habentia, ut dexter sinister". ; ars Bobiensis, dans GL 1, 536, 9. Dosithée (GL 7, 390, 1), qui a la particularité d᾽offrir un traité grammatical bilingue, donne ici deux variantes terminologiques : en latin, il utilise la même formule grecque que tous les autres : "sunt his similia quae Graeci dicunt
τῶν πρός τί πως ἔχοντα, id est ad aliquid quodam modo adtendentia, ut dexterior sinisterior" ; mais en grec il dit bizarrement "
τῶν πρός τί προσέχοντα". Il résulte de ces comparaisons que le texte grec de Donat devait avoir la forme canonique
τῶν πρός τί πως ἔχοντα, que nous rétablissons ici.
612. Nous ne savons pas à quel texte de Varron Donat fait allusion, mais cette même étymologie est prêtée à Trebatius dans les
Nuits attiques d᾽Aulu-Gelle (7, 12, 4-6) : "sicut hercle C. quoque Trebatio eadem concinnitas obrepsit. Nam in libro de religionibus secundo : ᾽sacellum᾽ est inquit locus paruus deo sacratus cum ara. Deinde addit uerba haec : ᾽Sacellum᾽ ex duobus uerbis arbitror compositum ᾽sacri᾽ et ᾽cellae᾽, quasi ᾽sacra cella᾽.
6 Hoc quidem scripsit Trebatius ; set quis ignorat ᾽sacellum᾽ et simplex uerbum esse et non ex ᾽sacro᾽ et ᾽cella᾽ copulatum, sed ex ᾽sacro᾽ deminutum ?" (De même, la même régularité a surpris C. Trebatius. En effet, dans le second livre de son traité
Sur les religions, il écrit : "ce qu᾽on appelle ᾽sacellum᾽ est un petit lieu consacré à un dieu avec un autel". Puis il ajoute ces mots : "sacellum est, je crois, composé des deux mots ᾽sacer᾽ et ᾽cella᾽, comme si c᾽était ᾽sacra cella᾽". Voici certes ce qu᾽écrit Trebatius. Mais qui ignore que "sacellum" est un mot simple, qu᾽il n᾽est pas composé de "sacer" et de "cella" mais est un diminutif de "sacer" ?). On remarque que Donat évoque seulement le début du passage d᾽Aulu-Gelle et ne réfute pas cette étymologie qui est pourtant impossible.
613. Hom. Il. 6, 433 :
λαὸν δὲ στῆσον παρ᾽ ἐρινεόν... (arrête l᾽armée devant le figuier sauvage...).
614. Verbe qui implique sémantiquement un sème d᾽effort.
615. Deux étymologies sont proposées pour le mot "angiportum" (et concurremment pour sa variante plus fréquente "angiportus"). 1. soit le morphème "angi-" désigne le serpent ("anguis", ici écrit "angi-" selon une variante graphique qu᾽illustre le couple "Anguitia/Angitia"), ce qui implique le sème ᾽sinueux᾽ ("curua") ; 2. soit il exprime le sème ᾽étroit᾽ comme les lexèmes apparentés "angor", "ango", "angustus". Quant au second élément, "portus", il signifie fondamentalement "passage", notamment "voie, rue". Mais il signifie aussi "maison", comme le précise Donat : de fait Festus voit ce sens dans la
Loi des XII Tables, II,
3 (Fest. 262, 19 : "portum in XII pro domo positum omnes fere consentiunt", "tous s᾽accordent à dire que le mot ᾽portus᾽ dans les
XII Tables est mis pour ᾽domus᾽, ᾽maison᾽"). Le rapprochement avec "insula", qui est le nom de l᾽îlot de quartier, voire de l᾽immeuble, par lequel Donat semble voir une même métaphore marine, est fortuit : si "insula" est bien une métaphore, portus "passage" a, lui, son sens standard.
616. Le tour "censen me hominem esse ? Erraui" peut se comprendre autrement, en référence au proverbe "errare humanum est" dont on a des traces assez anciennes, par ex. Cicéron Phil. 12, 5 : "cuiusuis hominis est errare, nullius nisi insipientis in errore perseuerare" (c᾽est le propre de n᾽importe quel humain de se tromper, mais seulement d᾽un imbécile de persévérer dans l᾽erreur), et qu᾽on peut supposer hérité de la sagesse populaire romaine de toute époque. Ce que Syrus veut peut-être dire est alors : "Je suis bien un homme, à ton avis ? Eh bien, je me suis trompé".
617. L᾽adverbe "sane" a le même sens intensif que "ualde" comme, analogiquement, les adjectifs correspondants "sanus" et "ualidus", sont synonymes.
618. Differentia entre les deux substantifs dérivés de "errare". Cette differentia souligne la valeur des suffixes servant à former "erratio" et "error" : le suffixe "-tio" sert à dénoter une action concrète, ici, le fait d᾽errer. Cependant, malgré la réalisation des deux formations, "erratio" est très peu employé et "error" désigne en réalité aussi bien le fait d᾽errer physiquement que celui d᾽errer mentalement.
619. Donat s᾽intéresse souvent à l᾽onomastique comique. Notons ici la phraséologie typique de l᾽étymologie à partir du grec avec "créolisation" du propos et reprise du segment grec en latin par l᾽intermédiaire d᾽un "id est", selon le schéma "Y
ἀπὸ τοῦ Y id est ab X", ce qui semble par transitivité créer un lien étymologique absurde entre Y et X, qui n᾽appartiennent pas au même idiome. C᾽est néanmoins une formulation habituelle chez les lexicographes.
620. Isidore de Séville (Et. 15, 2, 22) voit lui aussi un rapprochement entre "porta" et le verbe "portare", mais simplement dans la mesure où la porte est ce qui permet d᾽importer ou d᾽exporter quelque chose ("importari", "exportari"). Pour Donat (qui ne fait pas le rapprochement avec "portus", "passage" dont il a parlé il y a peu, en 578), la porte est donc l᾽endroit où le fondateur de la ville nouvelle "porte" la charrue pour interrompre le sillon laissé par le soc.
621. Voir Varr. RR, 1, 13, 3.
622. Donat veut donc dire que le mot "pistrilla" est un diminutif de "pistrina" et non pas de "pistrinum", à cause du genre des deux mots considérés, même s᾽il existe des contre-exemples de couples dans lesquels mot simple et diminutif n᾽ont pas le même genre. Parmi les couples cités, très récurrents chez les grammairiens, tant sur la question du genre que sur celle des diminutifs, le dernier est moins convaincant, car "canis" est aussi bien masculin que féminin (il participe du "genre épicène" des grammairiens, susceptible de variation de genre "hic canis" vs "haec canis"), en sorte que le diminutif féminin n᾽a rien de surprenant. En outre, le mot diminutif a souvent un sens métaphorique par rapport au simple : "ranunculus" désigne aussi (ou surtout) la renoncule, "scutella" désigne un plat et non un élément de l᾽armure, "canicula" désigne un poisson ou la chenille, etc. Du coup, le genre du mot suffixé peut être influencé par un terme hyperonymique du même champ sémantique : "scutella", féminin comme "patina" (plat), etc.
623. Les répliques n᾽étant pas formellement attribuées dans tous les exemplaires, il en résulte parfois de l᾽ambiguïté. Donat règle presque toujours la question à son avantage. Mais sans doute pas dans le cas présent. Syntaxiquement, on peut considérer que la proposition "ubi potetis uos" est dans la suite de la réplique de Syrus et dite par lui (à condition de ne pas lui donner le ton interrogatif) : "...des chaises longues pour que vous vous y soûliez". Mais dans ce cas, on ne comprend pas qui représente "vous". En tout cas, cela implique par définition son interlocuteur Déméa. Or on imagine mal que Micion ait commandé des meubles de jardin pour recevoir son rustaud de frère et y boire avec lui de concert, étant donné ce que nous savons de leurs rapports. Donc la réplique est bien prononcée par Déméa, et "vous" désigne Syrus, Micion, Eschine et toute cette bande de désœuvrés.
624. Donc soit "i sane" (dans cette hypothèse, l᾽adverbe est apparemment superflu), soit "sane te exercebo...", "je vais diablement te faire faire de l᾽exercice...".
625. Très joli réseau d᾽étymologies contextuelles. D᾽abord Donat explique le sens premier de "silicernium", qui est le nom d᾽un repas funèbre. Le sème qui s᾽impose est donc celui du ᾽silence᾽, alors que le second lexème "-cernium" fait irrésistiblement penser à "cernere", donc au sème ᾽regarder᾽. D᾽où plusieurs interprétations par rétromotivation ; mais il faut aussi expliquer le sens contextuel présent chez Térence : Syrus utilise le terme en fonction d᾽insulte (selon un procédé qu᾽on trouve avec des mots concrets comme "crux", potence, ou "carcer", prison, insultes occasionnelles), comme on pourrait traiter un vieillard de "pierre tombale". Et au lieu d᾽expliquer le procédé métaphorique, Donat invente deux autres étymologies pour expliquer ce sens : une correcte selon lui (il est "regardé" par les ombres "silencieuses"), une fantaisiste selon lui, et qui est fort intéressante, car elle procède de l᾽idée que ce qui est une étymologie pour le grec est analogiquement présentable pour le latin : le nom (standard) du vieillard en grec fait penser à une locution qui signifie "regarder la terre" ; donc le latin "silicernium" a lui aussi ce sens, et cette fois c᾽est "silex" qui remplace le sème ᾽silence᾽. Il n᾽y a plus qu᾽à expliquer le rapport entre l᾽interprétation et la réalité, lequel relève de la rétromotivation : il regarde par terre parce qu᾽il est courbé, ou (d᾽après la seconde main, très en verve en l᾽occurrence) parce qu᾽il guette les cailloux du chemin, voire sa future pierre tombale...
626. La citation était donnée plus haut, en 175, 4, pour illustrer un emploi comparable de "iam". Mais le texte donné était légèrement différent ("parens" au lieu de "precor").
627. Virg. Geo. 3, 305. On lit habituellement "dum gramina canent" (tant que le gazon est blanc).
628. Variation sur le texte de ce passage, que Donat commente à sa place avec la forme "quem egomet produxi".
629. Pour nous "tantopere" est indéniablement un adverbe ; la remarque apparemment tautologique de Donat s᾽explique par le fait qu᾽il garde le sentiment de l᾽origine nominale de la forme, qui vient de l᾽ablatif "tanto opere".
630. Il faut donc comprendre que, ici, "peccatum" est un substantif, sujet du verbe "ortum est" (une faute est née <de notre part>), et qu᾽il n᾽est pas partie intégrante d᾽un passif impersonnel "peccatum est <a nobis>" (il a été commis une faute de notre part). Sinon, si les deux formes "ortum" et "peccatum" étaient des participes, il faudrait les coordonner.
631. Le bloc des deux lemmes participe du même commentaire. C᾽est une question de ponctuation et d᾽interprétation. On peut comprendre soit "si quam fecere, ipsi expostulant" (quans ils ont commis quelque tort, ils réclament eux-mêmes), soit "si, quam fecere ipsi, expostulant" (s᾽ils réclament contre l᾽injustice qu᾽ils ont eux-mêmes commise). Dans le premier cas, "quam" est un pronom indéfini, représentant "iniuriam", et forme un bloc avec la conjonction "si" : c᾽est ce que Donat veut dire en parlant d᾽une seule partie du discours (de fait, cela peut s᾽écrire "siquam" en un seul mot, à cause du caractère enclitique de l᾽indéfini) ; dans le second cas, "quam" est un pronom relatif. On a le sentiment que la pause requise au lemme
1 avant le segment "ipsi expostulant" plaide plutôt pour la première interprétation.
632. L᾽explicitation n᾽était sans doute pas nécessaire.
633. Micion ne connaît pas Sostrata, la "belle-mère" de son fils. Il ne serait donc pas convenable qu᾽il aille la rencontrer de lui-même. La proposition d᾽Hégion de l᾽accompagner pour faire les présentations est donc de l᾽ordre de la convenance.
