Notes
Sommaire
Notes
1. Inexplicablement,
cette section est numérotée "4*" chez Wessner. Nous corrigeons et
rectifions les numéros suivants en conséquence.
2. Wessner éditait "mensibus <Aeschinum> credit
sibi ipsi", ajoutant après Estienne le nom du personnage qui
fonctionne comme le sujet indispensable de l᾽infinitive. Mais V nous
met sur la voie en lisant "ipse" au lieu de "ipsi". C᾽est sans doute
dans ce pronom qu᾽il faut chercher le sujet de l᾽infinitive : nous
rétablissons donc "ipsum", malgré un manque de clarté assez net
pusique le dernier personnage masculin cité est Ctésiphon et non
Eschine.
3. Le texte corrompu
dat "†amab†" est ici édité "dat amanti" (selon une conjecture de
Wessner dans son app. cr.), ce qui donne un sens
satisfaisant.
4. Le mot "dat"
est une conjecture habile de Wessner. Sans cet ajout, le texte ne se
comprend pas. La séquence "daedat" a dû provoquer une haplographie
ancienne.
5. "Sostratae,
liberationem" est un ajout de Reifferscheid, suivi par Wessner.
C᾽est indispensable au sens ; il s᾽est produit un saut de
"conciliationem" à "liberationem".
6. Wessner complétait le lemme en "observari et
<ad.> rapere", pour se conformer au texte térentien. C᾽est
inutile : il arrive souvent que Donat saute un mot dans le lemme.
En outre ce qui est en cause dans le commentaire, ce sont les
verbes : on n᾽a donc pas besoin spécifiquement de
"aduersarios".
7. La conjonction "cum" est ajoutée par
Wessner, à juste titre. La succession "cum cum" a été simplifiée,
d᾽évidence.
8. Wessner suivait une conjecture d᾽Estienne, qui rend
certes le texte plus limpide, "producta I". Mais le texte, par
exemple de CV, "producte", quoique assez implicite, se
comprend.
9. "Te" est un ajout de Wessner,
logique, puisque c᾽est ce pronom qui est explicité dans la
scholie.
10. Wessner ajoutait entre le lemme et la scholie
"<ut sit: irata>". C᾽est absolument inutile.
11. Nous rendons au vers
32 le plus gros de ce que
Wessner attribuait au vers 33, en renumérotant les scholies
concernées en conséquence. De fait, la séquence "aut te amare
cogitat", même si elle est souvent traitée de pair avec la suite,
qui constitue le vers 33, figure bien dans le vers 32. Nous
suivons donc l᾽usage établi par Wessner lui-même qui consiste à
coupler les scholies au vers qui contient le premier mot du lemme.
En l᾽espèce, ce que Wessner désignait sous l᾽appellation
33 1-
5 est renuméroté
32 2-6 ;
33
6 devient
33 (et reste le seul lemme
attribuable au vers 33).
12. Wessner postulait ici un peu vraisemblable
"ἐμφατικώτερον", qu᾽il déduisait du seul "non", unanime dans les
mss., au motif que la plupart des mss. ont dans la suite "quam si
diceret". Mais il suffit d᾽adopter la leçon de V, qui a "quasi" au
lieu de "quam si" pour obtenir à peu de frais une leçon tout à
fait satisfaisante.
13. Nous conservons "dicit", postulé par Wessner, même si
le tour sans verbe (dont témoignent les mss.) est assez dans la
manière du grammairien.
14. Wessner éditait
"
Πάμφιλος ἔχοι †νιων πωλουμενον", d᾽après un
texte approximatif noté par le seul ms. A et par le codex Cujas
(voir les Observationes de Lindenbrog (1623), p. 640). De ce texte
ressort nettement une finale "EXOINIωNπωλουμενον", qui a pu faire
penser au subtil Cazaubon (cité par Lindenbrog, ibid.) à une
formule "
Εἶτα φίλης σχοινίῳ
᾿μποδούμενον" (ensuite, empêtré dans la chaîne de sa
maîtresse), avec la métaphore du mariage et de la corde au cou.
Meineke, l᾽éditeur des fragments des comiques attiques (FCA 54),
reconstituait, d᾽après cette seule attestation, un texte un peu
hardi : "
Εἶτα φίλ᾿ ὃς ἔχεις γυναῖκα
σχοινίων πωλουμένων" ("Ensuite, ami qui as une femme,
puisqu᾽on t᾽a vendu des chaînes", avec un "
γυναῖκα" vraiment sorti de nulle part),
mais avec en finale un "
σχοινίων
πωλουμένων" qui a la garantie d᾽un fragment comique
d᾽Antiphane (dans un autre contexte que le mariage). La
proposition que nous faisons se fonde, en les adaptant "metri
causa", sur les idées judicieuses de nos prédécesseurs. Nous
proposons de lire dans le début du segment du ms. A ("еτ
τλΦΙλΟC"), qui manifestement anticipe le début du texte grec, un
simple "e" (qui appartient à "sententiae") et "ut", qui présente
la citation, puis "
ἀψῖδ᾿ ὃς".
Pour les reste, nos retouches au grec sont somme toute minimes.
Nous supposons une confusion chez le copiste entre φ et ψ (déjà
remarquée en d᾽autres cas) et une haplographie bien naturelle du
segment "OCEIXECXOI" en "OCEXOI".
15. Wessner éditait "Romanis id uideri, quos
spectatores habet. Menander" etc. Nous suivons le texte de A, qui
est au demeurant le seul à indiquer du grec dans ce passage. Mais
quelque texte que l᾽on suive, le sens ne se laisse pas facilement
appréhender.
16. Wessner éditait "
†τωμανκαριαημυ† γυναῖκ᾿ οὐ λαμβάνω".
Comme plus haut, on peut considérer que le grec a été anticipé par
le scribe de A et que le τ est en fait un "ut" latin. Pour le
reste, notre lecture est presque tranquille. On peut restituer la
fin d᾽un trimètre (sur "
μακαρία") et le début du suivant (à
partir de "
ἐμή").
17. Wessner édite "†utruna", sans
choisir parmi des leçons aberrantes des mss. On propose de
restituer, pour ce segment délicat, la leçon "uerba", assez
plausible sur le plan ecdotique et qui donne un sens
satisfaisant.
18. Wessner ajoutait "<contra me>" pour se
conformer au texte térentien. Ce n᾽est pas nécessaire.
19. Comme souvent, Wessner explicite la
scholie en ajoutant "<insueuerit>". C᾽est inutile.
20. Wessner ajoute ici
"<s.>". C᾽est raisonnable, puisque "stabilius" est objet de
commentaire.
21. C᾽est Wessner qui ajoute "<a.>",
pour "adiungitur". Nous gardons cet ajout plausible.
22. "Facit" est un ajout de Wessner, plausible en
raison de la nature du commentaire et de la présence de grec, qui
a pu avoir un effet sur la délimitation de la lacune à
laisser.
23. Le lemme
2 a la leçon "rursus", le lemme
3 commente "rursum". Les deux formes, ici, sont possibles
métriquement.
24. Wessner
éditait "bene<ficium>", en adaptant Estienne qui proposait
"bene facere". Mais, bien qu᾽elliptique, la scholie se comprend
avec ce seul "bene", consensuel dans les mss.
25. "Se" ne figure pas dans
les manuscrits de Térence. Mais c᾽est Donat (ou plutôt un copiste
scrupuleux, qui l᾽a rajouté sur la foi de ce que disait la scholie
4) qui semble l᾽avoir ajouté lui-même, puisqu᾽il précise au lemme
77,
4 que "se" manque. Le vers est faux avec l᾽ajout de
"se".
26. Wessner complétait le lemme avec un
"<f.>" inutile.
27. Les mss. (notamment V
1 et K) ont "quorsum istuc aut
dicis". Wessner supposait donc ici une lacune et complétait
"<deest pertinet> aut dicis", à comprendre "il manque
᾽pertinet᾽ ou ᾽dicis᾽". Mais il s᾽agit en fait d᾽une reformulation
de "istuc", dès lors qu᾽on a corrigé "aut" en "ut".
28. Wessner complétait le lemme avec un
"<haec>" inutile.
29. Wessner
complétait le lemme avec un "<id>" inutile.
30. Wessner ajoutait devant "apud" un "ut" inutile.
31. Wessner
complétait le lemme avec un "<m.>" inutile.
32. Wessner ajoutait en début de scholie un "Et"
inutile.
33. Nous
corrigeons ici le texte de Wessner "qui a natura et affectu pater
sit", qui donne un sens paradoxal (puisque justement Micion n᾽est
pas un père par nature) en préférant la lectio facilior du ms V :
"qui non natura sed affectu". En gardant la lectio difficilior de
Wessner, on est obligé d᾽interpréter "a natura et affectu" comme
deux groupes compléments différents, sans que la préposition soit
en facteur commun, et de forcer le sens de" ab". Le tour se
comprend alors (?) : "Micion, qui loin d᾽être un père par la
nature est un père par le sentiment".
34. Wessner complétait le lemme
avec un "<d. i.>" inutile.
35. Wessner ajoutait un début anticipé de
scholie et un lemme sous la forme "<mire ALIENVS NON SVM>".
Inutile.
36. Wessner complétait le lemme avec un
"<g.>" inutile.
37. Wessner
complétait le lemme avec un "<g.>" inutile.
38. Wessner ajoutait ici de son cru un
"<tacet>" inutile.
39. "Si" n᾽est pas dans le texte térentien ; l᾽ordre
du reste du vers est "sim eius" et non "eius sim". Sur le sens de
la scholie induit par cette lecture défectueuse du vers de
Térence, voir la note apposée au texte français.
40. Wessner, suivant Estienne (1529), éditait ἦθος
ὑπερβολῆς. On ne sait trop d᾽où Estienne tirait ce texte. Sans
doute du ms. A, aujourd᾽hui perdu pour nous. Mais on se souvient
qu᾽il a écrit de ce manuscrit qu᾽il était difficile à lire,
notamment pour le grec, et il n᾽y a pas forcément une foi absolue
à accorder à cette leçon, sans doute reconstituée. Il paraît
raisonnable de se cantonner à une phraséologie plus habituelle et
de proposer cette conjecture.
41. Wessner éditait "᾽aliquid᾽ uero ad
minorandum est. quod addidit ᾽meretricem᾽, ostendatur
<securitas> Micionis etc.". Dans ce texte, "ad minorandum"
est une conjecture de Rabbow et "securitas" un ajout de Schoell.
En outre, Wessner considère "aliquid" comme un autonyme, mais ce
pronom figure au vers suivant. Nous supposons, justement, qu᾽il
n᾽est pas autonyme. Nous rétablissons "admirandum", quasi-unanime
(on trouve sporadiquement "adiurandum" chez G) et, pour sauver le
génitif "Micionis", nous proposons non pas "securitas", dont on ne
voit pas pourquoi il n᾽aurait pas laissé de trace, mais "os" qui,
devant "ostendat", a été l᾽objet d᾽une haplographie évidente.
D᾽ailleurs le texte de VK "meretricem non osten-" témoigne à sa
façon d᾽une certaine survie de "os".
42. Wessner, suivant Rabbow, ajoutait ici un
"non" bien trop facile, qui ne figure pas dans les mss. En fait,
il faut la négation si l᾽on se représente la pensée de Micion,
mais il n᾽en faut pas si, comme c᾽est le cas ici, on se représente
la pensée commune.
43. Wessner athétisait
les scholies
4 et 5, qu᾽il considérait comme suspectes. Or de très
bons mss. (MGDJOU et V en marge) ont ce texte. Seul K et C, parmi
les témoins essentiels, ne l᾽ont pas, ni non plus V1, sans doute
dépendants d᾽un même original qui avait pu omettre par hasard ce
segment.
44. "i", pour
"<inopi>", est un ajout de Wessner que nous conservons, car
l᾽adjectif est objet du commentaire.
45. Wessner éditait "AT ENIM NON
SINAM ᾽enim᾽ inceptiua etc.". Cela donne un texte incohérent,
puisque Donat signale un "enim" en début de phrase dans sa
scholie, conformément d᾽ailleurs à la tradition térentienne, alors
qu᾽il porte (ou que Wessner lui fait porter) "at enim" dans son
lemme. Il suffit d᾽imaginer que "at" est le début de la scholie
pour remettre le lemme et la scholie en conformité. Sans doute
peut-on supposer que Donat avait seulement écrit "at enim
inceptiua etc." et qu᾽une main ultérieure, de l᾽époque de
l᾽archétype au plus tard, a augmenté le lemme avec les deux mots
suivants, qui constituent la réplique complète de Sannion, d᾽où
"at enim non sinam" (sans doute avec des abréviations, dont
témoigne par exemple G qui écrit "at enim non sententia enim
inceptiua etc.", où "sententia" doit être le développement mal
compris d᾽un "sinam" probablement écrit "sin."), en lui donnant
ainsi la forme que nous éditons. Mais "at" ne fait pas pour autant
partie du lemme térentien.
46. Wessner complétait en le commençant par
"<i.>". C᾽est inutile.
47. Wessner ajoutait ici un lemme "<ex tvis virtvtibvs>".
Inutile.
48. Wessner éditait "hoc <est>". Les mss.
portent "hoc" (K) ou "an" (GUV...). Il nous semble que, dans l᾽un
ou l᾽autre cas, on peut rétablir un "aut", le deuxième volet de
l᾽interrogation étant lui-même double.
49. Wessner suit ici
l᾽editio princeps et édite "ut ne", mais l᾽ajout de "ut" ne
s᾽impose nullement.
50. "Meam" est un ajout de Wessner, mais qui
semble s᾽imposer, car le commentaire porte précisément sur le fait
qu᾽il dit "ma" sans préciser de quoi il s᾽agit.
51. Pour cette tentative de sauver un peu
de grec dans le texte édité par Wessner, suivant Lindenbrog, voir
la note apposée au texte français.
52. Wessner ajoutait de
son cru "<s. t.>" dans le lemme de cette scholie, pour des
raisons différentielles avec la scholie même. C᾽est inutile et
nous supprimons l᾽ajout.
53. Wessner ajoutait "<in>" devant ce groupe
nominal. Mais les mss. ne l᾽ont pas (sauf V
2 dans une rature) et
la tournure est plutôt classique en l᾽état.
54. Wessner ajoutait "<modo>" pour compléter la
citation. Cela n᾽est pas utile.
55. Nous
déplaçons au vers
211 ce bout de scholie que les mss. et Wessner
proposent en association avec le vers
212 où elle se comprend
moins bien. La lacune inaugurale de la scholie 212, 1, qui a perdu
un segment écrit en grec, a favorisé la "descente" de ce morceau
de texte latin, qui s᾽est décalé de quelques mots
seulement.
56. Wessner supposait une lacune en tête de
commentaire, en raison d᾽un ou plusieurs mots grecs. De fait, les
mss. offrent bien une lacune en tête de scholie. Le texte de
Wessner était "CERTATIONEM COMPARATAM ...... quia ille
᾽concertasse᾽ dixit, non ᾽caesum esse᾽". Nous pensons que "non
caesum esse" doit remonter à la scholie 211,
2 (voir note ad
loc.). Quant au grec inaugural de cette scholie, le ms. Cujas, vu
indirectement par Lindenbrog, atteste le texte que nous éditons et
qui est parfaitement compréhensible dès lors que l᾽on a déplacé le
segment "non caesum esse". Estienne (1529), qui ne connaissait pas
le manuscrit Cujas, proposait, sans doute d᾽après le ms. A
(aujourd᾽hui perdu pour
Les Adelphes) ou quelque
autre témoin notant du grec, "
διασύρει" ("il tire en longueur") qui
décrit le phénomène mais de façon moins technique que le texte du
Cujas.
57. Conjonction ajoutée par Estienne (1529) et retenue par
Wessner. C᾽est un ajout raisonnable.
58. Wessner éditait "quia quidquid agit leno ad
lucrum refert, lucri genus dicit esse Syrus †sic a lenone,
quemadmodum ipse persuadet", avec un locus desperatus. De fait, le
texte des mss. est loin d᾽être consensuel. Sans entrer dans le
détail ecdotique, il y a deux difficultés : 1. une partie des mss.
(VU...) porte "ad lenonem", une autre (CGM...) "a lenone", K
faisant la moyenne avec "ad lenone" ; 2. on observe une hésitation
entre "esse si" et "et sic". Mais U a "et sic (...) rem", et nous
pensons qu᾽il a raison : la scholie dit quelque chose du mot "rem"
qu᾽a utilisé Syrus. La difficulté porte aussi sur la fin de la
scholie : nous proposons de restituer "qua admodum" (où "qua" est
le relatif fémini appuyé sur "rem"). Dès l᾽archétype,
manifestement, la tradition avait corrigé en "quemadmodum", ce qui
avait entraîné, à date ancienne, la correction du subjonctif
"persuadeat" en "persuadet".
59. La préposition est un ajout raisonnable
d᾽Estienne (1529), suivi par Wessner.
60. Contrairement à ce que
laisse entendre Wessner, "non" n᾽est pas une conjecture ; "et eum
non" est le texte de DMV2, que nous éditons, ainsi que celui
d᾽autres manuscrits.
61. Wessner éditait
le lemme
4 avec des cruces, dans la mesure où ce lemme ne
correspond en rien au commentaire, qui vise en réalité le vers
224.
62. Devant cette
citation, Wessner ajoute "et", qui est absolument inutile.
63. Wessner suivait ici
une conjecture de Kauer, qui donnait "ad hanc rem", qui fait
contresens. En effet, il s᾽agit d᾽opposer le pronom "hoc" (qui
équivaut à "hanc rem") à l᾽adverbe "hoc" (qui équivaut à "ad hunc
locum").
64. Wessner éditait "᾽emptae muilieres complures᾽ etc.
3 <EMPTAE MVLIERES COMPLVRES ET> ITEM HINC ALIA", supposant
qu᾽il fallait répéter un lemme qui avait disparu par saut du même
au même depuis la citation de la scholie 2. Il suffit de ne rien
ajouter et de considérer que la prétendue fin de lemme
3 est en
fait la fin de citation du lemme
2 et que la scholie
3 n᾽a pas de
lemme.
65. Wessner éditait "<in> hanc insulam
portat" là où les mss. principaux lisent sans souci "hanc insulam
dictam", que nous restituons et qui est parfaitement cohérent dans
le contexte.
66. Schoell, suivi par Wessner, complétait la citation
d᾽un "<a.t.d.>" aussi inutile qu᾽inexistant.
67. Wessner complétait le lemme d᾽un inutile
"<Ae.>".
68. Le texte n᾽est pas sûr. Nous
éditons ici "siccante", qu᾽on trouve dans les manuscrits les plus
fautifs, la leçon "significans" que Wessner édite avec une crux
n᾽offrant aucun sens. La conjecture "se inclinante" de Wessner
dans son app. cr. est également plausible pour le sens.
69. Wessner édite ici l᾽excellente
suggestion d᾽Estienne (1529), qui ajoute "uel cum opus est
beneficium", qui a sauté tant il semble une redite. Estienne a
pleinement raison de restituer ce segment.
70. En tête
de lemme, Wessner ajoutait "numquam" qui ne sert à rien puisque ce
n᾽est pas cela qu᾽on commente.
71. Wessner ajoutait ici "<ne>", dans la
structure attendue "ne hominem", mais en fait il n᾽y a pas lieu de
le faire si l᾽on comprend quelque chose comme "puisque ᾽neminem᾽
implique ᾽hominem᾽, pourquoi dire ᾽neminem hominem᾽ ?".
72. Wessner
éditait en fin de lemme 1 : "᾽o Ctesipho᾽" puis le répétait par
conjecture (en supposant un saut du même au même) en début de
lemme 2. Il est nécessaire en début de lemme 2, non en fin de
lemme
1 et nous simplifions le segment en revenant au texte des
mss.
73. Wessner insérait
ici de son cru un lemme "<ELLVM>", foncièrement
inutile.
74. Leçon du ms. M, contre
"<alii>", conjecture de Wessner.
75. Wessner croyait bon de rajouter "supra".
Inutile.
76. Nous modifions très légèrement
le texte de Wessner, qui dit "meretricis" alors que le substantif
"amoribus" laisse attendre un pluriel. Nous éditons donc le texte
avec l᾽adjectif "meretriciis".
77. Wessner
ajoute ici cet adverbe. C᾽est raisonnable et sa perte dans les
mss. s᾽explique aisément.
78. Texte de MUV... Wessner éditait une suggestion
d᾽Estienne (1529): "beneficii ex periculo <et>
difficultate", inutile dès lors que le texte de ces bons mss. est
satisfaisant.
79. Les mss. ont ici "non si ego
tantummodo aduersantibus" (V...) ou "non si ege(n)t tantummodo
aduersantibus" (UG...). Ce texte pose évidemment problème.
Wessner, suivant Estienne (1529), proposait de le sauver en
ajoutant "aliis" devant le participe, dans un ablatif absolu.
L᾽idée est bonne mais il y a lieu de croire que son sujet se cache
dans "tantummodo", d᾽où notre restitution.
80. "Non" n᾽est pas un ajout de Klotz, quoi qu᾽en pense
Wessner, mais une lecture difficile d᾽une abréviation de la
négation qui a été confondue avec une abréviation de "hoc",
souvent présent dans les mss.
81. Schoell, suivi par
Wessner, ajoutait ici "in mulierum colloquio", sorti de nulle part
et parfaitement inutile dès lors que l᾽adverbe "hic" en tient
lieu.
82. Wessner complétait la citation avec un
"<f.>" pour "fui". Inutile.
83. Wessner faisait
droit à un ajout d᾽Estienne "ad omnes dies" qui est inutile, si
l᾽on comprend que "omnes dies" est une reformulation de "semper"
et non le complément de "rettulit".
84. Wessner ajoute au lemme un
"remedium" qui n᾽a visiblement pas d᾽utilité.
85. Sur ce texte mal transmis de Lucilius, dont Donat
est le seul attestateur, nous prenons le texte de Charpin dans son
édition de la CUF en adaptant la finale "malust" (alors que
Charpin athétise le "est" et écrit "malus [est]").
86. Wessner s᾽inspirant de Klotz
écrivait "quam <quod>" mais on peut se passer de cette
lectio facilior.
87. Wessner ajoutait "<a>" devant ce nom.
Inutile.
88. Wessner édite "quod"
(mais "cum" au lemme 4), alors que le commentaire du lemme porte
sur le sens de "cum". L᾽hésitation vient sans doute du fait que
"cum" était écrit "quom" et qu᾽une fois abrégé il a pu être pris
pour "quod". Pour des raisons de cohérence, nous rétablissons
"quom" dans le texte de Térence et dans le texte du commentaire en
latin.
89. Les mss. notent (quand ils notent quelque chose)
"asyntheton" pour la figure et laissent une lacune qui suppose la
présence de grec après "omnia secum". K, à la place de la lacune,
a une série d᾽initiales dont certaines correspondent à quelques
éléments de la série. Cela atteste que les scribes ont pensé voir
dans ces segments incompréhensibles du grec, qu᾽ils ont prudemment
omis. Mais il s᾽agit bien du procédé de la polysyndète, non de
celui de l᾽asyndète, comme l᾽a très brillamment restitué Estienne
(1529) qui a compris ce qui s᾽est passé.
90. Wessner
ajoutait ici, comme Estienne (1529), "circumuallant" qui, venant
d᾽être cité dans le lemme, est inutile dans la scholie.
91. Wessner éditait "non <tantum>
mariti sed etiam". L᾽ajout de "tantum" est motivé (?) par la
présence d᾽"etiam". Mais "etiam" n᾽est pas garanti : MUV ne l᾽ont
pas. Le plus sage est donc de supprimer "etiam" et, bien sûr,
l᾽ajout de "tantum" qui reposait sur lui.
92. Wessner ajoute ici "et". Inutile.
93. Wessner, par souci de clarté, ajoutait "<anima>".
On sait que l᾽implicite n᾽arrête pas Donat. Nous ne gardons la
conjecture.
94. Wessner complétait le lemme avec
"<quaerito te>", à sa place. Ce morceau n᾽étant pas
commenté, il est inutile de l᾽ajouter.
95. Wessner
ajoute à juste titre "an oppido". Il y a eu dans les mss. un saut
du même au même qui rend le commentaire incompréhensible.
96. Wessner édite ce mot en alphabet grec, mais il est
translitéré dans les mss. MUVGK. Par ailleurs, le mot est inusité
dans la langue rhétorique, à notre connaissance.
97. Nous complétons le lemme indiqué par Wessner dans
la mesure où la scholie porte sur la réplique de Sostrata et non
sur celle de Géta. C᾽est ce que note Wessner dans son app. cr. :
"schol. pertinet ad ah minime gentivm non faciam".
98. "Si" est un ajout de Wessner
nécessaire à la construction. Nous le conservons.
99. Wessner suppose sans doute à juste
titre un saut du même au même qui aurait entraîné dans les
manuscrits la disparition d᾽un segment. Ce que nous y lisons est
en effet incompréhensible : "non potest iungemus dari nuptum id
est uirgo". On comprend, avec la proposition d᾽ajout de Wessner,
que la présence si proche de deux "dari nuptum" a pu entraîner
aisément la faute.
100. Ce texte, conjecturé jadis
par Wessner, est en réalité la leçon de K, souvent excellent
témoin. Nous la retenons donc.
101. Wessner éditait "
2 TESTIS EST MECVM ANVLVS
<noua> locutio, hoc est: pro me testis est.
3 <An ᾽testis
est> mecum᾽ hoc <est>: testes sumus? etc.", texte qui
repose sur divers ajouts personnels. Nous revenons au texte des
manuscrits VGMU. Notons cependant que K porte tout autre chose :
"testis mecum est anulus locutio haec est pro me testis est hoc
est mecum aut anusque testes sumus etc." qui semble reposer sur
une série de mélectures ou de sauts du même au même. Sachant la
qualité habituelle de K, il est fort probable que son modèle
portait déjà un texte très corrompu.
102. Wessner ajoutait " a tali" devant
"facinore" sans doute pour rendre la construction plus classique,
mais "abhorreo" avec l᾽ablatif seul est loin d᾽être sans exemple.
Nous nous rangeons au texte des manuscrits.
103. Schoell proposait d᾽ajouter "bona" devant "locutio",
et Wessner le suivait. L᾽ajout n᾽a aucun intérêt.
104. Texte de GVMU, rejeté par Wessner
sur l᾽autorité de C, mais que nous confirmons avec la lecture de
K. Le texte GVMUK peut être conservé.
105. Le texte
virgilien porte "Alciden" et non "Aeacidem".
106. Wessner ajoutait
ici logiquement un "sed" qui n᾽est dans aucun manuscrit. L᾽énoncé
étant précisément plus abrupt sans "sed", nous pensons qu᾽il faut
privilégier la version plus difficile que nous lisons dans les
manuscrits.
107. Wessner éditait "quem iam
stultum fieri <non> contrarium senectuti est", où la
négation était une conjecture de Schoell. Il nous semble que le
texte se comprend tout à fait sans la négation (voir la note
apposée au texte français), mais que le tour "quem iam", fort
noueux en l᾽état et presque incompréhensible, peut cacher un
"quoniam" mal lu à date très ancienne par mélecture
d᾽abréviation.
108. Wessner éditait "DEMEA
μετ᾽αδιόρθωσις", mais le terme tehnique ne
paraît pas exister. Il est postulé par Lindenbrog (1623), lequel
ne nous dit pas d᾽où il l᾽a tiré. Les mss. ont "DEMEA" suivi d᾽une
lacune et reprennent sur "nunc" etc. Sauf K. Ce dernier écrit,
dans ce qui est sans doute pour lui un lemme, "de me", fait suivre
une lacune et reprend sur un mot court, que nous pouvons lire
"spe" (mais cette main de K est très difficile à lire) et il se
pourrait que "me" et ce mot mystère constituent respectivement le
début et la fin du segment grec. Peut-être sous "spe" y a-t-il
"seos". Cela accrédite notre reconstruction "
μετ᾽ὰ διορθώσεως". Le lemme lui-même
devait se terminer seulement sur l᾽initiale du nom de Demea ("D."
ou "DE.").
109. Wessner édite ici une
conjecture de Westerhof bâtie sur le texte de Lindenbrog (1623),
lui-même sans doute établi d᾽après le ms. Cujas. Mais le ms. K
(inconnu de Wessner) porte explicitement, là où tous les autres
ont une lacune qui se finit sur "non soluit" (où "non" est en fait
la fin du mot grec) : "to crema me non soluit". Cela donne
absolument raison à Westerhof et à Wessner.
110. Les manuscrits ont
simplifié "quantusquantus" en "quantus", ce qui se comprend s᾽ils
n᾽ont pas le texte de Térence sous les yeux, mais ne se comprend
pas si l᾽on considère le commentaire que fait Donat. Wessner a
donc prudemment rétabli le texte térentien.
111. Le
texte des manuscrits est incompréhensible. Ils lisent en effet "et
priusquam coeperit non olfecerit et totum" etc. Wessner suivait
Schoell qui conjecturait "priusquam coeperit.
2 COEPERIT non
olfecerit.
3 Et totum" qui est absurde car ce n᾽est pas le jeune
homme qui "renifle", mais bien Déméa. On ne peut donc remplacer
poste pour poste "coeperit" par "olfecerit". On peut en revanche,
malgré l᾽aspect de lectio facilior de cette correction, le
remplacer par "fecerit" que l᾽archétype a glosé, croyant bien
faire, en "olfecerit" vu le contexte. On comprend alors que Déméa
en dit plus car il aurait, dit-il, flairé l᾽affaire avant même que
le jeune homme ne l᾽entreprenne, c᾽est-à-dire qu᾽il aurait
démasqué non les actes d᾽Eschine ("fecerit"), mais ses projets
("coeperit").
112. Les mss. de Donat donnent ici "id quod te oro",
amétrique, mais ceux de Térence ont "id te oro".
113. Le texte de
Donat (mal assuré) porte "is enim fides sit", corrigé par Estienne
en "his enim fides fit", qu᾽édite Wessner. Mais que représente
"his" ? Un datif, au sens de "pour eux en effet se produit de la
croyance" ? Mais seul Déméa est là pour entendre le récit de cette
querelle imaginaire inventée par Syrus. Un ablatif de moyen, au
sens de "par ces mots en effet se produit de la croyance" ? Mais
le neutre "his" n᾽a pas de référent stable et représente l᾽idée
qui est dans "oratorie narrat", ce qui semble assez bizarre. On
peut, du coup, peut-être penser que le vrai texte du grammairien
était "sic enim fides fit" ("car c᾽est de la sorte qu᾽on est
cru"). L᾽adverbe "sic", qui suit immédiatement le très ressemblant
"sit" de la phrase précedente, a pu alors être omis, puis s᾽est
immiscé un "is" (qui évitait à "enim" d᾽être le premier mot de la
phrase) ; dès lors l᾽énoncé devenait peu clair. Dans notre
traduction, nous traduisons comme s᾽il y avait un ablatif "his" au
sens de "his uerbis", et le laissons glisser au sens d᾽un ablatif
de manière. C᾽est une façon de traduire comme s᾽il y avait "sic"
sans trancher complètement dans le débat. De toute façon, le sens
du lemme est parfaitement compréhensible.
114. Wessner éditait "ut <cum> illudentem de
sua arte fecisset Syrum", où le "cum" est une conjecture de Goetz
sans doute gêné par le temps de "fecisset". En réalité le problème
n᾽est pas là, car les manuscrits principaux sont unanimes à donner
"Syrus" au nominatif et "alludentem" et la plupart d᾽entre eux
(GVMU) donnent en plus "se". Nous revenons à ce texte en
considérant que ce qui est troublant c᾽est le changement brutal et
implicite de sujet entre les deux subordonnées coordonnées. La
première a pour sujet explicite "Syrus" la seconde pour sujet
implicite "Terentius". De telles rudesses ne sont pas sans exemple
ailleurs chez Donat. Voir Pho. 112,
2 et 192,
1 par
exemple.
115. Nous faisons droit à la suggestion de Wessner, qui
édite "LAVTVM lau<a>tum". Les mss. ont soit "lautum lautum"
soit une omission (par ex. V) face à cette tautologie. Wessner a
raison : c᾽est une remarque morphologique sur le fait que la forme
"lautum" appartient au verbe "lauare" et a un doublon "lauatum"
plus clair pour les élèves de Donat. Mais sous l᾽absurde "lautum
lautum" des mss. peut aussi se cacher un énoncé "lautum lotum"
(avec l᾽autre variante morphologique du participe de
"lauare").
116. Cette scholie
437 est numérotée par Wessner
436.2, alors qu᾽elle concerne pleinement le vers 437. Nous
rectifions donc la numérotation. En outre nous supprimons le
lemme "QVANDO ITA VVLT FRATER DE ISTOC IPSO VIDERIT" qui était
un ajout de Wessner et qui vient d᾽être cité en fin de scholie
précédente. La redite est inutile et ne figue pas dans les
mss.
117. Wessner
éditait "et simul <ut> aliud quod indignetur inueniat", avec
un ajout personnel de "ut". Les mss. hésitent entre "et simul
aliud quod indignetur inueniat" et "et simul aliud additur quod
indignetur" (V notamment), qui sent sa correction. En fait,
quoique un peu rêche, le texte se comprend sans aucun ajout, dans
la suite de "inuenta causa est cur".
118. Wessner
complétait le lemme d᾽un "<RELIQVIAS>" qui, certes, est
l᾽objet du commentaire, mais qui n᾽est pas dans les mss. et n᾽est
pas d᾽une nécessité absolue : le commentaire porte tout autant sur
"huius generis".
119. La préposition est un ajout plausible de
Wessner. Les mss. ont "subiunctiuum pronomen minus quam finitum",
comme si une seule catégorie de pronom était ici envisagée, alors
qu᾽il y en a bien deux représentées respectivement par "is" et par
"ipse" (voir la note apposée à la traduction). Peut-être peut-on
suggérer aussi la perte d᾽une coordination, dans un énoncé qui
ferait un rappel sur les deux pronoms cités, "subiunctiuum
pronomen et minus quam finitum".
120. "Facere" est un ajout
d᾽Estienne (1529), suivi par Wessner, et que le contexte rend
indispensable.
121. Le texte de Plaute est en général "libertos qui
habent".
122. Correction insipirée par une conjecture
habile de Wessner qui proposait "ut <sit> etsi pie", tous
les manuscrits ayant "ut et sapiens" qui ne s᾽explique pas en
contexte. Nous pensons que pour arriver à "et sapiens",
l᾽archétype a dû mésinterpréter un segment "ETSIPIVSEST" sans
doute largement abrégé du type "etsipi᾽est". Une lecture rapide a
pu faire entendre "et sipiest", dépourvu de sens, corrigé
immédiatement en "et sapiens".
123. La citation homérique n᾽est pas transmise par les
manuscrits que nous connaissons, qui laissent une lacune
importante. Lindenbrog d᾽après le manuscrit Cujas éditait ce que
Wessner reprend avec des cruces : "
κέλεαι
δέ με πάντ᾽ ἀποδοῦναι †εθελομην γαρ εκτωρα
συνεννιαιενα†". Le début de la citation est tiré de Il.
1,
134 (qui dit "
κέλεαι δέ με τῆνδ᾽
ἀποδοῦναι", la finale "
πάντ᾽
ἀποδοῦναι" se lisant de son côté en Il. 3, 285, mais
l᾽erreur peut provenir dès l᾽origine d᾽une citation de mémoire).
La suite, "
†εθελομην γαρ εκτωρα
συνεννιαιενα†", parfaitement amétrique et barbare, est
désespérée sous cette forme. Mais il s᾽agit manifestement
d᾽illustrer la differentia "iubeo" vs "uolo", ici relayée par un
verbe "
κέλεαι" d᾽un coté, une
forme "
εθελομην" de l᾽autre et
il doit y avoir deux citations homériques réunies par un "et" pris
pour du grec puis victime d᾽un saut du même au même dans la
séquence "et οὐκ ἐθ". Il faut alors comprendre, pour restituer le
vers que nous proposons, qu᾽il s᾽agit d᾽un hysteron proteron comme
en Il. 9, 356-358 : Achille dit qu᾽il ne combattra pas, parce
qu᾽il a déjà fait charger ses navires, ce qui implique un ordre.
Alors que les actions se déroulent dans l᾽ordre inverse (Achille
charge d᾽abord ses navires et dit ensuite qu᾽il ne veut plus
combattre), Donat explique que c᾽est bien dans l᾽ordre donné par
Homère que les choses doivent être mises : c᾽est parce qu᾽il ne
veut plus combattre qu᾽il a fait charger ses navires, donc la
volonté précède l᾽ordre. Le manuscrit Cujas portait un texte
allusif, réduit à la seule figure qui intéresse le grammairien,
bien que, de ce fait, trois vers soient concernés. La finale
"
νηήσας εὖ νῆας" se lit encore
assez facilement sous "
συνεννιαιενα".
124. Wessner, suivant
Estienne, éditait "in qua <ne> statim", mais cet ajout est
inutile, c᾽est une simple affaire de ponctuation. L᾽enchaînement
est le suivant : la "postulatio" est habile, parce que, là où
Déméa pouvait se défendre en se prétendant non concerné, la
manière dont Hégion s᾽adresse à lui l᾽oblige à se
justifier.
125. Ajout d᾽Estienne (1529)
repris par Wessner, qui s᾽impose pour avoir un lemme.
126. Le mot grec est une
conjecture d᾽Estienne (1529) pour combler une lacune des
mss.
127. Wessner ajoutait ici "uitiauit", conjecture
personnelle. Cela ne sert à rien, et contredit même la matière du
commentaire.
128. Cette préposition
est un ajout de Klotz, plausible, vu le risque d᾽haplographie du
segement "inin".
129. Ce "ut" ne se
rencontre pas dans les mss. de Térence. On n᾽en sait pas plus
sur ce que lisait Donat car, dans le commentaire ad loc. de
L᾽Hécyre, ce passage n᾽est pas expressément
lemmatisé.
130. Wessner
édite un locus desperatus "†supra future†" et fait dans l᾽apparat
critique la suggestion que nous retenons ici.
131. Wessner complétait le lemme
"...GRAVIDA <FACTA> EST", mais c᾽est inutile.
132. "E" est
un ajout d᾽Estienne (1529) mais le texte des manuscrits
"contrarium" se comprend assez mal.
133. Wessner ajoutait
en tête de scholie un lemme "<SVSTENTAT>", sur lequel porte
effectivement le commentaire. Mais comme Donat vient de citer le
syntagme "solus omnem familiam sustentat" en 481, 5, et que le
dernier mot de la scholie précédente est précisément "sustentat",
il y a lieu de croire qu᾽il ne le répétait pas et que les énoncés
s᾽enchaînaient simplement, bien qu᾽il s᾽agisse vraiment ici d᾽une
scholie lexicologique et non pas d᾽une remarque de ponctuation
comme dans la précédente. Nous supprimons donc l᾽ajout de Wessner,
qui ne se lit pas dans les mss.
134. Wessner éditait "abduce illuc", mais tous les
manuscrits portent "abduce ad hoc (ab hoc JK) illud", ce qui
laisse supposer une glose morphologique "abduce abduc", la forme
de l᾽impératif pouvant troubler des élèves du quatrième
siècle.
135. Wessner ajoute "sit" à un texte
unanime des manuscrits : "ne solutus ut sciat si uerum seruus
accuset", qui, malheureusement, se comprend mal. Nous proposons de
conserver l᾽ajout de Wessner, mais de lire "scias" au lieu de
"sciat" dont la personne ne se comprend pas, s᾽agissant d᾽une
reformulation de "uinci" (deuxième personne), et de déplacer
"uerum" comme complément de "scias". De ce fait, il s᾽agit
d᾽appliquer le mode normal d᾽extorsion des aveux d᾽un esclave,
sous la torture. On peut se demander enfin, sans trancher
toutefois, si "accuset" n᾽a pas été entraîné mécaniquement par le
subjonctif "scias / sciat" et s᾽il ne faudrait pas lire
"accusat".
136. Wessner ajoutait en tête de scholie un "Et"
que nous supprimons.
137. Wessner ajoutait ici "enim". Le
passage, depuis "deinde", est très mouvementé dans les mss. et le
texte malaisé à établir. Mais pas de trace de "enim" toutefois :
nous le supprimons.
138. Wessner édite "re ei
diceretur", qui ne semble pas pouvoir se rattacher correctement à
la suite. Nous supposons (l᾽app. cr. étant muet à cet égard) qu᾽il
s᾽agit d᾽une coquille pour "ne ei diceretur", que nous
éditons.
139. Wessner entourait "eamus intro" de cruces, sans
raison apparente.
140. Wessner mettait des
"cruces" devant ce mot, mal compris par l᾽ensemble des érudits qui
ont lu ce texte et diversement conjecturé ("e cauea" Westerhof,
"ex silua" Schoell, "per arua" Goetz par exemple), mais tous les
manuscrits ont lu "capua" et la critique récente a montré que ce
pouvait tout à fait être la bonne leçon. Voir la note apposée au
texte français.
141. Wessner ajoutait pour la clarté "nisi me
<credo>", mais, quoique brutal, l᾽énoncé est plausible sans
l᾽ajout.
142. Wessner
ajoutait au texte des manuscrits "<sit>", pour obtenir le
"ut sit" habituel des reformulations de Donat. Mais on peut s᾽en
passer.
143. Wessner précisait "PRIMVS
<...PRIMVS...PRIMVS>" dans le lemme, puisque, si l᾽on
accepte la restitution tout intellectuelle d᾽Estienne (1529), il
est là question d᾽épanaphore. Mais ce n᾽est pas l᾽usage de Donat
de morceler un lemme qui court sur plusieurs membres de phrase.
Nous simplifions donc le lemme. Les mss. ont "primus (lac.) primus
sentio etc.".
144. Au lieu de la leçon "†prius" choisie par Wessner
et considérée comme désespérée, nous préférons restituer "prorsus"
comme la suite de la citation (sans respect de l᾽ordre des mots de
Térence).
145. Wessner éditait "non
<nisi> stultissimum", ce qui orientait le sens vers "Car
quel agrément y a-t-il ou quel plaisir à ne voir berner qu᾽un
imbécile ?". Les mss. n᾽ont pas "nisi" et le texte se comprend
sans lui, dès lors qu᾽on en fait non un énoncé interrogatif mais
un énoncé exclamatif.
146. Donat utilise ici un texte de Térence fourni par
certains mss. mais le codex Bembinus lit "qui" au lieu de
"quem".
147. Texte sans doute
irrémédiablement corrompu. Wessner éditait "SED ESTNE FRATER INTVS
responde <deest>, ut sit: ᾽<sed> responde᾽", à partir
d᾽une conjecture d᾽Estienne (1529) : "Sed est ne frater intus
deest respondes ut sit responde". Les manuscrits lisent tout autre
chose et sans grand consensus : DOJGU lisent "Sed ne est frater
intus respondens ut non sit respondit", CK lisent à peu près la
même chose l᾽un et l᾽autre, c᾽est-à-dire "responde ut sit
respondit (responde C)" sans négation. V et M ont visiblement,
avec leur adresse habituelle, tenté de corriger un texte absurde
et lisent, pour V "sed estne frater intus? responde? ut non sit
respondit", et pour M "Sed est ne frater intus responderis ut non
sit respondit". La seule explication que nous trouvons à ce
désordre est un saut du même au même sur le segment "ut sit sed ut
non sit", qui a eu pour effet de faire disparaître "sed ut non"
probablement très abrégé sous une forme du type "ſʒ ut nõ". C et K
en restent plus ou moins là avec chez C peut-être une tentative
(absurde) de sauver ce qui peut l᾽être. Le reste de la tradition a
lu seulement "ut non sit" (ou l᾽a corrigé à cause de la réplique
"non est"), puis face à "responde ut non sit respondit", corrigé
sans mal "responde" en "respondens", correction évidente puisque V
s᾽est contenté (avant de corriger la suite) de lire ce qu᾽il
voyait.
