Notes
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Notes
1. Wessner édite Έπιδικαζομένου, mais les manuscrits
sont unanimes pour l᾽écrire en latin et lui donner une forme de
féminin. Comme l᾽indique Donat à la scholie 25, il semble qu᾽il
ait existé deux pièces d᾽Apollodore, l᾽une intitulée
Έπιδικαζόμενος (celui qui se fait adjuger) et l᾽autre
Έπιδικαζομένη (la jeune fille adjugée). Nous pensons qu᾽il faut
conserver à Donat la cohérence de son choix féminin qu᾽il défend à
la scholie 25. Seul R donne une forme masculine Έπιδικαζόμενον
qu᾽il a dû lire en latin dans Térence. De toutes façons la chose
est indécidable, car on ne possède rien des deux pièces.
2. Tous les manuscrits donnent
l᾽accusatif "hanc" mais il est sans nul doute issu de la volonté
de lire "hanc (fabulam) Phormionem", sur le modèle de "haec
(fabula) Eunuchus" (Eun. 32). Ici il s᾽agit non pas du titre de la
pièce mais du nom du personnage et il faut donc lire "in hac
(fabula) Phormionem", comme le faisait déjà Estienne.
3. Wessner édite
"fiscus" et suit la leçon de R, mais C et O donnent "filii" qui
laisse supposer une mélecture d᾽abréviations sans doute "f" suivi
de "fisc᾽". On comprend mieux, dès lors, la leçon de VDML, qui
lisent "festus ". Le segment "f. fiscus" a pu être lu "ffistus",
puis normalisé en "festus".
4. Wessner ajoute ici "prope" qui ne se trouve que dans
R. Il n᾽est pas vraiment utile.
5. V et les deteriores selon Wessner ont un
texte très différent "in processu" et V met de plus le verbe au
passif "ostenditur". Dans les deux cas, l᾽idée dégagée est que les
rôles secondaires se déterminent progressivement suivant leur
place dans l᾽intrigue. On peut hésiter entre les deux textes, mais
le passage de l᾽actif au passif chez V laisse pour l᾽ensemble
supposer une correction par reformulation, jugée ensuite plus
claire que l᾽original et substituée à lui. La cause peut en être
qu᾽"actus" n᾽a pas ici le sens, habituel dans ce contexte, d᾽"acte
de la pièce", mais d᾽"action des personnages".
6. Wessner
normalise la mention des édiles curules en éditant "Merula L.
Postumio Albino aedilibus curulibus". Les manuscrits s᾽accordent,
à quelques erreurs onomastiques près, sur le texte que nous
éditons. La formulation n᾽est sans doute pas le décalque de la
didascalie, mais une libre interprétation par le commentateur,
d᾽ailleurs probablement fausse (voir la note suivante), et à coup
sûr contraire à l᾽usage des nomenclatures officielles romaines.
7. Wessner propose d᾽athétiser "Cassio" suivant Wilmans,
sous le prétexte sans doute que Lucius Cassius Atilius n᾽est pas
un nom romain acceptable et que Lucius Atilius est, lui, bien
connu (Atilius Praenestinus cité dans la préface de
L᾽Andrienne). Il nous semble, à la suite de Tansey
(2001), que Donat mélange deux didascalies, celle de la
représentation de 141, avec Atilius et Ambivius, et celle
de
106 avec Cassius, seul ou avec
on ne sait qui.
8. Wessner athétise le texte unanime des
manuscrits "filio", à juste titre sans doute, car Flaccus est plus
probablement l᾽affranchi de Claudius que son fils. Les manuscrits
ont pu lire "claudii" à partir de "claudi l." (pour "liberto"),
puis l᾽expression "Flaccus Claudii" semblant incomplète, rajouter
"filio" selon la règle traditionnelle de l᾽onomastique.
9. Tous les manuscrits
donnent comme praenomen Gneius, soit en toutes lettres, soit
abrégé, mais il semble qu᾽il y ait eu une confusion avec le Gneius
Fannius que l᾽on voit dans les Verrines de Cicéron. En effet, le
consul de 161, associé à Marcus Valerius (Messala), est bien Caius
Fannius (Strabo).
10. Tous les
manuscrits de Wessner sauf R (qui lit "actionem") portent ce
texte. Wessner suivant Leo (1883) édite ici le texte de R, mais
l᾽autre variante n᾽est pas à rejeter si l᾽on admet que "narratio"
signifie ici l᾽intrigue de la pièce dont le prologue, ouvertement
métathéâtral, se distingue.
11. Tous les
manuscrits de Wessner sauf D portent ce texte. Seul D et Wessner
lisent "quo". Les deux textes sont possibles, nous choisissons de
nous ranger à la majorité des témoins contre un leçon apparemment
isolée.
12. Wessner édite
"eius" leçon isolée de R, tous ses autres manuscrits lisant "suo".
"Eius" nous paraît une hypercorrection grammaticale de R ou de sa
source, car, avec "suo", on devrait comprendre qu᾽il s᾽agit du
propre fils de Chrémès. Le texte "suo" peut s᾽expliquer de deux
façons. Soit le mot "filius" signifie ici "neveu", ce qui est
courant dans la littérature tardive en particulier épistolaire, où
"filius, filia" désignent les enfants par le sang ou par alliance,
soit il s᾽agit d᾽un emploi grammaticalement forcé du réfléchi pour
référer non au sujet "Chremes", mais à "fratre" qui est tout
proche et qui peut s᾽expliquer par des tours bien connus du genre
"misit Magonem cum classe sua (Liv.)". Dans l᾽esprit de Donat, il
n᾽y a sans doute aucune ambiguité possible, parce qu᾽on voit mal
Chrémès marier ensemble son fils et sa
fille.
13. Nous conservons comme
Wessner le texte de R, car "falso" donné par tous les autres
manuscrits utilisés par l᾽éditeur allemand semble une "lectio
facilior".
14. Ce texte, qui est celui de Wessner, est
donné par RCO, les autres manuscrits consultés (VMam) portant
"quamquam". Cette dernière conjonction paraît toutefois difficile
à maintenir, car il ne s᾽agit pas d᾽une concession, mais de la
manœuvre du jeune homme qui fait croire, poussé par Phormion,
qu᾽elle est sa parente, sans savoir qu᾽elle l᾽est réellement. La
substitution de "quasi" par "quamquam" a induit chez les mêmes
copistes ou sans doute leur source l᾽ajout de "tamen" après
"tamquam".
15. Nous rétablissons ici le texte des
manuscrits, contre Wessner qui suit une conjecture de
Reifferscheid (1875) qui lui fait écrire "si eam parasitus ipse
ducat uxorem, det". On peut très bien s᾽en passer, même si le
texte de Donat n᾽est pas très clair notamment en raison des
multiples changements de sujets.
16. Tous les manuscrits lisent
ici "ante" que Wessner, suivant Schoell, propose d᾽athétiser. Il
est vrai que les deux "ante" consécutifs rendent la construction
difficile. On peut supposer une mélecture d᾽abréviation à date
ancienne, par exemple pour "aperte" que nous proposons à titre de
conjecture. Estienne avait proposé "factus" qui paléographiquement
est difficilement explicable.
17. Pour cet acte, comme pour le précédent, Wessner,
suivant Schoell, suppose une lacune au motif que toutes les scènes
de l᾽acte ne sont pas résumées. Toutefois rien n᾽empêche de
supposer que le commentateur est allé à l᾽essentiel pour se
concentrer sur les actes
3 à
5 où se trouve
l᾽essentiel de l᾽action.
18. RK notent ici en marge "consumpte erant littere ob
uetustatem" (le temps a effacé les lettres). Notons qu᾽il peine
également à lire la suite. On voit clairement ici que les copistes
de RK se livrent à un travail extrêmement soigneux, ce que
confirment leurs restitutions probantes du grec dans ce
début.
19. Wessner édite "agnitam", conjecture
d᾽Estienne, mais tous les manuscrits portent "cognitam" que nous
rétablissons.
20. Texte de C, tous les autres manuscrits et Wessner
supprimant un des deux "uxor", on comprend aisément pourquoi.
Cependant c᾽est probablement C qui a raison, car, Phanium étant
déjà mariée, son époux reçoit désormais le droit de son père de
traiter son épouse en épouse.
21. Nous rétablissons pour cette
phrase l᾽ordre des mots que nous trouvons majoritairement.
Wessner, comme Estienne, suivait RCO et éditait " Phanium.
Nuntiatur Antiphoni et Phormioni per Getam, Phanium a patre
agnitam permissamque, ut uxor habeatur". Le sens n᾽en est guère
affecté.
22. Texte quasiment unanime, mais R
prend visiblement le parti de voir ici un élément d᾽argumentation
en lisant "a destructione" (début reposant sur la destruction de
l᾽adversaire). Ce texte n᾽est pas impossible, mais nous nous en
tenons à la leçon très majoritaire.
23. Dans la tradition représentée par VMam ce mot ne
figure pas. Il peut en effet avoir été induit par la confusion de
l᾽adverbe "modo" qui précède avec le datif de "modus", ce qui
impliquait un parallélisme.
24. Wessner
répète ici les mots "poeta uetus" du lemme, mais COV les omettent.
Nous les suivons. Comme souvent dans pareil cas, il n᾽est pas
nécessaire de répéter pour comprendre ce que commente
Donat.
25. Après ce mot, Wessner, suivant Estienne, ajoute un "ut"
censé clarifier. Il ne sert à rien.
26. Wessner édite "annus" qui
paraît pouvoir se déduire de ce que lit C "añus", OV lisent
"annis" qui fait contresens, mais RMma lisent très subtilement
"ennius" d᾽ailleurs graphié "emnius" chez a. A supposer que ce
texte n᾽ait pas été induit à date ancienne par l᾽expression "uetus
poeta", c᾽est très probablement le bon
texte.
27. Les manuscrits de Donat lisent
majoritairement "notos puero puer", qui a pu être induit par
la construction bien connue de "notus" avec le datif et non
par le texte virgilien qui semble assez consensuel sur ce
passage.
28. Wessner édite l᾽actif "audire" donné par COV,
mais RMam donnent le passif "audiri", sans doute plus satisfaisant
pour rendre compte de la valeur autonymique de
"nouum".
29. Wessner
édite "TRANSDERE ᾽transdere᾽ ueteres sonantius quod nos lenius
᾽tradere᾽, ut ᾽translatum᾽ nos, <illi> ᾽tralatum᾽ e
contrario", dans lequel "illi" est un ajout personnel à partir des
Scholia Bembina. Les manuscrits sont assez divisés
sur le détail du texte, comme sur la frontière entre les scholies.
Notre texte reprend la lecture de R sauf sur un point, R lisant
"quam", là où nous lisons "quod" (VM par exemple). Tout le reste
est simple affaire de ponctuation.
30. Wessner édite, sans le dire, exactement ce qu᾽il
lit chez Estienne, qui s᾽est montré ici extrêmement ingénieux. Les
manuscrits lisent à peu près consensuellement "leuius ter hinc
an(n)us conseruatam c a a/t id dedit h u d e decusserat (decus
serat)", m ayant pour sa part renoncé après "conseruatam". Il
semble qu᾽assez rapidement les copistes aient cru voir des
initiales de mots dans une citation implicite. Estienne a tenté de
tirer quelque chose de ces lettres éparses et cela donne le texte
Wessner "leuibus huic hamis c. a. t. d. h., u. d. et t. i. a". Il
s᾽agit là d᾽En. 5,
259 et 262, tout
simplement parce qu᾽Estienne a prolongé la citation jusqu᾽à ce
qu᾽il trouve "uiro" qui lui paraît expliquer "homo". Il faut donc
lire si l᾽on suit Estienne "leuibus huic hamis consertam auroque
trilicem ...donat habere, uiro decus et tutamen in armis". Le
caractère acrobatique du travail d᾽Estienne le rend extrêmement
suspect. Supposons, comme nous le faisons, que les manuscrits
aient lu exactement ce qu᾽ils écrivent. Le premier mot peut alors
se comprendre non comme l᾽adverbe, mais comme le nom de l᾽auteur
de la citation qui suit : Laevius. On s᾽aperçoit alors que si l᾽on
scande la section assurée qui suit c᾽est-à-dire "ter hinc anus
conserua tam", on obtient le début d᾽un sénaire iambique. Le peu
que nous savons de l᾽œuvre polymétrique de Laevius (voir Ledentu
(2004, 157) et Granarolo (1971, en particulier 4-35)) ne s᾽oppose
pas à cette hypothèse. On peut même sans doute compléter le
sénaire en supposant simplement la chute d᾽une lettre dans le
groupe c a t, pour avoir l᾽adverbe "cate". En effet si la citation
est bien du Laevius une forme abrégée est peu vraisemblable. Pour
le vers suivant en revanche en dehors de la fin qui peut se
reconstituer "dedecus erat" ou "decusserat" voire "decus serat",
on ne peut pas tirer grand-chose des débris que nous donnent les
manuscrits. De plus, on comprend alors parfaitement pourquoi Donat
cite ce vers : il lit "anus conserua", qui lui fait penser à
l᾽emploi de "poetam hominem" chez Térence. Rappelons pour mémoire
qu᾽il fait d᾽autres commentaires de ce type avec d᾽autres
références cf. Pho. 292, 2.
31. Wessner ajoute ici deux initiales pour "conubio
iungam", pour trouver le verbe transitif dépourvu de son pronom
objet. Cela peut très bien rester implicite.
32. Texte de tous les manuscrits. Wessner suit
Estienne qui conjecturait "impudentiam", mais il a tort, car ce
que stigmatise ici Donat c᾽est la stupidité de Luscius, et non son
impudence, comme le prouve la scholie suivante.
33. Après ce mot Wessner édite un "a" qu᾽il
tire de RC, mais OVMma ne l᾽ont pas. Il complique d᾽ailleurs
considérablement la construction et la rend à la limite de
l᾽incorrection.
34. Wessner édite "quia in comoedia prodigia facta
<non> sunt nec tragoedias concitauimus" en se fondant sur
les
Scholia Riccardiana. Or, aucun manuscrit ne donne
ici de négation, ni là où Wessner ajoute "non", ni là où les
Scholia Riccardiana supposent "nec". Nous revenons au
texte de RCO pour "tragoedias concitamus", et, pour la première
partie, au consensus de RCOVMam. Pour expliquer le texte aisément,
il suffit de décaler d᾽un mot le "inquit", ce qui évite d᾽avoir à
postuler des subjonctifs sur les verbes. On comprend aisément
qu᾽un copiste ait pu écrire "inquit quia" plutôt que "quia
inquit", car il considérait que la scholie faisait parler Térence
alors qu᾽en fait elle étale simplement ironiquement la sottise de
Luscius.
35. Wessner qui tient ce texte pour la
scholie
2 édite "Et †callide errori
reprehendentis, sed etiam imperite scribere ostendit Luscium
Lanuuinum.", ce qui n᾽a aucun sens, mais représente globalement le
substrat commun à tous les manuscrits... sauf O qui lit ce que
nous éditons, à l᾽exception de deux oublis, un certain, celui de
"scripsisse", un probable, celui de "ipsum". Le caractère souvent
erratique des leçon de O nous invite ici à supposer qu᾽il n᾽a pu
inventer un texte aussi syntaxiquement parfait, mais aussi
difficile à comprendre. En effet, contre toute attente, le "ne" se
rattache à "ideo" du début de la scholie alors qu᾽on pourrait
construire "ideo quia". Le sens est "la raison pour laquelle il
dit ᾽nous semblons etc., au motif que, selon Luscius, etc...᾽,
c᾽est non seulement pour ...., mais pour....". La difficulté du
texte a sans doute été accrue par la chute de "ne modo" remplacé
par un "et", par celui que Wessner considère comme seconde main.
Du coup, les meilleurs latinistes ont tenté de corriger un texte
devenu absurde en ajoutant "non solum" (VMam) pour annoncer le
"sed etiam". Notre reconstruction du texte supprime de fait une
scholie (qui d᾽ailleurs n᾽avait pas de lemme) et nous conduit à
décaler d᾽une unité les scholies suivantes.
36. Wessner édite "
3 SCRIPSIT
legitur et ᾽fecit᾽.
4 ADVLESCENTVLVM ut comicam personam ostenderet
artificiose etc...", ce qui est parfaitement compréhensible, mais
se heurte à deux difficultés. 1-Le texte "fecit" n᾽est attesté par
aucun manuscrit de Térence, ce qui est relativement anormal, car
généralement les variantes que fournit Donat se retrouvent dans la
tradition de Térence. 2-C et O, qui ne sont pas connus pour leur
soin, lisent tous deux "igitur et fecit", leçon que l᾽on pourrait
tenir pour l᾽une de leurs nombreuses bévues, si le texte ne se
comprenait pas beaucoup mieux avec "igitur" qu᾽avec "legitur".
Nous pensons que C et O ont correctement lu, mais que "et fecit"
est en réalité une addition qui s᾽explique par le fait que
"scripsit" a été pris pour le lemme -puisque la forme est dans
Térence-, et qu᾽il a fallu lui trouver un commentaire qui en tout
état de cause était "igitur". On a donc créé une scholie
habituelle avec "legitur et" à la place de "igitur" et on a
repris, pour compléter, And.
3 où
Donat faisait une remarque semblable. Ce qui a provoqué ce
désordre est que le lemme n᾽est pas le premier mot de la scholie,
alors que tout porte à le croire.
37. Estienne, suivi par
Wessner, écrit le mot en grec. Mais tous les manuscrits ont lu des
caractères latins. le problème était qu᾽ils ne connaissaient pas
la figure de peristasis et qu᾽ils l᾽ont remplacée par une qu᾽ils
connaissent la "perifrasis", remplacement d᾽autant plus facile
qu᾽en écriture livresque les deux mots ont une graphie
pratiquement identique.
38. RCOMam portent l᾽indicatif, mais Wessner
suit V et édite le subjonctif. Comme c᾽est totalement indifférent
nous nous rangeons à la leçon majoritaire.
39. Ici R indique "delete
erant littere" et marque une lacune.
40. Nous choisissons l᾽indicatif de V (et M) contre
le subjonctif de RCO suivis par Wessner. Le subjonctif en effet
s᾽explique mal. Il n᾽est pas exclu cependant que V qui est
excellent latiniste ait corrigé.
41. Wessner
édite "maledicendum esse Luscio" et n᾽a pas de scholie dont le
lemme serait "is", notre scholie 16,
2 étant chez lui 16, 1. Toutefois, on constate une
incertitude sur la cas de ce qu᾽il édite "Luscio" et qu᾽on lit
"Luscius" (C), "Luscio" (R) voire qu᾽on ne lit pas du tout (V).
Comme, en outre, O est le seul à donner le texte "is scilicet
lutius lauinius", il est aisé de supposer qu᾽il s᾽agit d᾽une
scholie authentique à rattacher au vers
16 comme nous le faisons. La disparition de "is" et
"scilicet" a entraîné la nécessité de rattacher plus ou moins mal
le nom propre à la scholie précédente. Le nominatif de C, comme le
fait que V n᾽a pas le nom propre rendent notre reconstruction
presque certaine.
42. Sur ce
lemme vide, voir la note à 19.
43. Wessner édite le commentaire suivant avec le lemme 18, 3,
tout en indiquant à juste titre que le commentaire n᾽est pas à sa
place. Nous remettons le commentaire à sa place. En effet, Wessner
lemmatisait ici "benedictis si certasset av. b.", mais il le
faisait contre l᾽autorité de tous ses manuscrits qui considèrent
que le lemme s᾽arrête à "certasset", même s᾽ils ne sont pas
d᾽accord sur ce qui suit. La présence de "bene" à la fois dans le
vers de Térence et dans la scholie a provoqué quelques désordres,
mais R a probablement conservé le bon texte en lisant "an hoc
bene". La présence de ce "an" implique que ce segment soit précédé
d᾽un autre, et la logique du commentaire commande d᾽importer ici
cette scholie laissée dans une place impossible par Wessner. Pour
le participe "respondens", nous suivons la leçon des manuscrits
RCO. V lit "respondet", mais il peut s᾽agir d᾽une correction pour
éviter la collision avec "lacessitus".
44. Après le grec, V porte un "i" et
R une abréviation qui pourrait être soit "pro", soit "prae" soit
encore une mélecture pour "prior" ou "primus". Nous rétablissons
un numéral suivant ce que nous lisons dans V et "prior" parce que
ce mot se trouve au vers 14.
45. Tous les manuscrits qui
notent du grec écrivent quelque chose qui ressemble d᾽assez près à
ce que nous éditons. Estienne préfère corriger en λέγοντος qu᾽il
emprunte à 270, sans aucune raison.
46. Les lexicographes hésitent, pour
l'accentuation de ce mot grec, au demeurant rare et de sens peu
clair, entre "φόρμιον" (Lewis & Short) et "φορμίον" (Bailly,
Liddell-Scott-Jones). Dans le doute, nous gardons la forme que lui
donne Wessner.
47. Wessner édite "propositio", texte unanime de tous
ses manuscrits, sauf V qui donne "praepositio". Nous pensons,
quant à nous, qu᾽il s᾽agit d᾽un commentaire sur "aequo" qui
signifie "équitable" et non "égal", ce qui fait de lui un adjectif
positif et non comparatif d᾽égalité.
48. Wessner édite "circa omnes" texte du seul D, alors que
tous ses autres manuscrits ont "circa omnem". On en déduit
aisément que D, devant un texte qui ne signifie rien, a corrigé le
singulier en pluriel. O, quant à lui, a complété en marge "omnem"
en indiquant "actorem" et il est probable qu᾽à défaut d᾽avoir le
bon texte, il a la bonne interprétation (voir scholie suivante).
Nous proposons cette restitution pour expliquer comment on a pu
arriver à lire "omnem".
49. Ce mot se trouve seulement dans le groupe
CO, mais il est très plausible, comme l᾽est également son
élimination par les autres en raison à la fois de la difficulté du
texte et de la proximité de "reliquisse". Sa disparition peut donc
relever d᾽une forme d᾽haplographie.
50. Ce fragment d᾽Ennius présent dans le seul
manuscrit R, mais connu en particulier par le
De
senectute de Cicéron, a toutes les chances d᾽être un ajout
savant du scribe dont on connaît par ailleurs le soin et la
finesse. Les autres manuscrits de Wessner s᾽arrêtent avant
l᾽exemple.
51. La
ponctuation utilisée par Wessner peut prêter à confusion : il
édite en effet "… inducat ; cui dum hoc…", alors que "cui" est un
véritable pronom relatif, et non un relatif de liaison. Nous
corrigeons donc en "… inducat, cui dum hoc…".
52. Wessner
éditait "discat populus textum et continentiam rerum" ; il s᾽agit
d᾽une conjecture de Westerhof. Tous les autres manuscrits (à
l᾽exception de O qui propose "textum et continentia" – ce qui n᾽a
pas de sens) donnent "textum ex continentia", solution qui nous
paraît préférable : elle permet en effet de restituer le lien qui
unit "textum et continentia", la hiérarchie qui existe entre eux.
Le public apprend en effet la trame ("textum") de la pièce à
partir ("ex") du contenu factuel ("continentia rerum") : les deux
éléments ne sont pas sur le même plan (d᾽où l᾽abandon de la
conjonction de coordination "et" de O), mais la trame de la
comédie est constituée de faits, et l᾽on ne peut percevoir cette
trame sans prendre connaissance, au préalable, de son contenu
factuel.
53. Wessner éditait "miri", ce qui est la
version donnée par les
Scholia Bembina ; tous les
autres manuscrits donnent "mire", et c᾽est la leçon que nous
retenons.
54. Wessner édite "uilis e populoque
factus" ; or "e" est un ajout d᾽Estienne. Goetz propose
d᾽éditer "profectus", ce qui nous paraît faire contresens (si
le personnage est sorti du peuple, il ne peut plus être
qualifié de "popularis"). Nous proposons d᾽éditer "populoque
facetus", en considérant qu᾽il y a eu mélecture sur "facetus",
et en proposant une construction de ce mot avec un datif
d᾽intérêt. Cette restitution est conforme à la logique de
cette scholie, qui vise à faire la synthèse des scholies
précédentes : on y retrouve en effet la notion d᾽humilité
(présente dans la scholie
10 avec "humilis") et l᾽idée que le personnage
est apprécié du peuple (que l᾽on trouvait déjà dans la scholie
8) ; cette synthèse est achevée dans la fin de la scholie 11,
qui mêle les concepts d᾽humilité ("sordidum"), de citoyenneté
("ciuem" –cette notion était présente, plus haut, dans la
scholie 9), et de popularité auprès du peuple
("popularem").
55. Wessner conjecturait "et ille a me
exigit" sur un texte des manuscrits particulièrement désordonné ;
cependant V, qui propose "illemet" nous paraît préférable : cette
forme renforcée du pronom "ille" est en effet attestée dans
l᾽
Ars de Diomède (GL I, 332, 11) ; son emploi serait
justifié par la volonté de Donat, qui restitue ici le propos de
Dave, de rendre ses paroles les plus vivantes possibles et
d᾽imiter le style térentien. Les leçons "ille me te" et dans une
moindre mesure "illi merito", donnée respectivement par C et D,
peuvent résulter d᾽une incompréhension de "illemet". La leçon de R
"ille mea", est une simplification évidente, dont le sens n᾽est
guère satisfaisant.
56. Le mot "Graeci", conjecture d᾽Estienne à cet endroit, ne
s᾽impose pas puisque le mot est déjà en grec.
57. Wessner édite "morem pro lege esse
queritur" en suivant la conjecture de Sabbadini (1897), mais tous
les manuscrits donnent "morem pro lege conqueritur" ; nous
retenons donc cette version du texte.
58. Wessner édite ainsi "constitutum. Ei legitur hi".
Mais les manuscrits COV portent "constitutum ei legi" ; on peut
supposer qu᾽il s᾽agit d᾽un datif complément du passif, mais plutôt
voir dans "legi" une faute qui s᾽explique par la présence de "ei"
et masquant un "lege". Nous faisons de "ei" un datif representant
le personnage et éditons donc ces mots comme la fin du lemme 1. La
numérotation des lemmes de ce vers est donc en décalage par
rapport à celle de l᾽édition Wessner.
59. Wessner édite : "assis libra erat eiusque partes
unciae ; rursum unciae unius duodecima pars libella dicebatur"
(l᾽as équivalait à une livre et ses subdivisions étaient les
onces ; inversement, on appellait "livre" le douzième d᾽une once).
Cette version du texte n᾽est évidemment pas satisfaisante,
puisqu᾽elle se contredit : une "libra" et une "libella" étant une
seule et même chose, l᾽once ne peut pas à la fois être une
subdivision de la "libra" et la "libra" une subdivision de l᾽once.
On peut dès lors proposer deux corrections à la seconde partie de
la phrase : a) "unciae duodecim libella dicebatur" (on appelait
livre douze onces) , b) "uncia duodecima pars libellae dicebatur"
(on nommait once le douzième d᾽une livre) ; cette version nous
paraît être préférable, parce qu᾽elle est celle qui modifie le
moins le texte : on conserve en effet le terme de "pars", ainsi
que "duodecima".
60. Wessner édite "siquidem ipso loquitur" ; "de
ipso" est une conjecture d᾽Estienne. Il est préférable de suivre
la leçon donnée par l᾽ensemble des manuscrits, et d᾽éditer
"siquidem ipsum loquitur".
61. Leçon du seul manuscrit V qui mérite d᾽être retenue car
elle précise bien le sens de la remarque.
62. Ce mot est un ajout d᾽Estienne que nous
conservons.
63. Wessner édite "redhibitio debiti", en se
fondant sur le texte des
Scholia Bembina :
"redibitio" ; tous les autres manuscrits donnent néanmoins
"redditio", et c᾽est la leçon que nous choisissons d᾽éditer, en
considérant qu᾽une mélecture de l᾽expression "redditio debiti" a
conduit à "redibitio debiti".
64. Wessner édite "e re argumenti", ce qui est une conjecture
de Teuber ; l᾽ensemble des manuscrits donnent "uere argumentum" (à
l᾽exception de R dans lequel "uere" est omis). Dans le commentaire
de
L᾽Eunuque, 840, nous avons édité "e re argumenti",
qui a été traduit par "c᾽est une nécessité commandée par
l᾽intrigue que de…". L᾽apparat critique de Eun.
840 (p. 453, l. 3) dit, pour la leçon éditée "et iam
e re argumenti" : "ẽt cherea argumenti" (T), "cherea ẽt argumenti"
(C), et "de necessitate argumenti" (V) ; corr. W. (cf. ad Phorm.
I, 2, 9). Comme on voit, le texte de Donat est assez mouvementé à
cet endroit, et Wessner se sert de la conjecture de Teuber dans
Ph.
59 pour "harmoniser" le texte
de
L᾽Eunuque. C᾽est assez astucieux pour le passage
désordonné de
L᾽Eunuque, beaucoup moins justifié ici,
où les manuscrits donnent un texte très
satisfaisant.
65. "Quae
dicitur" et "bono" se trouvent dans le manuscrit I (Reeve (1979,
317)) et fournissent un texte excellent que nous conservons, en
raison du caractère absolument topique de l᾽argument "cui bono",
que l᾽on trouve par exemple chez Cicéron (Rosc. 84, 9), Asconius
(Mil. 40, 15) etc. Schoell avait déjà conjecturé "bono".
66. Les deux "qui" édités par Wessner sont
des conjectures de Sabbadini (1897, 294) que nous retenons ;
l᾽ensemble des manuscrits donne "cui" à deux
reprises.
67. Ce mot est donné par la branche Δ (cf.
Reeve (1979, 315)), et fournit un texte excellent.
68. COV proposent "quia" plutôt que "qua" et nous les
suivons.
69. Wessner n᾽édite pas la réponse "omnium", que
l᾽on trouve dans CO, et qui justifie l᾽emploi, dans la suite du
texte, de "sed" et de "magis".
70. Wessner édite, on ne sait
pourquoi, "abeuntis", mais il faut un nominatif pluriel soit
"abeuntes".
71. Wessner édite "hic relinquunt
filiis". "Hic" est une conjecture d᾽Estienne. Tous les manuscrits
donnent "hinc", et dans la mesure où les deux termes sont ici
employés indifféremment (cf. "et hinc et hic legitur", nous
donnons la priorité à la leçon des manuscrits.
72. Wessner édite "complebit", mais nous faisons
le choix de suivre le manuscrit V, qui donne "compleuit" : il est
ici question de la conduite de Géta, qui ne s᾽est pas comporté en
"magister" puisqu᾽il a laissé les jeunes gens tomber
amoureux.
73. Nous éditons "a procul uel porro", alors que
Wessner se contente de donner "a porro". Cette double
étymologie figure dans les manuscrits CO, mais aussi dans V
qui donne "a porro uel procul".
74. L᾽ensemble des manuscrits donnent "in
stalagmonisadeo". Ribbeck (1873) propose "uisam" au lieu de
"nisa". Nous éditons quant à nous "nisi deo", ce qui permet
d᾽éviter de trop s᾽écarter des manuscrits, comme le fait
Ribbeck, considérant qu᾽il s᾽agit d᾽un ablatif
absolu.
75. Le
manuscrit V précise "retulit perdidi", et nous faisons le choix
d᾽éditer "rettulit perdidi" (en gardant la graphie "rettulit"
présente dans tous les autres manuscrits), car cette leçon permet
de percevoir plus clairement l᾽opposition entre "perdidi" et
"seruare" qui est ici en jeu.
76. Wessner édite "oportuerit", correction de
Sabbadini que nous conservons. R donne "oportuerat", mais ce
plus-que-parfait n᾽est pas satisfaisant. OV donnent "oportueret",
forme barbare, et C "oportuere" : aucune de ces leçons ne paraît
convenir.
77. VCO
donnent "quartum" au lieu de "tertium" (que semble donner R). Il
s᾽agit effectivement probablement d᾽un pléonasme de la quatrième
catégorie. Le scribe a pu confondre les nombres, surtout si son
modèle portait, comme attendu, le nombre écrit en chiffres et non
en toutes lettres ("III" au lieu de "IIII").
78. "Puellulam" est une correction de
Westerhof que nous conservons ; les autres manuscrits donnent tous
"puellam", or c᾽est bien "puellulam" qui figure dans le texte de
Térence.
79. Wessner édite "cum τύπῳ",
conjecture d᾽Estienne que nous acceptons.
80. Wessner suit la conjecture de Teuber (1881,
22) en éditant "plurali" contre tous les manuscrits qui lisent
"singulari". Cette conjecture n᾽est pas nécessaire, ce que veut
dire Donat est que le personnage utilise un pronom pluriel pour
une réalité singulière, lui-même.
81. "Domum" est un ajout de Goetz que nous
conservons.
82. Sabbadini (1897, 295) ajoute ici "quid sit", mais la
scholie se comprend bien sans.
83. Wessner ajoutait un "non" que nous supprimons, le texte
se comprend sans lui. C᾽est bien dit précisément parce qu᾽avec
ses seules souffrances, Antiphon parvient à bouleverser tout
le monde.
84. Conjecture d᾽Estienne pour un texte
grec de V incompréhensible : παρασεης.
85. Ces
mots ne figurent que dans l᾽editio princeps, mais ils sont fort à
leur place.
86. Les manuscrits donnent
"hic", et c᾽est cette leçon que nous retenons, bien que tous les
manuscrits de Térence donnent "quo", et que Sabbadini (1894, 107)
propose de lire "hoc".
87. Ces mots ne figurent que dans l᾽editio
princeps, mais ils conviennent parfaitement.
88. Wessner édite "sic et
alibi ᾽capillus passus, prolixus, circum caput reiectus
neglegenter᾽, —
2 passvs temere
dispersus . — ut pars magna", mais il faut déplacer la seconde
main pour rendre le texte compréhensible. On obtient alors le
texte suivant : "sic et alibi ᾽capillus pexus, prolixus,
circum caput reiectus neglegenter᾽, ut pars magna. —
2 passvs temere dispersus. —".
89. Wessner a
déplacé ces mots grecs, en créant artificiellement un lemme 104,4,
dans l᾽idée que cela commentait "imus, uenimus", etc. En réalité
la description de la jeune fille correspond sans doute mieux à la
nature de l᾽enargeia. Il faut également modifier la ponctuation
après "ipsam" ce qui permet, contre Sabbadini (1894, 109), de
garder "enim" à la place qui est la sienne dans les
manuscrits.
90. Wessner édite "peti" qui est une conjecture
d᾽Estienne ; les manuscrits donnent "petit", que nous
rétablissons, car la construction est possible bien que
difficile.
91. Le texte est ici extrêmement douteux. Wessner édite "cum
ἐμφάσει uel † αιρης dixit", et voit donc dans ce passage un
locus desperatus. Les manuscrits proposent, au mieux, une
succession de caractères grecs incompréhensible, à l᾽exception
de V, qui donne "cum εμφασι uel αιρης". R et C en raison de la
taille de leur blanc peuvent laisser entendre qu᾽il n᾽y avait
qu᾽un seul mot commençant par ε si l᾽on en juge par C. Si l᾽on
suit la leçon proposée par les manuscrits RCO, on peut
cependant éditer "cum ἐμφάσει uel ἄρσει dixit", en comprenant
le terme d᾽"ἄρσις" (qui signifie "soulèvement", "élévation")
au sens de "fait de lever la voix". On pourrait supposer, au
lieu du texte que nous proposons à la suite d᾽une correction
habile de Schoell, "cum ἐπάρσει".
92. Wessner édite "civem esse Atticam
bonam ᾽ciuem᾽ quod ad iura pertinet, ᾽bonam᾽ quod ad ipsam". Mais
"esse Atticam bonam ciuem" est un ajout de Wessner qui nous paraît
superflu. On peut en effet tout à fait éditer "civem quod ad iura
pertinet, bonam quod ad ipsam", en comprenant "civem" et "bonam"
comme des lemmes.
93. Tous les manuscrits donnent "a maioribus", et cette
leçon nous paraît convenir. Nous rejetons donc la conjecture
d᾽Estienne, qui propose, en se fondant sur le "pertinet" de la
scholie précédente, "ad maiores".
94. Nous adoptons la
correction que Wessner apporte au texte des manuscrits, qui
portent "nuptias".
95. Wessner éditait
une conjecture de Sabbadini (1897, 296) "si sperari". RCO donnent
seulement "sperari". V donne "ne sperari", qui met à notre sens
sur la voie du bon texte "ni sperari".
96. Wessner
édite "si cum, ut sit : cum redisset" mais "si cum ut sit" est une
conjecture personnelle. Les manuscrits donnent seulement "cum si".
Nous proposons donc "si cum redisset", énoncé certes elliptique,
mais assez conforme aux usages de Donat.
97. "Dixerat"
est une correction d᾽Estienne. RCV donnent "dixeras" et O
"dixeris". La troisième personne du singulier est ici la seule
solution possible.
98. Tous les manuscrits donnent "si",
leçon impossible qu᾽Estienne corrige en "qui". Mais la correction
"is" que nous proposons nous paraît à la fois plus économique et
tout aussi simple.
99. "Et" édité par Wessner est une
conjecture de Lindenbrog. Tous les manuscrits donnent "ex", que
nous adoptons.
100. Nous
retenons comme Wessner une conjecture de Schoell, contre les
manuscrits qui écrivent "desuper" qui n᾽a ici aucun sens.
101. Les manuscrits RC donnent "subaudiuimus". OV
donnent "subaudimus". Schoell avance, à titre de conjecture,
"subaudibimus". Nous éditons "subaudimus" comme OV car le parfait
est improbable, le futur est barbare (et ne correspond pas aux
usages de Donat, qui sait qu᾽on dit "subaudiemus"). Le présent va
d᾽autant mieux si on réunit les deux phrases de la scholie en une
seule avec interrogation double, au présent dans les deux cas :
"simpliciter accipimus an subaudimus quamuis ut sit : quamuis
uirginem ?", "est-ce que nous nous comprenons ᾽uirginem᾽ tout seul
ou est-ce que nous sous-entendons ᾽quamuis᾽... ?".
102. Les manuscrits
donnent bien "sensus", mais R. Kauer (1900,
40 et suiv.) proposait de lire "uersus", en se
fondant sur le commentaire au vers
325 du Phormion, où Donat écrit, à propos de
"denique" : "hanc particula in ultima ponit sententia". Néanmoins,
comme "sensus" est la leçon donnée par tous les manuscrits sans
ambiguïté, c᾽est celle-ci que nous conservons. Tout au plus
peut-on remarquer que Ménage, dans sa lettre à Graevius
du
21 mars 1688, lit bien "in fine
sensus", mais comprend "in fine uersus", puisqu᾽il écrit : « il ne
peut être révoqué en doute que Térence n᾽ayt fini son vers par
denique ; Donat, sur ces paroles du Phormion, ᾽quid fit denique᾽,
qui sont de la Scene 2. de l᾽Acte I. aïant remarqué que Térence a
mis ᾽denique᾽ dans cet endroit-là à la fin du sens, comme dans
celui-cy de
L᾽Héautontimoruménos, ᾽Fodere, aut arare,
aut aliquid ferre denique᾽. Voicy les paroles de Donat : ᾽More suo
posuit Terentius denique in fine sensus᾽ » (cité par Maber (2005,
105)).
103. Wessner édite
"ut Lucilius in secundo ᾽qui te, Nomentane, malum᾽ etc. pergit
autem per ᾽hoc consilium quod dicam dedit᾽", dans lequel "pergit
autem per" est une conjecture personnelle pour un texte des
manuscrits "pergit aut qui". Nous éliminons cette conjecture et
rétablissons le texte des manuscrits, ce qui pourrait donner "qui
te, Nomentane, malum᾽ etc. pergit aut qui ᾽hoc consilium quod
dicam dedit᾽". Dans ce cas, il devient évident que le "aut"
indique une deuxième nature possible pour "qui", qui est soit
l᾽équivalent de "utinam", soit le pronom relatif auquel Donat
enchaîne sa proposition relative. Reste la question du fragment de
Lucilius. Les éditeurs de Lucilius considèrent que ce que Wessner
édite sous la forme "et cetera pergit" constitue la fin de
l᾽hexamètre cité ("cetera pergit" donnant une clausule héroïque).
Le problème est que l᾽hexamètre n᾽est pas scandable en l᾽état, et
les éditeurs corrigent diversement le texte pour obtenir un
hexamètre. Nous n᾽acceptons qu᾽une seule de ces corrections qui
corrige "Montane" des manuscrits en "Nomentane", nom qui se
retrouve dans un autre fragment de Lucilius. Nous supposons, pour
le reste, que seul le début de l᾽hexamètre est cité, jusqu᾽à la
coupe hephthémimère. L᾽hexamètre est alors "qui te Nomentane
malum..." et il faut se résigner à ne pas savoir comment il se
terminait. Comment alors expliquer "et cetera pergit" ? Les
manuscrits donnent "ad cetera pergit", ce qui se comprend
parfaitement, si Donat ne cite qu᾽un élément d᾽hexamètre et met la
citation en rapport avec l᾽aposiopèse que comprend le vers de
Térence, et donc sans doute celui de Lucilius. Nous éditons donc
"et ad cetera pergit" qui nous paraît respecter parfaitement
l᾽idée que, si "qui" vaut pour "utinam", il y a aposiopèse (il n᾽y
a pas de verbe) et le personnage passe à la suite ("toi,
Nomentanus de malheur, que les dieux te..." chez Lucilius,
"l᾽impudent... que les dieux le perdent !... a donné le conseil
que je vais te dire" chez Térence). A l᾽appui de cette
reconstruction, notons la même analyse très explicite au lemme
suivant.
104. Conjecture certaine
d᾽Estienne, le "grec" des manuscrits étant illisible.
105. Wessner édite à
cette place "unde" qui est un ajout d᾽Estienne, de sorte que l᾽on
lit "ut rediret ad nominatiuum casum ᾽qui᾽, unde aberrauerat et
᾽illum᾽ dixerat". Sabbadini (1897, 296), quant à lui, propose de
remplacer "unde" par "a quo". En réalité, aucun ajout n᾽est ici
nécessaire : pour nous, "qui" n᾽est pas un autonyme et il faut
éditer "ut rediret ad nominatiuum casum qui aberrauerat et ᾽illum᾽
dixerat", et comprendre "pour qu᾽il revienne au nominatif, lui qui
s᾽en était éloigné en disant ᾽illum᾽".
106. Les manuscrits donnent "a
persona iustum quocumque agitur" ("quodcumque" pour V), qui n᾽a
pas grand sens. Nous supposons que le groupe "eiuscumquotum" a été
mal lu par simple inversion de "c" et "t" ("cum/tum"). A partir de
là, le texte n᾽était plus compréhensible.
107. Wessner édite
"ἀπογραφὴν † τοναι", mais on peut proposer, en se fondant sur
l᾽apparat critique, "ἀπογράψομαί σε".
108. "In personis" est un ajout de Sabbadini (1897, 296),
indispensable à la compréhension du passage.
109. Si
l᾽on considère qu᾽il s᾽agit d᾽un type d᾽argument, on peut faire
droit au texte des prétendus deteriores "a persona" contre celui
des meilleurs manuscrits "ad personam". Toutefois le texte des
manuscrits tenus par Wessner pour les meilleurs n᾽est pas
impossible.
110. Les manuscrits
donnent "totum". Sabbadini (1897, 297) supposait plutôt "τὸ", mais
la conjecture est inutile.
111. Wessner édite "totum ἐν ὑποκρίσει", mais
"totum" est un ajout de Schoell motivé par le "totum" donné par
les manuscrits dans la scholie précédente, et par le "totum" que
l᾽on trouve dans la scholie suivante. Néanmoins, il ne nous paraît
pas judicieux de le conserver, dans la mesure où l᾽on ne trouve
rien, dans les manuscrits, qui le justifie.
112. "Dicens" est
une conjecture d᾽Estienne que nous conservons, la leçon "dicit",
donnée par RCO ne permettant pas de construire correctement la
phrase.
113. Wessner se demande s᾽il ne faut pas lire
"proprie" plutôt que "prorsus" qu᾽il édite cependant. La
conjecture de Wessner "proprie" est assez habile, car Donat
rappelle le lien qui existe au sens "propre" entre les deux mots
apparentés "refellere" et "falsitas".
114. Le mot "συκοφαντεῖ" est
une conjecture de Schoell. R donne "συτωφηλυα" et V "σϋτωφηλυα"
(et dans la marge "uel σϋκωφαντα").
115. Wessner édite "et
iam eum sub certo interitu defleas", en suivant Estienne qui
conjecture "defleas" alors que tous les manuscrits donnent
"defleat". On peut néanmoins conserver la leçon donnée par les
manuscrits et éditer "defleat". On considère alors que l᾽on change
de sujet en cours de phrase, le sujet de "defleat" étant Dave, et
"eum" renvoyant toujours au malheureux Géta.
116. Wessner édite "in tali
re attingenda" qui est une conjecture de Schoell. V donne "in tali
re tangenda", RC "in alia reticenda" et O "in alio recitanda".
Toutes ces leçons peuvent provenir d᾽une mélecture de "in tali re
dicenda" réinterprété en "in tali reticenda" à même d᾽expliquer
toutes les autres leçons.
117. En grec chez
Wessner, mais en latin dans les manuscrits. Nous le conservons
ainsi.
118. Tous les manuscrits donnent "paedagogus est ille", mais
nous tenons compte de la correction de Sabbadini (1897, 297) qui
supprime "est" et rétablit ainsi la citation
exacte.
119. Notons que l᾽editio princeps donne
"δεικτικῶς sic".
120. Wessner édite "nam nemo non cum spe amat", où "nam"
est une conjecture de Schoell, que nous supprimons et "non cum
spe" de Sabbadini (1897, 297). V donne "cum non spe" et RCO "cum
ne spem". Aucune de ces leçons n᾽est satisfaisante, mais on peut
logiquement tirer de "cum ne spem amat" une forme "sperarat", qui
invite ensuite à lire "cum non sperarat". La construction de "cum"
avec le plus-que-parfait de l᾽indicatif a pu troubler le
scribe.
121. Tous les manuscrits donnent
"animaduertite quid" (sauf V "animaduertite quoad"), que Wessner
corrige en "animaduerte τὸ quid". Cette conjecture de Wessner est
probable, Donat ne s᾽adressant jamais à son lecteur au pluriel. De
plus "animaduertite" peut provenir facilement d᾽une mélecture de
"animaduerteto", compris comme un seul mot.
122. Wessner
ajoutait ici un "et" inutile.
123. Wessner édite "in qua sit audax locutor Phaedria",
où "sit" et "locutor" sont des conjectures de Schoell, pour
respectivement "sic" (dans tous les manuscrits) et "loquitur"
(manuscrits RCO) ou "inducitur" (manuscrit V). Il est préférable
d᾽éditer "in qua sic audax loquitur Phaedria", en construisant
"sic" avec le "ut" suivant, et de traduire "dans laquelle Phédria
s᾽exprime en audacieux".
124. Wessner
édite ici un "qui", conjecture de Bentley signalée par Wessner,
inutile à notre leçon.
125. Cet élément se
trouve ici dans les manuscrits, mais Estienne l᾽avait déplacé, à
tort selon nous, à la fin de 153, et Wessner l᾽avait suivi. Nous
reprenons l᾽ordre des scholies tel qu᾽il figure dans les
manuscrits mais nous conservons en revanche la correction
d᾽Estienne en "fugiturus" pour le "futurus" des
manuscrits.
126. Wessner édite "et aduenti et
aduentus" où "aduenti et" est un ajout d᾽Estienne qui n᾽est pas
indispensable. Nous éditons donc le seul "et aduentus".
127. Ajout
d᾽Estienne qui paraît évident au vu de la citation, bien connue
des grammairiens, de la
Médée d᾽Ennius.
128. Wessner édite "ἀνθυποφορὰ μονομερής ᾽non potitus
essem᾽. non enim illa ᾽sed potiri uoluisti᾽ posuit ut ᾽uerum
anceps pugnae fuerat fortuna fuisset᾽. hic enim utraque pars
ponitur", en tenant compte des corrections apportées par Sabbadini
(1897, 297) et Estienne. Or le texte des manuscrits, consensuel au
moins dans son ordre, invite à lire "Antropophora (****) ut ᾽uerum
anceps pugnae fuerat fortuna. fuisset ᾽. hic enim utraque pars
ponitur. ᾽Non potitus essem᾽ monomeres non ne (ut) illa ᾽sed (hic)
potiri uoluisti᾽ (pos)uisset". Il est assez aisé de comprendre
qu᾽il y a en réalité deux commentaires. Le premier relève la
figure et compare avec Virgile, le second ajoute une qualification
rare ; cette figure est "d᾽un seul tenant", car on a la réponse à
l᾽objection, mais non l᾽objection elle-même. On peut donc
considérer qu᾽il faut conserver l᾽ordre des manuscrits. Pour la
fin, désordonnée dans les manuscrits, on peut supposer simplement
la disparition d᾽un "si", dont la restitution rend viable le texte
de V qui porte "ut" au lieu de "ne" et construire "non ut si
illa... posuisset". A ce moment, la scholie redevient parfaitement
compréhensible.
129. Wessner ajoutait "igitur"
sans aucun motif apparent. Schoell conjecturait "itaque" sans plus
de motif.
130. Correction d᾽Estienne pour un "continente" des
manuscrits qui n᾽a pas de sens.
131. Nous reprenons avec Wessner une conjecture de
Hartman (1895) pour un texte des manuscrits "aduersa et contraria"
qui aboutit à un contresens, Antiphon étant aux yeux de Phédria
parfaitement heureux avec sa bien-aimée.
132. Estienne (suivi par Wessner) ajoutait ici "et"
, qui ne sert à rien. Nous le supprimons.
133. Wessner éditait "optandam", conjecture
d᾽Estienne, mais le texte des manuscrits "optanda" est plutôt plus
facile à construire et plus latin.
134. Nous conservons, comme Wessner, le
texte de V, contre les autres manuscrits qui proposent, sans doute
induits en erreur par le contexte de la scène,
"nubentibus".
135. Wessner édite une conjecture de
Sabbadini (1897, 298) "auemus", pour un texte des manuscrits qui
tend à un consensus sur "habemus" (ROC). Le texte de C et celui de
O expliquent la confusion. En effet "amamus" est une glose de
"habemus" (visant sans doute à recontextualiser la remarque), qui
s᾽est introduite dans certains manuscrits et qui survit sous la
forme "amamus aliter habemus" de C. "Auemus" est une lectio
difficilior, trop peut-être. Reeve (1979, 316) paraît défendre la
leçon "agimus", mais elle est nettement moins bonne que "habemus"
en raison du sens du verbe "proueniunt". Notons que, dans son
système, "habemus" est la leçon de K dont il souligne par ailleurs
l᾽importance, ce qui renforce notre hypothèse.
136. Ingénieuse conjecture de Wessner que nous adoptons. Le
texte des manuscrits "dictum quod" n᾽est pas en soi impossible,
mais il faut postuler un "idem" voire "idem est" et comprendre
"᾽tamdiu᾽ est ici la même chose que ᾽tantum diu᾽".
137. Conjecture judicieuse
d᾽Estienne, mais les manuscrits V et R avaient assez bien conservé
le mot.
138. Conjecture d᾽Estienne contre les manuscrits
qui, induits en erreur par "amore", lisent ici un ablatif "copia".
139. Les manuscrits donnent tous ce texte que
Wessner a corrigé, sans doute en raison d᾽une construction un peu
délicate, en "superioribus", comprenant "beaucoup rattachent
᾽palam᾽ aux mots qui précèdent". Pour nous "iungunt" est construit
absolument et "superius" est un adverbe.
140. On doit, selon Wessner, à Bentley d᾽avoir reconnu
ce passage de Lucrèce écrit comme du grec dans le manuscrit V
, ou extrêmement maltraité par les autres.
141. "Antequam" est une
conjecture d᾽Estienne reprise par Wessner, contre les manuscrits
RCO qui donnent "antiqua" et V "cum iniqua", deux leçons
invraisemblables.
142. Wessner éditait "sustinet" (texte du
codex Cuiac.), tous les autres manuscrits proposant "suae tenet".
Or le réfléchi ne convient guère ici, puisque la faute qu᾽assume
Géta ici n᾽est pas la sienne propre, mais celle du jeune homme.
D᾽un autre côté, l᾽expression "partem tenere" est meilleure que
"partem sustinere". Du coup, nous proposons de restituer un texte
"partem eius tenere", devenu ici "partem sustinere" par mélecture,
là "partem suae tenere" par correction du non-réfléchi en
réfléchi.
143. V donne XIIII, ce qui est l᾽opinion unanime des
éditeurs modernes de Lucilius. On peut probablement se fier au
soin du copiste de V, le seul par exemple à tenter de tirer
quelque chose du grec.
144. Les manuscrits donnent tous "hora
et". Charpin (1979, 64), et Wessner, supposent à juste titre
"horae".
145. Les manuscrits donnent "qui quoque inuasit" (RCO),
"qui hoc inuasit" (V). "iuuassit", conjecture de Sabbadini (1897,
298), ne paraît pas utile. Charpin (1979) édite exactement le
texte que nous proposons.
146. Ces mots
grecs sont une conjecture d᾽Estienne pour "presto" des
manuscrits.
147. Restitution ingénieuse d᾽Estienne, éditée
par Wessner, et confirmée par
La Souda s. v.
πλίνθος : "Πλίνθος. παροιμίαι· Πλίνθους πλύνεις· Χαμαὶ ἀντλεῖς·
Φακὸν κόπτεις· ἐπὶ τῶν ἀδυνάτων καὶ ἀνηνύτων καὶ μὴ ὄντων λέγεται"
(Brique : proverbes ; tu laves des briques ; tu écopes par terre ;
tu coupes une lentille ; se dit de choses impossibles, inachevées,
qui n᾽existent pas).
148. Wessner édite une conjecture d᾽Estienne
"placando" ; le texte des manuscrits est toutefois parfaitement
compréhensible.
149. Wessner ajoutait divers éléments
pour parvenir à éditer "nec sui uim significatus habere". "Nec
sui" était une conjecture de Schoell et "habere" une conjecture
d᾽Estienne. Le texte des manuscrits porte "si (et V) significatus
(-ionis O, -cati non V) habet (-nt dett.)". Pour "si" le texte de
V peut nous mettre sur la voie d᾽un "etsi". En éliminant "si", V
rend l᾽énoncé incompréhensible ce qui l᾽oblige à ajouter "non". On
peut ensuite hésiter sur "significatus" ou "significationis" (qui
donne par parenthèse le cas de "significatus"), mais il faut sans
doute préférer "significatus" qui est beaucoup plus rare en ce
sens et qui a pu être glosé "significationis". Quant à "habet" de
V, il peut provenir d᾽une mélecture d᾽une abréviation corrigée par
les dett. en fonction du sens.
150. Estienne proposait de lire "par
idiotisme" pour un texte grec malmené par les manuscrits. Il nous
semble que le texte de V qui donne "ανσοτισμο" permet de restituer
ἀττικισμῷ. Donat repèrerait un emploi du génitif de la partie
(ψυχῆς dans l᾽original grec ?) qui pourrait correspondre au
génitif dont il parle dans la scholie suivante.
151. Texte de V. O lisait "eius eo" Klotz
restituait quant à lui les quatre formes "eius ei is eo", suivi
par Wessner. Mais il ne voit pas, à notre sens, que les deux
formes "is" et "eo" sont commentées dans les lemmes
suivants.
152. Les
manuscrits donnent "si", mais on voit mal le sens de la question
"s᾽il le retient, comment peut-il le torturer ?", tant la réponse
est évidente. "Sic" édité par Wessner suit une suggestion de
Rabbow (1897) qui, en soi, n᾽est pas impossible, mais la
restitution du texte de V au lemme précédent donne sans doute la
solution. Donat commente maintenant la forme "is" du polyptote,
avant de passer à "eo" au lemme suivant.
153. Leçon de l᾽editio princeps, pour "peccati" des
manuscrits qui s᾽explique par "libertatis" mais se comprend mal.
Wessner quant à lui choisit la curieuse conjecture d᾽Estienne "per
eam".
154. Le texte des manuscrits peut être conservé malgré la
place étrange de ce "et" ; on peut aussi accepter comme Wessner la
conjecture "ut" proposée par Estienne.
155. Les manuscrits écrivent "pro
prouidissem" qui a pu provoquer une haplographie qui rend le
commentaire peu clair. Le codex Cuiac. a donc complété de manière
érudite ce vide en écrivant comme le fait Donat à l᾽occasion "ἀντὶ
τοῦ".
156. Wessner édite "causa est" qui est une conjecture
à partir du texte de RCO "causa et". V n᾽a rien et il a sans doute
raison car dans les differentiae les éléments sont généralement
juxtaposés et non coordonnés.
157. Wessner édite
"convasissem" qui n᾽existe pas. Les éditeurs de Térence éditent
"conuasassem" du verbe "conuasare" donné par Nonius (124, 16L) :
"conuasare dicitur furto omnia colligere" ("convasare" se dit pour
"tout emporter en le volant"), avec comme seule attestation cette
occurrence du
Phormion.
158. "Colligendis" est le texte de
l᾽editio princeps, et il est confirmé par Nonius (cf. note
précédente) qui rapproche "conuasare" de "furto omnia colligere".
Les manuscrits, en raison de la présence de "vases" sans doute,
lisent "collidendis" ou, pire encore, "colliendis".
159. Ajout d᾽Estienne repris par Wessner, mais probablement
nécessaire.
160. Ajout de Westerhof repris par Wessner, mais
probablement nécessaire.
161. Ajout de
Westerhof repris par Wessner, mais probablement nécessaire,
d᾽autant qu᾽il y a un blanc dans R et C.
162. Texte des manuscrits R et V. O
porte "si". Wessner proposait "secum", conjecture de Schoell, qui
n᾽est pas impossible, mais nous préférons conserver le texte le
mieux représenté dans les manuscrits.
163. Conjecture de Schoell
reprise par Wessner, pour un texte des manuscrits "proprie enim"
qui a entraîné quelques désordres sur "suam".
164. Nous éditons "intellectus ex
quiete" en suivant la conjecture de Sabbadini (1897, 299) ; les
manuscrits RCO donnent en effet "et", mot qui est omis dans
V.
165. Conjecture de Sabbadini (1897,
299) reprise par Wessner, et que nous conservons. Les manuscrits
portent "sic".
166. Conjecture
d᾽Estienne possible, le manuscrit V semblant toutefois préférer
voir ici une figure de "paromoion" sans doute sur "fortis
fortuna". Le caractère de proverbe de l᾽énoncé ne fait aucun
doute, peut-être d᾽ailleurs cela explique-t-il que Donat ait
insisté sur le "paromoion" plus que sur le proverbe.
167. Conjecture d᾽Estienne reprise par Wessner, car elle est
plus claire que le texte des manuscrits qui toutefois n᾽est pas
impossible : "hoc" donné par V ou "haec" donné par RCO. Le "hoc"
peut provenir du lemme.
168. Wessner édite
"hinc terrorem" en suivant Sabbadini (1897, 299), mais RCO donnent
"hunc terrorem" qui est parfaitement clair.
169. Wessner athétise
ce "enim" suivant ainsi les dett., mais l᾽erreur provient de ce
qu᾽ils pensent "adeo" comme corrélatif du "ut" qui suit. Or ce
n᾽est pas indispensable. Le commentaire commence par s᾽étonner du
vice qu᾽il constate avant de l᾽expliquer.
170. Les manuscrits R et C introduisent ici un renvoi à
Eun. 445, qui nous paraît fort judicieux. Wessner l᾽élimine et
limite le lemme à "em istuc serua" faisant commencer la scholie à
"dicendo".
171. Wessner athétise ce "et" qui de fait est mal placé
dans les manuscrits unanimes qui lisent "animaduerte et". Nous
préférons le conserver en le déplaçant légèrement.
172. Wessner
ajoute ici "et protelo" dont la restitution est justifiée pour des
raisons de clarté et qui serait tout à fait plausible, mais dont
on ne trouve nulle trace dans les manuscrits. Notre texte est un
peu plus elliptique, mais ne présente rien qui choque la pratique
de Donat.
173. "Percutiat" est une
conjecture de Schoell et les manuscrits semblent donner
"perueniat". Mais "percutiat" se justifie comme le seul texte
possible par un rapprochement avec Nonius 363,
1 M = 576,
5 L
("protelare est percutere, perturbare. Terentius in Phormione"
suivi de la citation de ce vers).
174. Wessner fait
droit à une conjecture d᾽Estienne "eum cum quo", alors que le
manuscrit O porte "cum quo", et RCV "cum eo cum quo". La leçon de
RCV pourrait reposer sur une mécompréhension du groupe "quocum".
En revanche "eum" ne s᾽impose absolument pas, l᾽infinitive pouvant
être elliptique (sans sujet), comme souvent chez Donat. il
s᾽impose d᾽autant moins que la scholie s᾽achève dans le texte que
nous éditons sur une clausule crétique+péon 1, impossible avec
"eum". On pourrait aussi supposer un tour extrêmement savant et
sallustéen en éditant "manifestus".
175. Nous replaçons ici un lemme que Wessner édite en
217,
2 alors que le texte commenté
appartient exclusivement au vers 216.
176. Nous faisons
droit à la leçon de O qui précise, au lieu de "alibi" : "in and"
évidemment pour "in Andria".
177. Wessner édite
"adhuc tuto" conjecture de Lindenbrog qu᾽il soupçonne de provenir
du manuscrit Cujas. Les manuscrits, outre C qui omet "quasi",
portent respectivement "eadem" (RO), "eadem a destituto" (V), "a
destituto" (dett.). Nous proposons de voir dans "eadem" une
mélecture de "ea de", l᾽haplographie sur "dedestituto" ayant
ensuite pu donner un résultat incompréhensible "ea de stituto"
corigé en en "eadem a destituto" ou par suppression du segment
incompréhensible "stituto".
178. Wessner édite ici "mihi" ; or aucun
manuscrit ne donne ce texte, RCO laissant une lacune incluant le
grec, alors que V, qui graphie assez correctement ici απικισμῶ, le
fait précéder d᾽une suite de caratères grecs μητ qui ne donne
aucun sens, mais peut expliquer la conjecture de Wessner.
179. Les manuscrits portent ici "enim", édité également par
Wessner, mais sa place aberrante le rend suspect. V propose un
"mihi" après "addidit". Nous pensons que ce "mihi" se cache en
réalité dans la forme "enim", la succession "sine hoc mihi"
ayant pu gêner les copistes.
180. L᾽adjectif est donné par le seul V,
mais il est très plausible. RCO l᾽omettent, ce qui ne change pas
grand chose au sens. Nous le conservons pour la clarté.
181. RCO
donnent "permoueret" contre V qui donne le texte choisi par
Wessner "promoueret". Le sens est bien meilleur en suivant RCO,
une mélecture d᾽abréviation étant absolument courante dans ce
cas.
182. Wessner édite ici une conjecture d᾽Estienne,
"quasi de re magna", mais le texte des manuscrits unanimes
s᾽impose ici.
183. Conjecture de Wessner,
évidente, contre "noxam" des manuscrits. Les scribes ont changé
"noxiam" (pour eux adjectif) en "noxam" (nom) en raison de la
synonymie proposée avec le nom "culpam".
184. Texte de l᾽editio princeps sur un passage malmené dans
les manuscrits, où on lit "natura", voire "natura ordine".
185. Texte de tous les manuscrits. Wessner édite
un texte provenant du codex Cujas "hortationis".
186. Wessner édite "grauem" donné par I et repris par
Estienne, tous les autres manuscrits portant "gratam". Nous
rétablissons ce texte. La leçon "grauem" a toutes les chances
d᾽être une lectio facilior provoquée par
"iracundiam".
187. Wessner édite conformément à la conjecture d᾽Estienne
"quae non", mais la plupart des manuscrits montrent un grand
désordre dans le texte du relatif ; "quin", leçon de V, a toutes
les chances d᾽être le meilleur texte. Quant à "uero", RCO donnent
"q nuõ", qui a toutes les chances d᾽être une mécoupure de "quin"
suivie d᾽un élément "uõ", c᾽est-à-dire "uero".
188. Wessner édite "quid", conjecture
d᾽Estienne, mais le sens est bien plus clair avec le texte des
manuscrits. Le délit est-il constitué, quelle est sa nature, qui
en est l᾽auteur, à qui fait-il tort ?
189. La fin de la
scholie depuis "quod" est absente dans le manuscrit O.
190. Wessner édite "rara ἀποσιώπησις", ce
qui semble étrange, car comment pourrait-on dire que le fait de ne
pas mettre "sed" après "non" soit rare ? Le manuscrit V donne sans
doute la solution en copiant "κα|α", l᾽étrange troisième lettre
pouvant résulter d᾽une lecture fautive de "τ᾽". Quant au sigma
final, il peut être né du souci du copiste de V de rendre une
forme-étiquette, donc au nominatif. L᾽aposiopèse consiste alors à
interrompre la phrase pour passer totalement à autre chose.
191. Le texte des manuscrits porte unanimement
"quam", dont ni le sens ni la construction ne sont pleinement
satisfaisants. On peut supposer la mélecture d᾽une abréviation et
rétablir sans trop de risque d᾽erreur un "quia" beaucoup plus
habituel dans la phraséologie de Donat.
192. Sur ce
texte, voir la note à la scholie suivante.