634. La remarque semble forcée. Cela serait plus rassurant pour une femme, par nature inquiète et méfiante, d᾽avoir l᾽information de la bouche même du père du jeune homme. Mais peut-être faut-il comprendre que Donat interpète ici "tute" non pas comme le pronom personnel sujet de deuxième personne "tūtě" (dont il a déjà dit quelque chose en commentant le vers 290, 2) mais comme l᾽adverbe "tūtē" (de façon rassurante), dérivé de "tūtus" (en sécurité) : dans ce cas, le vers de Térence se comprend "et que tu dises à la femme la même chose qu᾽à moi, de façon rassurante", et ce serait de l᾽emploi de l᾽adverbe qu᾽il parle ici. Les deux solutions ("tūtě" vs" tūtē") sont envisageables métriquement.
635. La tradition manuscrite de Térence ne fait pas état de cette lacune, qui doit sans doute concerner l᾽assaut de politesses inutiles des vers
602 et 603. Les exemplaires que lit Donat, avec cette lacune possible, avaient sans doute fait un saut du même au même, en embrayant directement après le "bene facis" du vers 603, au lieu d᾽embrayer sur le "bene facis" du vers 601.
636. Autrement dit, il ne veut pas brûler les étapes : tant que Micion n᾽a pas entériné le mariage d᾽Eschine, il est prématuré d᾽évoquer des liens de famille.
637. Une fois n᾽est pas coutume, le commentaire critique verse plutôt du côté du blâme que de l᾽éloge. La maxime d᾽Hégion à l᾽égard des pauvres est de mauvais aloi. Donat aurait pu, au contraire, la justifier comme une habileté d᾽Hégion, cherchant une connivence avec le riche Micion.
638. Bonne question. On peut en effet comprendre "que tu te justifies toi-même auprès d᾽elle" ou "que tu le justifies auprès d᾽elle".
639. Les lemmes 2-
4 parlent de l᾽opposition implicite entre les deux adverbes "coram" et "palam" : "coram" est indifférent au nombre ; en outre, et surtout, il est prépositionnel, au contraire de "palam" qui est un adverbe. Il faut donc préciser le régime de "coram" ("certas personas"), indispensable, alors que "palam" n᾽a pas besoin de cette spécification, ce qui fait de lui un terme général. Mais justement, ici, "coram" na pas de régime dans le vers de Téérence. Le lemme
2 s᾽interprète donc comme le complément qui manque. En même temps, Donat fait de la morpho-syntaxe en signalant que le régime de cette pseudo-préposition peut aussi bien être un singulier qu᾽un pluriel mais aussi que le cas peut être l᾽accusatif ("praesentem") ou l᾽ablatif ("praesentibus").
640. "Recte" renvoie donc à la correction grammaticale, non à la véridicité de l᾽énoncé. Les deux critères ne sont pas solidaires.
641. Cf. Cic. Off. I, 31.
642. En fait le personnage du père n᾽apparaît que dans la scène suivante. Donat présente comme un tout organique ("hoc loco") le solo d᾽Eschine (scène
4 de l᾽Acte IV) et le duo père-fils qui est, pour nous, la scène
5 de l᾽Acte IV. Comme le monologue d᾽Eschine est plutôt long et en mètres variés (scène chantée), il est peu probable que Donat la croie effectivement partie prenante de la même scène que le duo père-fils qui suit, long également et en sénaires iambiques. Peut-être est-ce là l᾽indice qu᾽il groupait toute cette séquence pour une même séance de cours.
643. C᾽est-à-dire qu᾽on met un cas pour un autre (anti-ptose). Comme nous le fait remarquer Daniel Hadas, il ne s’agit certainement pas, comme nous le pensions, d’un génitif d’exclamation (cf. G. Serbat, L᾽emploi des cas en latin, BEC, Peeters, Louvain, 1996, p. 367), tournure très rare, et qui ne se construit pas avec un verbe, mais nous avons bien ici, et dans l’exemple de Virgile, le génitif à emploi locatif. Cet usage est bien attesté avec “animi”. Cf. Kühner-Stegmann, II.1, p. 446-47.
644. Le "tantum" du vers précédent laisse croire que "ut" a une valeur consécutive, ce qui laisse attendre automatiquement un subjonctif. C᾽est d᾽ailleurs le mode qu᾽on trouve dans la tradition manuscrite térentienne. Mais comme Donat lit un indicatif, il en fait une notule : si ce n᾽est pas un "ut" consécutif, c᾽est peut-être que c᾽est un "ut" exclamatif, sans corrélation avec le "tantum" qui précède.
645. En désignant la maison de Sostrata, d᾽où est partie tout à l᾽heure Canthara la nourrice, au moyen du démonstratif de proximité "hinc", Eschine révèle qu᾽il est à distance zéro de ce point de départ. C᾽est donc comme une didascalie interne de décor et de déplacement que remarque ici Donat.
646. Donat distingue donc l᾽emploi technique d᾽"exclamatio", qui désigne un type d᾽énoncé caractérisé par un ton et, facultativement, certains mots ("o", "quantum", etc.), de l᾽emploi ordinaire, qui en fait le dérivé d᾽un verbe dont la base implique le sème ᾽crier᾽. De fait, ce que crie Canthara ne relève pas de l᾽exclamation au sens technique du terme.
647. C᾽est le subjonctif délibératif qui est ainsi commenté.
648. Précisément, dans le vers
311 cité de
L᾽Héautontimourouménos, le texte consensuel donne "adducimus". Mais la situation conviendrait bien avec "abducimus", puisqu᾽il s᾽agit effectivement de soustraire la courtisane à Clitiphon.
649. Première hypothèse pour justifier la structure "ad me domum" (chez moi à la maison) au lieu de "ad domum meam" (à ma maison) : Eschine aime à parler de lui, comme les jeunes gens égoïstes de la comédie, conformément à ce qu᾽on attend de son caractère ("moraliter") : cf. aussi le commentaire à 692,
2 ; deuxième hypothèse : il dégage un pronom personnel de première personne, et non un simple possessif, pour continuer le parallélisme avec les deux propositions précédentes, qui mettaient en valeur "egomet" : dans ce cas, il s᾽agit d᾽un argument implicite supplémentaire pour accréditer l᾽idée qu᾽il a acquis la musicienne pour son plaisir personnel : il l᾽a enlevée ; il l᾽a payée ; il l᾽a soustraite chez lui ; dans sa maison <où on l᾽a vu se battre contre le proxénète>. Encore un élément à ajouter au faisceau de concordances qui se mue en preuve contre lui.
650. Donat fait en réalité deux commentaires sur la forme étrange pour ses contemporains "utut". Dans le premier cas, il considère qu᾽il s᾽agit d᾽une conjonction temporelle renforcée, signifiant "exactement au moment où". Dans le deuxième cas, il prend "utut" pour un adverbe indéfini, comme il le faisait dans And. 684, 3. Dans ce cas, il explique que la même chose est dite deux fois : une fois par le mot "res" (une affaire) qui est selon lui défini, et une fois par "utut" (de quelque manière), qui est évidemment nettement moins défini. Contrairement au mot français "chose", le mot latin "res" est beaucoup moins indéfini que, par exemple, l᾽emploi du neutre. En Ad. 206, 1, Donat souligne que "res" indique ce qui est réel.
651. Cf. ses remarques plus haut en 175,
4 et en 589, 1.
652. Eschine dit qu᾽il doit d᾽abord aller voir ces dames pour se justifier ("me purgem") : c᾽est précisément ce que Micion est parti faire à la scène précédente (même structure verbale au vers 608 : "te ipsum purgare", avec une hésitation sur le sens, que commentait Donat). Mais peut-être peut-on comprendre tout autrement : "c᾽est la première chose à faire par rapport à ce qu᾽on doit attendre d᾽un père", puisque désormais Eschine est père.
653. Cf. le commentaire à ce vers, Eun. 84,
1 et 2.
654. Ce qui est en cause, donc, c᾽est la rupture de nombre entre l᾽impératif pluriel "aperite" et ce qui paraît être son sujet, le pronom singulier "aliquis". La même rupture est possible en français : "ouvrez, quelqu᾽un".
655. Donat veut dire que Micion entre en scène en terminant une conversation qu᾽il a eue à l᾽intérieur de la maison de Sostrata.
656. La forme se trouve en prose (Cicéron, Pline...). Mais quoi qu᾽en laisse entendre DOnat, elle ne se trouve pas en tragédie, apparemment.
657. Donat cite ici imparfaitement les vers 52-
54 de cette même pièce, pour lesquels il citait et commentait un texte qui commence par l᾽adverbe "postremo", et non pas par "denique".
658. L᾽expression "salua est res" s᾽interprète en effet assez spontanément : "mon patrimoine est sauvé". Or ce n᾽est pas d᾽argent qu᾽il s᾽agit (lequel, au contraire, a été d᾽ores et déjà en partie perdu en réparations de portes et de vêtements, lors de l᾽enlèvement de la musicienne, sans compter d᾽autres facéties d᾽Eschine qui sont évoquées ici et là). Le bien dont parle Micion par métaphore, c᾽est son fils.
659. Cf. le commentaire au vers 49.
660. Les vieillards de comédie ont la réputation de radoter et de tarder souvent à aller au but. "Seniliter" est donc, dans ce contexte technique, une sous-catégorie de "moraliter" (conformément au caractère), comme par exemple "amatorie" (d᾽une façon caractéristique pour un amoureux de comédie). Le comique Caecilius, dans un passage métathéâtral, caractérise les vieillards de comédie comme des sots ("comicos stultos senes", Ribbeck, p. 63). Mais le reproche de radotage sénile est un topos, y compris en dehors de l᾽univers comique : cf. Cic. CM 30, 55, 65.
661. Du fait du caractère indéfini de ce pronom.
662. "Pauperculae" est le diminutif de "pauperes" : on pourrait penser que c᾽est le degré de pauvreté qui est diminué et on serait alors moins pauvre en étant "pauvrette" qu᾽en étant "pauvre". Mais, comme nous le suggère Daniel Hadas, le sens de "nec saltem" ou de "non saltem" est "même pas". Donat veut dire que Sostrata et Pamphila sont rendues encore plus méprisables par l’utilisation du diminutif: ce ne sont même pas des "pauvres" mais des "petits pauvres". La remarque va donc dans le même sens que le reste du commentaire sur le vers 647.
663. Il a d᾽abord dit "opinor" (je crois), avant de rectifier "certo scio" (je sais de façon certaine). "Opinor" était trop bas dans l᾽échelle argumentative, il est donc révisé à la hausse. Cette rectification est qualifiée d᾽épanorthose.
664. Donat, ici et dans le lemme précédent, est gêné par la tournure "ut opinor non has nosse te et certo scio". Si l᾽infinitive dépend d᾽"opinor", la phrase ne fait pas sens à cause de "ut". Première solution, donc, "ut" est superflu et il faut le décompter de l᾽analyse. La phrase veut alors dire : "je crois que tu ne les connais pas, et j᾽en suis même sûr". Deuxième solution, "ut opinor" est en incise et l᾽infinitive s᾽appuie sur une ellipse, par exemple celle de "scilicet" dans son sens plein "on peut savoir, il est clair" ce qui donne : "à mon avis, <il est clair> que tu ne les connais pas, et j᾽en suis même sûr". En fait, on a l᾽impression que Térence a anticipé la fin de sa phrase et mis une infinitive dépendant de "scio" un peu trop tôt : "à mon avis, que tu ne les connaisses pas, j᾽en suis même certain". A moins que "ut" ne soit exclamatif, ce qui donnerait une phrase assez bizarre du type : "à quel point je crois que tu ne les connais pas (et j᾽en suis même sûr) !".