148. Wessner
éditait "hoc lentius. quidam clarius legunt, ut sit ᾽<te>
praecipitato᾽ cito descende", mais les manuscrits ont un texte
nettement plus problématique. VGU lisent "hoc lentius quidam
aliqui legunt aliqui clarius ut sit" que MC ont sans doute corrigé
en "hoc lentius quidem aliqui legunt aliqui clarius ut sit". K lit
"hoc lentius quidam clarius legunt ut sit praecipitato cito
descendit" et donne encore une fois la meilleure piste pour
comprendre la dégradation du texte. Il faut à nouveau supposer une
simplification de "aliqui clauus legunt aliqui cliuus" qui a dû à
un moment être lu "aliqui clauus legunt aliqui clarius", puis
"aliqui clarius legunt aliqui clarius" et simplifié, d᾽autant plus
aisément que "clarius" (à voix haute) s᾽oppose alors à "lentius"
(en aparté : voir 252,
2 et 401, 2). Pour comprendre cette leçon,
il faut simplement modifier la ponctuation Wessner et mettre un
point après "quidam" et non avant. La leçon "clauus", si absurde
soit-elle, est attestée par au moins un manuscrit de Térence, F
1 (Marouzeau).
149. Wessner édite
τῶν πρός τι προσῆκον ;
nous rétablissons la forme attendue
τῶν πρός τί πως ἔχοντα. Voir la note
apposée au texte français.
150. Wessner éditait ici
"condicionem", mais la confusion entre les deux mots "conditio"
(assaisonnement) et "condicio" (condition) est extrêmement
fréquente. Ici, comme nous l᾽a fait remarquer très justement
Daniel Hadas, la graphie "conditio" s᾽impose.
151. Wessner complétait la citation abrégée de Virgile
en ajoutant "<p.>" pour "produxi", indispensable dans le
contexte de la scholie. Nous adoptons cet ajout.
152. Nous
revenons au texte des mss. contre Wessner, qui proposait un
inutile et improbable "de<esse pos>sunt".
153. Wessner, on ne sait pourquoi, jugeait
utile de compléter le lemme d᾽un "<EST>" que nous
supprimons.
154. Wessner éditait "...perculsum indicant
Aeschinum, prope diuortium <in>stare ira circa se Sostratae
et eius filiae...", ce qui s᾽interprète "<ces termes signalent
que la nouvelle subite> a frappé Eschine, que le divorce est
tout proche en raison de la colère à son endroit que ressentent
Sostrata et sa fille" ; "perculsum" est une conjecture personnelle
contre le "percussum" unanime des mss., qui ne pose aucun
problème, qui a le même sens et que nous rétablissons. "Instare",
quant à lui, émane de plusieurs modernes, depuis Estienne (1529),
en passant par Teuber et Wessner. Mais les mss. ont toujours
"stare". L᾽accusatif "iram" est également unanime et il est
majoritairement précédé de "et". Reste la place un peu erratique
du groupe "et eius", plus souvent lu "eius et". Le texte des mss.,
finalement assez stable, et que nous rétablissons au mot près
d᾽après celui de M, se comprend sans difficulté.
155. Nous adoptons l᾽ajout de Wessner "o quam
<certum est>", que l᾽archétype a dû sauter et qui rend, dans
les mss., le texte abrupt et inexploitable.
156. Wessner éditait
"VTVT ERAT GESTA INDICASSE hoc est <siue bene>[conjecture de
Klotz] siue male gesta erat; ᾽ut᾽ enim certam qualitatem
significat", mais les manuscrits ont autre chose avec une certaine
unanimité. Ils lisent tous (sauf U) "indicassem", et tous
"simile". Tous sauf K lisent "ut" dans le lemme et non, comme K et
le codex Bembinus de Térence, "utut". Nous pensons qu᾽il s᾽est
produit des erreurs à la chaîne en raison de l᾽incompréhension de
"utut". En effet même K qui lit "utut" dans le lemme ne le lit
plus dans la scholie. Or Wessner a sans nul doute raison de lire
comme il le fait "utut incertam". Reste à savoir à quoi s᾽oppose
"utut". Wessner suppose assez facilement et avec l᾽autorité quasi
unanime des manuscrits (sauf O qui lit "et enim") que "utut" est
ici distingué de "ut". Mais il se peut très bien qu᾽il ait tort
car, au vers précédent, on lit "rem". Il y a donc un énoncé défini
"rem" (l᾽affaire) et un énoncé indéfini "utut" (de quelque manière
que). Nous proposons donc de lire "aut rem" au lieu de "ut enim"
en supposant que le segment "eratautrem", sans doute largement
abrégé, a pu être lu en raison du premier mot (fautif) du lemme
"erat ut enim", et ce d᾽autant plus que "rem" est dans un vers que
Donat ne commente pas, donc invisible pour qui n᾽a pas le texte de
Térence. Pour le début nous nous rallions aux manuscrits sur
"indicassem", en pensant plutôt qu᾽il s᾽agit d᾽une reformulation
visant à souligner que le verbe "indicasse" est sur le même plan
que "exorassem", bien qu᾽il ne soit pas impossible que Donat ait
lu dans Térence "indicassem", quelque difficile qu᾽il soit à
construire, surtout s᾽il lit "me" et "non" au vers précédent. Pour
le segment donné par les mss. sous la forme "simile", il nous
semble que "simul et" est bien meilleur car, si on lit ainsi, il y
a deux scholies parfaitement complémentaires. Voir la note apposée
au texte français.
157. L᾽article "
τῷ" est ajouté par Wessner et correspond
aux usages de Donat. Nous le conservons.
158. Les mss. ont "consentire nuptias", que Wessner
proposait de corriger en "consentire <in> nuptias". La
construction transitive du verbe "consentire" n᾽est pas inconnue
du latin classique au sens de "être d᾽accord pour décider qqch.".
Peut-être peut-on la risquer ici, à moins qu᾽on préfère corriger
le cas en "consentire nuptiis".
159. Wessner éditait seulement "Et", prêté
à la seconde main. Les mss. ont clairement "et iam" ou
"etiam".
160. Wessner
éditait cette scholie de la façon suivante : "Et ᾽commenta᾽ dicit,
hoc est fallaciam confinxit, <nam confinge>re ueri simile
<est> comminisci", avec d᾽importants ajouts personnels. Un
panorama sur les principaux mss. montre que c᾽est foncièrement
inutile. Ces derniers (GKUVM) sont unanimes pour donner ce que
nous éditons, à quelques variantes près, dont "uerisimile" (VG) au
lieu de "uerisimilem". Variante également plausible (voir la note
apposée à la traduction).
161. Wessner éditait "NONNE HAEC TIBI
IVSTA VIDENTVR <POSTEA hic sensus est: nonne haec tibi iusta
uiderentur> esse, si illa quae amicus tuus dixerat
<postea>quam haec audires?", avec des ajouts personnels
conséquents. Nous revenons strictement au texte des mss. (GKMUV)
qui ont clairement non pas "si" mais "scilicet" (ou une
abréviation "scili.", "s.", à l᾽exception peut-être du peu lisible
K, qui peut avoir "si" et non "s.") et unanimement "quasi" et non
pas "quam". Ce n᾽est pas ici qu᾽on parle de "postea" mais dans la
suite du commentaire à ce vers. Ici, il est question du temps
utilisé par Eschine dans sa question. Voir le commentaire à la
traduction.
162. L᾽adverbe grec sous
cette forme est une conjecture de Schoell, suivie par
Wessner.
163. On attendrait l᾽abréviation "t." pour
"tum". Donat lit peut-être "nunc".
164. Le mot grec, édité par
Wessner, a été conjecturé par Schoell. Les mss. ne savent pas où
s᾽arrête la citation de Salluste et en ont un texte altéré, avec
"imperat" au lieu de "imperator erat" (ce qui fait perdre tout
intérêt à l᾽illustration, puisqu᾽il s᾽agissait de dire quelque
chose du datif adnominal qu᾽on est censé y trouver). Pour les
copistes, apparemment, le texte de Salluste a l᾽allure "qui tunc
romanis imperat auctor". Après ce segment, certains mettent une
lacune (KU...), certains écrivent des initiales inexploitables,
"p. x. u." ou "p. xii" (VC), avant de repartir sur le lemme
suivant avec "his rebus" (UV), ou "hic rebus" (K), ou "rebus" tout
seul (G). Ce désordre atteste bien la présence d᾽un mot grec. Le
ms. G donne la meilleure indication. On y lit : "Qui tunc romanis
imperat auctor p. x. n. Ins rebus" etc. Le segment "p. x. n. Ins"
(dont la fin a été prise par d᾽autres copistes comme le début du
lemme, "his") note en lettres latines, artificiellement séparées
par des points comme s᾽il s᾽agissait d᾽initiales de mots, des
signes qui sont en fait des lettres grecques. Schoell a donc
pleinement raison de restituer un segment "ρχηγος" (avec "γος"
interprété par G "Ins"). L᾽alpha qui manque au début a pu s᾽être
noyé dans l᾽initiale du lemme "A(uctor)". Nous faisons donc droit
à l᾽ingénieuse conjecture de Schoell. Sur le sens de cette
scholie, constituée du seul mot grec, voir la note apposée au
texte latin.
165. Wessner adopte la conjecture
d᾽Estienne (1529) en ajoutant "<ut>" qui ne figure pas dans
les mss. Nous les suivons, car c᾽est bien "ut" qui est l"objet du
commentaire.
166. Nous revenons au texte des mss.,
"debetur", contre Wessner, qui éditait "<esse>
debet".
167. Wessner éditait "
συγκοπὴ μετ᾽απλασμός" à partir d᾽un texte
issu du codex Cujas via Lindenbrog et où on lit "СΥΓΚΟΠΗ
ΗλλΗΤΑΝλСΜΟС". Il semble bien que le deuxième "mot" commence par
la conjonction ἢ (postulée aussi par Schoell, contre Wessner), le
reste montrant des confusions banales dans ce codex (comme elles
le sont dans A) entre λλ et Μ ou λ et Α et laissant assez bien
rétablir le mot
μετ᾽απλασμός.
168. Wessner
complétait le lemme en éditant "QVID <FIERET QVA> FIERET",
supposant un saut du même au même. Certes la scholie porte bien
sur "qua fieret", mais, à supposer (tant qu᾽à intervenir sur le
texte des mss.) qu᾽il ne faille pas corriger simplement "quid" en
"qua", on peut se contenter de cette approximation : l᾽indication,
relative, sert à situer le commentaire, au demeurant évident, au
vers
690 en lemmatisant son incipit. Cette technique est banale.
Nous revenons donc au texte des mss.
169. Wessner éditait "maestus amatoris animus
ludentem senem <serio> loqui credidit, uera dicentem quia
optata sunt putat ludere nunc. potest et ob hanc causam dicere,
quod eum numquam lusit antea". Le texte des manuscrits est
absolument erratique sur tout ce secteur et la reconstruction que
nous proposons est purement conjecturale. Elle se fonde sur les
éléments suivants : 1-"serio" conjecture de Wessner est en réalité
attesté par K, à la place de "senem", mais il s᾽agit sans doute
soit d᾽une mélecture soit d᾽une correction érudite provoquée par
"ludentem". 2-"credit et" est la leçon de a, les autres portant
"credit" (DJ, Firenze, plut. 22, sin 06), "credidit" (VGKUMC...),
"crederet" (Om...). La leçon "crederet" s᾽explique sans doute par
la mélecture du segment "creditet" lu "crediret" et corrigé. La
leçon "credidit" peut provenir d᾽une erreur du même type sur
"creditet" lu "creditit" et normalisé. La leçon "credit"
s᾽explique par la simple chute du "et". 3-"quia optata" est
parfois précédé de "sed" (VGUMJDO), mais l᾽émergence de cette
conjonction provient précisément de la disparition de "et" plus
haut. Le mansucrit a a conservé les deux, signe que les deux ont
pu à un moment cohabiter. 4-"adeo eum adludere" est à nouveau le
texte de a, seul à donner une solution compréhensible dans un
magma de leçons aberrantes "ut alludere", "ut alluderet", "ut
alludere et", "ut alludetur". Il est évident que l᾽arrivée
inopinée de "ut" a provoqué l᾽ensemble du désordre, certains
intégrant "ut" sans rien changer au risque d᾽un segment
agrammatical, d᾽autres tentant de résoudre l᾽aporie de ce "ut"
venu d᾽on ne sait où. 5-"non quondam" : les manuscrits sont
unanimes à postuler une forme commençant par "qu-", mais il ne
savent pas trop laquelle : "non quod eum", " non quia eum", "quod
cum numquam", "non quicum". Une chose est probable, c᾽est que la
négation devait se trouver devant la forme en "qu-" (VGUMJDO par
exemple), et que son passage après (CK) peut résulter d᾽une
correction ou d᾽une simple erreur de lecture, ensuite corrigée. Il
s᾽agissait donc de dire "᾽nunc᾽ et non pas ᾽qu-᾽...". De ce fait
"quondam" en partie visible dans "quod cum numquam" (CK) est un
bon candidat. 6-"luxerit" est donné par O, Firenze, plut. 22, sin
06 et m, mais la leçon est de toute évidence diffilicior face au
consensuel "lus(er)it" attiré par "ludentem", "alludere" et
"ludis", dans un contexte très court.
170. Wessner éditait "est
enim amantis <se> conicere in falsum metum", voyant bien
qu᾽un ajout était nécessaire pour comprendre ce texte que l᾽on lit
chez CKU. Mais des leçons aberrantes nous mettent sur une autre
voie. J lit visiblement "in salsum", M
1 lisait "infussum"
exponctué et corrigé en marge par M
2 en "in falsum". De ce fait,
on peut supposer qu᾽"in falsum" est une lectio facilior pour un
mot préfixé en "in-" et transformé en "in falsum" en raison du
contexte. "Insulsum" devient alors un excellent candidat d᾽autant
qu᾽il sauve "amantis" excellente lectio difficilior face à
"amantem" et qu᾽il économise l᾽ajout du réfléchi qui s᾽imposait
dans la solution de Wessner.
171. Wessner, suivant une conjecture d᾽Estienne (1529)
supposait un lemme "<ET DVCENDA INDOTATA EST>", sans voir
que, non sans malice, Donat commente "indotata" par ce qui précède
immédiatement dans le vers, "et pourtant, toute sans dot qu᾽elle
soit, il faut quand même l᾽épouser".
172. Wessner éditait "ipse <se> fefellit",
avec un "se" ajout d᾽Estienne (1529) plausible, à moins qu᾽il ne
faille lire, comme nous le proposons, "ipse se fallit", ayant
entraîné une mécoupure avec mélecture du "s". De "fefallit", on
passe évidemment naturellement à "fefellit", la forme
correcte.
173. Ajout d᾽Estienne (1529) qui s᾽impose compte tenu
de la nature du commentaire.
174. Wessner éditait
"etiam <nunc>", en ajoutant le second adverbe, qui ne sert à
rien.
175. Difficile de
dire si ce "nam" est de Donat, comme élément de la scholie, ou
s᾽il est de Térence (de fait Micion disait "nam ambos curare
etc."). Dans ce deuxième cas, la scholie est réduite à la seule
citation, sans la conjonction causale, ce qui semble un peu
abrupt.
176. Westerhof, suivi par Wessner, ajoutait ici
"<filios>" pour faire droit au moins partiellement au
contenu de la seconde tirade de Micion (
820 et suiv.). Mais c᾽est
inutile, car il suffit de comprendre que Déméa ne sera pas non
plus victime de la corruption des jeunes gens qui rejaillirait
immanquablement sur lui. Il ne subira donc de perte ni dans son
patrimoine, ni dans sa réputation.
177. Wessner éditait
(compte non tenu ici de l᾽ordre des lemmes sur lequel nous
reviendrons) : 823,
3 "...sed aetatis.
825 NON QVOD DISSIMILIS RES
SIT an quia huic licet, <illi non licet>?". Le commentaire
du vers
825 tel qu᾽édité ainsi n᾽a aucun sens. L᾽ajout, dû à
Wessner, est absent des manuscrits qui lisent tous à peu près "non
quod dissimilis res sit an quia huic licet" avec quelques
variantes minimes dues à la difficulté de comprendre ce que cela
signifie. Nous pensons que le désordre provient ici du passage de
scholies marginales à un texte continu, ce que confirme la
succession aberrante, dans ce passage, des lemmes dans les
manuscrits (820, 830, 831, 821, 823, 825, 826, 823, 3 ; 827,
828 et fin du 830). On peut supposer que le compilateur a copié
d᾽abord, en regard du texte de Térence, une scholie en haut à
gauche, puis la suivante en haut à droite et toute la colonne de
scholies qui le suivait, puis la colonne de gauche qu᾽il avait
commencée mais non finie, et ce sur une seule page du texte de la
comédie. Les scholies ont ensuite été rassemblées en "texte" en
déroulant leur succession horizontale. Sur cette "méthode", voir
Funaioli (1930). Du coup, il est fort probable que cette
recomposition brutale du commentaire ait entraîné des erreurs dans
la délimitation des lemmes et des scholies. Pour nous, il est
évident que le segment édité par Wessner sous
825 ne peut se
comprendre que si sa place originelle (que nous rétablissons selon
l᾽ordre des vers de Térence) était de conclure le commentaire de
823, 3. Dans ce cas, ce n᾽est pas un lemme, mais une citation et
le commentaire devient à peu près clair (voir note apposée au
texte français).
178. Ce mot est un ajout de Westerhof, mais il s᾽impose compte
tenu de la construction qui suit. "Si" a pu être confondu avec
"s." mis pour "subuertit" (dans le lemme) et disparaître dans le
développement de l᾽abréviation "s." en "subuertit".
179. Wessner, suivant Klotz, édite
"in<uerso> uerbo" en postulant un saut du même au même dans
le "in uerbo" des manuscrits. Mais on peut lui objecter que le
segment "INVERSO" a pû être pris pour "IN VERBO" vu le contexte et
la présence de "uerbo" deux mots après.
180. Texte des excellents manuscrits
VKUM. Wessner éditait "†et quasi quo†", texte issu de C (et en
partie attesté par G). Toutefois, bien que se comprenant,
contrairement à ce que prétend Wessner, ce texte a tout d᾽une
glose marginale commentant "ad quem locum".
181. Wessner et Goetz
ajoutaient ici respectivement "aliquem" et "ligare", dans cet
ordre, mais cela ne sert rigoureusement à rien, compte tenu de la
nature du commentaire. Voir la note apposée au texte
français.
182. Wessner éditait "cui rei est indultus",
conjecture de Schoell bâtie sur le "multus" de C, les autres
penchent nettement vers le texte que nous proposons et qui se
trouve exactement sous cette forme dans V. Les autres, compte tenu
des circonstances ont lu "nuptiis".
183. Ne comprenant pas
"nisi ineptiis" devenu "nisi nuptiis", les scribes ont pataugé
dans les coordinations de ce segment qui développe "ineptiis".
Wessner suivait l᾽aberrante leçon de C "imponatur" pour
"nuptiali", mais, ne pouvant la comprendre, il la faisait précéder
d᾽une "crux".
184. Wessner éditait "grate a
nominibus <ad> uerba transeat" suivant pour "grate" une
conjecture d᾽Estienne (1529), pour l᾽ajout de "ad" une conjecture
de Wieling, et pour la forme "transeat" une correction de Klotz.
Nous éditons ce que donnent les manuscrits, à la notable exception
de K qui a lu le verbe au singulier. Sur le sens de ce
commentaire, voir la note apposée au texte français.
185. Passage très difficile.
Wessner éditait "quod nunc <est> mitis", avec l᾽ajout de
"<est> mitis" dû à Schoell. Ce texte est proche de celui de
K "quod nunc mitis", ce qui pourrait le faire préférer, mais K
paraît attester une amélioration d᾽un passage sans doute corrompu
que C a recopié tant bien que mal en lisant "ſʒ ñc ĩ triſ", en
gros quelque chose comme "sed nunc in tris"... Tous les autres
témoins portent une lectio facilior : "quod nunc dicit". Pour
"quod" au lieu de "sed", on peut penser que l᾽erreur invétérée est
due à une abréviation peu claire ou peu connue de "supra",
interprétée par telle branche en "sed" (C), par telle autre en
"quod". La leçon "quod" était d᾽autant plus tentante que l᾽on
venait de lire "hoc", et elle induisait que ce qui se lisait au
mieux "mitis" était le verbe. Le mieux était une troisième
personne pour la parallélisme avec "iurgabat" et "dicit" est une
correction aisée et élégante. Wessner a évité l᾽écueil de la
"lectio facilior" que représente "dicit", sans doute en recourant
à une lecture de K par Schoell complétée par une conjecture de ce
dernier. Nous pensons que tout le problème se trouve dans ce que
nous a transmis (sans doute bien involontairement) C. Dans le
segment incompréhensible "ñc ĩ triſ", il est tentant de lire avec
une légère différence de texte par rapport à la citation exacte de
Térence "nunc iam tria" du vers 884. Reste le "s" final de ce
segment et ce que C a lu "ſʒ" (sans doute "sed" dans son esprit).
Nous pensons que si l᾽on accepte "nunc iam tria", il faut lire
"supra" à gauche pour "ſʒ" et "scilicet" à droite pour "ſ". Sur le
sens de ce commentaire, voir la note apposée au texte
français.
186. Les deux scholies qui suivent sont attribuées par
Wessner au vers
904 (respectivement scholies
2 et 3). Mais elles
concernent vraiment le mot "Hymenaeum" et nous les rapatrions au
vers
905 (vide de scholies chez Wessner).
187. Texte peut-être
irrémédiablement corrompu. Ce que nous éditons, à la suite de
Wessner (avec un "<materia>" ajouté par Dziatzko), repose
sur des corrections d᾽éditeurs à un texte unanime des manuscrits
"maceries dicitur paries nunc altus de macerata", ce qui n᾽a aucun
sens, à moins de considérer que "macerata" désigne un type de
construction, une sorte de "torchis". Le mot technique aurait pu
se perdre. Notons à l᾽appui de cette hypothèse qu᾽aucun scribe ne
semble voir ici le moindre problème.
188. Wessner ajoutait ici
"<et>" qui n᾽a aucune raison d᾽être.
189. Wessner éditait le texte désespéré de
C "IVBE quasi hoc dicere insultantes solemus †nunc minare hunc si
abste tecum afflictum tenemus†". Notre texte repose pour le début
sur JO et jusqu᾽à "solemus" sur un consensus plus large de
manuscrits généralement fiables VGUMJO. La seconde partie a été
transmise par la plus grande partie de la tradition de manière
absurde bien que relativement consensuelle : "nunc minari hunc
assistere quem afflictum tenemus" (O) est un bon représentant de
ce magma. Nous nous rallions plutôt au texte de C qui, sans être
vraiment compréhensible, a le mérite de transmettre sans doute un
état "ante correctiones", en lisant "nunc minar hoc si abste tecum
afflictum tenemus". Nous supposons que la séquence "abste cum" a
été relue "abs tecum", puis corrigée en "abste tecum" pour qu᾽il
ne manque rien à aucune des deux prépositions. "Nunc minar᾽"
paraît cacher "numerare" tiré lui-même de "dinumeret" du texte
térentien dont il est un à peu près. Cette scholie est une
reformulation dont Donat donne un autre aperçu au vers
946.
190. Wessner
éditait, d᾽après C, "Demea Micioni" (même sens), mais nous prenons
l᾽ordre de V, meilleur syntaxiquement et attesté indirectement par
G, dont la lecture "mitio in demea" atteste une mélecture d᾽un
segment "MITIỐIDEMEA" lu "MITIOĨDEMEA" avec simple déplacement de
la tilde.
191. Wessner, suivant Umpfenbach, éditait "Ctesiphoni
<an> lenoni an" etc., pour la correction. Mais on peut
comprendre sans l᾽ajout.
192. Nous déplaçons au
vers
919 cette scholie que Wessner numérotait 918, 2, car elle
concerne un énoncé qui se trouve au vers
919 exclusivement. Le
vers
918 ne compte donc plus qu᾽une seule scholie, et l᾽ancienne
scholie unique de
919 selon Wessner devient 919, 2.
193. Nous entérinons l᾽ajout de la préposition "a", dû à
Estienne, suivi par Wessner. Indispensable à la construction de
"incipere".
194. Wessner complétait le lemme avec "<TE>",
concerné par la scholie. C᾽est certes possible, mais les mss. ne
l᾽ont pas et cette dose d᾽implicite est tout à fait
acceptable.
195. Wessner
éditait "
3 SI TV SIS HOMO non ᾽si es᾽ sed ᾽<si> sis᾽ dixit"
etc. Or parmi les mss. que Wessner appelle injustement
"deteriores", il y a unanimité sur un très bon texte qui ne
nécéssite pas l᾽ajout de Wessner. Car si K (inconnu théoriquement
de Wessner), qui a omis une page correspondant au texte des
scholies 931,
1 à 984, et U, qui a fait un saut du même au même qui
nous prive de sa scholie 934, 3, ne nous sont ici d᾽aucun secours,
GVM sont formels : le texte est celui que nous éditons. Il en
résulte qu᾽il y a deux scholies en une : la première se réduit à
une remarque morphologique (voir note apposée au texte français),
la seconde, à partir de "sed sis dixit", est une scholie d᾽analyse
du texte et des intentions des personnages.
196. C᾽est Wessner qui
ajoute "<alienum>". Cela paraît légitime pour rendre compte
de la succession des quatre adjectifs et du sens général de ce
dernier élément.
197. Wessner complétait le lemme avec
"<MEVM>", inutile.
198. Wessner complétait le lemme avec
"<VERBVM>", inutile.
199. C᾽est
Wessner qui ajoute la préposition en écrivant "<a> iure".
Nous le suivons en l᾽occurrence : il s᾽agit d᾽un argument "a iure"
ou d᾽un énoncé "tiré du" droit. La disparition de la préposition
s᾽explique facilement si l᾽on imagine qu᾽avant d᾽être redéveloppé,
le dernier mot du lemme était abrégé "F", suivi du "a" de la
scholie, l᾽ensemble ayant été compris "FA" pour "factum".
200. Wessner
éditait "
2 SED. <D.>", d᾽après une assez fine suggestion de
Schoell qui, à partir d᾽un texte isolé de C, "sed", pensait voir
là un lemme pour "sedulo docui". C᾽est envisageable et même
tentant, sauf que la plupart des mss. ont "quem" et non pas "sed"
et que, avec "sed", la phrase est un peu bancale faute d᾽un sujet
à la proposition infinitive. Mais précisément, c᾽est ce qui
pourrait faire pencher en faveur de la solution Schoell/Wessner,
"quem" pouvant sembler être une correction. Néanmoins, quelque
solution qu᾽on adopte, le sens n᾽est pas modifié et nous nous
rallions à la majorité et la grammaticalité.
201. Le texte plautinien est, d᾽ordinaire, "facis
sapientius etc.".
202. Nous
suivons Wessner qui entérinait l᾽ajout de ce "<et>" dû à
Estienne (1529) et que la syntaxe rend indispensable.
203. Le
lemme indiqué en tête de la préface correspond au vers 26,
c᾽est-à-dire au vers
1 de la scène
1 de l᾽Acte I, et non au premier
vers de la pièce, qui est celui du Prologue. Mais c᾽est purement
conventionnel, car la préface de Donat présente la comédie dans son
ensemble, selon le plan standard qui est le sien dans ces
circonstances : type de comédie, caractéristiques de la
représentation, résumé de la fable, etc. Le fait, néanmoins, que le
vers étiquette de la pièce soit le début de l᾽Acte I et non le début
du Prologue prouve bien que le Prologue est tenu pour un
hors-d᾽œuvre et que la pièce stricto sensu commence seulement avec
le début de l᾽action, menée par des personnages sur scène.
204. Le commentaire porte sur le titre de la pièce.
"Adelphi" est un mot au pluriel et c᾽est un mot masculin, alors que
"fabula palliata" est une lexie au féminin singulier. Cette remarque
est usuelle, qui consiste à signaler une incongruité apparente à
écrire "fabula palliata Adelphoe" ; Térence s᾽en explique ailleurs à
propos du mot "Eunuchus", masculin en règle générale mais féminin
quand c᾽est un titre de pièce. On doit donc comprendre ici que
"Adelphoe" est un féminin singulier lorsqu᾽il est employé en tant
que titre, car il prend le genre de son hyperonyme "fabula" (même en
l᾽absence de ce dernier). Notons qu᾽en grec le titre devrait être au
duel, mais il n᾽y a pas, sauf erreur, de titre grec au duel, même
quand l᾽intrigue suppose qu᾽il s᾽agit de deux individus. Ainsi les
Synapothneskontes (
Les Deux Mourants),
comédie de Diphile, présente un titre au pluriel. On connaît aussi
des titres comme
Didymoi (
Les Jumeaux), où
on attendrait
Didymō (
Les Deux Jumeaux).
Le fait que le titre est un mot grec (il en va d᾽ailleurs de même
avec tous les autres titres térentiens) ancre la comédie dans le
genre de la "palliata" (comédie en latin à sujet grec). Enfin, ce
titre est fait "a facto fratrum" (à partir d᾽un fait qui concerne
des frères) : il s᾽agit d᾽une allusion à la typologie des titres
donnée par Evanthius, Com. VI, 4 : "Toutes les comédies ont quatre
manières d᾽être intitulées : d᾽après un nom, d᾽après un lieu,
d᾽après un fait, d᾽après un événement. D᾽après un nom : par exemple
Phormion,
Curculion,
Epidicus ; d᾽après un lieu : par exemple
L᾽Andrienne,
La Léocadienne,
La
Fille de Brindes ; d᾽après un fait : par exemple
L᾽Eunuque,
La Comédie aux Ânes ; d᾽après
un événement : par exemple
Les Deux Mourants,
Le
Crime,
Le Bourreau de soi-même".
205. Le commentaire évoque le
type de comédie dont il s᾽agit, par référence à Evanthius Fab. IV,
4 : "Comoediae autem motoriae sunt aut statariae aut mixtae.
motoriae turbulentae, statariae quietiores, mixtae ex utroque actu
consistentes" (Quant aux comédies, elles sont mouvementées ou
statiques ou mixtes. Les mouvementées sont agitées, les statiques
plus calmes, les mixtes participent des deux types).
206. Elle est utile par les préceptes
moraux qu᾽elle délivre et plaisante par sa langue élégante et son
action intéressante. Elle obéit donc au "docere" et au "placere". La
remarque de Donat vaut pour justifier à la fois le programme
scolaire, qui fait de Térence un auteur incontournable, et la
nécessité éditoriale d᾽écrire après d᾽autres un nouveau commentaire
de cette pièce.
207. La question de la répartition des
rôles consiste à établir la distribution. Le premier rôle (le grec
dirait le protagoniste) joue un seul personnage, le second
(deutéragoniste) aussi, en général ; au-delà, il est possible qu᾽un
même acteur se charge de plusieurs rôles. La question n᾽est donc pas
anodine, mais on voit que Donat ne cherche pas à trouver une
configuration plausible, dans laquelle il montrerait de combien
d᾽acteurs on a besoin au minimum en tenant compte des intervalles de
temps nécessaires à un même comédien pour changer de costume et
(éventuellement) de masque.
208. Sur la question controversée des cinq actes, cf.
par exemple C. Nicolas, 2007b, notamment p. 597-608. Texte
disponible en ligne sur le site HAL-SHS: cf.
http://hal-univ-lyon3.archives-ouvertes.fr/docs/00/32/73/82/PDF/papier.pdf
209. Référence (habituelle dans les préfaces de
Térence) à Evanthius Fab. IV,
5 et Com. VII.
210. La date de la représentation indiquée correspond
donc à l᾽année
160 avant J. C. Mais il est indiqué le nom de deux
chefs de troupes, et, dans les Didascalies de la pièce de Térence,
apparaît le nom d᾽un troisième chef de troupe, L. Hatilius de
Préneste. On peut donc supposer qu᾽il y a télescopage de plusieurs
informations, concernant plusieurs représentations de la pièce. Sur
la musique de scène et la flûte de droite ou de gauche, cf.
Evanthius Com. VIII, 11 : "huiusmodi carmina ad tibias fiebant, ut
his auditis multi ex populo ante dicerent, quam fabulam acturi
scaenici essent, quam omnino spectatoribus ipsius antecedens titulus
pronuntiaretur. agebantur autem tibiis paribus, id est dextris aut
sinistris, et imparibus. dextrae autem tibiae sua grauitate seriam
comoediae dictionem praenuntiabant, sinistrae [Serranae] acuminis
leuitate iocum in comoedia ostendebant. ubi autem dextra et sinistra
acta fabula inscribebatur, mixtim ioci et grauitates denuntiabantur"
(Les poèmes de ce genre étaient donnés accompagnés de flûtes, au
point que, dès qu᾽on les entendait, beaucoup dans le public disaient
quel genre de pièce les acteurs s᾽apprêtaient à représenter, avant
même que son titre ne soit annoncé en préalable aux spectateurs. On
les jouait avec des flûtes égales, c᾽est-à-dire droites et gauches,
et inégales. Les tuyaux de droite, par leur son grave, annonçaient
un passage sérieux de la comédie, ceux de gauche, par la légèreté de
leurs sons aigus, montraient un passage enjoué. Quand la comédie
portait dans sa rubrique de titre la mention "droite et gauche", on
pouvait s᾽attendre à un mélange de jeu et de sérieux).
211. cf.
Evanthius Com. VIII, 1 : "in plerisque fabulis priora ponebantur
ipsarum nomina quam poetarum, in nonnullis poetarum quam fabularum,
cuius moris diuersitatem antiquitas probat. nam cum primum aliqui
fabulas ederent, ipsarum nomina pronuntiabantur, antequam poetae
pronuntiaretur, ne aliqua inuidia ab scribendo deterreri posset. cum
autem per editionem multarum poetae iam esset auctoritas adquisita
rursus priora nomina poetarum proferebantur, ut per ipsorum uocabula
fabulis attentio adquireretur" (dans la plupart des pièces, on
indique le nom des pièces avant celui des auteurs, dans
quelques-unes celui de l᾽auteur avant celui des pièces, diversité
d᾽usage qui garantit l᾽ancienneté. Car, dès qu᾽on produisait une
pièce, on en donnait le titre avant de nommer l᾽auteur, pour éviter
que la jalousie ne le détourne de l᾽écriture. Mais une fois que la
production de plusieurs pièces avait assis suffisamment l᾽autorité
du poète, alors au contraire on mettait en avant le nom du poète
pour que la mention de ce nom attire sur la pièce l᾽attention du
public).
212. La pièce de Térence est le
résultat d᾽une "contaminatio" entre deux modèles, ce dont le poète
s᾽explique partiellement dans le Prologue. Ménandre avait peut-être
écrit deux pièces intitulées
Adelphoi ; quant à la
pièce de Diphile, intitulée en grec
Synapothneskontes
("ceux qui agonisent en même temps"), elle a été fidèlement
retranscrite, là où elle est le modèle, si l᾽on en croit le Prologue
de Térence, c᾽est-à-dire pour la seule scène de l᾽enlèvement au
début de l᾽Acte II. Notons, en ce qui concerne les deux titres, que
Donat n᾽est pas cohérent avec son propos précédent (Praef. I 1) sur
le maintien des titres grecs : pour que la pièce de Diphile soit
reconnue comme un spécimen de Néa en grec et de palliata en latin,
il faudrait continuer à l᾽intituler
Synapothnescontes.
C᾽est d᾽ailleurs ce que fait Térence dans son prologue (cf. 6-7), où
il signale la comédie de Diphile sous son titre original, le titre
latin correspondant
Commorientes étant dû à
Plaute.
213. Comme souvent en lexicologie antique, Donat glisse
d᾽un mot à l᾽autre. Ce qui motive son topo sur "scriptor" est en
effet le terme "scriptura", présent chez Térence.
214. Le
commentaire porte sur "obseruare", mais c᾽est "obseruatio" qui est
expliqué ; même glissement d᾽un mot à l᾽autre au commentaire au
vers 412,
2 de
L᾽Andrienne ; cf. ad loc.
215. "Genus uerborum" désigne, dans la grammaire
de Donat, la voix verbale, ou la diathèse : "Les genres des
verbes, que d᾽autres appellent significations, sont au nombre de
cinq : actif, passif, neutre, déponent, commun. Sont actifs ceux
qui finissent en o et prennent un r pour se mettre au passif,
comme ᾽lego᾽ je lis, ᾽legor᾽ je suis lu. Sont passifs ceux qui
finissent en r et, en le perdant, repassent à l᾽actif, comme
᾽legor lego᾽. Sont neutres ceux qui finissent en o et, s᾽ils
prennent un r, cessent d᾽être latins, comme ᾽sto᾽ je me tiens
debout, ᾽curro᾽ je cours ; sont également neutres ceux qui
finissent en i, comme ᾽odi᾽ je hais, ᾽noui᾽ je sais, ᾽memini᾽ je
me souviens ; il y en a aussi qui finissent en um, comme ᾽sum᾽ je
suis, ᾽prosum᾽ je suis utile ; d᾽autres qui finissent en t [et
qu᾽on appelle impersonnels], comme ᾽pudet᾽ j᾽ai, tu as, il a
(etc.) honte, ᾽taedet᾽ j᾽ai, tu as, il a (etc.) dégoût, ᾽paenitet᾽
j᾽ai, tu as, il a (etc.) regret, ᾽libet᾽ j᾽ai, tu as, il a (etc.)
plaisir ; mais ces derniers et leurs semblables doivent être
considérés comme défectifs. Sont déponents ceux qui finissent en r
et, en le perdant, cessent d᾽être latins, comme ᾽conuiuor᾽ je
prends un repas, ᾽conluctor᾽ je lutte. Sont communs ceux qui
finissent en r et tombent sous deux formes, l᾽une passive, l᾽autre
active, comme ᾽scrutor᾽ je scrute, je suis scruté, ᾽criminor᾽
j᾽incrimine, je suis incriminé : nous disons en effet ᾽scrutor te᾽
je te scrute et ᾽scrutor a te᾽ je suis scruté par toi, ᾽criminor
te᾽ je t᾽incrimine et ᾽criminor a te᾽ je suis incriminé par toi.
Certains verbes échappent à cette règle et sont dits hétérogènes,
comme ᾽soleo᾽ j᾽ai l᾽habitude, ᾽facio᾽ je fais, ᾽fio᾽ je deviens,
᾽fido᾽ j᾽ai confiance, ᾽audeo᾽ j᾽ose, gaudeo je me réjouis,
᾽uescor᾽ je me nourris, ᾽fero᾽ je porte, ᾽medeor᾽ je soigne,
᾽[reddo᾽ je rends] ᾽edo᾽ je mange, ᾽pando᾽ je déploie, ᾽mando᾽ je
mâche, ᾽nolo᾽ je refuse, ᾽uolo᾽ je veux. Certains ont une flexion
défective, comme ᾽cedo᾽ donne, ᾽aue᾽ salut, ᾽faxo᾽ je ferai, ᾽sis᾽
s᾽il te plaît, ᾽amabo᾽ s᾽il te plaît, ᾽infit᾽ il commence,
᾽inquam᾽ dis-je, ᾽quaeso᾽ je t᾽en prie, ᾽aio᾽ j᾽affirme. Il y a
même des monosyllabes qui pour cette raison sont les seuls à
connaître un allongement, comme ᾽sto᾽ je me tiens, ᾽do᾽ je donne,
᾽flo᾽ je souffle, ᾽no᾽ je nage. Certains verbes ont une
signification incertaine, comme ᾽tondeo᾽ je tonds, ᾽lauo᾽ je lave,
᾽fabrico᾽ je fabrique, ᾽punio᾽ je punis, ᾽munero᾽ je gratifie,
᾽partio᾽ je répartis, ᾽populo᾽ je dévaste, ᾽adsentio᾽ je
m᾽accorde, ᾽adulo᾽ j᾽adule, ᾽lucto᾽ je lutte, ᾽auguro᾽ je
prédis, : tous ces verbes en effet se finissent en o et en r et
connaissent presque tous les temps du participe. Il y a en outre
des verbes qui peuvent être composés, comme ᾽pono᾽ je pose,
᾽traho᾽ je tire, d᾽où ᾽repono᾽ je repose, ᾽retraho᾽ je retire ;
d᾽autres qui ne le peuvent, comme ᾽aio᾽, ᾽quaeso᾽". Ce que Donat
veut dire ici, c᾽est qu᾽il y a un facteur commun de l᾽accusatif
"scripturam", qui fonctionne d᾽abord comme le sujet de
l᾽infinitive au passif, dont le verbe est "obseruari", et ensuite
comme l᾽objet de l᾽infinitive dont le verbe actif est
"rapere".
216. Il s᾽agit de remarquer que le genre
et le nombre de "comoedia" l᾽emporte sur celui du titre,
théoriquement masculin pluriel. Cf. ce que Donat disait dans sa
Préface en I 1.
217. Donat donne une
typologie des différentes fabulae. On en retrouve les principales
dans Evanthius (Fab. IV, 1), auquel il ne se réfère pas ici : "Il
faut aussi retenir que, après la Néa, les Latins ont produit
mainte forme de théâtre, comme les togatae, à partir de
personnages et d᾽intrigues latines, les prétextes, à partir de
hauts personnages tragiques tirés de l᾽histoire romaine, les
atellanes, du nom d᾽une cité de Campanie où elles ont été données
pour la première fois, les Rhinthonicae, du nom de leur auteur
Rhinton, les tabernariae, dotées d᾽une intrigue et d᾽un style de
bas étage, les mimes, qui consistent en une imitation suivie
d᾽événements minimes et de personnages infimes". Evanthius donne
par ailleurs une autre liste légèrement différente dans Com. VI
1 "Fabula ᾽pièce᾽ est un mot générique, qui inclut deux sous-types
principaux, la tragédie et la comédie. La tragédie, quand elle est
bâtie sur une intrigue latine, est dite prétexte. Quant à la
comédie, elle comprend de nombreuses subdivisions : palliata,
togata, tabernaria, atellane, mime, rhinthonica ou planipedia". La
liste de Donat comprend donc en commun avec les deux listes
d᾽Evanthius : le terme générique "fabula" (cf. "generaliter"), ses
subdivisions principales ("species") comédie et tragédie, dont la
prétexte est une sous-catégorie (bizarrement placée au milieu de
genres comiques) ; les autres genres indiqués sont des types de
comédies : togata (comédie en toge, donc à sujet romain),
tabernaria (comédie de bas étage), atellane (comédie régionale,
spécialité de la ville d᾽Atella), mime, Rhintonica (du nom de son
inventeur). Manque à la liste de Donat la palliata (comédie à
sujet grec, dont les pièces de Térence sont d᾽éminents
représentants, d᾽où leur absence de la liste : elles sont
présentes par défaut) et la planipedia, sur le nom de laquelle
Evanthius propose plusieurs étymologies : "La planipedia a ce nom
en raison de son intrigue de bas étage et de la vulgarité de ses
acteurs, qui ne sont pas juchés sur des cothurnes ou des socques
quand ils sont sur la scène ou sur les tréteaux, mais sur la
plante de leurs pieds ; ou alors c᾽est parce que les intrigues
qu᾽on y trouve ne concernent pas des personnages qui logent dans
des tours ou des cénacles, mais de plain-pied, dans des quartiers
populaires". En revanche, Donat utilise le terme, inconnu
d᾽Evanthius, de "crepidata", mot à mot la pièce jouée en
"crepida", sorte de sandale. Le cothurne, chaussure haute, était
l᾽apanage de la tragédie ; la crepida caractérisait la
comédie.
218. Les Latins utilisent certains
adjectifs de localisation dans deux sens différents : tantôt
purement qualificatifs, tantôt purement situationnels. Ainsi "imum
mare" peut signifier "la mer profonde" ou "le fond de la mer",
"summa arbor" "un arbre très haut" ou "le sommet de l᾽arbre". D᾽où
l᾽ambiguïté ici pressentie par Donat : "prima fabula" ne veut pas
dire "la première pièce" (puisqu᾽il n᾽y en a pas une deuxième de
même titre), mais "le début de la pièce".
219. La remarque
vaut ici pour signaler que le mot "populus" désigne le peuple
romain et non le public, sens que ce mot a majoritairement dans le
commentaire de Donat.
220. Cf. la typologie
d᾽Evanthius, Fab. IV, 4 : "Comoediae autem motoriae sunt aut
statariae aut mixtae. motoriae turbulentae, statariae quietiores,
mixtae ex utroque actu consistentes (Quant aux comédies, elles
sont mouvementéées ou statiques ou mixtes. Les mouvementées sont
agitées, les statiques plus calmes, les mixtes participent des
deux types).
221. La présence à la fois de "e contrario" et
"contrarium" a troublé les éditeurs. Teuber proposait de remplacer
"e contrario" par "a charactere", qui convient bien à la scholie,
tandis que Ritschl athétisait "contrarium" dans la suite. En
réalité, même si l᾽expression est maladroite, "e contrario" est
une locution adverbiale portant sur "protulerit" et non une lexie
"e contrario repugnans", qui poserait problème sur le plan
terminologique. Le groupe ternaire "repugnans, contrarium,
diuersum" fait appel à une terminologie technique de la
dialectique. Les "repugnantia" sont des propositions
contradicatoires entre elles (cf. Cic. Tusc. 2,
72 et Top. 19 ;
21 ; 53 ; de or. 2, 170...).