193. Wessner édite "σχῆμα
διανοίας· μετ᾽αδιόρθωσις", ce qui correspond à une restitution du
grec fourni par le manuscrit Cujas qui porte
ϹΧΗΜΑΔΙΑΝΟΙΑΣΜΗϹΟΛΟΘωσις. Toutefois ce texte est assez nettement
contredit par celui de V dont on connaît les efforts pour
transcrire le grec. Il porte ici εχΗμΗαϥοΗασμεσοαορεωσισ qui
évidemment ne signifie rien, mais qui assure en tout cas la
présence du segment ορθωσις. Pourtant "μετ᾽αδιόρθωσις" proposé par
Wessner est très rare, sa seule attestation étant ce texte ! Selon
nous, le copiste du codex Cujas a reconnu le segment ϹΧΗΜΑΔΙΑ, et
a cru y lire "σχῆμα διανοίας". Ensuite, on voit clairement qu᾽il
ne sait plus très bien quoi faire des lettres qui restent. V en
revanche a maltraité le début mais assez bien lu la fin :
μεσοαορεωσισ. Nous proposons une restitution possible et qui
convient à la situation : il s᾽agit d᾽une correction (διόρθωσις),
puisque le personnage arrête son discours, mais elle s᾽opère en
parenthèse (διὰ μέσου). Servius confirme cette restitution en
commentant Verg. Aen. 11, 348, soit le vers qui suit la citation
de Donat, en notant qu᾽il s᾽agit d᾽une parenthèse
("parenthesis").
194. Notons que
les manuscrits donnent tous "omitte" comme lemme, et non le "age
mitto" ou "ac mitto" des éditions modernes. Cependant, ce texte
peut rerpésenter la manière dont Donat lit ce vers, car, pour le
sens, cela ne change pas grand chose, Démiphon s᾽adressant
directement à Géta.
195. Il faut remarquer que "ac" est une
conjecture de Faërnus : V et les deteriores donnent "ieci" ; RCO
comportent une lacune. Toutefois la restitution de Faërnus est
certaine, d᾽abord parce que des manuscrits de Térence donnent ce
texte, ensuite parce que le "ieci" de V peut résulter d᾽une
mélecture d᾽un "ac" entouré éventuellement de signes démarcateurs
d᾽autonymie, indiquant qu᾽il s᾽agit d᾽une variante textuelle :
quelque chose comme |ac|. Sur ce point voir Reeve
(1978).
196. "Seruum" est
une conjecture de Sabbadini (1897, 300) reprise par Wessner ; les
manuscrits donnent "suum", ce qui n᾽a pas de sens.
197. RCOK
passent directement à 249,
2 ("habendae"). Il manquait certainement une page
dans leur modèle.
198. Notons que le passage qui va de "adversariis"
[fin du lemme] à "tradere" [fin de la scholie] ne figure pas dans
les manuscrits VLD, mais seulement dans le manuscrit de
Cujas.
199. Wessner édite "quod plus est", qui repose sur une
conjecture de Sabbadini (1897, 300) ; mais le manuscrit de Cujas,
qui est le seul dont nous disposions ici, donne "quod prius est".
Westerhof propose "quod peius est" et Schoell, "quod prauius est".
C᾽est la conjecture de Westerhof que nous choisissons d᾽éditer,
car elle est plus proche du manuscrit que celle de Sabbadini.
"Prius" dans ce contexte est à contresens, mais il a pu expliquer
"tandem" ensuite. Voir note suivante.
200. "Tradere" est une conjecture
de Wessner, qui s᾽impose face au texte incompréhensible des
manuscrits, qui lisent "tandem" ("causam tandem") avant
d᾽enchaîner directement sur la scholie
2 du vers 238.
201. Wessner conjecture
ici à juste titre "aliud", sur le texte des manuscrits,
"aliam", dépourvu de sens, mais il ajoute "c." pour "cura" qui
ne sert à notre sens à rien et que nous
supprimons.
202. Wessner édite ", nam in
his uerbis", qui est une conjecture d᾽Estienne. Tous les
manuscrits donnent "cum his uerbis", et c᾽est cette leçon que nous
choisissons d᾽éditer.
203. Wessner édite "cuius reciprocum est", ce qui
le contraint à éliminer "ob" ,pourtant donné par tous les
manuscrits, et, pour la clarté, à ajouter "boni" dans ce qui
suit ; d᾽ailleurs l᾽editio princeps lui avait ouvert la voie en
ajoutant "bonum", tiré du commentaire à And. 398. Toutefois la
solution peut se trouver dans les deux leçons transmises par les
manuscrits : VL donnent "reciprocum", mais D donne "respectum".
Sans doute le texte est-il "respectum reciprocum" qui s᾽est
simplifié ensuite de deux manières différentes sur deux mots qui
se ressemblent.
204. Wessner édite
"quis quid", certains manuscrits donnant l᾽un ou l᾽autre, à la
suite de quoi il ajoute "boni". La remarque que nous avons faite
dans la note précédente vaut évidemment ici également.
205. Excellente conjecture
de Wessner pour le texte des manuscrits, qui portent
"cogitatur".
206. Ce texte est celui de tous les manuscrits. On
voit mal pourquoi Wessner édite "insaniae" en suivant Sabbadini
(1897, 300), ni pourquoi Estienne proposait "insani", l᾽adverbe
"insane" convenant parfaitement.
207. Wessner édite "† intermixta sunt coniunctionibus
intermixtis", mais on voit mal en quoi ce texte, quelque maladroit
qu᾽il soit, est incompréhensible. Nous l᾽éditons donc tel quel,
sans crux.
208. Conjecture de Sabbadini (1897, 300) reprise par
Wessner, mais indispensable. DL, les seuls manuscrits disponibles
pour ce passage, donnent l᾽inverse, ce qui est un contresens
parfait.
209. Wessner
ajoutait "id est", conjecture personnelle inutile.
210. VL lisent "dicere" au lieu du "ducere" édité par
Wessner d᾽après la leçon de D. Le texte "dicere" est meilleur
puisqu᾽il s᾽agit de ce que dit le vieillard, qui manifeste ainsi
sa colère ("indignari") contre lui-même.
211. VD donnent "peccatoribus" au lieu de
"precatoribus", ce qui peut s᾽expliquer par la présence
immédiatement avant de "peccaturum". La leçon "precatoribus" de L
paraît cependant bien meilleure. Voir note ad loc. dans la
traduction.
212. Wessner édite "ante eam" qui est
une conjecture d᾽Umpfenbach. Toutefois ces deux éditeurs ont
manifestement confondu la tournure "legitur" avec "legitur et". Il
ne s᾽agit pas de donner une autre leçon, mais d᾽attirer le regard
sur une apparente incorrection. Donat remarque un cas
d᾽interrogative/exclamative indirecte à l᾽indicatif, ce qui est
assez fréquent dans la langue des comiques, mais très choquant
pour le latin policé qu᾽enseigne le grammairien.
213. Wessner ajoute ici "posuit", suivant une
suggestion inutile de Schoell.
214. "Quiddam significet " est une
conjecture d᾽Estienne ; les manuscrits donnent "quoddam" ("quodam"
pour D), mais c᾽est bien le pronom, et non l᾽adjectif, qui doit
être utilisé ici. De plus, si les manuscrits donnent l᾽indicatif
"significat", V édite " sig.t", ce qui, ajouté à la valeur
adversative que "cum" a nécessairement dans cette scholie, incite
à choisir "significet" et à suivre Estienne.
215. Wessner édite " si aut pro cum aut seruiliter" ;
le premier "aut" est une correction d᾽Estienne : l᾽ensemble des
manuscrits donnent "autem" ; le second est un ajout d᾽Estienne. Ni
la correction ni l᾽ajout ne nous semblent nécessaires, et c᾽est
pourquoi nous éditons "si autem pro cum seruiliter".
216. C᾽est ici que les manuscrits RCOV placent ici
le segment "qui ait" et non pas, comme le fait Wessner, après
"Isocratis". Les deteriores font l᾽inverse, et lisent "recte
monuit, non perpetuo etc. ... secundum praeceptum Isocratis qui
ait". Suit une lacune supposée masquer un texte grec, mais qui en
réalité ne peut être née que de la nécessité d᾽avoir une citation
après "qui ait". Lindenbrog, et sans doute Cujas (sans que l᾽on
puisse savoir ce que lisait son mansucrit), ont cherché à donner à
ce "qui ait" un contenu isocratique qu᾽ils ont trouvé dans Ad Dem.
31, oubliant toutefois cinq mots comme on le voit chez Wessner qui
reprend leur texte : "μηδὲ πρὸς τὰς τῶν πλήσιαζόντων ὀργὰς τραχέως
ἀπαντῶν, ἀλλὰ θυμουμένοις μὲν αὐτοῖς εἴκων, πεπαυμένοις δὲ τῆς
ὀργῆς ἐπιπλήττων" (si tu ne réponds pas avec âpreté aux colères de
ceux qui t᾽entourent, si, au contraire, tu t᾽effaces devant
l᾽emportement pour réprimander une fois l᾽accès passé). Nous
pensons que "qui ait" a été fautivement déplacé (d᾽une ligne ?) et
qu᾽en réalité le sujet de "ait" est ici le personnage dont Donat
loue la connaissance du précepte isocratique, qu᾽il ne cite
cependant pas.
217. "Ad litigandum"
est le texte de I, peut-être connu d᾽Estienne et repris de lui par
Wessner, tous les autres manuscrits portant "alligandum".
218. Même si la construction est un peu étrange,
faisant de "partim" une sorte de synonyme de "uix", il n᾽y a sans
doute pas lieu de corriger la leçon unanime des manuscrits.
Wessner supposait "raptim".
219. "A(d)dita" est le texte des manuscrits, "reddita" est
une correction (trop ?) facile de Hartman (1895). Le manuscrit R a
toutes les chances de donner le bon texte avec "adita", qui a pu
être aisément corrigé en "addita", par un scribe qui ne comprenait
pas la construction.
220. Les manuscrits portent "peruertendo".
Estienne proposait "praeuertendo", ce qui donne une construction
acrobatique. Nous proposons, quant à nous, de lire tout simplement
le texte des manuscrits en bornant notre correction à accorder la
forme de l᾽adjectif verbal à "salute".
221. Dans l᾽édition Wessner, ce
commentaire se trouve entre 256,
1 et 256, 2, en suivant la disposition des
manuscrits. Ici on peut hésiter à rétablir l᾽ordre des lemmes, car
il est possible que l᾽interpolation soit volontaire. Voir la note
ad loc. dans la traduction.
222. Nous suivons ici Wessner, qui
suit lui-même Bentley. Les manuscrits donnent un lemme "uellem
equidem" qui appartient au vers suivant, mais la scholie commente
sans nul doute bel et bien le vers 256.
223. Wessner, suivant
l᾽editio princeps, édite "quod non", pour un texte des manuscrits
"quod nunc" qui en effet se comprend mal. Mais la négation
introduite par l᾽editio princeps se comprend plus mal encore,
puisque Donat souligne que "bonas" est employé paradoxalement,
c᾽est-à-dire sans doute, comme il le dira ensuite, avec ironie.
Nous déplaçons d᾽un mot le "nunc" des manuscrits pour obtenir un
sens qui, à défaut d᾽être pleinement satisfaisant, nous paraît
préférable à la solution de Wessner.
224. Wessner édite ainsi en suivant V, contre RCO qui lisent
"nunc est". Ce texte n᾽est toutefois pas impossible, si l᾽on
considère que "nunc" porte l᾽ironie, et pourrait se traduire
"voici bien un artifex...".
225. Wessner suivant une correction d᾽Estienne édite
"deprehenditur", et, suivant une conjecture de Goetz, "fucus".
Nous revenons au texte des manuscrits.
226. Wessner édite comme lemme "lenem patrem illum" et
comme commentaire "o artificium poetae !" qui repose sur une
conjecture d᾽Estienne, le texte des manuscrits hésitant entre "õe"
et "om". Nous supposons une mélecture de la fin du lemme qui
pourrait être "me" précédé d᾽une abréviation de
"illum".
227. Les manuscrits donnent
"posset", mais nous retenons "possit", conjecture d᾽Estienne
retenue par Wessner.
228. Wessner édite "oporteret"
comme on le lit dans les éditions des Verrines. Nous
conservons le texte des manuscrits, bien que fautif, dans la
mesure où nous ne savons nullement ce que lisait Donat dans
Cicéron.
229. Wessner ajoute "si" à la citation,
ce qui ne s᾽impose nullement.
230. Wessner, que nous
suivons, édite une conjecture d᾽Estienne "rei", qui s᾽impose
contre le texte des manuscrits "ei".
231. Wessner édite
"iam praestruat", sans faire droit ni au texte des manuscrits RCO,
qui donnent "iam restituat", ni à la judicieuse conjecture de
Bentley, "uiam", qu᾽il cite pourtant. Nous pensons que "restituat"
peut provenir d᾽une mélecture d᾽abréviations pour "rem
praestruat", le verbe "praestruo" n᾽étant pas construit aisément
de manière absolue, sans toutefois exclure que Bentley ait trouvé
également la solution avec "uiam praestruat (ouvrir la
route)".
232. Les manuscrits unanimes portent
"amaturo" suivi ou non de "illo". Wessner choisit une conjecture
très (trop !) adroite d᾽Estienne, qui suggérait "ἀντὶ τοῦ pro
illo". Toutefois, il ne nous paraît pas avoir vu la logique de
l᾽explication. Donat commente d᾽abord "illo", en précisant dans le
lemme
1 qu᾽il s᾽agit d᾽Antiphon et
ici qu᾽il s᾽agit d᾽Antiphon amoureux. Ensuite il commente "staret"
qu᾽il définit. C᾽est pourquoi nous ajoutons une
scholie.
233. Wessner édite ici "ex qua
re minus rei foret aut famae non pauperis neque ****", à partir
d᾽un texte extrêmement désordonné dans les manuscrits. R donne
"non pauperis neque ex qua minus etc.", C "non pauperis neque",
suivi d᾽un blanc, suivi de "ex qua minus etc"., OV "non pauperis
ex qua minus etc.", L "ex qua minus etc. pauperis neque", tandis
que D et les deteriores ont un texte très différent "ex qua minus
etc. nota hic comparatiua qualitas est pauperis atque (neque
dett.) strenui". De l᾽accord des manuscrits RCOV, il apparaît
clairement que le lemme ne se situe sans doute pas au début de la
scholie, ce qui nous invite à considérer que Donat commente
d᾽abord "minus rei temperans", ce qui expliquerait "non pauperis",
et ensuite "famae temperans", qu᾽il explique par "non strenuus".
Le fait de ne pas comprendre cette structure a causé tout le
désordre que nous observons, et a parallèlement incité le copiste
du manuscrit à l᾽origine de D (ou de D lui-même) à écrire une
glose justifiant ce qu᾽il lisait et qui ne lui paraissait avoir
aucun sens. Nous tenons donc ce texte pour une glose marginale
indépendante du texte original et l᾽éliminons.
234. Wessner
édite une conjecture de Wieling "excusat". Mais cette conjecture
est sans doute trop facile. En effet, s᾽il s᾽agit bien en effet
d᾽excuser le jeune homme, on commence dans un premier temps par
accepter de reconnaître qu᾽il a pu y avoir "crimen" : "si est...
culpam ut Antipho in se admiserit". Nous rétablissons donc le
texte des manuscrits.
235. Le
manuscrit V donne ici ce texte, que Wessner, suivant une
conjecture de Sabbadini, corrige en "si aut". Cette correction
s᾽impose d᾽autant moins que le "ut" de RCO peut reposer sur une
mélecture de "sit".
236. Wessner édite entre
cruces le texte apparemment unanime de ses manuscrits, "quin hunc
defensorem magis et non iudicem dicam", texte qui n᾽a aucun sens
et qui a provoqué une conjecture de Schoell, "qui nunc defensorem
magis et non iudicem agam". La transformation du verbe ne paraît
toutefois pas utile, dans la mesure où l᾽on peut supposer que la
séquence "defensoremmemagis" a pu entraîner la disparition du
"me". En le rétablissant, il nous paraît possible de conserver
"dicam". L᾽erreur sur "qui nunc" devenu "quin hunc" est sans nul
doute induite par la présence de "quin" dans le
lemme.
237. Wessner, faute d᾽avoir
perçu que ce mot est autonyme, édite "se adiungit", conjecture
d᾽Estienne, contre tous les manuscrits qui lisent "si" ou
rien.
238. Wessner édite "opportuna", conjecture
d᾽Estienne, contre les manuscrits, qui paraissent hésiter entre
"opportunae" et "opportune".
239. Conjecture d᾽Estienne, que nous
conservons, V lit "τη εροθησην" et la conjecture est extrêmement
probable.
240. Wessner édite "μετ᾽άστασις" donné par le codex
Cujas, mais les manuscrits, unanimes, portent en caractères latins
"metathesis". Il n᾽y a aucune raison de contester cette
leçon.
241. Wessner édite "diuiti moraliter de his qui
inuident", où "moraliter" est une conjecture de Sabbadini (1897,
301). Mais la tradition manuscrite est extrêmement différente : CO
donnent "cum alter dicit quin uident", R lit "cum alter dicit quin
uiderit", V "cum alter de his quin uiderit", les deteriores selon
Wessner lisent "non alterari qui inuident", le manuscrit Cujas "o
cum alteri dicit qui inuident", le manuscrit Huls "cum alter dicit
quia inuident". Nous supposons que ce désordre provient
essentiellement d᾽une confusion entre la fin du lemme et le début
de la scholie. Si le dernier mot du lemme est abrégé en "d." pour
"diuiti" et que le premier mot de la scholie est "iudicum", ce que
le contexte rend fort probable, on obtient "diudicum", qu᾽un
copiste a pu corriger en complétant le texte de Térence en "diuiti
cum". A partir de là le texte devient incompréhensible. Si au
contraire nous repartons de la séquence "d. iudicum alter", le
texte s᾽éclaire. Il s᾽agit de l᾽un des deux juges, celui qui
enlève aux riches par envie, De ce fait la lecture du manuscrit
Cujas s᾽explique, "alteridicit" reposant sur un "alteriddicit"
avec haplographie. Le texte devient alors "iudicum alter id dicit"
et il reste ensuite trace du bon texte chez RV avec seulement une
erreur de coupe par haplographie : "qui
inuiderit".
242. Conjecture d᾽Estienne, qui paraît
s᾽imposer ici.
243. Wessner édite "quod cedentibus
moris est" d᾽après le manuscrit de Cujas. Or tous les autres
manuscrits utilisés par Wessner lisent "ut mos est", avec une
incertitude sur le datif entre "cedentibus" (RC) et "credentibus"
(OV). La leçon de V paraît toutefois trop induite par le
"crederem" du vers précédent pour ne pas être suspecte. Sans doute
vaut-il mieux lire "cedentibus", qui est le plus difficile à
justifier ici mais qui se comprend.
244. Bien que donnée par le seul manuscrit
O dans ceux utilisés par Wessner, cette négation est
indispensable. Elle a pu se télescoper avec celle contenue dans le
lemme.
245. Wessner ajoute ici "n(on)
r(espondeas)", mais cet ajout, qui aide à comprendre le
raisonnement, n᾽est absolument pas nécessaire dans le texte.
246. Wessner édite "scit" (conjecture d᾽Estienne), qui
convient parfaitement au sens, mais qui a contre lui l᾽unanimité
de ses manuscrits, qui lisent "sic" ou "fuit". "Sic" a pour lui de
rendre l᾽énoncé elliptique et donc tentant pour un
correcteur.
247. Le texte à cet endroit est
problématique : la plupart des manuscrits utilisés par Wessner
supposent une construction d᾽"inducere" avec l᾽infinitif, là où on
a habituellement un participe, et où l᾽on attendrait "sciens". Le
sens est toutefois très clair, quel que soit le texte adopté.
Peut-être pourrait-on corriger en "indicatur" et comprendre "on
indique qu᾽il est déjà au courant de tout", voire "quod omnia
antequam inducatur cognouisset" : qu᾽il sait tout avant d᾽entrer
en scène.
248. Ici Wessner répète "timidum" à la suite de certains de
ses manuscrits, dont V, mais la majorité ne répète pas et nous
la suivons.
249. Wessner édite "credasne" comme ceux qu᾽il considère
comme les deteriores, mais RCV donnent "credas non", qui donne un
sens satisfaisant. Il peut s᾽agir soit de la mélecture d᾽une
abréviation, soit d᾽une correction malencontreuse d᾽un scribe qui
a cru que "non" faisait contresens. La leçon "non" est
indirectement confirmée par le "num" syntaxiquement impossible de
O.
250. Wesner édite une conjecture d᾽Estienne,
"nam", les manuscrits hésitant entre "ne", "o ne" voire "est ut"
(V). La leçon de V s᾽explique aisément si l᾽on considère qu᾽il a
corrigé "one" qui n᾽a aucun sens. Cependant il n᾽a sans doute pas
vu que le texte pouvait se lire à condition de rétablir tout
simplement "nonne". Le groupe "seninone" a pu être à un moment
simplifié en "senione", qui du coup n᾽a plus de sens. On ne peut
pas exclure non plus quelque chose comme "ñne" mal
interprété.
251. Le mot est graphié en caractères
latins par OV, mais la leçon "pusilum" (!?) de RC laisse supposer,
comme l᾽a fait Estienne, que ce mot ait pu être écrit en
grec.
252. Wessner répète
"columen", comme V, mais peut-être faut-il l᾽omettre comme RC.
253. Nous éditons ici ce que donnent les
manuscrits, et non l᾽ingénieuse conjecture d᾽Estienne
"cuiquam", lu tout aussi ingénieusement par Wessner
"quoiquam".
254. Conjecture extrêmement subtile d᾽Estienne,
les manuscrits donnant tous "tu uero".
255. Wessner ajoute ici, en suivant Sabbadini (1897, 301), un
"in" absolument inutile.
256. Wessner édite "eas personas quas peccare non
oportuerit", suivant une conjecture de Bentley, qui propose
"peccare" au lieu de la leçon unanime des manuscrits vus par
Wessner, "spectare". La rectification est très ingénieuse et
s᾽explique par le fait que "spectare" et "non" dans la même phrase
aboutissent à un commentaire absurde. Nous pensons quant à nous
que "spectare" a été correctement lu, mais que, de ce fait, "non"
devient particulièrement suspect. Nous proposons d᾽y voir une
mélecture d᾽un "eum" sans doute plus ou moins abrégé et non
compris à cause de la finale en "e" de l᾽infintif qui précède. En
outre, "spectare" a pu entraîner la corruption du relatif qui
précède : en interprétant "quas spectare" un groupe "quãspectare"
un copiste a pu entraîner la correction automatique de "eam
personam" en "eas personas". De ce fait, on ne sait plus vraiment
de qui parle Donat. Avec notre texte, l᾽accusation est bel et bien
double : tu n᾽as pas fait ce que je t᾽avais demandé
("commendaui"), et les conséquences de ta négligence portent sur
celui que tu devais le plus avoir à l᾽œil ("filium"). A la
décharge des copistes, notons que la construction de Donat
n᾽explicite pas la "duplex accusatio", comme l᾽aurait fait une
structure strictement parallèle du type
"et"...."et"...
257. Conjecture de Sabbadini (1897, 301),
parfaitement adaptée.
258. Wessner édite "NON SIN. proprie", mais les
manuscrits lisent " etiam improprie" (RC) ou "improprie" (O), ou
surtout "non improprie" (tous les autres, notamment V). La
solution de V est de toute évidence, comme souvent, la meilleure,
les autres manuscrits ayant confondu la fin de la scholie et le
début du lemme.
259. Nous supprimons ici l᾽article grec
ajouté par Estienne, suivi par Wessner, qui édite τῷ
ἰδιωτισμῷ.
260. Texte
particulièrement élégant qui est la leçon de V. Wessner édite
"siue est cognata siue non est" suivant la plupart de ses
manuscrits. Nous préférons l᾽élégance de V.
261. Conjecture quasi certaine d᾽Estienne, que le texte grec
de V autorise, tout en pouvant éventuellement aiguiller vers une
autre explication, liée, quant à elle, aux "nomina relatiua" : τὸ
ἐμὸν καὶ τὸ σόν ; notons que le manuscrit m présente à la place du
grec une lecture personnelle "ut eam habeat", dont on voit mal ce
qu᾽elle signifie.
262. Ici Wessner ajoute "d. d." qui ne s᾽impose pas si
l᾽on considère que ce qu᾽examine ici Donat c᾽est l᾽ordre "id
quod", qu᾽il faut comprendre ainsi : "ce que la loi ordonne", et
non "quod id lex iubet" : parce que la loi l᾽ordonne. On trouve le
même effet dans la citation virgilienne.
263. Wessner, pour la même raison que ci-dessus, rajoute de
son propre chef ici "sed dotem daretis", qui, dans notre lecture
du commentaire, devient inutile.Nous le supprimons.
264. Wessner rajoute ici "p.p." (pour "pocula ponam", fin
de l᾽hexamètre virgilien), afin de parfaire le
parallélisme avec "dotem daretis" qu᾽il a précédemment
ajouté. Nous supprimons dpnc ce deuxième ajout.
265. Wessner ajoute ici "uide", en se fondant sur un
parallèle peu probant avec la scholie 302, 1.
266. Wessner édite "quam sit", conjecture personnelle, alors
que les manuscrits portent "quasi" (RCV) et "quam" (O). Le texte
de RCV est excellent.
267. Tous les manuscrits
utilisés par Wessner, sauf O, ajoutent "nunc" après "Turnus",
rendant ainsi le vers faux. Peut-être s᾽agit-il d᾽une mauvaise
lecture de la forme même du nom "Turnus", qui a pu être lu
"turnunc", puis rectifié en "turnus nunc".
268. Wessner fait ici droit à une conjecture
subtile d᾽Estienne qui, voyant "sed" devant "potius ducebat", a
supposé "non" devant "inopem potius". Pour nous, la difficulté
n᾽est pas, là, voir ci-dessous. Nous ne retenons donc pas cette
conjecture.
269. Wessner suit ici son manuscrit O
et Estienne, qui donnent "sed", tous les autres manuscrits
utilisés par Wessner portant "et", et non "sed". Nous préférons
une légère correction qui donne au commentaire toute sa cohérence.
De fait les deux solutions sont possibles : plutôt une pauvre
qu᾽une riche et plutôt épouser que fréquenter.
270. Wessner édite "hic sic intellegi fingit,
ut quasi non habens Demipho, a quo accipiat, dicere, dixerit ",
mais on peut avantageusement revenir au texte de V, modifié
seulement sur "diceret" pour "dicere". Démiphon, qui n᾽a pas de
ressources propres suffisantes, s᾽apprêtait à dire de qui il
allait prendre l᾽argent, mais comme il n᾽y a personne, ce qu᾽il
dit en réalité c᾽est un vague "ailleurs", qui n᾽éclaire pas
évidemment sur ses intentions.
271. Wessner édite
"quid si hoc pater resciuerit ? — quid si redeo ad illos qui aiunt
᾽quid si nunc caelum ruat ?᾽", mais en réalité il manque deux mots
dans cette citation de
L᾽Héautontimorouménos : la
citation complète est : "quid tum quaeso si hoc pater resciuerit ?
— quid si redeo ad illos qui aiunt ᾽quid si nunc caelum
ruat ?᾽".
272. Wessner édite une conjecture
d᾽Estienne, "exclusus", mais tous ses manuscrits portent
"exclusis". Ce texte se comprend parfaitement, et il n᾽y a donc
pas lieu de le modifier.
273. Excellente conjecture de Sabbadini
(1897, 301) à partir du texte de O, qui porte "demipho", les
autres ayant "sermo" ou rien. On peut en effet supposer que
"senex" a pu être interprété "sermo" dans une partie de la
tradition et glosé "demipho" dans une autre.
274. Wessner répète "foris" en début de scholie contre la
plupart de ses manuscrits. Sans doute à tort.
275. Les copistes, peu
au fait de la géographie de l᾽Asie, ont unanimement confondu
"Cilicia" et "Sicilia", mais c᾽est bien en Cilicie qu᾽est allé le
vieillard.
276. Wessner athétise le segment "Getam exclamasse"
qu᾽il trouve dans ses manuscrits (sauf O qui l᾽a omis) après
"ideo", place où il n᾽a effectivement aucun sens. On le comprend
sans problème en le déplaçant d᾽un mot.
277. Seul de tous les mansucrits, O lit
"nostro", qui est bien le texte de Térence, selon du moins les
éditeurs modernes. En l᾽absence de citation de ce texte dans
les lemmes ad loc., il est impossible de savoir ce que lit
Donat et nous conservons donc le texte généralement admis.
Wessner lui, éditait "noster".
278. Wessner édite "adoratum prima
post reditum prece", suivant plusieurs conjectures d᾽Estienne. Le
texte que nous reproduisons est celui du manuscrit V, le seul à
donner un sens, les autres manuscrits utilisés par Wessner
laissant supposer de multiples désordres dans la transmission de
ce passage : RC lisent "adonicum prima red(d)it ut precem", O lit
"adharatum prima post reditum precem". Le manuscrit a (Firenze,
Laur. 53.09) montre clairement que le "quod est" de V peut cacher
un "id est" dont le copiste n᾽aurait pas su quoi faire. Il est
d᾽autre part curieux qu᾽un mot aussi simple qu᾽"adoratum" ait pu
poser des problèmes de lecture. Il faut peut-être supposer, sous
le très bizarre "adonicum" et sa variante barbare "adharatum", un
mot grec qui aurait été ensuite glosé par une expression latine,
ce qui expliquerait "id est" ou "quod est". Dans cette hypothèse,
V, ne lisant absolument plus ni du latin ni du grec, aurait
corrigé en "adoratum" avec l᾽habileté qui le caractérise
généralement. Rien n᾽empêche dans ce cas de supposer que, comme il
le fait souvent, Donat cite ici un morceau du vers correspondant
d᾽Apollodore. A titre d᾽hypothèse nous proposerions volontiers de
lire cette scholie ainsi : "salvtatvm d. οἴκαδ ̓ ἧκον quod est
primum post redditam precem" signifiant "salutatum domum (pour
honorer à la maison) : οἴκαδ ̓ ἧκον (je suis arrivé à la maison),
ce qui est la première chose qu᾽on fait dès qu᾽on a fait ses
actions de grâces". La succession SALVTATVMDOIK a pu être lue
"salutatum dom" (c᾽est-à-dire le mot "domum" qui suit
immédiatement "salutatum" chez Térence). Ce qui reste du grec,
c᾽est-à-dire ADHKON a pu être interprété ADONIKON et retranscrit
"adonicum", avec un mot à la fois grec et technique que le copiste
connaissait. La leçon de O "adharatum", en conservant bien la
succession ADH des deux mots grecs reconstitués par nous, paraît
confirmer cette conjecture.
279. Wessner édite "scriberet", qui est une
coquille.
280. Wessner ajoutait
ici "est" qui est une conjecture personnelle. Il ne sert à vrai
dire à rien et nous le supprimons.
281. Wesner édite, en suivant la leçon de V, "ut
potus" et ajoute un "et" devant "satur", retrouvant ainsi une
structure comparable à la fin de la scholie précédente. Toutefois
la leçon de RCO "utpote" est très satisfaisante, Ambivius rotant
en homme qui a fait grande chère. V a dû corriger "ut pote" en "ut
potus" en se fiant au commentaire précédent.
282. Wessner édite "uim habet dumtaxat modo", ce qui ne
signifie pas grand chose. Nous pensons quant à nous qu᾽il s᾽agit
d᾽une reformulation de ce sens particulier d᾽"admodum", qui
signifierait ici, selon Donat, "à ce point", "tant que ça". Le
fait que "dumtaxat", peu familier aux copistes, soit pris dans un
énoncé à l᾽ablatif où il est quasiment prépositionnel a pu leur
faire considérer que c᾽était une sorte de conjonction et éliminer
"eo".
283. "Non aio" est
le texte de O ; RC porte "nouo" et V "noue". On peut supposer que
"nouo" est un accord secondaire d᾽"oppido", pris pour le
substantif ; "noue" se comprend bien ("oppido" est dans un emploi
inédit, mais comprendre "iratum"), sauf qu᾽on ne voit pas en quoi
l᾽adverbe est dans un emploi inédit. La leçon la plus
satisfaisante (pour une fois) semble donc bien être celle de
O.
284. V arrête le lemme à "redit", mais il a sans
doute tort, car le commentaire porte bien sur la réplique de
Phormion et l᾽obsession des métaphores culinaires chez les
parasites.
285. Nous restituons "nihil" de RCO, au
détriment de "non" (choisi par Wessner), qui a tout d᾽une lectio
facilior.
286. Wessner
édite, en suivant une conjecture d᾽Estienne, "adeo nisi a Geta
cogatur, modo etiam negotiorum Antiphonis neglegens atque securus
est". La seule façon de justifier le texte d᾽Estienne, c᾽est de
supposer que Donat (ou l᾽un des rédacteurs du commentaire)
considère que la réplique "ad te solum phormio" jusqu᾽à "obsecro"
est dite par Géta. Cette solution, attestée de fait dans quelques
manuscrits de Térence, est une "lectio facilior" dans la mesure où
il est plus difficile d᾽imaginer un dialogisme. Si c᾽est Géta qui
parle, il incite (ce qui explique "nisi a Geta cogatur"
d᾽Estienne) Phormion qui ne fait que poser des questions à passer
à la phase active de son plan, en lui disant "tu t᾽es engagé,
montre ce que tu vas faire pour nous". Il le fait avec une
métaphore culinaire, parce qu᾽il sait que ce genre d᾽éloquence
convient pour parler à un parasite (318, 1). Si, en revanche,
comme dans la plupart des traditions manuscrites de Térence, c᾽est
Phormion qui se parle à lui-même, la suggestion d᾽Estienne est
absurde. Toutefois, il est invraisemblable que le commentateur ne
signale pas les divergences dans l᾽attribution de cette réplique
que suppose le texte d᾽Estienne. Notre idée est que c᾽est
précisément cette indication qui a été corrompue par les copistes
rendant ainsi le texte incompréhensible à moins de corriger le
très consensuel "cogitatur" comme l᾽avait fait l᾽éditeur
humaniste. Si l᾽on conserve "cogitatur" (ou, comme nous le
faisons, "cogitantur" avec mélecture d᾽une abréviation) et si l᾽on
considère que la partie corrompue du texte se situe juste en amont
du segment "a Geta cogita(n)tur", ce segment peut du coup
apparaître comme la fin d᾽un énoncé du type "on pense que cela est
dit par Géta", et supposer que le texte portait "dici a Geta
cogita(n)tur". Reste le problème de "adeo/ideo" unanimement donné
par les témoins et de "modo". Dans notre hypothèse la corruption
de "dici" lu "nihil" ou "nisi" s᾽explique sans doute par une
mélecture du "d" pris pour "n" aboutissant à lire "nici" aisément
corrigeable en "nichil" ou "nisi". A partir de ce moment là le
texte devient difficilement compréhensible et une correction de
"ea" en "eo" a sans doute été facilitée par le fait qu᾽on ne
reconnaissait plus dans le segment "at" une citation abrégée de
lemme, "atea" pouvant alors donner au choix "adeo" ou plus
rarement "ideo".
287. παροιμία est une excellente
conjecture d᾽Estienne sur le texte de V παρονομια (lacune chez les
autres mss.). Cette conjecture est garantie par le commentaire de
Donat à Eun. 381,
2 où le
grammairien renvoie à ce vers du
Phormion en le
qualifiant cette fois de "prouerbium". Le même proverbe existe en
grec : cf. Macar. 4, 50 : ἥν τις ἔμαζε μãζαν ταύτην καὶ ἐσθιέτω
"la soupe qu᾽on a écrasée, qu᾽on la mange". Cf. Otto (1962,
177).
288. Wessner
édite "quia", mais les manuscrits donnent "qui" (RCO) et V donne
"quae", leçon à laquelle nous nous rallions.
289. Nous revenons au texte des manuscrits contre
la conjecture de Bentley "excussisse", adoptée par
Wessner.
290. Wessner
édite, suivant Bentley, "paruum litis molimen". Le texte des
manuscrits RO donne "paruum militis molimen", qui ne fait pas
sens. La leçon apparemment aberrante de V, "uulgus" à la place de
"(mi)litis", explique ce qui a pu se produire : un scribe a lu, au
lieu de "parue litis", "par militis", vite corrigé en "paruum
militis" (RO). V n᾽a pas su interpréter "paruelitis" et a
transformé en "uulgus" le groupe incompréhensible "ueilitis". En
tout état de cause, il faut supposer que ce segment était peu
lisible dans tous les modèles de nos manuscrits.
291. Les manuscrits
n᾽ont pas vu qu᾽il s᾽agissait d᾽une reprise du texte et lisent "te
(ex) crimine eripit". La conjecture, apparemment de Wessner
lui-même, est certaine.
292. Les manuscrits
donnent "aduersum", qui fait contresens. Wessner suit Estienne,
qui suggère "auersum", mot technique du commentaire pour
caractériser un aparté, ce qui est confirmé par la suite de la
scholie.
293. "Amice" est le texte de tous les manuscrits.
Schoell, suivi par Wessner, proposait "ipsi amico", mais on
comprend la même chose avec l᾽adverbe consensuel de nos
manuscrits.
294. Les manuscrits donnent ici "annum quod", qui
est une mécoupure de "an num quod", forme plutôt rare qui a pu les
tromper et qui a amené Lindenbrog, suivi par Wessner, à corriger
en "an numquid".
295. Ajout à
vrai dire indispensable d᾽Estienne.
296. Le texte de Térence, rappelons-le, compte ici en
outre le mot "omnes".
297. Wessner édite παρέλκεται, qui est une conjecture de
Sabbadini (1897, 301), à vrai dire grandement facilitée par V, qui
lit "parelceta" (alors qu᾽il sait l᾽écrire en grec comme on le
voit en Eun. 393, 2). Les autres manuscrits, qui d᾽ordinaire
s᾽abstiennent prudemment de retranscrire du grec, ont eux aussi
des mots en alphabet latin "par electa" (RC) et "parte lecta" (O),
qui forment des mots latins, à défaut de donner un sens. Cette
transcription nous laisse perplexes, même si on a d᾽autres
exemples de translitération de "parelcon" en caractères latins.
Mais il nous semble qu᾽il n᾽y a guère, ici, de pléonasme (ou
"parelkon"). Nous supposons que le texte ne comportait pas de mot
grec et que le texte latin originel a été corrompu par mélecture
d᾽une abréviation de "pro", donnant ainsi la séquence "parte
lecta". V a pu soit inverser des graphèmes, soit croire voir la
translitération d᾽un mot grec qu᾽il connaît. Notre restitution est
rendue probable par le fait qu᾽en outre V ne porte pas "ex" et que
le manuscrit a (Firenze Laur. 53.09) porte, lui,
"et".
298. Wessner édite "huiusmodi est enim
umbraticorum hominum scurrilis oratio". Mais tous les manuscrits
donnent "et scurrilis oratio", ce qui laisse supposer un premier
membre soit au nominatif, soit sans sujet exprimé. De plus RCO
lisent "enim uim umbraticorum" et V "enim uis", les deteriores
d᾽après Wessner lisant "ius". On peut hésiter entre restituer
"uis" de V ou considérer que "uim" de RCO provient d᾽une mélecture
de la séquence "enimum(braticorum)", que V a ensuite corrigée
comme l᾽ont fait les deteriores de façon à avoir un sujet au
nominatif. Un dernier problème est posé par la ponctuation : dans
le texte Wessner "enim" est trop loin du début de la phrase, il
suffit pour y remédier de déplacer la ponctuation forte après
"huiusmodi".
299. Wessner édite "deest enim supra ᾽cum᾽",
mais les manuscrits indiquent tous un mot "ac" entre "enim" et
"super" ou "supra", qu᾽Estienne avait déjà rejeté en raison de
l᾽impossibilité syntaxique. Or OVma portent de façon certaine
"tum" au lieu du "cum" de Wessner qui est donné uniquement par
ceux qu᾽il tient pour les deteriores. Nous rétablissons le "tum"
qui oblige alors à placer un "cum", évidemment là où les
manuscrits mettent "ac". Sur le "a" il est tentant de supposer une
mélecture d᾽un τὸ, article grec bien connu pour démarquer les
autonymes dans une séquence "il manque le ᾽cum᾽ au-dessus de
᾽tum᾽".
300. Wessner édite, en suivant une conjecture
de Bentley, κυριολογία, mot apparemment rare, pour la
tentative de lecture de V "acyrologia". Or le texte de V, bien
qu᾽écrit en alphabet latin, est sans nul doute le meilleur. En
effet il est "impropre" d᾽écrire "scriptam dicam", ou
"scribitur dica" (comme le fait Cicéron), car une "dikè" se
distingue précisément d᾽une "graphè". On dit γραφὴν γράφειν
(intenter un procès public), mais non δίκην γράφειν pour dire
(intenter un procès privé) qui se dit par exemple δίκην
διώκειν.
301. Wessner édite "hic ideo" à partir de diverses conjectures,
au lieu de "dicitur et" qui ne pose aucune difficulté de sens et
est donné par tous les manuscrits.
302. Wessner édite "fingitur" que donnent tous ses
manuscrits, mais qui peut avoir été provoqué par "dicitur" ; le
manuscrit m (Firenze Laur. 53.08) donne "fingere" qui est bien
meilleur pour le sens et que nous retenons.
303. C᾽est
ainsi que lisent tous les manuscrits. Wessner suit Estienne qui
refuse, on ne sait pourquoi, le verbe composé et édite
"loquitur".
304. Wessner donne "ex" comme une addition, mais c᾽est le texte
de a (Firenze, Laur. 53.09).
305. Wessner édite
"accipias", correction de Schoell à partir des manuscrits RCO qui
portent "accipiat". La leçon authentique pourrait bien être celle
de V "accipe", les autres copistes ayant été choqués par ce qu᾽ils
prennent pour une défense "non accipe", alors que la construction
est "accipe non sic quasi dicat... sed...". V, qui, par ailleurs,
écrit une langue tout à fait correcte, n᾽a pas éprouvé le besoin
de corriger ce qu᾽il lisait, sans doute parce qu᾽il le
comprenait.
306. Wessner
édite, suivant tous les manuscrits, "subaudito" dans lequel il
voit certainement un impératif futur, mais d᾽ordinaire Donat
recourt à l᾽impératif présent. Ici, il est tentant de croire que
les copistes ont pris les deux lettres grecques pour la fin d᾽un
mot latin par ailleurs bien connu et qui est sans doute pour eux
un participe dans un ablatif absolu.
307. Wessner édite en suivant une conjecture de Sabbadini
(1897, 302) "aut quia sub enim", mais tous les manuscrits donnent
"sic". Nous pensons, quant à nous, que le problème n᾽est pas sur
"sic", mais sur "aut", probable mélecture d᾽un "ut" dont la leçon
aberrante de V "autem" peut confirmer la difficulté.
308. Wessner, d᾽après Sabbadini (1897, 302),
édite "subiugatur", qui n᾽a, à vrai dire, aucun emploi
grammatical, sauf chez Terentianus (43,
559 Cignolo (2002)), où il a tout d᾽une facilité
métrique. Tous les manuscrits donnent une forme de "subiungo",
qu᾽elle soit à l᾽indicatif ou au subjonctif.
309. Wessner édite "an ᾽illuditur᾽ hoc
est ᾽frustratur᾽ ?" Or parmi les manuscrits que n᾽utilise pas
Wessner, au moins m et a ne portent pas "hoc est", quant à V il
lit "alii" au lieu de "an". Nous le suivons sur ce point et
suivons m et a pour éliminer "hoc est" et reconstruire un
commentaire certes elliptique, mais bien dans la manière de
Donat.
310. Ce mot est la leçon isolée de V qui a cependant
toutes les chances de donner le bon texte. En effet "usus est" des
manuscrits CO se déduit aisément, comme le montre la graphie très
douteuse de m où l᾽on ne peut guère choisir entre l᾽un et l᾽autre
mot. La présence de "uerbis" a pu jouer en faveur de "usus".
Wessner éditait suivant une conjecture de Schoell "mire iuris
usus" en précisant que c᾽était une conjecture de Pithou. Pour
nous, "uerbis" est plutôt un datif.
311. Wessner édite "totum uideatur illatum quando si obaeratus
sit sub huiusmodi poena", dans lequel "illatum" est une leçon
apparemment isolée de V (les autres manuscrits portant "elatum"),
"si obaeratus" est une conjecture d᾽Estienne relayée par Sabbadini
(1897, 302), les manuscrits portant presque unanimement
"separatus", "sit" qui est lu "sic" par m et "sub" lu "ab" par
RCV. Nous proposons de revenir au texte à peu près consensuel des
manuscrits sur les mots "separatus" et "ab". Pour "elatum", le
texte donné par m, "uideare elatum", donne sans nul doute la
solution : "uideatur relatum" qui explique également la leçon de
V. Quant à "sit" du texte Wessner, il rend la syntaxe très
obscure, alors que "sic" lu par m, qui est facilement
transformable en "sit" donne une solution simple, en faisant de
"separatus" l᾽apposé au sujet de "queritur". La conjecture
d᾽Estienne "obaeratus" est probablement induite par la présence de
ce mot dans les scholies qui précèdent (334,
2 et 3).
312. Cette scholie se
trouve dans certains manuscrits (dont V) après la
suivante.
313. Wessner ajoute ici
"retribui" conjecture de Goetz, où Estienne proposait "accipere"
qu᾽il plaçait après "possit". Cet ajout ne se justifie nullement,
le sens étant parfaitement clair.
314. Wessner édite sur ce passage extrêmement désordonné
dans les manuscrits : "huiusmodi sententia infert poeta
†παρένθεσιν cum his quae uoluit inferre". Or dans cette section
tous les mots font problème, sauf "huiusmodi" et "cum his" que
donnent tous les manuscrits. "Sententia " est parfois lu
"sententiam", "sensus", voire ".N." ! "Infert" est lu "inferunt"
par trois manuscrits, "poeta" est lu "poetae" par V, le grec
repose sur V qui lit παρεντεσιν, mais on trouve aussi "parentesi",
"parenthasis", "parante sic" et des lacunes. "Voluit" est parfois
"uult", mais aussi "noluit", et "nolunt". "Inferre" est à peu près
consensuel (sauf chez R qui lit "referre", ce qui au fond n᾽est
pas si grave, compte tenu de l᾽état du reste de la tradition sur
ce passage). Il se peut que l᾽un des problèmes soit lié à un
segment abusivement pris pour du grec, ce qui expliquerait la
lacune. Cela est d᾽autant plus vraisemblable que la notion
proposée, la parenthèse, recouvre très mal la réalité de ce vers.
Soit Donat s᾽est permis dans son commentaire une acception
particulièrement large du terme, contrairement à son usage
habituel, soit ce que nous prenons pour du grec est corrompu et
peut très bien ne pas avoir été du grec. Le segment "parante sic"
donné par Oa peut expliquer le zèle de V à retranscrire du grec.
Si son copiste a lu "parantesic", il sait suffisamment de grec
pour écrire παρεντεσιν. Toutefois si l᾽on admet "parante" il faut
que "poeta" soit un ablatif et la phrase n᾽a plus de sujet
exprimé. On pourrait supposer que c᾽est Géta et comprendre "Géta
insère une sentence de ce genre parce que le poète prépare
ainsi...". Toutefois la présence, chez VO, d᾽un verbe au pluriel
"inferunt" et corollairement chez V de la forme "poetae", nous
invite à lire "poetae parantes sic". De ce fait on comprend "les
poètes insèrent une sentence etc. en préparant ainsi etc.". Une
fois ce passage corompu dans la tradition, la subordonnée relative
devient particulièrement problématique et ainsi s᾽expliquent les
importantes divergences textuelles dans cette section. Une fois
cependant, la première partie restaurée, il n᾽y a plus guère de
solution pour la seconde que celle que nous proposons. Reste la
difficulté posée par "cum his" qui apparaît comme un texte
consensuel ; sans doute faut-il supposer que la limite floue entre
le prétendu grec et le retour au texte latin a entraîné une sorte
d᾽expansion appelée pour relier entre eux les segments que les
copistes comprenaient, par exemple "parenteshis" devenu
"parenthesis cum his".
315. Cette préposition est un
ajout de Sabbadini (1897, 302) qui rend l᾽énoncé plus clair, mais
qui n᾽est peut-être pas absolument indispensable. Nous le
conservons cependant pour la clarté de la phrase.
316. Wessner édite ici
"rationem" qui est une conjecture d᾽Estienne. Les manuscrits
portent "uim" (Oam) ou "numero" (V), ou une abréviation qui paraît
être "nomen" (RC). On voit bien ce qui a pu se passer. "Vim" a été
pris pour une abréviation, et lu fautivement "nõm", puis développé
par V comme il pouvait.
317. Tous les manuscrits du
commentaire utilisés par Wessner lisent ainsi, avec plusieurs
manuscrits de Térence. Il est donc probable que le commentateur
lisait ainsi. Pour le lemme suivant, on notera que cette tendance
se confirme nettement chez VO, alors que RC paraissent lire soit
"ad simbolum", soit "asimbolum", puisqu᾽ils portent "teneas
simbolum". On peut se demander si les deux lemmes lisent le même
texte, puisque des divergences textuelles sur le texte de Térence
dans deux lemmes consécutifs ne sont pas sans
exemple.
318. Wessner édite "haec non ab Apollodoro sed de..." en
indiquant que la référence est Enn. Sat.
6 frg. 1M = vers 14-
19 Vahlen. Les manuscrits donnent, depuis le début
de la scholie, des lectures très confuses d᾽où n᾽émerge que le
segment "ab Apollodoro". Tous les témoins pensent, d᾽une manière
ou d᾽une autre (en lisant "nec non" (RCOa) ou "nedum" (V dett.m)),
qu᾽il y a, cachée là, une allusion au texte d᾽Apollodore, ce que
confirme O (suivi comme d᾽ordinaire par a) qui laisse un blanc
après " Apollodoro", comme chaque fois qu᾽il voit du grec. A
partir de là, on peut imaginer que les manuscrits qui complètent
le texte après "Apollodoro" ont translittéré en latin un texte qui
pouvait être du grec. La leçon de V "sed decen..." laisse
clairement penser que le scribe a tenté de lire avant de renoncer,
ce qui tend à prouver que le grec avait bien été translittéré et
donc corrompu. Peut-être faudrait-il restituer quelque chose comme
"Σέ δ᾽ἥκειν..." début de trimètre traduit littéralement par
Térence "tene... uenire". Mais on peut aussi penser, comme le
faisait déjà Estienne, que les difficultés de ce segment
proviennent d᾽une abondance d᾽abréviations sur une référence
bibliographique. Depuis Estienne, la tradition est de rapporter le
texte cité ensuite à Ennius,
Satires, 6, ce qui
impliquerait de lire quelque chose comme "sed ex en.vi sat." que
les deteriores retranscrivent "sed de sexto salis". V a pu lire
"sedexen" en "sed de cen" et renoncer devant la suite, ce qui,
notons-le quand même, ne lui ressemble guère, car il semble
s᾽obstiner à lire soigneusement même les textes les plus
difficiles. Dès lors, si l᾽on accepte qu᾽il s᾽agit de latin abrégé
et non de grec, il faut impérativement suivre Estienne et corriger
le "nec" du début de la scholie en "hec". La longueur de la
citation rend invraisemblable l᾽absence d᾽attribution auctoriale
et paraît donc donner raison à Estienne sur le choix d᾽Ennius et,
par ricochet, probablement sur la correction en "hec". Faut-il
toutefois considérer que le "sexto" des deteriores est au-dessus
de tout soupçon ? Si ce qu᾽ils lisent est ce que nous postulons
plus haut (c᾽est-à-dire "sedexenvisat"), nous pensons que ce qui a
été pris pour la séquence "vi" lue "sexto" peut en fait être la
fin du mot "enni" c᾽est-à-dire le nom de l᾽auteur complet sans
précision du livre. Il faut donc, à notre sens, regarder
l᾽attribution au livre
6 d᾽Ennius
du passage qui suit avec la plus grande suspicion, d᾽autant plus
que "salis" pourrait tout à fait cacher "ex enni sat i" ou "ex
enni sat ii". Si nous acceptons, faute de mieux que ce texte soit
de l᾽Ennius, nous pensons qu᾽il ne faut nullement sur la foi de ce
texte si corrompu lui accorder une place précise dans un
livre.
319. Wessner édite "infertis", les manuscrits
donnant "infectis", "inferetis". Nous choisissons de suivre
une conjecture de Mueller, qui convient parfaitement au
contexte et au genre satirique.
320. Wessner édite "ablingas" texte
du mansucrit Cujas, mais V donne un texte excellent que nous
retenons à la suite de la conjecture de Bentley citée par
Wessner.
321. Les
mansucrits donnent tous ici "dominos", mais ainsi la phrase ne
peut pas se construire.
322. Tous
les mansucrits portent "uorans", ce texte provient de l᾽editio
princeps.
323. Les manuscrits, influencés par ce qu᾽ils
viennent d᾽écrire, portent "simbolum", mais le texte de
Térence est bien celui que nous indiquons.
324. Wessner édite une
conjecture de Schoell "latratoriis", mais on voit mal pourquoi
refuser l᾽un des textes proposés par les manuscrits, comme
"latraturis", donné par ceux que Wessner tient pour les
deteriores. On lit aussi (ce qui n᾽est pas impossible)
"latrantibus" (R), "latratoribus" (OV). Ce texte avec participe
futur a l᾽avantage de distinguer le moment où le chien grogne de
celui où il aboie.
325. "Cicero" est une conjecture habile de Wessner pour des
manuscrits qui donnent "sic aliter". Il est cependant difficile
d᾽expliquer qu᾽ils n᾽aient pas reconnu le nom de Cicéron, sauf
dans ce cas précis où ils ont pu trouver absurde la succession
"siccic". Il est en effet assez invraisembable que Donat dise
simplement "aliter" pour une citation externe, alors qu᾽il réserve
cet adverbe à des citations internes. Quand il l᾽utilise pour des
citations externes, il met pratiquement toujours le nom de
l᾽auteur ou à défaut une indication du type "ille" (le Poète par
excellence, Virgile).
326. On lit
généralement "summo" dans les éditions de Plaute.
327. Wessner édite "ultimo,
quandoquidem", qui est une conjecture personnelle. Les manuscrits
portent assez unanimement "ultimo quidem", sauf V qui lit "qui d"
qui peut s᾽interpréter "dicitur" ou "datur", mais ne donne guère
de sens. Nous pensons que V a recopié ce qu᾽il croyait voir, mais
que le texte était "dictum", abrégé d᾽une façon qui a pu le
troubler. De ce fait, il est aisé de comprendre que l᾽abréviation
double de "-que" et de "dictum" ait abouti dans un des modèles à
"quidem".
328. Wessner édite "congurere poetae uisa
sint". Or certains manuscrits portent tout autre chose : V donne
"congruunt ea" dans lequel "-ruunt" est un ajout du correcteur de
V. O et les deteriores selon Wessner donnent "congrue", ce qui a
poussé Sabbadini (1894, 110) à conjecturer "congrua". Pour la
suite RV donnent "poeta" et O "poetice". Pour la fin, O donne
"uisas inter se", V et les deteriores donnent "miscet inter se".
Quant à RC, ils ne donnent rien du tout. Sabbadini (1894, 110)
conjecture "uisa sunt esse" et suit Estienne pour "uisa sunt". Ce
qui paraît sûr est 1-que le premier mot commence par "cong-" et
qu᾽il est très probable que la phrase se termine par "(int)er se".
Pour le début, on peut supposer, d᾽après ce qu᾽on lit dans V, un
texte très difficile à déchiffrer (lu "congea poeta miscet inter
se" par le copiste de V, le plus soigneux comme on le sait). Nous
supposons que la forme aberrante "congea" ou ce qui se trouvait
dans les modèles a provoqué une série de corrections "congrue" et
surtout "congruere". Cet infinitif "congruere" a, à son tour,
appelé une intervention sur la suite, car il ne se comprenanit que
si le verbe conjugué tolérait un infinitif objet ou attribut. De
là "miscent inter se" était très menacé et il est aisé de
comprendre qu᾽il soit devenu "uisa sint esse". Nous rétablissons
dans sa majorité le texte de V, en faisant droit à la correction
minime proposée par Sabbadini qui sauve "congea" en lisant
"congrua". D᾽ailleurs le texte ainsi lu d᾽après VM est
parfaitement clair.
329. Wessner édite "per scaenam" qui est une conjecture de
Hartman (1895), les manuscrits (du moins pour ceux qui ne sont pas
lacunaires ici) donnant "post scaenam", corrigé habilement par
Teuber en "in proscaenio". Toutefois, cette correction ou celle de
Hartman (1895) / Wessner supposent qu᾽il s᾽agit de traiter la
question du réalisme du temps scénique. Si les avocats avaient été
informés sur scène, il aurait fallu au moins une scène
supplémentaire. Mais, si nous faisons confiance aux manuscrits, ce
n᾽est pas du temps scénique que parle Donat, mais du temps
hors-scène. En effet, Démiphon est parti d᾽abord chez lui pour
prier puis au forum pour chercher les avocats au vers 314, et il
ne s᾽est écoulé qu᾽une brève scène (
33 vers) avant son retour avec ses avocats. C᾽est
évidemment bien trop court pour qu᾽il ait pu, hors-scène, non
seulement faire sa prière et aller au forum, mais encore les
trouver et les instruire. S᾽il y avait eu un entracte et non un
interscène, tout allait bien, mais ici Donat, avec sa précision
habituelle, souligne l᾽invraisemblance tout en l᾽excusant. Les
avocats devaient être déjà au courant. Comment ?
Mystère.
330. Ce
texte grec est issu du manuscrit Cujas, V ne donne que "πρόσωπα",
mais la lecture du Codex Cujas est probable, car C porte "persone"
suivi d᾽une lacune qui doit correspondre au fait qu᾽il connaît le
mot "πρόσωπα", mais ne sait pas lire l᾽adjectif. On notera
cependant que Donat nomme d᾽ordinaire ainsi des personnages qui ne
parlent pas du tout, et non des personnages qui vont parler
ensuite.
331. Wessner fait droit à la conjecture d᾽Estienne
"prius" qui répond à "postea" et a pour elle le caractère
récurrent de ce type de confusion. Toutefois, il suffit de
modifier la ponctuation pour que le texte des manuscrits "peius"
devienne satisfaisant et même meilleur. Les avocats sont des
"personnages muets" et ridicules pour l᾽instant, mais quand ils
sortiront de leur mutisme ("postea"), ce sera bien pire
("peius").
332. Wessner édite "ultro impetum", texte qui,
en soi, n᾽est pas impossible, même si la construction transitive
de "incurrere" avec un nom de chose est pour le moins rare dans la
langue soignée. Nous supposons, quant à nous, qu᾽il s᾽agit de la
structure "ultra impetum incurrere", dans laquelle la préposition
a été mal lue. Cette mélecture a entraîné chez V une
hypercorrection "ultro in poenam...incurrat" rétablissant une
préposition, mais dont le sens est difficile à saisir. Dans notre
hypothèse, le texte signifie que le parasite fait du bruit pour
exciter le vieillard et le jeter dans une colère telle qu᾽il ira
même plus loin que la feinte excitation de Phormion, son
accusateur.
333. Wessner édite "fatigatio" qui est une
conjecture de Bentley, qui comprend sans doute que Phormion
harcèle Démiphon en répétant son nom. Mais il a tort, car Donat
vise en réalité comme le montre "tumultuose" le fait de crier à
l᾽envi le nom de Démiphon pour faire du scandale et ainsi obtenir
gain de cause. Les manuscrits ont donc raison de lire comme ils le
font "flagitatio", puisque c᾽est le nom technique de cette
pratique de charivari, qui peut être liée d᾽ailleurs à des
pratiques judiciaires.
334. Wessner appelle ici le
personnage "Stilponem", alors que les mansucrits l᾽appellent soit
"Stilbonem" (évidemment une erreur par rapport au texte de
Térence), soit "Stilponem". Au vers suivant il édite bien
"Stilphonem".
335. Wessner édite "haec asseueratio
est mentientis imitata ueritatem" dans lequel "mentientis" est une
conjecture d᾽Estienne contre un "mentis" unanime des manuscrits.
Toutefois le texte est assez désordonné, RCV donnent pour le début
du segment un texte identique : "hoc asseueratione mentis est
imitari". V se singularise en lisant "uarietatem" au lieu de
"ueritatem", sans doute par excès de zèle parce que de fait
Phormion répète deux fois la même chose de façon variée. On peut
donc se fonder sur "ueritatem" qui est aussi donné par O qui
pourtant donne ici un texte très différent. Nous partons donc de
la leçon de RC "hoc asseueratione mentis est imitari ueritatem",
dont nous corrigeons très peu de choses : "mentiriest" a aisément
pu être lu "mentisest" et une confusion entre "hoc" et "hac" est
loin d᾽être sans exemple, d᾽autant que O porte
"haec".
336. Tous les manuscrits sont d᾽accord
pour voir dans "scire" le dernier mot du lemme. Nous conservons
ici le texte de V qui paraît probable, car les variantes des
autres manuscrits sont insignifiantes. Wessner éditait "SCIRE QVI
F." dans le lemme et commençait la scholie à
"multa".
337. Wessner édite "clamitandi" qui est une
conjecture de Schoell sans doute issue de O qui lit "clamandi" et
de "uociferandi" qui suit. RCV lisent "damnandi" qui est excellent
dès lors que "omnia" est le complément de "dicunt".
338. Tous les manuscrits
utilisés par Wessner donnent "uociferandi" de toute évidence
provoqué par "damnandi" sur la mélecture d᾽une abréviation pour
"uociferantur". La construction est le sens s᾽en trouvent de toute
évidence mieux avec un verbe à un mode conjugué.
339. Wessner ajoute ici "enim"
qui ne sert à rien.
340. Texte de RCV, Wessner éditant
"quae".
341. Wessner édite le texte de O "et PARENS pater, nam ut
uariaret parentem dixit quem supra dixerat patrem", mais le texte
des autres manuscrits est unanime pour lire au moins "patrem ut
uariaret parentem dixit quem supra dixerat" sans répéter ensuite
"patrem", ce qui revient à faire du "patrem" qui suit le début de
la scholie suivante. V qui donne "et" entre "parens" et "patrem"
suggère qu᾽un mot bref a pu sauter devant "patrem" dans RCV, et
nous proposons "eum" qui rend la construction bien plus lisible en
faisant du groupe "eum patrem" l᾽antécédent de
"quem".
342. Wessner édite
"quia est qui ignoret parentes...ideo utrumque conquestus est". Le
texte des manuscrits est très hésitant sur le début du segment où
l᾽on lit "quia est" (VDL), "est qui" (RC) et "qui" (O). Il est
également troublé sur le mot "ideo", conjecture de Sabbadini
(1894, 118), pour "idem" (RC), "id est" (O) et "uel" (VDL). Notons
encore que V ne porte pas "id est". Nous conservons le "uel" de V,
qui semble indiquer qu᾽à l᾽alternative du premier segment, Donat
oppose les deux éléments réunis dans le second ("utrumque"). De ce
fait, le "quia est" de V peut sans doute être corrigé en "quia
et", leçon possible, ou, mieux encore, en raison de la
construction ordinaire de "conqueror" et d᾽une confusion
paléographiquement facile "quod et". Le fait que l᾽édition
Estienne, suivie par Lindenbrog, donne au début du segment "quia
fieri potest ut", loin d᾽accréditer cette leçon comme issue du
manuscrit Cujas, laisse plutôt supposer une correction
humanistique, voire purement stéphanienne.
343. Seuls MO et le manuscrit de Cujas attribuent cette
citation à Salluste. Pour les autres manuscrits de Wessner, elle
n᾽a pas de nom d᾽auteur.
344. Wessner rajoute
ici le mot "turba" absent de la citation dans ses
manuscrits.
345. Wessner corrige le texte pour lui rendre
la forme cicéronienne habituelle "negauit", mais tous ses
manuscrits lisent "negarunt".
346. Wessner édite
"est et", suivant ainsi RC. Le verbe n᾽étant pas indispensable,
nous suivons VO qui lisent "et".
347. Wessner édite "exclamatio
est. et ostendit, quid absente patre defenderit filius". Ce texte,
qui est donné par C, se comprend en soi, mais ne peut en aucun cas
se rattacher à ce lemme. En effet, Démiphon ici ne fait pas
allusion à l᾽audace de son fils, mais à l᾽audace de Phormion dont
il croit éventer la machination. V est le seul des manuscrits
consultés par Wessner à proposer un autre verbe, "offenderit"
(attesté également chez Mm), qui, lui, convient parfaitement à la
situation. Mais le manuscrit m donne, lui, une solution
particulièrement intéressante "offenderit filium". Si le verbe a
été corrompu en "defenderit" à un moment de la transmission, la
correction de "filium" en "filius" devenait pratiquement
inévitable.
348. Wessner édite "uim adhibitam filio suo uxorem
ducere, uno cum hunc audacem appellat, altero quod dicit ᾽etiam᾽,
quae coniunctio ad Antiphonem conuertitur, et sic ᾽accusatum᾽",
texte qui n᾽a pas grand sens. Il faut reconnaître que les
manuscrits qu᾽il a utilisés offrent des variantes sensibles sur
plus d᾽un point. Pour "uim" on lit "et uim" (RCV) ou rien (O).