665. Le raisonnement est le suivant : je sais qu᾽Eschine a fréquenté toutes les petites femmes faciles du coin ; or je fais semblant de croire qu᾽il ne connaît pas Pamphila ; donc Pamphila n᾽est pas une fille facile. Le jeune homme pourrait se satisfaire de cette conclusion. Du coup, pour l᾽empêcher même de pouvoir se targuer d᾽aimer une fille honorable (ce qui est le cas), Micion ajoute, pour expliquer qu᾽Eschine ne l᾽ait jamais rencontrée, qu᾽elle vient d᾽arriver en ville, en sorte qu᾽on ne peut rien conclure de la moralité de la jeune fille. Au contraire, même, étant donné la fâcheuse réputation a priori qu᾽ont les étrangères.
666. Apparemment, Donat voit une nuance de degré entre "interrogantem" et "percontatorem", le premier plus marqué (du côté de l᾽interrogatoire), le second plus neutre (du côté du questionnaire). Cette nuance n᾽est guère sensible pour nous. Mais ce qu᾽il convient de remarquer, c᾽est que l᾽intervention "perge" d᾽Eschine n᾽est ni une interrogation ni une question (quelque nuance qu᾽il y ait entre les deux termes) : c᾽est une injonction.
667. Le texte des vers 645-
646 ("me a foro abduxit modo huc aduocatum sibi") est cité très allusivement. C᾽est une paraphrase plutôt qu᾽une citation réelle.
668. La syntaxe de Donat prête un peu à confusion ici. On peut supposer que le pronom "illi" renvoie à Micion ("pour éviter qu᾽il y ait un argument par lequel on puisse lui résister, il..."), mais en prose classique on s᾽attendrait plutôt à trouver le réfléchi indirect "sibi". Ou alors faut-il comprendre autre chose ? "...pour éviter qu᾽on puisse résister à cela..." ?
669. Cette loi, dite des filles épiclères, existe bel et bien à Athènes. Elle est d᾽ailleurs utilisée comme subterfuge par Phormion dans la pièce de même nom : cf. Pho.
122 et suivants. Le titre du modèle grec utilisé par Térence,
L᾽Epidicazoménos d᾽Apollodore de Caryste, est d᾽ailleurs un titre juridique signifiant "celui qui fait adjuger <une orpheline à son plus proche parent>" et montre combien cette loi est centrale dans l᾽intrigue de la pièce qui est devenue
Phormion chez Térence.
670. Donat note implicitement un jeu de mots. Le jeune homme a dit en aparté "je suis mort !" ; Micion fait semblant de ne pas comprendre et demande au jeune homme ce qu᾽il y a. La réplique d᾽Eschine peut alors se comprendre de deux façons : 1. phatique : "Rien. Tout va bien. Continue" (il est alors admis entre les deux personnages que l᾽aparté a été pris pour un toussotement ou quelque chose de non articulé) ; 2. métalinguistique : "Rien. Il est exact de dire ᾽je suis mort᾽. Continue" (il est alors admis que Micion a entendu et interprété l᾽aparté d᾽Eschine).
671. L᾽aparté, selon Donat, doit donc être court, pour rester dans le vraisemblable.
672. En fait un nom de ville au locatif. Le fonctionnement est adverbial (on peut le reprendre par un adverbe comme "ibi" par exemple), mais la morphologie est nominale. Mais pour Donat, le locatif étant résiduel et hors paradigme standard, il est systématiquement traité comme un adverbe de lieu.
673. Donc vraiment loin d᾽Athènes. Cela dit, il ne peut s᾽agir de la ville d᾽Ionie, patrie de Thalès et célèbre pour sa pourpre, car cette ville se trouve près d᾽Halicarnasse, assez au sud sur la côte égéenne de Turquie, et pas du tout sur le Pont (c᾽est-à-dire la Mer Noire). Milet est le nom de plusieurs villes (une en Crète notamment) ; il s᾽agit donc d᾽une moins connue. A moins que Donat ne se soit trompé dans sa géographie ?
674. Le problème que veut résoudre Donat, c’est que par la réponse “Nihil”, Micio semble indiquer que les femmes n’ont rien dit en réponse à la proposition de mariage. Mais ce ne peut ête le cas, puisque Micio va dire tout de suite que la mère s’y est opposée. Donat propose donc de comprendre que le “nihil” veut dire non pas “elles n’ont rien dit”, mais “elles n’ont rien dit de positif”. (Note et traduction du segment suggérées par Daniel Hadas).
675. Ambigu. On peut comprendre "il ne dit pas encore ce qu᾽il faut dire" (avec subjonctif délibératif) ou "il ne dit pas encore quelle chose dit <vraiment> Sostrata ,<puisque c᾽est d᾽un mensonge qu᾽il parle maintenant>". Comme souvent on est gêné par les références implicites de troisième personne.
676. L᾽expression embarrassée a gêné Wessner qui proposait des rajouts importants (voir note apposée au etxte latin). Donat reformule "commenta", mais au style indirect : "il dit ᾽commenta᾽, c᾽est-à-dire <qu᾽il dit qu᾽>᾽elle a forgé᾽ etc.", d᾽où l᾽infinitif "confinxisse" là où on attendrait un indicatif. Mais il a reformulé au même temps. La fin de la scholie est étrange. Certains mss. (VG) ont écrit "uerisimile comminisci" (leçon plausible), comme une seconde formulation indirecte : 1. "fallaciam confinxisse", 2. "uerisimile comminisci" (inventer une chose vraisemblable). Mais c᾽est plus qu᾽étrange, dans la mesure où, cette fois, la reformulation se fait au présent de l᾽infinitif et où, surtout, c᾽est une tautologie, puisque c᾽est le même verbe qui est reformulé. Nous pensons donc que Donat dit deux choses de façon ramassée : 1. il y a une reformulation mettant en équivalence sémantique l᾽énoncé direct "commenta <est>" et l᾽énoncé indirect "<eam> fallaciam confinxisse uerisimilem" ; 2. Donat signale que "commenta" est une forme de "comminisci", ce qui ne va peut-être pas de soi auprès de ses élèves. Nous préférons donc la leçon "uerisimilem" de KUM qui laisse "comminisci" tout seul, comme une sorte de scholie morphologique autonome.
677. C᾽est-à-dire qu᾽il rapporte les paroles (supposées) de Sostrata comme il aurait pu les entendre de la bouche de son fils Eschine.
678. Ce qui est commenté, c᾽est le présent "uidentur". Eschine ne demande pas si Micion a trouvé cela juste, en mettant "uidentur" au parfait, mais si, maintenant, il trouve ça juste. Donat fait remarquer qu᾽Eschine est sous le coup présent de cette fâcheuse nouvelle et que c᾽est de son indignation présente qu᾽il est surtout en train de parler.
679. On suppose que Donat s᾽est trompé (ou la tradition manuscrite à un moment de la transmission), et que cet habitant de Lemnos est en fait l᾽habitant de Milet inventé par Micion pour faire peur à Eschine.
680. Est en cause dans tout ce bloc l᾽interprétation de "postea" dans la réplique "nonne haec iusta tibi uidentur postea". Marouzeau sépare le bloc en deux : "nonne haec iusta tibi uidentur ? postea..." avec interruption de Micion au début d᾽une seconde phrase. Mais Donat suppose qu᾽il s᾽agit d᾽une seule phrase et tâche de compléter l᾽ellipse après "postea".
681. Sur cet emploi pragmatique de "hodie", cf. le commentaire de Donat, dans cette même pièce, aux vers 175,
4 et 589, 1.
682. L᾽expression se trouve notamment chez Plaute. Mais elle est également attestée à l᾽époque tardive, même si elle est rare. On la trouve sous la plume d᾽Augustin et dans la Vulgate. Elle est également attestée chez quelques lettrés, dont Cicéron (chez ce dernier, certes, seulement dans une lettre "Ad familiares"). Nous avons donc à la fois des attestations de cette expression qui montrent que les locuteurs l᾽employant avaient conscience de son caractère moins soutenu et des attestations dans un contexte moins léger que celui des comédies : Suétone, Varron, Valère Maxime. Le peu d᾽attestations de l᾽expression ne permet pas de trancher dans un sens ou dans l᾽autre.
683. Il est difficile d᾽évaluer vraiment la distinction que fait ici Donat entre "uulgus" et "nos" : le peuple vs nous les lettrés ? En outre et surtout, on ne voit pas spécialement le rapport entre le "postea" commenté (et ses emplois prétendument superflus) et les deux autres locutions proposées. Le seul point commun entre ces exemples nous paraît être dans le fait qu᾽un adverbe ("mane", "diu") est accompagné d᾽un autre morphème, la préposition "ab" ou l᾽adverbe "quam". Faut-il comprendre que Donat analyse "post-eā" (avec un a long, ce qui le rend différent du syntagme "post eă", "après ces choses") comme l᾽adverbe "eā" précédé d᾽une préposition ? Dans ce cas, le rapport à "a mane" est trouvé. Mais pour "quam diu" ? Il est en tout cas intéressant de constater que Donat fait de la socio-linguistique, en opposant la langue du vulgaire à d᾽autres formes de latin, parmi lesquelles "la nôtre", pour laquelle il faut sans doute comprendre le latin de son époque (que nous appelons "tardif"). Il y fait une autre allusion plus loin, au lemme 949, 1.
684. La remarque est morpho-sémantique. L᾽adjectif "durus" laisse attendre une formation adverbiale en "-e", "dure", qui existe aussi ; mais Térence utilise, contre la règle, une forme "duriter". Du coup, Donat y voit une intensité supplémentaire. En fait, les dramaturges anciens (Ennius, Statius, Térence, Afranius) n᾽emploient jamais "dure" mais toujours "duriter". Il pourrait ici dire que c᾽est un usage "apud ueteres" et non pas seulement térentien. Notons que dans la glose qu᾽il fait, il utilise l᾽expression "dura mente" qui préfigure les adverbes de manière des langues romanes.
685. C᾽est bien huit syllabes en tout, y compris le préfixe (qui en fait un composé) et la conjonction "-que" enclitique. Mais ce bloc insécable de huit syllabes, sans césure possible, est en effet assez rare pour être souligné et Donat, bien qu᾽il ne fasse que assez peu de remarques prosodiques, ne pouvait manquer d᾽en dire quelque chose.
686. La remarque est à la fois morphologique, dans la mesure où le comparatif analytique "magis aperte" du poète est corrigé en un comparatif synthétique "apertius", et sémantique : le comparatif "magis aperte" (<encore> plus franchement) est justifié par le fait que les deux premières appréciations d᾽Eschine étaient déjà bien franches.
687. Donat évoque ici les sens sexuels des mots de la famille de "consuetudo" et "consusesco", qui orientent vers l᾽idée de "relations sexuelles" ou de "liaison durable" (souvent extra-conjugale). Il a déjà évoqué cette virtualité de sens au commentaire de And. 439, 2. Cf. surtout le lemme suivant : on voit donc qu᾽"amor" est à verser du côté de l᾽instant et de l᾽instinct, "consuetudo" du côté de la durée et de l᾽affinité. Quant au vers de Plaute (Amph. 490), il porte non pas "consuetudo" mais "consuetio", forme prouvée par Festus.
688. Cette pièce de Caecilius Statius (219-
166 environ), très prolifique auteur de palliata dont on a conservé à peine
300 vers décontextualisés sur un ensemble de plus de quarante comédies, est connue par de trop rares fragments pour qu᾽on puisse en avoir une idée précise. Le titre grec (
ἐξ αὑτοῦ ἑστώς) s᾽interprète (peut-être) comme "celui qui se maintient sur ses propres ressources", "l᾽autarcique". Le modèle de Caecilius était une pièce de même titre (évidemment perdue elle aussi) dont on n᾽a aucune trace, et dont on ne connaît pas l᾽auteur, représentant de la Néa. Le fragment lui-même est difficile à établir et a été complété, à sa droite et à sa gauche, par des savants modernes. Nous le donnons tel qu᾽édité par Wessner, sans les crochets qu᾽il y mettait autour du premier mot (conjecture de Bergk) et du dernier (dû à Estienne).