222. Le nom du personnage comique dit en théorie
quelque chose de son rôle. Les exemples donnés ici par Donat sont
caractéristiques : Storax (variante latine de Styrax) est le nom
d᾽un arbre odorant, Parménon ("le stable", sur "
παρ(α)μένω ",
"rester auprès de, être fidèle à") implique en effet l᾽idée de
fidélité, Syrus et Géta (le Syrien et le Gète) sont des ethniques
qui renvoient à des peuples notoirement perfides de l᾽orient
hellénisé ou de l᾽Afrique punique, Thrason ("le courageux") et
Polémon ("le guerrier") sont indéniablement des noms de soldats,
Pamphile ("l᾽amoureux universel") est un nom prédestiné de jeune
premier, Myrrhina ("qui sent la myrrhe"), qui conviendrait plutôt
à une courtisane qu᾽à une matrone, est en tout cas un nom qui
connote le parfum et Scirtus (d᾽après "
σκιρτάω ", "bondir") annonce un
personnage gesticulant... Le procédé contraire consiste à donner
un nom par antiphrase, comme le banquier de Plaute Misargyridès
(dans la
Mostellaria, 574), dont le nom signifie "qui
déteste l᾽argent". Plusieurs de ces noms sont récurrents dans la
palliata ou dans la Néa : de fait, Pamphile est nécessairement un
adulescens (dans
L᾽Andrienne), Thrason est un miles
(dans
L᾽Eunuque), tout comme Polémon (personnage de
La Tondue de Ménandre). Certains, en revanche, ne
sont pas autrement connus par des sources directes. Remarquons
toutefois que ces noms ne sont parlants que pour des Latins qui
connaissent le grec.
223. Le commentaire prend ici
nettement la forme générique du problème ("
πρόβλημα", "quaestio")
qui réclame une solution ("
λύσις", "solutio").
224. L᾽absence de mot
interrogatif rend la structure plutôt assertive. La préférence
pour l᾽assertion est ici, en outre, peut-être motivée par le fait
que l᾽on entre dans la scène d᾽exposition, qui doit remplir une
fonction informative.
225. L᾽"aduersitor" était un esclave spécialisé dans
l᾽accueil de son maître, au devant duquel il allait à chaque
arrivée.
226. La forme "ierant" doit,
dans ce sénaire iambique, se scander "īerant" ; or la forme
attendue est soit "īuerant" soit "ĭerant", avec un abrègement
régulier de la longue en hiatus. Du coup, on est tenté de corriger
le texte "īerant" en "īuerant", mais c᾽est inutile : la scansion
de Térence, avec amuïssement du u (consonne) intervocalique et
maintien de la longue malgré l᾽hiatus, est un trait archaïque ;
Priscien De metr. Ter. GL 2 422,
35 cite ce début de scène comme
caractéristique des prologues et des premières scènes de Térence,
toujours écrits en sénaires iambiques ("Terentius in omni prologo
et in omni prima scaena trimetris utitur"), attestant ainsi la
scansion et l᾽orthographe prescrites par Donat. En revanche, les
exemples virgiliens donnés en appui sont contre-productifs, car
l᾽ancienne longue a bien subi l᾽abrègement attendu et les formes
verbales se scandent "abĭisse" (et non "abīisse") et "petĭisse"
(et non "petīisse").
227. Le pluriel a
ici une valeur générique, comme "on" en français. L᾽énoncé est
donc à comprendre comme un adage.
228. L᾽ajout "aut ibi" de Térence est compris par
Donat comme donnant une indication morpho-syntaxique : alors
qu᾽"uspiam" peut aussi bien répondre à la question "ubi" qu᾽à la
question "quo", "ibi" sert à orienter l᾽adverbe exclusivement vers
la question du lieu où l᾽on est.
229. Comprendre : ici aussi il
faut postuler "irata" (qui se trouve exprimé au vers 31, en
apposition).
230. Il s᾽agit du récit de Sinon. On peut s᾽interroger
sur le rapport de cet exemple au reste : c᾽est le pressentiment
qui est mis en évidence. Le commentaire de Donat porte ici sur un
type particulier de pensée, le pressentiment de mauvais augure, la
pensée qu᾽on ne dit pas car elle est néfaste, comme dans le cas
des idées biaisées que les épouses se font.
231. Les
noms relatifs (que les Grecs appellent "
τὰ πρός τι " et les Latins "nomina ad
aliquid", entre autres possibilités) sont les noms du lexique qui
entretiennent une relation binaire d᾽une manière telle que
l᾽existence de l᾽un est conditionnée par l᾽existence de l᾽autre,
comme avec les binômes de termes père/fils ou époux/épouse : s᾽il
y a une épouse, c᾽est qu᾽il y a un époux et réciproquement. Donc,
dans la situation d᾽énonciation où "ego" parle de sa femme ou de
son père, il est inutile de préciser de l᾽épouse de qui ou du père
de qui il s᾽agit : "uxor" implique "uxor mea" ; dans le cas où le
contexte est clair, la précision est inutile aussi : "parentes"
sans déterminant désigne les parents de celui dont on est en train
de parler. Donat prête là beaucoup d᾽érudition au poète
("erudite"), qui, quoi qu᾽en dise le commentateur, ne risquait pas
de connaître ces réflexions grammaticales et cette terminologie...
Notons que dans son
Ars, Donat n᾽utilise pas le terme
grec mais seulement (et de façon fort allusive) le terme latin "ad
aliquid" : Don. GL IV 374, 8 : "sunt alia ad aliquid dicta ut
pater, frater" (il il y aussi ceux qu᾽on nomme en relation avec
quelque chose, comme "frater" (frère), "pater" (père)). Probus, en
revanche (qui est peut-être utilisé en l᾽occurrence par le
commentateur), connaît les deux termes, le grec et le latin, et se
montre un peu plus explicite : Prob. GL IV 119, 34 : "sunt nomina,
quae Graeci
τῶν πρός
τι appellant, id est ad aliquid, ut puta pater frater
mater. iunguntur enim quibus respondeant, ut puta pater Marci,
mater Iuli, frater Victoris : sic et cetera talia" (il y a des
noms que les Grecs appellent "
πρός τι", c᾽est-à-dire "ad aliquid",
comme par exemple "pater", "frater", "mater". Ils s᾽adjoignent en
effet aux noms auxquels ils répondent, comme par exemple "père de
Marcus", "mère de Julius", "frère de Victor").
232. L᾽amplification proposée paraît
étrange : le moins grave est d᾽aimer ailleurs, puis vient le fait
d᾽être aimé (lequel pourrait passer pour innocent, en toute
logique, sauf à l᾽interpréter, comme fait Donat, au sens de
"profiter d᾽une femme amoureuse sans être amoureux soi-même"),
puis le fait de boire, puis de prendre du plaisir, quel qu᾽il
soit. Tout porte à croire que la progression est montée à
l᾽envers. Et c᾽est peut-être là que le procédé rejoint
l᾽"idiotisme" : voilà, selon le misogyne Micion, la manière dont
les femmes ordonnent les valeurs morales. On voit qu᾽elles placent
très haut dans la gravité le fait que leur époux se soûle sans
elles, ce qui rejoint le reproche souvent fait aux dames de
comédie (et typiquement chez les nourrices) d᾽être des
ivrognesses.
233. L᾽opposition
"supposuerit" vs "sumpsit" relaie, de façon moins technique, les
substantifs correspondants, qui sont des termes de la logique,
"suppositio" vs "sumptio", lesquels sont des décalques respectifs
du grec "
ὑπόθεσις
" et "
λῆμμα".
234. La proposition peut en
effet se comprendre avec "te" comme sujet ou comme objet du verbe
"amare" (tu aimes ou quelqu᾽un t᾽aime). La suivante, au passif,
cesse d᾽être ambiguë.
235. L᾽épanaphore est une
figure de répétition d᾽une même structure syntaxique en tête de
phrase ou de segment ; ici c᾽est la reprise du pronom relatif
objet "quae" dans deux relatives juxtaposées qui est en cause.
Voir aussi
496 et 546.
236. La
notion d᾽anacoluthe est ici très élargie. Donat dit (sans doute)
que pour être complète, la phrase devrait dire "ego pater", "moi,
le père". Or cette absence de précision n᾽affecte en rien la
grammaire. L᾽anacoluthe dont il s᾽agit est donc déplacée sur le
plan sémantique : puisqu᾽il parle de son fils, il devrait préciser
"moi le père". Mais cette remarque vient en porte-à-faux avec ce
qu᾽il a dit plus haut des noms relatifs (voir la scholie
31).
237. Heureuses, du moins, pour
l᾽homme qui est en retard, et que son épouse soupçonne de boire
avec des amis ou de faire l᾽amour avec une maîtresse.
238. C᾽est-à-dire qu᾽il a pour son jeune adulte de
fils une tendresse de mère. Ce comportement n᾽est guère habituel
dans la mentalité de l᾽homme romain, ni non plus dans celle de
l᾽homme athénien.
239. Est commenté l᾽usage de la généralité avec
l᾽indéfini "quemquam", qui permet à Térence de se moquer doucement
de son personnage, qui s᾽étonne de ce qui lui arrive alors que
cela est commun. L᾽ironie est perceptible.
240. Donat fait
remarquer que la structure "quam ipse est sibi" (qu᾽il ne l᾽est à
soi-même) implique un dédoublement de la personne, à la fois sujet
et objet de l᾽affection. Il n᾽y a rien là de particulièrement
étonnant, puisqu᾽on a affaire à une structure réflexive. Mais le
commentateur nous incite à relire tout l᾽énoncé ; dans ce cas, on
a le sentiment que l᾽homme évoqué par Micion place dans son cœur
un être qu᾽il aime mais aussi soi-même ; il est donc étrangement
inclus dans soi-même. C᾽est cette bizarrerie anatomique, façon
poupées russes, que Donat relève sans doute en s᾽en
amusant.
241. Sans
doute une différence subtile sur le statut de père géniteur ("ex
me natus") et de père seulement juridique ("meus natus").
242. Donat
paraît signaler que l᾽adjectif "dissimilis" (différent) ne devrait
pas souffrir le degré.
243. Etymologie amusante. On peut sans doute
aussi comprendre, avec un autre sens de "colere", "qui honore
l᾽esprit". Michalopoulos (1999) voit un rapprochement entre
"clementia" et "mens" chez Catulle (64, 136-8). S᾽agit-il d᾽un jeu
étymologique ou d᾽un rapprochement poétique dicté par les
sonorités? Ernout-Meillet n᾽excluent pas la première hypothèse
puisqu᾽il leur semble que les Latins considéraient que "clemens"
contenait le mot "mens". Néanmoins, Donat est le seul à en faire
une étymologie aussi explicite.
244. Comprendre que l᾽adjectif "urbanam" est en facteur
commun à deux substantifs de genre différent mais ne s᾽accorde
qu᾽au plus proche, selon l᾽usage latin.
245. Il s᾽agit d᾽une remarque lexicologique. La
collocation "uitam secutus sum" (littéralement, "j᾽ai suivi une
vie") est excellente, selon Donat, car ce que l᾽on suit,
d᾽ordinaire, c᾽est un maître ("secta", de même famille que le
verbe "sequor", désigne l᾽école dans laquelle les disciples
suivent leur maître, "suivent" ses cours). Dire donc "suivre telle
vie" revient à faire métaphoriquement du nom "uita" une
"magistra", une maîtresse d᾽école.
246. Le
rapprochement entre "caelibes" et "caelites" est-il le fait d᾽une
maxime connue ou s᾽agit-il d᾽un trait d᾽esprit d᾽un auteur isolé ?
En tout cas Quintilien penche pour la seconde solution (I, 6, 26)
et qualifie même cette étymologie d᾽"inuentio" : "Qui uero talia
libris complexi sunt, nomina sua ipsi inscripserunt, ingenioseque
uisus est Gauius caelibes dicere ueluti caelites, quod onere
grauissimo uacent, idque Graeco argumento iuuit:
ἠϊθέους enim eadem de causa dici
adfirmat. Nec ei cedit Modestus inuentione: nam, quia Caelo
Saturnus genitalia absciderit, hoc nomine appellatos qui uxore
careant ait" (Mais ceux qui ont rassemblés de tels faits dans des
livres y ont inscrit leurs noms, et Gavius a cru être intelligent
en disant que "caelibes" (célibataires) s᾽identifiait à "caelites"
(habitants du ciel), car ils sont tous les deux exemptés d᾽un
poids très lourd, et il appuie son argument d᾽un exemple grec : il
affirme en effet qu᾽on fait venir "
ἠΐθεοι" (jeunes gens) de la même origine.
Et Modeste ne le lui cède pas par l᾽invention, puisqu᾽il dit que,
puisque Saturne a tranché les parties génitales de Caelus, ceux
qui n᾽ont pas de femme sont appelés par ce nom). Isidore de
Séville propose une étymologie quelque peu différente, même si
elle est toujours en rapport avec la racine de "caelus" : Etym. X,
34 : "Caelebs, conubii expers, qualia sunt numina in caelo, quae
absque coniugiis sunt. Et caelebs dictus quasi caelo beatus"
("Caelebs" (célibataire): qui n᾽a pas part au mariage, comme les
divinités qui sont dans le ciel, qui n᾽ont pas de conjoint. Et le
"caelebs" est appelé ainsi comme s᾽il était "caelo beatus"
(heureux dans le ciel)). Ces étymologies amusantes sont-elles ce
qui fait dire à Donat qu᾽il s᾽agit de "maximes" ?
247. Sur cette restitution d᾽un
fragment très mal transmis, voir la note apposée au texte
latin.
248. Le
texte des prétendues maximes grecques tout comme celui de la
citation de Ménandre qui suit est fort mal assuré, vu l᾽état de la
transmission. On comprend qu᾽il s᾽agit sans doute de maximes
sarcastiques contre le mariage, ou, en tout cas, d᾽énoncés
stylistiquement condensés ; voir Bureau 2011.
249. On suppose (sans garantie, étant
donné l᾽état assez problématiques des textes grecs qui
s᾽enchaînent dans ce passage) que Donat signale que, là où Térence
dit "ceux qui ne se marient pas sont heureux", Ménandre disait
"ceux qui se marient font une bêtise". Il relève donc un
changement de point de vue en cohérence avec la citation
précédente où il est (peut-être) dit que celui qui se marie
"commet une faute" envers le père. Sur le célibat, voir notamment
Sen. Phae.
478 (réplique d᾽Hippolyte qui recommande à la jeunesse
le célibat).
250. Question de
ponctuation. Dans cette variante, il faut construire : "et comme
ces gens-là trouvent que c᾽est un don du ciel qu᾽une épouse, je
n᾽en ai jamais pris".
251. Remarque sur la valeur des temps : avec le parfait,
Micion dit qu᾽il n᾽a jamais pris femme et que, donc, à ce jour, il
est encore célibataire (aspect résultatif) ; s᾽il avait dit à la
place "uxorem non habeo", on aurait seulement pu déduire son état
actuel, sans pouvoir préjuger de son état précédent (marié puis
divorcé ? veuf ? jamais marié ?).
252. Comprendre que l᾽on peut
segmenter soit "ruri agere semper" (il a toujours vécu à la
campagne), ce qui oriente vers une vie agréable, soit "semper
parce ac duriter" (toujours chichement et à la dure), ce qui
oriente vers une vie vertueuse.
253. Au vers 74-
75 de
L᾽Andrienne, Térence utilisait la même fin de vers
"parce ac duriter". On ne sait pas en quoi il y a variation :
est-ce par rapport au vers de
L᾽Andrienne, dans
lequel Térence utilise non pas l᾽infinitif de narration "agere
uitam" mais l᾽imparfait "uitam (...) agebat" ? Dans ce cas, le
"ut" de la scholie est bizarre, puisqu᾽il faut comprendre non pas
"comme dans l᾽autre pièce" mais "par rapport à l᾽autre pièce". Ou
bien est-ce la même variation dans les deux pièces ? Dans ce cas,
il peut s᾽agir de l᾽emploi, dans les deux passages, d᾽un adverbe
en "-e" puis d᾽un adverbe en "-ter" (surtout que "dure" est la
forme analogiquement attendue, plutôt que "duriter") ?
254. De fait, si Donat continuait son
portrait à l᾽infinitif présent de narration, comme il l᾽a
commencé, il écrirait "ducere". Or cela indiquerait un procès
permanent, là où on attend qu᾽il soit ponctuel.
255. Donat fait ici remarquer un passage de
l᾽infinitif de narration ("agere") à l᾽indicatif parfait. C᾽est la
suite logique de la remarque précédente.
256. Si l᾽on
restitue "uerba" au lieu de "†utruna", on doit comprendre que
Donat préconise de lier dans la lecture les deux mots "uxorem
duxit," pour éviter, en les détachant, de rapprocher "uxorem" du
"se habere" qui précède.
257. Le problème soulevé (comme dans
l᾽exemple de
L᾽Eunuque rappelé ici) est dans la
référence de l᾽adverbe "inde" : après avoir dit "nati duo",
Térence devrait reprendre non par un adverbe mais par un pronom
("quorum" ou "ex quibus") qui fonctionnerait comme le complément
de "maiorem" ("dont j᾽ai adopté l᾽aîné"). C᾽est ce qu᾽il redit,
autrement, au lemme suivant. Mais on peut aussi comprendre
l᾽adverbe comme marquant un repère chronologique, au sens
(fréquent) de "deinde", "ensuite" : "ensuite j᾽ai adopté
l᾽aîné".
258. Donat souligne ici un emploi du datif
éthique.
259. Le démonstratif "hic" relève en effet de la
sphère de la première personne.
260. "Educare" est également
attesté chez les Anciens, notamment chez Ennius et Plaute, mais,
de fait, pas chez Térence. De là vient peut-être cette affirmation
un peu péremptoire de Donat.
261. On reconnaît, dans la phraséologie "quaeritur", le
genre de la "quaestio" dans lequel on pose un problème d᾽exégèse à
propos d᾽un passage qui fait difficulté. La difficulté, ici, et
qui laisse attendre sa solution ("hoc solum uerum est"), est
d᾽ordre sémantique : quel est donc le sens du verbe
"habui" ?
262. Donat commente d᾽une part l᾽emploi d᾽un adjectif
neutre pour référer à un sujet masculin et le fait que "solus" est
utilisé seul, sans son complément de type partitif (seul parmi une
collectivité). Il s᾽en réexplique au commentaire au vers 643,
2.
263. Elucidation d᾽une
ambiguïté possible, en raison de l᾽homonymie nominatif/accusatif
de la forme "patres".
264. Est donc ici illustrée
l᾽habitude.
265. "Coniugatis" fait référence à la notion
grammatico-rhétorique de "coniugatio", décalquée sur le grec
"
συζυγία", et illustrée par
exemple par Cicéron, Top. 12 : "Coniugata dicuntur quae sunt ex
uerbis generis eiusdem. Eiusdem autem generis uerba sunt quae orta
ab uno uarie commutantur, ut ᾽sapiens sapienter sapientia᾽. Haec
uerborum coniugatio
συζυγία
dicitur, ex qua huius modi est argumentum: ᾽Si compascuus ager
est, ius est compascere᾽ (On appelle "liés" des énoncés qui
naissent de mots de même type. Sont des mots de même type ceux qui
ont une même origine et offrent une variation, comme "sapiens,
sapienter, sapientia" [sage, sagement, sagesse]. Cette liaison de
mots s᾽appelle "syzygie", d᾽où un argument de cet acabit : "si
c᾽est bien un pâturage communal, on peut y paître en commun"). Ici
Donat relève la liaison "liberalitate liberos".
266. La construction de
"conuenire" avec un sujet de chose, un datif de personne et un
complément en "cum" + abl. est classique (Cic. Fin. 5, 87 ; Tusc.
5, 39...). Est-ce la première attestation de cette structure qui
est remarquée ici ?
267. Le participe "clamitans" est un
fréquentatif, impliquant davantage d᾽intensité et de répétition du
procès que le simple "clamans". Le choix du fréquentatif, à côté
d᾽un adverbe impliquant lui aussi la fréquence, est ici salué
comme une bonne isotopie ("congrue") ; il aurait pu aussi bien
être versé du côté de la redondance.
268. On
a ici peut-être un sens rare du mot "lectio", rare du moins dans
les textes, mais qui est assuré en latin oral par la survie romane
de ce sens de "leçon". Dans ce cas, on a une explicite
représentation du cours de grammaire professé par le maître. Si
l᾽on est plus sage, on comprendra plutôt "souviens-toi de ta
lecture, de ce que tu as lu (ou de la lecture publique entendue),
et tu sauras etc.".
269. La réplique à laquelle il est
renvoyé n᾽est pas dite par par Micion, qui est le locuteur du
lemme commenté ici, ni par Déméa, que Micion imite dans sa
réplique, mais par Hégion. Du coup, il faut comprendre "
ἠθικῶς" en fonction du
commentaire au vers
476 5-7 : il ne s᾽agit pas de voir là un trait
de caractère de Déméa mais un atticisme qui connote la colère. Et
plus que la colère, comme trait de caractère, c᾽est un fait de
grammaire qui est ici mis en lumière. Donat, par l᾽adverbe
ἠθικῶς,
précise que le pronom "nobis" est un datif éthique, c᾽est-à-dire
un pronom personnel de l᾽interlocution et utilisé au datif, sans
fonction grammaticale indispensable, et qui sert seulement à
marquer l᾽importance que revêt pour le locuteur le message : cf.
en français populaire des tours comme "Tu vas me la finir, cette
assiette ?". Notons que le datif éthique n᾽est pas spécifiquement
un atticisme : il est tout autant latin que grec.
270. Micion est le parangon du père indulgent ("pater
lenis"), c᾽est en quoi ses paroles se conforment à ce qu᾽on attend
de lui.
271. Il est difficile de dire
pourquoi Donat éprouve le besoin de traduire en grec le texte de
Térence. Est-ce que, sans le dire, il cite là la formule
correspondante dans la pièce de Ménandre ? Quand c᾽est le cas, il
le signale explicitement, pour marquer l᾽exactitude d᾽une
traduction. Est-ce pour une autre raison ? Par exemple,
souhaite-t-il rendre sensible l᾽équivalence bilingue (habituelle)
entre "officium" et "
καθῆκον" ? Quand à l᾽étymologie
d᾽"officium" (reprise par Isidore de Séville, Et. 6, 19, 1), pour
laquelle les Anciens invoquent d᾽ordinaire une déformation
d᾽"opificium", elle est faite selon la technique du chaînon
manquant, qui est fréquente chez Isidore de Séville : pour
expliquer un terme (ici "officium") par un autre (ici "efficio"),
les étymologistes antiques créent parfois un mot intermédiaire,
inexistant (ici "*efficium"), qui permet un raisonnement. Dans ce
cas, comme ici, ils utilisent "quasi" comme nous utilisons
l᾽astérisque, pour caractériser une forme postulée et postulable,
mais non attestée. Cf. par exemple Isid. 9, 3, 45 : "Militia autem
(...) a mole rerum, quasi moletia" ; 9, 3, 59 : "ipsa coitio in
unum cuneus nominatus est, quasi couneus, eo quod in unum omnes
cogantur" ; etc. On voit un autre exemple de cette méthode en
"quasi" au lemme suivant, 70, 2.
272. Térence
rompt un parallélisme possible avec le tour "malo coactus" ; on
pouvait attendre "beneficio adiiunctus" mais on a une variante
syntaxique avec une relative au lieu d᾽un participe apposé. Sans
le dire, Donat illustre vraisemblablement la "varietas"
térentienne.
273. L᾽opposition des termes concerne en réalité les
vers 69-
71 d᾽une part et 72-
73 d᾽autre part.
274. Ce qui est commenté,
c᾽est le mot "par".
275. Ce qui est
vrai de la chose, à savoir le "beneficium", l᾽est d᾽autant plus
quand le bienfaiteur est le père. C᾽est un raisonnement a
fortiori.
276. "Consuefacere" (habituer)
implique l᾽idée d᾽apprivoisement. Ainsi Col. 6, 2, 9 : "nam ubi
plaustro aut aratro iuuencum consuescimus" (car quand nous
apprivoisons le jeune bœuf au chariot ou à la
charrue...).
277. Donat semble se contredire d᾽un
lemme à l᾽autre, puisque tantôt il atteste un texte térentien
"nescire se", tantôt "nescire" seul. Le codex Bembinus, dans sa
première rédaction, ignore le pronom, qui est restitué dans la
deuxième rédaction. On doit donc supposer que la leçon authentique
que lit Donat ne comprend pas le réfléchi. La scholie
4 est une
remarque de syntaxe, et non d᾽ecdotique. Donat précise que, pour
la correction syntaxique, il faut restituer le pronom sous-entendu
("deest"), de fait indispensable en grammaire normative. Mais les
copistes de Donat, trompés par la recension calliopienne du texte
térentien qu᾽ils ont sans doute sous les yeux et se méprenant sur
le sens de la scholie 4, qu᾽ils prennent pour une remarque
ecdotique, ont pu ajouter le pronom "se" dans les scholies
1 et
2.
278. Donat dit ici "dans cet acte" au lieu de "dans
cette scène". Mais le résumé qu᾽il a fait de l᾽Acte I intègre bien
cette scène de dispute entre les deux frères. Il s᾽agit donc d᾽une
erreur occasionnelle, qu᾽on retrouve ailleurs : cf. son
commentaire à Ad. 540,
1 et à Andr. 965, 1.
279. Remarque de critique
littéraire sur les qualités respectives de Térence et de son
modèle grec. Aulu-Gelle faisait déjà une comparaison entre les
comédies originales et leurs imitations latines (Gell. 2, 23,
1-3) ; au contraire de ce que dit Donat, qui est presque toujours
favorable à Térence au détriment de Ménandre, Aulu-Gelle est très
sévère avec les productions latines.
280. Il s᾽agit sans doute de
remarquer le polyptote "quicquam" / "quemquam", encore qu᾽il ne
s᾽agisse pas d᾽une variation de cas, puisque les deux pronoms sont
à l᾽accusatif. On est alors induit à penser qu᾽il s᾽agit d᾽autre
chose. Peut-être que le commentaire met en valeurla construction
du passage, dans lequel l᾽accusatif "quem" est en facteur commun,
alors qu᾽il devrait être repris par un nominatif ("neque is
quemquam metuit"). Donat parle ordinairement d᾽anacoluthe dans ce
type de situation.
281. L᾽ambiguïté
constatée tient à la construction de la proposition infinitive
avec ses deux accusatifs, l᾽un sujet, l᾽autre objet : faut-il
comprendre "aucune loi ne le tient" ou "il ne possède aucune
loi" ?
282. Ne pas dire que la personne chez qui on entre
par effraction est elle-même un bandit est un mensonge par
omission qui a pour but d᾽aggraver le cas d᾽Eschine.
283. Même rapprochement avec
"mutilatus" dans Hec. 65, 3. Dans cette même scholie, Donat évoque
aussi un rapprochement avec "mulceo" (ramollir), conformément à
Fest. 129,
5 et Macr. Sat. 6, 5, 2.
284. Chez Térence on lit "mulcauit"
et non "mulctauit". Texte meilleur de fait, car "mulcauit"
correspond bien aux reformulations qu᾽en donne Donat dans son
commentaire, alors que "mulctauit" signifierait "il les a mis à
l᾽amende". Mais le rapprochement entre "Mulciber" et "mulctare"
semble indiquer que Donat confond les deux verbes. Selon Sánchez
Martínez (2000, p. 476), c᾽est Donat qui aurait inventé le
pseudo-mot "Mulciber" selon la méthode des "nomina ficta"
("quasi").
285. Il
s᾽agit donc d᾽un argument faible, puisque fondé seulement sur la
rumeur.
286. La
fin du commentaire se comprend par rapport à ce que lit Donat : en
lisant "quod mihi dixere" au lieu de "quot mihi dixere" (texte
habituel des éditeurs de Térence, au sens de "combien de gens
m᾽ont dit cela au moment où j᾽arrivais !"), il se force à faire de
"quod" l᾽objet de "dixere", ce qui oblige à trouver à "hoc" une
autre fonction : il en fait donc un adverbe de lieu, complément
d᾽"aduenienti" ("à moi qui arrive ici"). "Hoc" est effectivement
un adverbe qui répond à la question "quo". Quant au fait qu᾽il le
classe comme "articulus", et non pas "pronomen", cela s᾽explique
par les emplois déterminants du démonstratif et notamment par
l᾽utilisation qu᾽on en fait comme indicateur de genre ("hic et
haec lupus", "lupus masculin et féminin"), en remplacement de
l᾽article que les grammairiens grecs utilisent à ce titre. Mais
c᾽est une remarque typologique de grammaire générale : dans le
contexte du vers térentien, "hoc" ne peut pas être compris comme
articloïde.
287. Sans
contexte, le sens de ce fragment est purement conjectural. On se
sait pas si Donat le cite pour une franche synonymie, notamment de
"in ore" et de "populo" / "gentibus" ou s᾽il montre seulement une
identité de structure grammaticale ("in ore" avec un datif au lieu
du génitif attendu).
288. Donat réutilise ici à dessein le
qualificatif que Micion a utilisé au vers 98.
289. L᾽idiotisme tient peut-être au
souvenir qu᾽a Donat de l᾽étymologie du verbe "putare", qui est
issu de la langue agricole ("émonder un arbre").
290. Il faut comprendre que ce que Déméa a
fait à l᾽époque de sa jeunesse, c᾽était justement de ne rien
faire, faute de moyens.
291. Donat signale à
juste titre la scansion "fīeret" et rappelle un fragment d᾽Ennius
qu᾽il cite ailleurs (Pho. 74,
4 et And. 429, 3) et qui illustre
lui aussi ce fait de scansion archaïque. Dans les autres
utilisations qu᾽il fait du fragment d᾽Ennius, il s᾽intéresse non à
la métrique mais à la construction de "memini" avec un infinitif
présent, au lieu du parfait attendu.
292. Selon son habitude, Donat considère comme une anacoluthe
les cas où un des éléments d᾽un couple de corrélatifs n᾽est pas
exprimé. Ici "quamuis" devrait préparer "tamen".
293. Donat signale souvent que l᾽emploi de
"homo" est caractéristique du prosaïsme comique et même plutôt
d᾽une parlure servile. Le grand style para-tragique est donc
aussitôt annulé par la fin de la réplique.
294. "Homo" (être humain, bonhomme) n᾽est pas en effet une
manière d᾽apostropher son propre frère.
295. Sur l᾽induction, voir Cicéron, Inv. 1, 51 ; le
rapport "inductio"/ἐπαγωγή est par exemple explicité par Cicéron,
Top. 42.
296. Il n᾽est
pas sûr qu᾽il faille comme Donat interpréter "illi" dans l᾽exemple
virgilien comme un adverbe. Ce peut tout à fait être dans le
contexte un pronom, dont le référent peut parfaitement être
Achille.
297. Il est indifférent de
scander cette syllabe brève ou longue. Mais l᾽adverbe "illi"
(comme sa variante "illic") est réputé avoir une finale longue et
on ne voit pas sur quoi se fonde Donat pour cette remarque
phonétique.
298. Sans doute faut-il comprendre que les reproches
faits par Déméa sont considérés par lui comme gravissimes et que
Micion les rabaisse au maximum dans son argumentation. Dans ce
cas, la scholie porte sur le morceau oratoire 117-
122 où Micion
minimise les fautes d᾽Eschine.
299. De fait, le verbe simple
"sarcire" signifie déjà "raccommoder", en sorte que le préverbe
"re-" paraît inutile. Il est appelé par "restituetur" pour un joli
effet de parallélisme.
300. L᾽argument "a
coniugatis" a été relevé il y a peu : cf. supra le commentaire au
vers 57, 2.
301. C᾽est le
même emploi du futur antérieur qui est remarqué dans la citation
de Virgile. Cet emploi qualifié d᾽archaïque est l᾽objet du lemme
suivant également.
302. Il ne s᾽agit pas de correction grammaticale
mais de logique sémantique. Les propositions "s᾽occuper des deux
enfants" et "me reprendre celui que tu m᾽as donné" ne sont pas
équivalentes sur le plan logique. L᾽adverbe d᾽approximation vient
donc à la fois signaler le caractère bancal de l᾽équivalence et
faciliter le rapprochement des deux propositions qui, sur le plan
argumentatif, est fort.
303. Dans ce vers virgilien très célèbre, l᾽imprécation de
Didon passe par l᾽accumulation des impératifs juxtaposés. Chez
Térence, l᾽effet, identique, est obtenu par les subjonctifs de
troisième personne.
304. Comme
souvent chez Térence, les répliques s᾽enchaînent par rebonds
métalinguistiques. Donat fait donc remarquer la reprise des mots
d᾽une tirade précédente (132), "quem dedi"/ "quem dedisti", avec
éventuellement une légère variation : "repeto"/ "reposcere". Il en
fait aussi, en forçant sans doute un peu le trait, un élément de
caractérologie. Mais il n᾽y a pas que les paysans en colère qui
rebondissent sur des paroles prononcées.
305. C᾽est-à-dire que Micion
n᾽est pas indulgent par faiblesse ou par lâcheté, mais par
système. C᾽est d᾽ailleurs l᾽objet de la pièce que d᾽opposer deux
systèmes d᾽éducation paternelle.
306. C᾽est la même question que plus haut (Ad. 116,
1) : "illi" est-il un pronom au datif ou un adverbe de
lieu ?
307. On peut penser que Donat a mal interprété ce
passage (pour lequel son texte de la comédie de Térence est assez
malmené). Confondant sans doute "si" et "sim" dans sa lecture, et
lisant sans doute "aut etiam si adiutor eius iracundiae", il en a
conclu que la forme "adiutor" était la première personne d᾽un
verbe déponent, et comprend "si je favorise sa colère". Dans ce
cas, le génitif est une erreur de construction et l᾽on attendrait
l᾽accusatif. Mais "adiutor" est un nom, il faut bien lire "aut
etiam adiutor sim eius iracundiae" (avec "si" en facteur commun à
déduire du vers précédent), "ou si j᾽étais l᾽auxiliaire de sa
colère" ; dans cette situation, il n᾽y a aucune anomalie dans
l᾽emploi du génitif.
308. L᾽adoucissement de la formule de
reproche, en montrant que le personnage n᾽est pas soumis à ses
passions - ici la colère -, renforce la gravité du reproche au
lieu de l᾽affaiblir. Cela correspond exactement au caractère de
Micion.
309. L᾽hyperbole, ici, est dans l᾽emploi d᾽une
structure interro-négative, qui revient à dire "toutes les
courtisanes".
310. Comprendre : "il le défend contre vents et marées,
tout en sachant, comme tout le monde, qu᾽entretenir une courtisane
est un scandale". Comme l᾽expression est assez paradoxale, Rabbow
(suivi par Wessner) avait ajouté une négation. Mais les mss. sont
unanimes : il n᾽y a pas de négation.
311. La parenthèse de première
catégorie semble donc être constituée d᾽un verbe. En tout cas
"credo", ici, à côté du verbe principal "taedebat", est en
incise.
312. Comprendre : Micion croit
qu᾽Eschine est amoureux d᾽une courtisane et ne peut l᾽avouer aussi
crûment ; il utilise donc une formule adoucie, "uxorem ducere",
"épouser". Et il ignore à ce moment-là qu᾽il est dans le vrai,
puisque celle qu᾽aime Eschine est en réalité une jeune femme
honorable et épousable.
313. Ce n᾽est pas le sens des verbes
qui est en cause, mais seulement sans doute l᾽emploi de
l᾽imparfait.
314. Remarque étymologique : "de-feruisse" est
expliqué par "de(orsum)" (vers le bas) et "feruore". On peut sans
doute comprendre que Donat construit une infinitive dont le sujet
implicite est "le jeune homme" : "j᾽espérais qu᾽il retenait sa
jeunesse en deçà de l᾽ebullition".
315. Le verbe "quiritare" est donc décrit
pour ce qu᾽il est et que Benveniste nomme un "verbe délocutif",
dérivé dont la base est une formule et le sens est "dire x" (x
étant la base). Voir Diom. GL 1, 381, 23. Le terme de base
"Quirites" désigne le corps des citoyens Romains et se colore
d᾽une forte empreinte historique voire légendaire puisque ce terme
est à mettre en relation avec l᾽épisode de l᾽alliance entre
Romulus et Tatius. Par la suite, l᾽emploi de ce terme est
récurrent dans la phraséologie officielle et militaire. De plus,
l᾽archaïsme du terme renchérit sur le caractère sérieux du
passage.
316. Térence use de synonymes que
Donat tente d᾽expliquer par une gradation que l᾽on peut comprendre
pour la première série, qui est moins nette pour la
seconde.
317. Donat justifie un peu maladroitement que
l᾽adverbe "otiose" oriente vers le sème de ᾽sécurité᾽ alors que le
substantif de base "otium" oriente vers celui de ᾽loisir᾽.
318. Donat constate qu᾽il y a cinq adverbes
consécutifs. Pour certains, la valeur est évidente ; pour "ilico"
en revanche, qui peut être soit un adverbe de lieu soit un adverbe
de temps, on peut hésiter et le commentateur choisit l᾽adverbe de
lieu, qui d᾽ailleurs fait redondance avec "hic".
319. La
figure est curieusement nommée ellipse alors qu᾽il s᾽agit
évidemment d᾽une aposiopèse.
320. Encore une
remarque sur l᾽absence d᾽un corrélatif. Voir plus haut la scholie
110, 1.
321. Indication de gestuelle : le personnage, disant "je
m᾽en soucie comme de cela", accompagne sa réplique, selon Donat,
d᾽un geste qui montre un objet qui connote la petite quantité ;
parmi ces objets, notons la présence du flocon ("floccum") qui est
précisément, en latin, un de ces forclusifs associables à la
négation ou lexicalisés dans la petite quantité, dans un tour
comme "flocci pendere", "estimer à la valeur d᾽un flocon". De même
Eugraphius, Ad. 163 : "quasi de ueste floccum carpserit" (comme
s᾽il arrachait à son vêtement un flocon de laine).
322. Donat joue sur deux mots contenant le radical de
"ius". Le premier, "iniuria", est la négation du "ius", et désigne
le tort commis, donc "ius" ne peut avoir comme sens que l᾽absence
de tort, donc la réparation exigée du prévenu. L᾽argument est
assez subtil.
323. La citation de
Cicéron utilise l᾽adverbe "tantulum", que Donat classe ici
implicitement comme déictique (au sens de "pas plus que ça"), d᾽où
son rapport avec le texte commenté.
324. Donat veut dire
que "re" est employé dans un sens concret par opposition ici à
"uerbis" (les mots vs la réalité tangible), et non comme un simple
équivalent d᾽indéfini ("en quelque chose", "en une
chose").
325. Donat remarque l᾽étrangeté
énonciative de la réplique de Sannion. Le proxénète mélange style
direct et indirect. Il devrait dire: "iusiurandum dabitur : ᾽tu es
indignus iniuria hac᾽" (on fera un serment : "tu ne mérites pas
cet affront"), ce qui, au style indirect, vu la situation
d᾽énonciation, devrait donner "ius iurandum dabitur me esse
indignum iniuria hac" ("me" et non pas "te"). Tel quel, l᾽énoncé
de Térence veut dire "il y aura un serment pour attester que tu ne
mérites pas cet affront", ce qui est étrange puisque c᾽est Sannion
la victime de l᾽affront. D᾽où les remarques de Donat : il faut
supposer, dans le serment, l᾽ellipse d᾽un verbe de déclaration
dont le sujet représente les jeunes gens ("un serment : ᾽nous
jurons que tu n᾽as pas mérité ça᾽"), ou faire deux phrases
différentes : la première se conclut sur "il y aura un serment" ;
la seconde commence sur "te esse indignum..." et ne s᾽interprète
comme principale que sur le mode exclamatif (Toi, ne pas avoir
mérité ça !). Mais on ne voit pas bien alors l᾽enchaînement des
idées. On suppose donc que c᾽est la première soluition qui a la
faveur du commentateur dans la scholie 4, bien qu᾽on ait le
sentiment du contraire, car "sic" paraît implicitement reprendre
la plus proche des deux options proposées.
326. Le comique est dans le
jeu de mots entraîné par le polyptote. On est dans un comique de
répétition qui procède en un renversement et accentue le sentiment
d᾽injustice qui exaspère le personnage.
327. C᾽est donc une remarque
implicite de ponctuation. S᾽il faut lire "praestrenue" (avec la
valeur intensive du préfixe telle qu᾽illustrée par le morceau
virgilien), il faut relier les deux éléments au moyen du signe
typographique de l᾽hyphen, qui sert justement à désambiguïser en
liant les chaînes de caractères qui doivent être
rapprochés.
328. C᾽est "nihili" qu᾽on a
chez les éditeurs de Térence. Si le vers (dans ce passage
polymétrique) est bien un septénaire trochaïque comme les deux
suivants, il faut "nihil". Mais si c᾽est un octonaire iambique
comme le précédent, il faut "nihili". Les deux solutions sont donc
viables métriquement.
329. La
question de l᾽ordre des éléments dans une chaîne étymologique
n᾽arrête en général pas les grammairiens antiques. Le même auteur
peut, d᾽une page à l᾽autre, affirmer que le mot X vient du mot Y
aussi bien que le mot Y vient du mot X. Il semble que "venir de"
(le plus souvent en latin simplement la préposition "ab") signifie
le plus souvent simplement "être apparenté", sans ordre réel entre
les éléments. Voir Nicolas 2007a. Ici, fait plutôt rare, Donat se
pose une vraie question de morphologie dérivationnelle en
cherchant lequel des deux mots est la base de l᾽autre.
330. Donat décode et commente finement un jeu de scène induit
par le texte seul. Parménon a donné, sur ordre gestuel d᾽Eschine,
un coup à Sannion, qui s᾽en est offusqué. Pour impressionner le
proxénète, le jeune homme le menace en disant qu᾽il va doubler la
mise ("geminabit"). Mais Parménon, trop loin pour bien entendre
(ou trop prompt ?), n᾽a pas entendu (ou attendu ?) la dernière
syllabe (d᾽où l᾽impératif "gemina"), et a frappé Sannion de
nouveau, d᾽où son "ei mihi". Une fois de plus, Donat se montre
très attentif au détail du texte et même aux questions de
proxémique et se forge une mise en scène personnelle fort
amusante.
331. Le texte virgilien est habituellement "diua
precor" et non "diua parens". Donat le cite à nouveau, pour le
même usage, en 539,
1 avec le texte consensuel "diua
precor".
332. Il demeure une incertitude sur le texte de la
fin de la scholie, un groupe de manuscrits lisant "proximi". Dans
ce cas, il pourrait s᾽agir d᾽une allusion d᾽actualité à la
situation athénienne. Mais si on lit "proxime", il faut comprendre
"les tyrans sont renversés de façon particulièrement rapide ou
immédiate". On peut peut-être comprendre une inversion "maximi
proxime" et traduire "d᾽autant plus vite qu᾽ils sont plus
tyranniques".
333. Donat lève une ambiguïté, la question du proxénète
pouvant se comprendre au sens de "qu᾽as-tu à t᾽en prendre à moi ?"
(interprétation retenue) ou "quelle affaire as-tu avec moi ?"
(interprétation rejetée, puisque de fait Eschine, en lui volant
une de ses filles, a affaire avec lui).
334. Donat souligne que le verbe
préfixé est plus fort que le verbe simple parce qu᾽Eschine aurait
rossé Sannion, quand bien même il n᾽aurait fait qu᾽effleurer
quelque chose qui lui appartenait. Or Sannion vient de demander si
Eschine s᾽en prend à lui parce qu᾽il a touché quelque chose qui
lui appartient.
335. De fait, Sannion est dans son
bon droit et on ne peut rien lui répondre ; le seul reproche
qu᾽Eschine trouve à lui faire est donc le tapage qu᾽il est en
train de faire dans la rue. En effet, le "conuicium" est bien un
délit, une "iniuria" selon Gaius (Inst. 3, 20).