Pour "uno", RCO lisent "una". Pour "quae" on lit "et quae" dans
RCO, pour le segment "est Antiphonem" on lit "et Antiphonem" (O)
et "ad Antiphonem" (RC), pour "complectitur", RC lisent
"conuertitur". Quant à "accusatum" de Wessner, c᾽est une
correction d᾽Estienne car les manuscrits lisent soit "accusatur"
(RCV) soit, par une évidente mélecture, "accuratur" (O). Nous
supposons d᾽abord que l᾽abaltif "ui", en raison de la succession
"esse ui adhibitam", a été rectifié à l᾽accusatif pour donner un
segment très correct grammaticalement "esse uim adhibitam filio
suo". Toutefois on n᾽explique alors que très difficilement le
segment "uxorem ducere" qui paraît impossible à construire. Nous
pensons que le segment "uxorem ducere uno" représente une
correction jugée évidente à la lecture du seul segment "uxorem
ducere" entraînant par là-même une légère mécoupure des mots avec
simplification du segment "ducereouno". Une fois "uno" séparé de
son substantif originel "reo", la tentation est très grande de
transformer "aliter eo" en "altero", unanimement donné par les
manuscrits. On recrée ainsi un parallélimse artificel, mais qui a
trompé Wessner et la plupart des éditeurs. Or il nous semble que
cette scholie dit en fait deux choses. Soit il y a un seul
coupable ("uno reo") et c᾽est Phormion (et c᾽est pour cela que
Démiphon dit "quel audacieux, il va oser m᾽accuser"), soit
("aliter") il y en a deux, Phormion qui est l᾽"audax" et Antiphon
qui va venir plaider contre son père. Et il faut comprendre "quel
audacieux que ce Phormion ! et en plus Antiphon va de son plein
gré venir m᾽accuser". Dans la première phrase de la scholie il
faut comprendre implicitement qu᾽"etiam" est un adverbe, dans la
seconde explicitement qu᾽il est "coniunctio". La double
interprétation du vers repose sans doute sur l᾽hésitation du
grammairien quant à la nature d᾽"etiam".
349. Wessner édite
"hic" qui est une conjecture personnelle, tous ses manuscrits
étant unanimes pour "sic", sauf O qui porte "sit".
350. Nous conservons ce texte, bien qu᾽il soit différent du
texte de Térence qui porte "adulescenti", en considérant
précisément que le fait de n᾽avoir pas normalisé partout rend ce
texte plus que probable. V, avec le soin qui le caractérise
généralement, a corrigé pour rétablir le mot térentien, dans ce
qui est de toute évidence une reformulation et non une
citation.
351. Aucun
manuscrit ne donnant ici le passif "ostenditur", nous supposons
que le verbe est bel et bien actif, mais nous lui ajoutons le
réfléchi théoriquement indispensable qui a pu se perdre par
haplographie.
352. Estienne, suivi par Wessner, normalise le temps
de ce verbe au présent, comme "dicit", mais il n᾽y a aucune raison
de le faire. Les mansucrits donnent bel et bien un
parfait.
353. Texte de V que
l᾽on trouve aussi chez Estienne. Wessner édite "ostendit" sur le
modèle du premier verbe, mais il a sans doute tort.
354. Wessner édite
"restitisse in iudicio" qui paraît à contresens. En effet, il ne
s᾽agit pas de ce que Phormion et Antiphon ont fait lors du procès,
mais de la façon dont Phormion voit le jeune homme. Au début, il
est en colère contre lui, mais, comprenant qu᾽Antiphon n᾽a aucun
moyen de connaître les parents de la jeune fille, il se radoucit
et change d᾽avis. VO nous mettent sur la voie en lisant
"restitisse iudicio", mais il est probable que "destitisse" moins
fréquent que le parfait de "resistere" a été "corrigé" par un
scribe qui imaginait qu᾽on parle ici du procès (ce qui explique le
"in").
355. Wessner édite "quasi" qui est selon lui une
conjecture de Bentley mais que l᾽on trouve apparemment dans
l᾽édition de 1477. Avec ce mot, il manque de toute évidence une
conjonction. Or tous les manuscrits utilisés par Wessner donnent
un texte bien plus compréhensible en lisant "quod
si".
356. Wessner fait à juste titre remarquer que la
scholie suppose la présence de "quippe homo" dans le lemme, ce que
V a rétabli. Mais comme tous les autres manuscrits portent "si
illum", nous préférons à la substitution opérée par V, l᾽édition
d᾽un lemme plus développé.
357. La leçon de R "ad nomina tantum" n᾽est peut-être
pas aussi absurde qu᾽elle en a l᾽air. En effet, le père a été
désigné d᾽abord par un pronom "illum", puis soudain "seulement par
des noms", c᾽est-à-dire des noms et des adjectifs ("homo",
"grandior", "pauper"). Avec le texte que nous éditons, la remarque
est syntaxique, elle devient morphologique si l᾽on suit R. Le
texte de O "ad nostrum", résolument absurde, laisse toutefois
supposer un segment difficile à lire.
358. Sur cette correction voir la note sur "a
positiuo" en 362, B 4.
359. Ici Wessner,
comme souvent, répète un fragment du lemme en tête de scholie,
contre tous ses manuscrits. Nous supprimons cet ajout de
"grandior".
360. Wessner édite ainsi, depuis la
fin de la scholie 3 : "quasi et ipse nosse debuerit.
4 QVIPPE NATV GRANDIOR <grandior> hic
comparatiuus non est sed habet significationem a positiuo minus".
Or les manuscrits portent pour la scholie
4 des marques certaines de désordre. RC lisent "hic
comparatiuus et non habet significationem a positiuo minus", O
donne "hic comparatiuus non habet significantiam a positiuo et
minus significat". Quant à V, il donne sans doute encore une fois
un élément de la solution en lisant "hic comparatiuus non habet
significationem quod magis siue minus a positiuo significet".
Comme on le voit, la scholie de V est beaucoup plus volumineuse
que les autres, quoiqu᾽on trouve trace de ces spécificités
également chez O. Nous supposons que l᾽amplification de la scholie
de V repose en réalité sur l᾽insertion à cet endroit, et de façon
acrobatiquement réalisée par le copiste de V (ou son modèle) pour
donner un sens, d᾽un commentaire qui en réalité porte non pas sur
ce lemme mais sur le précédent et qui se reconstitue aisément
"quod minus significat" ou éventuellement "significet". Le
commentaire précédent indique une différence de sens entre "non"
et "minus", et le segment "quod minus significat" se trouve
parfaitement à sa place, là où nous l᾽installons. On peut supposer
qu᾽un copiste a d᾽abord omis ce segment final de la scholie 3,
puis l᾽a rajouté en marge, mais sans que le rattachement exact de
cet ajout n᾽apparaisse vraiment clairement. V, ou l᾽un de ses
modèles, a cru que ce passage se rattachait, en raison du
comparatif "minus", au commentaire de "grandior", et, de ce fait,
y a vu une lacune qu᾽il a complétée par "magis siue", étant bien
entendu que "minus" pour un comparatif "grandior" qui est un
comparatif de supériorité a dû lui paraître incongru. On retrouve
trace de ce désordre liminaire chez tous les autres témoins dont
les modèles soit n᾽ont pas du tout tenu compte de l᾽ajout marginal
et lu "minus", soit ont partiellement tenu compte de cet ajout
(comme O qui conserve encore le verbe "significat" en plus de
"minus"). On voit bien alors pourquoi il a rajouté "et" car ce
qu᾽il avait lu ne fournissait aucun moyen de se rattacher au
reste. Quant à la correction de "comparatiuus" des manuscrits en
"comparatiuuam", elle est rendue probable, car il était aisé de
mal grouper les mots en prenant l᾽adverbe "hic" pour un
démonstratif et en lisant "hic comparatiuus" ("ce
comparatif").
361. Texte de RC, VO portant "qui". Wessner a supprimé ce
mot. La place un peu étrange de "quidem" a pu pousser certains
copistes à écrire "qui". Ici il s᾽agit d᾽une première
reformulation qui suppose que l᾽on comprenne "grandior" comme
"grandior quidem" (un peu âgé certes), qui va ensuite conduire
le commentateur à reformuler en "un peu trop âgé pour".
362. Cet adverbe,
ignoré par Wessner, se trouve dans O à la place de "nosse". Il est
difficile de supposer qu᾽"optime", qui n᾽a aucun sens tout seul,
puisse être une mélecture de "nosse". Depuis l᾽editio princeps
(1477), on lit généralement "optime nosse". Nous suivons ce texte
en considérant qu᾽une partie majoritaire de la tradition a omis
cet adverbe, ce qui est aisément compréhensible, O, de son côté,
ayant omis le verbe.
363. Ce texte, le seul possible, est une
correction par raturage de V et le texte donné par M. Tous les
autres manuscrits y compris la première version de V portent
"uita" qui provient à coup sûr d᾽un état ancien du texte.
Toutefois, le plus probable est sans doute qu᾽il n᾽y ait rien eu
du tout, mais simplement la mention "ici c᾽est le septième cas" à
charge pour le lecteur de trouver tout seul qu᾽il s᾽agit
d᾽"opera". Lorsqu᾽un annotateur a ajouté "et" en début de scholie
donnant "et hic septimus casus est", il était tentant de déduire
que cette scholie était la suite de la précédente, laquelle porte
sur "uita", et ce d᾽autant plus si l᾽on ne disposait pas, au
moment de la copie, du texte de Térence pour comparer. C᾽est donc
"uita" qu᾽on a introduit dans le texte avant séparation des
familles dont RCOV sont les représentants. Une fois introduite
cette absurdité ("uita" à l᾽ablatif), seule une correction prenant
en compte Térence pouvait sauver le texte. C᾽est ce qu᾽a fait la
main qui porte la correction de V.
364. Wessner édite "continere se
dicitur qui contra uoluntatem se retinet". Dans ce texte "se" est
un ajout d᾽Estienne qui rajoute ce pronom également dans le lemme,
pour coïncider avec le texte de Térence. Les manuscrits ont
"continere" sans le réfléchi et hésitent entre "uoluptatem" (RCV)
et "uoluntatem" (O), ainsi qu᾽entre "retinet" (OV) et "continet"
(RC). Nous pensons que la forme "continere" est en fait la source
de toute la difficulté, et qu᾽il faut lire "continens". Mais comme
Térence donne un verbe, il était tentant de rectifier avec
l᾽infinitif correspondant. A partir du moment où on lit
"continere", il devient très tautologique d᾽écrire "<se>
continere dicitur qui se continet", et "retinet" s᾽explique comme
une recherche de synonymie réduisant la tautologie. S᾽il s᾽agit
d᾽expliquer "continens", en revanche, il n᾽y a plus de tautologie,
mais une précision sémantique qui, du coup, impose quasiment
"uoluptatem" et justifie "continet".
365. Ici Wessner ajoute "ruri" en suivant l᾽editio princeps.
Les mansucrits ne le donnent pas, nous les suivons.
366. Peut-être faut-il lire
comme V "odiosa", en considérant la scholie de la série B qui
porte "miserabiliter et inuidiose". Toutefois "ociosa" de R et C
paraît accréditer le fait qu᾽ils aient lu ou entendu "otiosa" et
non "odiosa".
367. Wessner édite "a
dignitate" qui est une conjecture d᾽Estienne (qu᾽il doit
comprendre comme "reposant sur la dignité de la personne"), mais
le texte unanime de ses manuscrits donne "ad" et l᾽accusatif. Il
faut construire "ad dignitatem personae" et rapporter le tout à
"qualitas iniuriae" (qualification de l᾽injure faite à la dignité
de la personne).
368. Texte unanime des manuscrits RCOV,
contre Wessner qui conjecture "et quoad uixit", à partir du
texte du manuscrit Cujas, qui portait apparemment "et quod ad
uixit". Le texte des manuscrits est parfaitement clair. Dans
la première reformulation de "inuita" par "cum uiueret", il
s᾽agit du temps et "uita" signifie "la durée de la vie", dans
la seconde, il s᾽agit des actes accomplis dans la vie et
"uita" signifie "le genre de vie".
369. Tous les manuscrits utilisés par Wessner donnent ce
texte, ainsi qu᾽une partie de la tradition manuscrite de b (70) et
du
Phormion (95). Il n᾽y a donc pas lieu d᾽accepter
la correction "huc uiciniae" éditée par Wessner d᾽après Estienne
ni "huc uiciniam" proposé par Sabbadini (1894, 120).
370. Wessner édite une
conjecture de Sabbadini (1894, 120) "parem tete", suggérée déjà
par Westerhof ("parem te"), mais la forme "tete" demeure très
suspecte. Les manuscrits lisent unanimement "parentem te" qui n᾽a
guère de sens, que l᾽on considère qu᾽il s᾽agit d᾽une forme de
"parens" ou du verbe "parere". Nous pensons qu᾽une mélecture
d᾽abréviation jointe à une haplographie a pu faire prendre
l᾽ablatif de qualité pour le substantif "parentem", confusion
facilitée par un contexte où il est beaucoup question de paternité
et de parenté.
371. Passage
particulièrement corrompu. Les manuscrits donnent, pour RCK
"sciens hanc personam fingi uel certe etiam mortui uis hominis non
duci", pour O "sciens hanc personam fingi uel certe et mortui
hominis induci", pour V "sciens hanc personam fingit uel certe
etiam mortuum hominem induci". Wessner édite "sciens hanc personam
fingi uel certe etiam mortui uisum hominis induci", dans lequel
"uisum" est une conjecture de Schoell. Nous pensons que "uitam" a
pu être lu à un moment comme "uisiam" voire "uis etiam", sans
doute en raison de formes abrégées, et que le "etiam" ainsi dégagé
a été placé à un endroit syntactiquement pertinent laissant ainsi
le "uis" dans une position désespérée.
372. Karsten ajoute ici un "non" suivi par Wessner, mais
c᾽est un total contresens. Si "capere" est synonyme d᾽"eligere",
comme le montre la fin de la scholie, il faut considérer que
"capere" signifie "se charger de quelque chose qui dépend de
nous". D᾽ailleurs le sens de Térence ne fait ici aucun doute : il
s᾽agit de s᾽exposer volontairement à l᾽inimitié de la "familia"
dont fait partie Géta, donc de la choisir.
373. Wessner édite "aut fere" que lui donnent apparemment
RVO, mais d᾽autres manuscrits et les éditions anciennes, dont
Estienne, donnent "auertere" qui est bien plus satisfaisant.
Donat met ainsi trois synonymes d᾽"aspernari", dont un
comprend le préverbe "ab-".
374. Ce texte, qui est celui de Mm (Firenze 53.08), est
assuré par V, qui lit, avec une mécoupure du lemme suivant,
"ab aspergo pergin" ("pergin" étant le lemme du vers
372 et le mot immédiatement suivant dans
la série A). Wessner édite "ab ᾽a᾽ et ᾽sperno᾽", mais ce texte
que ne donne en l᾽état aucun des principaux manuscrits est
très peu vraisemblable. Donat aurait écrit "ab ᾽a᾽ et
᾽spernendo᾽".
375. Texte de V. Wessner
rejette le mot grec en début de scholie 2, comme Lindenbrog et le
manuscrit O qui place là sa traditionnelle lacune, mais il est
plus judicieux de le laisser là. RC n᾽ayant ni grec, ni lacune, il
est impossible de savoir s᾽ils lisaient ce mot et où. Notons
qu᾽Estienne indique ici un passage désespéré. Apparemment le mot
grec se trouvait dans le manuscrit de Cujas, V a une approximation
"απολοσησ", dont on peut se demander si elle ne cache pas une
autre figure.
376. Cette citation
est également connue par le grammairien Arusianus Messius qui
en donne un texte plus complet et plus cohérent que celui
fourni par les manuscrits de Donat utilisés par Wessner,
lequel complète la citation en suivant Messius. Nous pensons
que Donat a pu déjà lui-même tronquer cette citation pour
mieux faire apparaître le phénomène qu᾽il
observe.
377. Seul O donne ici le texte "et"
avant le participe. Quant au participe lui-même, RCOV le lisent
"impositis", ce qui peut résulter ou bien d᾽une mélecture
d᾽abréviation à date ancienne pour "interpositis" qui se lit chez
ceux que Wessner considère comme les deteriores, ou bien de la
conviction que le groupe "impositis quibusdam" appartient à la
citation de Salluste, ce qui est indécidable en l᾽état, mais n᾽est
pas totalement exclu. Le fait qu᾽Arusianus Messius arrête la
citation à "audebat" peut être un indice en faveur du texte
"interpositis", mais il n᾽est pas absolument
déterminant.
378. Devant ce mot Wessner ajoute de son
crû un "scilicet" pour relier le texte à son explication, mais on
peut très bien s᾽en passer. D᾽autres éditeurs ont proposé "hoc
est", tout aussi inutile.
379. Wessner édite "CARCER non
᾽carcereum᾽ sed ᾽carcerem᾽ asperius appellauit". Le texte des
manuscrits est toutefois très différent. Comme lemme RCOV donnent
tous "carcere", texte attesté par de nombreux manuscrits de
Térence, tous postérieurs au VIIIe siècle. Le manuscrit le plus
ancien de Térence porte bien "carcer". En outre, la scholie se
présente chez RCV sous une forme identique qui est "non carceri
sed carcere asperius appellauit". O lit "non carceranum sed
carcerem asperius appellauit". Il nous semble que la corruption de
ce passage provient de deux mélectures successives. Dans un
premier temps, a pu s᾽introduire comme lemme la variante
térentienne "carcere". Dans ce cas, le mot est complément de
"dignum" qui se trouve dans la réplique de Phormion au même vers
(Ph.-il le mérite bien. Gé. Tu veux dire la prison ?). A ce moment
on lit "carcere non carceri sed carcer". Il devient alors
inévitable que "carcer" devienne "carcere", et la scholie se met
peut-être dans l᾽esprit des scribes à porter sur deux formes
possibles d᾽ablatif, voire de deux mots, un "carcer" neutre (!?)
et le "carcer" masculin, ce qui, notons-le, rend la suite très
difficilement compréhensible, et le lien avec Lucilius nul. Une
autre interprétation possible est que les scribes prennent
"carceri" et le "carcere" antérieurement rectifié comme des formes
variantes du vocatif d᾽un adjectif "carcereus / carcerius" qui
semble attesté seulement à l᾽époque tardive. Il y a sans doute là
la solution. L᾽adjectif "carcerius / carcereus" peut être usuel
pour Donat, comme il l᾽est chez Prudence, et le commentateur peut
avoir voulu tout simplement dire : Térence n᾽emploie pas
l᾽adjectif qu᾽il faudrait, "carcerius" (pour dire "un homme qui
mérite la prison"), mais le nom "carcer" (prison). De ce fait, on
est bien dans une scholie sur le vocatif ("appellauit"), mais il
s᾽agit de dire que Térence n᾽emploie pas le vocatif de l᾽adjectif
dérivé, mais celui du nom, ce qui est "asperius". Le lien avec
Lucilius est alors parfaitement rétabli, ainsi que celui avec les
autres passages où Donat cite cette phrase de Lucilius (voir Eun.
645). Quant au "eum", c᾽est une restitution plausible pour
expliquer l᾽étrange forme dérivée fournie par
O.
380. Wessner répète ici "ain", suivant CO, lequel dit
"aisne", mais cette remarque sera faite plus loin. Il n᾽est donc
pas utile de le replacer.
381. Wessner édite "quae separat e ab n † littera .i.
tenuit sed sonum", ce qui est intraduisible. Les manuscrits
proposent de façon consensuelle le segment
"quaeseparateabnlittera. i.". Le reste leur pose de toute évidence
difficulté. RCVO lisent comme verbe "tenuit", là où m corrige de
toute évidence ".i.tenuit" en "interimit", au demeurant excellent
pour le sens, mais qui sent la correction humanistique. Nous
postulons que le verbe est "tenuat", dont le sens est proche de
"interimit", et qui se trouve, chez Quintilien, au sens
d᾽"amenuiser le son". La forme a pu être corrigée en une forme
sans doute beaucoup plus familière au scribe. Les manuscrits
hésitent en outre entre l᾽adverbe "separate" et la forme verbale
"separat" suivie de la lettre "e", mais cela supposerait que
l᾽apostrophe fût placée à la place du "e" de "aisne". Or Priscien
(GL II, 32, 6) paraît indiquer que l᾽apostrophe se met à la place
du "s", ce qui rend la lecture de la suite très aisée dans les
manuscrits, si l᾽on corrige légèrement "separate" pour en faire le
participe d᾽un ablatif absolu "separata ab n littera i". La
présence de points autour de la lettre "i" rend notre hypothèse
plus que probable. Ainsi un scribe aurait-il voulu montrer qu᾽il
s᾽agissait de la lettre "i" et non par exemple de l᾽impératif de
"eo".
382. Ce texte est celui de L, le seul des manuscrits de
Wessner (avec les éditeurs anciens) à donner un texte acceptable.
Unanimement, ses autres manuscrits lisent "miser", voire "misere".
Il nous semble que ni l᾽adjectif ni l᾽adverbe ne font sens.
383. Après ce mot,
Wessner édite "et" sur la foi de RCO, mais V ne le donne pas et il
a sans doute raison.
384. Wessner édite "est haec auctoritas in
senibus, ut minores aetate appellatione pueri uel adulescentis uel
iuuenis minores etiam ostendant auctoritate", sur un texte des
manuscrits assez divergent par endroits. Globalement, il est
quasiment certain que le début est bien "est haec auctoritas in
senibus ut", que le dernier mot est une forme de "aetas" et que le
segment "appellatione" suivi de génitifs se trouve quelque part
entre les deux précédents segments. Les éditeurs modernes sont
partis du principe que le dernier mot "aetate / aetatis" des
manuscrits était absurde car il rendait le commentaire
tautologique. Ils ont donc conjecturé un moyen de le remplacer par
"auctoritate" (Sabbadini (1894, 112), Wessner), "grauitate" ou
"dignitate" (Schoell), ou, comme Estienne, l᾽ont supprimé. Nous
avons pris le parti contraire, en recherchant pour cette phrase un
sens qui ne fût pas tautologique en gardant une forme finale de
"aetas". Le texte le plus proche de celui que nous retenons est
donné par O qui lit "est haec auctoritas in senibus, ut minores
etates appellatione pueri uel adulescentis et iuuenis minoris
etiam ostendat aetatis". Toutefois il existe un certain consensus
sur "aetate" (RCV) qui nous fait préférer la structure que nous
adoptons. Devant "iuuenis" nous éditons "etiam" plutôt que "et",
bien que celui-ci ne soit pas absolument impossible. Une mélecture
d᾽abréviation peut avoir donné "et" depuis "etiam", mais on peut
tout aussi bien garder le "et" à condition d᾽y voir un
adverbe.
385. Texte de RCV, Wessner édite la leçon de O "quia".
Le sens est à peu près identique.
386. V lit
"επιτροκασμοσ" ce qui paraît assurer le nom de la figure, les
autres manuscrits donnant des à-peu-près acceptables
"epitracasmos" (R), "epytrochosmos" (C), "epitasmos" (O). Ce qui
est troublant c᾽est que, dans la ligne précédente, seul V lit
correctement le même mot, les autres laissant une lacune. Est-ce à
dire que le mot était écrit en grec la première fois et en
caractères latins la deuxième ? Est-ce à dire qu᾽il y avait deux
mots différents que V, qui sait un peu de grec, a confondus en
utilisant celui qu᾽il connaissait le mieux ? De toutes façons le
commentaire que propose Donat, avec "effusio" et surtout
"supermersio" (si le mot fait partie du texte), définit assez mal
la figure d᾽épitrochasme, même si la fin de la définition
"aduersarii causa turbandi" correspond à ce qu᾽on en dit
généralement. Donat parle ailleurs de l᾽épitrochasme. Dans
Ad.
670 et 951, les manuscrits y
compris V ne donnent aucun mot grec, lequel est donc une
reconstruction humanistique. En Eun. 805, V est le seul à lire du
grec, mais le mot est "επιρροχισμοσ", à tel point qu᾽on peut se
demander si la figure cachée sous ce mot grec n᾽est pas plutôt
"ἐπιρραπισμός" (blâme).
387. Ce mot n᾽existe pas, pas plus que
"superuersio" proposé par V, ni "supermensio" de l᾽édition de
1477. Il s᾽égit de toute évidence d᾽une forgerie du commentateur,
ou plus probablement d᾽un copiste "savant", pour expliquer le mot
"épitrochasme". Si l᾽on voit bien comment "super" rend compte de
"épi", le reste demeure beaucoup plus confus. Nous éditons comme
Wessner, mais sans aucune certitude ni sur le mot lui-même, ni
même sur la présence de cette glose de la glose dans le texte
orginel.
388. Le texte de
cette fin de scholie est dans un état désespéré, si l᾽on en croit
les manuscrits utilisés par Wessner. Ce dernier, suivant Schoell
et peut-être le manuscrit Cujas, croit voir, avant la citation de
Virgile, une citation de Cicéron qu᾽il trouve dans les mots
"conuincam si neges" que l᾽on lit, à peu de choses près, dans VL.
Il s᾽agit de Catil. 1, 8, que, du coup, Schoell et Wessner
complètent pour avoir un véritable épitrochasme en éditant "sic
Cicero ᾽<num negare audes ? quid taces ?> conuincam si
negas᾽". Or dans cette restitution le "dic" unanime des manuscrits
devient virtuellement "cic" pour "cicero", ce qui est gênant et
paraît reposer sur la volonté de trouver là une citation. Comment
les copistes n᾽auraient-ils pas reconnu le nom de Cicéron, même
abrégé, alors qu᾽il est extrêmement fréquent dans le commentaire ?
Les manuscrits (sauf O qui ne lit pas la fin du segment) sont
unanimes à lire "si neges" et au début "sic". Pour le reste, il
règne la plus grande confusion : R lit "sic dic conn.in eam si
neges". C voit, quant à lui, "sic dic comi.in eam si neges". O se
contente de "sic de conu et" et V lit "sic dic conuicam si neges",
alors que L propose "sic dic conuincam si neges", qui paraît
provenir d᾽une correction humanistique. Nous supposons que la
suite "sicdiccon" masque pour quelque raison un "sic dictum"
victime peut-être d᾽une mélecture de ligature. Une fois ce segment
perdu, tout le reste était en grand danger comme le montrent les
textes absurdes fournis par les manuscrits. Cependant, dans ce
trouble, on peut reconnaître dans le "i." voire dans le "in eam"
des restes de "inquam". Si l᾽on considère que la scholie parle ici
de "inquam", il est facile de restituer "quasi neges". Donat
souligne ici que le verbe affirmatif "inquam", doit être en fait
compris, dans la colère que feint Phormion, comme s᾽il invectivait
Démiphon en lui disant "comment oses-tu nier que tu connais
Stilpon ?". On peut alors supposer que le "u" qui se promène dans
la plupart des lectures peut représenter "uerbum" abrégé et
reconstruire comme nous le faisons.
389. Wessner édite
"iustae confidit et nititur causae", mais ce texte n᾽est pas
grammatical car "nititur" exige un ablatif que l᾽on trouve
d᾽ailleurs chez V qui lit "causa". La forme de datif précédente a
pu influer par effet de rime sur "causa". Pour ce qu᾽il édite
"iustae", il peut s᾽agir d᾽une mélecture pour "iustitiae" qui a à
son tour entraîné mécaniquement la faute sur
"causae".
390. Wessner suit ici
Sabbadini (1894, 114) pour lire "qui nullo iure freti litigant, ad
iniurias prosiliunt", mais le texte unanime des manuscrits est
excellent et nous le rétablissons.
391. Texte des
manuscrits, corrigé on ne sait pourquoi par Wessner en
"quia".
392. Wessner édite une restitution
plausible de Sabbadini (1894, 123) "σχῆμα διανοίας· συγχώρησις",
mais il est difficile de voir ici une concession. Il n᾽y a pas
vraiment "concession", dans la mesure où Démiphon ne reconnaît pas
que Phanium est sa parente. Au demeurant, seul V donne du grec
dans cette scholie qu᾽il écrit "scema διανοηασηνκοησησ". De toute
évidence il ne lit pas συγχώρησις, et s᾽il écrit à peu près
"διανοίας", ce peut être trompeur, voir la scholie 232, 2, où le
manuscrit Cujas a "restitué" par réflexe "διανοίας", au lieu de la
préposition διά suivie de son régime. Sans doute l᾽a-t-il prise
pour une abréviation, comme V ici. Du coup, on peut créditer V de
ce qu᾽il a lu ensuite et tenter de restituer le procédé de
l᾽"ἐγκοπή". la forme "ηνκοησησ" peut venir d᾽une mélecture de
"ηνκοησ heus" avec "heus" qui est le lemme suivant, du moins pour
les témoins qui échappent à la redactio confusa, ce qui n᾽est pas
le cas de V, mais peut l᾽être de sa source qui lisait déjà
"ηνκοησησ".
393. Texte de V. Wessner, en s᾽arrêtant à "inquit",
masque le fait qu᾽il s᾽agit d᾽une remarque sur l᾽ordre des mots.
Notons que l᾽édition de
1477 lit
ici, comme le manuscrit m, "quibus probaui iudicibus inquit", ce
qui est maladroit, mais va dans le sens du texte de
V.
394. Wessner,
curieusement, suit ici Sabbadini (1894, 123) et suppose une lacune
après "accipe", comme s᾽il y avait un mot grec par exemple
(Schoell propose ἀνακόλουθον), ou, en tout cas, une scholie
disparue. Nous pensons, comme les manuscrits, que le lemme couvre
en fait
410 et
411 et que le commentaire porte en fait sur
411.
395. Ici Wessner
ajoutait "ego" pour mettre le lemme en conformité avec Térence.
Cela ne s᾽impose pas.
396. Wessner édite suivant O "stat" après "lege", mais la
phrase bien qu᾽elliptique se comprend tout aussi bien sans.
397. Wessner ajoute ici
un "m." pour "meretricem", mais, le commentaire portant plutôt sur
"itane", ce mot n᾽est pas nécessaire.
398. Wessner édite ici le texte de L "aiunt" qui
peut se comprendre si la scholie est en deux phrases. Toutefois,
tous les autres manuscrits portant "actum", nous préférons les
suivre, même s᾽il faut pour cela réunir les deux éléments de la
scholie.
399. Wessner édite "ineptus", mais la scholie indique
très clairement que, quelle que soit la forme du lemme dans les
manuscrits, c᾽est bien "ineptis" que lit Donat, conformément aux
manuscrits de Térence.
400. Wessner ajoutait ici,
suivant Teuber, une négation "non" qui aboutit à un contresens.
Donat veut dire très exactement que c᾽est à ce moment précis que
le vieillard peut comprendre que Phormion est de mèche avec
Antiphon.
401. Wessner
ajoute ici "tres", conjecture d᾽Estienne, absolument inutile
puisque le reste de la scholie nous informe du nombre des
avocats.
402. Wessner édite "tertius qui
sequi alterutrum debuisset" ; "qui sequi" est une conjecture
personnelle à partir de RCO qui donnent "quisque se", et de V qui
donne "qui se" ; "alterutrum" est une correction, également
personnelle, à partir de O ("alterum"), RC ("alteri"), et V
("alterutri addere"). Précisons, pour finir, que Schoell propose
la conjecture "qui obsequi alterutri". Le texte se comprend
presque parfaitement, sans correction, ni conjecture, si l᾽on suit
le manuscrit V, ce qui donne : "tertius qui se alterutri addere
debuisset", que l᾽on peut traduire par "le troisième, qui aurait
dû se ranger dans le camp de l᾽un des deux", ou si l᾽on préfère,
"le troisième, qui aurait dû donner crédit à l᾽un des deux". RCO
donnent "debuisse" au lieu de "debuisset". Reste la question de la
jonction de ce segment avec la suite qui nous invite à supposer
que ce qui est lu "quisque" par RCO est en réalité "qui cum", qui
a pu au contact de "se" devenir "quisque". Il est probable enfin
qu᾽"addere" a disparu au stade de l᾽archétype commun à
RCO.
403. Cet
"ego" est suppirmé par Wessner, pour une raison évidente : c᾽est
qu᾽il n᾽est pas sous-entendu. Toutefois, il est présent dans tous
les manuscrits, et le texte se comprend très bien en le
conservant.
404. Cette conjonction est étrange, mais V qui ici
recopie très soigneusement et très fidèlement le grec ne l᾽a sans
doute pas inventée. On s᾽attendrait à un argument "par l᾽estime
dont bénéficie le conseiller", ce qui a amené Schoell a supprimer
la conjonction, mais Donat peut très bien avoir voulu dire
"argument 1- par l᾽estime, 2-par la personne du conseiller, ce
qui, somme toute, revient au même.
405. Texte de V, la plupart
des manuscrits portant "leuiter", qui n᾽est pas impossible. Notons
qu᾽Eugraphius commente ici en disant "breuiter", ce qui peut
attester la valeur de ce texte.
406. Wessner édite une conjecture d᾽Estienne
"deliberatiuae", mais nous suivons ici V qui donne ce texte en
supposant "generis".
407. Wessner édite selon une conjecture
d᾽Estienne "ordine locos" pour des manuscrits qui lisent "ordine
locum" (O), "ordine et loco" (RC)," loco et ordine" (V). Le texte
le plus satisfaisant paraît celui de RC mal compris par O et
inversé par V. Le mot suivant "suasoriae" a pu faire tomber le "s"
de "locos" comme l᾽avait bien vu Estienne. Pour le "et" on peut
peut-être penser à une mélecture d᾽un chiffre sans doute fort mal
écrit : dans ce cas c᾽est évidemment "ii".
408. Wessner édite le segment que nous faisons
commencer à "et tertiam" après l᾽ajout de l᾽annotateur médiéval au
vers 456, sous la forme : "utilitatis partem praetermisit quae ubi
quid non potest fieri frustra separatur". Dans ce segment "quid"
est un ajout de Goetz, "separatur" une suggestion subtile de
Schoell à partir d᾽un passage d᾽Emporius (Rh. Lat. Min.
571,
17 à propos des Stoïciens et
de leur système argumentatif : "Stoici ne duo quidem illa, id est
honestum et utile, existimant separanda"). "Vtilitatis", quant à
lui, est inspiré par Estienne sans nul doute en raison du texte de
451-452. Nous pensons, quant à nous, que le texte des manuscrits a
été troublé par l᾽interpolation de la scholie 456. Si nous
reprenons le fil du commentaire, nous voyons que Donat précise
qu᾽il y a deux arguments utilisés sur trois possibles. Il faut
donc se demander pourquoi le personnage n᾽utilise pas le
troisième. Nous comprenons alors que le texte très étrange des
manuscrits "in lris" (RCO), développé par a en "in literis", ou
"m.lram" de V cache en réalité le chiffre iii manquant. De ce fait
ou comprend aisément "tertiam partem praetermisit" (il a sauté la
troisème partie). Avec ce qui reste du mot "in lris", soit "ris",
on lit aisément l᾽abréviation de "rationis" (du raisonnement). Le
fait que "et tertiam rationis partem" n᾽ait pas été bien compris a
entraîné l᾽étrange variante de V qui a sans doute corrigé "in
litteris" déjà fautif en "m litteram", pensant que le lemme
interpolé concernait la lettre "m" de "inceptu /inceptum", ce qui
explique d᾽ailleurs qu᾽il lise "inceptu" et non "inceptum" dans le
lemme. Quant au verbe, les manuscrits donnent "sectatur" (RCV) qui
pose un évident problème de voix puisque le verbe est déponent et
O semble avoir glosé ce verbe en "petitur" qui ne pose plus de
problème de voix, mais ne saurait être considéré comme un synonyme
possible de "sectatur". Tout s᾽arrange si "sectatur" est corrigé
par le passif "secatur". Cet emploi technique de "secare" (faire
une division) est attesté dès Cicéron.
409. Il est inutile de répéter ici "in tempore", ajout
de Schoell, qui n᾽est pas dans les manuscits.
410. Wessner édite "inuidisse deos, patriis ut r.
o. c. o. et p. C. u. ?", mais la citation exacte est
"inuidisse deos, patriis ut r. a. c. o. et p. C. u. ?", car le
texte de Virgile est "inuidisse deos, patriis ut reditus aris
coniugium optatum et pulchram Calydona uiderem ?". Mais Donat
lit peut-être un texte virgilien qui porte "oris" au lieu de
"aris". D᾽autre part les trois dernières abréviations "p. C.
u." sont des ajouts de Wessner que nous ne retenons
pas.
411. Wessner édite "haec
quidem de his sunt quae amant iungi.
2 SPES OPESQVE SVNT ut etc.". Le mot "iungi" paraît
n᾽avoir été lu que dans le manuscrit perdu de Cujas. Dans cette
perspective, la scholie se comprend "ces mots font partie de ceux
qui aiment être associés" et la scholie
2 complète cette analyse avec un (ou deux
apparemment chez Cujas) exemples. Nous supposons que les deux
scholies ne se complètent pas. La première insiste sur une
phraséologie amoureuse et la seconde sur la coordination. Il est
vraisemblable que le "iungi" de Cujas repose sur un texte qui a pu
exister dans une partie de la tradition au moins à un moment
donné. Le texte "amantum" de O et a, comme la variante isolée de m
"amanti dici solent", attestent quelque chose comme des traces du
texte Cujas. Toutefois celui-ci n᾽est pas pleinement satisfaisant
car le tour "amant iungi" demeure étrange et peut d᾽un autre côté
avoir été induit par la manière dont le scribe du codex Cujas
comprenait la suite. Nous pensons pour notre part qu᾽il s᾽est
produit deux fautes distinctes : la première a consisté dans une
haplographie de la succession "amantium iunge" devenue
"amantiunge" dont le texte de V "amant" et la variante "amantum"
portent trace. A partir de "amantiunge", il est aisé pour le
scribe du codex Cujas de corriger en "amant iungi". La deuxième
faute a consisté à déplacer "iunge" derrière le lemme pour faire
comme d᾽habitude, ce qui donnerait "amantium. spes opesque iunge".
Une mélecture facile consiste alors à prendre "iunge",
probablement abrégé, pour une partie du lemme ("sunt" en l᾽espèce)
d᾽autant que la suite se comprend parfaitement sans "iunge". A
partir de ce moment-là, le texte avec lemme long l᾽emporte
définitivement. Notons toutefois que l᾽exemple de Salluste ne
comprend pas de verbe, ce qui accrédite notre supposition.
412. Wessner édite ici une seconde citation ("res
fortunaque" du
Rudens de Plaute) qu᾽il semble
rattacher, on ne sait comment, au manuscrit perdu de Cujas. Aucun
autre manuscrit ne donnant cette citation, nous choisissons de la
supprimer.
413. Tous les
manuscrits utilisés par Wessner donnent "quod" et pourtant il
édite "qui". Sans doute "quod" est-il ce que lisait Donat. Le sens
est par ailleurs absolument identique ; toutefois la variante
n᾽est sans doute pas métriquement défendable, si Donat lit
exactement ce que nous lisons dans le début du vers, ce que nous
ignorons.
414. Texte de V et O, Wessner éditant "quod", conjecture
personnelle sans doute tirée du "quo" de R et C.
415. Wessner édite "conuenientiam suam",
qui est une conjecture personnelle, mais le texte des manuscrits
"conuenientia sua" fonctionne parfaitement.
416. Wessner édite "a quo" pour tenter de sauver le
texte de RCOV "quo". Peut-être faut-il supposer une très ancienne
mélecture pour "qua".
417. Wessner édite un lemme global pour tout ce vers,
et donne à la citation de Plaute une forme qu᾽il juge désespérée :
"ad sine a palaestra ubi damnis desudascitur". Le verbe
"desudascitur", hapax plautinien, permet assurément de reconnaître
ici un vers des
Bacchides, mais la transmission
manuscrite de ce vers ici le rend pratiquement méconnaissable.
Nombre de manuscrits ont adapté le texte selon ce qu᾽ils
comprenaient. Nous pensons, quant à nous, que le désordre sur ce
vers provient d᾽une erreur de coupe entre le lemme et la citation.
Nous supposons qu᾽il y a là, dans la partie incompréhensible du
vers plautinien, un lemme térentien "a sua palaestra" qui n᾽a plus
été reconnu, ce d᾽autant moins que le mot "Plautus", probablement
à cause de la ressemblance entre "assidue" et "asuap." a pu se
déplacer fautivement rendant ainsi la séquence "ad sua p."
impossible à distinguer du début de la vraie citation. Nous
remettons les choses dans ce que nous croyons être leur ordre
original.
418. Bien que le texte des autres mansucrits
"deliberatiuae" retenu par Wessner ne soit pas impossible, nous
préférons, comme en 452, 2, l᾽adjectif "deliberatiuum" accordé à
"locum", texte de V.
419. Wessner édite "id est a te
faeneratum" en évacuant complètement le problème posé par la
présence de "ei" après "est" dans O et V ("id est ei a te"), mot
dont on est sûr qu᾽il n᾽est pas un ajout puisqu᾽on le retrouve
chez R et C sous la forme "idem etate". De ce fait il est tentant
d᾽éditer "id est et a te", dans lequel l᾽adverbe "et" en tête de
reformulation a très bien pu être mal compris. En tout état de
cause "a te" avec ou sans "et" glose le "istud" de Térence.
420. Wessner édite "laborauerit", conjecture de
Westerhof, mais l᾽indicatif "laborauit" est attesté par tous les
manuscrits utilisés par Wessner.
421. Wessner édite le proverbe grec sous la forme "τῶν
ὤτων ἔχω τὸν λύκον· οὔτε γὰρ ἔχειν οὔτ᾽ἀφεῖναι δύναμαι" (je tiens
le loup aux oreilles. Je ne peux en effet ni le tenir ni le
lâcher). Ce texte, notons-le, n᾽est pas seulement le proverbe,
mais aussi l᾽analyse du proverbe. D᾽après Wessner ce texte
provient à la fois de l᾽editio princeps et du Codex de Cujas
collationné par Pierre Pithou. Il y a fort à parier que Pithou (au
contraire de ce que dit Reeve (1978, 324), qui dit qu᾽on ne le
sait pas) a collationné le manuscrit Cujas sur l᾽éditio princeps
ou une édition semblable qui portait donc le texte complet du
proverbe et de son analyse et qu᾽il a du coup pu très bien
allonger le texte du Codex Cujas. De fait, il faut sans doute
mettre au compte de l᾽editio princeps la version longue du
proverbe, voire tout le grec, car si R et C laissent place pour du
grec qu᾽ils ne retranscrivent jamais, V, qui, lui,
systématiquement tente d᾽écrire le grec, ne présente aucune trace
de grec à cet endroit ni de lacune (O non plus d᾽ailleurs). On
peut donc supposer qu᾽il y a en fait deux traditions, l᾽une
portant simplement "graecum prouerbium" à charge au lecteur de
savoir lequel, l᾽autre portant le proverbe lui-même, sans son
commentaire, lequel émane sans doute de Macarios le parémiographe
du XVe siècle (cf. 8, 44, cité par Otto (1962), avec un texte très
comparable). Les Humanistes ont voulu de toute évidence compléter
l᾽information de Donat avec leurs propres ressources. Nous éditons
donc, sous réserve, uniquement la "version courte" du proverbe
grec.
422. V, seul manuscrit de la collection
utilisée par Wessner pour ce passage, donne ici "leno scies",
au lieu de l᾽unanime "leno sies" des manuscrits térentiens.
Estienne ajoute "ne parum" et lit "sies", ce qui est le texte
usuel de ce vers. Si "scies" n᾽est pas une simple erreur de
graphie, c᾽est que le commentateur lisait un autre texte pour
ce vers avec un sens "ah vraiment, maquereau, tu sauras trop
peu...". Dans ce cas l᾽ellipse n᾽est plus sur le verbe de
crainte comme le soupçonnait Estienne, car dans cette
hypothèse "ne scies" ne peut se comprendre qu᾽avec la
particule affirmative "ne" et non la conjonction finale
négative. On comprend alors pourquoi Estienne a cru bon
d᾽ajouter au lemme les mots "ne parum", afin de faire porter
l᾽ellipse sur la construction en "ne" et ainsi conjecturer de
façon tout à fait logique "uereris" comme objet de l᾽ellipse.
423. Ici Wessner ajoute,
en suivant Estienne, un "enim" qui ne sert absolument à
rien.
424. V porte ici "mîs", RC
"mis.", ce qui a conduit Wessner à conjecturer un "metuis" qui
reprend l᾽idée d᾽Estienne ("uereris") en serrant de plus près le
texte de ses manuscrits et en se fondant sur l᾽autorité de Plaut.,
Pers. 686 : "Ne non sat esses leno, id metuebas miser". Toutefois
nous avons vu que la reconstruction d᾽Estienne reposait sur un a
priori de sens que la lecture de V invite à reconsidérer. Nous
supposons que le dernier "mot" de la scholie, c᾽est-à-dire la
forme abrégée "mis", peut avoir en réalité sa fin dans le premier
mot du lemme suivant "aere". Car nous noterons que le commentateur
analyse "suo" dans le vers
511 et
absolument pas "aere". Nous reconstituons la série ainsi :
"miserariEMPTAM" devenu par contagion avec le mot précédent chez
Térence "aere" quelque chose comme "miserAEREEMPTAM". Il ne
restait plus qu᾽à abréger "miser" exactement comme nous le lisons,
et l᾽ensemble n᾽avait plus de sens. D᾽ailleurs le manuscrit a
porte trace de l᾽absence de "aere" car il omet toute la scholie,
c᾽est-à-dire le lemme et son explication, et reprend de façon très
symptomatique à "emptam".
425. Sur la
suppression du mot "aere" de ce lemme, voir les notes apposées au
lemme et à la scholie du vers 508, dans le texte latin.
426. Wessner édite "quasi" qui est sans doute la leçon
de O et de ceux qu᾽il appelle les "deteriores". RCV donnent "quia"
qui est tout aussi satisfaisant.
427. Wessner édite ici
"ὁμοιοτέλευτον" (homéotéleute), texte de l᾽editio princeps. Le
seul de ses manuscrits portant du grec est comme toujours V qui
écrit "ομονοντενενεη". A partir de ce "mot", Estienne supposait
judicieusement ὅμοιον τῷ γένει (identité de genre), et Schoell
"ὁμοιόπτωτον" (identité de cas). Notons que si Estienne convainc
sans mal sur sa restitution du début, la fin est plus
problématique. De plus, ces trois solutions proposent un
commentaire assez tautologique. Nous supposons qu᾽il y a en fait
un mot latin coincé au milieu du grec et qui sépare deux
commentaires distincts en grec : "et" visible dans le τ qui suit
ομονον chez V et qui peut être le résultat de la lecture de
l᾽abréviation ┐. Dans ce cas, il faut comprendre que le groupe
ενενεη est un autre mot grec, deux en l᾽occurrence, pensons-nous,
pour donner le traditionnel ἐν ἤθει. Dans ce cas le commentaire ce
comprend très bien : Donat commence par relever le trait
phraséologique d᾽archaïsme puis dramaturgiquement une
caractérisitque de l᾽amoureux Antiphon, décrit impitoyablement par
le "leno" Dorion.
428. Ici commence
une lacune de
9 mots dans les
principaux manuscrits utilisés par Wessner, mais l᾽editio princeps
et les manuscrits Mma portent tous trois le texte exact de cette
scholie 4, que U place en marge. Toutefois, si l᾽on suit Reeve
(1978,
610 et suiv.), ce texte est
très suspect. Car, selon lui, dans cette section du Phormion, RCKV
proviennent du manuscrit de Mayence (recopié par Aurispa et
Decembrio) et O du manuscrit de Chartres (recopié par Aurispa).
Donc, soit le texte "long" est une invention d᾽un copiste du XVe
siècle (par exemple le très soigneux scribe de M), soit les
manuscrits qui le donnent (dont l᾽important manuscrit M) ne
dérivent pas des deux manuscrits jugés source de tous les autres
ici, Mayence et Chartres.
429. Wessner édite "iure lenonum... in
quo..." ce qui est, pour le début, une conjecture de Schoell et,
pour la suite, le texte de R et C, lesquels au début lisent "me
lenonem". Nous éditons le texte, excellent, de
OVMma.
430. Signalons
que V et R ont lu le "n." du lemme ("nihilo") comme abréviation de
"enim". De toute évidence c᾽est fautif.
431. Wessner édite ici un "non" qui provient d᾽une
suggestion de Guyet et qui paraît totalement à contresens s᾽il
s᾽agit bien de parler du verbe "adiuuo". Dans ce cas, on voit mal
pourquoi il ne faudrait pas prononcer le second "u" qui fait
partie du radical. Ce que Guyet voulait sans doute dire c᾽est que,
dans le vers de Térence, il faut lire non pas "adiuuerit", comme
le font tous les manuscrits ou presque, mais "adiuerit", du verbe
"adeo". Le vers se comprend en effet aussi avec le verbe "adeo".
On est en droit de supposer que Guyet utilise le texte de Donat
pour accréditer sa propre conjecture dans le texte de Térence. Le
problème est que le texte de Donat sur lequel il s᾽appuie repose
sur un "non" qu᾽il a lui-même ajouté... Donat, dans le texte donné
par les manuscrits que nous suivons, met donc en garde contre une
prononciation trop rapide qui ferait confondre les formes proches
issues respectivement de "adiuuo" et de "adeo", étant bien évident
qu᾽il veut accréditer la leçon "adiuuo". De fait, s᾽il visait à
proposer une variante texutelle, il ne dirait pas "pronuntiari",
mais "legi" ou "scribi". Ici ce qu᾽il vise c᾽est vraiment la
restitution phonétique du bon verbe.
432. Le texte "comiter"
peut être satisfaisant en l᾽état. Le rapport sémantique postulé
entre "comiter" (de façon affable) et "κόσμος" (idée
d᾽ordonnancement) est concevable ; le fait qu᾽un mot latin ait un
étymon grec ne pose aucun problème théorique en soi : il en existe
de nombreux exemples. Mais le rapport phonétique entre "comiter"
et "κόσμος" n᾽est pas véritablement prégnant ; on pourrait donc
penser à corriger le texte. Selon nous, il y a trois corrections
possibles : 1. "comiter ueteres dixerunt παρὰ τὸ κῷμος" (les
Anciens disaient que "comiter" venait de "κῷμος") : c᾽est une
étymologie historique colportée par Varron : LL 7.89 : "comiter
hilare ac lubenter, cuius origo graeca κῷμος, inde comisatio
latine dicta et in Graecia, ut quidam scribunt, comodia[m]"
("comiter" signifie "hilare" et "lubenter" ; l᾽origine de ce mot
est grecque : "κῷμος" ; de là le mot de "comisatio" en latin, et
en grec, comme l᾽écrivent certains, le mot de "comoedia"). 2.
"comiter ueteres dixerunt παρὰ τὸ comis" (les Anciens disaient que
"comiter" venait de "comis") : c᾽est une remarque morphologique et
non pas étymologique, mais le fait que Donat ait délimité
l᾽autonyme "comis" au moyen de "παρὰ τὸ" ("τό" servant
occasionnellement de délimiteur d᾽autonymie latine), a pu
perturber la transmission du texte et inciter le copiste à
transformer le mot latin en mot grec. De fait, les mansucrits
donnent à la fois "παρὰ τὸ κόσμος","παρατοκοσμα", et "putacosmos".
On pourrait donc dire qu᾽une meilleure formulation serait
"cosmis", qui est la forme archaïque de "comis", dont on n᾽est pas
sûr que Donat puisse la connaître (cf.DELL d᾽Ernout-Thomas). 3.
"cosmiter ueteres dixerunt παρὰ τὸ κόσμος" : c᾽est la possibilité
la plus intéressante mais la plus complexe. Elle implique de
postuler l᾽adverbe "cosmiter", qui ne semble attesté nulle part et
qui pourrait être analogiquement formé sur "cosmis", lequel
adjectif se trouve dans le vase de Duenos (CIL I², 4), peut-être
dans le "carmen saliare", et peut-être chez certains lexicographes
connus de Donat.
433. Excellente conjecture de Westerhof suivie par Wessner,
les mansucrits portant tous "comiter" ou peut-être "conuenienter"
(m), la première leçon étant clairement inspirée du commentaire
précédent. De fait ce qui est décrit ici est bien un procédé
comique.
434. Wessner édite
le texte conjecturé par Schoell : "ETIAM TV HINC ABIS ut ᾽etiam
tu stas ? quid tibi uis ?᾽". Les manuscrits portent "etiam tu
hinc abis ut etiam ut si qua tibi uis", ce qui n᾽a évidemment
aucun sens. Nous supposons, comme ailleurs, une difficulté à
déterminer où s᾽arrête le lemme et où commence la scholie. Si
l᾽on considère avec "qua tibi uis" que le commentaire rapporte
la formule du lemme à l᾽expression "quid tibi uis ?" (ce qui est
la suggestion de Schoell), il faut comprendre que le commentaire
porte sur une formule de congé ("veux-tu encore quelque
chose ?"). Dans ce cas, il y a lieu de supposer que ce que
commentait Donat n᾽était pas toute la réplique de Géta, mais
seulement la formule "etiam tu" (encore toi !). On postule alors
qu᾽il lit chez Térence deux phrases "etiam tu ? hinc abis ?" et
non une seule comme la plupart des éditeurs modernes le pensent.
Donat établit donc un lien entre "etiam tu" et "quid tibi uis",
marqué par le "ut" bien conservé par les manuscrits. Il est
alors tentant de voir dans le "hinc" introduit dans le lemme la
marque d᾽un ancien "hic" et d᾽arriver au texte que nous
éditons : "ETIAM TV hic etiam tu ut quid tibi uis". Une fois le
"hic" intégré au lemme sous la forme "hinc", "abis" s᾽est
introduit pour achever la réplique, provoquant immédiatement le
désordre dans ce qui suit, qui devenait
incompréhensible.
435. Wessner édite ici une conjecture monumentale
d᾽Estienne : "NI ETIAM NVNC ME HVIVS CAVSA QVAERERE IN MALO IVBEAS
CRVCEM quasi dicat" etc. Le lemme, correspondant à l᾽intégralité
du vers 544, ne se trouve pas dans les manuscrits RCV. On en
trouve un morceau dans O et m, dans une partie qui, n᾽ayant pas
été reconnue comme lemme, a été insérée dans la scholie
précédente : ainsi O et m disent, en enchaînant directement sur la
scholie au vers 542, "(si qua tibi uis) an malo iubeas quasi in
malo aliud malum". On voit que la séquence "an malo iubeas" est
une mélecture de "in malo iubeas" du vers 544. Pour nous, c᾽est le
lemme, le reste étant la scholie. L᾽ensemble s᾽interprète plutôt
bien.
436. Nous suivons ici
scrupuleusement le texte de I, qui est le seul à indiquer qu᾽il
s᾽agit d᾽un proverbe et que Térence traduit ici textuellement
Apollodore. Wessner, qui ignore I, éditait "...AMICO Apollodorus
μόνος etc."
437. Le texte prêté à Apollodore, donné
assez consensuellement et fidèlement par IVR (qui n᾽est pas
coutumier de la notation du grec en général), pose des
problèmes métriques qui se résolvent peut-être par la
suppression de l᾽article, pour donner une fin en "φιλεῖν
φίλους". Mais, puisque les trois manuscrits, qui ne sont pas
de même famille, ont tous les deux l᾽article, c᾽est sans
doute parce que l᾽archétype (donc sans doute Donat lui-même)
l᾽avait. Nous le conservons donc, comme texte donatien
probable, quoique métriquement défectueux. Le caractère
manifestement proverbial du tour, avec notamment la
répétition "amicus amico" chez Térence, "φιλεῖν φίλους" chez
Apollodore, a incité l᾽editio princeps à raccourcir le lemme
pour commencer la scholie à "amicus amico", précédé de la
mention "παροιμία",
438. Ce texte provient de I, Wessner n᾽éditant pas le
dernier mot suivant V et R qui arrêtent la citation après le
pronom. Tel quel, cet énoncé ne peut constituer un sénaire,
il lui manque un mot de forme crétique sans doute un
adjectif signifiant "pénible" ou "incurable", comme
l᾽atteste la version de ce proverbe chez Sénèque, Epist.
108,
28 ("insanabilis"). Il
faudrait compléter métriquement le vers par exemple par
quelque chose comme "δυσχερές" (pénible).
439. Wessner édite suivant
Estienne "ferre condicionem", là où tous les manuscrits ou presque
portent "per condicionem". Le verbe "ferre" est assuré par I, qui
porte "uetus sermo ferre condicionem", mais on peut penser que la
forme complément de "dicimus" est "fer" l᾽impératif et non
l᾽infinitif. On comprend aisément qu᾽un scribe ait pu hésiter
devant "fer condicionem" et se dire que c᾽était une faute pour
"per condicionem". A partir de là, le texte se comprenait et il
n᾽y avait donc pour les copistes successifs aucun moyen de voir
qu᾽ils se trompaient.
440. Texte de GV par exemple, Wessner édite "ante an
post" qui, grammaticalement, est plus satisfaisant, mais qui ne se
trouve, parmi ses manuscrits, que dans O. RCK portent "ante tempus
nupti(i)s" ce qui ne convient guère au contexte.
441. La nature de
la variante textuelle dont il est ici question est très difficile
à déterminer à la lecture des manuscrits. Le texte choisi par
Wessner -et que nous reprenons- n᾽est que l᾽une des diverses
possibilités. Certains voient deux verbes et opposent "excutiam"
et "excruciat", d᾽autres plus nombreux voient un changement de
personne "excutiam / excutiat", d᾽autres remettent en cause la
présence de "me" et donnent comme variante "ut excutiam". A
l᾽exception de "excruciat" qui, en l᾽état, est un solécisme, tout
le reste peut représenter une variante lue par Donat de façon
plausible.
442. Wessner éditait "<μόνος> έγὼ γάρ εἰμι τῶν
<ἐμῶν> ἐμός", mais le manuscrit I donne exactement,
et parfaitement graphié, le texte que nous proposons, qui
a d᾽ailleurs une allure plus sentencieuse, et qui peut
recouvrir une fin de trimètre iambique. En revanche le
texte restitué par Wessner se scandait plus
difficilement.
443. Comme souvent avec cet adverbe, on trouve une
variante "uetuste" ici représentée par G. Nous conservons le texte
apparemment le mieux attesté.
444. Certains manuscrits portent cette forme
"transigere" que l᾽on trouve également chez Servius, alors que
l᾽on édite généralement "transiere". Il est possible que, si
Servius recopie la forme qu᾽il trouve chez Donat, notre
commentateur ait lu ici "transigere". Pour le sens, cela ne
fait aucune différence ou presque.
445. Texte consensuel de la plupart des
mansucrits que nous préférons à la conjecture d᾽Estienne reprise
par Wessner "adaucto".
446. Wessner suit ici une habile conjecture d᾽Estienne
et édite "hoc uolup nomen est ut hoc facul ; sic enim...". Les
mansucrits portent unanimement dans le lemme "uolupe" et une forme
"facultatis", et beaucoup d᾽entre eux une forme "uoluptatis" dans
la scholie. Nous supposons que le segment "facul facultatis" sur
le modèle "uolupe uoluptatis" a été haplographié.
447. Ici
Wessner suppose un lemme "compluria" qu᾽il tire d᾽Estienne. C᾽est
inutile.
448. Wessner édite " ᾽complura᾽ dicunt. Sic et
Cato etc...", qui se fonde sur V jusqu᾽à "dicunt", et, pour le
reste, sur des éléments disparates venus de divers manuscrits. Le
texte que nous retenons est pour l᾽essentiel celui de D, qui lit
"complura primus dicit ducto cato". On voit bien ce qui a pu se
produire en observant les autres témoins. Le groupe "ducto cato"
laisse entrevoir une haplographie du type de ce que nous proposons
"ductore eo cato" où la succession de "e" et de "o" a jeté la
confusion.
449. Nous
suivons ici le texte de D, les autres manuscrits portent tous
"credo", évidemment lectio facilior entraînée par le syntagme
tardif bien connu "credo quia", qui ne nous paraît pas
autrement attesté dans le commentaire de Donat. Nous
considérons qu᾽il s᾽agit d᾽un mot de la citation cicéronienne
que seul D a conservé sous sa forme originale, la deuxième
personne se comprenant aisément dans la traduction d᾽un
dialogue.
450. Les manuscrits
donnent consensuellement ce texte, sauf D qui ne donne aucun
adjectif devant "aestimatio". Wessner édite "commodum", qu᾽il
répète du lemme, mais il serait étrange qu᾽aucun scribe n᾽y ait
pensé avant lui. Nous suggérons une sorte de jeu de mots
étymologique du commentateur.
451. Wessner édite entre cruces "mihi commodum est aut dare
uestimentorum posueram", ce qui est le texte de D qui n᾽a
aucun sens. Les scribes se sont déchaînés pour tenter de
sauver ce passage. Notre texte se rapproche beaucoup de celui
de G qui lit "mihi commodum est an tu da uestimenta
reposueram". Les plus nombreux lisent "aut uda uestimenta", et
Estienne les a suivis, non sans avoir rajouté en tête de la
citation, comme nous le faisons, un "quod" qui se trouve dans
plusieurs manuscrits d᾽importance, l᾽ensemble donnant une
structure trochaïque. Il va de soi que, privé de tout
contexte, ce texte n᾽est rien de plus qu᾽une conjecture qui
fait droit à l᾽intuition des éditeurs de Lucilius qui y voient
un vers à connotation érotique.
452. On peut ici hésiter entre ce texte et celui de RCV
"separatim". Il est tout à fait possible qu᾽une abréviation, de
"separatim" ait été lue "furtim" ou que le mot "furtim" ait été
pris pour l᾽abréviation de "separatim", en particulier avec une s
haute et un abrègement de "par". Le sens n᾽en est guère
affecté.
453. Nous conservons ici le texte
"libuit", mais un certain nombre de manuscrits importants de Donat
donnent "licuit", tout comme le codex Bembinus (A) de Térence, qui
date, rappelons-le, à peu de choses près de l᾽époque de
Donat.
454. Nous suivons ici exactement le
texte de D. Wessner, qui s᾽appuyait plutôt sur l᾽édition Estienne,
éditait "QVID NIMIVM QVANTVM LIBVIT apud quosdam...". Il nous
semble que le désordre observable dans les manuscrits sur le mot
édité par Wessner "quantum" indique une possible corruption du
début de la scholie, confondue avec la fin du lemme. D fournit un
texte parfaitement cohérent et, de plus, particulièrement
intéressant sur le plan de l᾽ecdotique térentienne. Le "quamquam"
qu᾽il est le seul à avoir conservé pouvait être abrégé dans les
modèles communs d᾽une manière si sibylline que chacun y est allé
de sa propre reconstruction "quantum quia" (KV), "quantumque" (M),
"quantumcumque" (t) etc.
455. Wessner édite "PARVI RETULIT nihil
interfuit uel parum interfuit, id est etc.". Cette leçon est
garantie notamment par l᾽important manuscrit G. Mais trois autres
manuscrits majeurs, KVD, portent, au lieu de "parum interfuit" le
mystérieux énoncé "inter parum fuit" (que nous conservons). Cette
leçon est assez bizarre pour expliquer les nombreuses corrections
en "parum interfuit", qu᾽on trouve dans la majorité des témoins.
Mais si l᾽on part du principe que cette "lectio difficilior"
attestée dans de très bons manuscrits doit être privilégiée, il
nous semble qu᾽on peut la sauver à peu de frais en ajoutant
quelques éléments qui ont pu être simplifiés par haplographie ou
déplacés. On constate en tout cas du flottement dans la forme du
lemme : "parui retulit", mais aussi "retulit" (D), "retulit parui"
(J) et même "retulit parue" (K), qui nous met sur la voie de
"parua re", devenu "parui" comme si c᾽était un lemme et non la
scholie. A ce stade, le texte dit quelque chose comme "parvi
retvlit parvi nihil vt parvm interfvit vel inter parvm fvit"... On
comprend le désarroi des copistes, qui ont tenté de redonner une
cohérence à ce fatras.
456. Nous
reprenons le texte de JK appuyé par RC ("inditio") contre Wessner
qui édite une conjecture de Wieling "inductio". V propose
"indictio" qui n᾽a pas grand sens. La construction du double datif
tronqué du datif de personne a pu égarer les copistes. On peut
aussi faire droit au texte de D "iudicio" appuyé par O ("iuditio")
et considérer que cet ablatif complète l᾽expression "opus est". Il
faut alors ponctuer "iudicio. doli est" et comprendre "<j᾽avais
besoin> d᾽un procès. Mais c᾽est de la ruse...".
457. Wessner
suit Estienne et édite "cui rei nihil". Or tous les manuscrits
sauf G (peut-être) et U qui portent "uix ei" et O qui porte "iure"
mais avant une importante lacune, donnent "uir ei" dans lequel
"uir" ne peut se rattacher qu᾽à la phrase qui précède. La mention
de "uir" peut paraître inutile, mais sans doute est-elle
explicable par la fait que, dans cette réplique, Géta fait parler
Phormion. "Vir" réfère donc à Phormion et non à
Géta.