689. Ces "auxiliaires de sens superflus" consistent donc en des polyptotes : on rapproche, comme Térence avec "praesens praesenti", deux formes du même mot : "socius socium", "absens absentem", "fratrem frater". Notons que la fiche que Donat a sous les yeux ne doit probablement comporter que des exemples versifiés, car il ne fait pas figurer l᾽exemple qui, pour nous aujourd᾽hui, s᾽impose en premier à l᾽esprit : Suet. Tit. 7,
2 "Berenicen statim ab urbe dimisit inuitus inuitam", que Racine a rendu célèbre. Ailleurs, Donat peut aller jusqu᾽à parler, pour ce type de syntagme, de
κακόζηλον : voir Eun. 192, 2 ; 243, 5 ; 722, 3.
690. En. 4,
408 et suiv. Le rapprochement est bien artificiel.
691. Est en cause dans ce commentaire l᾽usage, comme complément du nom, au lieu du génitif adnominal standard, d᾽un datif : "auctor his rebus" ou "imperator Romanis" (chez Salluste). C᾽est un datif de destination.
692. La raison d᾽être de l᾽explicitation en grec du mot "auctor" est peut-être dans la polysémie du mot latin. Le synonyme grec (qui figure peut-être dans la pièce de Ménandre) est donc là pour faire comprendre le sens du mot latin parmi quelques autres possibles. Sur le texte même, voir la note apposée au texte latin.
693. Donat dénonce une lapalissade de Térence. De fait, on épouse toujours une fille d᾽une autre famille. Mais peut-être que Térence utilise ici l᾽adjectif "alienus" au sens de "étranger", "d᾽un autre pays", terme pour lequel habituellement il utilise l᾽adjectif "peregrinus".
694. En effet, les occurrences de cet adjectif appliqués à la taille concernent des inanimés. On parle de "seges grandissima" (une très grande récolte) chez Varron ou encore de "grandis epistula" (une longue lettre) chez Cicéron.
695. "Grandis" qualifiant des classes d᾽âge signale donc que l᾽individu approche de la limite supérieure de ladite classe d᾽âge.
696. La question que pose Donat est d᾽ordre narratologique. Le lecteur, le spectateur et Donat lui-même savent bien qu᾽Eschine a toutes les raisons de connaître précisément l᾽âge et la physionomie de Pamphila. Mais nous sommes là au niveau de la fiction de Micion, dans laquelle Eschine n᾽est pas supposé l᾽avoir jamais vue. Or il donne ce détail d᾽âge. Comment le sait-il ?
697. Encore une citation textuelle assez cavalière, sans respect de l᾽ordre des mots.
698. Eschine semble plutôt rudoyer son père que le flatter.
699. Il s᾽agit plus vraisemblablement de l᾽adverbe de manière de "ridiculus". En tout cas, la remarque de Donat est implicitement différentielle : c᾽est, dit-il, le vocatif, et non pas (implicitement) l᾽adverbe. La scansion est impuissante à départager les deux points de vue, et les éditeurs de Térence ont plutôt la forme "Ridiculum !".
700. Autrement dit, ce n᾽est pas un pléonasme de Térence, puisque les paroles qui suivent pourraient parfaitement être dites par quelqu᾽un qui déteste Eschine.
701. Donat insiste ici sur les souhaits en "sic/ita... ut" qui indiquent une proportion : "autant j᾽ai fait quelque chose, autant je souhaite quelque chose". La proposition en "ut" justifie en quelque sorte la demande votive et la proportionne.
702. L᾽amplification réside dans le fait que le verbe "admisisse" est employé avec deux compléments, "me" qui est placé avant le verbe et "in me" qui est placé après.
703. Le verbe "pudet" se construit d᾽ordinaire avec un accusatif représentant la personne qui a honte et un génitif représentant la chose qui suscite la honte. Donc tout porte à croire que l᾽énoncé signifie "j᾽ai honte de toi", alors qu᾽Eschine veut évidemment dire "j᾽ai honte pour toi".
704. Ce passage célèbre de la première
Catilinaire joue sur l᾽indignation, alors que la réplique de Micion se veut une remontrance indulgente. Il faut donc se garder de prendre l᾽intonation de l᾽un pour jouer l᾽autre.
705. La manière si tranchée des deux frères d᾽avoir un caractère foncièrement différent de l᾽autre est l᾽objet même de la pièce, presque le projet du dramaturge. Ces deux caractères paradoxaux opposés sont donc, d᾽après Donat, une gageure oratoire.
706. Micion remplace donc un verbe péjoratif possible par le verbe neutre "euenit".
707. Pour les modernes comme pour les grammairiens latins, la forme "circumspexti" pour "circumspexisti" (comme par exemple "dixti" pour "dixisti") relève de la forme syncopée. Mais la syncope est pour les Latins une catégorie de métaplasme, à côté de la prosthèse, consonne qui s᾽ajoute au début d᾽un mot (par exemple le g de "gnatus"), la parenthèse, consonne ou syllabe qui s᾽ajoute au milieu d᾽un mot pour des raisons métriques ("relligio" pour "religio" ou "indugredi" pour "ingredi" par exemple), la prosparalepse, ajout superflu en fin de mot ("accingier" pour "accingi") et quelques autres phénomènes de variantes phonétiques utilisées par les poètes. Les métaplasmes, qui sont souvent traités parmi les défauts de la langue, sont donc les aménagements phonétiques dus à des licences poétiques (voir parmi beaucoup d᾽autres Probus GL 4, 262, section "De metaplasmis"). Le texte corrigé (voir la note apposée au texte latin) se comprend donc avec un "ou" qui signifie "et par là", le premier terme étant spécifique, le second terme étant générique.
708. La scholie, malgré les apparences, porte sur "qua fieret".
709. Le passage commenté est en réalité, comme pour le lemme 4, "quod quidem in te fuit", comme on le comprend des deux exemples littéraires qui sont donnés. C᾽est pourquoi Wessner, comme il le fait habituellement dans ce cas de figure, met des cruces que nous supprimons, car ce n᾽est pas la restitution du texte qui est problématique mais seulement la place du lemme dans le bloc de commentaire du vers 692.
710. Cf. ce qu᾽il dit plus haut du caractère égoïste des amoureux : 628, 2.
711. Il ne nous semble pas que l᾽adjectif indéfini grec
ἄλλου (autre) ait ici un sens catégorisant, au sens de "une autre sorte d᾽impossible" (l᾽adynaton n᾽étant pas catégorisé à notre connaissance) ; il faut sans doute comprendre implicitement "argumentum aliud" (ou "locus alius")
ἀπὸ τοῦ ἀδυνάτου avec hellénisation et attraction dans le syntagme prépositionnel de l᾽indéfini.
712. L᾽ordre des deux formants est libre ; mais apparemment, pour les infinitifs futurs passifs, Donat prone un ordre plus figé qu᾽ailleurs. Ces formes en "-tum iri" restent plutôt rares dans les textes, de toute façon.
713. Autrement dit, il formule un souhait au lieu de formuler un ordre ("imperiose") ; mais cet acte de langage n᾽en est pas moins efficace, selon Donat.
714. La précision de Donat sur le jeu de l᾽acteur est justifié par l᾽emploi hors normes de "hem", qui marque habituellement un sentiment pénible. Or ce n᾽est pas pas le cas ici.
715. Tout l᾽enjeu de ce commentaire qui a gravement perturbé les scribes (voir la note apposée au texte latin) est de définir le caractère paradoxal de l᾽amoureux qui s᾽imagine tellement qu᾽il va être malheureux qu᾽il pense qu᾽on se moque de lui quand on lui dit que tout va bien. Or c᾽était quand il le faisait pleurer (679) que Micion se moquait de son fils, car il savait déjà tout, avait déjà décidé de pardonner et faisait marner son fils avant une leçon de morale bien méritée.
716. Argument presque identique en 523, 2.
717. Le texte est assez corrompu dans ce secteur, mais il semble que Donat lemmatise une forme "potes" (les mss. de Térence portent plutôt "potest") mais commente une forme "pote", selon une conjecture de Goetz fondée sur le commentaire à Ad. 264.
718. La réplique est en fait dans
Les Adelphes, 318. Donat a sans dout fait un raccourci dans sa formulation (à moins qu᾽il ne s᾽agisse d᾽un saut du même au même dès l᾽archétype) en synthétisant ce passage et deux autres qui sont effectivement dans
L᾽Eunuque : 648 : "ego unguibus facile illi in oculos inuolem uenefico" et 740 : "oculi ilico effodientur".
719. Le mot "terricula" désigne l᾽épouvantail. Mais peut-être faut-il comprendre ici, plutôt que d᾽objets concrets, qu᾽il s᾽agit d᾽histoires qui font peur, comme par exemple celle du "loup de Capoue" évoqué plus haut (voir notre note à 537, 2). Pour se débarrasser de l᾽image cauchemardesque qu᾽elles ont sucitée chez l᾽enfant, elles utilisent une formule du genre "et hop, il est parti, on ne le reverra jamais". C᾽est ce que fait en tout cas le rival inventé, qui s᾽embarque et disparaît pour jamais.
720. Il faut avouer que le rapport avec l᾽épisode d᾽Enée portant son père Anchise sur ses épaules est bien artificiel.
721. Donat parle ici de la valeur intensive du préfixe de "defessus".
722. La remarque de Donat a une valeur à la fois métrique et grammaticale puisque, sans cette précision, il est impossible de distinguer, absolument et en contexte, les infinitifs des verbes "obsideo" et "obsido", dont les sens sont relativement semblables, à la quantité près des deux voyelles centrales : "obsĭdēre" vs "obsīdĕre". La scansion montre qu᾽il s᾽agit bien, en l᾽espèce, du verbe "obsĭdēre".
723. Le tour "secum loqui" peut désigner (et désigne surtout) dans le commentaire le procédé de l᾽aparté, mais ici Micion parle tout seul. Il sort de chez lui et dit sa réplique peut-être à quelqu᾽un à l᾽intérieur, ou bien à soi-même. Mais ce n᾽est pas un aparté. Il est par ailleurs abusif de dire que c᾽est une caractéristique ("moris") des vieillards : les esclaves, les jeunes gens, les parasites, les soldats fanfarons, les nourrices, etc., font des monologues ; c᾽est en fait un procédé d᾽écriture comique en général.
724. Commentaire comparable en 191, 2.
725. Pour avoir déshonoré une citoyenne. Le mariage rachète la faute, en quelque sorte.
726. C᾽est non pas le verbe qui est commenté (car on ne verrait pas le rapport alors avec la citation virgilienne, qui n᾽utilise pas le verbe "ducere"), mais l᾽emploi de l᾽adjectif verbal à valeur d᾽obligation.
727. Chez Virgile (Buc. 6, 47), le terme "uirgo" réfère à Pasiphaé, épouse de Minos. Le terme désigne donc soit une vierge, au sens anatomique du terme, soit une femme jeune. On se souvient que Donat a déjà dit que "uirgo" signifiait "mulier" chez les auteurs archaïques en 650,
1 et que "uirgo" est cité comme un nom de classe d᾽âge en 673, 1.
728. Comprendre respectivement "en aparté" et "à haute voix". Donat lie souvent la position "de dos" ("auersus", comprendre "dos à l᾽interlocuteur") au texte dit "à part". Mais ici on ne voit pas l᾽intérêt de faire prononcer l᾽exclamation à part.
729. La "varietas" consiste à changer le sujet des trois verbes juxtaposés, quand le poète aurait pu se contenter de trois formes à la première personne.
730. Expression qui, apparemment, consiste à proposer des groupes parallèles hétérogènes : le nom "uita" comme comparé sur un plateau de la balance, la proposition "cum ludas tesseris" sur l᾽autre plateau, comme comparant.
731. Remarque morphologique : Donat veut dire qu᾽ici "forte" n᾽est pas un adverbe, mais l᾽ablatif du substantif "fors" (hasard), mis en parallèle avec l᾽ablatif "arte" dans l᾽autre proposition.