336. Dans l᾽épisode
virgilien, Magon supplie Enée de le "conserver" ("serues"), ce qui
revient à l᾽asservir, si l᾽on en croit l᾽étymologie proposée,
d᾽ailleurs classique. Donat profite d᾽une explication
lexicologique sur "lora" (lanières), confondu sciemment avec
"laura" (lauriers), pour faire un excursus sur les noms des
esclaves, en opposant "mancipium" et "seruus". Le rapprochement
étymologique proposé par Donat entre "lōrum" (les verges) et
"laurus" (le laurier) est quelque peu alambiqué. Il s᾽explique
sans doute par une homophonie semblable à celle qui explique la
variation du nom de la portion du mont Aventin plantée de
lauriers, "Lauretum" ou "Lōretum", ou celle qui explique, selon
Isidore de Séville (Etym. 17, 7), le nom populaire du
rhododendron, "lorandrum", parce qu᾽il est semblable aux feuilles
de laurier. Si le lien phonétique entre les deux termes existe, le
lien sémantique, bien que détaillé par Donat, est plus discutable.
Quant à l᾽explication de "seruus" par "seruare", elle est reprise
dans les Institutiones Iustiniani (I, 3, 3) : "serui ex eo
appellati sunt quod imperatores seruos uendere, ac per hoc
seruare, nec occidere, solent" (les esclaves tirent leur nom de ce
que les généraux victorieux ont l᾽habitude de vendre les esclaves,
et pour cela de les garder ("seruare") et de ne pas les
tuer).
337. Donat explique que Sannion, en disant
"où pourrais-je aller ?", prend de façon stupide au pied de la
lettre l᾽injonction d᾽Eschine "redi".
338. Comme souvent avec les relatifs, Donat se
pose la question du rapport à l᾽antécédent. Si "quo" est un
adverbe relatif de lieu, il est incorrect car c᾽est "unde" et son
sème ᾽provenance᾽ qui est nécessaire. Si c᾽est un pronom relatif,
il devrait être accompagné de la préposition "ab" pour exprimer la
provenance. Mais ce qui gêne manifestement Donat, c᾽est que,
l᾽antécédent "illuc" (complément de lieu de "redi") étant un
adverbe, on n᾽attend pas qu᾽il puisse être pronominalisé. La
construction laisse attendre effectivement un adverbe relatif de
lieu indiquant la provenance ("là d᾽où"), et ce ne peut être que
"unde". L᾽incorrection relevée est comparable à celle qu᾽on a dans
un tour français comme "reviens là duquel tu es parti".
339. Autrement dit, en ajoutant à son énoncé une
malédiction, Eschine fait comprendre que c᾽est le fait d᾽avoir
acheté la fille vingt mines qui est grave et funeste.
340. Le dieu Vertumne, d᾽origine étrusque, est symbole du
changement de saisons ; il veillait sur la fécondité des vergers
et des fruits. Il possèdait aussi le don de métamorphose. De fait,
on comprend mieux l᾽étymologie de laquelle son nom découle, à
moins que ses attributions aient été précisément augmentées après
coup en raison de l᾽étymologie qu᾽on prêtait à son nom, par un
effet de rétromotivation. De fait, le nom latin de Vertumne, selon
Ernout-Meillet, repose sur une déformation possible à partir de
l᾽étrusque "Voltumna" et "Veltune".
341. Ce qui semble gêner Donat peut
être de deux ordres : soit l᾽ellipse du verbe ("facis", "facias"),
soit la forme "si nolo" à l᾽indicatif, car on rencontre "si nolis"
(Cic. Inv. 1, 1,
73 et Planc. 20), mais non une autre forme.
Notons que "si nolim" et "si noles" se rencontrent, mais l᾽un et
l᾽autre sont poétiques ou étrangers à la langue classique (Ovide,
Horace, Sénèque).
342. L᾽idiotisme paraît résider dans
la tournure orale brutale du leno. "Quid enim" est la forme
attendue mais sans coordination l᾽énoncé est rude et digne du
sinistre marchand d᾽esclaves.
343. Donat
est sensible à l᾽audace prudente de Térence, qui insère des propos
appartenant au vocabulaire tragique dans la bouche de ses
personnages comiques afin d᾽explorer une palette de comiques
variés, ici la dérision proche du paratragique. On peut évidemment
songer à Ajax rendu fou par la remise à Ulysse des armes
d᾽Achille.
344. L᾽état du texte grec transmis est trop désespéré
pour qu᾽on en tente une traduction complète. Ce fragment de
Ménandre n᾽a pas été identifié par les éditeurs de ce poète.
Néanmoins la finale "
οικετην
λαβων" ("ayant avec lui un domestique") est parfaitement
lisible et ressemble à la situation de la scène en cours pendant
laquelle Sannion s᾽est fait rosser par Eschine aidé de son
serviteur Parménon. Sans doute y a-t-il donc ici un parallèle fait
entre la pièce et son modèle. Si le parallèle doit être suivi, on
peut être tenté de chercher l᾽expression d᾽un grand nombre pour
correspondre à "quingentos" et un contexte où il est question de
coups. Il existe un mot "
γρόνθος" (coup, gifle) qui correspond à
"colaphos" et peut représenter le segment "
γρωνον". D᾽où, peut-être, un trimètre
iambique qui, pour "
ερπατοτον γρωνον
οικετην λαβων", pourrait prendre la forme "
ἑπτακοσίων γρόνθων τὸν οἰκέτην λαβών"
(...de
700 gnons, en ayant pris avec lui son domestique). Ce
génitif pluriel pourrait alors s᾽appuyer sur "
ἄλγος", le premier segment de cette
citation ("douleur <consistant en
700 coups>"). Sinon, pour
le début, on peut aussi penser à "
αἲ
᾿γώ" ("hélas, moi"), qui correspond bien à "misero
homini" et qu᾽on trouve sous des formes proches chez Ménandre
("
αἲ τάλας", "hélas
malheureux !"). Mais le mètre résiste à nombre de nos
suppositions...
345. Remarquons que les
reformulations décalquent la formation préfixée en "in-" du verbe
de départ.
346. La leçon variante "darier" au lieu de "tradier" ne
donne pas le schéma métrique attendu.
347. La seconde explication de l᾽origine de "mussitare" est la
plus probable, mais le verbe est sans doute à rapprocher tout de
même de "mutus". "Mussitare" ne signifie pas uniquement "se taire"
ou "supporter en silence" mais également "dire tout bas,
marmonner, murmurer". Il est formé sur une onomatopée "mū", comme
"musso" ("murmurer, chuchoter, garder pour soi"), dont "mussito"
est un fréquentatif, ou comme "mutus".
348. Donat se demande si "tace", dans le contexte,
n᾽est pas dans un emploi aussi codifié que "age" par exemple (ou
notre "allons" ou "allez" du français). Cela le mettrait alors en
effet du côté de l᾽adverbe. Et, s᾽il est lexicalisé, rien
n᾽empêche de penser qu᾽il s᾽adresse à la cantonnade bien qu᾽il
soit au singulier. Mais qu᾽il s᾽adresse à tous ou au seul
Ctésiphon, il est dit à des personnages qui ne sont pas sur
scène : Syrus sort de la maison et, sans encore avoir vu Sannion
qui est sur scène, parle à celui ou à ceux qui sont à l᾽intérieur
et que le spectateur ne voit pas.
349. Remarque didascalique pour
signaler que Syrus entre en scène en continuant une conversation
qu᾽il tenait à l᾽intérieur de la maison.
350. Rappelons que
le statut de soldat mercenaire à la solde d᾽un potentat oriental
(la position des soldats de comédie, donc) n᾽a rien de
particulièrement brillant et que le miles est un personnage très
décrié sur la scène.
351. Sur l᾽emplacement de cette scholie, voir la note
apposée au texte latin. Donat remarque ici une figure
d᾽atténuation : Syrus dit au proxénète qu᾽"il s᾽est battu", alors
qu᾽en réalité "il a été battu".
352. Donat remarque que le mot
unique "concertasse" est l᾽objet d᾽une reprise par le proxénète en
deux mots "certationem comparatam". Le sens reste le même.
353. A
savoir Heaut. 94.
354. Syrus, pour
amadouer Sannion, a présenté la dispute de la scène précédente
comme une "concertatio". Or le mot, par son préfixe, semble
indiquer un combat égal et entre égaux. Sannion rebondit donc sur
ce mot et précise qu᾽il ne s᾽agissait pas d᾽un combat égal mais au
contraire inégal et mal fondé et qu᾽il mériterait des
dommagements.
355. L᾽origine de cette distinction
se trouve chez Charisius, Ars 403, 26 : "certationem et certamen.
certatio est administrantium, certamen operis" (différence entre
"certatio" et "certamen" : la "certatio" est le fait de personnes
agissantes, "certamen" est le fait d᾽un travail).
356. La citation est en réalité dans les
Géorgiques (II, 530), sans qu᾽il soit possible de
savoir si la bévue est de Donat ou d᾽un des copistes
intermédiaires.
357. Note lexicologique assez précise
sur la base de l᾽opposition entre les noms résultatifs en "-men"
et les noms d᾽action en "-tio". Dans la citation de Virgile,
"certamina" désigne ainsi l᾽objet concret, que l᾽on peut "poser"
sur un arbre, et qui va servir à déterminer le vainqueur du
concours.
358. Un
adverbe et non pas une préposition, comme il peut l᾽être
aussi.
359. Comprendre un ablatif à valeur instrumentale.
C᾽est ainsi que Donat appelle ce type d᾽emploi.
360. Donc soit
"c᾽est ta faute" (avec nominatif) soit "c᾽est arrivé par ta faute"
(avec ablatif). La scansion du vers de Térence permet les deux
interprétations.
361. Le sous-entendu grivois,
ou cacemphaton, a été théorisé par Cicéron (Or. 154) et Quintilien
(8, 3,
44 sq.) et repris par les grammatici (par ex. Diomède GL I
270, 26-
30 ou Priscien GL II 594, 15). Ce trope indésirable
consiste en l᾽émergence en général involontaire, dans le cours de
l᾽énoncé, d᾽un gros mot par association de syllabes ou d᾽idées.
Voir Nicolas (2007c : 27-28). Ici, il s᾽agit d᾽un cacemphaton de
polysémie : le mot "os" signifie à la fois "visage" et "bouche".
Le proxénète, pour marquer qu᾽il n᾽aurait pas pu être plus
complaisant qu᾽il ne l᾽a été, dit "usque os paraebui", qui peut se
comprendre soit "j᾽ai été jusqu᾽à présenter mon visage <à ses
coups>" soit, de façon beaucoup plus vulgaire, "j᾽ai été
jusqu᾽à lui prêter ma bouche". D᾽où notre traduction du vers
215 de Térence, volontairement ambiguë et qui peut s᾽interpréter de
façon grivoise.
362. Donat a déjà cité il y a peu, pour le
commentaire du vers 157, ce même vers de Virgile pour une tout
autre raison. Sans doute a-t-il encore sous le coude son volume de
Virgile calé au même endroit, ou la "fiche" sur la négation qu᾽il
utilisait pour le commentaire du vers 157.
363. Le lemme cite bien un morceau du
vers 223, mais le commentaire porte sur un mot qui est dans le
224. C᾽est ce qui justifiait les cruces qu᾽avait posées Wessner et
que nous ne conservons pas.
364. Si
Donat nommait ce procédé, il l᾽appellerait sans doute
"polysyndète" comme il le fait, selon une restitution nécessaire
d᾽Estienne (1529), en 301, 1.
365. Donat pose ici une question que
se poseront souvent les exégètes du théâtre classique : comment
Untel sait-il ce qu᾽il sait, si ce n᾽est pas sur scène qu᾽il l᾽a
appris ou s᾽il ne nous dit pas comment il l᾽a appris ? Ici, il
suppose que Syrus bluffe, et que son intuition tombe
juste.
366. C᾽est donc soit l᾽accusatif du démonstratif (et
il devrait alors être qualifié de pronom plutôt que
d᾽"articulus"), soit c᾽est l᾽adverbe de lieu archaïque
"hoc".
367. Syrus,
en disant "spero", laisse entendre qu᾽il souhaite que Sannion
vienne réclamer son dû, ce qui peut donner au proxénète
l᾽impression qu᾽il peut partir tranquille et que sa dette n᾽est
pas enterrée définitivement. Mais c᾽est une pure manœuvre
dilatoire. On peut d᾽ailleurs tout à fait comprendre que "spero"
s᾽accroche à "ubi redieris" (quand tu seras revenu -j᾽espère
<que tu reviendras>), dans un souhait normal et poli qu᾽on
fait devant quelqu᾽un qui s᾽apprête à faire un trajet en
bateau.
368. Il y a bien là
un aparté de Syrus. D᾽ordinaire (et par exemple dans cette scène
même), Donat fait une remarque didascalique sur le fait que la
réplique est dite sans être entendue, par convention, de l᾽autre
personnage. Mais ici, en outre, Donat suppose que les répliques,
qui s᾽enchaînent linéairement dans le texte à lire, car on ne
saurait les écrire l᾽une sur l᾽autre sans les rendre illisibles,
étaient dites sur scène simultanément. C᾽est très peu probable, à
cause du mètre. On est ici en sénaires iambiques, et l᾽oreille
veut entendre ses six pieds familiers, qu᾽elle n᾽entendrait pas
complets si les deux locuteurs du même vers parlaient en même
temps. Ce qui gêne Donat sans doute, dans la mise en scène mentale
qu᾽il se fait de la scène, c᾽est que Sannion, qui hurle sa
désapprobation depuis plusieurs secondes déjà, soit obligé de
s᾽interrompre pour laisser Syrus faire un aparté qu᾽il n᾽est pas
censé entendre lui-même. Il est vrai que c᾽est dramaturgiquement
gênant. Mais les exemples de ce procédé abondent aussi chez
Molière par exemple.
369. Il s᾽agit sans doute de faire remarquer
que cet impératif singulier ne peut s᾽adresser à la cantonnade (on
attendrait alors plutôt un pluriel) ni à personne en particulier
si ce n᾽est à lui-même.
370. Ce
que commente en réalité Donat, c᾽est à la fois la métaphore filée
du petit caillou qui fait mal (d᾽où notre traduction de Térence
avec "rouages" et "engrenages", qui déplace légèrement la
métaphore du grain de sable de la chaussure vers les mécanismes)
et la formation des deux termes métaphoriques à partir d᾽un
diminutif en "-ulus". Signalons une relative incohérence par
rapport à sa remarque sur l᾽aparté dans le vers précédent : si
Sannion n᾽a pas entendu Syrus dire le mot "scrupulus", il n᾽y a
pas de raison qu᾽il file la métaphore, sauf involontairement, pour
le seul plaisir du spectateur et du lecteur.
371. Le féminin "mulieres", qui entraîne dans son
accord le participe "emptae", est coordonné au neutre "alia" : il
en résulte que "emptae" est en facteur commun avec deux sujets de
genre différent (c᾽est la syllepse de genre), et qu᾽il choisit le
genre du plus proche. Le commentaire de Donat siginifie que
"emptae" vaut aussi pour un "empta" neutre
sous-entendu.
372. Vénus est autrement appelée,
d᾽ailleurs, Cypris. Une île consacrée à Vénus devait donc
s᾽intéresser particulièrement au commerce des femmes.
373. Les habitants de Chypre, au contraire du paysan
italien décrit par Horace dans cette ode, n᾽hésitaient pas, eux, à
construire des navires pour commercer dans toutes les îles
alentour et sur le continent. Mais la deuxième citation se
rattache assez mal à l᾽ensemble. Une fois de plus, on a
l᾽impression que Donat exploite un document qu᾽il a sous les yeux
(ici, dans le début des
Odes d᾽Horace, deux
occurrences du nom de Chypre à quelques vers de distance) de
toutes les façons possibles.
374. Et non pas la première personne du
verbe qui signifie "aller", ce que l᾽on pourrait penser à première
lecture.
375. Un
lieu, parce qu᾽il est à Chypre, un temps parce qu᾽il se tient à
date fixe, comme une foire.
376. S᾽il reste pour régler l᾽affaire de l᾽enlèvement de sa
courtisane, pour éviter une perte, il renonce à une vente bien
plus considérable à Chypre, pendant la foire. Donat dit donc que
si le manque à gagner chypriote est "maximum", c᾽est par
comparaison implicite avec le manque à gagner local, qui est
seulement "magnum". Entre deux dommages, il incline à choisir le
moindre.
377. "Actum agere" signifie littéralement "faire
quelque chose qui est déjà fait" ; au sens judiciaire "plaider une
chose déjà plaidée". Cela revient à dire "faire une chose
inutile".
378. L᾽important ici n᾽est pas tant le verbe cité
par Donat que l᾽idée qu᾽il exprime. En effet, Donat commente le
sémantisme du verbe "incipere" et l᾽illustre par son fréquentatif
"inceptare". C᾽est un cas d᾽autonymie sémiotypique.
379. "Labasco" est effectivement
un verbe inchoatif mais ce n᾽est pas un verbe métaphorique: il est
formé sur une racine dont le sens premier est "chanceler ,
vaciller". Sur cette racine sont formés, entre autres, "labo,
-are", "labor, -i", "labes, -is", "lapsus, -us"…
380. La prolixité consiste ici à utiliser deux mots
pour dire quelque chose qui tenait en un seul.
381. Avec ce
type d᾽énoncé, il est difficile de savoir à quel genre de
structure métalinguistique on a affaire. Il peut s᾽agir d᾽une
étymologie ("diuiduus" vient de "diuisio", "dimidius" de
"dimensio") ou d᾽une remarque lexicale générale ("diuiduus"
s᾽emploie dans le champ de la division, "dimidius" dans celui de
la "dimension"). En tout cas c᾽est une differentia entre les deux
adjectifs.
382. Le texte cité de Virgile est inconnu de nous et
impossible à compléter.
383. On pouvait s᾽attendre
légitimement ici à une citation virgilienne... Peut-être a-t-elle
sauté dans l᾽archétype ? Peut-être Donat, qui est aussi un
commentateur de Virgile, a-t-il réservé la recherche de citation
pour plus tard et a-t-il oublié de revenir sur ce passage ?
Peut-être enfin la chose lui paraît-elle si évidente, et les
illsutrations célèbres si nombreuses, qu᾽il ne prend pas la peine
de citer expressément des passages que tous ses élèves ont en
tête ?
384. Le mot "tuber", neutre, désigne
toute sorte d᾽excroissance, par exemple une tumeur. Dans le monde
végétal, il désigne particulièrement la truffe, et c᾽est sans
doute ce qu᾽il faut comprendre ici. En tout cas, le végétal en
question pousse dans un environnement qui lui ressemble, dans une
terre enflée ("tumentibus") et presque enceinte ("praegnantibus").
Isidore (Et. 17, 10, 19) en fait d᾽ailleurs une étymologie :
"tuberum tumor terrae prodit ; eaque causa nomen illi dedit"
(l᾽enflure de la terre produit celle des truffes, et c᾽est ce qui
explique le mot même de "tuber").
385. Dans Eun. 341, 2, Donat fait
remarquer que "numquid uis" peut avoir une simple valeur de
rupture de la conversation. Ici il rappelle cette valeur tout en
soulignant que l᾽énoncé sous sa forme "numquid uis" est elliptique
et qu᾽ici Térence a exprimé un complément normalement nécessaire.
D᾽ailleurs en Eun. 191,
1 la formule est "numquid aliud uis" et en
Pho.
151 Donat la complète avec un groupe nominal.
386. L᾽étymologie est évidemment
loufoque. On s᾽étonne qu᾽elle n᾽ait pas retenu l᾽attention
d᾽Isidore de Séville, qui ne la rappelle pas.
387. Le passage de
L᾽Enéide cité ici
(III, 602) se rattache très librement à l᾽argumentaire. C᾽est un
Grec isolé, sauvage, oublié là par ses compatriotes, trouvé sur
l᾽île des Cyclopes par Enée et sa flotte, qui parle aux ennemis
troyens et tâche de gagner leur pitié. Il s᾽agit donc d᾽un passage
censé illustrer la figure d᾽"axiopistia".
388. Remarque étymologique récurrente dans le
commentaire sur le rapport de l᾽adverbe "sedulo" et de
"dolus".
389. Dans ce cas, il faut ponctuer ainsi : "laetus
est ; de amica ?" (il est tout content ; au sujet de son amie ?),
avec une interrogation elliptique.
390. Donat fait ici une remarque de
grammaire de type analogique sur la question de la double
déclinaison possible du pronom "qui(s)". On sait que, hérités de
deux séries différentes de pronoms en indo-européen, l᾽une thème
en i, l᾽autre thématique, les relatifs et les
interrogatifs-indéfinis sont devenus indistincts en latin. Mais
ils gardent chacun des traces de leur dualité d᾽antan. La forme
d᾽ablatif "qui" (ici cachée dans le pronom indéfini "quiuis") est
régulière au regard de la forme de pluriel "quibus". Inversement,
la forme d᾽ablatif "quo" laisse attendre analogiquement un ablatif
pluriel "quis" lui-même attesté. Néanmoins la norme standard, qui
relève de l᾽usage, est d᾽utiliser un couple hétérogène "quo" vs
"quibus".
391. Question de ponctuation,
très fréquente chez Donat, et qui, ici, tourne autour de la
construction de "opus est". Il voit deux manières de segmenter le
continuum "abs quiuis homine cum est opus beneficium accipere
gaudeas". Première solution : "abs quiuis homine cum est opus
beneficium accipere, gaudeas". Dans ce cas, la proposition en
"cum" va jusqu᾽à "accipere" et "beneficium" est un accusatif objet
de ce verbe ; l᾽ensemble se comprend : "quand il est besoin de
recevoir un bienfait", et on a la construction, dite ici commune
("communiter"), "opus est" + infinitif. Deuxième solution : "abs
quiuis homine cum est opus beneficium, accipere gaudeas". Dans ce
cas, on a "opus est" avec "beneficium" comme sujet au nominatif,
"quand un bienfait est besoin", et on a la construction dite ici
archaïsante. Il y a une troisième solution, que Donat n᾽évoque
pas, avec "opus est" absolu : "abs quiuis homine, cum est opus,
beneficium accipere gaudeas". Dans ce cas, "cum opus est" veut
dire "si nécessaire" et "beneficium accipere" est le complément de
"gaudeas". C᾽est la solution de ponctuation que nous avons retenue
pour notre version électronique des
Adelphes.
392. C᾽est-à-dire dans la proposition "quem aequum
est facere <bene>". La formulation "bis numero
subaudiendum", qui semble se comprendre "il faut sous-entendre
deux fois" mais qu᾽il faut en réalité interpréter "il faut
sous-entendre une deuxième fois", est répétée à l᾽identique au
commentaire de And. 633, 1.
393. Une différence de taille
entre le texte commenté et l᾽illustration virgilienne : chez
Virgile, le double emploi de "frater" renvoie à deux personnes
différentes, alors que chez Térence les deux occurrences, même si
elles ont une valeur légèrement différente (dans le ton),
renvoient au seul Eschine.
394. Donat semble considérer "nunc" comme une
cheville inutile au sens. Ce n᾽est pas le cas dans le texte de
Térence, car l᾽adverbe y a une réelle valeur chronologique : "et
maintenant (=après ce que tu viens de faire)" etc. A moins qu᾽il
ne faille voir dans cet emploi d᾽un adverbe de l᾽instant présent
un particularisme de la parlure des jeunes amoureux, toujours
autocentrés dans le "ici et maintenant" ?
395. On ne sait trop bien ce que veut
dire Donat. Peut-être selon lui faut-il ponctuer "quid ego nunc ?
te laudem ?" ("que faire maintenant, pour moi ? Te louer ?"),
auquel cas on ne voit pas pourquoi "quid" signifierait "propter
quid". Ou bien simplement "quid, nunc, te laudem ?" ("pourquoi,
maintenant, devrais-je te louer ?"), ce qui paraît postulable
d᾽après la scholie précédente qui insiste sur la valeur
particularisante de "nunc".
396. Difficile de construire la
proposition de Térence en ajoutant ce "quod" prétendument
manquant, sauf à considérer qu᾽il s᾽agit d᾽une conjonction
complétive induite par "scio" : "satis certe scio quod numquam
etc.", "je sais bien que jamais...". Cette construction, banale à
l᾽époque de Donat, est assez improbable sous la plume de
Térence.
397. Donat distingue l᾽emploi de la conjonction
"itaque" (donc), qui s᾽antépose au début du segment, d"᾽itaque"
valant "ita" plus "-que" (et ainsi), qui se trouve plutôt hors de
la tête de phrase. Pour ce qu᾽il dit de la différence
quantitative, cf. Servius GL IV, 427, 13 : "itaque pars orationis
quaeritur utrum correpta media an producta dici debeat. scire
debemus quoniam tunc corripitur media cum una pars fuerit
orationis ; tunc uero producitur, cum duae" (la question est de
savoir si le mot "itaque" doit se prononcer avec une syllabe
centrale brève ou longue. Il faut savoir que la centrale est brève
quand c᾽est un mot unique ; elle est longue en revanche, quand il
s᾽agit de deux mots). On a le sentiment que les deux grammairiens
se contredisent. Pour Donat, c᾽est la particule antéposée (donc la
conjonction qui signifie "c᾽est pourquoi") qui a une syllabe
longue, pour Servius c᾽est celle qui est le groupement de deux
mots (donc le groupe qui signifie "et ainsi"). Mais peut-être
faut-il comprendre qu᾽il ne s᾽agit pas d᾽une différence de
quantité, mais d᾽une différence d᾽accent : la conjonction,
vraiment considérée comme univerbée, aurait son accent standard
sur l᾽antépénultième ("ítaque"), alors qu᾽au sens de "et ainsi" le
groupe aurait l᾽accent d᾽enclise qu᾽on attend d᾽un groupe en
"-que" (itáque). Sur le déplacement de l᾽accent induit par la
présence d᾽un enclitique, cf. Servius GL IV, 427, 6. Donat (puis
Servius, en sens contraire) aurait alors par erreur interprété la
différence de ton comme une différence de quantité. Priscien (GL
III, 100, 15) évoque la conjonction conclusive "itáque" avec un
accent aigu sur la pénultième, sans dire qu᾽il s᾽agit d᾽une
longue ; il parle bien d᾽allongement en revanche en GL III, 521,
2 ; au demeurant, il donne raison à Servius et tort à Donat pour
l᾽interprétation des valeurs différentielles de "itáque" vs
"ítaque". Dans le match des grammairiens, donnons donc raison à
Servius et Priscien, qui attribuent à "ítaque" la valeur de "c᾽est
pourquoi" et à "itáque" celle de "et ainsi", alors que Donat dit
le contraire.
398. Le mot "rem" (chose) est ici
développé en apposition par le mot "fratrem" (frère), ce qui
paraît étrange à Donat. La seconde main interprète autrement (cf.
scholie suivante) la construction d᾽un texte que les éditeurs de
Térence ne retiennent en général pas (on lit ordinairement
"fratrem nemini homini" et non "fratrem neminem hominem").
399. On a
ici, dans une scholie de commentaire inhabituellement longue, une
prise de position presque auctoriale de la deuxième main. C᾽est
assez rare pour être souligné.
400. Le
commentateur principal semble segmenter "...unam rem me habere
arbitror fratrem ; hominem neminem esse etc." puisqu᾽il voit une
apposition de "fratrem" à "rem" (cf. le commentaire au lemme 1).
La seconde main n᾽est pas d᾽accord, car il faut alors rattacher à
nouveau à "arbitror" l᾽infinitive qui suit. Pour lui, mieux vaut
lier "fratrem" à toute la fin de phrase et comprendre "je pense
que j᾽ai un seul avantage sur les autres <à savoir> que mon
frère etc.". Il n᾽y a plus d᾽apposition "rem" / "fratrem". On peut
supposer en outre que la seconde main lit "fratrem nemini homini",
car ce ne peut être que sur ce datif (qu᾽on lit de fait dans les
manuscrits de Térence) que s᾽accroche le complément "quam mihi"
qu᾽il sous-entend ("que pour personne il n᾽existe de frère plus
remarquable <que pour moi>"). Le lemme de la première main
est au contraire "neminem hominem". Cf. note suivante.
401. La première main commente un
accusatif "neminem hominem", au contraire de la seconde qui lit un
datif (cf. note précédente). Faut-il y voir un effet de syntaxe ?
En effet, Donat pourrait accorder secondairement la citation au
datif pour en faire un complément de "locutus est" qui passerait
donc à l᾽accusatif, selon la syntaxe intégrationnniste habituelle
chez les Latins à l᾽égard du métalangage. Mais c᾽est peu
probable : d᾽abord Donat ne modifie quasiment jamais la forme des
lemmes térentiens ; ensuite, avec la ponctuation qu᾽il semble
adopter, et qui est critiquée par la seconde main au lemme
précédent, on se tirera mieux d᾽affaire avec un accusatif qui
prendra la place du sujet de l᾽infinitive ; enfin, dans la phrase
suivante, il garde lemmatisée une forme à l᾽accusatif qui n᾽a pas
de justification syntaxique à ce cas, alors qu᾽il pourrait plutôt
écrire "cum nemo ne hominem significet" (en rétablissant "nemo"
pour la syntaxe) ou "cum nemini ne hominem significet" en
conservant le lemme térentien en l᾽état. Donc le Donat "première
main" lit bien "fratrem neminem hominem" et la seconde main lit
"fratrem nemini homini". Les deux commentateurs ne travaillent pas
sur le même texte.
402. L᾽étymologie de "nemo" par "ne homo" ("pas un
homme ne..."), correcte, est restée perceptible aux locuteurs
pendant toute la latinité. Donat reproche donc ici implicitement
au poète un pléonasme.
403. Pour le débat sur la nature de "ellum", cf. le
commentaire à And. 580, 1-4.
404. Le débat est
donc sur le sens de "caput". Faut-il comprendre "charmante
tête !", c᾽est-à-dire "charmante personne !" par synecdoque ? Ou
faut-il voir le sens métalinguistique de "tête de chapitre",
"début d᾽énoncé" ? Dans ce cas, comme Parménon, le personnage de
L᾽Eunuque cité en appui, le fait à l᾽égard du
discours de Thaïs qu᾽il est en train d᾽écouter, Ctésiphon serait
en train de faire l᾽éloge de son propre discours en train de se
faire, comme s᾽il répétait l᾽éloge qu᾽il va prononcer devant son
frère : "c᾽est grâce à lui que je vis... Charmant début ! etc.".
Dans cette hypothèse, la formule "nihil pote(st) supra" signifie
"on ne peut rien concevoir de plus élogieux que mon
discours".
405. C᾽est
donc une partie saillante ("eminens") et prototypique ("maioris
pretii") qui, dans le procédé de synecdoque, doit désigner le
tout.
406. Avec méthode, Donat illustre au moyen de deux
citations le sens physique et le sens moral du mot "opera". Mais
on peut remarquer que la seconde citation ne cite pas "opera" mais
le verbe "operari", selon un glissement assez habituel dans la
lexicographie antique. C᾽est le sémème commun à toute une famille
de lexèmes apparentés qui est en fait traité d᾽un bloc.
407. On
ne voit pas bien ce qu᾽ici Donat appelle adverbe. Sans doute le
seul "quid", qu᾽il interprète souvent comme équivalent de "propter
quid", dans un sens effectivement adverbial. Mais ici, c᾽est
vraiment un pronom. Et c᾽est l᾽intonation globale de la réplique
("ce que c᾽est !") qui est à tirer du côté de l᾽exclamation
d᾽étonnement. "Aduerbium" a ici, apparemment, un sens
décalé.
408. Est donc commenté ici un sens de
"prae" valant "comparativement à".
409. L᾽exemple de développement de
"tout" par seulement deux éléments est assez mal venu en l᾽espèce,
puisqu᾽au vers suivant Virgile ajoute "et crinis flauos et membra
decora iuuentae" (et par ses cheveux blonds et par ses membres
pleins d᾽une gracieuse jeunesse) ! Ce n᾽est d᾽ailleurs pas
fatalement vrai pour le texte térentien. Donat semble le
comprendre comme nous le ponctuons, mais on peut tout aussi bien
(c᾽est en général l᾽option des modernes) interpréter "maledicata,
famam, meum laborem et peccatum in se transtulit" (il a pris sur
lui les injures, le scandale, ma peine, ma faute), avec quatre
développements distincts de "omnia".
410. Festus donne une autre étymologie de "decrepitus" :
"decrepitus est desperatus crepera iam uita, ut crepusculum
extremum diei tempus. siue decrepitus dictus quia propter
senectutem nec mouere se nec ullum facere potest crepitum" (Un
"decrepitus" est un désespéré, du fait que sa vie est désormais
critique ("crepera"), de même que le "crépuscule" est la toute fin
du jour. Ou alors "decrepitus" vient de ce que, du fait de sa
vieillesse, on ne peut plus ni bouger ni faire le moindre
"crepitus" (craquement)).
411. Donat se
trompe et dans son analyse morphologique de "fores" et dans son
analyse sémantique de "crepuit". En réalité, il ne faut pas
comprendre "pourquoi la porte a-t-elle craqué", car "fores", mot
habituellement au pluriel, a pour nominatif singulier "foris" :
cela se dirait donc "quidnam foris crepuit ?". Il faut comprendre
"qu᾽est-ce qui a fait craquer la porte ?", avec sens transitif de
"crepo" et "fores" à l᾽accusatif pluriel. La bévue tient peut-être
à la tendance qu᾽a Donat à interpréter systématiquement "quid"
comme un adverbe interrogatif plutôt que comme un pronom. Quant à
l᾽étymologie de "decrepitus" par "crepare", qui est admise comme
authentique, elle s᾽explique sans doute par le sens de "radoter"
que prend occasionnellement le verbe.
412. C᾽est en
permanence ce que Donat fait, en se faisant une mise en scène
mentale de la pièce à partir des répliques.
413. L᾽asyndète est sans doute à
supposer entre "opportune" et "te ipsum quaerito", entre lesquels
on pourrait attendre un lien causal. Quant à l᾽intervention
intempestive de la seconde main, elle est hors de propos. On se
sait pas à quoi il faut rattacher ce "uenisse" prétendument
sous-entendu : à "nihil uideo" (je vois que rien n᾽est venu) ? à
"opportune te ipsum" (tu es venu bien à propos) ? Dans ce deuxième
cas, la construction sur "quaerito" est problématique. Et en tout
état de cause, on ne voit pas le rapport qu᾽il y aurait avec
l᾽asyndète, objet du commentaire de la main principale.
414. Remarque de syntaxe : le génitif du gérondif
est-il posé sur un "causa" sous-entendu ("en vue de flatter") ?
Ou est-ce une construction sans ellipse, détachée du
reste ?
415. Remarque de caractérologie. A plusieurs
reprises, Donat fait remarquer des différences caractéristiques
entre des frères que tout oppose (Déméa le paysan et Micion le
citadin) ou que l᾽histoire familiale a séparés (Eschine et
Ctésiphon). Pour ce qui est des deux jeunes gens, Eschine est
maintes fois représenté comme un jeune homme riche, arrogant avec
les petites gens, alors que son puîné Ctésiphon garde une réserve
propre à sa jeunesse, à son dénuement, à sa crainte d᾽affronter
son père et à sa rusticité.
416. Donat, d᾽un lemme à l᾽autre,
cite le texte de Térence avec "quod" ou avec "quo".
417. L᾽expression n᾽a rien de
particulièrement attique. Elle est commune en latin, et notamment
dans la langue comique. Peut-être, comme on l᾽a déjà vu ailleurs,
Donat parle-t-il d᾽atticisme dès qu᾽il sent un emploi qui
s᾽apparente un peu au datif éthique. Cf. le commentaire qu᾽il
donne à Ad. 476, 5-6.
418. On a
déjà constaté que Donat utilise volontiers "bis" (deux fois) pour
"iterum" (une deuxième fois). Par ailleurs, on ne voit pas trop
pourquoi il faut sous-entendre "dolet", si ce n᾽est parce qu᾽il y
a deux infinitives coordonnées dépendant toutes deux de ce verbe.
La notion de sous-entendu (il s᾽agit en fait de facteur commun)
est ici assez large.
419. Ce que relève Donat c᾽est l᾽emploi de
"tam" marquant l᾽intensité devant un diminutif en "–ulum". Cela
peut paraitre contradictoire.
420. L᾽idiotisme, ici, comme en Ad.
476, 6, est dans l᾽emploi d᾽un datif éthique.
421. C᾽est depuis la guerre samnite, selon
Tite-Live (9, 40), que les banquiers menaient leur activité sur le
forum. Voir Pl. Asin. 117, Pers. 442, Liv. 26, 11, 7... Sur le mot
"forum", ses développements financiers et les métiers de la banque
dans la Rome de Térence, voir Nadjo (1989 :
233 sq.).
422. Autrement dit, soit "absoluam" est pris dans son
sens financier, avec la métaphore du lien entre le créditeur et le
débiteur, soit dans son sens judiciaire ("absoudre, innocenter"),
car le leno a un air contrit comme un accusé. On a en outre une
indication d᾽accessoire de costume pour le personnage du leno, qui
portait une barbe caractéristique ; la physionomie triste, quant à
elle, plaide plutôt pour une absence de port de masque ; de même
plus haut, quand est indiqué un changement de physionomie : cf. le
commentaire à Ad. 265, 5. Et ci-dessous, Ad. 280, 1.
423. Au sens de "allons !" ou de
"oui".
424. La
citation de Lucilius, fréquemment utilisée chez les grammairiens
pour illustrer la prononciation du R roulé (la "lettre canine"),
est également exploitée ailleurs par Donat, implictement. Cf. le
commentaire à And. 597, 4. Le texte de Lucilius est par ailleurs
cité diversement : "canes" au lieu de "canis" (Charisius fait
remarquer à cette occasion que "canes" est un singulier), "dicit"
au lieu de "dictat".
425. Les exemples cités sont
respectivement dans la bouche de l᾽esclave Géta pour le second et
du jeune homme Charinus pour le premier. Il ne peut donc s᾽agir
d᾽illustrer un trait commun de caractère. En fait, Donat veut dire
que les personnages, quels qu᾽ils soient, quand ils parlent d᾽une
courtisane, ont tendance à utiliser des pronoms plutôt que le
terme approprié, qui s᾽apparente à une insulte. Du coup, si "illa"
est conforme au caractère d᾽un personnage, c᾽est à celui de la
courtisane plutôt qu᾽à celui du locuteur.
426. C᾽est donc
le procédé de l᾽euphémisme, implicitement.
427. Cette réflexion de Donat sur le
rapprochement entre comédie et tragédie est très intéressant,
puisqu᾽il s᾽agit de caractériser un genre de comédie très
particulier (ancêtre de la "comédie larmoyante"). D᾽un autre côté,
le commentateur s᾽acharne à bien montrer que Térence ne franchit
jamais la frontière générique.
428. Donat veut
dire que, pour introduire un personnage de théâtre, on peut soit
le faire parler lui-même en le faisant entrer en scène, soit
parler de lui avant qu᾽il entre en scène.
429. Canthara, en tant
qu᾽elle est la nourrice de Pamphila, a peu de chances d᾽avoir
aussi été la nourrice de Sostrata, elle-même mère de Pamphila et
sans doute son égale d᾽âge ("illius" désigne donc implicitement
Pamphila et non Sostrata). Donc quand Sostrata dit "mea nutrix",
elle utilise une expression flatteuse pour la vieille femme. D᾽où
la remarque sur les noms relatifs : "nutrix" est, dans son rapport
à "alumnus" (nourrisson), un nom relatif, l᾽un de ces termes qui
intéressent les grammairiens par leur valeur sémantique
relationnelle : si l᾽on est nourrice, on est toujours la nourrice
d᾽un nourrisson et le couple "nutrix"/"alumnus", sur son critère
propre, est dans le même genre de relation que "pater"/"filius"
par exemple. Mais ici, le terme est utilisé de façon honorifique,
puisque Sostrata n᾽a pas effectivement eu Canthara pour nourrice.
Et pour la fin de la scholie, il faut comprendre que certains noms
relatifs s᾽apparentent à des noms de métiers honorables ou à des
titres (en français "Maître", "Docteur", "Professeur" par
exemple). Mais parmi les noms de métier proposés par Donat, seul
"magister" (dans son rapport à "discipulus") peut être considéré
comme un nom relatif. Les deux autres exemples sont cités pour
leur seule valeur laudative et cela renvoie à ce que Donat dit des
apostrophes plus ou moins laudatives qui sont faites avec les noms
de métier : "miles" ou "leno" sont des apostrophes déshonorantes,
"orator" est une apostrophe valorisante (cf. Ad. 210, 3). "Nutrix"
est donc à la fois un nom relatif et un nom de métier valorisé et
c᾽est ce qui fait de lui l᾽objet d᾽une scholie hétérogène dans son
propos.
430. Donat indique ici ce qui selon lui motive la
peur du personnage ("times" dans le début du vers, cité à la
scholie suivante).
431. On
comprend la remarque : le sémantisme de l᾽adjectif devrait lui
interdire le pluriel. Mais au sens d᾽"isolé" il est compatible
avec le pluriel.
432. Ce vers vient d᾽être cité
au commentaire de 288. Donat a encore son volume de Virgile sous
le coude.
433. Il se peut que Donat souligne ici le désespoir
du personnage qui réclame soit des choses dont elle n᾽a pas
besoin, soit la présence d᾽Eschine, qui de toute manière va finir
par arriver, comme l᾽a dit Canthara.
434. La scholie paraît
contredire la scholie 1 ; en fait, elle complète le "mire" de la
scholie 1 : cet emploi pluriel exceptionnel est paradoxal
("mire"), car jamais on n᾽utilise "solus" au pluriel.
435. Cette remarque sur l᾽emploi
d᾽une négation composée en lieu et place de la simple est
récurrente dans le commentaire : voir And. 202,
2 ("nihil") ;
370 ("nullus") ;
784 ("nec") ; Eun. 216,
2 ("nullus") ; 273,
3 ("nihil") ; 390,
1 ("numquam") ; 735,
1 ("nihil") ; 884,
1 ("nihil") ; 1092,
2 ("numquam") ; Ph. 121,
3 ("numquam") ; 142,
5 ("nihil") ; 202,
1 ("nulla")...
436. Ce qui
séduit Donat est sans doute l᾽opposition entre le singulier et le
pluriel qui traduit la position héroïque d᾽Eschine, seul sauveur
face à une multitude de maux.
437. Traduction Charpin adaptée.
438. Autrement
dit, comme va le dire Canthara, Eschine a tiré avantage de son
viol.
439. "Familia", dans ce sens, signifie
"maisonnée" et englobe tous les gens, esclaves compris, qui vivent
sous un même toit et sous l᾽autorité d᾽un même maître.
440. Il s᾽agit ici de l᾽entrée en scène d᾽un type de
personnage bien connu, à savoir le "seruus currens" hurlant de
mauvaises nouvelles et qui permet sur le plan dramatique de lancer
la dynamique de l᾽intrigue comique, jouant ainsi l᾽élément
perturbateur. On rencontre ce type dans d᾽autres comédies de
Térence mais aussi chez Plaute, par exemple Curc. 284-287, entrée
fracassante de l᾽esclave. Ce type de personnage répond au type de
"senex currens" mis en scène à l᾽acte V, à travers le personnage
de Micion.
441. L᾽emploi pronominal absolu d᾽"illud" (au sens de
"cela", en référence à la situation et non à un mot du texte)
paraît gêner Donat qui suppose donc l᾽ellipse d᾽un mot neutre,
comme "periculum" ou "tempus" : "nous voici maintenant à ce péril
où..., à ce moment où...". C᾽est évidemment inutile.
442. Plutôt qu᾽à une paronomase, qui
concerne habituellement le rapprochement de termes différents qui
se ressemblent par hasard, on a affaire ici à un polyptote,
variation morphologique sur le même mot. Donat n᾽ignore pourtant
pas le terme (qu᾽il utilise sous sa forme grecque
πολύπτωτον, Ph. 188, 2).
443. Remarque
de construction : l᾽innovation remarquée consiste à construire
"salus" avec le datif de destination, "salus malo" (un traitement
salutaire destiné au mal) plutôt qu᾽avec le tour prépositionnel
attendu "salus contra malum" ("un traitement salutaire contre le
mal").
444. Pour le couple "conferant"/"afferant", la
notion de paronomase (qu᾽il appelle cette fois
παρόμοιον) est plus justifié que pour
"omnes/omnia". On voit en tout cas que le grammairien considère
ces sortes de redite comme une marque de relâchement de
l᾽expression sous l᾽empire d᾽une passion.