458. Passage extrêmement corrompu et probablement
irrémédiablement endommagé. Wessner édite "παρέλκον tertium :
[hoc] idem enim ualet ᾽utrum᾽ quod ᾽an᾽", ce qui est le texte de
UVz, mais, en réalité, il règne sur toute la fin le plus grand
désordre, avec quelques constantes dont le fait de terminer la
scholie sur "quod an" parfois "quodam" (GJ) et d᾽enchaîner sur la
scholie suivante qui commence en "dicam". Mais O suivi par m
présente un texte extrêmement original et très probablement le
vestige très abîmé de la bonne leçon. On lit chez eux, après une
lacune qui correspond à "παρέλκον tertium", le segment suivant
"hoc idem enim sic ualet utrum quoadiuuandi omnia sint" et il n᾽y
a pas de lemme suivant, mais la scholie du vers 660, ce qui montre
à l᾽évidence que c᾽est à cette frontière scholie / lemme que tout
s᾽est joué. Dans le désordre de O on reconnaît toutefois, malgré
une inversion de mots, And. 525, ce qui explique immédiatement le
"sic" que ces deux manuscrits sont seuls à donner. De ce fait
c᾽est "utrum" qui devient suspect, car on attend "ut". Les autres
manuscrits, qui ont arrêté la copie à "an" et sont passés au lemme
suivant ne pouvaient plus comprendre le "ut" qu᾽ils ont
"normalisé" en recopiant un morceau du lemme, donnant ainsi le
texte de Wessner. Dans la citation, on observe "dixit" qui devait
être abrégé comme le montrent les débris qu᾽on lit dans O, et de
ce fait le "di." a été interprété comme le début du vers
660 "dicam", et les copistes ont embrayé sur
"scientem" en éliminant la citation. Sur un segment "utrum quod an
di. scientem", ils ont fait aisément "utrum quod an. dicam
scientem...".
459. Wessner édite "et", mais tous les manuscrits
portent "ut" que nous conservons.
460. Texte de G, là où Wessner a cru bon
de suivre Estienne et d᾽éditer "conceduntur ab alio <decem>.
de reliquis decem superest...". De fait les manuscrits omettent
"decem" après "alio" et le mettent entre "reliquis" et "superest".
Or celui qu᾽ils omettent est indispensable, le dernier ne l᾽est
pas. Seul le copiste de G a conservé le texte.
461. Wessner
édite "disputatio. nam difficilis ad dandum", ce qui est le texte
de R pour "disputatio", mais une correction d᾽Estienne pour "nam",
tous les manuscrits portant "non". Nous rétablissons "dubitatio"
de tous les autres manuscrits ainsi que le "non" unanime et voyons
dans "ad dandum", absurde avec "non", la corruption d᾽un difficile
"an dandum" qui est appelé par "dubitatio".
462. Wessner attribue cette
scholie au vers
666 pour des
raisons qui nous échappent. Nous lui rendons sa
place.
463. Le texte n᾽est pas absolument certain,
bien que le sens ne fasse aucune doute. Une partie de la tradition
lit ici "minus dante Demiphone" sans indication de chiffre. Mais
la chute du "x" ("decem") final a pu entraîner une correction de
"minas" en "minus", nous conservons donc la tradition la plus
complexe.
464. Texte de tous les manuscrits, contre une conjecture
d᾽Estienne reprise par Wessner, "ei". Evidemment, le mot "res"
doit être compris ici au sens de "patrimoine".
465. Passage très corrompu dans toute la tradition.
Wessner édite ; "
2 REDDVNT PRAEDIA
proprie de fructu dixit ᾽reddunt᾽.
3 FRVCTVM QVEM LEMNI VX R. P. σχῆμα διανοίας·
ἐφεξήγησις". Mais les manuscrits sont tout sauf unanimes. Certains
ne présentent pas la scholie
2 et
on voit que ce peut être dû à un saut du même au même (de "REDDVNT
PRAEDIA" du lemme
2 au "REDDVNT
PRAEDIA" de la scholie suivante). En revanche, il y a sur la
scholie
3 de Wessner le plus grand
désordre, dû à la présence de grec. Une chose est sûre ; rien ne
permet d᾽attester le génitif διανοίας que postule Wessner. Nous le
supprimons donc. Seuls V et R proposent quelques caractères grecs,
σχηματων (V), σχημαΓεν (R), ce dernier suivi d᾽une lacune. Cela
laisse peut-être supposer le terme σχημάτιον, mais nous ne le
retenons pas parce que Donat ne l᾽utilise pas par ailleurs.
Plusieurs manuscrits ont une lacune. Quelques-uns ont "scema".
Pour la suite, ceux qui identifient une figure de style
s᾽accordent sur l᾽épexégèse (avec des hésitations orthographiques
sans incidence sur cette interprétation). Mais quelques manuscrits
importants (RCOVK...) présentent une fin de scholie fort
différente et peu homogène dans laquelle on reconnaît toutefois
les mots "efferri" et "iussit", alors que "clipeum" est
reconnaissable plus ou moins dans des formes comme "diperim"
(CRK), ce qui permet d᾽identifier (comme chez O et m) le vers
virgilien, En. 5, 359, qui contient de fait une épexégèse. Le
segment "d. a." (ou "da" chez D), "id a." (RCK), "i. a." (V)
invite à lire les initiales des mots qui complètent le vers
"Didymaonis artem". La présence du grec, suivie dans la foulée
d᾽une citation sans doute abrégée dans sa fin, a rendu les scribes
non hellénistes incapables de distinguer où finissait le grec. Ils
ont sans doute amalgamé les segments "ef" de "ef(f)exegesis" et de
"efferri", pour soit éliminer le début (donc le grec, présent
seulement en forme de lacune), soit la fin, donc la
citation.
466. Les manuscrits se partagent entre "argentum" (choix de
Wessner) et "sumptum". "Sumptum" n᾽a aucun sens, car il est
masculin comme "fructum", et "argentum" qui est neutre permet
de comprendre "id". Notons que O a peut-être la bonne leçon en
lisant "fructuum", il indiquerait alors que ce qui gêne Donat
c᾽est la possibilité de reprendre "fructus" qui est masculin
par "id", il propose une construction avec le génitif
complément de pronom neutre. Le texte lu "non fructum sed
fructum" a pu conduire à deux corrections, "argentum", pour le
genre, et "sumptum" par simple synonymie, considérant sans
doute la parenté phonique et graphique des deux mots.
467. Wessner,
suivant Schoell, suppose ici une lacune, mais la phrase est
parfaitement compréhensible sans. Ce texte, de plus, n᾽apparaît
que dans quelques manuscrits (majeurs il est vrai) comme RCDK.
Peut-être cette scholie est-elle suspecte, mais l᾽importance des
témoins qui la donnent nous la font conserver.
468. Les
manuscrits hésitent ici entre "hoc est", "id est" ou rien (choix
de Wessner), avec une nette majorité pour "hoc est", puis un assez
grand nombre de "id est". Nous pensons que "id est" est sans doute
le bon texte, un copiste méthodique l᾽ayant "corrigé" en "hoc
est", choqué par la succession "satisne id est id est idne".
D᾽autres ont été victimes d᾽une haplographie.
469. Wessner
édite "locutus est, ut posset <per> quam aliter interpretari
a geta, qui respondet". Ce texte pose une première difficulté, qui
est la construction passive d᾽"interpretari", le "a" étant unanime
dans les manuscrits. Il nous semble toutefois que, même si le sens
passif n᾽est pas inconnu de la langue tardive, c᾽est la place du
sujet "geta" appelée par la relative qui suit qui a entraîné
l᾽émergence sans doute à date très ancienne de ce "a" passé dans
toute la tradition. Le "per" de Wessner est une conjecture de
Schoell, les manuscrits portant massivement "nequaquam" en un ou
deux mots et, pour quelques autres, une conjonction commençant par
"qu-", mais, dans ce cas, toujours placée après "posset". Nous
pensons que le segment "ne posset quaqua" a pu être lu comme une
tmèse (volontaire ou fautive) et "rectifié" en "nequaquam posset".
La présence de la négation fait contresens ici, mais elle devient
inévitable dès lors qu᾽on ne sent plus que "ne" est un autonyme et
un interrogatif. De plus, un manuscrit, z, semble avoir lu quelque
chose entre "ut" et "ne", car il écrit quelque chose comme "uti
ne". Il nous semble qu᾽il met sur la voie d᾽une restitution non
pas du seul "ne", mais de "satisne" abrégé "s.ne". Les copistes
devant ce segment ont choisi soit d᾽ignorer le "s." et de garder
"ne", en le rapprochant de "quaqua(m)" soit d᾽éliminer le groupe
entier. Enfin, nous restituons le futur "respondebit" dans la
relative en suivant de bons témoins (OJG).
470. Texte de O, qui est le seul avec a à avoir conservé le
texte. Les autres manuscrits lisent "satisne id est" comme lemme
et rapportent la scholie au vers 683, mais on ne comprend
absolument plus le commentaire. Wessner éditait au vers
683 une scholie
3 qu᾽il recomposait ainsi sur une conjecture de
Schoell : "SATIN EST ID <ἐ>ρώτη<μα> est ".
471. Wessner édite
"prouerbiale, non enim" où "enim" est une conjecture personnelle.
Or, les manuscrits donnent unanimement "prouerbiale", mais ensuite
hésitent entre "nomen", "nomen non", "non", "noui" et "nota". Ce
désordre provient selon nous de la présence de grec à l᾽origine.
En effet, l᾽adverbe "prouerbiale" n᾽existe pas et l᾽expression
"prouerbiale nomen" (nom proverbial) ne semble pas coïncider avec
ce qui est décrit (un énoncé verbal "ulcus tangere") et n᾽est pas
attestée chez les grammairiens. De plus, "tangere ulcus" n᾽est
donné par Otto (1962) comme proverbial que parce que précisément
la vulgate de Donat le lit ici. Aucune forme semblable ne se
trouve chez les parémiographes. La forme grecque "ἀλγοῦμεν" peut
ici rendre compte de "ulcus tangere" avec l᾽emphase voulue par la
situation. De plus la succession "prouerboAΛΓΟΥΜΕΝ" s᾽interprète
aisément si l᾽on ignore le grec en "prouerboale oumen" qui devient
par "correction" "prouerbiale nomen". Ensuite "nomen" a dû être
abrégé sous la forme "nő" et se confondre avec la négation
suivante d᾽où "nomen" seul ou "non" seul ou "nomen non". Quant à
"noui" et "nota" isolés, ils témoignent plus du désordre qu᾽ils ne
fournissent de solution.
472. Wessner édite : "† cidonia gallina", qui ne
signifie rien. Les manuscrits sont partagés (V propose par exemple
"qua domo", ce qui est une lectio facilior) ; on peut penser à
plusieurs adjectifs ou nom d᾽oiseaux proches de "cidonia" et qui
pourraient qualifier "gallina" : "cydonia" (crétoise), "sidonia"
(de Sidon), "ciconia" (cigogne), "cicuma" (la chouette), "cycnea"
(le cygne). Mais aucun de ces termes n᾽est satisfaisant. En
revanche, un passage d᾽Elien (Hist. Anim. IV, 42) nous donne la
réponse : il faut lire "calidonia" (de Calydon) : la "gallina
calidonia" désigne en fait la pintade ("meleagris" en latin). En
effet, selon la légende, les sœurs de Méléagre, originaires de
Calydon, furent transformées en pintades après la mort de leur
frère, parce qu᾽elles ne cessaient de déplorer sa mort. On voit
bien le lien entre cette histoire et le proverbe : pleurer un
frère (Méléagre), ou pleurer un mari (dans le proverbe), les deux
ayant disparu trop tôt. Donat se souvient peut-être également de
la transformation des sœurs de Méléagre en pintades telle que la
décrit Ovide dans ses
Métamorphoses (VIII,
540 et suiv.). L᾽extrait d᾽Elien est le
suivant : "λέγουσι δὲ καὶ τὰς καλουμένας μελεαγρίδας τὸ αὐτὸ δήπου
δρᾶν τοῦτο, καὶ ὅτι Μελεάγρῳ τῷ Οἰνέως προσήκουσι κατὰ γένος
μαρτυρεῖσθαι καὶ μάλα εὐστόμως. λέγει δὲ μῦθος, ὅσαι ἦσαν
οἰκεῖαι τῷ Οἰνείδῃ νεανίᾳ, ταύτας ἐς δάκρυά τε ἄσχετα καὶ πένθος
ἄτλητον ἐκπεσεῖν καὶ θρηνεῖν, οὐδέν τι τῆς λύπης ἄκος προσιεμένας,
οἴκτρῳ δὲ ἄρα τῶν θεῶν ἐς ταῦτα τὰ ζῷα ἀμεῖψαι τὸ εἶδος" (et on
dit que celles que l᾽on appelle les pintades [ou les Méléagrides,
c᾽est-à-dire les sœurs de Méléagre] font précisément ceci : il
leur appartient de témoigner, en vertu de leur parenté, pour
Méléagre le fils d᾽Oenée, avec, assurément, une voix mélodieuse.
Et la légende raconte que, étant donné qu᾽elles étaient parentes
du jeune homme fils d᾽Oenée [c᾽est-à-dire Méléagre], elles
tombèrent dans des larmes irrésistibles et dans un deuil sans fin,
qu᾽elles firent entendre des chants plaintifs, et qu᾽elles
n᾽acceptèrent aucun remède, de quelque sorte qu᾽il fût, contre
leur chagrin ; et qu᾽ainsi par la pitié des dieux, elles prirent
l᾽apparence de ces animaux).
473. Wessner
édite "scilicet h", texte isolé de V, un consensus assez large
plaide pour notre texte.
474. Wessner édite "ut et", texte proche de celui de V, mais
"et item" est pratiquement assuré par la mélecture "etatem" de O
et a.
475. Wessner édite : "et uoces
eiusmodi dabant, † quae est ex hoc qui hunc sonum exhalandi
praestant", ce qui est impossible à traduire. Les manuscrits ne
proposent pas de leçon satisfaisante ; s᾽ils sont d᾽accord à peu
près sur la fin "ex(h)alandi (uim) praesta(n)t", pour le début, en
revanche, il règne le plus grand désordre. On trouve parfois "quae
est oc quod oc" (OaM) avec diverses variantes sans importance, ou
"quae est ex hoc quia hinc" (D), ou encore "quae est ex hoc qui
hunc" (R) etc. De toute évidence, le problème est là. Encore
faut-il savoir de quoi on parle, et c᾽est très probablement de la
valeur d᾽onomatopée du "ha" de "halare", qui signifierait "faire
᾽ha᾽", et conséquemment "halitus", "le fait de faire ᾽ha᾽". On
comprend alors ce qui s᾽est passé. Un copiste n᾽a pas noté
l᾽aspiration (phénomène fréquent que l᾽on observe d᾽ailleurs sur
"halitus" , "halando" et "hariolus") et a donc écrit "a". Un autre
copiste a pris ce "a" pour "oc", confusion facile avec une graphie
du type α, puis d᾽autres copistes, ne comprenant absolument pas ce
"oc", l᾽ont "normalisé en "hoc" rendant ainsi le texte totalement
incompréhensible. Puis la chose s᾽est reproduite après "quia" ce
qui était normal. Bien que très attestée par les manuscrits, la
forme "sonum" est très suspecte. En effet G et t montrent trace
d᾽un passage délicat à lire puisqu᾽ils se reprennent en écrivant
pour G "sol sonum" avant d᾽exponctuer les trois premières lettres
et carrément "soli sonum" pour t. O et a ont directement "solum"
sans aucune forme de "sonus". On comprend aisément comment le mot
"sonum" a pu se glisser dans la tradition étant donné la nature
phonétique du commentaire. L᾽ordre que nous éditons après "quia"
est proche de O ("quae solum hoc exhalandi uim praestat"). La
phrase de Donat est suffisamment embarrassée pour avoir perturbé
gravement nos copistes.
476. Wessner n᾽édite
pas ce mot, pourtant largement présent dans les manuscrits, et
relativement important pour la scholie. Nous l᾽ajoutons, tout en
constatant que des manuscrits RCODK ne l᾽ont pas. Il a pu être
induit par une mélecture de "autem", le mot suivant dans
Térence.
477. Tous les manuscrits portent, comme l᾽édite
Wessner, "decrescere", mais ainsi rédigée la scholie est absurde.
On ne peut absolument pas dire que les jours "commencent à
décroître" avant le solstice d᾽hiver. La rareté du verbe
"recrescere", et la proximité de "decrescentibus" ont pu égarer à
date très ancienne un copiste.
478. Wessner édite "non aliter laeti nisi quia" conjecture
personnelle qui ne s᾽impose absolument pas, le texte quasiment
unanime des manuscrits portant "non aliter latini si", suivi de
"quidem", "quia" ou "quidem quia". On voit aisément ce qui s᾽est
passé. Par mécoupure du segment SICVIDEME, on a fait "si quidem"
et ensuite normalisé ou non en éliminant "quia" qui empêche de
construire. Notons un point très important : RCKVD (soit des
manuscrits extrêmement importants) ont déplacé cette scholie et la
suivante en 713. C᾽est de toute évidence une erreur, mais elle est
essentielle pour analyser la transmission du texte.
479. Texte unanime des manuscrits contre Wessner qui
édite on ne sait pourquoi "qui".
480. Wessner édite "me
habes, me respice" dans la même scholie, mais les manuscrits
invitent, en insérant très souvent "me uide" ou "me uides", à la
solution que nous proposons et qui ajoute une scholie sur le sens
actif de "uide", "regarde" et non pas seulement
"vois".
481. Wessner conjecture ici "cum", contre le texte des
manuscrits qui porte "ut". Le texte se comprend parfaitement avec
une consécutive négative. L᾽adversative serait certes plus claire,
mais elle n᾽est donnée par aucun témoin.
482. Ici RCV placent le segment "pro uoluntate hominis
incerti ac leuis" qui paraît appartenir à la scholie
716 (OM par exemple), où il se comprend
beaucoup mieux.
483. Nous suivons
ici le texte de Wessner qui est celui de V, mais non sans
précautions. En effet, d᾽après cette lecture, c᾽est le seul mot
"malum" qui constitue l᾽"interiectio", qu᾽il faut prendre ici au
sens rhétorique d᾽"incise". Or pour RCO et M, qui lisent seulement
"interiectio (est)" sans précision du segment concerné, c᾽est sans
doute l᾽ensemble de la réplique qui constitue l᾽"interiectio",
Démiphon coupant la parole à Chrémès pour lui dire des choses peu
amènes. Ce qui plaide en faveur du texte de V est un passage de
Quintilien où le rhéteur, comme le fait Donat dans la fin de la
scholie, omet le segment qui constitue l᾽"interiectio". Voir
Quint. 4, 2, 121 : "maxime quidem breui interiectione, qualis est
illa : ᾽fecerunt serui Milonis quod suos quisque seruos in tali re
facere uoluisset᾽", alors que le texte de Cicéron (Mil. 29)
porte : "fecerunt id serui Milonis — dicam enim aperte, non
deriuandi criminis causa, sed ut factum est — nec imperante nec
sciente nec praesente domino, quod suos quisque seruos in tali re
facere uoluisset".
484. Ce mot est un ajout d᾽Estienne, mais il est
indispensable car c᾽est bien "quaenam" et "quisnam" qui sont en
jeu. L᾽anastrophe consiste à écrire "nam quis" ou "nam quae" au
lieu de "quisnam", "quaenam". RCOV qui n᾽ont pas lu "nam" ne
pouvaient pas comprendre.
485. Tous les manuscrits lisent "sed",
Wessner choisit sans doute par hypercorrection "et", mais il n᾽est
guère fondé à le faire. Tout se passe comme s᾽il s᾽agissait de la
réponse à une objection : "mais ᾽nam quae᾽ est incorrect. -pas du
tout mais c᾽est...".
486. Ingénieuse restitution de Wessner d᾽après le
codex Cujas. Les manuscrits portent trace d᾽une probable
haplographie O lisant "docte ren.", RC "doc.", et V avec une
tentative habituelle chez lui de sauver "docteren" lit "docerem"
qui malheureusement n᾽a aucun sens.
487. Wessner édite comme commentaire au
vers
739 le lemme et la scholie
suivants : "ET MEVM NOMEN mire nomen suum illa agnoscit, hic
dissimulat". Le problème est que ce texte n᾽a pour lui que
l᾽autorité d᾽Estienne. Les manuscrits sont ici assez unanimes à
donner "ille" et non "illa", et le texte consensuel (à la
notable exception de M) paraît donner "mire nomen suum ille
agnoscit, uel dissimulat", qui dans le contexte du
vers
739 n᾽a rigoureusement aucun
sens. C᾽est pourquoi si on le laisse à cet endroit il faut
intervenir sur les pronoms soit comme le fait Estienne de
manière subtile, soit de manière absurde comme M qui a compris
la difficulté mais propose un contresens "mire nomen suum ille
agnoscit, illa dissimulat". Nous pensons quant à nous que le mot
"nomen" premier mot de la scholie a pu entraîner le rattachement
de ce commentaire au vers
739 où
se trouve le mot "nomen". Or si on suit le texte des manuscrits,
il paraît évident que, à la condition de sortir du lemme le
premier "nomen", le texte parle clairement de Stilpon-Chrémès
qui cache sa véritable identité. Nous considérons donc que cette
scholie porte sur "Stilpo non", passage où il nie formellement
répondre à ce nom. La succession "non nomen mire non suum" a pu
être lue à un moment "nomen nomen mire non suum" et déplacée
derrière le mot "nomen" un vers plus haut. Ensuite la succession
"nomen mire non suum" où "nomen" est devenu le lemme a pu être à
son tour lue "NOMEN mire nomen suum". A ce moment-là le texte
était devenu incompréhensible. L᾽absence d᾽autre scholie au
vers
740 rendait très facile le
décalage.
488. Wessner ajoute ici
"effutire dicitur" qui ne sert rigoureusement à rien.
489. Texte de V par ailleurs excellent. Le mot
"efutilis" bien que rarement attesté dans la littérature, se
trouve dans quelques textes tardifs.
490. Wessner
édite ἀπαθῶς suivant une conjecture de Sabbadini (1894, 184) ,
Estienne préférant "ἀπαθής sit". Ces deux restitutions sont pour
le sens parfaitement plausibles. Toutefois il faut noter qu᾽ici
deux manuscrits tentent d᾽écrire ce mot grec et notent finalement
tous deux à peu près la même chose : "ἀπλειωσ" (R) ou "ἀπλειῶ sit"
(V). La lecture très consensuelle d᾽une succession απλ- ainsi que
du groupe final -ως nous invite à choisir ἁπλοϊκῶς, terme
rhétorique attesté chez Denys d᾽Halicarnasse et qui convient assez
bien au contexte puisqu᾽il signifie "sans apprêt". Donat veut
indiquer que Térence suit la juste mesure entre l᾽excès de douleur
que pourrait manifester le personnage, et l᾽absence totale
d᾽élaboration oratoire qui rendrait cette mort totalement
insignifiante.
491. Wessner ajoute ici une considérable conjecture de
Schoell qui rétablit on ne sait pourquoi les participes grecs
supposés traduire les participes latins déficients (ἀφικόμενος
λιπών). Cet ajout n᾽a aucune justification.
492. Ce texte, qui est celui de Wessner, est
extrêmement probable compte tenu du commentaire que fait Donat.
Toutefois, tous les manuscrits de Wessner et une bonne partie de
la tradition térentienne lisent pour ce passage de Térence
"causam" et non "casam".
493. Wessner édite
"mulcari" (être frappé), mais les manuscrits semblent plutôt
indiquer "mul(c)tari" (être puni).
494. Wessner place cette dernière phrase comme
commentaire au vers 766, mais aucun manuscrit ne présente cette
scholie à cette place. Nous rétablissons l᾽ordre des manuscrits.
495. RCO répètent "dum aliud aliquid" après l᾽adverbe
qu᾽ils lisent d᾽ailleurs "uenuste", VMam et l᾽édition
Calfurnio
1477 lisent, à
l᾽exception d᾽"aliud" omis par certains, ce texte, qui nous paraît
préférable. Wessner édite le texte de RCO avec l᾽adverbe
"uetuste".
496. Wessner édite "terrorem" en suivant O, mais RCV
attestent "errorem", qui signifie le quiproquo, la méprise. Comme
la jeune fille est déjà mariée il n᾽y a guère à s᾽inquiéter de son
mariage.
497. Tous les manuscrits utilisés par Wessner lisent
ici "uenuste", la proximité de la citation enienne a poussé Klotz
à conjecturer "uetuste", mais cette conjecture est peut-être
inutile.
498. Wessner édite "sed et" (RC), mais
"sed quid" de L et M est bien meilleur métriquement et
stylistiquement.
499. Ce texte repose sur une
conjecture d᾽Estienne, dans un segment où aucun manuscrit ne donne
de texte satisfaisant. La plupart des témoins lisent "harum
pecunie uenerit /fuerit", RCOVet K "aurum pecunie uenerit", n et m
lisant "harum penuie", ce qui pourrait à la limite apporter de
l᾽eau au moulin d᾽Estienne. En l᾽état sa restitution est
particulièrement économique et fournit un sens satisfaisant à
défaut d᾽être absolument clair. Si on le suit il est évident que
Donat comprend "res" non pas au sens de "situation", mais au sens
de "biens matériels". Son commentaire viserait donc à prévenir
contre un regroupement abusif de "res aduersae" au sens figé de
"malheur".
500. Wessner
éditait "cum praeposuisset ᾽si hoc celetur᾽, <non> intulit
᾽sin nescitur᾽". Le "non" est une conjecture personnelle, pour un
texte des manuscrits qui oscille entre deux traditions : l᾽une
représentée par les manuscrits que Wessner privilégie
habituellement (RCOVD) auxquels on peut rajouter K lit comme
Wessner une forme verbale plus ou moins apparentée à "scire" ou
"nescire" ("resciret", "nescierit", "nescitur", "rescitur").
L᾽autre tradition (mxtpnzGaJ par exemple) lit "sin patefit" avec
quelques variantes. Il est évident que pour le sens la famille
RCOVDK ne peut avoir raison en l᾽état car le texte n᾽a pas de
sens. En revanche, les hésitations que l᾽on voit dans cette
famille et non dans l᾽autre montrent que c᾽est bien là que se
situe la difficulté, sur la présence ou l᾽absence d᾽une forme de
"nescire". Nous reconstituons ainsi l᾽évolution de ce passage. A
date ancienne, l᾽ordre des propositions a été inversé et on a dû
lire quelque chose comme "cum posuisset si hoc celetur. intulit
sin p. ./.nescitur" (pour "sin patefit idest nesctiur"). Le texte
devenait alors difficilement compréhensible. Le ou les témoins à
la source de RCOV etc. ont éliminé les deux abréviations "p../."
et obtenu en gros le texte tel qu᾽on le lit avant l᾽intervention
de Wessner. La source de l᾽autre famille a éliminé "idest
nescitur" en considérant, avec un certain bon sens d᾽ailleurs, que
placé là ce devait être une glose inutile et fausse de surcroît.
Tel que nous le reconstruisons le texte fait droit aux deux
familles et tente d᾽expliquer pourquoi ici il est impossible de
suivre l᾽une ou l᾽autre des deux traditions à l᾽exclusion de
l᾽autre.
501. Wessner édite une conjecture personnelle
"qua sibi omnes conatus prouenisse laetatur", mais les manuscrits
donnent tout autre chose et invitent à considérer que le texte en
l᾽état est désespéré. Trois tendances se dessinent. 1- Tous les
manuscrits sauf U et G qui ont une lacune, totale pour U et entre
"quasi" et "omnis" pour G, portent "et quasi omnes/is". Ensuite,
Mxt ont une lacune, VKDORC "scaena/ae" pour V, senatus pour GJ.
Après "scaena" KO donnent une lacune. Pour la fin "prouenisse
laetatur/-etur" se lit chez VUGMxtJRC, mais RCD signalent une
autre leçon possible "prout in se (uenisse)" qui est la seule
leçon de K. Le nombre élevé de manuscrits donnant une lacune,
UKGMxtO, semble laisser supposer un mot grec, qui aurait été
probablement "corrigé" en "scaena" (VKDORC) ou "senatus" (GJ). Il
faut donc sans doute supposer vu la place de la lacune que tout le
segment qui va du mot qui suit "omnis" jusqu᾽à la forme de
"laetatur/laetetur" est corrompu. 2- Le mot grec doit signifier
quelque chose comme la ruse ou l᾽adresse de la construction qui
permet à Phormion de se vanter de son triomphe et il doit avoir pu
être aisément pris pour une forme de "scaena". Nous proposons le
mot σκευωρία, qui explique assez bien soit une lacune complète,
soit l᾽apparition de "scaena" suivi d᾽une lacune (KO), soit la
pure et simple prise en compte du mot latin DRC, soit encore
l᾽étrange "scaenae uis" de V. 3-Reste un problème, la question de
savoir pourquoi les manuscrits qui ne signalent pas de lacune soit
DRJC sont-ils également ceux qui proposent une double leçon
"prouenisse/prout in se (uenisse)". S᾽il faut supposer un verbe
grec translittéré tant bien que mal par les copistes soit en
"prouenisse" soit en "prout in se" soit les deux, on pourrait
supposer προχωρῆσαι (réussir).
502. Wessner édite ce que paraît lui fournir le codex de Cujas
"incertarum rerum", nous nous en tenons au texte des autres
manuscrits.
503. Wessner lit comme Estienne "sine arte
aliqua", texte qui n᾽a pour lui que l᾽autorité toute relative de G
qui lit "sine arte". Tous les autres lisent "arte aliqua", ce qui
se comprend parfaitement, y compris avec la référence ovidienne
que fournit Wessner (Fast. 6, 781) pour justifier "sine". Les
plébéiens vivent précisément "arte aliqua", c᾽est-à-dire "du
travail de leurs mains".
504. Wessner édite une seule scholie
"VAPVLABIS ID QVIDEM TIBI IAM FIET ᾽id᾽ quod sibi dicit fieri",
qui est à peu de choses près le texte d᾽Estienne. Le problème est
que les manuscrits donnent tous tout à fait autre chose,
d᾽ailleurs le plus souvent aberrant. La mention de la présence de
grec dans le secteur à la suite d᾽une remarque de Calfurnio qui
donnerait "uapulabis ideo ποτοτεΔετονο" indique selon nous que le
désordre provient comme souvent de la présence d᾽un long segment
grec, ou plus exactement, si l᾽on observe le texte transmis par n,
de deux longs segments grecs. En effet seul il lit "uapulabis iam
utique irascitur id est percutiam" qui paraît être une tentative
très ingénieuse de sauver un passage parfaitement corompu. Les
manuscrits les plus fiables d᾽ordinaire, comme V, qui lit par
exemple "uapulabis iam id pepi" ne sont guère encourageants.
D᾽autres, z ou p, lisent des choses comme "id pepi iam" ou plus
clairement marqué de grec "idê yprepiiam". Nous concluons de ce
désordre qu᾽il faut rétablir d᾽abord une citation possible
d᾽Apollodore que n᾽aurait conservé que Calfurnio (on ne sait
d᾽ailleurs comment, ni où, à lire l᾽apparat de Wessner) et que
nous reconstruisons à titre purement hypothétique. L᾽étendue en
est connue par le segment de n "iam utique irascitur" à comparer
avec la succession de lettres grecques que l᾽on trouve chez
Calfurnio. La suite de la scholie est un commentaire stylistique
des deux textes, elle est d᾽ailleurs plus facile à restituer comme
nous le faisons. La première partie, Apollodore, a pu disparaître
pour deux raisons. 1-Les scribes ont capitulé devant une phrase
entière en grec, 2-ils ont pris la suite ("idδι᾽ἀ") pour "idest"
et en ont conclu qu᾽on pouvait aisément ne pas recopier le grec
incompréhensible puisqu᾽on avait une "traduction latine", certes
étrange ("pepiiam"), mais au moins écrite en lettres
latines.
505. Wessner, suivant Estienne, ajoute ici "est" qui ne sert à
rien.
506. Wessner suit
une conjecture d᾽Estienne qui met le datif "festinanti". Les
manuscrits donnant le génitif, nous le
conservons.
507. Wessner n᾽édite pas "actu", pourtant ce
mot paraît avoir figuré dans le texte. En effet il existe deux
traditions dans les manuscrits. Dans l᾽une, on lit plus ou moins
"in v" parfois sous la forme "inquinatum" (O), parfois sous la
forme d᾽une abréviation très étrange (GJ) qui laisse supposer un
texte difficilement lisible. Dans l᾽autre on lit presque
unanimement "a." ou "audiui" qui est le mot qui suit "facinus
"chez Térence, sans aucune indication chiffrée. Nous supposons que
le texte portait "fac. in v a." pour "facinus in quinto actu", les
segment "inv" a été rattaché à "fac." pour compléter "facinus" et
le "a" interprété comme l᾽abréviation de audiui. En revanche
l᾽autre tradition doit reposer sur un original où "actu" est tombé
et où peut-être "quinto" était écrit en toutes
lettres.
508. Wessner composait un texte reposant pour
l᾽essentiel sur RCO : "CVRAM ADIMERE ᾽adimere᾽ magis ᾽curam᾽ pro
᾽eludendi <et> adimendi haec occasio est᾽". Or, même les
manuscrits sur lesquels il s᾽appuie ne donnent pas ce texte. En
effet RCOK lisent dans le lemme non pas "adimere", mais
"adhibere", puis, dans ce qui est sans doute la scholie, un texte
qui commence par "adimere", voire "adimerint" (RK). V et beaucoup
d᾽autres de ceux que Wessner tient pour des deteriores mais
également Calfurnio et, à un degré moindre, Estienne, donnent un
texte beaucoup plus cohérent et uniforme où apparaît le concept de
"uarietas". Notre texte est celui de V à l᾽exception de la
correction mineure de "praeludendi" en "prae eludendi".
509. Wessner
considérait "quod" comme faisant partie du lemme, ce qui le
conduisait à compléter à sa façon en prolongeant la citation de
Térence jusqu᾽à la fin du vers. Aucun manuscrit ne donnant
substantiellement autre chose que ce que nous éditons, nous nous
en tenons au texte de la tradition. En revanche nous créons un
second lemme avec "recepissem" en supposant que le segment
original était "spopondissem et recepissem deest" qui a été
simplifié.
510. Wessner édite "noua locutio
᾽coram me incusaueras᾽, non ἁπλῶς ᾽me incusaueras᾽" où l᾽adverbe
grec est une conjecture de Schoell. Les manuscrits à quelques
vairantes près portent "noua locutio coram me incusaueras qui huc
me incusaueras" laissant supposer que le texte en jeu est "coram
me". Or G lit tout autre chose qui semble bien plus intéressant, à
savoir "noua locutio quem incusaueras non qui hinc me
incusaueras". Ce texte indique sans doute que ce qui est "nouum",
c᾽est la construction "quae incusaueras", c᾽est-à-dire la
construction d᾽"incuso" avec un accusatif de chose. De fait, cette
construction, qui est courante à l᾽âge classique, est sans exemple
chez Plaute (pour ce que nous en possédons) et ne compte chez
Térence que cette occurrence. G garde trace de la bonne leçon mais
une mélecture de "que" en "quem" rend son texte difficilement
compréhensible. Tous les autres ont recopié ce qu᾽ils pensaient
être la "noua locutio" c᾽est-à-dire "coram me" sur le modèle du
lemme et d᾽autres commentaires de Donat sur l᾽usage archaïque des
prépositions.
511. Nous
rétablissons le texte unanime des manuscrits "seu" au lieu du
"scilicet" qu"édite Wessner suivant Klotz. Cela suppose que ce qui
est chez Wessner le lemme 2, à savoir "iube rescribi", devienne
une partie de la reformulation. Nous modifions donc la
numérotation des lemmes.
512. Texte de G, Wessner
édite ce que lisent ses manuscrits, "quod", sauf V qui ne lit que
"ne". C᾽est d᾽ailleurs le texte reçu de Térence.
513. Admirable conjecture d᾽Estienne, les mansucrits
donnant "exactisne". Estienne a reconstruit d᾽après le commentaire
d᾽Ad.
277 et sa reconstruction est
d᾽autant plus certaine que G a conservé quelque chose du texte en
lisant "ex arcas ne".
514. Texte de G, Wessner suivant ses manuscrits édite "quod"
(sauf V qui une fois encore lit "ne") et le verbe "rescripsi",
bien qu᾽il soit d᾽avis dans son apparat qu᾽il faut
"discripsi".
515. Wessner édite "QVOD EGO RESCRIPSI ILLIS
illis per scripturam reddidi.
2 Illis dedi ut apud Verg. etc.", mais le texte des
manuscrits est très partagé 1- sur la forme du lemme en
particulier le verbe où on lit "rescripsi, descripsi, perscripsi,
praescripsi", et de la présence ou non du datif "illis" de
Térence, 2- sur le début de la scholie où une majorité donne
"multi" et quelques autres rien ou peut-être "illis". les
manuscrits qui portent "multi" le répètent devant la seconde forme
verbale "dedi", sauf V qui répète quant à lui "illis", se rangeant
ainsi à l᾽avis de ceux qui lisent deux fois "illis", et jamais
"multi", alors que V lit au début "illis multi", 3-sur la forme du
premier verbe, les manuscrits hésitant entre "reddi" et "reddidi".
Il nous semble qu᾽Estienne a compris la portée exacte du
commentaire en corrigeant "multi" en "multis" (qu᾽on trouve
apparemment seulement dans L). Toutefois l᾽humaniste propose la
forme "perscripsi" dans le lemme qui ne cadre malheureusement pas
bien 1-avec l᾽interprétation qu᾽il privilégie, 2- avec l᾽exemple
virgilien. Nous harmonisons l᾽intuition d᾽Estienne et les données
des manuscrits pour donner un commentaire cohérent.
516. Wessner édite "deditur", nous
préférons pour la cohérence du commentaire "diditur". Voir la
note apposée à la traduction. Les manuscrits de Virgile
portent les deux leçons.
517. Wessner
édite "quadam", mais les mansucrits hésitent entre "quadam" (KRCO)
et "iam/tam minaciter" (avec quelques variantes sur l᾽adverbe
(GVqzxtpn...)). Nous supposons que "quadam" masque en réalité un
"quod iam", lu ensuite "quod tam", ce qui a provoqué l᾽arrivée de
l᾽adverbe "minaciter" pour compléter l᾽énoncé. L᾽abréviation
probable de "hoc quod" a pu entraîner la chute de "quod", par
prise de la série d᾽abréviations pour le seul "hoc" en toutes
lettres. Dans l᾽autre tradition (RCOK), "quod iam" a pu être mal
compris et lu "quodam" puis corrigé au féminin, dans la tradition
où il est présent.
518. Wessner a cru bon, en début de phrase suivante,
d᾽ajouter "Cicero" pour attribuer la citation, cela ne sert à rien
et ne se trouve dans aucun manuscrit. Il est probable d᾽ailleurs
que les scribes n᾽ont pas identifié cette citation, voir la note
suivante.
519. Wessner édite ici "etc", mais voir la note
suivante.
520. Wessner édite
" ᾽hoc fer.᾽ etc.
947 CONDONAMVS TE
accusatiuo, ut in eunucho "habeo alia multa...". Aucun manuscrit
ne donne ni le lemme ni "accusatiuo" qui sont une reconstruction
pour le premier d᾽Estienne et pour le second de Wessner sur Eun.
17. En revanche les manuscrits montrent le plus grand désordre à
partir de la fin de la citation cicéronienne, non identifiée par
eux. On lit en effet des choses comme "a dotantis ablto, dono
ablatiuo, dotatis ablto, dotatis ablatiuo, dotatis ab dono ablit
o, dono ablto" dont aucune n᾽a le moindre sens, signe que de toute
évidence, personne ne comprend rien à ce dont il est question. De
plus, en amont de ce segment absolument désespéré, la frontière de
la citation n᾽est pas reconnue, puisque le mot "ferendum" dernier
mot de la citation originale devient très généralement "ferret"
suivi presque unanimement de "et ferre". Comme on le voit dans ce
fatras de la tradition, il semble qu᾽il y ait deux lectures de ce
segment. Dans la première il s᾽agit d᾽une remarque de cas et on
lit alors clairement "ablatiuo", mais dans la seconde,
l᾽abréviation soigneusement recopiée par V et quelques autres peut
signifier "ablatiuo", mais aussi "ablato", ce qui du coup
placerait le commentaire dans un autre registre. Or la présence de
"dotatis" dans le segment désespéré (RCOKpt) laisse supposer qu᾽il
faut rattacher cette scholie soit au vers 938, soit au vers 940.
Le mansucrit n a d᾽ailleurs ce segment aux alentours de 940. En
revanche la citation unanime d᾽Eun.
17 qui contient le verbe "condonare" ne peut pas se
trouver à cet endroit, et doit se rattacher au vers 947. Reste à
comprendre comment cette citation est arrivée là. Une réponse
assez simple peut provenir d᾽un curieux saut du même au même, dès
l᾽archétype. Nous supposons que deux scholies différentes ont été
fusionnées. La première porte sur "indotatis" (ce que confirme sa
place dans les manuscrits après
937 et devant
938 (938,
2 selon
notre lecture)) et contient le texte "a dono ablato" où il s᾽agit
d᾽une forme de "donum". La seconde se trouvait à l᾽origine au
vers
947 et portait sur le verbe
"condonare" dont elle disait "dono ablatiuo ut in Eunucho", où il
s᾽agit de la construction du verbe "dono". Il y avait donc deux
segments, "dono ablato" et "dono ablatiuo" rendus encore plus
semblables sans doute par l᾽abréviation. A un stade très ancien de
la tradition on a fusionné les deux textes et écrit quelque chose
qui a dû ressembler à ce qu᾽on lit dans t : "et ferre dotatis ad
dono ablit o (sic !) ut in Eun.". A partir de ce moment-là plus
aucun copiste ne peut reconstituer quoi que ce soit, et chacun y
va donc de sa propre lecture.
521. Cette addition, déjà
suggérée par Wessner, mais non retenue par lui, provient du
manuscrit de Dresde (D), mais on en trouve trace en marge de C,
dans la répétition de "uultis" dans de nombreux manuscrits et dans
d᾽autres désordres ou ajouts dans l᾽ensemble de la
tradition.
522. Pour l᾽établissement du texte, voir la note à
938.
523. Les manuscrits hésitent, on comprend aisément
pourquoi entre "uolo nolo" et "nolo uolo", voire "nolo uolo uolo
nolo", mais contrairement à ce que dit Wessner "nolo uolo" n᾽est
pas une conjecture d᾽érudit, c᾽est le texte au moins de G.
524. Signalons ici un commentaire isolé dans le manuscrit n et
qui se rattache à ce vers : "Scrupulus est lapillus qui si pede
calcatur nocet. metaforicos" (on appelle "scrupulus" un petit
caillou qui, si on marche dessus, fait mal. C᾽est dit
métaphoriquement). On ignore absolument pourquoi ce manuscrit a
cette scholie et d᾽où elle provient dans la tradition du
texte.
525. Wessner édite "ad necessaria" texte de RCO, mais
au moins V et G portent " a necessario" qui est meilleur car il
s᾽agit d᾽une forme d᾽argument.
526. Sur
le texte de ce lemme nous suivons V et G en particulier pour
rétablir le texte de Térence "gladiatorio", Wessner éditant
"gladiatoris" qu᾽il trouve dans d᾽autres de ses manuscrits.
527. Nous conservons le texte de Wessner, qui est
parfaitement clair et bien attesté, mais avec toutefois un léger
doute sur "parato". En effet, quelques manuscrits importants
RCOK... ont une étrange lacune à cet endroit, comme s᾽il
s᾽agissait d᾽un mot grec. De plus G présente ici une séquence
bizarre "parato ad periculum hoc est ita est ita". Nous serions
tentés de proposer le texte suivant : "παρὰ τὸ ad periculum hoc
est. Ita est ᾽ita etc...᾽" qui se traduit "en raison du ᾽ad᾽ il y
a danger, à savoir ᾽ita etc...᾽".
528. Nous ne sommes pas
absolument certains du mot grec qu᾽il faut lire ici. En effet C et
O ont une lacune, R porte εμιπτικιοσ et V εμιπτικωσ. Certes la
notion d᾽ellipse est plausible ici, mais d᾽ordinaire les scribes
savent à peu près écrire ce mot. Puet-être faudrait-il chercher du
côté de ἡμι- pour mieux répondre au "plenum".
529. Ici Schoell suivi
par Wessner ajoutait un "cum" qui ne sert à rien et qui est déjà
dans le lemme.
530. Wessner édite "id est mortua est. <sed>
sic dicere tragicum erat, ᾽e medio excessit᾽ et ad dictum et ad
rationem dicti comicum est", énoncé dont le sens est
problématique. On notera que les éditeurs anciens (Calfurnio et
Estienne) ne portent pas le segment qui va de "id est" à
"excessit" dans le texte de Wessner. Ils semblent avoir fait le
même saut du même au même, ce qui est difficilement explicable en
l᾽état. Pour le reste, tous les manuscrits lisent "si" au lieu de
"sed sic" de Wessner où "sed" est un ajout personnel, et un très
large consensus se dégage pour lire "diceret", l᾽ensemble donnant
un texte excellent jusqu᾽à "erat", et rendant inutile le "idest"
que d᾽ailleurs ni G ni J ne donnent. Dans cette configuration,
"mortua est" est autonymique et fonctionne comme complément de
"diceret". Le "idest" de RCOVK est peut-être issu d᾽une mécoupure
entre le lemme et la scholie, issue de la séquence "excessit unde
(est)" de Térence. Le "dicti" de Wessner (issu d᾽Estienne) est de
façon certaine condamné par tous les mansucrits qui portent
"dici". Quant au "ad" qui précède "dictum", il est assez bien
attesté (LGJ), mais ne se trouve pas dans la série RCOV, ce qui
nous incite à croire que, comme il ne se trouve qu᾽une fois
dupliqué (dans L qui lit "ad dictum et ad rationem"), sa présence
chez G et J dont le texte est souvent excellent s᾽explique par une
normalisation sur "ad rationem" qui conduit au segment "et ad
dictum et rationem" accentué par le balancement "et...et" qui
explique la duplication de L.
531. C᾽est ici le texte de C adopté par Wessner, à
juste titre. Les autres manuscrits portent généralement
"inuentione" qui ne signifie rien dans ce contexte. Peut-être
pourrait-on lire ici "inuersione" au sens de "par antiphrase", ou
"ironiquement", mais le contexte s᾽y prête mal.
532. Nous revenons ici au texte des
manuscrits, vraiment consensuel. Wessner, à partir d᾽une
conjecture de Bentley et d᾽un ajout personnel, éditait "ut labem
uel maculam".
533. Wessner
prête ce texte à Estienne, mais c᾽est en fait le texte d᾽au moins
G et J. Les autres manuscrits ont souvent deux fois "exstillare".
Dans ce cas, le commentaire, loin d ᾽être une "differentia" entre
le simple et son composé, porte sur les deux sens possibles du
préverbe "ex-".
534. Wessner fait ici
commencer une scholie
2 sans lemme
alors que la syntaxe impose de voir une seule et même phrase et
donc une seule scholie.
535. Le
manuscrit n semble le seul à donner ici une glose de "solas" sous
la forme "id est inhabitabilis". Nous ignorons totalement d᾽où
provient ce texte.
536. Wessner édite
"signanter" (d᾽une manière expressive) dont on voit mal l᾽intérêt.
V a une abréviation "sigt", RCO ont développé "signauit" qui n᾽a
aucun sens, G et J n᾽ont rien. A supposer que V ait recopié sans
trop savoir de quoi il s᾽agissait une ancienne abréviation il faut
lire "singulariter" étant donné les exemples cités.
537. Wessner n᾽édite pas ce dernier mot en se
fiant à RCO que nous complétons par GK et J. Pourtant l᾽absence de
COD est ici particulièrement gênante, "litem" est donné par V
comme Wessner l᾽atteste, mais aussi entre autres par Mzxtpn.
Notons qu᾽Estienne a curieusement restauré ce texte à partir sans
doute d᾽un texte apparenté à celui de J en lisant "apparet
parasitum niti ad domum chremetis ; senes uero ad forum conari
attrahere", alors que J lit : "apparet pasitum in eum ad domum
chremetis senis non ad forum conari abstrahere". La proposition
d᾽Estienne a une tout autre signification, mais elle est trop loin
de la tradition pour pouvoir être vraiment retenue.
538. Wessner édite avec RCO confirmé par K "pro" qui induit
une rupture brutale de construction. VGJ et d᾽autres manuscrits en
assez grand nombre lisent "idest". Nous retenons ce texte
majoritaire et simple.
539. Wessner édite
"
2 LEGE AGITO ERGO ᾽lege agito᾽
dicebatur ei etc.", ce qui est le texte de V, mais il y a
manifestement une autre tradition représentée par J qui invite à
voir non pas une mais deux scholies. J lit "lege agito, age agito
age agito dicebatur ei cuius etc.". Nous supposons que la
répétition impossible d᾽"age agito" a conservé en fait le texte de
la première scholie "age agito" qui est en fait une remarque de
morphologie, indiquant qu᾽"agito" est une forme d᾽impératif
correspondant au présent "age", et non pas une forme d᾽"agitare".
Ensuite une autre scholie donne le sens de "lege agito", Le scribe
de J a cru voir deux fois le même texte et a du coup rendu
incompréhensible la deuxième scholie, les autres manuscrits ayant,
selon la tradition dont ils dépendent, simplifié le segment "age
agito lege agito" soit en "lege agito" (V entre autres) soit en
"age agito" (GKRCO).
540. Wessner, de manière inexplicable, suppose un lemme
sans commentaire ("enimuero uoce opus est") dans lequel il signale
une lacune invisible dans les manuscrits, lesquels fort sagement
recopient, non sans erreur, la suite du vers de l᾽Aululaire qu᾽ils
tronquent et modifient çà et là. Pour mémoire, Plaute écrivait
"lege agito mecum. molestus ne sis. i et cenam
coque".
541. Nous nous rangeons ici au texte de
Wessner qui s᾽appuie sur la seule autre citation de ce passage
chez Nonius, toutefois tous les manuscrits portent "claucones
/ glaucones" (et très marginalement G "laoconos"), ce qui
pourrait inviter à une certaine suspicion sur le substantif,
certainement rare, à restituer.
542. Wessner éditait "nec sequitur collo trahentem obtorto,
repandum se facit" qui est une ingénieuse conjecture d᾽Estienne,
malheureusement infirmée par le texte de tous les manuscrits qui
isolent "pandum" même s᾽ils ont quelques hésitations sur la forme
qui précède "abtorto ore", "obtorto ore", voire "ab tortore".
Notons que G et J se singularisent en lisant non pas "collo
trahentem obtorto", mais "trahentem collo obtorto" et lisent
"uexandum se facit" au lieu de "ore pandum se facit". On peut
hésiter à accepter cette leçon, cependant assez minoritaire, mais
propre à une série GJ qui fournit souvent un texte
excellent.
543. On pourrait penser aussi à éditer
la variante très technique de GJ, reprise par Estienne, "a
concessione". Techniquement cependant le sens est rigoureusement
identique.
544. Wessner éditait suivant Estienne "ἀπὸ τῆς εὐνοίας",
mais V, le seul de ses manuscrits à tenter d᾽écrire du grec, donne
απο τησ ανπασ puis s᾽est corrigé en αννηασ qui est plus ou moins
(à l᾽initiale près) la façon dont il écrit le mot grec que nous
éditons εὐνοίας. Vraisemblablement, il s᾽est corrigé ici après
avoir essayé d᾽écrire εὐνοίας pensant qu᾽il s᾽agissait du même
mot. Sa graphie première avant correction nous donne plutôt ce que
nous éditons, αἰτίας, leçon qui se trouve formellement confirmée
par I que Wessner a ignoré et qui donne exactement ce que nous
éditons. Lindenbrog déjà avait retenu ce texte.
545. Wessner édite
"περιστάσεως addidit defensionem uinolentus etc." dans une scholie
unique pour tout le vers. Or t et x ont clairement "addidit ad
defensionem" et le mot grec restitué au génitif par Estienne dans
une conjecture remarquable sur un texte désespéré ("presteseos /
prestes eos / pr(a)esto") peut tout aussi bien, vu ce que les
copistes comprennent, avoir été à l᾽accusatif. Le sens est bien
plus facile avec le "ad". Dans ce cas "uinolentus etc." devient le
lemme de la scholie suivante, ce qu᾽il est dans plusieurs
manuscrits. Les deux scholies reviennent alors à des proportions
plus conformes à l᾽usage de Donat en dehors des préfaces et
prologues.
546. Beaucoup de
manuscrits lisent comme Wessner "etc", mais on a souvent
l᾽impression d᾽une hésitation entre "etc" et "etiam", qui nous
paraît masquer sans doute plutôt un simple "et" qui commence une
longue phrase d᾽énumération, dont nous faisons une scholie 2. On
notera que Donat n᾽utilise pas "et cetera" dans son commentaire.
Nous avons expliqué pourquoi, en 123, nous supprimions la mention
"etc." que lisait Wessner.
547. Tous les manuscrits sauf z lisent "ab
aetate", ce qui est concevable, mais se heurte cependant à une
difficulté. Donat reprend en effet les arguments exactement dans
l᾽ordre où ils apparaissent dans Térence, le premier étant
"uinolentus". z en donnant "ab ebrietate" est le seul à conserver
cette disposition que nous restituons. Il est aisé de comprendre
que le segment "abebrietate" a pu souffrir d᾽une haplographie, et
ce d᾽autant plus que l᾽argument "ab aetate" est bien connu, et
pouvait même être jugé à sa place si on le rapproche de "abhinc
quindecim annos", qui, en réalité, est l᾽argument "a tempore
criminis".
548. Wessner
édite « et epilogum quod ἀπὸ τῆς εὐνοίας † actu defecit », ce qui
est intraduisible ; mais, dans son apparat, il propose de façon,
on va le voir, très judicieuse de considérer "actu" comme issu de
la dittographie de la finale grecque "-ΑС" de génitif et de
l᾽article "τοῦ" graphié "tu". Or cette conjecture est absolument
confirmée par G et J que Wessner ne connaissait pas et qui lisent
"tu deomenu", évidemment "τοῦ δεομένου", maltraité
exceptionnellement par I qui graphie "τοῦ δεομου". Wessner qui
proposait de lire dans le segment "actu de-" le segment grec "-ας
τοῦ λέ(γοντος)" était proche de la solution. Pour le reste, la
situation des manuscrits est évidemment désespérée devant tant de
grec d᾽un coup. "Epilogum" est une restitution d᾽Estienne alors
que tous les manuscrits ont une forme en caractères latins qui
débute par "peri-" souvent abrégé et difficilement identifiable.
D᾽autre part ils ne portent pas tous "logum quod", mais parfois
"logumque" signe probable d᾽une difficulté à voir où s᾽arrête le
mot grec qu᾽ils tentent de transcrire. Le segment ἀπὸ τῆς εὐνοίας
est à peu près correctement écrit par V, et on obtient ce que nous
proposons, simplement en cherchant un mot grec qui puisse
recouvrir le segment "peri(o)logumq;" qui dans le contexte a
toutes les chances de cacher παραλογισμῷ.
549. Nous conservons le texte de Wessner, mais en le
répartissant autrement. Celui-ci voyait un lemme dans le segment
"et non attigit postea", qui cependant n᾽est pas de Térence, et a
donc toutes les chances d᾽être un commentaire en reformulation. La
suite du texte de Wessner passe au vers
1021 auquel, de toute évidence, elle doit être
affectée.
550. Wessner édite ici "quod quidem ᾽animo aequo ut feras᾽
<orat>", où "orat" est un ajout de Schoell. Nous
préférons suivre l᾽autorité de G et J qui lisent "quod ego
aequo animo", qui paraît être une mélecture du début du vers
1021. "ego" a disparu dans la famille V et a entraîné une
référence à l᾽autre "aequo animo" celui du vers
1020 ("animo aequo" en l᾽occurrence), qui
a été complété par "ut feras".
551. Wessner ajoute ici "ab
eo", conjecture d᾽Estienne absolument inutile.
552. Wessner considère que ce que nous mettons comme
lemme
2 est en réalité la
répétition du lemme
1 en fin de
scholie. Cela nous paraît très étrange et les manuscrits qui
indiquent les fins de scholies marquent clairement une frontière à
cet endroit.
553. Nous
conservons ici le texte de Wessner, qui, contrairement à ce qu᾽il
laisse entendre, repose bien sur l᾽autorité des manuscrits Dn et
peut-être p (qui semble avoir raturé ce mot, sans doute parce
qu᾽il ne le comprenait pas pour le remplacer par "sic me" ou "sic
mo(do)" qui lui paraît plus clair.
554. Dans le doute, pour ce
fragment qui n᾽est connu que par ce passage, nous conservons
le texte de Wessner qui a pour lui l᾽autorité importante de
RCOVDK contre "praebent" qui se recommande essentiellement de
G et J, et qui donc n᾽est pas impossible. Métriquement cela ne
changerait rien.
555. Les mansucrits hésitent terriblement sur cette
fin de citation qui est en réalité un début d᾽hexamètre. On
lit (en dehors de G qui a une lacune entre "benigno" et "cui")
"circum" suivi d᾽un segment qui commence par "f" ou par "s" et
qui donne entre autres "circum suam" (K) "circum sim" (x),
"circumsini" (p), "circumfini" (V), "circumfusum" (t). Nous
pensons que des mélectures d᾽abréviations sur un texte
archaïque et donc difficile pour les copistes a pu provoquer
ce désordre. n, m et a ont, sans doute bien malgré eux,
conservé quelque chose du texte original en lisant
"circumfun." ou "circumfunde". Nous rétablissons un
"circumfundere", indispensable à la construction, suivi de
"sum" sur lequel porte le commentaire et qui est attesté par
"suam" de la tradition RCOK.Tous les manuscrits sauf RCO
donnent "cui" comme fin de la citation. Nous le rétablissons,
contre Wessner, car il permet de comprendre pour le lecteur de
Donat que "sum" est bien un pronom antécédent de
"cui".
556. Ajout de Wessner qui
correspond à la fois à la citation des Adelphes et à l᾽esprit
du commentaire. C᾽est pour cela que nous le maintenons.
557. Tous les manuscrits ont soit "sed", auquel
Wessner a préféré "scilicet", conjecture personnelle, soit rien du
tout. Nous adoptons cette solution, car "sed" n᾽est pas très
utile.
558. Wessner édite "dicta", mais les manuscrits
hésitent entre "illata" très majoritaire, mais qui n᾽a guère de
sens, et "dilata" texte de I et p qui a toutes les chances d᾽être
le bon.
559. Wessner n᾽édite pas
ces trois mots pourtant présents dans des manuscrits aussi
importants que V et G.
560. Wessner édite "quae irritata
erat", conjecture de Schoell. Les manuscrits donnent soit "irrita"
en hésitant entre "erat" et "erant" de même qu᾽ils hésitent entre
"dicit", "dicitur" et "dicuntur", mais on notera que plusieurs
manuscrits donnent un double texte, par exemple "irata erat uel
irrita erant". Nous supposons que l᾽archétype de tous ces
manuscrits portait ce que nous éditons et qu᾽un copiste, à un
moment, a corrigé ce qu᾽il pensait être une dittographie, en en
faisant une variante textuelle traditionnellement marquée par
"uel". On peut aussi supposer que l᾽archétype lui-même ait hésité
sur le texte de Donat, et qu᾽il ait porté les deux versions à peu
près comme on le lit dans les manuscrits. Toutefois le caractère
de quasi-jeu de mots de cet énoncé nous invite à l᾽éditer sous
cette forme, Donat s᾽amusant à conclure pratiquement ses remarques
sur une note cocasse.
561. Wessner édite
"fratruelem" mais les manuscrits ont "fratrem", qui, à toute
époque du latin et plus encore dans la langue tardive où les
parentés par le sang et les parentés par alliance sont désignées
de la même façon, peut signifier "cousin". Il n᾽est donc pas utile
de corriger le texte.
562. Wessner édite une conjecture
personnelle "consedatam" suivi du texte consensuel de tous les
manuscrits "uxoris iracundiam". Pour le participe, les manuscrits
portent en effet "consolatam" à une grande majorité dont RCOK,
mais I et G portent "ioco solat(i)am", M donnant les deux leçons.
On peut sans doute faire crédit à I de cette leçon excellente à
condition de comprendre que la succession de trois accusatifs a
conduit à faire une enclave et à écrire "uxoris iracundiam". Pour
que ce texte soit acceptable, il faudrait que "solatus" puisse
avoir un sens passif ce qui n᾽est peut-être pas impossible à
l᾽époque de Donat. Dans le doute, nous préférons cette correction
minime sur une confusion qui présente par ailleurs un cartactère
absolument trivial.
563. Donat explique sans doute qu᾽il faut effectivement
un o bref à la première syllabe et non un o long, comme on le
trouve chez Térence, Pho. 14. Donat contredit son maître Evanthius
(7, 2-3) qui, précisément, semblait poser un o long reposant sur
πρῶτος λόγος. Le o long peut être induit chez les Latins par le
rapprochement fortuit avec "prōloquor".
564. Donat remarque ici deux emplois de "uetus",
que le français fait perdurer dans son adjectif "vieux". Un "vieux
vin" est un produit actuel qu᾽on est en train de boire, tandis que
le "vieil Ennius", qui aurait même pu mourir jeune, appartient à
une époque révolue.
565. Sur ce fragment que nous rendons à
Laevius, voir la note apposée au texte latin.
566. Le COD de "deterrere" n᾽est
en effet pas exprimé, si ce n᾽est dans la complétive (il s᾽agit du
sujet de "scribat", c᾽est-à-dire le "poeta", qu᾽aurait repris
l᾽anaphorique "eum" ; cette construction est celle attendue). Il
en va de même dans la citation, où "iungam" n᾽a pas de COD
grammatical, mais, logiquement, on comprend qu᾽il s᾽agit de la
jeune fille dont il est question dans la relative et qui en est le
sujet. Si on a ici affaire à une rupture de construction
(anacoluthe), il n᾽en va pas de même dans le texte de Térence, où
le pronom est simplement omis.
567. Lue au
premier degré cette scholie est absurde. Le compilateur des
Scholia Riccardiana l᾽a bien vu et a rectifié en
introduisant des négations (voir note apposée au texte latin).
Mais elle est évidemment ironique, Donat faisant parler Luscius.
L᾽idée est simple : Luscius, qui est assez stupide pour avoir
introduit des prodiges dans une comédie (voir Prol. 6-8), en a
fait une norme, qui veut donc que tout auteur comique sera
considéré comme accompli, s᾽il met des prodiges dans sa pièce. De
ce fait, évidemment, Térence devient un grand auteur tragique
puisqu᾽il refuse d᾽en mettre.
568. De fait, le mot n᾽est pas attesté dans ce que nous
avons conservé de la tragédie latine.
569. On pourrait en
effet comprendre que "ceruam" est le sujet du verbe "sectari", et
que son complément d᾽objet direct est "canes" ; si cette
construction est grammaticalement juste – d᾽où l᾽ambiguïté dont
parle Donat –, elle aboutit néanmoins à un non-sens, car ce ne
peut être la biche qui poursuit les chiens.
570. "
Minus multo
PlautBac. 672" n᾽est pas inédit, puisqu᾽on le trouve chez Plaute
(Bacch. 672), mais il n᾽en demeure pas moins extrêmement rare en
latin (cinq attestations, chez Plaute, Térence, Cicéron, Jean
Cassien et Cassiodore).
571. Autrement dit, il ne s᾽agit pas du prologue en
tant que personnage (chose fréquente), mais du prologue en tant
que texte. Ce sens, moderne, nous paraît naturel, mais il faut
croire que pour Donat "Prologus" est en général plutôt le nom du
personnage qui, hors intrigue, vient dévoiler l᾽essentiel de
l᾽argument de la pièce.
572. C᾽est-à-dire
au vers 2.
573. Ce
qui rend "haberet" remarquable, c᾽est que le vers semble rendre
indubitable qu᾽il faille médire de Luscius.
574. C᾽est-à-dire par l᾽argument de la
qualité de l᾽adversaire.
575. Ici, Donat paraphrase Térence.
576. Autrement dit,
il aurait dû écrire un deuxième prologue pour répondre qu᾽il avait
été capable d᾽en faire un.
577. Les "poetae probi" (les poètes
honnêtes) s᾽opposent sans doute à ceux qui se faisaient
entretenir. Ils vendent loyalement leurs pièces et acceptent les
risques de ce commerce, au lieu d᾽attendre qu᾽on les nourrisse par
protection.
578. Sur ce lemme
vide, voir la note apposée au texte latin.
579. Donat rattache donc le tour "ab studio studuit" à
l᾽accusatif d᾽objet interne.
580. Comprendre que
"quod" signifie "maledictum" : "quod ab illo allatum est" signifie
donc "maledictum quod ab illo allatum est" (la méchanceté qu᾽il a
servie).