732. Rappelons qu᾽à ce stade Micion croit toujours que c᾽est Eschine qui a enlevé la musicienne et non son propre fils Ctésiphon. Il croit donc Eschine bigame.
733. Donat se contente de supprimer la proposition "ut uideo tuam ego ineptiam", sans changer le reste de l᾽ordre des mots. C᾽est donc ce segment-ci qui semble gêner l᾽interprétation. Est-ce parce que, ici, la proportion en "ut" est une temporelle et non pas une comparative, comme on s᾽y attend dans les énoncés votifs en "ita... ut", dont il a dit quelque chose il y a peu (cf. le commentaire à 681) ?
734. Quoi qu᾽en laisse entendre Donat, il y a sûrement une allusion grivoise dans la remarque de Déméa, qui se poursuit avec la mention faite de la jeune mariée. Il plaide plus franchement pour le sous-entendu sexuel aux vers
751 et 752.
735. L᾽épisode célèbre est narré dans
L᾽Enéide, 2,
235 et suivants. La métaphore est donc comparable à celle du loup (la courtisane) qu᾽on laisse entrer dans la bergerie (la maison familiale).
736. D᾽après Ernout-Meillet, si la distinction entre "ira" et "iracundia" était opérée en théorie par les Anciens, en pratique, les deux termes étaient indifféremment employés. La confusion est notamment constante dans le
De Ira de Sénèque.
737. De fait, les deux formes existent. La plus conforme aux attentes est "hilarus", réputée archaïque, qui suit (anaogiquement parlant) la même déclinaison thématique que son modèle grec. Et la déclinaison en "-is" est effectivement plus récente puisqu᾽attestée à partir du premeier siècle de notre ère seulement.
738. Reformulation, plutôt que citation, des vers 590-591, qui annonçaient la sortie de Syrus vers quelque taverne.
739. Les Anciens ne faisaient pas la différence entre les prépositions et les préverbes.
740. Virg. G. 3, 256. Le sujet implicite (au vers précédent) est le sanglier sabellique dont Donat aime parler pour évoquer le sens du verbe "ruere" : cf. les lemmes 319,
1 et 550, 3.
741. Le mot (Hom. Il. 2, 305) est en général écrit en trois mots
ἀμφὶ περὶ κρήνην.
742. La remarque sur l᾽emploi de "prodeambulare" est quelque peu spécieuse : ce verbe est en effet un hapax de Térence.
743. De fait, "sapientia" peut aussi bien être le substantif féminin au vocatif que l᾽adjectif "sapiens" accordé à l᾽accusatif neutre pluriel.
744. Les deux formes n᾽en font qu᾽une ; phonétiquement on obtient en latin une déclinaison mixte "diues, ditis" dont les locuteurs ont analogiquement refait deux flexions régulières complètes. On peut supposer que la remarque a vocation à bien préciser la valeur de la forme "dis", qui pourrait être confondue avec une forme syncopée de "diis", datif-ablatif pluriel de "dei" (les dieux) ; l᾽énoncé se somprendrait à peu près : "tu serais aux dieux, Déméa".
745. C᾽est la succession de questions très brèves qui laisse à penser que le personnage est ivre certainement.
746. C᾽est-à-dire que Dromon, qui entre en scène en sortant de chez Micion, crie sans voir Déméa quelque chose que Déméa ne devrait pas entendre. D᾽où la réponse de Syrus : "Abi", "fiche le camp", sans doute en aparté cette fois.
747. On ne voit pas ce qui rend Donat si confiant dans l᾽intelligence du spectateur ou du lecteur. Est-ce simplement la mention du verbe "rogat", qui semble indiquer qu᾽il ne peut s᾽agir que du jeune maître de Syrus ? Mais le maître de Syrus est Eschine, non Ctésiphon. En tout cas, c᾽est bien le nom propre qui déclenche la réaction de Déméa, et il n᾽est pas sûr que l᾽indication soit inutile.
748. Voir la note à 571, 1.
749. Donat explique à mots couverts une règle phonétique : un mot dont le radical finit en n (comme "uinum", "unus", "uannus", "asinus", "suinus") a un diminutif fini en "-llus" ou "-llum". Manière d᾽évoquer l᾽assimilation régressive du groupe -nl-.
750. Littéralement, "qui s᾽en va", comprendre "d᾽une des maisons du décor", donc "qui entre sur scène" ; rappelons que le latin pratique le point de vue des coulisses, au contraire du français qui a adopté le point de vue de la scène.
751. Comme le verbe "abire" au vers précédent, le verbe "exire" (sortir) veut dire dans le contexte "entrer sur scène". Rappelons la situation : à la fin de la scène précédente, entendant dire que son fils Ctésiphon est chez son frère, Déméa y est entré à l᾽improviste et a surpris le jeune homme en pleins ébats amoureux. Il ressort horrifié de chez Micion. Dans le même temps, Micion était en face, chez Sostrata, pour arranger le mariage d᾽Eschine. Les deux frères se croisent donc à nouveau entre les deux maisons. Du coup, le verbe "pulsare", ici, ne veut pas dire "frapper à la porte" (puisque Déméa ne veut pas rentrer chez Micion, mais vient d᾽en sortir). Il s᾽agit en fait d᾽un claquement de porte.
752. Le rapprochement avec "litigauit" prouve que Donat donne à "agam" son sens judiciaire de "plaider". Il comprend donc "que puis-je faire ? que puis-je arguer ?".
753. C᾽est-à-dire dans les
Géorgiques, IV,
504 et suivants.
754. Il y a là un très curieux excursus, où Donat (re)fait une explication de texte de deux vers de Virgile, dans un parallèle artificiel avec un vers de Térence. Sans doute une trace de son commentaire de Virgile (perdu).
755. C᾽est-à-dire dans le vers commenté de Térence, après l᾽excursus virgilien qui vient de prendre fin.
756. Puisqu᾽on en est à l᾽invocation aux dieux et au cosmos entier.
757. C᾽est-à-dire qu᾽il y a dans l᾽invocation hyperbolique de Déméa un style para-tragique.
758. Le texte habituel de ce vers de
L᾽Enéide (I, 58) porte non pas "principio" mais "ni faciat".
759. Donat propose sans doute de séparer "Neptuni" du reste de la phrase ; on aurait alors l᾽invocation aux trois éléments, puis un début de phrase "Neptuni"... interrompu par Micion.
760. On a déjà eu une differentia très comparable en 755, 1 : ce que désigne "ira" est donc conjoncturel, ce que désigne "iracundia" est structurel.
761. On remarque que Donat choisit d᾽employer une périphrase "ab eo quod est ire" plutôt que le simple gérondif du verbe "ire" dans un énoncé intégrationniste. En effet, s᾽il avait écrit quia "ira ab eundo dicitur", l᾽explication étymologique qu᾽il propose par rapprochement phonétique aurait perdu tout son sens. Cette explication (farfelue et isolée) est par ailleurs uniquement fondée sur ce rapprochement puisque l᾽étymologie d"᾽ira" est, aujourd᾽hui encore, peu claire.
762. G. 4, 443-444 : le second vers est faux : il faut le pronom "sese" ("ad sese redit" ou "in sese redit").
763. Pl. Capt. 655. Le texte habituel, confirmé par Nonius 232, 3 L, qui cite ce même extrait plautinien, est "nuculeum amisi, reliqui pigneri putamina" : "j᾽ai lâché l᾽amande et ai laissé en gage les déchets !". Nonius explique que tout ce qui tombe de n᾽importe quoi, et non seulement les branchages élagués, peut être appelé "putamen", par exemple la coquille de la noix. Par ailleurs, le même Nonius (587, 21 L), dans son livre IV sur la synonymie, explique les divers sens de "putare", parmi lesquels celui de "purgare" ; pour le sens de "animo disputare", il cite en premier lieu le vers de Virgile qui commence par "multa putans", que Donat cite aussi dans ce développement sur "putare".
764. Remarque de ponctuation. Soit c᾽est : "Facete. nunc demum...", "Amusant ; et il vient de sortir, ce proverbe ?", soit c᾽est "facete nunc demum...", "Tu viens de le trouver facétieusement, ce proverbe ?".
765. L᾽objet du commentaire, comme le montre la comparaison avec le vers de
L᾽Eunuque, est syntaxique : dans les deux exemples, on a une prolepse : le nominatif "filii" se justifie dans la relative (où il n᾽est pas), alors que, là où il est, on l᾽attendrait au génitif, l᾽accusatif "eunuchum" est attiré à ce cas par le pronom relatif dont il est l᾽antécédent, alors que, pour son propre compte on l᾽attendrait au nominatif.
766. Voir la scholie 114.
767. L᾽archaïsme pressenti est dans la construction transitive de "utor".
768. C᾽est sans doute le sens de "signa" qui résiste à l᾽interprétation de Donat depuis le vers 821 ; notons tout de même qu᾽il a l᾽honnêteté de reconnaître qu᾽il ne comprend pas toujours ce qu᾽il est censé commenter. C᾽est un scrupule qui l᾽honore...
769. L᾽expression récurrente "ab eo quod praecedit id quod sequitur", habituellement présente sous la forme "ab eo quod sequitur id quod praecedit" (Andr. 49, 1 ; 502, 1 ; Ad. 460 ; Ph. 493) se comprend ainsi : la structure en "ab" rappelle la typologie des arguments ou des lieux ("ab honesto", "a persona", etc.) ; et le complément est une proposition complétive au lieu d᾽être un nom. Littéralement : "<argument> de ce que ce qui est après est mis avant". Donat, chaque fois qu᾽il utilise ce tour, signale une anticipation dans le raisonnement ; le locuteur dit un mot qui, en avance sur la chronologie des événements, préfigure la situation suivante. Ainsi quand on dit "iubeo" au lieu de "uolo", car il faut d᾽abord vouloir avant d᾽ordonner. Ici, Térence met "dicere" alors qu᾽il faut comprendre la phase antérieure au discours, qui est la pensée. C᾽est l᾽équivalent de l᾽"hysteron proteron" de la rhétorique grecque.
770. Le commentaire signale que les deux jeunes gens ont les mêmes qualités et pourtant des conduites très différentes. Glosant les propos de Micion, Donat cherche à comprendre ce paradoxe. Ce n᾽est pas dans le caractère, dit-il, mais cela peut provenir 1- de la différence d᾽âge (Eschine est plus âgé donc plus audacieux), 2-de la licence laissée à l᾽un des jeunes gens, Eschine en l᾽occurrence, qui est élevé de façon beaucoup plus laxiste que Ctésiphon.
771. Adaptation au pluriel (ou citation approximative) des vers 117-118, dans lesquels seul Eschine était concerné.
772. Selon qu᾽on lit et édite un indicatif "subuertit" ou un subjonctif "subuertat", la particule "ne" change de statut : particule affirmative ("Oui, tes belles raisons nous mettent tout par terre...") ou particule prohibitive de l᾽expression de la défense ("Que tes belles raisons n᾽aillent pas nous mettre tout par terre") ou conjonction dépendant d᾽un verbe de crainte sous-entendu ("<j᾽ai peur> que tes belles raisons n᾽aillent tout nous mettre par terre...").
773. Donat semble opposer les deux composés, un par "con-", un par "ex-" (préverbes de sens contraires) ,et les deux verbes "porrigo" (étendre) et "traho" qui signifie parfois "resserrer". La remarque vise aussi sans doute à expliquer "exporge" forme rare et probablement totalement inusitée de ses élèves. Plus haut (482), il a déjà expliqué "uinci" par son contraire. C᾽est une méthode lexicologique commune.
774. Le terme grec, reconstitué par Lindenbrog, est inconnu par ailleurs. Liddell-Scott le signale comme n᾽étant attesté que dans ce lemme de Donat et juste après en 840, 2. Le terme
καλήμερος existe, au sens de "qui connaît un jour de bonheur" ; on déduit donc que
μισοκαλήμερος signifie "qui déteste avoir un jour de bonheur" ou "qui déteste ceux qui ont ne serait-ce qu᾽un jour de bonheur". La formulation de Donat laisse entendre qu᾽on a affaire à un type de misanthrope, un "caractère" particulier. Mais il n᾽a guère laissé de trace dans la tradition.