445. Curieusement, les mss.
de Donat tronquaient la citation de Virgile (G. III,
343 sq.)
avant le passage qui illustre le mécanisme de polysyndète (ou
coordination multiple). Sans doute est-ce parce que ce vers est
l᾽emblème de la figure qu᾽il illustre et que le début de la phrase
est suffisamment évident pour appeler le reste, comme si pour
illustrer l᾽allitération on disait "comme dans Racine ᾽pour qui
sont etc.᾽". En tout cas, chez Quint. IX, 3, 51, c᾽est cette même
expression virgilienne (à partir de "tectumque") qui est citée
pour illustrer le polysyndeton. On la retrouve encore chez Diomède
(GL I, 448, 3). Cela dit, les grammairiens citent plutôt de façon
réflexe Virg. Aen. II,
262 "Acamasque (ou Athamasque) Thoasque /
Pelidesque" etc. qu᾽on retrouve chez Charisius (GL I, 283, 2),
Pompée (GL IV, 304, 25), Sacerdos (GL VI, 455, 31) et chez Donat
lui-même dans son Ars maior (GL IV, 399, 4). Julien de Tolède,
quant à lui, cite consensuellement les deux exemples virgiliens
(Maestre Yenes ed., p. 201). La raison de cette interruption de la
citation avant même qu᾽elle illustre ce qu᾽elle est censée
illustrer est peut-être due aussi à un problème de transmission du
texte. Voir la note apposée au texte latin.
446. La scholie, comme cela arrive
occasionnellement, est entièrement en grec. Par variation, Donat,
en lieu et place du terme technique
σχετλιασμός (lamentation), utilise le
verbe
σχετλιάζει ("il fait un
σχετλιασμός"), ce qui entraîne
l᾽hellénisation de l᾽adverbe. Même effet par exemple en Ad. 72,
1 (
καλῶς ἀντέθηκεν "il fait une
belle antithèse).
447. Le verbe "circumuallo"
("entourer") est transitif, mais son objet est habituellement la
personne assiégée et non celle qui assiège. Avec un réfléchi,
l᾽expression devrait signifier "s᾽assiéger soi-même" et non pas,
comme il semble ici, "se dresser <contre quelqu᾽un>". C᾽est
en cela qu᾽elle est réputée rare. Mais peut-être y a-t-il un texte
mal assuré : les meilleurs mss. de Térence donnent "circumuallant"
et non "circumuallant se". Il en résulte une difficulté de
traduction du commentaire. Nous proposons, pour le début de la
traduction du lemme 1, "ils se pressent contre nous", pour
préparer la traduction du lemme 2 : "emergere", comme le montre
l᾽exemple de Cicéron qui suit, est le complémentaire de
"imprimere" (presser) dans le vocabulaire guerrier: un ennemi
presse (famille de "imprimit" ou "impressio"), l᾽autre essaie de
s᾽en sortir ("emergere"). Chez Térence, "circumuallare", qui fait
couple avec "emergi", remplace ce qui, dans cette métaphore
militaire signalée au lemme 2, relève de la série "imprimere". On
pourrait donc mieux comprendre et traduire la fin du lemme
1 avec
le verbe "presser" plutôt qu᾽avec le verbe "entourer" ; il s᾽agit
d᾽une remarque de construction du verbe : "nous nous pressons ou
nous pressons autrui", c᾽est-à-dire "on peut dire ᾽se presser᾽ ou
᾽presser autrui᾽".
448. En admettant que le segment qui commence à "nam
impressio dicitur" et la citation de Salluste n᾽aient pas été
déplacés, il faut comprendre que Donat anticipe sur le commentaire
de la citation cicéronienne, qui comprend "premere" et entraîne,
avec anticipation, la définition de "impressio".
449. Il n᾽y a rien chez les grammairiens sur l᾽emploi
du passif ou du déponent du verbe "emergo". Mais sans doute n᾽y
a-t-il rien de spécial à en dire ! Ici, de fait, l᾽emploi de la
forme "emergi" est sans surprise, dans une structure de passif
impersonnel. Qu᾽on puisse écrire l᾽infinitif "emergi" ne prouve
pas qu᾽on puisse écrire "emergor" : seule la forme "emergitur" est
postulable.
450. Voir Bureau
2011.
451. Les
deux exemples virgiliens censés illustrer l᾽accumulation de griefs
ne sont pas très probants, puisqu᾽il n᾽y a que deux catgories
incriminées à chaque fois, l᾽une d᾽elles particulièrement
bipolaire et topique (les hommes et les dieux). En revanche, il
est remarquable que, dans ces deux citations, il y ait polysyndète
("atque deos atque astra", "hominumque deorumque"), c᾽est-à-dire
justement le procédé stylistique dont Donat vient de parler à
propos du vers 301. A-t-il sous la main un catalogue exemplifié
des figures ? Dans ce cas, l᾽idée d᾽utiliser ces deux citations
(un peu à contre-emploi) au commentaire du vers
304 lui est-elle
venue de ce qu᾽il vient de les relire dans la fiche "polysyndeton"
pour le vers 301 ? Peut-être avons-nous là un indice de la manière
de travailler du commentateur et des outils qu᾽il a à sa
disposition.
452. Le
pléonasme remarqué n᾽est pas de même type dans les deux cas, même
s᾽il concerne à chaque fois le démonstratif "ille". Chez Virgile,
il n᾽y a pas d᾽incorrection ; chez Térence, au contraire, "illum"
duplique fonctionnellement à l᾽intérieur de la relative le pronom
relatif, comme si en français nous écrivions: "lui qu᾽aucun
sentiment de pitié ne l᾽a empêché de mal agir".
453. Les lemmes 306,
6 et 307,
1 ressortissent à la syntaxe. Donat, en complétant la pensée du
personnage, dit quelque chose de la syntaxe des verbes
d᾽empêchement, ici représentés par "repressit" et "reflexit". On
attendrait plutôt, d᾽ailleurs, qu᾽il complète avec une proposition
en "quin" plutôt qu᾽en "ne". Mais l᾽exemplification virgilienne
est, quant à elle, clairement sémantique. Le lien avec le lemme
térentien est dans l᾽usage que fait le poète du verbe "flexit",
ici dans son sens premier de "détourner (les yeux)". Les
imprécations de Didon ne servent pas spécialement le propos
syntaxique du moment.
454. Donat
proposait deux solutions pour interpréter le verbe "reflexit" dans
la scholie 1 : soit c᾽est un verbe d᾽empêchement, soit c᾽est un
verbe qui, comme chez Virgile, signifie "détourner". Et il
conseille de se rallier à la première solution, celle du verbe
d᾽empêchement.
455. C᾽est comme antécédent au datif
que ce pronom est réputé manquant. Mais l᾽usage latin, dans un
tour "ei cui" où antécédent et pronom relatif sont au même cas,
est de supprimer l᾽antécédent. Donat le restitue pour la forme,
pour la complétude de la proposition rectrice.
456. L᾽adverbe "uix" a
soit une valeur pragmatique au sens de "avec peine, mais tout de
même on y arrive", soit une valeur restrictive proche de "ne
quidem", type "je peux à peine me retenir de", donc une portée
presque négative, qui semble plutôt être celle du texte commenté.
La citation de Lucilius, récurrente chez Donat pour illustrer le
sens de "carcer" comme mot d᾽injure, est ici utilisée à cause de
son emploi de "uix". La place de la citation semble signaler que
Donat y voit plutôt le sens restrictif-négatif.
457. Les vieilles expressions "impos" et "compos
(animi)" sont à mettre en relation avec la famille de "potis" et
"possum" et avec le sème de ᾽capacité᾽. Mais ici, dans
l᾽explication étymologique, s᾽immiscent des paronomases avec
"competo" (composé de "peto") ou "compono" qui gauchissent un peu
le sens. La citation de Salluste ne comporte pas du tout le mot
expliqué, mais le verbe "competere", dans un contexte de folie ou
d᾽absence de maîtrise de soi qui paraît pouvoir entériner le faux
lien étymologique avec "compos".
458. Donat signale des emplois du
démonstratif "hic" qui, pour certains, sont proches de "talis",
d᾽où leur valeur qualitative, ou de "tantus", d᾽où leur valeur
quantitative. Il serait tentant de supposer que Donat donne à sa
première illustration la valeur qualitative, à la seconde la
valeur quantitative et à celle de Salluste les deux. Mais pour
Virgile, Servius, commentant le vers "hunc ego te Euryale...",
signale explicitement le rapport à "talis", mais c᾽est aussi vers
la qualité que s᾽oriente son commentaire sur la première
illustration virgilienne de Donat avec "animam hanc".
459. Pour
illustrer le principe des adverbes chronologiques, Donat choisit
un exemple exprimant la vengeance et la torture, préfigurant
peut-etre ce qu᾽il imagine en guise de punition pour celui qui a
commis le viol.
460. Le commentaire porte sur la variation de sens du
verbe "dispergo" (et du verbe simple "spargo") selon le type de
complément d᾽objet : l᾽accusatif objet du verbe peut représenter
aussi bien la chose que l᾽on répand ("spargere latices" dans un
des exemples virgiliens), auquel cas le verbe signifie
"éparpiller, disperser", que l᾽endroit où on répand quelque chose
("spargere humum foliis" chez Virgile), auquel cas le verbe
signifie "arroser, recouvrir". Le verbe "joncher" a pu offrir le
même genre de construction : "joncher le sol de roses" vs "joncher
des roses sur le sol" (désuet).
461. Donat reste encore une fois dans le commentaire
ironique envers le personnage. On peut relever l᾽exemple qu᾽il
donne à propos des cochons. Il ironise en creux sur le personnage
par ce rapprochement animalier. Le rapprochementà venir avec
Virgile appuie le sentiment burlesque en quelque sorte par le
mélange des genres et des tons.
462. Les exemples cités, s᾽ils
illustrent bien la diathèse active ("actiuam uim"), n᾽illustrent
pas la transitivité qu᾽on trouve dans le vers de Térence. Mais la
définition lexicographique que Donat propose du verbe "ruere"
permet de comprendre (notamment via le sème impliqué par
"impellendum" dans la définition de Donat) comment le verbe peut
occasionnellement devenir transitif. De même en français avec le
verbe "charger", qui peut, dans le vocabulaire militaire ou
animalier, s᾽employer dans l᾽absolu ("Chargez !", "le sanglier
charge") ou avec un objet ("charger l᾽armée ennemie"). Ces deux
mêmes illustrations de Virgile et d᾽Horace sont reprises au
commentaire au vers 550,
3 pour évoquer le tour "irruat
se".
463. La question de ponctuation (à quel mot faut-il
accrocher tel autre mot) est ici remarquablement réglée au moyen
d᾽une differentia qui permet (par une comparaison avec "sperare")
de mettre en valeur le sens en soi déjà superlatif du verbe
"exspectare" : du coup, il est meilleur de faire porter
l᾽amplificateur "oppido" sur l᾽adverbe "opportune" plutôt que sur
le verbe "exspectare". Il faut donc segmenter "te expecto ; oppido
opportune te obtulisti mihi obuiam".
464. Et non un adverbe ou une
interjection, comme jusqu᾽ici. C᾽est donc le premier énoncé
complet de Géta.
465. Comprendre que, puisqu᾽il
commence à être amoureux, il est très amoureux, comme il est
d᾽usage dans une passion naissante. L᾽énoncé de Géta est donc
amplifié par rapport à un simple "amat".
466. Le commentaire de la tirade de
Géta prend la forme d᾽un syllogisme : 1. qui manque à l᾽honneur
est amoureux ; or ("autem") 2. Eschine manque à l᾽honneur ; donc
("ergo") 3... Là on attendrait un retour à la proposition
1 ("donc
il est amoureux"). Mais la fausse conclusion abonde en réalité la
proposition
2 en donnant force exemples de manquement à l᾽honneur
dans l᾽attitude d᾽Eschine. On classerait donc plutôt cet ensemble
argumentatif dans la catégorie des enthymèmes. Et la conclusion
"donc il est amoureux" reste à la charge de
l᾽interlocutrice.
467. Le lemme 328,
4 est l᾽exacte
répétition de 328, 1. Il se trouvait légèrement décalé au milieu
du commentaire de 329. Cette duplication inutile est certainement
le résultat d᾽une note marginale, d᾽un oubli, etc. dans un ms. et
qui a fini par prendre place dans le corps du texte.
468. Pour l᾽appréciation des témoignages, entrent en
ligne de compte à la fois la qualité du témoin et l᾽importance du
fait lui-même. On retrouve dans cette typologie l᾽enseignement
traditionnel des rhéteurs. Voir par exemple Quint. 2, 4, 27. Si le
témoin est une personnalité moralement irréprochable, son
témoignage est valorisé ; de même si le témoin, quel qu᾽il soit, a
vu quelque chose de primordial et non un simple détail.
469. C᾽est
un problème exégétique qui se pose là : Eschine avait autrefois
promis qu᾽il présenterait l᾽enfant ("puerum") à son père, dès sa
naissance. Or "puer" est un mot masculin. Comment pouvait-il donc
savoir, avant la naissance du bébé, que ce serait un garçon ?
Réponse de Donat : parce qu᾽il souhaitait que c᾽en fût un, et
qu᾽il le désignait donc selon ses souhaits. En réalité, le terme
est générique et n᾽a rien pour surprendre. Cela étant, la réponse
peut se faire sur un autre registre : dans la comédie (Néa ou
palliata), tous les enfants qui naissent sont des garçons, selon
les relevés de N. Boulic dans sa thèse (Grenoble 3, 2008). On
aurait donc là, quoi qu᾽en dise Donat sur la nécessité du sexe de
l᾽enfant à venir, un élément de code, un stéréotype. Il n᾽est pas
prévu que ce puisse être une fille. On est dans du méta-théâtre :
c᾽est un enfant de comédie, donc un garçon.
470. Il y a un débat implicite chez les grammairiens
latins pour déterminer la nature exacte de certains mots de
liaison : sont-il des conjonctions (puisqu᾽ils lient) ou des
adverbes ? "Porro" est de ceux-là, qu᾽on trouve classé comme
adverbe ou comme préposition. Pour Donat, c᾽est donc un adverbe,
avec deux sens : adverbe "d᾽ordre" et adverbe "de temps".
Signalons d᾽ailleurs que, paradoxalement, dans ses deux traités de
grammaire, "porro" est traité comme conjonction explétive : cf.
Ars maior (Holtz, p. 647, 3) : "potestas coniunctionum in quinque
species diuiditur. sunt enim copulatiuae, disiunctiuae,
expletiuae, causales, rationales. (...) expletiuae, quidem,
equidem, saltim, uidelicet, quamquam, quamuis, quoque, autem,
porro, porro autem, tamen" (la valeur des conjonctions se répartit
en cinq espèces. De fait, il y en a des copulatives, des
disjonctives, des explétives, des causales, des rationnelles. Les
explétives sont "quidem" etc). Ici, en revanche, le même "porro"
est classé adverbe. Par adverbe d᾽ordre, il faut comprendre
adverbe qui entre dans une série chronologique argumentative : il
a alors son sens de "par ailleurs", "d᾽autre part" ou "en outre".
Comme adverbe de temps, il prend le sens de "plus tard", "à la
suite".
471. Donat précise
souvent que "mi" est une forme de "meus", à qui il sert de
vocatif. Mais la chose ne doit pas aller de soi et les élèves (et
peut-être Donat aussi) devaient sans doute voir dans cette forme
surtout sa valeur ancienne de datif du pronom personnel ("à moi"),
d᾽où elle procède avant de se voir employée comme vocatif du
déterminant possessif, dépourvu de vocatif à l᾽origine comme
parfois les mots en "-eus". On est en droit de supposer que la
scholie s᾽interprète ainsi: "<le datif> ᾽mi᾽ est utilisé à
la place du <vocatif> ᾽meus᾽".
472. Lemme "vide"
dans les mss. Comme les deux vers suivants ne sont l᾽objet
d᾽aucun commentaire, on peut peut-être supposer que l᾽archétype
avait été déchiré ou très abîmé sur une portion de bas de page
ou de haut de page qui contenait les commentaires aux vers
337-339. On peut en effet s᾽étonner que Donat n᾽ait pas pris la
peine, par exemple, de noter le changement de ton de Géta, qui
se remet à raisonner après une période d᾽affolement, alors qu᾽il
est si sensible à la psychologie des personnages et à l᾽économie
du récit ; qu᾽il n᾽ait pas explicité ce que recouvre "res" au
vers 338 ; qu᾽il ne dise rien du tour "infitias ibit" (339), de
nature à intéresser le lexicologue qu᾽il est si souvent (et sur
la reprise duquel il dit tout de même quelque chose au vers
346). Bref, il y a peut-être une lacune ici dans l᾽ancêtre
commun de tous les manuscrits.
473. Le terme
δίπλευρος, que Wessner édite en
caractères grecs et que les manuscrits ont donné en
translitération latine, est très rare et paraît limité au
vocabulaire stratégique (une "offensive sur deux fronts", une
"phalange à deux flancs"). Il a peut-être existé en latin tardif
juridique, comme d᾽ailleurs son complémentaire "monopleuros". Mais
les rhéteurs grecs l᾽ignorent. Il y a là sans doute une erreur
invétérée de transmission. Sans doute y avait-il une lexie grecque
complète (avec comme correspondant de "complexio" l᾽attendu
"
συμπλοκή"). Nous n᾽avons pas de
solution ecdotique satisafaisante. La définition de ce qui est
nommé ici nous dit bien de quoi il s᾽agit : si l᾽on divulgue le
scandale, il y a deux volets possibles à la défense d᾽Eschine :
soit il nie avoir enlevé la musicienne ; soit il avoue. Mais
quelque défense qu᾽il adopte, cela aboutit à lui refuser la main
de la jeune fille. Donc mieux vaut, pour le clan de Sostrata, se
taire.
474. Donat se demande comment on peut
reprendre par "facere", le verbe d᾽action par excellence, un verbe
d᾽état comme "tacere", "se taire". Et il concède que l᾽usage
l᾽autorise. De même le français peut dire "je n᾽en ferai rien"
pour reprendre n᾽importe quel verbe, même d᾽état ("Sois indulgent.
-Je n᾽en ferai rien !").
475. Donat évoque ici,
comme dans le passage cité du prologue de
L᾽Hécyre,
le stylème térentien qui consite à dire "pro + abl." là où on
pourrait avoir simplement un attribut au nominatif.
476. La scholie se comprend ainsi : quel est le sens
de "pro" dans "pro uirgine" ? est-ce la même expression que dans
le prologue de
L᾽Hécyre (cité), ou "pro noua"
équivaut strictement à "noua" ? si oui, le sens ici est "elle ne
peut plus être donnée vierge en mariage". Ou bien "pro uirgine"
a-t-il sons sens plein ? Dans ce cas, elle ne peut pas non plus
"passer pour vierge", dès lors qu᾽on a ébruité le
scandale.
477. Donat s᾽interroge sur le sens
de "mecum" (avec moi). "L᾽anneau est témoin avec moi", donc "en ma
faveur" ? Ou bien "il est témoin avec moi", donc "nous sommes tous
les deux témoins" ?
478. Donat paraît trouver
étrange qu᾽à un nom grec, attendu dans une comédie imitée du grec,
on associe le diminutif latin "-(o)lus". Mais peut-être Donat se
trompe-t-il. Il existe en effet un anthroponyme grec "Simylus",
qui pourrait très bien avoir été transcrit "Simulus". Et il n᾽y a
dans ce cas aucun hybride gréco-latin.
479. Donat vise sans doute l᾽expression remarquée au vers
346 "pro uirgine", tour prépositionnel au lieu de "uirgo". Ici "in
mora" tour prépositionnel remplace le datif "morae" d᾽un classique
double datif.
480. Donat
fait preuve ici d᾽une très bonne méthode lexicologique. Trois
dérivés de "rapere" sont différenciés selon leur complément du nom
("raptio" vs "rapina" // "personne" vs "chose") ou leur sens
propre ("raptio", "rapina") ou figuré ("raptus").
481. Deux leçons de
lexicologie en un seul lemme. D᾽abord une differentia entre
"uocare" et "(ad)ducere" qui permet d᾽illustrer la psychologie de
Déméa, prêt à excuser Ctésiphon et à charger Eschine. Cette
differentia prépare le lemme 359,
1 qui exploite un autre composé
de "ducere". Puis vient une étymologie de "nequitia" par "nequeo",
dont la formulation est embarrassée parce que le verbe "nequire"
n᾽a pas de gérondif, ce qui interdit d᾽utiliser la méthode
classique du type "lex a legendo dicta" ("᾽lex᾽ vient de
᾽legere᾽"). A ces deux commentaires lexicologiques, la deuxième
main ajoute son grain de sel dans une seconde étymologie qui, sans
être un coq-à-l᾽âne, tient quand même un peu de l᾽esprit
d᾽escalier. Le scholiaste entreprend d᾽expliquer "nugae", qui ne
figure pas dans le texte de Térence, parce que c᾽est un mot qui
appartient au même champ que "nequitia" d᾽une part et que (selon
lui) il est lui également bâti sur une locution négative : il voit
dans le mot un n- négatif et un avatar de "ago" : le mot veut donc
dire "inaction". Le mot "in-ertia", qui sert dans la définition de
"nequitia", a pu également concourir à l᾽idée de cet
excursus.
482. La main principale propose une
étymologie du vieux mot "ganeum", qui désigne un sous-sol, un
caveau, une arrière-salle où pouvaient être offerts des services
sexuels ; il sert également de terme d᾽injure, comme on le voit au
commentaire à 363, 2. L᾽étymon proposé est le nom grec de la
terre. La formulation bilingue "ganeum
ἀπὸ τῆς γαίας, τουτέστι γῆς", dans
laquelle même la préposition qui introduit le mot grec est mise en
grec (et, dans la foulée, la reformulation), s᾽explique par une
difficulté syntaxique. On attendrait la préposition latine "ab",
laquelle gouverne l᾽ablatif ; or il n᾽y a pas d᾽ablatif en grec.
Le locuteur se sent donc obligé soit de traduire le mot grec en
latin (ce qui donnerait par exemple "ganeum a terra"), opération
qui fait perdre la connivence phonique entre le mot expliqué et
son étymon (c᾽est une étymologie grecque sans grec), soit
d᾽helléniser la préposition introductrice, ce qui permet de mettre
l᾽étymon au génitif (c᾽est une étymologie grecque créolisée). Dans
la foulée, le "id est" attendu entre les deux autonymes grecs est
lui-même traduit en grec sous la forme "
τουτέστι". Ces deux manières sont l᾽une
et l᾽autre très fréquentes dans le cas d᾽étymologies bilingues.
Quant au scholiaste de la seconde main, il propose en excursus une
étymologie latino-latine du mot "taberna". Il s᾽agit cette fois
d᾽une étymologie par à-peu-près phonique : on restitue un chaînon
manquant "*trabena" pour faire le lien entre le mot expliqué et
l᾽étymon postulé "trabes" : dans ce cas, l᾽usage est de signaler
le "barbarisme" nécessaire au raisonnement au moyen d᾽un "quasi"
prudent, qui correspond à notre usage de l᾽astérisque.
483. La differentia entre "suadere" et "persuadere"
se fait par un raisonnement analogique : "suadere" est à "facere"
ce que "persuadere" est à "perficere" ; il y a donc dans le verbe
composé un sème spécifique d᾽accomplissement. C᾽est ce qui
explique le premier lemme : pour faire faire quelque chose de
difficile, il faut donc "persuadere", avec ce que le verbe
implique de superlatif par rapport au verbe simple.
484. La citation de Virgile
est erronée : chez Virgile on a "Alciden" (donc Hercule) et non
"Aeacidem" (donc Ajax). La suite du texte virgilien, qui évoque
l᾽enlèvement de Cerbère aux Enfers, ne peut concerner en effet que
le descendant d᾽Alcée, non celui d᾽Eaque. Sans doute une lecture
trop rapide et non contextualisée de la part de Donat. Ou une
mélecture d᾽un copiste dès l᾽archétype.
485. "Ganeum", qui a
été l᾽objet d᾽une fiche lexicologique en 359, 2, est ici mis en
équivalence avec "carnifex", "bourreau". Le seul contexte où ils
sont susceptibles d᾽être considérés comme synonymes est celui de
l᾽insulte : les deux mots constituent des apostrophes
injurieuses.
486. Donat, se fondant sans doute sur le fait que
Syrus fait une concordance au passé, voit donc dans "enarramus"
non un présent mais une forme syncopée du parfait "enarrauimus".
De même pour la forme "fumat" dans le vers de
L᾽Enéide cité en appui. Les formes syncopées en"
-amus" et en "-at", sans être de simples fantômes, sont néanmoins
vraiment rares, à cause de leur ambiguïté avec le présent. Et dans
les deux cas proposés ici, assez improbables. Mieux vaut imaginer
qu᾽"enarramus" est un présent de narration : dans ce cas, la
concordance au passé est habituelle.
487. Le pléonasme tient ici à la duplication de
"nihil" par "quicquam". C᾽est un pléonasme de pronom (sans doute
ce que recouvre la "quatrième catégorie"). La catégorisation du
"
παρέλκον" (pléonasme) chez
Donat est assez difficile à interpréter. Souvent il numérote les
catégories, de
1 à 6. Les catégories
1 et
2 ne sont pas citées
explicitement, la
6 est exceptionnelle (And. 291, avec des
verbes), la
5 également (en And. 205, 2, avec des négations) et
les
3 et
4 (de loin les plus fréquents) semblent ambigus. L᾽idée
se fait parfois jour que le critère est donné par la nature des
mots qui participent du pléonasme : pronoms, adverbes, noms,
verbes... Mais le détail contredit à l᾽occasion cette impression.
Ainsi le même "nihil quicquam" est-il effectivement classé
pléonasme
4 en Eun. 884,2 ; Pho. 80, 2 ; 250, 4 ; Hec. 400, 4,
mais il est pléonasme
3 en Eun. 90, 2. Son correspondant masculin
"nemo quisquam", tout aussi nettement constitué de pronoms, est
toujours compté comme un pléonasme
3 (Eun. 1032, 2 ; Hec. 67, 1),
de même que "plerique omnes" (Pho. 172, 1) et l᾽improbale "quaedam
tonstrina" (Pho. 89, 2), alors que les exemples tels que "utrum...
an" (Pho. 659), "utrum... -ne" (Eun. 721, 1), "quoque etiam" (Hec.
734, 1), "mecum una" (Hec. 131, 1), "fere plerumque" (Pho. 89, 3),
"nondum etiam" (Hec. 192, 1), "quia enim" (Pho. 332, 1), à défaut
de présenter toujours des adverbes, présentent en tout cas
toujours des formes indéclinables... ce qui n᾽empêche pas "nondum
etiam" (ANd. 201) d᾽être classé pléonasme 4... En fait, il est
très vraisemblable que les copistes, dès les manuscrits les plus
anciens, ont commis des erreurs entre les chiffres iii et iiii ou
iv et introduit la plus grande confusion dans le classement
méthodique du grammairien.
488. Donat caractérise l᾽aspect phatique d᾽une
formule comme "quid agitur ?", qui, sous couleur d᾽être une
question, est en réalité une formule inaugurale de la
conversation. De fait, Syrus vient d᾽apercevoir Déméa et réalise,
avec cette formule, l᾽acte social de la salutation.
489. Donat énonce ici une
généralité : tous les vieillards sont sages ou devraient l᾽être.
C᾽est donc la conduite du jeune homme qui est qualifiée
d᾽imbécile, car il est un jeune imbécile, et celle de Micion qui
est absurde, car incompatible avec la sagesse attendue de son
âge.
490. Donat
semble gêné par la présence conjointe d᾽un déterminant et d᾽une
épithète à côté du nom. C᾽est apparemment ce que semblait montrer
aussi la scholie 353, 2, avec l᾽emploi de "mea" : si Térence avait
dit "mea cara Canathara" au lieu de "mea Canthara", "mea" serait
un pronom. Analogiquement, c᾽est la même chose ici : "congrum
istum maximum" est constitué de deux groupes, séparés par la
diastole. On comprend qu᾽il faut segmenter "congrum istum,
maximum" (le congre, celui-ci, le gros), avec "istum" en qualité
de pronom à valeur déictique.
491. Les lemmes 382,
1 et
2 forment un tout. Il
s᾽agit d᾽analyser la forme "utrum studione". Le problème que se
pose Donat est causé par la place de la particule interrogative
enclitique "-ne", qui, en théorie, doit s᾽accrocher au premier mot
du segment concerné. Le grammairien fait donc plusieurs
hypothèses : 1. l᾽ordre à rétablir est "utrumne" (début du lemme
1 et fin du lemme 2), et il y a une tmèse, comme quand on sépare par
un ou plusieurs mots deux morphèmes liés d᾽une même unité lexicale
(par ex. dans ce fragment, probablement d᾽Ennius ou de Lucilius,
cité par Donat dans sa grammaire, où le mot "Massilitanas" est
coupé en son milieu : "Massili portabant iuuenes ad litora tanas",
"ils portaient les jeunes Marseillais sur le rivage") ;
2 soit il
y a pléonasme, dans la mesure où "utrum" et "-ne" ont une même
fonction d᾽interrogation totale ;
3 soit il y a ellipse et, en
réalité, deux phrases interrogatives distinctes, dont la deuxième
commence par "studio", ce qui redonne à "-ne" sa place
traditionnelle. En réalité, la structure "utrum Xne... an Y" n᾽est
pas isolée (et concurrence la structure "utrumne X... an Y") : cf.
par ex. Cic. Verr. 2, 3, 84 : "utrum tibi sumes ad defensionem,
tantone... an...". C᾽est plutôt la piste du pléonasme qui est la
plus crédible, le tour s᾽interprétant étymologiquement comme
"lequel des deux (=de deux choses l᾽une), est-ce que X ou est-ce
que Y ?".
492. Il s᾽agit d᾽un extrait de
l᾽
Iphigénie d᾽Ennius ; mais l᾽expression relève tout
autant de la sagesse populaire que de l᾽intertextualité
littéraire.
493. Remarque implicite de morphologie
sur le pronom/adverbe archaïque "ellum", "ellam" et sur sa
syntaxe : voir la note à And. 855, 2-5.
494. Dans
L᾽Eunuque, au vers 525, figurait l᾽expression "ut est audacia".
Dans le commentaire afférent, Donat ne disait rien sur le cas
d᾽"audacia". Ce qu᾽il signale ici, c᾽est que "dementia" peut se
comprendre comme étant au nominatif ("quelle démence est la
sienne !") ou à l᾽ablatif, sans doute un ablatif de qualité
tronqué ("de quelle démence il est !"). La scansion ne permet pas
de trancher. Rappel : ce que Donat appelle le "septième cas"
recoupe les emplois non prépositionnels de l᾽ablatif, ceux qui
relèvent presque uniformément des valeurs héritées de
l᾽instrumental indo-européen.
495. La
scholie concerne deux vers d᾽un coup, le
392 et le 393. Donat
commente d᾽abord la rectification que "pernimium" (393), intensif,
opère sur "nimium" (392), et c᾽est ce qu᾽il nomme au moyen du
syntagme grec "
μετ᾽ὰ διορθώσεως".
Dans la foulée, il signale que l᾽incise "non quia ades praesens
dico hoc", qui interrompt l᾽énoncé de Syrus, prend fin : voilà ce
qu᾽il appelait une "suspension" (
τὸ
κρεμάμενον). Le verbe
κρεμάω et sa famille sont connus des
rhéteurs dans le sens d᾽une suspension de la pensée (par ex. :
"
κρεμᾶται ἡ διάνοια", Herm. Cat.
1, 3, 93), souvent en vue d᾽éveiller la curiosité de l᾽auditeur.
Sur l᾽établissement du texte, notamment grec, voir la note apposée
au texte latin.
496. Donat veut dire que
l᾽auditeur entend d᾽abord "quoi que tu sois, tu n᾽es rien...",
avant d᾽entendre "...sinon de la sagesse". L᾽opposition
"quantus/nihil" est, selon Donat, du plus haut comique. Peut-être
peut-on implicitement comprendre qu᾽il conseille de faire une
pause entre "nihil" et "nisi" pour l᾽effet comique.
497. Donat remarque un parallélisme sur l᾽attribut du
sujet : au lieu d᾽un adjectif, le poète a deux fois mis un
substantif. Et ce serait là une marque d᾽hyperbole, dans la mesure
où celui dont on parle est ainsi représenté comme le modèle même
de la sagesse ou de la rêverie.
498. L᾽ironie est perçue à
travers le procédé de la question oratoire qui contraint le
personnage à l᾽évidence.
499. C᾽est une étymologie du nom des narines dont on
retrouve à peu près la formulation chez Isidore, Et. XI, 1, 47.
Elle repose sur le rapprochement phonique entre "nares" et la
famille de l᾽adjectif "(g)narus" (connaisseur), dont le contraire
est "ignarus". Elle est farfelue mais amusante. On note en tout
cas que, comme souvent dans des cas de dérivation, le rapport
base/dérivé est inversé : on s᾽attendrait à ce que ce soit
"naritas" qui dérive de "nares" et non l᾽inverse. Mais les Anciens
ne s᾽occupaient guère de ces détails, ils se contentaient de
mettre en relation deux termes, sans se soucier d᾽une hiérarchie
particulière. Par la même, le rapport institué est souvent
réversible.
500. C᾽est-à-dire
que, sans le savoir, Déméa souhaite que son fils reste ce qu᾽il
est actuellement, à savoir un dévoyé.
501. Ce
lemme, comme celui de 401 4, de même formulation, s᾽apparente à
une didascalie. Il s᾽agit, dans une scène où les personnages en
viennent assez souvent à penser tout haut, d᾽aider le lecteur de
Térence à distinguer les bribes de réplique dialoguées des bribes
en aparté.
502. Etymologie classique mais
fantaisiste.
503. Une differentia très comparable
entre les deux verbes est faite au commentaire de And. 479 ; la
même technique militaire du surgissement par surprise y est
décrite en accompagnement du verbe "adoriri".
504. Syrus, dans cette prétendue altercation entre
les deux frères, fait parler Ctésiphon avec la phraséologie de son
père. Notamment, l᾽effet d᾽écho est particulièrement net dans la
manière de désigner la jeune fille au moyen du groupe "istaec
psaltria" et sa valeur péjorative.
505. De fait, Eschine n᾽est pas
sur scène et le fait de l᾽incriminer nominativement (en rappelant
la prétendue conversation qu᾽il a eue avec Ctésiphon) et à la
seconde personne (ce qui est, de fait, aussi le sens de "persona")
ajoute à la virulence du propos. Sur le lien entre nom propre et
véhémence, voir par exemple And. 199,
1 et la note ; et, dans une
moindre mesure, Pho. 352,
4 et la note.
506. L᾽amplification entre
"facere" et "admittere" réside dans le fait qu᾽"admittere"
contient un sème ᾽permissivité᾽ ; alors que "facere" désigne
simplement le fait de faire quelque chose, "admittere" contient
l᾽idée (exprimée par le préverbe "ad-") qu᾽Eschine aurait pu
empêcher que l᾽infamie tombe sur la famille mais ne l᾽a pas fait,
ce qui est plus grave.
507. La figure de "deinotès" est citée
aussi en And. 910, 1, passage auquel on renvoie (voir la note).
L᾽habileté, ici, est dans le zeugme "tu perds de l᾽argent" et "tu
perds ta vie", qui aboutit en effet à une sorte de "terrorisme"
moral, bien dans le double sens du mot grec qui peut désigner à la
fois l᾽habileté ou la terreur.
508. Sans le dire
très explicitement, Donat relie le démonstratif "iste" à la
deuxième personne.
509. Donat reformule : "il a eu à la maison de qui
apprendre" équivaut à "il t᾽a eu à la maison". C᾽est aussi une
manière implicite de préciser, comme il le fait souvent avec des
mots comme "unde", que l᾽adverbe relatif est en fonction de pronom
relatif. C᾽est une situation qui convoque souvent, dans son
commentaire, la figure de syllepse.
510. Peut-être faut-il comprendre que c᾽est la
manière impersonnelle ("on fait de son mieux") de dire quelque
chose de personnel ("je fais de mon mieux") qui est
caractéristique du personnage. Les moralistes de comédie font, de
fait, volontiers dans la généralité.
511. Etymologie habituelle de
"sedulo", qui revient plusieurs fois dans le corps du
commentaire.
512. La question est la suivante :
pourquoi tendre un miroir au jeune homme si c᾽est pour qu᾽il
examine les qualités et les défauts d᾽autrui ? Réponse : parce
qu᾽il y a deux opérations en une. D᾽abord on observe les autres,
ensuite on se regarde soi-même, pour se corriger en se modelant
sur les meilleurs d᾽entre eux. Ce n᾽est donc pas l᾽effet du miroir
qui est visé (l᾽image de soi), mais sa cause (on se compare à ce
qu᾽on a vu juste avant). L᾽expression est assez alambiquée. On
peut s᾽étonner en outre que Donat n᾽ait pas saisi la perche que
lui tendait Térence pour voir dans cette phrase un passage de
méta-théâtre. La métaphore du miroir est en effet utilisée dans la
définition de la comédie que donne Cicéron cité par Evanthius
(Com. 5, 1), et Donat connaît bien ce passage.
513. Cette étymologie est acceptée par les
modernes.
514. Ce n᾽est donc pas la morale en tant que telle,
le bien et le mal dans l᾽absolu, qui intéressent Déméa, mais le
qu᾽en-dira-t-on. Il reste donc parfaitement dans son rôle.
515. Implicitement, Donat rappelle à
nouveau le lien entre "iste" et la deuxième personne. La
reformulation voit dans "istaec" un implicite : "c᾽est toi qui as
raison", et non pas Micion.
516. Le jeu de mots de Cicéron s᾽interprète ainsi :
il y a ambiguïté entre "tu quoque" (toi aussi) et "tu coque" (toi,
cuisinier), surtout si, comme le dit Donat, le vocatif "coque" est
prononcé "quoque" à l᾽époque. Du coup, si l᾽on remonte dans le
commentaire, le choix de Syrus de dire "quod queo" est motivé par
la paronomase avec le verbe "coquo" (prononcé "quoquo"). En
revanche, l᾽autre plaisanterie de Syrus citée pour attester qu᾽il
n᾽est jamais sérieux, ne relève pas de la paronomase mais du jeu
de mot polysémique. Cf. le lemme 427.
517. "Sapientia",
de la famille de "sapor" (saveur) et de "sapere" (avoir du goût)
est ici à prendre au sens étymologique de "goût".
518. Donat signale la valeur générale de la deuxième
personne employée ici par Syrus, et qui équivaut à "on" du
français.
519. La rusticité du personnage de
Déméa est ici caractérisée par son impolitesse (refus de saluer)
et par sa faible connaissance du code des maximes
conversationnelles : alors que "numquid uis ?" est une formule
codifiée de demande de congé, il donne à cette question purement
phatique une réponse que personne n᾽attendait.
520. Encore une
remarque sur les maximes conversationnelles et la valeur
illocutoire des actes de langage : sous la question se niche un
ordre.
521. Est en cause ici, comme presque à chaque fois
dans la même situation, une remarque de syntaxe des genres ou des
cas, qu᾽il arrive à Donat de nommer syllepse. Déméa reprend
l᾽antécédent masculin "is" par le groupe relatif "quam ob rem"
(qui implique donc une chose) : ce faisant, il réifie Ctésiphon.
De même dans l᾽autre exemple cité, où le masculin "eo" est ensuite
remplacé par le neutre "id".
522. Tout dépend du genre du démonstratif "hoc". Si le
pronom est neutre, son référent est alors la proposition
précédente, qui fait mention de l᾽âge d᾽Hégion. Le locuteur, après
avoir dit qu᾽Hégion est un vieil homme, s᾽empresse alors de dire
"pourvu qu᾽à cause de ce grand âge il ne lui arrive pas malheur en
public !". Si le pronom est masculin, son référent est évidemment
Hégion, et le texte se comprend comme un éloge d᾽un homme
irréprochable vis-à-vis de l᾽Etat.
523. On a là un précepte
important, que retiendront les doctes de l᾽époque classique : il
est contre-productif de redire quelque chose que le spectateur
sait déjà. Mais une question doit toujours se poser alors :
comment celui qui arrive, et qui n᾽a pas assisté au premier récit,
est-il au courant de ce qui s᾽est passé ? Ici, la chose est
claire : Géta, qui a le premier raconté l᾽épisode de l᾽enlèvement,
est allé chercher Hégion à qui il avait mission de raconter ce
scandale, qui ne doit pas quitter la sphère familiale. Le second
récit vient donc d᾽avoir lieu hors scène.
524. Cf. Donat Ars maior, GL IV, 379,
26 : "Qualitas pronominum bipertita est. aut enim finita sunt
pronomina aut infinita. finita sunt quae recipiunt personas, ut
ego tu ille ; infinita sunt quae non recipiunt personas, ut quis
quae quid : sunt etiam pronomina minus quam finita, ut ipse iste.
sunt praepositiua, ut quis hic; sunt subiunctivua [uel relatiua],
ut is idem"... (il y a deux sortes de pronoms : de fait ils sont
ou définis ou indéfinis. Les définis sont ceux qui marquent la
personne, comme "ego", "tu", "ille" ; les indéfinis sont ceux qui
ne marquent pas la personne, comme "quis, quae, quid". Il y a
aussi les pronoms semi-définis, comme "ipse", ᾽iste" ; les
préposés, comme "quis", "hic" ; les postposés, comme "is",
"idem"...). La typologie de Donat n᾽est pas homogène. Il signale
qu᾽il y a deux qualités de pronoms, qui distinguent les définis
(comme les pronoms personnels, qui sont définis par la situation
d᾽énonciation) et les indéfinis (comme l᾽interrogatif, à portée
illimitée). Mais les "minus quam finita", les "moins que définis"
(que nous traduisons ici par semi-définis) sont-ils une troisième
catégorie ? Une sous-catégorie des "infinita" ? Des "finita" ? En
tout cas, dans la grammaire de Donat, "ipse" est bien l᾽un des
exemples de ce sous-type : en effet, il accompagne les pronoms
personnels, qui lui donnent donc un peu de "défini", mais il est
polyvalent ("ipse ego", "ipse tu", etc.), et a donc un caractère
moins défini que "ego" ou "tu" . Quant à "is", il appartient à la
catégorie des "subiunctiua", et l᾽on voit que le critère de
différenciation s᾽est déplacé : ces pronoms-ci s᾽opposent aux
"praepositiua" sur un plan syntaxique (ordre des mots) et
sémantique : les "praepositiua" se placent avant leur référent
(ils sont donc cataphoriques, ainsi l᾽interrogatif "quis"), alors
que les "subiunctiua" se placent après leur référent, qu᾽ils
reprenennt (ce sont donc des anaphoriques). L᾽opposition entre les
"minus quam finita" et les "subiunctiua" n᾽est pas bonne, car elle
n᾽est pas exclusive. Ainsi "quis" est cité à la fois parmi les
"infinita" et parmi les "praepositiua". On peut donc
analogiquement imaginer qu᾽un pronom puisse être classé à la fois
parmi les "minus quam finita" et les "subiunctiua".
525. Les deux
reformulations proposées sont hétérogènes sur le plan énonciatif :
au discours direct pour la première, indirect pour la
seconde.
526. Cf. le commentaire à 454,
6.
527. "Facere" est sous-entendu, mais
"facient" est présent dans la proposition rectrice. La notion de
syllepse est ici sans doute motivée par le fait qu᾽il y a une
relative complexe "quae aequum est illos <facere>", dans
laquelle le pronom relatif a une fonction non dans la relative
elle-même stricto sensu mais dans l᾽infinitive qui dépend de la
relative. Procédé banal en syntaxe classique.
528. Son corrélatif est alors
"cliens".
529. "Parens"
désigne le père ou la mère, au pluriel les parents, dans une
relation verticale ; mais il a aussi (comme en français, dans
"nous sommes proches parents") le sens de "membre de la même
famille", dans une relation horizontale ou collatérale. C᾽est ce
que veut dire Donat ici par "aequali loco" : Hégion n᾽est le
géniteur d᾽aucun membre de la familia de Sostrata, mais il leur
est apparenté. Il n᾽est pas impossible aussi que la présence dans
le commentaire de l᾽adjectif "aequalis" ne cache une étymologie
cryptée de "parens" sur l᾽adjectif "par" (égal,
identique).