581. L᾽amphibologie dont parle Donat
porte sans doute sur "de se" : il faut construire ce groupe
absolument, et lui donner le sens de "de son côté", "quant à
lui" ; mais on pourrait aussi comprendre – et c᾽est pourquoi il y
a amphibologie – que "de se" est complément de "peccandi" :
"peccandi de se" (commettre une faute contre soi-même). Cette
construction de "de se" conduit à un non-sens (ce n᾽est pas contre
lui-même que Luscius commet une faute), mais elle est
grammaticalement correcte, d᾽où l᾽amphibologie notée par Donat. Il
se peut aussi que l᾽ambiguïté porte sur "mihi", qu᾽on peut prendre
comme un datif éthique ("cesser, pour moi, de parler"), un datif
de destination de "dicendi" ("cesser de me parler") ou un dativus
detrimenti de "peccandi" ("commettre des fautes contre
moi").
582. "Cum" + indicatif à valeur
temporelle principale, comportant une notion adversative
concessive latente, n᾽est généralement plus compris au IVe siècle,
sinon des fins lettrés, et c᾽est pourquoi Donat éprouve le besoin,
à destination de ses élèves sans doute, de remplacer l᾽indicatif
par un subjonctif, marquant davantage, pour lui, la notion de
concession.
583. La construction
"adtendere animum" + subordonnée interrogative indirecte étonne
Donat. En effet lorsque ce verbe se construit avec une
interrogative indirecte, il n᾽est pas accompagné d᾽"animum", ce
qui explique que Donat veuille séparer les deux syntagmes et
sous-entendre un verbe principal pour "quid uelim".
584. On remarquera que les deux versions du commentaire
ne portent pas sur le même point : la première main s᾽intéresse à
la différence entre "Φορμίων" et "φόρμιον", alors que la deuxième
se concentre sur l᾽étymologie du seul mot "Φορμίων" pour récuser
le rapport au mot latin "formula" (dont le o est long, comme celui
de "fōrma"). Cette remarque vise très probablement (mais
implicitement) à récuser l'orthographe "Formio" pour le nom du
personnage et le titre de la pièce, orthographe récurrente dans
les manuscrits.
585. Il s᾽agit d᾽une remarque d᾽étymologie. Donat
précise que l᾽origine du nom grec Phormion... est grecque. Sous la
tautologie apparente, il faut comprendre qu᾽il repousse par là
même l᾽étymologie bilingue "Phormio/formula" qui s᾽apparente à une
étymologie populaire et qui est facilitée par l᾽orthographe
habituelle "Formio", attestée d᾽innombrables fois dans les
manuscrits, et qui explique le classement alphabétique aberrant
des pièces de Térence, avec le titre "Phormio" avant celui des
deux pièces qui commencent par un H. Donat signale que le
rapprochement est erroné parce que, si le o du mot grec est un o
bref, celui de "formula" (comme celui de "forma" dont il dérive)
est long. En outre, si l᾽on pose (faussement) que "Phormio" a une
étymologie latine, c᾽est au motif que le parasite Phormion utilise
un stratagème juridique, à base de formules. Ce peut être une
manière de faire ainsi le lien avec le titre très judiciaire de
l᾽original grec, quel qu᾽il soit, "Epidicazomenos" (celui qui se
fait adjuger une fille) ou "Epidicazoménè" (la fille adjugée en
mariage).
586. L᾽autre sens de
"primae partes" pourrait être, comme la seconde main semble
l᾽indiquer ensuite, celui de "premières scènes de la
pièce".
587. Le commentaire porte sur
"aequo". Donat nous signale que l᾽adjectif a ici un sens
qualificatif ("équitable", "juste") et non pas comparatif
d᾽égalité ("égal").
588. On peut se demander à quels
passages de Térence Donat pense ici : en effet, le dramaturge ne
loue son chef de troupe dans aucun autre prologue...
589. Le prologue est censé chercher la bienveillance du
public, et donc lui montrer un certain respect. Or notre prologue
vient de s᾽en prendre très violemment à l᾽assistance, accusée de
troubler les représentations au mépris des acteurs. Pour tenter
d᾽amadouer le public, le prologue termine par une flatterie en
forme de "captatio beneuolentiae".
590. Dans l᾽
Examen de Rodogune, P.
Corneille donne cette définition du personnage protatique en
référence à Térence : "Le mot de ᾽protatique᾽ vient de ᾽protase᾽
qui signifie ᾽exposition᾽ ; un personnage protatique est donc
celui qui ne paraît qu᾽au début de la pièce, pour faire ou
entendre l᾽exposition". Térence emploie ce type de personnages
dans d᾽autres pièces : dans
L᾽Andrienne, il met en
scène le personnage de Sosie dialoguant avec Simon, dans
L᾽Hécyre, le personnage de Philotis qui bénéficie de
l᾽espace des deux premières scènes. Toutefois Térence ne met pas
systématiquement en scène ce type de personnage, d᾽où la précision
de Donat : "quod in omnibus fere comoedis"... Dans
L᾽Eunuque par exemple, l᾽exposition est assurée par
les personnages réguliers de la pièce : Phédria et
Parménon.
591. La traduction de "sitque instructus"
par "et soit armé" correspond à l᾽introduction par le commentateur
d᾽une métaphore militaire discrète. De même au 35,
2 "instruendi".
592. On peut traduire "comoedia" par "des éléments
propres au genre comique", ce qui est le sens le plus courant de
ce terme ; néanmoins, "comoedia" est peut-être employé ici au sens
de "matière comique", de même que "tragoedia" a parfois celui de
"matière tragique".
593. Donat oppose ici ce qui serait dans la rhétorique
judiciaire un "simple début" et une "insinuatio", mais il adapte
évidemment ces catégories au théâtre. Un simple début serait de
faire se présenter le personnage de Géta directement en le
décrivant. Ici, au contraire, Dave va présenter Géta par des
notations dispersées dans toute la scène d᾽exposition.
594. Les esclaves étaient désignés par
un cognomen suivi de l᾽équivalent d᾽un patronyme, indiquant le
maître dont ils étaient l᾽esclave. Un bon exemple est fourni par
les Préfaces de Donat, qui signale systématiquement le nom du
musicien de scène sous l᾽appellation "Claudius Flacci", "Claudius,
affranchi de Flaccus".
595. Le
rapprochement "popularis" / "humilis" est étonnant : on ne
retrouve cette synonymie que chez Donat.
596. On retrouve cet exemple
dans l᾽
Ars de Dosithée, section "de
adverbio".
597. Cf. Pompée,
in artem Donati, GL V,
244, 10 : "aduerbia autem quae a nomine ueniunt in has exeunt
litteras : [...] aut in i, ut heri uesperi [scire autem debes
quoniam bis legimus here ; heri tamen illud in usu, magis heri
legimus, haut here]" (les adverbes issus d᾽un nom se terminent par
les lettres suivantes : […] ou bien en i, comme "heri", "uesperi"
(mais il faut savoir que l᾽on peut lire aussi "here" ; cependant,
"heri" étant d᾽usage, c᾽est "heri" qu᾽on lit le plus, et non pas
"here").
598. Selon Donat, le diminutif "ratiuncula"
est bien venu parce que, quand on parle d᾽affaires d᾽esclaves, il
ne peut s᾽agir que de petites choses (de petits comptes, de petits
calculs...), avec peut-être une connotation méprisante dans le
diminutif.
599. Ce qui, selon Donat caractérise la
parlure de l᾽esclave est l᾽absence de coordination qui donne une
impression à la fois de coq à l᾽âne et de simplicité dans le goût
d᾽un esclave sans culture qui ne sait pas "faire des
phrases".
600. Le terme d᾽"argumentum" renvoie,
dans ce cas, au récit que fait le personnage.
601. Cf. Pompée
in artem Donati, GL V,
143, 28 : "ut puta agnus principale est : fac diminutiuum,
agnellus ; aliud, agnicellus ; aliud diminutiuum, agnicellulus.
potes inuenire in infinitum et multas diminutiones, quae praecipue
aptae sunt lyricis. sed scire debes, ait, quoniam haec ipsa
diminutio hac arte facienda est, ut, quando sensus minuitur,
crescat numerus syllabarum" (à supposer que l᾽on parte de
"agnus" : ajoutez le diminutif, on a "agnellus" ; de nouveau le
diminutif, on a "agnicellus" ; encore le diminutif, on a
"agnicellulus". On peut trouver à l᾽infini de nombreuses formes
diminutives, qui sont particulièrement propres aux poètes
lyriques. Mais il faut savoir, dit-il, que cette forme diminutive
fonctionne de telle sorte que, plus le sens est diminué, plus le
nombre de syllabes augmente). Comme de nombreux diminutifs
comportant le suffixe "-llulus, -a, -um", l᾽adjectif "pauxillulus,
-a, -um" et l᾽adverbe "pauxillulum" sont attestés essentiellement
chez les premiers dramaturges latins, puis en latin tardif voire
chrétien, sans que cette formation soit productive et attestée
chez les auteurs dits classiques. Dans le cas de "pauxillulus",
après Naevius, Plaute et Térence, et avant le latin chrétien, on
trouve une seule attestion, chez Aulu-Gelle (16, 4). Certains de
ces diminutifs ne sont attestés que chez des grammairiens, comme
"agnicellulus".
602. "Proprie" s᾽explique par la valeur
du préverbe "con-" dans "conficio", qui signifie "faire
intégralement", "con-" n᾽ayant donc pas ici de valeur
sociative.
603. Donat pointe probablement ici ce
que peut avoir d᾽artificiel ce récit, qui ne vise qu᾽à renseigner
le spectateur. En effet, il est clair que Dave parle tout seul, de
manière à la fois invraisemblable et conventionnelle dans ce type
de scène.
604. En Grèce, la coutume veut que la
nouvelle épouse reçoive des cadeaux le lendemain des noces, jour
où elle consacre également son voile à Héra. Il s᾽agit de la
cérémonie des ἐπαυλία ; c᾽est aussi ce jour qu᾽était apparemment
remise la dot promise lors de l᾽ἐγγύησις, c᾽est-à-dire lors de la
promesse de mariage. Peu de temps après les cérémonies, le nouveau
marié offrait un banquet avec sacrifice aux membres de sa
phratrie, pour signifier solennellement son mariage et inscrire sa
descendance à venir au sein de cette même phratrie. C᾽est à cette
occasion que Donat fait peut-être allusion.
605. Harmon (1978, 1602) décrit les denicalia en ces
termes : "les sources parlent d᾽un autre repas funéraire, la ᾽cena
novendialis᾽ (Tac. An. 6, 5) que l᾽on appelle aussi ᾽lautum
nouendiale᾽ (Petr. Sat. 65), et d᾽un ᾽nouendiale sacrificium quod
mortuo fit nona die qua sepultus est᾽ (Porph. Ep. 17, 48). Ce
repas, auquel on pensait que participait le défunt, était pris
également sur le site de la sépulture (Petr. Sat. 66 ; Apul. M. 9,
30-31). Du témoignage de Cicéron (Vat. 12, 30-31) et Petrone (65),
il ressort clairement que les participants sont vêtus de blanc et
que ce repas est une occasion de convivialité. La période de neuf
jours correspondait à celle du deuil (D. Cass., 69, 10, 3 ; Aug.,
Quaest. Hept. 1, 172) et elle se terminait avec le repas sacré ;
l᾽héritier pouvait alors se tourner vers des questions plus
profanes, comme la mise en ordre de ses biens".
606. Contrairement à ce qu᾽a l᾽air
d᾽affirmer Donat, le sème ᾽difficulté᾽ n᾽est pas présent dans tous
les sémèmes de ce verbe.
607. Il s᾽agit, en fait, d᾽une
indication de mise en scène : Dave montre une bourse, que les
spectateurs voient ; la remarque de Donat est donc destinée à
expliciter pour le lecteur la gestuelle et l᾽objet montré.
608. L᾽épexégèse paraît se
trouver dans l᾽ajout des raisons pour lesquelles l᾽argent est
rassemblé. Cela n᾽apporte rien à la pièce sauf une sorte de
naturel.
609. La question est celle du genre de "ei" : féminin
ou neutre.
610. L᾽idiotisme repose ici sur l᾽inversion des valeurs,
mais il suppose aussi une mise en contexte : il est propre au
monde de la comédie que les mauvaises coutumes tiennent lieu de
loi. La remarque vise donc en fait plutôt les conventions de
l᾽univers comique et son goût pour la satire sociale que la
parlure du personnage.
611. La généralité est la marque
même de la sentence qui doit avoir comme ici une portée
morale.
612. Cette nouvelle remarque générique va dans le
sens de notre explication de l᾽idiotisme en 41, 1. Donat relève
l᾽opposition typologique (que l᾽on trouve aussi chez Aristote,
Poétique, 1449b, qui distingue les caractéristiques
nobles des personnages de tragédie tandis que les personnages de
comédie sont plus grossiers ou, comme dit Aristote, "sans grande
vertu"). On retrouve ce type de personnage chez les valets ou
paysans des comédies de Molière : bavarde mais sympathique, leur
parole délivre quantité d᾽informations pour
l᾽intrigue.
613. Ce que Donat veut dire ici, c᾽est que le comparatif
de supériorité "diuitioribus" rompt le parallélisme avec l᾽autre
segment de la phrase "qui minus habent", qui comprend un
comparatif d᾽infériorité. Sa reformulation rétablit donc
l᾽équilibre.
614. Ce qui
est docte, ici, c᾽est le glissement de la généralité à un cas
particulier qui prépare l᾽application que le personnage en fera à
lui-même.
615. Cf. Augustin,
Regulae, GL V, 517, 14 : "sane sunt aduerbia et per
alias syllabas exeuntia [...] item in im, a uico uicatim, ab ostio
ostiatim, a uiris uiritim" (il y a bien sûr des adverbes qui se
terminent par d᾽autres syllabes […] de même en "im", "uicatim" est
formé sur "uicus", "ostiatim", sur "ostium", "uiritim", sur
"uir").
616. Donat décrit le fonctionnement des
premiers systèmes monétaires. Le terme "assis" ou "libra" désigne
l᾽as et c᾽est en pesant chaque pièce de bronze que l᾽on détermine
la valeur monétaire. Ainsi l᾽as pèse une livre (soit
227 gr. 45) et est à la base du système de
nombreuses subdivisions (environ 18) dont certaines ne sont
quasiment pas employées. Les "dimidia sextula" (1/144) ou bien le
"scriptulum" (1/288) n᾽étaient utilisés que pour les calculs
d᾽intérêts dans les comptes, tant les unités qu᾽ils représentent
sont infimes. L᾽"uncia" représente 1/
12 de l᾽as et pèse 27,
28 gr. mais subit plusieurs réductions pondérales
tout comme l᾽as. En
217 av. J.-C.,
on crée le système de l᾽as oncial où l᾽as ne pèse plus que
27,
28 gr. et l᾽once 2,
27 gr. Plus tard, on créa l᾽as semi-oncial et
l᾽once s᾽allège de nouveau et pèse seulement 1,
14 gr. ou même 0,
54 gr. à la fin de la République. En tout cas,
l᾽adverbe "unciatim" est rare puisqu᾽on n᾽en trouve apparemment
que deux occurrences dans les textes littéraires : chez Térence et
chez Pline l᾽Ancien 28, 139,9.
617. Ici Donat fait mine de
s᾽interroger sur le caractère vraisemblable des économies de
l᾽esclave, et apporte une réponse en citant directement le texte
de Térence.
618. "Dimensum" est évidemment à rapprocher de "metior",
et plus précisément de "dimetior", dont le parfait est "dimensus
sum". Cette remarque de Donat tendrait à prouver que les
grammairiens latins avaient conscience du rapprochement
étymologique entre "mensis" et "metior", que l᾽état actuel de la
recherche ramène à une même racine indo-européenne. Cependant,
Nonius (525, 5) écrit "demensum Terentius in Phormione quasi
deminutum posuit", ce qui exclurait tout rapprochement
étymologique avec "mensis" ou "metior".
619. Le rapport avec la
citation virgilienne est au second degré : Géta n᾽a conservé de
toute sa peine que très peu et la citation virgilienne souligne le
pathétique de cet état de fait (En. 7, 243-244) : "dat tibi
praeterea fortunae parua prioris munera, reliquias Troia ex
ardente receptas".
620. Au sens premier, "pario" ne
comporte aucune idée de souffrance, de peine ou de difficulté.
Aucun rapprochement étymologique ne fait état de cette notion.
C᾽est "labore" qui porte l᾽idée de souffrance. Il n᾽est pas
impossible que Donat ait été influencé par la thématique
chrétienne de l᾽enfantement, et notamment le verset de la Genèse
"tu enfanteras dans la souffrance", qui lie fortement souffrance
et enfantement, et qui, peut-on supposer, ajoute le sème
᾽souffrance᾽ au sémème de "pario".
621. Wessner édite "natalis" ; "hora" est un ajout tiré
des
Scholia Bembina. Sans doute cet ajout est-il
motivé par l᾽expression suivante "natale astrum", que l᾽on trouve
chez Horace (Ep., II, 2, 187) : on comprend que "natalis" ait été
rétrospectivement complété par "hora", puisque cette expression se
trouve également chez Horace (Car., II, 17, 19 : "natalis horae"),
d᾽autant que l᾽absence d᾽un indicateur de temps posait problème,
puisque Donat vient de dire que "natalis" est mieux employé
lorsqu᾽il est assorti d᾽un marqueur temporel. Remarquons pour
finir qu᾽Eugraphius, dans son commentaire au
Phormion, propose trois emplois de "natalis" avec un
mot exprimant une durée, dont "hora" ("semper natales cum suo
tempore pronuntiantur, natalis annus, natalis dies, natalis
hora"), et cite ensuite la même citation des
Bucoliques que Donat.
622. Le substantif
"natalis" au sens d᾽anniversaire est également attesté, entre
autres, chez Cicéron (Att. 7, 5, 3), Horace (Ep. 2, 2, 210) et
Pline le Jeune (Ep. 6, 30, 1).
623. Donat entend par "initiabunt" les différentes phases
d᾽apprentissage dans le développement de l᾽enfant qui, comme toute
étape de la vie d᾽un Romain, revêtaient le caractère sacré d᾽une
divinité. Varron dans ses
Logistorici, Frag. 6, vers
2, cite notamment les déesses Cuba, qui apprend à l᾽enfant sevré à
se tenir tranquille dans son lit (en latin "cubile"), Educa (ici
"Edulia"), qui lui apprend à manger, et enfin Potina, qui lui
apprend à boire : cf. Aug. Civ., 4, 11 ; Dave souligne que tous
ces apprentissages étaient certainement salués à l᾽excès par des
cérémonies qui faisaient l᾽objet de cadeaux, infortunes du pauvre
et dévoué Géta.
624. Cette attention à la conformité de
la palliata avec les mœurs athéniennes se retrouve dans le
commentaire des vers
125 et
844.
625. "Mittundi" est propre car, comme on le voit dans
L᾽Eunuque, on faisait envoyer les cadeaux que des
esclaves apportaient.
626. Noter le phénomène de clôture du
commentaire de cette scène, qui se termine, comme il avait
commencé, sur la notion d᾽"insinuatio".
627. "Causa commutandae orationis" peut se comprendre
de deux façons : "raison de changer de type de discours", et
"raison d᾽introduire un interlocuteur", c᾽est-à-dire "d᾽instaurer
un dialogue" ; mais les deux traductions reviennent au même,
puisque, si un dialogue commence, le type de discours
change...
628. C᾽est
précisément la définition de cette catégorie.
629. "L᾽autre" est Géta, qui
effectivement a utilisé le nominatif dans
"quis...rufus".
630. L᾽adverbe de lieu en question est "obviam".
631. "Petitio" est le mot technique pour désigner en
justice la procédure de réclamation. Donat sous-entend donc ici
que la scène pourrait prendre l᾽allure d᾽une controverse
judiciaire, mais qu᾽elle ne le fait pas. Voir infra.
632. Les deux
interprétations (celle de Donat et celle prêtée à d᾽autres, qui ne
sont pas nommés) sont en réalité tout à fait compatibles.
L᾽adjectif "lectus" est le participe passé de "lego" ("lire", mais
dont le sens premier est "ramasser, recueillir"), pris
adjectivement, et il signifie "choisi, de choix, d᾽élite", ce qui
va dans le sens de la synonymie postulée par Donat avec "bonus" ou
"splendidus".
633. Donat rapporte ici plaisamment
la manie d᾽utiliser des sentences à une tendance à bougonner
contre la situation actuelle. De ce fait, on peut se demander s᾽il
accorde quelque crédit à la valeur morale de cette remarque, ou
s᾽en amuse seulement.
634. "Imago" est
ici pris au sens de "représentation mentale", d᾽où notre
traduction de "consuetudinis imago" par "lieu commun".
635. La
logique n᾽est pas très claire entre les deux scholies. La première
suppose que "redire" ne soit pas pris dans le sens propre que
suppose la seconde, mais Donat paraît confondre deux plans. Sur le
plan de l᾽intrigue, effectivement, "redire" ne peut pas s᾽employer
dans le sens propre défini par la scholie 3, puisque la situation
du personnage s᾽améliore considérablement avec ce remboursement,
mais dans la logique interne de la maxime, le verbe est bel et
bien employé au sens propre, puisque la corruption des mœurs que
stigmatise la maxime est bel et bien une dégradation.
636. On
voit mal, de toute façon, comment on pourrait prononcer sur le
mode interrogatif cette vérité générale énoncée par Dave.
Peut-être pourrait-on voir dans l᾽ironie de la réflexion une mise
en question des réactions et des comportements... Dave pourrait
alors s᾽interroger sur les mœurs de son temps et la tournure
interrogative pourrait signaler l᾽étonnement et l᾽incongruité de
la situation.
637. Le caractère
"accommodatus" du discours et du personnage qui le prononce sont
loués par Horace (AP. 119-120) comme un signe évident de bonne
poésie. Cette remarque anodine prend donc une valeur axiologique
et signale aux élèves l᾽art du poète.
638. Remarque particulièrement importante.
L᾽exposé des données nécessaires à la compréhension de l᾽intrigue
paraît naître d᾽une question anodine de Dave, ce qui lui confère
évidemment un naturel qu᾽il n᾽aurait pas dans un monologue
d᾽exposition traditionnel. Si Donat remarque que cela cache la
composition, c᾽est qu᾽en réalité on peut supposer que l᾽intrigue
sera ailleurs que dans ces éléments donnés pour ainsi dire en
passant.
639. On voit
mal ici ce que Donat considère comme une aposiopèse, à moins de
supposer une indication scénique implicite. Si Géta coupe la
parole à Dave, ce que rien dans le texte ne permet d᾽affirmer, il
y a effectivement aposiopèse.
640. L᾽oscillation entre
tournure déclarative et interrogative est la clé du dialogue et du
suspens de la scène.
641. Il y a sans doute ici
une réminiscence des "cupita" et de la "prolepsis" stoïciens ;
mais sûrement Donat se souvient-il aussi de l᾽image de l᾽attelage
présente dans le
Phèdre de Platon, ainsi que d᾽un
passage des
Tusculanes de Cicéron (IV, 11, 10) :
"Partes autem perturbationum uolunt ex duobus opinatis bonis nasci
et ex duobus opinatis malis ; ita esse quattuor, ex bonis
libidinem et laetitiam, ut sit laetitia praesentium bonorum libido
futurorum, ex malis metum et aegritudinem nasci censent, metum
futuris, aegritudinem praesentibus ; quae enim uenientis
metuuntur, eadem adficiunt aegritudine instantia" (et comme il y
a, dans l᾽opinion des hommes, deux sortes de biens et deux sortes
de maux, les Stoïciens divisent les passions en quatre genres :
deux, qui regardent les biens ; deux, qui regardent les maux. Par
rapport aux biens, la cupidité et la joie : la cupidité, qui a
pour objet le bien futur ; la joie, qui a pour objet le bien
présent. Par rapport aux maux, la tristesse et la crainte : la
tristesse, qui a pour objet les maux présents ; la crainte, qui a
pour objet les maux futurs).
642. Donat
souligne un enjeu majeur du réalisme et de la fiction littéraire,
en soulignant les choix conventionnels de l᾽auteur.
643. Remarque étrange :
Donat anticipe, puisqu᾽il considère que le récit commence ici sur
des éléments qu᾽il présentera bien plus tard. Force est donc de
considérer que, malgré le dialogue, toute la suite ne constitue à
ses yeux qu᾽une unique "narratio".
644. "Alias" peut faire référence aux autres comédies de
Térence, puisque "insciens" n᾽est employé qu᾽une seule fois dans
le
Phormion (voir en revanche And. 782, Heaut.
632-633, et 970).
645. La "sententia" est en réalité
"cuius tu fidem in pecunia perspexeris uerere uerba ei credere".
La "fides" désigne l᾽honnêteté de celui qui fait un emprunt et
s᾽engage donc à rembourser. Donat souligne la portée générale du
propos et la tournure sentencieuse. Ce qui relève du "sententiose"
est évidemment ici la brièveté de la formule et son caractère
général et moral.
646. Montrer la
fonction dramaturgique du dialogue dans les scènes d᾽exposition
est une constante chez Donat, ainsi Andria 1, 1.
647. C᾽est-à-dire de l᾽argent aux paroles. Il est
plus difficile de payer sa dette que de payer quelqu᾽un de
paroles.
648. A cause du préverbe qui implique un examen minutieux, si
on le comprend comme un intensif sur le modèle de "perficere".
649. L᾽allitération en vélaire /w/ "uerere uerba"
participe évidemment ici à l᾽emphase du propos.
650. L᾽argument est en fait : à qui profite le crime ?
Il est ici employé de façon détournée par Donat, puisque ce que
veut dire Dave, ce n᾽est pas "à qui profiterait ma tromperie ?",
mais "quel profit aurais-je à te tromper ?".
651. Autrement dit, Dave ne dit pas qu᾽il s᾽abstiendra
de le tromper parce qu᾽il est honnête, mais parce que cela ne lui
rapporterait rien. Cette scholie peut avoir deux sens : soit il
n᾽est pas conforme au caractère d᾽un esclave d᾽utiliser l᾽argument
par l᾽honnête, ce qui lui suppose une conscience morale supérieure
à sa condition, soit, dans la liste des lieux communs possibles
pour prouver sa bonne foi, l᾽esclave choisit l᾽argument "cui bono"
plutôt que celui de l᾽"honestum". La première interprétation
paraît la plus plausible.
652. Parce qu᾽elle en appelle à l᾽interlocuteur, la
question est plus propre à persuader que la simple
affimation.
653. La seconde main, qui croit
expliciter le commentaire de Donat, trahit en réalité l᾽intention
du commentateur. Donat considère en effet "ergo" comme une sorte
d᾽interjection visant à faire accélérer la prise d᾽une décision
(fr. "allons donc"). La citation virgilienne va exactement dans ce
sens. La remarque dramaturgique de la seconde main fait de "ergo"
un adverbe marquant clairement une conséquence : "si tu veux que
je te raconte mon histoire, il faut donc que tu te
taises".
654. Il s᾽agit d᾽un commentaire sur
les "nomina relatiua". "Nostri" s᾽oppose à "alienus" (Géta et
Dave) comme "maior" à "minor" (Chrémès et Démiphon), "senex" à
"adulescens" (Démiphon et Antiphon) et "frater" à "frater"
(Chrémès et Démiphon). Noter une erreur chez Marouzeau (1984) dans
la présentation des personnages, où Dave est présenté comme
esclave de Démiphon ; or l᾽acte 1, scène
1 rend cette attribution impossible, puisque Dave
est notoirement étranger à cette famille.
655. Le "quasi" qu᾽emploie Donat est
difficile à expliquer ; Géta pose bel et bien une question ;
peut-être Donat veut-il simplement souligner que cette question,
en plus de viser à lancer la conversation directement sur le sujet
(comme il le dit immédiatement après), est purement oratoire et ne
constitue donc pas une interrogation réelle.
656. En fait la réplique commentée et la citation
de Virgile ont en commun de présenter des questions qui donnent
plusieurs renseignements sur l᾽identité d᾽un personnage. Il en va
de même avec le passage de Virgile et le vers de
L᾽Eunuque cités pour illustrer ce procédé, qualifié
d᾽économie ("compendium"). Le "compendium", ici, consiste à
résumer comme Donat vient de l᾽expliquer la situation familiale en
quelques mots afin de ne pas avoir à remonter toute l᾽histoire de
la famille. La question, qui est un appel à l᾽évidence, limite en
réalité, par la connaissance que l᾽autre personnage est supposé en
avoir, le récit des éléments antérieurs à ce qui est indispensable
au spectateur.
657. Le lien entre cette citation et le texte de
Térence est assez difficile à établir ; tout au plus peut-on noter
que le propos cité, qui est celui de Sinon au livre II de
L᾽Enéide, a pour but d᾽introduire le discours, et ne
constitue pas une véritable question ; il pourrait se rapprocher
en cela de la question que pose Géta à Dave (cf. note
précédente).
658. Remarque de syntaxe, précisément d᾽ordre
des mots. Donat explique (avec quelque implicite) qu᾽il y a une
prolepse du groupe "iter illi in Lemnum", qui se trouve en fait
être le sujet de la subordonnée "ut esset". Il faut donc
reconstituer selon l᾽ordre standard "euenit ut esset illi iter in
Lemnum etc.".
659. Du point de vue de l᾽intérêt du spectateur en
particulier, car le spectateur, s᾽il veut trembler pour les
personnages et ne pas se douter tout de suite du dénouement, doit
ignorer la double vie de Chrémès.
660. Donat
relève la volonté de Térence de développer l᾽intrigue par petites
touches sans lasser le spectateur ou bien sans l᾽inonder
d᾽informations.
661. C᾽est-à-dire, sans doute, servent à son
récit.
662. Donat souligne
que le pluriel "epistolas" est beaucoup moins ambigu que
"litteras" qui, de toutes façons, dans ce contexte ne s᾽emploie
qu᾽au pluriel pour désigner même une seule lettre.
663. Le
rapprochement avec Ulysse et ses ruses laisse supposer que l᾽ami
de Démiphon n᾽a pas que de bonnes intentions.
664. Le propos de Donat est ici obscur. L᾽hyperbole
proverbiale dont parle le commentateur est "polliceri montes", que
l᾽on trouve, effectivement, chez de nombreux auteurs. La suite du
commentaire pose davantage problème : on peut comprendre que, si
on ajoute à "polliceri montes" "modo non", on peut exprimer aussi
bien la supériorité que l᾽infériorité ou l᾽égalité ; autrement
dit, que cette expression peut vouloir dire aussi bien "promettre
une grande quantité d᾽or", que "promettre un peu d᾽or" ou que
"promettre de l᾽or" ("modo non" annulant alors "montes" pour
donner un sens plus neutre). La difficulté est en fait qu᾽il y a
hyperbole seulement si "modo non" exprime la supériorité, et que
les deux autres sens (infériorité et égalité) consistent à prendre
"modo non" au sens propre, et donc à abandonner la lecture
euphémique.
665. L᾽hospitalité, vertu essentielle chez les
Anciens, est définie par un ensemble de pratiques très codifiées.
L᾽hôte, ou ξενοδόχος, reçoit l᾽étranger avec le salut amical, on
pratique le serrement de mains, on fait apporter de l᾽eau pour les
ablutions, parfois un bain chaud et un repas. L᾽étranger, quant à
lui, exprime des vœux de bonheur pour l᾽hôte et sa famille. C᾽est
au départ que l᾽hôte et l᾽étranger s᾽échangent des cadeaux, les
δῶρα ξεινήϊα. On trouve des exemples de ces présents chez Homère :
Il., 6,
218 ou bien Od. 1, 313 ; 8,
357 ; 8, 389 ; 15, 75 ; 19,
281 et
24, 273.
666. C᾽est d᾽ailleurs plus explicite dans la suite du
commentaire, puisque le lemme suivant est "cui tanta...".
667. Pour deux raisons : le jeune homme n᾽aura pas d᾽argent,
car son père a veillé à ce qu᾽il ne puisse rien dépenser en son
absence, et le père ne tolèrera pas qu᾽il épouse sans dot (voir
70, 1).
668. La remarque est sans doute liée à la présence possible
de l᾽élision de "me" devant "esse". Soit on élide en considérant
que c᾽est la finale de "me" qui est élidée (et en conséquence on
accentuera "ésse"), soit on élide en considérant que c᾽est
l᾽initiale de "esse" qui est élidée (et on accentuera "mé"). Pour
créer l᾽effet comique "o regem me", Donat a besoin de cette
dernière prononciation. On peut aussi comprendre, comme
Kauer-Lindsay (1926) dans l᾽édition Oxford de Térence, qu᾽il n᾽y a
pas élision, mais double abrègement du "e" dans "me" et "esse".
Dans ce cas, l᾽absence d᾽élision provoque évidemment
l᾽accentuation.
669. Donat
rapproche de manière étonnante les deux termes "magister" et
"paedagogus". Le "magister" latin renvoie au maître d᾽école, celui
qui enseigne. On peut donc se demander s᾽il ne s᾽agit pas du terme
"paedagogus" pris dans son sens latin, car, en Grèce, il ne
renvoie qu᾽à l᾽esclave chargé d᾽accompagner l᾽enfant à ses leçons.
A Rome, le pédagogue n᾽apparaît que vers la fin de la République,
au moment où l᾽étude du grec devient l᾽un des objets essentiels de
l᾽éducation. Pour enseigner le grec aux enfants, on commença à
engager un gouverneur de naissance grecque. Comme le pédagogue
grec, il accompagne les enfants dans toutes ses sorties mais a
vocation à participer à l᾽apprentissage de l᾽enfant.
670. Une autre
étymologie pour "provincia" est donnée par Paul-Diacre dans
l᾽abrégé de Festus : "prouinciae appellantur quod populus Romanus
eas prouicit, i.e. anteuicit" (elles reçoivent le nom de
"prouinciae" parce que le peuple romain les a vaincues à l᾽avant,
"prouicit", c᾽est-à-dire les a vaincues auparavant, "anteuicit").
Isidore de Séville (Orig. 14, 5, 19) propose un rapprochement avec
"procul" : "Prouinciae … ex causa uocabulum acceperunt.
Principatus namque gentium, qui ad reges alios pertinebat, cum in
ius suum Romani uincendo redigerent, procul positas regiones
prouincias appellauerunt" (Les provinces tirent leur nom de
"prouinciae" par une étymologie causative. De fait, l᾽hégémonie
sur les nations, qui était le fait de rois étrangers, lorsque par
la victoire, "uincendo", les Romains la soumettaient à leur propre
pouvoir, ils donnèrent à ces régions situées au loin, "procul", le
nom de "prouinciae"). Ernout-Meillet, dans le DELL (Dictionnaire
Étymologique de la langue latine) suggèrent l᾽hypothèse d᾽un mot
d᾽emprunt déformé par de nombreux rapprochements.
671. Le lien entre la
citation et le texte de Térence semble assez lâche ; le point
commun est manifestement dans l᾽emploi du possessif déterminant le
nom "deus" : "deo [...] meo" chez Térence, "dei [...] sui" chez
Virgile.
672. La manière dont Donat se situe par rapport au
commentaire d᾽Asper n᾽est pas très claire. Apparemment la citation
d᾽Asper est limitée au rapprochement virgilien, mais précisément
le rapprochement virgilien s᾽opère parce que le poète dit "dei
sui" là où le personnage comique dit "deo meo". Donat ne fait donc
en réalité qu᾽expliciter la remarque d᾽Asper, qu᾽il illustre de la
citation du
Stalagmus effectivement plus parlante que
celle de Virgile.
673. On peut
également comprendre "à moins qu᾽il ne s᾽agisse vraiment d᾽un dieu
("deus") ?".
674. Donat fait remarquer ici
la construction avec un infinitif présent, alors que "memini", en
sa qualité de verbe de mémoire, est en général associé à un
infinitif parfait.
675. Géta aime les
modalisateurs apparemment, voir au vers 69. Ou alors s᾽agit-il de
son goût pour les questions ?
676. Autrement
dit, Donat juge ce dicton trop noble pour un personnage comique,
peut-être à cause de son contenu social et de sa portée générale.
Le caractère de soumission au destin que suppose cette maxime la
rend effectivement proche de l᾽attitude des personnages tragiques.
Elle n᾽a donc rien à faire ici, sauf à jouer sur du paratragique
ou du paraépique (cf. Sil. 5, 225-226).
677. Donat suppose
que "calces" est l᾽accusatif complément d᾽un verbe sous-entendu,
qu᾽il propose de suppléer avec "iactare". Le proverbe signifie
alors "c᾽est folie que d᾽agiter les talons devant l᾽aiguillon",
voire, selon la scholie 78.3, "c᾽est folie de donner des coups de
pieds à l᾽aiguillon qu᾽on t᾽oppose". Mais le proverbe ne paraît
pas cité sous une forme abrégée (qui donnerait peut-être seulement
"aduersum stimulum calces" et non pas "inscitia est aduersum
stimulum calces"). Pourquoi, à tout prendre, ne pas terminer le
proverbe ? Du coup, on peut se demander si "calces" n᾽est pas
plutôt le subjonctif de "calcare" dans un tour avec parataxe qui
s᾽interprète, sans ellipse, "c᾽est folie que de piétiner
l᾽aiguillon qui te fait face". Le verbe "calcare", attesté chez
Caton, peut tout à fait être connu de Térence.
678. Effectivement, le vers de Virgile cité par Donat
n᾽illustre pas le sens de "calces", présent chez Térence, de "coup
de pied" (à supposer qu᾽il ne faille pas comprendre avec le verbe
"calcare", voir la note précédente), mais un autre, celui de
"talon".
679. Donat veut dire que "forum" a trois sens possibles,
qu᾽il énumère du plus général au plus contextuel. Le sens local
est celui de "place publique". Le sens temporel est celui de "jour
de marché". Le troisième sens, désigné ici par le mot "persona",
est métaphorique et contextualisé, car il désigne les jeunes gens,
dont il a su tirer le meilleur parti.
680. Donat relève l᾽ironie de l᾽adverbe, qui suggère à
mots couverts la suite de l᾽intrigue. La réplique du personnage
est donc à double détente.
681. "Quisquam", semi-négatif,
est inutile avec "nemo" négatif. On pourrait traduire par
"personne de personne", "rien de rien".
682. Puisque Phédria n᾽est pas son
maître.
683. Même remarque en
Eun.
132 et suiv.
684. Donat joue sur les deux sens de "perdite". Il l᾽aime
éperdument, mais il se perd en l᾽aimant, parce qu᾽elle est trop
jeune et que son art ne dit rien qui vaille, associé qu᾽il est à
la prostitution.
685. Faut-il comprendre "honeste" au sens où il n᾽y a pas
de mot malsonnant pour expliquer le commerce du leno, qui n᾽est
dit que "très impur" ? Est-ce que Donat voit dans la réplique de
Géta une forme de gêne qui le forcerait à passer très vite sur
cette information concernant la jeune fille ? Ou faut-il voir dans
"honeste" (c᾽est plus probable) un sens métalinguistique,
comparable à ce qu᾽on lit chez le lexicographe Nonius (ainsi son
livre 3, qui s᾽intitule "De honestis et noue ueterum dictis"), et
qui mène non pas vers la "moralité" du propos mais vers la
"proprietas uerborum", le sens propre des mots ?
686. Donat explique en partie la plaisanterie dans
les deux scholies suivantes. Les verbes employés font allusion aux
disciples qui suivent partout les orateurs, par exemple, pour
s᾽imprégner de leurs leçons (cf. Tac. Dial. 2), mais aussi à des
réalités plus physiques comme le montre la scholie 3.
687. La note de la seconde main "hinc et
philosophorum sectae" n᾽est pas d᾽une grande précision
grammaticale. Elle s᾽inspire peut-être du commentaire de
L᾽Eunuque (262) : "᾽sectari iussi᾽ proprie, nam et
sectae philosophorum ab hoc significatu dictae sunt". D᾽après
Ernout-Meillet (DELL), le lien entre "sectari" et "secta" est
l᾽inverse de celui postulé par Donat et c᾽est "sectari" qui vient
de "secta". Mais les lexicographes antiques ne se soucient guère
de ces précisions et c᾽est le lien entre deux mots, davantage que
la direction de la dérivation, qui leur importe.
688. Notons que le
manuscrit V cite plus longuement Virgile, puisqu᾽il mentionne les
vers
63 à
65 de la deuxième Bucolique, et non le seul vers 65.
Néanmoins, la citation donnée par le manuscrit est inexacte. Le
texte dit en effet "torua lena lupum sequitur lupus ipse capellam
S. c. s. l. t. c. o. a. t. s. q. u.", alors que Virgile écrit
"torua leaena lupum sequitur, lupus ipse capellam, / florentem
cytisum sequitur lasciua capella, / te Corydon, o Alexi ; trahit
sua quemque uoluptas". La citation de Virgile explique de manière
euphémistique pourquoi certains animaux en suivent ainsi
d᾽autres.
689. L᾽esclave tend en effet souvent à s᾽identifier avec
son maître. Toutefois cette première explication est en partie
contredite par les scholies suivantes où Donat considère plutôt
que "nos" désigne Géta et Antiphon.
690. C᾽est apparemment une
syllepse de cas sur "ludo".
691. On peut également comprendre "᾽ex᾽
abundanti additum, ut apud ueteres multa sunt", c᾽est-à-dire "᾽ex᾽
est ajouté de façon pléonastique, comme c᾽est souvent le cas chez
les Anciens". Dans ce cas, il s᾽agit du "ex" de "ex aduersum".
Quoi qu᾽il en soit, ce lemme semble démontrer que Donat construit
son commentaire en travaillant sur une version annotée du texte de
Térence, donc à partir du commentaire (fût-il sous forme de notes
éparses) d᾽un autre. Asper? Probus?
692. Ces deux pléonasmes sont plus que contestables.
"Quaedam tonstrina" désigne "une certaine boutique" ,dont il ne
dit rien de plus parce que ce n᾽est pas le lieu, et "fere
plerumque" équivaut à "presque tout le temps". On voit mal ici ce
que Donat tient pour redondant.
693. Le pléonasme (pour le
moins ténu) porte sur l᾽emploi consécutif de "inde" et de
"domum" : "elle s᾽en aille de là chez elle". Dans cette section,
Donat semble avoir sorti sa fiche sur le pléonasme...
694. Pour comprendre le rapport entre la citation
virgilienne (En. 2, 548) et le texte de Donat, il faut comprendre
que Donat voit dans le "illi" virgilien un adverbe de lieu de la
question "ubi" (d᾽où le rapprochement avec "ibi"), variante de
"illic", ce qu᾽il n᾽est pas, selon l᾽interprétation ordinaire,
puisqu᾽il renvoie directement à "Pelidae genitori" et s᾽interprète
comme le datif du pronom ("referes ergo haec et nuntius ibis/
Pelidae genitori. Illi mea tristia facta/ degeneremque Neoptolemum
narrare memento"). Donat comprend donc le vers de Virgile ainsi :
"là-bas [aux Enfers], rappelle-toi de dire mes sinistres exploits
et que Néoptolème dégénère de ses ancêtres".
695. La coutume de se couper les cheveux lorsque l᾽on
porte le deuil est effectivement grecque. Hérodote signale cette
coutume en 1,
82 lors de la défaite
de Thyréatis. Les Argiens se coupèrent les cheveux en signe de
deuil.
696. Les deux scholies sont
pour le moins obscures. Si l᾽on peut comprendre que les jeunes
gens aient peu de raison de pleurer, on ne voit guère quel est le
lien "inverse" avec "tristis senectus". Sans doute faut-il
comprendre et donc traduire "les larmes sont étonnantes, … vu
qu᾽on dit au contraire ᾽tristis senectus᾽". La seconde scholie
présente une citation (En. 4, 421-422) apparemment sans aucun
rapport avec le sujet : "miserae hoc tamen unum/exsequere, Anna,
mihi ; solam nam perfidus ille/ te colere, arcanos etiam tibi
credere sensus". Toutefois Servius explique le lien en commentant
ainsi : "infinitus pro indicativo". Ce vers devait donc servir de
modèle grammatical pour l᾽infinitif de narration.
697. Pour l᾽opposition "in loco"/"ad
locum", cf. Cledonius,
Ars, GL V, 21, 7 : "ad locum
aduerbia haec sunt, huc illuc illo istoc ; in loco ista sunt, hic
illic ubi ibi istic" (les adverbes pour le lieu où l᾽on va sont
"huc", "illuc", "illo", et "istoc", les adverbes pour le lieu où
l᾽on est sont "hic", "illic", "ubi", "ibi", et "istic"). Quant au
mot "uiciniae", qui accompagne ici les adverbes de lieu proprement
dits, il est au locatif et, par là, on ne s᾽attendrait pas à le
trouver en addition d᾽un adverbe illatif. Mais dans un tour comme
"huc uiciniae", il y a deux processus de localisation
concomitants, l᾽un relevant de l᾽illatif, l᾽autre, relevant de la
situation d᾽énonciation et caractérisant une référence à l᾽endroit
même où le locuteur se trouve au moment même où il dit ce qu᾽il
dit.
698. On trouve ici l᾽idée que la mort n᾽est tolérable
en comédie que si elle est un moyen d᾽arriver à un dénouement
heureux, lequel est obligatoire ; c᾽est en ce sens qu᾽il faut
comprendre la sécurité dont parle Donat : c᾽est celle qui
caractérisera la fin de la pièce, où la stabilité et la
tranquillité seront retrouvées.
699. Et non à
"matrem".
700. Effectivement, on pourrait considérer que
"mortuam" est le sujet de "lamentari". Mais si c᾽est possible d᾽un
point de vue purement grammatical, cela ne donne aucun
sens.
701. Ce n᾽est pas tant lié à la pauverté
qu᾽au fait que la jeune fille, n᾽ayant ni parents, ni amis, ni
connaissance pour veiller étroitement sur elle, est en réalité
livrée à la merci de tous les galants : cf. 98, 4.
702. On a ici une
preuve supplémentaire du classement des figures. L᾽amplification
est dite de la deuxième catégorie parce que ("quia") il y a
corrélation de deux faits bien particuliers : la diminution du
sens et l᾽allongement de la phrase.
703. La phrase de
Salluste procède de la même manière : amplification par le
balancement "non modo...sed" (qui répond au balancement
"neque...neque" de Térence), puis développement du deuxième
élément du balancement par "deditis quidem armis" (chez Térence,
le développement était "extra unam aniculam"). Le parallèle entre
le texte de Salluste et celui de Térence ne réside donc pas dans
une diminution du sens, qui n᾽existe pas chez Salluste, mais dans
le double phénomène d᾽amplification et d᾽allongement de la
phrase.
704. Il s᾽agit de l᾽anaphore de "neque".
705. Donat souligne
sans doute le fait que la pauvreté de la jeune fille n᾽oblige pas
les jeunes gens à respecter les convenances et les autorise donc à
s᾽adresser directement à elle.
706. Cf. par exemple And.
99 et Ph. 75. Donat relève dans cette
réplique la volonté de Térence d᾽en venir rapidement aux faits
mais on peut y voir aussi une façon de garantir une certaine
vivacité, un certain dynamisme dans le discours.
707. C᾽est-à-dire, préparation de la scène de
rencontre.
708. Donat commente ici l᾽emploi de
l᾽infinitif final. Ce devait être soit un exemple de grammaire ,
soit un commentaire que Donat faisait dans son explication de
L᾽Enéide, puisqu᾽on trouve le même commentaire chez
Serv. Auct. En. 1, 527 : "quidam ᾽populare᾽ pro ad populandum vel
pro populatum accipiunt".
709. Donat relève
le choix de la phrase nominale qui concentre tout le propos, qui
est à la fois thème et rhème de la phrase. Voir 104,
4 pour le rattachement de cette figure à la
"breuitas" et aux figures de l᾽hypotypose. Ce choix stylistique de
Térence rentre en compte dans la manière de jouer la réplique ; il
confère plus de vivacité dans le discours de Géta.
710. Donat est peut-être allé un peu trop vite en parlant
de sens propre, "proprie". Le sens propre d᾽"aderat" est plutôt
"être auprès de". Le sème d᾽᾽aide᾽ est portée par "adiumenti", non
par "aderat".
711. Sans doute faut-il comprendre que
l᾽emploi de "capillus" au singulier est déterminé par le fait que
le grec utiliserait ici (et peut-être Apollodore dans l᾽original)
le singulier θρίξ.
712. Toutes ces citations ont pour but d᾽illustrer
l᾽emploi de "ipse". "Ipse" (ou "ipsa" selon les illustrations)
représente la personne entière, dont une partie du corps est
détachée comme autonome, extérieure à la personne.
713. Servius et l᾽auctor commentent de même le vers
virgilien cité en appui (En. 5, 402) : "nam utraque manus armatur.
Auct. et ᾽manum᾽ pro ᾽manus᾽".
714. A cause de l᾽emploi de "uis" qui conserve son sens
de "force".
715. Ernout-Meillet (DELL) considèrent
le rapprochement entre "forma" et "formus", "fornax", etc., comme
une étymologie populaire (que l᾽on trouve également dans l᾽abrégé
de Paul-Diacre). On ne la trouve chez aucun autre grammairien que
Donat. "Formus" (de la même racine que le grec θερμός, "chaud")
est un adjectif qui n᾽est plus conservé que chez les grammairiens
et lexicographes pour expliquer "forceps", nom d᾽une pince qui
sert à attraper ("-cep", de "capio") les objets chauds ("formus")
ou des noms du fourneau. Quant au substantif "forma", il n᾽a pas
d᾽étymologie satisfaisante.
716. C᾽est-à-dire en reprenant la métaphore du feu.
717. Donat considère
généralement qu᾽il y a "plokè "quand le même mot est répété avec
deux natures différentes (nom et participe par exemple). Ici il
s᾽agit de deux sens différents du même substantif, qui signifie
d᾽abord "apparence" puis "beauté".
718. Rappelons que, pour Donat, prépositions et
préverbes sont la même chose.
719. Il existe un adjectif "formus" apparenté à
"θερμός" et qui n᾽a rien à voir avec "forma" et "formosus" (cf. la
note à 107.3). Donat semble, par étymologie populaire, confondre
les deux séries en une seule, comme s᾽il s᾽agissait en fait de
deux emplois différents du même mot. C᾽est pourquoi il parle de
πλοκή.
720. "Indifferenter" est ici un adverbe
métalinguistique, qui signale que "citharistria" et "fidicina"
sont d᾽exacts synonymes, entre lesquels n᾽existe aucune
"differentia".
721. Ici,
évidemment, l᾽aposiopèse suppose que l᾽auditeur complète en
imagination les éléments du récit qui ne lui sont pas donnés,
c᾽est-à-dire les épanchements du jeune homme. On se souviendra que
la brièveté participe du caractère persuasif de la
narration.
722. Il y a changement
de sujet entre les deux propositions coordonnées par "neque".
C᾽est le poète qui fait que c᾽est la vieille qu᾽on aborde, mais
c᾽est le jeune homme qui demande à la vieille de l᾽aider. Cette
rupture a pu justifier la correction proposée par Estienne de
"petit" (unanime dans les manuscrits) en "peti", car cette
modification a pour effet que l᾽on n᾽a plus besoin que d᾽un seul
sujet (implicitement Térence). Mais nous revenons au texte des
manuscrits, car il est usuel que Donat laisse le sujet de la
proposition implicite d᾽une manière telle qu᾽il est souvent
impossible de déterminer s᾽il pense au poète ou au personnage. Le
glissement de l᾽un à l᾽autre, que nous supposons ici, ne doit donc
pas le gêner outre mesure. Même effet sans doute dans la scholie
136.
2 (avec glissement d᾽un
personnage à l᾽autre).
723. Si le terme ne suppose
pas un jeu de scène, il faut comprendre que c᾽est "recta" qui
porte l᾽emphase.
724. On peut
s᾽étonner que ce soit sur "illam" que porte l᾽emphase, on
s᾽attendrait plutôt à voir l᾽emphase sur "ciuem". Il peut s᾽agir
d᾽une remarque de métrique. En effet, au vers précédent, le "i" de
"illa" est abrégé, alors qu᾽ici il ne l᾽est pas.
725. On retrouve ici des
éléments de la "commendatio", c᾽est-à-dire de la manière de faire
paraître une personne sous le jour le plus avantageux possible :
sur le plan juridique elle mérite le respect, mais plus encore en
raison de ses qualités morales. Evidemment cela prépare le
dénouement.
726. Ici Donat énumère les différents degrés (positif,
comparatif, superlatif) de l᾽adjectif irrégulier "bonus", de même
qu᾽il énumérait plus haut (v. 37) les degrés des diminutifs de
"paulum".
727. Donat
souligne qu᾽on continue la "commendatio" par le "genus" cette
fois. C᾽est ce qui expliquera la scholie 3. Cette jeune fille a
tout pour être une bonne épouse pour un citoyen athénien.
728. Suivant la ponctuation le sens change ainsi : s᾽il
la veut pour légitime épouse qu᾽il le fasse, ou bien s᾽il la veut
pour épouse, il est en droit de le faire. Dans le premier cas il
s᾽agit de souligner que la vieille récuse toute liaison hors
mariage pour sa protégée, dans l᾽autre de souligner que la jeune
fille étant libre, il faut procéder conformément à la loi qui
interdit d᾽épouser des esclaves, mais impose d᾽épouser une femme
libre avec qui on veut avoir des relations.
729. Donat paraît comprendre que
l᾽expression vague "licere facere" peut désigner toute sorte
d᾽activités y compris celles que vise le jeune homme...
730. Renvoi aux "themata" de l᾽école, la
délibération étant ici : un jeune homme tombe amoureux d᾽une jeune
fille pauvre dont on lui dit qu᾽elle est libre. En l᾽absence de
son père doit-il l᾽épouser ? Les arguments se partagent évidemment
entre le respect dû au père et le souci de ne pas déshonorer une
jeune fille libre.
731. Donat signale l᾽emploi de "nescire" comme infinitif de
narration, qu᾽on pourrait remplacer par un indicatif imparfait, et
fait remarquer que les verbes suivants, qui lui sont coordonnés,
sont, de fait, à l᾽imparfait.
732. Sur la construction qu᾽on comprend sans tenir
compte du rejet : il désirait et redoutait à la fois de l᾽épouser,
ce qui introduit la délibérative.
733. L᾽ambiguïté évoquée est sur la portée de la
coordination : "illam ducere" peut, dans un premier temps, être
compris comme en facteur commun des deux verbes ("il désirait et
craignait le mariage avec elle") ; mais la suite montre qu᾽il faut
renoncer à ce facteur commun et comprendre "il désirait le mariage
et craignait son père".
734. La citation d᾽En. 5,
64 ne se comprend que développée : "si nona
diem mortalibus almum/ Aurora extulerit radiisque retexerit orbem,
/ prima citae Teucris ponam certamina classis" (dès que la
neuvième aurore aura apporté aux mortels son jour bienfaisant et
aura à nouveau recouvert l᾽orbe de ses rayons, je proposerai aux
Troyens un premier prix pour une régate). L᾽auctor de Servius
donne la même explication à "si" : "in hoc loco aut pro
confirmatiua posita est, ut ᾽uestro si munere tellus᾽, ut sit ᾽si᾽
pro ᾽cum᾽, id est ᾽cum uenerit᾽ : aut ᾽si᾽ pro dubitatiua est, ut
accipiamus ᾽almum᾽ ᾽serenum᾽, id est ᾽si dederit diem serenum᾽ et
talem qualis ludis aptus est (ici, soit il vaut une particule de
confirmation, comme dans "uestro si munere tellus", ce qui donne à
"si" la valeur de "cum", équivalant à "cum uenerit", soit "si"
vaut une particule de doute, en sorte que nous interprétions
"almum" comme "serenum" (temps serein) ce qui revient à dire "si
dederit diem serenum", au cas où il ait donné un beau temps,
susceptible d᾽accueillir des jeux).
735. Comprendre
que ce qu᾽il fallait ajouter et qui fait tout le danger de la
pièce, c᾽est "indotatam", c᾽est-à-dire le fait que la jeune fille
soit dépourvue de dot, alors même que Démiphon est cupide.
736. Le vieillard constitue évidemment l᾽obstacle le plus
difficile à franchir en raison de son avarice qui lui fera refuser
un mariage sans dot.
737. L᾽ajout de "quamuis" que propose Donat est
ambigu. On peut comprendre, comme nous le faisons, en faisant de
"quamuis" une conjonction (ou un adverbe) à valeur concessive
("quelque vierge qu᾽elle soit, elle est tout de même sans dot").
Mais il est bien possible que "quamuis" soit l᾽accusatif féminin
du déterminant, aiguillant vers "n᾽importe quelle fille sans dot".
La formulation de Donat, avec l᾽adverbe "simpliciter" (qui
implique seulement que l᾽élément considéré est sans
accompagnement), laisse libres les deux
interprétations.
738. Cf. Augustin,
Regulae, GL V, 518, 13 : "sunt aduerbia […]
ordinandi, ut deinde denique" (il y a des adverbes qui servent à
exprimer une succession, comme "deinde" et "denique").
739. Il s᾽agit d᾽une natte de jonc qui
servait à la confection de corbeilles.
740. "Phormio a
formula" est donc une étymologie, qui s᾽explique d᾽autant mieux si
l᾽on écrit le nom du parasite à la latine, "Formio", selon une
orthographe fréquente. C᾽est peut-être elle qui explique l᾽ordre
canonique des pièces de Térence dans les manuscrits : And. Ad.
Eun. Ph. Heaut. Hec., qui pourrait être alphabétique (selon
l᾽ordre de l᾽initiale et d᾽elle seule, comme souvent encore dans
le Haut Moyen Age), à condition qu᾽on écrive "Formio". Cf. la
Préface de Marouzeau (1967, 12). L᾽hypothèse (absurde, évidemment)
que Phormion tirerait son nom du mot "formula", en référence sans
doute à des formules de loi dont l᾽intrigue se sert, avec le
subterfuge de la fausse parenté qui permet d᾽épouser une fille
épiclère, est sans doute inventée pour faire un lien avec le titre
grec de l᾽original d᾽Apollodore, "Epidikazomenos", très juridique
(littéralement "celui qui fait adjuger").
741. Il faut comprendre ici une indication scénique
implicite car la question elle-même est anodine.
742. Donat n᾽a sans doute pas vu vraiment le sens ici.
"Homo" renvoie à une catégorie, celle des parasites, que Phormion
illustrerait. On dirait, en parodiant Audiard, "le genre à douter
de rien". Notons que l᾽expression est reprise par Cicéron pour un
personnage qu᾽il n᾽aime guère et qui a pour cognomen Phormio, ce
qui lui vaut cette remarque (Caec. 27) : "argentarius Sex.
Clodius, cui cognomen est Phormio, nec minus piger nec minus
confidens quam ille Terentianus est". Le nom de Phormion est donc
devenu le symbole de l᾽audace effrontée.
743. Citation d᾽And. 876, où le
commentaire renvoie, en boucle, à ce vers du
Phormion, et qui est également reprise par l᾽auctor
de Servius pour une scholie identique qu᾽il a pu tirer de Donat :
"᾽confidentissime᾽ pro ᾽audacissime᾽ : ᾽confidentiam᾽ enim ueteres
pro ᾽inpudenti audacia᾽ dicebant, ut Terentius ᾽o ingentem
confidentiam᾽".
744. Donat ne précise pas lequel, c᾽est celui
où une exclamation brise la continuité de la phrase.
745. Donat propose d᾽abord
une équivalence "qui" / "utinam" dans une formule de souhait
(adverbe exclamatif de souhait, ancien ablatif de "quis", cf.
130.2, signifiant "en quelque façon") puis deux possibilités :
explétif ou pronom renvoyant à Phormion (relatif au nominatif
masculin singulier), sans rapport avec la suite du vers, lue comme
une parenthèse.
746. C᾽est-à-dire qu᾽il
enchaîne sur la proposition relative qu᾽il avait commencée, ce qui
implique que Donat ponctue ici "qui… (illum dii omnes perduint)".
La scholie suivante confirme cette lecture, mais Donat s᾽en sépare
car elle paraît ignorer l᾽aposiopèse précédente, en ne voyant là
qu᾽une question d᾽ordre des mots.
747. La pièce repose sur la loi particulière à Athènes de
la fille épiclère. Unique descendante de son père, mais, selon la
loi athénienne, incapable d᾽hériter, elle est seulement "attachée
à (ἐπί) l᾽héritage (κλῆρος)". En conséquence, elle doit épouser
son plus proche parent pour éviter que les biens ne sortent de la
famille.
748. Il y a ici parenthèse
parce que l᾽exposé de la loi n᾽entre pas directement dans la
narration qui consisterait à dire qu᾽il l᾽a épousée.
749. Par "il", il faut entendre sans nul
doute à la fois Dave, la vieille et le père. Car c᾽est cette loi
qui rend possible le mariage à condition que le jeune homme puisse
prouver son lien de parenté.
750. Le jeune
homme n᾽a donc guère le choix : si l᾽on considère les termes de la
loi, il doit épouser sa parente.
751. Est-ce une citation
de l᾽original grec ?
752. Cf.
Cicéron, De Inuentione, I, 27, 20 : "Illa autem narratio, quae
uersatur in personis, eiusmodi est, ut in ea simul cum rebus ipsis
personarum sermones et animi perspici possint, hoc modo :᾽Venit ad
me saepe clam[it]ans : quid agis, Micio ? cur perdis adulescentem
nobis ? cur amat ? cur potat ? cur tu his rebus sumptum suggeris,
uestitu nimio indulges ? nimium ineptus es᾽. Nimium ipse est durus
praeter aequumque et bonum᾽. Hoc in genere narrationis multa debet
inesse festiuitas, confecta ex rerum uarietate, animorum
dissimilitudine, grauitate, lenitate, spe, metu, suspicione,
desiderio, dissimulatione, errore, misericordia, fortunae
commutatione, insperato incommodo, subita laetitia, iucundo exitu
rerum. Verum haec ex iis, quae postea de elocutione praecipientur,
ornamenta sumentur" (La narration qui concerne les personnes est
ainsi faite que l᾽on a l᾽impression de voir non seulement les
actions elles-mêmes, mais aussi le langage et le caractère des
personnages. Exemple : "Il vient souvent me crier : ᾽Qu᾽est-ce que
tu fais, Micion ? Pourquoi nous gâtes-tu ainsi ce jeune homme ?
Pourquoi fait-il l᾽amour ? Pourquoi s᾽adonne-t-il à la boisson ?
Pourquoi amasses-tu de l᾽argent pour lui payer tout cela et le
laisses-tu s᾽habiller si cher ? Tu es par trop stupide᾽. Mais
c᾽est lui qui est trop dur, plus que l᾽équité et le bien ne
l᾽exigent" (passage des
Adelphes de Térence). Ce
genre de narration doit avoir beaucoup d᾽agrément, grâce à la
variété des événements ; à la diversité des sentiments : sérieux,
douceur, espoir, crainte, désir, dissimulation, hésitation,
compassion ; aux changements de fortune : malheurs inattendus,
joies soudaines, heureux dénouement. Mais ces moyens seront tirés
des préceptes que nous donnerons plus tard sur le style).
753. On ne peut poursuivre que pour un crime
ou un délit qui ont été dénoncés, c᾽est-à-dire portés à la
connaissance des magistrats. Voir Gaius, Inst. 4, 18, 2. La
"denuntiatio" lançait la procédure judiciaire. Le
Digeste (43, 24, 5, 1) précise les délais et les
éléments nécessaires à la "denuntiatio".
754. Les deux
mots sont en effet homographes, mais pas homonymes, puisque le "i"
de "dicam" est bref lorsqu᾽il s᾽agit du nom, long lorsqu᾽il s᾽agit
du verbe. Il en résulte une différence d᾽accentuation car si les
deux mots portent le ton sur la syllabe "di", le substantif, avec
sa voyelle brève, équivaut à ce que les grammairiens grecs
appellent un paroxyton (accent aigu sur la pénultième), le verbe,
avec sa longue, à un propérispomène (circonflexe sur la
pénultième).
755. Cela paraît inférer que
Phormion ne serait pas un homme libre, ce qui semble
invraisemblable. Il peut en revanche être métèque, ce qui
expliquerait la scholie.
756. Nous traduisons "persona" par
"statut social", car le terme de "persona" semble ici désigner la
personne en tant qu᾽elle est sujet ou objet de devoirs (en
l᾽occurrence, il s᾽agit du devoir qu᾽a Phormion de dénoncer une
violation de la loi qui veut que les orphelines épousent leur plus
proche parent).
757. "Qui" est en fait ici un adjectif interrogatif,
mais Donat ignore cette distinction. Pour lui, la distinction
fondamentale est entre le pronom/adjectif d᾽un côté, et l᾽adverbe
de l᾽autre.
758. Commentaire assez
confus qui mêle deux choses, l᾽explication d᾽un risque de
pléonasme, qui paraît n᾽exister que dans l᾽esprit de Donat, et une
remarque sur l᾽énumération. Sur cette figure voir Heren. 1, 17, 6.
Elle doit, pour être réussie, ne comporter comme ici que trois
termes. Il ne faut pas confondre cette figure avec l᾽"enumeratio"
qui consiste à reprendre en fin de discours les arguments
essentiels. C᾽est sans doute ce qui explique le choix du nom grec
de cette figure.
759. On édite généralement ici "omnia haec".
760. "Quod" a pour
antécédent la phrase précédente, avec les propositions
interrogatives indirectes ("qui fuerit" etc.). Donat précise donc
que tout se passe comme si l᾽antécédent de "quod" était le
singulier "totum", qu᾽il supplée.