775. "De" est superflu au sens où l᾽expression "nocte" (ablatif de "nox" employé adverbialement) existe en latin. Mais, dans les faits, les deux expressions "nocte" et "de nocte" sont toutes les deux attestées.
776. On a deux explications contradictoires sur le tour "cum primo luci". L᾽une (la seconde) plaide pour un emploi de "lux", mais au masculin d᾽une part et à une forme d᾽ablatif qu᾽on n᾽attend pas. Le latin classique dirait "cum prima luce" ; l᾽autre (la première) propose sans doute de voir dans "luci" une forme de génitif de "lucus", qui signifie "bois" et que les étymologies des Anciens associaient systématiquement à la famille de "lux" par antiphrase. Le sens, ici, serait purement et simplement celui de "lumière", "cum primo luci" s᾽interprétant "avec le début de la lumière". En fait, "luci" est une forme de locatif de "lux" qui signifie "à la lumière du jour" et "cum primo" est un adverbe intensif "dès que possible" ; d᾽où "demain matin à l᾽aube". Une explication plus consensuelle consiste à dire que "luci" est adverbialisé (comme "uesperi" ou "mane") et que, du coup, il supporte d᾽être déterminé (ici par "primo"), mais avec le genre neutre.
777. L᾽énoncé de Térence n᾽est pas compliqué et ne semble pas mériter de reformulation. Sauf si c᾽est une remarque sous-jacente d᾽orthographe. En effet, Térence a utilisé une forme archaïque d᾽impératif de "facio", au lieu de "fac" (voir la scholie 482,
3 et la note apposée). Il en résulte que la succession "face te", dans le cadre d᾽une scriptio continua où les mots ne sont pas séparés, pourrait être prise pour l᾽adverbe "facete", "avec humour" . La reformulation, qui fait clairement apparaître un impératif, lève donc une ambiguïté orthographique.
778. A préfixe égal, l᾽idée de ᾽tirer᾽ qui est dans "abstraham" implique davantage de violence que celle de ᾽conduire᾽ qui est dans "abducam".
779. Il s᾽agit d᾽une remarque de syntaxe. "Ligare" peut s᾽employer avec un simple COD, mais non "adligare" qui réclame un COD et un complément circonstanciel de lieu en "ad" + acc. (éventuellement métaphorique).
780. Bien qu᾽il n᾽ait pas utilisé ici la formule "ab eo quod sequitur id quod praecedit" (ou "ab eo quod praecedit id quod sequitur"), Donat signale implicitement un argument par inversion de la chronologie. Cf. la note au commentaire au vers 823, 2.
781. "Meridie" (à midi) est pour Donat un adverbe, mais dès qu᾽il est déterminé par "ipso", il est traité comme un nom. En fait, comme l᾽indique le lemme suivant, c᾽est un nom (dont il donne la forme d᾽accusatif) qui, à l᾽ablatif locatif, fonctionne comme un complément de temps.
782. On connaît mieux l᾽échange D/L, qu᾽on observe dans des emprunts au grec ("lacruma" pour "dacruma", "Ulixes" pour "Odysseus") ou dans des séries latines ("olere" / "odor"). Dans le cas de "meridie" (qui vient effectivement de "medidie"), il s᾽agit d᾽une dissimilation qui évite la répétition du même phonème dans un contexte très court.
783. "Excoquo", dont "excoctus" est le participe, signifie littéralement "faire sortir par la cuisson, faire cuire". La sécheresse est une conséquence de ce procès.
784. C᾽est-à-dire que le relatif qui est inclus et figé dans la conjonction "quin" peut être restitué à n᾽importe quel cas selon la construction. Ici, de fait, "quin" inclut un datif (complément implicite de "adportet").
785. Donat a utilisé il y a peu et à d᾽autres fins (cf. le lemme 843, 2) ce passage de Lucilius. On a une nouvelle preuve de la méthode de Donat, qui réutilise une donnée dont la "fiche" est encore sur son "bureau". Ici, il l᾽exploite (très légitimement) pour illustrer l᾽emploi, qu᾽il qualifie d᾽archaïque, de l᾽accusatif de l᾽objet intérieur : Térence dit "uitam uixi" (j᾽ai vécu une vie), Lucilius dit "pugnauimus pugnam" (nous avons combattu un combat).
786. Ce qu᾽il fait : "omitto..." ; pourquoi il le fait : "quam ob rem ?". Les éléments sont dans cet ordre au vers 860.
787. Cicéron, CM 83 : "quasi decurso spatio ad carceres a calce reuocari" (une fois parcourue toute la piste, être rappelé de la ligne d᾽arrivée au box de départ) s᾽est souvenu de Térence, et Donat s᾽est souvenu de Cicéron. La réminiscence implicite est notamment dans l᾽expression "ad calcem".
788. L᾽énoncé "complet" restitué par Donat donne, en traduction : "Et pourquoi <le ferais-je> ? <Si quelqu᾽un me le demandait, voici ce que je dirais :> j᾽ai trouvé...".
789. De fait, l᾽Acte V est indéniablement celui de Déméa.
790. Même étymologie et formulation très voisine en 42, 2.
791. C᾽est un des effets de la "varietas" qui a été louée au lemme
1 de ce vers. Les "noms" sont en fait les adjectifs "clemens" et "placidus", les verbes sont les syntagmes à l᾽infinitif qui prennent leur suite. Sur la grécité de ce procédé, on peut s᾽appuyer sur une remarque de Priscien (GL 3, 186) qui note, à propos de diverses figures de syllepse et de "transitio" : "Graecorum quoque auctores frequenter huiuscemodi utuntur figurationibus" (les auteurs grecs aussi usent fréquemment de figures de cette sorte). Ici, comme souvent, Donat utilise le verbe "transire" pour l᾽expression technique "transitione uti" ou "transitionem facere", remplaçant un terme nettement technique par un verbe qui l᾽est moins.
792. Pour définir la figure d᾽
ἀναδρομή, Donat utilise le verbe "recurrimus", qui décalque la forme interne du technicisme grec, lequel implique par son préfixe l᾽idée de retour et par son radical l᾽idée de course. Sa construction avec le supin "repetitum" fait de lui un verbe de mouvement strict ("nous courons en arrière"), plutôt qu᾽un verbe de sens métaphorique ("nous re-courons à"), d᾽où une traduction assez littérale.
793. Donat voit une asyndète stylistiquement marquée, qui nous semble inutile : le groupe sujet étendu du vers
866 "ego ille agrestis, saeuus, tristis, parcus, truculentus, tenax", s᾽articule directement sur le syntagme verbal "uxorem duxi". On peut donc supposer que Donat ne lisait pas exactement le même texte que nous et qu᾽il voyait peut-être un verbe "sum" dans le vers 866 : "moi je suis ce paysan, grossier, etc.". Dans ce cas, c᾽est une nouvelle indépendante qui commence au vers
867 et on peut parler d᾽asyndète.
794. Donat remarque que l᾽adverbe anaphorique de lieu "ibi" semble reprendre le substantif "uxor" (épouse) : comme si l᾽on disait en français "j᾽ai pris femme : j᾽y ai connu bien du malheur". Même remarque sur un problème de référence personne-adverbe au lemme 949, 1.
795. Scholie comparable en 470, 3 : l᾽asyndète produit un effet d᾽accumulation.
796. C᾽est ainsi que Donat appelle les emplois instrumentaux non prépositionnels de l᾽ablatif. C᾽est ce qu᾽explicite la seconde main. "Potior" gouverne l᾽ablatif, mais des emplois transitifs se trouvent en langue archaïque (cf. l᾽exemple d᾽Accius).
797. Trad. de J. Dangel dans son édition CUF, 2002, p. 166.
798. Comprendre "un père géniteur".
799. Ce que Donat appelle syllepse ici (une syllepse de cas implicitement, comme au lemme 857), c᾽est l᾽emploi de l᾽accusatif "illum" en prolepse, alors que le pronom fonctionne comme le sujet de la complétive.
800. Le lemme 4, au-delà de la seconde main mal placée, continue directement le propos précédent, en l᾽enchaînant sur "partes". Donat suppose qu᾽il faut sous-entendre "non feram posterioris partes" et comprendre "je n᾽endosserai pas le rôle d᾽un subalterne, <mais celui du protagoniste>".
801. S᾽il est logique qu᾽un esclave parle de son patron en le désignant du nom d᾽"erus", sans déterminant ("le patron"), car, dans la situation d᾽énonciation, ce nom relatif n᾽a pas besoin d᾽être rapporté à la première personne, il n᾽est pas logique en revanche qu᾽il dise "frater" pour désigner Micion : car, toujours à cause de la loi des noms relatifs, cela revient à dire (sauf indication) "mon frère". On comprend donc que la caractéristique de la parlure servile remarquée ici consiste à se sentir à ce point de la famille des maîtres qu᾽on s᾽identifie à eux. Ici, Syrus est de la même fratrie que Micion et Déméa, pour ainsi dire.
802. "Quid fit ? "et "quid agitur ?" laisseraient attendre des réponses en pronoms ("illud fit", "illud agitur") et non en adverbes. Donat signale donc le caractère phatique et conventionnel de telles maximes conversationnelles.
803. Donat signale un aparté.
804. Comme on oppose l᾽inné, avec tout ce qu᾽il a de structurel, à l᾽acquis, conjoncturel, Térence oppose ici la nature (profonde) à l᾽habitude (plus superficielle).
805. Sur ce texte, très mal transmis, voir la note apposée au texte latin. Donat commente ici le jeu de Déméa qui a décidé de jouer le gentil. Il a donc changé d᾽attitude au point de saluer poliment un esclave, alors qu᾽il ne saluait même pas son propre frère au début de la pièce. Voir 41, 2. Les trois énoncés dont il est question ici sont les trois formules de politesse qu᾽il a essayées sur Syrus, au grand étonnement de ce dernier. Du coup, on comprend que Déméa feint d᾽avoir été méchant par jeu alors qu᾽il est au fond gentil, mais nous savons, nous, que c᾽est exactement l᾽inverse : c᾽est quand il est gentil qu᾽il joue la comédie.
806. A ne pas confondre donc avec le syntagme nominal "prope diem", "près du jour". Il s᾽agit d᾽une remarque de ponctuation, l᾽hyphen (
ὑφέν) étant un signe en forme d᾽arc renversé qui sert à préciser qu᾽il faut lier dans le même mot deux lettres, et qui permet de lever des ambiguïtés. Par exemple Diomède GL 1, 434, 36 : "his adiciunt hyphen, cuius forma est uirgula sursum sensim curuata subiacens uersui et inflexa ad superiorem partem ˘. hac nota subter posita utriusque uerbi proximas litteras in una pronuntiatione colligimus (...) ut est ᾽Turnus ut anteuolans᾽ et ᾽antetulit gressum᾽ et ᾽quam simulac tali persensit p(este) t(eneri) / c(ara) I(ouis) c(oniunx)᾽ et apud Sallustium ᾽iam primum iuuentus simulac belli patiens erat᾽ : ᾽simulac᾽ hyphen legendum. est enim una pars orationis (on ajoute à ces signes celui de l᾽hyphen, dont la forme est celle d᾽une virgule placée au-dessus et légèrement recourbée qu᾽on met sous le vers et qui est orientée vers le haut : ˘. Avec ce signe placé au-dessus de chacun des deux mots concernés, nous rassemblons en une seule prononciation deux lettres adjacentes (…), comme dans "Turnus ut ante˘uolans" et "ante˘tulit gressum "et "quam simul˘ac tali persensit" etc. et chez Salluste "iam primum iuuentus simul˘ac belli patiens erat" : il faut lire "simulac" d᾽un seul tenant car c᾽est une seule partie du discours). Dans le cas fréquent de scriptio continua, l᾽hyphen permettait de distinguer "simul ac" la conjonction de "simul + ac", adverbe + coordination. Le signe complémentaire est la diastole, qui oblige au contraire à dissocier des éléments qu᾽on pourrait croire associés, ainsi dans la fin de vers virgilienne (qui amuse beaucoup les grammairiens et, sûrement, leurs élèves) "conspicitur sus" (Aen. 8, 83), avec une diastole après "-tur" pour comprendre "une truie est aperçue", et non pas "conspicit ursus" (un ours regarde).