530. Differentia à trois termes dans le lexique de la
trahison, chacun avec sa spécificité et son exemple littéraire. Le
commentateur de la deuxième main a inséré un exemple virgilien
inutile, dans la mesure où le commentateur principal avait
illustré "defectio" chez Salluste (et la matérialisation de son
sème spécifique avec "sociorum"), "prodo" chez Térence (et la
matérialisation de son sème spécifique avec "gnatum") et "desero"
chez Plaute (et la matérialisation de son sème spécifique avec
"libertos"). L᾽exemple virgilien de la seconde main contrarie
plutôt ce bel ordonnancement, dans la mesure où, dans le rapport
traître vs trahi, il n᾽y a pas dans le vers de Virgile de "parens"
évident.
531. La fin du lemme évoque implicitement la réponse
d᾽Hégion "caue dixeris", "ne dis pas cela". Cette réplique peut en
effet se comprendre comme une réponse euphémistique à Géta, qui
vient de dire "nous sommes morts", ou une accroche à "si deseris
tu" : "si tu nous abandonnes... -Ne dis pas cela...".
532. Même formulation exactement que dans And. 49, 1.
Ce que Donat veut dire ici, comme le montre la suite du lemme,
c᾽est que "iubere" représente une phase psychologique postérieure
à "uelle" : il faut d᾽abord vouloir avant d᾽ordonner.
533. Sur
l᾽établissement du texte, voir la note apposée au texte latin. Les
citations homériques viennent toutes les deux en appui d᾽une
analyse de l᾽hystéron protéron. Un peu plus haut dans le texte de
la première citation, nous lisons "
ἐθέλεις" (tu veux) et le raisonnement est
"sans doute as-tu l᾽intention de me voir faire la grève du combat,
puisque tu m᾽ordonnes maintenant de rendre la fille". Sur la
deuxième, à vrai dire bien plus claire, voir la note du texte
latin.
534. Quelle que soit la solution adoptée, il semble
clair que "liberalis" est situé plus haut que "bonus" dans
l᾽échelle des valeurs.
535. Pourquoi Donat traduit-il en grec un adjectif
latin bien connu ? Est-ce parce qu᾽il cite implicitement le
passage correspondant dans la pièce originale ? Ou est-ce parce
que l᾽adjectif "aequalis" à son époque signifie presque
exclusivement "égal" et que, "aequaeuus" n᾽étant pas bien
fréquent, il juge nécessaire d᾽ajouter un autre synonyme, qu᾽il ne
trouve que dans l᾽autre langue ?
536. La reformulation de
Donat, de l᾽ordre de l᾽évidence, vise peut-être à signaler qu᾽il
s᾽agit de l᾽emploi standard du comparatif, et non pas de l᾽emploi
formulaire de la langue du droit, "amplius", par laquelle le
magistrait renvoyait "à plus ample informé" et demandait davantage
d᾽information pour l᾽instruction de l᾽affaire.
537. C᾽est dans cette citation le verbe
"impellitur" qui fait office du terme "impulsio" (qui est son nom
d᾽action). Donat, comme souvent es lexicographes antiques,
illustre le sème plutôt que le lexème lui-même.
538. La
differentia proposée par Donat tend à montrer surtout qu᾽il y a
une progression du moins fort vers le plus fort, tant chez Térence
que chez Cicéron dans l᾽illustration proposée.
539. Donat ne cite pas
expressément le texte térentien (il écrit "orabat" au lieu de
"orans", etc.) ; disons qu᾽il le cite allusivement : on y trouve
les mêmes mots, mais sous une autre forme et parfois dans un autre
ordre.
540. L᾽atticisme et le caractère
superflu relevés ici signalent en réalité l᾽emploi d᾽un datif
éthique (cf. en français "me" dans "tu vas me la calmer, cette
petite ?"), marque d᾽oralité impliquant de l᾽émotion. Si le grec
connaît cet emploi, le latin le connaît aussi et cela n᾽a rien de
spécialement attique. Peut-être Donat constate-t-il, s᾽il a le
modèle de la pièce grecque sous les yeux, qu᾽il y a un datif
éthique à cette même place ?
541. C᾽est une autre manière
d᾽évoquer l᾽emploi du datif éthique, comme en 476, 4.
542. L᾽enjeu de ce
commentaire est à la fois sur le rapport entre un adjectif
qualificatif et le nom qu᾽il qualifie et sur l᾽usage rhétorique de
la négation. Dire que Socrate n᾽est pas maladroit, si ce n᾽est pas
une litote valant "il est décidément très fort, ce Socrate", est
une tautologie qui tend à abaisser la qualité intrinsèque ; dire
qu᾽un esclave n᾽est pas maladroit relève du compliment occasionnel
et dans ce cas le fait de nier l᾽adjectif péjoratif correspond à
de l᾽emphase. Tout dépend donc de la personne à qui s᾽attache
l᾽adjectif.
543. Comme on le voit de la citation
d᾽Afranius, le tour "ut captus est seruorum" a quelque chose de
formulaire. Les explications embarrassées de Donat nous indiquent
que "captus" est un substantif (de quatrième déclinaison) dont le
sens aiguille soit vers la faculté de saisir quelque chose
(intellectuellement), de le "capter", soit vers les hasards de la
chasse et de la pêche ; "sors", "lot tiré au sort" en est alors un
quasi-synonyme. Le mot s᾽interprète donc comme "coup de filet" ou
"loterie".
544. Simple glose étymologique, qui rappelle
le rapport en "ars" et "iners", et qui remplace l᾽énoncé-litote à
double négation ("neque" + "in-") en énoncé affirmatif
("habens").
545. C᾽est-à-dire qu᾽il fait l᾽éloge
de Géta alors qu᾽il s᾽apprête à le faire soumettre à la question.
L᾽éloge vient donc à l᾽avance minimiser l᾽atrocité de la
proposition suivante.
546. Car on aurait pu craindre que deux femmes seules
n᾽aient d᾽autre solution que de faire métier de leurs
charmes.
547. Soit "alit illas solus, omnem familiam
sustentat" (il les nourrit tout seul, il pourvoit à l᾽entretien de
toute la maisonnée), soit "alit illas, solus omnem familiam
sustentat" (il les nourrit, seul il pourvoit à l᾽entretien de
toute la maisonnée). Comme on voit, cela ne fait guère de
différence.
548. Implicitement
"sustentat", le dernier mot de la scholie précédente.
549. Tant
dans le vers térentien que dans l᾽exemple tiré de
L᾽Enéide, ce qui est en cause c᾽est la morphologie de
l᾽impératif des verbes "dico" (ici représenté par son composé
"edice" dans l᾽extrait virgilien), "duco" (ici "abduce"), "facio"
et "fero" (implicites). La forme correcte d᾽impératif, réputée ici
postérieure, est sans -e final, du moins pour les verbes simples :
"dic", "duc", "fac", "fer".
550. Térence, selon Donat, suit l᾽ordre chronologique
de la procédure. 1-On isole l᾽esclave, 2-on l᾽attache pour éviter
qu᾽il ne fuie, 3-on le torture pour obtenir son témoignage. Dans
ce cas, on peut aussi supposer que l᾽ordre que vise le grammairien
concerne la place du pronom "hunc", mis en facteur commun aux deux
verbes dont il est le COD.
551. Sur cette forme voir
la note apposée au texte latin.
552. Ce commentaire d᾽allure tautologique est en
fait une remarque de morphologie. Il faut interpréter "uinci"
comme impératif présent de "uincire" (attacher) et non comme
l᾽infinitif présent passif de "uincere" (vaincre), ce qui
s᾽interprèterait "abduce uinci" (emmène-le pour qu᾽il soit
vaincu).
553. On se souviendra que les esclaves
ne peuvent déposer valablement que sous la torture. Même si Géta
est d᾽accord pour déposer, il faudra le torturer, au moins pour la
forme, pour que son témoignage ait valeur légale. Voir le vers
suivant.
554. Chez les rhéteurs, la preuve
non-technique est celle qui peut être administrée sans déduction
de la part de l᾽enquêteur. L᾽aveu en fait partie, la torture en
est donc un moyen. Cf. par exemple Cic. Part.
6 et
48 (sous
l᾽appellation "sine arte <argumenta>"), Rh. Her. II, 9-
12 et
Quint. V, 1, 1.
555. Donat veut dire que le préverbe
"ex-" a une valeur intensive.
556. Reformulation dans laquelle, comme souvent,
Donat utilise des synonymes dotés du même préfixe.
557. Donat n᾽utilise pas, en général, ce terme de
"procuratio" pour parler de préparation (d᾽un prochain épisode,
d᾽un prochain effet scénique, etc.). Nous supposons qu᾽il s᾽en
sert ici sous la pression morphologique forte du terme grec
προθεράπευσις,
qu᾽il vient peut-être de découvrir, en tout cas d᾽utiliser au
commentaire du vers 481, et qui est le modèle du calque
morphologique "pro-cura-tio". Signalons que peu après il utilise
un autre terme inédit apparenté à
προθεράπευσις, à savoir
ἐπιθεράπευσις (Ad.
500). Devons-nous supposer qu᾽il a sous la main une fiche
lexicologique sur la famille du verbe grec
θεραπεύω ?
558. L᾽invocation de la jeune femme relève du
"copier-coller" : on la retrouve identique, dans les mêmes
circonstances dramaturgiques, dans la bouche de la jeune
parturiente de And. 473. Et, comme dans
L᾽Andrienne,
cette réplique se fait depuis la coulisse. Donat le note en And.
473, 4. Il en fait aussi la remarque dans la Préface de
L᾽Andrienne, Praef. 1, 9. Il existe donc une règle de
bienséance qui fait qu᾽on ne montre pas sur scène une jeune fille
sage et honorable. Les personnages féminins qui se montrent sont
des matrones, des entremetteuses, des esclaves, des accoucheuses,
des nourrices, etc., et surtout des courtisanes. Pour ce qui est
de la représentation, quel est le statut de cette réplique
hors-scène ? Un acteur non visible se contentait-il de la dire
depuis le postscaenium ? Ou utilisait-on une machine, comme
l᾽eccyclème, pour montrer conventionnellement au spectateur un
épisode qui se passe à l᾽intérieur de la maison ?
559. La construction "decet
uobis (facere)" est correcte, mais on attend plutôt "decet uos
(facere)". D᾽où le passage par le grec. Donat veut dire que la
tournure avec le pronom au datif est influencée par l᾽expression
grecque correspondante. On peut comprendre implicitement qu᾽il
cite ici Ménandre, le modèle de Térence.
560. Son caractère grave et sérieux
est marqué par le ton solennel et décidé de cet "ego,
Demea".
561. Comprendre : il dit
"j᾽essaierai" et non pas "je réussirai", pour qu᾽on ne puisse pas
lui dire qu᾽il a échoué. Il donne donc des assurances sur sa
motivation, non sur le résultat. Par ailleurs Donat n᾽explique pas
ici, comme il l᾽avait fait plus haut à propos d᾽une réplique de
Sostrata (Ad. 350 1), qu᾽"experiar" a sans doute son sens
technique de "j᾽esterai, j᾽irai en justice".
562. Si l᾽on comprend bien le
commentaire, Donat, d᾽une façon apparemment toute tautologique,
semble dire que le sens de "spondere" est "dire ᾽spondeo᾽".
Comprendre que "spondeo" dans son emploi performatif (je m᾽engage)
est devenu formulaire dans la langue des tribunaux ; à partir de
là, il peut devenir un verbe délocutif (au sens benvenistien),
mais au sens de la délocutivité généralisée (cf. les travaux
d᾽Anscombre et Ducrot), "dire spondeo" ; de là, il perd sa valeur
performative et sa valeur délocutive et décrit simplement
l᾽activité de celui qui intente un procès, le plaignant. D᾽où
"respondere" (d᾽où est parti le commentaire), au sens de
"᾽spondere᾽ à son tour", donc "plaider en second dans un procès".
Donc Hégion se pose en plaignant (celui qui, implicitement,
"spondet"), Déméa et Micion, à qui il a (métaphoriquement) intenté
un procès, sont en position de répondeurs.
563. Chez
Virgile, on lit d᾽ordinaire "loquelas" (paroles doucereuses). Le
ms. K de Donat a d᾽ailleurs rectifié la citation en ce
sens.
564. Le commentateur de la seconde
main fait, lui, une étymologie implicite par le grec, rapprochant
(légitimement) "(re)spondeo" du grec
σπένδω (faire une libation),
σπονδή (libation), d᾽où
la "traduction" par le verbe "fundere" et l᾽exemple virgilien en
appui. De fait les deux séries lexicales sont apparentées via
l᾽indo-européen, mais assez éloignées sur le plan sémantique.
L᾽idée de base est celle de "garantir par une libation
solennelle" ; le latin a mis en valeur l᾽acte de langage
("s᾽engager"), le grec l᾽opération religieuse ("faire une
libation, une offrande liquide").
565. Le commentaire porte donc sur le sens de
l᾽adverbe "facil(lim)e".
566. C᾽est
là une remarque de "Donat" éditeur de texte et comparant plusieurs
volumes de Térence ou de commentaires précédents.
567. Autrement
dit, cette courte scène marque-t-elle la fin d᾽un dialogue
commencé chez Sostrata et qui se conclut avec le retour sur scène
d᾽Hégion, qui continue à parler à son interlocutrice qu᾽on ne voit
ni n᾽entend, ou est-elle la première phrase d᾽un nouveau
développement ?
568. Dans un
lemme au texte un peu embarrassé (et indécis par endroits), il est
difficile d᾽être sûr de déterminer ce que commente Donat.
Peut-être tâche-t-il de faire une distinction entre "intro"
(qu᾽avait prononcé Hégion quelques vers plus haut, pour demander à
Géta de l᾽introduire chez Sostrata) et "intus", qu᾽on trouve dans
l᾽exemple cité de
L᾽Andrienne et qui clôt la pièce.
On sait que, pour les Latins, qui à cet égard optent pour le point
de vue de la coulisse, "entrer" signifie "aller dans une maison du
décor" et donc "sortir de scène". Réciproquement, "sortir"
("exire", "egredi") signifie ce que nous appelons "entrer sur
scène". Ici donc, Donat voit peut-être, entre "aller ᾽intro᾽" et
"aller ᾽intus᾽" une distinction entre deux lieux scéniques.
"Intus" désigne le hors-scène, ce lieu invisible où se concluent
par exemple les contrats de mariage de la toute fin ; "intro"
désignerait, par opposition, un lieu codifié de l᾽avant-scène. On
devrait donc voir Hégion parler (muettement d᾽abord) à Sostrata
pendant que se déroule la fin de la scène précédente. Donat
signale (en grec) que c᾽est invraisemblable. Alors pourquoi a-t-il
cette idée ? Peut-être pour éviter une scène vide : Hégion quitte
avec Géta la scène pour entrer chez Sostrata, le temps pour Déméa
de faire un court monologue. Puis Déméa quitte la scène (alors
vide). Puis Hégion revient, pour une minuscule réplique qui
clôture l᾽acte III. Donc s᾽il est resté en avant-scène ("contre le
vraisemblable"), il permet de faire une liaison de scène entre
III,
4 et III,
5 (scène qui n᾽existe pas dans tous les
exemplaires, selon le commentaire inaugural de cette scène) et
évite au plateau de rester vacant un tout petit peu trop
tôt.
569. Apparemment
Donat voit dans "sis" la formule de politesse (équivalant à notre
"s᾽il te plaît") qui adoucit le caractère trop impérieux d᾽un
ordre. De fait, il fait un rapprochement avec la formule "si eis
uideatur", dans laquelle on a une proposition hypothétique. Or
"sis" est l᾽abrégé de "si uis", "si tu veux". C᾽est donc ce mot
que Donat analyse ici. Mais on peut aussi plutôt voir dans ce
"sis" la forme de subjonctif de "sum" et comprendre "fais en sorte
d᾽être ("fac sis", avec un subjonctif de parataxe) de bonne
composition". C᾽est bien, en tout cas, la structure qu᾽on trouve
juste en dessous : "istam fac consolere" avec subjonctif
paratactique. Est-ce parce que Donat s᾽attend à trouver chez
Térence plutôt la forme "sies" pour le subjonctif qu᾽il analyse de
cette façon un peu acrobatique la forme "sis" ? Peut-être, si l᾽on
en juge selon son commentaire de 934, 3 : voir notre note ad
loc.
570. Le mot
"consolere", à moins qu᾽il ne s᾽agisse de comprendre "comme la
voix même d᾽Hégion est triste", selon le sens qu᾽on donne au mot
"uox" ("voix" ou "mot").
571. Au vers 401, dans la scène
3 de l᾽Acte
III.
572. Donat veut dire que si
Térence avait mis "triduum" à l᾽accusatif de durée, cela
signifierait d᾽emblée "pendant ces trois jours pleins" ; avec
l᾽expression "hoc triduo" à l᾽ablatif, le sens est plutôt "dans
l᾽intervalle de ces trois jours", et il faut ajouter "perpetuo"
(en continu) pour que cela devienne une pleine et entière
expression de la durée sans interruption.
573. Le commentaire et le lemme
commenté n°
2 ne sont pas en phase, ce qui explique que Wessner
ait posé des cruces autour du lemme, comme il le fait
systématiquement dans ce cas-là. Nous les supprimons, car le texte
édité (qui est celui de Térence) ne pose aucun problème. Il est
clair, en revanche, que Donat continue de commenter la réplique de
Syrus qui est l᾽objet du commentaire du lemme 1 : le jeune homme a
souhaité que son père se fatigue au point de ne pas bouger de son
lit pendant trois jours, à quoi Syrus renchérit en disant "et
mieux encore si possible", ce qui peut s᾽interpréter de deux
façons : "qu᾽il reste alité encore davantage" (et c᾽est sur la foi
de cette interprétation que Ctésiphon répond "oui"), ou "qu᾽il
crève !", ce que Ctésiphon, par souci de convenance, ne comprend
pas.
574. Il s᾽agit là du seul fragment
conservé de cette comédie de Naevius. Donat le cite comme exemple
de jeune homme de comédie qui reste en dehors de la convenance en
souhaitant la mort de ses parents.
575. Il est
en effet fait référence au type de comédie, ici le "senex",
vieillard généralement débile, au sens physique du terme, par
opposition avec le "seruus currens". Donat dira en
541 que le
senex est bien faible physiquement, ce qui motive une invention
dramaturgique de Térence pour sauver la vraisemblance.
576. Le pléonasme est dans la
jonction de l᾽adverbe négatif "numquam" et du pronom positif
"quicquam" (qui n᾽enlève rien à la polarité négative de l᾽énoncé).
C᾽est le même genre d᾽effet qu᾽on a en français dans un tour comme
"il n᾽a rien fait du tout" dans lequel "du tout" ne semble avoir
aucune autre fonction que d᾽appuyer l᾽assertion
négative.
577. Pas plus qu᾽il n᾽interprétait plus haut le
double sens à propos de la mort souhaitée de son père. Donat,
après avoir invoqué la convenance (il serait inconvenant qu᾽un
jeune homme souhaite la mort de son père), invoque ici la
typologie des caractères : inculte et tenu à l᾽écart de la ville,
Ctésiphon se conforme à son rôle en n᾽interprétant pas les doubles
sens.
578. Comme
plus haut, lemme et texte commenté ne sont pas en phase. Nous
éliminons les cruces de Wessner. Le commentaire ici porte en
réalité sur la réponse de Syrus en fin de vers "potest", sur
laquelle on peut développer l᾽ellipse "<fieri ut> ueniat in
mentem" (si, ça peut venir à l᾽esprit).
579. On croit
avoir là un argument d᾽un de ces pères jésuites que fait parler
Pascal dans les
Provinciales !
580. Cf. Cic. Fat. 1 ; Quint. III, 8, 25.
581. Il n᾽y a pas en soi de contradiction entre les
lemmes
1 et 3. Donat, cherchant comme d᾽habitude à attribuer les
répliques de la façon la plus plausible, finit par dire que les
mots semblent plus adaptés au caractère de Ctésiphon, mais que, en
même temps, il serait plus drôle que ce soit Syrus qui les dise.
On ne sait pas comment il a tranché en définitive dans ce
débat.
582. Sous cette tautologie apparente,
Donat signale que le verbe "calleo" est ici utilisé en emploi
transitif, ce qui fait de lui un verbe de
connaissance.
583. Il existe deux verbes de même sens, "ferueo"
(infinitif "feruēre") de la deuxième conjugaison, et "feruo"
(infinitif "feruĕre") de la troisième conjugaison. Ce dernier est
archaïque. En revanche, Donat ne signale pas s᾽il analyse la forme
"feruit" comme un indicatif présent ou comme un indicatif parfait.
Nous l᾽avons traduite (dans la version française de la comédie)
comme un parfait.
584. C᾽est un lemme très long par rapport aux usages
de Donat. Il consiste en une notule sur le sens et l᾽origine du
proverbe "lupus in fabula". Le caractère proverbial est assez
net : cf. Otto 1962 ; Cicéron l᾽évoque dans une lettre à Atticus
(Att. 13, 33 a : "de Varrone loquebamur ; lupus in fabula. Venit
enim ad me", "nous étions étions en train de parler de Varron ; le
loup de la fable : le voici qui vient vers moi"), ainsi que
Servius dans le commentaire qu᾽il donne au vers de la neuvième
Bucolique que cite Donat dans ce lemme (Serv. ad Buc. 9, 54 :
"unde etiam prouerbium hoc natum est lupus in fabula quotiens
superuenit ille de quo loquimur", "d᾽où vient le proverbe ᾽lupus
in fabula᾽, dès que survient celui dont nous parlons) ou le
grammairien Pompée (GL 5, 311,
31 "de nescioquo loquebaris, et
subito uenit is, dicis tu lupus in fabula", "tu étais en train de
parler de n᾽importe qui et le voilà qui vient : toi tu dis ᾽lupus
in fabula᾽"), sans parler de Donat lui-même dans son grand traité
de grammaire (GL 4, 402, 11) ; bien sûr on pourrait penser que
dans tous ces cas il s᾽agit au fond d᾽une citation du vers des
Adelphes et que l᾽expression pourrait n᾽être devenue
proverbiale qu᾽à partir de Térence, mais en fait on la trouve
aussi chez Plaute (Stich. 577) avec la variante "lupus in
sermone" ; dans cette pièce aussi il est question de l᾽arrivée
fortuite de celui dont on parle précisément. Mêmes circonstances
et variation d᾽expression : on est bien dans le domaine du
proverbe. Mais il semble qu᾽on puisse hésiter sur la valeur
contextuelle de ce tour. Chez Térence, Plaute, Cicéron, il y est à
chaque fois question de l᾽irruption de la personne dont on parle,
irruption qui n᾽est pas nécessairement une menace, comme on le
voit chez Cicéron. On est alors dans le registre de "Tiiens, quand
on parle du loup...". Mais Donat explique que cela revient à dire
"Tais-toi !", comme si l᾽arrivée inopinée de telle personne
représentait nécessairement une menace. De fait pour les Romains,
l᾽apparition d᾽un loup dans l᾽enceinte d᾽une ville était un
prodige qu᾽il fallait expier selon une procédure complexe. Voir
Trinquier (2004).
585. Williams
(1970) et Jocelyn (1971) s᾽accordent à conserver le texte "Capua"
(voir la note apposée au texte latin) et à le justifier, même
s᾽ils divergent un peu dans leur interprétation. Williams,
s᾽inspirant de pratiques de comptines anglaises connectées à
l᾽actualité (baby baby naughty baby / hush, you squalling thing, I
say. / Peace this moment, peace, or maybe / Bonaparte will pass
this way (Williams (1970, p. 65)), suppose que ce loup venant de
Capoue serait né de la figure repoussoir d᾽Hannibal. Jocelyn quant
à lui suppose qu᾽il s᾽agit d᾽un loup-garou, Pétrone attestant
qu᾽on peut à Capoue se transformer aisément en loup-garou (Sat.
62). Peut-être faut-il voir dans le loup de Capoue une allusion à
Spartacus, Crixus et Oenomaus, tous trois originaires du "ludus"
de Capoue et qui ravagèrent comme on le sait la péninsule
italienne pendant de longs mois en
73 avant J.C. Dans cette
dernière hypothèse, la lexie "le loup de Capoue" serait devenue
proverbiale après l᾽époque de Térence et Donat ferait un
anachronisme en expliquant le tour de Térence par cette lexie
populaire.
586. C᾽est à l᾽origine du
proverbe que s᾽intéresse dans la fin de ce lemme copieux le
commentateur. Il semble qu᾽il en voie trois possibles, toutes en
relation avec un sens de "fabula". 1. D᾽abord, il rappelle une
croyance populaire folklorique paysanne ("fabula") : les gens
croient que voir un loup ou être vu par un loup fait perdre la
parole. Pline (8, 80) relaie cette légende : "Sed in Italia quoque
creditur luporum uisus esse noxius uocemque homini, quem priores
contemplentur, adimere ad praesens" (mais en Italie aussi on croit
que voir un loup est dangereux et qu᾽un homme que les loups ont vu
en premier se voit ôter immédiatement la voix) ; Isidore de
Séville (Et. 12, 2, 24) la colporte aussi : "rustici aiunt uocem
hominem perdere, si eum lupus prior uiderit" (les paysans disent
qu᾽un homme perd la voix si un loup l᾽a aperçu en premier ; texte
identique chez le grammairien Julien de Tolède citant un exemple
de paroemia "proverbe"). Et il existe des traces grecques de cette
croyance : cf. Platon Rep. 1, 336 d. A l᾽appui de cette origine
paysanne et folklorique, Donat cite Théocrite et Virgile. Le
proverbe signifie donc originellement "le loup dans la croyance
populaire". 2. Ensuite, il évoque des histoires de bonnes femmes
("in nutricum fabulis"), qui racontent aux petits enfants des
récits terrifiants sur le loup, sans doute pour qu᾽ils restent
prudemment dans leur lit. Le proverbe veut alors dire au départ
"le loup dans les histoires de bonnes femmes". 3. Enfin, une
troisième origine possible (que Donat réfute comme mensongère) est
liée au sens littéraire de "fabula", pièce de théâtre. Un loup
serait entré sur scène, sans doute au moment où l᾽on parlait de
lui, pendant la représentation d᾽un drame historique ("fabula
praetexta") de Naevius intitulée, selon les sources, soit
Romulus, soit
Lupus (
Le
Loup), soit
Alimonium Remi et Romuli
(littéralement "la nourriture de Rémus et Romulus", allusion à
leur petite enfance nourrie au lait de la louve). Le proverbe
signifierait alors "le loup dans la pièce de Naevius".
587. C᾽est la citation récurrente
pour illustrer ce sens affirmatif de "ne".
588. Le latin, notamment archaïque,
utilise de façon figée des substantifs au génitif partitif pour
accompagner des adverbes de lieu : "ubi terrarum" (où parmi les
terres ?), "nusquam gentium" (nulle part parmi les nations), etc.
Cf. le français "nulle part au monde". La suppression du mot au
génitif n᾽entache en rien le caractère grammatical de la phrase,
et c᾽est ce que commente ici Donat.
589. Le commentaire porte sur la
vraisemblance. Un personnage de jeune homme, comme le fait Phédria
dans
L᾽Eunuque quand sa maîtresse tente de l᾽éloigner
trois jours de la ville, peut faire l᾽aller-retour maison de
ville-maison de campagne au pas de course sans rompre la
conformité avec son personnage. Mais avec un vieillard, la
situation serait soit invraisemblable, soit si pathétique qu᾽elle
friserait le tragique. D᾽où la rencontre que Déméa fait d᾽un de
ses ouvriers à peine sorti de scène et qui lui évite de rentrer
jusqu᾽à son domaine. Il reste donc disponible pour le reste de
l᾽action et se cantonne dans les limites physiques qui sont celles
de son personnage. Donat fait apprécier l᾽extrême attention au
détail de Térence, mais fait en même temps admirer la
sienne.
590. Autrement dit : "a uilla" est-il un complément
d᾽origine développant un verbe de mouvement qui resterait
implicite, ou est-ce une variante de "de uilla" en fonction de
partitif ?
591. Implicitement "nisi me credo".
592. Implicitement "nisi quia me credo". Il
n᾽est pas sûr que l᾽expression rectifiée soit meilleure que
l᾽originale, dont on ne voit pas exactement ce qu᾽elle a
d᾽inédit.
593. Comprendre
que "huic rei" (ou sa reformulation "ad hanc rem") est en emploi
cataphorique pour annoncer le complément qui suit : "que je suis
né pour cela, à savoir subir des avanies".
594. Procédé qui consiste à
répéter une structure en tête de segment. Déjà noté en
496 et 33,
6. C᾽est Estienne (1529) qui propose de voir sous la lacune
unanime des mss. le mot grec ἐπαναφορά. Il est donc en quelque
sorte l᾽auteur de la scholie 546, 1.
595. "Obnuntio" est donc analysé
comme un composé dont le premier membre est le substantif "omen"
(présage) et non un préverbé en "ob-", ce qui est bien surprenant
(surtout eu égard à l᾽opposition qui est faite d᾽abord avec
l᾽autre préverbé "ad-nuntio"). Il semble, à la lecture du TLL,
confirmée par Maltby (1991), que Donat soit le seul à imaginer
cette étymologie.
596. Sur cette typologie, voir la note à 2,
4 et à 319, 1.
597. Les deux mêmes citations sont utilisées aux
mêmes fins au commentaire au vers 319, 1.
598. Il ne s᾽agit
pas d᾽une remarque morphologique. "Taces" et "respondes" ne sont
pas des formes archaïques d᾽impératif. Donat fait une remarque
stylistique : les Anciens utilisaient un tour interrogatif à
l᾽indicatif en lui donnant pragmatiquement la valeur d᾽un ordre.
Cf. en français un tour comme "Vas-tu te taire ?".
599. C᾽est-à-dire que Térence
insiste davantage sur le déplacement vers la cachette que sur le
résultat de l᾽opération. Mais on ne voit pas trop ce que cela a
d᾽"élégant".
600. Ce prétendu sens propre n᾽est
pas connu. Le mot "gannitus" désigne le jappement du chiot ou le
grognement de plusieurs animaux. Pour les plaintes humaines, il
n᾽est que métaphorique.
601. Cf. la
remarque faite au vers 544.
602. Ces
trois premiers lemmes forment un tout. La question est sur le sens
de "usque occidit" : si "occidit" veut dire "tuer" (procès qui ne
souffre pas de degré), alors c᾽est que "usque" veut dire
"presque" : "il a failli me tuer", "pour un peu il me tuait". Mais
peut-être faut-il comprendre "occidit" avec son sens archaïque de
"frapper", auquel cas "usque" est un intensif : "il m᾽a beaucoup
frappé". La troisième solution envisagée implicitement relève de
l᾽idiotisme comique, du tic de langage (lemme 3) : "usque" et
"occidit" ont leur sens moderne, et la phrase est absurde : "il a
été jusqu᾽à me tuer" : comment peut-on dire cela après avoir été
roué de coups à mort ? Est-ce donc un mort qui parle ? C᾽est ce
que signifie le lemme 3.
603. Il
existe en effet deux formes homographes, distinguées par la seule
quantité du i central : 1. "dis-cīdit", parfait de "discīdo"
(composé de "caedo", "couper"), lequel verbe semble ne pas avoir
de parfait en réalité : c᾽est l᾽option d᾽Asper ; 2. "di-scĭdit",
parfait de "discindo", composé de "scindo", "déchirer". Dans ce
débat où, une fois n᾽est pas coutume, Donat prend parti de façon
personnelle, on peut donner raison à Asper, metri causa : c᾽est ce
que propose Marouzeau dans son commentaire métrique du vers
559 à
la p.
186 de son édition du théâtre de Térence, C.U.F., tome
3.
604. Comprendre que, en soi et pour
soi, le fait pour un maître de fouetter son esclave est de l᾽ordre
du normal ; pour rendre cette situation pathétique, il faut
ajouter des éléments, par exemple celui du grand âge de l᾽esclave.
Cf. aussi le commentaire au vers 566, 2.
605. Cf. 562, 2.
606. Donat signale le caractère perlocutoire de la question de
Déméa qui, en demandant si son frère est là de façon ouverte
(particule neutre "-ne") ne veut en réalité entendre que la
réponse "oui" (ce qui ressortit à la particule "nonne"
normalement). Malgré cela, l᾽esclave répond "non", ce qui est la
stricte vérité, mais n᾽est pas conforme à ce qu᾽espère
Déméa.
607. Donat feint
d᾽être gêné par la présence de deux adverbes de temps qui semblent
se contredire : un événement peut-il se produire à la fois jamais
et aujourd᾽hui ? Deux solutions à ce problème : le second adverbe
est inutile ; ou bien il n᾽y a pas d᾽incompatibilité, car l᾽un est
générique et l᾽autre spécifique : "jamais" a un sens absolu qui
peut être relativisé par la mention d᾽un adverbe plus précis ; le
tour signifie alors (comme le montre la glose que fait le
commentateur) "jamais, du moins dans le cadre de cette
journée-ci". Quant au vers de Virgile, déjà cité deux fois dans
les pages qui précèdent, et deux fois dans le commentaire à
L᾽Andrienne, il donnait lieu à deux autres
explications. En 157, il disait que "numquam" valait "non" (de
même en And. 410, 2, avec une valeur renforcée, dit-il) ; en 215,
2, il disait que "hodie" n᾽était pas un adverbe de temps mais une
marque de colère (même explication aussi en And. 196, 1). S᾽il n᾽y
a pas une cohérence extrême en l᾽espèce, on peut tout de même
signaler que la présence de "numquam", de "hodie" ou de "numquam
hodie" appelle chez lui le vers de Virgile à la vitesse du
réflexe.
608. Commentaire
didascalique ; le "baculum" est donc un accessoire du vieillard de
comédie.
609. L᾽aparté proposé porte sur "hac te
praecipitato" : "quand tu y seras arrivé, il y a en face un
chemin. (bas) Jette-toi dans ce précipice". Ce peut être un aparté
avec ce sens de "praecipitato", qui s᾽apparente à un souhait de
mort, mais ce peut être également un véritable itinéraire : "il y
a une descente, tu la prends tout droit".
610. Sur le texte proposé, voir la note apposée au
texte latin. Ces deux lectures ne sont évidemment pas de même
niveau. "Clauus" n᾽a aucun sens (à moins de supposer que le vieux
doit se jeter tête la première contre un clou !), et "cliuus" est
la seule lecture possible. D᾽ailleurs c᾽est la seule que Donat
commente.
611. Le texte de Wessner (qui figure sous la forme
"
τῶν πρός τι
προσῆκον" lue dans un manuscrit, les autres laissant là
une lacune) peut à la rigueur signifier que l᾽expression
"participe des noms relatifs" (
πρός τι). Or ce n᾽est pas le cas : on est
en réalité dans la catégorie des quasi-relatifs (
πρός τί πως ἔχοντα). Il
faut donc rétablir une leçon plus conforme aux attentes pour
l᾽expression grecque. Donat évoque ici (avec la paire canonique
"gauche" vs "droit") la catégorie des noms quasi-relatifs, qui
s᾽appellent l᾽un l᾽autre dans une relation binaire et
complémentaire. Or les grammairiens la connaissent sous la forme
τῶν πρός τί πως
ἔχοντα : cf. Probus [Palladius], GL 4, 119, 37 : "sunt
nomina, quae Graeci
τῶν
πρός τί πως ἔχοντα appellant, id est ad aliquid quodam
modo habentia, ut puta dexterior superior inferior. iunguntur enim
quibus respondeant, ut puta dexterior oculus, superior dens,
inferior uestis" (il y a aussi les noms que les Grecs appellent
τῶν πρός τί πως
ἔχοντα, c᾽est-à-dire qui se comportent d᾽une certaine
façon à l᾽égard de quelque chose, comme par exemple "à droite",
"supérieur", "inférieur". Car ils se joignent aux éléments
auxquels ils répondent, comme par exemple "œil droit", "dent du
dessus", "vêtement de dessous") ; avec des formulations très
comparables, on a aussi : Char., GL 1, 156, 8 : "sunt his similia
quae Graeci dicunt
τῶν
πρός τί πως ἔχοντα, id est ad aliquid quodam modo se
habentia, ut dexterior sinisterior" ; Diom., GL 1, 322, 29 : "et
similia
τῶν πρός τί πως
ἔχοντα, id est ad aliquid quodam modo adtendentia uel
taliter qualiter se habentia, ut dexter sinister". ; ars
Bobiensis, dans GL 1, 536, 9. Dosithée (GL 7, 390, 1), qui a la
particularité d᾽offrir un traité grammatical bilingue, donne ici
deux variantes terminologiques : en latin, il utilise la même
formule grecque que tous les autres : "sunt his similia quae
Graeci dicunt
τῶν πρός
τί πως ἔχοντα, id est ad aliquid quodam modo
adtendentia, ut dexterior sinisterior" ; mais en grec il dit
bizarrement "
τῶν πρός τί
προσέχοντα". Il résulte de ces comparaisons que le texte
grec de Donat devait avoir la forme canonique
τῶν πρός τί πως ἔχοντα,
que nous rétablissons ici.
612. Nous ne savons pas à quel texte de Varron Donat
fait allusion, mais cette même étymologie est prêtée à Trebatius
dans les
Nuits attiques d᾽Aulu-Gelle (7, 12, 4-6) :
"sicut hercle C. quoque Trebatio eadem concinnitas obrepsit. Nam
in libro de religionibus secundo : ᾽sacellum᾽ est inquit locus
paruus deo sacratus cum ara. Deinde addit uerba haec : ᾽Sacellum᾽
ex duobus uerbis arbitror compositum ᾽sacri᾽ et ᾽cellae᾽, quasi
᾽sacra cella᾽.
6 Hoc quidem scripsit Trebatius ; set quis ignorat
᾽sacellum᾽ et simplex uerbum esse et non ex ᾽sacro᾽ et ᾽cella᾽
copulatum, sed ex ᾽sacro᾽ deminutum ?" (De même, la même
régularité a surpris C. Trebatius. En effet, dans le second livre
de son traité
Sur les religions, il écrit : "ce qu᾽on
appelle ᾽sacellum᾽ est un petit lieu consacré à un dieu avec un
autel". Puis il ajoute ces mots : "sacellum est, je crois, composé
des deux mots ᾽sacer᾽ et ᾽cella᾽, comme si c᾽était ᾽sacra cella᾽".
Voici certes ce qu᾽écrit Trebatius. Mais qui ignore que "sacellum"
est un mot simple, qu᾽il n᾽est pas composé de "sacer" et de
"cella" mais est un diminutif de "sacer" ?). On remarque que Donat
évoque seulement le début du passage d᾽Aulu-Gelle et ne réfute pas
cette étymologie qui est pourtant impossible.
613. Hom. Il. 6, 433 :
λαὸν δὲ στῆσον παρ᾽
ἐρινεόν... (arrête l᾽armée devant le figuier
sauvage...).
614. Verbe qui implique
sémantiquement un sème d᾽effort.
615. Deux
étymologies sont proposées pour le mot "angiportum" (et
concurremment pour sa variante plus fréquente "angiportus"). 1.
soit le morphème "angi-" désigne le serpent ("anguis", ici écrit
"angi-" selon une variante graphique qu᾽illustre le couple
"Anguitia/Angitia"), ce qui implique le sème ᾽sinueux᾽ ("curua") ;
2. soit il exprime le sème ᾽étroit᾽ comme les lexèmes apparentés
"angor", "ango", "angustus". Quant au second élément, "portus", il
signifie fondamentalement "passage", notamment "voie, rue". Mais
il signifie aussi "maison", comme le précise Donat : de fait
Festus voit ce sens dans la
Loi des XII Tables, II,
3 (Fest. 262, 19 : "portum in XII pro domo positum omnes fere
consentiunt", "tous s᾽accordent à dire que le mot ᾽portus᾽ dans
les
XII Tables est mis pour ᾽domus᾽, ᾽maison᾽"). Le
rapprochement avec "insula", qui est le nom de l᾽îlot de quartier,
voire de l᾽immeuble, par lequel Donat semble voir une même
métaphore marine, est fortuit : si "insula" est bien une
métaphore, portus "passage" a, lui, son sens standard.
616. Le tour "censen me hominem
esse ? Erraui" peut se comprendre autrement, en référence au
proverbe "errare humanum est" dont on a des traces assez
anciennes, par ex. Cicéron Phil. 12, 5 : "cuiusuis hominis est
errare, nullius nisi insipientis in errore perseuerare" (c᾽est le
propre de n᾽importe quel humain de se tromper, mais seulement d᾽un
imbécile de persévérer dans l᾽erreur), et qu᾽on peut supposer
hérité de la sagesse populaire romaine de toute époque. Ce que
Syrus veut peut-être dire est alors : "Je suis bien un homme, à
ton avis ? Eh bien, je me suis trompé".
617. L᾽adverbe "sane" a le même sens
intensif que "ualde" comme, analogiquement, les adjectifs
correspondants "sanus" et "ualidus", sont synonymes.
618. Differentia entre les deux substantifs dérivés
de "errare". Cette differentia souligne la valeur des suffixes
servant à former "erratio" et "error" : le suffixe "-tio" sert à
dénoter une action concrète, ici, le fait d᾽errer. Cependant,
malgré la réalisation des deux formations, "erratio" est très peu
employé et "error" désigne en réalité aussi bien le fait d᾽errer
physiquement que celui d᾽errer mentalement.
619. Donat s᾽intéresse souvent à l᾽onomastique
comique. Notons ici la phraséologie typique de l᾽étymologie à
partir du grec avec "créolisation" du propos et reprise du segment
grec en latin par l᾽intermédiaire d᾽un "id est", selon le schéma
"Y
ἀπὸ τοῦ Y
id est ab X", ce qui semble par transitivité créer un lien
étymologique absurde entre Y et X, qui n᾽appartiennent pas au même
idiome. C᾽est néanmoins une formulation habituelle chez les
lexicographes.
620. Isidore de Séville (Et.
15, 2, 22) voit lui aussi un rapprochement entre "porta" et le
verbe "portare", mais simplement dans la mesure où la porte est ce
qui permet d᾽importer ou d᾽exporter quelque chose ("importari",
"exportari"). Pour Donat (qui ne fait pas le rapprochement avec
"portus", "passage" dont il a parlé il y a peu, en 578), la porte
est donc l᾽endroit où le fondateur de la ville nouvelle "porte" la
charrue pour interrompre le sillon laissé par le soc.
621. Voir Varr. RR, 1, 13, 3.
622. Donat veut donc dire que
le mot "pistrilla" est un diminutif de "pistrina" et non pas de
"pistrinum", à cause du genre des deux mots considérés, même s᾽il
existe des contre-exemples de couples dans lesquels mot simple et
diminutif n᾽ont pas le même genre. Parmi les couples cités, très
récurrents chez les grammairiens, tant sur la question du genre
que sur celle des diminutifs, le dernier est moins convaincant,
car "canis" est aussi bien masculin que féminin (il participe du
"genre épicène" des grammairiens, susceptible de variation de
genre "hic canis" vs "haec canis"), en sorte que le diminutif
féminin n᾽a rien de surprenant. En outre, le mot diminutif a
souvent un sens métaphorique par rapport au simple : "ranunculus"
désigne aussi (ou surtout) la renoncule, "scutella" désigne un
plat et non un élément de l᾽armure, "canicula" désigne un poisson
ou la chenille, etc. Du coup, le genre du mot suffixé peut être
influencé par un terme hyperonymique du même champ sémantique :
"scutella", féminin comme "patina" (plat), etc.
623. Les
répliques n᾽étant pas formellement attribuées dans tous les
exemplaires, il en résulte parfois de l᾽ambiguïté. Donat règle
presque toujours la question à son avantage. Mais sans doute pas
dans le cas présent. Syntaxiquement, on peut considérer que la
proposition "ubi potetis uos" est dans la suite de la réplique de
Syrus et dite par lui (à condition de ne pas lui donner le ton
interrogatif) : "...des chaises longues pour que vous vous y
soûliez". Mais dans ce cas, on ne comprend pas qui représente
"vous". En tout cas, cela implique par définition son
interlocuteur Déméa. Or on imagine mal que Micion ait commandé des
meubles de jardin pour recevoir son rustaud de frère et y boire
avec lui de concert, étant donné ce que nous savons de leurs
rapports. Donc la réplique est bien prononcée par Déméa, et "vous"
désigne Syrus, Micion, Eschine et toute cette bande de
désœuvrés.
624. Donc
soit "i sane" (dans cette hypothèse, l᾽adverbe est apparemment
superflu), soit "sane te exercebo...", "je vais diablement te
faire faire de l᾽exercice...".