761. Autrement dit, le personnage imite ici un autre
personnage de la pièce : il joue donc un rôle ; c᾽est presque une
sorte de mise en abyme.
762. Il s᾽agit du
mensonge que Phormion s᾽apprête à proférer, selon lequel la jeune
fille serait parente avec Antiphon.
763. Il y a ici une allusion
aux rites religieux dont on entourait les actes importants de la
vie civile, et dont la formule employée par le parasite ("quod
erit mihi bonum atque commodum") est une reprise bouffonne.
Formellement, ce qui lui fait rapprocher "bonum atque commodum" de
"faustum felixque" est la présence de deux adjectifs coordonnés et
le matériau phonique commun, en [o] / [um] d᾽une part et [f] de
l᾽autre.
764. Rien dans
la syntaxe de la phrase ne permet d᾽en affirmer le caractère
interrogatif. Il s᾽agit donc d᾽une indication scénique qui porte
sur le seul membre "cum tu horum nihil refelles", le sens de la
reconstruction de Donat étant "tu ne réfuteras rien, pas vrai ?
Alors je gagnerai c᾽est sûr !". Donat souligne la stratégie
persuasive du parasite en faisant de la réplique une question
oratoire. Hartman (1895) est d᾽avis que cette scholie porte en
fait sur le vers précédent, et plus précisément sur "quod erit
mihi bonum atque commodum", mais il a tort de toute
évidence.
765. Partant du principe que
les sycophantes lancent des accusations (fausses le plus souvent)
non pas dans un esprit de civisme, mais dans le seul but de
s᾽enrichir, Donat s᾽étonne de voir ici Phormion lancer une
accusation fausse, non pour son propre profit, mais pour celui du
jeune homme, non pour gagner lui-même, mais pour faire perdre le
jeune homme qui n᾽attend que cela. On a donc une perversion de la
perversion que constitue la sycophantie.
766. Voir plus haut la note à 87, 1.
767. Elément dramaturgique important.
Le parasite au fond ne risque pas grand-chose , ce qui lui donne
bien des audaces.
768. Comme d᾽habitude l᾽esclave est
si bien investi de son rôle qu᾽il prend pour ses propres affaires
celles de son jeune maître.
769. Selon Donat, "persuasumst" etc. se rapporte à
Géta, mais on peut aussi comprendre que c᾽est Antiphon qui s᾽est
laissé persuader, ou même Antiphon et Géta.
770. Peut-être la scholie "adeo audax Phormio" vient-elle
de l᾽aspect accompli de "factum est", comme si la chose était
faite avant même d᾽avoir été entreprise.
771. "Factum
est" aurait suffi à décrire la situation. L᾽épexégèse est dans
l᾽ajout des circonstances détaillées.
772. On a ici
un style reposant sur de brefs membres juxtaposés, dit "style
incisif", que Cicéron loue pour sa concision et sa capacité à
saisir l᾽auditeur, surtout s᾽il s᾽accompagne, comme ici, de figure
dites gorgianiques, comme les jeux phoniques ou une recherche de
l᾽égalité des membres ("uenimus, uidemus, factum est, uentum est,
uincimur").
773. Cette scholie porte en réalité sur
"O Geta quid te est futurum". Cette erreur est peut-être
révélatrice d᾽un certain mode de constitution du commentaire. En
l᾽occurrence, le lemme a pu être ajouté, dans un second temps, par
une autre main qui ne s᾽attarde pas sur le contenu de la scholie
mais répartit le lemme en fonction du texte restant : "hoc quod
audis" n᾽était pas mentionné, on l᾽a donc rajouté en pensant que
la scholie portait sur ce fragment du vers qui était le seul à ne
pas être mentionné. C᾽est d᾽autant plus probant que le fragment en
question possède une autonomie certaine : "hoc quod audis"
constitue en effet une réplique à soi seul.
774. Théoriquement Géta devait veiller à la bonne
moralité de son maître. Nous comprenons bien vite qu᾽il l᾽a en
réalité laissé faire tout ce qu᾽il voulait, et que maintenant il
va devoir rendre compte.
775. Comprendre dans une situation désespérée
seulement.
776. En effet, Dave
est déjà en proie aux lamentations ; il y aurait donc un risque de
verser dans le registre tragique si Géta se lamentait
également.
777. Sur la fonction burlesque des maximes sérieuses mises
dans la bouche d᾽esclaves, voir Bureau 2009. Donat remarque le
caractère en quelque sorte héroï-comique du personnage de
Géta.
778. Ce
qui étonne Donat ici, c᾽est qu᾽il ne la renvoie pas à l᾽autorité
de son maître, mais, comme un personnage de tragédie, au
Destin.
779. La consolation en résumé que Dave approuve, c᾽est la
maxime que vient de lui donner Géta "quod fors feret feremus aequo
animo". Donat joue évidemment sur les lieux communs du genre de la
"consolatio", dont il trouve, ici, dans cette formule, une
expression à la fois ramassée et bouffonne. Il est évident que la
scholie commente également "placet" et "laudo" dits par le
personnage et que cet ensemble porte sur la maxime.
780. Donat semble ici imaginer ce que
serait la pièce si elle se focalisait sur les mésaventures de
l᾽esclave. On sait que les esclaves ne peuvent agir en justice. Il
lui faut donc un homme libre qui accepte d᾽agir en ses lieu et
place. Exemple très clair de ce rôle chez Fronton ad amic. 2, 7,
2. Ici il s᾽agit d᾽intercéder auprès d᾽un juge qui ne sera autre
que son maître.
781. Le texte habituel de Térence dit plutôt "nec tu
aram tibi nec precatorem pararis" (ne te ménage ni un autel ni un
intercesseur).
782. Donat observe une rareté syntaxique. "Orare" est
construit avec le datif au lieu de sa construction
habituelle.
783. C᾽est
sans doute le verbe "oret" et l᾽intonation qu᾽il suppose qui
inspire à Donat cette remarque sur l᾽imitation. Il faut donc
supposer que l᾽acteur met en scène l᾽intercesseur.
784. Donat semble pointer
l᾽évolution d᾽une tournure idiomatique semblable au français
"laisser tomber" (sans la question du niveau de langue). Le
changement du préverbe ne change en réalité rien, ni au sens, ni
au caractère figé de l᾽expression.
785. Ou, si l᾽on
veut traduire dans un registre moins soutenu mais qui rendrait
mieux compte de l᾽expression que commente ici Donat, "oublie
désormais les Grecs, ils t᾽ont laissé tomber".
786. Remarque dans le même genre et
rattachée à l᾽univers de la comédie chez Porphyrion, Carm. 3, 12,
2-3 : "Videntur enim patrui adulescentibus corripiendis
austeriores esse quam patres, quibus natura ipsa indulgentiam
plerumque extorquet" (car les oncles paternels, pour blâmer les
jeunes gens, semblent parfois plus austères que les pères, à qui
leur nature même de pères extorque plus d᾽une fois de
l᾽indulgence).
787. Autrement dit, il ne s᾽agit pas seulement d᾽une
manœuvre de l᾽intercesseur pour amadouer son interlocuteur en
formulant une demande réaliste et pondérée ; pour Donat, l᾽esclave
n᾽a pas à s᾽estimer libre d᾽agir en toute impunité, et son
intercesseur est donc vraiment censé penser : "posthac si
quicquam... nihil precor".
788. Le but du commentaire
est ici de dégager le sens de "quicquam".
789. Donat lit visiblement
"nihil" comme un adverbe. Mais "precari" peut être transitif
direct, auquel cas "nihil" peut être un véritable pronom.
790. Parce que
le verbe composé "occidere" (occire) est plus expressif et de sens
plus fort que le verbe simple "caedere" (frapper).
791. Soit de
son caractère d᾽esclave curieux, soit plutôt de sa fonction
dramaturgique qui consiste à faire parler Géta pour instruire le
spectateur.
792. Donat s᾽amuse de la réactivation que fait
Térence du mot étranger "paedagogus" qui signifie étymologiquement
"qui accompagne un enfant". Comme le jeune homme suit partout la
musicienne, il est son pédagogue, dans ce sens-là. D᾽où notre
traduction qui vise à la fois à garder au mot son caractère
étranger et à rendre l᾽incongruité de la remarque.
793. De fait, il manque un verbe, comme le
dit Donat, puisqu᾽on a "ille qui citharistriam" (N. et Acc. sans
rien pour les relier).
794. Pour
relativiser l᾽énoncé et indiquer l᾽inquiétude du personnage. C᾽est
ce que Donat appelle généralement "déictique".
795. On
peut comprendre le commentaire de deux façons. Soit Donat précise
que "nondum" est une négation partielle ("non plena"), dans la
mesure où le retour du vieillard n᾽est pas rejeté comme
rigoureusement impossible, il est seulement non avéré à l᾽instant
T de l᾽énonciation. On admet donc en fait le caractère inéluctable
de ce retour. Soit, dans cette scholie, "non" est autonyme et la
remarque est lexicologique. Dans ce cas, Donat a une scholie à
deux volets : 1. "parce qu᾽il finira par arriver" (explicitation
du sens du lemme "nondum") ; 2. "ici (=dans le mot "nondum") ᾽non᾽
est une négation totale". Si l᾽on comprend ainsi, on peut supposer
qu᾽il explique "nondum" comme forme équivalente de "nihildum",
comme il le fait parfois quand "nihil" a le sens de "non" (par
exemple en 142.5).
796. Le "portorium"
correspond à Rome à un impôt payé pour le transport des
marchandises à travers le territoire romain, au moment où elles
passaient à certains points déterminés. On distingue trois sortes
d᾽impôts, la douane, l᾽octroi et le péage. Dans la citation, il
semble que Donat fasse référence à l᾽octroi, c᾽est-à-dire à
l᾽impôt levé à la sortie ou à l᾽entrée d᾽une ville pour le compte
de cette ville. Le mode de perception de cet impôt nécessitait une
organisation très minutieuse. On distingue ainsi les bailleurs de
fonds, les administrateurs et un personnel très nombreux, les
douaniers, les percepteurs des taxes et les employés aux écritures
(les "portitores"). Cicéron en parle dans Verr. 2, 77, 188. Voir
aussi CIL. 1, 1462. Quant au terme de "publicani", il désigne les
adjudicataires de l᾽Etat préposés à un service public, que ce soit
la perception d᾽un impôt ou l᾽exécution d᾽une tâche. Voir Dig.,39,
4,
1 ou Val. Max. 6, 9, 8.
797. Il y a ici comme une esquisse d᾽explication
étymologique du mot "portitor".
798. Donat poursuit
le lemme, comme si c᾽était Dave qui parlait ("tibi a me"), pour
expliciter le "numquid aliud", sans dire ouvertement "par ᾽numquid
aliud᾽ il entend…".
799. Donat
remarque un jeu sur la construction "aliud me uis" qui marque,
comme il l᾽a déjà dit, la conclusion d᾽un dialogue (fr. "autre
chose ?"), mais avec "uolo" on peut aussi fabriquer la formule de
politesse "uolo ut bene sit tibi" (je te souhaite beaucoup de
bonnes choses). La conflagration de ces deux tournures provoque
l᾽amusement du commentateur.
800. Nouveau souci de bouclage de la
scène par Donat, qui recherche entre cette fin et le début une
correspondance qui souligne l᾽unité de cette longue
scène.
801. La raison pour laquelle Donat commente ces mots de
forme neutre qui désignent des femmes est sans doute qu᾽il s᾽agit
là d᾽un fait troublant pour ses élèves.
802. Cette traduction
est motivée par le fait que "color" désigne ici une "couleur",
c᾽est-à-dire ce qui vient orner le discours.
803. Donat propose ici de "qualifier" cette scène,
c᾽est-à-dire de la situer dans une typologie, qui comprend aussi
par exemple la qualité "deliberatiua". Toutefois, une certaine
confusion entre la "qualitas" et le "genus" n᾽est pas exclue. Ici,
la "qualitas" désigne l᾽aspect technique de la scène, autrement
dit la manière dont elle va être construite, alors que le "genus"
désigne le type de contenu (que Donat appelle du nom judiciaire de
"causa") que l᾽on va y trouver. Que le terme judiciaire "causa"
prête à confusion, cela apparaît à l᾽évidence dans le fait que le
"genus" n᾽est pas judiciaire, mais épidictique. Le rattachement au
genre épidictique ne peut s᾽expliquer qu᾽indirectement : chaque
jeune homme paraît faire l᾽éloge de l᾽autre en comparaison de son
propre malheur (voir suite de la scholie). En même temps, à un
autre niveau de lecture, le poète utilise cette scène pour blâmer
le caractère irréfléchi et passionné de ses personnages.
804. Le
genre de la cause est démonstratif, c᾽est-à-dire qu᾽il n᾽est ni
délibératif ni judiciaire ; on peut donc dire que, dans cette
scène, Antiphon et Phédria font en quelque sorte leur
anti-éloge.
805. La traduction est ici impropre à
rendre compte du jeu de mot sur "fugiturus", inspiré du grec
"φευγόμενος" (qui signifie à la fois "fuyard" et "accusé").
806. Donat oppose deux sens possibles pour "in
mentem uenire". A son époque le mot est dans la sphère sémantique
de "recordatio" uniquement, tandis qu᾽en latin archaïque il
aiguillait aussi vers "recogitatio" et "consideratio". Il a fait
une remarque comparable plus haut en 77.1.
807. On peut se
demander si la remarque porte sur la syntaxe (les verbes de
mémoire se construisent avec le génitif) ou la morphologie
particulière d᾽"aduentus, -us". La seconde explication est la plus
plausible, comme le montre la scholie
5 de ce vers.
808. Cf.
Frg.
Bobiense de nomine et pronomine, GL V, 555, 3 : "nam
legimus [...] apud Terentium etiam ᾽nihil ornati, nihil tumulti᾽,
item ᾽eius anui causa᾽ pro ᾽ornatus᾽ ᾽tumultus᾽ ᾽anus᾽" (car nous
lisons […] également chez Térence"nihil ornati, nihil tumulti", et
de même "eius anui causa", au lieu de "ornatus", "tumultus" et
"anus").
809. Probus veut dire qu᾽"incogitans" est un adjectif
(qu᾽il appelle "nomen" selon la tradition), et non pas un
participe, puisqu᾽il n᾽existe pas de verbe "*incogitare", alors
que son contraire "cogitans" est un participe et non un adjectif.
Analogiquement, on pourrait faire la même remarque en français à
propos, par exemple, du couple "invaincu" (adjectif seulement) vs
"vaincu" (participe seulement).
810. Phédria
s᾽irrite de voir son frère, qui est marié, se plaindre, alors que
lui-même n᾽arrive pas à avancer ses propres affaires de
cœur.
811. C᾽est-à-dire un mot du vocabulaire judiciaire comme si
l᾽affaire était déjà en jugement.
812. Donat veut dire que "ne" a ici un effet négatif,
et qu᾽il ne faut donc pas confondre cette particule à valeur de
souhait négatif avec la particule affirmative homonyme "ne" ᾽oui
vraiment᾽.
813. L᾽excuse est dans le mot
"cupidum" qui introduit le fait qu᾽il a agi sous l᾽emprise de la
passion, ce qui est une circonstance atténuante. Voir And. 882,
1.
814. Parce qu᾽il considère que son frère se
plaint pour peu de choses en comparaison de ses propres
malheurs.
815. Donat différencie "quam mox" de "quando". Dans
les deux cas, il s᾽agit d᾽une interrogative / exclamative
indirecte, mais "quam mox" est plus marqué que "quando", simple
adverbe de date, par la tournure en "quam" (adverbe interrogatif
exclamatif) portant sur "mox", adverbe qui signifie "bientôt",
apportant un sème de proximité, que Donat explicite par "quia
timet". Peut-être Donat accorde-t-il finalement plus d᾽importance
à la construction d᾽"exspectare" avec interrogative indirecte qu᾽à
la différence entre "quando" et "quam mox".
816. Donat
analyse "aliis" comme plus marqué que "mihi" car, pour lui,
l᾽opposition naturelle à la deuxième personne est la première (car
ce sont les deux "vraies" personnes, celles du dialogue, surtout
dans le cadre dramatique) et non la troisième (généralisation). En
choisissant une formule générale, Phédria fait de son frère le
représentant d᾽une catégorie marginale de fous (voir scholie
suivante).
817. Donat remarque, par la
scholie "et est figura ὑπόζευξις, nam ad utrumque aegre est
sufficere potuit", un parallélisme entre "aliis quia defit quod
ament aegre est" et "tibi quia superest dolet", phrases dans
lesquelles le verbe principal aurait pu être en facteur commun,
comme souvent en latin, surtout dans des cas de parallélisme aussi
affirmés. Son commentaire stylistique ne s᾽arrête pas là : il nous
dit que cette figure de style tend à mettre en opposition "dolere"
et "aegre esse", pour montrer que "dolere" est plus fort que
"aegre esse" ("laborauit, ut ostenderet plus esse dolet quam aegre
est"). L᾽implicite de la remarque de Donat est que le parallélisme
est réalisé par "aliis / tibi", "quia" répété,
"deesse / superesse" et la forme des phrases juxtaposées (datif
d᾽intérêt, subordonnée de cause, verbe), et que ce parallélisme
met en lumière une opposition entre les deux phrases par les
couples d᾽antonymes "aliis / tibi", "deesse / superesse",
opposition qui met en valeur le rapport entre les verbes
principaux et sur laquelle porte son commentaire.
818. La phrase aurait été tout
aussi correcte sous la forme "aliis quia defit quod ament, tibi
quia superest aegre est". L᾽hypozeuxe substitue à cette phrase
deux constructions parallèles indépendantes. Voir Isid. Etym. 1,
36, 3-4.
819. Dans ce cas, il
s᾽agit d᾽une interrogation de surprise, voire d᾽une
interro-exclamative.
820. Donat paraît remarquer
que, dans cette scholie, "tibi" est en facteur commun pour
"dolere" et "superesse". La scholie
4 semble le confirmer en rapprochant le pronom du
verbe "dolere".
821. Et
non "tibi superest" qui serait également correct.
822. En
tant que "certe" met fin à l᾽ironie.
823. Le texte est
compréhensible en l᾽état, mais on pourrait presque lire "animam"
(l᾽âme).
824. Comme dans la scholie 2,
Donat dit qu᾽il faut comprendre le "uita" du texte "(ut modo)
felicitas" ou "fortuna accidens uiuentibus". En 3, il est en fait
un des sèmes du mot "uita". On a en quelque sorte un hyperonyme,
"uita", et des hyponymes, "mores", "alimentum", "animus", "spatium
uiuendi et felicitas" ou "fortuna accidens uiuentibus". D᾽une
part, la scholie nous invite à ne choisir qu᾽un sème parmi ceux de
"uita" (cf. "optanda, ut modo"), d᾽autre part, elle place en
rapport de synonymie "felicitas" et "fortuna accidens
uiuentibus".
825. Ce qui n᾽est croyable que par
un amoureux, c᾽est évidemment le vers suivant où il dit qu᾽il est
prêt à mourir. Le serment rajoute au caractère exagéré de la
remarque dont Donat s᾽amuse.
826. Le propos de Donat est ici assez confus ; on peut
comprendre que tout l᾽argument repose sur la violence de l᾽amour
éprouvé par Phédria, et que c᾽est ce seul amour qui permet à la
pièce d᾽avancer.
827. Donat remarque qu᾽il y a une différence
entre "tamdiu" (adverbe de temps) et "quamdiu" (adverbe
interrogatif ou relatif).
828. Donat
s᾽interroge sur la raison pour laquelle on a "tamdiu" et non
"quamdiu" : il en fait une contraction de l᾽adjectif " tantus, a
um" au neutre adverbial (δεικτικόν) avec l᾽adverbe "diu" (quasi
dicat : tantum diu). En réalité, il s᾽agit d᾽une confusion entre
adverbe interrogatif et adverbe temporel.
829. Cette scholie peut porter sur l᾽absence du pronom de
rappel devant le relatif (fréquent), ou sur le fait que l᾽objet de
l᾽amour, bien que ce soit une femme, soit au neutre.
830. Comme "conicito" a pour complément l᾽interrogative
indirecte qui suit, il n᾽a pas besoin de complément d᾽objet
direct. Donat voit donc là un pléonasme syntaxique : on a en effet
deux objets pour le même verbe. Il propose alors une solution :
faire de "cetera" un circonstanciel de moyen ou de manière en
ajoutant "per".
831. S᾽il y a
paralipse selon la définition de Donat, c᾽est que "ingenuam" et
"liberalem" sont synonymes, ce qui est très possible, "liberalis"
ayant soit le sens de "comme il faut" soit son sens propre de
"conforme à la condition d᾽homme libre". A la scholie 3, il paraît
clair que le lemme masque l᾽objet véritable du commentaire, car on
voit mal où il y aurait paralipse dans "ut ne addam", sauf à
considérer que "ut ne " constitue la figure, ce qui est assez
étrange. Mais en même temps, cette précaution oratoire annonce la
paralipse et permet donc de la repérer.
832. Le commentaire demeure
très confus, car chacun des deux mots peut relever en fait,
suivant le sens qu᾽on lui donne, soit de la naissance, soit du
caractère. C᾽est la valeur habituelle de "hoc" et de "illud" qui
nous fait choisir cette traduction.
833. "Sectari" peut naturellement se traduire par
"chercher", mais aussi par "accompagner", puisque Térence a dit au
v.
86 que Phédria accompagnait
("sectari") la joueuse de cithare à son école.
834. Si Donat semble dire
qu᾽il ne faut pas faire l᾽élision "uoluisti uxorem" (et dans ce
cas la ponctuation fonctionnerait comme un indicateur pour une
juste déclamation du vers), il se trompe, car l᾽élision est
obligatoire si l᾽on veut pouvoir scander l᾽octonaire. Peut-être
veut-il simplement indiquer, que, malgré l᾽élision pour le mètre,
il faut bien faire une petite pause après "uoluisti".
835. Ce que commente en réalité
ici Donat, c᾽est ce qu᾽il cite dans le lemme suivant, "sine mala
fama", et ce qui suit, qui décrit effectivement l᾽épouse
parfaite.
836. La
plupart des éditeurs modernes comprennent en effet que "palam"
porte sur "sine mala fama", mais Donat semble comprendre que
l᾽adverbe est un contre-rejet et porte sur "beatus" du vers
suivant.
837. Il s᾽agit du "et" contenu implicitement dans le
relatif de liaison "quod".
838. Les abréviations sont impossibles à expliciter,
car Donat est le seul à citer ce passage perdu de
Salluste.
839. Pléonasme portant sur les pronoms.
840. Décalque simplifié du
commentaire d᾽And. 55.
841. Le commentaire de Donat est
particulièrement obscur. Il semble vouloir isoler d᾽un côté
"retinere", de l᾽autre "amare amittere" en fonction de la citation
qu᾽il donne ensuite et qui ne comprend que "retinere" et
"amittere". On peut envisager cela de deux façons : soit Donat
récuse le rejet de façon métrique, en indiquant que "retinere"
doit se trouver dans le vers précédent, soit il accepte le rejet,
mais récuse la présence d᾽un groupe ternaire. Dans les deux cas
son explication est acrobatique.
842. Emploi en référence implicite d᾽En. 10,
843 qui marque une connivence avec les élèves
et sans doute un tour semi-proverbial.
843. Il s᾽agit du "servus
currens", l᾽un des types canoniques de la comédie latine avec,
entre autres, ceux du "senex iratus", de l᾽"adulescens lacrimans",
"servus cogitans", et du "servus decipiens patrem". Le "servus
currens" (qui est le seul personnage à courir sur scène) ne voit
rien, n᾽entend rien, voudrait parler mais est trop essoufflé et ne
voit pas celui qui lui parle.
844. Remarque de morphosyntaxe : Donat signale que le mot
est un adjectif neutre (d᾽où "si tu ne trouves une idée prompte")
et non l᾽adverbe "celere", également plausible ("si tu ne trouves
promptement une idée").
845. Donat pointe un emploi rare transitif direct de
"impendere" (ici "te" = acc.). Il donne Lucrèce comme seul autre
exemple ; notons que le grammairien Arusianus Messius attribue ce
vers à
L᾽Eunuque, sans nul doute par erreur. La
construction "normale" est "alicui" ou "in aliquem". Peut-être
Donat propose-t-il de lire une anastrophe avec tmèse, lorsqu᾽il
dit en
2 "Pro in te pendent
mala".
846. Rejoint le thème du
"magister" évoqué au vers 72.
847. Peut-être faut-il
comprendre que Nigidius supposait sous la graphie "celari", dont
le e est long, une forme condensée de "*caelari". C᾽est ce que
semble comprendre l᾽éditeur de Nigidius Swoboda (1964,
82 note 2).
848. Donat souligne ici la manière
dont il faut se représenter le jeu de scène de Géta.
849. Il
y a effectivement quelque incohérence à cette question d᾽Antiphon,
à moins qu᾽elle ne soit en aparté et qu᾽Antiphon n᾽entende pas
bien ce que dit Géta. Cette indication scénique a pu échapper à
Donat.
850. Sur la valeur expressive de
la question, voir ci-dessus 61, 4.
851. Cette remarque s᾽inscrit dans la tradition de la
théorie des humeurs hippocratiques (reprise par Galien), selon
laquelle le corps est soumis à l᾽équilibre de quatre humeurs qui
correspondent aux quatre éléments. Selon leur prédominance, les
humeurs définissent les caractères fondamentaux. Le bilieux,
dominé par le feu est ainsi souvent enclin à la colère.
852. Proverbe cité dans la
Souda s. v.
πλίνθος : «Πλίνθος. παροιμίαι : Πλίνθους πλύνεις : Χαμαὶ ἀντλεῖς :
Φακὸν κόπτεις : ἐπὶ τῶν ἀδυνάτων καὶ ἀνηνύτων καὶ μὴ ὄντων
λέγεται.» ( Brique : proverbes : tu laves des briques : tu écopes
là où il n᾽y a pas d᾽eau, tu fais des tranches dans une lentille.
Se dit pour les choses impossibles, sans résultat et qui
n᾽existent pas).
853. Donat
théorise comme σχῆμα διαπόρησις le monologue délibératif, en
particulier quand il évoque ce qu᾽il pourrait faire et quelles en
seraient les conséquences.
854. Donat oppose deux manières d᾽interpréter la
scène, selon la logique ou selon la dramaturgie. Si le but est
purement d᾽informer le spectateur, "purgem" et "loquar" peuvent
être redondants, ce qui a provoqué l᾽ingénieuse explication
proposée par certains commentateurs. Cependant ce qui prime pour
Donat c᾽est la logique dramaturgique. L᾽état de panique de Géta
est mieux montré par un langage à la limite de l᾽incohérence.
L᾽opposition entre le sens et l᾽effet dramaturgique est une donnée
extrêmement importante pour qui tente de reconstituer le discours
de Donat sur le théâtre comique.
855. L᾽atticisme consiste ici à utiliser le
génitif "animi", qui est d᾽ailleurs plutôt un locatif.
856. C᾽est-à-dire que le
sujet est identique.
857. Ce qui est amusant ici, c᾽est que l᾽esclave est si
désorienté qu᾽il préfère la condition bien peu enviable d᾽esclave
fugitif aux châtiments effroyables qu᾽il imagine de la part de son
maître.
858. Le
commentaire insiste sur le caractère réflexif de la tournure
(coïncidence entre la personne verbale et celle du pronom
personnel).
859. En refusant le mot "dominus", il élude
le fait qu᾽il devient un esclave fugitif.
860. Donat semble
vouloir dire que "senis" renvoie davantage à la psychologie du
personnage, à son caractère, que "dominus". De fait, "senex",
comme nom de type comique, relève de la caractérologie, "dominus"
relève seulement du vocabulaire social.
861. Donat
paraît vouloir dire que la fuite est la seule manière pour des
esclaves de causer du tort à leur maître. C᾽est évidemment
toujours "plaisant" puisque l᾽esclave se met en bien plus grand
danger que son maître.
862. Il y a là sans doute une allusion
à une version antérieure du texte. On notera que Nigidius n᾽est
pas le seul à lire ainsi (Swoboda (1964, 82)) car Verrius Flaccus
lit également le même texte.
863. Cette
recherche de symétries entre les propos de Géta et ceux d᾽Antiphon
montre que Donat n᾽a pas bien vu, malgré la scholie 193, 1, que
les deux personnages monologuent dans leur coin, Antiphon ne
percevant que des bribes de ce que dit l᾽esclave.
864. L᾽apodose désigne donc ici non pas
la figure grammaticale, mais la figure rhétorique. En fait,
l᾽apodosis désigne ici une forme d᾽hysteron proteron.
865. Donat ne fait sans doute pas ce commentaire parce
qu᾽il voit un problème de logique (opposition ou conséquence),
mais parce qu᾽il ne sait pas si "sed" porte sur la seule
interrogation (auquel cas on attendrait plutôt "ergo"), ou s᾽il
fait le lien avec la phrase précédente (changement de sujet en les
opposant), Cf. 215,1.
866. Donat remarque ici le
souci d᾽exhaustivité de Térence, dont le personnage envisage une
certaine stratégie si le personnage est immobile et une autre s᾽il
est en mouvement.
867. L᾽ordre des mots proprement poétique est ici en
cause, avec le jeu complexe des sonorités qu᾽il produit : "Nescio
quod Magn(um) hoc Nunti(o) exspecto Malum". Cette disposition très
artificielle donne à la phrase une solennité et une gravité
particulières encore renforcée par l᾽homéotéleute si on ne fait
pas l᾽élision de "magnum".
868. Ellipse car "pergere" signifie "continuer" et non
proprement "rentrer". Mais Donat ne dit pas ce qui manque selon
lui. Est-ce "usque ad" ? Est-ce un verbe du type "ire", étant
donné que "pergere" n᾽est pas forcément un verbe de
mouvement ?
869. Sur cet emploi de "homo", voir plus haut en 123,
1.
870. Il s᾽agit d᾽expliquer "porto"
glosé ici par deux compléments de "fero", "uera" et "magna". La
citation virgilienne (En. 2, 161) joue ici apparemment comme pure
synonymie. Mais elle cache en réalité une intertextualité riche,
puisque c᾽est le traître Sinon qui prononce ces paroles et
qu᾽elles sont entièrement mensongères.
871. La
pression qu᾽exercent sur Géta les questions incessantes d᾽Antiphon
contrastent bien avec la question finale de Phédria, qui ne
comprend rien (voir scholie 199, 1).
872. Etonnante sur le plan de la simple transmission
d᾽informations, logique sur le plan des caractères, puisque
visiblement Phédria ne comprend rien. C᾽est donc un commentaire
dramaturgique, invitant à considérer avec attention le jeu de
Phédria.
873. Des deux
solutions proposées, la première est indéniablement suffisante :
"nam" fait liaison de phrase, "quod" est adjectif interrogatif.
L᾽option de l᾽anastrophe ("nam quod" pour "quodnam") repose sur un
usage parfois inexplicable de cette figure chez les commentateurs.
Voir par exemple un abus de ce genre chez Servius, En. 1, 644,
appuyé d᾽ailleurs sur une remarque fondée de Donat à propos de
Térence : "non ᾽praemittit᾽ : nec enim sequitur ipse, sed
᾽praerapidum᾽, quod ex adfectu patris [ ], intellegendum est, non
ex Achatae velocitate. et sic ᾽praerapidum᾽ dixit, quomodo
Terentius ᾽per pol quam paucos᾽, hoc est ᾽perquam paucos᾽ ; ᾽pol᾽
enim ipsum per se plenum est iurantis adverbium, cui praepositio
separatim numquam cohaeret" (Ce n᾽est pas tant "praemittit" (il
l᾽envoie devant), car lui-même ne le suit pas, que "praerapidum"
(rapide comme l᾽éclair), ce qui se comprend par le sentiment
paternel et non par la vélocité d᾽Achate. Et il veut dire
"praerapidum" comme Térence dit "per pol quam paucos",
c᾽est-à-dire "perquam paucos" (vraiment peu nombreux). De fait,
"pol" est un adverbe de serment auto-suffisant à qui on n᾽ajoute
jamais de préposition).
874. Le
vers de Virgile offre la même ambiguïté de nature pour "subito",
qu᾽on peut comprendre soit adverbe (comme dans la traduction
proposée), soit comme adjectif (Quand, surgissant sur un flot
soudain, l᾽orageux Orion...).
875. Le tragique est évidemment lié à la mention de la
Fortune, mais aussi à l᾽hyperbole du pluriel "fortunae meae". Sur
ce passage voir Bureau 2009.
876. Tout ce commentaire porte en réalité sur le
préfixe "re-", qui porte, selon Donat, le sens d᾽une
régression.
877. C᾽est-à-dire qu᾽il met sa souffrance en évidence en se
donnant comme sujet du verbe "distrahar". Peut-être cette scholie
est-elle due au fait que Donat voit dans un passif à la
P
1 un sens encore plus passif que
dans une phrase à la P2, car le locuteur se donne comme incapable
de résister en connaissance de cause, alors que, lorsqu᾽il dit
qu᾽une autre personne, P
2 ou P3,
subira une action, il ne peut véritablement savoir à quel point
elle tentera de s᾽y opposer. C᾽est la scholie suivante ("uim
cohaerentis") qui nous fait proposer cette interprétation.
878. Une fois de plus, Donat
signale un usage archaïqe d᾽une négation composée pour la simple :
cf. ses remarques comparables à propos de "nihil" en
142,
4 par exemple. La situation
est ici, en outre, compliquée par le fait que "nulla" est un
déterminant et non pas un adverbe.
879. Ici, Donat paraphrase purement et
simplement.
880. Le sens augmentatif remarqué est, en réalité,
indéniablement exprimé par "magis".
881. Et non au génitif singulier. Mais la remarque de
Donat montre que cette analyse n᾽a rien d᾽évident à son époque, au
moins pour des élèves.
882. Le rapport
ici n᾽a rien de formel, il repose sur une situation inverse chez
Salluste. Un jeu intertextuel est probable, mais il nous échappe
totalement puisque nous n᾽avons pas le reste du texte de
Salluste.
883. Servius Buc.
6,
20 est plus précis sur cette
differentia : "timidis aut timentibus ; nam timidus est qui semper
timet, timens uero qui ad tempus formidat ex causa : aut re uera
᾽timidis᾽, quia pueris per aetatem naturaliter timor est insitus"
("timidis" ou "timentibus" ; de fait, est "timidus" celui qui
toujours craint, mais "timens" celui qui, à un moment donné,
craint pour une cause précise : ou alors à juste titre "᾽timidis",
parce que les enfants ont en raison de leur âge une propension
naturelle à la peur). Donat exploite ce vers des Bucoliques
également dans le commentaire à
L᾽Eunuque, 642,
3.
884. Apparemment, Donat
interprète le préverbe "im-" comme ayant une valeur négative. Mais
dans ce cas l᾽énoncé "non possum immutarier" devrait signifier "je
ne peux pas ne pas changer", "il est immanquable que je change",
ce qui est strictement incompatible avec la suite de la
scholie.
885. Même commentaire
sur "haud muto factum" en And. 40.
886. Autrement dit, au
cœur même de son exhortation, Géta reconnaît la gravité de la
situation qu᾽affronte Antiphon.
887. La question que vient de poser Géta, et qui est
une forme de provocation, devrait faire réagir Antiphon et
provoquer chez lui une "percunctatio", c᾽est-à-dire un
questionnement en forme de délibération. Or il n᾽en est rien et
Antiphon plie du premier coup devant l᾽adversité. On comprend
cependant très mal la suite de la scholie qui semble reposer sur
la logique suivante : Antiphon a perçu que la question de Géta
était ironique et il la prend pour une attaque personnelle. En
refusant de répondre comme on s᾽y attendait (c᾽est la figure citée
au début de la scholie) Antiphon coupe net l᾽effet recherché par
Géta, ce qui explique l᾽agacement de l᾽esclave.
888. Le verbe
"adduci" dit quelque chose de la forme interne du mot grec
"ἐπαγωγή", souvent rendu en latin par le calque morphologique
"inductio" (cf. Cic. Top. 42 ; Quint. I. O. V, 10, 73 ; V, 11, 2 ;
IX, 1, 31...) et qui désigne le mécanisme de l᾽inférence. D᾽où
notre traduction par "induire / induction".
889. On a aussi un "hoc" dans la réplique
d᾽Antiphon au début du vers. Est-ce pour différencier le "hoc" de
Géta de celui d᾽Antiphon qu᾽il précise que celui-ci est
"relatiuum" ? Or il semble que les deux "hoc" soient anaphoriques,
mais avec un référent distinct. Le premier "hoc", celui de la
réplique d᾽Antiphon, renvoie à ce qui doit être fait (le
complément implicite de "aliud grauius") et fonctionne avec
"illud" (qui a pour référent "aliud grauius") : la référence des
deux pronoms est précise, et se déduit de la question précédente.
En revanche le second "hoc", celui de Géta, commenté par Donat,
renvoie aux paroles et à l᾽attitude d᾽Antiphon en général, sa
référence n᾽est pas purement endophorique mais plutôt exophorique.
Est-ce ce que Donat a voulu commenter ? La scholie
3 propose une autre interprétation : "hoc" pour
"hic Antipho". Ce n᾽est pas incompatible avec l᾽interprétation
qu᾽on vient de donner, hormis pour ce qui est de la terminologie,
que Donat ne possède pas. Ses deux interprétations sont que "hoc"
peut renvoyer respectivement aux paroles d᾽Antiphon, ou bien en
général à sa personne, auquel cas le neutre est marqueur de
mépris.
890. Même commentaire
en Eun 54.
891. Donat veut dire que Térence rend
particulièrement bien le caractère décidé de Géta par la double
répétition "uerbum uerbo" et "par pari". Celui-ci envisage
concrètement le procès d᾽Antiphon : il faudra plaider un mot
contre un autre et utiliser le même type d᾽argumentation que le
vieillard. Ce cours express de rhétorique se comprend dans la
mesure où Antiphon a si peur qu᾽il risque d᾽être incapable soit de
répondre, soit de répondre convenablement.
892. Donat veut dire "ce sera homme contre homme,
mot contre mot".
893. "Il" désigne évidemment
Géta et l᾽interlocteur est clairement Antiphon
lui-même.
894. Il faut comprendre que le
commentaire s᾽étend jusqu᾽à "iudicio".
895. La seconde main, qui suit, a
peut-être vu juste dans l᾽explication qu᾽elle ajoute. La
scholie
3 propose une
interprétation plus obscure.
896. C᾽est-à-dire apposé.
Dans ce cas on comprend la citation de
L᾽Andrienne :
à "tu coactus" répond "ui coactum", et à "tua uoluntate" répond
son contraire "inuitum". Cela implique donc une identité de
construction.
897. Renvoi à 192,
1 et à 57,
2, qui permettent de mieux comprendre cette scholie : si on ne
s᾽intéresse qu᾽à la question, on attendrait plutôt "ergo"
(remarque implicite ici), mais Donat voit "sed" comme le passage à
un autre sujet.
898. Donat signale ici la
règle des adjectifs de localisation, tels "ultimus", "imus",
"summus", qu᾽on peut interpréter soit comme de purs qualificatifs
("summa arbor" c᾽est "l᾽arbre le plus haut") soit comme des
signalétiques de lieux différentiels ("summa arbor" c᾽est "le
sommet de l᾽arbre"). Le commentateur nous dit donc qu᾽ici il faut
comprendre "ultima platea" comme "le bout de la place".
899. La vue provoque évidemment plus de terreur que la
simple parole d᾽un autre.
900. Il s᾽agit d᾽un
commentaire sur l᾽usage de la question "quo", mais le choix des
exemples vise aussi évidemment à souligner par contraste le
caractère anti-héroïque d᾽Antiphon le couard. En effet, c᾽est pour
insulter Enée que Turnus lui dit "où fuis-tu ?", et pour
stigmatiser la couardise des Latins que Pallas leur dit "quo
fugitis, socii ?".
901. En effet, si la partie dont Géta est
l"᾽intercessor" (ce qui en droit est impossible, puisqu᾽il est
esclave, mais peut fonctionner dans ce procès fictif) disparaît,
il n᾽y a plus lieu d᾽intercéder pour elle.
902. Sur cette remarque, voir Bureau
2009.
903. Phédria ne va pas
pouvoir se défendre, il n᾽y aura donc qu᾽un procès à sens unique
mené exclusivement à charge.
904. Le commentaire est à la limite du
contresens. Le pluriel ici se justifie par la communauté
d᾽intérêts entre Géta et Phédria.
905. L᾽atticisme remarqué est
dans l᾽emploi d᾽un datif éthique.
906. C᾽est évidemment une inversion totale des rôles qui
montre le désarroi de Phédria. C᾽est désormais l᾽esclave qui donne
les ordres.
907. Ce commentaire porte en réalité sur
224-226.
908. En effet, Géta est autant concerné
que Phédria par la punition à venir. Il devrait donc logiquement
dire "nostra".
909. C᾽est-à-dire que d᾽ordinaire "noxia" est un
adjectif. C᾽est ce que Donat veut dire en disant qu᾽il qualifie
"res", mais ici c᾽est un substantif équivalent à "culpa".
910. Autrement dit,
puisque "noxa" est impossible en fin de vers, on a "noxia" qui
fait office d᾽iambe final. On remarquera que Donat ne s᾽est
absolument pas soucié de l᾽explication métrique qui est donnée par
la seconde main. Il faut un iambe pur que fournit "noxiam" (x-) et
non "noxam" ( - -).
911. L᾽ordre naturel explique la
gradation : 1. si la cause est juste, elle est facile à plaider,
2. si elle est facile à plaider, elle est gagnée d᾽avance, 3. si
elle est gagnée d᾽avance, elle mérite qu᾽on la plaide. La
gradation conduit en réalité à pousser Phédria à tenter la défense
au lieu de s᾽enfuir.
912. Et non pas, comme la formation du mot l᾽induit,
"qui peut être facilement vaincu", d᾽où la remarque de
Donat.
913. L᾽emploi du mot "combat" invite à se
demander si Donat lit "callidior", dont on voit mal le rapport
avec la métaphore du combat, ou "calidior" (plus ardente). Voir
les scholies à 229.
914. Le pléonasme
pressenti n᾽est pas classé, on ne sait pas donc en quoi il
consiste exactement. Il semble, au contraire, que l᾽adverbe
"sedulo" apporte un surcroît de sens à la réplique de Phédria, en
indiquant qu᾽il prend vraiment à cœur de faire ce que l᾽esclave
lui conseille. Est-ce le temps de l᾽impersonnel, futur à valeur de
promesse (ce qui implique peut-être que Phédria prend la chose à
cœur) qui fait dire à Donat qu᾽il y a pléonasme ?
915. Cf.
Cicéron, Inv. II, 86 : "Remotio criminis est, cum eius intentio
facti, quod ab aduersario infertur, in alium aut in aliud
demouetur. Id fit bipertito ; nam tum causa, tum res ipsa
remouetur. » (il y a "remotio criminis" quand on déplace
l᾽intention de celui qui a commis l᾽acte pointé par l᾽adversaire
sur quelqu᾽un ou quelque chose d᾽autre). Cf. également Pirovano
(2004) : "La remotio criminis aparece indicada con la designación
remotiua qualitas, que aun sin encontrar paralelismo preciso en
ninguno de los manuales conservados se deja reconducir a la
terminología retórica utilizada en los sistemas de trece status".
En indiquant qu᾽il s᾽agit d᾽une controverse, l᾽annotateur médiéval
pousse l᾽argumentation de Donat plus loin que ne le faisait le
commentateur. Celui-ci se bornait en effet à considérer le
fonctionnement de l᾽écriture térentienne par sa comparaison avec
la rhétorique judiciaire de la persuasion, en vue de déterminer
pourquoi elle est dramatiquement efficace, la seconde main
caractérise pour un public scolaire le type d᾽exercice dont il va
s᾽agir.
916. La véhémence provient ici du fait
que le crime d᾽Antiphon est présenté, par celui-là même qui le
dénonce, comme dépassant l᾽imagination. On notera dans la suite le
renvoi immédiat à ce modèle de véhémence qu᾽est le début de Catil.
1. Sur l᾽opportunité de recourir à cette figure, voir de Orat. 2,
317.
917. Donat
commente en réalité la valeur de chaque mot : "itane" : est-ce que
le délit est constitué ; "uxorem duxit" : quel est le délit ;
"Antipho" : qui l᾽a commis ; "iniussu meo" : qui en
pâtit.
918. "Age" ouvre une nouvelle
proposition en juxtaposition et non ce que l᾽on attendrait,
c᾽est-à-dire une coordination (normalement assurée par "sed" en
cas de première proposition négative).
919. Donat commente ici
l᾽infinitif exclamatif « reuereri », en l᾽illustrant par un
infinitif exclamatif qu᾽emploie Lucrèce : « uidere ».
920. La correction porte sur "simultatem" et
rend parfaitement claire la figure et l᾽exemple de Virgile : le
vieillard commence par un énoncé particulièrement brutal ("mon
fils a enfreint mes ordres"), mais, préparation pour la suite, il
l᾽adoucit immédiatement tout en l᾽intériorisant ("il n᾽a pas pensé
qu᾽il me ferait souffrir"), ce que l᾽on retrouve chez Virgile, où
l᾽on accuse le sort, puis, plus grave sur le plan moral, la
perversité du caractère.
921. Donat veut
probablement dire que n᾽est pas exprimé le pronom ou le nom à
l᾽accusatif qui désignerait la personne qui ressent la honte, ici
"eum", ou "filium pudet".
922. Le commentaire de Nigidius peut porter sur le fait que
"pudere" désigne un état et que donc cet état ne peut être que le
résultat d᾽une action antérieure. Sinon on voit mal l᾽intérêt du
commentaire.
923. "Monitor" n᾽est en soi un terme ni péjoratif ni
flatteur. Si Donat y voit une connotation flatteuse, on peut
supposer que c᾽est en raison des qualités prêtées à celui qui
conseille ou qui accompagne (sens premier de "monitor"), qui sont
souvent la sagesse et la clairvoyance.
924. Le commentaire
de Donat élude le sens au lieu de l᾽éclairer. Il ne s᾽agit pas
tant de savoir si la personne qui trouve se sent coupable ou non,
que de montrer l᾽extraordinaire présence d᾽esprit de Géta qui a
déjà tout prévu.
925. C᾽est-à-dire que, comme Donat fait anticiper par
Démiphon les arguments de ses adversaires, le vieillard paraît
vaincu d᾽avance. Tout se passe comme si le vieillard mettait en
scène une "concessio", c᾽est-à-dire un aveu avec justification, et
recevait déjà comme valable cette justification, ce qui désamorce
évidemment le risque de punition terrible.
926. La "concessio" serait simplement un appel à la clémence
du juge ou à l᾽examen de circonstances atténuantes, le verbe
"tradere", qui signifie littéralement "remettre sa cause entre les
mains de l᾽adversaire", porte un total paradoxe, puisque, loin de
se défendre, Antiphon paraît demander à ses adversaires de le
défendre. Notons l᾽ironie, puisque c᾽est, en un sens, exactement
ce qu᾽a fait Phormion : se porter l᾽adversaire d᾽Antiphon dans le
but de le favoriser.
927. Autrement dit, Géta annonce d᾽ores
et déjà qu᾽il va parvenir à s᾽en sortir, donc à calmer le
vieillard, ce qui, selon Donat, rend plus vraisemblable le fait
que ce dernier va effectivement se calmer dans la suite de la
pièce. On peut aussi considérer que le commentaire ne porte pas
sur cette partie du vers mais sur "etiamne lex coegit". En effet
si Antiphon a vraiment été contraint par la loi, le vieillard
n᾽aura plus aucune raison de s᾽irriter contre lui. Cette
explication est la plus probable.
928. Le lien entre
le vers de Térence commenté et le vers de Virgile s᾽opère par le
sens de "sperare" qui ne signifie pas ici "attendre un bien", mais
"attendre" tout court.
929. Donat reprend
ici la fameuse distinction sémantique entre "euenire", "accidere",
et "contingere" (ici "obtingere"), qui veut que l᾽on emploie
"accidere" pour un événement funeste, "contingere" pour un
événement heureux et "euenire" pour un événement neutre. Ici, il
note un emploi de "obtingere" pour un événement heureux, d᾽où sa
remarque sur la réciproque. Cf. And. 398.
930. Donat fait
peut-être référence à la racine de "statuere", dont "instituere"
est le préverbé : "sto" signifie en effet "se tenir" et comporte
un sème de ᾽solidité᾽ ou ᾽assurance᾽.
931. Le rapport entre le texte de Térence
et cette citation des
Géorgiques ne tient évidemment
pas au sens des deux énoncés, que rien ne paraît rapprocher : ce
qui est comparé (cf. la scholie suivante, qui insiste là-dessus),
c᾽est le caractère proverbial des deux passages mis en parallèle,
ici caractérisé par une répétition de termes ("maxime" chez
Térence, "nudus" chez Virgile).
932. Cela devient une maxime dans la
reformulation de Donat qui montre ainsi comment s᾽opère peu à peu,
comme on a pu le constater pour les "sententiae" de Ménandre, la
récupération d᾽énoncés comiques à des fins moralisatrices.
L᾽énoncé de Térence est nettement moins sentencieux que sa
reformulation, où l᾽on voit répétitions ("maxime"), antithèses
("sapiens"/"stultus"), jeux phoniques
("securus"/"stultus").
933. Car "aerumna" (tempête) à lui seul suffit à exprimer
l᾽idée d᾽opposition.
934. La citation de
Salluste montre bien le phénomène en question, asyndètes ("a
Pyrrho, Hannibale") suivies sur le même plan d᾽une structure
coordonnée ("aequore et terra").
935. Autrement dit,
après avoir dit, de façon générale, « quam ob rem...exilia », il
en vient bien à parler de lui, mais de façon voilée, sous couvert
d᾽un propos général. Phénomène que confirme la scholie
suivante.
936. Donat
veut que l᾽on comprenne ainsi (sans doute à tort) et non "semper
cogitet".
937. Scholie étrange mais explicable en raison du
système qu᾽adopte Donat lui-même. Pour lui, dans la comédie, les
morts ne peuvent affecter que des personnages étrangers à
l᾽intrigue, pour éviter le style tragique. C᾽est pourquoi, malgré
la véhémence du personnage, la bienséance lui interdit de dire
"mortem filii", parce que ce serait mettre un enjeu tragique sur
la pièce. Toutefois, Donat ne peut empêcher Térence d᾽écrire
"mortem uxoris". Or, comme la mère d᾽Antiphon, comme la plupart
des mères de comédie, est déjà morte au moment du début de la
pièce, cela conforte en apparence le système du commentateur qui
commente comme il le fait.
938. La citation de Virgile contient
donc elle aussi une énumération (« neque...nec... ») dont le
dernier terme est rallongé par un ajout (« atque auro turbidus
Hermus »). Voir 243, 1.
939. Remarquons
que Donat se contredit en rattachant cette fois "semper" à
"cogites" et non à "rediens", comme en 243, 4.
940. Notons que Donat oublie les trois termes de la
première énumération ("pericla", "damna", "exsilia") dont on voit
mal du coup à quoi ils se rattachent.
941. Donat remarque ici une étape
supplémentaire dans l᾽affaiblissement de la position sévère du
vieillard. En disant des mots de "precator", il se laisse
surprendre à intercéder en réalité pour son fils.
942. Commentaire dont la fin est assez obscure : Donat
comprend d᾽abord le sens évident, et fait de "si redierit" (ici
futur antérieur) l᾽équivalent d᾽un impossible "postquam" suivi du
futur antérieur, tour bien connu par ailleurs. La seconde
explication est plus subtile : "redierit" est une vraie
conditionnelle, très ambiguë : cela signifie soit "si le maître
revient", ce qui revient à "cum redierit", soit "à supposer qu᾽il
revienne", ce qui laisse planer un doute sur ce que veut
l᾽esclave. Le maître étant rentré, cette hypothèse de Donat est
purement gratuite et paraît n᾽obéir qu᾽à des considérations
d᾽enseignement grammatical.
943. Autrement dit, ces
punitions sont tellement fortes qu᾽elles seraient impossibles à
atténuer par les mots, et qu᾽il serait donc d᾽autant plus indécent
de les mentionner qu᾽elles impliquent la mort de l᾽esclave, ce qui
ressortit au tragique.
944. Si on lit "usque", il faut en effet mettre le
nominatif et comprendre "habendae sunt compedes" ; mais si on lit
"esse", on a une proposition infinitive introduite par "meditata
sunt omnia", et il faut donc l᾽accusatif "habendas compedes".
Noter l᾽incohérence dans les deux scholies puisque Donat lit
d᾽abord "usque", puis rejette cette leçon comme étant celle de
"quidam". Cela laisse supposer un travail d᾽harmonisation de
traditions insuffisamment achevé. La leçon "esse" fait difficulté
et explique sans doute la scholie, car il faut une rupture de
construction dans les sujets de l᾽infinitive pour admettre le
nominatif. Le texte avec "usque" a d᾽ailleurs une certaine place
dans les MSS de Térence et Donat ou celui qui ajoute cette scholie
n᾽a peut-être pas tout à fait tort.
945. Comme le montre sans doute la scholie suivante, la
variation se fait entre énoncés verbaux impersonnels et
personnels.
946. Dans ce passage, on trouve
effectivement d᾽abord des gérondifs, puis des adjectifs verbaux ;
ce sont ces derniers que Donat nomme "participia", car l᾽adjectif
verbal est pour lui un participe futur passif.
947. "Quicquam" étant un semi-négatif il fait pléonasme
avec "nihil".
948. Outre la similitude de
vocabulaire, la citation a une valeur intertextuelle évidente :
dans Virgile, Enée s᾽adresse à la Sibylle. Ici Géta, comme Enée,
attend de savoir son destin, mais au lieu de la Sibylle et de la
gloire romaine, ce qui l᾽attend c᾽est d᾽aller finir ses jours à
tourner la meule.
949. Si l᾽on voit bien le lien
des deux premières citations avec le texte de Térence (il réside
respectivement dans l᾽emploi de "nouus" et dans celui d᾽"animus",
on voit mal le lien que la troisième citation, que Donat a
d᾽ailleurs déjà utilisée en commentant le v. 239, entretient avec
ce passage de la pièce. En fait, il semble plutôt que la deuxième
citation engendre la troisième, autrement dit, que le "spe" de la
deuxième citation amène Donat à penser au "sperare" de la
troisième.
950. Ce qu᾽il reprend est
"quidquid praeter spem eueniat". En revanche, le commentaire de
Donat est douteux. C᾽est la répétition qui est comique, sans qu᾽il
y ait moquerie, au moins directe, puisque Démiphon se croit seul
en scène et n᾽entend pas les paroles de Géta. Dans
Les
Adelphes, en revanche, la moquerie est avérée et se fait en
face du maître, ce qui a pu induire Donat en erreur.
951. Cf., entre autres, le commentaire au vers
123.
952. La banalité du propos exclut tout reste
de véhémence chez le vieillard.
953. De fait, Démiphon
ne rend que partiellement ("partim") son salut à Phédria, puisque,
s᾽il répète "salue", il interpelle le jeune homme sans mentionner
le lien de parenté qui les unit (Phédria dit au contraire "mi
patrue, salue") ; il est en effet pressé de passer à autre chose.
Les deux salutations ne sont donc pas strictement
équivalentes.
954. Pour éviter que ce commentaire paraisse
contradictoire avec le précédent, il faut soit entendre le
commentaire de
253 comme ironique,
soit considérer que le père, tout en étant déjà prêt à pardonner
conformément à son caractère, est néanmoins prêt à jouer le rôle
que l᾽on attend de lui : quereller son fils qui a fait une grosse
bêtise.
955. Il faut en effet
qu᾽il y ait une forme de souhait ou de remerciement dans la phrase
qui précède pour que le verbe puisse se comprendre : "je me
réjouis de ton retour. -je te crois" est la solution plausible
proposée par Donat.
956. Le premier
étant "salue" (254).
957. Les vers 255-
257 sont répartis ainsi dans l᾽édition Wessner (voir
note ecdotique ad loc.) : 255 : Phédria, puis Démiphon ; 256 :
Phédria. Donat semble prendre des libertés avec l᾽ordre des vers
de façon à regrouper les remarques par personnage : première
partie de
255 puis 256 : Phédria,
deuxième partie de 255 : Démiphon. Puis Donat reprend avec le
commentaire de la deuxième partie du v. 256, dans laquelle Phédria
aborde un nouveau sujet. On pourrait comprendre cela comme un
souci, de la part du commentateur, d᾽expliquer clairement un
passage dans lequel les interventions des personnages sont
nombreuses et brèves.
958. En effet "hoc" peut être le COD de "responde" ou
celui de "credo".
959. En ne voyant pas le jeune homme, son père peut
penser qu᾽il est malade.
960. Donat est le seul à lire
"uellem equidem". Tous les manuscrits de Térence donnent "uellem
quidem". Cependant, avec le texte de Donat, à supposer que la fin
du vers soit identique à celle que nous connaissons, il est
impossible de scander le sénaire iambique.
961. Donat caractérise ici
très précisément l᾽expression du regret au subjonctif
imparfait.
962. On voit mal pourquoi cela a du pouvoir
contre la colère. C᾽est peut-être parce que le jeune homme, en se
demandant pourquoi Démiphon est irrité contre Antiphon (qui n᾽a
fait qu᾽obéir à la loi), confirme les suppositions du père :
Antiphon a seulement fait ce qu᾽il devait.
963. Sans doute allusion au fait que
"conficere bonas nuptias" (faire un beau mariage) est une
expression courante.
964. On
reste dans la logique judiciaire. Au début de son réquisitoire,
comme dans le début du
Pro Cluentio de Cicéron,
l᾽orateur divise la cause en deux points qu᾽il examinera ensuite
successivement dans son discours.
965. L᾽aparté de Géta "artificem probum" est analysé
comme ironique et a donc pour sens réel selon Donat "quel mauvais
comédien !". L᾽argument est que Démiphon reprend les termes mêmes
de Phédria, ce qui prouve que le jeune homme a échoué dans sa
tentative d᾽écarter le vieillard de ce sujet.
966. Sont opposés ici les
deux types de "senex" de la comédie, théoriquement incompatibles :
le "père indulgent" ou "pater lenis" (avec l᾽adjectif même,
présent chez Térence, et sa reprise sous forme du substantif
"lenitas" dans le commentaire) et le "père sévère" ou "pater
saeuus" (allusivement représenté par le substantif "saeuitia" dans
le commentaire). En fait, ce dont Donat fait gloire à Térence,
c᾽est d᾽avoir inséré là, par intrusion d᾽un nom de type comique,
un élément métathéâtral.
967. Il y a bien antithèse, même si l᾽opposé attendu
est plutôt "asper" ; Donat attire donc sans doute l᾽attention sur
cette figure de style parce qu᾽il estime qu᾽elle n᾽est pas
évidente.
968. Jeu
contextuel évident puisqu᾽il s᾽agit de l᾽ombre d᾽Hector qui
apparaît à Enée.
969. L᾽objection apportée ici par Phédria consiste à
dire que le crime n᾽est pas constitué puisqu᾽Antiphon n᾽a fait
qu᾽obéir aux lois.
970. Le "nedum" (à plus
forte raison) qu᾽emploie Donat se justifie dans la mesure où
diminuer la conséquence de la faute est encore plus important que
diminuer la faute elle-même.
971. Nouveau jeu contextuel : ce passage renvoie au
prodige qui annonce aux Troyens la chute imminente de leur
cité.
972. La variation
est dans le passage du simple "noris" au composé
"cognoris".
973. La colère entraîne une généralisation marquée par
"omnes". Servius donne un commentaire du même genre pour la
citation virgilienne qui suit, mais paraît le récuser comme
contraire à l᾽usage : "si enim simpliciter intellexeris ᾽crimine᾽,
de negotio ad personam vitiosum transitum facis" (si en effet on
comprend de manière simple "crimine", on aboutit à un transfert
incorrect de l᾽affaire à la personne).
974. Nouvelle citation
contextuelle toujours prise à En. 2 : il s᾽agit de la capture de
Sinon, ruse des Grecs pour entrer dans Troie.
975. Le
texte de Cicéron est très malmené par les manuscrits : on édite
généralement : "qui cives Romani erant <iudicabant> si
Siculi essent, cum Siculos eorum legibus dari oporteret, qui
Siculi, si cives Romani essent". Le commentaire est cependant loin
d᾽être clair : si on recompose, selon la suite du commentaire de
Donat, l᾽énoncé de Térence, on obtient "Si hic in noxa est, ille
adest, si ille abest, hic praesto est", ce qui ressemble
effectivement assez à l᾽énoncé cicéronien.
976. Notons que le texte traditionnellement reçu de
Virgile porte "hac".
977. Evidemment parce que Phédria ne se sent pas en
position de force, il commence donc par une sorte de concession
qui va progressivement lui permettre d᾽arriver au cœur de sa
défense.
978. Phédria ne se précipite pas pour
défendre son cousin, ce qui serait louche, mais il commence par
faire droit aux critiques formulées par son oncle.
979. L᾽ornementation réside dans une forme de
pléonasme qui a ici une valeur expressive : "il a laissé une faute
entrer en lui".
980. Cf. Cicéron,
De Oratore, 3, 25 : "Ornatur igitur oratio genere
primum et quasi colore quodam et suco suo" (le premier ornement du
style est dans son ensemble, dans sa couleur générale, et pour
ainsi dire dans sa sève).
981. Remarquons combien le
commentaire de Donat s᾽accroche acrobatiquement à la structure du
vers térentien, puisque le mot qui, en réalité, devrait entraîner
ce commentaire, "temperans", n᾽est apparemment même pas cité. Cela
dit, le commentateur n᾽est pas sans être coutumier du fait quand
il commente des fragments discontinus de vers. Mais on comprend
que cela ait troublé les copistes.
982. Donat poursuit sur la
comparaison de ce dialogue avec un procès. Toutefois le lien entre
les figures de la "purgatio" et ce que dit précisément ici Phédria
n᾽est pas évident. Il faut donc comprendre que, au moment où
Phédria aborde le cœur de l᾽affaire, Donat dévoile par avance ce
qui va être la stratégie du jeune homme, annoncée dès
l᾽"insinuatio" : atténuer la faute d᾽Antiphon pour finir par le
disculper.
983. Allusion au v. 94.
984. Allusion au v. 120.
985. Il y a un léger glissement dans
l᾽explication sémantique que Donat donne de "temperans" :
"consulens" et "prouidens" renvoient à la dimension de
préparation, de prévoyance, que comporte "temperans" - prévoyance
qu᾽Antiphon aurait dû avoir pour le bien ("res") et la réputation
("fama") de son père ; "moderatus", en revanche, a un autre sens
que "consulens" et "prouidens", puisqu᾽il renvoie à la part de
modération que comporte " temperans" - modération dont Antiphon
est censé ne pas avoir fait preuve.
986. Cette citation illustre donc plutôt "temperans" au
sens de "moderatus", et non pas au sens de "consulens" ou de
"prouidens".
987. Topique du discours oratoire qui consiste en une
sorte d᾽"excusatio".
988. Ce que Donat semble vouloir dire ici, c᾽est que
Phédria ne veut pas laisser croire qu᾽il défend à tout crin
l᾽autre jeune homme. Les trois scholies de ce vers se complètent :
dans la première, Donat commente uniquement l᾽emploi de "quin" en
reformulant très approximativement la principale ; la deuxième est
un commentaire rhétorique qui analyse le procédé ; dans la
troisième, il en vient à la situation dramatique en
recontextualisant par rapport au locuteur. Phédria a dit : "je ne
plaide pas", alors qu᾽en fait il plaide en partie coupable (si du
moins le crime est constitué). Ce que Donat veut nous faire
comprendre, c᾽est que Phédria ne s᾽érige pas en juge, comme on
pourrait le croire, à l᾽entendre réclamer la punition d᾽Antiphon,
mais qu᾽il le défend paradoxalement en demandant qu᾽il soit
puni.
989. Autrement dit,
Phédria se porte caution pour Antiphon.
990. Commentaire qui souligne bien la subtilité
de l᾽enseignement rhétorique que Donat glisse dans le commentaire
de cette scène. La question fondamentale est de savoir si Démiphon
va punir son fils, ce que Phédria paraît accepter (c᾽est la
"concessio"). Toutefois, le jeune homme en disant "si peccauerit"
souligne que le délit n᾽est peut-être pas suffisamment clairement
établi et que par conséquent sa concession peut très bien aboutir
à un non-lieu pour Antiphon. Phédria recourt à la figure de
"permissio" (Her. 4, 39).
991. La fonction de "cognitor" paraît ici renvoyer davantage
aux réalités du temps de Donat qu᾽à celles de Térence. Phédria
joue le rôle traditionnel du "cognitor" lorsqu᾽il agit
"patrocinantis auctoritate", c᾽est-à-dire qu᾽il représente
Antiphon et apporte en son nom les éclaircissements nécessaires à
la disculpation du jeune homme. Toutefois ici, le mot "cognitor"
est pris ici dans son sens tardo-antique de juge, magistrat
instructeur : cf. C. Th. 10, 10, 20.