807. Contextuellement, malgré le masculin "ducente deo", c᾽est Vénus le guide d᾽Enée dans cet épisode.
808. Cf. les lemmes 523,
2 et 698, qui exploitent tous deux cet adage tiré de
L᾽Andrienne 60, également cité en Andr. 455, 2.
809. Les deux frères s᾽étaient réparti les rôles : l᾽un était le père naturel ("natura"), l᾽autre, le père adoptif, était le père de cœur ("animo") : cf. le vers
126 (avec la variante "consiliis" pour "animo"). Mais ici, Déméa s᾽arroge le double rôle.
810. Il n᾽est pas clair de savoir s᾽il s᾽agit du mérite du dieu Hyménée, qui a codifié le mariage, ou de celui des jeunes filles qui sont arrivées vierges au mariage. De fait, un peu plus loin, Donat évoque des "nuptiae seniles", un "mariage de vieux", qui s᾽oppose aux "nuptiae uirginales" de ce lemme. Sans doute ne chante-t-on Hyménée que dans les noces virginales, pour célébrer le caractère virginal de l᾽union.
811. Le texte plautinien est généralement édité avec "quos" (deux fois) à la place de "quid", ce qui ne change rien au sens.
812. Il s᾽agit d᾽un certain Summanus, affranchi borgne, ici présenté effectivement au pluriel.
813. "Maceries" ou "maceria" est mis ici en rapport étymologique avec "macerata", qui veut dire "humidifié". On peut donc comprendre que le matériau est de la terre glaise humide et malléable, un torchis qui sèche à l᾽usage.
814. Il aurait pu écrire "fratris aedes", la maison de mon frère, mais Donat juge plus élégant le datif "fratri aedes" etc., "pour mon frère, la maison sera ouverte aux quatre vents".
815. Les deux phrases qui se suivent semblent contradictoires : le dit-il à Micion ou en aparté ? En réalité, les deux : Micion n᾽est pas sur scène, mais c᾽est bien à lui, en son absence, que Déméa s᾽adresse à mi-voix.
816. Sur le texte controversé de ce passage, voir la note apposée au texte latin.
817. La phrase "complète" reconstituée par Donat est donc : "dignos uos esse quibus fiat arbitror", "j᾽estime que vous méritez que cela vous arrive".
818. Comprendre le mariage de Micion avec Sostrata, qui est l᾽ultime rebondissement que Déméa a en tête et qui va être l᾽objet de cette scène.
819. Il s᾽agit plutôt d᾽un facteur commun que de ce que les modernes appellent un zeugme.
820. Même exemple (Virg. Aen. I, 16) mais remarque légèrement différente au lemme 352, 3.
821. Déméa ne souhaite pas dépouiller Eschine(qui est son fils naturel mais aussi le fils adoptif de son riche frère) de la part d᾽héritage qui lui reviendra à la mort de Micion. Il ne faut donc pas que Micion procrée. L᾽argument du grand âge et de la stérilité de la future épouse de Micion est donc un argument de bon père : ce mariage aura pour conséquence de pourrir la vie de son frère, célibataire endurci, sans léser Eschine.
822. Du moins, si elle l᾽est aujourd᾽hui en raison de son âge, elle ne l᾽a pas toujours été, puisqu᾽elle est mère de Pamphila. L᾽emploi du présent est bizarre, sauf si l᾽on donne à l᾽adjectif "sterilis" le sens de "stérile de naissance".
823. Subtile remarque didascalique de Donat : la répétition inutile du pronom "te" dans les deux infinitives est un indice qui lui donne raison. Il y a là en réalité deux sujets différents car Déméa change d᾽interlocuteur en cours de phrase. La seconde partie, dos tourné à Micion, signale implicitement un aparté d᾽où Micion est exclu.
824. Formulation et analyse comparable à la scholie 696, 2.
825. Remarque de morphologie visant à désambiguïser : "ineptis" est une seconde personne de verbe et non une forme syncopée du substantif "ineptia".
826. S᾽il ne s᾽agit pas d᾽une simple remarque d᾽éditeur de texte ("il faut éditer ᾽sis᾽ et non pas ᾽sies᾽, forme qui ne semble pas apparaître ici dans les mss. de Térence), Donat fait remarquer que Térence emploie une forme "moderne" "sis" au lieu de la forme archaïque "sies", plus fréquente chez lui, et qu᾽on trouve dans cette même pièce aux vers 684,
852 et 890, contre un seul emploi (outre celui-ci) de "sis" en 511. Mais comme pour lui, en 511, il s᾽agit de "sis" adverbe au sens de "s᾽il te plaît" (sur cette erreur, voir notre note ad loc. en 511, 3), il voit ici le seul emploi de cette forme de subjonctif, contre trois emplois de "sies", d᾽où sa remarque, assez elliptique au demeurant.
827. Donat formule assez justement la valeur du potentiel qu᾽a ici utilisé Térence. Voir aussi la scholie
5 du même vers.
828. On trouve là les questions fondamentales de l᾽exégèse littéraire, qui fondent les bases du commentaire.
829. Etymologie comparable au lemme 264, 3.
830. Il faut donc comprendre soit "age prolixe", "agis généreusement", soit "age ; prolixe" ; "allons ; avec empressement <sois des nôtres>".
831. Donat, avec son acuité habituelle, décèle un manque dans l᾽information. En effet, ce projet dément de marier Micion et Sostrata est surgi sans préparation du cerveau de Déméa qui semble vouloir venger là toutes les rancœurs accumulées depuis l᾽enfance contre son frère. Mais a-t-on songé à s᾽enquérir du consentement de Sostrata. A ce "problème" exégétique (
πρόβλημα), Donat propose la solution (
λύσις) de l᾽évidence : la pauvreté de Sostrata s᾽accommodera inévitablement de ce mariage forcé.
832. Au lieu de citer un exemple littéraire, comme à chaque fois, Donat cite un exemple de la conversation courante, relevant donc du latin de son époque. C᾽est assez rare pour être signalé : cf. aussi ci-dessus le lemme 660, 3. On reconnaît ici le goût du latin tardif pour le cumul "ecce" + démonstratif, qui est à l᾽origine des séries démonstratives de plusieurs langues romanes (par ex. a. fr. "cil" ou "cist" ou "ce").
833. Térence dit quelque chose comme "ce domaine que tu loues au dehors" pour faire comprendre "que tu loues à quelqu᾽un du dehors". L᾽adverbe se trouve donc référer à une personne, pour laquelle on attendrait donc un pronom. Il a déjà fait une remarque comparable au lemme 867, 2.
834. Il s᾽agit donc d᾽une étymologie "fruor" < "frumen".
835. Donc "noster est" annule avant même qu᾽elle soit formulée la question "quid mea ?", "en quoi cela me concerne-t-il ?", puisque "noster" implique "mea".
836. Cf. le commentaire à
L᾽Eunuque, lemme 275, 2.
837. Comme il ne va pas de soi que l᾽acariâtre Déméa soit bon, il faut apparemment jurer par Pollux qu᾽il l᾽est. Le serment vient donc pour attester une affirmation paradoxale.
838. Le pédagogue était l᾽esclave qui s᾽occupait de l᾽éducation des enfants.
839. Déméa a déjà prononcé la formule qui libère Syrus de l᾽esclavage au vers 960. Mais ici c᾽est Micion qui prononce la formule performative, car c᾽est lui le maître de Syrus. Il n᾽y a donc pas de redite.
840. Ce vers (Curc. 548) est juste après le vers
546 que Donat a exploité au lemme 907 : encore une preuve de sa méthode de travail ?
841. Raisonnement lexicologique très abusif...
842. "Istoc" est un déictique, dans une expression comparable à "autant que ça !" (en claquant son ongle sur ses dents). Comme c᾽est un déictique, Donat se demande ce que le locuteur "montre", et il propose un flocon ("floccum") ; il s᾽agit d᾽un de ces mots exprimant la très petite quantité ou la très faible valeur (comme en français "mie", "goutte" ou "point") et s᾽associant à une négation pour faire une négation composée. "Floccum" est de ces mots forclusifs en latin.
843. La solution à ce dilemme est donc dans l᾽emploi du futur : Micion continue à refuser pour l᾽instant, mais on garde l᾽espoir qu᾽il le fera sous peu. Sont donc préservés en même temps le vraisemblable et la fin heureuse (pour Syrus en tout cas).
844. "Prolubium" (de la famille de "lubet/libet") renvoie à l᾽idée de caprice ;
προθυμία à celle d᾽empressement et de désir. L᾽idée d᾽empressement à dépenser est strictement contextuelle et n᾽appartient pas aux sèmes spécifiques des deux mots cités.
845. C᾽est-à-dire qu᾽il est bien que, dans une comédie de caractère, les caractères soient tenus d᾽un bout à l᾽autre. Le misanthrope doit donc rester tel.
846. Il s᾽agit d᾽appariements de contraires sans liaison (comme en français "bon an, mal an"). Donat pouvait aussi citer "ioca seria". Ce sont des types de tournures héritées de l᾽indo-européen (et qui s᾽apparentent aux dvandva su sanskrit), et des syntagmes lexicalisés plutôt que des proverbes au sens strict.
847. Moins, plus, trop peu : on est toujours dans des structures comparatives, mais on oriente l᾽échelle tantôt vers le haut, tantôt vers le bas. Il en résulte de la variété, qu᾽il appelle ici non pas "uarietas" comme souvent, mais du terme grec correspondant. Pourquoi ?
848. hunc dans les ms de Térence.
849. La place du lemme 28, 3 "aut ibi" pose problème. Le texte consensuel des éditeurs de Térence fait figurer "aut ibi" au début du vers 29. Mais il se peut que Térence lise un vers 28 sous la forme "profecto hoc uere dicunt : si absis uspiam aut" et ne fasse commencer le vers 29 que sur "ibi". Cela est indifférent métriquement pour le vers 28 et légèrement moins bon pour le vers 29, pour lequel "ibi" doit alors être scandé comme un iambe, sans l᾽abrègement iambique attendu. Quant à la place d᾽un monosyllabe en fin de vers ("aut" dans le cas présent), c᾽est une caractéristique de Térence, qui pourrait plaider en faveur de la lecture reconstituée de Donat.
850. La forme "insueuerit" des manuscrits de Donat est amétrique : on trouve chez Térence la forme syncopée "insuerit".
851. Chez Térence on lit "credo" ; "puto" rend le vers amétrique.
852. Les éditeurs de Térence éditent plutôt "dum is rescitum iri credit" : le sens est le même.
853. Ou "ipsus" : indifférent métriquement.
854. Ou "ehem", métriquement indifférent.
855. "mulcauit" chez Térence.
856. "quot" chez Térence.
857. Ordre différent chez Térence : "nullum huius factum".
858. "consiliis" chez Térence.
859. Térence : "ah si pergis".
860. Térence : "nec nihil".
861. On lit chez Donat soit "deferuisse" soit "deferbuisse" selon les lemmes. Ce sont des variantes morphologiques du même verbe. On lit aussi chez Térence (et Donat le fait remarquer à la scholie 5) "deseruisse", qui oblige à comprendre tout autrement.
862. "quamquamst" ou "quamquam est" chez Térence ; indifférent métriquement et sémantiquement.
863. Donat connaît deux leçons, "nihil" et "nihili". Nous éditions "nihil", qui a sa préférence. Voir note apposée au texte français.