625. Très joli réseau d᾽étymologies
contextuelles. D᾽abord Donat explique le sens premier de
"silicernium", qui est le nom d᾽un repas funèbre. Le sème qui
s᾽impose est donc celui du ᾽silence᾽, alors que le second lexème
"-cernium" fait irrésistiblement penser à "cernere", donc au sème
᾽regarder᾽. D᾽où plusieurs interprétations par rétromotivation ;
mais il faut aussi expliquer le sens contextuel présent chez
Térence : Syrus utilise le terme en fonction d᾽insulte (selon un
procédé qu᾽on trouve avec des mots concrets comme "crux", potence,
ou "carcer", prison, insultes occasionnelles), comme on pourrait
traiter un vieillard de "pierre tombale". Et au lieu d᾽expliquer
le procédé métaphorique, Donat invente deux autres étymologies
pour expliquer ce sens : une correcte selon lui (il est "regardé"
par les ombres "silencieuses"), une fantaisiste selon lui, et qui
est fort intéressante, car elle procède de l᾽idée que ce qui est
une étymologie pour le grec est analogiquement présentable pour le
latin : le nom (standard) du vieillard en grec fait penser à une
locution qui signifie "regarder la terre" ; donc le latin
"silicernium" a lui aussi ce sens, et cette fois c᾽est "silex" qui
remplace le sème ᾽silence᾽. Il n᾽y a plus qu᾽à expliquer le
rapport entre l᾽interprétation et la réalité, lequel relève de la
rétromotivation : il regarde par terre parce qu᾽il est courbé, ou
(d᾽après la seconde main, très en verve en l᾽occurrence) parce
qu᾽il guette les cailloux du chemin, voire sa future pierre
tombale...
626. La
citation était donnée plus haut, en 175, 4, pour illustrer un
emploi comparable de "iam". Mais le texte donné était légèrement
différent ("parens" au lieu de "precor").
627. Virg. Geo. 3, 305. On lit
habituellement "dum gramina canent" (tant que le gazon est
blanc).
628. Variation sur le
texte de ce passage, que Donat commente à sa place avec la forme
"quem egomet produxi".
629. Pour nous "tantopere" est
indéniablement un adverbe ; la remarque apparemment tautologique
de Donat s᾽explique par le fait qu᾽il garde le sentiment de
l᾽origine nominale de la forme, qui vient de l᾽ablatif "tanto
opere".
630. Il faut donc comprendre que, ici, "peccatum" est
un substantif, sujet du verbe "ortum est" (une faute est née
<de notre part>), et qu᾽il n᾽est pas partie intégrante d᾽un
passif impersonnel "peccatum est <a nobis>" (il a été commis
une faute de notre part). Sinon, si les deux formes "ortum" et
"peccatum" étaient des participes, il faudrait les
coordonner.
631. Le bloc des deux lemmes participe du même
commentaire. C᾽est une question de ponctuation et
d᾽interprétation. On peut comprendre soit "si quam fecere, ipsi
expostulant" (quans ils ont commis quelque tort, ils réclament
eux-mêmes), soit "si, quam fecere ipsi, expostulant" (s᾽ils
réclament contre l᾽injustice qu᾽ils ont eux-mêmes commise). Dans
le premier cas, "quam" est un pronom indéfini, représentant
"iniuriam", et forme un bloc avec la conjonction "si" : c᾽est ce
que Donat veut dire en parlant d᾽une seule partie du discours (de
fait, cela peut s᾽écrire "siquam" en un seul mot, à cause du
caractère enclitique de l᾽indéfini) ; dans le second cas, "quam"
est un pronom relatif. On a le sentiment que la pause requise au
lemme
1 avant le segment "ipsi expostulant" plaide plutôt pour la
première interprétation.
632. L᾽explicitation n᾽était sans doute pas
nécessaire.
633. Micion ne connaît pas Sostrata, la "belle-mère"
de son fils. Il ne serait donc pas convenable qu᾽il aille la
rencontrer de lui-même. La proposition d᾽Hégion de l᾽accompagner
pour faire les présentations est donc de l᾽ordre de la
convenance.
634. La
remarque semble forcée. Cela serait plus rassurant pour une femme,
par nature inquiète et méfiante, d᾽avoir l᾽information de la
bouche même du père du jeune homme. Mais peut-être faut-il
comprendre que Donat interpète ici "tute" non pas comme le pronom
personnel sujet de deuxième personne "tūtě" (dont il a déjà dit
quelque chose en commentant le vers 290, 2) mais comme l᾽adverbe
"tūtē" (de façon rassurante), dérivé de "tūtus" (en sécurité) :
dans ce cas, le vers de Térence se comprend "et que tu dises à la
femme la même chose qu᾽à moi, de façon rassurante", et ce serait
de l᾽emploi de l᾽adverbe qu᾽il parle ici. Les deux solutions
("tūtě" vs" tūtē") sont envisageables métriquement.
635. La tradition manuscrite de Térence ne fait pas
état de cette lacune, qui doit sans doute concerner l᾽assaut de
politesses inutiles des vers
602 et 603. Les exemplaires que lit
Donat, avec cette lacune possible, avaient sans doute fait un saut
du même au même, en embrayant directement après le "bene facis" du
vers 603, au lieu d᾽embrayer sur le "bene facis" du vers
601.
636. Autrement dit, il ne veut pas brûler les
étapes : tant que Micion n᾽a pas entériné le mariage d᾽Eschine, il
est prématuré d᾽évoquer des liens de famille.
637. Une
fois n᾽est pas coutume, le commentaire critique verse plutôt du
côté du blâme que de l᾽éloge. La maxime d᾽Hégion à l᾽égard des
pauvres est de mauvais aloi. Donat aurait pu, au contraire, la
justifier comme une habileté d᾽Hégion, cherchant une connivence
avec le riche Micion.
638. Bonne question. On peut en effet comprendre "que
tu te justifies toi-même auprès d᾽elle" ou "que tu le justifies
auprès d᾽elle".
639. Les
lemmes 2-
4 parlent de l᾽opposition implicite entre les deux
adverbes "coram" et "palam" : "coram" est indifférent au nombre ;
en outre, et surtout, il est prépositionnel, au contraire de
"palam" qui est un adverbe. Il faut donc préciser le régime de
"coram" ("certas personas"), indispensable, alors que "palam" n᾽a
pas besoin de cette spécification, ce qui fait de lui un terme
général. Mais justement, ici, "coram" na pas de régime dans le
vers de Téérence. Le lemme
2 s᾽interprète donc comme le complément
qui manque. En même temps, Donat fait de la morpho-syntaxe en
signalant que le régime de cette pseudo-préposition peut aussi
bien être un singulier qu᾽un pluriel mais aussi que le cas peut
être l᾽accusatif ("praesentem") ou l᾽ablatif
("praesentibus").
640. "Recte"
renvoie donc à la correction grammaticale, non à la véridicité de
l᾽énoncé. Les deux critères ne sont pas solidaires.
641. Cf. Cic. Off. I,
31.
642. En fait le personnage du père
n᾽apparaît que dans la scène suivante. Donat présente comme un
tout organique ("hoc loco") le solo d᾽Eschine (scène
4 de l᾽Acte
IV) et le duo père-fils qui est, pour nous, la scène
5 de l᾽Acte
IV. Comme le monologue d᾽Eschine est plutôt long et en mètres
variés (scène chantée), il est peu probable que Donat la croie
effectivement partie prenante de la même scène que le duo
père-fils qui suit, long également et en sénaires iambiques.
Peut-être est-ce là l᾽indice qu᾽il groupait toute cette séquence
pour une même séance de cours.
643. C᾽est-à-dire qu᾽on met
un cas pour un autre (anti-ptose). Comme nous le fait remarquer
Daniel Hadas, il ne s’agit certainement pas, comme nous le
pensions, d’un génitif d’exclamation (cf. G. Serbat, L᾽emploi des
cas en latin, BEC, Peeters, Louvain, 1996, p. 367), tournure très
rare, et qui ne se construit pas avec un verbe, mais nous avons
bien ici, et dans l’exemple de Virgile, le génitif à emploi
locatif. Cet usage est bien attesté avec “animi”. Cf.
Kühner-Stegmann, II.1, p. 446-47.
644. Le "tantum" du vers précédent
laisse croire que "ut" a une valeur consécutive, ce qui laisse
attendre automatiquement un subjonctif. C᾽est d᾽ailleurs le mode
qu᾽on trouve dans la tradition manuscrite térentienne. Mais comme
Donat lit un indicatif, il en fait une notule : si ce n᾽est pas un
"ut" consécutif, c᾽est peut-être que c᾽est un "ut" exclamatif,
sans corrélation avec le "tantum" qui précède.
645. En désignant la maison de Sostrata, d᾽où est
partie tout à l᾽heure Canthara la nourrice, au moyen du
démonstratif de proximité "hinc", Eschine révèle qu᾽il est à
distance zéro de ce point de départ. C᾽est donc comme une
didascalie interne de décor et de déplacement que remarque ici
Donat.
646. Donat distingue donc l᾽emploi
technique d᾽"exclamatio", qui désigne un type d᾽énoncé caractérisé
par un ton et, facultativement, certains mots ("o", "quantum",
etc.), de l᾽emploi ordinaire, qui en fait le dérivé d᾽un verbe
dont la base implique le sème ᾽crier᾽. De fait, ce que crie
Canthara ne relève pas de l᾽exclamation au sens technique du
terme.
647. C᾽est le subjonctif délibératif qui est ainsi
commenté.
648. Précisément, dans le vers
311 cité de
L᾽Héautontimourouménos, le texte consensuel
donne "adducimus". Mais la situation conviendrait bien avec
"abducimus", puisqu᾽il s᾽agit effectivement de soustraire la
courtisane à Clitiphon.
649. Première hypothèse pour justifier la structure
"ad me domum" (chez moi à la maison) au lieu de "ad domum meam" (à
ma maison) : Eschine aime à parler de lui, comme les jeunes gens
égoïstes de la comédie, conformément à ce qu᾽on attend de son
caractère ("moraliter") : cf. aussi le commentaire à 692,
2 ;
deuxième hypothèse : il dégage un pronom personnel de première
personne, et non un simple possessif, pour continuer le
parallélisme avec les deux propositions précédentes, qui mettaient
en valeur "egomet" : dans ce cas, il s᾽agit d᾽un argument
implicite supplémentaire pour accréditer l᾽idée qu᾽il a acquis la
musicienne pour son plaisir personnel : il l᾽a enlevée ; il l᾽a
payée ; il l᾽a soustraite chez lui ; dans sa maison <où on l᾽a
vu se battre contre le proxénète>. Encore un élément à ajouter
au faisceau de concordances qui se mue en preuve contre
lui.
650. Donat fait en réalité deux commentaires sur la forme
étrange pour ses contemporains "utut". Dans le premier cas, il
considère qu᾽il s᾽agit d᾽une conjonction temporelle renforcée,
signifiant "exactement au moment où". Dans le deuxième cas, il
prend "utut" pour un adverbe indéfini, comme il le faisait dans
And. 684, 3. Dans ce cas, il explique que la même chose est dite
deux fois : une fois par le mot "res" (une affaire) qui est selon
lui défini, et une fois par "utut" (de quelque manière), qui est
évidemment nettement moins défini. Contrairement au mot français
"chose", le mot latin "res" est beaucoup moins indéfini que, par
exemple, l᾽emploi du neutre. En Ad. 206, 1, Donat souligne que
"res" indique ce qui est réel.
651. Cf. ses
remarques plus haut en 175,
4 et en 589, 1.
652. Eschine
dit qu᾽il doit d᾽abord aller voir ces dames pour se justifier ("me
purgem") : c᾽est précisément ce que Micion est parti faire à la
scène précédente (même structure verbale au vers 608 : "te ipsum
purgare", avec une hésitation sur le sens, que commentait Donat).
Mais peut-être peut-on comprendre tout autrement : "c᾽est la
première chose à faire par rapport à ce qu᾽on doit attendre d᾽un
père", puisque désormais Eschine est père.
653. Cf. le commentaire à ce vers,
Eun. 84,
1 et 2.
654. Ce qui est en cause, donc, c᾽est la rupture de
nombre entre l᾽impératif pluriel "aperite" et ce qui paraît être
son sujet, le pronom singulier "aliquis". La même rupture est
possible en français : "ouvrez, quelqu᾽un".
655. Donat veut dire
que Micion entre en scène en terminant une conversation qu᾽il a
eue à l᾽intérieur de la maison de Sostrata.
656. La forme se trouve en prose (Cicéron, Pline...). Mais
quoi qu᾽en laisse entendre DOnat, elle ne se trouve pas en
tragédie, apparemment.
657. Donat cite
ici imparfaitement les vers 52-
54 de cette même pièce, pour
lesquels il citait et commentait un texte qui commence par
l᾽adverbe "postremo", et non pas par "denique".
658. L᾽expression "salua est res" s᾽interprète en
effet assez spontanément : "mon patrimoine est sauvé". Or ce n᾽est
pas d᾽argent qu᾽il s᾽agit (lequel, au contraire, a été d᾽ores et
déjà en partie perdu en réparations de portes et de vêtements,
lors de l᾽enlèvement de la musicienne, sans compter d᾽autres
facéties d᾽Eschine qui sont évoquées ici et là). Le bien dont
parle Micion par métaphore, c᾽est son fils.
659. Cf. le commentaire au vers
49.
660. Les
vieillards de comédie ont la réputation de radoter et de tarder
souvent à aller au but. "Seniliter" est donc, dans ce contexte
technique, une sous-catégorie de "moraliter" (conformément au
caractère), comme par exemple "amatorie" (d᾽une façon
caractéristique pour un amoureux de comédie). Le comique
Caecilius, dans un passage métathéâtral, caractérise les
vieillards de comédie comme des sots ("comicos stultos senes",
Ribbeck, p. 63). Mais le reproche de radotage sénile est un topos,
y compris en dehors de l᾽univers comique : cf. Cic. CM 30, 55,
65.
661. Du fait du caractère
indéfini de ce pronom.
662. "Pauperculae" est le diminutif de "pauperes" :
on pourrait penser que c᾽est le degré de pauvreté qui est diminué
et on serait alors moins pauvre en étant "pauvrette" qu᾽en étant
"pauvre". Mais, comme nous le suggère Daniel Hadas, le sens de
"nec saltem" ou de "non saltem" est "même pas". Donat veut dire
que Sostrata et Pamphila sont rendues encore plus méprisables par
l’utilisation du diminutif: ce ne sont même pas des "pauvres" mais
des "petits pauvres". La remarque va donc dans le même sens que le
reste du commentaire sur le vers 647.
663. Il a d᾽abord
dit "opinor" (je crois), avant de rectifier "certo scio" (je sais
de façon certaine). "Opinor" était trop bas dans l᾽échelle
argumentative, il est donc révisé à la hausse. Cette rectification
est qualifiée d᾽épanorthose.
664. Donat, ici
et dans le lemme précédent, est gêné par la tournure "ut opinor
non has nosse te et certo scio". Si l᾽infinitive dépend
d᾽"opinor", la phrase ne fait pas sens à cause de "ut". Première
solution, donc, "ut" est superflu et il faut le décompter de
l᾽analyse. La phrase veut alors dire : "je crois que tu ne les
connais pas, et j᾽en suis même sûr". Deuxième solution, "ut
opinor" est en incise et l᾽infinitive s᾽appuie sur une ellipse,
par exemple celle de "scilicet" dans son sens plein "on peut
savoir, il est clair" ce qui donne : "à mon avis, <il est
clair> que tu ne les connais pas, et j᾽en suis même sûr". En
fait, on a l᾽impression que Térence a anticipé la fin de sa phrase
et mis une infinitive dépendant de "scio" un peu trop tôt : "à mon
avis, que tu ne les connaisses pas, j᾽en suis même certain". A
moins que "ut" ne soit exclamatif, ce qui donnerait une phrase
assez bizarre du type : "à quel point je crois que tu ne les
connais pas (et j᾽en suis même sûr) !".
665. Le raisonnement est le suivant :
je sais qu᾽Eschine a fréquenté toutes les petites femmes faciles
du coin ; or je fais semblant de croire qu᾽il ne connaît pas
Pamphila ; donc Pamphila n᾽est pas une fille facile. Le jeune
homme pourrait se satisfaire de cette conclusion. Du coup, pour
l᾽empêcher même de pouvoir se targuer d᾽aimer une fille honorable
(ce qui est le cas), Micion ajoute, pour expliquer qu᾽Eschine ne
l᾽ait jamais rencontrée, qu᾽elle vient d᾽arriver en ville, en
sorte qu᾽on ne peut rien conclure de la moralité de la jeune
fille. Au contraire, même, étant donné la fâcheuse réputation a
priori qu᾽ont les étrangères.
666. Apparemment, Donat voit une nuance de degré
entre "interrogantem" et "percontatorem", le premier plus marqué
(du côté de l᾽interrogatoire), le second plus neutre (du côté du
questionnaire). Cette nuance n᾽est guère sensible pour nous. Mais
ce qu᾽il convient de remarquer, c᾽est que l᾽intervention "perge"
d᾽Eschine n᾽est ni une interrogation ni une question (quelque
nuance qu᾽il y ait entre les deux termes) : c᾽est une
injonction.
667. Le texte des vers 645-
646 ("me a
foro abduxit modo huc aduocatum sibi") est cité très allusivement.
C᾽est une paraphrase plutôt qu᾽une citation réelle.
668. La syntaxe de Donat
prête un peu à confusion ici. On peut supposer que le pronom
"illi" renvoie à Micion ("pour éviter qu᾽il y ait un argument par
lequel on puisse lui résister, il..."), mais en prose classique on
s᾽attendrait plutôt à trouver le réfléchi indirect "sibi". Ou
alors faut-il comprendre autre chose ? "...pour éviter qu᾽on
puisse résister à cela..." ?
669. Cette loi, dite des filles épiclères, existe bel
et bien à Athènes. Elle est d᾽ailleurs utilisée comme subterfuge
par Phormion dans la pièce de même nom : cf. Pho.
122 et suivants.
Le titre du modèle grec utilisé par Térence,
L᾽Epidicazoménos d᾽Apollodore de Caryste, est
d᾽ailleurs un titre juridique signifiant "celui qui fait adjuger
<une orpheline à son plus proche parent>" et montre combien
cette loi est centrale dans l᾽intrigue de la pièce qui est devenue
Phormion chez Térence.
670. Donat note implicitement
un jeu de mots. Le jeune homme a dit en aparté "je suis mort !" ;
Micion fait semblant de ne pas comprendre et demande au jeune
homme ce qu᾽il y a. La réplique d᾽Eschine peut alors se comprendre
de deux façons : 1. phatique : "Rien. Tout va bien. Continue" (il
est alors admis entre les deux personnages que l᾽aparté a été pris
pour un toussotement ou quelque chose de non articulé) ; 2.
métalinguistique : "Rien. Il est exact de dire ᾽je suis mort᾽.
Continue" (il est alors admis que Micion a entendu et interprété
l᾽aparté d᾽Eschine).
671. L᾽aparté,
selon Donat, doit donc être court, pour rester dans le
vraisemblable.
672. En fait un nom
de ville au locatif. Le fonctionnement est adverbial (on peut le
reprendre par un adverbe comme "ibi" par exemple), mais la
morphologie est nominale. Mais pour Donat, le locatif étant
résiduel et hors paradigme standard, il est systématiquement
traité comme un adverbe de lieu.
673. Donc vraiment loin d᾽Athènes.
Cela dit, il ne peut s᾽agir de la ville d᾽Ionie, patrie de Thalès
et célèbre pour sa pourpre, car cette ville se trouve près
d᾽Halicarnasse, assez au sud sur la côte égéenne de Turquie, et
pas du tout sur le Pont (c᾽est-à-dire la Mer Noire). Milet est le
nom de plusieurs villes (une en Crète notamment) ; il s᾽agit donc
d᾽une moins connue. A moins que Donat ne se soit trompé dans sa
géographie ?
674. Le
problème que veut résoudre Donat, c’est que par la réponse
“Nihil”, Micio semble indiquer que les femmes n’ont rien dit en
réponse à la proposition de mariage. Mais ce ne peut ête le cas,
puisque Micio va dire tout de suite que la mère s’y est opposée.
Donat propose donc de comprendre que le “nihil” veut dire non pas
“elles n’ont rien dit”, mais “elles n’ont rien dit de positif”.
(Note et traduction du segment suggérées par Daniel
Hadas).
675. Ambigu. On peut comprendre "il ne dit pas encore
ce qu᾽il faut dire" (avec subjonctif délibératif) ou "il ne dit
pas encore quelle chose dit <vraiment> Sostrata ,<puisque
c᾽est d᾽un mensonge qu᾽il parle maintenant>". Comme souvent on
est gêné par les références implicites de troisième
personne.
676. L᾽expression embarrassée a gêné
Wessner qui proposait des rajouts importants (voir note apposée au
etxte latin). Donat reformule "commenta", mais au style indirect :
"il dit ᾽commenta᾽, c᾽est-à-dire <qu᾽il dit qu᾽>᾽elle a
forgé᾽ etc.", d᾽où l᾽infinitif "confinxisse" là où on attendrait
un indicatif. Mais il a reformulé au même temps. La fin de la
scholie est étrange. Certains mss. (VG) ont écrit "uerisimile
comminisci" (leçon plausible), comme une seconde formulation
indirecte : 1. "fallaciam confinxisse", 2. "uerisimile comminisci"
(inventer une chose vraisemblable). Mais c᾽est plus qu᾽étrange,
dans la mesure où, cette fois, la reformulation se fait au présent
de l᾽infinitif et où, surtout, c᾽est une tautologie, puisque c᾽est
le même verbe qui est reformulé. Nous pensons donc que Donat dit
deux choses de façon ramassée : 1. il y a une reformulation
mettant en équivalence sémantique l᾽énoncé direct "commenta
<est>" et l᾽énoncé indirect "<eam> fallaciam
confinxisse uerisimilem" ; 2. Donat signale que "commenta" est une
forme de "comminisci", ce qui ne va peut-être pas de soi auprès de
ses élèves. Nous préférons donc la leçon "uerisimilem" de KUM qui
laisse "comminisci" tout seul, comme une sorte de scholie
morphologique autonome.
677. C᾽est-à-dire qu᾽il rapporte les paroles
(supposées) de Sostrata comme il aurait pu les entendre de la
bouche de son fils Eschine.
678. Ce qui est
commenté, c᾽est le présent "uidentur". Eschine ne demande pas si
Micion a trouvé cela juste, en mettant "uidentur" au parfait, mais
si, maintenant, il trouve ça juste. Donat fait remarquer
qu᾽Eschine est sous le coup présent de cette fâcheuse nouvelle et
que c᾽est de son indignation présente qu᾽il est surtout en train
de parler.
679. On suppose que Donat s᾽est
trompé (ou la tradition manuscrite à un moment de la
transmission), et que cet habitant de Lemnos est en fait
l᾽habitant de Milet inventé par Micion pour faire peur à
Eschine.
680. Est en cause dans tout ce bloc l᾽interprétation
de "postea" dans la réplique "nonne haec iusta tibi uidentur
postea". Marouzeau sépare le bloc en deux : "nonne haec iusta tibi
uidentur ? postea..." avec interruption de Micion au début d᾽une
seconde phrase. Mais Donat suppose qu᾽il s᾽agit d᾽une seule phrase
et tâche de compléter l᾽ellipse après "postea".
681. Sur cet emploi pragmatique de "hodie", cf. le
commentaire de Donat, dans cette même pièce, aux vers 175,
4 et
589, 1.
682. L᾽expression se trouve notamment chez Plaute.
Mais elle est également attestée à l᾽époque tardive, même si elle
est rare. On la trouve sous la plume d᾽Augustin et dans la
Vulgate. Elle est également attestée chez quelques lettrés, dont
Cicéron (chez ce dernier, certes, seulement dans une lettre "Ad
familiares"). Nous avons donc à la fois des attestations de cette
expression qui montrent que les locuteurs l᾽employant avaient
conscience de son caractère moins soutenu et des attestations dans
un contexte moins léger que celui des comédies : Suétone, Varron,
Valère Maxime. Le peu d᾽attestations de l᾽expression ne permet pas
de trancher dans un sens ou dans l᾽autre.
683. Il est difficile d᾽évaluer vraiment la
distinction que fait ici Donat entre "uulgus" et "nos" : le peuple
vs nous les lettrés ? En outre et surtout, on ne voit pas
spécialement le rapport entre le "postea" commenté (et ses emplois
prétendument superflus) et les deux autres locutions proposées. Le
seul point commun entre ces exemples nous paraît être dans le fait
qu᾽un adverbe ("mane", "diu") est accompagné d᾽un autre morphème,
la préposition "ab" ou l᾽adverbe "quam". Faut-il comprendre que
Donat analyse "post-eā" (avec un a long, ce qui le rend différent
du syntagme "post eă", "après ces choses") comme l᾽adverbe "eā"
précédé d᾽une préposition ? Dans ce cas, le rapport à "a mane" est
trouvé. Mais pour "quam diu" ? Il est en tout cas intéressant de
constater que Donat fait de la socio-linguistique, en opposant la
langue du vulgaire à d᾽autres formes de latin, parmi lesquelles
"la nôtre", pour laquelle il faut sans doute comprendre le latin
de son époque (que nous appelons "tardif"). Il y fait une autre
allusion plus loin, au lemme 949, 1.
684. La
remarque est morpho-sémantique. L᾽adjectif "durus" laisse attendre
une formation adverbiale en "-e", "dure", qui existe aussi ; mais
Térence utilise, contre la règle, une forme "duriter". Du coup,
Donat y voit une intensité supplémentaire. En fait, les
dramaturges anciens (Ennius, Statius, Térence, Afranius)
n᾽emploient jamais "dure" mais toujours "duriter". Il pourrait ici
dire que c᾽est un usage "apud ueteres" et non pas seulement
térentien. Notons que dans la glose qu᾽il fait, il utilise
l᾽expression "dura mente" qui préfigure les adverbes de manière
des langues romanes.
685. C᾽est bien huit syllabes en tout, y compris le
préfixe (qui en fait un composé) et la conjonction "-que"
enclitique. Mais ce bloc insécable de huit syllabes, sans césure
possible, est en effet assez rare pour être souligné et Donat,
bien qu᾽il ne fasse que assez peu de remarques prosodiques, ne
pouvait manquer d᾽en dire quelque chose.
686. La remarque
est à la fois morphologique, dans la mesure où le comparatif
analytique "magis aperte" du poète est corrigé en un comparatif
synthétique "apertius", et sémantique : le comparatif "magis
aperte" (<encore> plus franchement) est justifié par le fait
que les deux premières appréciations d᾽Eschine étaient déjà bien
franches.
687. Donat évoque ici les sens
sexuels des mots de la famille de "consuetudo" et "consusesco",
qui orientent vers l᾽idée de "relations sexuelles" ou de "liaison
durable" (souvent extra-conjugale). Il a déjà évoqué cette
virtualité de sens au commentaire de And. 439, 2. Cf. surtout le
lemme suivant : on voit donc qu᾽"amor" est à verser du côté de
l᾽instant et de l᾽instinct, "consuetudo" du côté de la durée et de
l᾽affinité. Quant au vers de Plaute (Amph. 490), il porte non pas
"consuetudo" mais "consuetio", forme prouvée par Festus.
688. Cette pièce de Caecilius Statius
(219-
166 environ), très prolifique auteur de palliata dont on a
conservé à peine
300 vers décontextualisés sur un ensemble de plus
de quarante comédies, est connue par de trop rares fragments pour
qu᾽on puisse en avoir une idée précise. Le titre grec (
ἐξ αὑτοῦ ἑστώς)
s᾽interprète (peut-être) comme "celui qui se maintient sur ses
propres ressources", "l᾽autarcique". Le modèle de Caecilius était
une pièce de même titre (évidemment perdue elle aussi) dont on n᾽a
aucune trace, et dont on ne connaît pas l᾽auteur, représentant de
la Néa. Le fragment lui-même est difficile à établir et a été
complété, à sa droite et à sa gauche, par des savants modernes.
Nous le donnons tel qu᾽édité par Wessner, sans les crochets qu᾽il
y mettait autour du premier mot (conjecture de Bergk) et du
dernier (dû à Estienne).
689. Ces "auxiliaires de sens superflus" consistent
donc en des polyptotes : on rapproche, comme Térence avec
"praesens praesenti", deux formes du même mot : "socius socium",
"absens absentem", "fratrem frater". Notons que la fiche que Donat
a sous les yeux ne doit probablement comporter que des exemples
versifiés, car il ne fait pas figurer l᾽exemple qui, pour nous
aujourd᾽hui, s᾽impose en premier à l᾽esprit : Suet. Tit. 7,
2 "Berenicen statim ab urbe dimisit inuitus inuitam", que Racine a
rendu célèbre. Ailleurs, Donat peut aller jusqu᾽à parler, pour ce
type de syntagme, de
κακόζηλον :
voir Eun. 192, 2 ; 243, 5 ; 722, 3.
690. En. 4,
408 et suiv. Le rapprochement est bien
artificiel.
691. Est en cause dans ce commentaire
l᾽usage, comme complément du nom, au lieu du génitif adnominal
standard, d᾽un datif : "auctor his rebus" ou "imperator Romanis"
(chez Salluste). C᾽est un datif de destination.
692. La raison d᾽être de
l᾽explicitation en grec du mot "auctor" est peut-être dans la
polysémie du mot latin. Le synonyme grec (qui figure peut-être
dans la pièce de Ménandre) est donc là pour faire comprendre le
sens du mot latin parmi quelques autres possibles. Sur le texte
même, voir la note apposée au texte latin.
693. Donat dénonce une
lapalissade de Térence. De fait, on épouse toujours une fille
d᾽une autre famille. Mais peut-être que Térence utilise ici
l᾽adjectif "alienus" au sens de "étranger", "d᾽un autre pays",
terme pour lequel habituellement il utilise l᾽adjectif
"peregrinus".
694. En effet, les occurrences de cet
adjectif appliqués à la taille concernent des inanimés. On parle
de "seges grandissima" (une très grande récolte) chez Varron ou
encore de "grandis epistula" (une longue lettre) chez
Cicéron.
695. "Grandis" qualifiant des classes d᾽âge signale
donc que l᾽individu approche de la limite supérieure de ladite
classe d᾽âge.
696. La
question que pose Donat est d᾽ordre narratologique. Le lecteur, le
spectateur et Donat lui-même savent bien qu᾽Eschine a toutes les
raisons de connaître précisément l᾽âge et la physionomie de
Pamphila. Mais nous sommes là au niveau de la fiction de Micion,
dans laquelle Eschine n᾽est pas supposé l᾽avoir jamais vue. Or il
donne ce détail d᾽âge. Comment le sait-il ?
697. Encore une citation textuelle assez
cavalière, sans respect de l᾽ordre des mots.
698. Eschine semble plutôt rudoyer son père que le
flatter.
699. Il s᾽agit plus vraisemblablement
de l᾽adverbe de manière de "ridiculus". En tout cas, la remarque
de Donat est implicitement différentielle : c᾽est, dit-il, le
vocatif, et non pas (implicitement) l᾽adverbe. La scansion est
impuissante à départager les deux points de vue, et les éditeurs
de Térence ont plutôt la forme "Ridiculum !".
700. Autrement dit, ce n᾽est pas un pléonasme de
Térence, puisque les paroles qui suivent pourraient parfaitement
être dites par quelqu᾽un qui déteste Eschine.
701. Donat insiste ici sur les souhaits en
"sic/ita... ut" qui indiquent une proportion : "autant j᾽ai fait
quelque chose, autant je souhaite quelque chose". La proposition
en "ut" justifie en quelque sorte la demande votive et la
proportionne.
702. L᾽amplification réside
dans le fait que le verbe "admisisse" est employé avec deux
compléments, "me" qui est placé avant le verbe et "in me" qui est
placé après.
703. Le verbe "pudet" se construit
d᾽ordinaire avec un accusatif représentant la personne qui a honte
et un génitif représentant la chose qui suscite la honte. Donc
tout porte à croire que l᾽énoncé signifie "j᾽ai honte de toi",
alors qu᾽Eschine veut évidemment dire "j᾽ai honte pour
toi".
704. Ce
passage célèbre de la première
Catilinaire joue sur
l᾽indignation, alors que la réplique de Micion se veut une
remontrance indulgente. Il faut donc se garder de prendre
l᾽intonation de l᾽un pour jouer l᾽autre.
705. La manière si tranchée
des deux frères d᾽avoir un caractère foncièrement différent de
l᾽autre est l᾽objet même de la pièce, presque le projet du
dramaturge. Ces deux caractères paradoxaux opposés sont donc,
d᾽après Donat, une gageure oratoire.
706. Micion remplace donc un
verbe péjoratif possible par le verbe neutre "euenit".
707. Pour les
modernes comme pour les grammairiens latins, la forme
"circumspexti" pour "circumspexisti" (comme par exemple "dixti"
pour "dixisti") relève de la forme syncopée. Mais la syncope est
pour les Latins une catégorie de métaplasme, à côté de la
prosthèse, consonne qui s᾽ajoute au début d᾽un mot (par exemple le
g de "gnatus"), la parenthèse, consonne ou syllabe qui s᾽ajoute au
milieu d᾽un mot pour des raisons métriques ("relligio" pour
"religio" ou "indugredi" pour "ingredi" par exemple), la
prosparalepse, ajout superflu en fin de mot ("accingier" pour
"accingi") et quelques autres phénomènes de variantes phonétiques
utilisées par les poètes. Les métaplasmes, qui sont souvent
traités parmi les défauts de la langue, sont donc les aménagements
phonétiques dus à des licences poétiques (voir parmi beaucoup
d᾽autres Probus GL 4, 262, section "De metaplasmis"). Le texte
corrigé (voir la note apposée au texte latin) se comprend donc
avec un "ou" qui signifie "et par là", le premier terme étant
spécifique, le second terme étant générique.
708. La
scholie, malgré les apparences, porte sur "qua fieret".
709. Le passage commenté est en réalité, comme pour
le lemme 4, "quod quidem in te fuit", comme on le comprend des
deux exemples littéraires qui sont donnés. C᾽est pourquoi Wessner,
comme il le fait habituellement dans ce cas de figure, met des
cruces que nous supprimons, car ce n᾽est pas la restitution du
texte qui est problématique mais seulement la place du lemme dans
le bloc de commentaire du vers 692.
710. Cf. ce qu᾽il dit plus
haut du caractère égoïste des amoureux : 628, 2.
711. Il ne nous semble pas que l᾽adjectif indéfini
grec
ἄλλου
(autre) ait ici un sens catégorisant, au sens de "une autre sorte
d᾽impossible" (l᾽adynaton n᾽étant pas catégorisé à notre
connaissance) ; il faut sans doute comprendre implicitement
"argumentum aliud" (ou "locus alius")
ἀπὸ τοῦ ἀδυνάτου avec hellénisation et
attraction dans le syntagme prépositionnel de l᾽indéfini.
712. L᾽ordre des deux formants est
libre ; mais apparemment, pour les infinitifs futurs passifs,
Donat prone un ordre plus figé qu᾽ailleurs. Ces formes en "-tum
iri" restent plutôt rares dans les textes, de toute
façon.
713. Autrement
dit, il formule un souhait au lieu de formuler un ordre
("imperiose") ; mais cet acte de langage n᾽en est pas moins
efficace, selon Donat.
714. La précision de Donat sur
le jeu de l᾽acteur est justifié par l᾽emploi hors normes de "hem",
qui marque habituellement un sentiment pénible. Or ce n᾽est pas
pas le cas ici.
715. Tout l᾽enjeu de ce commentaire qui a gravement
perturbé les scribes (voir la note apposée au texte latin) est de
définir le caractère paradoxal de l᾽amoureux qui s᾽imagine
tellement qu᾽il va être malheureux qu᾽il pense qu᾽on se moque de
lui quand on lui dit que tout va bien. Or c᾽était quand il le
faisait pleurer (679) que Micion se moquait de son fils, car il
savait déjà tout, avait déjà décidé de pardonner et faisait marner
son fils avant une leçon de morale bien méritée.
716. Argument presque
identique en 523, 2.
717. Le texte est assez corrompu dans ce secteur,
mais il semble que Donat lemmatise une forme "potes" (les mss. de
Térence portent plutôt "potest") mais commente une forme "pote",
selon une conjecture de Goetz fondée sur le commentaire à Ad.
264.
718. La réplique est en fait dans
Les
Adelphes, 318. Donat a sans dout fait un raccourci dans sa
formulation (à moins qu᾽il ne s᾽agisse d᾽un saut du même au même
dès l᾽archétype) en synthétisant ce passage et deux autres qui
sont effectivement dans
L᾽Eunuque : 648 : "ego
unguibus facile illi in oculos inuolem uenefico" et 740 : "oculi
ilico effodientur".
719. Le mot "terricula" désigne l᾽épouvantail. Mais
peut-être faut-il comprendre ici, plutôt que d᾽objets concrets,
qu᾽il s᾽agit d᾽histoires qui font peur, comme par exemple celle du
"loup de Capoue" évoqué plus haut (voir notre note à 537, 2). Pour
se débarrasser de l᾽image cauchemardesque qu᾽elles ont sucitée
chez l᾽enfant, elles utilisent une formule du genre "et hop, il
est parti, on ne le reverra jamais". C᾽est ce que fait en tout cas
le rival inventé, qui s᾽embarque et disparaît pour jamais.
720. Il faut avouer que le rapport
avec l᾽épisode d᾽Enée portant son père Anchise sur ses épaules est
bien artificiel.
721. Donat parle ici de la valeur
intensive du préfixe de "defessus".
722. La remarque de Donat a une valeur à la fois métrique et
grammaticale puisque, sans cette précision, il est impossible de
distinguer, absolument et en contexte, les infinitifs des verbes
"obsideo" et "obsido", dont les sens sont relativement semblables,
à la quantité près des deux voyelles centrales : "obsĭdēre" vs
"obsīdĕre". La scansion montre qu᾽il s᾽agit bien, en l᾽espèce, du
verbe "obsĭdēre".
723. Le tour "secum loqui" peut désigner (et désigne
surtout) dans le commentaire le procédé de l᾽aparté, mais ici
Micion parle tout seul. Il sort de chez lui et dit sa réplique
peut-être à quelqu᾽un à l᾽intérieur, ou bien à soi-même. Mais ce
n᾽est pas un aparté. Il est par ailleurs abusif de dire que c᾽est
une caractéristique ("moris") des vieillards : les esclaves, les
jeunes gens, les parasites, les soldats fanfarons, les nourrices,
etc., font des monologues ; c᾽est en fait un procédé d᾽écriture
comique en général.
724. Commentaire comparable en 191, 2.
725. Pour avoir déshonoré une citoyenne. Le mariage
rachète la faute, en quelque sorte.
726. C᾽est non pas le verbe qui est
commenté (car on ne verrait pas le rapport alors avec la citation
virgilienne, qui n᾽utilise pas le verbe "ducere"), mais l᾽emploi
de l᾽adjectif verbal à valeur d᾽obligation.
727. Chez Virgile (Buc. 6, 47), le terme "uirgo"
réfère à Pasiphaé, épouse de Minos. Le terme désigne donc soit une
vierge, au sens anatomique du terme, soit une femme jeune. On se
souvient que Donat a déjà dit que "uirgo" signifiait "mulier" chez
les auteurs archaïques en 650,
1 et que "uirgo" est cité comme un
nom de classe d᾽âge en 673, 1.
728. Comprendre respectivement "en aparté" et "à haute
voix". Donat lie souvent la position "de dos" ("auersus",
comprendre "dos à l᾽interlocuteur") au texte dit "à part". Mais
ici on ne voit pas l᾽intérêt de faire prononcer l᾽exclamation à
part.
729. La "varietas"
consiste à changer le sujet des trois verbes juxtaposés, quand le
poète aurait pu se contenter de trois formes à la première
personne.
730. Expression qui, apparemment, consiste à
proposer des groupes parallèles hétérogènes : le nom "uita" comme
comparé sur un plateau de la balance, la proposition "cum ludas
tesseris" sur l᾽autre plateau, comme comparant.
731. Remarque morphologique : Donat
veut dire qu᾽ici "forte" n᾽est pas un adverbe, mais l᾽ablatif du
substantif "fors" (hasard), mis en parallèle avec l᾽ablatif "arte"
dans l᾽autre proposition.
732. Rappelons qu᾽à ce stade Micion croit toujours que c᾽est
Eschine qui a enlevé la musicienne et non son propre fils
Ctésiphon. Il croit donc Eschine bigame.
733. Donat se contente de supprimer
la proposition "ut uideo tuam ego ineptiam", sans changer le reste
de l᾽ordre des mots. C᾽est donc ce segment-ci qui semble gêner
l᾽interprétation. Est-ce parce que, ici, la proportion en "ut" est
une temporelle et non pas une comparative, comme on s᾽y attend
dans les énoncés votifs en "ita... ut", dont il a dit quelque
chose il y a peu (cf. le commentaire à 681) ?
734. Quoi qu᾽en laisse entendre Donat, il y a
sûrement une allusion grivoise dans la remarque de Déméa, qui se
poursuit avec la mention faite de la jeune mariée. Il plaide plus
franchement pour le sous-entendu sexuel aux vers
751 et
752.
735. L᾽épisode célèbre est narré dans
L᾽Enéide, 2,
235 et suivants. La métaphore est donc
comparable à celle du loup (la courtisane) qu᾽on laisse entrer
dans la bergerie (la maison familiale).
736. D᾽après Ernout-Meillet, si la distinction entre
"ira" et "iracundia" était opérée en théorie par les Anciens, en
pratique, les deux termes étaient indifféremment employés. La
confusion est notamment constante dans le
De Ira de
Sénèque.
737. De fait, les deux
formes existent. La plus conforme aux attentes est "hilarus",
réputée archaïque, qui suit (anaogiquement parlant) la même
déclinaison thématique que son modèle grec. Et la déclinaison en
"-is" est effectivement plus récente puisqu᾽attestée à partir du
premeier siècle de notre ère seulement.
738. Reformulation, plutôt que citation, des vers
590-591, qui annonçaient la sortie de Syrus vers quelque
taverne.
739. Les Anciens ne faisaient pas la
différence entre les prépositions et les préverbes.
740. Virg. G. 3,
256. Le sujet implicite (au vers précédent) est le sanglier
sabellique dont Donat aime parler pour évoquer le sens du verbe
"ruere" : cf. les lemmes 319,
1 et 550, 3.
741. Le mot (Hom. Il. 2, 305) est en général écrit en
trois mots
ἀμφὶ περὶ
κρήνην.
742. La remarque sur l᾽emploi de
"prodeambulare" est quelque peu spécieuse : ce verbe est en effet
un hapax de Térence.
743. De fait, "sapientia" peut aussi
bien être le substantif féminin au vocatif que l᾽adjectif
"sapiens" accordé à l᾽accusatif neutre pluriel.
744. Les deux formes n᾽en font qu᾽une ;
phonétiquement on obtient en latin une déclinaison mixte "diues,
ditis" dont les locuteurs ont analogiquement refait deux flexions
régulières complètes. On peut supposer que la remarque a vocation
à bien préciser la valeur de la forme "dis", qui pourrait être
confondue avec une forme syncopée de "diis", datif-ablatif pluriel
de "dei" (les dieux) ; l᾽énoncé se somprendrait à peu près : "tu
serais aux dieux, Déméa".
745. C᾽est la succession de
questions très brèves qui laisse à penser que le personnage est
ivre certainement.
746. C᾽est-à-dire que Dromon, qui entre en scène en sortant
de chez Micion, crie sans voir Déméa quelque chose que Déméa ne
devrait pas entendre. D᾽où la réponse de Syrus : "Abi", "fiche le
camp", sans doute en aparté cette fois.
747. On ne
voit pas ce qui rend Donat si confiant dans l᾽intelligence du
spectateur ou du lecteur. Est-ce simplement la mention du verbe
"rogat", qui semble indiquer qu᾽il ne peut s᾽agir que du jeune
maître de Syrus ? Mais le maître de Syrus est Eschine, non
Ctésiphon. En tout cas, c᾽est bien le nom propre qui déclenche la
réaction de Déméa, et il n᾽est pas sûr que l᾽indication soit
inutile.
748. Voir la note à 571, 1.
749. Donat explique à mots couverts une règle
phonétique : un mot dont le radical finit en n (comme "uinum",
"unus", "uannus", "asinus", "suinus") a un diminutif fini en
"-llus" ou "-llum". Manière d᾽évoquer l᾽assimilation régressive du
groupe -nl-.