992. "Sollicitum" a donc
plutôt le sens, ici, de "sollicitatum".
993. Rapprochement évidemment voulu avec un exemple
parfait de fourbe à qui l᾽on se fie à tort. Cette comparaison,
insistante depuis le début de la scène, rappelle quand même que la
loi derrière laquelle se retranche le camp d᾽Antiphon a été
utilisée de façon malhonnête par le jeune homme et son acolyte
Phormion.
994. "Si" nous
paraît ici emblématique de tout système hypothétique, comprendre
"il ajoute une proposition en ᾽si᾽".
995. Sur la valeur de l᾽âge dans la topique
judiciaire, voir Cic. Inv. 1, 35, 6 ; Top. 73 ; Quint 3, 8,38 ; 4,
1, 13 ; 6, 1,
24 etc.
996. Sur la valeur de
l᾽interrogation voir 63, 124,
132 etc.
997. Autrement dit, en multipliant les
personnes, Phédria veut prouver qu᾽Antiphon mérite moins le
châtiment (puisqu᾽il n᾽est pas le seul responsable).
998. Donat veut dire que le caractère
propre de Phédria, qui se montre ici sous un jour particulièrement
recommandable, s᾽accorde mal avec le fait qu᾽il ait pu tremper
dans une histoire sordide, et, de plus, le nombre des accusés
impliqués dilue la responsabilité au point de rendre impossible la
condamnation du seul Antiphon.
999. Justement parce que, dans
le début, il avait traité cette affaire comme s᾽il en avait été
extérieur, plus en magistrat instructeur qu᾽en défenseur, disait
Donat. En disant "nostra", il choisit son camp et c᾽est celui
d᾽Antiphon.
1000. Donat remarque que, dans un premier temps, Phédria s᾽en
prend violemment aux juges en les accusant d᾽"inuidia". Mais, dans
un second temps, Phédria souligne que l᾽"inuidia" n᾽est pas le
seul motif des juges, qui peuvent aussi agir sous l᾽impulsion d᾽un
sentiment louable ("honestior"), la "misericordia". Il commente
alors cet ordre "inuidia / misericordia" de la façon suivante :
Phédria a mis en dernier ce qui disculpe les juges
("misericordia"), afin de ne pas avoir l᾽air de déplacer
l᾽accusation portée contre Antiphon sur les juges. Ainsi, il ne
s᾽expose pas au reproche de détourner la cause, puisqu᾽il ne
critique pas les juges, mais se contente de défendre Antiphon en
montrant que, en bien ou en mal, les juges peuvent ne pas être
impartiaux. En réalité il y a un léger glissement de sens de
"uideretur" entre la première et la deuxième proposition. Dans la
première il faut le prendre au sens de "être manifestement, être
au vu de tous en train de", et dans la seconde au sens de
"paraître, sembler".
1001. On retrouve le même "antitheton proton"
en Eun. 1, 2, visiblement la figure désigne une antithèse de
propositions ("antitheton sententiis", cf. Susemb. : "qui placere
studeat bonis et minime multos laedere" dans
L᾽Eunuque et ici "propter inuidiam adimunt diuiti,
propter misericordiam addunt pauperi").
1002. Géta
ne se laisse pas prendre, parce qu᾽il connaît la manœuvre
antérieure de Phormion, sinon il se laisserait convaincre. C᾽est
donc que la force persuasive de Phédria est telle que la seule
restriction possible à son pouvoir, c᾽est d᾽avoir vu de ses yeux
que toute l᾽affaire n᾽est qu᾽une machination.
1003. Donat souligne
que la qualité oratoire de Phédria est évidemment à mettre au
compte de son créateur.
1004. C᾽est-à-dire celui qui
est implicitement désigné au vers
273 par "si quis malitia fretus".
1005. Ici "absolute" désigne à la fois le recours à la
substantivation de l᾽adjectif, à la brièveté de l᾽énoncé sans
infinitif et surtout, sans doute, au rejet.
1006. S᾽il disait par exemple "noscere tuam causam
esse iustam".
1007. Comprendre : il ne dit pas "tu ne dis
pas grand-chose", mais "(tu ne réponds)
mot".
1008. Térence l᾽a dit au vers 132, mais Démiphon n᾽était
pas présent. Donat pointe donc une invraisemblance. Comment
Démiphon, ici comme au vers 236, sait-il qu᾽Antiphon n᾽a rien
dit ? Le commentateur s᾽efforce de limiter l᾽invraisemblance au
nom de la volonté d᾽éviter du tragique, dont on voit mal comment
elle s᾽explique ici, sinon parce que Démiphon pourrait céder au
désespoir, mais, dans ce cas, pourquoi ne l᾽a-t-il pas fait
avant ? D᾽ailleurs, en 236, Donat n᾽a rien dit de cette
invraisemblance.
1009. La dérivation a fait passer la cause de l᾽état
de capitale à celui de vénielle.
1010. S᾽il
avait nié le chef d᾽accusation, Phédria n᾽aurait pas pu dire
qu᾽Antiphon s᾽est conduit en jeune homme bien, en respectant
scrupuleusement la loi et en épousant l᾽épiclère.
1011. Donat signale donc un
archaïsme de construction, par lequel "fungor" est transitif
direct, alors que sa construction standard est l᾽ablatif.
1012. Sur
cet emploi de "color", voir Roller 2008. On trouvera en Sen.
Contr. 9,
5 un parfait exemple de
l᾽usage des "colores". Donat dit "uulgo" parce qu᾽il s᾽agit (cf.
Roller 2008) d᾽un emploi dérivé du mot initié par Sénèque le Père,
mais devenu trivial dans la langue technique des
rhéteurs.
1013. Citation très inexacte :
Plaute écrit "nam ut in naui uecta es, credo timida es".
1014. Phédria a assez bien défendu
le camp d᾽Antiphon dont fait partie Géta pour lui éviter la meule
s᾽il paraît devant Démiphon.
1015. Même remarque que pour l᾽entrée de
Phédria plus haut.
1016. Ce sens de "columella" n᾽est attesté que chez
Lucilius.
1017. Sur
l᾽étymologie de "columen", Ernout-Meillet (DELL) suggère
l᾽hypothèse que "columen" soit un doublet de "culmen", "avec
lequel il est souvent confondu dans les manuscrits", sur le modèle
"tegmen" / "tegumen". Mais une évolution de sens a conduit à
l᾽époque impériale à une répartition des emplois des deux termes :
"columen", voisin de "columna", est employé dans un sens
métaphorique à partir de son sens de "soutien, appui", alors que
"culmen" signifie "᾽sommet". L᾽explication de "columella" par
"columna" est reprise par Priscien (GL II, 110,
14 et 112, 10) "feminina quoque in na desinentia,
siue habeant ante n aliam consonantem siue non, geminant in
diminutiuis l ante a, ut catena catella, asina asella, gemina
gemella, columna columnella" (les féminins également qui finissent
en "–na", qu᾽ils soient précédés d᾽une autre consonne avant le "n"
ou non, redoublent le "l" avant le "a" dans les formations de
diminutifs : "catena" "catella", "asina" "asella", "gemina"
"gemella", "columna" "columnella") et "haec enim [unam] addunt
syllabam diminutiuis, sicut etiam disyllaba eiusdem terminationis,
ut columna columnella, sicut agna agnella, tignum tigillum" (ces
derniers en effet [scil. les mots qui avant le dernier "n" du
radical avaient une autre consonne] ajoutent une syllabe au
diminutif, comme aussi les dissyllabiques de même terminaison :
"columna" "columnella", comme on a "agna" "agnella", "tignum"
"tigillum").
1018. De "custos"
à "columen".
1019. Double accusation, parce qu᾽à la
fois Géta a mal rempli la mission qui lui était confiée et que les
conséquences de son laxisme se portent sur le personnage que
Démiphon voulait le moins voir impliqué, son fils.
1020. Donat semble donc considérer que le "c" final de
"hunc" et "hanc" est une particule déictique. Cf Priscien GL III,
6,
5 "sed scriptorum neglegentia
praetermisit unum c. et sciendum, quod accusatiui casus singulares
et genetiui plurales m in n conuertunt c consequente : hunc hanc,
horunce harunce" (mais la négligence de ceux qui écrivent enlève
un "c", même en sachant que l᾽accusatif singulier et le génitif
pluriel changent le "m" en "n" quand un "c" les suit : "hunc",
"hanc", "horunce", "harunce").
1021. On remarquera que l᾽adverbe n᾽est pas en réalité
"paruo", mais "parue" ("paruo" est l᾽ablatif de "paruum", parfois
employé de manière adverbiale). Au sujet des adverbes se terminant
en "o", cf. Cledonius,
Ars, GL V, 64, 2 : "o quae
producuntur a masculinis ueniunt et melius iuxta regulam in e
caderent, ut false, sicut docte" (les adverbes qui finissent en o
long viennent de mots masculins, et il serait mieux, en conformité
avec la règle, qu᾽ils finissent en "e", comme "false" et
"docte").
1022. C᾽est-à-dire tout pour servir les intérêts de son
maître. Donat remarque que Géta ne s᾽accuse pas d᾽avoir fait le
mal, mais, tout au plus, de n᾽avoir pas fait tout le bien qu᾽il
pouvait, tout en considérant que dans ce cas ("in hac re") c᾽était
impossible.
1023. Donat revient sur ce point déjà plusieurs fois
évoqué, mais la citation de Salluste, paradoxalement, le
contredit. Ce n᾽est pas tant spirituel qu᾽une marque probable
d᾽archaïsme, dans lequel "homo" ou "mulier" sont pris pour des
équivalents de "quidam". Ce qui fonctionnait pour "homo confidens"
à l᾽acte
1 paraît plus difficile à
soutenir ici. A moins qu᾽il comprenne dans
Jugurtha
"il se cachait dans la hutte d᾽une femme, une servante qui plus
est". Dans l᾽exemple virgilien l᾽emploi de "homo" est clairement
dépréciatif.
1024. Ici, c᾽est donc
"mulier", et pas "homo", qui est "dit spirituellement".
1025. Donat veut dire qu᾽"orare" a ici le sens
de "parler" et non celui de "prier". Le mot "orator", lui,
confirme que c᾽est bien le sens propre.
1026. Ici, il perd la possibilité de faire témoigner
l᾽esclave. Donat ignore cependant un point important. Si nous
sommes en Grèce, Démiphon peut faire témoigner son esclave sous la
torture, mais pas à Rome, puisqu᾽il ne s᾽agit pas d᾽un procès
criminel. Géta ne peut donc lui servir à rien. On notera que
Térence, ici, n᾽a pas hellénisé son personnage. S᾽il ne le dit
pas, c᾽est peut-être parce que, dans la législation contemporaine
de Donat, le témoignage des esclaves est encore réduit par rapport
à la pratique de l᾽époque classique ou archaïque.
1027. La
disculpation d᾽Antiphon peut effectivement reposer sur le fait
qu᾽il s᾽est laissé abuser.
1028. Le terme de "propositio" a ici le même sens de
"déclaration préliminaire" que dans le commentaire que Donat fait
du vers 30, même si le contexte est assez différent (au vers 30,
il s᾽agissait de la "propositio" dans laquelle l᾽auteur demandait
le silence ; ici il s᾽agit de la "propositio" dans un sens plus
législatif : la première condition, la première partie d᾽une
loi).
1029. Cf. v.
413 et
suiv.
1030. Donat signale dans sa grammaire que tous les noms
(comprendre en l᾽espèce les adjectifs) ne connaissent pas le
degré : 617,
12 Holtz :
"conparantur autem nomina quae aut qualitatem significant aut
quantitatem. Sed non omnia per omnes gradus eunt" (peuvent être
mis au comparatif les noms qui expriment soit la qualité soit la
quantité. Mais tous n᾽ont pas tous les degrés). Dans sa grammaire,
il est surtout attentif aux lacunes morphologiques (tel adjectif
n᾽a que le superlatif mais pas le comparatif, etc.). Ici, en
revanche, il s᾽agit d᾽une remarque sémantique. "Cognatus" est un
"nomen relativum", il ne peut donc avoir de degrés, car la
relation qui le constitue existe (et le mot est utilisable) ou
elle n᾽existe pas (et le mot ne peut être employé). Ce qui
explique que des commentateurs qui n᾽avaient pas vu la
plaisanterie à la différence de Donat aient tenté de sauver
"maxime" en le faisant porter sur autre chose (et c᾽est une simple
question de ponctuation). L᾽idiotisme ici réside dans le caractère
drolatique de l᾽expression "cent fois parent".
1031. "Quaerere" (chercher)
paraît effectivement, comme dans l᾽exemple virgilien, signifier
"envoyer chercher" au sens de "chasser quelqu᾽un en l᾽envoyant
chercher quelque chose".
1032. Le propos de Donat
est assez obscur : on peut au moins comprendre que "ducebat"
s᾽oppose à ce que le vieillard a dit plus haut en évoquant la
possibilité qu᾽avait le jeune homme de ne pas épouser la jeune
fille, mais de simplement lui fournir une dot. Autrement dit, en
disant "ducebat", le vieillard vise moins à critiquer les accusés
qu᾽à opposer la solution du mariage, qu᾽il rejette, à celle de la
dot, qu᾽il a envisagée juste auparavant. Donat signale donc que
l᾽argumentaire de Démiphon perd en efficacité petit à
petit.
1033. Remarque de
ponctuation ; si on rattachait l᾽adverbe à "inopem", on
obtiendrait un contresens : "pourquoi n᾽a-t-il pas ramené à la
maison plutôt une fille pauvre ?". Démiphon, selon Donat, accuse
son fils de s᾽être marié, non de s᾽être marié avec une pauvresse,
mais les commentateurs qui ponctuent "inopem potius" n᾽ont pas
tort, car Démiphon, qui est très avare, peut s᾽offusquer au moins
autant de la pauvreté de la fille que du mariage de son fils. Là
où le texte de Térence demeure volontairement ambigu, Donat
tranche et lui fait perdre une partie de sa finesse
comique.
1034. Géta paraît
avoir compris "inopem potius" (ce qui va dans le sens d᾽un
commentaire à la limite du contresens au vers précédent) et, s᾽il
s᾽amuse, c᾽est en stigmatisant son maître pour sa ladrerie. Donat
se contredit donc en partie dans ces deux scholies.
1035. Autrement dit : des choses dont la dimension de
raillerie peut aisément être perçue.
1036. L᾽énoncé n᾽est pas vraiment un
proverbe contrairement au passage correspondant de
L᾽Héautontimoroumenos mais Donat a une conception
assez large du "prouerbium", qui désigne tout énoncé bref à portée
générale. Dans l᾽Heaut., en revanche, c᾽est un vrai proverbe
conformément à la définition antique : un énoncé bref, à portée
générale et reposant sur une métaphore. Cf. Biville 1997.
1037. Forcellini donne des exemples, jusqu᾽à Sénèque,
de constructions absolues de "credere" dans le sens "pecuniam
committere". Charisius (
Ars, Barwick, 1964(2), 399,
6) dans le chapitre "De differentiis" du livre V de son
Ars établit la distinction suivante, que Donat ne
paraît pas avoir retenue : "committere et credere. committimus
consilia, credimus pecuniam" qui indique bien qu᾽on ne peut pas,
selon lui, construire "pecuniam" et "committere".
1038. Donat a parfaitement saisi le mécanisme
dramatique de la scène qu᾽il résume ici avec une netteté
remarquable. En prenant l᾽ascendant sur son maître par son ironie,
Géta a conduit celui-ci à bout d᾽arguments mais l᾽a aussi
terriblement agacé.
1039. C᾽est-à-dire sans doute à
son avarice et à sa propension à la colère, certes, mais aussi à
son impuissance, que Donat a pointée dès le début de la
scène.
1040. En effet c᾽est pour se débarrasser
d᾽elle qu᾽il va finir par payer les trente mines, voir l᾽acte
5.
1041. Chez
Térence, "meritum" est un verbe ("meritum est") ; mais Donat
semble le comprendre comme un nom.
1042. C᾽est en effet Phormion qui montera toute
l᾽affaire de la fausse dot, et se chargera de la
récupérer.
1043. Donat indique clairement que le commentaire porte sur
"istum" malgré le lemme. Voir commentaire suivant.
1044. C᾽est ici le
sens péjoratif de "istum" que commente Donat.
1045. Donat, comme d᾽ordinaire, remarque les structures de
bouclage de la scène, car Démiphon répète ce qu᾽il a dit en 254,
mais l᾽adverbe souligne l᾽évolution dramatique.
1046. Comprendre :
appropriée à l᾽intrigue.
1047. Autrement
dit : lui qui ne soupçonne pas que c᾽est chez sa maîtresse
Pamphila que Phédria va se précipiter, et non pas chez
Antiphon.
1048. Ce
commentaire de Donat sur la réplique de Géta éclaire également son
commentaire de 309,
2 qui sinon se
comprend mal.
1049. Si l᾽on comprend ainsi (mais voir note sur
texte latin ad loc.), cela implique que l᾽action de grâces en
question se fait sitôt débarqué sur le port même. Il s᾽agit ici
d᾽un deuxième acte cultuel qui consiste à saluer les dieux
domestiques.
1050. Il y a une tendance certaine chez les
lexicographes à associer le terme générique "uia" aux définitions
de certains noms de passage en relation avec la famille de
"uerto" : cf. Non. 448,
22 L :
"diuortium, flexus de uia, a diuertendo" ; Isid. Et. 15, 3, 10 :
"diuersorium dictum eo quod ex diuersis uiis ibi conueniatur" ;
15, 16, 11 : "diuortia sunt flexus uiarum, hoc est uiae in diuersa
tendentes. Idem diuerticula sunt, hoc est diuersae ac diuisae
uiae, siue semitae transuersae quae sunt a latere uiae" ; déjà
dans le commentaire à Eun. 635, 1-2, on trouve illustrée cette
tendance, à propos du mot "diuerticulum" : "diuerticulum est, ubi
iter de uia flectitur. Et proprie, quia diuerticula dicuntur in
uia domicilia, ad quae de itinere diuertendum sit". Certes, aucun
lien étymologique explicite entre "uia" et "uorto" n᾽est fait chez
les lexicographes ; au contraire, "uia" est habituellement
expliqué comme étant de la famille de "ueho" ᾽transporter᾽ (cf.
Isid. 16, 16, 4, proche de Varr. RR 1, 2,
14 ou LL 5, 6). Mais "quasi", qu᾽on trouve dans
cette scholie, est un marqueur habituel d᾽étymologie. Si
l᾽étymologie ne concerne pas "uia" (ce dont nous ne sommes pas
sûrs), elle concerne en tout cas au minimum la préposition "de",
d᾽où notre option de considérer "de uia" comme un autonyme, total
ou partiel.
1051. Donat explique ici un point de civilisation qui
n᾽est plus compris par ses contemporains. A son époque les avocats
sont pratiquement des professionnels que l᾽on va consulter et que
l᾽on paie. Dans la pièce comme d᾽ailleurs à Athènes seuls des amis
ou des parents peuvent assister le plaignant.
1052. Donat semble ici
renvoyer au statut social, ou à l᾽origine sociale, des différents
parasites que représente Térence.
1053. Faut-il
comprendre que les parasites ont été davantage raillés par Térence
que par d᾽autres poètes ? Ou que Térence s᾽est davantage moqué des
parasites que d᾽autres types de personnages ?
1054. L᾽anecdote n᾽est pas autrement
connue, mais le personnage est bien connu ; il apparaît dans les
didascalies de Térence et est cité par Cicéron comme l᾽un des
meilleurs acteurs de sa génération. Il était aussi producteur de
spectacles.
1055. Comprendre que la portée de l᾽adverbe "oppido" est
sur l᾽adjectif "iratum" et non sur le verbe principal sous-entendu
(ce qui s᾽interprèterait : "je l᾽affirme avec force"). Si l᾽on
faisait une analyse en termes modernes, on dirait que Donat
explique qu᾽ici "oppido" est un adverbe de mot, non de phrase ni
d᾽énonciation, ce qu᾽il serait si sa portée était sur
"aio".
1056. Donat donne sans doute ici
la clé de son commentaire dont le rapport avec le texte est assez
lointain : il s᾽agit d᾽une indication scénique complémentaire
reposant sur une représentation qu᾽il a vue ou qu᾽il imagine. On
retrouve une pareille indication en 320,
1 et 321, 1.
1057. Le mortier est un objet essentiel pour la cuisine romaine
où l᾽on broie beaucoup, comme on le voit dans les recettes
d᾽Apicius. Cet objet est par ailleurs très ancien puisque
Schliemann en a retrouvé lors de ses fouilles dans les ruines de
Troie. Caton en fait mention, Agr. 14, 74-
76 mais aussi l᾽"appendix vergiliana" qui le décrit
en détail dans son poème
Moretum, consacré en partie
à donner la recette d᾽un plat connu depuis sous le nom de "moretum
uergilianum".
1058. On n᾽a semble-t-il pas
d᾽attestation du proverbe que Donat attribue aux paysans. Par
ailleurs, Donat joue ici sur le double sens de "intrita" : soupe
et mortier ; les "nourritures de ce genre" désignent en effet
celles qui, après avoir été broyées dans un mortier, ont obtenu la
consistance d᾽une soupe. Ce double sens de "intrita" est notamment
illustré par Pline.
1059. Il s᾽agit de traiter maintenant la
seconde intrigue, l᾽histoire d᾽amour de Phédria.
1060. Les deux personnages se cherchent, ils vont
donc inévitablement se rencontrer et s᾽affronter.
1061. Donat se souvient
sans doute de Cic., Scaur. 27,
7 et
de l᾽emploi de ce verbe dans les plaidoyers de Cicéron, où il est
très fréquemment employé pour l᾽acte même de la défense : voir par
ex. Clu. 70, 14, Sul. 27,
7 etc.
1062. Rappelons que les trois choses en
question sont, dans l᾽ordre : le fait que Phanium demeure, le fait
qu᾽Antiphon ne soit pas accusé, et le fait que Phormion prenne sur
lui toute la colère du vieillard.
1063. Donat fait
peut-être ce commentaire parce qu᾽il craint que l᾽on ait oublié
l᾽identité de la jeune femme ; elle n᾽a en effet été nommée que
trois fois depuis le début de la pièce (aux v. 201,
218 et 316).
1064. Nouveau rapprochement contextuel : si l᾽on suit
Donat, Phormion, qui arrive au moment où il va lui falloir toute
sa ruse se prend pour Enée, "furiis accensus et ira terribilis",
face à Turnus. Une fois encore le commentaire passe par le jeu
littéraire. Visiblement Donat s᾽amuse tout en approfondissant la
psychologie des personnages térentiens.
1065. On voit mal pourquoi cette remarque, sinon parce que
Donat imagine ce jeu de scène ou l᾽a vu jouer ainsi. En quoi le
fait de ne pas être entendu du parasite est-il en effet plus
percutant que de l᾽être ? Tout simplement parce qu᾽on peut mentir
à un interlocuteur, mais on ne se ment pas à soi-même. Donc
Phormion est authentiquement un brave et un ami.
1066. On a ici la
définition de la maxime à laquelle il manque seulement la mention
d᾽une portée morale.
1067. Dans la plupart des cas à Athènes, où est censée se
dérouler la pièce, soit on ne met pas les gens en prison, soit ils
y sont dans un état de relative liberté. Le fait d᾽enchaîner les
prisonniers est exceptionnel à Athènes et limité à des délits très
graves, mais constitue à Rome en revanche une peine prévue pour un
certain nombre de délits même relativement mineurs.
1068. Le "nervus" (ou bien
"numella" ou "boiae") désigne un instrument destiné à empêcher un
homme condamné de se mouvoir normalement . Il existait aussi chez
les Grecs. C᾽est un carcan de bois ou de fer. Plaute l᾽appelle
"collumbar" (Rud, 888) car les ouvertures ressemblent à celles
d᾽un colombier. On trouve mention chez lui d᾽autres punitions pour
les esclaves : fers qu᾽on leur mettait aux pieds, "compedes"
(Asin. 548, cités également par Géta, qui en a peur), ou leur
variante "pedicae" (Poen. 514), ou "numellae", souvent employés
aussi pour maîtriser les gros bestiaux .
1069. Les trois solutions proposées
exploitent la polysémie du mot "nervus". D᾽abord on peut penser
aux entraves des prisonniers, ensuite à la corde de l᾽arc et enfin
aux nerfs que l᾽athlète trop zélé peut se froisser.
1070. Autrement dit, si Donat
peine à établir l᾽origine de l᾽expression "in neruum erumpere", il
finit par en donner le sens, sur lequel il n᾽a aucun doute. Donat
peut d᾽autant plus légitimement s᾽interroger sur l᾽origine de
l᾽expression "in neruum erumpere" qu᾽elle n᾽est attestée
apparemment que dans le
Phormion, à ce
vers.
1071. Ici en effet
"denique" peut parfaitement être remplacé par "modo" au sens de "à
l᾽instant".
1072. On peut donc comprendre que parler
par métaphores donne au discours une dimension vaine et bouffonne,
c᾽est-à-dire à la fois drôle et pleine de dérision. Par ailleurs,
Donat s᾽avance peut-être beaucoup : si, comme il l᾽a dit, il
s᾽agit là d᾽un parasite de la pire espèce, pourquoi ne pas
considérer que Phormion se vante de crimes réels ?
1073. C᾽est-à-dire que l᾽on n᾽a pas le balancement
"cum...tum...", mais seulement "tum".
1074. C᾽est-à-dire important dans l᾽ordre social :
le citoyen après l᾽étranger.
1075. Voir plus haut par exemple 275,
1 sur l᾽expressivité des questions.
1076. Géta remplit ici le rôle de l᾽interlocuteur qui vient
rompre la monotonie des monologues en relançant la parole. Donat a
bien analysé ce phénomène en And. 1,
1 par exemple, où il prête cette fonction au
personnage protatique.
1077. Autrement dit :
verbalement et physiquement. Donat joue sur la métaphore des
rapaces utilisées par Phormion. "Os" en latin signifie à la fois
la bouche du sycophante et le bec du rapace. Donat montre ainsi le
jeu de mots.
1078. C᾽est en effet le cas, car l᾽autre solution proposée
par Donat ,qui consiste à voir dans "enim" une espèce de
corrélatif de "quia", est assez acrobatique.
1079. Ici, Donat
paraphrase le v. 331.
1080. Le lien
de cause exprimé par l᾽emploi de "quia" est assez étrange : selon
Donat, "fructus" signifie "cibus" parce que le "cibus" est destiné
à finir dans le "frumen". On s᾽attendrait plutôt à ce que le
raisonnement, pour qu᾽il soit plus explicite, soit présenté
différemment, presque sous la forme d᾽un syllogisme : le
" fructus"» est destiné à finir dans le "frumen" (c᾽est ce que
traduit la proximité étymologique des deux mots) ; le "cibus" est
lui aussi destiné à finir dans le "frumen" ; donc le "cibus" et le
"fructus" sont une seule et même chose.
1081. Donat paraphrase
encore le v. 331.
1082. "Frustratur" n᾽est une reformulation possible de
"luditur" que si l᾽on considère qu᾽on a affaire au verbe actif
"frustro", au passif impersonnel, et non au déponent "frustror",
qui a le même sens mais est dépourvu d᾽emploi au passif
impersonnel. Or "frustro" est un verbe archaïque, preuve que Donat
aime à parodier le style des Anciens.
1083. Il
semble que Donat comprenne "aliis alicunde" au sens d᾽un péril
"autre que celui auquel on s᾽attendait" ; mais il n᾽est pas
obligatoire de comprendre ainsi le texte de Térence ; on peut en
effet traduire par : "pour d᾽autres, il y a un danger d᾽où ils
peuvent retirer quelque chose".
1084. Le passé employé par Donat pourrait
indiquer qu᾽il vise ici la législation athénienne de recouvrement
des dettes, mais en réalité la procédure visée est la "debitoris
ductio", dans laquelle le débiteur indélicat pouvait être détenu
dans la maison du créancier qui l᾽employait à divers travaux
jusqu᾽à ce que la dette soit jugée acquittée par le travail du
débiteur. Le parasite se voit donc déjà entretenu par sa victime
et sans doute limitant ses services au strict minimum.
1085. A
Rome, les taux d᾽intérêt sont souvent exorbitants et les délais de
recouvrement de la dette peuvent être très courts. De plus, à
époque ancienne, l᾽obligation pouvait s᾽étendre à la personne même
du débiteur. Ainsi quand il ne pouvait pas payer, il était remis à
son créancier, qui pouvait en faire ce qu᾽il voulait.
1086. Parce que
dans ce cas, être conduit chez quelqu᾽un signifie être entretenu ;
cf. infra.
1087. Référence évidemment introduite par jeu,
car la divinité inférieure (Eole) met au rang de ses privilèges
accordés par les grands celui de manger à la table des dieux, ce
qui rejoint le trait que Donat accuse chez le parasite,
l᾽obsession de la nourriture.
1088. Comme il le note
lui-même, "rex" n᾽est pas tout à fait un "nomen relatiuum", même
si, selon lui, il fonctionne ainsi dans ce passage. Donat crée
donc artificiellement le couple "rex / parasitus", qui lui fait
dire que "parasitus" est inutile après "nemo", puisqu᾽il est
contenu dans l᾽idée même de "rex". De toute évidence, Donat voit
ici une plaisanterie : "rex" est un mot sans doute à connotation
argotique, comme "le boss, le dabe".
1089. Donat manie sans doute ici,
implicitement, la notion d᾽idiolecte.
1090. L᾽adjectif "asymbolus" est également attesté chez
Aulu-Gelle (7, 13, 2), où il est présenté comme un synonyme de
"immunis" (dans le sens "qui ne donne rien"). Dans ce sens-là
("hoc nomen constat inter parasitos esse confictum atque
compositum"), l᾽adjectif grec "ἀσύμβολος", dont il est un emprunt,
est attesté dans les fragments de deux poètes comiques, Amphis et
Timoclès.
1091. C᾽est-à-dire
l᾽apparence que doit assurer celui qui reçoit chez lui.
1092. Il s᾽agit donc de deux syllabes phonétiquement
très proches : "rin" et "ri".
1093. Cf. note du v. 247.
1094. Le verbe signifie "grogner en
montrant des dents" et peut reposer sur une onomatopée "faire
rrrr".
1095. Le terme de "procacitas" désigne aussi bien le
goût des plaisirs que l᾽effronterie ; les deux conviennent au
personnage de Phormion.
1096. Nous "traduisons"
ainsi, pour souligner que ce que Donat remarque ici, c᾽est l᾽usage
archaïque du verbe "decumbere", là où on attend, comme dans
l᾽exemple cicéronien, "discumbere", qui, de toute évidence,
appartient à une langue plus moderne.
1097. Nouveau jeu intertextuel : "mature ueniunt" désigne
dans les
Verrines un repas où Rubrius fait boire son
hôte Philodamos, un austère sicilien, avant de faire des
propositions indécentes concernant la fille de ce dernier. Il n᾽y
a guère de ressemblance textuelle, sinon le verbe, mais le
contexte invite les lecteurs de Donat à imaginer jusqu᾽où va
l᾽emprise des parasites sur une maison.
1098. A la
lecture du commentaire, Géta n᾽est sans doute pas le seul à ne pas
comprendre, sachant que l᾽allusion à Rubrius laisse supposer que
Donat entend exactement "sumere" au vers suivant avec les
connotations obscènes du français "prendre".
1099. Donat veut sans doute dire que
chaque milieu a ses propres codes, et que les parasites en ont un
particulier. Notons cependant que la formulation est pour le moins
maladroite. Pour nous "his" est un masculin pluriel et "diuersi
actus" un génitif singulier.
1100. Il est difficile de
comprendre pourquoi Donat introduit ici le superlatif "potissimus"
pour commenter le comparatif "potiora" ; peut-être y a-t-il eu
contamination avec le commentaire, deux vers plus loin, de
l᾽expression "praesentem deum", que Donat explique en lui donnant
comme synonyme "potissimus". On peut également faire le lien entre
"potius" et "potissimum" en rappelant que le superlatif relatif
est un degré qui, comme le comparatif, implique une comparaison ;
mais le superlatif relatif exprime, parmi tous les éléments
comparés, le degré ultime ; "potissimus" est donc supérieur à
"potior".
1101. Le lien entre cette
citation et le texte de Térence réside à la fois dans l᾽emploi du
superlatif ("summa" chez Plaute, "potissimum" chez Térence), et
dans le fait que Peniculus, le personnage de Plaute, évoque, comme
Phormion, une table particulièrement bien garnie.
1102. Il y a sans doute ici une légère
ironie de la part de Donat, qui semble railler les évidences que
formule parfois Térence...
1103. L᾽expression "dii praesentes" est commentée
ainsi par Porphyrion Carm. 1, 35, 2 : "Praesens : ita dictum, ut
praesentia dicuntur numina deorum, quae se potentiamque suam
manifeste ostendunt" (se dit comme quand on dit "praesens" en
parlant de la nature divine des dieux qui se montrent à l᾽évidence
eux-mês ainsi que leur puissance), alors que Servius commente
quant à lui "praesens dea" (Aen. 9, 142) en glosant "id est ilico,
statim" (c᾽est-à-dire sur-le-champ, aussitôt) et en G.
1,
10 "quorum praesentia favor est"
(dont la présence constitue une faveur). On voit que Donat combine
deux interprétations possibles, dont on retrouve trace avant et
après lui.
1104. Autrement dit, l᾽entrée du
vieillard marque la fin de l᾽excursus, sans rapport direct avec
l᾽argument, où Phormion exposait son mode de vie de parasite et
son goût pour la nourriture ; notons que le même type d᾽excursus
se retrouve par exemple dans
L᾽Eunuque, lorsque
Gnathon raconte sa façon de vivre en tant que parasite.
1105. "Sustinere" implique "tenir sur sa position" alors
que "repousser" implique de prendre l᾽avantage sur l᾽autre et de
le chasser de son terrain. Géta veut dire que le vieux va
s᾽accrocher à sa position et en quelque sorte assiéger Phormion et
que Phormion devra donc tenir bon et non simplement repousser
l᾽attaque.
1106. Commentaire extrêmement important, parce qu᾽il
met en évidence le schéma explicatif retenu par Donat (cf. Jakobi
(1996,
142 et suiv.)). Donat
procède exactement comme un rhéteur, il définit le type de sujet
("controversia") et en donne le sujet : "quelqu᾽un sera forcé… on
s᾽oppose à lui". Pour terminer sa présentation, il définit l᾽éthos
des deux personnages que pourraient jouer les élèves de la classe
de rhétorique de manière à donner un cadre à leur travail : l᾽un
sera un bon père de famille, l᾽autre un vil sycophante. Le verbe
"congruere", utilisé pour définir le travail du poète qui fait
coïncider les propos de ses personnages avec ces éléments
éthiques, complète cette présentation oratoire de la
scène.
1107. Sur ce commentaire,
voir la note du texte latin correspondant.
1108. Indication scénique tirée à n᾽en pas
douter de "quaeso", qui implique la présence des
"avocats".
1109. Le "hoc" du texte latin signifie
"cela", c᾽est-à-dire le signe que fait l᾽acteur en disant ces
mots, en l᾽espèce l᾽équivalent de notre signe du doigt sur les
lèvres.
1110. Non que le pronom marque en lui-même le mépris, mais
c᾽est le verbe "agitabo" qui introduit cette nuance.
1111. Ce que remarque
Donat c᾽est que l᾽interjection "proh" est ici suivie du génitif,
ce qui lui paraît incongru, et, de ce fait, il suppose un
accusatif exclamatif, "fidem", et un sens proche de "ah, bonté
divine". "Proh" interjection, se construit avec le vocatif
(exemples chez Térence lui-même, dans
Les Adelphes au
v. 196, ou chez Cicéron, "pro dii immortales") ; on trouve
également "pro deum hominumque fidem" chez Cicéron (Verr, 4, 7).
"Fidem" est donc bien la forme attendue du mot dans cette
expression.
1112. V est le seul des
manuscrits de Wessner à attribuer ce fragment à
L᾽Economique de Cicéron, C y voit un passage du
Pro Deiotaro, mais de toute évidence, il se
trompe.
1113. En utilisant une exclamation devenue
absolument topique à l᾽époque de Donat pour traduire
l᾽indignation, Phormion se pose en victime, ce qui ne peut
évidemment manquer d᾽exaspérer Démiphon, qui, d᾽emblée, va se
trouver pris à la gorge, non par la force de l᾽argument, mais par
l᾽appel à l᾽évidence que constitue un tel début.
1114. Remarque sur la
valeur sémantique de l᾽adjectif démonstratif "hanc", qui a, selon
Donat, une valeur déictique (nous dirions qu᾽il fait référence à
un élément inscrit dans la situation d᾽énonciation, et
identifiable par rapport à celle-là, ce que le commentateur nous
dit par "quasi notam omnibus"). Donat fait sans doute cette
analyse parce que ce pronom-adjectif est celui qu᾽on rapproche de
la première personne, donc de la plus grande proximité par rapport
à la situation d᾽énonciation.
1115. Accuser le
premier c᾽est en effet donner l᾽impression que l᾽on est la victime
et que l᾽on est certain de son bon droit.
1116. Donat a une théorie
précise sur l᾽usage du nom propre : si le nom du personnage est
plus honorable que son métier (voir par exemple Eun. 455), il faut
le désigner par son nom, dans le cas inverse, il faut le désigner
par son métier. Dans tous les cas, répéter un nom propre introduit
un élément passionnel, ici la colère feinte et le sarcasme,
ailleurs comme dans
L᾽Eunuque (871), la tendresse et
l᾽attachement.
1117. Rappelons que Géta fait comme s᾽il ne voyait pas
Démiphon ; c᾽est pour cela que Donat écrit : "comme
absent".
1118. L᾽ambiguïté relevée par Donat est celle du pronom
"eius". Fait-il référence à Démiphon ou à Phanium ? Donat nous dit
que le sens rend évident qu᾽il s᾽agit de Phanium, mais, de fait,
la grammaire aussi ; en effet, s᾽il s᾽agissait de Démiphon, sujet
de l᾽infinitive ("se"), on aurait "suum", réfléchi direct, et non
"eius". Le fait que Donat fasse cette remarque prouve toutefois
que son public devait s᾽accorder quelque liberté avec la syntaxe
du réfléchi.
1119. A et B se complètent ici
parfaitement.
1120. Ce qui implique que les vieillards qui le suivent
traînent derrière et qu᾽il les exhorte à avancer. Soit Donat a vu
jouer ainsi cette scène, soit il invente une mise en scène cocasse
pour interpréter cet impératif.
1121. La scholie B compète la A en ajoutant la raison qui
explique ce jeu de scène cocasse : Démiphon redoute Phormion et
n᾽ose pas lui parler sans ses renforts.
1122. C᾽est
en effet le nom sous lequel Chrémès a fait son deuxième
mariage.
1123. Le commentateur se contredit manifestement car on
sait, et il l᾽a lui-même noté, que Démiphon est pour le moins près
de ses sous.
1124. Donat remarque l᾽emploi du passif impersonnel comme
marqueur stylistique de l᾽euphémisme.
1125. Malgré les
apparences, ce commentaire n᾽est pas tautologique. En effet,
"parens" peut signifier "père" ou "mère" et il importe ici de
trancher cette question.
1126. Pour comprendre la remarque
de la seconde main, il faut se situer dans la logique de
Phormion : si Démiphon dit qu᾽il ne connaît pas le père de la
jeune fille, c᾽est parce qu᾽il feint de croire que ce n᾽est pas
Stilphon (voir scholie
5 où la main
principale confirme cette lecture). Peut-être faudrait-il déplacer
la seconde main ?
1127. Donat fait ici
remarquer que "parens" pourrait vouloir dire "la mère", mais que,
dans le cas précis, il faut bien comprendre "le père". De ce fait,
la scholie précédente se complète parfaitement par celle-ci. Donat
remarque la variation, puis il l᾽explique.
1128. Ce que
Donat pose comme question, c᾽est de savoir s᾽il faut faire un seul
grief à Démiphon (il fait semblant de ne pas connaître Stilpon),
ou deux à la fois (non seulement il fait semblant de ne pas
connaître Stilpon, mais en plus il ne s᾽occupe pas de la petite).
Tout repose en fait sur l᾽ambiguïté du passif "neglegitur", dont
le complément d᾽agent peut être Démiphon ou n᾽importe qui.
1129. Donat joue ici sur le sens de
"corona", public d᾽un procès. Ici, Phormion, en se tournant vers
le public, le prend à témoin comme un avocat le ferait au
tribunal. D᾽ailleurs les citations qui suivent renvoient à
l᾽affaire de Catilina et aux célèbres discours
cicéroniens.
1130. Le texte de Salluste est cité par Donat
de façon très elliptique. Le commentateur omet ,après "extollunt",
le segment "uetera odere, noua exoptant, odio suarum rerum mutari
omnia student, turba". Citation évidemment contextualisée. En
renvoyant le discours de Phormion défendant les pauvres aux menées
séditieuses de la plèbe qui se jette tête baissée dans la
conjuration de Catilina, Donat condamne la basse démagogie de
Phormion qui espère apitoyer les juges en jouant le numéro du
défenseur des pauvres.
1131. A présente
ici l᾽argument contenu de la dernière phrase de B, avant que le
commentateur B ne prenne position contre cette lecture. A est sans
doute l᾽œuvre d᾽un autre commentateur seulement cité par B qui le
critique.
1132. Cas d᾽égalité des
scholies, qui peuvent provenir d᾽un original commun abrégé de deux
manière différentes. Les scholies
2 en revanche étant propres il faut supposer soit
deux commentaires distincts, soit un choix différent opéré par les
deux compilateurs.
1133. Les éditeurs cicéroniens
lisent "nihil ex iis" au lieu de "nihil eorum", et "negauit", au
lieu de "negarunt".
1134. "Insimulare" a plusieurs
constructions. Il peut admettre l᾽accusatif de l᾽accusé et le
génitif de la faute (c᾽est le cas ici, "erum" étant l᾽accusé et
"malitiae" la faute), mais aussi l᾽accusatif de la faute et
signifier "mettre en cause", "incriminer", "reprocher" (comme
c᾽est le cas dans la citation de Cicéron, scholie précédente).
Donat relève simplement une des constructions du verbe dans le cas
présent.
1135. Le commentaire invite à se
méfier de l᾽explication étymologique de ce nom. En effet, il
pourrait signifier "accusation fausse" puisqu᾽il s᾽apparente à
"simulare" (faire semblant). Or, ici, l᾽accusation est fausse,
mais, dans l᾽exemple cicéronien, elle est vraie.
1136. Voir la note de la version A, à cet
endroit.
1137. Démiphon dit en réalité "audacia",
et non pas "audax".
1138. Sur le sens de cette scholie et sa reconstruction voir
la note apposée au texte latin.
1139. Cette scholie paraît un résumé succint et
maladroit de B.
1140. Ce qui attire
l᾽attention de Donat, c᾽est la reprise (un peu hardie) de
l᾽accusatif "illum" par le nominatif "homo".
1141. Le sens de la
scholie n᾽est pas clair. Donat veut-il que l᾽on comprenne "il le
connaissait moins", c᾽est-à-dire un peu, mais pas autant que
Démiphon ?
1142. Sur ce texte, voir
la note apposée au texte latin. Donat veut ici dire que "grandior"
("assez âgé"), bien qu᾽ayant une forme de comparatif, n᾽indique
rien de plus ou de moins que le positif "grandis", ce qui serait
le cas, s᾽il signifiait "plus âgé". Autrement dit, faute de
complément, le comparatif est purement intensif.
1143. Cette scholie
bien qu᾽émanant de la même tradition que le reste du commentaire
de ce vers paraît contredire complètement la scholie
4 qui donnait à "grandior" le sens atténué
d᾽"assez vieux".
1144. Donat joue ici sur le double sens de "grandis" :
grand et âgé.
1145. Ici A est évidemment une
version abrégée de B.
1146. Donat
isole ici un sème de "uita" par synonymie. Cf. 164.
2 et 3.
1147. B n᾽a pas le même texte que A pour
Térence ; il donne en effet "cui opera uita erat". Ce qui explique
notre scholie : "opera" est l᾽ablatif (sans préposition) de
"opera, ae", f. et non "opus, operis", n. comme dans A, et a donc
la même désinence (sans parler des quantités) que le nominatif
"uita". Il s᾽agit donc de préciser que, bien qu᾽ils soient à côté,
ils ne sont pas au même cas. Sur le septième cas, cf. Donat,
Ars maior, 625,
4 (de
nomine).
1148. Sur ce texte, voir la note apposée
au texte latin. Cette notation, évidemment tout à fait acceptable
pour un chrétien, n᾽est pas forcément d᾽origine chrétienne et peut
être le fait d᾽un commentateur antique. La "continentia" fait
partie des vertus stoïciennes. Ce texte peut donc être une vraie
scholie antique, même s᾽il ne se rapporte pas directement à la
situation dramatique de Térence, le commentateur prenant prétexte
de ce mot pour une petite note mi-morale mi-lexicologique.
1149. Le scholiaste B analyse ici
le mécanisme du pathétique de l᾽"argumentalis narratio", qui est
faite non pour éclairer sur l᾽affaire elle-même, puisqu᾽il s᾽agit
d᾽une digression sur le père de la jeune fille, mais pour
impressionner favorablement l᾽auditoire en le touchant. C᾽est ce
que résume très clairement
365 A 1,
mais on notera que B n᾽est pas aussi explicite.
1150. Compassion pour "Stilphon", et
révolte contre Démiphon qui laissait "Stilphon" dans le dénuement.
"Inuidiose" n᾽a donc pas le même sens qu᾽en 352B, où il signifiait
"avec malveillance".
1151. Ce qui apporte "plus
de crédibilité", c᾽est que, alors qu᾽il donne dans le pathétique,
Phormion est assez rusé pour ne pas en ajouter : ce vieillard
modèle de toutes les vertus ne se plaint pas de son parent, il se
contente de raconter objectivement ses malheurs. De ce fait il
devient irrésistiblement sympathique.
1152. On
pourrait en effet considérer "hunc" comme le sujet de "neglegere",
et "se" comme le complément d᾽objet direct de "neglegere", mais ce
serait un contresens.
1153. Il semble que Donat oppose ici la
"causa", qui traite de personnages précis, à la "quaestio", qui
traite de sujets généraux. Il dit en effet que c᾽est une "causa"
parce qu᾽il ne s᾽agit pas de réfléchir sur les questions de
parenté en général, mais sur un cas d᾽espèce.
1154. Ici encore A résume
clairement B, mais on voit dans A 2-
3 une succession de scholies assez peu cohérentes
pour témoigner d᾽une compilation que le commentateur n᾽a pas
complètement lissée.
1155. Dans les procès, il arrive souvent, en effet, que
les inculpés doivent cacher leur origine pour éviter de se
discréditer ; ce n᾽est pas le cas ici, bien au contraire, d᾽où la
remarque du commentateur.
1156. Donat explique "in uita" par "cum uiueret" (mot à
mot "tant qu᾽il vivait"), ce qui a l᾽air complètement
tautologique. En réalité, on peut comprendre ce commentaire de
deux façons. Ou bien Donat indique que l᾽expression "in uita" peut
renvoyer soit à la durée de la vie, soit à ce qu᾽on fait durant sa
vie, ce qui est expliqué par la fin de la scholie, ou bien il veut
qu᾽on comprenne qu᾽il s᾽agit bel et bien du père de la jeune fille
et donc "cum uiueret" signifie "in uita eius" et empêche de
comprendre "in uita mea", le second commentaire restant le même,
non plus la durée mais le contenu de "sa" vie et non de "la
mienne". On peut aussi penser à une autre explication sans aucun
rapport avec celle-ci et entièrement morphologique et
orthographique. Peut-être Donat veut-il nous dire que "in uita"
est en deux mots (ce n᾽est donc pas l᾽adjectif "inuita"), et qu᾽il
s᾽agit du "uita" qui signifie "vivre" ("cum uiueret") et qui vient
de "uiuus" ("quod a uiuo fit"). Cette explication serait alors
purement gratuite car le texte térentien ne présente aucune
ambiguité à cet égard.
1157. Dans un contexte très
compliqué où les interprétations se multiplient, de façon
contradictoire, comme le montre B, A met un peu d᾽ordre et
sélectionne une interprétation didascalique à la fois simple et
assez petinente. B paraît au contraire fournir dans le plus grand
désordre un catalogue d᾽explications entre lesquelles le
commentateur ne tranche pas.
1158. Indication didascalique : Géta doit dire cela
de manière à être entendu de Phormion avec qui tout est organisé
et qui s᾽en moque, mais surtout de Démiphon qui croira ainsi que
Géta est de son côté en voyant comment son esclave le
défend.
1159. Plus que
"uidisti", ce qui manque c᾽est "eumdem", mais Donat comprend
clairement "uideas te eumdem atque illum uidisti ut narras" (fais
en sorte de te voir identique à celui que tu as vu, d᾽après tes
dires), c᾽est-à-dire "le meilleur des hommes".
1160. Si tel est le cas, Géta est stupide et compromet la
réussite du plan de Phormion. Cette scholie paraît donc à la
limite du contresens.
1161. Sur l᾽établissement du
texte, voir la note apposée au texte latin. Si "in malam crucem"
est employé de façon adverbiale, c᾽est parce que Donat voit bien
dans "in", non pas la préposition, mais le verbe "is" suivi de la
particule interrogative "ne", comme "audisne" donne "audin". Dans
cette configuration plus que probable, "malam crucem" sans
préposition fonctionne comme une sorte d᾽adverbe, et de même "huic
uiciniae" (datif directif).
1162. Ici, et dans la suite du lemme,
Donat paraphrase Térence.
1163. Donat explicite l᾽adverbe "ita".
1164. Ici les deux scholies se
complètent parfaitement.
1165. Là encore, Donat commente la valeur
sémantique du démonstratif de P
1 "hic", "haec", "hoc", comme un déictique. Bien
que la personne en question ne soit pas présente, la situation
d᾽énonciation fait que l᾽on sait très bien de qui il est
question.
1166. Les deux traditions se
complètent, mais A fait de la lexicologie, alors que B fait de la
syntaxe.
1167. Citation en contexte, qu᾽il faut
allonger un peu pour comprendre l᾽apodose : "me puer Ascanius
capitisque iniuria cari, / quem regno Hesperiae fraudo et
fatalibus aruis" (l᾽enfant Ascagne et l᾽injustice que je fais à
une tête chère, lui que je frustre du royaume d᾽Hespérie et des
terres que lui offre le Destin). Mais ce n᾽est certainement pas
cette apodose peu marquée qui intéresse Donat. Ce qui lui plaît
ici, c᾽est le jeu sur les contextes. Phanium est comparée à
Ascagne, ce qui évidemment ajoute du pathétique à la sitaution et
aide le commentateur à faire sentir ce qu᾽il trouve de pathétique
au discours inventé par Phormion.
1168. Cette citation est
tronquée dans les manuscrits de Donat (voir note au texte latin).
Arusianus Messius (GL VII, 504, 10) nous donne une phrase complète
pour commenter l᾽emploi transitif de "queror". Il lit "nam Sullae
dominationem queri non audebat" (de fait il n᾽osait se plaindre du
pouvoir absolu exercé par Sylla). Comme Donat ne s᾽intéresse
nullement à "queror", mais uniquement à la disjonction entre
"dominationem" et "qua", il coupe sans doute lui-même cette
citation qui devait être par ailleurs bien connue, tant est grande
la renommée de Salluste dans les écoles tardives.
1169. Parce qu᾽à l᾽époque de Donat l᾽adverbe
"illiberaliter" a pris un sens très atténué"de façon
mesquine".
1170. Donat commente ici sa
citation des
Adelphes et non le texte du
Phormion où il n᾽y a pas d᾽auxèsis.
1171. Les deux scholies
2 montrent que A a abrégé B (référence à
Probus), mais la scholie A
1 peut
provenir soit d᾽un passage que le compilateur de B n᾽a pas retenu,
soit d᾽une autre source.
1172. Donat veut en fait dire
qu᾽il faut graphier "pergi᾽n", pour "pergisne". L᾽emploi du terme
παρένθεσις semble indiquer que le signe d᾽apostrophe doit se
trouver à l᾽intérieur du mot et non à la fin de celui-ci. Il
s᾽agit d᾽une remarque de graphie et nullement d᾽un commentaire
rhétorique comme "apostrophe" ou "parenthèse" pourraient le
laisser croire.
1173. Wessner a
répondu à distance à la question de Probus. Cela se trouve chez
Plaute, Truc. 265. En tout cas, la manière dont la scholie est
rédigée laisse supposer que le compilateur soit a déjà trouvé dans
sa source la référence à Probus soit l᾽a mentionnée lui-même. Cela
prouve que cette scholie ne peut être de Probus
lui-même.
1174. Le compilateur
donne ici une précieuse indication sur l᾽usage graphique dans son
exemplaire. Au lieu d᾽écrire"ain" qui se rencontre également,
l᾽éditeur de son exemplaire a graphié "ai᾽n", pour montrer qu᾽il y
a là une forme contractée. Peut-être le fait que A n᾽en dise rien
peut-il indiquer que l᾽exemplaire consulté par A ne porte pas ce
signe.
1175. On a ici la même source que A, mais B ici
abrège, à moins que ce ne soit A qui abrège B mais développe un
peu la seule scholie qu᾽il retient.
1176. Passage déjà cité en And. 183,
2 pour commenter "carnifex".
1177. Deux scholies identiques,
bien que formulées différemment.
1178. C᾽est un extorqueur parce qu᾽il a voulu récupérer les
biens de la jeune fille à son profit (au moins le fait-il
croire !), c᾽est un falsificateur de lois, parce qu᾽il a essayé de
forcer Antiphon à épouser Phanium en jouant sur la loi de
l᾽épiclérat.
1179. A reprend B
2 et élimine le reste.
1180. Autrement dit :
Géta fait semblant de ne pas voir Démiphon, pour que celui-ci
pense que ce que Géta dit contre Phormion, il le dit
sincèrement.
1181. Etonnante analyse qui peut reposer sur une anecdote
remontant à l᾽époque de la création de la pièce ou à une
représentation réelle. Le public, dont on sait que, lors des
comédies, il est fort agité, voyant Géta agonir d᾽injures le
personnage antipathique de Phormion aurait pu avoir la tentation
d᾽y aller de son propre couplet. Pour peu que Phormion eût trouvé
des défenseurs, le spectacle pouvait rapidement se transporter sur
les bancs du public.
1182. Autrement dit,
comme s᾽il lui révélait qu᾽en son absence l᾽autre n᾽avait cessé de
médire sur lui.
1183. Donat commente
ici évidemment "seque dignas".
1184. A paraît une reformulation
assez libre de B.
1185. Citation
en contexte, puisqu᾽il s᾽agit de donner à Ulysse une leçon de
parasitisme. Donat creuse ainsi la psychologie de Démiphon qui
sent que son esclave en fait trop pour être vraiment
sincère.
1186. Donat reprend à son compte la
traditionnelle division des âges en "puer", "adulescens",
"iuuenis", "senex" et constate que le vieillard, en appelant
Phormion "adulescens" semble le rajeunir car le "iuuenis" a
entre
18 et
30 ans. Il est fort peu probable que le parasite
soit un "adulescens", comme Antiphon et Phédria dont les règles de
la comédie veulent qu᾽ils appartiennent à la tranche des
"adulescentes".
1187. Citation utilisée en contexte :
le sage roi Latinus reprend Turnus qui vient de proposer
d᾽affronter seul Enée. Comparer Phormion à Turnus introduit
évidemment une sorte d᾽acharnement antipathique dans le personnage
comique et comparer Démiphon à Latinus évite le ridicule au
vieillard.
1188. Les deux
scholies 2-
3 portent en réalité
sur l᾽emploi de "mihi", considéré par Donat comme ouvertement
emphatique et posant le vieillard comme une personne à laquelle on
doit le respect. La première citation virgilienne identifie ici
Démiphon à Priam et Phormion au parjure Sinon. Quant à celle des
Bucoliques, elle s᾽explique moins bien si l᾽on tient
compte du fait que Ménalque qui pose la question est plus jeune
que Damète, mais prend tout son sens si l᾽on considère que, dans
la tradition interprétative du texte dans l᾽Antiquité, Ménalque
est identifié à Virgile. Il n᾽est pas impossible que Donat
s᾽autocite ici commentant ce passage.
1189. Ce commentaire se trouve déjà en And.
353,
3 par exemple. Le commentaire
peut correspondre à un état de langue contemporain de Donat, mais
sans doute nullement à ce qu᾽on entendait à l᾽époque de Térence où
"aio" a bien le sens de "dire oui", donc "affirmer" et s᾽oppose à
"nego". Voir par exemple Cic. Rab. Post. 35 : "aiunt quod
negabant" (ils affirment ce qu᾽ils niaient), ou encore Cic. Off.
3, 91 : "Diogenes ait Antipater negat" (Diogène dit oui, Antipater
non).
1190. Cf. 130,
2.
1191. A et B se complètent
parfaitement.
1192. Cette
remarque étymologique de Donat s᾽explique peut-être par la rareté
du terme qui a pratiquement totalement disparu dans la langue
tardive et que, probablement, les élèves de Donat considèrent avec
scepticisme et comprennent mal.
1193. Cf. Augustin,
Regulae, GL V, 518, 13 : "sunt aduerbia
significationem numeri habentia, ut semel bis ter ; [...]
similitudinis, ut sic quasi" (il y a des adverbes qui ont un sens
numéral, comme "semel", "bis", "ter" ; […] un sens de comparaison,
comme "sic" et "quasi").
1194. Citation virgilienne en
contexte : Turnus reproche violemment à Drancès de l᾽encourager à
la lâcheté en conseillant la diplomatie plus que la guerre. Encore
une fois, Phormion le querelleur est rapproché du
Rutule.
1195. C᾽est-à-dire que "nosse" est le
complément des deux verbes "nego" et "ais".
1196. On peut comprendre soit que le commentaire
porte sur l᾽ensemble du vers et qu᾽il s᾽agit d᾽une expression
devenue une sorte de proverbe dont on n᾽a nulle autre trace, soit
qu᾽il ne porte que sur "eho tu" qui est une marque de parler
populaire. La deuxième hypothèse est plus probable.
1197. A et B se complètent
parfaitement.
1198. La définition donnée
par Donat est plus large et moins claire que la définition
généralement admise (voir définition dans le thésaurus) ; en
revanche, l᾽éthos de la figure est très clairement établi par les
deux références : le passage de Cicéron relie clairement la figure
à l᾽invective (ici contre Catilina), tandis que celui de Virgile
reprend un exemple déjà utilisé plus haut, l᾽apostrophe
extrêmement violente de Turnus à Drancès et associe la figure à la
véhémence.
1199. La
scholie, malgré les apparences, porte sans doute sur la
ponctuation. En isolant le segment "Stilphonem inquam", ce qui est
assez naturel, Donat peut remarquer qu᾽à l᾽affirmation "Stilpho
est" devrait répondre la reprise "Stilpho, inquam" (Stilphon,
dis-je), dans laquelle "Stilpho" n᾽est pas régi par "inquam". D᾽où
la présence d᾽une syllepse.
1200. A et B se complètent.
1201. Parce
que nous savons, comme les autres assistants, que Démiphon aime
beaucoup l᾽argent.
1202. Le
temps de ce verbe est intéressant pour dater cette scholie. En
effet, le commentateur paraît faire référence à un état de fait
passé, ce qui ne peut convenir s᾽il écrit au IVe siècle où la
pratique est bien celle des héritages pécuniaires. Faut-il voir
ici la trace d᾽une rédaction tardive, voire médiévale ?
1203. Puisque le talent est
une monnaie grecque.
1204. B complète A.
1205. Il
s᾽agit de l᾽injure que Phormion vient de lui faire en
sous-entendant qu᾽il était cupide et intéressé.
1206. Analyse très subtile du mécanisme par lequel Térence
construit l᾽affrontement des personnages. En refusant de répondre
aux insultes de Phormion, Démiphon marque en réalité des points,
d᾽abord parce qu᾽il se montre modéré, mais aussi et surtout, parce
qu᾽en refusant de s᾽énerver et en restant dans l᾽affaire, il met
Phormion en danger. Celui-ci va devoir en effet lui répondre et
donc inventer de nouveaux mensonges qui pourront permettre à
Démiphon de le confondre. On voit bien ici comment la référence à
la rhétorique judiciaire est utilisée par le scholiaste comme un
moyen de montrer l᾽efficace de la parole théâtrale.
1207. Cf. scholies 130,
2 et
381 A.
1208. Cette figure "reposant sur la rupture"
(voir la note apposée au texte latin pour la restitution de ce
texte) paraît ici impliquer des notions de métrique et de scansion
comme c᾽est le cas chez Denys d᾽Halicarnasse Comp. 22 : "ὅτι
βούλεται μὲν εἶναι βραχεῖα ἡ πρώτη συλλαβὴ τοῦ κλυτάν, μακροτέρα
δ᾽ ἐστὶ τῆς βραχείας ἐξ ἀφώνου τε καὶ ἡμιφώνου καὶ φωνήεντος
συνεστῶσα. τὸ δὲ μὴ εἰλικρινῶς αὐτῆς βραχὺ καὶ ἅμα τὸ ἐν τῇ κράσει
τῶν γραμμάτων δυσεκφόρητον ἀναβολήν τε ποιεῖ καὶ ἐγκοπὴν τῆς
ἁρμονίας. εἰ γοῦν τὸ κ τις ἀφέλοι τῆς συλλαβῆς καὶ ποιήσειεν ἐπί
τε λυτάν, λυθήσεται καὶ τὸ βραδὺ καὶ τὸ τραχὺ τῆς ἁρμονίας" (C᾽est
d᾽abord que la première syllabe du mot κλυτάν exige d᾽être brève,
mais elle est plus longue qu᾽une brève, étant constituée d᾽une
consonne, d᾽une liquide et d᾽une voyelle. Le fait que ce ne soit
pas une pure brève et la difficulté de prononciation qui vient du
mélange des phonèmes ralentissent le débit et créent une rupture
dans l᾽arrangement. Si l᾽on enlevait le kappa de cette syllabe, on
aurait alors ἐπί τε λυτάν, on éviterait cet effet de lenteur et de
rudesse dans l᾽arrangement). Ici Donat remarque probablement le
segment "cognata ea esset" avec des heurts de voyelles et lui
applique la remarque qu᾽il trouve chez ses collègues grecs pour ce
type de phénomènes phonétiques. Le fait qu᾽il dise "par rupture"
et non "rupture" montre d᾽ailleurs que, comme chez Denys, la
figure d᾽enkopè en tant que telle n᾽existe pas. Il s᾽agit d᾽un
défaut oratoire qui, dans des cas précis, sert à une figure,
autrement dit une sorte de métaplasme.
1209. On voit mal le sens de
la remarque, puisque Géta n᾽a aucun intérêt à ce que Phormion soit
vaincu par Démiphon, car cela mettrait son maître dans une
situation impossible. Peut-être faut-il comprendre que Géta veut
pousser son maître à plus de combativité ?
1210. Donat indique ainsi une portée
métathéâtrale de la remarque. On sait que Térence, à la différence
de Plaute, ne brise jamais l᾽illusion théâtrale, toutefois ici
Géta peut jouer le rôle du public.
1211. Le commentaire
rétablit l᾽ordre des mots habituels dans une structure où
l᾽antécédent a été attiré dans la relative.
1212. De fait, en traitant son fils de
sot, Démiphon espère couper Phormion dans son élan. Ce commentaire
est sans doute un peu forcé, car cette réplique paraît presque
être une remarque du vieillard pour lui-même.
1213. Phormion peut se
livrer sans souci à cette attaque contre la tyrannie de Démiphon
puisqu᾽on sait qu᾽on ne peut rejuger une affaire déjà jugée.
Phormion est donc tranquille.
1214. Cette figure est
presque une sorte de pléonasme, puisqu᾽elle consiste à répéter une
conjonction, ce qui est inutile en latin. Donat organise de
manière très pédagogique ses exemples : le premier illustre
l᾽absence de zeugme puisque "quam" est répété, le second, le
zeugme de la première catégorie où "propter quam" n᾽est pas répété
induisant ainsi la figure. Le troisième exemple montre une forme
semblable à la première avec répétition de la conjonction, mais
l᾽ordre des mots y est bouleversé "ut neque", "neque ut", ce qui
peut rendre la perception de la figure plus délicate.
1215. A défaut de l᾽épouser lui-même, Antiphon
pouvait la doter et l᾽envoyer se chercher un autre mari. On notera
que la loi citée par Térence est assez élastique dans sa
formulation puisque dans sa première occurrence il n᾽est pas
précisé que le parent puisse doter l᾽épiclère.
1216. Donat, sans doute.
1217. A et B se complètent.
1218. Sur la force de
l᾽interrogation comme vecteur de véhémence, voir ailleurs par
exemple 275, 1 ; 329, 1.
1219. Une autre differentia pour ces mêmes termes
est donnée en And. 5.
1220. La portée de cette remarque nous
échappe.