864. Chez Térence "enim" au lieu de "at enim".
865. Dans son lemme, Donat omet "ergo" ; plus loin, dans la scholie 199, 4, il cite cette portion (sans doute allusivement, comme souvent) sous la forme "ipsum istuc uolo experiri". Difficile d᾽établir ce qu᾽il lisait réellement.
866. Un lemme entérine la présence du pronom "tu" (abrégé) mais la citation que fait Donat de ce vers à la scholie 800, 1 est "regnumne Aeschine hic possides ?". Des variantes térentiennes donnent aussi l᾽ordre "tu hic".
867. Var. : "sim".
868. Var. : "ego tibi".
869. Wessner, suivant une grande partie de la tradition térentienne, place les vers 199-200 dans l᾽ordre que nous donnons ici. Notons qu᾽une autre partie de la tradition (et aussi des éditeurs modernes, par exemple Marouzeau) les inverse et qu᾽il est possible que Donat les donne dans l᾽ordre 200-199 si l᾽on suit l᾽ordre de ses scholies dans les manuscrits. Difficile néanmoins de se faire une opinion stricte là-dessus, tant l᾽ordre des vers suivi dans le commentaire est souvent l᾽objet de turbulences.
870. Var. : "ferre".
871. Var. : "occeperis".
872. On lit aussi bien "ac tum" en deux mots, ce qui se comprend "et règle l᾽affaire au moment où...". Mais Donat lit "actum agam", dont il fait un proverbe. Nous éditons donc "actum" en un seul mot.
873. Il faut éditer "periclum" pour que le vers soit juste. Mais les mss. de Donat ont la forme non syncopée.
874. Ou "defrudet" (simple variante graphique, indifférente métriquement). Mais Donat lit, d᾽un lemme à l᾽autre, un indicatif ou un subjonctif. Nous éditons le subjonctif, qu᾽on lit habituellement chez Térence.
875. Les éditeurs de Térence éditent en général le passif "reddatur" au sens de "que mon dû me soit rendu". Les deux possibilités sont métriquement acceptables.
876. On édite d᾽ordinaire "homini nemini".
877. "hem" edd.
878. "quaero" edd.
879. Var. "tristitiem".
880. Var. "quo". Donat lit les deux formes alternativement dans son commentaire
881. Var. "deos".
882. Var. "es".
883. Var. "quando hoc bene successit".
884. Var. "quom". Donat a à la fois la forme "quod" et la forme "cum", d᾽un lemme à l᾽autre.
885. Les mss. de Térence ont l᾽ordre "omnia omnes".
886. Donat et certains mss. de Térence font figurer un "se" (indifférent métriquement) à côté de "circumuallant", d᾽autres l᾽ignorent. Le sens est meilleur sans le pronom, dont la présence gêne manifestement le commentateur, dont le propos est, ici, assez embarrassé.
887. Var. "saeclum".
888. La leçon habituelle a l᾽indicatif "loquitur" ; de fait, le subjonctif est amétrique.
889. Térence : "mihi id".
890. Var. "sublimem".
891. Il faut pour la métrique corriger le "perimus" de Donat et des manuscrits térentiens en "periimus".
892. Térence : "omnium uitam".
893. Térence : "non potis est esse".
894. Térence : "testis mecum est".
895. Térence : "conscia mihi sum".
896. Térence : "dicis" plutôt que "dicas". Le texte de ce vers est mal assuré.
897. Ou "potest", selon les manuscrits.
898. Var. dans les mss de Térence : "adfuisse" (indifférent métriquement et sémantiquement).
899. Var. dans les mss de Térence : "nequitiem" (indifférent métriquement et sémantiquement).
900. Var. dans les mss de Térence : "ehem" (indifférent métriquement et sémantiquement).
901. Var. dans les mss de Térence : "tantisper" (indifférent métriquement et sémantiquement).
902. Var. dans les mss de Térence : "placent" (indifférent métriquement et sémantiquement).
903. Le texte habituel de Térence est "pudet pigetque". Donat inverse l᾽ordre des verbes dans le lemme, mais il traite ensuite, dans son commentaire, d᾽abord de "pudere" ensuite de "pigere". Dans le doute, nous rétablissons le texte habituel.
904. Le pronom "tu" n᾽a pas l᾽air de se trouver dans le texte que lit Donat. Mais, comme il lui arrive de temps en temps d᾽oublier un mot dans une séquence donnée, on ne peut pas en être sûr.
905. Var. dans les mss de Térence : "sex totis" (indifférent métriquement et sémantiquement).
906. Var. dans les mss de Térence : "coeperet" (indifférent métriquement et sémantiquement).
907. Var. dans les mss de Térence : "oho ! lacrimo gaudio". La variante de Térence "lacrimor" (déponent) au lieu de "lacrimo" est indifférente, mais avec la préposition "prae" le vers est faux (sous réserve de ce que Donat lisait entre "indigna" et "lacrimor" et dont il ne nous dit rien). On trouve "prae" également dans le commentaire d᾽Eugraphius.
908. Var. dans les mss de Térence : "phy!" (indifférent métriquement et sémantiquement).
909. Var. dans les mss de Térence : "speculum in uitas omnium". Le texte présenté par Donat est métriquement faux.
910. Var. dans les mss de Térence : "usus sit". La forme "opus siet" est possible si on scande "opu᾽".
911. Var. dans les mss de Térence : "obtemperet". Donat cite le vers avec l᾽indicatif (que nous citons) au commentaire au vers 769, 2.
912. Le mot "iam" ne figure pas dans le lemme commenté : c᾽est sans doute un autre cas d᾽oubli d᾽un mot dans une série un peu longue.
913. Variante dans les manuscrits de Térence : "facinus".
914. Variante dans les manuscrits de Térence : "nihili".
915. Variante dans les manuscrits de Térence : "periimus".
916. Variante dans les manuscrits de Térence : "functus officium est".
917. Variante dans les manuscrits de Térence : "quid".
918. Variante dans les mss. de Térence : "ipsus".
919. Variante dans les manuscrits de Térence : "ut captust seruolorum".
920. Donat lit "ita faciam" au lieu de "nitar faciam" qu᾽on trouve dans les mss. de Térence. Le remplacement de "nitar" par "ita" (sans préjuger de ce que Donat lisait au début et à la fin du vers) rend le vers faux. Comme "ita" n᾽est pas l᾽objet du commentaire, il est possible qu᾽il procède d᾽une mauvaise lecture par un scribe ancien de "nitar".
921. Les mss de Donat hésitent entre "hic" et "hoc" et Donat, de fait, parle de la forme "hoc" en 507, 4. Nous éditons donc "hoc".
922. si qui ed.
923. Variante: "in mentem".
924. sit ed.
925. Les lemmes du commentaire semblent offrir trois lectures différentes : "ne ego infelix sum" ; "ne ego homo sum infelix" (confirmée par la scholie 789, 4) et peut-être "ne ego sum infelix". Le même vers offre de multiples variantes dans les mss. de Térence. Nous éditons le texte du premier lemme de Donat, qui, tel quel, n᾽est pas métrique, sauf à savoir exactement ce que Donat lisait entre ce début et la fin du vers, également mis en lemme.
926. Chez Térence, on a "non tu eum rus hinc modo / produxe aibas".
927. nouerim edd.
928. Var. "bene".
929. "Aeschinus otiose cessat" edd.
930. ortum est edd.
931. expostules edd.
932. Chez Térence, on a "illam".
933. La tradition manuscrite donne "claudier" ou "claudere".
934. "certum siet" edd.
935. Les éditeurs de Térence ont "iam", que Donat signale à titre de variante.
936. Var. "istas".
937. Le texte de Térence n᾽a pas "esse", qui rend le vers amétrique. Mais la scholie 660, 1 le fait apparaître dans les mss. de Donat (contre Wessner : voir les notes apposées au commentaire original et traduit à cet endroit).
938. Var. "atque etiam si est pater / dicendum magis aperte".
939. Les ms. de Térence ont "illa", mais Donat cite "illam" à titre de variante, texte qu᾽il est le seul à donner.
940. Var. "ridiculum".
941. Les mss. de Térence ont "ista". La forme donnée par Donat est amétrique.
942. Var. "mihi ipsum".
943. Variante "proloqui".
944. Chez Térence : "num nunc".
945. Var. "potest". Donat paraît lire aussi une variante "pote".
946. Var. "escendit".
947. Var. "sunt".
948. Chez Térence, "hic" appartient au vers suivant. Il semble faire partie du vers 708 dans les mss. de Donat, quoique la chose soit difficile à établir définitivement.
949. Var. "O".
950. "Fieri" n᾽est pas chez les éditeurs de Térence. Mais on ne sait trop ce que Donat lisait autour. En tout cas, tel quel, le vers est amétrique.
951. Var. "ipsa re".
952. Var. "tibi istuc".
953. L᾽ordre des mots chez Térence est "quin iam uirginem" en fin de vers 734.
954. Var. "hominum".
955. "Ita" ne figure pas dans le lemme de Donat. Il est dans le texte de Térence. On peut supposer que Donat, comme cela lui arrive, a cité sans exactitude.
956. On a les deux variantes "hilarum" et "hilarem" dans les lemmes du commentaire et dans la scholie. Nous choisissons "hilarum" qui est réputé par Donat être la forme archaïque.
957. Var. "fundis".
958. Var. "potatis".
959. Var. "huc".
960. Var. "quo".
961. Var. "abit".
962. Var. "comissatorem".
963. Var "ilicet".
964. Variante "nata oratiost" dans les manuscrits de Térence et chez Donat même dans la scholie 803.
965. On ne sait où Donat plaçait la forme "tollebas", qui ne figure pas dans son lemme ni dans la scholie.
966. Var. "quo".
967. Var. "inesse in illis".
968. Var. "ad omnia alia".
969. Le dernier mot du vers n᾽est pas cité par Donat dans le lemme, qui le saute.
970. Donat lit soit "subuertat" soit "subuertit" selon la valeur de la particule "-ne", objet du commentaire 835, 2.
971. Var. "tempus fert".
972. Le pronom "ego" est sauté dans le lemme de Donat.
973. Difficile de dire, faute de le voir inscrit dans un lemme, si Donat lit "hilarum" ou "hilarem" dans ce vers, mais dans son commentaire il utilise une reformulation avec l᾽adjectif "hilaris", qui pourrait nous faire préférer la forme "hilarem". Voir sur cette question les scholies 522 (citant le vers 287), 755, 3 et 756, 1.
974. Var. "fac".
975. Var. "prorsum illi alligaris".
976. Dans plusieurs éditions de Térence, "atque" est le dernier mot du vers 846, en sorte que, pour préserver l᾽usage de l᾽édition Wessner, il faudrait soit affecter la scholie 846 du numéro 845, 3, soit supprimer "atque" du lemme, soit le considérer comme un mot du scholiaste et non comme un bout de lemme. Mais dans le commentaire, la coordination copulative standard de début de scholie est "et" et non "atque". Comme c᾽est un détail sans enjeu, nous ne modifions pas la numérotation Wessner mais rapatrions "atque" au début du vers 846, comme dans une bonne partie de la tradition térentienne d᾽ailleurs.
977. Variante "decurso" qui se trouve aussi chez Donat, selon les lemmes.
978. Var. "hoc".
979. Var. "hic".
980. Var. "cura".
981. Var. "uti".
982. Var. "ehem".
983. Var. "hanc in horto".
984. Le gros de la tradition térentienne a "ille". Eugraphius ad loc. connaît aussi une forme "illuc".
985. Var. "iam diu haec".
986. Var. "agelli est hic sub urbe paullum". Chez Donat, en outre, l᾽adverbe "hic" n᾽est pas donné dans le lemme.
987. Le segment "esse aequum" manque dans le lemme 959, 2 mais on ne peut en inférer qu᾽il manque dans l᾽exemplaire de Donat, qui a fait un raccourci.
988. Var. "offerant".
989. Par raccourci, Donat saute le segment "porro Micio" dans le lemme 979, 2.