750. Littéralement, "qui s᾽en va", comprendre "d᾽une
des maisons du décor", donc "qui entre sur scène" ; rappelons que
le latin pratique le point de vue des coulisses, au contraire du
français qui a adopté le point de vue de la scène.
751. Comme le verbe "abire" au vers
précédent, le verbe "exire" (sortir) veut dire dans le contexte
"entrer sur scène". Rappelons la situation : à la fin de la scène
précédente, entendant dire que son fils Ctésiphon est chez son
frère, Déméa y est entré à l᾽improviste et a surpris le jeune
homme en pleins ébats amoureux. Il ressort horrifié de chez
Micion. Dans le même temps, Micion était en face, chez Sostrata,
pour arranger le mariage d᾽Eschine. Les deux frères se croisent
donc à nouveau entre les deux maisons. Du coup, le verbe
"pulsare", ici, ne veut pas dire "frapper à la porte" (puisque
Déméa ne veut pas rentrer chez Micion, mais vient d᾽en sortir). Il
s᾽agit en fait d᾽un claquement de porte.
752. Le rapprochement avec
"litigauit" prouve que Donat donne à "agam" son sens judiciaire de
"plaider". Il comprend donc "que puis-je faire ? que puis-je
arguer ?".
753. C᾽est-à-dire
dans les
Géorgiques, IV,
504 et suivants.
754. Il y a là un très curieux excursus, où Donat
(re)fait une explication de texte de deux vers de Virgile, dans un
parallèle artificiel avec un vers de Térence. Sans doute une trace
de son commentaire de Virgile (perdu).
755. C᾽est-à-dire
dans le vers commenté de Térence, après l᾽excursus virgilien qui
vient de prendre fin.
756. Puisqu᾽on en est à
l᾽invocation aux dieux et au cosmos entier.
757. C᾽est-à-dire qu᾽il y a dans l᾽invocation hyperbolique
de Déméa un style para-tragique.
758. Le
texte habituel de ce vers de
L᾽Enéide (I, 58) porte
non pas "principio" mais "ni faciat".
759. Donat propose sans doute de séparer "Neptuni" du
reste de la phrase ; on aurait alors l᾽invocation aux trois
éléments, puis un début de phrase "Neptuni"... interrompu par
Micion.
760. On a déjà
eu une differentia très comparable en 755, 1 : ce que désigne
"ira" est donc conjoncturel, ce que désigne "iracundia" est
structurel.
761. On remarque que Donat choisit d᾽employer une
périphrase "ab eo quod est ire" plutôt que le simple gérondif du
verbe "ire" dans un énoncé intégrationniste. En effet, s᾽il avait
écrit quia "ira ab eundo dicitur", l᾽explication étymologique
qu᾽il propose par rapprochement phonétique aurait perdu tout son
sens. Cette explication (farfelue et isolée) est par ailleurs
uniquement fondée sur ce rapprochement puisque l᾽étymologie
d"᾽ira" est, aujourd᾽hui encore, peu claire.
762. G. 4, 443-444 : le second vers est faux : il
faut le pronom "sese" ("ad sese redit" ou "in sese redit").
763. Pl.
Capt. 655. Le texte habituel, confirmé par Nonius 232, 3 L, qui
cite ce même extrait plautinien, est "nuculeum amisi, reliqui
pigneri putamina" : "j᾽ai lâché l᾽amande et ai laissé en gage les
déchets !". Nonius explique que tout ce qui tombe de n᾽importe
quoi, et non seulement les branchages élagués, peut être appelé
"putamen", par exemple la coquille de la noix. Par ailleurs, le
même Nonius (587, 21 L), dans son livre IV sur la synonymie,
explique les divers sens de "putare", parmi lesquels celui de
"purgare" ; pour le sens de "animo disputare", il cite en premier
lieu le vers de Virgile qui commence par "multa putans", que Donat
cite aussi dans ce développement sur "putare".
764. Remarque de ponctuation. Soit c᾽est : "Facete.
nunc demum...", "Amusant ; et il vient de sortir, ce proverbe ?",
soit c᾽est "facete nunc demum...", "Tu viens de le trouver
facétieusement, ce proverbe ?".
765. L᾽objet du commentaire, comme le montre la
comparaison avec le vers de
L᾽Eunuque, est
syntaxique : dans les deux exemples, on a une prolepse : le
nominatif "filii" se justifie dans la relative (où il n᾽est pas),
alors que, là où il est, on l᾽attendrait au génitif, l᾽accusatif
"eunuchum" est attiré à ce cas par le pronom relatif dont il est
l᾽antécédent, alors que, pour son propre compte on l᾽attendrait au
nominatif.
766. Voir la scholie
114.
767. L᾽archaïsme
pressenti est dans la construction transitive de
"utor".
768. C᾽est sans doute le sens de
"signa" qui résiste à l᾽interprétation de Donat depuis le vers
821 ; notons tout de même qu᾽il a l᾽honnêteté de reconnaître qu᾽il
ne comprend pas toujours ce qu᾽il est censé commenter. C᾽est un
scrupule qui l᾽honore...
769. L᾽expression récurrente "ab eo quod praecedit id
quod sequitur", habituellement présente sous la forme "ab eo quod
sequitur id quod praecedit" (Andr. 49, 1 ; 502, 1 ; Ad. 460 ; Ph.
493) se comprend ainsi : la structure en "ab" rappelle la
typologie des arguments ou des lieux ("ab honesto", "a persona",
etc.) ; et le complément est une proposition complétive au lieu
d᾽être un nom. Littéralement : "<argument> de ce que ce qui
est après est mis avant". Donat, chaque fois qu᾽il utilise ce
tour, signale une anticipation dans le raisonnement ; le locuteur
dit un mot qui, en avance sur la chronologie des événements,
préfigure la situation suivante. Ainsi quand on dit "iubeo" au
lieu de "uolo", car il faut d᾽abord vouloir avant d᾽ordonner. Ici,
Térence met "dicere" alors qu᾽il faut comprendre la phase
antérieure au discours, qui est la pensée. C᾽est l᾽équivalent de
l᾽"hysteron proteron" de la rhétorique grecque.
770. Le commentaire
signale que les deux jeunes gens ont les mêmes qualités et
pourtant des conduites très différentes. Glosant les propos de
Micion, Donat cherche à comprendre ce paradoxe. Ce n᾽est pas dans
le caractère, dit-il, mais cela peut provenir 1- de la différence
d᾽âge (Eschine est plus âgé donc plus audacieux), 2-de la licence
laissée à l᾽un des jeunes gens, Eschine en l᾽occurrence, qui est
élevé de façon beaucoup plus laxiste que Ctésiphon.
771. Adaptation au
pluriel (ou citation approximative) des vers 117-118, dans
lesquels seul Eschine était concerné.
772. Selon qu᾽on lit et édite un
indicatif "subuertit" ou un subjonctif "subuertat", la particule
"ne" change de statut : particule affirmative ("Oui, tes belles
raisons nous mettent tout par terre...") ou particule prohibitive
de l᾽expression de la défense ("Que tes belles raisons n᾽aillent
pas nous mettre tout par terre") ou conjonction dépendant d᾽un
verbe de crainte sous-entendu ("<j᾽ai peur> que tes belles
raisons n᾽aillent tout nous mettre par terre...").
773. Donat semble opposer les deux composés, un
par "con-", un par "ex-" (préverbes de sens contraires) ,et les
deux verbes "porrigo" (étendre) et "traho" qui signifie parfois
"resserrer". La remarque vise aussi sans doute à expliquer
"exporge" forme rare et probablement totalement inusitée de ses
élèves. Plus haut (482), il a déjà expliqué "uinci" par son
contraire. C᾽est une méthode lexicologique commune.
774. Le terme
grec, reconstitué par Lindenbrog, est inconnu par ailleurs.
Liddell-Scott le signale comme n᾽étant attesté que dans ce lemme
de Donat et juste après en 840, 2. Le terme
καλήμερος existe, au
sens de "qui connaît un jour de bonheur" ; on déduit donc que
μισοκαλήμερος
signifie "qui déteste avoir un jour de bonheur" ou "qui
déteste ceux qui ont ne serait-ce qu᾽un jour de bonheur". La
formulation de Donat laisse entendre qu᾽on a affaire à un type de
misanthrope, un "caractère" particulier. Mais il n᾽a guère laissé
de trace dans la tradition.
775. "De" est
superflu au sens où l᾽expression "nocte" (ablatif de "nox" employé
adverbialement) existe en latin. Mais, dans les faits, les deux
expressions "nocte" et "de nocte" sont toutes les deux
attestées.
776. On a deux explications
contradictoires sur le tour "cum primo luci". L᾽une (la seconde)
plaide pour un emploi de "lux", mais au masculin d᾽une part et à
une forme d᾽ablatif qu᾽on n᾽attend pas. Le latin classique dirait
"cum prima luce" ; l᾽autre (la première) propose sans doute de
voir dans "luci" une forme de génitif de "lucus", qui signifie
"bois" et que les étymologies des Anciens associaient
systématiquement à la famille de "lux" par antiphrase. Le sens,
ici, serait purement et simplement celui de "lumière", "cum primo
luci" s᾽interprétant "avec le début de la lumière". En fait,
"luci" est une forme de locatif de "lux" qui signifie "à la
lumière du jour" et "cum primo" est un adverbe intensif "dès que
possible" ; d᾽où "demain matin à l᾽aube". Une explication plus
consensuelle consiste à dire que "luci" est adverbialisé (comme
"uesperi" ou "mane") et que, du coup, il supporte d᾽être déterminé
(ici par "primo"), mais avec le genre neutre.
777. L᾽énoncé de Térence n᾽est pas compliqué et ne
semble pas mériter de reformulation. Sauf si c᾽est une remarque
sous-jacente d᾽orthographe. En effet, Térence a utilisé une forme
archaïque d᾽impératif de "facio", au lieu de "fac" (voir la
scholie 482,
3 et la note apposée). Il en résulte que la
succession "face te", dans le cadre d᾽une scriptio continua où les
mots ne sont pas séparés, pourrait être prise pour l᾽adverbe
"facete", "avec humour" . La reformulation, qui fait clairement
apparaître un impératif, lève donc une ambiguïté
orthographique.
778. A préfixe égal,
l᾽idée de ᾽tirer᾽ qui est dans "abstraham" implique davantage de
violence que celle de ᾽conduire᾽ qui est dans "abducam".
779. Il s᾽agit
d᾽une remarque de syntaxe. "Ligare" peut s᾽employer avec un simple
COD, mais non "adligare" qui réclame un COD et un complément
circonstanciel de lieu en "ad" + acc. (éventuellement
métaphorique).
780. Bien qu᾽il
n᾽ait pas utilisé ici la formule "ab eo quod sequitur id quod
praecedit" (ou "ab eo quod praecedit id quod sequitur"), Donat
signale implicitement un argument par inversion de la chronologie.
Cf. la note au commentaire au vers 823, 2.
781. "Meridie" (à midi) est
pour Donat un adverbe, mais dès qu᾽il est déterminé par "ipso", il
est traité comme un nom. En fait, comme l᾽indique le lemme
suivant, c᾽est un nom (dont il donne la forme d᾽accusatif) qui, à
l᾽ablatif locatif, fonctionne comme un complément de
temps.
782. On connaît mieux
l᾽échange D/L, qu᾽on observe dans des emprunts au grec ("lacruma"
pour "dacruma", "Ulixes" pour "Odysseus") ou dans des séries
latines ("olere" / "odor"). Dans le cas de "meridie" (qui vient
effectivement de "medidie"), il s᾽agit d᾽une dissimilation qui
évite la répétition du même phonème dans un contexte très
court.
783. "Excoquo", dont "excoctus" est le participe,
signifie littéralement "faire sortir par la cuisson, faire cuire".
La sécheresse est une conséquence de ce procès.
784. C᾽est-à-dire que le relatif qui
est inclus et figé dans la conjonction "quin" peut être restitué à
n᾽importe quel cas selon la construction. Ici, de fait, "quin"
inclut un datif (complément implicite de "adportet").
785. Donat a utilisé il y a peu et à d᾽autres fins
(cf. le lemme 843, 2) ce passage de Lucilius. On a une nouvelle
preuve de la méthode de Donat, qui réutilise une donnée dont la
"fiche" est encore sur son "bureau". Ici, il l᾽exploite (très
légitimement) pour illustrer l᾽emploi, qu᾽il qualifie d᾽archaïque,
de l᾽accusatif de l᾽objet intérieur : Térence dit "uitam uixi"
(j᾽ai vécu une vie), Lucilius dit "pugnauimus pugnam" (nous avons
combattu un combat).
786. Ce qu᾽il
fait : "omitto..." ; pourquoi il le fait : "quam ob rem ?". Les
éléments sont dans cet ordre au vers 860.
787. Cicéron, CM 83 : "quasi decurso spatio ad
carceres a calce reuocari" (une fois parcourue toute la piste,
être rappelé de la ligne d᾽arrivée au box de départ) s᾽est souvenu
de Térence, et Donat s᾽est souvenu de Cicéron. La réminiscence
implicite est notamment dans l᾽expression "ad calcem".
788. L᾽énoncé
"complet" restitué par Donat donne, en traduction : "Et pourquoi
<le ferais-je> ? <Si quelqu᾽un me le demandait, voici ce
que je dirais :> j᾽ai trouvé...".
789. De fait, l᾽Acte V est indéniablement celui de
Déméa.
790. Même étymologie et formulation très voisine en
42, 2.
791. C᾽est un des effets de la "varietas" qui a été
louée au lemme
1 de ce vers. Les "noms" sont en fait les adjectifs
"clemens" et "placidus", les verbes sont les syntagmes à
l᾽infinitif qui prennent leur suite. Sur la grécité de ce procédé,
on peut s᾽appuyer sur une remarque de Priscien (GL 3, 186) qui
note, à propos de diverses figures de syllepse et de "transitio" :
"Graecorum quoque auctores frequenter huiuscemodi utuntur
figurationibus" (les auteurs grecs aussi usent fréquemment de
figures de cette sorte). Ici, comme souvent, Donat utilise le
verbe "transire" pour l᾽expression technique "transitione uti" ou
"transitionem facere", remplaçant un terme nettement technique par
un verbe qui l᾽est moins.
792. Pour définir la figure
d᾽
ἀναδρομή,
Donat utilise le verbe "recurrimus", qui décalque la forme interne
du technicisme grec, lequel implique par son préfixe l᾽idée de
retour et par son radical l᾽idée de course. Sa construction avec
le supin "repetitum" fait de lui un verbe de mouvement strict
("nous courons en arrière"), plutôt qu᾽un verbe de sens
métaphorique ("nous re-courons à"), d᾽où une traduction assez
littérale.
793. Donat
voit une asyndète stylistiquement marquée, qui nous semble
inutile : le groupe sujet étendu du vers
866 "ego ille agrestis,
saeuus, tristis, parcus, truculentus, tenax", s᾽articule
directement sur le syntagme verbal "uxorem duxi". On peut donc
supposer que Donat ne lisait pas exactement le même texte que nous
et qu᾽il voyait peut-être un verbe "sum" dans le vers 866 : "moi
je suis ce paysan, grossier, etc.". Dans ce cas, c᾽est une
nouvelle indépendante qui commence au vers
867 et on peut parler
d᾽asyndète.
794. Donat remarque que
l᾽adverbe anaphorique de lieu "ibi" semble reprendre le substantif
"uxor" (épouse) : comme si l᾽on disait en français "j᾽ai pris
femme : j᾽y ai connu bien du malheur". Même remarque sur un
problème de référence personne-adverbe au lemme 949, 1.
795. Scholie comparable en 470,
3 : l᾽asyndète produit un effet d᾽accumulation.
796. C᾽est ainsi que Donat appelle les emplois
instrumentaux non prépositionnels de l᾽ablatif. C᾽est ce
qu᾽explicite la seconde main. "Potior" gouverne l᾽ablatif, mais
des emplois transitifs se trouvent en langue archaïque (cf.
l᾽exemple d᾽Accius).
797. Trad. de J. Dangel
dans son édition CUF, 2002, p. 166.
798. Comprendre "un père géniteur".
799. Ce que
Donat appelle syllepse ici (une syllepse de cas implicitement,
comme au lemme 857), c᾽est l᾽emploi de l᾽accusatif "illum" en
prolepse, alors que le pronom fonctionne comme le sujet de la
complétive.
800. Le lemme 4,
au-delà de la seconde main mal placée, continue directement le
propos précédent, en l᾽enchaînant sur "partes". Donat suppose
qu᾽il faut sous-entendre "non feram posterioris partes" et
comprendre "je n᾽endosserai pas le rôle d᾽un subalterne, <mais
celui du protagoniste>".
801. S᾽il est
logique qu᾽un esclave parle de son patron en le désignant du nom
d᾽"erus", sans déterminant ("le patron"), car, dans la situation
d᾽énonciation, ce nom relatif n᾽a pas besoin d᾽être rapporté à la
première personne, il n᾽est pas logique en revanche qu᾽il dise
"frater" pour désigner Micion : car, toujours à cause de la loi
des noms relatifs, cela revient à dire (sauf indication) "mon
frère". On comprend donc que la caractéristique de la parlure
servile remarquée ici consiste à se sentir à ce point de la
famille des maîtres qu᾽on s᾽identifie à eux. Ici, Syrus est de la
même fratrie que Micion et Déméa, pour ainsi dire.
802. "Quid fit ? "et "quid agitur ?" laisseraient
attendre des réponses en pronoms ("illud fit", "illud agitur") et
non en adverbes. Donat signale donc le caractère phatique et
conventionnel de telles maximes conversationnelles.
803. Donat signale un
aparté.
804. Comme on
oppose l᾽inné, avec tout ce qu᾽il a de structurel, à l᾽acquis,
conjoncturel, Térence oppose ici la nature (profonde) à l᾽habitude
(plus superficielle).
805. Sur ce texte, très
mal transmis, voir la note apposée au texte latin. Donat commente
ici le jeu de Déméa qui a décidé de jouer le gentil. Il a donc
changé d᾽attitude au point de saluer poliment un esclave, alors
qu᾽il ne saluait même pas son propre frère au début de la pièce.
Voir 41, 2. Les trois énoncés dont il est question ici sont les
trois formules de politesse qu᾽il a essayées sur Syrus, au grand
étonnement de ce dernier. Du coup, on comprend que Déméa feint
d᾽avoir été méchant par jeu alors qu᾽il est au fond gentil, mais
nous savons, nous, que c᾽est exactement l᾽inverse : c᾽est quand il
est gentil qu᾽il joue la comédie.
806. A ne pas
confondre donc avec le syntagme nominal "prope diem", "près du
jour". Il s᾽agit d᾽une remarque de ponctuation, l᾽hyphen (
ὑφέν) étant un signe en
forme d᾽arc renversé qui sert à préciser qu᾽il faut lier dans le
même mot deux lettres, et qui permet de lever des ambiguïtés. Par
exemple Diomède GL 1, 434, 36 : "his adiciunt hyphen, cuius forma
est uirgula sursum sensim curuata subiacens uersui et inflexa ad
superiorem partem ˘. hac nota subter posita utriusque uerbi
proximas litteras in una pronuntiatione colligimus (...) ut est
᾽Turnus ut anteuolans᾽ et ᾽antetulit gressum᾽ et ᾽quam simulac
tali persensit p(este) t(eneri) / c(ara) I(ouis) c(oniunx)᾽ et
apud Sallustium ᾽iam primum iuuentus simulac belli patiens erat᾽ :
᾽simulac᾽ hyphen legendum. est enim una pars orationis (on ajoute
à ces signes celui de l᾽hyphen, dont la forme est celle d᾽une
virgule placée au-dessus et légèrement recourbée qu᾽on met sous le
vers et qui est orientée vers le haut : ˘. Avec ce signe placé
au-dessus de chacun des deux mots concernés, nous rassemblons en
une seule prononciation deux lettres adjacentes (…), comme dans
"Turnus ut ante˘uolans" et "ante˘tulit gressum "et "quam simul˘ac
tali persensit" etc. et chez Salluste "iam primum iuuentus
simul˘ac belli patiens erat" : il faut lire "simulac" d᾽un seul
tenant car c᾽est une seule partie du discours). Dans le cas
fréquent de scriptio continua, l᾽hyphen permettait de distinguer
"simul ac" la conjonction de "simul + ac", adverbe + coordination.
Le signe complémentaire est la diastole, qui oblige au contraire à
dissocier des éléments qu᾽on pourrait croire associés, ainsi dans
la fin de vers virgilienne (qui amuse beaucoup les grammairiens
et, sûrement, leurs élèves) "conspicitur sus" (Aen. 8, 83), avec
une diastole après "-tur" pour comprendre "une truie est aperçue",
et non pas "conspicit ursus" (un ours regarde).
807. Contextuellement, malgré le
masculin "ducente deo", c᾽est Vénus le guide d᾽Enée dans cet
épisode.
808. Cf. les
lemmes 523,
2 et 698, qui exploitent tous deux cet adage tiré de
L᾽Andrienne 60, également cité en Andr. 455,
2.
809. Les deux frères s᾽étaient
réparti les rôles : l᾽un était le père naturel ("natura"),
l᾽autre, le père adoptif, était le père de cœur ("animo") : cf. le
vers
126 (avec la variante "consiliis" pour "animo"). Mais ici,
Déméa s᾽arroge le double rôle.
810. Il n᾽est pas clair de
savoir s᾽il s᾽agit du mérite du dieu Hyménée, qui a codifié le
mariage, ou de celui des jeunes filles qui sont arrivées vierges
au mariage. De fait, un peu plus loin, Donat évoque des "nuptiae
seniles", un "mariage de vieux", qui s᾽oppose aux "nuptiae
uirginales" de ce lemme. Sans doute ne chante-t-on Hyménée que
dans les noces virginales, pour célébrer le caractère virginal de
l᾽union.
811. Le texte plautinien est généralement édité avec
"quos" (deux fois) à la place de "quid", ce qui ne change rien au
sens.
812. Il s᾽agit d᾽un certain Summanus, affranchi
borgne, ici présenté effectivement au pluriel.
813. "Maceries" ou "maceria" est mis
ici en rapport étymologique avec "macerata", qui veut dire
"humidifié". On peut donc comprendre que le matériau est de la
terre glaise humide et malléable, un torchis qui sèche à
l᾽usage.
814. Il aurait pu écrire "fratris
aedes", la maison de mon frère, mais Donat juge plus élégant le
datif "fratri aedes" etc., "pour mon frère, la maison sera ouverte
aux quatre vents".
815. Les deux phrases qui se suivent
semblent contradictoires : le dit-il à Micion ou en aparté ? En
réalité, les deux : Micion n᾽est pas sur scène, mais c᾽est bien à
lui, en son absence, que Déméa s᾽adresse à mi-voix.
816. Sur le
texte controversé de ce passage, voir la note apposée au texte
latin.
817. La phrase "complète"
reconstituée par Donat est donc : "dignos uos esse quibus fiat
arbitror", "j᾽estime que vous méritez que cela vous
arrive".
818. Comprendre le
mariage de Micion avec Sostrata, qui est l᾽ultime rebondissement
que Déméa a en tête et qui va être l᾽objet de cette
scène.
819. Il s᾽agit plutôt d᾽un facteur commun que de ce
que les modernes appellent un zeugme.
820. Même exemple
(Virg. Aen. I, 16) mais remarque légèrement différente au lemme
352, 3.
821. Déméa ne souhaite pas dépouiller Eschine(qui est son
fils naturel mais aussi le fils adoptif de son riche frère) de la
part d᾽héritage qui lui reviendra à la mort de Micion. Il ne faut
donc pas que Micion procrée. L᾽argument du grand âge et de la
stérilité de la future épouse de Micion est donc un argument de
bon père : ce mariage aura pour conséquence de pourrir la vie de
son frère, célibataire endurci, sans léser Eschine.
822. Du moins, si
elle l᾽est aujourd᾽hui en raison de son âge, elle ne l᾽a pas
toujours été, puisqu᾽elle est mère de Pamphila. L᾽emploi du
présent est bizarre, sauf si l᾽on donne à l᾽adjectif "sterilis" le
sens de "stérile de naissance".
823. Subtile remarque didascalique de Donat : la répétition
inutile du pronom "te" dans les deux infinitives est un indice qui
lui donne raison. Il y a là en réalité deux sujets différents car
Déméa change d᾽interlocuteur en cours de phrase. La seconde
partie, dos tourné à Micion, signale implicitement un aparté d᾽où
Micion est exclu.
824. Formulation et analyse comparable à la scholie
696, 2.
825. Remarque de morphologie
visant à désambiguïser : "ineptis" est une seconde personne de
verbe et non une forme syncopée du substantif "ineptia".
826. S᾽il ne s᾽agit pas d᾽une
simple remarque d᾽éditeur de texte ("il faut éditer ᾽sis᾽ et non
pas ᾽sies᾽, forme qui ne semble pas apparaître ici dans les mss.
de Térence), Donat fait remarquer que Térence emploie une forme
"moderne" "sis" au lieu de la forme archaïque "sies", plus
fréquente chez lui, et qu᾽on trouve dans cette même pièce aux vers
684,
852 et 890, contre un seul emploi (outre celui-ci) de "sis"
en 511. Mais comme pour lui, en 511, il s᾽agit de "sis" adverbe au
sens de "s᾽il te plaît" (sur cette erreur, voir notre note ad loc.
en 511, 3), il voit ici le seul emploi de cette forme de
subjonctif, contre trois emplois de "sies", d᾽où sa remarque,
assez elliptique au demeurant.
827. Donat formule assez
justement la valeur du potentiel qu᾽a ici utilisé Térence. Voir
aussi la scholie
5 du même vers.
828. On trouve là les questions fondamentales de
l᾽exégèse littéraire, qui fondent les bases du
commentaire.
829. Etymologie comparable au lemme
264, 3.
830. Il faut donc comprendre soit "age prolixe",
"agis généreusement", soit "age ; prolixe" ; "allons ; avec
empressement <sois des nôtres>".
831. Donat,
avec son acuité habituelle, décèle un manque dans l᾽information.
En effet, ce projet dément de marier Micion et Sostrata est surgi
sans préparation du cerveau de Déméa qui semble vouloir venger là
toutes les rancœurs accumulées depuis l᾽enfance contre son frère.
Mais a-t-on songé à s᾽enquérir du consentement de Sostrata. A ce
"problème" exégétique (
πρόβλημα), Donat propose la solution
(
λύσις) de l᾽évidence : la
pauvreté de Sostrata s᾽accommodera inévitablement de ce mariage
forcé.
832. Au lieu de citer un exemple
littéraire, comme à chaque fois, Donat cite un exemple de la
conversation courante, relevant donc du latin de son époque. C᾽est
assez rare pour être signalé : cf. aussi ci-dessus le lemme 660,
3. On reconnaît ici le goût du latin tardif pour le cumul "ecce" +
démonstratif, qui est à l᾽origine des séries démonstratives de
plusieurs langues romanes (par ex. a. fr. "cil" ou "cist" ou
"ce").
833. Térence dit quelque chose comme "ce domaine que
tu loues au dehors" pour faire comprendre "que tu loues à
quelqu᾽un du dehors". L᾽adverbe se trouve donc référer à une
personne, pour laquelle on attendrait donc un pronom. Il a déjà
fait une remarque comparable au lemme 867, 2.
834. Il
s᾽agit donc d᾽une étymologie "fruor" < "frumen".
835. Donc "noster est" annule avant même qu᾽elle soit
formulée la question "quid mea ?", "en quoi cela me
concerne-t-il ?", puisque "noster" implique "mea".
836. Cf. le
commentaire à
L᾽Eunuque, lemme 275, 2.
837. Comme il ne va pas de soi que
l᾽acariâtre Déméa soit bon, il faut apparemment jurer par Pollux
qu᾽il l᾽est. Le serment vient donc pour attester une affirmation
paradoxale.
838. Le
pédagogue était l᾽esclave qui s᾽occupait de l᾽éducation des
enfants.
839. Déméa a déjà prononcé la formule qui libère
Syrus de l᾽esclavage au vers 960. Mais ici c᾽est Micion qui
prononce la formule performative, car c᾽est lui le maître de
Syrus. Il n᾽y a donc pas de redite.
840. Ce vers (Curc. 548) est juste
après le vers
546 que Donat a exploité au lemme 907 : encore une
preuve de sa méthode de travail ?
841. Raisonnement
lexicologique très abusif...
842. "Istoc" est un
déictique, dans une expression comparable à "autant que ça !" (en
claquant son ongle sur ses dents). Comme c᾽est un déictique, Donat
se demande ce que le locuteur "montre", et il propose un flocon
("floccum") ; il s᾽agit d᾽un de ces mots exprimant la très petite
quantité ou la très faible valeur (comme en français "mie",
"goutte" ou "point") et s᾽associant à une négation pour faire une
négation composée. "Floccum" est de ces mots forclusifs en
latin.
843. La solution à
ce dilemme est donc dans l᾽emploi du futur : Micion continue à
refuser pour l᾽instant, mais on garde l᾽espoir qu᾽il le fera sous
peu. Sont donc préservés en même temps le vraisemblable et la fin
heureuse (pour Syrus en tout cas).
844. "Prolubium" (de la
famille de "lubet/libet") renvoie à l᾽idée de caprice ;
προθυμία à celle
d᾽empressement et de désir. L᾽idée d᾽empressement à dépenser est
strictement contextuelle et n᾽appartient pas aux sèmes spécifiques
des deux mots cités.
845. C᾽est-à-dire qu᾽il est bien que, dans une
comédie de caractère, les caractères soient tenus d᾽un bout à
l᾽autre. Le misanthrope doit donc rester tel.
846. Il s᾽agit d᾽appariements de contraires sans
liaison (comme en français "bon an, mal an"). Donat pouvait aussi
citer "ioca seria". Ce sont des types de tournures héritées de
l᾽indo-européen (et qui s᾽apparentent aux dvandva su sanskrit), et
des syntagmes lexicalisés plutôt que des proverbes au sens
strict.
847. Moins, plus, trop peu : on est toujours dans des
structures comparatives, mais on oriente l᾽échelle tantôt vers le
haut, tantôt vers le bas. Il en résulte de la variété, qu᾽il
appelle ici non pas "uarietas" comme souvent, mais du terme grec
correspondant. Pourquoi ?
848. hunc dans les ms de Térence.
849. La place du lemme 28, 3 "aut ibi" pose problème.
Le texte consensuel des éditeurs de Térence fait figurer "aut ibi"
au début du vers 29. Mais il se peut que Térence lise un vers 28
sous la forme "profecto hoc uere dicunt : si absis uspiam aut" et
ne fasse commencer le vers 29 que sur "ibi". Cela est indifférent
métriquement pour le vers 28 et légèrement moins bon pour le vers
29, pour lequel "ibi" doit alors être scandé comme un iambe, sans
l᾽abrègement iambique attendu. Quant à la place d᾽un monosyllabe
en fin de vers ("aut" dans le cas présent), c᾽est une
caractéristique de Térence, qui pourrait plaider en faveur de la
lecture reconstituée de Donat.
850. La
forme "insueuerit" des manuscrits de Donat est amétrique : on
trouve chez Térence la forme syncopée "insuerit".
851. Chez Térence on lit "credo" ;
"puto" rend le vers amétrique.
852. Les éditeurs de Térence éditent plutôt "dum is
rescitum iri credit" : le sens est le même.
853. Ou "ipsus" : indifférent
métriquement.
854. Ou "ehem", métriquement
indifférent.
855. "mulcauit" chez
Térence.
856. "quot" chez
Térence.
857. Ordre différent chez Térence :
"nullum huius factum".
858. "consiliis" chez
Térence.
859. Térence : "ah si
pergis".
860. Térence : "nec nihil".
861. On lit
chez Donat soit "deferuisse" soit "deferbuisse" selon les lemmes.
Ce sont des variantes morphologiques du même verbe. On lit aussi
chez Térence (et Donat le fait remarquer à la scholie 5)
"deseruisse", qui oblige à comprendre tout autrement.
862. "quamquamst" ou "quamquam est"
chez Térence ; indifférent métriquement et sémantiquement.
863. Donat connaît deux leçons, "nihil" et "nihili".
Nous éditions "nihil", qui a sa préférence. Voir note apposée au
texte français.
864. Chez Térence
"enim" au lieu de "at enim".
865. Dans son lemme, Donat omet "ergo" ; plus loin, dans
la scholie 199, 4, il cite cette portion (sans doute allusivement,
comme souvent) sous la forme "ipsum istuc uolo experiri".
Difficile d᾽établir ce qu᾽il lisait réellement.
866. Un lemme entérine la
présence du pronom "tu" (abrégé) mais la citation que fait Donat
de ce vers à la scholie 800, 1 est "regnumne Aeschine hic
possides ?". Des variantes térentiennes donnent aussi l᾽ordre "tu
hic".
867. Var. : "sim".
868. Var. :
"ego tibi".
869. Wessner, suivant une grande partie de
la tradition térentienne, place les vers 199-200 dans l᾽ordre que
nous donnons ici. Notons qu᾽une autre partie de la tradition (et
aussi des éditeurs modernes, par exemple Marouzeau) les inverse et
qu᾽il est possible que Donat les donne dans l᾽ordre 200-199 si
l᾽on suit l᾽ordre de ses scholies dans les manuscrits. Difficile
néanmoins de se faire une opinion stricte là-dessus, tant l᾽ordre
des vers suivi dans le commentaire est souvent l᾽objet de
turbulences.
870. Var. : "ferre".
871. Var. : "occeperis".
872. On lit aussi bien "ac
tum" en deux mots, ce qui se comprend "et règle l᾽affaire au
moment où...". Mais Donat lit "actum agam", dont il fait un
proverbe. Nous éditons donc "actum" en un seul mot.
873. Il faut éditer
"periclum" pour que le vers soit juste. Mais les mss. de Donat ont
la forme non syncopée.
874. Ou "defrudet"
(simple variante graphique, indifférente métriquement). Mais Donat
lit, d᾽un lemme à l᾽autre, un indicatif ou un subjonctif. Nous
éditons le subjonctif, qu᾽on lit habituellement chez
Térence.
875. Les éditeurs de Térence
éditent en général le passif "reddatur" au sens de "que mon dû me
soit rendu". Les deux possibilités sont métriquement
acceptables.
876. On édite d᾽ordinaire "homini
nemini".
877. "hem" edd.
878. "quaero" edd.
879. Var. "tristitiem".
880. Var. "quo". Donat
lit les deux formes alternativement dans son commentaire
881. Var.
"deos".
882. Var. "es".
883. Var.
"quando hoc bene successit".
884. Var.
"quom". Donat a à la fois la forme "quod" et la forme "cum", d᾽un
lemme à l᾽autre.
885. Les mss. de Térence ont
l᾽ordre "omnia omnes".
886. Donat et certains
mss. de Térence font figurer un "se" (indifférent métriquement) à
côté de "circumuallant", d᾽autres l᾽ignorent. Le sens est meilleur
sans le pronom, dont la présence gêne manifestement le
commentateur, dont le propos est, ici, assez embarrassé.
887. Var.
"saeclum".
888. La leçon habituelle a
l᾽indicatif "loquitur" ; de fait, le subjonctif est
amétrique.
889. Térence : "mihi id".
890. Var. "sublimem".
891. Il faut pour la métrique
corriger le "perimus" de Donat et des manuscrits térentiens en
"periimus".
892. Térence :
"omnium uitam".
893. Térence : "non
potis est esse".
894. Térence :
"testis mecum est".
895. Térence :
"conscia mihi sum".
896. Térence : "dicis" plutôt que "dicas". Le texte
de ce vers est mal assuré.
897. Ou "potest", selon
les manuscrits.
898. Var. dans les mss de Térence :
"adfuisse" (indifférent métriquement et sémantiquement).
899. Var.
dans les mss de Térence : "nequitiem" (indifférent métriquement et
sémantiquement).
900. Var. dans les mss de Térence :
"ehem" (indifférent métriquement et sémantiquement).
901. Var. dans les mss de Térence :
"tantisper" (indifférent métriquement et sémantiquement).
902. Var. dans les mss de Térence : "placent"
(indifférent métriquement et sémantiquement).
903. Le texte habituel de Térence
est "pudet pigetque". Donat inverse l᾽ordre des verbes dans le
lemme, mais il traite ensuite, dans son commentaire, d᾽abord de
"pudere" ensuite de "pigere". Dans le doute, nous rétablissons le
texte habituel.
904. Le pronom
"tu" n᾽a pas l᾽air de se trouver dans le texte que lit Donat.
Mais, comme il lui arrive de temps en temps d᾽oublier un mot dans
une séquence donnée, on ne peut pas en être sûr.
905. Var.
dans les mss de Térence : "sex totis" (indifférent métriquement et
sémantiquement).
906. Var. dans
les mss de Térence : "coeperet" (indifférent métriquement et
sémantiquement).
907. Var. dans
les mss de Térence : "oho ! lacrimo gaudio". La variante de
Térence "lacrimor" (déponent) au lieu de "lacrimo" est
indifférente, mais avec la préposition "prae" le vers est faux
(sous réserve de ce que Donat lisait entre "indigna" et "lacrimor"
et dont il ne nous dit rien). On trouve "prae" également dans le
commentaire d᾽Eugraphius.
908. Var. dans les mss de Térence : "phy!"
(indifférent métriquement et sémantiquement).
909. Var. dans
les mss de Térence : "speculum in uitas omnium". Le texte présenté
par Donat est métriquement faux.
910. Var.
dans les mss de Térence : "usus sit". La forme "opus siet" est
possible si on scande "opu᾽".
911. Var.
dans les mss de Térence : "obtemperet". Donat cite le vers avec
l᾽indicatif (que nous citons) au commentaire au vers 769,
2.
912. Le mot "iam" ne figure pas
dans le lemme commenté : c᾽est sans doute un autre cas d᾽oubli
d᾽un mot dans une série un peu longue.
913. Variante dans les manuscrits
de Térence : "facinus".
914. Variante dans les manuscrits
de Térence : "nihili".
915. Variante dans les manuscrits
de Térence : "periimus".
916. Variante
dans les manuscrits de Térence : "functus officium est".
917. Variante dans les manuscrits de Térence :
"quid".
918. Variante dans les
mss. de Térence : "ipsus".
919. Variante dans les manuscrits de Térence : "ut
captust seruolorum".
920. Donat lit "ita faciam" au lieu
de "nitar faciam" qu᾽on trouve dans les mss. de Térence. Le
remplacement de "nitar" par "ita" (sans préjuger de ce que Donat
lisait au début et à la fin du vers) rend le vers faux. Comme
"ita" n᾽est pas l᾽objet du commentaire, il est possible qu᾽il
procède d᾽une mauvaise lecture par un scribe ancien de
"nitar".
921. Les
mss de Donat hésitent entre "hic" et "hoc" et Donat, de fait,
parle de la forme "hoc" en 507, 4. Nous éditons donc "hoc".
922. si qui ed.
923. Variante: "in
mentem".
924. sit ed.
925. Les lemmes du
commentaire semblent offrir trois lectures différentes : "ne ego
infelix sum" ; "ne ego homo sum infelix" (confirmée par la scholie
789, 4) et peut-être "ne ego sum infelix". Le même vers offre de
multiples variantes dans les mss. de Térence. Nous éditons le
texte du premier lemme de Donat, qui, tel quel, n᾽est pas
métrique, sauf à savoir exactement ce que Donat lisait entre ce
début et la fin du vers, également mis en lemme.
926. Chez Térence, on a "non tu eum
rus hinc modo / produxe aibas".
927. nouerim edd.
928. Var. "bene".
929. "Aeschinus otiose
cessat" edd.
930. ortum est edd.
931. expostules edd.
932. Chez Térence, on a "illam".
933. La tradition manuscrite donne "claudier" ou
"claudere".
934. "certum siet" edd.
935. Les éditeurs de
Térence ont "iam", que Donat signale à titre de variante.
936. Var.
"istas".
937. Le texte de Térence n᾽a pas "esse", qui rend le
vers amétrique. Mais la scholie 660, 1 le fait apparaître dans les
mss. de Donat (contre Wessner : voir les notes apposées au
commentaire original et traduit à cet endroit).
938. Var. "atque etiam si est
pater / dicendum magis aperte".
939. Les ms. de Térence
ont "illa", mais Donat cite "illam" à titre de variante, texte
qu᾽il est le seul à donner.
940. Var. "ridiculum".
941. Les
mss. de Térence ont "ista". La forme donnée par Donat est
amétrique.
942. Var.
"mihi ipsum".
943. Variante
"proloqui".
944. Chez Térence : "num
nunc".
945. Var. "potest". Donat paraît lire aussi une
variante "pote".
946. Var.
"escendit".
947. Var.
"sunt".
948. Chez Térence, "hic" appartient au vers suivant.
Il semble faire partie du vers 708 dans les mss. de Donat, quoique
la chose soit difficile à établir définitivement.
949. Var.
"O".
950. "Fieri" n᾽est pas chez les
éditeurs de Térence. Mais on ne sait trop ce que Donat lisait
autour. En tout cas, tel quel, le vers est amétrique.
951. Var. "ipsa
re".
952. Var. "tibi istuc".
953. L᾽ordre des mots chez
Térence est "quin iam uirginem" en fin de vers 734.
954. Var. "hominum".
955. "Ita" ne figure pas dans le lemme de Donat. Il est dans
le texte de Térence. On peut supposer que Donat, comme cela lui
arrive, a cité sans exactitude.
956. On a les deux variantes
"hilarum" et "hilarem" dans les lemmes du commentaire et dans la
scholie. Nous choisissons "hilarum" qui est réputé par Donat être
la forme archaïque.
957. Var. "fundis".
958. Var.
"potatis".
959. Var.
"huc".
960. Var. "quo".
961. Var. "abit".
962. Var. "comissatorem".
963. Var "ilicet".
964. Variante
"nata oratiost" dans les manuscrits de Térence et chez Donat même
dans la scholie 803.
965. On ne sait où Donat plaçait la forme "tollebas", qui ne
figure pas dans son lemme ni dans la scholie.
966. Var. "quo".
967. Var. "inesse in illis".
968. Var. "ad omnia alia".
969. Le dernier mot du vers n᾽est pas cité par Donat
dans le lemme, qui le saute.
970. Donat
lit soit "subuertat" soit "subuertit" selon la valeur de la
particule "-ne", objet du commentaire 835, 2.
971. Var.
"tempus fert".
972. Le
pronom "ego" est sauté dans le lemme de Donat.
973. Difficile de
dire, faute de le voir inscrit dans un lemme, si Donat lit
"hilarum" ou "hilarem" dans ce vers, mais dans son commentaire il
utilise une reformulation avec l᾽adjectif "hilaris", qui pourrait
nous faire préférer la forme "hilarem". Voir sur cette question
les scholies 522 (citant le vers 287), 755, 3 et 756, 1.
974. Var.
"fac".
975. Var. "prorsum illi
alligaris".
976. Dans plusieurs éditions de Térence, "atque" est
le dernier mot du vers 846, en sorte que, pour préserver l᾽usage
de l᾽édition Wessner, il faudrait soit affecter la scholie 846 du
numéro 845, 3, soit supprimer "atque" du lemme, soit le considérer
comme un mot du scholiaste et non comme un bout de lemme. Mais
dans le commentaire, la coordination copulative standard de début
de scholie est "et" et non "atque". Comme c᾽est un détail sans
enjeu, nous ne modifions pas la numérotation Wessner mais
rapatrions "atque" au début du vers 846, comme dans une bonne
partie de la tradition térentienne d᾽ailleurs.
977. Variante "decurso" qui se
trouve aussi chez Donat, selon les lemmes.
978. Var.
"hoc".
979. Var. "hic".
980. Var. "cura".
981. Var.
"uti".
982. Var.
"ehem".
983. Var. "hanc in horto".
984. Le gros de la tradition
térentienne a "ille". Eugraphius ad loc. connaît aussi une forme
"illuc".
985. Var. "iam diu
haec".
986. Var. "agelli est hic sub urbe paullum". Chez
Donat, en outre, l᾽adverbe "hic" n᾽est pas donné dans le
lemme.
987. Le segment "esse aequum" manque dans le lemme 959, 2
mais on ne peut en inférer qu᾽il manque dans l᾽exemplaire de
Donat, qui a fait un raccourci.
988. Var. "offerant".
989. Par raccourci, Donat saute le
segment "porro Micio" dans le lemme 979, 2.