1221. Donat se souvient sans
doute ici de ce passage de Sénèque (Ep. I, 4, 6-7 : « nullum bonum
adiuuat habentem nisi ad cuius amissionem praeparatus est animus ;
nullius autem rei facilior amissio est quam quae desiderari amissa
non potest. » (la possession ne plaît qu᾽autant qu᾽on s᾽est
préparé d᾽avance à la perte ; or nulle perte n᾽est plus facile à
souffrir que celle qui ne se regrette point).
1222. Voir le commentaire de Donat ad loc.
1223. L᾽idée
de volonté est incluse dans la finale introduite par "ut
ne".
1224. La notion de proverbe est
inspirée à Donat par la troisième personne du pluriel indéterminée
"aiunt".
1225. Même commentaire par exemple en Eun. 54 ; Pho.
208.
1226. A et B se complètent mais on
notera une redondance assez étrange dans la scholie A comme si le
compilateur avait laissé subsister deux scholies
identiques.
1227. Démiphon est ici comparé à Enée
qui, au moment de fuir Troie, montre toute sa piété. Encore une
fois le rapprochement valorise Démiphon.
1228. Comprendre "il
a la même racine qu᾽᾽ineptia᾽", les latins n᾽ayant pas de moyen
linguistique ou typographique d᾽isoler une racine dans un
mot.
1229. A et B se complètent.
1230. Donat commente ici "nam tua praeterierat iam
ducendae aetas", qui est une pique de Phormion contre le vieux
Démiphon.
1231. Sans doute, en
raison de la forme d᾽impératif futur "putato", qui relève en
dehors de la comédie des textes législatifs. Démiphon, en tant que
"pater familias", fixe l᾽arrêt qui règlera la conduite de la
famille.
1232. Donat
semble accorder ici une valeur péjorative à "hac", ce qui demeure
assez douteux.
1233. Noter que, à première vue, les deux équivalents
que donne le compilateur ne sont absolument pas équivalents et
modifient nettement le sens du vers suivant que l᾽on choisit l᾽un
ou l᾽autre. Il faut donc y voir non pas une succession de deux
synonymes, mais une étymologie suivie d᾽un synonyme.
1234. Phormion insiste
ici avec une sorte de pathétique sur le besoin qu᾽aura rapidement
Démiphon de quelqu᾽un pour s᾽occuper de lui.
1235. A et B se complètent.
1236. Les personnages se
quittent en effet sans se saluer.
1237. La scholie
porte plutôt sur "domo me", malgré le lemme. Il faut comprendre
"domo me accersat" (qu᾽il me tire de la maison) par
exemple.
1238. Pour une fois
Donat n᾽introduit pas de modalisateur devant l᾽énoncé de
l᾽exercice rhétorique, sans doute parce qu᾽il s᾽agit bien de la
délibération (ici bouffonne) qui suit la présentation des
arguments des deux parties.
1239. C᾽est-à-dire, comme nous éditons, et
non comme il est aussi possible de comprendre "Ego cratinum
censeo" (moi je suis d᾽avis que Cratinus).
1240. Il s᾽agit d᾽une remarque de
topique ; pour qu᾽un conseil soit agréé il faut 1- que le donneur
de conseil soit jugé digne d᾽estime, 2- que le conseil montre de
la bienveillance envers celui à qui il s᾽adresse.
1241. S᾽il
critiquait Cratinus, Hégion se mettrait en situation de
dévaloriser son conseil, car il se montrerait guidé peut-être par
l᾽inimitié personnelle contre Cratinus. En se contentant de
critiquer son avis, il ne s᾽expose à aucun soupçon d᾽inimitié
personnelle. Térence et surtout son commentateur s᾽amusent fort de
cette parodie de procès.
1242. Dire qu᾽une chose impossible est utile est
absurde. Il n᾽y a donc comme arguments utilisables que le possible
(on ne peut pas revenir sur l᾽autorité de la chose jugée) et
l᾽honnête (tenter une telle manœuvre serait indigne).
1243. En proposant de repousser le
jugement, Criton ne dit en effet rien qui puisse éclairer
Démiphon.
1244. Peut-être
allusion contextualisée de façon amusante par le commentateur,
mais en l᾽absence du contexte sallustéen, il impossible de le
prouver.
1245. Donat fait commuter
"cum istoc animo" avec "huius animi". D᾽une part, il donne comme
équivalent, à une structure en "cum" + ablatif un peu étonnante,
un complément de qualité au génitif, d᾽autre part ce dernier
présente un adjectif démonstratif déictique, "huius", de P1, alors
que "istoc", dans la structure concurrente, est associé à la P2,
ce qui se conçoit parfaitement ici. Mais comme on l᾽a déjà dit
(Cf. 352.
1 et
370 B 1), "hic", "haec", "hoc" comme déictique de la
plus grande proximité se justifie également, et on remarque que
Donat a déjà insisté sur cette valeur sémantique auparavant.
Peut-être s᾽agit-il de la suite de son "cours" sur ce point
précis.
1246. Ces deux citations
expriment un regret (d᾽ailleurs rendu dans l᾽un et l᾽autre cas
grâce à l᾽utilisation de l᾽infinitif parfait, respectivement
"inuidisse" et "commisisse") ; on peut donc considérer que les
personnages qui les profèrent (Diomède chez Virgile, et Pamphile
chez Térence) haussent le ton et font preuve d᾽emphase, et donc,
dans une certaine mesure, qu᾽ils "jouent un rôle", qu᾽ils se
mettent en scène, ainsi que leur regret.
1247. De "dedisse" à "credidisti". Cette remarque, qui
ne semble pas d᾽une utilité extrême, permet sans doute de
commenter l᾽infinitif exclamatif du vers précédent. Noter que le
lemme n᾽a aucun rapport avec le texte commenté.
1248. "Potiretur" est également syntaxiquement
correct dans ce vers. Pour le sens, il est à peu près équivalent,
mais "potiretur" est sans doute plus expressif, ce qui explique
qu᾽il ait été choisi par les éditeurs modernes. Métriquement, les
deux variantes sont indifférentes.
1249. En effet, cet accord se manifeste par le fait
qu᾽Antiphon et Géta manœuvrent de concert pour berner le
vieillard, qui représente, pour l᾽un et l᾽autre,
l᾽autorité.
1250. Généralement, les Modernes tiennent ces termes
pour synonymes, ce qui n᾽est pas le cas de Donat, qui distingue
entre ce qui porte sur des arguments ("refutatio"), comme
l᾽indique le mot, qui oriente vers le sens de "réfuter", et ce qui
en est la conséquence sur la partie adverse, qui se trouve ainsi
"confondue" ("confutatio"). Au départ, ces deux termes ne semblent
pas appartenir à la même tradition oratoire puisque "confutatio"
ne se rencontre que dans la
Rhétorique à Herennius et
jamais chez Cicéron, qui dit "refutatio" comme Quintilien. Mar.
Vict. Cic. Rhet. 1, 8,
179 montre
bien que le mot "confutatio" en est venu à son époque, qui est
aussi celle de Donat, à désigner la division du discours
traditionnellement nommée "refutatio". Mais les exemples tardifs
montrent également que ce terme s᾽emploie effectivement plutôt
pour des personnes que pour des arguments.
1251. Il manque
en effet le verbe de la principale.
1252. Sans doute s᾽agit-il de Géta qui,
à la différence d᾽autres esclaves de comédie, n᾽est pas enclin à
se vanter de ses succès, ce que confirme la scholie
suivante.
1253. Il y a ici comme
un souci, de la part de Donat, d᾽excuser et d᾽expliquer l᾽idée,
assez peu morale, que le neveu ne souhaite pas voir revenir son
oncle sain et sauf de voyage. Donat précise donc, dans un premier
temps, que cette idée est empruntée à Apollodore, ce qui disculpe
Térence ; puis il émet l᾽hypothèse – qui, cette fois, disculpe
Antiphon lui-même – que le jeune homme ne souhaite pas
véritablement voir son oncle disparaître, mais qu᾽il craint
simplement son retour.
1254. Géta pense évidemment aux exercices physiques et
sudatoires que Phédria se donne grâce aux bons offices du "leno"
qui lui permettent de voir sa bien-aimée.
1255. Donat poursuit dans la logique judiciaire qui a
été la sienne jusqu᾽ici. Si la réclamation peut entraîner une
délibérative, c᾽est parce qu᾽elle suppose que la personne à qui on
la fait va devoir examiner le bien-fondé de la requête.
1256. C᾽est-à-dire qu᾽il ne faut pas y voir une conjonction
de subordination. "Quin" est ici adverbe exclamatif, avec un
impératif.
1257. Il
manque, en effet, un verbe dans cette expression, ce qui contribue
à en atténuer la dimension menaçante. L᾽aposiopèse est sur "ne
aliquid" qui laisse présager le pire, et l᾽euphémisme sur "suo
suat capiti" qui atténue la menace.
1258. En effet, de même
qu᾽Antiphon dit, par euphémisme, "suo capiti" pour désigner
Phédria, Didon parle du "Dardanium caput" pour désigner
Enée.
1259. "Bien", car sans
doute à la fois drôle (parce que Phédria veut tellement être cru
qu᾽il en rajoute de manière infantile) et supposé efficace pour
convaincre le "leno".
1260. Parce qu᾽il est honorable d᾽être traité par
quelqu᾽un à l᾽égal d᾽un parent légitime.
1261. La phrase en effet ne se termine pas parce que
Dorion coupe Phédria.
1262. Donat souligne ici que les "falerata dicta"
qu᾽évoque Dorion ne sont pas les propos tenus juste auparavant par
Phédria (dans lesquels il reprochait à l᾽entremetteur son
inflexibilité), mais ceux qu᾽il a prononcés quelques vers plus
haut, et dans lesquels il qualifiait le "leno" de "parens", de
"pater" et d᾽"amicus". Cf. Servius Aen. 5, 310 : "᾽phaleris᾽
equorum ornamentis ; sermo graecus est" ("Phaleris" : ornement des
chevaux. C᾽est un mot grec). Isidore de Séville relève également
l᾽origine grecque du mot. Il est curieux que Donat, qui aime à
signaler ce qui est d᾽origine grecque chez Térence, ne commente
pas l᾽origine de ce mot.
1263. Il s᾽agit vraisemblablement de
l᾽ironie d᾽Antiphon à l᾽égard de Phédria : le jeune homme a pitié
de son cousin amoureux, et le raille pour sa faiblesse ; mais
peut-être l᾽ironie qu᾽évoque Donat est-elle celle d᾽Antiphon
envers Dorion : en disant "misertum est", le jeune homme pourrait
souligner, par antiphrase, que l᾽entremetteur reste inflexible et
ne prend pas pitié de Phédria. Donat comprend peut-être cette
réplique dans ce sens ; cela justifierait en effet totalement
l᾽emploi du terme εἰρωνεία.
1264. Alors que, bien entendu, Dorion parle de
lui-même.
1265. Donat ne distingue pas le futur antérieur du
subjonctif parfait.
1266. La paronomase, réputée
archaïque, est dans le choix de termes phoniquement proches et à
initiale identique "ferentem" et "flentem" ; la conformité au
caractère se comprend par rapport au personnage de l᾽amoureux,
volontiers impatient et pleurnichard.
1267. Contrairement au "olim"
employé par Térence au v. 9, et que Donat commente aussi.
1268. Ce qui implique que "ne" est une
particule interrogative et non l᾽adverbe d᾽affirmation "ne", que
l᾽on écrirait détaché. La remarque a donc vocation à élucider une
ambiguïté orthographique.
1269. Donat semble indiquer qu᾽il y a ambiguïté sur
"haec", qui peut désigner "haec dies" ou bien "la fille"
elle-même. Effectivement le pronom peut être ambigu. Cela fait le
jeu de Dorion.
1270. Si "antecessit" est plus fort que
"praeteriit", c᾽est parce que, en disant "antecessit",
l᾽entremetteur fait preuve d᾽une hypocrisie et d᾽une désinvolture
qu᾽il n᾽aurait pas manifestées en se contentant de répondre
"praeteriit".
1271. On voit mal où dans la pièce, sinon dans la réplique
qu᾽il vient de prononcer.
1272. Donat rappelle ici le leitmotiv qu᾽est, dans la
comédie, la vénalité des "lenones".
1273. Il y a agencement en effet, parce que l᾽intrigue
va désormais rebondir sur la question du rachat de la courtisane,
qui va motiver le transfert d᾽argent qui va suivre.
1274. Puisque, tandis que Phédria se lamente en disant
"quid faciam ?", Antiphon est pris du désir de l᾽aider, et demande
donc à Géta de soutirer de l᾽argent à Démiphon.
1275. Sur le
sens de cette remarque, voir la note apposée au texte
latin.
1276. Sur le sens de cette étymologie et sa
probabilité, voir la note du texte latin.
1277. Parce que le mot "preces" ne
s᾽emploie d᾽ordinaire qu᾽au pluriel en langue "classique" (sauf
chez les comiques et dans la vieille langue), Donat fait remarquer
que cet emploi singulier, loin d᾽être un solécisme, est bel et
bien une forme correcte et même élégante quoique archaïque.
Lactance, le Cicéron chrétien, écrit Inst. 5, 19, 32 : "quis hic
malae menti aut malae preci locus est ?" (quelle place y a-t-il
ici pour un esprit pervers, ou une prière perverse ?). Le
singulier est d᾽ailleurs très bien attesté en langue tardive
chrétienne, mais Donat s᾽en tient strictement à l᾽usage classique
apparemment. Le mot se trouve en And. 601, où il n᾽appelle aucun
commentaire.
1278.
Donat a utilisé le mot "pedetemptim", assez rare, en Eun. 116,
pour une forme particulière de l"᾽insinuatio" qu᾽il appelle
"basis".
1279. Donat souligne ici une fluctuation
dans l᾽attribution des mots "pedetemptim tamen" : c᾽est
normalement Géta qui les prononce à l᾽attention de Phédria, afin
de l᾽engager à n᾽être pas trop téméraire ; mais, à en croire le
commentateur, c᾽est, selon certains, Antiphon qui les dit à
l᾽attention de Géta.
1280. Evidemment, vu avec les yeux de l᾽amour,
demander
30 mines, ce n᾽est rien
pour une beauté qui n᾽a pas de prix. Cela fait quand
même
6000 drachmes soit, pour ce
que pouvait connaître le public de Térence du cours contemporain
de la drachme, quelque chose comme près de
17 kilos d᾽argent.
1281. En effet, Térence se
contente de préciser, en passant, les raisons qui ont conduit
Chrémès à s᾽absenter si longtemps d᾽Athènes ; pour autant, ce
"simple récit" est aussi l᾽occasion d᾽informer le public que ce
même Chrémès avait une fille qui est rentrée à Athènes avant
lui.
1282. Donat veut faire comprendre qu᾽il faut ici
entendre non pas "supporter une condition", mais bel et bien le
sens précis de cette expression "chercher un parti pour
quelqu᾽un". "Dicimus" est sans doute assez exagéré car
l᾽expression n᾽est guère usitée hors de la langue
comique.
1283. C᾽est peut-être l᾽ordre des mots qui est "mire
admixtum" : le verbe principal "scibam" est en effet rejeté après
la proposition infinitive qu᾽il introduit et après une longue
proposition comparative qui complète celle-ci.
1284. De quel mariage Donat parle-t-il ici ? Sans doute
de celui du fils de Chrémès, car, comme le mariage clandestin de
Chrémès lui-même, à Lesbos, a déjà eu lieu, on ne comprend pas
bien ce que signifierait "ante nuptias". Ce que veut donc dire le
commentateur ici, c᾽est qu᾽un étranger à la famille pourrait
abandonner le parti de Chrémès avant ou après le mariage de son
fils, c᾽est-à-dire en apprenant ce projet ou une fois qu᾽il se
serait réalisé. On le voit, Donat s᾽éloigne ici du texte de
Térence, puisque ce que le poète écrit, c᾽est que Chrémès craint
qu᾽un ami quelconque ne l᾽abandonne après avoir appris son mariage
clandestin, et qu᾽il n᾽aille tout révéler à sa véritable femme,
Nausistrata.
1285. Si on lit
"excutiat", le sujet est Nausistrata, qui chasserait son mari de
la maison.
1286. Donat commente ici l᾽emploi de "donec" avec
l᾽indicatif. Sur la portée de cette citation, voir ci-dessus
Pho.
420 B.
1287. Sans doute à mettre en
rapport avec l᾽emploi d᾽"homo" en comédie, souvent noté par Donat.
Voir par exemple Pho. 292, 1-3.
1288. Référence très amusante et choisie à dessein.
Salluste s᾽en prend à ceux qui, dédaignant les grandes
entreprises, se contentent d᾽une vie qu᾽ils subissent. Ici le
rapprochement laisse penser que Géta trompera si bien l᾽"hospes"
qu᾽il subira toute l᾽intrigue sans rien pouvoir faire pour s᾽en
sortir.
1289. Rappelons que Donat classe sous le nom de "nomen" y
compris ce que nous appelons nous "adjectif". De fait "uolup" et
"facul" sont des adjectifs indéclinables et apparemment neutres,
comme "nefas" et "necesse".
1290. On peut
comprendre le "hoc" de "hoc uolup" comme un marqueur d᾽autonymie,
équivalent du "τό" que Donat utilise parfois ; mais il faut sans
doute le considérer plutôt comme une manière d᾽introduire un
neutre singulier, d᾽où notre traduction pour "hoc uolup" : le
neutre "uolup". On notera par ailleurs que l᾽on trouve "hoc", dans
le même sens, au lemme suivant, ainsi que "haec", qui est une
manière d᾽introduire un neutre pluriel ; utiliser successivement
"hoc" et "haec" permet à Donat de souligner la différence entre
neutre singulier et neutre pluriel, différence qui est au cœur de
son propos dans son commentaire du vers 611.
1291. Donat
considère que la forme pleine du mot est "uoluptas" ou "facultas".
La même idée se trouve chez Diomède GL I, 452. "Volup" provient
effectivement d᾽une apocope, mais de "uolupe", neutre de
"*uolupis", qui n᾽est plus attesté que chez les comiques dans
l᾽expression figée "uolup(e) est" (il m᾽est agréable). Le DELL
d᾽Ernout-Meillet fait de "uoluptās" un dérivé de "uolup", suivant
le raisonnement inverse de Donat et de Diomède. La forme "uolup"
est surtout employée par Ennius, Plaute et Térence, alors que
"uolupe" est employé par les grammairiens ou par les auteurs de
l᾽Antiquité tardive, qui l᾽emploient en tant que telle ou qui la
commentent. Quant à "facul", il ne s᾽agit pas d᾽une apocope de
"facultās" mais d᾽un archaïsme pour "facile", et il n᾽est pas
employé comme nom mais comme adverbe. Il est cependant très peu
employé : on n᾽en relève que cinq exemples dans le TLL, chez
Pacuvius, Accius, Afranius et Lucilius ainsi que chez Festus
lui-même (hors abrégé de Paul Diacre).
1292. Cette opposition entre "pluria" et "plura" est
un lieu commun de grammairien, puisqu᾽Aulu-Gelle lui consacre tout
un chapitre (5, 21) avec de nombreux exemples tirés des anciens
auteurs. Pour Charisius, l᾽emploi térentien paraît quasiment
unique (cf. éd. Barwick
75 et 159)
et il l᾽attribue aux
Adelphes par erreur sans
doute.
1293. Tous les manuscrits de Donat qui
donnent un numéro de livre donnent le cinquième, ou bien "uana" au
lieu de "fana", qui apparaît bien comme une mélecture du chiffre
"v" suivi de "fana". Certains vont même jusqu᾽à écrire "quinto" en
toutes lettres. Festus, qui donne de ce fragment une version plus
complète, l᾽attribue au livre 1, suivi en cela par les éditeurs de
Caton dont M. Chassignet (1986). R. Estienne proposait, on ne sait
pourquoi, le livre 2. Mais si le texte est bien celui que nous
postulons, le commentaire est particulièrement intéressant pour
l᾽histoire de la langue, mais impose que le fragment catonien
appartienne au livre
5 pour être à
coup sûr postérieur au
Phormion (161). Le commentaire
indique alors trois choses successives : 1-la forme "compluria" ne
se trouve pas chez Plaute, et Donat doit savoir (ou croit savoir)
qu᾽elle n᾽existe pas avant Térence, 2-Térence est donc la première
attestation connue de Donat de cette forme, 3-Caton, qui écrit son
œuvre historique très peu après Térence, pour ce que l᾽on sait de
la date des derniers livres des
Origines (environ
150) reprend cette forme à son compte suivi ensuite par un texte,
malheureusement perdu et très mal connu de Cicéron.
1294. Jeu de mots, de Donat, qui commente "commodum" en
utilisant l᾽adjectif "commoda".
1295. "Commodum"
est donc un adverbe de temps et non un adjectif.
1296. On a ici
une preuve du fait que la catégorisation des "figurae" est liée à
la nature des mots qui les constituent : en effet, Donat semble
dire, en employant la conjonction de coordination "enim", que, si
l᾽on a ici une aposiopèse de la troisième catégorie, c᾽est parce
que le mot qui est sous-entendu est un verbe.
1297. C᾽est une
illustration de la règle de grammaire "miles patiens frigus, miles
patiens frigoris", qui veut que le participe présent employé comme
tel se construise avec un accusatif, mais que, employé comme nom,
il se construise avec le génitif. Cf. Cledonius,
Ars,
GL V ,
22 ,30 : "nomen et
participium haec res discernit : quod si genetiuo seruit, nomen
est ; si accusatiuo, participium. prudens est illius rei, prudens
est ad illam rem" (voici ce qui différencie le nom et le
participe : s᾽il se construit avec le génitif, c᾽est un nom ; s᾽il
se construit avec l᾽accusatif, c᾽est un participe. Exemple :
"prudens est illius rei", "prudens est ad illam rem"), et V, 37,
34 : "si est casus accusatiui, praesentis temporis est
participium ; si genetiui, nomen. metuens quaerendum est utrum
participium an nomen sit : si genetiuo seruit, nomen est, ut
metuens tui ; si accusatiuo, participium, ut metuens te" (s᾽il
régit un accusatif, c᾽est un participe présent ; s᾽il régit un
génitif, c᾽est un nom. Cherchons si "metuens" est un participe ou
un nom : s᾽il se construit avec le génitif, c᾽est un nom, comme
dans "metuens tui" ; s᾽il se construit avec l᾽accusatif, c᾽est un
participe, comme dans "metuens te"). De même Pompée,
in
artem Donati, GL V, 256, 25 : "nam amans potest et
participium esse, potest et nomen esse. sed tamen discernitur,
quando sit participium, et quando sit nomen. si participium
fuerit, sequere accusatiuum ; si nomen fuerit, genetiuum sequere"
(en effet, "amans" peut à la fois être un participe et un nom ;
mais on perçoit cependant quand il est un participe et quand il
est un nom. Si c᾽est un participe, il faut le faire suivre de
l᾽accusatif ; si c᾽est un nom, il faut le faire suivre du
génitif).
1298. On peut
comprendre "alias" au sens où "facessat" se dirait parfois
"cedat", et parfois "faciat" ; on le traduirait alors par un
simple "dans un autre sens". Mais on peut aussi comprendre
qu᾽"alias" renvoie à d᾽autres versions du texte de Térence, dans
lesquelles on n᾽aurait pas "facessat" mais "faciat" ; dans ce cas,
on pourrait considérer "alias" comme une variante de l᾽expression
"legitur et", fréquente chez Donat, et le traduire par "dans
d᾽autres manuscrits".
1299. Bon exemple de scholie
extrêmement désordonnée et confuse, qui montre combien le
commentaire a souffert dans cette partie de sa transmission. Donat
procède ici par synonymie. "Facessere", le lemme, est donné comme
synonyme de la tournure "se facere", puis de "abire". Or si
"facessere" et "abire" ont en eux le sème ᾽lieu d᾽origine᾽
("facessere", intransitif, signifie en effet "s᾽en aller", comme
"abire"), "se facere" signifie simplement "se rendre quelque part,
aller" dans la langue tardive (Apulée,
Métamorphoses,
5, 2), et c᾽est l᾽adverbe de lieu "hinc" qui lui donne ce sème
d᾽origine (ainsi, "se facere hinc" signifie "partir d᾽ici"). Le
début de cette scholie peut donc apparaître à première vue comme
un exemple de reformulation moderne d᾽un mot de la langue
classique, qui n᾽est plus compris, par deux synonymes, un qui
ressemble au mot ancien par sa forme ("se facere") et l᾽autre qui
lui ressemble par le sens ("abire") . Puis Donat effectue une
seconde synonymie de la tournure "se facere". Construit avec
l᾽adverbe "huc", il a pour synonyme "accedere" ("aller vers").
Ainsi, par cet enchaînement de réflexion par synonymes, Donat nous
semble plutôt effectuer une "differentia" entre "facessere" et "se
facere". Si l᾽on reprend son raisonnement, "facessere" a pour
synonyme "se facere hinc", qui a pour synonyme "abire". Mais "se
facere" peut également se construire avec "huc", et sighifier
alors "accedere", avec un sème directionnel que ne peut avoir
"facessere". D᾽autre part, "facessere" peut également être
synonyme de "facere", même si cela n᾽est pas illustré dans le
lemme commenté. En 635, 2, on a en effet "facessat pro cedat,
alias faciat", et une nouvelle synonymie pour "facessere" (à moins
qu᾽"alias" signifie "dans un autre manuscrit"), celle de "cedere",
qui signifie "aller, marcher", mais plus précisément et dans un
plus grand nombre d᾽occurrences "partir, quitter" (ce qui
correspond à notre "abire"), et "facere", sans plus de précision
ici. Mais en 635, 3, on nous parle d᾽un sens proverbial
("prouerbialiter"), et d᾽une expression lexicalisée comparable à
celle qu᾽emploie Plaute "argentum huic facite". Certes "facessere"
transitif a le sens d᾽"exécuter avec empressement, occasionner",
et peut être par là synonyme de "facere" ("faire"). On peut donc
en conclure que Donat a utilisé l᾽expression "se facere" dans la
première partie de son raisonnement pour les raisons qu᾽on a dites
(proximité phonique avec "facessere", synonymie avec
"facessere-abire") et en raison de l᾽autre sème de "facessere"
("exécuter avec empressement, occasionner"), qui trouve "facere"
pour synonyme, bien que ce ne soit pas le sens présent chez
Térence, ce qui explique la citation de Plaute. Notons enfin que
Donat termine par la synonymie entre "huc se facere" et "huc
accedere", ce qui laisse à penser que l᾽intérêt de sa réflexion a
dévié de "facessere" à "se facere", verbe de mouvement pur qui
accepte différents sèmes d᾽origine, de direction, etc.
1300. Ce sens
a déjà été évoqué en And. 410, 3-
4 avec cette référence.
1301. Le propos de Donat est ici assez obscur ; le
commentateur veut sans doute faire remarquer que la réplique
"Quid ? Nimium. Quantum libuit" pourrait ne pas être attribuée au
seul Géta. On peut en effet comprendre que Géta répond "Quid ?
Nimium", que Chrémès lui pose en retour la question "quantum ?",
que l᾽esclave lui répond "libuit...", et que le vieillard, lui
coupant la parole, enchaîne en ordonnant "dic". Le problème posé
par Donat ici est très bien reflété dans la tradition manuscrite
de Térence.
1302. Cette traduction n᾽a guère de sens, mais l᾽expression
"inter parum fuit", qui se trouve dans les bons manuscrits (voir
la note apposée au texte latin), n᾽existe pas non plus. Elle est
une reconstruction étymologique visant à expliquer le tour correct
"parum interfuit". L᾽intérêt de la scholie est là : Donat glose
d᾽abord le "parui" de l᾽expression térentienne "parui retulit" par
"parua re". Ce qu᾽il veut dire, c᾽est que le "re-" du verbe
impersonnel "refert" est une syllabe longue (cf. Bède, De Orth.
29, 550) qui est, en fait, l᾽ablatif de "res". C᾽est ce qui
explique les tours comme "mea refert", mécoupure de "mea re fert".
Les grammairiens s᾽en souviennent (cf. Prisc. Inst. 3, 159, 7).
Ensuite, il explique que cet adverbe "parui", qui exprime la
petite quantité, équivaut en fait à une négation "nihil" ; puis,
par association d᾽idée qui le fait passer de l᾽impersonnel
"refert" à son exact synonyme "interest", il analyse "parum
interest" de manière à expliquer le préverbe (d᾽où sa glose "parum
interfuit" équivaut à "inter parum fuit"), puis glose l᾽ensemble
avec "nihil profuit". On peut supposer que le parallèle entre les
deux structures impersonnelles signifiant "il n᾽est d᾽aucun
intérêt que..." est motivé, d᾽une part par la synonymie, d᾽autre
part par la construction syntaxique déviante : on attendrait
"parua refert", mais on a "parui refert" ; de même, on attendrait
"inter parum est" et on a "parum interest".
1303. On remarquera
que le compilateur qui, jusqu᾽ici, citait directement le grec
d᾽Apollodore, passe ici par une traduction. Sans doute n᾽a-t-il
pas la pièce, ou s᾽adresse-t-il à des lecteurs qui n᾽entendent pas
le grec.
1304. On pourrait s᾽attendre à ce que l᾽énoncé
parenthétique soit "ut aperte tibi nunc famuler", mais, en
réalité, Donat vise bel et bien les deux vers 654-655. En effet,
le raisonnement qui commence à "et etiam nunc" reprend celui qui
s᾽achevait à "ad ditem dari", en précisant que, bien que ce soit
réduire la fille en esclavage, si c᾽est là la volonté de Démiphon,
il agira en conséquence.
1305. C᾽est-à-dire
qu᾽avant de formuler la prétendue demande d᾽argent de la part de
Phormion, Géta donne la raison pour laquelle Phormion pourrait
avoir besoin de cet argent : il lui faut liquider des
dettes.
1306. Il
faut comprendre par là que faire fortune n᾽est pas une nécessité
aussi pressante que liquider des dettes, peut-être parce qu᾽il est
parfois urgent de se débarrasser de ses créanciers... On a donc
moins besoin de choisir une fiancée fortunée si c᾽est pour
s᾽enrichir que si c᾽est pour rembourser un débiteur.
1307. L᾽argument de la dette est inattaquable justement
parce qu᾽une dette est un motif urgent d᾽obtenir de l᾽argent (cf.
note précédente).
1308. De façon
étonnante, Donat ne relève pas la valeur de futur proche qu᾽a le
présent "accipio", et ne commente pas l᾽effet beaucoup plus
convaincant que produit l᾽emploi du présent plutôt que
d᾽"accepturus sum" ou d᾽"accipiam".
1309. L᾽indicatif en question est bien sûr "accipio" ;
Donat souligne ici que le relatif "quantum" pourrait très bien
être suivi du subjonctif. L᾽expression "definitus modus" pour
désigner l᾽indicatif n᾽est pas sans rappeler le "finitiuus modus"
qu᾽évoque Diomède dans son
Ars, 1, 338,
17.
1310. Donat rappelle ici
que, dans l᾽interrogation double, le premier terme n᾽est, la
plupart du temps, jamais introduit. C᾽est le cas, par exemple,
chez Cicéron. Il le fait en renvoyant à un contexte extrêmement
proche formellement, mais tiré de
L᾽Andrienne, le
vers exact étant "haud scio an quae dixit sint uera omnia". On
notera la parenté entre "haud scio an" et "incertus sum
an".
1311. Un fois de plus, le commentaire de
Donat permet de conclure que la catégorisation des "figurae" est
bien liée à la nature des mots qui les composent : ici en effet,
l᾽emploi de "nam" laisse entendre que c᾽est parce que
"imprudentem" est rapporté à "scientem" que l᾽antithèse appartient
à la deuxième catégorie ; autrement dit, une antithèse de la
deuxième catégorie opposerait des adjectifs qualificatifs (que
Donat appelle des "noms").
1312. Ici il ne fait aucun doute que le compilateur
cite la pièce modèle et remarque que Térence a adapté le proverbe
qui s᾽y trouvait. Cela ne rend que plus étonnante l᾽absence du
grec en 647, preuve sans doute d᾽un désordre important dans la
transmission du texte, puisqu᾽en 668, de nouveau, le compilateur
cite Apollodore. N᾽est-ce pas là une preuve de la multiplicité des
compilateurs à un moment de l᾽histoire du texte ?
1313. Le
proverbe en question ne semble pas autrement connu. Les manuscrits
qui notent du grec (très peu nombreux) proposent soit une pure et
simple traduction du texte du lemme, sans le reste du commentaire
(I), soit plus ou moins ce que nous éditons (assez proche dans V
et sans doute plus complet dans le présumé manuscrit Cujas, mais
presque indéchiffrable). La séquence finale de Cujas "KYPAC"
semble attester "χεῖρας", mais une forme du verbe "ἐγγυάω" n᾽est
pas impossible dans la séquence qui précède graphiée
"ΕΓΥC".
1314. Ce
commentaire ne se comprend que si Donat, comme le codex Bembinus
de Térence (A) qui lui est pratiquement contemporain, ne lit
qu᾽une seule fois "opus est". Il est cependant difficile de dire
lequel des deux il supplée, car il faudrait savoir comment il
construit, ce dont il ne dit rien.
1315. On notera que l᾽exemple est tout à
fait approprié, puisque, dans les deux cas, on a une proposition
relative en incise, censée être prononcée sur le mode
parenthétique, utilisant un vocabulaire assez proche ("uertat"
dans les deux cas ; "bene" chez l᾽un, "male" chez l᾽autre), et
traduisant le regret d᾽avoir fait un cadeau. Le commentateur
s᾽amuse de ce contexte où Ménalque (Virgile dans la tradition
interprétative), qui a été dépossédé de son domaine, envoie, bien
contre son gré, un cadeau au nouveau maître.
1316. On peut se demander ce qui est propre à la comédie
ici, que ce soit une affaire d᾽argent qui résolve le nœud, ou
qu᾽il parle de cet argent en indiquant des réalités triviales pour
expliquer sa provenance.
1317. Donat signale un autre
texte parfaitement clair, avec le locatif, dans lequel "Lemni" est
complément de lieu de "reddunt" en soi et pour soi. Apparemment,
Donat est le seul à signaler la variante "Lemno".
1318. Parce
que la provenance de cet argent est étrangère à l᾽intrigue. Mais
le commentateur vient de dire le contraire en soulignant que
savoir d᾽où venait cet argent préparait l᾽ultime crise. Sans doute
faut-il distinguer entre le niveau immédiat du discours et celui
de l᾽oikonomia de l᾽ensemble de la pièce.
1319. Donat remarque ici la reprise du mot masculin
"fructum" par un pronom neutre "id" et la justifie par une ellipse
d᾽un tour au génitif pluriel complément de pronom neutre, tour
bien connu par ailleurs.
1320. Le sens est ici assez obscur ; apparemment Donat
pense que si Chrémès disait à sa femme : "Démiphon a eu besoin
d᾽argent", cela voudrait dire qu᾽il serait en train d᾽en
redemander à celle-ci, cette fois pour son usage personnel, mais
que, s᾽il disait "Démiphon a besoin d᾽argent", cela voudrait dire
que Chrémès n᾽en demanderait pas de nouveau à sa femme. Si l᾽on
perçoit mal la logique qui sous-tend cette argumentation, il est
important de noter que ce que retient Donat c᾽est la dépendance
financière de Chrémès envers son épouse : celui-ci, dit-il, ne
veut pas avoir l᾽air de réclamer encore de l᾽argent à sa femme.
Notons que Chrémès avait déjà évoqué cette dépendance aux vers
586-7, et que le commentateur n᾽avait pas manqué de la
souligner.
1321. Donat s᾽étonne ici que le verbe "emungo", qui
signifie "moucher", et de là, en comédie, "dépouiller quelqu᾽un",
soit de le même famille que l᾽adjectif "emunctus". Mais la
citation d᾽Horace vient expliquer, de façon cependant implicite,
le lien entre "emungo" et "emunctus" : pour avoir un flair subtil,
il faut s᾽être mouché...
1322. Autrement
dit, Géta comprend la question d᾽Antiphon au sens de : "es-tu
satisfait du montant que tu as obtenu ?", alors qu᾽il aurait pu
également comprendre, car le propos d᾽Antiphon est ambigu : "es-tu
satisfait de ce que tu as fait ?".
1323. Sur la restitution de grec
ici, voir la note apposée au texte latin. Cette forme peut être
une citation d᾽un passage amusant à l᾽endroit correspondant chez
Apollodore, le personnage du jeune homme utilisant la forme
tragique "nous souffrons" pour accentuer sa douleur. Le verbe est
bien attesté dans la Néa. Ce que Donat montre ici, c᾽est un effet
de traduction, comme il en relève parfois. Au lieu de la simple
forme verbale, Térence améliore Apollodore en ajoutant une image.
Le caractère outrancier de la formule appelle l᾽indication qu᾽il
ne faut pas lire ce passage comme ironique.
1324. Otto (1962)
signale qu᾽il ne s᾽agit pas réellement d᾽un proverbe, malgré le
rapprochement avec un proverbe grec opéré par Erasme, Adag. ad
loc. "In nervum ire : Donatus, aut quisquis is fuit interpres
Phormionis Terentianae, demonstrat esse proverbium, pro eo, quod
est, decipere. Sumpta a sagitariis metaphora, quibus illud evenit
interdum, ut, dum nimium tendunt arcum, rumpant, aut sibi nervum
aliquem fatigent, ut confine sit illi, de quo dictum est alias,
ἀπορρήξομεν τὸ καλῴδιον πάνυ τεινόμενον" (Donat, ou quelque
commentateur du
Phormion de Térence que ce soit,
montre clairement qu᾽il s᾽agit d᾽un proverbe, pour dire "tromper".
La métaphore est prise aux archers, à qui il arrive, de temps à
autre, qu᾽en tendant trop leur arc, ils le brisent, ou bien ils se
blessent un tendon, en sorte qu᾽on s᾽approche de ce qu᾽on dit
ailleurs "nous briserons la cordelette à force de la trop
tendre"). Lucien, qui transmet le texte auquel Erasme se réfère
(Court. 3, 3, 20), atteste clairement, contre Otto (1962), qu᾽il
s᾽agit d᾽un proverbe : σὺ δὲ πάνυ χαλεπὴ ἀεὶ τῷ ἀνθρώπῳ γεγένησαι,
καὶ ὅρα μὴ κατὰ τὴν παροιμίαν ἀπορρήξωμεν πάνυ τείνουσαι τὸ
καλῴδιον (vraiment tu te montres toujours dure à l᾽homme. Prends
garde, comme on dit dans le proverbe, que nous ne brisions pas la
corde à force de la tendre). Cf. 324, 5.
1325. Parce que le mot est une forme de litote, le sens
étant "tu le mets de côté".
1326. Cf. Scaurus,
De Orthographia, GL VII,
11, 7 : "uocales itaque inter se mutuis uicibus in declinatione
funguntur, ut ago egi [...]. nec minus consonantes, ut f et h :
utraque enim est flatus ; quare quem antiqui fircum nos hircum, et
quam Falisci habam nos fabam appellamus, et quem antiqui fariolum
nos hariolum" (ainsi, des voyelles s᾽interchangent mutuellement
dans la conjugaison, comme "ago", "egi" […]. Les consonnes n᾽en
font pas moins, comme f et h : les deux lettres sont en effet des
fricatives [littéralement, "soufflées"] ; c᾽est pourquoi, ce que
les Anciens disent "fircus", nous le disons "hircus", ce que les
Falisques appellent "haba", nous l᾽appelons "faba", et ce que les
Anciens disent "fariolus", nous le disons "hariolus").
1327. Autrement dit,
"hariolus" et "halitus" sont rapportés à "halare". Il y a ici une
double étymologie : 1. "hariolus" vient de "halitus"/"halare" :
c᾽est ce que Donat dit explicitement dans un premier temps ; 2.
"halare" vient du son "ha" : c᾽est ce que confirme la seconde
partie de la scholie en liant le son à l᾽exhalaison qu᾽il mime.
Toute cette série de mots est donc présentée comme
onomatopéique.
1328. Sur cette lecture,
voir la note apposée au texte latin.
1329. Notons
que Donat n᾽inclut pas ses contemporains dans les "Latini" (voir
scholie suivante), ce qui implique qu᾽il entend par là les anciens
Latins, et non les Romains.
1330. Sur ce texte et le sens du commentaire, voir la
note apposée au texte latin.
1331. En effet, c᾽est parce
que "ego curabo etc." que "quietus esto, inquam" : "si tu peux
être tranquille", dit Démiphon, "c᾽est parce que je vais m᾽occuper
de tes intérêts". Donat donne ici la définition latine de ce que
l᾽on nomme, en grec, un ὕστερον πρότερον.
1332. Parce que le mot "libido" porte en lui une
connotation de désir incontrôlé qui domine le sujet, alors que la
"voluntas" marque au contraire un sujet pleinement responsable de
ce qu᾽il entreprend.
1333. Il n᾽y a rien de moins évident que cette
proposition du compilateur, car "nos" est clairement déjà le
complément d᾽objet direct de "eiciat" et on ne voit absolument pas
comment construire ici "mulierem". Quant à croire que Chrémès
s᾽identifie à la femme c᾽est assez acrobatique, la seconde
interprétation étant bien préférable.
1334. Donat met en garde ses
élèves : il ne faut pas costruire "quid magni ?" (quoi de
grand ?), mais "magni refert" (il importe grandement").
1335. Cette question ressemble
à un problème que pose le maître aux élèves, sous forme de
question piège. La réponse est non : il ne manque
rien...
1336. C᾽est-à-dire que Donat comprend
"quaenam".
1337. Donat en Eun. 139,
4 relie également l᾽anastrophe à une forme
d᾽embarras dû à des choses désagréables à dire.
1338. Le contexte de la citation virgilienne (En. 2,
311) porte évidemment à comprendre "Vcalegon" comme équivalent de
"Vcalegonis domus". Julien de Tolède 206,
13 (Maestre Yanes (1973)) utilise ce même exemple
pour la synecdoque mais le commente plus précisément.
1339. Ce qui rend la cause
pardonnable est évidemment la misère.
1340. Il faut
comprendre que Donat traite ici toujours de la cause. Si l᾽état
est défini par la misère, la qualité va elle se définir par les
actes que le personnage pose pour lutter contre cette misère, et
qui viennent donc compenser l᾽état initial. Sur cette notion, voir
Cassiodore, Ps.
130 l.
117 (Adriaen).
1341. Au
v. 702, par exemple. Comme les deux éléments sont assez distants
l᾽un de l᾽autre, Donat n᾽évoque pas une de ses figures favorites,
la plokè. Voir par exemple Eun. 41.
1342. Parce que l᾽on
enferme ("concludo") une bête sauvage ("fera"). "Concludo", parce
qu᾽il porte le sème ᾽sauvage᾽ de "fera", annonce "saeua",
métaphoriquement associé à "uxor ".
1343. Ce commentaire est très proche d᾽And. 609, 2. Sur
futilis, cf Festus 71, 12 : "Futiles dicuntur, qui silere tacenda
nequeunt, sed ea effundunt. Sic et uasa futtilia a fundendo
uocata" (On appelle futiles ceux qui ne peuvent taire ce qui doit
être passé sous silence mais qui les répandent. Ainsi les vases
sont appelés futiles à partir du mot fundere). Cf aussi Isidore
(Or. 10, 110) :"Futilis, uanus, superfluus, loquax, et est
metaphora a uasis fictilibus, quae quassa et rimosa non tenent
quae inieceris" ("futilis", vain, superflu, verbeux, et c᾽est une
métaphore tirée des vases en argile qui, quand ils sont cassés et
fendus, ne retiennent pas ce dont on les a remplis) qui reprend
l᾽idée de métaphore à partir du nom d᾽un vase.
1344. Cf. le commentaire
que fait Donat du v. 95.
1345. Donat utilise l᾽indéfini "quis"
pour expliciter une deuxième personne du singulier à valeur
indéfinie.
1346. Il s᾽agit du participe passé actif, qui,
effectivement, n᾽existe pas en latin. Peut-être Donat a-t-il
observé dans le grec d᾽Apollodore une participe aoriste dont il
montre à ses élèves un équivalent possible en latin. Quant à sa
reformulation par un "cum historicum", elle correspond à un état
de langue où on ne comprend plus la nuance entre ce "cum"
temporel-causal et le "cum" purement temporel à valeur de
simultanéité construit avec l᾽indicatif imparfait. Voir sur ce
sujet la scholie à 23,
4 et la
note.
1347. Le sens est
assez obscur ; on peut avancer l᾽idée que le voleur risque
davantage d᾽être attrapé dans sa propre maison, quand on sait où
il habite.
1348. Donat constate un
emploi de la forme pleine "aliquid" après "dum", alors que de son
temps on ne dit plus "dum aliquis", mais "dum quis".
1349. Il s᾽agit de ceux qui se produiront dans la suite
de la scène, lorsque Nausistrata et Chrémès se
rencontreront.
1350. Il semble y avoir ici comme une sorte d᾽étymologie
qui voudrait faire venir "statim" de "quasi uno statu". Après
avoir procédé par synonymie pour définir l᾽adverbe "statim", Donat
procède par étymologie. Il s᾽agit sans doute ici de faire émerger
la notion de racine, inconnue des Latins, qui serait commune à
"status" et "statim". De fait, ces deux termes appartiennent à la
même famille de mots, construite sur la racine i.-e. *steH2- On
trouve aussi la relation entre "statim" et "aequaliter" chez
Nonius (393, 7) : "statim producta prima syllaba, a stando,
perserueranter et aequaliter significat".
1351. Un seul personnage peut dire "uin satis
quaesitum" : c᾽est Démiphon ; s᾽il y a une possibilité de
variation dans l᾽attribution des répliques, c᾽est peut-être dans
la suite du vers : Chrémès pourrait à la rigueur reprendre la
parole pour demander "quid ?", et Démiphon enchaîner en
interrogeant : "illa filia amici nostri quid futurumst ?". La
répartition des répliques ne paraît pas, cependant, poser ici
problème, et l᾽on comprend mal pourquoi Donat estime nécessaire
d᾽en parler.
1352. Le commentaire précise qu᾽il y a une rupture de
construction entre les deux hypothétiques, la première au
subjonctif, la seconde à l᾽indicatif. C᾽est manifestement ce que
recouvre la quatrième catégorie des anacoluthes.
1353. Exceptionnellement, Donat (ou le compilateur) juge
utile de fournir une référence précise pour un passage virgilien.
Est-ce le signe précisément que ce n᾽est plus Donat ?
1354. A la lecture du lemme, on se demande bien où est le
zeugme. En revanche, cela se comprend beaucoup mieux si le
commentateur vise les deux emplois successifs de "ut", le premier
complétif, le second final.
1355. Fors
Fortuna avait en réalité plusieurs temples à Rome. Un temple
passait pour avoir été construit par Ancus Marcius ou Servius
Tullius et se trouvait sur la rive nord du Tibre (Varron, LL
VI,
17 et Plut. de fort. Rom. 5,
voir aussi Fast. Amit. ad VIII Kal. Iul. et Fast. Esq.). Il est
également fait mention d᾽un autre temple sur la voie Portuensis,
sur la même rive du Tibre, mais plus éloigné de Rome. Enfin il a
existé, aux dires de Tite-Live, un temple sur la même rive dédié
en
293 av. J.-C. par Carvilius
(Liv. 10, 46, 14). Tibère, quant à lui, aurait inauguré également
un temple de la même déesse dans les jardins de César en
17 de notre ère (Tac. Ann. 2, 41). Il est
impossible de savoir à quel temple Donat se réfère, mais il est
certain qu᾽il se trouve dans le Trastevere, comme le confirme, à
l᾽époque de Donat, la
Notitia Regionum. Etait-ce le
seul qui subsistait encore ?
1356. Autrement dit,
"id" reprend le "uapulabis" qui précède.
1357. En effet, Géta s᾽est mépris et n᾽a pas reconnu
Antiphon parce que, dans sa hâte, il n᾽a pas pris le temps de se
retourner.
1358. Autrement dit, Géta ne va en raconter ni trop, ni
trop peu.
1359. Puisque c᾽est bien de l᾽"uxor"
d᾽Antiphon que parle ici Géta.
1360. Il s᾽agit sans doute
des scènes de reconnaissance et des passages où l᾽on révèle un
secret ; ici, par exemple, l᾽acteur qui joue Géta peut faire
montre de son enthousiasme, et aussi jouer à retarder le plus
possible le moment de la révélation.
1361. En l᾽absence de tout contexte sallustéen, le sens
de ce rapprochement nous échappe. Il est sans doute question d᾽une
recomposition familiale aussi hardie que celle que découvrent ici
les personnages.
1362. Ce que Donat
souligne par le choix de cette citation, c᾽est le sens qu᾽a ici
"audiui" : entendre parler de quelque chose.
1363. Il s᾽agit
d᾽un cas de "varietas" syntaxique. Donat fait remarquer qu᾽après
avoir utilisé le gérondif en complément d᾽"occasio", Térence eût
été bien fondé à l᾽utiliser aussi à la place de l᾽infinitif
"adimere". Le fait qu᾽il s᾽en dispense montre son adresse
rhétorique que loue le commentateur. Moins bien intentionné, le
commentateur aurait pu parler d᾽une incohérence grammaticale du
niveau de l᾽anacoluthe.
1364. Donat signale la première occurrence d᾽un complément de
chose au verbe "incusare", au sens d᾽"incriminer quelque chose".
Sa reformulation pose un léger problème de relation au texte de
Térence, même s᾽il est aisé de comprendre comment il procède. Il
remplace l᾽accusatif de chose par un accusatif de personne ("quae
incusaueras" devenant "me incusaueras", conformément à l᾽usage
archaïque), puis il remplace l᾽accusatif de chose sous la forme
d᾽un adverbe marquant l᾽origine "hinc", et, enfin (et c᾽est là que
la construction ne peut pas remplacer strictement celle de
Térence), il reconstruit une relative en postulant comme relatif
le sujet "qui" de "incusaueras". Ce dernier changement entraîne
mécaniquement celui de l᾽antécédent et rend le segment
incompatible avec le vers térentien. C᾽est sans doute ce qui a
troublé les plus soigneux de nos scribes. Voir la note apposée au
texte latin.
1365. Autrement dit, si Phormion récuse
un de ces points, il se contredira, puisque ce sont là les
objections que lui-même énonçait peu de temps
auparavant.
1366. Cf. J. Andreau (1997, 160) : "Chaque fois qu᾽il
est question d᾽effectuer un paiement en banque, Plaute ne manque
pas de mentionner le forum, faisant évidemment allusion à ces
boutiques, celles du côté nord-est du forum, et peut-être aussi
celles de son côté sud-ouest. Comme le remarque Donat, plus de
cinq siècles plus tard, c᾽est l᾽origine de l᾽expression ᾽in foro
numerare᾽ ou ᾽soluere᾽, synonyme de ᾽in mensa numerare᾽, de ᾽de
mensae scriptura numerare᾽ ou ᾽soluere᾽, payer par l᾽intermédiaire
d᾽une banque, et non pas chez soi, en prenant l᾽argent dans son
coffre-fort, ᾽domo ex arca᾽". Donat, en répétant à l᾽envi
"scriptura" et "rescribo", cherche à faire apparaître que ces deux
mots ont le même radical, appartiennent à la même famille, et,
dirions-nous, sont construits sur la même racine.
1367. Une fois restitué de
cette façon, le texte de la scholie met en valeur le sens du
préfixe "dis-", commun à "discripsi" de Térence et à "diditur" de
Virgile. Dans son analyse sémique de reformulation, Donat insiste
sur la distributivité du préfixe avec "multis".
1368. Donat
identifie donc la personne du "iudex" et le "locus" où il rend la
justice... Cf. le commentaire du v. 981.
1369. Il
s᾽agit d᾽une remarque étymologique précisant que "in-" a ici un
sens privatif et que "dotatis" est de la famille de
"donum".
1370. L᾽expression "nullus sum" est exclusivement comique :
on n᾽en trouve des attestations en ce sens que chez Plaute et
Térence. Cf. notamment Plaute (Merc. 468) : "Nullus sum ; occidi"
(je suis perdu, je suis mort), où Plaute explicite le sens de
cette expression.
1371. Le parallèle entre le texte de Térence et la
citation de Virgile est presque parfait : la question "uultis et
his mecum pariter considere regnis ?" rappelle en effet "quid uis
tibi ?", et la promesse "urbem quam statuo ? uestra est" renvoie à
"argentum quod habes condonamus te". La remarque de Donat (au
moins dans la version du manuscrit D) attire l᾽attention sur le
fait qu᾽il s᾽agit d᾽une asyndète, comme dans l᾽exemple térentien,
et non d᾽une antiptose. Or le commentaire servien de ce passage
hésite à voir ou non ici une antiptose, comme peut-être Donat
lui-même dans son commentaire d᾽Eun. 653, 1, à supposer que le
texte de Wessner soit correct. Si, en revanche, il faut lire,
comme la majorité des manuscrits, "antiptosis" dans
L᾽Eunuque, Donat se contredit.
1372. Il y a beaucoup d᾽implicite dans ce
commentaire qui a été d᾽ailleurs très mal compris par la tradition
(voir notes apposées au texte latin en
938 et 947). Ce que Donat veut dire est qu᾽il faut se
reporter au commentaire d᾽Eun. 17, dans lequel il faisait une
"differentia" syntaxique entre les constructions respectives de
"dono" + ablatif et "condono" + accusatif.
1373. On peut en effet omettre "uiam".
Servius, En. 6,
670 donne à peu
près la même interprétation : "dextram adfectare dextram
intendere, scilicet sic, ut posset navem tenere. Terentius ᾽ad
dominam qui adfectant viam᾽, id est intendunt" (dextram
adfectare : équivaut à "dextram intendere", évidemment pour qu᾽il
puisse toucher le navire. Térence : "ad dominam qui adfectant
viam", c᾽est-à-dire "cherchent à atteindre"). Apulée (Plat. 2, 11,
6) nous fournit un exemple de cette construction "moderne"
d᾽"adfectare" sans "uiam" : "Namque ille uirtutis spectator, cum
eam penitus intellexerit bonam esse et benignitate praestare, ad
eam adfectabit profecto et sectandam existimabit sui causa" (de
fait, cet admirateur de la vertu, quand il comprendra qu᾽elle est
foncièrement bonne et qu᾽elle l᾽emporte sur tous par sa
bienveillance, se précipitera à sa suite et estimera qu᾽il faut
s᾽attacher à elle pour elle-même).
1374. Tournure correcte, mais sans doute
totalement étrangère aux élèves de Donat. Rappelons que Cicéron la
tient déjà pour un peu archaïque.
1375. Ce texte, qui a été malmené par Wessner à la
suite de la tradition (cf. note apposée au texte latin), est
pourtant parfaitement clair dans la logique de Donat. D᾽un côté,
"e medio excessit" est un euphémisme qui remplace le brutal "elle
est morte" par une expression toute faite, du type du français
"elle nous a quittés". Cela constitue la première partie de la
scholie qui porte sur l᾽atténuation de la mort dans la comédie. La
seconde partie de la scholie porte sur un autre point auquel Donat
est attaché et qui est qu᾽il ne peut y avoir de mort en comédie
que si elle sert à faire avancer l᾽intrigue vers son dénouement
heureux, un mal pour un bien en quelque sorte. Le fait est que,
dans la réplique de Chrémès, la mort de la deuxième femme est
utilisée dans une proposition à valeur causale, puisque, comme l᾽a
dit Donat, "cum" vaut "quia". Ici donc, on ne s᾽attarde pas sur la
mort en elle-même, mais sur ses conséquences heureuses "ego
redigam uos in gratiam". Voir par exemple le commentaire au vers
750.
1376. Il s᾽agit en réalité d᾽un commentaire de
morphosyntaxe. Donat nous dit à la fois que "lautum" est le supin
de "lauare" et que le supin vaut pour une finale. En même temps,
il glose "peccatum" qui se comprend mal après "lautum", et donne
un complément d᾽objet direct plus conforme au sens concret de
"lauare", en supposant "maculam". Si le commentateur s᾽adressait à
des chrétiens ou était chrétien lui-même, l᾽expression "lauare
peccatum" ne lui poserait aucun problème. Pour un païen en
revanche, l᾽image peut rester un peu surprenante. On attendrait
plutôt "purgare".
1377. Donat commente "exstillare" en donnant un complément au
préverbe "ex-" qui aboutit à une parfaite tautologie. Peut-être le
commentaire est-il moins tautologique si l᾽on voit, derrière cette
reformulation, une remarque implicite d᾽orthographe disant qu᾽il
faut "exstillare" et non, comme le font beaucoup de manuscrits
d᾽ailleurs "extillare". A l᾽époque tardive, d᾽ailleurs, la
prothèse vocalique a pu faire qu᾽il n᾽y ait aucune différence à
l᾽oreille entre "stillare" et "exstillare" prononcés tous deux
"estillare". Raison de plus pour soigner
l᾽orthographe.
1378. Même commentaire au vers
936.
1379. L᾽imparfait se
justifie pleinement, car la procédure paraît appartenir au droit
archaïque et ne subsiste, même du temps de Plaute, que dans une
formule en partie vidée de son contenu originel. Pour Donat la
formule est évidemment très archaïque.
1380. Le terme de
"status" renvoie au "status quaestionis" ; quand à la "qualitas",
elle désigne le genre d᾽affaire dont il est question ; on retrouve
ces termes dans le commentaire des v.
1014 et 1035. Cf. Servius, En. 6, 456 : "infelix
Dido : veniali utitur statu, et excusat se per necessitatem"
("infelix Dido" : il utilise l᾽état de la cause pardonnable, et
s᾽en excuse par la nécessité). Eugraphius utilise également ces
termes ; cf. Pirovano (2004), et notamment la remarque suivante :
"Después de la ᾽coniectura᾽, la ᾽uenia᾽ es quizás el ᾽status᾽ más
utilizado por Eugrafio, al que recurre en las más diversas
situaciones y dando cobertura prácticamente a todas las
posibilidades ofrecidas por esta forma de defensa. Desde el punto
de vista terminológico, la designación más habitual es ᾽status
uenialis᾽, al que se añaden de forma alternativa ᾽qualitas
uenialis᾽ y de modo totalmente ocasional la variante aislada
᾽defensio uenialis᾽. Los atenuantes de la ᾽uenia᾽ están
subdivididos sobre la base de la tripartición
᾽imprudentia᾽/᾽casus᾽/᾽necessitas᾽" (en dehors de la "coniectura",
la "uenia" est peut-être le "status" qu᾽Eugraphius utilise le
plus, auquel il recourt dans le plus grand nombre de situations et
pour recouvrir pratiquement toutes les possibilités offertes pour
cette forme de défense. Du point de vue de la terminologie, la
dénomination la plus habituelle est "status uenialis", qui a pour
forme alternative "qualitas uenialis", et, de façon totalement
occasionnelle, la variante "defensio uenialis". Les circonstances
atténuantes pouvant justifier la "uenia" sont réparties sur la
base de la tripartition
"imprudentia"/"casus"/"necessitas").
1381. La remarque de Probus est effectivement curieuse. Le
grammairien a-t-il oublié qu᾽il s᾽agit d᾽une pièce à sujet grec,
et donc que sa remarque est sans objet ? De toutes façons,
Nausistrata parle à Phormion de manière fort libre, en lui disant
quelque chose comme "mon gars".
1382. Ce
commentaire porte sur le datif éthique "mihi", dont Donat nous dit
que l᾽ajout est fait "eleganter". Plus qu᾽une marque de
raffinement de l᾽auteur, n᾽est-ce pas typiquement une marque
d᾽oralité propre à la comédie, ou un atticisme supposé donner de
la couleur locale aux Grecs de convention de la comédie ? Voir par
exemple Eun. 284, 1.
1383. C᾽est la figure de
"concessio".
1384. Les deux arguments se complètent en fait,
l᾽un étant la "captatio benevolentiae" et l᾽autre une manière de
plaider coupable tout en se justifiant en partie et en comptant
pour le reste sur la bienveillance des juges.
1385. Donat
procède ici, dans l᾽ordre du texte de Térence, au relevé des
arguments, mais, de ce fait, on peut se demander si ces
"circonstances annexes" le sont vraiment, et ce d᾽autant qu᾽il y
revient dans la suite de son commentaire.
1386. Autrement dit, Démiphon dit qu᾽il
ne recommencera plus.
1387. Le lien entre cette
citation et le texte de Térence réside bien sûr dans l᾽emploi de
l᾽impératif futur.
1388. En
réalité les exemples transmis par les grammairiens sont très peu
nombreux et pratiquement limités à Ennius.
1389. Ce qu᾽il faut tirer de la scholie de Donat est que le
pronom personnel sujet latin est toujours marqué stylistiquement
puisqu᾽il n᾽est pas nécessaire. Ici, Donat semble proposer pour
lui deux valeurs, mais son système n᾽est pas cohérent : en 1048,
1, il en fait un simple déictique qui remplace le nom, qui n᾽est
pas pas connu, de celui qu᾽interpelle Nausistrata. En 1048, 2, il
semble proposer une alternative ("an"), mais la stratégie des
puissants envers ceux qui leur sont inférieurs qu᾽il met en avant
n᾽est pas portée, dans la phrase, par le pronom "tu" (qui serait
plutôt méprisant), mais par "tuum nomen dic" etc.. La valeur
fondamentale de ce pronom personnel sujet mise en valeur par Donat
est une valeur déictique d᾽apostrophe de quelqu᾽un dont le nom
n᾽est pas connu, éventuellement pour ensuite l᾽appeler par son nom
et ainsi le flatter.
1390. En effet, on
pourrait comprendre qu᾽elle s᾽adresse à Phédria, mais en fait,
elle parle à son mari.
1391. ante hic edd.
1392. nusquam edd.
1393. adulescentulum
edd. at uide schol. 4 ubi recte legitur.
1394. [et mage placerent
quas fecisset fabulas] (vers ajouté entre le v. 11 et le
v. 12).
1395. nouos edd.
1396. tractent
edd.
1397. omne hoc edd.
1398. aduersus edd.
1399. perdite
edd.
1400. exaduersum edd.
1401. adiutaret edd.
1402. quo edd.
1403. ille edd.
1404. persuasit edd.
1405. futurum est edd.
1406. hoc edd.
1407. amant edd.
1408. aliquod tibi
edd.
1409. 181 bis : quae si non astu prouidentur me aut erum
pessum dabunt
1410. quid illic edd.
1411. illuc edd.
1412. protinam
edd.
1413. uidisse me et edd.
1414. quid grauius
edd.
1415. cum edd.
1416. abeo
edd.
1417. te esse edd.
1418. hic quis edd.
1419. mane inquam edd.
1420. meministin edd.
1421. ac edd.
1422. mitto
edd.
1423. reperiam edd.
1424. secum oportet edd.
1425. mihi sunt edd.
1426. esse edd.
1427. saluum edd.
1428. factum me edd.
1429. cum noris edd.
1430. est edd.
1431. horum edd.
1432. culpa ea edd.
1433. omnium horunc edd.
1434. do edd.
1435. tu seruo᾽s edd.
1436. nullo edd.
1437. pacto, faenore
edd.
1438. huc adduce
edd.
1439. illuc edd.
1440. ego edd.
1441. aliquos edd.
1442. summa solum
edd.
1443. eccere edd.
1444. ages edd.
1445. tennitur
edd.
1446. tennitur edd.
1447. quod placeat
edd.
1448. hunc edd.
1449. est acerrima edd.
1450. postilla edd.
1451. Stilponem edd.
1452. malitiae
edd.
1453. homo iam
grandior edd.
1454. cui opera edd.
1455. i᾽n
edd.
1456. ita eum edd.
1457. is edd.
1458. absenti edd.
1459. om. edd.
1460. nosses edd.
1461. nosses edd.
1462. Stilpo
edd.
1463. Stilpo edd.
1464. Stilponem
edd.
1465. dotis edd.
1466. itidem edd.
1467. fers edd.
1468. afficit
edd.
1469. est edd.
1470. multimodis edd.
1471. itane te edd.
1472. poteretur edd. ;
potiretur edd.
1473. uidere edd.
1474. nequid edd.
1475. umquam tibi usus
edd.
1476. sies edd.
1477. iam ea edd.
1478. haec ei
antecessit edd.
1479. istaec
edd.
1480. est morbus edd.
1481. fidelem esse
aeque atque egomet sum mihi edd.
1482. sese edd.
1483. istanc
edd.
1484. apud
Donatum, ut in codice Bembino Terenti, legitur tantum semel opus
est. Apud recentiores editores iteratur.
1485. perinde
scribito iam mihi dicas edd.
1486. adeo
argentum nunc mecum attuli edd.
1487. Lemni edd.
1488. inde edd.
1489. satine est id ? edd.
1490. ut cautus edd.
1491. paullum edd.
1492. sua cura solus
edd.
1493. quod edd.
1494. re dudum
edd.
1495. in animo parare
edd.
1496. propria ut Phaedria edd.
1497. partes tuas edd.
1498. suas edd.
1499. hunc onero
edd.
1500. uapula edd.
1501. est pater inuentus
edd.
1502. atque ego edd.
1503. quoque
inaudiui illam fabulam edd.
1504. dilapidat edd.
1505. satis edd.
1506. quodne ego discripsi
porro illis edd.
1507. esse odiosi edd.
1508. me sic edd.
1509. neque
postilla umquam attigit edd.
1510. Le mot
"logi" est grec, d᾽où notre traduction.